DICTIONNAIRE
RAISONNÉ
ET UNIVERSEL
DES ANIMAUX,
M-
o u
LE REGNE ANIMAL,
CONSISTANT
En Quadrupèdes , Cétacées , Oifeaux , Reptiles , Poiflbns , Infectes, V
Zoopliytes, ou Plantes animales ; leurs propriétés en Médecine; la cl
la famille , ou l'ordre, le genre, l'efpece avec fes variétés , où et
animal eft rangé , fuivant les différentes méthodes ou nouveaux fy~
de Meilleurs Linnjîus, Klein & Brisson:
Par M. D. L. C. D. B.
OUVRAGE COMPOSÉ D'APRÈS CE QU'ONT ÉCRIT
les Naturalises anciens Se modernes , les Hiftoriens Se les Voyageurs.
Major rerum m'thi nafeittir ordo ;
Majiu oput moveo. jï.neïd. Virg. lib. VIT, •
TOME TROISIEM E,
A PARIS
Chez C'laude-Je an-Baptiste Bauche, Libraire, Quaï des Auguftînr
à l'Image Sainte Geneviève , & à Saint Jean dans le Défert.
M. D C C. L I X
AVEC 'APPROBATION- ET PRIVILÈGE- DU R O U-
DICTIONNAIRE
RAISONNÉ
ET UNIVERSEL
DES ANIMAUX.
M A B
M A B
A B O Y A , ou
M A B O U Y A,
félon le P. La bat.
On donne ce nom en
Amérique à la Sala-
mandre , efpece de
Lézard. M. Klein
(Dijjj. <^uaU. urd. u.) dit que le Scïnque
brun de la Jamaïque , en Latin Scïncus
rnaximus fujcits, dont parle S l o a n e,
eft le Mubuuya ou Scïnque du P. DU
Tertre, ainfi que le Brochet de
terre deRocHEFom, & le Cucitz*
du Pérou & du Chili , dont le
Feu i l l é e fait mention,
Terne III.
Les Maboityas fe trouvent ordinai-
rement dans^les Ifles de l'Amérique,
Se les Sauvages les nomment ainiî ,
pareequ'ils font les plus laids & les
plus hideux de toutes les différentes
efpeces d£ Lézards qu'on y voir ; car
M.ibouyas eft un nom qu'ils donnent
communément fi tout ce qui le*ur fait
horreur. Ces Lézards n'ont jamais un
pied de long. Quand on leur a coupé
la queue, ils paroiffent être comme de
véritables Crapauds. Ils ont les doigts
des pattes plats , larges & arrondis par
les bouts , & à l'extrémité une petite
griffe femblable à l'aiguillon d'une
A
é ' MAC
Guêpe. Ils font de différentes couleurs,
& ont tous la peau comme frottée
d'huile. Ils fe retirent ordinairement
fur les branches d'arbres , ou fur le
faîte Se fur les chevrons des cafés , &
dépendent rarement en bas. Ceux qui
fe tiennent dans les arbres pourris ou
dans les lieux marécageux , ainfi que
dans les vallées étroites , où le foleil
ne pénètre pas , font noirs Se affreux ,
dit R a y ( Qitad. p. %6%. ) : ils n'ont
d'ordinaire qu'un peu plus d'un pou-
ce de groiTeur. Pendant la nuit ils jet-
tent de temps en temps un cri effroya-
ble , qui eft un infaillible préfage de
changement de temps. Ils fe jettent
hardiment fur ceux qui les agacent , Se
s'y attachent de telle forte qu'on ne
peut les en retirer fans beaucoup de
peine. On n'a pourtant jamais remar-
qué qu'ils ayent fait mourir ou mordu
perfbnne. Leur peau paroît comme
pénétrée d'huile , comme il a été dit.
MAC
MACACOALT, Serpent de
l'Amérique ami du. Cerf. Sa jolie tête
cil défendue par des écailles couvertes
de petites taches de couleur châtain ;
fon col long Se grêle eft revêtu d'écail-
les blanchâtres , furfeméesde grandes
taches brunes & noires , qui régnent
tranfverfalement enfaçon de flammes ,
jufqu'à l'endroit le plus gros du corps :
là les taches femblent fe divifer comme
par pelotons ; la queue a les mêmes
taches que la partie antérieure du
corps. Ses a en donne lâ*defcription
Se la figure , Thef. II. Tab. 79. n. 3.
MÀCAMITZL1, nom que
Nieremberg( Hift. Exot. L. IX.
c. 24. ) , Se Ru ysc h ( de Quad. p. 8 1 . )
donnentà un animal étranger , qui pour
la figure approche du Lion , 8e du
Cerf en quelques parties. Cette bête
eft plus groffe que le Lion., mais plus
petite Se moins féroce. Elle fe nourrit
de Cerfs Se de Brebis. Elle tue, quoi-
que rafTafiée , tous les animaux qu'elle
rencontre ; elle dgrt pendant deux ou
MAC
trois jours 8c ne continue fa chafle que
quand elle a faim,
MACAO, nom que les Voya-
geurs ont donné à un grand Perroquet
du Bréfil , le même que le Macaow,
qui fuit.
MACAO?, efpecede Perro-
quet , dont le plumage eft un mélange
de bleu , de rouge Se de verd ; fon
corps eft quatre fois plus gros que les
Perroquets ordinaires. On en voit dans
l'IUe de Tabago , à la Jamaïque Se
autres endroits de l'Amérique. Cet
oifeau eft le plus grand de fon efpece.
Il a trente pouces de longueur depuis
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité
de la queue ; le bec en eft grand , for-
mé en demi - cercle , de couleur de
frêne : la pointe en eft noire : l'iris eft
jaune ; la peau qui entoure les yeux
eft dégarnie de plumes Se raboteufe ;
la tête entière , la poitrine 8c le ventre
font d'une très - belle écarlate : il en
eft de même du deffous de la queue j
le côté fupérienr eft de couleur bleue
8c écarlate , ayant quelque teinture
de verd , mêlé avec le bleu , qui le
trouve dans les plumes du deffus de
l'aile; les jambes font de couleur de
frêne fombre , mélangée de brun. Le
plumage delà femelle eft bleu Se jaune.
On les apporte ordinairement de la
Jamaïque Se des autres parties des In-
des Occidentales. Albin ( Tome IL
». 17.) dit, qu'ils fe vendent cher, 8c
que le prix ordinaire eft de dix guinées
pour chacun. Au Bréfil on l'appelle
Macao.
MACAQUO: C'eft une efpece
de Singe , du genre des Cercopithè-
ques , dit RAjysch (de Quad. p. 100.)
d'après Marc Grave., Hift.Braftl,
p. 2 27.
M. A C C A M A , nom que
N 1 E R e M b e r G donne à des Cerfs
de la Nouvelle Efpagne. Voyez au
mot C E R F.
MACÉDONIENNES, Mou-
ches aquatiques à deux ailes, qui fe
trouvent aux environs du fleuve Aftrée.
MAC
Elles font de la grandeur des gros Fre-
lons , de la couleur des Guêpes , Se
imitent le bourdonnement des Abeil-
les Si ont la hardiefle des autres Mou-
ches.
M A C H L I S , nom d'un animal ,
dont parie Pline , Hift. Nat. L.Vlll.
c, i 5. 11 eft fort commun dans la Scan-
dinavie , a les jambes toutes d'une
venue , fans jointures. Cet animal ne
fe couche jamais. I^demeure appuyé
contre un arbre , Se pour le prendre
on fait une entaillade aux arbres , pour
le faire tomber quand il s'appuie con-
tre. Il va d'une fi grande vîtefle , qu'on
ne le peut prendre autrement. 11 eft
fort femblable à l'Alcé. Sa lèvre
droite eft fort grande , de forte que
pour paître il eft contraint d'aller à
reculons. Ge sn ek , deQitad. Voyez
ALCÉ.
MACHORAM, nom d'un
poiffon qu'on pêche fur la côte du
Pérou , près d'Arica. Il n'a point d'é-
caiiles ; là peau eft fine , fa chair blan-
che : aux deux cotés de la tête il a des
efpeces de filandres ou barbes , à-peu-
pres femblables à la barbe du Chat
Peut-être eft-ce pour cela que plu-
fieurs l'appellent Chat marin , ou Chat
de mer. L'on voit , dit F R É z 1 e R , à
Pifle Saint Vincent du Cap Verd une
infinité de Mâcherait s.
Ce poiffon eft auffi fort commun à
la côte d'Or. Les François lui ont don-
né le nom de Machoran. Les Anglois
l'appellent HornYnb, où Poifjon cor-
nu , Se les Hollandois petit Homme
barbue à caufe de cinq excroiflances
allez longues , qui lui tombent fous
la mâchoire , en forme de barbe. Il
en a aufti des deux côt'îs de la gueule ,
immédiatement au-deffous des yeux ;
fes deux nageoires , dont l'une règne
le Ion? du dos Se l'autre fousle ventre ,
font avm 4 es d'une corne dure Se poin-
tue , dont la piquûœ fait enfler les
parties bleffées , avec^rne tres-violente
douleur. Cette raifon le fait rejetter
comme une nourriture dangereufe aux
MAC 3
Ifles fous le Vent, où il fe trouve en
abondance. On y eft perfuadé que fe
nourriffant de Mauzanilles le long
du rivage , cette efpece de Pomme lui
communique fes funeftes qualités. Mais
fur la côte d'Afrique c'eft un poiffon
fortfain 8c de très-bon goût. Il parok
gémir fie foupirer lorfqu'ïl eft pris,
Hift. Génér. des Voyager , Tome XIV.
p. 245. édit. in-iz.
MACO ALT, très-beau Serpent
du Mexique , dont parle Sua,
Thef. H. Il en donne la figure , lab. 7 3 .
n. ï'i\
M A C O C O , animal de la
groffeur d'un Cheval , qui fe trouve
dans le Royaume de Congo. 11 aies
jambes longues Se grêles , le col long,
de couleur grife , Se rayé de blanc ,
deux cornes extrêmement longues ,
minces 8c aiguës. La fiente de cet ani-
mal eft faite comme celle des Brebis
Se a une odeur qui approche du mufe
de la Civette , mais elle n'eft pas "fi
forte. On tient que fes ongles font un
remède contre Pengourdiffement des
nerfs. Le nom de Macoco veut dire
grande bête dans la langue du pays.
DappïR, Dejcript.p- 340".
MACOLACAN N A , ncm
qu'on donne en Amérique à des Per-
drix , dit T h F. V E t ( àingular. de la
France Antard. p. 0 6. ) , qui font plus
groffes que les nôtres.
MACREUSE, forte d'oifeau de
mer, mis dans l'ordre des Aves Anj'tres
par M. Linna:us , Si par M. Klein
dans la huitième famille de fes oifeaux.
11 eft fort femblable au Canard. Il tient
de la nature du poiffon , pareequ'il
eft d'un fang extrêmement froid ; ce
qui eft caufe qu'on permet d'en faire
uiage dans le carême. Cet oifeau de-
meure preique toujours fur la mer ,
où il fe plonge jufqu'au fond , pour
trouver dans le fable de petits Co-
quillages , dont il fe nourrit. Il vit auflî
d'infectes , de plantes marines Se de
poiifons. Cet oifeau ne vole qu'avec
beaucoup de peine, ayant défi aiîcs
4
MAC
MAC
fort petites, à proportion de la pefan-
teur de fon corps .* c'eft ce qui fait qu'il
ne s'élève jamais plus de deux pieds
au-deiTus de l'eau ; fes pieds qui font
foibles , lui fervent plutôt de nageoi-
res que de pieds , & fes ailes autant
à marcher fur la furface de l'eau , qu'à
voler ; en effet , lorfqu'il veut fe
tranfporter d'un lieu dans un autre,
îl fe foutient fur l'extrémité de fes
pieds Se de fes ailes Se court ainiî avec
beaucoup de vîteiTe fur la furface des
eaux. Il a le bec plat & large , avec
une élévation au-deiTus des narines,
vers lefquelles il a beaucoup de jaune
& un peu de rouge ; il a les pieds noirs ,
dont les doigts, qui font noirs aulïiSc
quelquefois rouges , tiennent à une
membrane rouge , qui lui fert à nager.
Les plumes de cet oifeau font noires
dans les mâles Se grifes dans les femel-
les. La chair de Macreufe eft dure Se
coriace , d'un fuc groflïer , dont le
goût eft fort marin & fauvage. Elle
renferme beaucoup d'huile : fon foie
fur-tout abonde en huile. La Macreufe
»oire pafle pour la meilleure. La gri-
fe, qui eft la femelle , & qu'on ap-
pelle communément Bifette , eft plus
coriace ; mais on a trouvé l'art de
corriger , par le moyen d'un affnifon-
nement, fi non en tout, du moins en
partie , le mauvais goût & la mauvaife
qualité de la Macreufe.
Il y a une, fi grande quantité de
Macreufes en Écofle, qu'elles obfcur-
ciffent le foleil en volant , & elles y
apportent tant de branches pour faire
leur nid , que les habitans en ont aiTez
pour faire une bonne provifion de bois.
Quelques-uns veulent que la Ma-
creufe foit formée dans quelque co-
quille , d'où elle fort enfuite. D'autres
croient que la corruption de certaines
Pommes , qui tombant dans la mer ,
les produit. Plufieurs ont imaginé
qu'elle eft engendrée de l'écume de
la mer , ou bien du boîs pourri des
Vieux vaîlïeaux , où on la trouve at-
tachée parle bec, d'où elle fe détache
quand elle eft formée. Albert Se
B E L o n ont embraffé ce fentiment.
S'il en faut croire les* Matelots An-
glois , il eft certain que , lorfque quel-
que mât, ou pièce de bois de Sapin
eft tout-à-fait corrompue , on voit
ces oifeaux fe former infenfiblement
de cette corruption , pour fe revêtir
de plumes , prendre leur mouvement
naturel & voler comme des Canards.
Ce fait eft confirmé par Aldrovande ,
qui , pendant qu'il écrivoit fon hiftoire
des oifeaux , dit l'avoir appris d'un
homme très-digne de foi. Ajoutons à
tous ces dififérens fentimens celui de
Hector Boëtius, qui , fans
vouloir époufer aucune de ces opi-
nions , a mieux aimé croire que la
Macreufe tire fon origine de toutes
les chofes en général qui fe putréfient
dans la mer, M. Graindorge,
Médecin de Caen , nous a donné un
traité fur l'origine de la Macreufe.
L'opinion la plus probable eft que la
Macreufe eft un vrai Canard , produit
par des oeufs couvés comme les autres
oifeaux. Plufieurs, ditRiEGER (Introd.
ad Not. Rer. Nat. & Artif. Tome L
p. 539.) , confondent mal à propos
la Bernacle d'EcolTe avec la Macreufe.
M. Ll N N JEU S ( Fauna Suec. p. 3 8.
m. 10 6.) nomme la Macreufe , A fias
corpore objeuro , macula ponè oculos ,
linéique alarum albà. On la nomme
en Suédois Swaerta. C'eft VAnas fera
fufca deJoNSTON ( Otnith. 49. ) ,
VAnas fera fufca de Rudb , Peintre ,.
Se VAnas niger de Willughby
( Ornitb. 278. ) , de R a y ( Synop.
Me th. Avïnm , p. 141. «.4. &$.)8c
d'A ldrovande. Ray en donne
de deux efpeces , l'une qui eft VAnas
niger d'A ldrovande , qu'on
nommme en Anglois the Great Black,
Dufik. > & qui eft plus grande que le
Canard vulgaire. L'autre eft nommée
Anas niger minoj^ en Anglois Scoter.
Elle eft de figur^fonde Se un peu plus
petite que le Canard.* Le Dictionnaire
de Trévoux appelle la Macreufe , Tuffi-
MAC MAD M £
nus Anglofum ; celui-ci nous paroît ufl
oifeau tout différent. Voyez au mot
P U F F I N.
MACREUSE, oifeau , appellé
autrement Diable de mer , en Latin
Fulica major , qui eft une efpece de
Poule de mer fort noire. Voyez au
mot POULE D'EAU.
MACUCUAGA, oifeau du
Bréfil , qui reffemble fort au Faifan ,
plus gros que les Poules d'Europe. Il a
trois peaux , Se beaucoup de chair , qui
eft fort délicate. Cet oifeau pond deux
fois tous les ans douze ou quinze œufs.
11 court fur terre & vole furies arbres
auffi-tôt qu'il voit des hommes. On en
trouve de plufieurs efpeces , & il eft
facile d'en prendre. Il vit des fruits fau-
vages qui tombent des arbres. Ses œufs
font un peu plus gros que ceux d'une
Poule ordinaire; ils font d'un bleu tirant
fur le verd. Voyez AGAMI.
Les Auteurs qui en ont écrit font I.aît,
Ind. Occid. L. XV. c. 7. R c y s c h , de Avlb.
f, iij.Ray, Synop. Meth. Av. p. $3. n. 9.
MAD
MADREPORES, Lithophy-
tes dont la pierre eft calcaire Se due à
des Vers. La pierre des Madrépores eft
compofée de cavités , féparées par des
cloifons , qui forment des étoiles , Lapis
foraminibits flellatis , dit M.Linn^euS.
L'animal qui s'y loge peut être ap-
pellé Médufe. Les Madrépores fe trou-
vent en mille endroits ; entr'autres il y
B les Madreporis de la mer Baltique ;
VAlcyonion rameux , mou , dont les
ramifications font en forme de doigts,
qui eft entièrement chargé de petites
étoiles; la Main de mer, dont par-
lent M. Breynius Se Ray, & la
Fiante marine , qui reffemble au très-
petit Adiantnm doré. C'eft une maffe de
tuyaux membraneux. M. de Jussieu
eft de tous les Modernes celui qui a le
mieux fait connoître les Madrépores.
M JE
fM yïNURGUS; Va ri nus
Tome III.
MAE M A F 5
donne ce nom à un poiffon. Geskek
( de Aquat. p. <5i 8. ) ne fait d'après
quel Auteur.
*MAEOTAI, du Grec
poiffons du Nil , qui fe trouvent eu
abondance vers le Palus - Méotide
Se le Pont-Euxin , dont les Anciens
font mention , dit G e s n e r. , de
A quai . p. 6 18.
M A F
M A F A N , nom que M.Adan-
S o N ( Hijl. des Coquillages dit Séné-
gal , p. 93. ) donne à un Limaçon
operculé du Sénégal, du genre du Rou-
leau. C'eft fa quatrième efpece , figu-
rée Planche VI. n. 4. Ce Coquillage
eft nommé Amiral par d'autres Na-
turalistes', nom que M. Ad ans on
lui eût confervé , s'il n'eût , dit- il ,
appartenu depuis long - temps à une
efpece de Papillon, dont la Chenille
vit fur l'Ortie. J'ai parlé de ce Coquil-
lage au mot AMIRAL; mais voici
comme l'Auteur le décrit fous le nom
de Ma/an.
L'animal reffemble à celui de la
troilïeme efpece , nommée Tilin , à la
couleur prè6 , qui eft très - blanche.
La coquille a une fois & un peu plus
de longueur que de largeur. La plus
grande que l'Auteur ait trouvée eft
d'un pouce Se demi. On y compte
onze Ipires légèrement renflées , Se
entourées de fdlons affez profonds ,
qui font au nombre de vingt dans la
première fpire , Se fort écartés les uns
des autres. Cette fpire eft prefque
plate Se forme un angle affez aigu ,
en fe repliant dans la partie inférieure :
elle a quatre fois plus de longueur
que le fommet ; celui - ci a une fois
plus de largeur que de longueur. L'ou-
verture reffemble à celle du Tilin ;
mais elle n'a que quatre fois plus de
longueur que de largeur. C'eft cette
efpece qui fournit les Amiraux , les
Vice - Amiraux , Se les Coquilles les
plus eftimées , tant pour la forme , que
pour la richeffe Se la netteté des cou-
tf M A F
Jeurs ; letif fond eft toujours d'un très-
beau blanc qui eft coupé par des mar-
brures d'un beau jaune doré , dïvifées
en deux ou trois bandes. Lorfque ces
bandes font fimples , elles forment
les Vice-Amiraux : lorfque les deux
d'en haut font partagées par une ligne
ponctuée , elles donnent cette belle,
variété , qu'on appelle Amiral , ou
Grand -Amiral, Se leur réunion produit
VExtr'Amiral.»
M. A D A N s o n range fous le nom
"â 2 Mafan , comme Coquillages du
même genre , le Rhombus Indiens albus,
fafciis albis & M&andris , de Peti-
vert, Gaz.opb. Vol. L Cat. 3 1 2.. Tab.
27-fig. 11.
La Voluta Arcbithalaffui fecundus ,
ou le Vice- Amiral de M. d'A rGbn-
ville, p. 234. Edit. 1757.
Le Cornet Vice-Amiral du même ,
figuré àla lettre H. Planche XII. delà
même Édition , dont les fàfcieS mar-
brées de taches blanches fur un fond
jaune , forment un très -beau compar-
timent : fa tête eft très-bien marquée
& fort élevée pour un Cornet. Voyez
AMIRAL.
La Voluta Archhhalajjus primits, du
même , ibïd.
Le Cornet Grand- Amiral , qui ne
diffère du Vice - Amiral que par une
ligne ponctuée , qui fe trouve au mi-
lieu de la grande fafeie jaune , figuré
à la lettre N. de la même Flanche.
La Cochlea conoida , albida , colore
lutta radiata, vel mkdata, & qUafi faf-
data, punâata , obfcure flriala , apice
ftriis bullatis exaj'perato , de G u a l-
t 1 e r 1 , fad. Tab. & pag. 20. lin. F.
La Cochlea conoida, mucronata, U- .
vii , crocea , tribus fafciis candïdis ,
notatis, rubris, nigric amibus , undatim
depiùiis elegantijjime circumdata , du
m? me , ibid. lut. G.
La Cochlea conoida , mucronata , la-
vis colore, luteo , vel ex luteo rufef—
cente depicla , ,duabus fafciis candidis
izuila, Au même,. J. Voyez au
mot CORNET..
M A G MAI
MAGOT, ou TARTARIN»
efpece de Singe Cercopithèque , ou
Cynocéphale , du nombre de ceux qui
ont la emeue longue Se le mufeau al-
longé , dit M. El ri s s on , p. 2 1 3 . Il
le nomme Cercopithecus Cynuccphalus ,
parte corporis anteriore longis pitis obfîta,
nafo violaceo mido. C'eft le Cynocepha*
lus de Gesker (Quad. p. yz.fig. 93.) »
de J o N s t o n ( Quad. p. 100. fig. &
Tab. 59.), deCiuSlUS( Exot. fig.-
pag. 3 70. ) , 8c le Maman de quelques-
uns , félon G E s n E R. Cet animal eft
environ de la grandeur d'un Dogue :
il a à-peu-près la forme des Cerco-
pithèques ordinaires , mais il a le corps
plus épais Se plus fort : tous fes poils
font d'un gris blanchâtre ; ceux qui
couvrent la partie antérieure' du corps
font très-longs ; les autres font courts :
fon nez eft fort gros, dénué de poils,
canelé félon fa longueur, Se d'une cou-
leur violette. On le trouve en Afie &
en Afrique.
M A G U A R I , oîfeau du Bréfil ,
dont parle Marc Grave , que Ray
nomme Cicognc de mer. Voyez ce mot.
M A I
M A I A , oîfeau de l'ifle de Cuba,
qui vole en troupe. La couleur en eft
roufle. Il ravage toutes les campagnes
enfemencées de Riz, qui eft la grande
récolte des gens du pays. La chair de
ce volatil eft une excellente nourri-
ture. R u y s c h C de Avib. p. 119.)
rapporte , d'après Ni e rem bers
( Nat. Exot. L.X. c.y.), que cet oifeau
a le ventricule placé derrière le col ,
pour fervir de premier réceptacle à la
nourriture qu'il prend. Ce fait n'eft pas
croyable , comme le remarque Raï,
Synop. Meth. Av. p. 155.
M A J A G U E , oifeau du Bréfil ,
félon P 1 s o n , de la grandeur Se de
la. figure de l'Oie. Son bec eft crochu
parle bout 3J à-peu-près comme celui
du Corbeau aquatique de Gesner
dit R a y ( Symp. Meth. Av. p. 133'
n. 3, ; , avec lequel il convient aifez-
M A J
par fa couleur brune , tirant, fur le
noir ; la partie inférieure du col eLt
îaune. H a lâ tête un peu groile Se
ronde. Cet olfeau palmipède vit dans
la mer à l'embouchure des rivières ,
& fait fou nid fur le bord de ces mêmes
rivières. Il vole auûï-bien qu'il nage.
M A J ET : M. Adanson , dans
fon Hifioire des Coquillages du Séné-
gal , p. 6-J- dit qu'il n'a connu que
trois efpeces de Conques de Venus , ou
de Pucelages , fur ces côtes. A la pre-
mière il donne le nom deMajet; à la
féconde le nom de Lupon, & à la troi-
fieme celui de B 'uou. Voyez LU PON
& BITOU.
Il décrit ainfi le Ma jet. Sa coquille,
dît-il , repréfente une portion d'ovoï-
de qui feroit coupé par la moitié dans
fa longueur. On juge bien par -là
qu'elle a deux faces ; l'une plane , qui
eft le devant ou le deflous , & l'autre
convexe , qui eft le dos. Son épaiffeur
eft aiïez confidérable.
Quoiqu'elle ne paroifle pas tour-
née enfpirafe , elle eft cependant comi-
pofée de cinq tours , qui vont horifon-
talement de droite à gauche. Le pre-
mier tour eft prefque le feul qui foit
fenjible à caufe de fon volume. II for-
me , pour ainfi dire , lui feul toute la
coquille , 3c efface les quatre autres ,
qui font un bouton, ou un fommet, a
peine apparent à fon extrémité infé-
rieure.
L'ouverture eft une fente égale à la
longueur de la coquille , & placée à-
peu-près dans fon milieu , cependant
un peu plus proche du côté droit que
du côté gauche. Ellen'eft pas tout-à-
fait droite , mais elle fe courbe un peu
vers fes extrémités en confervant un
parallélifme affez exact avec l'axe de
la coquille. Dans l'endroit où elle eft
plus large , elle a à peine la dixième
partie de fa longueur. Ses deux extré-
mités forment un canal profondément
échancré dans la première fpire.
La lèvre droite eft de moitié moins
large que la lèvre gauche , & quoi-
M A J 7
quMle paroifle tournée comme elle enr
fpirale , elle ne' l'eft pas néanmoins
elle eft feulement repliée ourameni
en dedans , où elle forme une grand
cavité. Ses bords font obtus , très
épais , fans bourrelet , Se relevés d'u
bout à l'autre de trente- trois dent:
tranfverfales allez longues & à -peu-
près égales.
La lèvre gauche eft convexe Se ren-
flée au-dedans de la coquille, oit elle
tourne en fpîrale. Elle fait une cavité
notable dans fa partie fupérieure. Ses
bords ne portent que trente-une dents,
un peu plus longues Se moins épaifles
que celles de la lèvre droite. Le plan
formé par la largeur de ces deux lè-
vres n'eftpas exactement horifontal ;
il rentre tant foit peu en dedans de 11
coquille.
Les plus grandes que l'Auteur dit
avoir obfervées avoient environ trois -
pouces un quart de longueur , & une
fois moins de profondeur. Leur lar-
geur étoit moindre d'un tiers. Leur
couleur étoit agathe dans quelques-
unes , brûlée dans d'autres , mais beau-
coup plus claire en deflous , 8c mar-
quée fur le dos de grandes taches bru-
nes : ces taches étoient quelquefois
féparées dans les dernières par une
ligne qui s'étendoit d'un bout à l'au-
tre de la coquille vers fon milieu. Les
dents de l'ouverture étoient ordinai-
rement blanchâtres , Se la. fente étoit
quelquefois noire , mais plus fouvent
d'un brun clair. Toute leur furfacô
étoit d'un beau poli.
Telle eft la defcrîption du Mafet ,
que M. Adanson dit être le même
Coquillage que la Concha Uvigatoria'
platygafter dida de Columna , r. 6j.
Gr6$.
La Concha Veneris magna , gihkofior .
multô majoribus macitlts nigricanûbus'
donata de l'Ifle de Madagafcar , de
Lister, Hift. Conchyl. Tab. 68 z.
fig. zo.
La Concha Veneris , ex vîridifucef-
cens , lato. , valde • gibbofa , macuiis
8
M A J
fufdflatis depicîaàe la Jamaïque, du
même, Tab. 6^7. fig. 34.
La Cmcha Veneris magna , crajfa ,
lat a , ventre & ipfâ rimâ nigricamïbus ,
dorfo magnis maculis retïculatîm dé-
puta de l'Ifle Maurice , du même ,
Tab. 703. 52. , .
La Veneris Concha Indica média ,
alba , polita , ni^ro maculata de P l-
T 1 V e r t , Gaùph. Vol II. cat. 273.
Tab. 9 6.fig.% 7 . /3
La Veneris Concha Indïca média ,
maculata, coftis & ventre latis nigri-
cantibus du même , ibid. cat. 274.
Tab. 96, fig. 8.
VEryihr&a. lituris , punclulifque ma-
culofa , lineâ angufiiore dorfum percur-
rentede Barrelierus , hon. pag. 133,
Tab. ï 3 2i.fîg. 23.
L'Erythrxa maculofa major , lineâ
^'igufiajuprà dorfum fer pente du même ,
Tab. 1322. fig. 24.
Et enfin la Porcellana fimbriata ,
va ft latâ , in dorfo magnis- maculis ex
fujco fulvidis & mgricantibusnebidata ,
lateribus colore livido , lucido , veluti
tn Achate eleganter diftindis de Gual-
tieri , Ind. Tab. Qr paçr. k. U tt , s
& T.
M. A D a N s o n dît qu'il y a peu
de coquilles , dont les variétés foient
«lieux caractérises dans la même ef-
pece. H a fait figurer dans leur gran-
deur naturelle fix variétés de Majet
les plus remarquables , dont il décrit
les différence^, en rapportant à cha-
cune les citations des Auteurs qui les
ont figurées.
La première variété qu'il décrit eft
la Venerea in mari Siculo & Tarem ino
fréquent, ubi vulgo vocatur Purceletia
de Bonanni , fan. pag. 145. daif 2
». 251.
La Concha Venerea Uvis , ex fufco
rufefcens, bifafciata ad claviculam, tri-
bus , aut piuribus maculis nigrtcanti-
bus depida , item ad cervicem binis
tanium de Lister, Hifl. ConchJ.
Tab. 671. fig. i? .
La Concha Veneris çrafia , fufca,&
M A J
claviculâ & lingua canali croc sis , item
utrimque binis maculis nigricanûbus no~
tata de l'Ifle de l'Afcenfïon , du mê-
me , Tab. 673. fig. ip.
La Porcelaine , appellée la Souris ,
dont la couleur tire fur le gris , avec
des points noirs à chaque extrémité ,
imitant les yeux de cet animal , Se dont
parle M. d'A r g e n v i l-l e , p. 270.
Planche XVlll. litt.C. de l'Édition de
La Porcellana vulgaris , Uvis, ht-
cida , duabus maculis nigris in utroque
capite infigniter notata , ventre albido ,
aliquando croceo de Gualtieri , Ind
pag. & Tab. 13. Int. E.
La P orcellana vulgaris , Uvis , fuf-
ca , lucida , duabus fafciis albidis in
dorfo , & duabus maculis nigris in ca-
pite donata du même , ibid. lia. J.
La féconde variété , que l'Auteur a
obfervée fur les côtes du Sénégal, eft,
dit-il , la même que la Concha Vene-
rea extgua , ferè plumbei coloris , aut
leviter purpurafeens de l'Ifle de Saint
Maurice , dont parle Lister, Hifl
Conchyl. Tab. 656. fig. 1.
La Concha Veneris Jubfiava, ipfâ rima
purpurajeente , tribus fafciis circumda-
ta, Uviare tejlâ de Madagafcar , domt
parle le même Auteur, ibid. Tab. 66<
fig- 9-
La Concha Veneris fufca , valdè U-
T^tÊ dl f abm f a fw albidu exornata
de 1 Jile des Barbades , dont parle en-
core le même Lister, Tab 667
fig-
Et la Concha Veneris parva fubei^
nerea , ventre candido , unicâ fijciâ
jujea latâque circitmdata , dorfo paulu-
lum gibbojo , admodum Uvis du même ,
Tab. 66%. fig. 1 3.
^ La troifieme variété , qui refiemble
a la précédente, dit l'Auteur, mais qui
eft feulement un peu plus épailfe & un
peu plus grande, eft la même que la
Concha Veneris parva purpurafeens ,
exiguis maculis albis denfe depida de
Lister; Hifl. Conchyl. Tab. C04,
fig-^-
u
M A J
La Concha Veneris parva, tennis , rimà
candidâ , dorfo fttfco mac a lis a Uns reti-
culatim dcpiclo du même Auteur, Tab.
701. fig. 49.
La Coucha Veneris ternis , lateribus
ritgric antibits , dorfo maculis albis dij -
tiniio de l'Ifle de Saint Maurice , du
même, Tab. jo^.fig. yj.
La Porcellanâ varioU dii'la de Rum-
phius , Muf. p. 115. art. 1 J- Tab. 38.
fa °-
La Concha. Veneris rrànor , maculata
& oculata de Petivert, Gazoph.
Vol. I. Cat. 300. Tab. 9. fig. 7.
Et la Concha Veneris Indica minor
du même, Vol. II. Cat. 275. Tab. $6.
fig T 9 ' ■ .,;
La quatrième variété , infiniment
plus épaiiïe, 8c beaucoup plus pelante
que les précédentes, eft la même que
la Venerea , tcfludinis inflar gibbofa ,
dorfo rufo flellulis notabilt de Bonanni,
Recr. p. 147. claff. 3. n, 258.
La Concha Veneris c rafla, ventre lato,
rima, albidâ , lateribus nigricantibus ,
dorfo fummo albis maculis depicto'àe
rifle de Saint Maurice , dont parlent
L 1 s T E K , Hifl. Conchyl. Tab. 702.
fig. 50, 8c M. Klein , lent. pag. 80.
jpec. 4. n. 2.
La Porcellanâ fpeciesfe.xta de RuM-
phius, Mufi-p. 1 14. Tab. 3 8. fig. F.
La Porcellanâ fimbriata , Uvis , dorfo
fubjlavo , candidis punllis minimis fi-
gnato , lateribus fufco colore latè obfcu-
ratis , rimà albidâ , capitibus aliquan-
tulitm tuberofis de Gualtieri, bld.
pair. &Tab. 15. litt. J. & 0.
La cinquième variété , qui eft fort
petite, Se de même forme que la pre-
mière variété , eft la même que la
Venerea laclea , tribus fajciolis ojlrinis
fegmentata , quas aurem, lacinis e.xor-
nant de Bonanni , Recr. p. 144. claff.
3. ». 236".
La Concha Veneris parva , candida ,
tribus latis fajciis nigricantibus depicix
des Ifles Maldives , dont parle Li S-
T E R , dans fon Hifl. Conchyl. Tab. 666.
fig. 10.
Tome III.
M A J 9
La Porcellanâ Afelli de Rumphius *
Muf p. 118. art. 12. Tab. ^9. fig. M.
La Venerea laElea , tribus fajciolis
ojlrinis fegmentata , quas aureœ lacinU
exornant du Muf mon du P. Kirker ,
p. 4(54. n. 235.
La V encris Indica Concha minor , tri-
fafeiata de Petivert, Gaz.oph. Vol. II.
Cat. 290. Tab. 97, fig. 1 I.
U Erythr&a minor variegata & faf-
eiata de Barrelierus, Icon. p. 133,
Tab. \~^i6. fig. 27.
La Porcelaine , appellée le petit Afne,
à caufe de trois barres noires , qui fc
voient fur fa robe blanche, de laquelle
parle M. D'A r G e n v 1 l le , p. 271.
Planche XVIII. lett. T. de l'Édition de
La Porcellanâ fimbriata , Uvis , mi-
nor ,' candida , tribus latis fajciis ni-
gricantibus , vel ex fufco rujefeentibus
cincla de Gualtieri, Ind. Tab. &
pag. 1 5 . litt. M.
La Porcellanâ brevis , fivè elatior, vel
gibba Afelli , triplici xjma nigrâ tranf
verfaliptr àorftm album de M. Klein,
lent. p. 86, Jpec. 2. n. 10.
La fixieme variété a , dit l'Auteur,
un certain rapport avec la quatrième.
C'eft, dit-il, la même variété que la
Venerea flellata fpeciofiffima , qui iert
de monnoie dans les Ifles Philippines,
dorfo partim violaceo , partim livido ,
intits flellulis latleis & aureis décor ata ,
dont parle B o N A N n 1 , Recr. p. 1 44.
clajj. 3. ». 247. Se le Mu/xum de
K 1 R K E R , p. 484. ». 245.
La Concha Veneris parva , ventre &
lateribus flavejientibus , ipfo lingujt
canali leviter purpurafeente , dorfo
maculato fiavis & innumerïs punEiu-is
candidis des Maldives , dont parle
Lister , Hifl. Conchyl. Tab. 692.
fig.%%.
La Veneris Concha Indica minor ,
maculata , rimà croceâ de Petivert,
Gazoph. Vol. H. cat. 281. Tab. 07.
fa' x 7'
La Porcellanâ fimbriata , Uvis ,
fubfulva, albis maculis dcpitla , rima
io MAI
fubcroceiï , ventre & lateribus albiâu ,
furpurafcentibus macidii fignata de
Gualtieri, Ind. lab. & pag. 1 5 .
Un. C.
La Porcellana in utroque latere fim-
briata , jlellata , thoracica , fiellulis
rubiginofis in âorfo albido dijîinUa ,
(atcribus ex Jufco caflaneis de M.
Klein, Tent. pag. 89. yp. 4- »■ 4-
La Porcellana in utroque latere fim-
Iriata , jalita , ventre & lateribus
flavefcentibus du même , ibid. pag. 90,
«.13. lin. C.
Voilà les fix variétés les plus remar-
quables de la première efpece de Co-
quillage , qui elt du genre du Puce-
lage , Se que M. Adanson a
examinées avec foin. Il s' eft contenté
de ce petit nombre, pour faire con-
noître de quelles fortes de changemens
cette efpece de Coquille eft lufcepti-
Lle, tant pour la forme que pour le nom-
bre des dents, & pour leurs couleurs.
Ce Coquillage eft figuré à la Plan-
che V. n. 1 . de fon Ouvrage , & les fix
variétés aux lettres D. E. F. G. H. & J.
de la même Planche.
Pour l'animal qui habite cette Co-
quille , c'eft , félon l'Auteur , le
même dans toutes les variétés qui lui
font .tombées fous les mains. Ce qui
l'a obligé à faire un genre du Pucelage ,
différent de celui de la Porcelaine ,
c'eft que le tuyau du manteau ne dé-
borde jamais la coquille dans le Pu-
celage , au-lieu qu'il paroît toujours
au dehors dans la Porcelaine. C'eft fur
ce caractère qu'il s'eft fondé pour en
faire deux genres distingués , ce que
n'ont pas fait les autres Naturaliftes ,
qui tous mettent le Pucelage , ou la
Coquille de Venus dans le genre des
Porcelaines. Voyez pour la defeription
de l'animal qui habite cette Coquille ,
Y Ouvrage de M. Adanson , p. 7 1 .
M A 1 G R E , nom qu'on donne à
l'Ombre , dit Rondeiet. Voyez
OMBRE.
MAIN MARINE, Zoophyte
OU Plante animal , ainfi nommé parce-
M A I M A K
qu'il a la figure d'une main. RursCif ,
Exfans;. pag.$%. Tab. 20.
MAlSI DE MACATOTOLT ,
oîfeau ainfi nommé par les Bréfi liens.
Son corps eft orné de plumes noires ;
fa tête , qui eft d'un rouge de fang ,
porte un collier d'un jaune doré au-
tour du col &"du jabot : le bec & les
pieds font d'un jaune pâle. Seba , Tbef.
I. Tab. 57. n. 3.
* MAISOLE , du Grec MauVoAoç :
Hesichius & Varinus don-
nent ce nom à un Quadrupède qui vît
dans l'Inde, femblable au Veau. C'eft
tout ce que G e s n e r nous en ap-
prend.
M A K
M A K , nom qu'on donne à Cayen-
ne au Coufin , infecte volant, petite
Mouche à deux ailes. Voyez au mot
COUSIN.
MAKAKOATH, Serpens
cornus , qu'on trouve aux environs du
Mexique. Ces Serpens ont vingt pieds
de' long 5c font de la groffeur d'un hom-
me. On leur a donné ce nom , qui veut
dire Serpent-Cerf, pareequ'en effet ils
ont la tête d'un Cerf; mais leurs cor-
nes ne paroiffent que lorfqu'ils com-
mencent à vieillir. Hifl. Gén. desVoyag.
Tome XVIII. p. 153, édit. in- 1 2.
M A K A Q U E , efpece de Cer-
copithèque , ou Cynocéphale , du
nombre de ceux qui ont la queue lon-
gue & le mufeau allongé. Il eft ap-
pellé Mak.akk.of à Angola & Makaquo à
Congo. M. BfmsoN.p. 213.1e nom-
me Cercopithccns Cynocrphalus , naritus
bijidis , elatis , clmnbits calvis : Makc
Grave ( Hift. Brafil. p. zzj.) & Rat
{Sjnop. Quad. p. 1 5 5. > Cercopithccns
Angolenfis major : M. Linn/rcs (Sy/f.
Nat. édit. 6. g. z.fp. 10.) Simia eau-
data , imberbis , naribus elatis > bijidis.
Les F rançois de la Guyane le nomment
Makaque. La longueut de fon corps „
depuis la tête jufqu'à la queue , eft de
plus d'un pied : celle de fa tête , de fix
doigts ; celle de fa queue, d'un pied^
M A K
M A K ir
fes quatre jambes font d'une longueur
égale, favoir de dix doigts chacune ;
fes pieds de devant font longs de trois
doigts , Se ceux de derrière de fix
doigts ; le tour de fon corps , dans
l'endroit où il eft le plus gros , eft d'un
pied neuf pouces ; il a les narines fen-
dues en deux Se élevées , les fefles
chauves : il porte toujours la queue
courbée en arc j la couleur des poils
de tout fon corps eft la même que cel-
le d'un Loup. On le trouve ordinai-
rement dans le Royaume d'Angola Se
dans la Guyane.
Les Auteurs qui ont écrit far cet animal
font M. Barrire, Hîfl. de laFrance Epitn.
p. 149. M. Klein, Dîfjp. Quad. p. 8y. Jo&s-
ton , Quad- P- 100.
M A K E S ; Lofez dît que c'eft
un Coquillage qui fe tcouve fur toute
la côte d'Or, mais que ceux de Loan-
da font les n ailleurs , parcequ'ils ont
le coloris fort brillant. On en diftingue
dediverfes couleurs. Les gris font les
plus eftimés Se tiennent lieu de mon-
noie. On fe repofe de cette pêche fur,
les femmes : elles l'exercent fur les
bords de l'ifle de Loanda , en creufant
un trou de quatre ou cinq pieds de
profondeur, où elles remploient leurs
paniers de fable : enfuite après avoir
féparé le gravier du poiifon , elles
diftinguent les mâles des femelles ,
opération que la différence du coloris
rend fort aifée. Hïfi. Gén. des Voyag.
Tome XV IL p. 159. édit. in-i 2.
MAKIS, efpeces de Singes d'une
grande beauté. M. Brisson , p. 219.
les met dans l'ordre des Quadrupèdes
qui ont quatre dents incifives à la mâ-
choire fupérieure Se fix,à l'inférieure,
& les doigts onguiculés. 11 en fait un
genre, Se félon fes obfervations , 1°.
toutes les efpeces de ce genre de Maki
ont les dents incifives de la mâchoire fu-
périeure féparées par paires & conver-
gentes: celles delà mâchoire inférieu-
re font très-étroites, toutes contigues ,
couchées obliquement & avancent ea
dehors ; elles ont douze dents canines ,
favoir trois de chaque côté à chaque
mâchoire , lefquelles font larges ,
plates 3c Ce terminent en pointe, 8c
quatre dents molaires de chaque côté
à la mâchoire fupérieure , Se trois de
chaque côté à l'inférieure , en tout
trente -fix dents ; 3 0 . leurs ongles font
larges , plats & terminés par une poin-
te obtufe , excepté celui de l'index
des pieds de derrière , qui eft plus
étroit Se plus long ; leurs pieds de
devant font l'office des mains. Ce gen-
re de Maki , genus Profilai* , contient
quatre efpeces.
Le premier Maki , nommé en Latifl
Profimia fufca par l'Auteur , eft le
Simia » Sciurus lanuginofus , fufeus ,
&c. de Petivert, Gaz^oph. fig. &
Tab. 17 . f. 5. La longueur du corps
de ce Maki , depuis le fommet de la tê-
te jufqu'à la queue, eft d'environ onze
pouces : celle de fa tête , depuis fon
fommet jufqu'au bout du muftau , de
trois pouces: celle de fa queue , d'un
pied quatre pouces Se demi. Son mufeau
eft allongé Se pointu ; fes oreilles font
courtes Se prefque cachées dans fes
poils; tout lbn corps eft couvert de
poils doux Se laineux , bruns par tout
le corps, excepté le nez, la gorge Se
le ventre, qui font d'un blanc faie : le
bleu tire un peu fur le roux vers la
partie fupérieure du dos. On trou/e
ce Maki à Madagafcar.
La féconde efoece eft le Maki au*
pieds blancs, en Latin Projînria fufca »
ruifo , gutture & ptdibus aibis. 11 eft
de la grandeur du précédent. Il a com-
me lui les oreilles courtes Se cachées
dans fes poils 8c le mufeau allongé Se
pointu ; tout fon corps eft couvert de
poils doux Se laineux bruns par tout
le corps , excepté le nez , la gorge Se
les quatre pieds , qui font blancs , Se le
ventre , qui eft d'un blanc fale. On
le trouve auffi i Madagafcar , Se feu
M. de RÉAUMUïten avoit un dans
fon Cabinet.
La troifieme efoece eft le Maki aux
pieds rouges > nommé en Latin par
B ij
i2 M A K
M A K MAL
l'Auteûf Ttofimiafufca , rufo aàmixto ,
facie nigrâ , pedibusfulvis. La longueur
de fon corps, du fommetdela tête juf-
qu'à la queue , eft de treize à quatorze
pouces : celle de fa tête , depuis fon
fommet jusqu'au bout du mufeau, eft
de trois pouces trois lignes , & celle
de fa queue , d'un pied cinq pouces.
Son mufèau eft allongé & pointu ; fes
yeux font d'un jaune roux ; fes oreil-
les font longues de dix lignes Se lar-
ges d'environ un pouce. Tout fon corps
eft couvert de poils doux & laineux ,
bruns par delTus le corps 8c à la par-
tie extérieure des jambes , & d'un
blanc fale & jaunâtre par defïbus le
corps , ainfi qu'à la partie inférieure
des jambes : fa face Scfonmufeau font
noirs ; fes quatre pieds font fauves ,
& les poils qui couvrent le dos font
mêlés d'un peu de rouflatre. On trou-
ve cet animal à Madagafcar,* ainfi que
les deux précédens. Il faifoit aulîi par-
tie des curiafîtés du Cabinet de M. de
Réaumur.
La quatrième efpece eft le Maki à
queue annelée , nommé en Latin par
M. Brisson , Frofimïa cinerea , cauda
cincià annulis altermtim albis & ni-
gris. La longueur de fon corps, depuis
Te fommet de la tête jufqu'à la queue ,
eft d'environ un pied ; celle de fa tête ,
depuis fon fommet jufqu'au bout du
mufeau , eft de trois pouces ; celle de
fa queue eft d'environ un pied & demi.
Son mufeau eft blanchâtre & pointu •
fes oreilles font longues de dix lignes'
larges d'autant , & couvertes de poils
blancs. Tout fon corps eft couvert de
poils longs , doux & laineux ; ceux du
deftus du corps , des pieds de devant ,
Se de l' extérieur des quatre jambes,
font roux à leur origine , 8c terminés
de gris, de façon qu'il n'y a que cette
dernière couleur qui paroiffe ; ceux du
defïbus du corps , des pieds de der-
rière ,■& de l'intérieur des quatre jam-
bes , font blancs ; fa queue eft annelée
alternativement de noir 8t de blanc.
On le trouve à Madagafcar , & il était
avec les deux précédens dans le Cabi-
net de M. de Réaumur.
MAKOUM A, poiffon de l'Ifle
de Cayenne , nommé par M. Bar-
re r e ( Hifi. Nat. de U France Êquin.
p. 1 7 J . ) , Muihts imberbis leucocepha.-*
lus minor.
MAL
*MALACÏUS, du Grec
MaXaytoç , poiffon dont parlent H e s y-
Chius & Varinus ; mais les
bons Auteurs Grecs nomment Ma.xdnnx
tout genre de poiflbns moux , à ce que
dit Gesner , de Aquai. p. 6iS.
M A L A G O S , oifeau aquatique
qui le voit très-fouvent fur la mer >
ou fur les rivières du Cap de Bonne-
Efpérance. U eft gros comme une Oie,
Son bec , fortifié de dents petites &
aiguës , eft tant foit peu plus court que
celui du Canard. Le noir & le blanc
font mêlés de taches grifes , qui ornent
fes, plumes, & en font un oifeau char-
mant. 11 a les jambes un peu plus cour-
tes , & plus près du croupion que le
Canard , auffi ne marche-t-il que bien
difficilement. Le poiffon lui fert de
nourriture , & pendant le jour il eft
prefque toujours dans l'eau occupé à
la pêche. Voici de quelle manière il
s'y prend. Des qu'il apperçoit tous lui
un poiffon , il enfonce promptement fa
tête dans l'eau. S'il a été affez adroit
pour prendre quelque chofe, il avale
le tout , avant que de retirer fa tête.de
l'eau. Pendant la nuit,-& à l'approche
d une tempête , il fe retire furies ro-
chers, ou furies grands arbres. Kolbe,
Defcript. <èu Cap de Bonne- EJpérance ,
Tome III. c. 17. p. 173. 8c Hifi. Gên.
des Voyages, Tome XVIII. p. 161. édie,
in-i 2.
M A L A K A Y A , nom qu'on
donne à Cayenne au Chat Tigre , dit
M. B a iî k e r e-. C'efr le Maraca de
Marc Grave, nommé en Latin
Fêles fera Ti&ma. Voyez CHAT
TIGRE.
M ALARMAT, nom que don-
MAL
ne Rondelet CL. X c. 9. p. 234.
édit. Franç. ) à la L)>r# cornuta de
Pline, poilfon , dit-il , qu'on nom-
me en Languedoc Malarrnat , de mê-
me que fur les côtes de Gênes. A R-
T E D 1 ( Ichth. Part. V- p. 75. w. 10. )
nomme ce poifTon Trigla cirris pluri-
mis, corport otiogono. Unie nomme en
Grec QMWi , Se en Latin Catapbrac-
tum. H eft du genre des poiûons qu'on
nomme Pij'cts acantbopterygii , c'cft-à-
dire Poiilons à nageoires épineufes. 11
eft , dit Rondelet , armé çar-tout ,
Se garni d'os. Quelques-uns ont cru
que c'eft le mâle de la Lyra , que ce
Naturalise nomme Groneau , mais ils
fe font trompés. On trouve fouvent
au ventre du Maiarm.it des œufs tout
rouges.
C'eft un poifïbn de mer d huit an-
gles , qui -eft de couleur rouge , tout
couvert d'écaillés , Se entouré de na-
geoires épineufes. Sa tête eft dure &
remplie d'os ; elle finit par deux cor-
nes larges : fa bouche , qui n'eft point
garnie de dents , eft au-deflTous ; au
bas de la mâchoire inférieure il a deux
barbillons moux Se charnus , des ai-
guillons Se des nageoires placés com-
me ceux du Groncau. Son corps eft
rouge , quand il eft vivant , 8c cette
couleur s'évanouit, quand il eft mort.
Il a l'eftomac petit avec peu d'addi-
tions : le foie eft grand Se blanc ; la
bourfe du fiel y eft attachée ; la rate
eft petite 8c rouge , avec une grande
velfie pleine d'air. Ce poilTon a deux
ouïes de chaque côté de la tête. Il a
peu de chair ; elle eft dure Se feche.
Rondelet dit que. ce poilTon étant
pendu au plancher , la queue montre
«i'où vient le vent. Selon Pline , cette
Lyra cornuta levé hors de la mer des
cornes d'un pied Se demi : ce font les
plus grandes ; car on en prend qui ne
les ont longues que d'un demi-pied.
Mais Rondelet penfe qu'au-lieu de
jefquipeaali,: > il faut lire dans Pline
Jimipedalia,c'e{i-à-d[Te d'un demi pied,
& non d'un pied Se demi. On nomme ce
MAL 13
poifïbn à Rome Fefie Capane , Se Pefcs
Força , dit Artedi. .
Outre les Naturalises ci-deffus cités , on
peut encore confulter Aldrovande , L. ji.
C. 7. p. I47. Wl L LU G H B Y, p. 28g. R A Y,
p. 89. & Gesker, de Afuat, ainfi que B e-
non, qui en ont parlé.
M A L E R O U D A , nom qu'on
donne à un oifeau de l'Ifle de Ceylan,
qui eft de -couleur noire.
MALKARAB/ELA: C'eft le
nom qu'on donne dans PIfle de Cey-
lan , à un Serpent , dit R a y ( Synop.
Anirn. Quad. p. 331.), qui a fur la
• peau des fleurs blanches tirant fur le
jaune.
M ALLE-M EEU¥EN: Le»
Hollandois dans leur Navigation aux
Indes Orientales- de l'an icTo8. donnè-
rent ce nom , qui veut dire en François
Poules d'eau Jattes , à des oifeaux „
qui fe laiffoient prendre par milliers r
Se tuer à coups de bâton, dit Daf-
p E R , dans fa Defcription de l'Afrique ,
p. 496.
MALLE-MUCKE, nom que
M, A n derson donne à la grande
efpece de Mouette. Voyez au mot
MOUETTE.
MALPOLO N , Serpent de
Pille de Ceylan , félon S e b a , que
M. L 1 n N m u s croit être une efpece
à'ibiboboca. R A Y en parle. S e b a
donne la defcription de deux Mal-
palans.
Le premier eft décoré de toutes for-
tes d'ornemens ; fes petites écailles
font d'un jaune vif Se éclatant, rele-
vées fur toute l'étendue du dos , depuis
le fommet de la tête jufqu'à l'extrémité
de la queue , par des taches noirâtres ,
marquées çà Se là alternativement , 8c
qui femblent travaillées à l'aiguille.
On voit fur les côtés d'autres taches
fafrannées , rangées avec fymétrie ,
faites en croix. R a y les compare à de
petites étoiles , auxquelles cependant
elles ne paroiifent pas relTembler , dit
S e b a. Les écailies du ventre font
cendrées , jaunes , tachetées de brun.
Thef.II, Tab. 39, n. 4.
14 M A L M A M
M A M
Le fceond Matpolon , auflî Serpent
de Ceylai> , eft orné de bandes qui
s'étendent fur toute la largeur de fon
corps; celles du milieu du dos fem-
blent travaillées au métier : elles font
faites en réfeaux d'un bleu mourant ,
marquées de taches rouffes au centre
du rhombe & ceintes d'une bordure
de couleur châtain. Ce même appareil
règne fur les côtés du ventre , dont les
écailles tranfverfàles font d'un jaune
verdoyant ; la tête n'eft pas moins
belle par . fa marbrure Se fa jafpure de
points fymétrifés : ainfi l'on peut met-
tre avec raifon ces fortes de Serpens
au nombre des plus beaux qu'on con-
noifle.
S e b a , dans la figure qu'il en
donne , repréfente la tête de ce Ser-
pent contre-oppofée à celle de celui
qui précède, pareeque ces animaux ,
fortant au printemps de leurs quartiers
d'hiver, s'approchent l'un de l'autre ,
pour fentîr s'ils font de la même ef-
pece , ce que ne trouvant point , ils
fe quittent & pourfuivent ailleurs leur
chemin, S E B A a obfervé lui-même
cet inftinft qu'a donné la Nature à ces
animaux , pour chercher mutuelle-
ment leurs fernblables. Thef.lt. Tab.
52.». 4.
MALTHA, du Grec m*a6 m \
nom que les Anciens ont donné à un
poifTon que Rondelet nomme
Sorrat. H eft appellé à Rome Lamiola ,
parcequ'il a les dents faites comme là
Larme, Pline (Ntjî. Nat. L. XXXVI.)
en parle , ScGesner Aquat.
p. 7 2 1 . ) d'après cet Ancien. Suidas
Se V a r 1 n u s marquent que c'eft une
bête marine , difficile à prendre , Se
"W o t T o n doute fi ce n'eft pas le
Bœuf marin , poifTon cétacée , ou
quelque autre animal femblable. Selon
O ? P 1 e N , au rapport de G e s n e r ,
c'eft \zLamia. Voyez au mot SOR-
RAT.
M A M
MAMMON, nom qu'on donne
à des efpeces de Chats des Indes
Orientales , dit Re d i.
M A M O N E T , efpece de
Singe.- Thomas Bartholin
( in Acad. Médit. 1 67 1 . îôji. Vol. L )
dit qu'il eft d'une forme finguliere.
Eft-ce un Singe fans queue, ou un
Singe avec une queue , c'eft-à-dire
un Cercopithèque ? Chez J o N s T o N
c'eft un Singe à queue longue , Se celui
dont Bartholin parle , n'en a
point. G E S n e r {deQuad.p. 852.)
parle d'ua Mamonet , qui n'eft pas
beaucoup différent , mais il a la tête
du Chien , plutôt que celle du Porc.
Albert le Grand nomme Mamonet
une efpece de Singe à queue. Selon
G e s n e r ( ibid. p. 8 5 6. ) c'eft un petit
Singe à queue. Celui dont Bartholin
fait mention n'en a point , & ce n'eft
pas une grande efpece de Singe. A la
face horrible qu'il a, on le peut pren-
dre pour un Monftre.
On trouve dans les Collections Aca-
démiques, Tome IV. Partie étrangère,
p. 192. la defeription anatomïque d'un
Singe nommé Mmmonct. Elle eft tirée
des Ailes de Coppenhagut , ann. l6yi.
& 16 y i. Obferv. 3 6. Voici ce qu'on y
lit.
On a diflequé chez Henri Serive-
rius , Chirurgien du Roi , un Singe
extraordinaire , nommé Mamonet. il
étoit mort de maladie ; fa couleur ti-
roir fur le rouge; fa tête reffembloit
à celle d'un Cochon ; la peau de fes
fefTes étoit fans poils. Cet animal ne
fe trouve décrit dans aucun des Au-
teurs qui ont écrit fur l'Hiftoire des
Animaux.Le Singe dont parle Jonston
a une très-longue queue , & le nôtre
n'en a point. Gesner parle d'un
Singe aiTez femblable à celui dont il
eft quefttoh ; mais fa tête approche
plutôt de celle d'un Chien , que de
celle d'un Cochon. Albert le
Grand appelle Mamonet tous les
Singes à queue. Gesnf.r dit encore
que le Mamonet eft plus petit que
le Singe. Le nôtre eft plus gros qu'ua
M A M
Singe & n ' a P as iu e ^ e - Comme
aucun Auteur n'a donné jufqu'ici la
defcription d'un femblable animal ,
fa hideufe figure permet, de douter fi
c'eft un Monftre , ou un animal que
perfonne n'a vu ni décrit jufqu'à pré-
fent. Quoi qu'il en foît, je vais rap-
porter ce que j'ai obfervé en le difl'é-
quant, &ce que j'aî rarement obfervé
en difféquant d'autres animaux.
i°. On ne vit aucune trace de l'om-
bilic.
2°. Les tefticules a fiez gros étoient
placés au-defius de la verge , préci-
fément au milieu de l'os pubis; la ver-
ge étoit afièz longue : on y voyoit à la
partie moyenne les deux mufcles érec-
teurs , qui étoient ronds ; il y avoit
quatre profitâtes , deux plus grolTes
Se deux moindres : celles-là occupaient
leur place naturelle , 8e les deux pe-
tites étoient rondes & adhérentes aux
premières ; les véficules féminales
étoient de petites glandes , qui ne
contenoient aucune liqueur. Cet ani-
mal étoît très-lafcif.
3 °. Le foie étoit dîvifé en trois lobes :
on y remarquoit trois veflies remplies
de lymphe & aufii groffes que le
poing : elles étoient à moitié engagées
dans le parenchyme du foie , mais fl
étoit aifé de les en détacher : elles
étoient reçues dans la cavité des lo-
bes & fe trouvoient elles - mêmes
chargées de véficules femblables à
celles de l'ovaire ; leur tunique étoit
épaifle Se pouvoient fe partager en
plufieurs membranes : la lymphe qu'el-
les contenoient étoit pure : car après
avoir été chauffée , il ne refta que de
l'eau claire , la fubftance gélatineufe
avec laquelle elle étoit d'abord mêlée
ayant fervî fans doute à former les
tuniques. Cette lymphe avoit diftillé
des vaîfieaux hépatiques , mais par
des voies que l'on ne put découvrir.
4°. Nous trouvâmes dans le pou-
mon une veffie tout-à-fait femblable
à celle dont nous venons de'parler.
5°. Quelques caillots de fangétoient
M A N
attachés par quelques fibres aux parois
intérieurs des ventricules du cœur ,
ce qui empêchant la circulation du
fang , avoit apparemment fuffoqué
l'animal.
6°. On trouva beaucoup d'eau épan-
chée entre les rrlufcles Se la peau de
la tête. Cette efpece d'hydropifie
pouvoir avoir été occasionnée par le
changement d'air Se d'alimens Se par
la bière qui fervoit de boiflbn à cet
animal.
7°. L'épine du dos étoît courbée
dans un endroit. J'ignore fi ce vice
étoit naturel ou accidentel.
8°. La rate étoit peu épaiffe & avoit
à peine trois travers de doigts de lon-
gueur.
9°. La cloilon du cœur avoit une
ouverture que l'on n'y remarque point
dans les autres animaux. M. Aurllius
Severinus donne d'autres obferva-
tions dans la quatrième partie de fa
Zootomie ; mais ces obfervations ont
été faites fur des Singes différens de
celui-ci. Voyez les Colleilions Aca-
démiques- , Tome IV. Planche IX. fig. i .
2. 3. & 4.
M A N
M A N A GU RREL, bête fort
pefante de la Nouvelle Efpagne. Elle
eft toute couverte de pointes, comme
le Hérilfon : ces pointes ont environ
un pied de longueur; fon mufeau eft:
fait comme celui du Porc , mais plus
petit. Cette bête a le pied fort court , 5c
fa chair eft exquife.
M A N A ï I : On trouve dans
YHiftoire Générale des Voyager , dans
ceux du Pere La bat aux lues de
l'Amérique , dans fa Relation de l'A-
frique Occidentale , dans les Singula-
rités de la France Antariliqite , par
Thevet > dans R a y & plufieurs
autres Naturaliftes des deferiptions Au.
Marnai , nommé Manat par Ron-
delet. Voyez LAMENTIN.
MANBALLA, Serpent cfe
Ceylan > de couleur châtain , qui a
i6 M A N
la tête d'un Chien de chalTe; fa parure
eft fort belle ; le deflus du corps eft
couvert d'écaillés d'un jaune pâle ; cel-
les du front Se des mâchoires font pein-
tes d'un rouge foncé ; fur toute l'éten-
due du dos, qui eft lifte Se très-poli ,
règne un aflemblage de chaînons ova-
les , faits en forme d'anciens boucliers ,
Se joints enfemble par une large attache
mitoyenne; au-detfous de cette bande
qui unit les chaînons , font difpofées
des taches triangulaires , tirant fur un
rouge-pale, qui vont d'une manière
uniforme fur chaque côté du ventre ,
jufqu'au commencement de la queue ;
vers l'extrémité de la queue les cou-
leurs deviennent plus pleines : le jaune
clair fe change en un jaune foncé , Se
le rouge brun en un rouge vif & ver-
meil , avec une efpece de bordure
noir*: ; les grandes taches jaunâtres
du deflus du corps font piquées de
quantité de points incarnats , ce qui
fait à l'œil un joli effet ; la tête eft
large , d'une figure particulière ; le
col eft mince , la langue longue , four-
chue ; il a la gueule armée de longues
dents , les yeux grands , petillans ,
les écailles du ventre d'un cendré
jaune , enrichies d'une marbrure de
taches noirâtres & autres ornemens.
Ceft ainfi que l'a décrit S e b a ,
Thef. IL Tab. 99. n. 1 .
MANCHE DE VELOURS,
oifeaux qui fe trouvent au Royaume
d'Angola , de la grolTeur d'une Oie,
Ils ont le bec long , le plumage d'une
extrême blancheur. Ce font comme
autant de mefiagers , qui informent
les vaifleaux de l'approche de la terre.
Ils voltigent fur les flots pendant tout
le jour Se retournent la nuit au rivage.
La vue de ces oifeaux fait fauter de
joie les Matelots. Les Portugais leur
donnent le nom de Mangas de VelluAo-,
pareeque cet oifeau a les ailes toutes
picotées de noir , Se il les remue in -
ceflamment comme les Pigeons. D a p-
ï> e r en parle , Defçripthn de l'Afrique ,
p. 385.
M A N
MANCHE DE COUTEAU
dans le pays d'Aunis Coutelier : Solen,
du Grec, comme l'appelle Rondelet:
en Italien Canalichio. Ceft un Coquil-
lage dont M.'d'A rgenville fait
la fixieme famille des Bivalves. Solen
dicitur à Gracis , hoc eft fiftula , five ca~
nal'u , cui ajfimilatur , chm tejta amb&
quibus confiai , conjunguntur. A Latinh
vocatur Unguis, qitem jub(lantia & co-
bre imitatttr : d'autres difent, Concha
ttnuibus , lorigijjlmifque valvis ab utrli-
que parte naturaliter hianùbiis. Ce Co-
quillage a le corps long , ouvert par les
deux extrémités , quelquefois droit ,
fouvent arqué. Rondelet dit qu'il y
a un Solen , ou Manche de Couteau mâle
Se femelle: que la femelle eft diffé-
rente pour la grandeur , la 'couleur Se
le goût , fœrnina unicolor & dulcior. Ce
poiflbn en allongeant la tète , refpire
l'air Se attire l'eau par deux tuyaux
qu'on remarque au bout d'en haut ,
& par le moyen d'une jambe qu'il
allonge & qu'il retire par le bout d'en
bas , il s'enfonce à deux pieds de fond
dans la mer & s'élève tout droit dans
le fable : c' eft tout le mouvement qu'on
lui remarque. Pour le prendre , on
jette du fel dans le trou qu'il a formé ,
ce qui le fait fortir Se enfuite on le
tire avec un fer pointu. Ruhphius
décrit un Manche de Couteau d'une
feule pièce , qu'il appelle Solen aretia-
rius. Ceft un long tuyau à plufieurs
reprifes, ou nœuds , & les autres fi-
gures qu'il en donne font des Monf-
tres , dit M. D'A rgenville, qui
n'ont aucun genre déterminé. Pline
prétend que ces Coquillages par leur
fuc glutineux reluifent dans les ténè-
bres , fur la terre, fur les habits, fur
la main Se même dans la bouche de
ceux qui les mangent. Lister appelle
Solen curvus celui qui eft un peu cour-
bé dans fa longueur : d'autres l'ont
nommé in fiât enfu Hungaricifalcatus ,
femblable à un fabre Hongrois. Il y
a des Manches de Couteau de couleur
de rofe, qui viennent d'Orient. Leur
épaiiîeuv
M AN
épalQeur Se leur rareté les diftiflguent
aifez des autres. Ceux qui viennent
fur nos côtes ont la moitié de la robe
violette & l'autre bariolée de brun ;
la figure eft un peu courbée Se creufée
en forme de gouttière , ou d'un fabre
Hongrois. Il y en a de la petite efpece.
Voici ceux dont M. d'Argenville
compofe la fixieme famille des Bival-
ves :
Le Manche de Couteau , dont le
corps eft droit : celui de couleur de
rofe Se de l'Amérique : celui dit YO-
nix : le brun , le mâle , c'eft-à-dire
le plus grand: la femelle, c'eft-à-dire
le plus petit , pareequ'il reffemble à
l'ongle ; Se celui qui imite le doigt
parfalongueur. M. Adanson, comme
je l'ai dit au mot COUTELIER, fait
de ce Coquillage bivalve un genre
lous le nom de Sole». Voyez COU-
TELIER.
MANDOUST, efpece de
Couleuvre de l'Ifie de" Madagafcar ,
de la grofTeur de la cuifTe humaine.
Elle vit de Rats & de petits oifeaux,
qu'elle mange dans les nids. Il y a
plufieurs autres efpeces de Couleu-
vres , qui reffemblent à celles de
France.
MANDRIL, efpece de Singe.
V oyez SINGE.
MANGARSAHOE, grand
animal de l'Ifle de Madagafcar , qui
a le pied rond comme le Cheval & de
grandes oreilles. Lorfqu'il defeend les
montagnes , fes oreilles s'abattent fur
fes yeux & l'empêchent de voir où il
va. Son cri imite celui d'un Ane. F L A-
Court le prend pour un Ane fau-
vage. Cet animal fait un grand bruit
& poufTe un fon défagréable , comme
quand un Ane brait. Il y a une mon-
tagne à douze lieues du Fort Dau-
phin , que les François ont nommé
Man^arfahoe , à cattfe que cette bête
s'y tient ordinairement. Djpper,
Defcript. de PAft. p-457-
MANGE-BOUILLON ,
ou les SOUFFRETEUSES:
Ttme III.
M A N i 7
Goedard ( Part. II, Exp,io.)dit
que le Bouillon blanc , ou le Taxas
Barèams des Apothicaires , nourrit
de petits Vers , de petites Araignées
Se un autre petit animal , qui a des
pincettes au front , qu'il ouvre & qu'il
ferme comme il veut. Ce petit Ver,
cette petite Araignée Se cet autre
animal à pincettes font engend es fur
la feuille de Bouillon blanc. Le petit
Ver devient la proie de la petite
Araignée, Se l'un Se l'autre ont pour
ennemi l'autre animal à pincettes ou
ferres , qui les coupe par le milieu Se
s'en nourrît.
MANGE-FROMENT: Le
même Auteur (Part. II. Exp, i8 >
donne ce nom à une efpece de Che-
nille , pernicieufe aux bleds quand ils
font fur pied. Elle en mange lafubftan-
ce 8c en ronge les épis. Elle fe fauve
en terre quand elle fent qu'on remue
l'épi avec la main, ou avec un bâton.
Ces fortes de Chenilles fe transforment
en Mouches.
MANGE-SERPENT, nom
qu'on donne dans les Colonies du
Cap de Bonne-Efpérance à une ef-
pece de Pélican, dit K o L b e. Voyez
PÉLICAN.
MANGEUR DE CHE-
NILLES, Serpent d'Afrique. On
l'appelle ainfï , pareequ'il fe nourrit
de Chenilles couvertes de longs poils
rudes , pointus 8c piquans. Ces fortes
de Serpens préfèrent de telles Che •
nilles à celles qui fontlifTes & fans poils,
ce que S e b A a appris par expérience ,
ayant trouvé de ces fortes de Chenil-
les dans leur ventre. Thef". II. Tab.y,
». 3.
MANGEUR DE CHE-
NILLES: Celui-ci eft un Serpent
de Surinam , auquel les Chenilles fer-
vent aufïi de pâture ; fon dos cendré-
gris eft embelli d'une moucheture de
larges taches de couleur châtain ; le
deiïous du corps eft d'un gris plus
clair que le deftus. S E b a , Thef. II.
Tab.64. ». 3.
18 M A N
M A N
MANGEUR DE FOURMIS.
Voyez FOURMILLIER.
MANGEUR DE MILLET,
oifeau dont plufïeurs efpeces , qui fe
trouve dans l'Ifle de Cayenne. M.
Barrere nomme la première efpece
Miliaria major , nigro-violacea : la
féconde , AlUiaria rninor , nigra : la
troifieme , Miliaria minima. C'eft une
efpece d'Ortolan , dont la chair eft
excellente. On y voit aura des Bec-
figues, qu'on y nomme Mangeurs de
Figues.
MANGEUR DE POIRES,
nom que Goedard (Parti. Exp-4-6.)
donne à un Ver qui mange la Poire
nommée la Sucrée. Il l'a vu commen-
cer fa métamorphofe le 3 Août , Se le
2 Juillet de l'année fui vante devenir
line efpece de Teigne. .
MANGEUR DE POULES ,
efpece de Faucon , nommé fagani
dans l'Ifle de Cayenne; en Latin , fé-
lon M. Barrere, Fako Gallinam
crifiatus.
MANGOUSE, animal, qui,
pour la forme extérieure , approche
allez de la Belette; maïs il a le corps
plus gros Scpluslong, les jambes plus
courtes , le mufeau plus délié , l'œil
plus vif Se je ne fais quoi de moins
fauvage : car II eft extrêmement fami-
lier. Il joue 8c badine avec les hom-
mes plus agréablement qu'un Chien;
cependant quand il mange , il eft traî-
tre Se colère: alors il gronde prefque
toujours Se fe jette avec fureur fur
ceux qui veulent le troubler. Il chaffe
aux Rats & aux Souris , ainfi qu'aux
Serpens, dont il eft le mortel ennemi.
Il Ils prend adroitement par la tête ,
fans en recevoir sucune blefïure. Il eft
encore l'ennemi des Caméléons, qui,
à fa feule vue , font faifis d'une fi
grande frayeur , qu'ils deviennent tout
d'un coup plats comme une feuille Se
tombent ordinairement ;i demi-morts;
ce que le Caméléon ne fait pas à l'ap-
proche d'un Chat , d'un Chien, ou
de quelque autre animal encore plus
à craindre ; car il s'enfle & fe met es
colère prend le parti de fe défendre <,
ou de les attaquer.
La Mangoufe aime fur-tout les œufs
de Poules"; mais comme cet animal
n'a pas la gueule affez fendue pour
lesfaîfir, il tâche de les caffer, en les
jettant en l'air , ou en les roulant fur
la terre de cent manières différentes.
S'il trouve une pierre auprès de lui,
il lui tourne incontinent le dos Se élar-
giffànt auffî - tôt les jambes de der-
rière , il prend l'œuf avec celles de
devant & le pouffe de toute fa force
par deffous le ventre , jufqu'à" ce qu'il
foit cafté contre la pierre. Voilà ce que
dit le Diitionnaire de Trévoux de cet
animal, que je crois être le même que
la Mangoufle deM.BRiSSON, vul-
gairement nommée Rat de Pbaraott,
Voyez ICHN EU MON.
MANGON1ZO, Vipère de
l'Ifle de Cuba , couverte d'écaillés
rhomboïdes d'un jaune pâle , Se qui a
fur le deffus du corps de petites raies
de couleur châtain , qui forment ou
des points, ou des taches, de couleur
en partie rouffe , en partie noire ; les
écailles du ventre font d'un jaune cen-
dré, pointillées chacune d'une ou de
deux taches noires. Sera, Thef. IL
Tab. 5 3 . n. 3 .
M A N I C O U , animal qui fe
trouve dans l'Ifle de la Grenade. On
le nomme Opajjum dans la Virginie.
Le Pere DU T e r t r e en parle. C'eft
le Philander, ou Didelphe des Natu-
raliftes , Se le Loir fauvage de l'A-
mérique de M. Gautier. Voyez
DIDELPHE.
M AN I Kl N S, forte deS inges ,
qui fc trouvent à la côte d'Or , affez
grands. Ils ont le poil noir & de la
longueur du doigt, la barbe blanche 8c
fi longue , qu'ils en ont tiré le nom de
petits Hommes barbus , ou de Monk,eys r
qui fignifle petit Moine. Les Neçres
employent leur peau à faire des Fétis ,
efpeces de bonnets , dont ils fe cou-
vrent la tête. Ces peaux fe vendent
M A N
ordinairement dix-huit ou vingt fche-
lines d;#ns le pays. Hifi. Gén. des Voya-
ger, Tome XIV. p. 1 8 3 . édit. in- 1 z.
M A N I M A , forte de Serpent
du Bréfil , qui ne fort jamais de l'eau.
Il y en a qui ont plus de vingt -cinq
à trente pieds de longueur. Ce Serpent
eft marqué de taches de différentes
couleurs. Les Sauvages difent que
c'eft de-li qu'ils ont pris la coutume
de fe peindre le corps. Ils eftiment tant
cet animal , que celui à qui le Manima
s'eft fait voir , demeure perfuadé qu'il
vivra long-temps.
MANIPOURIS, ou TAPIR ,
genre d'animal, Quadrupède , dont le
caractère , dit M. B r i s s o n , p. 1 1 S.
eft d'avoir dix dents încifives à chaque
mâchoire , quatre doigts ongulés aux
pieds de devant, Se trois à ceux de der-
rière. La partie antérieure de chaque
mâchoire , fuivant l'obfervation de
l'Auteur , fe termine en pointe Se eft
garnie de fix dents incifives • il n'a
point de dents canines , mais il en a
dix grandes molaires à chaque mâ-
choire , cinq de chaque côté , un peu
diftantes des incifives ; ce qui fait en
tout quarante dents.
Ce genre de Quadrupèdes ne con-
tient qu'une efpece , qui eft le Tapir ,
ou M.tnipouris , en Latin Tapiras. C'eft
le Tapiurete du Brélîl , dont parlent
R a y ( Synop. Quad. p. izd.) , M.
K l e i n ( Dijp. Quad. p. 30'. ) ,
J o n s t o n ( Quad. p. 74. ) , Marc
G r a v e ( Hift. Bmfll. fig. p. * a 3 . ) Se
P 1 s o N , Hi,V. Nat. fig. p. ioi. M.
B a a il E R e ( Hifi. de la France Equtn.
page 161.) le nomme Sus aquatùus ,
mulùj'idcits. Cet animal fe trouve dans
la Guyane au Bréfil. Les Portugais le
nomment Anta , différent de l'Anta
du Paraguay , dont j'ai parlé au mot
ANTA.
Voici comme parle M. Brisson
du Manipouris. U eft de la grandeur
d'un Veau de fix mois. Quant à la
figure du corps , il approche de celle
d'un Cochon; il a cependant la tête
M A N I9
plus groffe , oblongue Se dont la partie
ïupérieure fe termine en pointe • ] a
lèvre fupérieure , qu'il peut étendre
& contractera fà volonté, eft beaucoup
plus longue que l'inférieure , très-
élevée & comme garnie de filions
dans fa longueur; il a de petits yeux
de Cochon , des oreilles arrondies ,
affez grandes , la queue très-courte ,
conique Se dénuée de poils : les jambes
à-peu-près de la longueur de celles
d'un Cochon , mais un peu plus gref-
fes ; il a à chacun des pieds de devant
quatre ongles noirâtres : celui du mi-
lieu eft le plus long : les deux des cô-
tés font plus courts , 8c le quatrième,
qui eft extérieur , le plus petit; 8e aux
pieds de derrière , trois feulement ,
dont celui du milieu eft plus long que
les deux autres ; fon poil eft court :
dans les jeunes il eft de couleur d'om-
bre brillante , variée de taches blan-
ches ; & dans lei adultes, il eft brun ,
ou noirâtre , fans taches.
M A N I S , animal qui n'a point
de dents, & dont le corps eft couvert
d'écaillés. M.LiNN«us( Syfi. Nat.
édit. 6. g. 16.Jp. ï.) le nomme Mœnis
m.i/iibus pcrttadatiylis , palmis ptnta-
dactylis. C'eft le Lézard écailleux.
Voyez ce mot.
MANOFENT, oifeau de proie
des Antilles , qui n'étant gueres plus
gros qu'un Faucon , a les griffes deux
ibis ^lus grandes & plus /ortes. Il a
un tel rapport avec l'Aigle par fa for-
me Se par fon plumage , qu'il n'y a
que la petiteife qui l'en puilfe diftin-
guer ; cependant , quoiqu'il foit fi fort
Se fi bien armé , il ne fait la guerre
qu'aux Ramiers 8c aux Tourterelles ,
aux Grives Se autres petits oifeaux ,
qui font incapables de lui réfifter. II
vit de Serpens & de petits Lézards Se
fe perche d'ordinaire fur les arbres
fecs , les plus hauts Se les plus élevés,
au milieu des habitations. C'eft où les
habitansle tirent à coups de fufil; mais
il faut le prendre à rebours , autrement
le plomb n'a point de prife fur lui.
MAN
M A N
tant fes plumes font ferrées Se Fortes.
La chair en eft excellente, quoiqu'elle
foit un peu noire. Rochefort en
parle , ainfi que le P. d u Te r t r e ,
Hift. Nat. des Antilles , Se Ray , Synop.
Alctb. Av. p. 19.
MANTE, infecte qui approche
du genre des Sauterelles , mrds dont
le corps eft beaucoup plus effilé. L a
Mante a de très-longues jambes j elle
plie Se pofe quelquefois les deux pre-
mières l'une contre l'autre , fe tenant
prefque droite. Il n'en a pas fallu da-
vantage, pour en faire un infecte dé-
vot , dit M, D E R É A U M U R , Mém. I.
Tome I- p. 15). Son attitude imite alors
celle où nous joignons les mains. On
lui a fait prier Dîeu. Le peuple de
Provence l'appelle même Pregue-Dieu,
Sa charité, dit-on, eft grande , au
moins pour les enfans. Lorfqu'il y en
a quelqu'un qui lui demande le che-
min , elle le lui montre avec un de fes
pieds. On aflure qu'il eft rare qu'elle
le lui enfeigne mal , que cela n'arrive
prefque jamais. La Mante s'appelle
autrement 1' 1er Henné, bn Latin Italica
Mantis dida , Jit Charletok.
MANTEAU DUCAL, nom
qu'on donne à la coquille d'une efpece
de Pétoncle, de la clalfe des Bival-
ves. Le Manteau Ducal dont on voit
la figure à la Planche XXV 27. de la
Conchyliologie de M. d'Ar&envii.le ,
a les couleurs rouges , bariolées de
blanc Se de jaune. Il eftégalement beau
delfoin comme deffus: le travail grainé
de fes ftries , les bords orangés de fes
oreilles , fes contours chantourn ! s le
font rechercher des Curieux. Voyez
PÉTONCLE.
M A N T E L E T : nom fous le-
quel M. A d a n s o N range un genre
de Coquillage univalve , qu'il a obfer-
vé far les côtes du Sénégal. Le genre
de Coquillage , dit cet Auteur , dans
fon Hifloire des Coquillages du Séné-
gal , p. 75. auquel je donne le nom de
Manteltt , à caufe de la figure de fon
manteau , eft le dernier des Univalves
que j'aî obfervés au Sénégal , Se II a
beaucoup de rapport avec le Pucelage
Se la Porcelaine. Ce genre eftcompofé
de quatre efpeces , qu'il nomme Fo-
tan, F aller -, Simeri Se Stipon. Voyez
ces mots.
M A N U C O D I A TA , nom
que les Indiens ont donné à un genre
d'oifeau , que nous nommons Oifeatt
de Paradis. Il y en a de plufieurs
efpeces , fuivant le rapport des Natu-
raliftes Se des Voyageurs. Ces oifeaux
étrangers , dit Ray ( Synop. Meth. Av.
p. 20. ) , font des oifeaux de proie de
la petite efpece. On a fauflement cru
qu'ils étoient fans pieds. Tant s'en
faut , dit B o n t 1 u s (L. V. c. 12.) ,
qu'ils foient fans pieds , & qu'ils fe
nourriffent de l'air , ils ont des ongles
courbés & pointus ; ils font la chafle
aux Pinçons, Verdiers & autres pe-
tits oifeaux femblables , Se s'en nour-
riflent comme les autres oifeaux de
proie. Il n'eft pas encore vrai qu'on
n'en trouve que de morts : ces oifeaux
fe perchent lur les arbres. On les tue
à coups de flèches , Se par rapport à
leur vol prompt Se rapide , de même
que celui des Hirondelles, les Indiens
les nomment Hirondelles de 1ernacc y
en Latin Hirundines Ternacenfes , lieu
où on en trouve beaucoup.
Ces oifeaux font beaux à voir , par
la fingularité , la forme & la fituntion
de leurs ailes , différentes de celles de
tous les autres oifeaux ; car des côtés
de la poitrine fortent de trcs-longues
plumes Se en grand nombre , qui paf-
fent de beaucoup la longueur de la
queue , Se qui font très-larges ; Se du
croupion de quelques-unes des efpe-
ces de ces oifeaux , non pas de toutes ,
fortent deux longs filets , dégarnis de
plumes , Se qui paflent de beaucoup la
longueur des plumes. Aldrovande
décrit cinq efpeces de ces oifeaux.
Clusius Se Marc Grave y
en ajoutent plufieurs autres. Commen-
çons par celles d'ALDROVANDE.
La première efpece eft prefque de
M A NT
M A N
la grandeur Se de la figure de l'Hiron-
delle. Le plumage de la tête de cet
oifeau reffemble à l'or le plus brillant
pour la couleur ; ce qui couvre le
menton eft d'un bleu d'azur , Se donne
le même éclat qu'un verd luifant :
les plumes des ailes font brunes , 8c
tirent entre un brun Se un roux bril-
lant : le refte du corps eft fauve tirant
fur le roux : les deux filets , dont cet
oifeau eft pourvu , font noirs.
La féconde efpece diffère entière-
ment des autres , en ce qu'elle a au
croupion deux plumes , qui paffent de
deux palmes la longueur des autres.
La langue de cet oifeau eft rouge, lon-
guette Se pointue , peu différente de
celle des Pies. Cette forte d'oifeau n'a
point de filets fous la queue , ou au
croupion , Se la couleur de fes plumes
diffère beaucoup de celles des autres
efpeces.
La troifiemc efpece eft nommée
fjippom.mucodiata , à caufe de fon
extrême longueur, depuis la pointe du
bec , jufqu'à l'extrémité de la queue.
Le bec de cet oifeau eft crochu. Tout
le plumage eft de couleur blanche ,
excepté le col Se le ventre , qui font
de couleur de châtaigne : le haut de la
tête eft de couleur de rouille, mêlée
de jaune Se de verd.
La quatrième efpece eft nommée
Manucodïaia cirrata. Cet oifeau a le
bec très-long ; le bout eft noir Se cro-
chu : les plumes de la tête, du col &
des ailes tirent furie noir. Cette forte
d'oifeau a un filet , comme compofé
de foie , proche le col , qui eft long de
trois doigts , roide & jaune.
La cinquième efpece , qui eft le
Murmcodiata vuharïs d'A ldro-
v a n D e Se de Ge sner, eft très-
femblable à la précédente ; mais elle
n'a point de fdet , & la partie infé-
rieure du bec eft courbée Se p.tite.
La'fixieme efpece eft, félon Marc
Grave , le Roi des Mamtcodïat.i. Cet
oifeau eft de la grandeur de l'Hiron-
delle j fa tête Se fes yeux font petits ;
fon bec eft pointu Se droit. 11 a les
pieds aftez gros ; les ongles en croif-
fant , ou crochus : fes plumes , proche
le bec , font foyeufes , mêlées par
deffus de verd & de brun , Se noires
par deffous : le deffus de fon col eft
de belle couleur d'or 5 le bas eft d'un
verd doré luifant ; la poitrine eft d'un
brun foncé ; le refte du corps , com-
me les ailes Se la queue , font d'un
beau brun : les plumes , qui fortent
des côtés , font dorées à leur naiflance
Se enfuite d'un blanc jaune. Il a deux
longs filets , dorés au commencement ,
Se vers l'extrémité ils font courbés Se
d'un brun obfcur.
La .feptieme efpece eft un autre
Mamtcodiata de Marc Grave, qui
furpafle l'Hirondelle pour la gran-
deur. Cet oifeau a la tête ferrée; les
yeux petits , de la groffeur d'un grain
de millet; le bec fait comme le pré-
cédent. 11 eft orné à la naifTance du
bec de petites plumes très-noires, qui
reffemblent à de la foie : tout le go-
fier , Se la partie baffe du col jufqu'aux
joues , font garnis de ces petites plu-
mes d'un verd doré luifant : le haut de
la tête a de pareilles plumes, quifont
d'un jaune obfcur, mais dures au tou-
cher : de courtes plumes , brillantes
comme de l'or , font le tour de fon
col ; celles qui couvrent le dos font
d'un jaune doré ; le bas eft d'un brun
clair tirant fur le blanc , Se les ailes Se
la queue font brunes.
Ray dit que cet oifeau , ainfi que
le précédent , font ou la même ef-
pece , ou deux efpeces qui fe reffem-
blent beaucoup , Se qui conviennent en
un grand nombre de chofes avec la
première efpece d'AtDRoVANDE.
C l u s i u s établit deux genres de
Manucodiiita , le grand Se le petit.
La huitième efpece eft du grand
genre , Se diffère fi .peu de la précé-
dente , que Ray croit que c'eft la
même. Cet oifeau a fur le derrière de
la- tête , Se depuis le bec jufqu'aux
yeux , de même que fur le col , des
*a M A N
plumes qui font comme de la foie , Se
de couleur jaune ; celles des parties
inférieures font brunes.
La neuvième efpece , qui eft du
moindre genre , paroît être la même
que la première de Marc Grave.
Cependant, dit Ray , cet oifeau avoir
le gofier couvert de plumes vertes Se
luifantes , comme la première efpece
d'ALDRO VANDE.
La dixième efpece eft le Roi des
Manucodiata , ou des Oifeaux de Pa-
radis du grand genre de C lu si u s.
Cet oifeau eft plus petit que les au-
tres ; fes ailes font plus longues que
tout fon corps. Il a le bec blanc , qui
eft long d'un pouce ; il eft garni par
deflbus de petites plumes rouges, qui
font des filets foyeux : le devant de
fa tête eft couvert de pareilles petites
plumes : la partie du milieu de la tête ,
autour des yeux , eft marquée de petits
points noirs. 11 a le col Se la poitrine cou-
verts de petites plumesd'un beau noir.
Il a prefque toute la partie fupérieure
du corps, c'eft-à-dire le dos, les ailes Se
la queue, d'une feule couleur, qui eft
un jaune tirant fur le brun : fous la
poitrine il eft marqué d'un collier noir ,
à-peu-près de la largeur du petit
doigt : les plumes , qui couvrent le
ventre , font blanches , Se celles pro-
che des ailes font noires : les filets de
la queue font menus, noirs, en rond
par ie bout , garnis d'un côté de poils
très-déliés , qui par deftiis font d'un
beau verd , Se par delfous bruns.
Clusius qui parle de ces Manu-'
çodiata , dont il a tait deux genres ,
dit n'en avoir vû qu'un du premier
genre qui renferme les plus beaux. Ils
fe trouvent ordinairement dans l'Ifle
d'Arou. Ceux du fécond genre font
moins beaux. Il y en a dans les lfles
nommées Papua. Les premiers ont des
filets fort longs , qui prennent leur
* Ce poifloneft nomme en Grec Sics^tî ;
en l.aiin Scombtr ; en Suédois & en Danois ,
Makrill ; en Allemand , Mdkrell ; en An-
giois, Atecarell; à Rome, Macarello ; àVe-
M A Q
naifTartce fous le croupion. Les féconds
n'en ont point. On dit que ces deux
genres d'oifeaux ont chacun un Roi ,
diftingué par un plumage particulier,
Se qui a un vol plus élevé que ceux de
fon efpece.
Il y a un Manucodiata de l'Ifle de
Ceylan , dont la queue eft très-longue ,
Se que les habitans du pays nomment
Wainhara.
M. K LE in met le ManucodiatM
dans la quatrième famille de fes oi-
feaux , qui font les Tétrada&yles ,
c'eft-à-dire oifeaux qui ont les pieds
garnis de fimples doigts , dont trois
devant Se un derrière. Il les range avec
les Pies , Se il nomme ce genre d'oi-
feaux Vie a Paradift , dont il donne dix
efpeces , qui font les mêmes oifeaux
que ceux ci-deiïus mentionnés.
M. L i n N s u s range auffi les
Manucodiata dans l'ordre des Pics, ,
ainfi que M. Murhing, qui dans
fon Gênera Avium les place dans la
clafie des Hymempodes , c'eft-à-dire
dans celle des oifeaux dont les pieds
font garnis d'une membrane.
M A Q
MAQUEREAU*, ponTon
de mer , mis par Artedi ( h ht h.
Part. y. p. 48. n. 1.) Se NI. LiNNtus
(Fauna Suec.p, 107. k. 287,) dans le
rang des poifTons qui ont les nageoires
épineufes. Le premier le nomme Scom-
ber pinnulis quinque in extremo dorfs
polypterygio , aculeo brevi ad anum , Se
le fécond , Scomber radiis p^nnarum
pettoralium viginti , dorfalium duode-
cim. Artedi donne le nom de
Scomber à différentes efpeces de poif-
fons du même genre , favoir au Thun-
nus Se Pelamii , au Sauras , à un autre
poiifon nommé Amia , Se au Glanais
primas deR a y. Je n'ai à parler ici que
du Maquereau , connu d'A RïSTOTK
nife , Scambro ; à Naples , Lacerto ; à Mar-
feille , on lui donne le nom d'Aitriol ; en
Efpagnol , on l'appelle Carallo, félon Ariïdi,
ou Cavdlo , félon RoND£i.tT.
M A Q
( j vl c. 17. L. VIII c 11. & n-
L lX.c. *.), d'E lien (L.XIK
C I P 798.), d'ATHÉNÉE (LUI.
P 121. & LWtl.p.ltt.) &d'Op-
p 1 e N ( L. I. Halieut. fol. 108. 109.
& L. III. ) fous le nom de Sicft^pof ■
d'O v 1 d e ( Mal. V. p. 94- ) > de
COLUMELLÉ ( L. VIII. C. 17.) ,
de P l 1 N E ( L. IX. c. i$.&L.XXXU.
c. 11. L. XXX/. c. 8. ) , de Martial
( L. XIII. c. 102.), de Gesner (^e
AqltM. ) , deScKONNEVELD,
p. 65. d'A LDROVANDE ( L. II.
c. 53. p. 270. ) , de J o nsto n ( L. L
f. 3.), deWlLLUGHDY.p. l8l.&
de R a Y , p. 58. fous celui de Scomber ,
& de C H A r L e T o N , p. 1 47. de
Paul J o v e (c. 19. p. 86. 87. ) ,
de W o t t o N ( L. VIII. c. 188.
p. 166.) Se de Salvien (f.*39-
p. 241. 242. ) fous celui de Scombnis.
Le Maquereau nage en troupe, Il
croît jufqu'à une coudée , dit Ron-
delet, L.VIII. c. 7. p. \91.Edit,
Franç. On n'en voit pas de fi beaux d
Paris. Ce poirtbn eft fans écailles ; il a
le corps rond , charnu , épais , le
mufeau pointu , Se fa queue qui eft
encore plus pointue , finit par deux
ailerons , ou nageoires éloignées l'une
de l'autre. Il rertemble au Thon par
la figure de la bouche : l'ouverture
en eft grande ; les bords du bec font
menus Se aigus ; la mâchoire de défions
entre dans celle de deflùs Se fe ferme
comme une boete; fes yeux font grands
& dorés ; fon dos dans l'eau paroît
couleur de foufre : hors de l'eau ,
quand il eft mort , il eft de couleur
bleuâtre : îl a plufieurs traits noirs en
travers ; le ventre Se les cotés font
blancs ; proche de l'anus il a une pe-
tite nageoire , fur le dos une pareille ,
Se plufieurs autres plus petites d'ef-
pace en efpace ; ce qui eft commun à
la Bonite Se au Thon. Il a une autre
nageoire au commencement du dos ,
deux autres aux ouies, deux autres
au-dertous; l'eftomac avec le conduit
par où parlent ks alimens » eft long ,
M A Q 25
finit en pointe Se va jufqu'à l'anus ; la
bourfe du fiel , tient au foie, qui eft
blanc. Les Maquereaux Se les Thons
frayent au mois de Février , dit Aris-
tote. Ils font leurs œufs au commen-
cement de Juin : ces œufs éclofent
enfermés dans une petite peau ou mem-
brane. Ils fe retirent les premiers en
troupe , avec les Thons Se les Bonites.
De la liqueur des Maquereauxfaïés les
Anciens faifoient leur Garum , faumu-
re fort eftïmée Se de fort grand prix.
La chair eft propre à cela : elle eft
fans arêtes , grafle Se fe fond aflez.
L'Iile où on en pêchoit le plus Se les
meilleurs s'appelloit Scombroaria. Les
Maquereaux de l'Océan iont plus
grands que ceux de la Méditerranée.
M. Anderson ( Hifl. Nat. de
l'Ifl.p. 197.), en parlant des poiflbns
de l'Klande , dit que le Maquereau
par fa figure reffémble au Hareng ,
mais il eft plus long Se a ordinairement
dix- huit pouces fur ces côtes. C'eft
un fort bon manger pour ceux qui
aiment les poiffbns fort gras , mais il
répugne à d'autres. Les Iflandois qui
le méprifent , ne fe donnent point la
peine de le pêcher. Au refte cepoiÏÏbn
eft de l'e/pece de ceux qui font an—
nuellement la grande route Se femblent
s'offrir à la plupart des peuples d'Eu-
rope. M. Anderson marque qu'on
lui a aflùré qu'il parte l'hiver dans le
Nord. Vers le printemps il côtoie
l'Iflande , le Hittland , l'Ecoffe Se l'Ir-
lande , en fe jettant de-là dans l'O-
céan Atlantique, où une colonne, en
partant devant le Portugal Se l'Ef-
pagne , va fe rendre dans la mer Mé-
diterranée , pendant que l'autre rentre
dans la Manche , où elle paroît en
Mai fur les côtes de France Se d'An-
gleterre , en partant de-là en Juin de-
vant les côtes de Hollande Se de Frïfe,
Cette colonne étant arrivée en Juillet
fur la côte de Juthland , détache une
divifion , qui faifant le tour de la poin-
te du Nord , fe jette dan3 la mer Bal -
tique, pendant que le refte , en partant
*4 M A Q
devant la Norwege , s'en retourne
au Nord. Comme ce poiflbn n'eft pas
propre pour le commerce, & que gé-
néralement on y fait peu d'attention ,
l'Auteur dit qu'il lui a été impofïible
de parvenir à une certitude pofitive
à fon égard , & il a été obligé de fe
contenter du témoignage de deux Pê-
cheurs expérimentés de Hilgeland.
Ruysch (de Fifcib. p. y. ) parle
du Maquereau des Indes. Les couleurs
en font vives. Ce poiiTon a des taches ,
une ligne autour du ventre , & une
autre qui lui pend depuis la tête juf-
qu'aux yeux.
Il y a de ces poiflbns à la côte d'Or
en Afrique. Ils ont la tête plus longue
Se le corps plus allongé. Hifl. Génér.
des Voyag. Tome XIII. p. 374. t'dït.
in- 1 2.
MAQUEREAU DE SURI-
NAM, poiflbn nommé dans les
Aties d'Upjal , 1750. p. 37. par M.
GronoVius, Scomber Itnealatcrali
curva » tabellis ojjeh ioricatâ , corpore
lato & tew«i. C'eft , félon Ray (Synop.
Meth. Pifc, p.^^.n. 1 o. ) , le Trachurm
du Bréfil , auquel les habitans du pays
donnent, félon Marc Grave (Hifi.
Pifc. L. IV. c. 1 5. ) , le nom de Gitura
lereba Se celui de Concorda viinor. La
largeur de fa tête & de fon corps eft
plus perpendiculaire que tranfverfale ;
fon corps aux côtés eft ferré , mince ;
large Se très-large proche les deux
nageoires, qui font devant celles de
l'anus ; enfuîte il va en diminuant juf-
qu'à la queue , où il a à peine une
ligne de long j fon dos eft convexe 5c
fon ventre pointu ; il a la bouche gran-
de & l'ouverture très-ample ; les mâ-
choires , la bouche étant fermée , pa-
roiflent égales , mais , la bouche ou-
verte , l'inférieure paroît plus longue ;
les dents font très -petites , pointues
& éloignées les unes des autres , ne
faifant qu'un rang à chaque mâchoire;
le palais , le gofier Se la langue font
unis ; les narines ont deux trous de
chaque côté Se font plus proches de
M A Q
la bouche que du mufeau , ori quàm
rofiro propmes , dit M. Gronovius,
Les yeux font petits , placés aux côtés
de la tête , couverts d'un voile à ta par-
tie antérieure, & l'iris eft rouge ; l'ou-
verture des ouies eft ronde , claire , luî-
fante Se très-grande. Ce poiflbn a qua-
tre ouies de chaque côté ; les mem-
branes de ces ouies ont fept arêtes ,
dont la dernière qui eft cachée par ce
qui couvre les ouies , eft la plus gran-
de; lesécailles font petites & peuvent
à peine fe féparer de la peau. Il a une
ligne aux côtés , qui commence à l'ou-
verture des ouies : elle eft courbe
proche des yeux , va le long de la
nageoire de la poitrine , eft repliée au
milieu du corps, & va en droite ligne
à la queue ; à l'endroit où elle eft cour-
be elle forme prefque un demi-cercle,
& elle eft unie ; à l'endroit où elle eft
droite, elle eft couverte de tablettes
ofleufes , radiées de chaque côté : ces
tablettes font d'abord petites , vont en
croiflant vers la queue Se font plus
élevées : enfuite fon corps eft quarré
vers la queue. Ce poiflbn a en tout
huit nageoires avec fa queue. La pre-
mière du dos , cachée dans le fïllon-
nage , eft compofée de fept arêtes
pointues 8e rudes , dont la première ,
qui eft la plus longue , a quatre lignes :
la dernière a à peine une ligne. La
féconde nageoire du dos, qui eft pro-
che de celle-ci , a neuf arêtes molles
Se flexibles, jointes enfemble par une
fine membrane , dont la première a
cinq lignes de long , & la dernière a à
peine une ligne. Le refte du dos jufqu'à
la queue eft muni de dix petites na-
geoires très-fines , molles , dégagées
& légèrement rameufes à leur pointe.
La nageoire de la poitrine eft placée
proche de la couverture des ouies :
elle eft oblongue, compofée de quinze
arêtes fimples Se molles , dont la plus
longue pafTe fix lignes , Se la plus
petite n'en a que deux. Les nageoires
du ventre, qui fortent du bord du ven-
tre , font cachées en long dans le fillon-
nage;
M A Q M A R
«âge; elles font très-petites Se proche
l'une de l'autre , compofées de fept
arêtes , dont la plus grande a fix lignes.
Apres ces deux nageoires , il y a dans
le même fillon deux épines offéufes ,
fortes , qui ont à peine une ligne de
long. Suit la nageoire de l'anus , qui
s'étend jufqu'à la queue: elle efteom-
pofée de quatorze arêtes dures, dont
la première a quatre lignes de long :
la dernière en a à peine deux. Enfuite
ïl y a de petites nageoires , pareilles
à celles qui font après la féconde na-
geoire du dos. La queue eft très-
fourchue , compofée de vingt (impies
rayons, dont le dernier a fept lignes
de long : ceux qui font en dedans ,
paflent à peine une ligne. CepoilTon
a le haut de la tête , le dos, les côtés
au-deflus de la ligne latérale , d'un
bleu verd ; le ventre eft d'un blanc
luifant. On en pêche à Surinam , où
M. Gronovius l'a décrit. 11 a
trois pouces Se une ligne de long & à
peine douze lignes de largeur : jufqu'au
commencement de la queue , deux
pouces & cinq lignes : jufqu'aux yeux,
deux lignes : jufqu'à la ligne aiguil-
lonnée , un pouce fix lignes : jufqu'à
la nageoire de la poitrine , huit lignes :
jufqu'aux nageoires du ventre , neuf
lignes : jufqu'à la première nageoire
du dos , un pouce deux lignes : juf-
qu'à la féconde nageoire du dos , un
pouce cinq lignes : jufqu'à la nageoire
de l'anus, un pouce fix lignes.
MAQUEREAU BÂTARD,
autre poilTon de mer , nommé par
Rondelet Gajcanei , ou Gajcanct
& Oàcarou. Voyez GASCANEL.
MAQUIZCOALT, Serpent
des Indes , le même que ¥ Ampbijbèric.
Voyez ce mot.
M A R
MARACACA , nom qu'on
donne au Bréfil , dit Marc Grave,
au Chat -Tigre , nommé Maiakaya
dans Tille de Cayennt , en Latin Fêles
fera. Ttgrïna. Voyez CHAT-TIGRE.
Tome III,
M A R ^5
M A R A CANA, oîfeau du.
Bréfil, plus grand que les Perroquets.
Tout fon plumage eft d'un gris tirant
fur le bleu ; fon cri eft comme celui des
Perroquets. II aime les fruits Se fur-
tout celui nommé Murucuïa , dit Ray ,
Synop. Metb. Av. p. 29. n. 4.
Le même Auteur ( ibid. ». 5. > parle
d'une autre forte d'oifeau , auquel il
donne le nom de Maracana. Arar& ,
c'eft-à-dire petite efpece de Macaos ,
genre de Perroquets du Bréfil. Il n'ex-
cède pas la grandeur d'un Perroquet ;
cependant il a la figure de V Arara. Il
lui reiTemble par fa queue longue , par
fon bec , qui eft noir , par la peau qu'il
a autour des yeux , qui eft blanche ,
ponctuée de petites plumes noires ; fa
tête , fon col Se fes ailes font d'un beau
verd: il a feulement le derrière de
la tête d'un verd plus clair Se tirant fur
le bleu ; le deflùs des ailes Se de la
queue eft verd ; le dedans eft bleu ;
l'extrémité des plumes eft d'un bleu
obfcur ; à la naiflance de chaque aile
il a une tache couleur de vermillon,
Se au haut du bec, une de couleur
brune.
M A R A C O A N I , petit Cancre
du Bréfil , dit Ruysch {âeExfang.
p. 2 5.), qui fe promené dans les en-
droits qui fe trouvent fecs après le
reflux de la mer. Dans un autre temps
il ne fort pas de fon trou. Son corps eft
prefque quarré , de la longueur & de
la largeur du doigt : cependant le de-
vant eft plus large; fes yeux peu éloi-
gnés l'un de l'autre , font de la grofieur
d'une grotte épingle : il peut à Ja vo-
lonté les faire rentrer Se fortir; fa bou-
che eft large Se plus grande que celle
des autres Cancres ; il a huit jambes,
couvertes de peu de poils, qui font
bruns ; fon bras droit eft très-grand :
il patte trois doigts de longueur : il eft
allez gros , & l'animal peut fe cacher
entièrement derrière ce bras ; la pince
en eft large & non épaifle ; fon bras
gauche eft petit , Se plus petit qu'ua
de fes pieds; il eft de couleur rouffë;
a6 M A K
M A R
les extrémités de fes pieds fontrô-unes;
fera bras droit eft d'un rouge obfcur.
On mange la chair de ce Cancre.
M A R AI L, nom qu'on donne
dans l'Ifle de Cayenne à deux efpeces
de Faifans.
MARAIL DES AMAZONES ,
efpece-dc Faifan , qui eft nommépar M.
Barrere ( Hift. Nat, de la France
Équin. p. 1 39. ) Pkafiamts tiiger , Ar-
burus roflro viridi. Il y a un autre oi-
feau , nommé auflî Marail , ou Faifan
par le même , en Latin Fhafianus
cinereus , cervïce fanguineâ.
MARANGOIN , efpece de
Coufin , fort incommode dans l'Ifle
de Cayenne Se dans toutes les Ifles
de l'Amérique , nommé par M.Bar-
rere, p. 195. Cul ex mh^r vulgatiffi-
mus. C'eft le Maringoutn de l'Améri-
que. Voyez MAR1NGOUIN,
MARASSUS , Vipère d'Ara-
bie , dont la peau écailleufe eft fuper-
be par fes ornemens ; fur le deflus du
corps les écailles font rouftatres , om-
brées de larges taches brunes , fom-
bres , qui s'étendent jufques fur les
flancs ; au commencement de la queue
ellos font marbrées : ces mêmes taches
fur le dos font entremêlées de raies de
couleur d'alezan brûlé , qui vont en
travers ; d'autres femblables taches ,
mais plus larges , Se d'une couleur
moins chargée , régnent furies côtés :
là tête de cette Vipère eft couverte de
grandes «cailles uniformes : fa gueule
eft ourlée d'une belle bordure ; les
é*-aillr:s du ventre font d'un jaune bla-
fard , Se picotées de points roux. Seba ,
Thejl II. Tab. <<. ». 2.
M AR AXE: C'eft un poifton des
Indes , dit Rondelet (L. XVI. c. 1 3.
p. 359. Edit. Franç.), plus cruel Se
plus grand que le Tiburon, mais non
fi i''ger. Sa peau eft comme un cuir,
& par conféquent c'eft un Cétacée. Il
eft ll-mblable en pluïïeurs chofes au
Tiburon. La gueule de cet animal eft
armée de neuf rangs de dents. On le
pêche de la même manière que l'on
pêche le Tiburon , mais on n'en man-
ge pas la chair. GESNER(<s(e Aquat.
p. 253.) parle de cette forte de poif-
fon.
MARCASSIN, petit de la
Laye & du Sanglier. Il porte ce nom
pendant qu'il eft jeune, Voyez S A-N-
GLIER.
MARCINETTE, nom que les
Gens de mer , fur la côte de Tofcane ,
donnent aux Cancres femelles, à ce
que dit Mathiole.
M ARE C A, Canard fauvage du
Bréfil , félon Marc Grave, dont
deux eipeces.
Celui de la première , dit R a y
( Synop. Meth. Av. p. 149. «. 4) , a le
bec brun comme les Canards , Se à fa.
naiffance de chaque côté il a une tache
rouge : le haut de fa tête eft gris ; aux
côtés , fous les yeux , il eft blanc, Tou-
te fa poitrine , ainfi que le bas de fon
ventre , qui font marqués de poiivs
noirs, imitent parfaitement la couleur
obfcure du bois de Chêne. Il a les jam-
bes Se les pieds -loirs ; la queue grife:
les ailes ;i leur nal'.Tance font d'un gris
tirant fur le roux ; les grandes plumes
d'un côté font de la même couleur ,
Se de l'autre d'un brun clair; le milieu
eft d'un verd brillant , Se les bords en
font noirs.
L'autre efpece refTcmblc à la précé-
dente pour la grandeur & pour la
figure. Son bec eft d'un noir hu'fant.
Cet oifeau a le dos de couleur /"ombre,
mêlée de b r un. Il eft blanc fous le
goder: devant chaque œil m po r re une
petite tach 1 -: ronde d'un blanc tirant
furie jaune. Son ventre Se fa poitrine
font d'un gris obfcur, mêlé d'une cou-
leur dorée : fi queue eft noire. Les
plumes de fes ailes font brunes ; il y
reluit du verd , Se dans le milieu règne
un très-beau verd , mêlé avec du bleu,
qui jettent un éclat qu : tire fur un brur»
brillnnt. Il y paroît auffi une onde
noire. Les extrémités des grandes plu-
mes font toutes blanches. Les jambes
& les pieds de cet oifeau font d'un
M A R
beau ronge , ou couleur de vermillon.
Quand ïf eft rôti ou grillé , fa chair
teint les mains ou le linge d'une cou-
leur de vermillon fanguin.
MARÉCHAL, ou RES-
SORT, genre de Scarabée , dont
plufieurs efpeces , félon M. Linn/eus.
Voyez RESSORT.
M A R G É E , nom qu'on donne
en Mande à une efpece d'Oie qui y
vient tous les ans. Voyez au mot OIE
D'ISLANDE.
M A R I B O N S E S , nom que les
habitans de Surinam donnent à des
Guêpes , qui font fort incommodes ;
elles font brunes. Elles attaquent Se pi-
quent les hommes , ainfi que les ani-
maux , qui les troublent dans leur tra-
vail. Elles font , comme en Europe ,
de petits nids , très - admirables à la
vue , tant pour y garder leurs petits ,
que pour fe mettre à couvert de la
pluie & du vent. 11 fort de leur fe -
mence un Ver blanc , qui peu-à-peu fe
transforme en cette Guêpe féroce , qui
eft la pefte du pays. On la voit repré-
fentée à la Planche LX. de VHifîoire
des hfetlcs de Surinam , par M e Mt-
r i a n. Voyez GUEPE.
M ARIC ATACA, ou MA-
RITACACA, nom que Pis on
donne à une efpece de Renard du
Bréfil, qui eft le même que le Cary-
gittia , nommé par les Naturalises
Didclphe&c Vhilander. Voyez aux mots
DIDELPHE & PH1LANDER.
MAR1GNONS, petites Mou-
ches fort incommodes. On les nomme
en Afrique , Marmgotms. Voyez ci-
défieras MARI NG O U I N.
MAR1GUI , petit Moucheron
qui fe trouve dans le Bréfil , &c qui pi-
que fort cruellement. C'eft le même
que le Maringouin.
MARINGOUIN, forte de
Moucheron , qui fe trouve dans les
Mes de l'Amérique , & qu'on appelle
Mangue, ou Marague dans le Bréfil.
C'eft à-peu-pres ce qu'on appelle en
France , Coufin. Au commencement ce
M A R
n'eft qu'un petit VermiOeau de la lon-
gueur d'un prain de blt.-d , & qui n'eft
gueres plus eros qu'un cheveu. Lors-
que les ailes font venues à ces forces
de Moucherons , ils s'envolent en ft
grand nombre, que l'air en eft tout
obfcurci en qu.lques endroits , parti-
culièrement deux heures avant le jour,
& autant après le fok.i couché. Ils
tourmentent fort les habitans , & fe
jettent fur toutes les parties du corps
qu'ils trouvent découvertes : ajuftant
leur petit bec fur un des pores de la
peau , fi-tôt qu'ils ont rencontré la
veine , ils ferrent les ailes , roidiffent
leurs jarets , Se fucent le fang le plus
pur. Ils en tirent tant, quand on les
laîffe faire, qu'à peine enfuite peuvent-
ils voler.
Il y a des Maringouïns dans l'Me
de Cayenne , moins mauvais que les
Maks , ou Confins , qui habitent les
mêmes climats & marais , & qui , com-
me en France , s'annoncent par un
bourdonnement. On les nomme auffi
Mœrangoins- Voyez COUSIN.
MAR1NO PISCATORE:
C'eft le même poiffon de mer que le
Gal.mga, 8c que les Italiens nomment
encore autrement Diavvlo dï mare.
Voyez G AL AN G A.
* MARI PETE : Ni e r f : m-
b erg donne ce nom à certains Ser-
pens des Indes Orientales, qui pour
éviter, dit-il , la vieilleffe & la rrorf.
vont après un certain temps chercher
la mer , où frappant les ondes avec
leur queue, ils fe partagent en plu-
fieurs morceaux , & ces morceaux ,
par un admirable effet de la Nature»
deviennent un genre de Polypes, fi
fèmblables à ceux que les Portugais
appellent Polvos , que les ignorans y
font trompés. Pierre - Christophe
Borrus , ajoute Nieremberg , lui a
dit qu'il a vu des Portugais qui en ont
pris quelques - uns dans les Indes ,
qu'ils croyoîent être des Polvor , 5c
qu'ils s'en nourriffoient; que cepen-
dant les habitans les avoient avertis
Di]
a 8 M A R
de n'en rien faire , parcequ'îls etoîenï
•venimeux Se n'étoient pas leurs vrais
Polvos j qu'on les connoiffoit au nom-
bre des pieds , 8c que ceux-ci , c'eft-
à-dire les Maripetes , les avoient iné-
gaux, R u y s c H (de Serpent, p. 31.)
rapporte ce fait comme fabuleux.
MARIPOSA, nom que les Es-
pagnols donnent à la fixieme efpece de
Gros-Becs. Voyez GROS-BECS.
M A R K O J I O , poifton affreux
des Indes , qui dévore un homme tout
entier , tant il a la gueule grande. On
rapporte que les Espagnols en prirent
un qui venoit d'avaler un Italien qui
pêchoit des Perles. On le tira encore
vivant de fon ventre , mais il mourut
feu de temps après.
MARMOT, efpece de Singe.
Voyez CERCOPITHEQUE
& SINGE.
MARMOTTE, petit Qua-
drupède , que M. L 1 n n je v s met
dans l'ordre des Glires , 8c du genre
du Rat. Il entre chez M.Klein dans
la famille des Pentadatiyles. Il eft chez
M.BiussoNdu genre du Loir , dont
le caractère eft d'avoir deux dents in-
cifives à chaque mâchoire , point de
dents canines , les doigts onguiculés ,
point de piquans fur le corps , la queue
longue 8c couverte de poils , rangés
de façon qu'elle paroît ronde. M,
B r 1 s s o n > p. 16^. & fuiv- donne
piufieurs efpeces de Marmotte , qui
font i°. la Marmotte de Bahama: 2 0 .
la Marmotte d' 'Amérique : 3 0 . la Mar-
motte de Pologne : 4 0 . la Marmotte des
Alpes: <°. la M.irmotte de Strasbourg.
MARMOTTE DE BAHAMA ,
en Latin Marmot a Ëabamenfis > Glis
fufcw. C'eft le Cavia B ihamenfis de
M.Klein ( Difp. Quad. p. 50. ) , le
Lapin de Bahama de C A tesb y,
Tome II. fig. p. 79. Cet animal eft un
peu plus petit que notre Lapin, Il a
les oreilles Se les pieds fembîajles à
ceux du Rat. La couleur de fes poils
eft brune. On le trouve ordinairement
À Bahama.
M A R
MARMOTTE DE L'AMÉ-
RIQUE, nommée en Latin par M.
B R 1 s s o n Marmota Amcricana , Glis
fufeus , roflro è cinereo carulefcente -
par M. Klein (Difp. Quad. p-ï^-}
Glis Marmota Americanus ; par E D—
V aud ( Tome II. fig. p- 104. ) Se
CaTESEY ( App. p. 28.J Monax , ou
Marmotte d'Amérique i ou Marmotte
Américaine. Cette Marmotte , felort
M. Buisson eft environ de la groffeur
de notre Lapin. Elle a les yeux noirs
8c à fleur de tête , les oreilles courtes
Se rondes , une mouftache compofée
de poiis roides comme des foies , Se en
outre de pareils poils de chaque côté
de la tête , un peu au-delà des coins
de la bouche : quatre doigts aux pieds
de devant 8c cinq à ceux de derrière,
tous très-longs Se armés d'ongles longs
& pointus ; tout fon corps eft couvert
de poils d'un brun plus foncé fur le dos ,
un peu plus clair fur les côtés Se encore
plus clair fous le ventre; le mufeau eft
d'un cendré clair Se bleuâtre ; les
ongles , les doigts 8c les pieds juf-
qu'au talon font noirs; la queue qui
a plus de la moitié de la longueur du
corps, eft couverte de poils bruns Se
noirâtres. On la trouve en Amérique
Se fur- tout à Maiyland, dans la partie
Septentrionale de l'Amérique.
MARMOTTE DE POLOGNE,
en Latin Marmota Polonica , Glis fia-
vie ans , corporerufefeente. C'eft le Mus
Al pin us de R z a c k i n s k y ( Hifi.
Nat. Foi. p. 233.), du même (AutL
p. 327.) ; le Mus mont amis de quel-
ques-uns; la M amont. ina des Itali ns ;
le Murms.t hier des Allemands, Scie
Bobak., ou Siuifiez, des Polonois, Cet-
te efpece -le Marmot 4 puis le bout
du muf-au jufqu'i l'or v de la queue
un pied Se demi; la tête depuis les
narines, jufqu'à l'occiput eftloneue de
quatre pouces: la queue eft de la mê-
me longueur ; 1 s oreilles fmt très-
courtes Se rondes. Elle a quatre doigts
aux pieds de devant , Se cinq à ceux de
derrière ; à la place du pouce qui matv-
M A R
tme aux pîeds de devant , eft un ongle
très-court & obtus : les trois doigts
du milieu des pieds de derrière font
plus longs que les deux autres; tout
fon corps eft couvert de poils jaunâ-
tres; fa tête eft un peu rouflè , ainfi
que 'fa queue. On la trouve en Pologne.
Je penfe que cet animal eft le même
que le Bobaque , qu'on voit autour
du fleuve Nieper , dont j'ai déjà parlé.
Voyez BOB AQU E.
MARMOTTE DES ALPES,
en Latin Marmota Alpina , Glispilis
e fufco & fiavicante mixtis veftûus ,
nommée par M. Linnjeus ( Sj$. Nat.
F dit. 6. ç. 2 1 . fp. il 0 Mus caudà elon-
gatâ, corporerufo. C'eft, dit M. Klein
XlHfP' Quad- f- jé-) la Marmota des
Italiens^" le Mus Alpimts de Pline,
de R A T ( Synop. Quad. p. 221. ) ,
d'ALDROVANDE (Quad. Digit. Vivip.
p. 445.). de GesNER (Quad. p. 840.),
de Jonston, Quad. p. 117. U en
eft parlé dans les Mémoires de V Aca-
démie des Sciences , Tome III. Part. III.
p. 3 3 .
La longueur de fon corps , dîr M.
B R 1 s s o N , depuis le bout du mufeau
jufqu'à l'origine de la queue eft d'un
pied Se demi: celle de fa tête depuis
les narines jufqu'à l'occiput , de trois
pouces neuf lignes : celle de fes oreil-
les, de fept lignes , Se celle de fa queue,
depuis fon origine jufqu'au bout des
poils , qui font fort longs , de fix pou-
ces. Elle a quatre doigts aux pieds de
devant 8e cinq à ceux de derrière ,
dont les trois du milieu font plus longs
que les deux latéraux ; tout fon corps
eft couvert de poils rudes, variés de
brun Se de jaunâtre dans la partie fu~
périeure du corps , Se tour-à-fait jau-
nâtres dans la partie inférieure; ceux
de la queue font variés de noir Se de
jaunâtre. On trouve cet animal dans
les Alpos. Les ongles des pieds de
derrière font grands & crochus : ceux
des pattes de devant font plus courts
Ses'ufent, pareeque les Marmottes s'en
fervent à creufer la terre, où elles fe
M A R
2 9
font un logement & à grimper fur les
rochers. GeSKER a remarqué qu'elles
montent fort haut entre deux murail-
les. Elles ont des dents de Rats , qua-
tre en devant, deux en haut Se deux
en bas , fort longues Se tranchantes ,
pareilles à celles duCaftor: les deux
d'en bas ont dix lignes de long Se deux
de large : celles d'en haut font plus
courtes , mais plus larges. La Mar-
motte n'a rien de commun avec les Rats
que l'odeur forte Se défagréable. Les
dents Se la facilité qu'elle a à fe tenir
fur les pieds de derrière lont des cho-
fes que Ton voit dans plusieurs autres
animaux , qu'on ne met point au rang
des Rats; car l'Ours, le Lièvre , l'Écu-
reuil fe fervent des pieds de devant,
ayant le corps élevé fur les pieds de
derrière , Se le Caftor , le Loir , le
Porc -Epie ont des dents tranchantes
en manière de cifeaux Se de tenailles.
Les Marmottes font fort communes
dans les montagnes de Savoye Se du:
Dauphiné , ce qui les fait appcller
Mitres montant. Elles ont enfemble une
efpece de fociété , qui fait que quand
elles amaflent du foin pour leur hiver ,
elles mettent des fentinelles fur les
avenues, qui les avertiffent par leur
GfHement quand il paroît des Chaf-
feurs. Elles font extraordinairement
farouches. 11 n'y a que les jeunes Mar-
jnef/erque l'on puiife apprivoifer. El-
les font beaucoup de dégât fi elles
rencontrent de quoi ronger. Elles dor-
ment tout l'hiver comme les Loirs
dans le foin Se la paille , où elles fe
cachent , Se où , à force de dormir, elles
deviennent fi grades, que quelquefois
elles font monftrueufes. Leur chair fent
fort le fauvage Se caufe des vomiffe-
mens à la plupart de ceux qui la fen-
tent. On lui ôte ce mauvais goût Se on
la rend propre à manger , en deiîéchant
la graille dont elle eft chargée , quî
eft bonne pour mollifier Se étendre les
nerfs retirés. Cette chair , quoique
falée , eft difficile à digérer Se nuit à
Teftomac.
30 M AU
Mathiole dit qu'on trouve quan-
tité de Marmottes dans les montagnes
de Trente. George-Jérôme Velsch ,
Médecin célèbre d'Augfbourg a fait la
dîifettion de la Marmotte. Elle ett in-
férée dans les Collections Académiques ,
Tome IV. Partie étrangère , page 26.
d'apns les Epbémérides des Curieux de
la Nature , Déc. I, an. 1 6*70. C'eft une
lettre du Docteur Velsch au Docteur
Sachs. Voici ce qu'elle contient.
Je nourriObis l'année dernière une
Marmotte , qui étoit devenue fi fami-
lière , que fe drefîant fur les pattes de
derrière & s'appuyant contre la table ,
elle venoit prendre de ma main ce que
je voulois lui donner 5 mais il y a quel-
ques mois qu'ayant paru tout-à-coup
effarée , elle fe mit à ronger les meu-
bles , les livres Se tout ce qu'elle ren-
contrait > quoique les légumes , les
fruits Se le pain ne lui manquaient
pas , & qu'elle pût fe raffafier ; ce qui
accéléra fa mort, joint à ce qu'elle étoit
très-graffe, de forte que mes domefti-
ques la tuèrent. Mais comme je n'ar-
rivai pas affez à temps pour la diffé-
quer , je ne pus obferver que les cho-
fes fuivantes : je reconnus que tout
étoit difpofé dans cet animal à l'ordi-
naire , & à-peu-près de la même façon
que Fabrice l'a rapporté Cent. VI.
Obferv. 97. Je trouvai cependant la
langue bien longue Se bien large , Se
le larynx d'une grande étendue , par
rapport à la tête & à tout le refte du
corps. Les poumons étoient plus pe-
tits que le foie , qui étoit très-grand.
Le thymus étoit placé le long de la
trachée artère près des poumons , Se
étoit exactement de leur même gran-
deur. L'eftomac n'étoit compofé que
de deux membranes très-minces. Le
pancréas , d'une fubftance très-mince ,
étoit affez long? S; on y diftinguoit le
canal de VlRSUNGUS. Les membra-
nes des înteftins étoient auffi fort dé-
liées jla ratte, qui étoit de la longueur
du do<gt, étoit de même très-mince , Se
d'un rouge très-vif; Se je ne pus apper-
MAR
Cevoîr dans les reins que quatre caron-
cules papillaires : à l'égaard du foie , il
étoit d'un trts-grand \oiunie, divifé
en cinq lobes , dont trois petits » un
plus grand , Se un trts-granj ; eu plus
grand des quatre premiers 1 dontl ex-
trémité fe partagtoit encore en trois,
étoit attachée la vé Seule du fiel , qui
étoit fort petite , Se qui cont.noir peu*
de bile , très verte , Se liquide couime
de l'eau ; mais dans la partie convexe
du plus grand des cinq lobes , j'ap-
perçus un abfcès puftuleux Se en quel-
que façon cartilagineux , lur lequel il y
avoir plufieurs hydatiques allez grof-
fes , dont il ne fortit que de l'eau pure ,
lorfque je les eus percées : de chaque
côté de cet abfcès , j'en trouvai deux
autres plus petits , glanduleux Se en-
kyftés, que je tirai , 8e que j'enlevai
tout entiers avec le fcalpel. Je fuis per-
fuadé que ces abfcès auraient produit
par la fuite une hydropifie par l'écou-
lement d'une humeur féreufe, qui fuin-
toit par l'ouverture de ces pullules ,
dans la cavité du bas- ventre, il n'y a
pas d'apparence que la graiffe qui fe
trouva abondamment dans cette Mar-
motte eût pû être dans ces circonltan-
ces de quelque utilité pour la Méde-
cine ; ce qui me la fit rejetter , Se je
n'enconfervai que les os pour en faire
un fquelette.
MARMOTTE DE STRAS-
BOURG , en Latin Marmota Argtn-
toratenfis , Glis ex cinereo rujus in dor-
J'o , in ventre ntger , macults tribus ad
latera albis, nommée par M. Li k-
N JE u s ( Syfl. Nat. Edit. 6. g. 21. Jp.
10.) Mus caudâ elongatâ, corpore ci-
nereo , rutila , nigroque , longitudinaiiter
varia. C'eft le Glis cricetus de M.
Klein , DifpoJ Quad. p. jd. de Ray ,
Synop. Quad. p. 22 1 . de Rzacktnsky ,
Hifi. Nat. Polon. p. 232. du même ,
Authtarium , p. 32(5. Se de GeSner ,
Qitad. p. 835. Cette forte de Mar-
motte eft YArclomys de la Paleltine , &
le Mus magnus campi de quelques Au-
teurs. La grandeur de cet animal tient
M A R
le milieu entre le Rat 3c notre Lapin.
Il a les pieds très-courts , & la queue
longue d'environ huit pouces : le def-
fus de la tête , ainfi que le dos Se la
queue , font d'un gris roux ; la gorge
eft blanche , Se le ventre noir ; de plus
les côtés font marqués chacun de trois
taches blanches. On trouve cet ani-
mal auprès de Stralbourg , dans la
Thuringe , dans la Mifnie Se dans la
Pologne. Auprès de Strafbourg , on
l'appelle KornfaerLe ; en Pologne Cho-
mir, ou Skfxxevtc Se en Allemagne
Harnfler , ou Marne fi.
M A R N A T : Il y a un Coquillage
que les Latins nomment Trochvs, Se
que Rondelet a rendu en Fran-
çois par le mot Toupie. Hoc Turbinum
genus , à fîmilitudine inflrumentï qno lu-
fitarit pueri , Trochos appdlumus , dit
ce Naturalise , Eciit. Lat. p. 92.
M,Adanson( Hift. des Coquil-
lages du Sénégal , p. 167. ) fait un
genre particulier-de la Toupie , qu'il
place parmi fes Operculés. 11 dit que
la Côte du Sénégal ne lui en fournit
que quatre efpeces. Le Alarnat , qui
eft figuré Planche XII. ». 1. eft la pre-
mière Ce Coquillage eft extrêmement
commun à la pointe Méridionale de
PI!le de Gorée : il cherche les rochers
découverts , Se feulement ceux où la
mer vient battre avec violence , car
lorfqu'elle l'abandonne entièrement,
Se qu'il fent un peu trop de féchereffe ,
il pourvoit à fa confervation en quit-
tant le rocher, Se fe biffant tombera
la mer : puis il remonte de nouveau
jufqu'à la hauteur où elle cc T; de fe
d'-ployer. 11 a recours au même arti-
fice , torfqu'on le touche du bout du
doigt , ou qu'on veut l'inquiéter. Ce
Naturalise décrit la coquille & l'ani-
mal çn ces termes :
La coquille du Marnât a la figure
d'un ovoïde obtus , Se comme coup' 1
obliquement à fa p^nie fupérieure , Se
terminé brufquem.nt en une pointe
très-fine A l'extrémité oppofée. Sa lon-
gueur ne pafle pas fept à huit lignes ,
M A R 31
6c fa largeur eft d'environ cinq lignes ,
c'eft-à-dîre , moindre de près de moitié.
Elle eft très-épaiffe Se formée de fix {pi-
res applaties , peu renflées , peu diftin-
guées, Se dont la furface eft bienlui-
fante Se d'un beau poli. Les deux pre-
mières font d'une grandeur démefurée
à l'égard des autres qu'elles effacent
prefqu'entierement. Le fommet efl
prcfqu'auffi long que large , Se un peu
plus court que la première fpire ; l'ou-
verture eft prefque ronde Se comme
couchée & inclinée fur le dos de la
coquille. La lèvre droite entoure cir-
culairement plus des deux tiers de fa
circonférence , qu'elle rend aiguë Se
d'un tranchant extrêmement fin. La
lèvre gauche préfente une furface plane
dont le bord eft aflez droit, & un peu
tranchant au-dedans de la coquille ; le
périofte qui l'embraffe eft membra-
neux , for», mince , Se peu fenfible. Le
fond de fa couleur au-dedans eft brun
caffé , au-dehors c'eft un gris plombé,
quelquefois rougeâtre , tout moucheté
de petits points blancs difpofés fur plu-
fleurs lignes , qui au-lieu de tourner
avec les fpires , les coupent oblique-
ment. On n'obferve d'autres variétés
dans la forme Se dans ia couleur de
cette coquille", que celles que l'âge y
occaflonne. Les petites font courtes ,
Se plus larges à proportion que les
grandes: elles ont aulfi moins de fpi-
res , Se font prefque entièrement cen-
drées.
Le même Auteur marque qu'il tient
de M. Bernard de Jussieu une co-
quille qu'on ne peut nier être de la
même efpece. Ce célèbre Académi-
cien l'a reçue autrefois , Se encore tout
récemment des Côtes de la Chine Se
de Bengale. Elle ne diffère, ajoute-
t-il , de la fïenne , que pareeque fon
fond plombé eft coupé par huit ou dix
bandes blanches , fou vent ondées , qui
tiennent iieu de lignes ponctuées qu'on
obf rve dans celles du Sénégal. Voilà
un exemple des variétés que deux cli-
mats fort éloignés > mais peu différens,
32 M A R
peuvent eaufer dans la couleur d'une
même efpece de coquille.
11 parle en ces termes de l'animal»
qui habite cette coquille. Quand il
en fort , dit-il, Ta tête paroît comme
un petit cylindre tronqué à fort ex-
trémité , Se renflé à fa bafe par une ef-
pece d'anneau & de bourelet, dont la
largeur égale fa longueur : des deux
côtés de la tête Se de fon origine par-
tent deux cornes coniques, fortépailles,
doubles de la longueur , 8ç qui paroii-
fent divifées en delfus par un iillon ,
qui en parcourt la longueur. Les yeux
font deux petits points noirs , qui ne
faillent point au-deiTus de la furface
des cornes , à la racine defquelles ils
font enchâlfés fur leur côté externe. Au-
defïous de l'extrémité tronquée de la
tête , on appercoit deuxlevres ovales,
Se latérales , au milieu defquelles on
diftingue un petit fillon longitudinal ,
traverfé par un autre fillon placé un
peu au-defTus , & dont le concours
lui donne la forme d'un T à tête courbe.
Ceft proprement l'ouverture de la
bouche , au fond de laquelle fe trou-
vent deux mâchoires dont l'inférieure
eft garnie de vingt-quatre dents , qui ,
par le moyen du microfeope , paroif-
fent diipofées en long for deux rangs
fort ferrés. Le pied-de l'animal eft pe-
tit, elliptique , obtus à fes deux ex-
trémités , ou prefque rond , & prefque
une fois plus court que la coquille ; fa
furface inférieure eft marquée de deux
filions, dont le premier, plus léger,
le coupe longitudinalement dans fon
milieu; l'autre, plus profond, borde
fon extrémité antérieure. En deftus du
pied , vers le milieu de fa longueur , eft
attaché un opercule cartilagineux , fort
mince , taillé en demi-lane , poli Se
luifant en deflus , & marqué légère-
ment de plufieurs lignes courbes , qui
ont pour centre commun un point pla-
cé vers fon angle fupérieur. La mem-
brane qui forme le manteau eft fort
mince , Se tapiiTe les parois intérieures
de la coquille ; elle laifle fur le col de
M A R
l'animal , Se un peu vers le côté gau-
che , une ouverture par laquelle il jet-
te les excrémens. l'ar cette même ou-
verture , il fait fortir une petite lan-
guette , charnue , triangulaire, appla-
tie , trois fois plus iongue que large,
que quelques Auteurs ontprife pour
la partie affectée aux mâles : pour moi ,
dit M. Adanson, je n'ai pas eu
occalion de vérifier fi cet animal étoit
hermaphrodite , c'eft-à-dire , fi chaque
individu réunifibit les deux fexts, ou
s'ils étoient partagés en diiîérens in-
dividus; car il arrive rarement qu'on
les trouve en copulation ; mais je puis
dire , continue-t-il , que j'ai obfervé
cette partie dans tous ceux qui m'ont
palfé par les mains. Quoi qu'il enfoit,
cette languette porte fur fon côté exté-
rieur un ofielet pointu , fragile Se
blanchâtre , qui lui fert comme de fou-
tien dans toute fa longueur.
Le même Naturalise dit que M.
Bernard de Jussieu lui a fait voir,
depuis fon retour en France , les deux
fexes bien diftingués dans une coquille
de l'Océan , appellée Vignot , ou Bi-
gourneau > qui eft la Cochtea marina de
SVAMMERDAMf Blb. Nrtt. Vol. I.
p. 180. Tab. 9. fig. 14. & 20.), que
les Hoilandois nomment Alie Kniyk*
qui a un rapport très-prochain avec
le Marnai du Sénégal , quoiqu'il n'ait
pas comme lui de languette fur le
côté. Cela lui fait foupçonner que Pof-
felet , dont cette languette eft armée ,
eft une efpece d'aiguillon , dont les
femelles feroient pourvues aulh bien
que les . aies , pour fe réveiller & s'ex-
citer mutuellement dans le temps de
la copulation , comme il arrive aux
Limaçons de Jardin,
Le corps du Marnât eft d'un blanc
fale , traverfé en deiTus par un grand
nombre de petites lignes noirâtres. Ce
Coquillage du Sénégal eft le même
que la Cocblea jublivida nigris iincis
undatis diftintia , lineis interdum ni-
grioribits & multà pluribus , de l'Ifle
des Barbades Se de la Jamaïque , dont
parie
M A R
parle Lister , Hijl. Conchyl. Tab. 583.
La Cochlea troclnformis l&vis , ex
albido , rubro , & Jhbviridi per Jeriem
Une ut a de Gualtieki, bld. Tab.
& p. 6}. fig. N.
Et le S accus orc integro , fublividus ,
Hneis aigris , undatijque dijlincius de
M. Kleik, Tent. p. ^2. j'p. 2. ». 2.
M. d'Argen ville ( Htjl.Conchyl.
p. 215. Edit. 4 7 5 7 . ) nomme le Tro-
cbus des Latins , Sabot en François ,
& il en compofe la Septième famille de
fes Limaçons ï bouche applatic. Voyez
sabot'.
_ MAROLY; nom d'un oifeau
fort extraordinaire : il eft paflager Se
il vient d'Afrique. Il fait fon patfage
aux mois de Septembre Se d'Octobre,
plutôt que dans un autre temps. Les
hnbitnns du Cap de Coloche , de Friè
dans l'Ifle de Z ua tan , Se les autres
lnfulaires le nomment Maroly : les
Perlans l'appellent Fac. Il eft de la
grandeur d'une Aigle , Se il a la forme
d'un grand oifeau de proie. Son bec
eu aquilin; Il a deux espèces d'oreilles
d'une énorme grandeur qui lui tom-
bent lur la gorge. Le fommet de la
tète eft élevé en pointe de diamant,
enrichi -de plumes de différentes cou-
leurs ; celles de fa tête Se de fes oreilles
font d'une couleur tirant fur le noir.
Il fe nourrit du poill'on qu'il trouve
mort fur le rivage de la mer , Se bien
fouvent deSerpens Se de Vipères; à
caufe de cela on peut lui donner le
nom à' Aigle de mer ,'aulli-bien qu'à
YOrfraie, appellée Haliaëtos par les
Grecs.
M ARQUIS D'A N C R E ,
nom que quelques Modernes ont donné
à un Scarabée noir , dont les fourreaux
font marqués de deux bandes jaunes,
qui fe réuni lent. M. Linn^us le
*Ce ponTon eft nommé en Grec *»ic<tiv*;
en Latin Phocxna , du mot Grec , & Turfîo ;
en Allemand, Meerftha'tyn; en Suédois, iilar-
/;<■/'( , ouTtimMare , félon M. Ltnnaus;
en Danois , Marfyîn , ou BriV^ùp , ou
Sphiik.Val , on Sprinter; ce même poill'on eft
Tome III.
M A R 33
nomme. S'carabxitf ni%cï,hirfuiui,fiavur,
elytris fajciis duabus luteis coadunatis._
On en trouve fur les fleurs.
MARSOUINS C'eft la trei-
zième efpece de Baleine de M. A n-
D e r S o N , dont j'ai parlé d'après les
Voyageurs au mot BALEINE , qui
en admettent deux efpeces en Amé-
rique. On lit dans les Transactions Phi-
hjophiqucs , an. \6ji. n. 7 6. art. 2.
& dans le i'ome II. des Coileciions Aca-
démiques , p. 145. & Jitiv. la deferip-
tion d'un jeune Marfouin , faite par
R A v ; ce qui m'oblige d'en parler en-
core ici , d'après ce grand Naturalise ,
après que j'aurai remis fous les yeux
du Lecteur les différens noms fous les-
quels il en eft fait mention chez les
Auteurs.
Le Marfouin eft nommé par M.
B R 1 S s o N (p. 371.), Delphi ans pin-
trâ in dorjo unâ , dentibus acutis , roftrë
brevi jobtujo :
Par A r t e d 1 f Genr. Pifc. g. 47.
fpec. 1); par le même ( Synop. PiJ'c.
gcn. g. 47 '.. fp. 1. ) , Delphinus corpore
ferè canif ormi , dorjo lato , rojlro jitba-
citto :
Par M. '.1 NNit u s ( Syfl. Nat.
Edit. 6. g. ioo.yp. 1. ) ; par le même
( Fauna Suce, n- 266.) , Delphinus cor-
porej ubconiformi , dorjo lato, rofirojuba.-
cuto. .
C'eft le Phoatna de R o n d e l e t ,
PiJ'c. p. 47 3 . de W 1 L L u G h b y , Hijl.
PiJ'c. p. 31. de Ray, Synop. PiJ'c.
p. 13. de J o N S T O N , PiJ'c. p. 155.
de Charleton , Exe cit. p. 48.
le Turjio , five Phoc&na de M. Klein ,
PiJ'c. Alijf. 2. p. 26. de G e b n e r ,
PiJ'c. p. 837. d'A LDROVANDE,
Pij'c. p. 719. de Bel on, Aquat. p.
15. Se le Sus marinus , rojlro obt'-fo d j
N I E R E M B E R G , p. 25 Q4»M. B A R-
R E R e ( Hijl. Nat. de la France Eqitin.
appelle en Nonyege, Marfven, ou Sifer ;
en I'iin.'oiî, Su inhuai , ou Suinhval'r.tr , on
IViiingr ; en Flamand, Britynvifch; dans la
Frife Orientale, Brunfifck; en Anglois , Vor-
pit ; en Ecoffois , Sea Porc , & en François
Marfouin , Souffleur, ou Tunbu
34 M AR
p. i72.)nomrae le Matfitttp , Delphi-
mis nigricans.
Le corps du Marfonhi eft beaucoup
plus gros Se moins long que celui du
Dauphin : il en diffère encore par la
forme de fon mufeau , qui eft court Se
obtus. Ses deux mâchoires font armées
de petites dents pointues , & fes yeux
font très-petits. 11 a fur le fommet de
la tête un canal , par lequel il rejette
l'eau. Il a , comme le Dauphin , trois
nageoires , deux latérales , & une vers
le miiieu du dos. Sa peau eft très-
lilfe , noire fur le dos , Se blanche fous
le ventre. On le trouve dans toutes les
mers. Voilà en abrégé la defeription
du Marj'ouin.
Celui que décrit R A Y , eft un jeune
Marfout» d'une grandeur convenable
pour la difleétion , qui lui fut apporté
par des Pêcheurs , qui Pavoient pris
fur le fable, où la marée l'avoit laiifé.
Ce Naturalifte dit qu'il a obfervé en
le diiféquant des chofes que Ronde-
let a omifes dans fa defeription du
Dauphin. Voici celle de l' Observateur
Anglois , telle qu'on la lit dans un
des Tomes des Colletlions Académi-
ques ci-deflùs cité.
Sa longueur étoit de trois pieds fept
pouces : il avoit deux pieds Se deux
pouces de circonférence , où il étoit
plus gros. La forme de fon corps ne
dilféroit gueres de celle du Thon , (en
grouin étoit feulement plus long &
plus aigu; la peau étoit mince unie ,
Se fans écailles. 11 y a apparence que
dans la vieillefle elle devient épaifle
& rude , comme Rondelet la re-
préfente.
Ses nageoires étoient cartiLagîneufes
& fléxibles , Se non pas aiguës & pi-
quantes , comme les Anciens le rap-
portent, liftn'en avoir qu'une fur le
dos , éloignée d'un pied neuf pouces
d"e la pointe de fon grouin ; elle avoit
cinq pouces Se demi de bafe , de forte,
qu'elle étoit un peu au-deftbus de la
moitié de la longueur du poiifon , en
aaefuranr depuis, le mufeau jufqu'àla.
M A R
queue : îl en avoit deux paires fous le
ventre à neuf pouces Se demi de l'ex-
trémité de la mâchoire inférieure , pref-
qu'au même endroit où ont coutume
d'être placées les nageoires de devant
des autres poiflons. Sa queue étoit
fourchue en manière de croiflant , 5c
avoit onze pouces d'une corne à l'au-
tre : elle étoit fituée autrement que
celles de toutes les autres efpecesde
poiflons; car au-lieu d'être perpendi-
culaire à l'horifon , elle lui étoit pa-
rallèle , & je crois qu'il doit en être de
même dans tous les Cétacécs. J'ima-
gine que la raifon en eft en partie pour
fuppléer aux nageoifes poftéricures des
autres poiflons , qui fervent à balancer
leur corps , Se à les tenir élevés dans
l'eau , répondant aux jambes de der-
rière des Quadrupèdes; ce qui nous -
fait voir pourquoi les poiflons longs,
qui n'ont qu'une paire de nageoires ,
comme les Anguilles , ne peuvent fe
tenir élevés dans l'eau , mais rempent
toujours au fond , Se en partie pour
aider au poiflbn à monter à la furface
de Peau , ( ce qu'il fait d'un coup de
queue ) , pour prendre fa refpiration ,
qui lui eftauffi néceflaire qu'aux Qua-
drupcdes;car il y a apparence que Ci on
le détenait fous l'eau, il y fuffoque-
roit , 5c s'y noyercit en très-peu de:
temps.
Immédiatement fous la peau , étoît
placé le pannicule adipeux , qui étoît
ferme , fibreux , Se épais d'un pouce ,
enveloppant tout le corps, le dos , le
ventre , & les cotés , dont l'ufagefans
doute eft , i°. de garantir du froid
de l'eau le fang du poiflbn , que je
crois chaud au même degré que ce-
lui des Quadrupèdes , & qui par con-
féquentferoit coagulé par la fraîcheur
de l'eau ; 2°. d'empêcher la diflîpa-
tion des vapeurs chaudes du fang , de
* conferver & d'entretenir par-là fa cha-
leur naturelle ; comme nous voyons
que l'eau 8e toute autre liqueur con-
ferve plus longtemps fa chaleur dans*
un vaifleau bien fermé , qu'à, décou-
-
M A R
vert: Se rien n'eft plus propre à pré-
venir la rliiïipation des eiprits & des
vrpeurs les plus fubtiles, que l'iuiile
& là graiffe; 3°. peutétre auiFi de le
rendre plus léger , Se de contrebalancer
fon corps , qui fans cela feroit trop pe-
lant pour fe mouvoir Se nager. 'Tout
ce pannicule fe trouve une chair muf-
culeufe , femblable à celle des Qua-
drupèdes , mais un peu plus noire.
Le corps étoit divifé en trois régions
ou ventres ; la tête , la poitrine , Se
l'abdomen. Les principaux vaiileaux
ou vifeeres étoient Les mêmes que dans
les Quadrupèdes. L'abdomen étoit en-
vironné par un fort péritoine ; les in-
teftîns étaient attachés à un méfentere ,
Se étoient très-longs , ayant quarante-
hui t pieds : ils n'étoienepoint diftingués
en gros Se petits. Je n'y pus trouver
de cœciim , ni d'appendice.
L'ellomac étoit d'une ttructurc fin-
guliere : il étoit diviîé en deux grands
facs Se en deux petits. Je ne trouvai
dedans qu'un très-grand nombre de
petits poiifons longs , que les Pêcheurs
Anglois prennent dans le fable , Se
qu'on appelle pour cela en quelques
endroits Anguïder de Jltble. Gesneh.
les nomme Ammodkœ.
bon ioie étoit d'une grandeur médio-
cre ; il étoit fitué du côté droit , Se di-
vifé en deux lobes, n'ayant point de
vélicule du fiel. Le pancréas , qui étoit
grand , étoit fortement adhérant au
îroiheme fuc de l'eitomac , où fon ca-
nal s'inféroit & fe dégorgeoit : fa rate
étoit petite 8c ronde ; les reins étoient
grands Se attachés au dos , contigus l'un
à l'autre , Se compofés de plulieurs
glandes, comme aux Bœufs , mai plus
petits , ils étoient plats Se fans bnflinet
au milieu, mais les artères partoient
du bas.
La veflie étoit longue Se petite , eu
égard au volume de cet animal ; elle
avoit de chaque côté un ligament rond
fait par les artères ombilicales dégé-
nérées. La verge longue Se grêle avoït
un petit gland pointu; elle ne paroif-
M A R 35
foît pas au dehors, mais étoit cachée
avec fa gaine dans le corps , étant ré-
fléchie en manière d'S , comme cella
du .Bœuf.
Les tefticulcs étoient enfermés dans
la cavité de l'abdomen , comme ceux
du Hérill'on , Se de quelques autres
Quadrupèdes; leur figure étoit oblon-
gue. Quant à leur fubltance interne ,
je veux dire les vaiflfeaux féminaires ,
foit préparans,foitdéférens,ceux de l'é-
pididyme, les vailfeaux pyramidaux, le
corps variqueux , Se les glandes prof-
tat^s , elle étoit exaucement la même
que celle des tefticules ç^es Quadru-
pèdes. Les vaiileaux déférens perçoient
l'urétere de plufieurs petits trous ,
dont quatre étoient plus vifibles que
les autres, un peu au-delïus du col
de la velfie.
Le diaphragme étoit mufculeux. Le
cœur, qui étoit grand Se renfermé dan*
un péricarde, avoit deux ventricules
avec leurs valvules figmoïdes , fémi-
lunaires , tricu/pidales , Se mirraies ,
leurs artères Se leurs veines coronaires.
En un mot , toute la llructure Se la
t u otlance du cœur Se des poumons s'ac-
cordoient exactement avec celte des
Quadrupèdes. La trachée artère étoit
extrêmement courte , le poiflon n'ayant
pas de col : le larynx avoit une figure
finguliere , s'avançant avec un long
col , Se un bec en forme d'aiguicre.
Le conduit par lequel cet animal
refpire 8e rejette l'eau eft placé dans
la tête devant le cerveau , Se fe ter-
mine en dehors par une ou verture com-
mune. Intérieurement il eft divifé par
une cloifon ot'feufe , comme s'il avoit
deux narines , mais il n'a qu'une ou-
verture dans la bouche. Cet orifice in--
terne n'a qu'un fphincter , au moyen"
duquel le poilfon peut l'ouvrir Se le
fermer à fa volonté. Les parois du
canal font garnies d'une membrane
glanduleufe , qui, lorfqu'on laprelfe,
verfe par une -infinité de petits trous
ou papilles , une liqueur gluante dans
le tuyau. II y a au-defiiis des narine*
Eij
>
Z6 MAR
une valvule ou membrane femblable
à une épiglotte qui empêche l'eau d'en-
trer involontairement. Ce conduit afix
trous borgnes , qui n'ont point d'ilTue ,
quatre vers le mufeau , dont deux au-
deffus de la valvule qui ferme les
narines , Se deux au-deffous : les deux
autres font vers le cerveau , ayant une
cavité longue , mais étroite , que je
conjecture fervir à l'odorat , quoique
je n'aie trouvé dans le cerveau ni nerfs
olfactifs , ni procès mammîllaires. Ce
poiffon a voit les yeux petits, vû fa grof-
iéur , & fitués fort loin de la bafe du
cerveau. Le rnufeau étoit long & pour-
vu de mufcles très-forts , pour fouiller
le fable au fond de la mer , Se y trouver
les poiffons dont il fe nourrit ; ce qui
paraît par les petites Anguilles que
nous trouvâmes dans fon eftomac , &
qui , comme nous l'avons dit aupara-
vant , font enfevelies dans le fable. Le
cerveau, y compris le cervelet, étoit de
la même lubftance & avoit les mêmes
anfractuofités que celui des Qadru-
pedes,. n'en différant que parla figure
qui étoit plus courte ; mais il avoit
en largeur ce qui lui manquoit en lon-
gueur; il avoit auffi une dure Se une pie-
meres ; fix ou fèpt paires de nerfs ,
outre les optiques , & les mêmes ven-
tricules ; mais je n'obfervai pas à la
moelle allongée les protubérances que
l'on appelle natss Se teftes. Le crâne
n'étoit pas auflï épais que dans les Qua-
drupèdes , mais il étoit articulé de la
même manière avec la première ver-
tèbre de l'épine. Cette largeur du cer-«
veau , & {k reiTemblance avec celui
de l'homme , indiquent que cet animal
a plus d'intelligence Se de capacité que
les autres bêtes ; ce qui doit rendre
plus vraifemblables les anciennes Hif-
toires qu'on a faites fur cet animal ,
telles que celle d'A rion, rapportée
par Hérodote; celle que Pline
l'ancien^C Ht fi. Nat. L. IX. c. 8. ) ra-
conte d'un Dauphin; qui s'étant pris
d'amitié. pour un jeune garçon , avoit
coutume de le porter deffus fon dos
MAR
de Bayes à Pouzole , où il aîfoît â
l'école , au travers d'un bras de mer.
P l i n e le jeune ( Lin. 33. c. 3 9. ) .
en rapporte une toute femblable d'un
Dauphin , qui portoit de la même ma-
nière un jeune garçon à Hippone en
Afrique.
Ce poiffon avoit quarante-huit dents
à chaque mâchoire , difpofées comme
un rang de chevilles émouffées : fa lan-
gue étoit plate en deffus , Se égale-
ment large d'un bout à l'autre ; fes
bords étoient dentelés , & elle étoit
fortement attachée à la partie inférieu-
re de la bouche par fon milieu , comme
Aristote l'a dit avec raifon ; Se
je ne puis affez m'étonner que Ron-
delet l'ait contredit en cela , Se ait
affuré que la langue du Dauphin efi
mobile, & qu'il peut la tirer & la rcti -
rer , comme il veut : à moins que le Dau-
phin ne diffère en cela du Marfouin ;
car le Marfouin eft , félon moi , le;
Fhocœna des Anciens , qui eft une pe-
tite efpece de Dauphin , au moins ft
le poiffon que je décris eft un Mar-
fouin s caries dents de ce poiffon font
plus petites , Se d'une figure différente-
de celles qu'on voit aux mâchoires du
Dauphin , qu'on nous apporte au-delà
de la mer. Néanmoins , il n'y a pas
beaucoup de différence entre le Dau-
phin Si le Thocana. Quant au poiflort
que nos Matelots appellent Dauphin >
Se qui , félon la defeription qu'en don-
nent Meffieurs Terrï Se LtGONS,
a des dents fur la langue , de petites
écailles, des nageoires dures, une odeur
Se un goût agréables, je ne fais quel it
eft , mais je fuis très-affuré qu'il diffère
entièrement du Dauphin des Anciens.
Nous n'avons pas obfervé d'autres
narines dans ce poiffon , que celles que-
nous avons vues dans le conduit que-
nous avons décrit , ni aucun conduit
auditif ; en quoi Aristote s'ac-
corde avec nous. R o n d e l e t en a.
trouvé un près desyeux, étant très ma-
nifefte , dit-il , qiî'aucun animal ne peut
entendre fans un conduit qui porte-les;
M A R
fons au cerveau. Il ajoute cnfuftc :
fleilt de cette idée , j'ai obfervé avec
foin le crâne du Dauphin : j'aivft m
conduit auditif , qui s'ouvre jufqit'ait
cerveau.'!! eft placé immédiatement der-
rière l'œil, & eft fi petit qu'il échappe
prefqttc à. la vue- Mous avons obfervé
dans le crâne un os qui répondoit à l'os
pierreux , Se qui certainement étoit def-
tiné pour l'orne. Ce Marfouin zvo'iï. de
chaque côté fix côtes qui éroient dé-
nuées de cartilages , Se fept qui en
avoient ; le ftemum étoit très-petit.
Quant au nom Forais , je crois avec
G E- S N E K , qu'il dérive de Pnrcus ,
ittafi Porcus pifeis , plufieurs Nations
lui donnant le nom de Forcus marinas.
En effet il reffemble à un Cochon à
plufieurs égards , par fa graiffe , par la
force de fon grouin,&c.
Voilà ce que dit Ray du Marfou'm.
Les Anglois envoient aux tfl.es du
Nord-Oucft del'Écoffe depuis quel-
ques années un grand nombre de vaif-
feaux pour la pêche du Marfcuin ,
dont ces parages abondent pendant
l'été. Elle fe fait à peu de frais, Se
le gain en eft fur. On tire du Mar-
fouin une huile propre aux mêmes ufa-
ires que celle de la Baleine.
M A R S O U I N DE RIVIERE ,
poiffon de la Chine , que les Chinois
nomment Cbyang-Chu , c'eii- A-dire ,
Porc de rivière,
MARTE, animal du genre de
la Belette , dont deux efpeces , mifes
par M. L i n n a: u s dans l'ordre dès
fera , 8c par M. K l e i n dans la fa-
mille quatrième du fécond ordre de
fes Quadrupèdes,
La première efpece , qui eft la Marte
proprement dite * , eft nommée par M.
B k i S s o n (p. 247. ) , Muftela pilif
in exortu ex cinerio aibidis , caftaneo
colore terminatis,vtftita ,gutture flavo ;
* Cette forte d'animal eft appelle en Latin
Martes; en Efpagnol, Maria, en. Italien ,
Martttro, ou Martarb y & M.irivrdlo ; en Al-
lemand , rdd-i\Ut\kr, ou Wild-V.ïrdir ; en
l?olonois, Kttnai.cn Suédois, Moanà ; en
H A R 37
par M. L 1 n n jf. u s ( Syfi. Nat. Edit,
6. gtn. 6-J'p. 2. & Fait» a Suec. n.j.),
Muftela julvo-nigricans ,gulâ pallidâ.
C'eft \z Muftela Martes de M. Klein ,
Quad. p. 64. de R a ( , Synop. Quad,
p. 200. d'A LDROVANDE, Qltad.
digit. vivip. p. 331. de Charleton,.
Excrc p. 20. la Martes fylveftris de
G E S N E R, Quad.p. 8d7.de JoNSTCNV
Quad. p. 108. de R z a c k 1 N s k y ,
Hijl. Nat. Fol. p. 222. & la Martes
abietina du même Auteur , p. 314.
Cet animal reffemble à la Fouine par
fa figure Se par fa grandeur ; mais il
en diffère principalement pour la cou-
leur de fa gorge qui eft jaune. Tout
le relte de ion corps eft couvert de'
poils d'un gris blanchâtre à leur ori-
gine , Se qui font terminés de couleur
maron : il ne fort gueres des boir. On
le trouve en Canada ,- & rarement en
Europe.
La féconde efpece , eft la Marte
Zibeline**, nommée par M. Brissonv
Mujlcla obj 'euré fulva,gutUire cintreo i
par M.Klein (Dijp. Quad 64. ) r
Muftela Zibellina, Martes Séjtkica,-
Mus Sarmaticus , Mus Scytbicus. Elle
eft appellée Muftela Zibellina par
Ray, Synop. Quad. p. 201. par M.
L 1 n N je u s ,. Syft. Naz. Edit. 6.fp. 7.
par A l D r o v a n D E , Quad. digit.
vivip. p. 335. par J o n S T o N , Quad'
p. 108. par Charleton, hxerc.
p. 20. G E s n e r ( Quad. p. 8<5ç,) ,
lui donne le nom de Muftela Sobella »
ScRzACKINSKY ( Aull. p. 3 I 7. ) ,
la nomme auffi Muftela Scytbica , lc-
tis Scythica. Cet animal reffemble à
l'autre Marte , mais il eft un peu plus
petit. Tout fon corps, excepté fa gorge - y
qui eft grife , eft couvert d'un poil obf-
cur : la partie antérieure de fa tête 5c
de les oreilles eft d'un gris blanchâtre,
On le trouve en Lithuanie ,. dans la
Ar.Elois, on lui donne le nom de Martin, ou
celui de Manier'.
'""En Latin Martes Zibellina ;en Alîemin '..
7obel ; en Polonois & en Illyrien , Sobol ; enfi-
bLtJois, Suvbel , & en Anglois, SaUe,-
3 3 M A R
Ru (fie blanche , dans la partie Sep-
tentrionale de la Mofcovic,.& dans la
Scandinavie. On dit que cette efpece
n'eft gueresplus groiTe que l'Ecureuil,
8e a la forme du Renard. Elle fait la
chafTe aux oifeaux & aux Ecureuils;
elle fournit les plus belles fourrurjs.
Ses ongles font extrêmement aigus.
Elle monte la nuit fur les arbres , Se.
l'Écureuil, qui eft moins fort, mais
plus agile , fe fauve le long de l'arbre
court Se grimpe autour du tronc , ce
que la Marte Zibeiim ne peut pas
faire , mais elle le poulie jufqu'au
haut , d'où il s'élance des plus hauces
branches, fur un autre arbre. Ce ne
font pas feulement les petits oifeaux
qu'elle arrête aveefes onglcs,lorfqu'ils
pa lient la nuit fur les arbres , mais en-
core les pius grands qui s'écartent.
Ces deux efpeces de Martes font
plus eftimées par leur peau , que par
leurs propiétés médicinales. Leur chair
paiïe pour réfoiutive Se pour fortifier
les nerfs.
MARTEAU, poiflbn de mer ,
mis p# A R T E D i ( Gen. 44. ». y.Syn.
p. 9 (5. ». 7. ) dans le rang des poiffons à
nageoires cartilagineules , ïnter Tijces
Chondyopterygios. Il le nomme Sqitalus
capte latijfimo tranfvtrfo , mallei injlar,
Cdkkluyond d'Aa istote, L. //.
c. 15. & d'ÉL 1 e N , L. IX. c. 45-. la
Zyçtna de B f. l o n , de Rondelet ,
L."'XUl.c. 11. p. 389. de G e s N e r. ,
lOÏO. I255- d'A L D R O V A N DE ,
h. III. c. 47-'f- 4°8. de Jonston,
L. I. T. f. à ? • de C H A R L E T O N ,
p. 128. de W I L L V G h B Y , p. 55. •
Se de R A Y , p. 2 0, S A L V I E N , fol.
128. l'appelle Libella , Se à Rome on
le nomme Ciambetta ; en Anglois , tht
Balance fish.
Ce poifion qu'on voit en Afrique ,
Se qui porte en Amérique le nom de
Fantoumer , eft un animal vorace , ef-
pece de Chien de mer , dont la tête
plate , s'étend des deux cotés , com-
me celle d'un marteau. Ses yeux qui
fe trouv eut placés aux deux extrémités ,
M A R
font "grands , rouges , Se comme étiil-
celans: fa gueule a deux rangées de
dents fort tranchantes. Le corps eft rond
Se fe termine par une grofle Se forte
queue : il s'en fert pour fecpnder la
voracité de fon gofier. Il n'a point
d'écaillés , Se fa peau eftépaifle Se mar-
quée de taches : les nageoires font gran-
des Se vigoureufes. Il s'élance fur fa
proie avec une rapidité extrême. Tout
convient à fon avidité , fut-tout la chair
humaine. C'eft une forte de Requin
que les Nègres ne laiflent pas d'at-
quer , Se qu'ils tuent fort adroitement.
J-jyhïre Générait des Voyages , J'ume
XI L p. 473. Edic- 12.
Outre les Auteurs ci defios cités , qui ont
écrit fur es poifion , on peut encore consul-
ter M. Gaonovics, Muf. Ithtk. Or A. 4.
gm. i. fp. 8. M. K l 1 1 n ; Mif. in.;, rj.
tu t. qui le nomme- Gflrac ion jVor.tc arçûs j*
gurà ; le 1\ nu TtRiaE , Hijl. des Antilles ,
Tome H. p. 107. Varagrzphe 7. le Mitfuum de
BhSLEaus, /. i^. fig. i.Bochart, hiitroz.
Van. II. L. V. c. 15. liossutr, Epig. p. 166.
Sic.
MARTEAU, ou NIVEAU
D'EAU DOUCE, en Latin Libelle
fiuviat 'dis , à caufe de fa rellemblance
avec le poifion de mer ci-defius men-
tionné. C'cilun petit infecte d la forme
d'un T. ou d'un niveau. Il a trois pieds
de chaque côté. Sa queue finit en trois
pointes vertes, Se cette queue, ainfi que
fes pieds , lui fervent à nager. Ros T -
delet, Part. U, L. XXXV. p. 157.
Edit. Fra/iç.
MARTEAU, nom donné à une
efpece d'Huître , dont les replis , la
longue queue , Se les deux parties d'en
haut forment la figure d'un vrai mar-
teau. M. d'ArgenVille , l'a fait ma-
gnifiquement figurer à la Flanche XI X.
Utt. A. de fa Conchyliologie, Edit.
1757. Sa couleur brune , qui tire fur
le violet, eft allez dillinguée. Malgré
la bifarrerîe des contours de fes écaiiles,
on eft étonné de la juftefle avec laqueUe
elles fe joignent. Voyez au motHUÎ-
TR E
MARTIN PÊCHEUR:J'aî
rapporté au mot ALCYON le con-
M A R
tenu d'une Lettre de M. Chevalier ,
Docteur Régent de la Faculté de Mé-
decine, Se ci -devant Médecin du Roi
à Saint Domingue , fur les Alcyons ,
écrite à M. J E A N ». de la même Fa-
culté ; & j'ai donné une notice des dif-
férentes efpeces d'Ipftda, connues des
Naturalises. On y a lu que ce que M.
Chevalier dit des Alcyons convient
au Martin ou Martinet Pêchuir, dont
il s'agit ici. On lie dans la Nouvelle
Hifioire des Oifeanx , gravés par
Albin, une defeription du Martin
Pêcheur ; celle du grand Martin Pê-
cheur de Bengale ; celle du Martin
Pêcheur de Smyrne , Se celle du petit
Martin Pécheur de Bengale. Commen-
çons par le Martin Pêcheur ordinaire
eu vulgaire.
Le Martin Pêcheur *, ctt nommé
Jpfida par D a L E , Pharm. p. 420.
par Gesner, de Avib. p. 513. par
Aldrovande, Ornith. III. p. 5 18,
& par Jonston, de Avib. p. 107.
Alcedo ; par S CHrode Rus,p, 314.
& Lé mer Y, p. 13. Halccdo muta ;
par B e 1, o N ( des Gif. p. 219.), Al-
cyon fiuviatiiir, v.'tlgo pifeator Rcgir ;
Ipftda y par Char leton, Exercit.
Alcedo fluviaùli s parScHVENKFELD,
Aviar. Silef. p. 1 0 3 . W 1 l i. u g h b t ,
Ornith. p. loi. Se R A y , Synop. Aleth.
Av. p. 48. doutent fi cet Jpfida eft
FAlcyon des Anciens : Ipfida , an ve-
teri-tm Alcyon. Cet oifeau elt nommé
par quelques-uns Halcyon- riparia s
Marthnu Pifcator ; Avis Paradift ,/tve
Janils Maris, ; Alcedo nuit a , cirrata ,
fubviridis ,. par M.Barre H E , Hift.
Nat. de la France Eq:dn. p. 122.
Quelques Auteurs modernes , difent
* Ce^ oifeau eft appelle Alcyon , ou Hal-
cyon , d'après les Grecs , pareequ'on a pri-
t-indu qu'il iaifoir fon nid fut la mer, I! eÛ
nomjné en Italien Viombiho , Uccdlo di Santa
MUria ; en Allemand , Eyfz-Vogel , c'efl-à-dire
Oifeau de glace; en Anglois, Xinefithcr, on
Pêcheur dit Roi ; en Portugais, Papa Veixe ;
en l'rançois, Martin ou Mani'net Pécheur,
autrement Oifeau de Saint Vartin, parc ('qu'on
i'çll plu à donner des noms de Saints aux.
M A K 39
les Auteurs de la Suite de la Matiè-
re Médicale , Tome IIP p. 25. ont fait
l'application du nom d'Alcyon à de
certains oifeaux d'un caractère bien
différent. C'eft ainfi que Selon a
jugé à propos de le donner à deux ef-
peces d'oifeaux qu'il a nommés l'un
Alcyon muet , qui eft notre Martin
Pêcheur , Se l'autre Alcyon chanteur,
Roujferole , ou Roffignol de rivière , très-
peu connu en France , qu'on appelle
vulgairement en Orléanois, Tire- Ar-
rache , à raifon de fon chant. Aris-
tophane, plus ancien qu'A r i s-
t o t e , a exprimé fon chant dans la
Comédie des Oifeaux.
Le Martin Pêcheur pefe une once
8t un quart. A l bi n lui donne fept
pouces de longueur depuis le bout du
bec jufqu'au bout delà queue : ils
onze pouces de largeur , l'extrémité
des ailes étendues Se disantes ; le bec
long de près de deux pouces , gros y
fort , droit, pointu Se noir , néanmoins
blanchâtre au coin de la bouche ; la
mâchoire fupérieure efl: plus longue
que l'inférieure dans la plupart , St au'
contraire l'inférieure elt plus longue
que la fupérieure dans quelques-uns :.
la langue efl courte , large , pointue
par le bout, & entière ; la bouche cil'
fafranée en dedans. 11' a les narines
oblongucs , le menton blanc avec quel-
que nu lange de roux , le milieu- de
la poirrine ou du ventre aufiï d'un!
roux blanchâtre , le bas du ventre au-
deflous de la queue d'une couleur romTe
foncée, ainfi que les côtés & le def-
fous des ailes , la poitrine rouffe avec
les extrémités des plumes d'un bleu
verdâtre fale , une très -belle couleur'
animaux. Il efl encore appelle Drapier, oiv
Arire , comme étant propre à éloigner dej
draps, ainiî que des pelleteries, lesTcigr.cs
les Artimons ; Tarta> in , à raifon de Ion?
cri ; Mcunitr , parcequ'il habite proche des
moulins ; fie ver.i d'eau, PêcHe-Vcron , Mer--
le bleu, pu Mc-rlet Pefcheret ; en certains en-
droits Vire-vent , ou le Puant des Matelot?.
Voilà tous les dirTérens'nonis qu'on lui a-
donnas..
40 M A K
d'un bleu clair , ou tirant fur le blanc ,
continuée depuis le coi par le milieu
«lu dos jufïju'i la queue , capable par
fon éclat d'éblouir les yeux qui relie -
roient longtemps fixés deiïiis , des li-
gnes tranfvcrfales oblcures , qui pa-
roilfent fur le bleu du des , quand on y
regarde de près. Le lommet de la tête
cil d'un noir verdàtre avec des taches
bleues en travers. 11 a une tache roulTe
entre les narines 5: les yeux, 8c une
autre au-delà des yeux , à laquelle
fuccede une tache blanche roufïatre ,
vingt-trois grandes plumes à chaque
aile , dont la troifieme eft la plus lon-
gue , tant les grandesplumes que celles
qui en font les plus proches , extérieu-
rement bleues , intérieurement bru-
nes; les plu mes du fécond ordre bleues
par le bout , à l'exception des plus
petites, qui font à la bafe , ou au plî
de l'aile; les longues plumes qui naif-
iënt des épaules Se qui font couchées
fur le dos de chaque côté, d'un bleu
verdàtre; la queue courte, c'eft-à-
.dire d'un pouce Se demi , compofée
de douze plumes d'une couleur bleue
.obfcure avec quelque noirceur ; les
jambes fort courtes & petites , noirâ-
tres par devant , rougeatres par der-
rière , de même que la plante des
pieds Se le doigt postérieur.
Dans cet oifeau la ftruchire des
pieds eft fingulierc ; caries trois join-
tures du deigt extérieur tiennent à
celui du milieu , tandis que l'intérieur
n'y 1 ^ 111 ( ï ue par une feule jointure;
ce doigt intérieur eft le plus petit Se
plus court de moitié que celui du mi-
lieu: au contraire l'extérieur eft prof-
ane égal à ce dernier , Se celui de der-
rière un peu plus grand que l'intérieur ;
le troifieme ou dernier os de la jambe
eft plus court Se plus grand qu'il n'a
coutume d'être dans les autres oi-
feaux ; les doigts paroiiTent comme
articulés par plusieurs lignes tranf-
verrales ; lesoflelets de la langue font
plus petits & plus courts que dans les
filtres ; l'eftomac eft grand & lâche ,
m a rc
comme dans les oifeaux carnaffiers ,
plein d'arêtes Se d'écaillés de paillons;
les inteftins font plus menus vers l'a-
nus. Gîsnek allure que la grailla
de cet oiieau eft rouile , ce qui eft vrai.
Le même Auteur dit qu'il fe trouve
fouvenr neuf petits dans un feul nid.
Willughsï, duquel eft la deferip-
tion de cet oifeau , tirée de la Suite de
la Mature Al édi cale, marque qu'il n'en
2 obfervé que cinq dans un trou pro-
fond d'une demi-aune , au bord d'une
petite rivière.
Ecoutons Beion fur ce qu'il rap-
porte de cet oifeau. Nous n'avons
point, dit-il, de couleur plus exquif;
que celle du Martinet Pêcheur , auquel
nous donnons ce furnorn de Pêcheur ,
à la différence de l'efpece d'Hirondel-
le , qui eft pareillement furnommée
Martinet, Se qui fait fon nid au bord de
l'eau , comme le Martinet Pêcheur.
Lorlqu'il trouve un lieu commode iur
le bord de quelque rivière, il creufe
la terre près de deux coudées de pro-
fondeur , avec fon bec , ainfi que le
Mérops ou Guêpier; mais comme il
nourrit fes petits d'une grande quan-
tité de poillbns , la Nature les a doués
de l'avantage , que , quand ils en ont
digéré la chair en leur eftomac , les
arêtes demeurent entières 8e en peloc-
tes , lefquelles ils revomiflent en une
petite mafle ronde , tout comme un
oifeau de proie rend fa curée des os Se
des plumes de l'oifeau. Cette malfe
d'épines Se d'écaillés demeure dans le
trou avec les excrémens de 1' 'Alcyon ,
Se qui ne fauroit ce que nous avons
décrit defdites arêtes , ou écailles ,
cenfidérant la ftructure du nid , diroit
proprement que les Martinets Pêcheurs
ont été chercher les épines despoilTons,
pour les mettre en leurs nids : nous-
mêmes au commencement nous trou-
vions étrange d'y trouver tant d'arê-
tes ; mais ayant fu l'artifice de la Na-
ture , qui veut qu'ils revomilTent les
épines quand la chair eft digérée , la
choie ne nous a pas été fi difficile à
croire.
MAP.
croire. Nous mangeons Indifféremment
toutes les autres efpeces d'oifeaux de
rivières, excepté les Alcyons , quoi-
qu'ils fe nourrifTent de bon poiflon : car
même fi les Payfans en dénichent une
grande quantité fur les bords des ri-
vières , ils n'en font d'autre eftime
que de les donner aux enfans pour s'en
jouer ou bien de les faire fécher , pour
■en garder les corps avec leurs plumes ,
à cau.Ce de leur beauté exquife : aufli
c'eft l'oifeau du plus beau plumage
que nous connoîflîons. Il eft un peu
plus grand qu'un .PafTereau. Il ne fe
pofe point à terre , non plus que le
Pic verd; car il a les jambes fi cour-
tes , qu'on diroit prefque qu'il n'en
a point. C'eft ainfi que Belon parle
du Marti/1 Pêcheur.
Voici les remarques & obfervations
de Mefïïeurs les Auteurs de la Suite
de la Matière Médicale. Belon eft
exact dans la plupart des faits qu'il
vient d'avancer; maïs nous ne croyons
pas que le Martinet Pêcheur creufe
lui-même la terre à une telle profon-
deur , pour y faire fon nid. La vérité
eft qu'il s'empare des trous creufés par
les Rats d'eau , ou par des racines
d'Aulne , ou par l'eau même , quel-
quefois dans le roc. A proprement
parler cet oifeau ne fait point de nid.
Quand il a trouvé un trou commode ,
il ne le quitte point, quand même on
lui dénicheroit fes petits. La femelle
eft un peu moins belle & moins grotte
que le mâle. On a beaucoup vanté la
fidélité de la Tourterelle pour fon
pair: mais il eft fort douteux qu'elle
l'emporte fur celle du Martinet Pê-
cheur.
Il y a quelques années, continuent
les Auteurs ci-defTus cités , qu'on nous
apporta en vie une femelle qui avait
été prife la veille fur fes œufs, qu'elle
couvoit le long des bords d'un étang,
dîftant de trois lieues, dans un trou
creufé horifontalement & profond de
deux pieds Se demi. Après l'avoir exa-
minée, nous la laiûames s'envoler, &
Tome HL
M A R 4r
fur le champ elle alla retrouver foa
mâle , en forte qu'elle recommença une
ponte , qui étoit la troifieme de l'année,
quoique la faifon fût déjà fort avan-
cée , Se ce qu'il y a d'étonnant c'eft
qu'elle pondit fept œufs à chaque cou-
vée. Plus le nid eft ancien , plus il con-
tient d'arêtes Se d'écaillés de poiflons :
mais ces écailles Se ces arêtes s'y trou-
vent pêle-mêle , fans aucun ordre ,
comme nous nous en lommes aiïurés »
en faifant fouiller la terre jufqu'au fond
du trou. Ce nid , félon un Auteur
Allemand , ell de figure ronde ; fon en-
trée eft fur un petit angle éminent. Il
eft compofé de fleurs de rofeaux , qui
font très-douces.
La femelle du Martin Pêcheur com-
mence à pondre de bonne heure , Se
fouvent fes œufs font éclos dès le pre-
mier jour d'Avril. Le mâle lui porte af-
fiduement force poiffons pendant qu'el-
le couve : alors il entre Se fort fans
crier ; ce qu'il ne faifoît pas aupara-
vant: la couvaifon dure environ vingt
jours. Les Martinets Pêcheurs ne font
pas tous également beaux , ni de la
même groffeur. Il y en a dont la beauté
eft ravinante , & qui font plus gros d'un
tiers que les autres. Au refte cette
obfervation n'eft pas particulière au
Martinet Pêcheur : elle lui eft com-
mune avec la plupart des oifeaux. Il
ne perd pas, comme quelques-uns, le
principal luftre de fes couleurs ; celle
des plumes ne s'altère point par fk
mort. Quand leurs barbes font déve-
loppées, le fuc nourricier ne s'y porte
plus: quand elles ont été arrachées de
l'oifeau , elles ne deviennent pas plus
feehes qu'elles l'étoient auparavant ;
le tuyau feul a pour lors quelque chofe
à perdre, mais ce ne font pas les cou-
leurs du tuyau qui plaifent à nos yeux.
Cette remarque eft de l'illuftre M.
de R é a u M u r , dont la mémoire ,
pour me fervir des exprefTions des
ïàvans Naturaliftes ci-defllis cités, ne
périra jamais , tant que les Lettres
iubfifteront , Se j'ajoute , à la mort
4 î M A R
duquel l'Hiftoire Naturelle vient de
perdre beaucoup. (
On dit communément , ( c'eft la re-
flexion des mêmes Écrivains ) , que les
oifeaux des Indes excellent pour le
plumage , & ceux d'Europe pour le
chant ; mais il nous femble que pour
la beauté même du plumage , nous
n'avons rien à défirer dans nos oifeaux:
Européens : car , fans parler du Paon ,.
qui eft fans contredit le Phénix des
oifeaux , ni de nos Volailles domefti-
ques , n'avons-nous pas le Faifan , la
Perdrix rouge , la Sarceile , diverfes
autres cipeces de Canards, l'Outarde,
la Cane-Pétiere de B e l o n , le Lran-
colin, le Geai ordinaire, le Geai de
Strafbourg , le Geai de Bohême , la
Hupe, ou Puput , le Loriot, le Plu-
vier doré , le Vanneau, la Pie, plu-
fîeurs fortes de Pics, les Pinçons, le
Bouvreuil ou Pivoine , le Chardon-
neret notre Martin Pêcheur, qui
lui feul efl vaut mille ?
C'eft une opinion généralement re-
connue , que la chair du Martin Pê-
cheur- eft incorruptible , Se que cet
oifeau fufpendu fec dans un garde-
meuble i a la propriété de préferver
les habits de toutes fortes de vermines.
Les Auteurs que je copie difent avoir
éprouvé le contraire 5 car outre que
nous avons trouvé, difent-ils, un tas
de Vers dans le gofier d'un de ces
oifeaux nouvellement tué , nous avons
vû un Pigeon Bizet mangé de Teignes,
malgré le voifmage de deux Martins
Pêcheurs fufpendus tout auprès.
Le Vulgaire s'imagine encore que fi
l'on pend ces oifeaux par le bec avec
tin fil dans un appartement , il tourne
toujours fa poitrine du côté du vent.
Albin Se quelques autres Auteurs
font dans cette erreur.C'eft la girouette
de nos Mariniers , mais une girouette
fur laquelle on ne doit pas compter.
Une Méfange ,. un Roitelet & tout
autre. oifeau léger, tourne de même
au moindre vent. Il eft très-faux que
le. Martin Pêcheur garantuTe une mai-
M A R
fon de la foudre , des procès Se de la
difette , Se que , tout fec qu'il eft , il
mue tous les ans , comme s'il étoit
vivant Nous ne lui avons point trou-
vé non plus cette odeur de mufe que
quelques Auteurs lui attribuent , mais
plutôt une odeur difgracieufe de poif-
fon pourri , qui dure long - temps »
fur-tout quand on le tient enfermé.
Le Martin Pêcheur contient beau-
coup d'huile & de fel volatiL L'ufage
de cet oifeau en Médecine eft très-
bornée. On en fait fécher le cœur,,
qu'on enferme dans un fachet & qu'on
pend au col des enfans, pour les pré-
ferver de l'épilepfie ; mais , comme
le remarque M. Lémerï, cet effet
eft peu alfuré ,. & il feroit mieux de
pulvérifer l' oifeau après l'avoir delfé-
ché Se d'en faire prtndre tous les jours
un fcrupule dans l'eau de Bétoine.
Il me paroît qu'A L b i n a confondu
le Martin Pêcheur avec l'Alcyon chan-
teur, autrement Rouflerole , ou Rof»
fignol de rivière, comme je l'ai mar-
qué plus haut ; car il dit du premier
qu'il a pris fon nom de ce qu'il arrive
au mois de Mars & qu'il s'en retourne
à la Saint Martin. Ceci convient à
l'Alcyon chanteur , très-peu connu
en France , & non au Martin Pêcheur ,
qui ne nous quitte point. L' Alcyon-
vocal , ainfi nommé par Aristote
parceqn'il chante Se pour être diftin-
gué de l'autre qui ne chante point
fréquente toutes fortes de pays , fuit
les rivières 8c les marécages 011 fe trou-
vent des rofeaux , dans lefquels en
été on entend fon chant , qui eft fort
agréable. C'eft par cette raifon qu'il
eft appellé par quelques-uns RoJJignol
de rivicre. B e L o n dit qu'il a le bec
tranchant, reifemblant en quelque cho-
fe à celui de la Pie Griêche. Cet oi-
feau paroît être hupé , mais cela pro-
vient de ce que les plumes de la tête
font longuettes; fes jambes Se fes pieds
font moyennement longs Se de cou-
leur cendrée. 11 ne vole gueres bien.
IL bat des ailes à la manière du Coche—
M A.R
vis. Gesnér affure que la graille de
cet oifeau eft rouge. Willughbï
dit la mène chofe.
Quant au Martinet Pêcheur, Albin
(Tome I. n. 54. ) rapporte que le Doc-
teur Charleton , dans fon Livre
intitulé Gnomaflicon , fait mention d'un
Martinet Pécheur venu des Indes. Il
n'cft gueres plus grand qu'un Roitelet.
Albin lui-même marque en avoir
vu un, que le Docteur Scherwonp
avoit apporté de Smyrne , dont voici
la defcriprion.
MARTIN PÊCHEUR DE
SMYRNE, en Latin Smyrmnfis
Cerylur : en Anglois the Sinyma King-
Fijcher. Cet oifeau , dit-il , eft environ
trois fois auffi gros que le Martin Pê-
cheur d' Angleterre ; le bec eft long Se
épais vers fa racine : il finît en une poin-
te aiguë, Se eft rouge ; il a l'iris blanche,
le fommet de la tête Se le col bruns ,
ainfi que la partie inférieure du ventre
Se des cuifTes ; la poitrine traverfée
d'une bande blanche , qui finit fous la
naiflance des ailes ; le dos , la queue
& les ailes par-tout d'un verd fombre ;
les jambes Se les pieds d'un beau rou-
ge. A LB 1 N a fait cette defeription fur
un de ces oifeaux, tué au bord de la
rivière de Smyrne par un Conful An-
glois Se confervé dans de l'efprit de
Tin.
MARTIN PECHEUR DE
LA C A R O L I N E. Le même Au-
teur dit avoir vu un Martin Pêcheur
de la Caroline , qui étoit encore plus
grand. Il étoit d'une couleur un peu
obfcure , avoit une grande hupe de la
même couleur; le ventre , la poitrine
Se les cuifTes d'un rouge pâle ; le bec
Se les jambes de couleur de frêne fom-
bre ; la gorge & une partie du col
blancs. Tome If I. n. 27. &r 28.
GrandMARTIN PÊCHEUR
de Bengale , en Latin Alcedo major Ben-
galenfïs. Cet oifeau , félon Albin,
eft de la grandeur de la Grive ; fon
bec-a trois pouces de longueur Se eft
de couleur écarlate; il eic épais à la
M A R 43
racine, Se finit en une pointe aîgue -
l'iris eft d'uajaune charmant ; la tète ,
le deflus du col , ainfi que la partie fu-
périeure du dos font bruns ; la gorge,
la poitrine Se une partie du ventre font
blanches ; aux deux côtés de cette par-
tie il y a cinq taches larges Se brunes ;
le bas du dos , les ailes Se la queue font
d'un beau verd clair Se bleuâtre , ex-
cepté les plumes couvertes des ailes,
qui font brunes; le bas du ventre Se
les cuifTes font de cette même cou-
leur; les jambes font courtes Se les
doigts longs: les uns Se les autres font
de couleur orangée. Cette defeription
efl faite fur un oifeau apporté de Ben-
gale en 1734.
Petit MARTIN PÊCHEUR
de Bengale , en Latin Alcedo Benga-
lenfis minn , en Anglois ihe Small
Bengal King- Fijcher. Cet oifeau , fé-
lon Albin (Tome IIP n. 29. ) , eft de la
grandeur du premier Martin Pêcheur
dont nous avons parlé ; fon bec eft de
couleur écarlate ; il a fur le front,
tout près du bec une tache jaune , Se
fous la gorge une grande tache blan-
che ; de plus une bande noire , qui pro-
vient du bec Se entoure les yeux ; le
fommet de la tête eft d'un rouge fale ,
Se au-delTous il y a une raie d'un bleu
fombre , qui eft féparée du des par
une bande de blanc ; il a le des d'un
bleu fombre Se les ailes d'un gris fort
obfcur; le croupion & le delTus de la
queue font rouges ; le defïbus du col ,
la poitrine , le ventre Se les cuifTes ,
ainfi que le deffous de la queue, font
d'un beau jaune ; les jambes Se les pieds,
de couleur écarlate.
MARTINAZZO , nom qu'on
donne à Venife à une efpece de Mouet-
te , ou de Larus , oifeau aquatique ,
oui eft le Wa^ellus de Rat. Voyez
MOL E T T E.
MARTINET, efpece d'Hi-
rondelle, qui a la çorge Se le ventre
bla ncs Se le dos noirâtre. Cet oifeau
vole fans cefTe Se ne fe perche jamais
que dans fon nid. Il y a deux efpeces
44 MAS MAT
MAT
de Martinets , le grand & le petit.
Voyez HIRONDELLE,
MAS
M A S I E R , nom que M.Ada N-
!on( Hifi. des Coquillages du Séné-
gal* p. i<5(?.) donne à un Coquillage
operculé , du genre du Vermet , de
la cote du Sénégal. Cette efpece ,
dit-il , eft la plus grande des Ver-
mets qu'il y ait obfervécs : elle y eft
auffi extrêmement rare. Il ne l'a trou-
vée qu'aux environs du Cap Verd ,
où elle vît folitairement. Sa coquille eft
fort épaifîe , longue d'un pied , large
de huit à neuf lignes , marquée de
■vingt canelures longitudinales » ex-
trêmement fines , Se tournée fur elle-
même en trois rpircsaiFezirrégulieres,
dont celle du fommet fe trouve au-
deiibus des autres. Son ouverture ne
«'élevé pas au-defTus des fpires. Elle
eft grîfe , fauve , ou couleur de chair
au-dehors , Se couleur de corne au-
dedans. Ce Coquillage eft figuré à la
Planche XI. n. f.
M. Adakson- range fous cette
efpece de Vermet, ou de Vermifïeau,
les Tubuli alii in quibus Vermes deli-
tefeutu d'A ldrovande, Exfang.
p. $<fï. de Rumphius, Muf. p. iio\
Jab, 41. Litt, L.
Le Tubuhts biftoruformis de Lan-
chius , Meth. p.
Le Vermiffeau des mieux contour-
nés , de couleur de chair en quelques
endroits Se blanc dans ie refte , de M'.
D'A rgenville, figuré à h Plan-
che IV. Lett. H. p. 197. de l'Édition
MAT
MATA D O A, nom que ht mè-
ne Auteur (p. 239.). donne à un Co-
quillage bivalve du genre de la Tel-
line. C'eftfa cinquième efpece , qu'il a
©bfervée vers l'embouchure du Niger,,
où elle eft fort rare , dit-il. Sa coquil-
le eft triangulaire ,. Se femblable à la
^uataenae eipece qu'il nomme Tivel»
mais moins large S: moins appîatîefirff
les- côtés qui regardent le fommet.
Elle a un pouce & demi de longueur»
Ce qui la diftingue de toutes les au-
tres Tellines , ce font quarante A
quarante-cinq petites canelures tranf-
verfales , qui iont répandues fur toute;
fa furface parallèlement à fa largeur.
Son fommet n'eft pas placé exacte-
ment au milieu de fa largeur , mais un
peu au-deffous. Sa couleur eft blan-
che , Se quelquefois jaune , tant au-
dedans qu'au-dehors , fur-tout verï
le fommet. Ce Coquillage eft figuré à
la Planche XVIII. «.5.
M.Adanson range fous ce nom
la Cama circinnata , Malaicenfibus de
Rumphius, Muf. p. 1-39. dont parle
M. Klein , Tent. p. i 52. fpec. r, n. 6.
Se la Cama in&quilatera , tranfvtrfm
flriata de Langhius , Meth. p. 70.
M A T I N A , nom qu'on donne en
Italie , dit R a y , à la Car.e-Pétïere ds
Belon , ou Canard de pré d'ALBJNV
Voyez CANARD DE PRÉ.
MATU1TUI, nom que Marc-
Grave donne à un oifeau duBré(il ,de
la grandeur d'un Étourneau. Il a le col
court , de même que les jambes ; le bec
eft droit , fort ,• de couleur de vermil-
lon ; le dos eft tout brun tacheté
d'un jaune pâle ; fon gofier eft jaune *
le bas du corps eft blanc , marqué de
points bruns ; fes jambes font d'un cen-
dré obfcur. C'eft ainfi qu'en parle Rat,
Synop. Meth. Av. Appcnd. n.16^. «.3.
Cet. Auteur dit , p. 11 3 . que le Ma-
tuïtui, commun en Amérique , eft auffi
commun- en Europe , étant le même
oifeau que le Charadrius , ou Hiatula»
que nous nommons Oifeau de rocher*
Voyez ce mot.
MATURAQUE, poîfTon dn<
Bréfil , félon Marc Grave, donr
le corps eft oblong , prefque de lai
longueur d'un demi-pied , Se de la lar-
geur d'un doigt Se demi. Il a la tête-
large , & il eft couvert d'une peam
dure. La mâchoire inférieure eft unv
peu plus, longue qwe la fupérieure> èe
M A V M A U
elle eft garnie de fix dents très-po : tt-
tties : les yeux ont l'iris de couleur
d'or , Se en dehors elle eft brime : fa
queue finit en ligne droite * fes écail-
les font grandes Se rangées par ordre :
le haut de la tête , ainfi que le dos Se
les côtés , font noirs , comme toutes
fes nageoires ; fon ventre eit Uanc.
C'eft un poiflon de lac Se de marais ,
d'un fort bon goût, qui n'entre point
dans les rivières , dit R A ï > SjHop.
Meth. Pifc. p. 1 1 2, ». 12,
M A V
MAVALI: Hëurera donne
ce nom à un poiffon extraordinaire ,
qui a vingt pieds de longueur , Se dix
de groffeur. Son cuir eft fort dur, Se
ïl reffemble en quelque façon à celui
du Bœuf Ce poiffon fe trouve dans
les Indes Orientales. Le même Au-
teur dit ( L. V. c, 2. ) que le Cacique
Caramitix en avoit nourri un dans
un lac pendant vingt-fix ans : il étoit
apprivoifé , Se fortoït de l'eau pour
aller manger à la maifon ; il prenoit
tout ce qu'on lui donnoit , Se jouoic
avec les enfans. Il paffoit jufqu'à dix
hommes fur fbn dos , fans en être in-
commodé.
MAUCE, efpece de Mouette.
Voyez MOUETTE.
M AU R E , poiffon des Indes , quî
tft d'une très -grande utilité , félon
R u y s c h , de Pifcib. p. 16. Tat>, 0.
k. i . La chair en eit bonne. Sa couleur
noire Lui a fait donner le nom de
Maure * maïs cette noirceur ell variée
de petites lignes confufes , telles qu'on
en voit dans les pierres de Porphyre ;
une raie blanche entoure fa tête - t le
long du corps, des deux côtés , il a la
Hiême raie , mais beaucoup plus large j
les taches qu'il a fur le dos font de la
même couleur. Ce poifïon n'a pref-
que point de nageoires à la queue : il
en a deux fur le dos ; d'autres fous le
ventre , proche de la queue , qui ne:
font pas petites - .
MAUVE. Voyez MOUETTE.
M AU 4j
MAUVIS , ou GRIVE ordi-
naire , en Latin Pur dus fïmpticiter dic-
tas. Cet oifeau eft le Turdus Itiavuf
de Ray , ainfi que des autres Natu*
raliftes. J'en ai parlé au mot GRIVE.
Comme on le connoît plus particu-
lièrement fous le nom de Mauvis ,
voici La defeription de cet oifèau , telle
qu'elle eft dans la Nottvtlle Hijloirs
des Oijeaux , donnée par Albin „
Tome L n. 34.
Tout le monde recherche avec rai-
fon cet oifeau , par rapporE au goût
délicieux de fa chair. Il gafouill-e admi-
rablement bien , non-feulement parce-
que fon ramage renferme une grande,
variété de ton3 , mais au(fi par l'agré-
ment qu'il procure pendant neuf moi*
de L'année au moins.
Ces oifeaux engendrent ordinaire-
ment dans les mois d'Avril , de Ma*
Se de Juin. La première couvée eit
toujours la meilleure de toutes. Or*
peut les prendre âgés de quatorze 01*
quinze jours. Il faut les tenir chaude-
ment , proprement , 8c les nourrir de
viande crue , de pain Se de chenevt
égrugé : il faut hacher la viande , hu-
mecter le pain un peu , & enfuite les
mêler er.femfale. Lorfqu'ils ont leur
plumage , on les met dans une cage'
avec deux ou trois petits bâtons pour
les jucher , S: de la moulTe lèche au.
fond. On peut les défaccoutumer in-
fenfiblement de la chair Se ne leur
donner que du pain Se du chenevi. il
faut leur donner de l'eau fraîche deux
fois la feinaine , pour fe laver , fanss
quoi ils ne fe porteronr pas bien. Si oit;
n'a pas foin de les nettoyer , ils fonc
fujets à la crampe.
Cet oifeau eft Ci reffenablarït à la:
Roitge-aile par fa figure Se ia couleur r
qu'il eft difficile de les diitinguer 5
mais le Mauvis a des taches fur la poi-
trine Se fur le ventre. Les plus petites-
plumes couvertes de deffous les aîles-
font de couleur d'orange Se les plus-
hafiës ont les pointes jaunes. Les gran--
des plumes de chaque aile font a#i
4<S MAX
nombre de dix -huit. Sa queue ert com-
pofée de douze plumes , & a trois pou-
ces & demi de longueur. Son bec a un
pouce de longueur, & elr, de couleur
brune. Sa langue eft un peu fendue ,
Se le dedans de fa bouche eft jaune.
Les yeux ont l'iris de couleur de noi-
fetier ; les taches en font brimes : la
poitrine eft jaunâtre , le ventre blanc ,
Se la furface du deiTus du corps eft
par-tout de couleur olive. Cet oiieau
a neuf pouces de longueur , depuis la
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de
la queue , Se quatorze pouces de lar-
geur les ailes étendues. Il a les cuif-
fes Se les pattes d'un brun clair , ou
d'une couleur obfcure : les bouts des
pattes font jaunes ; le doigt de dehors
eft joint à celui du milieu jufqu'à la
première jointure. Il fe nourrit d'in-
feéles 8c de Limaçons , de même que
dt bayes d'Épines blanches Se de Guy.
On voit cet oifeau pendant tout le
cours de l'année , 8e il engendre au
printemps. Il fait fon nid dans des haies
épailTes , Se le compofe avec de la
boue , de la moufle Se de la paille , Se
le dedans eft enduit de terre argilleu-
fe. Il pond cinq ou fis œufs d'un verd
bleuâtre, tachetés d'un petit nombre
de marques noires , femées çi Se là.
Il eft folitaire , niais Se facile à pren-
dre. Au commencement du printemps ,
51 fe perche fur les grands arbres , 8c
chante fort agréablement.
MAX
M A X O N , nom que Rondelet
donne à un poîflon de mer , qui elt le
Mti£>y d'AïuSTOTE , traduit en Latin
par Muco , félon Gaza . Il fuit le Ca-
hot Se le Same pour la bonté ; il ref-
femblc au dernier , mais il eft plus ba-
veux : fâ tête eft moins pointue ; fa
chair plus gluante. Rondelet mar-
que que quelques-uns lui ont donné
ie nom de Baccbm , foit pareequ'il eft
de couleur rougeàtre , ou pareeque,
çomme les ivrognes , ce poitTon chan-
celé dans l'eau , Se va fe promener
M A Z M E A
de côté Se d'autre. Aiitedi lui donne
le nom de Chelon.
Outre les N;uur ilittes cî-defius cités , on
peut encore confulter A. al s tôt E, L. V.
C. 11. & L. VI. C . \ 7. Rûr DELIT) L. IX.
c. 3. p. zio. Edit. FraKf. A&tedi , Uhik.
Part. V. p. 1 18. G e s n e r , de Aquat. qui en
ont parle.
M A Z
M A Z A M E , ou CERF cornu
de la Nouvelle Efpagne. Cet animal a
de petites cornes, tournées, recour-
bées en arrière Se en pointes. Voyez
CERF.
M A Z A R I N O , nom que les
Portugais donnent à un oifeau du Bré-
fil, que Marc Grave appelle Cari-
caca. Voyez CARICACA.
MAZERETA, nom qu'on don-
ne à Ferrare à la cinquième efpece de
Cancre, nommée Latipes par Ron-
delet. Voyez CAN CRE.
* M A Z I N >E : G e s N e r ( ^
Aquat. p. cTlQ.)dit que, félon Tiîéo-
fhraste , ce font de petits poiiTons des
Indes, qui forteni des rivières pour
fauter fur la terre , Se qui retournent
enfuitedans l'eau comme font Ils Gre-
nouilles.
* MAZOS: Epicmarmus,
au rapport de Gesner (îùid. p. 610 ),
donne ce nom à de certains poilfons
qui nous font inconnus.
M E A
M E A R , hom que les Nègres du
Cap Verd en Afrique donnent à un
poilfon. 11 eft de la grandeur d'une
Morue, Se prend le fel comme cette
forte de poiflon , mais il eft plus épais.
Robert eft perfuadé qu'un Vaif-
feau pourroit en faire fa cargaifon ,
plutôt que de Morue, Se qu'elle fe
vendrait aufll bien , fur-tout à Téné-
rif. Le fel étant fi près , l'opération
en feroit beaucoup plus prompte , Se
fe feroit à bien moins de frais , d'au-
tant plus que les Nègres de Saint An-
toine , ainfi que ceux de Saint Nico-
las , font d'une adreife extrême pour
M E E M E L
la pêche Se pour la falaifon. Hifl. Gcn.
des Voyages Tome VI. p. 127, Edit.
in- 1 a-
M E E
MEERAEL, nom que Nieu-
H o F F donne à un poifTon des Indes ,
qui lignifie en François Anguille de
mer , en Latin Anguilla marina. Laet
le nomme Ubirre. Ce poifTon a le corps
brun , marqué de taches faites en for-
me de lofanges. Il le dépouille de fa
peau comme le Serpent. La partie an-
térieure du corps eft mince ; celle de
derrière eft du double plus épaifTe :
fcn mufeau eft long , Se prefque tou-
jours entr'ouvert; fes dents font tres-
pointues , mais on ne les voit pas aifé-
xnent. Il fe retire entre les rochers ,.
où il s'engraiffe , Se devient une fort
bonne nourriture. Ceux qui en tuent
font faifis de frayeur, Se s'affoupi'Tent
quelquefois , mais ce fommeil fe diffi-
pe. Il approche en beaucoup de cho-
ies du Ahtcu de Marc Grave ,.
mais c'eft un poifTon différent.
MEERWYRM, nom que
JonstonC Infed. 25.) donne à un
Ver aquatique , qui le trouve dans les
lacs Se dans les fontaines. M. L 1 n-
N A" U S ( Fauna Suec. p. ^6^.n. 12.65.)
le nomme Gordius pallidus , cauda c&-
■piteque nigris. Dans le Voyage de Goth-
land 1 p. 282. il eft nommé Gordius-,
ScchezGESNER (de Aqilat. p. 463.),
ainfi que chez Aldrovande {Infect.
720. ) , il a le nom de Vitulus aquati-
eus, Se celui de Seta aquatica. On l'ap-
pelle en Suéde Onda-Bctet.
M E L
MELANAÈTOS, nom que
les Grecs ont donné à une efpece
d'Aigle , qui eft lar Valeria Aquila
des Latins, & celle que nous nom-
mons en François Aigle noire. Voyez
AIGLE.
M E L A N C O R Y P H O N ,.
nom que Ray donne à une efpece
de Larus „ oifeau aquatique du genre
M F. L
47
des Mouettes , qui eft le Larus major
cinereus de Baltner, 8c le Cata-
racla d'A ldkovande. Voyez au
mot MOUETTE.
MELANDRIN, du mot Grec
MiX<*f$f»yo« : Ce poifTon eft ainfi nom-
mé , dit R O N D E L E T ( L. V. C. J.
Edit. Frarif. ) , à caufe de la noirceur
de fon corps. Aristote Se Pline r
de même qu'OppiEN , ne font point
mention de ce poilTon, mais feulement-
Athénée, qui le nomme Speialppus.
IL fe trouve dans nos mers , Se fe vend
fous le nom de Sargo , à caufe de fa
relfemblance avec celui-ci. Il appro-
che auffi du Nigroil ; mais fon corps eft
un peu plus rond, Il eft noir par tout
le corps , Se de couleur violette au-
tour de la tête : fes dents font petites
& aiguës. Il a autant de nageoires que
le Sargo , Se elles font placées de mê-
me. Sa queue eft différente , n'ayant"
qu'une nageoire: autour de l'eftomac,.
il a quatre additions. Son foye tire en—
tre te rouge Se le blanc ; la bourfe
du fiel y eft attachée : fa rate eft gran-
de Se noire. Sa chair eft molle Se d'utr
a fiez bon goût. G e s n e r C de Aquat.-
p. 63 7. ) parle de ce poifTon.
MELANTHR1N , du Grec
MsXct' ô'CiVOf. O P P 1 e n donne ce nonr
m Thon. Voyez THON.
ME LANURE, du mot Grec
MtïJvapoç : C'eft un poifTon que Ron^
det et nomme Nigroil , Se auquel on'
donne le nom à'Qblado à Marfeille
ainfi que celui d'Ofrlada , félon le-
rapport de Gesner (de Aquat. p.
6"3 S. ) , de R o N D E L e t ( L V. c. 6.
p, 115. Edit. Franf. ) , Se d'A R T E D i-
(lehih. Tart. V. p. 59. ». 4.) qui le
met dans le genre des Spares. Voyez'
NIGROIL.
M E L A R : C'eft un Coquillage
operculé , ainfi nommé par M. A dan-
son ÇfJift. des Coquillages du Séné-
gal , p. 90. ) , du genre du Rouleau „•
Se qui eft mis par l'Auteur dans la-
feélion dès-Limaçons opercul's 11 IV
obfLrvé au Sénégal , fur les rochers du;
4 S MEL
Cap Bernard. 11 dît que l'animal ne
diffère du Jamar , autre efpece du
même genre, qu'en ce que Ion pied
eft auffi long que fa coquille. Cette
coquille a une fois plus de longueur
que de largeur; fou grand diamètre
eft de deux pouces Se demi : elle n'a
que dix fpires , parfaitement fembla-
Mes à celles de la première efpece ;
mais elles font traverfées parun grand
nombre de petits filets très -ferrés. On
compte depuis quatre-vingts jufqu'à
cent de ces filets dans la première
fpire. Le fommet a deux fois plus de
largeur que ce longueur. La longueur
de fon ouverture eft feptuple de fa
plus grande largeur. Cette coquilk eft
quelquefois d'un beau blanc, Se fou-
vent de couleur de chair, marbrée de
grandes taches brunes , non interrom-
pues dans quelques-unes , Se divifées
en trois bandes dans d'autres. C'eft
çlc-là qu'elle a pris le nom d'Êcorchée,
fous lequel elle eft connue dans la
plupart des Cabinets des Curieux.
En effet, M. d'A rgenville,
qui l'a fait figurer à la Planche XIII,
lett. C. de l'Édition de 1 757. dit que
cette efpece de Cornet , par fon fond
couleur de chair , approche de la cou-
leur d'une Écorchée , dont il a pris le
nom. Ce fond, ajoute-t-il , eft tra-
yerfé de grandes taches brunes , Se eft
rayé par-tout légèrement.
Ce Coquillage , figuré à la Plan*
che VI. n. 2. de l'Ouvrage de M.
Adanson, eft le Rbombus cylindre-
pyramidalis , finis capillaceis , puntla-
tifqut circurnjeriptus , claviculâ intégra
de Liste tt , H'ifi, Conchyl. lab. 755.
fis- 7-
Le Rbombus cylindro-pyramidalis , ex
rufo nebulatus , finit capillaceis dona-
tus , claviculâ fulcatâ du même Au-
teur, ibid. Tab. 760. fig. C.
Le Cyli'idms Moluccenfts , craffus ,
çarneus , fafciis capillaceis fufeis de
jPETïVERT , Qazoph, Vol, IL Cat. 24$.
f*b ( 98. fig. 9.
La Çoçhlea pyriformis intorta , tnte-
MEL
gra , bafi fulcatâ , finis minimis dont-
ta , ex albido purpura/cens , colore bel-
vaceo , jeu. rufo nebulata de G u A L-
Ti E ri 1 Ind. Txb. &pag. 26. lit t. D.
Et enfin le Conus Voluta Jigrmf *
bafeos muricau anguftioris fpiris J'd-
catis , & ventre longs ,fttbtiliter firiato ,
nubeculis cafianeis, fœpe nigrkantibus
Jitper albo & rubentï de M. Klein,
Tent. p. 71. (pce. 2. ». 2.
MELE ï, nom queRoNDELET
(L.VIII. c 9. p- 180. Edit. Franc.)
donne A un poiffon nommé .-'Sriçnct. en
Grec. A Rome on l'appelle Lathcrina:
dans le Languedoc Se en Provence
Mclet Se Sanclés. C'eft un poiffon de
rivage , ou d'etang de mer , dit R o N-
Delet. Il a douze doigts de lon-
gueur Se n'a de groffeur que celle du
petit doigt. Il eft épais du dos Se plat
du ventre; fa bouche eft petite Se fans
dents ; fes yeux font grands Se de di-
verfes couleurs ; il a le ventre argen-
té , le dos brun , la tête entre le jaune
Se le rouge , comme la Sardine : deux
nageoires aux ouies, deux au ventre ,
une autre proche de l'anus , deux au-
tres au dos : elles font toutes blanches ;
il a un trait qui va par le milieu du
corps depuis les ouies jufqu'à la queue;
fa chair tient le milieu entre le mou Se
le dur : elle eft d'un bon goût. Ce
poilTon fait fes œufs vers l'Equinoxe
de l'automne , en fe frottanr le ven-
tre contre le gravier. C'eft ainft que
Rondelet parle du Melet.
Artedi (Ichth.Part. V. p. 1 1 6. n. 1 )
parle de trois poitlons nommés î-&<p/fa.
Le premier dont font mention Aris-
t o t e (L.VI. c 17. L. IX. c, z. ) „
Oppien (L.I. p. 5) Se Athénée
( L. Vil. p. 85. ) , eft celui d'où fart
YEpfctus , c'eft-à-dire le jeune Atbe-
rina. Rondelet en parle fous le
nom d'ivojl : G e s N e r ( de Aquat. ) ,
A l d r o v a n d e (L. 11. e. j 5.) &
J o N s t o N ( L. /■ c . 1 . ) fous celui
d'Epfetus. Gaza a traduit le mot Grec
e*4«t9« par Ârifia , Se W 1 l 1. u g h b y ,
p. 209. Se Ray, p. 79. difent que ce
petit
M E L M E M
petit poiifon eft nommé Anguella à
Venife.
Le fécond Atherina, nommé Laihe-
- rïna à Rome Se décrit par A L D r o-
V A N D E (L.ÎI. C. 3 6. ) , G E S N E R
(de Aquat.) , Jonston ( L. 1, ci.),
Willughby , p. 209. & Ray , p. 70.
eft le poiffon dont nous avons donné
d'abord la defeription d'après Ron-
delet.
Le troifieme Atherina , qui a la
queue fourchue , eft auffi nommé An-
guella à Venife , Se a été pareillement
décrit par Belon, Gesner
Aquat. ) , A I, D R O V A N D E ( L. II.
C. 36.)) WlLLUCHBÏ , p. 2 I O, &
R a y , p. 97. Mais ces trois efpeces
de poiiTons , félon Artedi , ne diffé-
rent tout au plus entre eux que par
quelques variétés , comme l'a obfervé
le favantlchthyologue Suédois. Voyez
I V O I L , nom que Rondelet
donne au premier Atherina.
M E L E T T E , poiffon de la côte
d'Or en Afrique, B o S M A N en donne
de deux efpeces, l'une grande Se l'au-
tre petite , qui font toutes deux fort
grades dans leur faifon , mais dont la
première eft fi cordée , qu'on en fait
peu de cas. L'autre eft fort agréable,
foit marinée comme le Thon , foit
defféchée comme les Harengs rouges,
Se les Hollandois en font de grofles
provifions. H 'ifi. Générale des Voy.zges ,
Tome XIV. p. 237.
MEUS OPHAGO, nom que
les habitans de l'Ifle de Candie don-
nent à un oifeau fort commun parmi
eux , Se que nous nommons Guêpier-
Merops , pour le diftinguer d'un autre.
Son ancien nom en Grec eft \itpo-\. , en
Latin Apiafier , dit Belon, de la
Nature des Oifeaux , L. IV. c. 21.
p. 224. Voyez GUÊPIERSc
MEROPS.
M E M
MEMBRADAS, poiffon
qu'A t h É n É e nomme XputrottÈcpaAiJî
EB^pstç , c'eft à-dire, Poiffon qui ala
Tome III.
M E M 49
tête d'or. C'eft le même que le Célerin
Voyez CÉLERIN.
MEMBRE MARIN, en Latin
Aîentula marina , Zoophyte , ou Plan-
te animal, auquel les Naturaliftes ont
donné ce nom , pareequ'il reffemble
à-peu-pres à la partie naturelle de
l'homme. Il y en a de deux efpeces,
félon Gesner, Aldrovande
(L.IV. c.j.), Belon Se Rondelet.
Ces Zoophytes ne devienne nt la nour-
riture d'aucun poiffon Se on n'en trou-
ve fur le bord des rivages que dans
les lieux où il y a des Patelles Se des
Ricins. On les appelle en Latin Géni-
tale , ou Mentula marina , pareequ'ils
font ronds Se longs d'un pied. Leur
groffeur eft celle d'un bras médiocre.
Ils s'allongent Se fe raccourciffent com-
me les Sangfues. Leur couleur eft
rouffe. Ils font lents dans leur mouve-
ment , marchent en ferpentant , pa-
roiffent remplis de na-uds Se ont la fi-
gure du Lys d'étang , en Latin ~Nym-
ph&a. Ce Zoophyte fe trouve tou-
jours au fond de l'eau Se ne nage ja-
mais. Quand il eft: ramaffé , il a la peau
de la dureté de la corne , Se à peine la
pointe d'une épée ou d'un couteau la
peut-elle percer ; mais s'il fe remue
de fon plein gré, cette peau devient
molle. Il a deux efpeces de trompes
d'un pied de longueur, qui, quand il
les retire , ont à peine fix doigts. Par
les cavités ou trous qui font à ces ef-
peces de trompes, ou cornes , il s'at-
tache aux pierres , où on en trouve en
quantité. A la partie antérieure de fa
tête il fait fortir comme des cheveux,
ou petits arbuftules , creux en dedans ^
dont il fe fert pour approcher de fa
bouche tout ce qu'il touche. Cette
bouche eft grande Se il y fait entrer
toutes fortes de Coquillages tout en-
tiers ; fes excrémens font gluans , blancs
Se copieux , Se deviennent fi durs ,
qu'ils peuvent le difputer à des cordes
de boyau ; fa bouche faite en rond
paroît garnie de petits offelets , quî
font autant de dents ; par-tout ail-
50 M E M
leurs il n'eft compofé d'aucun os •
l'ouverture de fa bouche , ou Ton œfo-
phage , porte à l'eftornac tout ce qu'il
prend , de même que fait l'Hérilfon
de mer ; fes inteftins font en rond dans
fon corps & à peine peut-on les obfer-
ver. C'eftainfi queRuYSCH (Exjang.
p. 57. c. 4. ) parle d'après B e l o n de
la Mentuia marina, U en donne de
deux différentes figures.
Rondelet, dit le même Auteur ,
en donne aulfi de deux efpeces. La
première a la peau dure comme un
cuir: quand elle eft vivante, elle s'en-
fle & s'allonge : quand elle eft morte ,
elle eft molle ; fes parties internes ne
fe peuvent diftinguer. L'autre eft cou-
verte d'une coquille dure Se cartila-
gineufe , tranfparente Se ridée.
G e s N E R parle aulfi de deux Mcn-
tula marina. La première eft une maf-
fe informe : par derrière elle eft plus
groife , plus élevée & a la figure d'une
petite corne ridée •> la partie oppofée
eft plate & fait voir une efpece de
gland , on il y a un trou de couleur
rouge. L'autre , qu'il nomme Epipc-
trum , eft aulïï une maife informe , iné-
gale Sctubéreufe, percée de pluficurs
trous ; fa couleur eft en partie noire ,
Se en partie rouge ; dans quelques
endroits il y a du blanc.
M E M 1 M A , animal fauvage des
Ifles de Java & de Ctylan, qui n'eft
pas plus gros qu'un Lièvre, mais qui
rciTembk parfaitement à un Daim. 11
eft pris & tacheté de blanc , & fa chair
eft excellente. Hift. 67». des Voyag.
TomeVtU.if-4. 0 . p. 5 <5.
M E M O A : On trouve ce nom
dans Marc G R A V E , c. 1 2. donné
à un infecte du Bréfil , efpece de Ver
luifant, qui donne pendant la nuit une
cl rté admirable. On en voit aulTi dans
les Iflcs de l'Amérique. Cet animal a
aux deux côt^s un. tache blanche Se
brillante , d: la rrand _ur d'un grain de
Pavot. IL nfortnuit 3c jourdes rayons.
On voit suffi dans le même pays des
Mouches 3 qui donnent une lumière
M E N
auffi claire que celle d'une lampe , ou
d une chandelle. Ces infectes volans
font nommés Acaàia chez Herrera.
M E N
M END OLE, poîffon de mer,
qui eft le mWk d'ARiSTOTE , L.VL
c. 1 5. & 17. L. VIII. r. 30. & L. IX.
c. 2. d'O p p 1 e N , L. Le 5 . & d'A-
T H É N É e , L. VII. c. 3 1 3 . la Mene-
rela d'O v 1 d e", Haï. v. 1 20. la M<t-
na de Pline , L. IX. c. z6. ainfi que
de B e l o n , de Pifc. de Ronde-
l E T , L. V. c. 1 3 . p. 1 24. Edit. Franç.
de Gesner , de Aauat. p. 615. d'AL-
dro van de , L. 77. c. 39. de J O N s—
TO N » L. I. Ç. I. de C H A R L E T O N ,
p. 144. de W ILLUGHBY, p. 318.
& de R A Y , p. 135. Ga z a a traduit
le Maiiiif d'A r 1 s T o T E par Alec.
Artedi (Ichth.Part. V. p. Si. «. o.)
met ce poilfon dans le rang de ceux:
qui ont les nageoires épineufes , en
Latin Pijces acanthopterygit > Se du rang
des Spares. 11 le nomme Sparus va-
rias , macula nigricante in medio la- 4
tere , dtntibus quatuor majoribits.
C'eft un poilfon couvert d'écaillés ,
f mblable à la Bogue , dit Rond e-
I e t , un peu plus large & plus court ,
qui n'a pas plus d'un empan de long.
II a le mufeau pointu , la tête plate „
les yeux plus petits que ceux dt la
Bogue , & des dents très-menues. Ce
ponTbn eft blanc en hiver, & dans le
"printemps : dans l'été , il eft de diver-
ses couleurs ; car il a fur le corps des
taches bleues , principalement à :a tête
& au dos , & au milieu du corps, de part
Se d'autre , une tache grande Se pref-
que ronde. 11 a des pierres dans la
tête. Les parties intérieures du corps
font femblablts à celles de la Bogue»
Quand la femelle commence à s'em-
plir d'oeufs, le mâle change de cou-
leur ; il devient noir, Se fa chair eft
mauvaife Se puante. La femelle , au
contraire , eft meilleure , quand elle cli
pleine : elle fraye en hiver.
Dans Athén ïe, Hesïchius
M E N MER
dit que ce poifibn eft meilleur que le
Gouiôfl , quoique non fi agréable au
goût, ni fi facile à digérer. Ce n'eft
pas le fentiment de Rondelet.
La chair du Goujon eft friable & autïi
bonne que celle des poiiTbns de ro-
chers ; ainfi la Mendt/le ne peut être
meilleure : cependant celle-ci eft d'un
a'iezbon fuc.EUe eft meilleure frite que
bouillie. Les Anciens n'en faifoient pas
grand cas. On s'en fert en Médecine ,
félon Dioscoride. Les maladies
du fondement fe guérifïent avec les
cendres de la tête des Mendolet ; cel-
les de la houche fe guérifïent avec de
la faumure de ce poifïbn. Pline,
Galien & Dioscoride, ainfi
que Paul Eginette, parlent
amplement de fes propriétis en Méde-
cine. On le nomme à Rome Menola s
à Marfeille , Cagarel s en Languedoc,
JtiJ'cle, Se fur les côtes de la mer Adria-
tique , Sclave,
MENLOSSES, forte d'Abeil-
les de Pille de Ceylan. Voyez au mot
ABEILLE.
MER
MERE DES FOURMIS,
en Latin Mater Formicarum , nom que
C L u s i us donne à une efpece de
Serpent , dont on voit la figure dans
R u Y s c h , de Serpent. Taù. 7. fans en
donner la defeription,
MERLAN*, poifibn de mer ,
mis par Ahtedi ( Icbth. Part. V.
p. 34. n. I.) dans le rang des poilTons
à nageoires molles , inter Pi/ces mala-
coptcryçiof. On le pêche dans l'Océan ,
dit Rondelet, L.IX. c.y.p.ziS.Edit.
Frarif. Il a la tête & le corps applatis
* On trouve aulTi écrit Merlanc , ou Mer-
lans , difent les Auteurs de la Suite de la
Matière Médicale. La plupart des Etymolo-
giltes regardent ce mot comme purement
François, de même que celui de Merluche
néanmoins M É n a r. t dit que de Maris Lu-
cim , on a fait Merlus , & du mot Merlus ,
celui de Merlan. Il ajoute que dans le Lan-
guedoc on appelle Merlttce ce que nous ap-
pelions ici Morue , & Merlus ce que nous
MER j r
furies cô tis, mais le devant de la tête
plus plat en defius , quand la bouche
eft ferm'e ; le dos convexe , l'anus
fort voifin de 'a tête , & par confisquent
bien éloigné de la queue; tout le corps
d'une couleur blanche argentée, mais
le dos plus foncé , oj grifâtre ; les
écailles petites, arrondies, blanches,
& la mâchoire Supérieure avancée au-
delà de l'inférieure , de forte que ,
quand la bouche eft fermée , les dents
f'périeurcs outrepafient la mâchoire
inférieure. Ce poilfon a les narines
apparentes, avec deux ouvertures de
chaque côté , un peu plus proche des
yeux que de l'extrémité du mufeau ;
Es yeux grands, placés aux côtés de
la tête , couverts d'une membrane
lâche Se transparente ; l'iris eft de cou-
leur argentée & la prunelle grande &
bleuâtre ; la membrane des ouies eft
compofée de chaque côté de fept arê-
tes; la mâchoire fupérieure eft garnie
de plufieurs rangs de dents , dont le
dernier , ou le plus extérieur eft I2
plus grand : les dents du dernier rang
font inégales en grandeur; la mâchoi-
re inférieure a un rang de dents iné-
gales en grandeur. On trouve à la par-
tie fupérieure du palais un oflèlet den-
telé , qui forme les deux côtés d'un
triangle : dans le gofier Supérieure-
ment deux offelets ronds & inférieure-
ment deux oblongs , auffi dentelés.
Ce poifibn a la langue Se tout le palais
dans fon milieu lilfes : neuf poinrs au
moins de chaque côté à la mâchoire
inférieure , fans aucun barbillon ; la
ligne latétale noirâtre , ou obfcure ,
courbe , beaucoup plus proche du dos
que du ventre; une tache noirâtre des
appelions Merlan. Ce poilTon fe nomme en
Anglois Wit'w.i ; en Suédois , HiviJing ,
comme qui diroit le Manchet, ou le Voijfon
blanc, à caufe de fa blancheur. Selon dit
que le Merlan s'appelle Pefce molle à Vern-
ie ; Muzo , ou Mazo , à Conftantinople ; Fi-
co , à Home ; Servantin , à M^rieille : mais il
fe trompe, félon Rondelft & Wilughey,
doutant plus que notre Merlan eR un poiffon de
l'Océan & non pas de la Méditerranée.
5 ï MER
deux côtés à la naiflance des nageoires
pectorales : les nageoires pectorales
grifâtres , compofées de vingt-une arê-
tes , dont celles qui occupent le milieu
font les plus longues & fourchues au
bout, mais dont les deux premières
8c les deux dernières ne le font point:
les nageoires du ventre , fituées plus
en devant que celles de la poitrine ,
d'une couleur blanche , formées de
fix arêtes, dont la féconde eit lapins
longue , Se celles du milieu fourchues :
trois nageoires au dos , dont la pre-
mière eft triangulaire , compofée de
vingt-une arêtes , dont les premières
font les plus longues , & celles du mi-
lieu un peu fourchues au bout : deux
nageoires près de l'anus, blanchâtres ,
dont la première eft longue , formée
de trente-trois arêtes > dont celles quî
occupent le milieu font fourchues par
le bout , Se celles des extrémités de
chaque côté petites ; la féconde na-
geoire plus petite, compofée de vingt-
trois arêtes , dont celles du milieu font
fourchues par le bout : la queue égale
8c noirâtre à fbn extrémité, compofée
d'environ trente-une arêtes longues,
excepté les dernières qui font four-
chues au milieu : le foie blanchâtre ,
divifé en deux grands lobes, dont le
droit eft petit , court , Se le gauche
très - long , étendu par tout l'abcîo-
men; la rate triangulaire fous l'efto-
mac ; deux ovaires longs dans les fe-
melles, pleins u'ceu r s jaunes ; la vef-
fie de 1 air longue, gluante, fimple ,
attachée à l'épine du dos , avec un
canal pneumatique , qui prend fon ori-
gine à fa partie fi'périeure Se va s'infé-
rer dans l'œfophage ; le cœur qua-
drangulaire, à angles fort obtus, four-
ni d'une grande oreillette Se d'une
grande aorte; l'eftomac obtus, affez
long , réfléchi à fa partie inférieure ,
avec un nombre d'appendices au pylo-
re, en manière de couronne; l'inteltin
réfléchi d'abord avec le diaphragme ,
puis vers l'anus , enfiiite de l'anus à
l'œfophage Se enfin defeendant droit
MER
à l'anus ; la partie inférieure de Pîfl-
teftin fort ample , en forte que l'in-
teftin étendu avec l'eftomac eft un peu
plus long que lepoîifon même; la vé-
ficule du fiel adhérente par un conduit
au foie , Se par un autre plus grand s
l'inteftin proche des appendices ; les
reins fang uinolens , longs , étendus le
long de l'épine du dos ; deux velhes
urinaires , oblongues vers l'anus , plei-
nes d'eau claire ; les vertèbres au nom-
bre de cinquante-quatre en tout. Telle
eft la defeription du Merlan par A R-
T £ D i , Se la même qui fe trouve dans
la Suite de la Madère Médicale.
On trouve , dit M. L i m e r i , dans
l'endroit le plus ample , ou le plus
épais de la tête , proche de la cervel-
le, deux petits os pierreux , un de
chaque côté , longs d'un travers de
doigt , larges de quatre lignes , poin-
tus par un des bouts, obtus par l'autre,
liiTes & polis , très-blancs , tendres ,
faciles à rompre , d'un goût tant fok
peu falé , lorfqu'tls ont été mis en
poudre fubtile , de fubttance' alcaline
Se abforbante. La pointe de ces os n'eft
pas placée juftement au milieu de leur
extrémité , mais à côté , Se le refte de
cette extrémité eft comme échancré
naturellement. Ce poilTon , dit W i L-
lughby , eft petit en comparaifon
des autres poilTons du même genre.
11 n'a gueres plus d'un pied de long ,
8c eu égard à fa grandeur il eft menu ,
fur-tout vers la queue , car il eft plus
gros vers la tête. Il fembie , ajoute
Willughbï , que c'eftle Merlan de
Rondelet , mais mal repréfentéavec
une feule nageoire derrière l'anus.
Rondelet le diftingue du poilTon que
les Vénitiens nomment Pefce molle ;
mais WiLLUGHBYne convient pas
avec lui que le Pefce molle des Véni-
tiens fbît d'un genre tout différent du
Merlan. Ils fe reffemblent fi fort, qu'il
avoue les avoir pendant quelque temps
confondus enfemble avec B e l o n.
WiiLUCHBi dit que le Merlan n'a
gueres plus d'un pied de long ; mais
MER
j'en al vu fur les côtes de Normandie ,
& fur- tout à Caen , qui ayoient au
moins deux pieds de long. Il eft vrai
que le Merlan ordinaire n'a gueres
plus d'un pied.
Ce poilTon fe prend fréquemment
dans la Manche 8c dans toute la mer
Baltique. ChafTé de la haute mer par
nombre d'ennemis redoutables qui
cherchent à le dévorer , il approche
fou vent en foule des côtes , où il de-
vient la proie des Pécheurs. Il n'y a
gueres de poilTbns plus connus dans
les poiifonneries. Il fe nourrît d'An-
chois , de Crevettes , de Goujons de
mer Se d'autres petits poiffons. Il les
avale tout entiers , car fes dents ne
lui fervent point à hacher fes alimens ,
ou fa proie par morceaux , mais à la
retenir; cependant, félon Rondelet,
les petits poiffons fe- trouvent hachés
par morceaux dans fon eftomac, parce-
que les viandes , à mefure qu'elles fe
digèrent, font mifes en pièces par la
chaleur naturelle.
Il y a dos Merlans qui font vérita-
blement hermaphrodites , comme il
arrive aulTi quelquefois parmi les Car-
pes Se les Brochets ; car l'on voit
distinctement dans leur intérieur les
œufs d'un côté Se la laite de l'autre.
Thomas Bartholin parle d'un
de ces Merlans hermaphrodites , c'eft-
à-dire qui avoït des œufs Se des laites ,
qu'on avoit envoyé de Norwege au
Doéteur Wilhemworm.
En quelques lieux d'Angleterre Se
de Flandres on fait fécher ce poilTon
après l'avoir vuidé , Se on le fale.
Etant ainfi préparé il fournit une nour-
riture très-agréable aux gens délicats;
Se Willughby dit que les Allemands,
les Polonoîs , les Flamands & autres
Nations fe fervent dans la préparation
des poiiTons de la racine de Curcuma »
pour leur donner de la faveur Se une
couleur jaune.
Le Merlan contient beaucoup dliui-
le Se de fel volatil; fa chair eft friable
fk: raolie Se meilleure rôtie que bouil-
M E R J3
lie. On le doit choiHr bien nourri ,
d une chair molle , tendre Se légère
Au jugement de toutes les Nations
il n'y a point de poiifon pins km que
celui-ci. Sa chair qui n'eftpas imprégnée
de focs vifqueux , ne charge point
l'eftomac : elle nourrit cependant Se
produit un bon fuc. Cette nourriture
eft fi légère Se paiTe fi vite , que la
Nature , difent les Auteurs de la
Suite de la Matière Médicale , n'a
prefque pas le temps d'en difpofer
pour le foutien du corps : c'eft ce qui
fait qu'on en permet l'ufage à toute
forte d âge Se de tempérament , mê-
me aux malades Se aux convalefcens.
De-l.i vient auffi que , félon R o N-
D E l E t Se B e l o n , on dit en pro-
verbe que les Merlans pefent autant
Se même plus, portés à la main ou à
la cemture , qu'à l'eftomac. C'eft auffi ,
félon Richelet, une nourriture
de Coureur Se de Poftillon , parce-
qu'elle n'empêche point de courir.
La faumure du Merlan eft très-
réfolutive Se defficative étant appli-
quée extérieurement : on la mêle dans
les lavemens , Se elle eft laxative.
M. Lémery remarque avoir trou-
vé dans la tête du Merlan deux peti-
tes pierres oblongucs : ces pierres con-
tiennent un peu de fel , qui les rend
apéntives , propres pour la colique
nephrénque, Se pour chaiTerles fables
des reins Se de la veffie ; elles font
propres auffi pour arrêter les dévoie-
mens , Se pour abforber les acides de
l'eftomac. On les prépare Amplement
en les broyant fur lePorphyre.
Le Merlan eft le Merlanus , fecunda
Afellorum fpseies de Rondelet
dePiJc. p. xj6. Se de Gesner, de
Aquat. p. 85.
Le Merlangus, altéra Afellorum fp e ~
cies de Belon, de Aquat. p. i 24 .
L' Afellns minor & mollis de Char-
LBTON , de Pijc. p.. 3 . Se de Mirrbt ,
l in. p. 184.
Ï/Afellui minor alter d'AtDRo-
V a u d'E -, de l'ifc. p.z&j,
54 MER
UAfellus mollis » feu Merlangus de
JoNSTON, de Pijc. <, _
L' J^flitf pr*»** de bCHON-
NEVELD, Icbth.-p+7-
Ray, Symp. Pijc. p. 55- .
Et enfin le Gadut dorjo trtpterygio ,
ore imberbi , corpore albo , maxUlâfu-
pcriore longiore d'A r T e d i , f*? -
sert. 19. Symp. 34- d2> * e
Linn«us, Fatm* Stuc p- *94-
MERLE*: J'ai dit au mot LrKl-
VE qu'il y a trois fortes d'oifeaux , fa-
voir les Grives , les MerlesSe^s Etour-
neaux , qui , chez les Naturalises mé-
thodittes , compofent un genre d oi-
feaux , fous le mot Latin Turdus , qui
eftleur nom générique. Ce genre d'oi-
feaux tient le milieu pour la grandeur
entre celui des Pigeons , Se celui des
Alouettes. Les marques cara;téniti-
ques des Merles , des Grives , amh que
des Étourneaux , font d'avoir le bec
loncr , d'unemédiocregroffeur, un peu
courbé en deflus . le dedans de la bou-
che jaune Se la queue longue. Ces vo-
latils vivent indifféremment d'inledes
Se de fruits.
M. Linnjeds ( F aima Suec. p.
70. n. 184. ) met le Merle dans l'ordre
des Aves pajferes , Se du genre des Gri-
ves , ex génère Turdorum. Ray (Synop.
Met h. Av. p. 6"5. ) > comme W 1 L-
LUGHBY Se ALDROVANDE,
comprend fous le nom de Turdinum ge~
mu , les Grives , les Merles , Se les
Étourneaux. A l'article des Merles
connus en Europe, il joint les efpeces
étrangères. B e L o n ( L. VI. de la Nat.
des Gif p- 3 1 6 . & fuiv. ) parle du Merle
bleu , du Merle blanc , du Merle à
collier , du Merle du Bréfil , Se du Merle
noir , autrement dit Merle vulgaire.
Dans la Nouvelle Hiftoire des Oifeaux ,
* Cet oifeau eft nommé en Hébreu Kippot ;
en ChaUéen , Ruphda; en Syriaque, Kophra\;
en Grec Ko'ttu?»; ,■ en Italien , Merula , Mer-
fa, ou Merlo ; en LTpagnol, Mkrla ; en Alle-
mand , Meerlen ; en Flamand , Meerl ; en
Anglois, Ulaïk-Bird, comme qui dirdtO»-
M E R
gravée par Albin.oh trouve f Tome
L n. 37. & 39. Tome II n. 37. ûr 3 9. >
les deferiptions du Merle proprem .nt
dit, Merula, du Merle à collier, du
Merle Pic , qu'il nomme Merle vul-
gaire, &du Merle aquatique. M. Klein
( Ord. Au. ) ne faiiant qu'un genre des
Grives & des Merles , place ( p. 65. )
ce genre dans la quatrième familL de
fes oifeaux. Enfin on trouve dans la
Suite de la Matière Médicale , Tome
III. p- 329. la defeription que W t L-
L u G H 11 ï a donnée du Altrle , Se ce
qu'en ont écrit B £ 1. o n , Se les autres
Auteurs.
Le Merle noir , ou le Merle communs
le Merle à collier } le Merle de roc her »
ou de montagne , qui fe trouve dans
les Forêts de la Laponie ; le Mettê
bleu ; le Merle blanc ; le Merle Pic
d'A l d 1 N ; le Merle du Bréjil de Be-
lon ; le Merle couleur de n>Je d'AL-
Drovandf ; le Merle , nommé Moi-
neau Jblitaire par R a y ; le Mené der
Indes s celui de deux couleurs d'Aï,-
DROVAN'de , dont il y a trois efpeces ;
le Merle aquatique ; enfin les Merles
étrangers, comme ceux de la Louifiane,
de la Jamaïque , du Cap de Bonne-
Efpérance , de la Chine , &c. voilà
les efpeces dont je vais parler d'après
les Naturalises ci-deflus cités.
MERLE ORDINAIRE,
ou MERLE COMMUN, en
Latin Merula , félon Da l e , Fharm.
p. 247. L É M E R Y , p. 568. GESNER ,
de Avib. p. 542. ChARIETO N,
Exerc. p. 90. M e r r et , l inn.p. 177.
Aldrovande, Ornith. p. 604.
JoNSTON.df Avtbus , p. 7 3 . Il eft
nommé Merula mgra par Bel on,
de la Nat. des Oif p. 320. ainfi que
par SCHWENKFELD, Av. SU. p.
300. Merula vttlgaris , par Ray,
Symp. Meth. Av. p. 6$. par M.
feau no'r ; en Suédois , Trafl ; en Picard ,
hormejle ; en Galion , Merlat ; la plupart de
ces noms viennent du mot Latin Merula.
Quelques-uns appellent le jeune Merle , Mâ-
le au : la femelle vulgairement MtrlejTe ; en
Lorraine , Merlttte, Si ailleurs Merluche.
MER
Linn^eus ( FaunaSuec.p. 184.)
Turdui ater , rafiro patpeèrtjque firf-
v îs , Se Turdus nïger , Menàus , Nf
grenus, fek Nigrctta , Coïlynon par
quelques-uns.
Cet oifeau égale en grandeur la
Grive nommée Litorne par BeloN,
Se pefe comme elle quatre onces. U
a , dit W l l L u G H b Y , neuf pouces
& demi de long depuis la pointe du
bec jufqu'au bout des pieds > Se juf-
qu'au bout de la queue dix à onze
pouces, le bec long d'un pouce , jaune ,
faffrané. Dans la femelle la pointe Se
le detfusdu bec font noirâtres ; le de-
dans du bec eft jaune dans l'un & dans
l'autre fexe ; la circonférence des pau-
pières eft pareillement jaune. 11 a dix-
huit grandes plumes à chaque aile ; la
quatrième eft la plus longue : la queue
longue de quatre pouces Se demi , com-
pose de douze plumes d'égale lon-
gueur , à l'exception des dernières de
chaque côté , qui font tant foit peu plus
courtes que les autres ; les pieds font
noirs ; le doigt extérieur Se le posté-
rieur font égaux , le premier efl atta-
ché à celui du milieu par fa partie in-
férieure. Le foie eft divîfé en deux lo-
bes , dont le droit eft le plus grand ; il
a une véficule de fiel ; l'eftomac moins
mufculeux , comme dans les autres oî-
feaux du même genre. Willughby
dit qu'il n'y a pû trouver aucun veftige
d'appendice intelcinale.
Quand les mâles font encore jeunes
& de l'année , leur bec eft noirâtre ;
au bout d'un an il devient d'un beau
jaune : le mâle avancé en âge eft noir
par-tout. Les mâles 8e les femelles étant
jeunes lont plus bruns que noirs ; ils
ont la poitrine rouultre Se le ventre
un p. u grifâtre. Parmi les petits , on
ne îauroit d'ft'nguer les mâles d'avec
les Feroèllespar la couleur. La femelle,
dit Albin, eft plu r ôt brune , ou d'un
brun fo mbre que noire. La defeription
qu'il fait du Merle , eft la même que
celle de Willughby.
Le Merle ne fait que gafoUÎller ou
M E R
55
bégayer pendantl'hiver , mais il chante
beaucoup pendant l'été. C'eft le mâle
qui fiffle Se gafouille fort agréablement
pendant cette faifon. Son chant n'eft
pas défagréable , quand on l'entend
dans un bois , où il y a un écho , ou
dans une vallée. Ce qu'il a une fois
appris il le retient toute fa vie ; il eft
docile Se on peut l'inftruire à parler.
Mais fa voix n'eft jamais articulée com-
me celle des Perroquets. Il aime les
boccages épais. Cet oifeau fait fon nid
avec beaucoup d'adrefte , employant
pour le dehors de la mouffe , de petits
rejettons , des joncs Se des racines
fibreufes , liés enfemble Se cimentés
d'argile ; le dedans eft , couvert de
petites pailles , de filets , de joncs
Se d'autres matières mollafiës , comme
du poil Se du crin , fur lefquelles la fe-
melle pond quatre ou cinq œufs , Se
rarement d'avantage , qui font d'uiî
verd bleuâtre & couverts par-tout de
taches Se de lignes brunes.^ Il fait or-
dinairement fon nid dans l'Epine blan-
che à la hauteur d'un homme , ou
à-peu-près. Ce nid eft grand , folide ,
arrondi , Se fait en creux comme une
écuelle.
Les Merles aiment à fe nettoyer Se à
laver leurs plumes , Se ils volent ordi-
nairement l'un à la fuite de l'autre ,
ou à part , d'où , félon Va si! o M
& F e s t u s , ils tirent leur nom de
Merula ,qui lignifie jolitaire , ou [cuir
On croit que le Merle fait deux ni-
chées par an , Se qu'il fait la première
au printemps , avant les autres oifeaux.
Le mâle couve de temps en temps i
la place de la femelle pendant le jour J
le refte du temps il lui porte à manger ,
l'égaie par fon chant, Se veille autour
d'elle pour en écarter l'ennemi. Il vit
de toutes fortes de viandes » de bayes >
Vermines , femences Se fruits. li eft
fi commun qu'on le connoit en tous
lieux , pour fon chant haut , & qu'on
le nourrit en cage. On pourroir même
le faire couver en cage. Un Obferva-
leur curieux , comme nous l'appren-
5 <î MER
nent les Auteurs de la Suite de la Ma-
ture Médicale , leur a aimré qu'ayant
rais un Merle & une Merlcfjc dans une
grande volière au fond de fon jardin,
où il y avoir un if taillé en pyramide,
il fut attentif à fuivre leurs procédés.
Dabord ils poferent de la moufle pour
baie de leur nid , puis ils répandirent
fur cette bafe de la pouiliere , dont ils
avoient empli leur gofier , Se ayant pié-
tiné dans l'eau pour fe mouiller les
pieds, ils la détrempèrent , ce qu'ils con-
tinuèrent de faire couche par couche.
La femelle couva foigneufement fes
oeufs , étant bien nourrie par le mâle.
Quand les petits furent éclos , ils leur
donnèrent des Vers de terre , coupés
par morceaux , ayant foin de recevoir
la fiente que chaque petit rendoit après
avoir avalé la becquée, Se cette fiente
fervoit en partie de nourriture au pere
& à la mère. Us firent ainfi quatre cou-
vées dans la même année : mais , choie
étonnante , ils mangèrent les deux der~
nieres couvées.
Notre Obfervateur , difent les Au-
teurs ci-deffus cités , a vû le mâle tuer
fes petits l'un après l'autre , Se les don-
ner i la femelle; d'où il croit pouvoir
conclure que c'eft la raifbn pour la-
quelle les Merles étant naturellement fi
féconds, font néanmoins peu communs
en comparaifon des Grives Se des
Alouettes. Mais ce fait paroît fi con-
traire aux loix ordinaires de la Nature ,
qu'il feroit à fouhaiter , ajoutent nos
Auteurs , qu'une pareille obfervation
fût répétée pluiieurs fois,
Aristotf. Se Pline, difent
que les Merles s'en vont ou fe tiennent
cachés pendant l'hiver , comme la
plupart des Grives. Ges Naturaliftes
le lont trompés : du moins ce qu'il y a
de certain , c'eft qu'ils reltent en France
tout l'hiver comme la plupart des
Grives. Les habitans de Pologne pré-
tendent que le Merle a coutume de
dormir le derrière tourné du côté du
yent , Se que cette mauvaife habitude
eft caufe que cet oifeau ne vit pas long-
MER
temps ; Car tous les autres oifeaux
tournent la tête vers le vent pour dor-
mir , afin que leurs plumes n'étant
point dérangées , ils ayent moins froid
pendant la nuit. Mais on peut bien dou-
ter de la vérité du fait jufqu'à ce qu'il
ait été mieux vû , difent encore les Au-
teurs de la Suite de la Matière Médi-
cale,
Le Merle , difent-ils , contient beau-
coup d'huile Se de fel volatil. Cet oi-
feau eft d'ufage en aliment. Il peut
être mis au nombre de ceux qui for-
ment un bon fuc. Les Romains en-
graiflbïent les Merles avec les Grives
Se les enfermaient dans des volières.
En effet le Merle a beaucoup de rap-
port avec la Grive , mais il n'eftpas
fi délicat , ni fi facile à digérer. 11 y
a cependant des Auteurs qui le pré-
fèrent à la Grive. Pendant les vendan-
ges il eft aflez bon , pareequ'il mange
alors du raifin , mais fa chair devient
amere , lorfqu'il eft réduit à fe nourrir
de bayes de Genièvre , Se de graines de
Lierre , aînfi que d'autres fruits fem-
blables. On le doit choifir jeune , ten-
dre Se bien nourri; car en vieillilfant
fa chair devient dure , feche Se de dif-
ficile digeftion. 11 convient en tout
temps Se à toute forte d'âge Se de tem-
pérament. Les Médecins ordonnent
l'ufage du Merle pour le cours de ven-
tre Se la dyfenterie. Ceux qui fontfu-
jets aux hémorrhoïdes , ou qui portent
quelque ulcère doivent s'abftcnir d'en
manger. L'huile dans laquelle on a
fait cuire des Merles eft eftimée contre
la feiatique; Se la fiente de ces oifeaux
diffoute dans le vinaigre , dilfipc les
Touffeurs du vifage Se les taches de la
peau, fi l'on s'en fert en Uniment.
MERLE ACOLLIER,
oifeau nommé en Grec B<*/cç j en La-
tin Merula Torqtiata ; en Anglois Ring
Owe,el. Ileftappellé par M. Linn/f,us
(Fauna Suec. p. 70. n. 185.), Tar-
das nigricans , roflro flavefeente , torque
rdlto. B e l o n (p. 3 18. ) dit que les
Savoyards j Se les habitans du Terri-
toire
MER
to'ïre d'Embrun, Se de Saint Jean de
Maurienne.connoiffent cet oifeau , au-
quel ils ont donné le nom de Merle
à collier. II n'y a point d'oifeauplus
commun dans ces lieux : il a un collier
gris, comme la Perdrix franche , Scia
Cane-Pétiere mâle, Selon Aristote
< Hift. Ar.im. L. IX. c. n;.), on en
voit en Grèce : il le diftingue du Merle
noir Se du Merle blanc , en difant qu'il
eft un peu plus petit, qu'il habite les
hautes montagnes & les lieux couverts,
& que la couleur eft fauve. Il a les
pieds f le bec , la façon de voler ,
c ?lle de faire fon nid , Se la contenance
du Merle noir ; il n'en diffère que par
le plumage. On n'en voit que dans
les montagnes, Se non dans la plaine
d'Embrun. Sa chair a le même goût
que celle du Merle noir. C'eft un des
bons gibiers des gens du pays.
^ Cet oifeau eft rare en Angleterre ,
dit A l B i n ( Tome I. n. 39. ) , & on
le trouve dans les endroits les plus
montagneux de ce pays, fur-tout aux
environs de Peak. Il a , dit-il , onze
pouces de longueur depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ,
& dix-fept de largeur , les ailes éten-
dues j le bec a un pouce de longueur
Se quelque chofe déplus: il eft brun
& noirâtre. Le dedans de fon bec eft
jaune, Se la langue raboteufe ; l'iris
eft de couleur de noifetief fombre , ti-'
rant fur le noir. Le collier de delfus
la gorge, précifément au-deifus de la
poitrine, eft blanc & large d'un pouce
en forme de croiffant , dont les cornes
aboutiflent à la droite Se à la gauche
du col. Chaque aile a dix-huit grandes
plumes, la queue eftcompofée de dou-
ze , chacune de la longueur de quatre
pouces. La plus avancée en dehors eft
un peu plus courte que les autres : les
plumes extérieures de la queue font
plus noires que celles du milieu. Les
petites plumes fous les ailes font blan-
châtres. Cet oifeau qui n'habite que
les montagnes , eft nomm^par Gesnf.r
Av. p. 6oj. par Ai.dro VANDE, Ornilh.
Twr.e lll.
MER j 7
L. XVI. c. 11. par W I L T.U G H B Y ,
Ornuh. 143. t. 37. par Ray, Synop.
Meth. Av. p. 6y n. %. par Jonston ,
Ornkh. 106. t. 39. par A 1. b i n , Se
par les autres Naturaliftes , Merula
torquata.
Il y a un autre Merle à collier ,
que M. Linn*us( Fuma Suec. p.
70. n. ) nomme Turdut , rofîro
flavtfcente , torque fufeo. Ray doute
fi cet oifeau eft une efpece particu-
lière , ou s'il ne diffère du précédent
que par le fexe , quoique fon collier
ne foit pas blanc. C'eft la remarque
que fait le favant Naturalifte Suédois.
Cet oifeau fe retire comme le précé-
dent dans les montagnes garnies de
bois. W illughby (Ornith. 144. t.
38.) en parle fous le nom de Merula
montana , Se R a y ( Synop. meth. Av.
p. 65. n. 3. ) » f°us celui de Merula.
faxatilis.
MERLE DE ROCHER,
ou DE MONTAGNE, en La-
tin Merula faxatilis, Se Ruticilla major,
félon Olina. On donne ce nom à
un oifeau , qui eft une efpece de Merle,
qui n'a point de collier , qui eft nommé
par M. LiNNjîuS (p. 71 . ». 187. ) ,
Turdus reElricibus rufis , duabus inter-
mediis cinereis fafciâ niçricante , proxi-
mâ apice cinereâ ; par Willughbt
( Ornkh. 145. t. 3<J. ) , Merula faxa-
tilir ; par Ray {Synop. <4v. p. 6%.),
Merula faxatilis fturni generis , Se par
Albin ( Tome III. n. 55. ) , Merula
faxatilis ; en Suédois Lappiieata , Se
Olyckrfogel ; en Anglois , the Greater
Rodfiard.
Cet oifeau fe trouve dans les bols
de la Laponie , Se îl eft fi hardi , qu'en
préfence du monde il ne craint point ,
quand on mange , de venir enlever fur
les tables quelque chofe pour fe nour-
rir. Ce volatil , dit le favant M LiN-
Ntfus , a le bec noir , gros , court,
triangulaire en deffous , les nageoires
ovales couvertes de foie , la tête brune,
le dos d'un pâle cendré ; les plumes en
font groifes , mais il n'y en a pas en
H
5 3 MER
quantité , & elles ne font pas conti-
nues. Il a dix-huit plumes aux ailes
de couleur brune , & ronfle à leur
bafe : les trois premières font par de-
grés plus courtes ; celles qui couvrent
les plumes des ailes , Se qu'on nomme
tetlrices , font ronfles. Ce Merle de ro-
cher a la queue auffi longue que le corps
& de couleur jaune , excepté deux plu-
mes du milieu qui forment une bande
noire; les pieds noirs, les ongles grands,
le doigt de derrière foible , la pointe
du bec bordée de chaque côté , ainfi
que la langue. Cet oifeau eft aufTi celui
qu'A ldrovande nomme Me-
rula faxatilîs ; les Florentins , Turdus
marinuj. Raï dit qu'on en voit affez
en Italie , Se qu'il en a vu à Vienne
en Autriche. Selon ce Naturalise , il
eft égal Se fcmblable à l'Etourneau.
Son bec eft noir, comme le marque M,
Lins* us; fes pieds font de cou-
leur plombée : il a le menton un peu
blanc ,1e deflùs du corps varié de blanc,
de noir Se de jaune , la tête Se le dos
de couleur brune , ou tirant fur le
noir ; le bout des petites plumes cen-
dré , Se la queue roufle ou fauve.
Voilà les marques caractéristiques de
cet oifeau; mais fes couleurs dans les
mâles différent beaucoup ,ajoute-t-il ,
de celles des femelles.
M. K l e i n ( Ord. Av. p.-jo.n.ii .)
dit que cet oifeau eft cendré ; qu'il a
des taches blanches à la poitrine , les
aïles brunes , les plumes tout autour
du corps jaunes , le ventre rou; eâtre ,
le bec noîr , l'ouverture couleur d'or,
&1-S pieds châtains : Cinereus , in pec-
tore maculii al bis , alis fufeis , phtmis
in ambttu luteis , ventre rubicundo ,
rofiro nigro , ricin aureo , pedibus caf-
taneis. Albin nomme cet oifeau
Merle démon agne , ou Cajjenoix , par-
ceque comme le Cajfenoif'ette , en Latin
Nacifragus, il fe nourrit de Noix. C'eft
un très-bel oifeau , à caufe de la di-
yerfité de fes taches. Celui que dé-
crit Albin étoit plus grand que le
Merle ordinaire > qui eft tacheté comme
MER
l'Etourneau , noirâtre par-deffus , Se
moins couvert de taches fur la tête 8c
fur le dos , ainfi que fur les ailes : ce»
taches par tout le corps étaient toutes
blanches , Se en forme de croiffant»
plus grandes fur les aïles Se fur le
derrière que fur la tête : le devant, de-
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré-
mité du ventre, étoit jaunâtre, mar-
qué de taches couleur de rouille Se
de blanc. Il avoit les grandes plumes
des ailes noires , Se blanches à l'ex-
trémité des bords , le deffus de la queue
noîr , le deffous de couleur de rouille „
Se les pieds bruns.
MERLE BLEU : Cet oifeau
eft nommé en Grec Kvayoç , en Latin
CtLnd&a. Avis. Aristûte ( Hifi.
Anim. L. IX. c.zi.} parle de ce vola-
til. Belon ( de la Nat. des Gif. p. 3 1 5.
c. 24. ) dit qu'il en a vû dans les
Mes de Candie , de Citherée ,de Cor-
fou , d'Alzante Se de Negrepont , de
même que dans la ville de Ragufe , Se
en Tofcane , où les payfans le nom-
ment yiftr/o biavo. 11 ne fréquente que
les hautes montagnes , Se jamais les
plaines : il eft de plus petite corpulence
que le Merle noir ; il en a les pieds
& le bec , mais {on plumage eft bleu.
Il chante en cage comme le Merle ,
mais fa voix eft plaifante , & il vole
beaucoup mieux : fa chaïr eft auffi
bonne. C'eft ainfi que Belon 8c
R a y ( Synop. Meth. Av. p. 66. ». 5. >
parlent du Merle bleu. Ce dernier dit
qu'on n'en voit ni en Italie , ni en Fran -
ce, Se B e l o n marque qu'on en voit
dans la République de Ragufe Se en
Tofcane.
Le même R a t ( ibid. n. 6. ) parle
d'un autre Merle bUu des Indes, qui
eft de la grandeur de l'Alouette vul-
gaire : fbn bec eft droit Se pointu, il
eft bleu par tout le corps , Se fa queue
eft longue. Ce Nattiralifte n'en a vû
qu'un defféché , Se il foupeonne que ce
peut être le même que le précédent,
Les Anglois nomment cet oifeau /«--
dian MeckrBird.
MER
MEULE BLANC, en Grec
£*tov*M , en Latin Merula alha. Belon
t L. VI. de la Nat. des Gif. c. 2 5 . p.
317.) dit que le Merle blanc eft auffi
rare aujourd'hui qu'il l'étoït du temps
des Romains. Varsoh { de Re fttfi.
L- III. ) en parlant des Poules fau-
vages, marque qu'on voyoit peu de
Merles blancs à Rome. Voici le paf-
fage : In orncUibus publiais filent poni
cum PJittacis ac Merulis albis , item, id
geniis rébus inufitatis. Aristote
{Htfl. Anim. L. IX. c. 19. ) parle du
Merle blanc en ces termes : Il eft grand
comme le Merle noir , Se fon chant eft
le même. On n'en voit qu'en Arca-
die , dans la contrée de Syllene , 8c
non ailleurs Cet Auteur en parlant ainfi.
avec aiïurance , ne parloir que fur le
rapport des gens du pays. Mais Belon
remarque que fi Alexandre eût
régné en Savoye & en Auvergne ,
comme il régnoit en Arcadie , Aris-
tote y eût envoyé des Oifeleurs , Se
aurait dit fans doute d'après eux , nec
ufqtlam alibi nafeens ; car les payfans
d'Auvergne Scde Savoye , felonno-
tre Ornithologue François , connoif-
fent le Merle blanc. 11 n'y a nulle
différence entre le Merle noir Se lui
pour la grandeur , la corpulence , le
bec , les pieds , les jambes , la ma-
nière de vivre, Se pour le chant: fon
nid eft le même ; il élevé fes petits
de la même façon : fa chair a le même
goût; mais tout fon plumage eft blanc
ôc il ne fréquente que les montagnes.
On en peut élever en cage. Voilà ce
que ditBELONdu Merle blanc , qui
n'eft pas un oifeau imaginaire , comme
le croit le vulgaire , mais un oifeau
rare. On en trouve en Afrique dans
les pays de Bambuk Se de Galam :on
y en voit auffi de marquetés. C'eft ce
qu'on lit dansl' Bifioirc Générale des
Voyages , Tome VIII. p. 485. Edit.
in- 12. Albin ( Hifl. Nat. des Gif.
Tome I. n. 37. Edit. Franc.) marque
qu'on en voit de tout blancs fur les
Alpes , Se fur d'autres montagnes éle-
M E R jr,
vées ; 8t l'on croit que cette altéra-
tion de couleur provient de ce qu'ils
demeurent continuellement dans ces
pays froids. Ainfi le Merle blanc Se
le Merle noir feroit le même , comme
on le pourrait croire d'après Belon,
n'ayant de différence que la couleur du
plumage. WiLLUGHBY dit qu'il a vû à
Rome , chez un Oifeleur, un Merle
bigarré de blanc Se de noir : mais cela
n'arrive que par accident , ajoute-t-il ,
comme dans le Corbeau , dans la Cor-
neille , 8c dans les autres oifeaux. Ainfi
ce Merle ne doit pas être cenfé faire
une efpece différente du Merle noir.
Mais quoi qu'en difent ces deux favans
IchthyologueSjBELONScWiLLUGHSY,
je crois devoir faire remarquer que
le Merle blanc n'habite que les mon-
tagnes , Se le Merle noir les plaines ,
les bois , Sec.
MERLE PIC, nommé en La-
tin Merula vulgaris , Se en Anglois the
Picd-BlackrBird. 11 eft fait mention de
cette forte d'oifeau dans la Nouvelle
Hlfloire des Oifeaux, gravée par Al-
bin. Voici corrfme l'Auteur {Tome II.
n. 37. ) en parle. Le bec de ce Merle
eft d'un jaune charmant , comme dans
d'autres oifeaux mâles de cette efpe-
ce. La prunelle de l'œil eft noire Se
l'iris eft jaune : le fommet de la tête
Se le deffus du col font blancs ; le blanc
eft mélangé de taches noires qui tra-
verfent le deffus du col Se la poitrine ,
qui font marquetés de taches noires
oblongues. Il y a auffi %ux grandes
taches blanches fur les plumes cou-
vertes , Se deux autres à la naiffance
de l'aile. Tout le refte du corps , c'eft-
à-dire les ailes , le ventre . les cuiffes ,
Se la queue font noirs ; les jambes 8c
les pieds font d'un brun forr.bre , &
les griffes noires.
MERLE DORÉ, en Latin
Turdus ameus, Merula aurea,Aureolus,
félon M. Klein ( Ord. Av. p. 66.
». 7.). Cet oifeau , dit cet Auteur,
eft le Ficus nidum fufpendenr d'Aï»
droVande, Vliïerus de Pline.
H ij
6o MER
L'oîfeau de Bengale, dont parle Albin
< Tome III. n. zo.) , ainri que celui des
Indes d'EDWARD ( Tome IL p. 77^'
en font une variété. Schwenkfeld
dit que ce Merle eft du genre des Pies.
M. Klein fait voir qu'il n'en peut
pas être , i°. parcequ'il fufpend fon
nid , ce que ne font pas les Pics ; 2°.
parcequ'il a la langue fourchue , ce
qui ne convient point au genre du Pic,
qui l'a pointue. Mais, dit M. Klein, il
convient en tout au genre de la Grive.
Il a le haut du bec jaune , le defTous
luifant, le tronc du corps de couleur
d'or, les ailes d'un bleu brunâtre , les
pieds bleus , les ongles d'un brun rou-
geâtre,8cla langue fourchue. Il varie
ion chant , lequel eft aufïi clair que
le fon de la flûte : il aime beaucoup
le S t> &T ifc S
MERLE DU BR ÉSILrC'eft
un oifeau , difent Belon , Aldro-
VANDe , Se Ray , dont tout le plu-
mage , la queue Se les ailes exceptées
qui font noires , eft d'un fi beau rouge ,
que la teinture , ni la peinture ne peu-
vent L'imiter. Il a , dît R A Y ( Sytwp.
Av. p. 66. n. 8. ) , les jambes Se les
pieds noirs , Se le bec court comme
les Moineaux. Il en a vû un confervé
dans un Cabinet , de la grandeur pref-
que d'une Grive , ayant une queue
très-longue. Belon (p. 319.) qui
rapporte la même chofe , ajoute que
ics plumes rouges font noires à la ra-
cine. Ni Bel o n , ni Ray, n'ont
■vû aucun dFces oifeaux en vie. Ceux
qu'on a apportés en Europe étoient
defTéchés.
MERLE COULEUR DE ROSE,
en Latin Meritla rofea , félon Aldro-
Vande. Les Fauconniers , dit-il , nom-
ment cet oifeau Ét-oitweau marin, Stur-
vus marinas ; 8c peutêtre forr bien ,
quoiqu'il ne foit pas tacheté. Il eft un
peu plus petit que le Merle. 11 a le dos ,
la poitrine , le deflus desailes , de cou-
leur de rofe , ou de couleur de chair.
Ses ailes Se fa queue font noires;la par-
lie du bec proche de la tête eft noire 5
MER
le refte eft de couleur de chafr. Cet
oifeau paraît , dit Aldroyande,
dans les campagnes d'Italie , Se fe plaît
fur le fumier. R a y ( Synop.Av.p. 67.
n. o.) ne dit rien de plus.
Cet Auteur ( ihid. p. 66. n. 4. ) met
dans le rang des Merles un oifeau qu'il
nomme Pajferfoluarins- Il eft, dit-il,
de la grandeur Se de la figure du Merle.
Sa tête eft très-grande A proportion
de fon corps: les mâles font de cou-
leur bleue, maïs d'un bleu pourpré ;
les femelles font d'un cendré tirant
fur le noir. Il a au defTous du corps
des lignes qui traverfent : elles font
cendrées , noires , blanches , Se bien
ondées: le bec eft noir, Seunpeuplu*
grand que celui de la Grive: les jam-
bes , les pieds , ainfi que les ongles
font noirs , Se plus petits que ceux des
oifeaux de ce genre.
MERLE DES INDES,
en Latin Merula bidica. II a la poi-
trine couleur de vermillon. Ray (ibid.
n. 10. ) n'a vû cet oifeau que deffé -
ché : il eft de la grandeur Se de la fi-
gure du Merle vulgaire. 11 eft noir fur
le dos; les bords des plumes du crou-
pion font cendrés ou blancs; fa poi-
trine eft de couleur écarlate. 11 a le
bec 8e la queue de notre Merle , Se Ray
penfe que c'eft le Jacaptt de Marc
Grave , ou du moins un oifeau qui
lui refTemblc beaucoup. Voyez JA-
CAPU.
MERLE DE DEUX COU-
LEURS ; C'eft un oifeau , feloa
Aldrovande( Ornith. L. XVf.
e. 12. 13. & 14.) dont le plumage
eft brun , ou tirant fur le noir , Se roux.
Le même Auteur parle d'une autre ef- *
pece de Merle , qui lui eft femblable ,
8e qui porte proche du bec une ligne
rouge. Il donne la defeription d'un
troificme. Il n'a vû cet oifeau qu'en;
peinture , ainfi que le premier.
MERLES ÉTRANGERS,,
en Latin Merula exoticœ. On en voit
à la Louifiane , qui font plus gros que
ceux de France 3 8c M. le Pag s.
MER
ÉuPratz, nous a dit que fa chair
en eft plus dure,
Sloane dans fon Hifioire Natu*-
rellede la Jamaïque , parle d'une forte
de Merle , que R A y { Synop. Av. App.
p. i8<. n. 30. ) nomme en Latin Me-
rula fuj'ca , en Anglois the Trusb , long
de fept pouces , Se large de dix , les
ailes étendues: longitudo feputneialis ,
latitudo de cent unciarttm. Il a le bec
de la longueur du doigt , droit , Se en
rond t de couleur d'orange Se une
ligne noîre au bout. La queue a trois
doigts de long ; les plumes du dos font
d'un rouge obfcur ,- Se fous le menton
il y a une tache blanche : le bas du
col Se la poitrine font d'un brun clair,
le ventre eft blanc , les jambes Se les
pieds font de couleur d'orange. Il fré-
quente les forêts montagneufes , Se on
en mange la chair..
On voit , dit K o t B E ( D'efcription
dit Cap de Bowie-Ffpérance , Tome HT.
e. 18. p. 185.) des Merles au Cap de
Bonne-Efpérance , & les campagnes en
foùrmflènt de diverfes fortes. Les Eu-
ropéens leur donnent le nom de Merle ,
autfî faut-il avouer, félon l'Auteur,
que leur chant fe reffcmble beaucoup;
les uns ont les plumes parfaitement
noires avec le bec doré ; les autres ont
toutes leurs plumes brunes , & le bec
noir. Une troilieme efpece a les plumes
rougeâtres Se le bec brun foncé. Dans
les Colonies ils fe retirent le plus fou-
vent fur les Lauriers ; mais dans les
autres endroits du Cap , ils fe retirent
dans les bui fions d'épines.
On connoît dans lîlfle de Tabago
deux fortes de Merles : les uns font gros
êc leur chair ne le cède en rien à celle
des Pigeons ; les autres , qui font plus
petits , reffemblentau Merle d'Europe ,
finon qu'ils ont le bec plus long. La
chair de ces derniers a le goût de celle
de l'Etourneau-Sanfonnet , mais il faut
en ôter la peau , fans quoi ils ont le
goût amer.
Les Merles du Méxiqui font d'un-
gris brun, mêlé de roux. Le deflus du
M E II $%
corps Se des ailes eft d'un gris lavé.
Ils ftirpafTent en grandeur les Grives?
d'Hollande , Se ils ont le bec plus 1 argô'
Se plus long , dit S e b A , lab. 64,
L'îfle de Hay-NTan , à la" Chine ,.
fournit une efpece de Merle d'un blea
foncé , avec des oreilles jaunes d'urt
demi-pouce de longueur , qui parle
& chante en perfection.
MERLE AQUATIQUE,,
en Latin Merula aquatica ; en Anglois
Water-Oi\iz„el ; en Suédois JVaXnjlars.
On lit d;ns Al b i n {Tome II. n. 39. >
que ces fortes de Mtrles fréquentent
en Angleterre les rivières pierreufes ,
Se les eaux venant des lieux monta--
tagneux de Galles , de IVorthumber-
land , de'Weftmorland ,.d'Yorck r Sec.
Quoiqu'ils fe nourriifent de poiffon ,
cependant ils s'accommodent fort
bien des infectes , lorfqu'ils les tien-
nent fur le bord des eaux : ils agitent
leur queue de temps à autre, Se quoi-
qu'ils n'ayent pas les pieds plats , nî
garnis de membranes , ils fe plongent
tout-à-fait fous l'eau. Ces oifeaux rte
vont point par bandes; ils ne fe tien-
nent jamais avec leurs femelles que
dans le temps qu'ils veulent s'accou-
pler. Le Merle aquatique a dix-huit
pouces Se demi de longueur delà pointe
du bec jufqu'.i l'extrémité de la queue,
& neuf pouces jufqu'à celle des griffes.
Les ailes étendues occupent un efpace
de quatorze pouces. Son corps eft plu-s
court que celui du Merle ordinaire ;
fon col eft plus épais ; le bee eft drois>
pointu , plus délié que celui du Merle.
Il a environ un pouce de longueur
depuis la pointe jufqu'aux coins de la
bouche; la couleur en eft noirâtre. Le
plumage de la tête , Se du defiûs du
c-ol, eft d'une couleur fombre ou noi-
re , teinte de rouge : celui du dos en-
tier, de même que les plumes princi-
pales Se couvertes des ailes, font bi-
garrés de noir , Se de couleur 1 cen-
drée : les plumes du milieu fonc noi-
res , & de couleur bleue : le deflus du»
6z MER
col , Se le devant de la poitrine , font
blancs comme du lait ; les plumes qui
font contigues à ce blanc font rougeâ-
très : le bas du ventre , vers la queue ,
eft noir ; les paupières font routes
blanches. 11 a dix-huit plumes dans
chaque aile. La queue eft plus longue
que celle des autres oifeaux qui por-
tent le nom de Merle , Se n'a que deux
pouces Se demi de longueur; elle eft
compofée de douze plumes d'une
égale longueur. Les jambes , de mê-
me que les pieds Se les griffes , font de
couleur noire ; le doigt de devant ,
le plus avancé en dehors , eft uni à
celui du milieu. La langue eft noire Se
déliée , un peu fendue à la pointe : les
cercles, qui entourent les paupières,
font grands , larges , Se d'une belle
couleur de Noifetier : les yeux font
fournis de membranes qui les lient;
les narines font longues. Le plumage
qui couvre le corps , eft épais , com-
me dans tous les autres oifeaux aqua-
tiques.
M. Linnius( Fauna Suec. p. 8 2 .
«. % 1 6. ) range le Merle aquatique par-
mi les Aves FajJ'eres , & du genre des
Motacilla. 11 le nomme MotacUla pec-
tore albo , corpore nigro. Gesner {Av.
p.6oQ.) l'appelle Msrula. aquaùca ,
ou Miliaria ; 8e les autres NaturaHir.es,
comme Jonston çOrnith. ), Wa-
Hjghbt( Ornïtb. 1 04. t. 24. ) , Se
■ R A Y C Synop. Av. p. 66. n. 7.) , Me-
rula aquaùca. On voit , dît le favant
Naturalise Suédois , de ces oifeaux
pendant toute Tannée en Suéde. : l'hi-
ver ils ne quittent point les gouffres
des rivières , ni les chutes d'eau , Se ils
y vivent d'infectes.
MERLE, poiffon de mer , du
genre des Labres , félon Artedi
\lchth. Part. V. p. y 5. »■ 7;)> % ui le
met dans le rang des poiiTons à na-
geoires épineufcs , inter Pijces acm-
thopterygios , 8e le nomme Labrus
C&rtdeo - nigricans. C'eft le KoTlupoe
d'A R I S T O T E , Hifi- Anim. L. VIIL
f. I J. & 30. d'AT H ÉNEEj L. VIL
MER
/ IJ2. 35. &d'OPPIEN, L.T. p. 19.
& L. IV. le &6T%f oi 6**«t7m<; d'ËuEN ,
L. I. c. 1 4. & qui eft nommé Merula
par Columelle, L. VIIL c I 6.
ainfi que par Ovide , v. 1 14. Pline,
Hifi. Nat. L. IX. c.i$,&L. XXXIL
c. 1 1 . A M s r o s 1 M , L. V. e. 2 . p. 5 2.
G A Z A , fur A R I S T O T E , Lïtt. C.
Paul J o v e , c. 20. p. 87. & 88.
Belon . dePiJcib. Salvien,/o/. 220.
Gesner, de Aquat. p. 642 . Jons-
ton, i. /. c. 1. Charleton,
p. 1 3 3.W 1 l lu g h b y , p. 320. Ray,
Synop. Av. p. 137.ALDRO van de,
L. I. c. 6. Se Rondelet , L. VI. c. 5.
p. 148. Edit. Franc, en parlent.
Ce dernier Ichthyologue dît que
quelques Auteurs n'ont point fait de
différence entre le Merle , poiffon , en
Latin Merula , 3e le lourd , ou Grive,
autre poiffon , nommé en Latin Tur-
dus ; d'autres lui ont donné le nom de
Rochau. LeMerle, félon Rondelet,
eft un poiffon de rocher , femblable à
la Perche de rivière pour la figure du
corps. Sa couleur tire entre le bleu
Se le noir: celle du mâle approche du
violet , Se celle de la femelle eft plus
noire. Sa bouche eft garnie de dents
pointues Se courbes ; fes lèvres , fes
yeux , fes nageoires , fes écailles , &
autres parties ièmblables , font pareil-
les à celles des autres poiffons faxati-
les : fon foie eft grand ; la bourfe du
fiel y pend. Il a les boyaux larges ,
l'eftomac long , la rate petite , Se le
cœur fait en angle : il a les ouies fai-
tes comme celles des autres poiffons.
Il Te nourrit de moufle, d'Hériiïbns de
mer , Se de petits poiffons. Rondelet
dit en avoir trouvé dans fon efto-
mac.
Selon Aristote, les Merles Se les
Tourds changent de couleur félon les
faifons , comme certains oifeaux : dans
le printemps , elle eft plus obfcure ;
dans l'été , elle eft claire Se moins
noire ; ce qui fait dire à Aristote
que ces poiffons deviennent blancs.
Pline loue le Merle entre les poiffons
MER
Êaaeiïks. Sa cbaïr eft tendre, molle , de
facile digeftion, nourrît peu, engendre
lin très- bon fuc. Ce poiiTon bouilli eft
bon à ceux qui ont la fièvre ; frit ,
érant faupoudré de farine pour qu'il ne
fe carte pas , il eft excellent.
Quelques Naturalistes ont donné
une autre forte de Merle , que celui de
Rondelet ; mais ce dernier fait voir
qu'ils fe font trompés , Se que le fien
eft le véritable Merle des Anciens :
voici comme iL le prouve. Le bleu cou-
vert , ou le pourpre couvert & okjeur
des Anciens étoit appellé noir ; com-
me ils difoient la pourpre noire , la vio-
lette noire , ils difoient auflî le Alerte
noir. Or le Merle poiffon, reffemblant
au Merle oifeau , eft noir i d'où il faut
conclure que le Merle noir, ou Mtrle
bleu y ou pourpré couvert , félon les
Anciens , font le môme que celui dont
il eft ici queftion. Le même Natura-
liste le prouve encore par Athénée ,
dans lequel N u M E N i us nomme ce
poiiïbn KstIu^oî fti^xyxiùoç, c'eft-à-dire
Merle de couleur noire. De plus , félon
Aristo te, ce poiflon change de
couleur en hiver , Se au printemps il
eft plus noir. La même chofe arrive à
celui de Rondelet , qui eft un poif-
fon faxatile , Se qui a la chair tendre 8c
friable , en quoi il reiTemble encore à
celui d'A ristote. Gesner eft
du nombre de ceux qui admettent
deux poiObns de ce nom. 11 dit que le
fécond a le dos noir; que les nageoi-
res , que la queue , & les environs des
ouïes, font bleus ; mais que la chair ,
pour le goût , efl la même chofe que
celle du précédent, he Merle, dont je
viens de parler , eft le Turdus rugir de
Salvien. Scaliger appelle la 11 anche
en Latin Merula. fluvLititis. Voyez
TANCHE.
M E R L U , ou M E R L U-
C H E *, efpece de Morue , dont
Ar i s tôt e (L, VIII. c. 15. L. IX.
*Ce poiiïbn eft nomnK 4 en Grec o»«î ; en
Latin Merhcius, & Afiltut ; en Anglois ,
the Hake ; en Italien Mtr/wo-, ou AJeMo ; à
MER <?3
C Vf. y, A T H É N É E ( L. VU. C. 3 I 5.)
& O p p 1 e n ( H al. L. L jh 5. & L. H.
p. 59. ) , parlent fous le nom dV: ïcç ~ y
El 1 en (L. IX. c. 38. L. V. c. 20.
p. 276, ) fous celui de &axâr%i ;
D o r 1 o n ( L. VIL p. 315.), dans
Athénée , fous celui de ra<Tûç ,
dont A r T e d 1 a fait le nom généri-
que de Gadus , fous lequel il désigne,
tous les poilTons de ce genre. Ce poif-
fon eft le Bacchus Se V Ajellus d«
Pline ( L. IX. c. \6. & 17.); le
Merlitcïus de B e l o n (de Pijcib. ) ;
VAfe'dus d'O vide (v. i 3 1 . J , ainft
que de V A R R o n C L. IV. de Ling.
Lat.), de Paul JoveO. 20. p. 87.),
deRoNDELET(L, IX. C. S. p. ZI 6.
Edit. Franc.); V Afellus minor de Sal-
ViEN (fol. 73. ) ; le Mcrlucius d'AL-
DROVANDE (L. 3. C. 2. p. 286".) , de
Ray (Synop. Pïjc. p. $6.), de W i L-
lu G h b ï ( p. 174. y, & de Jo N S-
toh(A Pijcib. ) ; Se enfin VAfttlus
fufcUS de CHARLETON,p, 122.
Artedi ( Ichth. Part. V. p. 3 6. ». 10. >
nomme ce poiiTon Gadus dorfo dypte-
rygio , maxillâ ïnferiore longiore , Se il
le met dans le rang des poïflbns à na-
geoires molles , tnter Pifces malacopte-
rygios.
Tous les Afellusy ou les différentes
elpeces de Morues , n'ont pas été con-
nus des Anciens. Pour le Merlu, qui
vit dans !a haute mer, il croît jufqu'à
une coudée Se quelquefois plus; il a
le dos gris-cendré, le ventre blanc r
la queue quarrée , la tête avancée Se
plate , les yeux grands , l'ouverture -
de la bouche grande, la mâchoire de
deftbus un peu plus grande & plus lar-
ge que celle de delTiis : toutes deux
font garnies de dents aiguës & cour-
bes ; après la langue il a des os deffus
Se d efTous & un conduit par où la nour-
riture defeend dans l'eftomac ; vis-à-
vis le cœur deux autres plus longs
qui empêchent que les poiiTons qu'il
Gènes , on lui donne le nom d'4/îno, & celui
de Nazetto en d autres endroits d'Italie ; ojï
I appelle en Hoilandois Schllvtsh,
tf 4 M E R.
avale ne lui bleffent le cœur avec leurs
aiguillons. Ce poilTon eft goulu. Il a
quatre ouies de chaque côté , entre
lefquelles eft le cœur , de la figure du
noyau du fruit de Palmier , nommé
datte. Il paroît , dit Rondelet,
qu'A T H é n ée s'eft trompé , en rap-
portant que ce poilïon eft le feul qui
ait le cœur dans le ventre , foit qu'il
entende , ajoute le Naturalise Fran-
çois , par le ventre, le creux qui eft
au-deffous du diaphragme , ou celui
qui eft au-deffus du diaphragme. Ce
poiffon a le cœur placé au même en-
droit où l'ont tous les autres poilTons :
du refte il a l'eftomac grand , large en
haut, pointu en bas, le foie blanchâ-
tre , où pend une bourfe pleine de
fiel verd ; après l'eftomac luit un boyau
d'abord étroit, enfuite large Se grand,
Se qui finit par être étroit ; la rate eft
rougeàtre Se placée au milieu du mé-
ientere ; fous l'épine du dos il a une
veffie pleine d'air : proche des ouies
deux nageoires : deux autres plus près
de la bouche , comme quelques poif-
fons d'eau douce ; l'anus eft placé
haut ."tout proche il a une nageoire ,
qui va jufqu'à la queue , une pareille
iùrledos , une plus petite vers la tête
Se un trait , ou une ligne qui commen-
ce aux fournis Se finit à la queue.
Quand le Merlu , f;lon Galien,
prend de bonne nourriture Se en eau
çlaire , fa chair eft auffi bonne que celle
des poilTons faxatiles : quand il en
prend ce mauvaîfe dans les eaux bour-
beufes , fa chair eft molle , greffe ,
gluante , n'eft pas d'un bon goût Se
devient une nourriture excrémenteufe.
Le foie du Merlu eft un mets délicat.
Dans l'été ce poiffon fe tient long-
temps caché , fi l'on en veut croire
Arist.otej cependant nos Pê-
cheurs en prennent prefque en tout
temps. Pline dit qu'il y a deux efpeces
de Merlu, une grande & une petite.
On en pêche en fi grand nombre en
Angleterre , qu'on en porte de falés
defféchés prefque par toute l'Eu-
M E R
rope , Se lï le Merlu ne nageoït pas ets
troupe , on n'en pecheroit pas tant.
Il n'a point de barbillons pour attirer
les autres poiffons Se les manger. Son
corps eft tout couvert de gravier : c'eft
ce qu'A r i s T o t e dit de l'uvoç. Le
Merlu n'a point le ventre tacheté ,
comme le rapporte Epicharm us
d'un autre poilfon nommé ÔW," ce qui
fait voir qu'il a été connu des An-
ciens, comme Galien , Philotime
&c DoRion, qui ont donné les noms
d'.i'yot & d Of itiUf à des poiffons bien
différens. Selon Rondelet , VOnifcot
n'eft pas toujours le même que YOnos,
mais un poilfon bien différent , comme
le marque Athénée. Oppien met
auffi de la différence entre l'un & l'au-
tre. Il range l'Onos parmi les poiffons
qui vivent en haute mer, & YOnifcos
parmi ceux qui vivent fur les rivages
fangeux. Turnerus dans une Epître
à Gesneu,Willughby Se Ray
difent que VOmseâ Y Afellus des An-
ciens , Se cet AJellus des Anciens eft
YÉglefin des autres Naturalises mo-
dernes. C'eft apparemment cet Onos ,
qui , félon Rondelet , fe trouve fur
les rivages fangeux. Le Merlu a eu en
Latin le nom de Merlucius , comme
qui diroit maris Lucius , Brochet de
mer, pareequ'il fait fa nourriture des
petits poiffons qu'il rencontre : c'eft
même le nom qu'on lui a donné. Les
Hollandois ne font point de cas de ce
poiffon , pareequ'il eft très-commun
parmi eux; cependant , dit Rieger
( Ititrod. ad not. rer. nat. & artefacl,
Tom. I. p. 9<Jj.), fa chair eft tendre ,
friable Se d'un fort bon goût. On en
fait beaucoup de cas en Weftphalie.
M. A N D E R S o N dit que la Merluche ,
ou Merlu eft une efpece de Cabéliau.
Voyez au mot W1TTL1NG,
où je rapporte tout ce qu'en dit ce
Naturalifte.
Les Indiens ont aufïï une efpece de
Merlu , dit Ruysch (dePifciù. p. 3 1.
lab. 16. ». 9.) , qu'ils nomment Kair.
Us la font fécher au foleil. Elle a plus
de
MER MES
de trois pieds de long, eft de &8êt&A*
tes coukurs & retTemble affez à notre
plus grande Morue. La principale de
fés couleurs eft jaune: les autres font
des taches , pour la plupart bleues:
il faut en excepter une ligne , qui com-
mence au milieu du corps , & finit à la
queue, laquelle ligne eft bleue & rouiTe.
MEKOS , nom que les Portugais
donnent à un grand poilfon du Bréfil ,
qui eft le Jacob Evsrjên des Hoilandois
& le Cuvupit-G tacu de MaiïC Grave.
Voyez CU GUPU-GUACU.
MEROPS , en Latin Apiafler ,
oifeau de la grandeur d'un Merle. On
îe nomme en François Guêpier. Voyez
ce mot.
MES
MES AL, nom que M. Adanson
( Hifi. des Coquillages dit Sénégal ,
p. i 59.) donne à un Coquillagcopcr-
culé, qui eft la feptLme cfpece de
fon genre de Cérite. Il eft figuré ,
Planche X. h. 7. Sa Goquille , dit-il,
reflemble infiniment à la fixieme cfpece
de ce genre , qu'il nomme Ligar ,
mais elle n'a gueres plus de deux pou-
ces 3c demi de longueur ; fes dix-fept
à dix - huit fpires font auffi entou-
rées de cinq à fix canelures , mais fi
finies, qu'elles femblent autant de fi-
lets fort écartés les uns des autres ; le
fommet ne furpalTe que trois fois la
longueur de la première fpire; l'ou-
verture rt'eft pas tout-à-fait ronde ,
mais un peu allongée ; la lèvre gau-
che paroît repliée comme une petite
plaque fur la féconde fpire ; le fond
de fa couleur eft quelquefois blanc ,
mais ordinairement d'une agathe fort
claire.
L'Auteur range fous le nom de Mé-
Jal , le Turbo Uvi tefiâ , in mari Adria-
ticofrequens , fubtUijfimis crenis crifpa-
tus , colore lapïd'u Tiburtini , tribus
Juprà decem orbibus , licet mole parvus,
extenfus de BoNanni , Recréât, p. n 6.
Claff. 3. n. 23. Se de M. K L E 1 N ,
Tent. 1. p. ^o.yp. 2. B. >i. 2. A.
Tome 111.
•M E S- 6$
Le Turbo alter , mole major , decem
tantiim orbibus finitus , valdè tumejeen-
tibus , omnino lœvigatis , colore mar-
moreo , jïtbalbido & aliquantullim ve-
tuftate [tavejeente du même , ». 24. 8c
du A'tujdum de Kirker , p, 45 1.
n. 23. çr 24.
La Cochlea albida , ad imum quemque
orbem unà vel altéra flr'ui majujeua
de L 1 s t t k , Hijl. Conckyl. Tab. 501.
». 5<1
Le Turbo ïnteger , vulgaris , Uvis de
Langhius, Meth.pag. 47.
Le Strombus Conchuïdcs ,fpiris torofîs
ftriatis carminatus , albidus , ad imum
mitmque orbem unâ vel altéra Jhià
majujculâ , ore rotundo , parura ad fi-
nifiram labiato du même , ibid.
MÉSANGE , genre de petits
oifeaux, qui font les 1 />/■&<* Aoi d'An is-
T o t E & les Pari des Latins , mis par
M. Linn/ïus parmi les Aves F après.
Les marques cara^cériftiques des diffé-
rentes eJpeces de Mé fanges font d'a-
voir le bec court Si noir, de voltiger
autour des arbres , de s'y nourrir prin-
cipalement d'infeélcs , de faire leurs
nids dans les trous des arbres, ce qut
leur a fait peut-être donner le nom de
Titmouji en Anglois , dit Ray. T u r-
n e r u s dit que les Méfanges fe nour-
riffent suffi de graines de Chanvre &
de noyaux de fruits, qu'elles ouvrent
avec leur bec. Toutes les Méfanges,
excepté \a Méfange à longue queue , ont
les pieds de couleur plombée.
BELONparlede lu grande Mé fange ,
autrement nommée Notmette , de la
Méfange à longue queue , de la Méf an-
ge bleue. Aristote a fait mention de
ces trois cfpeces. B e l o n y ajoute une
quatrième cfpece , qui eft la Méfange
à tête noire. Gesner , Aldrovande ,
Ray, Albin & M. Linnjeus
ajoutent à ces quatre efpeces la Mé-
fange hitpée Se la Méfange de marais.
Il y a encore, félon À L a 1 K , la Mé-
fange barbue dejuthland , une Méfange
des Indes , félon AldrovandeSc
enfin les Méfanges du Cap de Bonne-
'tftf MES
Efpérafiee. Gesner donne te nom
de Méfange de bais , en Latin parus
fylvtticus à. un petit oifeau, qui a paru
àWiLLUGHBY être Je Roitelet hupé.
M. Klein C Or do Av. p. 84. ) fait
des différentes efpeces de Mffanges le
neuvième- genre de la quatrième fa-
mille de fea cvfcaux. Il en donne juf-
qu'A quinze efpeces, dont à la vérité
le plus grand nombre font des efpeces
étrangères. Les Auteurs de la Suite,
de la Matière Médicale comptent lix
efpeces de Mcjangcs , firvotr la grojfe
•u grande Méfange, la Méjangt àtete
noire , la Méfatlgè de marais , que peu
de gens connoiffent , la Méjange bleue,
fort joli oifeau , la Méjange à longue
queue & la Méjange hupée.
Grande , ou Grojfe MESAN-
G E*,. nommée Parus par D a L e
( Pbarm. p. 422.) & par L è ME R Y,
p. 6"c8. Fringillago & Farorum raaxi-
ma par B e t o h ( des Gif- p. 3 67. ) :
Parus major par Gesner (de Avib.
p. 578. ) , par Aldrovande
(Ortiith. i. p. 7 10.) , par M E R R ET
( Pin. p. 178,) , par Jonston (de
Avib. p.$6. ) , Se par Char leton
{ Exercit. p. 96.): Parus Carbon ar lus
major par Schroderus, p. 332. Parus
Carbonarius parScHWEMCKFELD
(Aviar. SileJ. p. 318.): Fringillago,
Jeu Parus major par W 1 L L u g h b y
(Ornith, p. 174.)» par Ray ( Synop.
Meth. Avium p. 73.).» par Albin
* La grojfe Méfange, comme le rapportent
les Auteurs de la Suite de la Matière Médi-
cale , autrement dite Mefenge , ou Marenge ,
Ô Méfangert , ou Mufangere, eitaufïi appel! ce
Mefengle , Lardere , ou Lard. relie , Ardirdle,-
ou ArdcroUe , ainfi que Méfange- Sonnette ,
Charbonnitre , ou Tinççnnitre , & Croque^
Abeille , autrement Cmiriïïe , qui fe nomme
en Grec À'y>ts>.'< ; en Italien Parifola, oit
Farufcla Maggiore ; en Allemand , Spiegel-
Metfe , comme qui diroic Méfange à miroir ,
à caule ries tachej blanches & jaunes qu elle
a parmi les autres t elle porte en Anglois le
nom rie Crvat-Tittncufe, ou celui ieOx-Eye ,
& en Suédois celui rie Talg-Oxe. En Berr> &
et> Sologne les gens de la campagne l'ap-
pellcm vulgairementle Perron des Maréchaux ,
sLcaute qu'elle, repjete fort fouveut tii, ti, ti
M E S
(Tomel n.4,6.) , Se par M. LiNffiFUs
( Fauna Stuc. n. 238. ) Paru* oa pif p
nigro , temporibus albis , macula lutea.
Les deferiptions qu'Al.DROVANDE j.
"Willughby , Belon , &ç. font de la
grande Méfange , différent. Cela n'eft
point étonnant : c'eft la remarque
d'A 1, drovandEj & je l'ai déjà dit
ailleurs. La Nature , toujours féconde
dans fes productions , aime à fe jouer
& il n'ell point étonnant que la diver-
fité de l'air, du climat & des contrées
mette aulTi de la différence dans le
plumage des oifeaux de la même tf-
pece..
Cet oifeau , félon WiuUGKBT,.
eft prefque égal au Pinçon: il pefe à
peine une once. 11 a depuis le bout du
bec , jufqu'au bout de la queue un
demi-pied de long , & entre les ex—
trémités des ailes étendues neuf pou-
ces de large. A L b 1 K ne lui donne que
fix pouces de longueur depuis la pointe
du bec jufquM l'extrémité de la queue ,
& neuf pouces & demi de large , les
ailes étendues. Il a le bec droit, noir,
d'un demi-pouce de longueur : les
deux mâchoires de pareille longueur
la langue terminée en quatre filamens ,
(Albin marque deux); les pieds
bleuâtres, ou couleur de plomb; les
doigts extérieurs joints jufqu'à un cer-
tain point à celui du milieu ; la tête &
le menton noirs ; au-delTous des yeux „
de chaque côté, une raie large, ou
comme fi elle frapport furune enclume, fur-
tout quand le temps menace de froid & d»
gelée , & c'eft apparemment pour la mcnie
railbn qu'on l'appelle en Provence le Sirru-
rier. Quant au mot Méfange , le Pe re L a b b e-
croit qu'il vient du mélange des plumes de
l'oifeau ; mais ce Pere n'a pas en cela bien
rencontré , (i l'on en croit Mena oï , qui le !
fait venir de l'Allemand Mif nke. Selon M.-
J a u l t , d'après W a c h t e «. , k s Allemands
difent Meife , Si les Flamands Meyt ; autre-
fois les Anglo-Saxons difoient Mafe. or ces-
mots ont beaucoup de reffemblance avec le
Grec inufité Mt'î«« , mon rend en Latin par -
le mot de parrus . & ij y a grande apparence
que la Méfange a été air.fi nommée à caufe de b
fa petitelle. C/.tisey, p t 64. appelle tet oi-
feau Méjaugt-Vinjon, ■
Tv! E S
tache Manche rcm-.,v;uuble , qui patte
en arrière & entoure les joues ; au
derrière de la tète une autre tache blan-
che, terminée d'un côté par le noir
Je ia tête , Se de l'autre par le jaune
du col; le col, les épaules, le milieu
du dos d'un verd jaunâtre; le croupion
bleu; la poitrine, le ventre Se les
cuiiïes jaunes , mais le bas-ventre eft
blanchâtre ; le milieu de la poitrine Se
du ventre divifé par une ligne large,
noire , qui Ce continue depuis la gorge
jufqu'à l'anus; les fortes Se longues
plumes de l'aile font au nombre de
dix-huit, dont les petites , qui font
le plus en dehors , font fombres , ayant
des pointes blanches , ou en partie
blanches , ou en partie bleues ; les
bords extérieurs de celles qui font con-
tinues au corps font verds. Quant ans
plumes couvertes du premier rang ,
celles qui font vers le milieu de l'aile
font avec leur pointe blanchâtre une
bande en travers, tirant fur le blanc;
les plus petites plumes couvertes de
l'aile font bleues ; la queue a environ
deux pouces Se demi de longueur ;
elle eft compofée de douze plumes ,
dont les girouettes extérieures font
bleues , ou d'une couleur de frêne
fombre , excepté celle de la plume la
plus avancée en dehors, les girouettes
intérieures étant noires ; les plumes
les plus extérieures de toutes ont leurs
girouettes extérieures & leurs poin-
tes blanches. Le Doeteur d'Herran
■a remarqué que le mâle de la grandi
M J fange eft un peu plus grand que
la femelle , Se que la lifiere ou le trait
noir qui eft fur la poitrine Se fur le
ventre du mâle , eft beaucoup plus
large & plus luîfant qu'il ne l'eft dans
la femelle.
B e l o m parle en ces termes de la
plus grande efpece de Méjange. Elle
fe tient , dit-il, au bois, monte Se def-
■cend à la manière du Pic verd , s'ac-
crochant aux troncs des arbres. Elle
ne fe volt pas fi communément en été
qu'en automne. Elle paroît quand la
M E S 67
Bergeronnette s'en va , & alors on en
trouve en grande abondance. Le Vul-
gaire a trouvé une invention pour
prendre les Méfanges , qui eft puérile :
c'eft qu'ils pendent une noix entamée ,
autour de laquelle ils tendent plufieurs
petits collets (Impies , de queue de
Cheval , Se les Méf anges voulant ve-
nir manger la noix fe pendent par les
pieds, 8c là trouvant les collets font
ainfiprifes. Elles portent une coëffure
fur la tête , ainfî que cette efpece de
petite Oie , qu'on nomme Crevant :
de-là vient que toutes deux font ap-
pelles NoneHes. Cette Méfange eft
de la grandeur d'un Pinçon, comme
le dit Aristote. Elle a un petit bec
bien tranchant , rond , Se qui n'eft gue-
res long, mais pointu Se tirant fur le
noir; la coeffure qui lui couvre la tête
eft fi noire , qu'elle en ternit : elle lui
prend jufques deiTus la gorge Se par
deffus les côtés du col ; mais elle a les
temples blanches , comme auifi une
tache blanche en chaque côté; les plu-
mes du deiTus du dos font de couleur
de celles d'un Verdier; mais elle eft
jaune defibus le ventre , comme une
Bergeronnette, ayant les ailes comme
celles d'une Lavandière ; fon col eft
de couleur cendrée ; les plis de fes ai-
les font verds, ayant aulfi une 'ligne
fur l'aile en travers de couleur pâle;
fa queue eft pour la plus grande partie
cendrée ; les deux dernières plumes
aux bords de chaque côté font blan-
châtres : cet oifeau a de bonnes jambes
& de bons pieds, Se fi l'on faiteomparai-
fon du grand au petit , ils font abfolu-
ment femblables à ceux du Loriot ;
car ils les ont tous deux de couleur
plombée , avec de bons ongles & de
gros doigts ; mais les jambes font
courtes. Cette efpece ne fe pend pas
tant aux branches que les autres. Elle
fait une grande quantité de petits, le
plus fouvent douze ou quinze pour
une nichée. Toutes les Méfanges ont
les plumes fi avant fur le bec & fi lon-
guettes , qu'elles en paroiflent hu-
M E S
M E S
pées. C'eft ainfi que Bïio n p:rî° de
cet oifsau.
O i. i na , p. ^o. pppeile la gr*jp
Méfange , Sp*m;iz.z.>jla Se dit qu'elle
pond d'une feule couvée huit ou neuf
œufs dans le creux des arbres : qu'elle
eh: la plus eftimée des M éf anges pour
le chant : qu'elle vit quatre ou cinq
Ans : que fou cri ennuie & fatigue aviez
louveut : que c'ell un oifeau cou-
rageux , qui défend fes petits des au-
tres oifeaux avec beaucoup de bra-
voure : que les Me fanges volent par
troupes de fix ou fept , & quelquefois
davantage. Olina ne s'accorde pas
ici avec Belon pour le nombre des
rrufs que l'oifeau pond à chaque cou-
vée. M. Zinanni n'en fait aucune
mention dans fon Traite des oeufs & dis
nids des Oifeaux. Les Auteurs de la
Suite de la Matière Médicale difent en
avoir beaucoup déniché : qu'ils ont
trouvé pour l'ordinaire neuf œufs d'un
blanc de couleur cendrée , parfemés
de points rougeâtres , fur - tout au
gros bout, dans un nid évafé ou ap-
plati * Se fait de bourre t du moins en
grande partie.
Cette efpece de Méfange , nommée
Charbonnière a pris fon nom des ban-
des Se des taches noires. D'autres ,
comme Catesbï , l'appellent Méfange-
Pinçon , à caufe de la reflemblance des
deux cris. Les mâles ont une bande noi-
re, plus longue que celle des femelle s ,
qui s'étend en deffous , & le long du
ventre. Cela les fait encore appeller
Mé fanges brûlées ; mais le nom de Mé-
fanges Charbonnières eft le plus connu ,
comme aulfi le plus ancien, puifqu'elles
l'ont de même en François.
Cette grande efpece eft véritable-
ment un oifeau de proie Se mange de
la viande. Elle vole avant toutes les
autres fur les cadavres, fur les corps
pendus & roués. Lorfqu'elle en voit
quelques-unes de fon efpece même &
de plus petites qui font malades &
forblcs , elle les pourfuit Se leur tire
la. cervelle à coups de bec» C'eft un
fortjolï oifcatii On p:ut f*apprîvoîftT
f: le nourrir en cage , ou dans uns
étuve, à caufe de la douceur de fora
chant, qu'elle continue pendant toute
l'année. Aldrovande dît que ,
commr elle aime le fuif , on s'en fert
pour lui dreff;r des embûches , 8c
qu'en cage on lui en donne , afin qu'el-
le chante plus agréablement'. Elle ne
fe pofeprcfque jamais par terre.
Selon M. F r i s c h , quand les Mé~
fanges n'ont que du Chêne vi davs
leur cage , elles deviennent bien-tôt
aveugles , pour trop becqueter. La
plupart des M'J'arges , comme je viens
à; le dire , de la grande efpece , rrtan-
g;nt de la viande : c'eft ce qui fait
qu'elles volent fur les cadavres; ce-
pendant eil r -S fe nourriflent ordinaire-
ment de Chenilles & des crufs de ces
infeclres, qui in^eftent le? arhr S, Dans
les maifons elles mangent de la plus
grande partie de r.o-s alimens. Elles
aiment particulièrement le? noifettes :
plufieuvs même s'en fervent pour les
prendre avec des méfangeres. En au-
tomne la plupart de leurs alimens dans
les bois font tontes fortes d'infecte-s
rolans Se rempart, qu'elles prennent
entre les écorcts Se dans les fentes
des arbres. Elles peuvent grimper le
long Se autour des troncs des arbres»
comme font les Pic". F.Ues goûtent
leur manger avec la langue Si ne l'a-
valent pas d'abord. Elles ne vivent pas
long-temps en cage. On les nourrit
encore avec des Limaçons , du fro-
mage nouvellement caillé Se des œufs
de Fourmis.
La grvjfe Méfange contient beaucoup
de fel volatil & d'huile. Cet oifeau eft
d'ufage en aliment , principalement en
automne ; mais comme il n'a rien d'ex-
ouis , il n'y a gueresque le petit peu-
ple qui en faiTe ufage. On l'eftime
propre contre l'épilepfie , j our exciter
l'urine 8e pour déterger les glaires &
les graviers des conduits urinaires-
On le fait fécher, Si après l'avoir ré-
duit en poudre , on en donne depuis
M E S
un fcrupule juffu'à ort gros , bfidk
dans tm verre de vm blanc , ou cans
quelque eau diurétique , telle que
celle de Turquette, ou de Pariétaire.
MÉSANGE à longue qmue , en
Latin Paru» caudatus; en Anglois tbe
Long -Tait 'd Titmwfe ; en Suédois
Ahltita. A L b i n C -i orne IL n. 5 2 . ) dit
que cet oifeau a le fommet de la tête
blanc : derrière le bec & au-deffus des
yeux , à droite & à gauche , il y a une
tache . q ui entoure le derrière de
la tête : cette tache eft noire , lar-
ge Se dentelée par en haut ; les mâchoi-
res, la gorge , la poitrine Se le ventre
font blancs : cette cou Lu r eft diverti fiée
de petites tache? l'ombres; le plumage
du dos eft d'un châtain tendre , bigarré
de noir ; les fougues plumes des ailes
font noires ; les bords extérieurs de
celles qui font en dedans font blancs.
La queue de cet oifeau relfemble à
elle delà Pie-Griêche ; les plumes
les plus avancées en dehors font plus
courtes que les autres , qui font con-
fidérablement plus longues par degrés
jufqu'à celle du milieu , qui cilla plus
longue de toutes ; la pointe Se la moi-
tié extérieure à droite Se à gauche de
la plume la plus avancée en dehors font
blanches, Se celle qui eft immédiate-
ment après a moins de blanc : il n'y a
que la pointe de la troifieme qui foit
de cette couleur, les autres étant en-
tièrement noires ; le bec eft court ,
fort & noir; la langue eft large , par-
tagée en filets ; les yeux font plus
grands que ceux des autres petits oi-
feaux : 1 iris eft de couleur de Noife-
tier; les bords des paupières font jau-
nes , Se les narines font couvertes de
petites plumes; les jambes, les pieds
Se les griffes font noires.. Ces oifeaux
fréquentent les jardins plutôt que les
endroits montagneux. Ils font leurs
nids de la même manière que le Roi-
telet Se même avec plus d'art : car
les voûtes en font travaillées comme
les autres parties de telle manière ,
que l'ouvrage en entier reffemble à
MES 6*9
un ceuf placé fur une de fes pointes :
il y a un petit trou à côté, pour fortir
Se rentrer : par ce moyen les oeufs 8c
les petits font affurés contre l'intem-
périe du climat , ou contre tout autre
accident du vent , de la pluie , ou du
froid, & afin que ces petits y foient
plus mollement , le dedans du nid eft
doublé de duvet : le dehors eft conf-
truit de mouflê , de laine Se de toiles
d'Araignées , entrelacées avec beau-
coup d'art. Cet oifeau commence à
paraître vers le premier mois de l'au-
tomne. On le voit pendant tout l'hiyer.
M. L 1 n n /eus ( Fauna Suec. p. 90.
v. 243. ) nomme cet oifeau , Parus
vertice albo , caudâ corpore longiorc,
C'eft le Parus caudatus Montïcula
de BELON , p. 3CT8. Scd'ALDROVANDE
C L. XVII. c. 1 5 • ) , & le Parus cauda-
tus de Gesnek ( Av. p. 6%l ) , de
^iiluchbï ( Ornïth. 176.) , de
Raï ( Synop. Avïum , p. 74. n, 5) Se
d' A L ff 1 N. Cet oifeau , dit B e l o n ,
lailfe fa queue Se s'échappe des mains
des Oifelcurs. ïl a les mœurs Se la
manière de vivre du précédent. II
quitte les bois , pour venir vivre l'hi-
ver dans les jardins , les Villes Se les
Villages. 11 fe pend parles pieds aux
branches des arbres » Se comme les
autres Méfaages il en mange au prin-
temps les bourgeons. L'hiver il vole;
d'arbres en arbres. 11 a un cri clair, vole
en troupe. Ces Mrfanges s' appellent les
unes les autres. La queue de cet oîfeatr
eftfourchue , comme celle de l'Hiron-
delle. Il eft de la groffeur du petit Roi-
telet. M. L 1 n n m u s en donne la
figure , dans fa Fauna Suce. n. 243.
Schwenkfeld Se Frisch en parlent.
Celui-ci dit qu'il a le bec court , bien
pointu Se rond , Se M. K c e i n ( Ordo
Av. p. 85. n. 7. ) qu'il a la tête , la
poitrine Se le ventre blancs , le dos Se
la queue d'un brun noir , des plumes
blanches fous la queue , Se les ailes-
variées de blanc Se de noir.
MÉSANGE H U P É E » en
Latin Parus enflatas i en Anglois the
7 o M E S
■Crcfied Tïtmoufe ; en Suédois tfifmyjfa ,
ou ] <0ita. Albin au même endroit dit
que le bec de cet oifeau eft paflàblé-
ment court & çrand ; fa langue eft
large fe partagée en quatre fi ets; les
pieds font dérouleur de plomb j les
doigts de dehors font liés à celui du
milieu jufqu'à une certaine diftance
par une membrane ; le ibmmet de la
tête eft noir, Se les bords des plumes
font blancs ; il y a une bh-nde noire ,
quî provient du derrière de la tête Se
entoure le col comme un collier ; il y
a une autre bande noire , qui s'étend
■depuis la mâchoire inférieure jufqu'au
collier; les plumes des côtés de la
tête Se du milieu du col font blanches,
mélangées de plumes brunes; le plu-
mage "du milieu de la poitrine eft
blanc ; celui des côtés du bas du ven-
tre 8c des cuiffes eft un peu rouge ;
les ailes, ainfi que la queue , font (om-
bres , & les bords des plumes d'un
blanc verdàtre ; le dos eft d'un verd
tirant fur la couleur d'olive. Cet oi-
feau a cinq pouces de longueur, de-
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré-
mité de la queue. Les ailes déployées
ont huit pouces Se un quart de lar-
geur. Les longues plumes des ailes
font au nombre de dix-neuf. La queue
confifte en douze plumes. Btlon n'a
point connu cet oifeau. M. Linn^us
( p. 89. n. 23 9. ) le nomme Parus ca~
pite crifrato. C'eft le Parus criflatus de
G E s n e R , Av. p. 642- d'A tDRO-
V A N D E , (Jrn'uh. deÀy/lLLUGHBY,
Ornïth. p. 175. /. 43. de R a y , Synop.
Av. p. 74. Se d'A L b 1 N 1 Tome II.
^.58. C a te s b y , p. 57. nomme cet
oïfeau Méfange hupée , & dit, & M.
Klein, d'après lui, ( Ord. Av. p. 85.
rt. iz.) , qu'il a le bec noir , une peau
en deflus , qu'il eft gris par-deAus ,
que tout le deffous Se toute la face
font blancs , avec une nuance de rou-
ge plus frappée fous les ailes ; les
cuiftes , ainfi que les pieds, fontplom-
bés.
MESANGE DE MONTA-
MES
G N E, en Latin, mo-ninm Fringilla; es
Anglois the Mont liriTitmoufe. On a vû
à l'article de MÉSANGE à longue
queue , que, chez les Naturaliftes , la
Méfange de montagne , auffi-bien que
celle à longue queue , font le même
oifeau. Cependant Albin (Tome III.
n. 57. ) les distingue , Se voici la def-
cription qu'il donne de la Mcj'ange de
montagne. Cetoiieaueft de, la grandeur
des Mcfanges Nonnettes à tête bleue.
Le bec du mâle eft jaune ; les yeux
ont l'iris de couleur blanche. Il a une
grande bande , qui renferme l'œil , Se
finit en un point vers le col. La tête
eft bleuâtre ; le deiTus du col , la poi-
trine Se le ventre , font d'une couleur
tirant fur le jaune : le dos , Se l.s plu-
mes fcapulaircs des ailes , font d'un
brun jaunâtre : les longues plumes des
ailes , Si celles qui font couvertes ,
font de couleur de frêne bleuâtre ;
les jambes Se les pieds font bleus ; le
bec de la femelle eft de cette dernière
couleur. La queue confifte en douze
plumes, dont le milieu de chacune eft
brun , & ks bords extérieurs font de
couleurde frêne bleuâtre: la tête, le
dos , les ailes Se la queue , font d'un
brun clair : la Rorge eft blanche ; la
poitrine , le ventre Se les cuiiTes , font
de couleur de bufle pâle Se jaunâtre ;
les jambes Se les pieds font cendrés.
Le même Auteur dit qu'on voit de
ces oifeaux dans certaines Provinces
d'Allemagne Se en Italie.
MÉSANGE BLEUE, ou
NON NETTE, en Latin Parus c*-
ruUus s en Anglois ibe BlewTttmouJ'e ,
ou Nun i en Suédois Blaumes. Cet oi-
feau eft gros comme la Fauvette,
mais fon ramage eft extrêmement dé-
fagréable : il a la tête noire Se blan-
che ; l'eftomac tirant fur le verd , Se
l'échine eft d'un violet obfcur. On dit
qu'il vit ordinairement quatre ou cinq
ans. Ce volatil a quatre pouces de
longueur , depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité de la queue , Se fept
pouces Si demi de largeur les ailes
M E S
I tendues : ion bec eft court , êpaîs ,
pointu , Se d'une couleur fombre : fa
langue eft large , Se finit en filets ou
fibres ; fes jambes l'ont de couleur de
plomb : les doigts de dehors font atta-
chés à ceux du milieu. La tête eft or-
née d'azur , & entourée d'un cercle
blanc redemblant à une couronne. Ce
cercle eft fui vi d'un autre cercle bi-
garré, qui entoure la gorge & le der-
rière de la tête , étant au-deftus de la
même couleur que la tête , Se noir
vers la gorge Se au-delTous ; au-deflus
de ce cercle , fur le col, eft une ta-
che blanche : il y a une ligne noire ,
qui paffe à travers les yeux , depuis
le bec jufqu'au derrière de la tête J
les joues en font blanches , Se le dos
eft d'un verd jaunâtre : les côtés Se la
poitrine font jaunes, à la réferve d'une
ligne blanchâtre qui , s'étendant jus-
qu'au défaut de l'os de la poitrine,
partage la poitrine en deux. Le mâle a
plus de bleu fur la tête que la fe-
melle , Se que leurs petits : les points
des grandes plum_s contigues au corps
font blancs , àînfi que les bords exté-
rieurs des plumes de devant , depuis
le haut jufqu'au milieu : les plumes
couvertes des ailes font bleues , dont
les intérieures, avec leurs pointes blan-
ches , font une ligne blanche à tra-
vers , avec cette exception , que les
bords des plumes , qui font les plus
avancées en dehors, font un peu blancs.
Les grandes plumes de chaque aile
font au nombre de dix-huit , fans y
comprendre une plume courte , qui eft -
la plus avancée de toutes en dehors.
Le Docteur d'Herran a remarqué ,
après avoir fait une exacte recherche ,
que le mâle de la Mcfange Now/ctu eft
un peu plus grand que la femelle , Se
que toutes les couleurs en font plus
brillantes , fur-tout le jaune fous le
menton, Se le bleu fur le dehors des
ailes Se fur la queue. Ces oifeaux font
d'uni- grande utilité aux arbres, dont
ils défruifënt les jeunes Chenilles, Sic
lès œufs de ces infectes , qui en man-
M E S 71
gent les fruits. C'eft ainfi qu'Ai, b i n
( Tome L ». 47. ) parle de la Méfange
bleue.
M. Linn;eus C Fauna Suce, p, 89.
n. 240. ) nomme cet oifeau Tarn; remi-
gibus C&TuleJctntibus , prima rnar><ine
exieriore albà , vercice cxridco. C'eft le
Parus contiens de B e l o n , p. 7, 60.
de Gesneu, Av. p. 64 1 . de W 1 i>
t u G h b y , Otm(h. p.*7 f. de Rat,
Syri: p. Av. p. 74. w. 4. Se d'A [DR o-
VANDE, Ornith. L. XVII. c. 17.
ArijjTote ( Hifi. Anim. L. VIII. c. 3. >
a parlé de cet oifeau , Se l'a compris
parmi fes A/;/9a>oi. Nous le voyons
en automne Se pendant tout l'hiver ,
Se il va paffer l'été dans les bols. Il
n'eft guerts plus gros que le Roite-
let. Il fait , comme les autres efpeces
de M'' fanges , une grande quantité de
petits. M, Klein (p. 8$. n. 1 1 1, ) dit
que cette flSéJknge Nonnette eft la plus
petite de toutes Tes autres e/peces. On
dit que les Méfangej, appellées com-'
munément Notmti tes, font plus fit jettes
aux gouttes qu'aucun autre oifeau.
MÉSANGE NOIRE, nom-
mée en Latin Parus ater , Se en An--
glois the CvlemouJ'e. M. L 1 n ttJÊ v s'
(Fauna Suce. p. 89. n. 24 1.) appelle
cet oifeau Parus capïte nigro , vertice
albo , dorfo cir.ereo , peilore albo; C'eft
le Parus ater de Gesner , Av. p. 0*4
d'A L D r o v a n d e, Omit h. L. XV II..
c. de Willughby , Ornith. p. 175,-
f. 43. Se de Ray, Synop. Av. p. 73,
n. 2. Selon Bel on, p. 37b. cet oï--
feau a le bec, les jambes, les pieds
Se les ongles de couleur noire. Il a du
noir fur le fommet de la tête , qui def-
cend jufqu.es 'dédits le bec : le dedous-
de la gorge , les deux côtés des tem-
ples , Se tout le dedbus du ventre,,
font blancs ; le dedus du col Se du 1
dos eft entre tanné Se cendré ; fa queue
Se fes ailes font d'une couleu"- mêlée 3 ■
tirant fur un noir pâle. Cette forte de
Mêfange fè tient plus volontiers dans
les forêts & les bois taîlliV, que dans'
les jardins Se les vergers. Elle tienne--
7 % MES
milieu entre la grande Méfange Se la
Méfange bleue. Albin nomme cet oi-
feau méfange de bois.
MÉSANGE DE MARAIS,
en Latin Parus palufiris ; en Anglois
the Marsh -Titmoufe , ou Black-Cap ;
en Suédois Entka , Se Tomlinge. Cet
oifeau eft nommé par M. L i n n & u s
( Faim a Suce, p. 89. ». 241.) Parus cn-
pite nigro , temporibus albis , dorfo ci-
iureo. G es N e a ( Av. p. 642.) , A l-
drovandeC Ormtb. ) , Wil-
l u G h b y ( OrnitL p. ijf. t. -45. ) .
R a y ( Symp. Av. p. 73.) , Se Al-
bin (. Tome HI. ) en parlent fous le nom
de Parus palufiris. Cet oifeau fe retire
dans les Genévriers. Il a la tête noi-
re : les mâchoires ou les temples.au-
•deffous des yeux , font blanches ; le
dos eft verd , & les pieds font plom-
bes. 11 diffère de la Méfange noire par
fa grandeur, Se par fa queue qui eft
plus longue. Il n'a point de taches blan-
ches derrière la tête; fa face eit plus
blanche. Il a moins de noir fous le
menton , & point de taches blanches
au bout des plumes qui couvrent fes
ailes.
MÉSANGE DES INDES,
en Latin Parus Indiens. C'eft, félon
A L d R .0 V A N D E , un oifeau pres-
que tout-à-fait iemblable à la grande
Méfange » quoiqu'il n'ait point de ta-
ches noires. Son plumage eit compofé
de trois couleurs , c'eft-à -dire bleu ,
blanc Se noir. Les yeux ont l'iris rouf-
fe ; le derrière de la tête & tout le
col font d'un bleu clair : fous le ven-
tre , il eft blanc : fes ailes font bleues,
ai n h que fa queu? , qui égale fen corps
pour la longueur: fes pieds font noirs
& petits , Se en cela jl diffère des Pa-
rus ou Me'J anges. Cet oifeau parolt fuf
peâ à Ray (Synop. Av. p. 74. n.y.),
Se il croit qu'A ldrovande ne
l'a décrit que fur la fnnple ligure en
peinture qu'il en a pû voir.
MÉSANGE ENCAPU-
CHONÉE , ou CAPUCHON
ftO.IIl, felcflCAT e sb y , p. ûo.en
MES
Latin Parus cucullo nigro. Cet oîfeau
a une large raie , qui entoure le col
Se le derrière de la tête en forme de
capuchon ; fa face , qui ett jaune , fem-
ble fortir de-l.i comme la tête d'un
Bernardin de fon capuchon : tout le
deifous elt jaune; il a le dos, les ailes
Se la queue d'un verd fale , & les pieds
noirs. M. Klein (Ord. Av. p. 85.
Tt. J.) ^it qu'il a les pieds bleus.
MÉSANGE à croupion jaune ,
en Latin Parus uropygio luteo. Cet oi-
feau, dit Catesby , court fur les
arbres , comme le Pic-Verd. Il eft
tout brun & a une ceinture de verd
Se le croupion jaune.
MÉSANGE DE BAHAMA.
en Latin Parus h.:hamcn[ts. Cet oi-
feau , dit Catesby , a le bec noir ,
longuet, un peu courbé; la tête, le
dos , les ailes bruns ; une raie blan-
che , qui va de l'angle du bec au der-
rière de la tête , Se coupe l'œil à moi-
tié ; la poitrine Se le haut défi aiies
jaunes ; la queue longue , brune deffus,
blanche Se fale defTous.
MÉSANGE BRUNE , en
Latin P arus lut ff cens Americanus. Cet-
te cfpece , fclon le même Auteur, a
le bec noir , tout le deffus du corps
d'un verd jaunâtre , le défions jaune,
blanc vers la queue ; les ailes brunes,
tachetées de blanc , la queue brune ,
les deux plumes de deffus à moitié
blanches , Se les jambes d'un blanc
fale. La femelle eft toute brune.
MESANGE a gorge jaune , en
Latin Parus Americanus , gutture lu--
teo. Cet oifeau étranger , a , dit le
même Auteur , le bec Se l'occiput
noirs ; la gorge d'un jaune brillant ,
féparée de chaque côté du deffus de
la tête Se du col par une raie noire , qui
prend de l'angle du bec , traverfe l'œil
Se s'avance jufiu'à la poitrine ; l'oc-
ciput , le col Se le dos gris ; les ailes
grifes, prefque brunes; le deifous du
corps blanc au milieu ; les côtés tache-
tés de noir: la queue noire Se blan-
che; les pieds bruns, armés d'ongles
très-longs ,
MES
très-longs, comme le petit Grîmpe-
reau : auflî cette efpece de Méjange
erimpe-r-elle aux arbres de même.
MÉSANGE JAUNE, en
Latin Parus lutms. Cette efpece , dit
le même Auteur , eft plus petite qu'un
Roitelet. Elle a le bec mince , la tête ,
la poitrine & le ventre d'un jaune vif:
le dos jaune Se verdâtre : la queue
brune & nuancée de jaune.
MÉSAN GE -PINÇON, en
Latin Parus -Fringillaris. Cet oifeau,
félon le même Catesby, a le bec
brun delfiis , jaune deffous ; la tête
bleue, le dos verd , jaunâtre au bas ;
les ailes & la queue d'un bleu obfcur ;
les plumes nommées tetïrtces alarum
tachetées de bleu; le gofler jaune ; la
poitrine d'un jaune plus foncé , divifée
par une raie d'un bleu obfcur , qui
prend du deffous du bec ; le ventre
blanc; la poitrine ornée de taches rou-
ges ; les pieds d'un jaune obfcur. La
femelle eû noire 8c brune Se porte la
queue redreflee.
MÉSAN GE à barbe noire , qui
pend de chaque côté des yeux , en
Latin Parus barba nigrâ , it trinque ab
oculis Aependente. C'eft le Moineau
barbu des Indes, Pajjer barbatus Inii-
cus , nommé Mouftachc par Frisch,
& que M. Klein {Or do Av. p.%6,
rt. 8.) met dans le rang des Mé fanges.
Albin'( Tome I. ». 48. ) le nomme
en Anglais the Beard-Manica , ou
Bearded-Titmouje. Cet oifeau a la tète
cendrée , le bec jaune , le dos & la
queue d'un brun rougeâtre ; les plu-
mes des ailes nommées tectrices alarum
frangées de blanc Se de noir ; fous les
yeux des plumes pointues , pendantes ,
qui ont la figure d'une barbe.
MESANGE DE LITHUANIE ,
qui fufpend fon nid , en Latin Parus
Uthuanicus , nidum fufpendens , que
Rzackinsk YfTowîe I. p. 294.) nomme
en Poionois Remiz,. Cet oifeau , félon
M. Klein (p. 85. ». 10.), cil d'un
cendré brunâtre : il fufpend fon nid ,
qui eft varié par fa figure , Se com-
Tome III.
MES 73
pofé du coton produit par les fleurs
du Chardon. On le trouve à Sandomir,
8e en différens endroits de la Lithua-
nîe. Son bec eft conique Se bleu.
MÉSANGE^/ poil doré , en La-
tin Parus aureis capiltis , dont le corps
eft noir, la queue courte, Se le dos
mêlé de pourpre. M. Klein ne com-
prend pas pourquoi Edward ( Tome I.
p. 21.) met cet oifeau dans le rang
des Ipfida. Celui - ci lui donne des
doigts très-femblables à Vlpjtda , 8c
cependant il n'en a donné nulle part
la defeription , ni une figure exacte.
M. Klein alfure que cet oifeau aie»
pieds Se les doigts fembiables à ceux
des Méfanges. Il a le haut de la tête
doré , le refte noir , le dos pourpré ,
Se les plumes des jambes font rouges ;
le bec eft blanc, court; la partie in-
férieure eft un peu courbée; les pieds
font bruns.
MÉSANGE à face de Pic , en
Latin Parus facie Pici. C'eft la Sitta
capitenigro,&c la Sitta altéra capitefufco
de Catesby , p. 22. Le Picus fitbc&ru-
letts d'A ldrovande; la Sitta ou
Pic cendré d'ALBiN {Tome II. p. 28.)
font autant de variétés. Ces oifeaux ,
dit M. Klein, font mis au nombre
des Pics.
MÉSANGE BARBUE DE
JUTHLAND : Cet oifeau , félon
A l b 1 N ( Tome I. n. 48. ) , fe trouve
non-feulement dans l'ille de Juthland,
mais encore dans les marais falins de
la Province d'ElTex , & dans la Pro-
vince de Lincoln. Sa longueur , depuis
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de
la queue eft de fix pouces 8c demi ,
Se fa largeur eft de dix pouces Se de-
mi, les ailes étendues; le bec en eft
court , épais Se d'une couleur jaunâtre :
celui de la femelle eft fombre ; la tête
eft d'un brun cendré : le mâle a une
touffe de plumes noires qui pend par
en bas , Se qui s'étend depuis le bec
jufqu'au derrière de l'œil des deux
côtés , où ces plumes aboutiffent en
un point , & reflemblent à une barbe
K
74 MES
épluchée , d'où l'oîfeau eft, noiwmë
Beard-Manka en Angloîs. Le dos , le
déflus des ailes , le bas du ventre Se
la queue font bruns; l'efpace qui eft
fous le menton eft blanc ; la poitrine,
le ventre , Se les cuifies , font d'un
blanc pâle , tirant fur le jaune , avec
une ceinture de brun ; les jambes &
les pattes font noires. Ce volatil eft
fort remarquable par le foin & par la
tendreffe qu'il marque à fa femelle ;
car lorfqu'elle fe juche, il la couvre
toute la nuit de fon aile : elle eft plus
petite que le mâle , & d'un plus beau
brun , tirant fur le jaune : elle lui eft
femblable par la couleur des ailes &
des jambes : elle n'a point de barbe ,
Se fa poitrine eft plus pâle. Cet oifeau
a dans chaque aile dix-huit grandes
plumes ; les cinq ou fix plus avancées
en dehors font blanches ; elles ont le
tiers de leur longueur depuis la pointe
d'un brun luifant ; toutes les autres
ont leurs textures extérieures noîres,&
leurs textures intérieures d'un brun,
clair. Il a deux taches noires de cha-
que côté des parties couvertes du def-
fus des ailes. La queue a environ deux
pouces & trois quarts de longueur :
elle eft compofée de douze plumes
de la même couleur que le dos.
MÉSANGE DU CAP DE
BONNE-E SPÉRANCE: On
Irouve dans ce pays , dit Kolbe
{ Defcription du Cap de Bonne- Efpe-
rance , Tome III. chap. 19, p. 188. ),
différentes eipecea de Méf anges. La
plus petite Méfange de toutes a les
plumes de la tête bleues , Se celles de
la poitrine & du ventre font jaunes.
D'autres ont la tête couverte de plu-
mes noires. Une troifieme efpece fe
diftïngue par la longueur de fa queue,
La quatrième a une tache blanche fur
la tête , qui d'ailleurs eft toute noire.
La cinquième efpece a pareillement la
tête noire , mais il y a une tache rou-
ge ; les plumes de fes ailes font auffi
noires , Se fes pieds font rougeâtres.
Il y en a encore qui ont la tête toute
MES MET
ftoîre , & toutes les autres plumes font
d'un verd tirant fur le jaune. Cette
dernière efpece eft de la groffeur d'un*
Pinçon. Les Méfanges du Cap chan-
tent fort agréablement , 8c comme les
Serins de Canarie fe mêlent avec elles»
on entend fouvent de magnifiques con-
certs fauvages formés par ces deux
efpeces de Muficiens.
MESORO, nom que les Italiens
donnent à une efpece de Blenne.
R u ï s c H dit que ce poiffon de mer
furpaffe rarement la grandeur du Gou-
jon. Belon penfe que c'eft le Bul-
btts de Pline. La couleur de ce poif-
fon varie. Il y a des lieux où il eft
rouge ; d'autres où il eft fauve : fes
écailles font en petit nombre Se min-
ces : fa peau eft fi gluante qu'on a de
la peine à le tenir dans les mains. Ii a
la tête greffe , les yeux élevés : les
dents font fi ferrées Se fi petite*" qu'à
peine les peut-on appercevoir. Ce
poifFon aime les rivages, où il y a beau-
coup d'Algue. Il fe nourrît d'Anchoîs
Se d'autres petits poiffons , ou d'herbe
à leur défaut. Sa chair eft une fort
bonne nourriture , difent Belon Se
Rondelet. A r t e d i le met dans
le rang des poîlfons A nageoires épi-
neufes , inter Tifces acanthoptery-
gios. Il le nomme ( Synop. p. 44. )
Blenniuj fulco inter oculos , macula ma-
gna in pimiâ dorfi. C'eft le BÎ\w<;
d'ATHÉNEE , L. VII. p. 2.88. le BXvjyàç
d'OppiEN, L. I. foi. 10S. le Blennius
de Pline , L. XXXII. c. 9. le Bien-
nus de Salvien, fol. z 1 8. ainfi que
de B E L o n , de G E s n e R , de J o n s-
ION-, d'A LDROVANDE.deWll-
LTJCHBY,de Ray, &c. Il eft nom-
mé en Anglois the Butter-jîy-ffch.
MET
METZCANAHACHTLI,
efpece de Canard du Mexique , félon
Hernandez, nommé auffi Tolte-
colocili , & le même , dit Ray ( Synop.
Meth. Av. Append. p. 1 75 . > , que le
Quaitr'occbj des Italiens. Cet oifeau a
MET M E V
tme tache blanche entre lesyeiiK &ie
bC M ETZC AN AUTHLI, au-
tre Canard du Mexique , félon le mê-
me Hermandez, varié de diffé-
rentes couleurs , Se qui fréquente les
marais de ce pays. Haï ( ibïd. ) dit qu'il
eft égal à notre Canard domeftique.
M E U
MEULE, MOLE, ou LU-
N E , poiffon de mer , de figure ex-
traordinaire , qui fe pêche dans nos
mers, mais rarement, & qui eft nom-
mé en Italien Pejct lamburo. ArteDi
(lébtb. Part. V. p. 83. n. 4.) le met
dans le rang des poiffon-s qui ont les
nageoires cachées , Fi/cet brancbiofte-
gi , Se il le nomme Xjfiracion catbeto-
plateus y jïibrotundus » inermis , afper ,
pimiis pecloralibitr borifontalibus , fora-
minibus quatuor in capite. C'efi: ¥Gr-
thragorifeus de Pline, L. XXXII.
c. 2. p. n, de G ESN e r , de Aquat.
de Rondelet , L. XV. c.6. p. 326'.
ainft que la Mola de S a l V 1 e n , fol.
155, de JûNsToN^^ Pijcii. d'ÂL-
DROVANDE, L. III. C. 44. de CHAR -
leton , p. ^2p. de "W i l lu g h » y,
p. 151. Se de Ray, Synop.Fifc. p. 51.
Voyez aux mots LUNE Se MOLE ,
où je parle plus amplement de cette
forte de poiffon , d'après les Natura-
liftes qui en ont écrit.
MEUNIER*, poiffon de rivière
mis par Autedi ( hbtb. Part. V.
p. 7. n. 10.) dans le rang des poiffons
à nageoiree molles , inttr Fijcxs ma-
lacDpterygiot , Se nommé en Latin Cypri-
nus , oblongus macroUpidatus, pinn'à oj-
Jiculoritm undecim. On trouve , dit
RondelctC Poiffi de riv. ch. iz.p.
137. Edit. Franc-. ) dans les rivières
deux fortes de Muges ; l'un qui y vient
de la mer , Se qui fe pêche le plus
fouvent aux embouchures de la Ga-
ronne , de la Loire , Se du Rhône j
*Ce pcîiTon eft nommé h Home Sjuaglio ;
en Anglois a X$tab , ou Chcvin ; en Alle-
mand i (eïoa G e s n e » , Aise & Mat ,• fe-
M E U 75
l'av.tre naît & demeure toujours dans
les rivières. C'eft celui dont nous
allons parler ici. Comme il y a plu-
fieurs efpeces de Muges de mer , il
y a auffi plufieurs efpeces de Muges
de rivière. Le premier , qui eft le Meu-
nier » eft nommé k'çsMç en Grec, &
en Latin par A u s o n e , Capito flu-
vïaûlis. On le trouve autour des mou-
lins. Il eft aufh nommé Vilain, car il vit
dans l'ordure , Se Têtard , à caufe de
fa greffe tête. Il eft femblable au Mu-
let de mer , nommé Cabot dans le Lan-
guedoc; mais il n'eft pas fi large , Bc
fon corps eft plus plat : il a une na-
geoire au dos, deux au bas desouies ,
deux autres au bas du ventre , une
autre près de l'anus. Sa tête eft groffe
& grande , fa bouche eft fans dents ,
fon palais eft charnu 8e garni d'os : il
a quatre ouies de chaque côté , l'efto-
mac Se les boyaux petits , le foie en-
tre blanc & rouge , le fiel verd , la
veffie double Se pleine de vent , la
toile du ventre noire. Sa chair eft blan-
che, fade au goût , pleine d'arêtes ,
Se meilleure falée que fraîche. C'eft
ainfi que Rondelet parle du Meu-
nier, ainfi nommé , comme on l'a dit ,
pareequ'il fe trouve autour des mow.-
lins.
R e d 1 dit qu'en confidérantle ca-
nal des alimens d'un très-gros Meu-
nier i qu'il nomme en Italien Pcfce
fqitadrv , qui pefoit environ foîx&nte
livres , il a obfervé que l'intérieur de
l'œfophagc était liffe , Se fes parois
très-déliées ; mais celles de l'cûomac
étoient très - épaîffes , charnues à l'in-
térieur , fkparfemées de lames ou émi-
nences ridées, dhpoféesfans aucun or-
dre , comme on voit dans le quatriè-
me eftomac des Cerfs. Entre ces émi-
nences rempoïent beaucoup de Vers
très déliés , qui avoient la tête ronde
& la queue fort aiguë : il s'en trou voit
aufli un grand nombre dans la cavité
Ion F 1 g h l a , Eîn Keuling ; félon K £ m t-
manh, Ate , Alte , Bc Dhbel; à Cologne ,
félon le meme G e s n £ a. , Manne,
Kij
7 6 MEU MIA MIC
de l'inteftîn , dont l'intérieur eft fait
enfpirale, Se dans la cavité de cette ap-
pendice aveugle Se recourbée, qui tient
à l'extrémité de l'inteftin rectum. Ce
poiifon eft le Sqitalus de V a r r o n
de Re rufi. J. e. 3. de Columelle ,
L. VIII. c . 1 6. Se de Salvien ,fol. 84.
C'eft le Sqtt.iHus de P l i n e , L. V.
c. 43. le Cipito d'A usohe , Mef.
V. 85. deFiGULUs, f.'t.'Bc de Wot-
ton , L, Vlll. c. 190. le Capito , ou
Cephalits fiuviatilis de G e s N E R , de
Aquat. d'A ldroVANDE, L, V.
c, 17. p. dbo. de Jonston,£. III.
c. 6. de Char le ton , p. i<$6.
de Willuchbï , p. 255. & de
Ray, Synop. Pifc. p. 119. n. 17.
MEUNIER: On donne aufîî ce
nom à un petit Scarabée ,en Latin Sca-
rabeolus piftinarïus , en Grec Mu>ikoç.
Selon Charleton ( Exerc. I*f
■p. 47. ) , il eft long , armé de petites
cornes très- fines , Se monté furfixpieds.
It eft noir par -tout , excepté fous le
ventre , où il eft d'un rouge obfcur.
Il naît dans la farine humide. Ces for-
tes de Scarabées le trouvent dans les
moulins. Lêewenhoeck donne le
nom de Molkor à la grande e/pece de
Hanneton , parcequ'elle broyé les feuil-
les à-peu-près comme une meule de
moulin écrafe & fait fariner le bled.
M I A
MIACOTOTOLT, petit oî-
feau du Méxique , félon Hernandez,
dont le ventre eft pâle T les ailes Se
la queue cendrées par en bas ; le refte
du corps eft noir , mais il y a des-
plumes blanches mêlées parmi , à ce
que nous apprend Ray > Synop, Meth.
Av. Append. p. 171.
M I C
MICROCOSMUS, du Grec
^wfîtpoç, parvuî , petit , Se de ho<t/l»oç ,
pulcher , ou ernatas , beau. M. Lin-
N*us donne ce nom ÇFauna Suec.p.
». 135*1. ) à un Teftacée qu'on
trouve dans la mer en Norvège. H
M I D M I G
dit n'en avoir pas vû. Il en eft parlé»
dit-il, dans BartholinC Cent, IV.
p. 1184. > fous le nom de Cete vigefi-
mm fecundur ; chez R e d i C Vivent,
t, 22. f. 1. 4, & fous celui de
Microcofmus marinas j dans les Êphé-
mérides des Curieux de la Nature ,
ann. 8. Obf. 51. fous celui de Singu-
lare monflrum > Se dans les Adcs de
Leipfick, 1 6c\6. p. 48. t. 48. fous celui
de Microcofmus marinas.
M I D
MIDAS deTHÉOFH'-îASTE,
enGrecTpâ?, petit Ver, qui fe nour-
rit dans les Fèves , qui les ronge Se
les confume, C'eft une efpece de Tei-
gne , félon le rapport de C H a r l
ton, Exercit. p. 5 c/.
M I G
M I G A , nom que M. Adanson
( Hifi. Nat. des Coquillages du Séné-
gal , p. 1 16. y donne à un Coquillage
operculé , qu'il met dans le rang des
Pourpres à canal court, échancrî, &
replié en dehors. La coquille du Miga,
dit-il , ne lui a paru figurée dans au-
cun Auteur. Elle n'a que neuflignes
de longueur - y fes neuf fpires font ar-
rondies , renflées , Se relevées de dix
à douze côtes prefque parallèles à fa
longueur , couchées cependant un peu
fur le côté > Se de gauche à droite. Elles
font encore marquées d'un grand nom-
bre de petits filions qui tournent avec
elles Se qui coupent toutes les côtes à
angles droits. Ces filions font au nom-
bre de vingt dans la première fpire,
dix dans la féconde, Sec. Le fommet
eft de moitié plus long que large ».
Se de moitié plus long que l'ouverture.
Celle-ci eft prefque ronde , à peine un
quart plus longue que large : elle a
dans fa partie inférieure un petit ca-
nal fans échancrure , formé par une
petite dent élevée fur la racine de
la lèvre gauche, qui elle-même n'eft
que légèrement ridée vers fa partie
fu£érieure, La lame quf la recouvre
M I G Mil
he s'étend aucunement fur la féconde
foire • fon bourrelet eft affez IhTe & fans
canelures. La lèvre droite eft garnie
de quinze dents , femblables à quinze
longs filets , & bordée d'un petit bour-
relet. On remarque une grande va-
riété de couleurs dans cette efpece
de coquille: il y en a de blanches,
degrifes, de jaunes, de fauves, de
brunes , de couleur de chair , de
gris , & de violette, L'Auteur mar-
que qu'il en a même une qui eft d'une
belle couleur de pourpre : il n'y a que
celles qui font blanches ou fauves , qui
admettent un mélange des autres cou-
leurs. On voit fur quelques-unes du
brun ou du bleu , diftribué par bandes
ou par marbrures. Rien n'eft plus com-
mun que cette efpece dans les rochers
du Cap Bernard , près de t'Ifle de Co-
rée. Elle eft figurée Planche VIII.
». 10. dudit Ouvrage.
MIGRAINE, nom qu'on donne
en Languedoc à la quatrième efpece
de Cdncre. Voyez CANCRE.
MIGUEL DE TUCAMAN ,
Serpent du Paraguai. S E b a dit l'avoir
reçu d'Efpagne , où fous ce nom il
avoit été tranfporté du Paraguai , gran-
de région de l'Amérique Méridionale,
C'eft une efpece de Serpent à deux
têtes , autrement nommé Double mar-
cheur. Sa tête eft petite , écaillée de
blanc , rouffe à la partie poftérieure ,
vergetée de taches de la même cou-
, leur ; fur le delTous de fon corps fafrané
paffe une bande , qui va jufqu'à la
queue , qui eft greffe. Il a de plus fur
le dos un cercle de demi-anneaux ,
couleur de fafran , qui fe réunifient en
une bande vers le ventre, Se qui for-
ment comme autant d'articulations ou
de nœuds. Les écailles du bas-ventre
ibnt d'un cendré jaune , larges , mail-
lées, cerclées de bandelettes , brunes &
noires. S e b a , Tbef, IL Tai>. 100. n.
M I I
Mil VIP IRA, nommé auffi Pi-
rabebe ; C'eft un poifion volant duBré>
MIL 77
fil , que les Portugais nomment Peixe-
volador. C'eft Y Hirondelle de mer , dont
parlent AldRQVANDE, L, II. c. 5 .
Gesner, de Aquat.p. 5. & 145. Ray,
Synop. Pïfi. p. &o. Se Rondelet.
Voyez aux mots HIRONDELLE
DE MER Se MILAN DE MER.
M I L
MILAN, oifeau de proie. BeloM
( de la Nat. des Gif. L. IL c.z6.) donner
deux efpeces de Milans , qui font le
Milan Royal , Se le Milan noir. Il y *
le Milvus <truginofus , que nous nom'
mons Fan- Perdrieux , voyez ce mot j
& un Milan du Bréfil, nommé Cara-
cara par Marc Grave , Se Gavïam
par les Portugais. Voyez auffi au mot
C A R AC AR A.
MILAN ROYAL : Cet oî-
feau eft nommé en Anglois Kite , 01*
Glead y Se en Suédois Glada, A r i's-
tote ( Hifl, Anim. L. VI. e. 6.1) ,
parle de deux efpeces de Milans fous
le nom d'jKT/vàç, que les Latins ont
rendu par Milvus. Les Grecs moder-
nes , félon B E L o n , nomment ces
deux efpeces Licadouria, Le Royal n'a
aucun furnom , ni en Latin , ni en Grec.
Le noir eft furnommé par Aristotk
kn&Sme. Célui-ci n'eft qu'un oifeau
de paffa^e. Le Milan royal eft quelque
peu plus noir , & beaucoup plus com-
mun. P L 1 n e ( Hift. Nat. Pijc. c. 10. >
le met au nombre desoifeaux de proie ,
ce que n'a pas fait Ak istot e. Cet
oifeau fe cache l'hiver , Se ne parole
que dans le fblftice d'été. Ll eft , dk
B E l © N , iujet à k goutte. Le vol
du Milan royal eft un plaifir pour les
Princes Se pour les Seigneurs , qui font
lâcher après lui le Sacre & le Duc.
Quand le Milan apperçoit le Duc v
îl defeend incontinent à terre ,. & fè
place vis-à-vis de lui y Se le regarde.
On lâche alors le Sacre fur lui :■ le Mi-
lan s'élève le plus haut qu'il peut ; le
Sacre le fuit , Se tous les deux ils vo-
lent fi haut qu'A peine les apperçoit-
on. Mais le Sacre, plus fore que le-
7 8 M 1 L
Milan , le ramené à terre à force de
coups de bec qu'il lui donne. Selon
ARiSTOTE,le Milan royal ne pond
que deux œufs, oh tout au plus trois,
mais VÊttiîm* ou le Milan noir , en
fait toujours quatre. Voici la defenp-
f ion qu'A L8iN{ Tome L ». +• ) donne
du Milan royal.
Cet oifeau a deux pieds quatre pou-
ces de longueur depuis l'extrémité du
bec iufqu'à celle de k queue. Sa lar-
geur , lorfqu'il étend Ces ailes ><*& d'en-
viron cinq pieds; fon bec a environ deux
pouces de long. Sa mâchoire fupérieure
excède , en fe courbant , celle de dei-
fous, deia longueur d'un demi-pouce.
Le bec de cet oifeau eft de couleur
de chair ; quelques-uns l'ont noirâtre.
La langue eft large Se épaiïïe, comme
l'ont les autres oifeaux carnalCers. La
cavité j qui fe trouve dans le palais ,eft
égale A la langue : la peau autour des
narines eft blanche : il y a encore une
petite mâchoire double dans le palais.
Ses yeux font larges , l'iris eft d'un
jaune pâle , mais charmant; les jam-
fees Si fes pattes font jaunes :1e doigt
ce devant le plus en dehors s'unit à
celui du milieu par une membrane
qui s'étend jufqu'au milieu ; fes ferres
font noires : celle du doigt de derrière
eft la plus grande. La ferre du doigt
du milieu a un taillant aigu en de-
dans. 11 a la tête , le col, le menton
de couleur de frêne , bigarrés de li-
gnes noires ; la poitrine, le ventre Se
JescuifFes d'un brun rougeâtre , tache-
tés de noir; le dos eft d'un brun foncé,
flinfi que les plumes qui font près de
laqueue; celles de deflous font d'une
couleur pâle rougeâtre , .avec des li-
gnes noires en travers.
Cet oifeau vole en étendant fes ailes
& fe balançant en l'air , où il demeure
longtemps , pourainfi dire, immobile,
fans que fes ailes fafllnt le moindre
^mouvement, & il fend l'air d'un en-
droit i l'autre faits fe remuer beau-
coup. On le diitingue des autres oi-
seaux de-proie jpw la qtreue fourchue t
M I L
St on dît que c'eft un oifeau de paP-
fage .pareequ'il change de pays toute*
les faifbns de l'année. Ces Milans dé-
vorent un grand nombre de Poulets ,
de jeunes Canards & d'Oifons ; ils font
fi hardis , qu'ils les viennent enlever
dans les jardins Se dans les cours , à la
campacue comme à la ville , Se autres
lieux fréquentés.
M. L i njîius ( Fauna. Suec. p.
iq. «. 59. ) nomme cet oilèau Falco
cerâ Jluvâ , caudâ forcipatâ , cor pore
ferntgineo , capite albidiore. C'eft le
Milvus de Gesner. , Av. p. 610.
d'AioROVANOE , Ornith. p. 368. de
Wm-lughbï j Ornith. p. 41 . & de
Ray, Symp. Av. p. 1 7. n. 6. M.
Klein met le Milan dans le genre
des Vautours. C'eft le Vultur Bœlicus
des Auteurs , dit ce Naturalifte , QreL
Av. p. 44. M. L i N n j u s ( Fauna.
Suec. n. 63. ) le nomme Falco cerâ
liiteo-viridi , pedibus lutàs , corporefer-
ruçineo , verticefulvo.
"MILAN NOIR x Les Natu-
raliftes cî-defTus cités ne parlent que
du Milan royal. Mais 13 e L o n ( de la
Nature des Gif. L. II. c. 27. ) dit que
le Milan noir eft tout différent pour
les mœurs 8c pour le plumage. Aris-
tote ( Hiji. Anirn. L. VI. c. 6. ) dit,
Jld qui Actolius nuncupatur vel qitater-
nos aliquando cxcludii.Par cepaffage,
félon notre Ornithologue François»
il donne à entendre que de fon tempe
les Grecs en connoifToient de deux es-
pèces. Ces Milans noirs , comme les
autres oifeaux de rapine , au défaut
de viand-e,fe nourriflent de fruits : c'eft
ce que ditAmsTOTE, & Belon
marque en avoir vû en hiver manger
des Datces fur les Palmiers. Ils y {ont
fi privés,qu'ils n'ont pas peur ; ils vien-
nent jufques fur les fenêtres des maî-
fons du Caire. Selon le même Auteur,
ils paffer.t plus tard en France que le
Milan royal , Se s'en retournent plutôt.
Il en a vû une très-grande quantité du
coté du Pont-Euxin fur la fin du mois
d'Avril. Ce Milan noir eft aufli bon
M I L
pouf le vo! d'tr Sacre que le Milan
royal j il eft même plus agile & de
moindre corpulence , & fatigue plus
le Sacre dans le combat qu'ils ont en-
semble. C'eft tout ce que nous ap-
prend B e L o n de cet oifeau , que les
autres Naturaliftes n'ont point diftin-
gué du Milan royal. M. L i n n m u 3
(Faima Suec. n. 59.} nomme teA&-
lan noir , Falco cerâ flavâ , caudâfor-
g'tpatà » corpors fetrugmeo , capits albi-
diore.
On lit dans le Tome III. des Col-
levions Académique! , p. 5.37. une def-
cription anatomique du Milan , par
Jean Muralto, Médecin de Zu-
rich , 8c par le Docteur Vagner.us.
Le Milan eft le troifieme oifeau de
g roîe de la- côte d'Or en Afrique. On
lit dans ¥ Hiftoire Gén. des Voyages
Tome XIV. p. loi. Edit. in- 12. qu'il
enlevé non-feulement les Poulets >mais
tout ce qu'il juge propre à lui fervir de
pâture , foit chair , foit poiffon. Sa har-
dieffe eft étrange, puîfqu'il arrache en
plein jour au milieu des marchés les
alimens de la main d'un Nègre , mais
plutôt de celle des femmes-.
M ï L A N , poifTonde mer volant ,
mis par Artedi (Ichth. Part. V.p. 73.
7t. 5. ) dans le rang des pohTans à na-
geoires épineufes , inter Fifces acan-
thopterygios , Se nommé Trigta rofiro bi-
fide , lima laîerali ad caudam bifurc-â.
On le nomme en Languedoc Lucerna,
dit Rondelet ( L. X. c. 7. p. 234.
Edit.Franç. ), pareequ'il luit la nuit ,
Se Belugo en Provence , qui fignifie
étincelle de feu. Le Milan demerref-
femble pour la figure du corps au Cor-
beau de mer. Il eft plus rouge , Se fa
tête eft moins large , & elle eft plate;
il a le même nombre de nageoires que
le Corbeau de mer, & la queue pa-
reille , mais il en diffère pour la gran-
deur Se pour la couleur. Le dehors
de fes nageoires près des ouïes n'a point
de taches rouges , le dedans eft en par-
tie noirâtre Se jaunâtre. Le trait de-
puis les ouïes jufqu'à la queue eftgar-
M ï L 79
ni d'aîgiiillons courts 8c bien piquans.
Sa peSi eft rude. Pour le dedans II
eft femblable au Surmulet , qui n'eft
pas barbu ; fon palais eft un peu jaune ,
fa chair eft dure & feche. Il' vole un
peu au-deiîus de l'eau; alors c'eft figne
de changement de temps. Ray ( Synop.
Metb. Pifc. p. E8, ». 6. ) dit que ce
poiilon , qui eft la Lucerna des Vé-
nitiens , ne paroit pas être un poifTort
différent de l'Hirondelle de mer d'AL-
BROvande, Il en a, ajoute-t-il,
toutes les marques, excepté la largeur.
Il eft nommé en Latin Milvui , Milva-
gv & Lucerna j à Naples , Cocco à
Gênes Organo ; à Marfeille , Galline,
Il y a un autre poiïïbn de mer qu'AR-
tedi ( lchth. p.y^.n. 6.) nomme Tri-
gla capite parum aculeato , pinnulh
fmgulari adpinnas petlo-rales. Ce poif-
fon volant , qui eft nommé Xs?./^»
par Aristote ( Hifl. Anim. L. IV.
c. 9.) à caufe du bruit que font fes
ailes en volant, ainn" que par Elien
(L. IL c. 50. p. 129. & L.IX. c. 52.-
L. XII. c. 59O > Se auûî par Oppiem
C L. II. p. 35. ) . eft encore , félon
Artedi , le même poiffon qu'ÉLiEN
C L. XII. f. 59.) , Athénée ( X.
VIII. fol. 1 77. ; & O p p 1 e n ( L. I.
fol. 113.) , nomment l'iî'ptf| , & ï{pii£
qui veut dire en Latin Corvtts , Se en-
1- rançois Corbeau. Ronde t, et ( L.
X.c. i.J . eft le feul , qui lui donne
le nom d'Hirondelle de mer , en"
Latin Hirtindo marina. Tous les
autres, comme Pline(L. IX. tv
25. L. XXXIL c. 2. ) , Ovide
C V, 92. ) , B e L o n C de Pifeib. > ,-
SALVIEN {fol. 187.)., Al.DROVANDE
( L. II. c. y.)JoNSToN (L.lc.î.)}
"WlLLUCHBY ( p. 283.) , RuïSCH-
( de Pifc. p. 130, ),Gesner (deAquat,
p. 5. & 145. ) , Se R a y ( Synop. Pifc.
p. 89. n. 10.), le nomment, les uns
Milvago , 8c les autres Milvus , à caufe
de fon dos noir , en François Milan
de mer. Le même Artedi ajoute >
que ce peut être le même que Gil-
lius , dans Athénée, a traduit par
8o M I L
slccipiter , en François Faucon de mer.
Mais le Faucon de mer eft Homme
Muge volant par Rondelet ( L. IX.
c. <.). Quoi qu'il en foit , ce poiflbn
volant, nommé par les uns Hirondelle
de mer , par les autres Milan de mer ,
cil le même que le Parabche ou Pa-
rabelede Marc Grave(L. IV.) , félon
Ray, Seque celui qu'on nomme Vola-
dor en Efpagne , Rondire à Rome , Fal-
cone en Sicile , Flygande-fisk en Sué-
dois , Se Flying-Fish en Anglois.
Ce poiflbn", dit Ray , a la tête large ,
ferrée, creufe entre les deux yeux , la
figure du corps ronde Se longue, mais
plus pointue vers le bout. Il eft couvert
d'écaillés fortes, dures 8e très-âpres :
ces écailles font élevées dans le milieu ,
Se forment toutes , de la manière dont
elles font rangées , des lignes parallèles
depuis la tête jufqu'à la queue : la cou-
leur du dos eft noire. Cetanimal a plu-
fieurs autres marquesque l'on peutlire
dans Ruvsch ( de Pifc. p. 1 30. ) où.
jl y en a une ample description d'après
Marc Grave, fous le nom de Mii-
vipira. Ses ailes ne font pas autre chofe
que des nageoires , qu'il a proche des
ouïes & quis'étendent jufqu'àfa queue.
Il en a deux de chaque côté. Les plus
grandes , qui font les premières , font
compofées de fis rayons qui tiennent à
une légère membrane ; les autres font
d'une couleur d'olive fale : fur les bords
elles ont des taches rondes d'un beau
bleu. Au milieu de la partie poftérieure
il y a de plus grandes taches brunes , Se
d'un bleu tirant fur le blanc. Vers le
fond il y a entre les rayons des lignes
longues Se oblongues. Par le moyen
de ces ailes , ce poiflbn s'élève au-
deflus de l'eau , d'un jet de pierre ,
&c il vole tant que fes ailes font hu-
mides. Gillius , Rondelet Se Marc
Grave, ont vû voler de cespoifibns,
communs en Italie, en Sicile, au Bré-
fil, & ailleurs, auxquels la Nature a
donné des ailes , pour s'échapper des
JDorades qui font leurs ennemies.
MIL ANDRE, ouMÉLANDRE,
M I L
poiflbn , efpece de Chien de mer, qui
eft le rÂMoç kJwï d'ARisTOTE. On a
donné à ce poiflbn le nom de Cagnot ,
comme qui diroit petit Chien , pareequ'il
eft du genre des Chiens de mer. Mais
ce Cagnot ou Milandre , ainfi nommé à
Montpellier, & Pal à Marfeille , n'eft
pas le même que le Cagnot bleu , dont
j'ai parlé d'après Rondelet. On lit
dans le Tome IV. des Collerions Aca-
démiques , Partie étrangère, p. 284. la
defeription du Milandre , par Nicolas
Stemon , tirée des Ades de Coppenha-
gue , an. 1 £73 . ObfLXXXlX. L'Ob-
fervateur s'exprime en ces termes :
Ce poiflbn avoir fur le dos deux pî-
quans d'inégale grofleur ; le plus gros
de ces piquans étoit le moins éloigné
de la queue , Se ils terminaient l'une
Se l'autre nageoire, dont ils étoientle
plus près ; la queue avoit la forme
d'un triangle fcalene ; la bafe étoit plus
longue que le côté inférieur , Se plus
courte que le côté fupérieur. J'ai re-
marqué fur la bafe un fmus , ou en-
foncement a fie 2 profond ; il avoit fous
le ventre deux paires de nageoires ; le
foie fe divifoit en deux lobes; la vé-
ficule étoit oblongue , Se terminée en
pointe.
Le corps, le pavillon, 8c l'orifice
inférieur de chaque ovidubtus de ce
poiflbn , ne différoient aucunement de
ces mêmes parties vues dans cette ef-
pece de Chien de mer, que j'ai diiîé-
qué. L'ouverture du fond des trompes
faites en entonnoir me parut aflez gran-
de , & on voyoit fur cette partie quan-
tité de rides formées pardes fibres, ce
qui me rît croire qu'elle étoit d'une
fubftance mufculeufè. Je trouvai dans
les deux ovaires beaucoup de petits
œufs, qui contenoient une humeur lai-
teufe , Se j'en vis quatre autres , qui
étoient au moins aufli gros , que ceux
des ovaires des Poules , Se qui avoient
tous une couleur jaune pareille à celle
du jaune d'un œuf de Poule , à l'ex-
ception d'un feul , qui étoit entière-
ment laiteux , Se dont la furface fe
trouvent
M I L
trouvoic couverte de rides, Chaque
ovaire avoit une membrane propre,
qui tenoit tous les œufs enfermés com-
me dans une bourfe. L'ovaire droit
contenoit trois des plus gros os , 8c
le gauche le quatrième. Il avoit un
fœtus dans un des ovïdudus , Se deux
dans l'autre : les têtes de ces trois fœ-
tus étoient tournés du côté de l'ou-
verture extérieure de Y ovidudus. Ils
avoient au (fi tous la queue repliée du
même côté , pareeque la capacité de
Yovidutlus n'étoit pas aflez grande ,
pour que ces poiitonspulfent s'étendre
de toute leur longueur. Je fus fort
furpns de voir que la liqueur dans la-
quelle nageoient ces fœtus , étoît conte-
nue dans les membranes mêmes de
chaque oviduclits , je n'apperçus ni de
membrane particulière , ni de placenta ,
mais en regardant ces fœtus plus at-
tentivement , j'obfervaî fous la région
du cœur un tubercule blanchâtre dont
l'intérieur étoit cave & vuide. Voyez
la Planche XV. fig. 6, des Colleïtions
Académiques , Tome ci-dejfus cité. Je
diiïéquai enfuîte un de ces fœtus , &
à l'ouverture de l'abdomen , je vis une
véficule oblongue , qui communiquoîr
par un petit canal au tubercule blan-
châtre , dont nous venons de parler;
le milieu de cette véficule adhérait au
canal inteftinal , contourné en fpirale,
qui avoit à fa partie fupérieure une
ouverture 2(Tez grande , aboutilTante à
la véficule. J'ouvris cette véficule Se
il en fortît une humeur d'un blanc
jaunâtre ; l'inteftin étoit rempli d'une
pareille humeur , mais teinte par la
bile , Se l'eftomac de tous ces fœtus
contenoit une liqueur femblable à celle
de Y ovidudus , dans laquelle ils na-
geoient. On voit par-là que lespoif-
ïbns prennent de la nourriture dans
Yoviduclus par la bouche , Se par les
înteftins , de même que les oifeaux.
J'obfervaî fur la furface intérieure de
chaque ovïdudus des vaifleaux fanguins
qui s'étendoient fur toute la longueur
de ces vifeeres , en formant des replis
Tome III.
MIL Ss
Se des finuofités , dont les angles ou
contours alternatifs pouvoientfe mar-
quer en relief fur la tunique extérieure
de Yovidutlus, Voyez CHIEN DE
MER , pour les autres efpeces.
MILLE CANTONS: On
prend au mois de Juillet dans le Lac
de Genève de petites Perches , qui dans
ce temps ne font pas plus groffesque
les plus petits fers de lacets : cela fait
un mets fort délicat, qu'on appelle
dans le pays Mille Cantons.
MILLEPEDE , ou ARAI-
GNÉE DEMER,en Latin Mtl-
lepeda , nom que les Conchyliologues
donnent à une efpece de Coquillage
que M. d'Argenville met dans le
genre des Murex, de la claile des Uni-
valves ■ il eft ainfi nommé à caufe du
nombre des pieds qu'on voit au pour-
tour de fon aile , qui eft fort étendue ;
le corps eft tout rempli de bottes Se
de tubercules ; la queue eft allongée
Se recourbée. La tête ne laiffe pas de
fe découvrir diftinclement.
MILLEPI EDS, infectes four-
nis d'une quantité de pieds. Les Mil-
lepieds d'Hollande , dit Seba , font
ovipares ; leurs œufs font blancs , bril-
lans comme des Perles , de la grofTeur
delà tête d'une épingle; ils deviennent
plus gros au commencement du prin-
temps , Se prennent vie en terre par la
chaleur des rayons du Soleil. Ceux
de S urinam font beaucoup plus grands ,
mais ils leur refiemblent pour la figure.
Voyez Thef. I. Tab. 8 1. ». i, & a.
L'Auteur en a reçu deux des côtes-
de Guinée , dont l'un , dans la figure
qu'il en donne , eft mâle , Se l'autre ,
couché fur le dos , eft la femelle. Il ne
paroît entre eux qu'une légère différen-
ce. Les articulations font plus larges
dans le mâle , plus petites Se plus ra-
maffées dans la femelle. Les écailles
qui couvrent le delTus du corps de ce-
lui-là font d'un brun qui tire fur un
rouge foncé , au-lieu qu'elles font d'un
rouge pâle dans celui-ci. La même
chofe a lieu à l'égard du defibus du
8, MIL
corps : le deiïbus de la tête eft coloré
de rouge. Thcf. I Tab. 81.». ?•
Il y en a de très-grands à la Nou-
velle Efpagne ; le même Auteur en a
reçu un de ce pays. Cet infecleétoit
conipofé de trente-deux articulations ,
dont chacune avoit deux pieds, c'eft-à-
dire , qu'il rempoit avec foixante-qua-
tre pieds. Il fortoit près de fa gueule
deux pinces armées d'ongles noirs ,
pointus & crochus. C'eft parle moyen
de ces pinces que cet animal fe faififioit
d'autres infectes & s'en nourriifoit : il
avoit deux pieds fort longs qui for-
toient de la partie poftérieure de fon
corps : chaque pied étoit formé de qua -
tre articulations , dont la dernière étoit
munie d'un ongle noir , fait en croc ,
fort pointu à l'extrémité , & lequel
aidoit cet infecte à marcher. Tous les
autres Millepieds, de quelques lieux
qu'ils viennent , jufqu'aux plus petits
qu'on trouve en Hollande , font faits
de la même manière ; la tête de cet
infecte formée d'une plus grande arti-
culation que ne font celles du relie du
corps, poufloit deux longues cognes,
terminées en pointes , & divïfées en
jdufieurs jointures qui rendoient leur
mouvement libre de tous côtés. Seba
a eu une fois divers de ces infectes
avec leurs œufs , qui furent tirés du
bois d'un vieux vaïfleau de la Com-
pagnie des Indes Orientales qu'on avoit
mis en pièces. Ces infectes étoient vi-
vans , & leurs œufs prêts à éciorre. Il
conferva ces Millepieds fous terre affez
long-temps en vie ; mais les œufs qui
étoient de la grofleur d'un grain de
Moutarde , périrent faute de chaleur
néceflaire. L'Auteur marque qu'il n'a
jamais rencontré de Miltepiedi de cette
efpece plus grands que ceux-ci. Les
écailles qui couvroientles articulations
étoient convexes deifus le corps &
plates deiïbus, à la manière des écailles
de Tortues. Voyez Thef. 1. Tab. 81.
». 4.
Le même Naturalifte au même en-
ilroit parle, d'un Millepieds Oriental »,
M I L
& qui eft le plus grand de tous. Let
articulations qui forment le corps de
cet infecte , font étroites & jointes en-
femble en façon d'anneaux ; fes pieds
font en plus grand nombre que dans
le précédent , & îls paroifTent en fl
grande quantité , que c'eft avec juftice
qu'il porte le nom de Millepieds. Cha-
que pied eft auffi compofé de quatre
articulations : le corps eft d'une figure
oblongue ronde , tel que celui des Ser-
pens à deux têtes. La tête eft couverte
d'une écaille ronde , large , en forme
de bouclier. Sous les yeux , qui font
très-petits , pouffent deux cornes , dont
chacune eft compofée de trois gros
nœuds ; les deux dernières articula-
tions du corps-, près de la queue , n'ont
point de pieds. Voyez Thcf'. t. Tab. 81.
». 5.
Seba donne la figure d'un plus pe-
tit Millepieds , tel qu'il eft quand il
dort. Ces petits animaux fe ramalTent
en rond quand ils veulent repofer : ils
font de leur tête le centre du peloton
3c replient leur corps tout à l'entour t
en rangeant leurs pieds fur le -^.os félon
leur ordre , Se en retirant la queue. Ce
qui eft aufiî la manière de dormir de
quelques Serpens. Les Millepieds dor-
ment de cette façon pendant le jour &
courent pendant la nuit , au rapport
des Indiens, avec une vîtefie que l'œil
peut à peine fuivre, Thej. I. Tab. 8 1.
K.6.
Les Millepieds de mer d'Amboine p.
fbnt nue efpece particulière de ces
grands Vers qui fe fourrent dans les
vieux pilotis enfoncés dans la mer , les
percent Se en tirent leur nourriture „
d'où leur vient le nom de Vers de mer.
Depuis la tête jufqu'à la queue ils font
hériftés de chaque côté de petrt3 fais-
ceaux terminés en trois pointes , qui
refTemblent aux fins pinceaux dont les
Peintres fe fervent , 5c font compofés
de foies luifantes de diverfes couleurs,
Le défais du corps de ces Vers elt
tout couvert de petits poils. Les an-
neaux , dont il eft formé , font étroite-
MIL MIL gj
ment ferrés Se moux au toucher. Les vent dans les bois Se les lieux incul-
troisran^s de petits faifeeaux tiennent tes , au grand défagrément des Ne- -
lieu de pieds à cet infecle ; il s'en fert gres ; mais , par bonheur , les Serpent
pour avancer , comme les poilTons fe aveugles dont Seba donne la figure ,
fervent de leurs nageoires. IbeJ. I. Tbef. II. Tab. 24, ». 1. en diminuent
Tab. 81. n. 7. I e nombre. 11 paroît , par les deux pe-
Les Millepieds de mer d'Hollande , tites cornes qui pouffent hors la tête
font de ces Vers de mer pernicieux , du Millepieds dont il donne la figure,
qui, au grand dommage de ce pays, que c'eft un mâle. On ne peut donner
ont jufqu'à préfent rongé les pilotis à ces infectes un nom plus convenable
des digues d'Hollande, Seba s'eft fait que celui de Millepieds qu'ils portent,
apporter de diverfes côtes maritimes En effet de chaque côté de leur ven-
d'Hollande , plufieurs morceaux de tre fort un rang d'une infinité de
pieux qu'on a déracinés du fond de pieds , menus , pointus Se crochus ,
l'eau, afin d'en tirer lui-même ces femblables à autant de petits ongles,
Vers encore vivans; alors il a vû qu'ils qui ont chacun leur mouvement quand
étoient de différentes grandeurs, placés l'infecte marche , de façon qu'il ne
à leur aife , nageant , pour ainfi dire , peut plus remper avec la même aifart-
dans les niches qu'ils s etoient faites , ce & la même agilité , s'il lui manque
8c qui étoient remplies d'une liqueur feulement un feul de ces pieds. Le&
limpide ; c'eft une chofe digne d'être Millepieds ont le tronc du corps rond,
remarquée. L'iafeSfe , à mefure qu'il compofé d'articulations mobiles pour
avance dans l'intérieur du bois qu'il pouvoir fe tourner & fe mouvoir de
perce , élargît fon domicile, en fe dé- toutes parts: ces articulations- font
pouillant de toutes parts d'une ma- jointes intérieurement par des ligamens
tîere écailleufe , blanchâtre , qui fe membraneux ; ces ligamens ayant été
durcit , & paroît intérieurement Bfle Se une fois retirés ou rompus , lorfque cet
luifanre; ainfi l'excavation s'amplifie infecte s'eft defféché , on voit alors les
Se s'agrandit avec le Ver qui y eft articulations , qui ne font plus rete-
renfermé. L'Auteur ne donne la figu- nues, fe féparer facilement les unes des
re de ce Ver qui s'infinue dans les autres. Les petites cornes qui for-
pieux des digues d "Hollande , que par tent de la tête du mâle manquent à la
la reffemblance de fes anneaux Se de femelle : elle porte fes œufs comme
fes jambes avec le Millepieds d'Am- la Chevrette , autrement nommée la
boine , repréfenté au n. 7. Se dont il Salicorne dans le pays, favoir fous le
diffère néanmoins totalement par rap- ventre , entre les deux rangs de fes
port à la tête ; car dans celui - ci il pieds , jufqu'i ce que les petits entie-
îbrt de fon mufeau rond deux longues rement formés fortent vivans du ven-
dents ou pinces , qu'il peut avancer ou tre de lamere, laquelle ils abandon-
retirer comme il lui plaît: il fe fourre nentfur le champ : ilscommencent alors
dans les excavations des Vers qui per- à remper , Se fe répandent par- tout à la
cent le bois , les déchire avec fes ronde.- Tbef. Ij, Tab. 24. n. 4. & 5.
dents, les tue Se les mange, ainfi que 11 y a aux Indes un infecte qu'on
le fait voir Seba dans la figure qu'il nomme Millepieds, ou Cloporte Orien-
cn donne; carie Ver qu'il repréfenté tul ; c'eft une autre efpece de Miller
fous les lettres A. & B. eft le Ver pieds différent de ceux d'Amérique :
qu'il a tiré lui-même des morceaux de fes articulations font plus grandes , lar-
bois où il étoit entré. Tbef. I. Tab. 81. ges Se comprimées ; de chacune d'el-
», 8. les fortent feulement deux pieds :
Les Millepieds d'Amérique fe trou-*- ceux de devant furpaflent en longueur
Lij
84 MIL
ceux de derrière; fes cornes font auflî
plus longues ; fa tête eft encore d'une
conformation différente : le deflùs du
corps tire fur un jaune enfumé. Tbef.
IL Tab. 25. n. 3.
Seba a encore figuré un Millcpieds
de Ceylon couché furie dos. Il lui a
été envoyé de l'Ifle de Ceylon : il a
les articulations du corps plus rondes
que celles du précédent ; d'ailleurs il
lui rtflemble parfaitement par les cou-
leurs Se par les pattes , avec cette uni-
que différence , qu'on voit entre fes
deux derniers pieds fortir trois appen-
dices mollettes , dont celle du milieu,
qui a quelque rapport avec le mem-
bre viril , femble indiquer les parties
de la génération , Se prouver par con-
féquent que ce MÛlepieds feroit un
mâle. Tbef. IL Tab. 25. ». 4.
Voilà toutes les cfpeces de Mille-
pieds de différens pays , ainfi que de
terre Se de mer, que Seba a examinés
Se fait figurer.
K o L b e dît que les Milleptedr fe
trouvent en abondance au Cap de
Bonne-Efpérance'. Ils y font blancs 8c
rouges. Leur longueur eft de trois
pouces, &leur épaiifeur un peu moin-
dre que la moitié de celle du doigt.
Ils font velus. On n'a pu découvrir
aucun oeil dans cet infecle ; mais à la
tête il eft pourvu de deux cornes mou-
vantes , dont il fe fert pour râter le
chemin où il doit paiïer. Cet animal
eft venimeux, Se fa morfure eft auflî
dangereufe que celle du Scorpion. On
emploie avec fticcès pour la guérir la
pierre de Serpent, auflî -bien que les
oignons rôtis. Koi.be ( Defcripc.
du Cap de Bonne-Efpérance , Tome III.
p. 102. ) dit qu'il a vu ce dernier re-
mède employé à bord d'un vaiffeau.
Un Matelot avoir été mordu par un
de ces infectes: la douleur étoit trts-
vîve Se fa vie en danger. Trois oignons
rôtis , appliqués fur la partie malade ,
arrêtèrent parfaitement le poîfon , Se
le malade recouvra promptement fa
première fantê.
M I L
Les Portugais appellent les fi*t!h-
pieds , Centipedes. Il y en a une quan-
tité prodigieufe à la côte d'Or , Se
quoique leur piquûre ne foit pas fi:
dangereufe que celle des Scorpions ,
elle caufe pendant quelques heures
des douleurs fort aiguës , qui ceflent
enfuite , fans qu'il en refte aucune tra-
ce. Bosman {tiïfi. Gcn.-desVoyag.
Tome XIV. p. 222.) dit que dans les
Forts Hollandois il n'y a point de lieu
qui foit exempt de cette Vermine.
11 y a encore un Mil h pieds en Amé-
rique , auflî dangereux que celui d'A-
frique , quoiqu'il paroiffe que ce foit
le même animal. Voici la defeription
que le P.LabàT (Veyag. de l'^mér.)
Se d'autres Voyageurs nous font de
celui-ci , auquel on peut trouver
quelque différence. On appelle cet
infecte ainfi , à caufe de la -multitude
prefque innombrable de fes pieds , qui
hériflent tout le deffous de fon corps.
11 s'en fert pour remper fur la terre ,
ce qu'il fait avec une vîtefle incroya-
ble , lorfqu'il fe trouve pourfuivi. II
a environ fix pouces de longueur : tout
letleffusde ion corps eft couvert d'e-
caîlles tannées , extrêmement dures
Se emboitées les unes dans les autres ,
comme les tuiles d'un toit. Cet in-
fecte eft dangereux , en ce qu'il a des
mordans à la rére Se à la queue, donc
il pince fi vivement Se fait glîffer un
fi mauvais venin en la parrie qu'il a
ferrée , qu'on y reflenr une douleur
fort aiguë pendant plus de vingt-quatre
heures.
MILLEPIEDS S dard > nom
donné par JV1.de Ré a u m u R à des
infectes aquatiques, qui n'ont gueres
que fept à huit lignes de longueur.
Ils font remarquables par une trompe
ou dard charnu , qu'ils portent en de-
vant de leurtête Se qu'on ne trouve pas
aux Millepieds des autres efpeces. Ils
fe foutiennent dans l'eau Se y nagent
au moyen des inflexions qu'ils font
faire à leur corps avec vîtefle. Ils fè
''repoferrt & ik rempent fur tous les
MIL MIN
Corps qu'ils rencontrent. On en trouve
beaucoup fur les plantes aquatiques,
& ils deviennent la nourriture des Po-
lypes d'eau douce , dit M. Trem-
blay.
M I L L I O , Serpent de Guinée ,
très- rare , brun fur le corps Se blanc
deffous ; les écr.illes du défais du corps
font afTez grandes, d'un brun rouge,
toutes cerclées d'anneaux blancs & lar-
ges, qui continuent jufqu'au bout de
ln queue; la blancheur de ces écailles
eft marbrée d'un rouge pâle; tout le
ventre eft prefque blanchâtre , mêlé
d'un peu de rouge ; il a la tête longue ,
les yeux brillaas , la gueule large 5c
dentelée d'un bord blanc ; le front eft
couvert de grandes écailles 8c le col
entouré d'un collier blanc. Les Afri-
cains nomment ce Serpent Miil'io.
Seba, Tbef l Taè.%\.n. 3.
M I N
MINEURS, ou VERS
MINEURS de feuilles : Ce font
des infectes très- petits 8c fort aifés à
trouver. On n'a befbin que de voir
l'extérieur d'une feuille, pour recon-
noître fi quelque Mineur S'eft logé dans
fon Intérieur. Quoique faine Se verte
par-tout ailleurs , elle eft defféchée,
jaunâtre , ou blanchâtre , ou du moins ,
d'un verd dîiFérentdti refte , vis-à-vis
les endroits que l'infecte habite , ou
qu'il a habités, La claffe de ces InfeEtes
Mineurs avoit été peu obfervée avant
M. de R É a u M u K : elle eft très-
nombreufe en efpeces différentes; mais
toutes ces efpeces ne font compofées
que d'animaux bien petits. 11 y a peu
d'arbres & de plantes , fuppofé qu'il y
en ait, dont les feuilles ne foïent pas
attaquées par des Mineurs.
Quelques-uns , félon cet Obferva-
teur , s'établiffent dans les tendres
feuilles du Laiteron ; c'eft une des
plantes où on en trouve le plus. D'au-
tres fe logent dans celles du Houx ,
toutes dures qu'elles font , 8c même
dans le temps où elles font le plus
MIN 85
dures , c'eft-à-dire vers la fin de l'été.
Il y a des Mineurs de différentes èfpe-
ces , qui vivent dans l'intérieur des
feuilles de la même phmte , ou du
même arbre. On voit les feuilles du
même Pommier , & la même feuille du
même Pommier , qui ont été minées ,
tant en galeries, qu'en grandes aires.
Ces Injectes Mineurs fe transforment
en des#nfectes ailés des trois claiTes
les plus nombreufes en genres Se en
efpeces. Par exemple , quantité de
petites Chenilles Mineiij es fe métamor-
phofenten Papillons: quantité de Vers
Mineurs fe métamorphofent en Mou-
ches , 8c quantité d'autres Vers Mineurs
fe métamorphofent en Scarabées. Il
n'ell pas facile de reconnoitre les diffé-
rentes efpeces de Chenilles Mineiij'es ,
d'avec les Vers Mineurs ; mais un Ob-
fervateur reconncît qu'elles en diffé-
rent , quand il parvient à voir les in-
fectes dans lefquels elles fe transfor-
ment.
Tant que la plupart des Mineurs
font Vers , ou Chenilles , ils vivent
dans une grande folitude. Chaque ga-
lerie Se chaque efpace miné plus en
grand , eft l'habitation d'un feul infec-
te , laquelle n'a aucune communication
avec celles que d'autres infectes de la
même , ou de différente efpece peu-
vent s'être faites dans la même feuille.
11 y a cependant des Mineurs habitan»
d'une même feuille , qui après avoir
paffé une grande partie de leur viefé-
parés les uns des autres , fe rencon-
trent , lorfque le temps de leur mé-
tamorphofe approche. A près avoir vé-
cu jufques-ld dans d'étroites galeries,
ils veulent des demeures plus fpan'eu-
fes: ils minent en grand. 11 y a d'ail-
leurs des Mineurs , qui, dès leur naif-
fance , s'établiffent plus de vingt ou
trente enfemble dans une même ca-
vité , qu'ils agrandiffent journelle-
ment , pour fe nourrir. On trouve de
ces fociétés de Mineurs dans les feuille*
de Lilas. Les Vers qui les compofent
font blancs Se ras. Ils ont ûx jambe»
85 MIN
écailleufes : on ne leur en d-îftingue
point de membraneufes. Leur derrière
les aide à marcher : il fait l'office d'une
feptieme jambe.
M. de Réaumur dit que quoi-
que ics Mineurs foient toujours très-
petits, les yeux feuls trouvent entre
eux des différences qui fuffifent pour
en faire distinguer les clafles , les gen-
res Se même quelquefois les dfcèçes.j
mais on a befoin, pour les biefr voir,
du fecours d'une loupe. Tous les In-
fectes Mineurs ont une peau tendre ,
tranfparente Se rafe ; tous ne l'ont
pas de la même couleur : la plu-
part cependant font blanchâtres , ou
d'un blanc dans lequel il y a une lé-
gère teinte de verd.D'autresfont d'une
couleur de chair pâle , & d'autres font
d'une couleur dechairplus vive, pref-
que rouge. 11 y a un grand nombre
d'efpeces , qui font d'un allez beau
jaune qui tire fur la couleur de l'am-
bre. C'eft la couleur des Chenilles
Mineuja en grand du Pommier. Quand
les bijeïles Mineurs ont fubi leur der-
nière métamorphofe , après qu'ils font
devenus des infectes ailés , ils ne ref-
tentpas long-temps à s'accoupler. Les
femelles vont dépofer leurs œufs fur
les feuilles propres à nourrir les petits
qui en doivent éclorre. Elles en biffent
peu fur chacune. Ces œufs font fi pe-
tits, qu'il eft difficile d'en rencontrer.
Les Vers Mineurs qui doivent fe tranf-
former en Mouches à deux ailes , n'ont
- point de jambes , Se leurs têtes ne font
point écailleufes.: ces Mouches ne ref-
femblentpas à celles des Chenilles Mi-
neuj'es, ni même à celles des Vers Mi-
neurs, qui doivent fe transformer en Sca-
rabées. Ces Vers Mineurs , qui doivent
devenir des Mouches , lbit pour miner
en grand, foit pour miner en galerie,
ont une méchanique différente des
Chenilles Mtneitfa Se des autres Vers
Mineurs. Us femblcnt piocher à-peu-
près comme nous piochons pour creu-
fer la terre ; c'eft l'exprellion de M.
DE Ré A U M u R.
M ï M
Plufieurs efpeces de Vers Mineurs
fortent des feuilles dans lefquelles ils
ont pris leur accroiffement , lorlqu'ils
font près de leur première transfor-
mation, D'autres le mettent en coque
dans la cavité même qu'ils ont creuiée
dans la feuille. Plufieurs autres efpeces
de Vers Mineurs paffent , pour ainfi
dire , de l'autre côté de la feuille «
c'ell-à-dire qu'ils ouvrent une cavité ,
qui , du côté du deffus de la feuille ,
eft couverte d'une épailfeur capable
d'empêcher de les voir. 11 y a aulli des
Mineurs en grand , qui, après avoir
mini la feuille plus près du deffus que
du deffous , pendant qu'ils minoient
pour croître, patient de l'autre côté,
lorfqu'iis fon,rprès de fe métamorpho-
fe r , & minent un efpace moins grand
que le premier , lequel ne paroît miné
que quand on regarde la feuille par
deffous. C'eft ce que pratiquent pour
l'ordinaire les Mineurs des feuilles du
Houx. Voyez furie travail de ces Vers
Mineurs Se leur métamorphofe le Mé-
moire I. dit Tome III. des injectes de M.
DE R É A U M U R.
MINEUR DES INDES
OCCIDENTALES: Cetoifeau
eftenviron de la grandeur de la Grive
de Guy. Albin {Tome II. ». 38.)
dit qu'il a le bec d'un beau rouge Se
l'iris d'un jaune pâle. Sur le derrière
de la tête il y a une large bande de
noir, qui s'étend jufqu'aux yeux , les
extrémités de cette bande fe coumynt
par en bas. L'oifeau eft entièrement
noir , excepté qu'il y a deux longues
marques blanches dans les deux lon-
gues plumes de l'aile les plus avan-
cées en dehors ; les jambes font oran-
gées Se les griffes noires. Cet oifeau
imite la voix humaine. Son ramage eft
bien articulé. Albin dit qu'on les
apporte des Indes Orientales.
MI N I A, forte de Serpent veni-
meux, qui fe trouve dans le pays des
Nègres. Il eft fi grand Se fi gros , qu'il
avale des Moutons , des Pourceaux Se
même des Cerfs entiers. Il fe tient à
M I N
l'affût dans des brouffailles , & quand
il découvre quelque proie , il s'élance
deffus, 8c «'entortillant autour de fon
corps , il l'étouffé en la prenant. On
rapporte une chofe particulière de ce
Serpent, c'eft qu'avant que d'englou-
tir ce qu'il a pris , il regarde tout
autour s'il n'y» point quelque Fourmi
qui fc pourroit gliffer dans fon corps
avec fa proie & lui ronger les entrail-
les. La peur qu'il en a vient de ce
cu'aprcs avoiravalé un animal de cette
groffeur, il fe fent incapable de fe dé-
fendre, jufqu'à ce qu'il ait digéré ce
grand fardeau.
M I N I A C , nom Malabre , que
M. Adanson( Hifi. des Coquillages
du Sénégal , p. no.) donne, d'après
Rumphius, à un Coquillage du
Sénégal , Se qu'il met dans le rang de
fes Coquillages operculés & du genre
des Pourpres à canal court, échancré
& fimple. Ce Coquillage eft figuré à la
Planche VII. ». 6. L'Auteur en parle
en ces termes. Cette efpece, dit-il , a
beaucoup de reffemblance avec une
ancre , qu'il nomme Tefan , tant par
les couleurs de fa coquille , que par
fa légèreté & fon peu d'épaiffeur, mais
fa forme eft prefque ronde ; fa lon-
gueur, qui elt d'environ deux pouces,
excède à peine fa largeur d'une qua-
trième partie : elle eft des plus tranf-
parentçs : elle n'a que fix fpires , qui
différent de celles du Tefan , en ce
qu'elles font diftinguées par un large
8c profond canal. Leurs canelures font
plus étroites , plus arrondies , plus
relevées Se féparées les unes des au-
tres par un efpace plus grand que leur
largeur. La première fpire en a qua-
torze : la féconde en a trois , & les au-
tres beaucoup moins. Ces canelures
font en creux dans l'intérieur de la
coquille Se fparées par autant de pai-
res de filets, ou de petites côtes, qui
égalent leur largeur; Le fommet eft
conique , pointu, mais fortapplati,
deux fois plus large que long, Se trois
fois plus court que fon ouverture. La
MIN 87
lèvre droite de l'ouverture efl: plus
évafée que dansun autre Coquilla ge du
même genre , qui eft la cinquième efpe-
ce de l'Auteur : elle n'a que quatorze
ondes fur fes bords. La lèvre gauche a
aufliun ombilic, mais il manque dans le
plus grand nombre. Cette coquille eft
enveloppée d'un périofte affez épais ,
qui lui communique fa couleur rouffâ-
tre. Lorfque ce périofte eft enlevé,
elle paroît d'un fort beau blanc, taché
de quelques points fauves & quarrés ,
diftribués fur les canelures à une gran-
de diltance les uns des autres.
M. Adanson range encore fous
le nom de Mïniac pluficurs efpeces de
Coquillages, qu'il regarde du mime
genre Se delà même efpece ; favoir y
la tertia Natttilii fpeciej , Aris-
t o t e l e prodita , dont parle BeloN,
de Aquat. p. 383.
La Cochlea rugofa & umbilicata de
Rondelet,/^. L. L Edit.Lat.p. 106.
dont parlent Bossuet, Aquat. paru
altéra, p. 55. Gesner , Aquat. p. 287.
& Aldrovande , Exfang. p. 390".
La Cochlea rugofa de Jonston,-
Exfang. lab. lo.pg.y.
La Cochlea nivea , è papyraceâ fub-
ftamiâvehai compacta , at non plie a tilt ,
jemi-circularibus canaliculis diflintla ,
inter quoi fin* ferè plana , maculis fla~
vis tejj'ellatis, de Bonanni, Recr.
p. 115. Claff. 3 . n . 1 6. Se du Mufmm
de K 1 R k e r , p. 450. ». 16.
La Cochlea fuperiori crajfior , eodem~
modo canaliculata , fimilil-itj'que norif
difiintla , ore valdè labrofo & vxlvii-
liscoronato , in cujus extremitate fora-
men profundum du même Bonanni»-
ibid. n. 17. SeduMufatm de Kirker r
p. 45 0. n. 17. Ce Coquillage fe pécher
dans la mer de Sicile.
La Cochlea am précédente conven'unr
in finis & maculis , at bafi planiore
du même, p. nô\ ». 25. & de Kir-
k e r , p. 450. ». 2.5. Ce Coquillage fe.
trouve aux Indes Orientales-.
Le Biiccimtm Ampullaceitm ,■ tenue v
nnfra Uviter fmmfo rjïriis. raris rtarap r
88 M I R
valdè extamibus , maeulatis , circuni -
datum de Lister, Hifl. Conchyl.
Tab. 899. fig. 19 Ce Coquillage fe
trouve dans le détroit de Malava.
La Cochlea firiata, fîve Olearia de
R u m p h 1 u s , Mufi p. 90. art. 1.
p. 27. /g. 4. & le Bia-Mitdac du mê-
me , qui fe trouve à Malabar.
La PerdiceaLuz,onis , globofa, coflis
clatis, maeulatis de Petivert , Gaz.
Vol. II. cat.z$$. Tab. 99. fig. II.
La Cochlea car.aliculata, relia , craf-
fior , vitlgaris , urnbonata , firiata ftriis
c an aliculatïs & in jummitate fuâ Jul-
cata canaliculo rugofo & quafi in Je
comorto de Lanohius , Meth. p. 24.
La Cochlea canaliculata , extrormm
incufvata , vitlgaris , urnbonata , firia-
ta firiis canaliculatis , & umbilicata
du même , p. 26.
La Tonne chargée de cordelettes
tachetées de jaune fur un fond blanc ,
de M. d'Ar G en V 1 L L E, figurée à
la Planche XVII. Utt. C. p. 264. Hift.
Conchyl. Edition de 1757.
Et enfin la Cochlea cajftdiformis ,
umbilicata , ventricofa , firiata firiii
raris , elatis , canaliculatis' > G~ in jum-
mitate colore fulvido l éviter tejfellatis ,
fubalbida de G U A L T 1 E R 1 , bld. Tab.
& pag. 39. litt.E.
M I R
Ml R AILLET, ou RAIE
L I S S E , en Latin Rata lavis , octtla-
ta , nom que Rondelet(£. Xll-
c. 8. p. i-/6. Edit. Franç.) donne à un
poiffon qu'A R t e D 1 ( le ht h. Tan. V-
p. loi.n. 7. ) nomme Rata dorjo , ven-
ir eque gl abris , aculeis ad oculos , ter-
noqite eorum ordine in cattdà. Cette ef-
pece de Raie eft la Raia oculata des
autres Naturaliir.es , comme de Ges-
n e r , de Aqtiat. p. 933. de J o n s-
TpN ,L.I.C. 3. d'A LDROVANDE,
L. III. c. 61. p. 453. de Ch arle-
TON,p, qO.deSCHONNE VELD,
p. 58. de WilluGhby, p. 72. Se
de R a y , p. 27. n. 9. Elle eft nommée
friiraiiltt par le Naturalifte François ,
M I R
à eaufe des figures d'yeux qu'elle a
fur le corps , Se qui font des marques
qui reiïemblent à de petits miroirs.
Ce poifibn eft femblable aux autres
efpeces de Raies. Son mufeau eft car-
tilagineux Se tranfparent : fon corps eft
brun au-deffus , Se femé de tachas ; de
chaque côté il a une ^>elle marque ,
comme un cdl , d'où lui eft venu le
nom de Raia oculata. Ses aiguillons
fout en plus grand nombre que ceux
des Raies à long bec Se à bec pointu.
Le delTous de fon mufeau eft rude ;
il y a quelques aiguillons autour des
yeux , Se la queue en eft toute garnie.
Ce poiifon eft nommé à Vcnife Bar-
racol , Se à Rome ArzMla. Voyez au
mot RAIE.
M I R A N : C'eft un Coquillage
univalve , du genre de la Vis , des
côtes du Sénégal , qui ne vit que dans
les fables , Se que M. A d a N s o n
( Hifi. Nat. des Coquillages du Sénégal ,
p. 51.) dit avoir trouvé fréquemment
fur la côte maritime de Ben , pendant
le mois de Mars. Ce Coquillage eft
figuré Planche IV. ». 1. La coquille
du Miran eft ovoïde , arrondie Se ob-
tufe dans Ton rxtrémité fupérieure Se
terminée en une pointe tr^s-rine lion
fbmmet. Sa longeur eft d'environ treize
lignes Si furpalle une fois Se un tiers
fa largeur , qui n'eft que de cinq lignes
Se demie. Elle eft médiocrement épaille
Se formée de dix fpires, qui tournent
en defeendant peu obliquement de
droite à gauche , Se dont la largeur
diminue à mefure qu'elles approchent
dulommet, où elles fe terminent par
un point prefque imperceptible ." ces
fpires font un peu renflées & bien dif-
tinguées par un léger fillon , qui les
fépare : les deux premières , ou les
plus proches de l'ouverture font liffes
Se unies; mais les huit autres ju/qu'au
fommet font relevées chacune de plu-
fieurs petites côtes parallèles à la lon-
gueur de la coquille: au refte elle eft
d'un poli Se d'un luftre tel qu'il n'eft
point terni par le périofte fubtil qui la
recouvre,
M I R
recouvre. Son ouverture eft une cl-
lipfe trrégulîere , pointue par le bas
Se arrondie par le haut , où elle fe
termine en un canal profondément
échancré dans la coquille. La longueur
de cette ouverture eft double de fà
largeur : elle eft une fois & un quart
plus courte que le foramet de la co-
quille Se à -peu -près parallèle à fa
longueur. La lèvre droite de l'ouver-
ture eft fimple , courbée en portion
de cercle, tranchante Se fans bordure.
La lèvre gauche eft aulfi courbée en
deux fens différens , mais arrondie Se
garnie par le haut de deux plis allez
gros , dont l'inférieur fait le tour de
l'échancrure de l'ouverture. La feule
variété que l'on obferve dans cette
Coquille , confifte dans la proportion
de fes parties , dont la largeur , com-
parée à .leur longueur , eft plus grande
dans les jeunes que dans les vieilles.
Leur couleur dans tous les âges eft
ou blanche , ou agathe , fans Aucun
mélange.
La tête de l'animal que contient
cette Coquille, a, dit M. Adanson ,
la forme d'un croiftant, dont la con-
vexité eft bordée d'une membrane très-
fine. Elle eft arrondie Se convexe en
deflus Se plate en deilbus: fa largeur
eft double de fa longueur. Deux cor-
nes cylindriques Se terminées en poin-
te , prennent leur origine de fon fom-
met Se fur les côtés, qui les tiennent
fort éloignées l'une de l'autre : leur
longueur eft double de celle de la tête :
leur furface eft polîe Se luifante. Les
yeux font deux petits points noirs ,
peu appareils Se placés fur le côté ex-
térieur des cornes à leur origine. La
bouche eft une fente aflez longue ,
parallèle à la longueur de la tête Sefi-
tuée .au-deflous d'elle dans fon mi-
lieu. Lorfqu'elle s'ouvre on apperçoît
le mouvement de la mâchoire infé-
rieure , qui porte de bas en haut. Quoi-
que l'Obfervateur n'ait point vu fortir
de langue à cet animal , l'analogie le
fait p enfer qu'il doit en avoir une fem-
Teme III.
M I S M I T 5>
blable à celle de l'Yet qui eft du genre
de la Porcelaine. Le pied forme une
ellipfe très-ouverte ouobtufe à fes ex-
trémités. Sa longueur eft prefque dou-
ble de fa largeur 8c un tiers plus courte
que fa coquille. A fon extrémité anté-
rieure il eft traverfé par un profond
fillon Seprolongé fur fes côtés en deux
oreillettes triangulaires, qui n'ont que
la fixieme partie de fa longueur. Le
manteau eft une membrane épaiffe,
qui tapifte l'intérieur de la coquille. Le
tuyau fort par le canal, ou l'échancru-
re de l'ouverture de la coquille , Se fe
rejette fur le côté gauche de l'animal.
Le deffous de 1cm corps eft d'un blanc
pâle , Se le deiïus d'un blanc d'eau,
marqueté de petits points , ou de lignes
noirâtres.
M I S
M I S G U R N , poîflbn commun
en Allemagne , de la figure de la Lam-
proie , qu'on pêche du côté de Ra-
tifbonne , difent Gesner Se Ray.
Ce dernier dit qu'il eft prefque de la
largeur de l'Anguille depuis la tête
julqu'à la queue. H a cinq lignes noi-
res , une au haut du dos , deux plus
larges aux côtés Se deux plus étroites
depuis la tête jufqu'à la queue : les
efpaces entre ces lignes Se le bas du
ventre ibnt d'un bleu obfcur, marqué
de points noirs , ainfi que les nageoires
de la queue. Ce poiflbn a la bouche
environnée de barbillons , fix à la mâ-
choire fupérieure & quatre à la mi-
choîre inférieure. Il n'a qu'une nageoi-
re au dos. Il diffère de la Lamproie
par les nageoires qu'il a au ventre.
Il n'en a point proche des ouies. Il a.
des ouies, au-lieu que les Lamproies
ont des trous Se non des ouies.
M I T
MI TA CLE, efpece de Moule,
dont Dioscoeude dît que les meil-
leures fe trouvent dans la mer Pontî-
que , Se dont les cendres ont la même
qualité que celles des Buccins. Étant
M
co MIT
lavées comme on fait le plomb , elles
font bonnes aux médicamens qu'on fait
pour les yeux avec du miel , Se non-
feulement elles confument la groffeur
des paupières , mais elles ôtent la taye
de l'œil Se tout ce qui apporte empê-
chement à la vue.
M I T T E S * , infectes volans du
genre des Scarabées. Les jeunes font
blancs : les vieux deviennent noirs. Ils
fe dépouillent de leur peau. Les mâles
ont des ailes : les femelles n'en ont
point : le froid les fait périr. Il y a de
plu (leurs efpecesde3f/r/ÉT, fa voir celle
qui vit de chair , en Latin Blatta carni-
vora, en Allemand Fleijcb Scabe , en
Italien Platella , ou Baccaroni : celle
qui fe trouve dans le pain Se la farine,
en Latin Blatta panes devorans , en
Allemand Brod Kafer : on en voit la
deferiprion dans les Éphéméridcs des
Curieux de la Nature , n. 6. Dec IL
an. 20. p. 1 8. celle qui ronge lesLivres,
en Latin Blatta libraria , en Alle-
mand Bikher-Scabe : celle qui gloufle
comme les Poules , en Latin Blatta
glocitans : il en eft parlé dans les Fphi : -
mérides des Curieux de la Nature, n. 6.
Dec. II. an. 6*. p. 50. celle qui aime le
Porreau , èn Latin Blatta porricida :
elle fait du ravage dans les jardins :
celle qui fuit la lumière , en Latin
Blatta hteifuga : celle qu'on trouve
dans les moulins Se aux environs des
fours , en Latin Blatta molendinaria &
pifîrinarid , en Anglois Cockrocbe, en
Allemand Stuben Schabe Schivartz.er
MM Kaftr. Pline appelle celles qui
nriiTent clans les mo'ulins , à l'entrée
des latrines Se des bains , MiUcon. On
en voit beaucoup en Ruffie , qui fe
cachent de jour dans les fentes de bois
& qui fortent la nuit. On les appelle
dans ce pays Turakan. 11 y a la Mitte
puante , en Latin Blatta fœtida , qui
répand fa mauvaife odeur par-tout où
elle pafTe. Elle fe retire dans les ca-
yes Se dans les lieux frais : on ne la
* La Mitte , en GrecSi'Aop», & Tj'àcp»., eft
nommée en Latin Blatta ï en Anglois, Mothi
M I T
voït ordinairement que la nuit, Scelle
marche très-lentement.
M. Linn/kus { Fauna Stuc. n. 594.)
la nomme , Tenebrio atra » coleopteris
ponè acuminatis. C'eft la Blatta fœtida
des Naturaliftes , comme d'A LDR o-
V AN D E ( Infetl. p. 499, ) , de Mouf-
fet (Lat. p. 138.) , de Charleton
(Exercit. p. 48.), de Jonston ( Inf.
t. 16.) Se de Merret {Pin. p. 201. );
le Scarab&us impennis > tardipes de
Petivert ( Gazoph. p. 38. ) ; le
Scarabitus niger , rotundtts , lavis, an-
tennis globo/is de Ray ( Inf. p. 89. ) ;
le Scarabitus terrains & flentraritts ,
niger , fœtidus de F a 1 s c h : la Blatta
ofjicinarum de D a L e { Pharm. p. 9 1 . ) ,
Se enfin le Tenebrio terrefiris des Voyages
d'Œlande. Petivert parle d'une
autre efpece , qui eft plus ronde , Se
Lister aullî d'une , qui eft couleur de
violette , qui eft ventrue Se différente
de celle de Petivert. M. LinNjïus
les croit l'une & l'autre d'une autre
efpece que la Blatta fœtida. Enfin M,
G é e r en donne une quatrième efpe-
ce , qu'il nomme Tenebrio atra , coleop-
teris ponè rotundis , maxiliis prominen-
tibiis. F R 1 s c H en parle. C'eft une
petite efpece , qui a le thorax comme
le genre des Car abus y Scarabées jar-
diniers , les cuifles faites en mafiîie Se
les mâchoires de la longueur de la
tête.
Le* Mines en général reffemblent
aflez aux Grillons des champs. On dit
qu'elles fortent de leurs œufs toutes
parfaites Se qu'elles croiflent peu à
peu. Elles ont huit grands pieds , pa-
reils à ceux des Faucheurs, ce qui eft
aifé d'obferver , en mettant une de
ces petites bêtes dans un microfeope.
Pour h Mitte qui imite le cri de la
Poule , qui ronge les livres Se qui fe
nourrit de la colle dont on les enduit
en les reliant, elle eft de la groffeur
d'une grofïe Puce. Cette Mitte a fur
le dos une crête oblongue , de cou-
en Allemand , Scabe i en Suédois Torraka »
& Dmean.
M I T
leur erife. Elle porte la tête baffe Se
rapprochée de la poitrine. C'eft en
frappant des ailes l'une contre l'autre
qu'elle excite un bruit , qui imite le
gloufîement d'une Poule. Cet infe&e
a paru à Chrétien Mentzelius peu
différent de l'infecte dont Goedard
a parlé dans fon Traité des Métamor-
phofes y Fart, I. Obferv. 60,
M. LiNN/Eus ( Fauria Suce. p. 195.
». 6 17. cTi8.) nomme Biatta ferrugi-
neo -fujea , elytris fulco wato imprcjjïs ,
la Biatta molmdmana Qr piftrinaria
de Mouffet , le Scarab&us alter ,
tefludinarius , minor > atque aiatus de
Coi.UMNAjle Gryllus de J o N S T o N,
le Gryllus aiatus & reptns de B a it-
THOLE, infecte qui fe trouve dans
lefucre, la Biatta prima, pve mollis
deMouFFET.&la Biatta lucifuga ,
fve molendiaaria de F r 1 s c H. Il y a
une efpece de Mine qui fe met entre
les écailles des poiffons que les Lapons
font deflecher. Il en eft parlé dans les
Ailes d'Upfal, fous le nom de Lam-
pyris alis juperioribus ad apgulum acu-
tumjiriatij . M. L 1 n n m u s la nomme
Biatta ftavefcetif , elytris nigro macu-
latïs.
M c M e R 1 A N ( Hifl. des Infeiï. de
Surin, p. 19. ) dit qu'il y a de belles
Mittes blanches à Surinam , qui fe mé-
tamorphofent en de belles Mouches
vertes.
Voyez fur ces différentes efpeces de Mû-
tes, V 1. 1 n e , L. XXIX. c. 6. Aldrovande ,
Infitt. L. IV. c,9. Mouffet, L. I. c. iS.
V o s s 1 11 s , 7hef. Gent. L. W. c. 48. />. m.
1605. R 1 e G e R , Net. rcr. nat. & artefatl.
p. 117. & fuiv. dit Tome II.
M I T U , ou M U T U , oifeau
du Bréfil , félon Marc Grave,
qu'H ernandez nomme Tepetotolt.
11 eft du genre des Faifans , dit le mê-
me Auteur, & les Efpagnols le re-
gardent pour tel ; mais R a y ( Symp.
Me th. Av. p. 52. ». 4, ) penfe qu'à
caufe de fa queue , qu'il drelfe en
rond comme les Paons Se les Coqs
d'Inde , il eft plutôt une efpece des
uns ou des autres. Il eft plus grand
MIT M I X su
qu'un Coq; les plumes de fon corps
font noires , excepté au ventre Se au
croupion , où elles font brunes. Cet
oifeau a fur le fommet de la tête des
plumes noires , plates , qu'il élevé
Se qu'il drelfe en forme de hupe quand
il lui plaît. Il a le doigt courbé , long
d'un doigt & demi , d'une belle cou-
leur de chair Se blanc vers la pointe.
Il fe perche fort haut Se vole fur les
arbres comme les Paons. C'eft un oi-
feau doux Se ami de l'homme.
M I T U P O R A N G A , autre
oifeau du Bréfil , félon Marc Grave ,
Se dont parle Aldrovande , L.XÎV.
c. 10. Il a le bec moins large Se moins
en forme d'arc que le Mitu : l'extré-
mité en eft noire : tout le refte eft
couvert d'une membrane jaune , pa-
reille à celle qu'il a autour des yeux;
fon col Se fa tête font couverts de plu-
mes très-noires Se luifantes comme
de la foie; il a fur le haut de la tête
des plumes crêtées , torfes , qui def-
cendent jufqu'au commencement du
col & qu'il peut élever en forme de
hupe: le refte de fon corps eft noir,
avec quelques taches noires. Proche
du croupion il a quelques plumes blan-
ches : fes jambes font cendrées. C'eft
une efpece de Coq des Indes, ainfi que
le précèdent , difent R a y ( Symp,
Mcth. p. 52. n.6.) Se Ru y se h {de
Avib. p. 133.), Se le même que les
Africains nomment Ano } G e s n e r ,
LongolinHî ; Aldrovande, G al-
las Indiens. Voyez COQ INDIEN.
M I T Z L 1 , animal , dit Nierem-
eerg C Hifl. Exot. L. IX. C. 24, ) , qui
eft une efpece de Lion. Quand il eft
petit , fa couleur eft brune ; à mefure
qu'il prend croiffance, il devient fauve,
quelquefois rouge , ou d'une couleur
tirant fur le blanc : quand cet animal
eft grand , il eft moins féroce que le
Lion. R u y s c h en fait mention ,
de Quad. p. Sx.
M I X
MIXANO, petit poiflbn de la
M îj
$i MO C M O F
rivière des Amazones , dont plufieur*
ne font pas fi longs que le doigt. Ils
arrivent tous les ans en foule à Berja »
quand les eaux commencent à baiffer
vers la fin de Juin, Ils n'ont rien de
fmgulier que la force avec laquelle ils
remontent contre le courant; comme
te lit étroit de la rivière les raffem-
ble néceflaîrement près du détroit,- on
les voit traverfer en troupe d'un bout
à l'autre , 8e vaincre alternativement ?
iur l'un ou fur l'autre rivage ,, la vio-
lence avec laquelle les eaux fe pré-
cipitent dans ce canal étroit, On les
prend à la main , quand les eaux font
baffes , dans les creux des rochers de
Pongo , où ils fe repofent pour pren-
dre des forces , Se dont ils fe fervent
comme d'échelons pour remonter-
M O C
MOCOTOTOTL, olfeau du
Méxîque , ainfi nommé , dit Hernan-
nrz , d'une herbe r dont il fe nourrit,
nommée Mocoquul. Il eft de la gran-
deur d'un Etourneau , dit Ray , Synop,
Av. Append. p. 166. n. 8. Sa couleur
eft brune Se pâle ; fa poitrine eft blan-
che , 8c le deifous de fa queue eft de
la même couleur ; fon bec & fes pieds
font d'un rouge écarlate. Cet oifeau
chante afiez méiodieufemenf..
M O F
M O F AT : C'eft un Coquillage
fcivalve de l'a côte du Sénégal , la pre-
mière efpece du genre des Pétoncles
de M. Adanson, p. 241. Il eft
très-commun dans les fables voifins de
l'embouchure du Niger, Se fe trouve
figuré chez l'Auteur Planche XVIIL
n. 1.
Sa coquille , dit-il , eft exactement
ronde , médiocrement épaiffe , d'un
pouce Stdemi de diamètre , &de moi-
tié moins profonde. Elle eft relevée de
vingt-fix grolTes canelures ,. liffes Se
arrondies , qui s'étendent en longueur
M O F
fuf tôllte la furface extérieure. Les
bords des battans font marqués inté-
rieurement d'un pareil nombre de
greffes dents, dont les fept premières
de l'extrémité fupérieure font divifées
comme les dents d'une fcîe par de pro-
fondes échancrures : elles ne joignent
pas parfaitement enfemble , lorfque la
coquille eft fermée j les autres font
peu apparentes au-dehors r fort écar-
tées les unes des autres , Se féparées
au-dedans par un petit canal qui va fe
perdre dans les fommets. Ceux-ci font
ronds , affez grands , tournés légère-
ment Se horifontalemcnt en fpirale , 8c
placés au milieu de chaque battant »
fort proches l'un de l'autre. Le liga-
ment eft coriace , brun étroit ,. a fiez-
court, convexe luifant 8e fort entiè-
rement hors de la coquille, au-deffus
du fommet où il eft placé. La char-
nière eft très-longue & forme une
ligne droite , qui furpaffe un peu la
largeur de la coquille. Elle eft corn-
pofée dans chaque battant de cinq dents,
dont quatre font raffemblées par pai-
res, &fort écartées les unes des au-
tres. Il y en a une paire vers leur
milieu ; elle eft longue & pointue.
L'autre paire eft placée en haut dans
le battant droit , Se en bas dans le
battant gauche. Elle eft fort large Se
obtufe , aufli-bien que la cinquième
dent , qui. fe trouve au contraire en
bas dans le battant droit , 8e en haut
dans le battant gauche. Toutes s'en-
grainent parfaitement, & font un peu
plus grandes dans le battant gauche
que dans le battant droit. Chaque bat-
tant porte intérieurement, près des ex-
trémités de la charnière, deux taches
qui défïgnent le lieu où étoient fixés
les mufcles. Celle d'en haut eft el-
liptique , & plus petite que celle d'en
bas , qui eft ronde. Cette coquille ne
paroît pas couverte d'un périofte fen-
fïble ; le blanc eft £a couleur ordinai-
re y on voit cependant quelquefois un
peu de rouge à fes fommets , Se à fou
extrémité fupérieure,
M O F
r M. A d a n s o n dit que le Thon'
tle , ou Hannon , de la côte de Bre-
ïagne Se de celle de Normandie, dont
•a parlé Belon(</( ^gaa*. p. 4 10 *
^-411.) reffernble beaucoup &vMo-
f^f du Sénégal; mais il en diffère en
ce que fa coquille eft moins épaifTe ,
ainfi qu'en ce que fes canelurcs font
iraverfées par un nombre confidérable
de petits filets qui lui donnent beau-
coup d'âprcté , Se en ce que fes bords
ne font pas fi- fenfiblement dentés à fon
extrémité fupérieure. L'animal , plongé
dans les fables , écarte médiocrement
les deux battans de fà coquille , Se mon-
tre les bords de fon manteau , qui font
lîmples & légèrement ondés : ce man-
teau eft ouvert dans l'efpace compris
entre tes trachée3 Se la partie posté-
rieure du pied ; du* refte il eft tout
d'une pièce aux extrémités. Deux tra-
chées , en forme de tuyaux , fortent
de l'extrémité fupérieure à une dif-
tance à-peu-près égale du fominet& du
point qui lui eft oppofé. Elles font fort
courtes , & n'ont qu'une ligne Se demie
au plus de longueur. Celle qui eft la
plus éLoignée du fommet eft la plus-
grande , Se accompagnée fur fon côté
antérieur d'une efpece de frange de dix
à douze filets. Toutes deux font cou-
ronnées de trente filets diftribués fur
deux rangs. Les filets du rang exté-
rieur font coniques & plus grands que
les autres. Le pied eft d'une grandeur
médiocre ; ii fort du milieu de la co-
quille , dont il égale quelquefois la
longueur , en prenant la forme d'une
lame de couteau recourbée en deiïlis.
Tout le corps de cet animal eft blan-
châtre , tacheté de quelques points
jaunes fur la couronne des trachées Se
quelquefois fur les filets mêmes.
M-. Adansôn range fous le nom de
MofatAe Petlitncuhts orHcularif > ex
altero latere pr&ïongis ,-iatïfqite dentibus
cvnfpkuus deLiSTER» Hifl. Conchyl.
1ab,_ 3 3 o. /g; , i&j-, & de M. Klein,
fent. p. 140. fp.i.n. 4. Litt.K.
Et le fiUunculiu Bomeocus , finis
MOI n
alte incijîs de Petivert, Gaz.oph.
Vol. II. Cité. O. Tab. 5 4. fig. $ .
M O I
MOINE: Les Holland ois ont
donné à quelques poïfTons des Indes ,
qui font de la même efpece , le nom
de Nonncvijïh , eu Latin Munialis , 8c
en François Moine. Ruïsch ne faic
pas lacaufe de cette dénomination. Ce'
nom cependant, dit-il, eftaffez con-
nu dans les Indes. On prend ce poif-»
fon proche Hila3.
Le premier eft d'un bleu clair , de-
puis le dos jufqu'à' la mâchoire infé-
rieure. Il a une ligne large qut eft de?
couleur rouge , mais le ventre eft mar-
bré de différentes couleurs : les na—
geoires , qu'il a des deux côtés dit
corps , ne font pas pointues. Sa chair
eft bonne à manger* mais il faut au-
paravant l'ouvrir , & le faire fécher au
foleil , ou le faler;
Le fécond reffemble affez au précé- 1
dent ; mais il a huit aiguillons , dont
fix fur le dos , Sz deux autres au bas
du ventre. II a trois taches blanches
rrès-remarquables , avec des nageoires
fous les ouies : c'eft ce que n'a pas le
précédent?. Sa couleur eft jaune.
En comparaiît le troifieme avec ce-
lui dont je viens de parler, il n'y a
aucune différence ; mais quant à la cou-
leur il y en a une très-grande. Ce poif-
fon eft jaune, noirâtre Se bleu : fa têre eft
rouge , à la réferve d'une ligne qui la
rraverfe.
On donne auflî le nom de Moine au
Maribuin , comme je l'ai dit. Voyez-
au mot MARSOUIN.
Gesner Se Rondelet rapportent
qu'en Norvège on prit un Monftre
marin , après une grande tempête :.
ceux qui le- virent lui donnèrent le
nom de Moine. Il avoît la face d'un
homme ruftique : fa tête étoit rafe Se
unie ; on voyoît fur fes épaules com-
me une efpece de capuchon de Moi-
ne. Il avoit deux longues nageoires
au-lieu de bras, Se fon corps finiflbiî
If MOI
en une queue très-large. Rondelet
dit que la figure qu'il donne de ce
Moine marin lui avoit été donnée par
Marguerite de Valois, Reine de
Navarre, qui l'eut d'un Gentilhomme
qui cnportoit une autre à Charles-
quint. Ce Gentilhomme difoit avoir
vû ce Monftre , tel qu'il eit repréfenté
dans Rondelet, jetté par les flots
furie rivage, après une grande tem-
pête , dans un lieu nommé Diez.e ,
proche d'une Ville appellée Denelo-
pocb. Le même Rondelet mar-
que avoir vû à Rome un Moine marin
en peinture , qui ne différoit en rien
du fien.
Entre les bêtes marines , Pline
fait mention de l'Homme marin , Se
Pausanias du Triton, comme Monf-
tres vraiment exiftans. Voyez HOM-
ME MARIN.
MOINE DES INDES, nom
que les Portugais donnent au Rhino-
céros. Voyez ce mot.
MOINEAU: Les Naturalises
ont donné le nom de Pajjer , non-
feulement à plufieurs oifeaux de di-
vers genres , mais encore à quelques
poiiTbns plats , tels que la Limande ,
la Plie, le Carrelet, la Sole, le Tur-
bot , Sec. M. L i N N je u s ( Fauna Suec.
p. 64. & fuiv.) en compofe le fixieme
ordre des Aves Pajj'eres , dans lequel
il range i°. fous le nom générique de
Colwmba , les différentes efpeces de
Pigeons; 2 0 . fous celui deLoxia, les
Gros fjecs ; 3 0 . fous celui à'Ampelis*
les différentes efpeces de Geais ; 4 0 .
fous celui de Sitia, les oifeaux nom-
més ordinairement Torchepots ; 5 0 .
fous celui de Sturnus , les Étourneaux ;
6°. fous celui de Turdus , les Grives;
7 0 . fous celui d'Alauda, les Alouet-
tes; 8 U . fous celui de Fringilla , les
Chardonnerets , les Pinçons , les Moi-
neaux , les Linots , Sec. 9 0 . fous
celui de Certhia , les Grimpereaux ;
io°. fous celui de Motaciila , les
Hoches-Queues , les Rollignols , les
Fauvettes , les Roitelets , Sec, 1 1°.
M O \
fous celui de Parus, les Mélanges;
12°. fous celui d'Hirundo, les Hiron-
delles; 13 0 . fous celui de Procellaria,
PAntipollux , ou le grand Pierrot »
nommé Pinçon de mer, ou Oifeau de
tempête.
M. K l E 1 n ( Ord. Av. p. 87. ) fait
fous le nom de PaJJèr un genre d'oi-
feaux , qui eft le dixième de la qua-
trième famille , laquelle contient les
oileaux tétradactyles , qui , comme j'ai
déjà eu occafion de le dire plufieurs
fois , ont les pieds munis de trois doigts
fimples en devant Se d'un quatrième
par derrière , Tttradadyli , digitis fîm-
plicibus , taàça poftico. Cet Auteur di-
vife ce gênas Pajjèris en cinq tribus.
Dans la première font les différentes
efpeces de Moineaux, Parères; dans
la (econde les différentes efpeces d'Or-
tolans , F.mberiz.a. ; dans la troifîeme ,
les Linots, Lin aria s dans la quatriè-
me , les Gros Becs , Coccotbraufies ,
Se dans la cinquième , les Pinçons ,
Fringilla. Je n'ai à parler ici que des
Aves Pafferes , dont le caraclere eft
d'avoir le bec en forme d'un cône ren-
verfé , les bords très-coupans Se fit-
niffant en pointe; le fommet de la tête
plus élevé que celui des autres petits
oifeaux de ce genre.
Les efpeces de Moineaux dont onr
parlé Aldrovande , Villuchbï,
Ray.Gesner ScBelon, ainfi
que Me (Heurs Linnjeus 8e Klein ,
Albin, Catesbt, Edward,
S l o a n e Se les autres , font le Moi-
neau franc , le Moineau d'arbre , le
Moineau jaune , le Moineau de trois
couleurs , le Moineau blanc , le Moi-
neau à la fonde , le Moineau à tête rou-
ge , le Moineau de montagne , le Moi-
neau de jonc , le Moineau des Indes,
le Moineau dont parle S e b a , ceux
de Catesby -3c des autres, & enfin
le Moineau de neige de M.LiNn itus,
Commençons par le Moineau franc ,
qui elt ordinairement appellé Moineau
domeftique.
MOINEAU VULGAIRE,
m o r
DOMESTIQUE, ou DE
MAISON, autrement dît Moineau
franc, on franc Moineau*, nommé
par M. LiNNitus ( Fauna Suec.
p. 80. ». H2.) Fringilla remigibus ,
rethkibufque fufcis , gulà nigrà , tem-
poribus ferruginds. Cet oifeau eft le
Pajfer domefticus de G E s N E R ( Av.
p. 543 .). deWiLLUGHBY ( Omith.
p. 182.) , de R A Y {Synop. Meth. Av.
p.%6.) Se d' A l B 1 N , Terne I. n. 62.
Cet oifeau pefe un peu plus d'une
once. Il n'a que fix pouces ou fix pou-
ces Se demi de longueur , depuis la
pointe du bec , jufqu'à l'extrémité de
la queue ; fix de large , les ailes éten-
dues. Il a le bec épais , les coins de la
bouche noirs chez le mâle ; l'entredeux
des yeux jaunâtre 5 le bec , chez la
femelle , eft fombre Se d'un pouce de
longueur , & les yeux font couleur
de Noifetier ; il a les jambes & les
pattes couleur de chair fombre , les
griffes noires , la tête d'un bleu fom-
bre , ou couleur de Frêne Se le menton
noir ; au-deflbus des yeux deux peti-
tes taches blanches; une bande large ,
d'un rouge brun , qui provient des
yeux; les plumes qui croiflent autour
des oreilles, couleur de frêne ; la gorge
au-deffous de la tache noire , de ia mê-
me couleur, tirant fur le blanc; il a
fous les oreilles des deux côtés , une
tache longue & blanche ; les plu-
mes du deflus de la poitrine Se celles
du ventre font blanches vers leur inté-
rieur; mais il y a peu de blanc vers
* Il eft nommé en Hébreu Tfîppcr , à cau-
fe de fon ramage, qui femble toujours dire
*(ip, >J>P, tfip , ifip. M.. Jault dit que le mot
Hébreu Tfippor fignifie proprement tout oi-
feau en général , qui vient du verbe . fapiiar ,
s'envoler ; les Cbaldéens difent TJifgtv, & les
Syriens Tfephra. dans le mërné fens". Cet oi-
feau eft appelle en Grec Zrfvht'i ■ en Latin
Tafir ; en Italien, Psffira domef&ca ; enAUe-
marid Spct thig , ou Hauf-Spatzen ; en Ân-
glois tjiïoufe- Sparnw ; en Suédois Taeeting ,
ou Sping. S c h wt'NCKFELD dérive le mot
Latin Paffer à paiiendo , pareeque cet oifeau
tombe du mal caduc. LaurentJoubert
jlit auffi qu'on appelle en Languedocien le
MOI p5
leurs bouts, qui termine le rouge : le
refte du dos Se du croupion eft d'un
verd fombre 8c d'une couleur de frêne
mélangée. La femelle n'a point de ta-
ches noires fous la gorge , ni de taches
blanches lur le col & au -deffus des
yeux ; la tête & le col font de la mê-
me couleur que le croupion : le deflbus
du corps elt d'un blanc fombre , Se
au milieu de la ligne blanche , en tra-
vers des ailes, il efl: couvert de plu-
mes blanches , dont les pointes font
pâles 8c rougeâtres. Les couLurs de
la femelle en général ne font pas aufli
belles , ni fi vives que celles du mâle.
Chaque aile a dix-huit plumes fom-
bres avec des bords rougeâtres , & il y a
une bande blanche, qui féparela faulfe
aile de la jointure , immédiatement
après; les plumes couvertes des ailes
au-deflus de cette ligne fc:u d'un brun
rougeâtre; au-deflbus elles ont leur
partie du milieu noire Se leurs bords
extérieurs rouges : la queue a douze
plumes, Se ia longueur en cil de deux
pouces 5c un quart , la plume du milieu
étant un peu plus courte que les au-
tres; toutes les plumes font de cou-
leur £çmbre Se noire , avec des bords
rougeâtres. Le Moineau eft un oifeau
lafeif. Aldrovande dit en avoir
vu un, qui en moins d'une heure co-
cha fa femelle vingt fois, étant prêt'
à la cocher encore davantage , fi elle
rr'eùt pas changé de place. Cet oifeau
a les tefticules grands , les inteirïns
longs de neuf pouces , avec des ap~
mal caduc lm mm de las PaJfvM , c'eft-ù-
dire le mal des P-aflereaux. Pour le mot Fran-
çois Moineau , autrefois Maincl , il vient de
Moine , félon la penfée de Blipv, paree-
que fon plumage gris & enfumé le fait ref-
fenibler à de certains Moines. Pierre Borfl
le fait venir, ainfi que le mot de Moins , du
Grec Mnnç , qui veut dire folitaire , & M. -
l'Abbé Prévost , dans fon Manuel-Lexicon^, •
eft du même fentiment. Cet oifeau eft en-
core connu dans nos Provinces fous les noms
de Pafe ou faitfe, Pajfereau, Paftrat , Vixfe-
tean ou Paijfeieau, Mottcet, Moine, Mainet.,
Mai fon, Vierru ou Pierrot , ?ilhry ou Gtw£--
kry.è
9 6 MOI
pendices très-courtes. La femelle a
l'ovaire grand , Peftomac charnu Se
une véficule du fiel. On peut douter
avec raifon fi fa vie eft d'aufù courte
durée qn'on le dît. Il varie en cou-
leurs , comme bien d'autres oifeaux ;
car A L D R o v a n D E , dont on peut
coniulter là-dcffus les figures Se les
defcriptions , repréfente un Moineau
blanc Se un jaune.
Le Moineau franc , félon Frisch,
fait des petits trois fois l'année. Quand
il eft jeune , on peut lui apprendre le
cri de quelques oifeaux Se quelque
chofe du chant de ceux qui font auprès
de lui. Comme il fe tient plus que les
autres fur la terre devant les hommes
Se dans les villes , il eft auffi plus con-
nu ; mais il eft extrêmement incom-
mode, pareequ'il fait tort aux grains ,
tant d la campagne , que dans les gran-
ges Se dans les' greniers. Il n'épargne
pas auffi les jardins. Il a un cri im-
portun depuis le commencement du
printemps jufques dans le plus grand
froid de l'hiver , & U crie d'une ma-
nière particulière. Quand plufieurs mi-
les pourfuivent une feule femelle , elle
fe défend alors à grands coups de bec ,
en forte que fouvent ils tombent par
terre tout étourdis , Se que quelques-
uns font pris par les Chats. On peut
,diftinguer leurs cris quand ils s'accou-
plent pour pondre , quand ils avertif-
fent leurs petits de ne fe pas faire en-
tendre, d.e peur de fe découvrir; quand
ils voyentprès d'eux quelque ennemi ,
comme un Chat, un Oifeau de proie ,
un Hibou ; quand ils volent par trou-
pe à la campagne , 5c enfin quand ils
marquent leur colère l'un contre l'au-
tre , ou qu'ils fentent de la douleur.
En plufieurs endroits on oblige les
gens de la campagne à en livrer un
certain nombre de têtes , afin qu'ils ne
fe multiplient pas trop.
Les Moineaux font rufés & ils re-
marquent bientôt tous les pièges qu'on
leur tend ; aînfi il faut les biffer tran-
quilles long-temps auparavant , lorf-
M O I
qu'on veut les prendre. Ils font mé-
fia ns , & il n'y a gueres que les jeunes
qui fe lailfent prendre au filet , à la
glu, ou au trébuchet. Quelques-uns
n'en veulent point manger, pareequ'ils
s'imaginent que ces oifeaux tombent
du mal caduc: d'autres en mangent,
mais ils leur ôtent la tête. Le Moineau
eft gras quand il eft jeune Se qu'il ne
cherche pas encore à s'accoupler ; car
alors fa cupidité lafeive ne le biffe pas
croître. Il marche en fautillant, 11 eft
très-fécond , fait fon nid , tantôt dans
le creux d'un arbre , tantôt fous un
toit , ou dans un trou de muraille »
tantôt dans un vieux nid de Pie , tantôt
au haut d'un Pommier , ou d'un autre
arbre; fouvent même dans un puits, a
une certaine profondeur. 11 s'empare
auffi quelquefois des nids d'Hirondel-
les à cul blanc , qu'on nomme petits
Martinets ; alors il fe livre de rudes
combats entre eux.
On a prétendu que les mâles ne vî--
voient que deux ans. Scalicer croit
cette opinion vraifemblable ; car , fé-
lon lui , on cherche peu à en prendre :
on en prend réellement fort peu. Ils
font très - féconds , & néanmoins la
quantité n'en eft pas à craindre. A L—
DROVANDE leur donne quatre ans
de vie , attendu que les Pigeons , tout
lafeifs qu'ils font , vivent jufqu'à feize
ans Se plus. Ce qu'il y a de certain ,
c'eft qu'on a vu des Moineaux, tant
mâles que femelles , vivre en cage
pendant huit ans , ScRiChelet dit,
d'après Olina, que le Moineau vie
neuf à dix ans. Les jeunes s'apprivoi-
fentaifément & font fort amufans.^
Le Moineau fait un grand dégât de
Mouches à miel, fur-tput lorfqu'il a
des petits. lien fait auffi dans les Co-
lombiers , pareequ'il tue les Pigeon-
neaux , en leur crevant le jabot avec
fou bec , pour manger le grain qui eft
dedans. 11 mange de tout, Mouches,
Papillons , Guêpes , Abeilles , Fre-
lons , Bourdons , Fourmis , Grillons ,
Scarabées , Vers , grains , fruits fit lé-
gumes,
MOI
.gnmes. Aufïï pour éloigner ces oifea'iK
& leur faire peur, les gens de la cam-
pagne ont - ils coutume de planter
tir-bout des hommes de paille habillés
•de haillons. On attache fouvent contre
les maifons des pots de terre faits ex-
près , qu'on appelle pour cette raifon
Aes pets à Pajjè ou à Moineau , afin
«pie ces cifeaux y fafTent leur nid. La
i'julî qualité louable qu'ils ont, c'eft
d'aimer paflîonnément ceux de leur
efpece ; car non-feulement ils élèvent
leurs petits avec beaucoup de foin ,
mais aufît quand ils viennent à décou-
vrir quelque amas de grains, ils invi-
tent à grands cris leurs compagnons .i
en manger avec eux. Z I N A n N 1 dit
que dans un nid fait d'herbes lèches &
<le plumes', il pond pour chaque cou-
vée quatre ou cinq œufs à coque très-
mince , qui font de couleur cendrée,
marquetés ç.i Se là d'une détrempe
«'encre & de lacque. Les Moineaux vo-
lent ordinairement a(T;z bas ; mais leur
vol eft tel qu'il n'y a gueres de Chnf-
feurs qui pui.fent en tuer à coups de
fufil.
Le Moineau, franc contient beau-
coup d'huile & de fel volatil. Cet oi-
f.au n'etl gueres d'ufage eu aliment
que parmi le petit .Peuple. Sa chair eft
maigre , feche & dure ; ce qui la fait
■rejetter de ceux qui peuvent fe pro-
curer de meilleurs morceaux. D'ail-
leurs les Moineaux font fttjets au mal
caduc , comme on l'a déjà dit , mala-
die qui vient , félon les apparences ,
de leur trop grande lubricité ; Se l'on
s'imagine qu'en mangeant de ces pe-
tits oifeaux , on pourroit devenir fujet
à la même iaiirmité ; mais (1 cela eft
arrivé quelquefois , <:'eft moins , félon
les Auteurs de la Suit* de la Madère
Médicale , pour cette forte de raifon ,
que pareeque la chair du Moineau
étant recommandée par plufieurs Mé-
decins , comme très-propre à exciter
amour , Se comme un remède aphro-
difiaque , il peut être arrivé que des
pejfonnes , après en avoir mangé dans
Tome UL
MOI 97
Cette 9fie , Se abufant enfuîte de leur
tempérament par un ufage immodéré
des femmes, foient tombées dans c:tte
terrible maladie , qui eft quelquefois
la fuite d'un penchant à l'amour , au-
quel on s'eft livré fans ménagement.
Nous ne devons cependant pas taire
qu'il y a des obfervations qui tendent
à faire croire que le Moineau par lui-
même difpofe à l'épilepfie. On en trou-
ve deux fur ce fujet dans les Éphémé-
rides d' Allemagne : mais quoi qu'il en
foit de ce fentiment , il faut s'abftenir
de la chair de Moineau , comme peu
ragoûtante, Se peut-être encore plus
mal- faine. La fiente de Moineau don-
née à la dofe de deux ou trois grains
dans la bouillie , lâche le ventre aux
petits enfans, comme fait celle de la
Souris. Cette même fiente mêlée avec
du faindoux , Se employée en liniment
fur la tête , remédie à la chute des
cheveux & les rend plus fournis : fi
l'on en dilTout dans de l'eau chaude ,
& qu'on s'en lave les mains , elle les
blanchit & adoucit la peau.
MOINEAU D'ARBRE, en
Latin Pajj'tr arboreus , mentanus, férus,
Tajferfylveftris, fclon Sch wexCKFELD
Se FrisCH , ainfi que Pajfera Mattu-
gia , fclon Olina , p. 46. Le Moineau
d'arbre n'a. point d'autre différence ,
d'avec le Moineau de maifon , que de
relier dans les huilions Se dans les ar-
bres. Il fait fon nid dans les arbres
creux des jardins Se des bois. Il ne s'y
multiplie pas beaucoup, parcequ'il a
plus d'ennemis dans les bois , Se plus
d'incommodités à fouffrir; car durant
l'hiver on le trouve fouvent mort dans
les trous des arbres. Cet oifeau n'a
qu'un cri 5 encore eft-il différent de
celui des Moineaux qui vivent dans les
maifons. Ceux qui effayent de faire des
bâtards en fait d'oifeaux , affurent qu'il
s'apparie aufïi avec la Serine des Ca-
naries. Ce Moineau d'arbre peut bien
être le Friquet de B e L o N , que les
Payfans , dit-il , nomment auili Moi-
neau de Noyer. Il a le bec court , noir
N
5>§ MOI
8c groflet ; les pieds , les jambes , les
ailes & la tête font comme chez le
Moineau franc.
Il y a un Moineau de bois , nommé
en Latin PaJJèr fylveftris , dont parle
Aldrovande, Ornith. L. XVI.
c 1 6. Cet oifeau , dit-il , n'eft pas
plus gros que les autres Moineaux. H
a le bec d'un jaune blanchâtre ; le fom-
met de la tête eft jaune , tirant fur le
cinabre ; le tour des yeux eft blanc ;
l'iris eft jaunâtre : il a la prunelle noi-
re, & eft de couleur cendrée, depuis
le deflbus de la gorge jufques deflbus
le croupion , dont les plumes font
jaunâtres à l'extrémité -, la gorge ,. aînfi
que le deflbus du col , eft traverfée
de lignes continues qui font noires ;
le dos , la queue y ainfi que les pieds ,
font de couleur jaune , tirant fur le
châtain brun.
M O I NE AU JAUNE, en
Latin PaJJ'cr fiaviir .-Aldrovande
marque que des Oifeleurs Lui appor-
tèrent cet oifeau : il étoitprefque tout
jaune, à la réferve des yeux qui étoient
noirs. Il dit aufll en avoir vû un au-
tre ,. qu'il croit en être la femelle ,
pareeque fon jaune étoit d'une couleur
plus pâle.
MOINEAU de trois coitleiffs ,
en Latin Pajjcr tricolor ou maculatus.
Cet oifeau, félon ce même Ornitho-
logue ( L. XV. c. 2.1. ), eft blanc,
noir 8c jaune. Il a la tête & le col
blancs , marquetés de taches jaunâtres,
&c les ailes blanches , noires 8c jau-
nes, mais le blanc Se le noir y domi-
nent : le bec eft gros , pointu à fon
extrémité , jaunâtre par-deflus , entiè-
rement jaune par-deflbus ; les yeux
ont l'iris blanche 8c la prunelle noire;
le deflbus de la gorge , la poitrine , le
■v entre , ainfi que les cuifles , les jam-
bes , les pieds & la queue , font d'un
blanc jaunâtre, mais la queue feule-
ment par-deflbus.
MOINEAU BLANC, en
Latin Pajfer albiu. On trouve quel-
quefois » mais rarement dès Moinçaux.
M O I
Blancs. Les Auteurs de la Suite de la
Matière Médicale difent qu'ils font té-
moins , que dans une nichée de cinq il
s'en eft rencontré deux de cette cou-
leur , vivans en 1 75 6. i
Aldrovande ( Ornith. L. XV. )
parle de deux Moineaux entièrement
blancs , excepté le bec 8c les pieds ,
qui étoient jaunes , & la prunelle de
l'oeil , qui étoit noire , Se environnée
d'un cercle jaune.
Le même Auteur, c. 14. parle aufll
d'un Moineau blanchâtre, appellé en
Latin Pafi'er Albicilla , qui n'a pas la
queue abfolument blanche, mais en-
tièrement blanchâtre, &: dont le bec eft
blanc, les yeux noirs, la tête & les
parties inférieures d'un blanc jaunâ-
tre ; le dos eft couvert de grandes ta-
ches de coultur jaune , pariemées de
petites lignes blanches ; les plumes des
ailes font de couleur de châtaigne , Se
jaunes de part Se d'autre ; les jambes
& les pieds font bruns.
Enfin le même Ornithologue parle
encore d'une tfpece de Moineau , dont
le bec eft blanchâtre. Cet oifeau a le
corps couvert de taches ronfles ; elles
paroiflent davantage au-deflbus du col
& à la poitrine , pareeque ces parties
font plus blanches : il a le dos , ainfi
que le defliis du col Sclefommerde
la tête , de couleur roufle , 8c l'extré-
mité des plumes de la queue St des ai-
les eft blanche.
M. L 1. n n & u s donne le nom de
Moineau blanc à un oifeau des monta-
gnes de la Laponie , qu'il met dans le
genre des Alouettes. Je finirai l'Hif-
toire Naturelle des Moineaux par ce
Moineau blanc, 8c j'en Éfcnne la def-
cription telle qu'on la lit dans le Jour-
nal Étranger.
MOIMEAU D'ITALIE,
ou DE BOULOGNE, en Latin
Pajfer Italus Bononienfium : C'eft, fé-
lon Ray ( Synop. Av. p. 8.7. ». 1. j.* 8c
Aldrovande ( Om'ub. L.XV.), un
petit oifeau que l'on prend quelque-
fois aux environs de Boulogne, TouE
M O I
fotl Corps eft jaunâtre ; la poitrine ,
ainfi que le fommet de la tête , eft
blanchâtre , Se le bec eft d'un beau
jaune. Cet oîfeau fe perche plus com-
munément dans les Cerifiers que dans
les autres arbres.
MOINEAU D'ILLYRIE,
en Latin Fajfer Illyricus : Cet oifeau ,
dît Aldrovande( ibid. c. z I . ) #
reffemble au Moineau franc pour la
couleur : mais il eft: plus grand , &
tout blanchâtre pardevant ; il eft par-
deffus d'un rouge pâle , fans mélange
d'aucune autre couleur. 11 a les yeux
& le bec grands à proportion du corps,
la queue fourchue , Se les pieds jau-
nes ; les ongles fout noirs , affez longs
& pointus.
MOINE AU à la fonde , ou au
collier jaune, en Latin F ajjer torquatus.
Cet oifeau eft; différent du précédent ,
dit BeloN {de la Nat. des Oijeaux,
L, VIL c. 20.), par fa couleur & par
une tache jaune qu'il a fous la gorge.
Ce Naturalifte le nomme Moineau à
la foucie , parcequ'il a les yeux om-
brés d'une tache blanche fur les fou-
cils , à chaque côté de la tête. Il eft
beaucoup plus gros que le Moineau
domeflique , 8c d'une couleur phis cen-
drée. Cet oifeau fait fon nid dans le
creux des arbres , Se fon cri eft haut 8c
éclatant. Voilà ce que dit Belon de
cet oifeau , ainfi que Ray, Synop. Av.
p. 87. Il y a un autre Moineau à collier ,
qui fe retire dans les joncs, Se qu'A L-
bin appelle Moineau de jonc. Nous
en parlerons plus bas.
M O I N E A V à tête rouge , en
Latin P.rjfer nigto capite ; en Anglois
the Red Headed Sparrow. Cet oifeau,
félon Albin ( Tome III. n. 65 . ) , eft
un peu plus gros que le Moineau d«-
meflique , ou ordinaire , 8c il a le corps
affez délié; fon bec eft de couleur de
frêne, & jaune vers fa racine ; l'iris
eft blanc ; le fommet de la tête , ainfi
que le derrière , eft rouge. Il a fous
le bec une longue bande de noir, 8c
une autre de la même couleur , de
MOI 99
moitié plus petite , le long de la tête :
depuis cet endroit fous l'œil 8cautour
de cette bande il y a du blanc, auffi-
bien qu'un cercle de cette même cou-
leur, qui entoure le derrière du col;
le dos Se les plumes fcapulaires des
ailes font d'un brun rougeâtre , mélan-
gé de marques longues Se noires; les
bouts des plumes couvertes font blancs,
ce qui fait deux raies de la même ccru-
leur en travers de l'aile ; ces plumes »
ainfi que les longues plumes des ailes ,
font d'un brun plus clair , fans être
mélangées de marques , ni de taches;
la poitrine & le ventre font d'un blanc
{âle. La queue confîfte en douze plu-
mes , chacune d'une couleur fombre
Se ayant leurs bords bruns. Les jambes
Se les pieds font jaunes Se les griffes
noires. Cette defeription eft faite fur
un oifeau, que l'Auteur dit avoir eu
d'un Oifeleur, qui l'avoir pris fur les
Communes d'Angleterre , proche des
bois WilluGHBy( Ornith. Scjf III.
p. 250.) fait mention d'un oifeau, qui
reffemble un peu à celui-ci.
MOINEAU DEMONTA-
G N E , nommé en Latin montium Taf-
fer ; en Anglois tbe montai» Sparroiv.
Dans la même Hifloire des Oifeaux ,
gravée par Albin ( Tome III. n. 66.),
on lit que cet oifeau eft de la gran-
deur du Moineau ordinaire , avec cette
différence qu'il a le corps plus long ;
le bec eft d'une couleur de frêne
fombre ; la prunelle eft noire & l'iris
blanche : il a une bande blanche , qui
part de la mâchoire de délions Se fe
courbe par en bas comme une moufta-
che : le derrière de la tête eft auffi en-
touré d'une bande blanche tirant fur le
brun ; le fommet Se les côtés de la tête
Se la gorge font d'une .couleur brune ,
bigarrée de noir Se de blanc ; le dos
eft d'un brun fombre , rougeâtre 8c
rayé de noir; la couleur des ailes tire
fur le rouge , fans être rayée de la
forte; les bords extérieurs des plumes
couvertes font blancs ; la queue eft
compofée de douze plumes brunes ,
Nij
ïoo MOI
M 0 I
marquetée de taches rondes Se blan-
ches; les jambes & les pieds font d'une
couleur pâle Se rougeâtre, & les grif-
fes font noires. Cet oifeau fe plaît dans
'des endroits montagneux , déferts &
remplis de bois. Ray ( Synop. Meth,
Av. p. 87. n. 15.) dit avoir vu de ces
oifeaux dans la Styrie Se la Carinthie..
Aldrovande en parle aufïî, Cet
oifeau fert autant aux Oifeletirs que
le Moineau commun, pour prendre ks
autres. Le mâle , qui eft le meilleur, a
la tête 8e le bec plus gros que la femel-
le , & le deflbus de la gorge coloré
d'une tache jaune. Il vit comme les
autres de toutes fortes de femences ,
c'eft-à-dire de Chenevi , de Millet ,
de Navette , &c.
MOINEAU DE JONC:
Cette forte de Mvine-au eft la Canne -
varola. Albin en parle , Tome IL
«.51. Voici- la defcriptioiv qu'il en
donne;
Cet oifeau a fix pouces Se demi de
longueur depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité de la queue , Se dix
pouces de large , les ailes étendues ;
l'a mâchoire inférieure a les bords des
deux côtés en dedans;- elle eft enfon-
cée & reffemble à un entonnoir; la
langue y eft enfermée Se s'élève près
de fa bafe, en formant-une dent, ou
un angle à droite ou à gauche : il y a
une entaillure ou rigole conforme à
cet angle dans la mâchoire de deffus ,
pour recevoir la langue, comme dans
le bec duTraquet. Cet oifeau a la tête
noire, le col entouré d'umcercle blanc,
tourné vers les coins de la bouche; le
menton- Se la gorge font noirs-; la poi-
trine 8e le ventre font blancs ; cette
première eft tachetée d'un brun pâle :
les plumes du dos , de même que les
plumes couvertes des ailes, font bi-
garrées dë noir Se d'une efpece de rou-
ge ; le croupion eft de cette dernière
couleur, mélangée de couleur de frê-
ne: les plumes longues des ailes font
fombres , & leurs bords extérieurs rou-
ges ; les pointes des fegt premières „
ou des plus avancées en dehors , font
aiguës; celles des autres font émouf-
fées , dentelées Se de couleur de frêne
les plumes des moindres rangs des ai-
les ont leurs bords extérieurs Se leurs
pointes rouges; le plumage de la bafe-
de l'aile eft bleuâtre & blanc au—
deflbus ; la queue a deux pouces Se
demi de longueur Se eft compofée de-
douze plumes , dont les deux dumilieu 1
font noires Se un peu plus courtes que-
les autres; les bords extérieurs en font
rouges ; les trois plumes , immédiate-
ment après , font brunes Se prefque noi-
res de chaque côté ;. le bord extérieur
de la cinquième eft blanc; l'intérieur ,
à une petite diftance de la pointe , eft
auifi tacheté delà même couleur; la-
plume la plus avancée en dehors eft.
entièrement blanche ;• toutes fe ter-
minent en une pointe :: les pattes font
noirâtres , Se les griffes font noires : le-
doigt le plus avancé en. dehors , arna-
que celui du milieu , eft lié par le
bout ; le doigt de derrière eft grand Se
fort.
La femelle , comme il arrive i la
plupart des oifeaux , n'eft pas fi joli-
ment colorée que le mâle ; car le cer-
cle qui entoure fon col eft plus brun,-.
Se n'eft guercs vifible : toutes les au-
tres plumes de la tête ,. du dos , des
épaules , ainfi que tes plumes couver-
tes des ailes, font de la même cou-
leur que celles du mâle : celles de la
femelle font beaucoup plus pâles :fcj
jambes Se fes pieds font de couleur de
chair, Se elle a les griffes noiresi
Il y a une autre forte de Moineau a ,
qu'on appelle Moineau d'eau. Cet oiV
feau fe niche dans les Joncs-, Se il eft
nommé pour cela- Juncus par les La»
tins. Il eft grand comme le Moineau-
ordinaire: il' a le bec noir , canelé,,
dur Se crochu à l'extrémité ; la langue
canelée , dure Se fourchue fur la fin-;
le haut du derrière de la tête , de mê>-
me que le ventre, eft de couleur de-
châtaigne ; le devant du col' Se la poi-
trine font blanchâtres ; le refte, des*,
MOI
parties du corps eft d'un brun tirant
fur le noir; la queue , longue de trois
doigts , eft compofée de fîx plumes ;
fcs jambes & les pieds font bruns.
Le mâle diffère de la femelle en ce
«lue celle-ci a les couleurs moins écla-
tantes Se plus ufées , & que le mâle
les a plus vives.
On regarde comme une autre ef-
pece de Moineau d'eau, un petit oifeau
îiommé parles Latins Velio , ou He-
lio. Belon penfe que c'eft le même
que celui dont a parlé Aristote,
Il chante bien Se fréquente les rofeaux.
Ce volatil n'eft pas plus grand que la
petite Méfange bleue. Il a le corps
diverfifié de plufieurs couleurs. Il s'é-
lève en l'air en voltigeant Se en chan-
tant , Se retombe foudain fur les ro-
feaux. Il fait ordinairement fa demeure
fur le bord de la mer. Dans la belle
faifon il cherche les lieux où il y a du
■vent Se de la fraîcheur ; dans l'hiver il
aime les abris Se les endroits où le fo-
leil paroît. Ces trois dernières efpe-
ces de Moineaux fonrde ceux dont j'ai
déjà parlé au mot JUNCO. Voyez
auffi CANNEVARÛLA, &
FAUVETTE à- tête touffe..
Moineaux des Indes-.
Il y a, félon Aldrovaxde (Ornitb.
L. XV. c. 21. &Juiv.) Se 11 ay , plu-
fieurs efgeces de Moineau» des In-
des.
Le premier a le bec rouge. Cet oi-
feau eft de la groffêur de notre Moi-
neau privé , excepté ïes longues plu-
mes de fa queue , qui font différentes-,
Il a le bec court Se gros, Se il eft de
couleur de vermillon ;. la tête eft unie
Se élevée , noirâtre vers le chignon du
col , & mêlé d'une couleur verdâtre ,.
tirant fur le bleu ; le dos 8c le der-
rière font de pareille couleur ; le haut
des ailes eft compofé de ce bleu ver-
dâtre , de blanc Se de noir, & d'une
couleur jaunâtre , mais en dedans elles
fiait, cendrées:.. II. a de plus- le gofier,.
MOI ior
le défions de la gorge , la poitrine &
le ventre blanchâtres. La queue dou-
ble eft comme celle du Paon , Se de
deux couleurs : la petite queue fou-
tient la grande , & lui fert comme
d'appui ; celle-ci eft compofée de qua-
tre plumes très-longues , très-belles
& ms-noircs. Il a les jambes Se le»
pieds tachetés de blanc Se de noir; les
ongles font noirs , aigus Se crochus
ainfi que chez les oifeaux de proie.
Le fécond eft de la grandeur dû-
précédent. Il a le bec bleu ; la tête eft-
plate , Se plus élevée par le chignons
du col , qui eft noir ; les yeux font
noirs, environnés d'un cercle blanc ;
l'iris eft jaunâtre; le col & la poitrine
font de couleur d'écarlate ; le ventrQ
Se les cuiffes font blanchâtres; lésai—
les , le derrière & la queue font noirs
avec un peu de couleur pâle , mêlée
aux ailes. Il a deux grandes plumes à
la queue , très-longues & tris-larges;',
la troifieme , également large , finit
par deux filamens déliés & menus; les'
autres petites plumes les foutiennent'
Si leur fervent d'appui. Il a les jam-
bes & les pFeds blanchâtres ; les on-
gles font noirs ,. très-aig us, grands , Si
courbés comme ceux du précédent.
Le troifieme fe perche fur les bran-
ches du Figuier, & il eft tout noir ;
il a cependant une efpece de bleu Se
d'améthifte qui règne par-tout ; fon bec
Se fes pieds font de couleur de chair;,
fes ongles font noirs , ainfi que fes :
yeux , qui font environnés d'un cercle
blanc.
Le quatrième a le deflus du devant:
du corps , de même que le commen-
cement des ailes , d'une très-belle cou-
leur d'écarlate ; le refte de fes ailes eft:
noir, mais quand elles font entière-
ment ouvertes , on y voit quelque cho-
fe de blanc vers les côtés : il a aulîî:
les pieds noirs , deux taches noires Si'
oblongucs, fort contigues , dont l'une- -
eft de beaucoup plus grande que l'au-
tre. Cet oifeau a le bec petit à prC"-
portion<du corgs qui eft: fort; gros?.
loi M O I
MOT
Il eft blanc par l'endroit où îl eft
joint à la tête; tout le relire eft noir,
aigu & menu. Il eft nommé Moineau
d Inde fans croupion , parcequ'il n'en a
point.
Le cinquième eft un autre Moineau
d'Inde fans croupion , qui a le col , la
poitrine , Se toutes les parties balles ,
d'un rouge fort couvert. Cet oifeau a
deux taches aux côtés du col , pro-
ches l'une de l'autre, en demi-croifîànt,
grandes Se de couleur bleue ; les ailes
font longues , noires Se bleues par les
cotés : il a les pieds courts Se noirs ;
le bec un peu recourbé , blanc proche
du front, noir par le refte. Les In-
diens , avec des plumes de cet oifeau ,
romme avec celles des précédens , font
leurs ouvrages de PlumafTerie.
Le fixieme eft femblable à ceux
dont nous venons de parler. Sa queue
eft longue de cinq doigts , garnie de
dix plumes très - noires. La tête , le
dos, ainfi que le croupion , font d'une
couleur de pourpre fort couverte. 11 a
les racines des plumes jaunâtres ; le
bec eft allez gros , un peu courbé Se
aigu , noir par deffus &par le bas , &
blanc à l'endroit où il eft joint à la tête ;
fes pieds font noirs.
S e b a parle de deux Moineaux ,
l'un de l'Afrique .Se l'autre de l'Amé-
rique.
Le premier qu'on lui a envoyé de
î'Ifle Saint Euftache , étale à l'œil une
magnifique parure. Son plumage fur
le dos , fur le col & principalement
fur la tête eft d'un rouge citron; fur
l'eftomac , d'un jaune orangé; furies
ailes , la queue , les jambes Se les pieds ,
d'un rouge vermeil. Il eft repréfenté
Tbcf.II.Tab.6^.n.6.
Le fécond , dont le plumage eft
magnifique, a été envoyé à S e b a des
lues Barbades. Le dos eft d'un beau
noir, pendant que le ventre eft blanc;
la tête Se la poitrine font d'un bleu
célefte ; les plumes des ailes Se de la
queue jettent un beau noir , qui fe
change dans les côtés en un pour-
pre clair ; le deffus de la queue eft
d'un verd foncé.Voyez Thtj. I. T*h n 6j.
n. 3.
C A T e s b y parle auffi de plufieurs
efpeces de Moineaux,
Le premier , dont îl fait mention , eft
un Moineau noir , de la grolfeur de
l'Alouette ; il a le bec noir , ramalTé ,
l'iris rouge , la tête , le col , la gorge ,
le dos , les ailes & la queue noirs ; les
plumes des ailes bordées de blanc ; la
poitrine Se le ventre blancs au milieu ,
de côté Se deflbus ; l'aile d'un rouge
obfcur , Se les pieds bruns.
Le fécond eft un Moineau tout brun ,
en Latin Pajfer fujeus , dont le dos eft
plus obfcur.
Le troifieme eft un petit Moineau ,
en Latin Pajfcrculus, entièrement brun
& fort petit.
Le quatriem e eft le Moineau de neige*
en Latin PaJJer nivalis, quia le bec ,
la poitrine Se le ventre blancs ; le refte
noir Se quelques taches couleur de
plomb.
Le cinquième eft un Moineau de
Babama , en Latin Pajfcrculus bicolor
Bakamenfis , qui eft de la grolfeur du
Serin , & qui a la tête , le col , la poi-
trine noirs Se tout le refte d'un verd
fale.
M. Klei n (Ord. Av. p. 89. n. \ 1.)
met la petite Alouette de prés de
5 L o a n E , en Latin Atauda pratorum
minor , au rang des Moineaux. Cet
oifeau , félon Rat , p. 188. a le bec
court, gros Se pointu: ce n'eft donc
pas une Alouette, dit M. Klein.
Les autres oifeaux de ce genre ,
dont ce Naturaiifte donne la notice ,
font i°.\Jn Moineau d'un bleu brunâtre,
cœru'eo-fufcus , qui a le dos bleu , la
poitrine couleur d'azur, les plumes du
ventre jaunes à leur extrémité; les ailes
6 la queue d'un noîrbleuâtre , qui finit
en une couleur verte, Ray, p. 157.
Sloane, p. 3 1 1 . t . 257. parlent de
cet oifeau : ils le nomment en Anglois
the Banano Bird. 2 U , Un Moineau qui
approche du Serin, Se qui eft un S mit
M O I
bit ardLVoyez SERIN. f.Vn Moineau
hupéà bec rouge , en Latin PaJJèr crifia-
tus , roflr» ntbro. C'eft le Ficititli du
BréfiL 'Seba en parle , Thef. L p. 9 S-
Tab. 59. ». 4. La hupe de cet oifeau
eft jaune ; les pieds & le bec font rou-
ges , & le reûe du corps eft couleur de
pourpre. 4 0 . Un Moineau tout noir,
orné d'une bande blanche, qui eft le
Cacatoto't du Brcfil , dont le même
Seba parle , Thef. II- p- roi. Tab. 96.
v. y. 5 0 . Un Moineau à queue très-
longue, Se qui en change, dont parle
Edward, p. 85. en Latin FajJ'er cnudCi
longifllmà & mutalnli. C'eft quelque
ehofe de merveilleux' que ce petit oi-
feau , dit M. K L E 1 N. Il change non-
feulement tous les ans de couleur , mais
encore de queue : de longue elle de-
vient courte. C'eft apparemment que
les plumes de la queue tombent tous
les ans , Se que les nouvelles qui pouf-
fent forment d'abord une queue cour-
te , avant que d'être parvenues à leur
longueur naturelle.
MOINEAU DE BENGALE,
en Anglois the Cock Se Heu Sparrow
frorn Bengal. Cet oifeau eft un peu plus
gros que notre Moineau ordinaire , dit
Albin, Tome IL «. 52. Le bec eft
grand $c pointu , Se de couleur de cor-
ne ; l'iris eft blanchâtre , Sclefommet
de la tête eft d'un beau jaune , nuancé
d'orange ; le deflus du col , le dos , les
ailes Se la queue font d'une couleur
fbmbre ; les bords des plumes font d'un
blond elair , & une large bande de
même couleur entoure fa poitrine ; le
menton , le defïbus du col Se le ventre
font d'un blond clair , ombré de mê-
me couleur , mais plus fombre : les
raies ou bandes qui traverfent la poi-
trine de la femelle , ne font pas auffi
larges que celles du mâle.
MOINEAU DE LA CHINE:
Cet oifeau , dit A L b i n ( ilnd. «.53.),
eft de la même couleur que les Lino-
tes; fon bec eft de couleur de frêne,
court Se épais comme celui des Pin-
sons 5 la: tête ,. k col la poitrine &
MOI 103
le deftbus du ventre du mâle font cou-
verts de plumes noires ; le refte du
corps , & les ailes , ainfi que la queue ,
font d'un brun rougeâtre , ou d'un
châtain clair : les jambes Se les pieds
font bruns.
La femelle a le dos , les ailes & le
deflus de la queue d'un brun plus fom-
bre que le mâle ; le deiïous de la
poitrine & du ventre eft d'un blond
clair ; les côtés du ventre & le défions'
des ailes font régulièrement tachetés
de noir & de blanc: les jambes & les
pieds font d'un blond clair & jaunâtre.
Le ton de ces oifeaux imite le firliemenc
des vents , dit A L B ! k t .
MOINEAU DU CAP DE
BONNE-ESPÉRANCE, en
Latin Yromontorii Bon* Spei Pajfer. Le
même Auteur (Tome III. ». 6~.) dit
que cet oifeau eft environ de la gran-
deur du Verdier ; fon bec eft couleur
de cendre pâle • l'iris eft blanc ; la
tête , le col , la poitrine font noirs r
couleur qui finit en pointe fur le ven-
tre; le bas du ventre, les cuifles ,. de"
même que cet efpace qui eft à l'en-
tour des ailes , font blancs ; les ailes
font d'un brun clair, excepté les deux
premières longues plumes , qui font
entièrement noires ; Je refte de ces
plumes n'a de noir que les bords ex-
rérieurs ; les jambes & les pieds font'
d'un brun clair , & les griffes d'un brun-
fombre. La queue eît compofée de
douze plumes , chacune d'égale lon-
gueur , & de même couleur que Ies :
ailes. Cet oifeau , ainfi que le précé-
dent , a pour ramage une efpece de
fifflement, femblable à celui du vent,,
dit A L b 1 N.
Les Moineaux font en grande abon-
dance en Afrique. On donne aufli ie
nom de Moineaux aux Perroquets „
fans qu'il foit aifé , dit Bosman , d'ère
favoirla raifon. Merolla après avoir
obfervé la variété furprenante de rou-
tes fortes d'oifeaux , fait une remarque-
finguliere fur les Moineaux. Ils fonr„
dit-il , de la même faune que eeaic
M O I
M O I
d'Europe , aulfi-bien que les Tour-
terelles 5 mais dans la iaifon des pluies ,
leur plumage devient rouge Se reprend
enfuite fa première couleur. L'étonne-
ment diminue , s'il ne faut pas dire
qu'il augmente , lorfqu'on voit arriver
la même chofe aux autres oifèaux.
Le même Auteur parle avec admî-
jation d'un petit oifeau décrit par C A-
vazzy, au Royaume de Congo Se
.d'Angola, dont la forme eft peu diffé-
rente de celle du Moineau , qui a la
couleur d'un bleu fi foncé , qu'à la
première vue il paroît tout-à-fait noir.
Son ramage commence à la pointe du
jour & fait entendre fort diftinétement
le nom de Je s u s-C H rist. N 'eft- il
pas furprenant , dit l'Auteur , que
cette exhortation naturelle n'ait pas
la force d'amollir le cœur des habitans ,
pour leur faire abandonner l'idolâtrie l
Hift. Génér. des Voyages , Tome XV il.
j>. 2 1 q . Edit. in- 1 2 .
MOINEAU BLANC: Voici
la deferipnon de cet oifeau , traduite
en François par les Auteurs du Jour-
nal Etranger, Août 1754. p. 16%. Se
tirée des Acles de Stockolm.
Le Moineau blanc n'ayant été juf-
<ju'ici ni décrit, ni représenté par qui
-que ce foit , M. L 1 N N x u s s'eft pro-
curé trois oifeaux de cette efpece ,
qu'il a élevés dans la maifon pour en
confidérerla nature , Se pour fe mettre
par-là en état d'en donner une def-
cription exacte, qui puiffe contribuer
A faire connoître aux Etrangers les fin-
gularitésduNord.
Les noms de cet oifeau font en La-
t.n Alauda remigibus albis , pnmoribus
extrorsum -aigris , reclricibus nigris , la-
teralibus tribus albis , dans les Actes
de Stockolm , 1746'. Se Paj/ér Alpino-
Laponïcus , Jeu nivalis , dans les Ailes
d'Upfal , 1735. Voyez la Fauna Suce.
V-73- » J.94-
Ce Moineau blanc eft de la gran-
deur d'une Alouette Se pefe ordinai-
rement une once : fon bec eft conique ,
jSflèz pointu, Se volontiers d'une cou-
leur noire , qui vers la bafe devient
fouvent cendrée. La partie inférieure
de ce bec eft plus courte Se en même
temps plus épaiiTe que la fupérieure :
fes extrémités ne font point coupan-
tes , mais recourbées vers la bafe. Les
narines de cet oifeau font rondes , un
peu élevées , Se couvertes de plu-
mes.
Sa langue eft lilTe Se polie comme du
parchemin, de figure conique , molle,
& tant foit peu tendue par le bout ,
ayant la bafe découpée en forme de
flèche , Se fes deux racines fendues;
l'orifice du larynx a des dents des deur
■côtés du palais.
Cet oifeau a les yeux petîrs 8c noirs;
fes pieds afiez courts , Se de couleur
■obfcure , ont quatre doigts , dont celui
du milieu eft le plus long Se celui de
derrière eft le plus gros. Les ongles
de fes doigts font noirs , un peu cour-
bés , applatis & coupans furies bords,
émouffés par le bout ; celui du milieu
eft de la moitié de la longueur des au-
tres doigts , Se celui de derrière eft
deux fois plus long que ceux des doigts
•extérieurs.
Quand notre Moineau ferre les ailes
contre le corps, elles paroïffent blan-
ches, excepté aux bords inférieurs de
leurs extrémités , où elles font noires,
aulli-bien qu'à la jointure des ailes ,
où eft une petite tache de même cou-
leur, formée par trois petites plumes
couchées l'une fur l'autre.
Les plumes ramieres, ou plumes des
ailes ( nmiges ) du Moineau , font au
nombre de feize : depuis la première
jufqu'à la huitième , elles font blanches
vers la bafe , Se noire-s vers l'extrémi-
té , mais de façon que la première eft
moitié blanche Se moitié noire, &que
dans les autres le noir va toujours en
diminuant ; en forte que la huitième n'a
qu'une petite tache noire au bout. La
feizieme plume eft rroire , 8c elle a
l'extrémité blanche dans les mâles, Se
elle eft d'un jaune tirant lut le brun
dans les femelles
Sa
M O I
Sa queue , qui n'eft que très-peïi
fendue , eft par en haut noire au mi-
lieu , Se blanche fur les bords Les plu-
mes reclrices de cette queue font au
nombre de douze. De chaque côté il y
en a trois toutes blanches , à l'ex-
ception d'une petite tache noire de la
largeur d'une ligne , qui fe trouve
tout près de la côte : la quatrième &
la neuvième font blanches en dehors ,
8c noires en dedans* la cinquième , la
fixieme, lafeptieme & la huitième plu-
mes font tout-à-fait noires.
La couleur des autres parties du
corps diffère félon les fexes , de forte
que n'étant point prévenu on pour-
roit s'imaginer que les mâles & les
femelles fufTent des oifeaux de deux
efpeces différentes; car dans les mâles
la tête, la poitrine Se le col , que cet
oifeau a fort court , font tout blancs :
cependant en été ils fe teignent , mais
très-légerement , d'une couleur tefta-
cée , qui tire du jaune au brun. A con-
fidérer chaque plume par elle-même ,
elles font noires du côté extérieur ,
depuis la bafe jufqu'à la moitié , 8c
blanches vers l'extrémité Se quelque-
Fois entourées d'un bord jaune brun à
peine fenfible, La poitrine , ou la par-
tie inférieure , eft toute blanche , cha-
que plume n'étant noire que vers la
bafe Se blanche à l'extrémité , mais en
été cette couleur blanche fe change en
un jaune brunâtre. Le dos eft noir ,
Se les plumes noires qui le couvrent,
étant à leurs extrémités ou d'un jaune
brunâtre ou blanches , elles forment
des nuances prefqu'imperceptibles,qui
font traverfales dans les mâles , &
s'étendent en long dans les femelles.
La couleur des plumes qui couvrent
les ailes par en haut Se par en bas ,
eft blanche , excepté vers la bafe »
où elle eft noire. L'extrémité de la
queue eft noire , fans mélange d'au j
cune autre couleur.
Dans les femelles j la tête , la poi-
trine , ainfi que le col , font entière-
ment couverts d'un jaune brunâtre , ou
Tome lU.
MOI ioy
d'une couleurteftacée, fans aucun mé-
lange. Outre les plumes qui font noi-
res , du moins en partie , on en trouve
quelques-unes toutes blanches ; mais
à l'extrémité toutes leurs plumes font
d'un jaune brunâtre , fans aucun mé-
lange de noir en dehors. Cette même
poitrine eft d'une couleur pâle fur la
partie la plus couverte, Se les plumes
qui la couvrent , noires vers la bafe
Se d'un jaune brunâtre vers le milieu ,
tirent à leur extrémité plus ou moins
fur le blanc , félon qu'elles fe trou-
vent placées plus haut ou plus bas.
Le dos eft auffi noir , comme celui des
mâles , mais avec des raies d'un jaune
brunâtre , les plumes noires qui le cou-
vrent ayant la moitié de leur côté
extérieur teinte de cette dernière cou-
leur. Les plumes qui couvrent les
ailes des femelles par en haut, font
d'un jaune brun , & blanches par en
bas; les plumes Tectrices, dont la plus
grande partie eft noire , font à leurs
extrémités un peu teintes d'un jaune
brunâtre.
Au refte , il eft à remarquer que cet
oifeau change de couleur, comme la
Perdrix blanche ( Lagopus ) , le Liè-
vre , & d'autres animaux , qui vivent
dans les pays froids. En hiver le mâle
a la tête , le col Se la poitrine blancs
comme de la neige, & on ne voit de
la couleur jaune Se brunâtre qu'un
petit veftige à la tête : dans le temps
de la Canicule , ce blanc éclatant eft
terni par une couleur teftacée légère ,
Se, pour ainfi dire, tranfparente ; & le
dos , qu'il avoit noir en hiver , fe cou-
vre de nuances jaunes , qui cependant
ne font jamais fi foncées dans les mâles
que dans les femelles.
Les oifeaux , que M. Linnsus
avoit élevés dans ion appartement
qu'il tenoit toujours chaud , ne devin-
rent pas blancs à la tête , ni au col ,
non plus qu'à la poitrine, ils gardè-
rent , au contraire , pendant tout l'hi-
ver leur couleur d'été , de même que
le Lièvre, qui chez nous , dit-il, efl
O
îo5 MOI
toujours blanc en hiver , refte gris en
Allemagne , ainfi qu'en Hollande , en
Angleterre Se en France , comme îl
l'eft en été chez nous , 8c dans tous ces
différens pays.
La couleur de ce Moineau peut , à
ce que je penfe , nous faire voir quels
font dans les oifeaux les marques qui
doivent fcrvir à leurs dénominations
caractériftiques. Je n"ignorepas que les
caractères tirés de la couleur ne font
pas fi remarquables que ceux que peu-
vent fournir la figure du corps , ou la
configuration des parties. Je fais en-
core que les couleurs font variables j
cependant elies le font moins dans les
animaux fauvages , que dans les ani-
maux domeftiques , Se il a fallu y avoir
recours , n'y ayant pas eu moyen juf-
qu'ici de bien établir les différences
des figures. Or la couleur variable ,
folon les faifons , étant encore diffé-
rente dans nos Moineaux , félon les
fexes , qui cependant doivent être ca-
raetérifés par une dénomination com-
mune , j'ai cru qu'il falloit tirer les
vrais caractères de la couleur des plu-
mes ramieres des ailes , ainfi que des
reétrices de la queue , ce qui femble
être confirmé par les Canards fauva-
ges , outre que ce font ces plumes-là
qui changent le plus fouvent dans les
oifeaux , fi ce n'eit dans ceux de mer.
L'ongle , qui dans le doigt pofté-
rleur eft deux fois plus long que celui
des doigts de côté, fait voir que l'oi-
feau que je décris , doit être mis dans
le genre des Alouettes , dont il imite
parfaitement la manière de fauter ,
quoique au refte celles-ci n'aient pas
la langue femblable à du parchemin ,
ni même fendue comme lui , Se que
de plus elles n'aient pas le bec ni fi
étroit ni fi long.
En été , ce Moineau fait fon féjour
dans Ie3 montagnes neigeufes de la
Laponie , où il s'en trouve fort peu
d'autres; car on n'y voit gueres que
des Perdrix blanches , de même que
des Pluviers ( Charadrius } Se quel-
le O I
ques autres oifeaux quî courent for îg
neige au bas des montagnes , & qu'à
peine apperçoît-on quand ils volent »
parcequ'alors ils paroiffent tout blancs.
Les Moineaux de cette efpece , que
j'avois élevés , fe tenoient toujours par
terre , Se n'aimoient pas à fo mettre
fur des branches Se des buifibns ; ce
qui vient , fajjs doute , de ce qu'il n'y
a pas d'arbres fur les montagnes , où
cet oifeau a coutume de vivre » Se où
îl ne fait que fautiller fur le terreirt
raboteux. 11 court précifément comme
les Alouettes en hiver. Dans les mon-
tagnes couvertes de neige, ilfè nour-
rit , comme la Perdrix blanche avec
la femence de la Scherra (Betuiafo-
liis orbiculatis , crenatis ; Flora- Lapon.
ou Betula vana , p. 3 24. ). Les miens
fê contentoient de Chenevi , qu'ils
avaloient avec l'écale quand ils avoient
faim , 8e qu'ils écaloient quand ils com-
mençoient à fe raflafier. lis mangeoient
encore de l'avoine , qu'ils favoient
éplucher fi adroitement , qu'ib ne l'a-
voient pas plutôt dans le bec , que le
grain fortoit par l'un des bouts de
l'écale. Quand on leur donne autant
de Chenevi qu'ils en peuvent man-
ger , ilss'engrailfent promptement , &
meurent enfuite. Je leur ai aufli don-
né quelquefois des Poîs verd3 qu'ils
ont mangés avec appétit.
La rigueur de l'hiver venant à ref-
ferrer toutes les (essences des plantes
qui viennent dans les montagnes de la
Laponie , nos oifeaux fe voyent oblî-
^ïs-de defeendre dans le plat-pays de
la Suéde , où ils arrivent avant que
l'hiver y faffe fentir toute fa violence;
de même qu'à l'iffue de cette faifon „
ils reviennent des pays Méridionaux,
pour retourner dans les montagnes de.
Laponie. Dans les temps de leur paf-
fage , on les trouve ordinairement le
long des chemins, cherchant des ,?raîns 3 ,
ou d'autres chofes qui foient à leur
gré.
Chez nous , continue M. Linn/eus ■>
cet oifeau porte le nom de Ms'memt.
1
M O I
de neige : c'eft ou en partie parcequ'efl
volant il paroît aulfi blanc que la
neige , ou en partie parcequ'il arrive
en Suéde dans le temps où la neige
commence à tomber, & qu'il en fort
quand elle eefte. C'eft dans le temps
de ces paflages que les Oifeleurs. ten-
dent des pièges à nos Moineaux pour
les aller vendre à Stockolm , où l'on
en met en cage uniquement à caufe de
leur couleur; car ils n'ont qu'une es-
pèce de gafouillement , que même ils
ne font pas fouvent entendre : mais
quand on les prend , ils crient à-peu-
près comme les jeunes Choucas.
Cet oifeau ne dort prefque jamais :
il paffe la nuit à fautîller & à voltiger ,
ce qui le rend très -propre à habiter
les montagnes de la Laponîe , où en
été il n'a point l'incommodité de la
nuit.
Quand il eft gras , fa chair cft d'un
très-bon goût , & il y a beaucoup de
gens en Suéde qui s'imaginent que
c'eft le véritable Ortolan , Hortulana ;
mais celui-ci , qu'à caufe de fon goût
exquis les Etrangers payent jufqu'à
un ducat la pièce , & qui ne paroît que
très- rarement dans le Nord, eft un
autre oifeau , que M, LtnNjEUS
{ Faurut Suec. n. aoS. p. 78. ) nomme
Fringilla remigibus nigris , primis tribus
tnargim albiâis , reclricibus nigris ,
latex alibus âuabus ex tr or sus al bis.
Cet oifeau a un cercle pâle autour
des yeux; la couleur de fon corps eft
un noir entremêlé d'un jaune brun ;
fon col eft verd , fa tête jaune Se fa
poitrine d'un jaune brun ; par confé-
quent il n J a pas la moindre reflemblan-
ce avec le Moineau que je viens de
décrire. Les Suédoisnommentce Moi-
neau de neige , Snoe-Sparf s les Lapons ,
Alaipg. IVÎ/utTENS , dans fon Voyage
de Spitz.berg , le nomme Avis nivalis :
Albin (Tome IL p. 'jo.Tab. $4.),
Pied Chaffinch. Il y a un autre oifeau ,
qui eft la Fringilla montana d'A lu 1 N
( Tome 111. p. 67. Tab. 71. ) ; l'A vis
tgnita à Fipeiina mijja de Gesner (Av.
M O I M O L ïo?
P- 79%- ) ; la Fringilla albieana d'At-
Drovande ( Ornith. L. VIII. c, 357.
t. f. 1. J ; la montium Fringilla,
calcaribus Alauda , feu major de Wil-
luchby (Ornith. 187. t. 77.}» 8c de
Ray (Synop. Meth. Avium, p. k%.) 8c
qu'on nomme en Scanie Siotlaercka.
M. L 1 M n s u s ( Fauna Suec. p. 74.
n. 194. ) dit que cet oifeau eft très-
femblable au Moineau de ndge de la
Laponie , mais il eft plus petit 8c d'une
couleur plus brune dans l'été, 11 n'eft
pas du même pays. L'Auteur le pro-
pofe à examiner: peut-être, ajoute-
t-ïl , n'eft-ce qu'une variété du pré-
cédent. M. Lèche dit que c'eft 1*
même efpece.
MOIRE, nom d'une efpece de
Coquillage , du genre des Volutes *
dit M. d'Argenville , & de la clafle
des Univaîves , dont la clavicule eft
très-plate. Voyez VOLTJTE.
MOITE, nom que Goedaed
donne à une Chenille , qui a toujours
la tête dans l'eau pour boire, L'Auteur
dit qu'elle eft d'un tempérament fec,
fujette à la foif , parcequ'ellefe nourrit
de feuilles de Saule , qui ont une qua-
lité chaude & aftringente. Elle réfïfte
facilement au grand froid. On en voit
au printemps , quand les arbres com-
mencent à pouffer. Elles fe métamor-
phofent en Chry falides au mois de Juin ,
Se félon les obfcrvations de Goedard ,
elles deviennent des Papillons en Juil-
let.
MOITON, ou MOUTON,
oifeau du Eréfil , dit Ru y se h (dt
Avib. p. 25.), d'après Lerius, un
peu plus grand que le Paon. Il eft
remarquable par une belle hupe qu'il
a fur la tête Si par les belles plumes
blanches Se noires dont il eft couvert.
On mange la chair de cet oifeau , dont
il y aplufieurs efpeces.
MOL
M O L A N : C'eft un Coquillage
bivalve des côtes du Sénégal, que M,
Ad a n s o m , p. 258. met dans le
O ij
ïo8 MOL
genre du Solen, Il eft figuré Plan-
che XIX, n. 3 . La coquille du Molan »
dit l'Auteur , fe voit dans les fables
de l'embouchure du Niger, Elle eft
des plus minces Se des plus fragiles ,
iarge d'un pouce & demi , deux fois
moins longue , fort applatie , extrême-
ment luifante 8c tranfparente. Lesfom-
mets font placés au tiers de la largeur
de chaque battant vers fon extrémité
fupérieure, Elle eft d'un blanc qui tire
fur la couleur de la corne.
MOLE, en Latin Fhuca , nom
que Rondelet ( L. VI. c. io.
p. 150. Edit. Franç. ) donne à un poif-
fon de mer, qui eft le 4wth d'AR rs-
tote(L.VL c. 13. L.VlILc. 10O,
d'OppiEN (L.I.p.6.) 8c d'Aï h é-
n É e ( L. VIL p. 319.); le Phycis de
Pli ne ( L. IX. c. 26, L, XXXII.
r. 1 1 .), de Paul Jove (c. 10, p. 89. ),
de Gesneh. f de Aquat. ) , de C H A R-
L E T O N > p. I33. d' Al DR OVANDE
{L.I. c. 8,- p. 43.), de Jonston
C L. ///. c. 3 7. ) , Se le Ficis de C u b a ,
fol. 230. On le nomme en Efpagnol
Mo/ere > à Rome Phico, C'eft un poii-
fon fâxatile de couleur rougeâtre ,
relfemblant à une Tanche d'eau douce
par devant , Se à une Sole par derrière ,
pareeque cette partie eft mince , plate ,
Se environnée d'aiguillons. Au prin-
temps il eft de différentes couleurs :
dans un autre temps il eft blanc. Ce
poilfon a le bout de la tête entre noir
8c rouge , le bas de la tête vers le ven-
tre de la couleur de la Tanche ; le
derrière du corps , noir ; les deux na-
geoires qui font aux o'uies , rouges ;
la bouche grande , fans lèvres; les
dents petites , les yeux grands & do-
res ; au bout de la mâchoire inférieure
deux barbillons ; au-deiTous,tirant vers
le ventre » deux autres plus longs , qui
lui fervent de nageoires. 11 a une petite
nageoire au dos , une autre plus gran-
de , qui s'étend jufqu'à la queue, Se
line pareille au-deffous de l'anus ; fon
eftomac eft grand , ainfi que fon foie ,
fiui eft couleur de lait , ou il pend une
MOL
bourfe longue , pleine de fiel : les
boyaux font larges 8c repliés. Il a les
ouies grandes 8c des pierres dans le
cerveau.
Tel eft le Phycii des Anciens, dit
Rondelet. Ce qui le lui fait croi-
re , e'eft qu'il l'a vu frayer ou dépofer
fes œufs dans l'Algue , ce qui eft par-
ticulier à ce poiflbn, comme le mar-
quent Aristote 8c Pline. Celui qui
a traduit en vers Latins les Livres des
Poiffons d'O p p 1 e N , appelle fans
raifon ce poifTon Eunuque , puifqu'il
va dépofer fes œufs dans i'Algue , pour
les mieux conferver. O p p i e n ne l'a
point ainfi nommé ; mais en parlant des
poiffons qui vivent dans les rochers»
ou autour des rochers, il fait mention
des Phycides , 8c enflure d'un poiffon
ftérile , qui eft le Cyn&dus. De Phycis
vient Fhycidion , qui femble , félon
Rondelet être un petit Phycis, &
ceux-là fe font trompés , ajoute ce
Naturalifte , qui ont cru que le Fhy-
cidion étoit le Capelan , pareequ'il a
un barbillon à la mâchoire inférieure.
Suivant Aristote le Fhycidion a des
écailles, Se le Capelan n'en a point.
Athénée femble aufTi faire deux poif-
fons différens du *y*«ii2 Se du^iii'J;;» ,
tous deux poiffons faxatiies. La Mole ,
dont nous venons de parler ici , vit
non-feulement d'herbes Se de moufTes,
mais auffi d'autres petits poiffons. Sa
chair a la même bonté que celle des
autres poiffons faxatiies,
A r t e d 1 fous le nom de Phycis
place la Tanche marine de S A lv i e n,
ainfi que d'A ldrovande(L. ///.
c. 9. p. 192. j , de Jonston {L. L
c. 1 .} Se de Charleton ( Onom.
p. 12 2.), Se il croit que c'eft le mê-
me poifTon. S a L v 1 E N , fur le té-
moignage de Rondelet, foutient
que ce font deux poiffons différens ;
mais la chofe , félon Artedi, mérite
encore d'être examinée. Willughbï
Se Ray , qui ne parlent point du Phy-
cis des Anciens , nommé. Mole par
Rondelet, connoiffent la. Tiuctt
4
MOL
marina de S a l v i . e n , dont parle auffi
Gesner , & qui eft YAjedus Calianas
de B E l o N. La defcription que Ray
nous donne de la Tinca marina a bien
du rapport avec celle que je viens
de donner , d'après Ronde i. et, du
Phycis. Quelques variétés en peuvent
faire la différence. Voyez TANCHE
DE MER.
MOLE , MEULE, ou LUNE
DE MER, autre poiffon , qui eft
VOrthragorifcus , dont j'ai parlé fous le
nom de Meule, Voyez ce mot. On ap-
pelle ce poiffon Lune en Languedoc ,
foit , dit Rondelet, parceque la
dernière partie de fon corps , deffous
les nageoires , eft faite en croiffant ,
foit parceque , fes nageoires ôtées , il
eft rond comme la pleine Lune , foit
parcequ'il reluit la nuit comme la
Lune : mais ce poiffon n'eft pas celui
qu'É lien nomme Lima, car ce qu'il
en dit ne convient pas à celui-ci. Ce
n'eft pas aufli la Rota de Pline;
mais I' 'Ortbragorifcus, qui fignirie Fore,
dont parle le même Pline. Il eft
fort grand , croît jufqu'à quatre , cinq
ou fix coudées , Se grogne , comme un
Cochon, quand on le pêche : Ron-
de l e T dît 'l'avoir entendu. Pline
parle d'un Porc de mer , qui a au
dos des aiguillons venimeux. Celui-ci
eft le Caprifcus Se i'Aper. Il y a encore
d'autres poiffons nommés Porcs de mer,
foit à caufe de leur reffemblance avec
le Porc de terre , ou par ce qu'ils ont
quelque chofe de fon naturel.
Pour \' Ortbragorifcus , qui eft la
Meule de Rondelet , dont je parle
ici , il eft long Se large, Se de figure
ovale. La partie de devant eft pi us
pointue ; celle de derrière eft plus
large Se plus ronde. Ce poiffon eft cou-
vert d'une peau rude & claire com-
me de l'argent : fa bouche eft petite ;
fes denrs font larges. Il a deux nageoi-
res rondes , en forme d'ailes , courtes
Se larges comme deux ailes , placées
de façon qu'elles portent le corps en
haut Se en bas. Proche de la queue il y
MOL 109
a deux autres nageoires plus longues
Se plus étroites , qui fervent à mouvoir
le corps à droite 8c à gauche ; l'une
eft au dos , Se l'autre proche de l'anus.
Sa queue , faîte comme un croiffant ,
eft jointe au corps haut & bas , pour
avoir fon mouvement. La chair cuite
de ce poiffon eft comme de la colle ;
elle a beaucoup de graiffe. Tout ce
poiffon fent mauvais. Rondelet en a
vû plufieurs. Il y a des parties de fon
corps, qui jettent pendant la nuit de la
clarté. On fe fert de fa graiffe fondue
pour mettre dans les lampes. Elle eft
bonne pour les douleurs des jointures,
ainfi que pour les raccourciffemèns de
nerfs. Lorfqu'elle eft mêlée avec de la
farine , elle eft propre à faire mûrir
les abfccs. On s'en fert aufïï pour
amollir les duretés du foie , de même
que celles de la rate.
On pêche dans ies mers d'Italie ,
dît R F. D 1 , mais affez rarement , un
poiffon qui eft nommé Pejce Tamburo-
par les Pêcheurs de Livourne. Je crois,
continue l'Auteur, qu'on peut le rap-
porter, malgré de légères différences,
à l'efpece de celui qui a été appelle
Mola par Salvien, & Orthragonj-
cus par Pline, ainfi que par Ron-
delet, en François Lune de mer ;
car à l'extérieur ce poiffon reffemble
beaucoup aux figures qu'en donnent
ces différens Auteurs , Se avec eux
Aldrovande Se Jonston,
Redi rapporte que le Grand Duc
Côme III. lui donna au milieu de
l'hiver de l'année 1674. un de ces
poiffons, qui pefoit environ cent livres.
Voyez au mot LUNE la defeription
que j'en ai donnée , d'après Redi,
qui ajoute qu'il trouva tout l'efto-
mac , Se même les inteftins , remplis
d'une efpece de bouillie blanche , fans
aucune autre apparence d'alimens , nî
d'excrémens : vingt Vers de couleur
de fuie , dit encore le même Obferva-
teur, étoïent engagés dans cette ma-
tière; ils reffembloient, continue Rept,
beaucoup à ceux de Tînteftin rectum
no MOL
de l'Épée de mer , avec cette diffé-
rence pourtant que ceux du Pefce Tam-
buro , étoient quatre fois plus gros Se
qu'ils avoient la queue fourchue. A l'en-
droit de la bifurcation , on voyoit ma-
nifeftement l'ouverture de l'anus, où
aboutifroit l'înteftin du Ver. On trou-
voit dans cet inteftin , ainfi que dans
l'ertomac , un peu de cette bouillie
blanche, dans laquelle les Vers étoient
engagés. Les extrémités des deux bran-
ches de la queue étoient auffi percées ,
Se deux ramifications de deux vaif-
feaux fpermatiques y aboutiffoient : ces
deux ramifications étoient plus lon-
gues dans les mâles que dans les fe-
melles , Se les deux extrémités de leurs
gaines renfermoient deux verges fort
aiguës ; ces deux gaines fè terminoient
de même dans les femelles par deux
ouvertures que l'on voyoit aux deux
extrémités des branches de la queue ,
& leur tronc principal, avant que defe
divifer en deux rameaux, fe dilatoit,
& formoit une cavité ovale toute plei-
ne de petits œufs. Le cœur de ces Vers
étoit à-peu-près de la figure de l'héxa-
gona ; de la partie fùpérieure de ce
cœur fbrtoit l'aorte , qui peu-à-peu fe
ramifioit en trois branches , s'attachoït
par fbn rameau principal à l'intérieur
de la cavité du ventre , Se continuant
d'y être adhérante , fe retournoi t 8e
defeendoit vers la queue , où s'élar-
gifïant, elle formoit une cavité fem-
blable à un nœud Se s'unifïbit à la
veine-cave , laquelle ferpentoit , adof-
fée au canal des alimens , & alloit fe
décharger dans le cœur. Voyez Flan-
che XXXI. Jfc. 16. 17. 18. & 19. du
Tome IV. des Collections Académiques ,
Partie étrangère.
M OLE CC A, nom qu'on don-
ne à Venife aux Cancres en général.
Voyez CANCRE.
MOLLO , nom qu'on donne à
Venife à la dixième efpece de Morue
de R a ï. Voyez MORUE &
CAPELAN.
MOLUR'OS, Serpent d'Amé-
M O M MON
rîque. Il eft d'un gris clair , orné la
long du corps de bandelettes blanches,
parïèrnées Se comme entrecoupées de
taches , les unes noires Se les autres
blanches. Il a le ventre d'un cendré
blanc , la tête courte &ramaffée ; Seba,
The f. IL Tab.^i. ». 4. Au même en-
droit, «, 5, il a fait figurer un autre
Serpent couché fur le dos , pour mon-
trer qu'il n'eft point revêtu de ces
grandes écailles qui traverfent le ven-
tre. Il eft repréfenté avec de petites
écailles jaunes-pâles, femées de quel-
ques taches noires.
M O M
M O M O T , nom d'un oifeau du
Mexique, de la grandeur du Pigeon,
dont l'iris eft de couleur de rouge
écarlate ; fon bec eft courbé en deffous ,
noir , long prefque de trois doigts ,
pointu , plus court en deiTous , fait
en forme de feie en deflus. Il a les
pieds bruns, la tête noire Se faite com-
me celle du Paon : le refte du corps eft
verd. Il eft rare qu'il y ait à la queue
une plume plus longue que les autres,
Se la dernière n'eft plumée que par le
bout. Cela eft rare en effet, Se même
faux , dit R A Y ( Synop. Me th. Av.
Append. p. 16*4. ) : car à la queue de
tous les oifeaux il y a toujours deux
plumes qui fe reffemblent , c'eft-à-
dire une qui réponde à une autre.
MON
M ON Kl E, petit Singe de l'A-
mérique, nommé ordinairement jWom-
kie , ou Tête de Mort. Voyez TETE
DE MORT.
MONO 8c M ON A , nom que
les Efpagnols donnent au Marmot mâle
8e femelle , efpece de Singe , du gen-
re des Cercopithèques. Voyez au mot
MARMOT.
MONNOIE DE BRATTENS-
BLRG , en Latin Nummits Brattenf-
b'irgcnfis , nom" qui eft donné dan:; les
Actes d'U$fal(Val< IL p. $60.) à ua
Coquillage bivalve. Siob-îus, dans
MON
fes dîiTertations ( Differt. Êfifi. 573*-)
en parte fous le nom de NutnmuLus
Brattenfturgenfis. M. Linn/f.us ( FattM
Suecica,p. 384. «. 13470 le nomme
Coucha tejlâ planiore orbiculatâ, cra-
nium humamtm referente. Ce NumfnHS ,
ou Nummithu > dit le favant Natura-
lise Suédois , eft rond Se a la figure
du crâne de l'homme. Il marque que
M. L E c H E en a trouvé deux cfpeces ,
qui fe tenoient enfemble. L'une éftle
NummiisBratcenjburgtn/ts de Stob/eus.
L'autre eft plus creufe en dedans Se
eft turbinée en dehors , Se il n'y a point
de doute , dit-îl , qu'elles ne foient
du mime genre. On volt à la Planche
féconde de la Fauna Sitecïca de M.
Linni us la figure de la coquille
fupérieure du Nummits dans une gran-
deur naturelle Se vue par derrière, b.
îa repré fente augmentée par le côté
intérieur ; r. montre le côté extérieur:
A. fait voir la coquille de défions par
le côté intérieur , & E. la même par le
côté extérieur. Ce Coquillage fe trou-
ve en S came,
MONOCEROS, bête fauva-
ge qu'on n'a jamais vue en Europe, Se
dont différens Ecrivains, comme Louis
le Romain , Se P a u l Vénitien , qui
ont voyagé dans les Inde3 , ont bien
voulu nous donner la defeription ,
fans l'avoir vue. Pline dit qu'on
chaffe dans les Indes le Monoceros ,
bête très-cruelle, femblable au Che-
val par le corps r au Cerf par la tête , à
l'Eléphant par les pieds , Se au San-
glier par la queue. Il a le mugiffement
fort , Se la corne qu'il porte au milieu
du front eft de deux coudées de long.
Selon Elien, cet animal fe retire au
fond des Indes. Gesner croit que
c'eft l'Âne fauvage des Indes, &i il y
a des. Interprètes qui rendent le Reem
de l'Ecriture , tantôt par le Monoceros '
& tantôt par le Rhinocéros. Gesner
croit qu'il fàttt l'entendre par le Mo-
noceros. Cet Auteur dit que la belle
corna que Ton voit dans le Thréfor
de Saint Denis , eit celle du Monoceros,
MON m
Il a raifon ; mais c'eft la corne d'un
poiiTon cétacée , nommé Monoceros ,
ou Licorne de mer , Se non pas du Mo-
noceros , Quadrupède : car , comme
l'obferve M. L 1 n n R u s dans fa
Fauna Succica , p. 98. il n'y a point de
Monoceros Quadrupède dans le Monde.
Ce qui a donné lieu à cette fable ,
c'eft la dent du Monoceros poiffon »
que les Anciens ont pris pour la corne
d'un Quadrupède. Nondaturin Naturék
Quadrupes Monoceros -.fabula defumpta
efi ab hiijus Pifcis dente , qitem Veteres
crediderunt Qjiadrupedis aïterura cornu*
Le Monoceros , la Licorne , Se l'Ane
fauvage des Indes , dont parlent les
Voyageurs , tous ces animaux , quel-
que différence que l'on y veuille trou-
ver , font le même. Sous différens noms
il s'agit de prouver fon exiftence. Les
Modernes la nient. Quoi que difent les
Voyageurs de^ la Licorne , de l'Âne
cornu & de l'Âne fauvage des Indes ,
ils font portés à croire que ces diffé-
rens animaux & même FAbada d'É-
thïopie ne font que des Rhinocéros,
Voyez aux rrrots LICORNE Se
RHINOCEROS.
MONOCEROS, nom qu'on
donne dans le pays de Bambuk Se de
Galam à un oifeau qu'on nomme Ma-
nucodiata , autrement Oifeau de Para-
dis. Sa grandeur eft celle d'un Cocj
ordinaire , Se fon plumage varié , fur-
tout aux ailes ; fon bec eft crochu
comme celui de l'Aigle 5 fes éperons
font gros Se robuftes. Il a fur la tête
deux plumes , longues de trois ou
quatre pouces , qui fe joignent dans
un point avec l'apparence d'une corne 3 .
ce quia fait croire mal-à-propos que
c'en étoit une. Voyez au mot M A~
NUCODIATA, les différentes
efpeces.
MONOCEROS, poiffon du
genre des Cétacées , appellé ainfi à
caufe d'une longue corne qui lui fort
de la mâchoire. Les Indiens, à ce que
dit R v y s c h , mangent la chair du
Monoceros, qu'ils trouvent. d'affez boa
J lî
M O N
MON
goût. M. LiNNjf. us dans fa Fauna
Suecica , ainfi qu'A rtedi , donne
à ce poîlTon le nom de Rîonodone. Le
premier dît qu'on en pêche dans la mer
Atlantique. Voyez au mot L I C O R-
N E DE MER, où je parle de ce
poiiTon d'après M. A N D e r s o N.
Ceux qui ont écrit fur le Moncceros font
Charleton, Onom. p. 16K. Se h o nhe-
vtiD, Ichth. :S.\Viildgheï, Ichth.qz.
Ray , Syncp, Me th. Pifc, j>. 1 1, D.\L£ , Phurm,
P 'MONOPHTALME, en Latin
Monophtalmus ; en Hollandois de Ee-
noog. C'eftun poiffon des Indes Orien-
tales , ainfi nommé pareequ'il n'a
qu'un œil au milieu de la tête. Sa tête
eft extraordinaire 8c reffemble à la tête
de quelques infectes. Il aie corps min-
ce : fa couleur eft bleue. Sur le haut
du dos il porte de longues nageoires
recourbées vers la tête : après celles-
là il en a d'autres, tant fur le dos que
far le ventre ; ce qu'il a encore de fin-
gulier , ce font des nageoires fous les
ouies , qui fe replient vers la partie an-
térieure. Voyez Ruïsch, de Pifc.
p. 3 7. Tab. i o. n. 3.
MONSTRE; On entend com-
munément par ce mot un animal , qui
naît avec une conformation contraire
à l'ordre ordinaire de la Nature , c'eit-
à-dire avec une ftruclure de parties
très-différente de celle qui caraétérife
l'efpece des animaux , dont il fort. Si
l'objet ne frappe pas avec étonnement ,
s'il n'y a qu'une différence légère Se
fuperficielle , on ne donne pas le nom
de Monftre à l'animal où cela fe trouve.
Il y a bien des fortes de Monftres ,
dit M. Lé mer T, par rapport à leur
ftruclure : les uns , ou ont trop , ou
n'ont pas afTez de certaines parties ,
tels font les Monftres à deux têtes ,
ceux qui font fans bras, ou fans pieds
autres pèchent par la conformation
extraordinaire & bifarre , par la gran-
deur difproportionnée , par le déran-
gement confidérabSe d'une , ou de pla-
ceurs de_ leurs parties , Se par la pla-
çe finguliere que ce dérangement leur
fait fouvent occuper; d'autres enfin»
ou par l'union de quelques parties »
qui, fuivant l'ordre de la Nature , Se
pour l'exécution de leurs fonctions ,
doivent toujours être féparées , ou par
la défunion de quelques autres par-
ties , qui , fuivant le même ordre &
pour les mêmes raifons , ne doivent
jamais ceffcr d'être unies.
M. Lémery , dans quatre Mémoires
inférés dans V Hifloire de l' Académie
des Sciences , des années 1 7 3 8. C?" 1 740.
fait connoître les différentes manières
dont les Monftres font formés, Se il en
montre l'évidence , fuivant le nouveau
fyftème de la génération des œufs.
Nous renvoyons à ces Mémoires , Ss
à un autre que M. duVerney,
a donné en 1706". fur la même ma-
tière.
Mais en ne prenant pas ftriclement
le nom de Mon/ire , les Naturaliftes
le donnent indifféremment ou à des
animaux énormes pour leur grandeur,
tels que font parmi les Quadrupèdes
terreftres les Eléphans , Se parmi les
bêtes marines, les Baleines Se autres
grands poitTons cétacées , ou à d'autres
animaux farouches Se cruels , tels que
les Lions, les Tigres Se les Panthères ,
Se les Requins dans la mer , ou enfin à
des animaux finguliers par leur efpece ,
qui viennent de l'accouplement des bê-
tes qui ne font pas du même genre.
L'Afrique eft féconde en ces fortes de
Monftres , comme nous l'apprennent
les Voyageurs. La mer n'en fournit pas
moins en poiffons. Les Relations des
Indes Orientales Se Occidentales font
remplies d'Hommes Se de Femmes
marines ,.que des vaifTeaux ont ren-
contrés. Rondelet , Gesner, Se
R u y s c u , (les deux derniers paroif-
fjnt avoir copié le premier) , parlent
d'un poiffon péché en Norwege , qui
avoit la figure d'un Moine ; d'un au-
tre qui avoit celle d'un Évêque. Voilà
des Monftres , Se pour la figure Se pour
la rareté : car fi l'on veut ajouter foi
à ceux qui nous les ont donnés pour
de»
MON
des êtres exiftans , il faut du moins
convenir qu'ils font rares , Se que la
mer eft avare de nous en faire voir.
Je rapporte aux mots HOMME ,
SYRENE , ÉVÊQUE , & MOI-
NE MARIN , ce] que les Auteurs
en ont dit. Voyez ces articles.
M O N T A I N , oifeau à gros bec ,
que B E L o n C de la Nat. des Oifeaux,
L.VîLc. 2,0. p. 372.)ditêtrel'dp 5 5r7ri'£nç
d' Aristote ( Hift.Anim. L. Vllt c. 3 ,)
& la Montifringitia des Latins. Les Pay-
fans, dit DELON , l'appellent Montait!,
&c de fon nom Grec on le pourroit
nommer Pinçon de montagne , car Gros
en Grec , lignifie montagne , Se Spiz.a
Pinçon. On le nomme auffi Pinçon Mon-
tain , ou Pinçon d' Ardennes. H a les
mœurs du Pinçon: il chante de deux dif-
férentes manières. Quand il a peur , fon
chant reflemble à celui du Pinçon , 8c
dans un autre temps , il imite celui de
la Chouette. Il y a quelques endroits en
France où on nomme cet oifeau Paijje ,
OU Moineau de bois , mais c'eft par
erreur , dit B e l o n : Il eft vrai qu'il
eft de la corpulence Se de la couleur
du Moineau, Se l'on s'y méprendroit
fi fon chant ne lefaiibit pas connoître.
Il a deux lignes par dellus les ailes en
travers qui font de dîverfes couleurs :
le Moineau en a de pareilles , mais-qui
font de couleur fauve , plus obfcures
que tannées. Le Montain eft un oifeau
de grand courage , prefque mourant il
cherche encore à fe défendre, à pincer
Se à mordre. 11 a le bec gros & plus
robufte que le Pinçon, les jambes 8c
les pieds de la couleur de ceux des
Grives. Aristote dit Orojpiz.es colla
caruleo. Bt l o n penfe que pour en-
tendre ce panage il faut croire qu'A-
ristote appelle le Pinçon Orojpiz.es,
le Montain , ou le Pinçon de montagne,
Amplement Spiza. Voilà ce que dit
B E L o n du Montain , oifeau qu'on
connoît mieux aujourd'hui fous le
nom de Pinçon de montagne , dont il y
a deux efpeces , félon R a y , & l'Au-
teur de la Nouvelle Hifloire des 0ï~
Tome III,
MON MOO MOR115
féaux. Voyez pour leur defcriptlon te
mot PINÇON DE MONTAGNE
MONTANELLA, nom q Ue
les Grifons donnent à la Marmotte.
Voyez ce mot.
M O N T I C O L E , du Latin Mon-
ticola , nom d'un petit oifeau , que les
Allemands appellent Coldfinch , 8c qui
eftT 'JEnanthe quarto, de R a y ( Synop.
Meth. Avium , p. 77. ». y. ). Ce n'effc
ni le Vitrex , en Latin Viiifiura , ni le
Traquet , Rubetra de B e L o n , maïs
un oifeau à-peu-près femblable. Il a
le ventre blanc , la poitrine d'un roux
brun , la tête & le dos d'un brun ou
d'un verd cendré , les plumes de la
queue 8c celles des ailes noires , mais
toutes depuis la cinquième plume font
blanches vers la racine ; le bec eft
noir , ferré & prefque triangulaire :
les pieds font de la même couleur.
MOO
M O O S : R a y ( Synop. An. Quad.
p. 8(5. ) dit que c'eft un animal de
la Nouvelle Angleterre , 8c des autres
parties Septentrionales de l'Amérique ,
du genre de l'Alcé. Ce Naturalifte
en a vû des cornes dans plufieurs Ca-
binets , une entr'autres dans la Pro-
vince de SufTex , qui pefoit vingt- cinq
livres , large d'une palme , garnie au
bout de huit branches pointues comme
des poignards. On dit que cet animal
eft de la figure du Cerf, mais non ft
alerte, & de la grandeur du Bœuf , Se
qu'il met bas trois petits à la fois,
Voyez MOSE.
M O R
MORDICANTES, Mou-
ches à deux ailes , dont la bouche eft
large , prefque dentelées , lefquelles
aiment à faire des ampoules fur la
peau tendre des petits enfans. Aris-
tote en a fait mention.
M O R G A Y , nom qu'on donne ,
dit Artedt, à la féconde efpece de
Roujjette , poifTon de mer. Voyez au
mot ROUSSETTE.
P
3ï4 M O R
MORILLON, nommé en Grec
Thctwuoy i en Latin Glaucus; en Sué-
dois Britnnackf: C'eftun oifeau de ri-
vière , qui , félon B E L o N ( de la Nat.
des Oif.L. III. c. 10. p. IQ-5. ) eft le
Glaucio7i des Grecs , & le Glaucus des
Latins. M. L 1 N N je u s (Fauna Suec.
p. 99. n. 104.) le nomme Anas ocu-
lorum iridilus fia-vis , capite grij'eo ,
collari albo. Aldrovande ( Om.
L. XIII. C. 38. ), SC W I LLUGHB Y
( Ornith. p. 281. ) parlent de cet oi-
feau , qui fe trouve fur les côtes Ma-
ritimes. Il eft , dit B e l o n , fort
femblable à la Cane , étant* de la mê-
me grolTeur. Son bec eft comme une
fcfe par les bords; fes jambes & fes
pieds, en dedans , font rougeâtres , Se
en dehors font noirs : il a la tête tan-
née jufqu'à la moitié du col , où com-
mence fon collier blanchâtre. Sa poi-
trine eft cendrée , le deiïbus du ventre
eft blanc , le deiïiis du dos eft noir: il
a fept plumes aux ailes qui font bi-
garrées comme le font celles de la
Pie; le refte du corps & la queue font
noirs , & reffemblent aux ailes & à la
queue du Cormoran. 11 cherche fa nour-
riture dans l'eau , où îl vit de petits
poiffons , d'infeétes aquatiques, d'E-
crevilfes tendres & de Limaces. Sa lan-
gue eft fi charnue , qu'il paroît en avoir
une autre à la racine. Sa poitrine eft
fort large. 11 a les cuiffes courtes Se ti-
rées en dehors comme tous les oifeaux
qui fe plongent.
B e L o n , au même endroit , parle
d'un autre oifeau qu'il nomme Tiers,
pareequ'il eft après le Morillon Se le
Canard : il a les ailes bigarrées , comme
le Morillon , Se le bec fait comme celui
de la Piette. Pour le refte , cet oifeau
reiïemble à la Piette. Il eft de moindre
grandeur que le Morillon Se le Canard ,
fa chair a le même goût. Les Mo-
rillons fréquentent les étangs èc les ri-
vières de toutes les contrées , & B e-
L ctn ne doute point que cet oifeau
ne foit le Glaucion des Grecs,
lî y a au oifeau aquatique , que Ray
M O R
( Synop. Meth. Av. n. 11. p. 143. J
nomme Anasferafufca minor , qui peut
être , dit-il , Y Anas Fulicula d' Al-
drovande ( p. 2 27. >. C'eft le Capa
Rojfo des Italiens. Il tient le milieu
entre la Cane Pénélope Se la Cerce-
relle. Si ce n'eft pas le même que le
Glaucion , ou le Morillon de Bei.on ,
c'eft du moins , ajoute R A y , un oi-
feau du même genre. Cela peut être.
Mais le Morillon de B E L o N a un col-
lier blanc , Se celui de R a y a le collier
brun. Le premier a l'iris jaune, & le
fécond l'a blanche , ou de couleur d'i-
voire. Voici ce que ditRAï de fort
efpece de Morillon : fon bec eft d'un
bleu obfcur , pâle fur les bords , Se noir
au bout. L'Auteur Anglois ne nous
dit point, fi comme celui de Belon,
il eft dentelé par les bords : il a la
tête groile,rou[fe ou couleur de rouille,
à l'angle de la mâchoire inférieure une-
petite tache blanche , le dos brun , les
plumes des ailes blanches Se brunes au
bout , de façon que fur les ailes éten -
dues on voit une grande ligne blan-
che qui traverfe. La poitrine , au-def-
fous du collier , eft Touffe , Se cette
couleur s'étend proche des plumes fea-
pulaires. Il a le refte de la poitrine ,
& le haut du ventre blancs, le bas juf-
qu'à l'anus brun , les plumes fous la
queue blanches , ( elles font longues Se
rouifes fur les cuiffes), les jambes Se
les pieds noirs. Tel eft l'oifeau , nom-
mé Anas fera fufca minor par Ray»
Se qu'il dit être , ou le Morillon de
B e L o N , ou du moins un oifeau du
même genre , congener , fî non eadern »
dit- il. Il avoue cependant que le Mo-
rillon de Belon en diffère Se par la
grandeur Se par fon collier.
A l e 1 N ( Tome I. n. 94. ) donne
auffi le nom de Morillon à un oifeau
qu'il nomme en Latin Vulpanfer. Mais
le Vulpanfer de B e L o n {de la Nat.
des Oij. L. III. c. 5. p. 158. ) , eft
l'oifeau , nommé par le même Au-
teur Oie Nonnette > Se Cravant er*
François 1 & Ra ï ( Synop. Metk Av*.
*
mor
p. 140. ) dît que ce que B e t o N (L<
III. c. 17. V- *7 2 -) appell e Tadorne,
eft ie Vulpanfer de quelques autres Na-
îuraliftes. M. LiNN*us(p. 33. ».
p3.J , fous le nom Anas albo varie-
gata , petloris lateribus ferrugineis »
abdomine longiiudin aliter cinereo , ma-
culato , entend la Tadorna de Wùl-
lughby ( Ornitb.p. 278. de Belon,
& de R A y , qui eft le Vulpanfer d'Al.-
b in Se de quelques autres Auteurs.
Ainfi , en conciliant ces Naturalises ,
îl y a deux fortes de Vulpanfer. Le
premier , qui eâ VOÛ Nomette , eft le
Cr avant de B e L o N. Voyez OIE
NON NETTE, & GRAVANT. Le
fécond , qui eft le Morillon d' Albin .
Will u G h b y Se Belon le nom-
ment Tadorne. J'en parlerai au mot
TADORNE. Cependant , comme
Albin lui donne le nom de Mo-
rillon , voici la defeription qu'il en
fait.
Cet oîfeau , nommé en Latin Vul-
panjer , Se en François Morillon , elt
le même , dit-il , qu'ALDttov ande
( Ornith. L. XIX. ) appelle Berganders.
Quelques-uns appellent ces oifeaux
Canards- de trous , pareequ'ils font leurs
nids dans des trous de Lapins ; d'au-
tres les nomment Morillons , paree-
qu'ils font bigarrés. Ils aiment leurs
petits ,3c rcffemblent à la Perdrix , en
ce qu'ils détournent les Chaffeurs de
l'endroit où ils font. On en trouve ,
dit Albin, autour des differens lacs
Se rivières près des côtes d'Angleterre ,
&dans la Principauté de Galles; mais
fur-tout dans les Provinces de Lan-
caftre Se dans celle d'Effex. Cet oi-
fêau depuis la pointe du bec jufqu'.i
l'extrémité de la queue a vingt-fept
pouces de longueur, 3e trois pieds cinq
pouces de largeur , fes ailes étendues.
Il tient le milieu en grandeur entre
l'Oie Scie Canard ; le bec en efteourt ,
un peu relevé , large , mais beaucoup
plus à la pointe. Sa couleur eft rouge ,
excepté les narines Se le bout du bec
qui font noirs. 11 y a une bofTe longue
MOR U y
Se charnue à la racine de la mâchoire
fupérieure. La tête Se le deflus du col
font d'un verd fombre , & luifant com-
me de la foîe. Cette couleur parott
être noire à certaine diftance : le refte
du col Se la région du jabot lont blancs.
La partie fupérieure de la poitrine , de
même que celle des épaules , eft oran-
gée , ou d'un rouge brillant ; & la par-
tie du devant du corps eft entourée
d'un grand cercle de cette couleur.
Il y a une ligne large Se noire qui s'é-
tend tout le long du milieu du ventre
depuis la poitrine jufqu'au défaut du
cartilage de l'os de la poitrine, & s'y
étend de-là fous la queue , où les plu-
mes font d'une couleur d'orange pâle.
Le refte de la poitrine , ainfi que le
ventre , le defTus des ailes Se le milieu
du dos font blancs. Les longues plu-
mes fcpulaires font noires , & toutes
celles des ailes , auflï bien que les plu-
mes couvertes , à la referve de celles ,
qui font fur la jointure la plus avancée
en-dehors , lefquelles font blanches :
chaqueaile a environ vingt-huit plumes
dont les dix plus avancées en dehors
font noires. Il en eft de même de celles
du fécond rang, qui couvrent ces pre-
mières , fi on en excepte leurs bouts.
Au défais de ces plumes , vers lefom-
met de l'aile , il y a deux plumes blan-
ches en bas , ayant leurs bords noirs de
tous côtés : les douze plumes qui font
immédiatement après , autant qu'elles
font vifibles au - defTus des plumes
qu'elles couvrent , font blanches fur
le dedans des dards , Se elles ont fur
le dehors une ligne noire attenante aux
dards , le refte étant teint d'une cou-
leur orangée. La vingt-fixieme plume
eft blanche , ayant fon bord extérieur
noir, La queue a douze plumes blan-
ches avec des pointes noires , excepté
les plus avancées en dehors qui font
toutes blanches. Les jambes & les pieds
font d'un rouge pâle , ou de couleur
de chair, Sa peau eft fi tranfparente ,
qu'à travers on peut facilement dis-
cerner les traces des veines. La chair
Pij
■ t ié M O R
de cet oifeau n'eftpas fort favOureufe ,
ni délicate , quoiqu'elle ait été autre-
fois fort eftimée , dit l'Auteur. 11 fe
nourrit principalement d'infeftes aqua-
tiques. Tel eft le Morillon d'Al.BiN,
qui paroît être la Tardons de Belon.
M O R M E , poilTon de mer à na-
geoires épineufes , en Latin Pifcir
acanihopteryghts , mis dans le rang
àesSpares par A rtedi( Ichth. Part.
V. p. 6z. n. il.) , & nommé Sparus
maxilla fuperiore longiore , lineis utrin-
que duodecimnigris, tranfverfis,paral-
lelis. C'eft le Mspwupoj d'AïuSTOTE
( L. VI. C. 17. ) . d'ATHÉNÉE ( L. VIL
p. 313. )» d'EuSTACHIUS (f. II50.
P. 33. ); le MrpuiAoç d'OPPIEN (L. 1.
p. 5. Se L. II. p. 58. ) ; le Mormylur
de S A L VI EN ifi 183.); le Mormyr
à'O v 1 V E ( Hal. V. 1 10. ) , Se de
Pline ( L. XXXII. c. 11. ) ; le
Mormurde Gaza (in Arifl. ) ; le Mor-
myrus de Gesneu (de Aquat. p.
6^6. ) , d' A LDROVANDE ( L. IL
c. t 9. p. 184. ) , de J O NS TO N C L. /.
c. 1 . ) > de Charleton(j), 141 . ) ,
de W 1 L L u G h b T ( p. 3 29. ), & de
R a y ( Synop. Pifc. p. 134. ). On le
nomme Mormillo à Rome , Mormiro
à Venife , Mormo à Marfeille Se à
Gênes.
Le Morme , félon Rondelet
( L. V. c. 2,2. p. 135. Edit. Franc.') ,
eft un poiffon de rivage , femblable à
la Dorade , moins rond de corps , plat ,
qui a la tête plus ronde , le mufeau plus
pointu, la bouche moyenne & garnie
de petites dents qui font de la cou-
leur d'argent. U a des traits noirs qui
traverfentdu dos jufqu'au ventre , éga-
lement éloignés l'un de l'autre ; le
premier eft le plus grand ; le fécond
eft moindre , Se ainfi de fuite. Ses écail-
les tombent aifément. Il a le dos entre
blanc Se bleu, le ventre blanc comme
de l'argent, Se il eft un peu différent
de la Dorade. Ce poiffon a quatre
• * Ce poifTon eft nommé en l atin GfcK/rtj-, -
il eft appelle Perlon en Saimonge ; Galline,
. i Marfeille ; Rondelle , à Agde ; Cocchott , à
M O R
ouïes , le Cœur fait en angle , l'efta-
mac petit & blanc , les boyaux blancs ,
la toile du ventre noire , le foie rouge ,
& la rate noire. Sa chair eft molle
Se fent la bourbe. Il vît de fange , d'im-
mondices , & de petits Calmars. Il n'eft
bon nï frit , ni rôti , ni fur le gril.
Les Anciens , dît Rondelet, n'en
faifoient pas de cas. Hesychius,
dans Athénée, dit cependant que
c'eft un poilfon fort nourrilfant , mais
Archestrate marque qu'il eft
mauvais : il fraie en été , Se on ne le
pêche pas aifément. Il a , au rapport
d'O p v 1 e n , la fineife de s'entoncer
dans le fable , Se d'éviter les rets des
Pêcheurs.
M O ROM O RI, nom que les
Indiens donnent Aune efpece de Bre-
bis du Bréfil. Voyez PACO.
MORPHNOS, nom que les
Grecs ont donné à une efpece d'Aigle.
Voyez AIGLE.
MORPION, en Latin Pedicu-
lus inguinalis , Vermine qui s'engen-
dre dans la peau , qui a beaucoup de
pieds , Se qui fe multiplie infiniment.
Les Morpions s'attachent particulière-
ment aux parties velues; mais par le
fecours de l'onguent compofé avec du
mercure , on parvient dans un mo-
ment à détruire totalement toute cette
Vermine. M. LiNNf us ( Fauna.
Suec. p. 3 38. n. 1 1. & 54. ) la nomme
Pediculus Pubis , en Suédois Flat-
Luus. R e d 1 { Exp. XIX. f. 1. ) ,
Se Peti veut ( Gaz.. Cj. f. 9. ) eit
parlent fous le nom de Pediculus in-
guinalis : Mouffet( Lai. p. 200. >
Se R a y ( Infp. 8. ) , fous celui de Pe-
diculus férus , & d'autres le nomment
Pediculus Scorpio. Voyez POU,
pour les autres efpece;.
M O R R U D E * , ou ROUGET,
noms que Rondelet ( L. X. c. \ i.
p. 227. Edit. Franc. ) donne à un poif-
fon de mer , mis par A r t e d i clans
Naples ; Organo , en Sclavonie ; Han.hcm^
en Hollandais ; Gurnady ou Rotchet , en An-
glois,
M O R
le rang des pottfons à nageoires ëpï-
reufes , en Latin Fifres acantboptery-
H H le nomme ( Ichtb. Part. V p-
74 » 7- ) . Trigla Ma rubens , roftro
ia'rhm bkorni , operculis branchiarum
firiatis. C'eft le k^miÇ J'Aristote
L. IV. c 9. L. VIII. c. 13. ) d'ELiEN
< L. X. c. il. ) » d'OppiEN , ( L. 1.
V IC.) , Se d'A TKENÉE ( L. Vil.
p. 309. ) ; le Cuculus de G a z a , fur
A r 1 s t o t e > de GesnerC^ê
) , d'A l n R o v a n d e (L.
II t. 4. p. 139. > . de J o n st o n
(L. I. C. I. ) , de W IL LUGHBÏ
(p. 89. ) , & de R a y ( p. 89. ) ; c'eft
auffi le Cuculus Lyrx. fpecies de Schon-
KEVELD (p. 32.) , \zLyra de Char—
x e t o n (p. Scie Cape de Paul
Jqve , f. i5. p. 70'.
Ce poiflon , dit Rondelet, a la
figure de l'Hirondelle de mer ; mais
il en diffère par fa bouche , par la gran-
deur de fes nageoires , Se par la mul-
titude de fes écailles. Il a le ventre
gros , le refte dit corps rouge , la tête
groffe faite en angle. Son mufeau finit
par deux aiguillons pointus ; il a deux
petites pointes au demie des yeux : le
derrière Se le deffus de la tête finifiènt
auffi en pointe vers la queue. Ce qui
couvre les ouies eft garni d'aiguillons ,
Se fa peau eft déliée. Aux côtés , par
le milieu du corps , il a un trait large
couvert d'écaillés, Se au dos depuis
la tête jufqu'à la queue deux rangs
d'écaillcs pointues, d'où fortent deux
nageoires , qui fe drelfent quand le
poiffon nage , Se qui s'abbaiifent 8c fe
cachent , comme dans un étui , quand
ilfe repofe. La première nageoire eft
plus petite ; fes premiers aiguillons font
longs Se pointus: la féconde nageoire
eft plus longue , Se s'étend prefque
* On prétend que le mot Morue , ou Mo-
rhue y ou Molue , eft François d'origine, 5c
que ce poiifon a été airfî appelle du nom
des Ifles Molucques , d'où il vient . & proche
defquellcs on va le pécher. Il eft apreliéen
Ang'ois Morhuel; en Suédois, Cabtfiao ; en
Flaman I , Cabiljaa'.V ; c'eft du Flamand que
l'on dérive le mot Cabéliau, Quant aux noms
M O R
117
jufqu'à la queue : fes aiguillons font
petits. 11 a deux autres nageoires près
des ouïes , qui font rouges par le bout ;
deux autres au delfous , devant les-
quelles pendent deux barbillons char-
nus ; une autre depuis l'anus jufqu'à
la queue. Ce poiffon eft charnu par
tout le corps , épais , rond , un peu
large vers la queue ; fes ouies font
doubles, fbn palais eft jaune, fon foie
e:t rouge Se blanc, fans fiel , &fa rate
eft rouge. Sa chair eft dure Scfeche,
peu ou point gluante.
MORUE*, genre de poiffon de
mer : il y en a de pluiïeurs efpeces , que
les Naturaliftes nomment sifelli , 1
caufe de leur couleur grife cendrée ,
qui approche de celle des Anes Se des
Cloportes. A r t e o i ( Ichib. Fart.V.
p. 34. ) , M. L 1 N N je u s C FaunaSnec.}
Se M. Gronovius ( Maf. Ichtb.
p. 20. & 2. 1 . ) le mettent dans le rang
des poiifons à nageoires molles Ont et
Fifccs m.iLicopterygios. Ces Auteurs
donnent à ce genre de poiffon le nom
de Gadus , mot qui vient du Grec r
Se qu'on trouve dans Athénée y
dont l'origine n'eft pas claire , origo
minus clam , dit A r t e d i. M. G r o-
n o v 1 u s dit du genre de Morue > qu'il
a le corps cathétoplat , épais, oblong;
la tête le plus fouvent cathétoplate ,
Se quelquefois plagioplate ; la bouche
garnie de barbillons à quelques efpeces;
la membrane qui couvre les ouies eft
compofîe de fept offelets ronds de cha-
que côté , Se non de fix , comme le
marque M. L in n je u s ( Syfl. Nat.
Edit. 6. ) ; neuf ou dix nageoires , Se
deux ou trois au dos :. Corpus cathcto~
plateum , crajfum , oblongttm : caput ple-
riemque cathetoplateum , interdhm &
plagioplateum : os non manquant cirro-
de Merluche , Mcrluce , Merlue & Merlu , en
Latin Merluctus, c'efl comme qui diroit Morts
Luctuf, Brochet de mer. Le nom Allemand
Stoci jlr, ou StrocfisH , femble venir de ce que
la MoPmftcht, ou la Merluche, contracte une
dureté oifeufe , & qu'elle ne fe cuit qu'après
avoir été battue & macérée lonc-temçs dans
l'eau,
M O R
M O R
fum : memlrana branchiofiega , ojficula
feptem teretia mrinque continet : pin-
nu novem vel decem in dorfo dita vel
très. M. Gkonovius divife ce genre
de poiflTons , i °. en poilTons qui ont
trois nageoires fur le dos , Se la bouche
fans barbillons; 2°. en poifions qui ont
trois nageoires fur le dos , & des bar-
billons à la bouche; 3 0 . en poilTons ,
qui n'ont que deux nageoires fur le
dos. Ray ( Synop. Meth. Pifc. > divife
tout Amplement les Montes , en Mo-
ntes qui ont trois nageoires fur le dos,
Se en Morues qui n'en ont que deux.
Commençons par les Montes qui ont
trois nageoires fur le dos.
La première eft le Cabéliau des
Hollandois , nommée par Artedi,
p. 3 5. n.6. Gadus dorfo tripterygio, ore
cirrato , caudâ aquali , ferè cura radio
frimo fpinofo ; par Willuchbï,
p. 1^5. & R A ï (Synop. Meth. Fifo,
p. 53.) Afellus vtdgaris major ; par
SCHONNEVELD, p. 28. & ChARLETON,
p. 121. Afellus major > par Belon
C de Pifcib. ) , Aldrovande ( L. III
c.6.p. 289.), Jonston (L. Z.c. 1.),
Gesnek (de Aquat.) & Rondelet
( p. 2 2 2 . Edit. Franç. ) Morbua Se Mo -
lua ; par les Suédois Cabeliao ; par les
Danois Kablag, ou Towk., nom com-
mun de toute l'efpece ; par les Bas-
Saxons & les Hauts- Allemands Bolch ;
par les Angloîs Cod, ou Codfish ; dans
certains endroits Keeling. Nous parle-
rons plus bas de fa pêche & de fa pré-
paration.
La féconde eft la Morue verte , nom-
mée par Artedi (PartV.p. 3 5. n. 3.)
Gadus dorfo tripterygio , ore imberbi ,
maxilla itiferiore longiore , lineà latera-
li curva. C'eft V Afellus virefeens de
S C H O N N E V E L D , p. 20. de WlL-
lughby, p. 173. & de Ray, p. 53.
n. 2. Se le Witling PoUack des Anglois.
VoyezWITLING.
La troifieme eft la Moruenoire , nom-
mée par Artedi (ParlV. p- 34. ». 2. )
Gadus dorfo tripterygio , ore imberbi ,
•maxillà inferiorc longiore & lineà late-
ralireïïà ; par Aldrovande (L. III-
C. 7. p. 289.) , WlL L U G H B Y , p. I 6%.
Se R a y , p. 54. n. 3. Afellus niger ; par
Schonneveld , p. 19. Carbonarius ;
Se par Char LETON,p, 121. Afellus
niger , five mollis , nigricans. C'eft le
Koolffch des Angloîs , Se nous le nom-
mons en François Charbonnier. Voyez
CHARBONNIER.
La quatrième eft V Afellus lufeus »
nommée Bib, Se Blinds dans la Pro-
vince de Cornouailles ; par Artedi,
Gadus dorfo tripterygio , ore cirrato ,
ojftculo pimiarum ventralium primo in
longum fatis produclo. Ce peut être
V Afellus nanus de Schonfeld. Elle
refiembie à la grande Morue par les
barbillons qu'elle a au menton, Scelle
en diffère parla petiteffe de fon corps ,
qui n'a pas plus d'un pied de long , par
fa figure , qui eft courte Se large , par
fa couleur qui eft plus claire , par la
grandeur de fes écailles qui tiennent
beaucoup à fa peau , Se de plus cette
efpece de Monte , dit R a y ( Synop.
Meth. Pifc. p. 54. ». 3. ) n'a point de
nageoires à l'anus. W 1 L L u G h b y en
fait auffi mention fous le nom à.' Afellus
lufcits.
La cinquième eft nommée par A r-
t e D 1 ( Part. V. p. 35. n. 4. ) Gadus
dorfo tripterygio , ore cirrato , colore
vario , maxilla fuperiore longjore , cau-
dâ œqitali ; par Schonneveld,
p. 19. par Willughby , p. 172. &par
Ray, p. 54. n. 5. Afellus varias , ou
firiatus ; par Jonston (de Pifcib. )
Se par Robert (de Pifcib. p. 14. )
Afellus varias. C'eft le Sma-Torsk. des
Suédois. Rondelet appelle cette
efpece de Morue, Mufchebout. Voyez
ce mot.
La fixierne , dit R a y C Synop. Pifc.
pag. 54. n. 6.) , eft la Morue jaune de
Schonfeld , femblable à la fé-
conde efpece , excepté que fes na-
geoires font plus petites.
La feptieme efpece eft nommée par
Artedi, p.. 3 5 . ». 7. Gadus dorfo
tripterygio , ore cirrato , corpore albi-
M O R
tante, maxillàfuperiore longiore , eatt-
dâ varhm bifurcà , Se Gadus cirratus ,
albicans , maxillâ fuperiore longiore ,
caudâ parkm bifurc'à. Cette efpece de
Morue eft le Callaris de Pline ( L. IX.
c. 17. ) > VOnos , ou VAJînus des An-
ciens , fuivant T u R N E R u s C Epifl. ad
Gejh. ) , WiUi'GHBï, p. 170. &
Ray, p. 55. n, 5. VAfellus major
d'ALDROVANDE , p. 34. ». I. & Celle
que nous nommons en François Ëgle-
fin , que les Suédois appellent Kaitior,
les Danois Koll, les Anglois Hadock ,
les Iflandois Scbelfifch. Voyez au mot
SCHELF1SCH.
Le huitième eft le Gadus dorfo trip-
terygio , ore imberbi , corpore albo , ma-
xillâ fuperiore longiore d'ARTEDi , le
Merlan de Rondelet, VAfellus
mollis major , ou albus de Willughby ,
p. 1 70. & de R a y ( Synop. Pifc. p- $$■
». 8. ) • VAfellus candidus primus Je
SCHONNEVELD , p. 1J. V AfellliS mï/WÏ
aktr d'A l d r o V a n d e (L. HL c. 3.
p. 287.); VAfellus mimr & mollis de
Charleion, p. 121. & VAfellus
mollis deJoNSTON (de Pifcib. ) ; en
Suédois Hivitling, en Anglois Witling.
Voyez ce mot.
La neuvième eft le Gadus dorfo
tripterygio , ore cirrato , longitudine ad
latitudinem tripla , pinnîi ani prima offi-
culoritm triginta d'ARTEDi , p. 37. ».
12. Cette efpece de Morue, qui eft
VAfellus mollis latus de Willuchby ,
p. 22. Se de Ray C Synop. Pifc. p. 5 5.
». 9. ) eft VAfellus barbants de C H a r-
leton , p, 121. elle eft nommée par les
Anglois Pouting Tout Se Whiting - Pout.
Sa largeur eft extraordinaire à pro-
portion de fa longueur, & par cette
marque il eft facile de la diftinguer des
autres efpeces de Morue. Les extré-
mités de là queue Se de fes nageoires
font noires.Se à la racine des ouies elle
a des taches noires. Selon Lister ce
poifTon , depuis le bout de fa tête juf-
nu'à la queue , a tout au plus onze
doigts de long , & vers les nageoires
du dos trois doigts 5c demi de large,
M O R ,ï0
La première de fes nageoires du dos
eft triangulaire & s'allonge comme une
corne ; fes écailles font petites Se par-
tout de couleur d'argent, comme le
font celles des Morues molles, Afelli
molles. Ce poifTon , dit Lister, a
l'ouverture de la bouche beaucoup
plus étroite que ne l'ont les Morues
de fon genre.
La dixième efpece de Morue eft
nommée par A r t e d i ( lchth. Part. V.
p. 36. ». 8. ) Gadus dorfo tripterygio r
ore cirrato , corpore fefcunciali , ano in
medio corporis. C'eft VAfellus mollis
mimr , ou omnium minimus deWiL-
L u g h b y , p. 171. & de Ray ( Synop.
Pifc. p. $6. n. 10.); Se VAntbu f ecun-
da.fpecies de Rondelet(L. VI.
c. 12.) Se de Gesner, de Aquat.
Elle e!t nommée Por 8c Power en An-
glois ; Mollo à Venife , Se Capelan i
Marfeille.
R a y ( ibid. p. 5 6. ) , parmi les Mo-
rues <\m n'ont que deux nageoires fur
le dos , compte le Merlu Se la Morue
longue.
Ar te d i(p. 30'. n. 10.) nomme le
Merlu , ou la Merluche , Gadus dorfo
dipterygio , maxillâ inferiore longiore.
Voyez au mot MERLUCHE , pour
la defeription de ce poifTon , ainfi que
pour les Auteurs qui en ont écrit.
Voyez aufli WITLING.
Le même Naturalifte nomme la
grande Morue (p. 7,6. ». 9.), Gadus
dorfo dipterygio , ore cirrato , maxillâ
fuperiore longiore. C'eft la Molua major
de Charleton, f. 121. VAfellus
longUS deSCHONNEVELD,- p. 18.
ainfi que deWlLLUGHEY, p. 175,
Se de Rat ( Synop. Pifc. p. 5 6. ) ; c'eft
auffi le même poifTon que les Suédois
nomment Langa , les Allemands Len-
ge , Se les Anglois Ling.
A r 1 s t o t e ( Hift. Anim. L. VIII
c. 15. Se L. IX. c. 37. ) parle d'une
efpece de Morue , qui fe cache dans le
fable. Quand le poilTon , dit cet Au-
teur , apperçoit les Pêcheurs , il fe
retire dans l'algue ,. dont il fe nourrir-
no M O R
il y refte long-temps caché. Pline
{Hift. Nat. L. IX. c. i(5. & 17. Se
L. XXXII. c. 10.) fait mention de
deux efpeces de Morues, La première
qu'il nomme Callaris mïnor , peut bien
être l'Églefin; Se la féconde Baccbus,
qui eft lYivcç des Anciens , Se notre
Merlu. Rondelet, fous le nom
de Morue n'en donne qu'une efpece.
M. L 1 n n je u s .( Fauna Suec. p. 1 1 o.
;;. 293. 294. 295. 296. & 297. )
ne parle que de Y Afellus varias , qui
eft le Torsk. des Suédois , & qui fe pê-
che dans la mer Baltique Se Occiden-
tale , aux environs de Gothland , Se de
l'Œlande ; de, Y Afellus mollis major
& albus, qui eft le Merlan: les Sué-
dois ie nommenti/iwt/iwg & Widding :
on le pêche dans la mer de Norvège ;
de 1 Afellus vulgarïs major , c'eft le
Çabéliau : il fe pêche dans la mer
Occidentale : les Suédois le nomment
Cabeliao ; de la Monte verte , qui fe pê-
che en grande quantité dans la mer A-
tlantique : on la nomme en Norvège
Sey ; Se enfin de YOnoi des Anciens ,
qui eft YEglefin , Se que les Suédois
nomment Kolia. On pêche cepoiffon
dans la mer Occidentale.
Enfin , M. A n d e r s o n ( p. 154.
jujàu'à 191.) , dans fa curieufe Hif-
toire Naturelle de l'IJlande , nous donne
celles du Çabéliau, de la grande Mo-
rue > de YEglefin, AuWitling, efpece
de Merlan , du Dorfcb , qui eft Y A-
fellus variiis , ou ftriatus , Se enfin du
Charbonnier , qui efti' Afellus minor.
On trouve aufll dans les Ailes d'Up-
fal , 1742. p. 90. & ftàfo.ht deferip-
tion de la Morue verte par M. G r o-
novius , & celle d'une Morue à
deux nageoires fur le dos , nommée
par A R T E D 1 , Gadus dorjo dipte-
rygio fufco ad pinnam dorfi primant, ore
cirrato. C'eft le Wifllefish' des Angloîs ,
Se celle qu'on nomme à Venife Don-
z.tllina.
La Morue vulgaire a trois ou quatre
pieds de long , Se neuf ou douze de
large ,1e corps gros, arrondi, le ven-
M O R
tre fort avancé , le dos & les côtés
d'une couleur olivâtre , fale ou brune,
variée de taches jaunes; le ventre blan-
châtre; une large ligne blanche de cha-
que côté , qui s'étend depuis l'angle
iiipérieur des ouies jufqu'i la queue ,
qui , tant que la cavité de l'abdomen
peut s'étendre , fe recourbe en forme
d'arc, puis va par le milieu des côtés
droit à la queue ; de petites écailles ,
très -adhérantes à la peau; deux grands
yeux couverts d'une membrane lâche
Se diaphane ; l'iris eft blanc : elle a un
barbillon unique, à peine long du doigt,
qui lui pend au coin de la mâchoire in-
férieure ; la langue eft large , ronde ,
molle , dépourvue de dents : pluiieurs
rangées de dents aux mâchoires , dont
une eft compofée de dents beaucoup
plus longues que les autres : or en-
tre les dents fixes , il s'en trouve plu-
fleurs de mobiles , comme dans le Bro-
chet ; au haut du palais Se au bas près
de l'orifice de l'eftomac , ainfi qu'entre
les dernières ouies , on obferve de pe-
tites dents preffées ; elle a trois nageoi-
res au dos , dont l'antérieure eft formée
de quatorze rayons , & les deux autres
de dix-neuf chacune ; les nageoires
des ouies font compofées chacune de
dix-huit rayons ; celles du ventre ou
plutôt de. la poitrine , ( car dans ce
genre de poiffon , elles font fituées plus
en devant que les précédentes ) , ibnt
chacune de fix rayons feulement. Ce
poiffon a de plus deux nageoires après
l'anus , dont l'antérieure a vingt rayons
Se la poftérieure feize ; la queue pref-
que plate , Se nullement fourchue : le
premier rayon delà première nageoire
de l'anus eft court Se épineux ; l'efto-
mac eft grand , & ordinairement rem-
pli de Harengs ; l'inteftin eft entouré
d'appendices au deflbus du pylore , ou-
tre celles qui en fortent par un côté ,
comme dans l'Alofe , lefquelles font
divifées en fix troncs , & chaque tronc
en plufieurs branches , puis les bran-
ches le font en cercles; la véficule du
fiel eft grande ; le canal cyftique eft
pénétrant
M O R
pénétrant dans l'intettm au-deffbus des
appendices; le foie eft divifé en trois
lobes , les reins continués dans toute la
longueur du dos , & même au-delà de
l'abdomen; la veflie de l'air , quîfert
à nager , attachée au dos , eft épailfe ,
gluante Se prolongée par de -là la ca-
vité de l'abdomen ,8c l'anus , que des
gens de bon goût préfèrent , dît Tur-
nerus, à toutle refte :lapeaueftmolle
& épaîiTe. 11 eft à remarquer que les
conduits excrétoires du pancréas, qui
dans ce poifïbii font au nombre de fix ,
fe trouvent fort ouverts , de même que
dans piefque tous les autres poiflons ,
au-lieu que les conduits excrétoires de
la bile font fort reflerrés. Quant à la fa-
veur & à la couleur dufuc pancréati-
que , elles ont quelque rapport avec
celles de la femence tirée des véficules
féminales du Taureau , & des profta-
tes du Chien. Ce pohTon excite un goût
rance dans la gorge, & quelquefois il
eft un peu amer Se jaune.
Rondelet dît que la Morue croît
i'ufqu'à une coudée & plus : elle eft
arge d'un pied. Quoiqu'elle ait les
yeuxafiez grands., elle ne voit gueres
clair , d'où vient le proverbe François ,
yeux de Morue , qui fe dit de ceux qui
ne voyent pas bien clair , comme il
arrive le plus fouvent aux perfonnes
qui ont de grands yeux fortant de la
tête , 8c la prunelle large. Les Grecs
n'ont rien dit de ce poîrtbn, fi connu
dans nos contrées , pareequ'il ne fe
trouve ni dans le Pont-Euxin , ni dans
la Méditerranée. Les Anglois Se les
Holbndoîs prennent tous les jours dans
la mer Baltique une infinité de Morues
qu'ils falent au Soleil , & qu'ils dé-
bitent à leur profit dans toute l'Euro-
pe. La pêche de la Morue , dit Schon -
keveld , eft fans contredît un plus
grand objet du commerce , ainfi qu'une
des preuves les plus éclatantes de la
Providence Se de la bonté de Dieu ,
qui fait abonder cepoifibn dans les pays
Septentrionaux , en Dannemarck , en
Norwege , en Suéde , en Mande ,
Tome III.
M O R ï2t
dans les Ides Orcades, dans plufieu s
endroits de la Mofcovie , tk dans d'au-
tres contrées qui ne produifent pohir
de froment , à canfe du trop grand,
froid , & de l'inclimence de l'air ; car
pour peu que la pèche en foit favo-
rable , non-feulement tous les habitans
fe nourrifTent de ces poiflons tant frais
que féchés au lieu de pain ; mais ils
en vendent encore une extrême abon-
dance à des Marchands étrangers , qui
les tranfportent dans l'intérieur de l'Eu-
rope , où ils en font grand débit.
Cependant , comme l'a remarqué
M. P l u c h e , les Morues font peu
fréquentes dans nos mers. Leur ren-
dez-vous général eft au grand banc
devant Terre-Neuve , vers le Canada.
C'eft dans cet endroit qu'elles tiennent
pour ainfi dire leurs grands jours , Se
la quantité en eft telle , que les Pê-
cheurs qui s'y rafTemblent de toutes
les Nations , ne font occupés du ma-
tin au foir qu'à jetter la ligne , à re-
tirer , à éventrer la Morue prife , Se
à en mettre les entrailles à leur ha-
meçon pour en attraper une autre. Un
feul homme en prend quelquefois juf-
qu'à trois ou quatre cens en un jour.
Quand la nourriture , qui les amorce
dans cet endroit, eftépuifée , elles fe
dîfperfent 8c vont faire la guerre aux
Merlans , dont elles font fort friandes.
Ceux-ci fuient devant elles , 8c c'eft
à la chafle qu'elles leur donnent , que
nous fommes redevables des fréquens
retours des Merlans fur nos côtes. C'eft
ainfi que Dieu a pourvu à la confer-
vation despoiffons, :n donnantaux uns
la force , aux autres la légèreté & la
prévoyance , en les multipliant tous
d'une manière fi prodigieufe , que leur
fécondité furpalTe leur ardeur naturelle
à fe dévorer , 8c que ce qui s"en dé-
truit , eft toujours fort au - defious
de ce qui fert à le;; renouvtller pour
notre fervice. Quelque grand que foit
le nombre des Morues qui font con-
fommées par les hommes chaque an-
née , ou dévorées en mer par d'au-
Q
122 M O R
très poîfloiïs , ce qui en refte eft tou-
jours plus que fuffifant pour nous en
redonner un pareil nombre un an ou
deux après. Léeîenhoeck a
trouvé que la fomme totals des œufs
que porre une Morue ordinaire fe monte
à neuf millions trois cents quarante-
quatre mille œufs.
La Morue vulgaire , ou le Çabéliau ,
dit M. A N d e R s o N , eft le prin-
cipal Se prefque le feul poiffon , dont
fe nourrirent les habitans d'Iflande. 11
eft appellé de même Kabéliau par les
Hollandois Se par tes bas Saxons ; par
les hauts Allemands Belth ; par les
Danois Kablag, ou Torsk,, qui eft le
nom général de toutes les efpeces ;par
les Angloïs il eft nommé Codroit Cod-
jjfcb , Se dans certains endroits Kéeling.
Ce poifion eft fi bien connu , que je
me crois difpenfé , continue ce Na-
turalifte , d'en donner ici la defeription,
8c fa chair eft d'un goût fi exquis ,
qu'il paife généralement par-tout pour
un manger délicieux. 11 fe nourrit de
toutes fortes depoiflbns, principale-
ment de Harengs , Se de gros Se de
petits Crabes de mer , comme on le
voit tous les jours dans ''eftomac de
Ceux qu'on pêche proche HilgJand à
l'embouchure de l'Elbe. On ne fau-
roit trop admirer la faculté inconce-
vable pour digérer que la. Nature a
donné à cette espèce d'animaux. Tour
petit poifton avalé eft entièrement di-
géré en moins de fix heures , comme
l'expérience le démontre.
Les Pêcheur? de nfle de Hilgeland
pour prendre du Scbtlfifch * mettent
leurs hameçons en mer pour fix heu-
res , en fe réglant fur la marée, qui ,
comme tout le monde fait , change
toujours après cet intervalle de temps :
or , fi bientôt après que l'hameçon a
été jetté , ur Çabéliau avale unSchel-
fifib, qui s'y étoit pris auparavant , on
trouve , en retirant la ligne au chan-
* Le poiflbn , nommé Scheffîfch , eft aufTi
une e.pece de petite Morue écaîfieufe , appel-
ke en Angloïs Haddwfe, ou Hadoche ; & en
M O R
gement de la marée , que le Schèlfifck
eft déjà digéré , Se que l'hameçon qui
l'avoit pris tient alors au Cabéliau ,
fi bien qu'il fert à le tirer de l'eau.
Si , au contraire , il n'a avalé le Sihel-
fijeh qu'un peu de temps avant qu'on
ait retiré la ligne , il s'efforce à con~
ferver fa proie avec tant d'acharne-
ment , qu'il fe laide enlever en l'aîr
avec elle ; mai» il l'abandonne aufli-
tôt , Se fe replonge au fond de la mer.
On apperçoit encore plus clairement
la force de cette faculté digeftive dans
des Cabéliaux, qui ont avalé de gros
Crabes ; 8e quoiqu'on ne fâche pas au
jufte , fi ce peut être à caufe de l'écail-
le , il ne leur faut gueres plus de
temps, que pour digérer un ,\ heififeh,
M. A n d e R s o n a néanmoins appris
des plus expérimentas Pêcheurs de
Hilgeland , que l'écaillé eft d'abord la
première attaquée dans les eftomacs
de ces poîftons : elle devient bientôt
aufli rouge qu'une Écrevifte qu'on fait
bouillir dans l'eau ; elle fe diffout en-
fuite en forme de bouillie épaifte , &
à la fin elle fe digère tout-à-fait. Les
Tortues de mer font de même digé-
rées dans l'eftomac du Crocodile , fé-
lon le rapport du P. F e u i l l é e ,
Continuation du Journal des Objerva-
tions rhyfiquei , p. 375;.
Je nefaurois, dit M. Anderson ,
m'empêcher de remarquer ici en paf-
fant que ce poifton ïnfatiabic a reçu de
la Nature un avantage- fingulîer, que
beaucoup de nos gourmands fouhai-
teroient pouvoir partager avec lui •
c'eft que toutes les fois que fon avi-
dité lui a fait avaler un morceau de
bois , ou quelque autre chofe d'indî-
gefte , îl vomit fon eftomac , ]p retour-
ne devant fa bouche , Se après l'avoir
■vuidé Se bien rincé dans l'eau de mer,
il le retire à fa place , Se fe remet fur
le champ à manger, Ce fait eft avéré
entr'autres par D e n i s , dans fa De/-
Fnnçois elle, porte les noms je Hadau ,
Aiglefin ou Aigrefin , ainfi que celui de Ca-
pelan.
M O R
tription des cotes de l' Amérique Septen-
trionale, où il décrit fort exactement
toute la pêche & la préparation des
coiffons , comme elle fe fait fur les
côtes de Terre-Neuve, en remarquant
en même temps que la Monte verte
ou blanche , Se la Morue feche ou Mer-
luche , fe font du même poiffon , Se que
la différence de la dénomination ne
vient que de la façon différente de le
préparer. Il faut obferver après tout
que la Morue verte , qu'on embarque
auffi-tôt que le poiffon eft coupe , Se
que, fans l'entonner, on range par cou-
ches avec du fel dans le vaiffeau , n'eit
autre chofe que du Cabéliau falé ,
connu parmi nous ( à Hambourg) fous
le nom de Labberdam , de même que
la Morue feche , reffemble beaucoup à
notre Klippfifch. Voyez LABBER-
DAM Se KLIPPF1SCH. Cette
Morue-ci eft plus petite que la verte ,
& avant que de s'embarquer on la fale
furie bord de la mer: on la lave en-
fliJte dans la mer même , & après avoir
laiffé dégoutter l'eau fur des claies ,
on la range une à une fur des bancs
de pierre , Se après cela entas pour la
iaiffer bien lécher ; on l'enta ne enfin
dans le vaiffeau fur des fagots , Se on
la tranfporte aïnfi en France.
Les lllandois , continue toujours
M. Anderson, pèchent ce poif-
fon à l'hameçon , en y attachant pour
amorce un morceau de Moule, ou de
mâchoire fraîche Se rouge d'un Cabé-
liau récemment pris : mais il mord
bien mieux fur un morceau de viande
crue Se chaude , ou fur le cœur d'un oi-
feau , tel qu'une Mouette , Se qu'on
vient de tuer. Il eft certain que de cette
dernière façon un Pêcheur prend plus
de vingt poiffons pendant qu'un autre,
qui fera à côté , n'en prendra qu'un
avec l'amorce ordinaire. C'eft auffi
pour cette raifon que ces artifices , trop
avantageux pour un feul particulier,
iont défendus par un Edit du Roi de
Dannemarck , dans le temps ordinaire
de la pêche. En effet , un peu avant ce
M O R tzy
temps-là , la quantité de ces poiffons
eft fi prodigieufe dans ces endroits,
que leurs nageoires du dos fortent de
l'eau , & qu'on les voit fouvent mor-
dre à un fïmple hameçon de fer fans
amorce.
Le véritable temps de la pêche de
cette forte de poiffon commence à la
Chandeleur, Se dure ordinairement juf
qu'A la Saint Jacques Se Saint Philippe,
Le temps devenant alors plus chaud,
on ne peut plus préparer le poiffon
pour le garder. On remarque généra-
lement que les différentes efpeces de
Morues montent toujours contre le cou-
rant de l'eau. La pêche s'en fait pen-
dant le jour fur la haute mer Se dans
les golfes profonds , Se pendant la nuit
dans les endroits qui n'ont pas plus
de fix braffes d'eau , Se dans d'autres
où les flots violemment brïfés contre
les bancs de fable Se les rochers l'em-
pêchent de fe fauver. Le meilleur Se
le plus délicat eft pris dans la haute
mer à quarante ou cinquante braf-
fes de profondeur , où il trouve fi
nourriture la plus convenable. Celui
qu'on pêche fous la côte, ou dans les
golfes peu profonds , n'eft pas à beau-
coup près ni fi bon , ni fl tendre.
Les lllandois fa vent préparer avec
ce poiffon deux fortes de Stocfifcb , qui
eft dans ce pays auffi tendre Se auffi
délicieux que dans aucun autre. Voyez
au mot STOCFISCH , la préparation
de ces poiffons.
La première forte , qu'on appelle
Flacfifch , du mot Fiackjen, qui veut
dire fendre eft la meilleure , la plus
délicate Se la plus chère. On le pré-
pare de la façon fuivante. Les Pêcheurs
étant arrivés à terre avec leur poiffon
le jettent fur le rivage , où les fem-
mes qui les y attendent, pour cet effet,
lui coupent fur le champ la tête , Se ,
après l'avoir vuidé , le fendent du côté
du ventre du haut en bas. Elles luï
ôtent enfuite l'arête du dos , depuis la
tête jufqu'd la troifieme vertèbre au-
deffous du nombril , pareeque c'eft
Qij
n4 MO R
fous cette arête principalement que le
poiflon commence à fe gâter. Cet ou-
vrage étant fait , les femmes empor-
tent fur leur dos les têtes coupées ,
dont elles font leur repas: elles brû-
lent les arêtes en guife de bois , Se les
foies leur fervent à faire de l'huile.
Les hommes mettent enfuite ces poif-
fons fendus par petits tas , les uns au-
deffus & à côté des autres , fans ce-
pendant y mettre de fel , Se le laif-
fent fermenter en cet état , pendant
trois ou quatre femaines, félon que le
vent eft plus ou moins fec , pénétrant
Se confiant. Ils conftruifent après cela
des bancs quarrés de cailloux de riva-
ge , fur lefquels ils rangent le poiflon
pour le fécher , en forte que la queue
de l'un foit à côté du ventre de l'au-
tre , & que la peau de tous foit tour-
née eu haut , pour empêcher que
la pluie ne le pénètre , ce qui feroit
venir des taches fur la peau du poif-
fon. Lorfque le temps eft au beau , Se
que le vent fouffle beaucoup du Nord,
il ne faut qu'environ trois jours pour
fécher le poiffon à fon point. Quand il
eft bien fec , on en fait des tas de !a
Jrauteur d'une maifon , Se fans les cou-
vrir , on les laifîe expofés aux injures
du temps , jufqu'à ce qu'on les débite
aux Négocians Danois , qui , en rece-
vant cette marchandife, l'entaflent de
même , & la laiffent en cet état juf-
_ qu'après, la Saint Jean , qu'ils la char-
gent dans les vaiiTeaux.
La deuxième forte de Stocfjfch , que
les Iflandois préparent du Cabéliau ,
porte le nom de Hengfifch , du mot
Hengen , qui veut dire jufpendre. On
commence d'abord à le préparer de
la même manière que le Fiacfîjtb , fî-
non qu'au-lieu de lui ouvrir le ventre,
on le fend du côté du dos , Se après
en avoir ôté l'arête , on fait une fente
d'environ fept ou huit pouces de long
au haut de l'eftomac, pour pouvoir le
fufpendre. On le couche enfuite par
terre , 8c pendant qu'il y fermente , on
élevé quatre parois de petits mor-
M O R
eeaux de rocs entafTés légèrement les
uns fur les autres , & fans aucune liai-
fon , afin que le vent y pafte facile-
ment de tous côtés. On couvre le- tout
avec des planches Se des gazons. Lorf-
que le poiflon a ceffé dé fermenter , on
l'ôte de la terre , & on le palfe par la
fente fur des perches de bois , qu'on
fufpend les unes à côté des autres ,
dans des cabanes conftrnites de rocail-
les. Le poiffon s'étant à la fin bien fé-
ché à l'air , on l'ôte des perches , Se on
l'arrange par tas de la manière précé-
dente.
Il y a , dit M. Anderson, une
différence confidérable entre le poif-
fon féché fur un rivage abondant en
cailloux ou pierres , & un poiflon féché
fimplement fur le fable. Le premier
devient beaucoup plus ferme , plus
blanc Se plus durable , au-lieu que
celui-ci, qu'au défaut de pierre on
étend fur l'arête que l'on a ôtée du dos,
devient jaune , Se ne fe conferve pas
il long-temps que l'autre. Si un poif-
fon fi gros Se fi gras , préparé fi négli-
gemment fans fel, Se entaifé en plein
air , fe conferve fans pourriture , de
façon qu'envoyé dans d'autres climats,
il fe earde pendant plufîeurs années ,
c'eft le froid pénétrant du pays , prin-
cipalement dans le temps où on pré-
pare ce poiflon , la pureté de l'air , Se
l'a lécherefle étonnante des vents du
Nord , qui ébattent abfoîument toute
l'humidité , qui eft la caufe intrinfeque
de la fermentation Se de la putréfaction.
De plus , dans cette Ifle , du temps de
la préparation de ce poiflon , il n'y a
point, de groffes Mouches , Se le petit
nombre de ces infectes , qui pourroit
s'y trouver dans la fuite, ne touche
plus au poilTon préparé , à caufe de fon-
odeur de marécage qui paroît leur ré-
pugner; par conféquent ce poiflon n'cll
jamais infecté de lmirs oeufs Se Vers,,
qu'on peut regarder comme la caufe
intrinfeque Se véritable de la putré-
faction. Tout ceci , joint enfemble -
fait comprendre très-parfaitement ce
M OU
Çuî eft la eaufe que ce poiflbn feC peut
fe conferver fi long-temps.
Dans les Mes" de Weftmanoë , on
prépare le Cabéliau à la façon de Nor-
vège , pour en faire une efpece de
Stocfifch,^ on appelle Rothfchoer. On
fend le poiflbn du côté du dos , auffi-
bien que du côté du ventre , en forte
que les deux moitiés ne tiennent en-
ftmble que par l'extrémité de la queue.
On le couche enfuite par terre pour
le laiifer fermenter, & on le faitfécher
après cela , en le fuipendant fur des
perches de bois , tendues dans des ca-
banes de rocailles fans toit. Cette ef-
pece de Stocfifch eft confommée dans
le pays même : on tranfporte rarement
ce poifïbn , parceque les habitans de
ï'Ifle n'ont point de commerce avec
les Marchands ordinaires de Rothfchoer,
qui tirent toutes leurs provifions- de
Norvège où ils ont des comptes ou-
verts , Se une relation intime Se culti-
vée depuis nombre d'années. Les Fli-
bustiers Hollandois ont une autre ma-
nière de préparer le Cabéliau fur leurs
vaifleaux , Se ils lui donnent alors le
nom de Labberdam. Ils- ne font autre
chofe que de lui couper la tête , Se
après l'avoir vuidé da côté du ventre ,
ils le rangent dans des tonneaux avec
des couches de gros fel. Voyez LAB-
BERDAM.
Voilà ce que M, Anderson nous
apprend de la pêche Se de la prépara-
tion du Cabéliau , dont on fait deux
fortes de Stocfifc h , comme on vient. de
le voir.
La 'grande Morue, qui eft le Ling
des Anglois , en Latin Afellus îon-
gus, eft la dernière efpece dont j'ai
donné plus haut la notice ; elle n'a
que deux nageoires fur le dos. Cette
Morue eft au (Il une efpece de Cabé-
liau; elle eft plus mince Se plus lon-
gue que l' efpece ordinaire. Ce poiflbn
a la peau extrêmement gratte Se de bon
goût , & fon foie paffe pour un man-
ger excellent. On fait auffi de ce poif-
fon deux fortes de Stocfifch, c'eft-à-
M O R ï2$
dire du Flacfifch Se du Hengfifch , dont
la préparation eft la même que d-
deflus ; mais ils ne valent pas ceux
qu'on fait du Cabéliau même , Se les
Iflandoisfont obligés de le confommer
dans le pays , parceque les Norvé-
giens favent préparer de ce poiflbn.
Ils ne réuffi'ïènt pas non plus à faire
ce qu'on appelle Klippfîfch, ou Poijfon
de Rocher. 11 porte ce nom des rochers,,
ou des cailloux unis fur lefquels on
l'expofe , pour le faire fécher. Cette
efpece de Stocfifch eft aflez mauvaîfe
Se fe corrompt aifément , ce qui eft
caufe qu'on n'en envoyé pas hors du
pays. Les Hollandois au contraire qui
ne font pas fort éloignés de cette Ille,
favent préparer de ce même poiflbn
leur excellent Klippfîfch , ce qui a mis
leur lûe, dit l'Auteur, d'ailleurs affez
inconnue, dans une efpece de répu-
tation. Ainfi les Iflandois ont leur Fiac-
fifeh Se llen^ffch , les Norvégiens
leur Rundfifch Se les Hïttlandois leur
Klippfîfch , Se chacune de ces Nations
a fon fecret particulier pour commer-
cer avec l'Etranger, fans qu'elles puif-~
fent fe nuire.
Le Witling eft le nom qu'on donne
dans le Nord à une efpece de Merlan.
Le Dorfch , YAfellus varias , oùflria-
tus, le Schelfîjch, VÉglefi», le Char--
bonmer , VAfellus niger , font des dif-
férentes eipeces de- Montes , ■ dont je
parle à ces articles , d'après M, A n-
de KSON. Voyez ces mots,
La Mante fraîche eft un" excellent"-
manger. Les mâles valent beaucoup ■
mieux que les femelles. Il y a vers le
Canada un banc de cent lieues de long ,
qu'on appelle le grand Banc de Monte , ■
parceque la meilleure Morue que nous •
voyons en France , Se qu'on appelle
Morue nouvelle- de Terre-Neuve -vient-'
de ce pays-là.
Il y a , dit F r e z i e r , p. iïo. une
efpece de Morue , que l'on pêche à la -
côte de Chili , vers les mois d'Octo-
bre , de Novembre Se de Décembre,
On voit à la Chine une efpece dè
M O R
M O S
poîfTon , qui reffemble à la Morue de
Terre-Neuve. 11 s'en fait une confom-
mation incroyable dans la faifon qui
lui eft propre, Se il s'en vend une quan-
tité prodigi'eufe de falée dans le lieu
même de la pêche.
La Morue , difent les Auteurs de
la Suite de la Modère Médicale ,
Tome II. Tart.L p. 62. . contient beau-
coup d'huile Se de fel volatil. Elle
doit être choifîe blanche , tendre ,
nouvelle Se de bon goût. Ce poiflbn
fe mange frais ou fec. On l'appelle
Monte r ou Moine quand il eft frais , Se
il retient le nom de Merluche quand il
a été féché. La Morue eft pour ainfi
dire le Bœuf des jours maigres , & c'eft
un fort bon manger quand elle eft nou-
velle. Elle s'apprête de plufieurs fa-
çons , mais quand elle a été falée , on
doit la bien faire deflaler avant que de
la manger , pareeque fans cela elle
altère Se échauffe beaucoup. Ce poif-
fon convient en tout temps , à toutes
fortes d'âges Se de tempéramens. Sa
peau eft grafle 8c de bon goût , Se fort
foie patte pour un excellent manger,
W 1 L l v G h b y dit que les grolTes têtes
de Morues font fort recherchées des
gourmands pour leur délîcatefle 5c
fervies fur la table des riches , comme
un mets des plus exquis. La Morue eft
de peu d'ufage en Médecine. Ses dents
paflent pour être absorbantes Se pro-
pres pour arrêter les cours de ventre
Se les crachemens de fang : la dofe en
eft depuis dix grains jufqu'à un demi-
gros. Les pierres qu'on trouve dans
fa tête ont la même qualité & fervent
aux mêmes ufages. On employé enco-
re la faumure comme réfolutive Se def-
ficative , étant appliquée extérieure-
ment. On la mêle dans les lavemens Se
elle eft laxative , pareeque contenant
beaucoup de fel , elle irrite & picote
les glandes înteftinales & en fait fuin-
ter plus de liqueur qu'il n'en fortoit
auparavant. Quant à la Merluche , c'eft
un aiïez mauvais aliment, parcequ'elle
eft dure , coriace Se difficile à digé-
rer; c'eft pourquoi elle ne convient
qu'à de bens eftomacs : cependant
quand elle a été bien battue Se qu'elle
eft bien apprêtée , foit à l'huile, foit
au beurre , elle ne laifiTepas d'être pref-
que auifi bonne que la Morue. Il y a
bien des gens qui s'en font un ragoût.
Les Auteurs qui ont écrit fur ce genre de
poiilon , (ont Belon, Rond blet, G ê s-
ner, Aldrovande, Jonston, Ch,r-
LETON , WlLUICKBÏ, R A Y , M. G R O-
novius dans les Aftts d'Uj>fal> M.Klein.
Mif. 4. & k s autres.
M O S
M O S E , forte de bête , qui fe
trouve fréquemment dans la Nouvelle
Angleterre. Elle eft de la grandeur
d'un Taureau , ayant la tête d'un)
Daim , avec les cornes larges , qui
muent tous les ans. Elle a le col com-
me un Cerf , le crin fort court, qui
defeend du col le long du dos ; les
jambes longues , de grands pieds à la
manière des Vaches Se la queue un peu
plus longue que celle des Daims. La
chair de cet animal eft d'un allez bon
goût. Les fauvages la gardent long-
temps féchée au vent : elle eft auÛS
épailfe que celle du Bœuf Se n'eft pas
moins utile à bien des choies. Ces
bêtes fe trouvent en quantité dans une
Me près de la terre ferme, 8c les Sau-
vages les prennent en allumant plu-
fieurs feux : après quoi ils environnent
le bois Se les chaflent vers la mer , où
elles fe jettent. Ils les y pourfuivent
avec leurs canots Se les tuent. Cet ani-
mal eft le même que le Moos de Ray
MOSKA-KAZKA, nom qu'on
donne du côté de Gênes au Marmot,
elpece de Singe. Voyez MARMOT
MOSQUILES, efpecesde
CGufins , qui font un fléau à la côte
d'Or, fur-tout pendant la nuit, près
des bois Se dans les lieux marécageux.
Leur aiguillon eft fi pointu, que pé-
nétrant la chair , auffi-tôt il y caufe
une enflûre fort douloureufe. Hifloire
G 'né r. des Voyag, Tome XIV. p. 2 z 3 ,
Edtt. in- la.
MOT MOU
Philips (ibid.Tome XV. p.ioi>
3it qu'à la côte des Efclaves en All-
oue les Nègres font fort tourmentés
de ces Mofquiles; que la moindre de
leurs piquûres enflamme la chair Se
caufe de l'enflure avec une démangeai-
fon exceffive. Le meilleur remède que
l'expérience ait appris à l'Auteur eft
de frotter la partie bleffée avec du jus
de Limon , ou du Vinaigre. La dou-
leur n'augmente un moment que pour
s'appaiferpreique auffi-tôt; mais ceux
qui veulent écarter ces fâcheux ani-
maux pendant la nuit, n'ont pas d'au-
tre reflburce que de faire veiller un
Nègre avec un grand éventail de peau,
qui fert en même temps à rafraîchir
l'air.
Les Nègres de Sierra-Leona font
suffi très-îneommodés 8c infectés de
ces Mofquiles.
MOT
JVI O T M O T , oifeau du Bréfil ,
qui esA d'un rouge bai. 11 eft de la gran-
deur d 'jin Pigeon. Sa tête eft grolfe ,
fon col cocirt , fon bec petit Se épais, tait
comme celui des Poules , defquelles il
approche aulïi par la figure de fes pieds;
les maîtreffes plumes des ailes font
d'un bleu verdâtre: le bec eft bordé
de quelques plumes noirâtres. Cet oi-
feau bien apprêté eft fort bon au goût ,
au rapport de ceux qui en ont mangé,
dit S ! b i, qui en donne la figure ,
Thef. I. Tab. Cj.n.i,
MOU
MOUCHE*, infecte volant ,
dont bien des genres Se des efpeces.
Il y en a qui n'ayant que des moitiés
d'ailes , font mifes par M. L i N N M u s
dans lepang des Infecta herniptera : telle
eft la Mouche qui a la figure d'une
Punaife , Mufca Cimiciformis , félon
Ray {Inf p. $6. «.3.) Se qui fent
fort mauvais, nommée par le Natu-
* La Mou:he porte en Hébreu le nom de
y.ebw') ; cette forte .l'infecte eft nommée en
Cbaldéen , Debbm ; en Syriaque , Debaba i
MOU 127
ralifte Suédois ( Fauna Suec. p. 203.
n. 6$j.) Cimex roftro acuto , antennis
apice capillaceii , corpore oblongo , ni-
gro , Se connue de F r. i s c h , p. 22.
8c deLiSTER , p. 307. une autre de
la même figure, qui eft la fexta Mufca
Cimiciformis de Willughb 1, dit
Ray {.Inf, p. 56. ». 6*.), dont parle
auffi Lister ( Muf t. 3 7. n. 2 o, ) f
Se nommée par M.Linnjeus, p. 206",
n. 656". Cimex ovatus, anticè attenua-
tus , cinereo-exalbidus , an tennis incar-
natis.
D 'autres Mouches ont les ailes ner-
veufes Se font par conféquent mifes
dans le rang des Infetla neuroptera :
telle eft la Mouche-Scorpion , nommée
par M. LinnjEus, p. 221. «.720,
Pamrpa , Se par les autres Natura-
lîftes , comme Aldrovande {Infecl.
p. 3 96. & 3 87. ) , M o u f f e t ( Edit,
Lût. p. 6z.) , H O FFN A G E L, M. DE
R É a u M u R , Se les autres , Mouche
Scorpion , en Latin Alufca Scorpio ,
ou Scorpio Mufca. Cette Mouche ha-
bite dans les prés , de même que deux
Mouches aquatiques , dont l'une à qua-
tre ailes 8e l'autre à deux , nommées
Hemerobius dans les Actes â'Upfal , Se
dont M. Linn^uS ( p. 225. n. 744. C7"
«. 745 •) parle fous le nom générique
de Vhryginea.
D'autres Mouches ont les ailes mem-
braneufes , Se font rangées parmi les
Infecta hymenoptera ; telles font les
Mouches Ichneumons , dont je donnerai
ci-après t'hiltoire , fuivant ce qu'en a
écrit M. d e R É A u m u H. Parmi ces
Mouches Ichneumons , on compte la
Mouche à coton , dont il eft parlé dans
le Journal des Savans , année 1713.
p. 474. M. L 1 N N je u s ( Fauna Suec,
p. 289. & fuiv. ». 9Ji. jufqu'à 9 9 7 . )
donne trente-fept efpeces A' Ichneu-
mons , tant Guêpes que Mouches.
Parmi les Mouches à deux ailes r
Infecta diptera , le même Auteur place
en Arabe, Dfebab ; en Italien &enEfpagnoî,-
Mofca ; en Allemand Stiege , ou Mouk; en
Anglois, Stic.
i»8
MOU
MOU
.d'abord celles qui ont des atguîUons ,
Se ce font celles qu'on nomme Œjïnts,
ibid, p. 305. n. 1024. jufqu'à 129.
..Entre ces Mouches , les unes s'atta-
chent fur le dos des Bœufs , les autres
fur celui des Cerfs , d'autres aux nari-
nes des animaux ruminans , Se d'au-
tres au fondement des Chevaux. M,
L 1 n n ^ u s .en donne de fix efpeces
différentes.
Les Moucher Afyles, connues fous le
nom d'Afylus, dont les unes s'atta-
chent aux troupeaux , & les autres à
différentes plantes , font auûl des Mou-
,chcs à deux ailes. Le même Auteur
(p. 308. n. 1030. jufqu'à 1042. ) en
fait connoître de treize efpeces.
Les Mouches à Chien, en Latin Hip-
pobofca, dont deux efpeces , font en-
core des Mouches à deux ailes , fuivant
M. Li-fîNjEus, ibid. f. 310, n. 1043.
■:& 1-044.
Sous le nom générique de Mufca,
ce favant Naturalifte Suédois { ibïd.
p. 313. n. 105 1. jufqu'à 1066.) par-
tage d'autres Mouches à deux ailes ,
-en Mouches, dont les ailes font variées,
alis vartegdûs , Se il en fait connoître
de lêîze différentes elpeces ; en Mou-
.ches , ap pe liées velues , en Latin hit-
Jute ( ibid. p. 3? 5. n. 106 7, jufqu'à
1075.), dont neuf efpeces ; on trou-
ve de ces Mouches dans les jardins ,
d'autres dans les boic , d'autres recher-
chent les excrémens de l'Homme, du
Bœuf Se du Cheval ; en Mouches de
différentes couleurs, variegau (ibid,
p. 318- n. 107 6. jufqu'à 1 088. ), dont
treize efpeces : en Mouches qui fe nour-
riffent d' Aphys , Aphydivorœ (p. 321.
n. 1089. jufqu'à ,1007.), dont neuf
différentes fortes : en Mouches dorées,
en Latin aurai a {ibid. p. 324.W. 1008.
jufqu'à 1104. ), dont fept efpeces ;
la plupart s'attachent aux cadavres :
,en Mouches vulgaires , vulgares s le
jnême M. Linn£US (Fauna Suec.
p. 325. n. 1105. jufqu'à 11 14. ) en
'donne de fept efpeces ; les unes vi-
vent de chair fraîche , les autres de
fromage , & les autres répandues dans
les jardins Se les campagnes viveur de
tout ce qu'elles trouvent. Suivant cette
notice, que je donne des Mouches 3
dont il eft fait mention dans la Fauna
Suecïca de M. Linn^eus , on voit qu'il
y en a de plufieurs genres Se de plu-
fieurs elpeces. Elles différent toutes ,
ou par leur grandeur , ou par les par-
ties dont elles font compofées , ou par
leur couleur, ou fuivant les lieux quî
les produifent. Les unes font grandes ,
les autres moyennes , les autres peti-
tes. On en voit qui ont la tête groffe ,
d'autres qui l'ont petite ; une efpece
qui a le ventre gros , une autre qui
l'a court , .mince Se fec. Plufieurs font
velues, plufieurs fans poils; plufieurs
ont des efpeces de cornes , plufieurs
n'en ont point ; plufieurs ont le front
large , comme des Fouines ; plufieurs
font femblables à des Vipères : en gé-
néral il y a des Mouches domefiiques Sç
des Mouches fauv âges.
La Mouche eft le plus connu deWus
les infectes. Elle incommode en été
les hommes & les animaux. C'efl: un
petit animal lafeif, très-nui'fible , qui
fe nourrit de chair la plupart du temps ,
Se en tire pour aînfi dire fon origine.
Il y en a un très - grand nombre de
différentes efpeces , en forte qu'on
pourrait faire un Traité complet fur
cette matière.
Les Mouches fe plaifeut dans les
lieux humides Se chauds. On en voit
en quantité dans la Pouille. Autrefois
l'Efpagne en étoit fi remplie , qu'il y
avoit des hommes ^prépofés pour y
faire la chafïè. En Egypte le nombre
en étoit fi grand , que l'air retentiffoit
quelquefois du bruit qu'elles faifoient
en volant, fur-tout dans les lieux où on
avoit élevé des pyramides. Les Mouches
fréquentent lesfépulchres. Elles volent
par .effaims à Aftracan , prts de la mer
Cafpienne , fuivant le rapport des Na-
vigateurs Anglois. Elles fuient les mi-
nes Se les carrières, à caufe des va-
peurs Se des exhalaifons perniçieufes
qui
MOU
quî y font renfermées. A Rome elles
n'entroient point dans un Temple dé-
dié à Hercule, qui étoit fitué dans
le Marché aux Bœufs, ni dans celui
de Venus à Paphos , fi nous en
croyons Apollonius.
Les Mouches fe nourrirent de tou-
tes fortes de chofes. Elles aiment le
lait , le miel , non celui de Grèce ,
pareequ'il fent le Thym , dont les
Abeilles de ce pays tirent le fuc pour
compofer leur miel, la Berce, plante
dont la fleur eft ileurdelifée à l'extré-
mité du calice , & les cadavres. Des
Natun-.liir.es ont voulu que les Mou-
chas peuvent être produites de trois
différentes manières. Les unes s'accou-
plent, & la femelle produit un petit
Ver, qui devient \me Mouche : ce font
les ovipares. Quelques - uns veulent
que la Mouche femelle après le coït
n'engendre point un Ver , mais une
petite Mouche toute formée , qui au
bout d'un cerrain temps fort de fa
Nymphe 8c s'envole ; ce font les vi-
vipares. ScaliGer dit qu'il y a de
certaines Moucha qui proviennent de
pourriture , ou de quelque autre ma-
tière , difpofée pour cela par la Na-
ture. Kni V et, Angiois a obfervé ,
dit M oufFET, que le corps pourri ,
■du moins un peu meurtri , d'une Che-
nille , produit un ou plufieurs Vers
blancs , qui dans la fuite deviennent de
petites Mouches. Croirons-nous que des
Mouches ont été produites des gouttes
de fueur , qui fortoient des doigts d'un
homme qui travaillait ? R u y s c h le
rrpporte : Pierre Martyr dit
Pavoir vu. Du temps deRiVELLUS,
Préfet des Ides Britanniques pour les
Romains , il tomba une pluie couleur
de fang , qui engendra des Menthes.
Ces traits hiftoriques ne font pas croi-
re aux Modernes qu'il y en a qui naif-
fent de la corruption. Toutes viennent
de l'accouplement du mâle avec la
femelle.
On dit que les Mouches aiment beau-
coup le Rofage , arbrîlTeau dont la fleur
Tome UL
MOU 119
eft femblable à celle de la fofe , 8c dont
les feuilles ne tombent jamais comme
celles du Laurier , & qu'elles volent
tout autour de la fofle où il a été planté.
Les Araignées Se les Frelons font leurs
ennemis mortels : tous deux s'en nour-
riifent. Les Mouches communes vivent
fort peu : les grandes un peu plus
long-temps. Elles périflent dans l'hui-
le , pareeque l'huile leur bouche le*
conduits & leur ôte la refpiration. Le
froid les fait mourir. La trop grande
chaleur les étouffe ; mais à l'ardeur du
foleil les Anciens ont voulu qu'elles
renailToient de leurs cendres: c'eft-ce
qui leur a fait dire qu'ehes étoient im-
mortelles. Quand elles volent , l'air
retentit du bruit qu'elles font. Les unes
en font peu , les autres moins. Les
Moucha ont la hardiefle , l'impruden-
ce & l'indocilité pour partage. On a
beau les chafler des endroits où elles
s'attachent , elles y reviennent tou-
jours ; elles craignent eeperc'anr les
hommes ; elles tâchent atifli d'éviter
les embûches que les Araignées leur
dreflent ; elles relient long-temps atta-
chées aux corps. Leurs piquûres font
douloureufcs , & plus encore fi elles
ont fùcé quelque chofè de venimeux.
Elles cherchent les étoffes blanches ,
où elles font des taches , qu'on efface
avec peine. Les viandes qu'elles atta-
quent fe corrompent aiCment. Les
Mouches mordent plus vivement,qi!and
on eft menacé d'une tempête ou d'un
orage , que dans un autre temps.
Pour chaffer les Mouches , Pline
dit de mettre des Oignons coupés par
tranches dans les viandes qu'on veut
conferver ; d'attacher à un plancher
la tête d'un Loup ; d'afperger les lieux
avec de l'eau , dans laquelle on a fait
infufer des feuilles de Sureau , ou de
Calebafle , où on a mêlé de l'Ellébore
blanc avec du lait j de laver les plan-
chers avec de l'eau où on a mis du jus
d'Origan , du lait , du fiel de Cochon
& des Pommes de Grenade coupées par
morceaux , Sec.
R
130 MOU
Les Mouches fervent à dîfférens ufa-
ges dans la Médecine : entre autres,
félon Pline, leurs cendres mêlées avec
celles d'un Rat ou d'une Souris font ex-
cellentes pour faire venir les cheveux.
Nous avons déjà dit que les Araignées
t'en nourriflent. Les Hirondelles en
font anffi leur nourriture. Les Camé-
léons , les Canards , Se un poiffbn nom-
mé Zig&na les avalent Se les dévorent.
Les Perfes faîfoient frotter de miel &
de lait leurs criminels Se lesexpofoient
aux Mouches. Tel fupplice a été auflli
celui de plufieurs Chrétiens dans le
temps des perfécutions. Voilà en abré-
gé ce que les Anciens difent des Mou-
thes. Je vais à préfenr les caractirifer
d'après, M. de Réaumur; parler
• des clafTes où il les a établies ; dire
quelque ehofe de leurs variétés dans
le port des ailes , dans leurs antennes ,
leur trompe , leur tête , leur corfelet ,.
leurs jambes , Sec. J'entrerai enfuite
dans le détail de quelques Mouches
particulières à quatre ailes Se à deux
ailes , comme par exemple des Mou-
ches Ichneumons , des Mouches des
fai'jfjs Chenilles , des Mouches des
Icignes aquatiques , des Mouches des
Vers de Galles , des Mouches destructri-
ces des Pucerons , des Mouches de Saint
Marc & autres , Se je finirai par tout
ce que j'ai pû recueillir dans les Voya-
geurs des Moucher étrangères, comme
par exemple des Mouches luifantes de
l'Amérique. Pour les Mouches Tipu-
Us , les Demoijtlles , les Éphémères , Se
quelques autres , j'en parle à. leurs
noms particuliers.
Caractère différentiel des Mouches ». &
difiribution de leur corps.
Le caractère des Mouches le plus
aifé , qui les fait diftinguer de quantité
d'efpeces d'infectes ailés, eft d'avoir
des ailes tranfparentes , qui femblent
être de gaze & fur lefquelles il n'y a
point de ces pouffieres que laifient les
.ailes des Papillons fur ks doigts qui
M O U
les ont touchés. Les ailes des Menti ' «s
ne font cachées fous aucune envelop-
pe : c'eft ce qui les caraclcrife encore.
Enfin les Moucher , comme on vient
de le dire , n'ont point de poufiieru
fur les ailes : en cela elLcs différent
des Papillons. Leurs ailes ne font point
cachées fous des fourreaux , Se en cela
elles différent des Scarabées.
Les Moucheront une tête , un corfe-
let , un corps. C'efl: au corfelet que les
ailes font attachées. Le corps eft Ja
partie où font contenus les inteftins,,
l'eftomac , les parties de la génération
Se le plus grand nombre des trachées.
La tête des Mouches tient ordinaire-
ment au corfelet par un col aflez court,
& fur lequel elle peut communément
tourner comme fur un pivot. M. D e
R É a u m i R dît qu'il y a des Àîoiu hes
qui ont comme deux corfclets , feparé*
l'un de l'autre. Le premier eft le plus,
petit , & c'eft au fécond que les ailes,
tiennent. Le corfelet eft la partie la
plus arrondie , toujours la plus forte
& fouvent la plus épailTe , quoiqu'elle,
foît quelquefois beaucoup moins lar-
ge que le corps. Les Formica-Leo Se
quelques Teignes aquatiques fe tranf-
forment en des Mouches qui ont, pour
ainfi dire , un double corlelet.
Clajfes des Mouches..
Beaucoup de Naturaliftes , comme
Aldrovanbe, ont confondu les
Abouches à quatre ailes avec les Mou-
ches à deux ailes , Se ont fouvent négli-
gé d'avertir du nombre des ailes de i«
Mouche qu'ils voulaient faire cortnoj-
tre ; mais M. de Réaumur corn-
mence par en faire deux clafTes géné-
rales ; l'une compofée des Mouches à
deux ailes, & l'autre des Mouches à'
quatre ailes.
A ces deux clafTes générales il y en
a quatre autres , qui leur font fubor-
données. La première claffe comprend
les Mouches qui ont une trompe & qui
n'ont point de dents , ou de ferres. La
MOU
féconde eft compofée de Mouches qui
ont une bouche , fans dents fenfibles.
Latroifieme ralfemble les Mouches qui
ont une bouche munie de dents , & dans
la quatrième claffe M. de Réaumur
range les Mouches qui ont une trompe
Se des dents. Entre les Mouches qui
ont une bouche & des dents , il y en a
qui n'ont pas feulement des dents
hors de la bouche , elles en ont même
en dedans. Ces Mouches pourroient
être placées dans une cinquième claffe :
mais ceferoit, dit ce f«.vant Obfer-
vateur, prefque tirer des caraeleres
des parties intérieures , & il ne con-
vient pas d'y avoir recours , lorfque
les parties extérieures, en foumiflent
fuififàrnment.
Tous les genres des Mouches à
deux ailes appartiennent à la première
©u à la féconde claife , & U n'en a
trouvé aucun genre qui eût le carac-
tère des deux autres claffes. Les grûf-
fes Mouches bleues des Vers de la vian-
de , toutes les petites Mouches , qui
nous inquiètent dans nos appartenons,
ont des trompes , de même que les
Coufms , fans avoir de dents, & font
de la première claffe. Les Mouches de
Suint Mure ont une bouche fans dents :
d'autres Mouches, allez femhlables par
leur forme aux Coufms » ont auffi une
bouche fans dents ; ces dernières Mou-
ches font de la féconde claife des Mou-
ches à deux ailes. Les Mouches à qua~
tre ailes fourniffent beaucoup de gen-
res pour remplir les troifieme Se qua-
trième claffes : telles font les Abeilles ,
qui ont une trompe Se deux dents au-
deffus de la trompe , ainfi que toutes
les eipeces de Guêpes , qui ont une
bouche & deux dents en dehors. Beau-
coup de genres de Moueh»s à quatre
ailes appartiennent à la féconde claife :
telles font les Mouches papilbnnacées ,
qui viennent de différentes efpeces de
Teignes aquatiques. Ptufieurs genres
de petites Mouches à. quatre ailes font
de la première clafTe , comme les Pu-
cerons ailés Se les faux Pucerons ailés :
M OU
les Cigales appartiennent auftï à cette
claife.
M. de Réaumur fait une cin-
quième claffe , qu'il nomme Moucher
à tete en trompe. 11 appelle des têtes en
trompe , des têtes extrêmement allon-
gées , qui , comme celles des oifeaux ,
ont une forte de long bec , mais un
bec qui ne s'ouvre que par fon bout.
Il veut dire que dans l'endroit où 1-s
têtes des autres infecles finiiVent , cel-
les de quelques-uns ont un prolonge-
ment qui a la figure d'une trompe ,
mais qui efi roide , 8c qui ne peut
changer de forme , & qui même ne
peut changer de polltion , fans que la
tête en change. C'eft au bout de cette
partie allongée que font les dents, ou
les inilrumens au moyen defquels le
petit animal prend la nourriture. Une
de ces Mouches à tête en trompe , i
laquelle M. L i n n m u S ( Fauna Sttec.
p. 221. n. 719.) donne le nom de Pa~
norpa , efl une Abouche Scorpion, nom-
mée aînfi par M. de Réaumur»
pareeque le mâle tient ordinairement
fon derrière relevé & recourbé vers
le dos , comme l'efl celui d'un Scor-
pion qui veut piquer. Cependant if
nous apprend que la Alouche Scorpion
ne fait ce que c'ell que de piquer ,
quoiqu'elle femble le vouloir. Une
autre fort jolie Mouche , qui voltige
volontiers fur les rieurs > donne un fé-
cond exemple d'une tête en forme de
trompe.
Outre ces claffes , M. de Réau-
mur en établit du fécond ordre , qui
fo:\t fubordonnées aux premières , Se
dont les caractères font fournis par ca
qui fe préfente aux yeux fans fé faire
cr. .relier. Ces claifes , qui font au-
deffous des cinq premières claffes, ca-
ractérifées foit par la trompe , foit par
la bouche , dénuées de dents ou accom-
pagnées de dents , Se ayant la figure
de la tête faite en forme de trompe ,
font au nombre de trois, La première
eft la claffe des Mouch-s à corps court »
Si plus large qu'épais : la féconde , la
>3* MOU
«latfe des Moucher à corps long : la
troifieme , celle des Mouches à corps
foit long , foit court, mais qui eft joinr
au corfelet par un fimple fil vifible.
Variétés dans les Mouches , & dans le
■port des ailes.
Pour avoir des caractères des gen-
res qui doivent être rangés fous cha-
cune de ces clafles, M. de Réau-
S/i u R fait une particulière attention
aux variétés conllantes , qui peuvent
être fournies, foit par les ports d'ai-
les , foit par les figures des antennes,
foit par les ports des trompes , foit par
d'autres parties extérieures du corps ,
èc fur-tout par les poftérieures. Par-
courons ces principales variétés.
Les Moue he s de dîfFérens genres font
voir , foit pendant qu'elles font en
repos , foit pendant qu'elles ne font
que marcher, autant de ports d'ailes
difFérens , que les Papillons nous en
montrent: mais il y a plus de Mouches
qui portent leurs ailes parallèles au
plan de pofition , qu'il n'y en a qui les
tiennent dans des directions qui y font
inclinées.
Entre celles qui portent leurs ailes
parallèlement à ce plan, les unes les
tiennent comme des efpeces d'avirons.
Leur direction eft perpendiculaire à la
longueur du corps , qu'elles ne cou-
vrent aucunement, C'eft le port des
quatre ailes de plufieurs efpeces de
Demoifelles , & celui des deux ailes
de quelques efpeces de Tipules.
D'autres Mouches portent leurs ailes
de façon qu'elles couvrent le corps en
partie , fans fe couvrir l'une l'autre ,
fi la Mouche n'a que deux ailes ; ou il
elle en a quatre , fans qu'une des fu-
périeures empiète fenfiblement fur
l'autre aile fupérieure. Parmi les Mou-
thés à deux ailes , les Mouches bleues
de la viande , ainfi que les Mouches de
nos appartemens , donnent un exem-
ple de ce port d'ailes.
Les ailes de plufieurs autres Mou-
M O 17
ches fe croifent fur le corps , & le pîuj
& le moins dont elles fe croifent , four-
nit encore bien des différences aifées à
remarquer; caries unes , quoiqu'elles
fe recouvrent même beaucoup , ne laif-
fent pas de déborder, chacune de leur
côté, le corps qu'elles couvrent en-
tièrement : d'autres font faites de fa-
çon qu'elles fe croifent à un tel point,
que te corps déborde par de-là cha-
cune des ailes ; telle eft la difpofition
des ailes de quelques Mouches de Vers
aquatiques: d'autres nefe croifent que
près de leur bout , ou que fur la par-
tie poftérieure du corps , & laiflent
entre elles une portion de la partie an-
térieure à découvert.
Les aîles de plufieurs autres Mou-
ches fe croifent fur le corps : elles s'y
arrondifîènt : elles ne font pas exacte-
ment parallèles au plan de pofition.
L'aile qui fe trouve la fupérieure eft
plus élevée fur la ligne du milieu du
corps, que fur les côtés. C'eft ainft
que font dîfpofées les ailes de la plu-
part des Mouches , qui ont crû fous la
forme de fauftes Chenilles. Quelques-
Mouches ont leurs ailes pofées fur le
dos , appliquées les unes contre les au-
tres : elles font dans un plan perpen-
diculaire à celui de pofition, Plufieurs
efpeces de petites Demoifelles & plu-
fieurs efpeces de Pucerons portent ainfi
leurs aile3. C'eft aufli le port des ailea
de ces Mouches, que la courte durée
de kur vie a fait nommer Éphémères.
Les ailes de plufieurs autres Mou-
ches font appliquées obliquement con-
tre les côtés : elles fe rencontrent au-
deftus du corps par le bord de leur
côté intérieur : elles forment par leur
rencontre un toit à vive arête. Tel eft
le port des ailes de la Mouche du petic
Lion des Pucerons. D'autres Mouches
ont leurs ailes appliquées contre les
côtés; mais ces ailes , après s'être éle-
vées , fe recourbent fur le dos , pour y
faire un toit écrafé & prefque plai\
Plufieurs Mouches , qui dans leur pre-
mier état ont été des Teignes aquaù-
MOU
«ues , ont cette efpece de port d'allés.
Enfin d'autres Mouches tiennent les
plans de leurs ailes obliques à celui de
pofition , mais de manière que c'eft
au-deffous du ventre que fe rencontre-
roient les plans prolongés des deux
ailes. Le Ver du Bigarreau fe tranf-
forme en une petite & jolie 'touche à
dtttx ailes , dont le port elt .celui qu'on
vient de décrire.
Variétés dans le tijfu des ailes des
Mouches,
Il y a encore d'autres variétés , que
la texture des ailes fait voir. Pour l'or-
dinaire les ailes des Mouches font d'une
efpece de gaze très-fine , où elles ont
par-tout une teinte & une tranfparen-
ce à-peu-près égales ; cependant les
ailes de plufieurs efpeces de Mouches
n'ont pas cette grande tranfparence :
celles de quelques-unes femblent mê-
me opaques , Se lorfqu'on ne les regar-
de pas de près , on eft porté à les pren-
dre pour des ailes de Papillons, M.
De Kéaumur donne aulfi le nom
de Mouches papillonnacées à celles dont
les ailes n'ont qu'une demi -tranfpa-
rence. Parmi les Mouches à quatre ailes
îl y en a de papillonnacées , dont les
ailes inférieures font très-tranfparentes ,
pendant que les fupérieures ont un peu
d'opacité : c'eft ce que l'on remarque
dans 'es Mouches de plufieurs Teignes
aquatiques. D'autres Mouches ont fur
leurs quatre ailes des taches opaques,
diftribuées fur un fond très-tranfpa-
rent : c'eft ce qu'on voit fur les ailes
des Mouches Scorpions. 11 y a auffi bien
des efpeces' de Mouches à deux ailes,
qui ont fur les leurs des endroits obf-
curs Se opaques , féparés par des en-
droits tranfparens.
Variétés dans les antennes des Mouches,
La figsire des antennes fert auffi à
dîftinguer différens genres de Mouches
les uns des autres. Il y a autant Se plus
MOU 133
de différences entre les antennes des
Mouches, qu'il n'y en a entre celles des
Papillons. Certains genres de Mouches
ont les antennes articulées , qui font
comme compofées de plufieurs vertè-
bres , ou de plufieurs grains , mis bout
à bout , ainfi que ceux des chapelets.
De ces antennes que l'Obfervateur
nomme à filets grainés , il y en a de
grainés à grains plus fins & à grains"
plus gros. Ces fortes d'antennes font
ordinairement plus greffes à leur ori-
gine qu'à leur extrémité , ou au moins
elles n'y font pas plus déliées.
Des Mouches de quelques autres
genres ont des antennes compofée3
comme les précédentes d'une fuite de
vertèbres , mais qui deviennent de
plus grolfes en plus grolfes , à mefure
qu'elles s'éloignent de la tête. Ces an-
tennes ont une forme femblable à celles
de certains Papillons diurnes que M.
de Réaumur nomme des antennes
en majjice. La Mouche du Formica- Léo
a de ces fortes d'antennes. Plufieurs
efpeces de très petites Mouches , com-
me les Coufins & certaines Tipules
ont des antennes , qui font d'admira-
rables panaches Se que M. de Réa U--
mur appelle antennes à barbes de
plumes dans des Papillons. D'autres
Mouches ont aufli des antennes analo-
gues à des antennes prifmatîques qu'ont
certains Papillons : ce font des anten-
nes articulées , plus déliées à leur ori-
gine Se près de leur bout , que dans-
tout le refte de leur étendue. Une
Mouche Tipule qui vient d'un Ver qui*
vit des agarics de Chêne , donne un
exemple de ces fortes d'antennes. Cel-
les de cette Mouche , dit l'Obfervateur
pourroient être appellées des antennes
en rape. Quelques Mouches ont des an-
tennes branchues , ou fourchues , des
antennes compofées de deux pièces-
articulées , des antennes dont chacune
paroît double. Les Papillons n'ont
point donné à M. de R é a u m u n
d'exemples de ces fortes d'antennes.
Un autre genre d'antennes , dont les-
134 MOU
Papillons n'ont point encore fourni
d'exemple , ni les Mouches à deux
ailes , eil: propre à beaucoup de genres
de Mouches à quatre ailes : ce font des
antennes extrêmement courtes , mais
groffes par rapport à leur longueur:
elles n'ont que deux ou trois articu-
lations. Il donne en général à ces fortes
d'antennes le nom à' antennes à palettes.
Les Mouches qui nous incommodent
dans nos appartenons ont leur pa-
lette faite en prifine , car il y en a de
plufieurs fortes. 11 y a encore une au-
tre efpece d'antennes à palettes , dont
le corps qui les termine a quelque
chofe d'un croiffant , lefquell&s fer-
vent à caraclérifer beaucoup de Mou-
ehes à deux ailes , qui aiment à tirer
lefangdes Bœufs, ainfi que celui des
Chevaux.
La grandeur des antennes fert auffi
à faire reconnoître certains genres de
Mouches. La manière dont elles les
portent y peuvent encore fervir. Les
Mouches Ichneumons ont les leurs dans
une agitation continuelle. Elles leur
font faire des efpeces de vibrations î
c'eil ce qui fait que JuKGlUS a
donné à ces Mouches les noms de Vi-
trantes Se de Vibratoires.
Variétés dans la trompe des Mouches.
La trompe fert auflï à caraftérifer
deux clafTes de Mouches , dont les unes
■ont Amplement une trompe Se les au-
tres une trompe & des dents , eu des
ferres. Ces mêmes trompes fourniffent
auiïi bien des genres de Mouches. Les
tines ont un fourreau oornpofé d'une
feule pièce : les autres en ont un fait
par la réunîo-n de plufieurs pièces diffé-
rentes. Les unes ont des fourreaux
comme écaîlleux : les autres en ont
de charnus : .ceux de quelques-unes
font terminés par un empattement
charnu , parties efpeces de greffes lè-
vres: d'autres n'ont point de lèvres,
ou au moins des lèvres fenfibles. D'au -
ftta trompes font faites comme une
MOU
efpece de fufeau, dont le bout feroît
creux. Voilà les variétés que M.de
K É a ,u m u R indique , & dont on a
allez d'exemples dans le cours de ils
Mémoires fur les Mouches. On a be-
foin de la loupe pour voir les diffé-
rences qui font entre les trompes du
même genre.
Mais fans mierofeope on voit dans
les Mouches de différens genres trois
manières différentes de porter leurs
trempes dans le temps où elles n'^-o
font point d'ufage. Plufieurs efpeces
de Mouches ont une trompe , qu'elles
raccourcîffent quand elles n'en font
point d'ufage. Elles la tiennLnt en de-
vant de leurs têtes , dans uns cavité
deftinée à la recevoir. Dans quelques
efpeces de Mouches cette cavité n'efl
qu'un fimple enfoncement de la partie
.antérieure de la tête ; mais dans d'au-
tres Mouches cette cavité eir. mieux
façonnée ; le bout antérieur de la tête
s'allonge pour lui former une efpece
de voûte. D'autres Mouches ont des
trompes , qiù pendant l'inaction font
contournées de haut en bas; c'en: ahfî
que font difpofées alors les trompes
des Abeilles & celles des Bourdons.
Enfin d'autres Mouches en ont unecotv-
tinue en entier dans un étui où elle
ell droite : elles ne la contournent rj
ne la plient , mais elles peuvent l'in-
cliner différemment par rapportai) plan
fur lequel leurs jambes îont polées ;
elles peuvent la rendre perpendicu-
laire à ce plan , & l'y rendre parallèle .
lorsqu'elles la couchent contre ledef-
fous de leur corfelet , Se enfin elles
peuvent la mettre dans toutes les pofi-
tions moyennes entre les deux précé-
dentes. Telles font les trompes non ac-
compagnées de dents des Coufîns , des
Cigales , Sec. comme les trompes des
Mouches ont plus de variétés que cel-
les des Papillons, M. de Réau-
m ur leur a donné une attention par-
ticulière, Voyez fon Mémoire V . inféré
dans les Mémoi-es de F Académie Rtyalç
des Sciences , Tçme IV,
MOU
t'S formes & les proportions de fa
plupart des parties extérieures des
Mouches fourniffent encore de quoi fe
mettre en état de diftinguer les uns &
les autres genres de ces différent
infectes ailés-
Autres variétés des Mouches par leur
tête, leur corfclct , leurs jambes,
la forme de leur corps, &c.
La figure de la tête de toutes les
Demoifelles , par exemple , n'eft pas
la même les unes ont une tête pres-
que ronde ; les autres ont une tête plus
large que longue , Se elle a moins de
diamètre du devant au derrière, que
d'un côté à l'autre. La Mouche du
Formica- Léo diffère des Mouches des
Pucerons , non-feulement par fes an-
tenne?, mais encore par fon double cor-
felet , pareeque les dernières l'ont fim-
ple. Le corfelet de queLques Mouches
s'élève beaucoup plus que celui des
autres, & s'élève fouvent à un tel
point , qu'il femble obliger la tête àfe
recourber en bas , & à rendre l'infecle
boffu. Les Coufins Se les Tipules ont
ordinairement de ces corfelets rele-
vés,
Toutes les Mouches n'ont que fis
jambes , mais les proportions de ces
jambes à la grandeur du corps , ne font
pas toujours les mêmes: les unes- en
ont de très-longues , les autres de cour-
tes. Les Coufins Se les Tipules femblent
montés fur des échafles. Les jambes
des Mouches font pour l'ordinaire at-
tachées au corfelet ; mais il y a des
efpeccs de Mouches qui ont une de
leurs paires de jambes attachée à un
des anneaux du corps.
Il y a des Mouches , qui pour la
forme du corps font placées dans la
même claffe : mais dans chaque claffe,
3. y a entr'elles des différences , même
par rapport à la forme du corps , ce
qui les fait mettre dans des genres dif-
férens.
11 y en a dont le corps eft trèss-
M O U 135
mince Se très-applati : teleft celui des
Mouches des Vers mangeurs de Pu-
cerons. D'autree ont le bout du der-
rière recourbé en crochet : le bout du
corps eft communément moins gros
que ce qui le précède. Cependant la
Mouche du nid des Hirondelles, fin-
gtilicre par la forme de fes ailes , aie
corps plus gros à fon bout que pai tout
ailleurs, & il eft échancré en cœur.
La feule partie poftérieure aide en-
core à dîftinguer bien des genres de
Mouches les unes des autres. Les Mou-
ches qui font armées de ces aiguillons v
dont on redoute les piquûres , n'ont que
trop de quoi fe faire connoître: d'au-
tres portent au derrière des efpeces de
tarrieres logées dans un étui. Ce font-
les femelles qui portent cette longue
"queue , comme piufieurs femelles Ich-
neumons. Ainfi il y a des Mouches à,
aiguillon , Se des Mouches à tarricre. Il
y a beaucoup d'efpeces de Mouches k
feie , qui méritent ce nom à caufe d'un
inftrument fingulier dont elles font
pourvues , 8c qu'elles ne montrent
gueres que quand on les y force en
leur preffant le corps. D'autres Mou-'
ches portent au derrière de longs filets,
qui par leur forme Se parleur ftruéture 3 .
ont quelque reffemblance avec les an-
tennes. Parmi les Mouches- à quatre
ailes , les Éphémères ont de ces filets.
Parmi les Mouches à deux ailes, les.
mâles des Gallinfetlts ont pareillement
de ces filets.
Communément les Mouches font ovi-
pares , mais il y a des elpeces qui font,
vivipares. Celles qui mettent au jour
des petits vivans , différent par la ma-
nière de fè perpétuer des autres Mou-
ches , qui d'ailleurs leur ftmt fembla-
bles. Les induftries de diverfes Mou-
ches les font mieux connoître , que des
particularités de toute autre nature.
Les Mouches qui fa vent vivre en fo.--
ciété , comme diverfes eipeces - d'a-
beilles , de Bourdons , 8c de Guêpes 3 ,
ne doivent pas refter confondues avec
celles qui vivent folitaires. Les partie*
ij5 MOU
extérieures des Mouches- fourtiîiïent en-
core beaucoup de caratteres. C'eft avec
tous ces caractères qu'on diftingue fa-
cilement des genres de Mouches.
Four les efpeces de chaque genre
de Mouches , elles n'ont entr'elles que
des différences légères , moins eflen-
iielles que celles qui font entre les
genres. Il y a auiïi pour les efpeces
des différences de grandeur , de cou-
leur , Se quelques variétés peu effer.-
tielles en la forme des parties , qui
fervent à diftinguer les efpeces. Cer-
taines efpeces de Mouches font auffi
velues que les Chenilles qui le font le
plus : d'autres ne font que demi-ve-
lues ; d'autres font prefque rafes Se luï-
fantes, & d'autres n'ont que le corps
ou le corfelet de velu.
C'eft par les deux claffes générales
des Mouches, que M. de Réaumur
a établies ; par les clafles du fécond
ordre; rar les variétés dans le port des
ailes , dans le tiffu de ces mêmes ailes ;
par les variétés des antennes & de la
trompe , par les manières différentes
de les porter • par la variété de leur
tête , de leur corps, de leur corfelet,
de leurs jambes , de leurs parties pof-
térieures : c'eft enfin parles différences
des grandeurs & des couleurs , ainfi
que par l'aiguillon Se par leur induf-
trie , que cet habile Obfervateur a tire
du cahos Se de la confufion toutes les
Mouches, On peut, par la lecture de
fon Mémoire Ul. Tome IV. connoitre
furie champ à quelle claffe appartien-
nent les Mouches qu'on trouve d?ns
la cempacne , Se par quels caractères
leur genre eft distingué des autres gen-
res de la même claffe.
Toutes ces différentes fortes de Mou-
ches, {oh à deux ailes, foit a quatre ,
viennent de Vers. Ces Vers ont a'tiflS
le^ir hiftoire particulière. Ainfi voyez
.au mot VERS DE MOUCHES ,
leurs différences, leurs variétés, S*: les
finît claffes que M. de Réaumur
leur a données. Pour les parties extér-
ieures des Mouches Se les parties inté-
M O U"
r'eurcs, eonfultez fon fixieme Mémoire
du même Volume.
Mouches vivipares.
J'ai dit plus haut que communé-
ment les Mouches font ovipares ; mais
il y en a des efpeces qui font vivi-
pares. On eu trouve de ces dernières
parmi les Mouches à deux ailes , qui
mettent au jour des Vers vivans. Sca-
lîger a cru toutes les Mouchas vivi-
pares , Se le P. Fabri les a crues toutes
ovipares : c'eft de quoi les bUme Rfdi,
Les efpeces de Mouches à deux ailes »
qui font vivipares, font bien moins con-
nues que celles qui font ovipares ; Se
les efpeces de Mouches vivipares .'ont
encore plus rares parmi les Mouchas à
quatre ailes. M. DE Réaumur dit
qu'il ne connoît que les l'ucerons ai-
lés, qui parmi celles-ci foi^nt vivipares.
Mais il a obfervé fix à- fept efpeces de
Muiu hes à deux ailes , qui ; ont des Vers,
vivans. Ray en a auffi obfervé de ces
dernières.
Lister parle d'une Mouche vivi-
pare , des plus groffes de celles qui
n'ont pas de venin , qu'il envoya à l'E-
diteur izsTrar.facivns 1 hilojophiques.
Cette Mouche éroit rayée de gris Se
de noir fur les épaules, Se marquette
de ces mêmes couleurs fur le dos. On
pouvoit diftinguer la femelle à un peu
de rouge qu'elle avoit à l'extrémité de
la queue. 11 en ouvrit plufieurs à la lin
du mois de Mai 1666. il trouva d'eux
facs remplis de Vers Lianes , rends ,
longs Se vivans ; ils avoient la tête
noire , Se fe mou voient fur fa main Se
dans les véficules qui les contenoient ;
ils y étoient arrangés comme dans au-
tant de cellules , fuivant la longueur
de la femelle , femblables à une gerbe
de bled. Aldrovandf. dit auffi
(L. I. de InJ.p. 47. Edit. Bal. ) qu'é-
tant encore fort jeune , il attrapa une
groffe Mouche rayée de blanc , que
l'ayant retenue quelque temps dans fa
mairi , elle y fit plufieurs Vers blancs
d'une vivacité extraordinaire.
Pour
MOU
Pour s'affurer qu'une Mouche eft
Vivipare , il faudroit, dit M. de Réau-
mur , la furprendre dans le temps de
l'accouchement : ce qui eft un inftant
rare & difficile à faifir. Un moyen pour
le favoir , eft de faire accoucher une
Mouche avant qu'elle foît à fon terme.
En ouvrant le ventre d'une Mouche
on voit s'il y a des œufs , ou des
Vers , & par cette opération on re-
connoît fi elle eft ovipare ou vivipare.
On voit dans nos maifonsune Mou-
che d'une efpece vivipare , qui cherche
fur-tout les endroits où on conferve
la viande , fur laquelle elle aime à dé-
pofer fes Vers , comme la grofle Mou-
che bleue aime à y dépofer fes oeufs.
Son port d'aîles eftle même que celui
de cette demiereMouche : fes antennes,
comme celles de cette Mouche , font à
palettes prifmatiques. Elle l'égale , ou
elle la furpaffé en longueur , mais elle
a le corps moins gros , un peu plus al-
longé que celui de l'autre , & un peu
courbé parle bout. D'ailleurs elle eft
aiféeà reconnoître par fa couleur, qui
eft grife. Cette couleur grife réfulte
furie corfelet de longues taches com-
me des efpeces de raies de figure ir-
réguliere , & dirigées félon la longueur
du corps , qui font dillfi gris cendré ,
&: féparées les unes des autres par du
brun. Un gris aflez femblable fe trou-
ve furla partie fupérieure des anneaux
du corps , mais par taches plus courtes,
prcfque quarrées , 5c entre lefquelles
eft un brun luifant , qui dans certains
points de vue a du bleuâtre. Ses jam-
bes font noires; fes coquilles font blan-
châtres, Se fes yeux à réfeau font rou-
geâtres & même rouges.
Il y a d'autres efpeces de Mouches
vivipares , que M. de RiAUMURaob-
fervées. Une entr'autres , qu'il a prife
fur des feuilles de Lierre , étoit plus ai-
fée à distinguer de la plupart des autres
efpeces , que ne le font d'autres dont
51 parle. L'intérieur de ces Mouches vi<-
vipares eft plus propre que leur exté-
rieur à fixer nos regards. C'eft par
Tome III.
MOU r 37
Ces parties intérieures qu'onpeutmieux
les diftinguer des Mouches ovipares.
Ce que font à la Mouche ovipare les
ovaires , ou les paquets de vaiffeaux,
dans lefquels les œufs font contenus,
le cordon l'eft à la Mouche vivipare :
il eft le vaiffeau, ou l'affemblag'e des
vaiffeaux, dans lefquels les embryons,
les fœtus , & les Vers font renfermés.
Il eft la matrice de la Mouche. Le
Mémoire X. du Tome IV. p. 413.
Jitiv. nous en donne l'anatomie.
Les Mouches vivipares , dont il eft
parlé dans ce Mémoire , font d'affez
grandes Mouches : mais parmi les plus
petites efpeces à deux ailes , il y en
a apparemment de vivipares & d'o-
vipares ; le petit & le grand, dit l'Ob-
fervateur , ne font rien , ou plutôt font
la même chofe pour l'Auteur de la
Nature , en effet il nous apprend des
circonftances favorables qui l'ont mis à
portée de voir qu'une d «3 plus petites
efpeces de Mouches que nous puiflïon*
connaître eft vivipare.
Accouplement des Mouches.
Lorfque les Mouches ovipares s'ac-
couplent, (c'eft par cette remarque que
M. de Réaumur finit l'Hiftoire des
Mouches vivipares ) , elles font bien
plus proches de leur terme que ne
le font les Mouches vivipares dans le
temps de leur accouplement. Alors
le ventre des Mouches ovipares eft plein
d'eeufs , dont la plupart ont toute leur
groffeur. Le ventre des femelles Pa-
pillons eft de même rempli d'œufs en
pareille circonftance : mais dans le
temps que les Mouches vivipares s'ac-
couplent , les embryons ne font encore
aucunement fenfibles dans leur corps.
Le Lecteur verra ici des détails ana-
tomiques des parties , tant internes ,
qu'externes , de ces infettes volans. Il
n'y a rien à négliger, quand on veut
faire connoître les ouvrages du Créa-
teur; Se l'on ne peut qu'être furpris
d'admiration d'appercevoir dans le plus
petit infecte le même nombre de parties
S
i 3 8 MOU
organiques , deftinées aux mêmes ufa-
ges , dont font compofés les plus gros
animaux. De cette hiiloire générale des
Moucher , panons aux descriptions des
fefpeces les plus connues.
Mouches domestiques.
II y a des Mouches domeftiques rem-
plies de Poux , comme Le Scarabée des
fumiers , ou Stercoraire. Mentzelius
les appelle Mouches Pédiculeiifes. Les
Mouches domeftiques font différentes
entr'elles. Quelques-unes plusgroffes
font du bruit en volant , Se font d'un
beau bleu fous Le ventre : elles aiment
les chairs qui fentent , 8c que l'on garde
depuis long-temps; elles les cherchent
dans les endroits les plus cachés ,
afin d'y mettre leurs petits. Ces groiTes
Mouches bleues font connues de tout le
monde. D'antres Mouches domeftiques
plus grottes, ; couleur cendrée , avec
des yeux rouges , ne font aucun bruit
en volant , 8c ne cherchent point la.
viande .mais elles aiment les lues aci-
des : elles font entièrement femblables
à ces petites Mouches, qui fe produifent
dans toute forte de vinaigre, & qui ti-
rent leur origine de ces petits Vers en
forme d'Anguilles , que l'on voit quel-
quefois dans le vinaigre fans microf-
cope. Voyez MOU C H E S formées
dans le -vinaigre. Des Mouches fan-
vaget deviennent quelquefois domef-
tiques , lorfqu'elles palTent avec le bé-
tail dans les Villes Se dans les Bourgs ;
au lieu de trompes elles ont des ai-
guillons avec lefquels elles piquent
fortement les pieds 8c les mains des
hommes. Il y a encore des Mouches
femblables aux Mouches domeftiques:
elles font brillantes , de couleur d'or,
vertes , ou bleues ; elles recherchent
avidement les excrémens humains. Cel-
les qui recherchent les excrémens des
Bœufs , font d'une autre forte , & celles
qui tourmentent les pieds , font encore
d'une autre efpece,
La Mouche dmeftiguo , qui habite
M O U
dans les maîfons, eftydit Mentze£itjs s
un infecte vivipare, Se rarement ovipa-
re ; car lorfqu'elle a conçu , elle dépofe
fur les chairs fraîches , fes petits con-
tenus dans fon ventre , car il lui
tient lieu d'uterus ; ceux-ci fe nourrîf-
fent de la chair , 8e lorfqu'ils font de-
venus grands , ils fe changent en Chry-
falides , d'où il fort encore des Mou-
ches dans un temps marqué. Ces Mou-
ches domeftiques ont des trompes , avec
lefquelles elles pompent toutes fortes
de lues. Le même Auteur dit qu'il prit
une de ces Mouches ,c\\û avoit les deux
pieds de derrière longs Se forts , com-
me ceux du Grillon ;il la vit fauter
comme une Sauterelle : c'eft pourquoi'
ii lui a donné le nom de Mouches Gril-
liformes. On voit la figure de cette Mou-
che Grilhforme , à la Planche qui fe
trouve à la page 442. du Tome III. des
Collections Académiques , Le te G.
M OU CHES A DEUX AILES.
Jean Muraeto a donné la des-
cription d'une Mouche commune ou a.
deux ailes, dans les É^hémérides de
l' Académie des Curieux de la Nature,
La voici telle qu'on la lit dans le
Tome III. des Collections Académiques ».
p. 490.
La Mouche commune ou à deux ailes,,
dit-il , a une tête , une poitrine , Se
un ventre. La partie antérieure de la:
tête elt principalement compofée de
yeux , qui faillent confic'érablement-
de chaque côté : ils font immobiles ».
comme les yeux des Grillons , 5c ornés
d'une infinité de points , comme d'au-
tant de petites perles ; ils font envi-
ronnés d'un cercle, qui eiï ordinaire-
ment blanc , au-deiTus duquel s'élève
une fuite de poils qui fe continuent
vers le grand angle de l'œil Se vers
deux corps cylindriques fitués au mi-
lieu de la face. Ces poils font courb ! a
Se s'embarrafT^nt les uns dans les au-
tres , comme de petites branches. En-
tre ces poils on trouve un corps menï^-
MOU
•braneux, affez large , Se femblable à
du tafetas noir , qui fort du cercle blanc
des yeux; il eft percé de plufieurs trous
& il fépare les yeux. Au Commet de
la tête eft attachée fur ce corps une
éminence , qui reffemble à une cou-
ronne ; car elle eft faite d'un cercle de
couleur d'or , orné comme de trois
perles noires , fort brillantes. On voit
aufïïen cet endroit plufieurs foies re-
courbées.
Au-defFous de la membrane noirâtre ,
on voit deux petits corps oblongs qui
fe meuvent en haut Se en bas: ils font
marqués de points , Se munis de trois
poils en forme déplumes , femblables
à la queue velue du Rat. Le dernier eft
plus court que les autres, & pour peu
que l'air foit agité , il eft dans un mou-
vement continuel. Sous ces poils il y
a deux cavités dans lelquelles ils fe
cachent , lorfqu'on irrite la Mouche.
A la partie inférieure de la tête il y
a deux corps, qui s'avancent de cha-
que côté , Se qui paroilfent être des mâ-
choires : ils font blancs , marqués de
points noirs , 5c hériffés de poils. Ils
fe recourbent peu-à-p^u de la partie
inférieure vers le corps cylindrique
dont nous avons parlé , Se de leur fom-
met partent des poils longs qui fe
croifent.
Au-deffous de ces poils on voit une
autre cavité , femblable à une bouche ,
dans laquelle fe cache la trompe enfe
pliant. La partie fupérieure de cette
efpece de bouche eft blanchâtre 8c
tranfparente comme une membrane.
Cette trompe eft ailez femblable à celle
d'un Éléphant , elle eft velue à l'ex-
trémité , Se fendue comme la bouche;
du milieu de la trompe s'avancent deux
petits corps cylindriques Se velus.
Le col a deux mufcles fitués pofté-
rieurement par lefquels la tête eft tirée
vers la poitrine : par devant on voit un
collier gris , qui eft orné d'un plumage
fous lequel il y a une efpece de mi-
roir de couleyr rouge.
L'œfophage prend fa naiffance. au
MOU 13$
col , 8c de -là defeend intérieurement
dans la poitrine , qui eft velue de cha-
que côté fur le derrière, jufqu'au bas
du ventre. La Mouche porte fur le mi-
lieu deux ailes tranfparentes , d'un tiflu
très-délicat.
Le dos eft marqué de fix lignes noires
longitudinales , Se de trois autres tranf-
verfales. L'extrémité du dos eft plus
pâle que les autres parties de la poi-
trine.
On voit dans l'intérieur différentes
côtes bien diftinguées , 8c une ^chah-
jaunâtre Se gluante. Deux petites feuil-
les qui naiiïent du dos font couchées
fur l'abdomen : les inteftins ont des
cellules, Se des vaiffeaux noirâtres,
étendus félon leur longueur ; ils con-
tiennent une pituite jaunâtre & tranf-
parente.
Il fort de la poitrine fixpîeds épineux
qui ont des griffes aux extrémités : ils
font outre cela armés de crochets , qui
leur fervent pour fe cramponner. Il y
a une articulation pour la cuiffe , pour
le genou , Se pour le pied.
Le ventre eft de différentes couleurs,
mais il eft le plus fouvent bleuâtre ,
un peu velu , compofé de quatre four-
reaux , Se marqué d'autant de lignes.
Le ventricule eft contourné avec les
inteftins , comme unEfcargot. On re-
marque dans les femelles Se dans le*
mâles deux ovaires avec de petits
œufs. Je crois , dit l'Obfervateur, avoir
remarqué dans les Mouches qui ont un
aiguillon , deux ovaires jaunes , parfe-
més de petites fibres noires. Il eft dou-
teux fi les Mouches font hermaphro-
dites.
Le cœur eft pâle , défigure conique
Se couché fous le diaphragme dans l'ab -
domen : il n'a qu'un feul ventricule ,
Se eft environné d'un péricarde.
L'eftomac eft grand Se membraneux,
Se fouvent il fe rompt avec bruit, com-
me une veflîe , lorfqu'on preffe le ven-
tre avec les doigts,
Le méfentere , qui eft jaune, réunit
les inteftins,
S ij
i 4 o MOU
La verge eft oblongue & rloueufe »
blanche au milieu , & marquée de cha-
que côté de lignes noires : elle a le
fommet noir.
Une pointe recourbée ferme la vul-
ve , qui eft velue.
Le fâvant M. de l a Hire, de
l'Académie Royale des Sciences de
Paris , croit que ces trois petits corps
brillans , comme des pierres précieufes ,
qui font fur la tête des Mouches , font
les yeux avec les paupières. Nous ne
fommespas tropportés.ditMuRALTo,
pour ce ientiment , après la diffèction
que nous en avons faite.
Telle eft la defcription de la Mou-
che coïfiTHimc par ce Naturaliste. Après
cette defcription on lit la remarque fui-
vante.
L'obfervation , dît- il , qu'a donné fur
les yeux des Mouches le P. de Got-
tignies , ProfefTeur de Mathémati-
ques au Collège de Rome , 8c qu'on
trouve dans les E-phémérides des Sa-
vant de Rome , au mois de Novembre
i <5<îq. eft très-curieufe 8c mérite d'être
rapportée ici. » Sur la tête des Mouches,
35 des Coufins , des Papillons , Se d'au-
» très infectes femblables , il y a deux
a» corps d'une convexité irréguliere ,
si qui étant examinés au microfeope ,
35 paroiffent tres- jolis , Se que l'on croit
35 être les yeux dans les Mouches. Ro-
» bert Kolbe a auflî cbfervé la même
35 chofe avec cet inftrument , & en a
3> donné une exacte defcription dans fa
35 Micrographie , où il remarque que
s> ces pièces font cornpofées de plti-
35 fieurs globules de différente gran-
35 deur, qu'elles font difpofées en forme
35 triangulaire, Se fi bien jointes qu'elles
s» ne laiffent entr'elles que le moins
55 d'efpace qu'il eft poffible : il croit
35 que chacun de ces petits globules eft
» un œil parfait , en forte que les Mou-
35 ches ont les yeux tournés en tout fens,
35 Se quoiqu'ils foient immobiles , elles
as peuvent voir devant , derrière , Se à
35 côté : les animaux qui n'ont qu'un
» petit nombre d'yeux , font privés de
MOU
» cet avantage. Il a compté jufqu'a
» quatorze mille de ces globules dans
3> une certaine efpece de Mouches ,
33 c'eft-à-dire , fept mille de chaque
3> côté ; quatre mille petits , Se trois
35 mille autres encore plus petits. Mais
35 le P. de GoTTiGNiESa fait des
35 obfervatîons très-exaètes fur les par-
«ties , Se en raifonnant d'après les
35 principes de l'Optique , il affure
33 qu'elles ne peuvent point être des
3> organes de la vue , pareeque , dit-il ,
33 ou chacune d'elle ne conftitue qu'un
=5 ccil , ou elle en conftitue plufieurs;
33 fi elle n'en fait qu'un , cette furface
33 extérieure devroit donc fervir de
35 cornée , ce qui ne peut point être ,
33 puifque fa convéxtté n'eft ni égale
»5 ni polie , comme elle devroit l'être
33 pour faire l'office de cornée : fi cha-
33 que partie formoit plufieurs yeux ,
33 il doit s'en fuivre une très grande
3» confufion dans la vue. C'eft pour-
33 quoi il penfe qu'elles ont été conf-
33 truites par la Nature pour une autre
33 fin que pour voir, Se que confidé-
33 rant que ces parties font renflées Se
35 tendues comme un tambour , il croit
35 qu'elles font l'organe del'ouie .étant
•5 très-propres parleur ftructure àrece-
33 voir les vibrations de l'air extérieur
33 c'eft-à-dire , le fon. Il eft d'autant
33 plus affermi dans cette opinon , qu'il
33 a vû,, par le moyen du microfeope ,
33 fur la tête des Mouches , des parties
3) femblables aux yeux des autres ani-
35 maux. On pourroît douter fi ces par-
35 ties font réellement les yeux des Mou-
3» c/w,puifqu'elles font peu différentes
33 par leur forme Se par leur couleur
35 de, ces taches noires , que l'on voit
3> pareillement difperfées fur leur tête.
33 Mais les obfervations qu'il a faites
35 fur les autres animaux , ne laiffent ,
35 dit-il, aucun doute fur cette matière;
33 car on diftingue fort bien dans quel-
33 qu\in d'entr'eux , Se les yeux & les
33 corps convexes , dont nous avons-
35 parlé , comme dans ces Punaifes que
» les Italiens appellent Cmkidi Cam-
MOU
hpagna, qui font très-curîeufes. On
» découvre dans ces infectes , par le
w moyen du microfcope, plufieurs ta-
v ches noires , difperfées très-élégam-
•jfflent fur un fond en partie blanc,
s , en partie jaune , & fur leur tête on
s> diftingue aïfémenr deux corps élevés,
s> aflez femblables à ceux dont nous
» avons parlé , Scquife trouvent dans
» les Mouches- , au-deflfus defquels on
b> voit deux petits globes très-diftincts ,
a>lefquels vraifemblablement ne font
3) autre chofe que les yeux. C'eftpour-
33 quoi ayant trouvé dans le même ani-
' s> mal ces deux éminences ou convé-
s> xités qui fe trouvent dans les Mou-
» ches , Se de plus les yeux , qui en
3> font évidemment diftingués , il con-
3> dut que dans les Mouches, cescon-
35 véxîtés ne font point les yeux , maïs
pi plutôt les organes des ouïes, «
Quoi qu'il en foit , qu'il me foit per-
mis d'ajouter ici une remarque , dit
Jean Mur alto. Les corps glo-
buleux , dont nous venons de parler ,
font d'une nature membraneuie. Ils
font enduits Se pénétrés d'une liqueur
aflez épaifTe , Se rouge comme du fang ,
quoiqu'un peu plus foncée , laquelle
étant elïïiyée , la membrane elle-même
paraît aflez épaifle , eu égard à la pe-
titefle de la Mouche , Se lâns couleur ;
Se fi on lui oppofe quelque corps co-
loré , rouge , noir , &c. les fommets
des globules , ( qui méritent peutêtre
mieux le nom de taches blanchâtres ,
puifqu'ils fe voient des deux côtés,
tant à l'extérieur , ou du côté convexe ,
qu'à l'intérieur ou du côté concave ) ,
les fommets , dis-je , ne tranfmettent
point la couleur , mais confervent un
éclat blanchâtre , tandis que les efpaces
intermédiaires , qui ne font point tache-
tés , ou les interitices des globules ,
prennent la couleur du corps qu'on leur
oppofe. J'ai auffi apperçupar le moyen
du microfcope dans la poitrine de quel-
ques Mouches , près de l'infertion des
pieds , une efpece d'infeète très-petit,
que je çrgis être l'eipece Pédiculaire.
MOU 141
Sachsius , notre Aflocié , a rapporté
dans fa Scholie de l'Obferv. 13. à»
V année 1. des Êphémérides , tout ce que
F on t a N a , Hookius , 8c les au-
tres ont obfervé à l'aide du microf-
cope. Pierre H a i n (in ann. 1 1.
Décad. Ephém. Obf. 27. ) a obfervé
par le moyen du microfcope foïxante
Se douze Vers enfermés dans le corps
d'nne Mouche , Se qui étoient conte-
nus dans une membrane ; Se Fré-
déric Schroderus a remar-
qué que les Mouches qui engendrent
le Ver de fromage avoient une verge
d'une ftruérure finguliere , & qu'or»
n'a peutêtre jamais obfervée dans au-
cun autre animal: elle efl recourbée ,
comme les tendons de la Vigne , Se a
lin grand trou à l'extrémité , clans le-
quel entre la vulve, en forte qu'elle
ne s'y infère point, comme dans les
autres animaux. Enfin la Mouche
n'a point de rate, non plus que les au-
tres infcètes , félon l'obfervation de
Thomas Bartholin, L. I. Anatom.
Reform. cap. 1 6.
MOUCHE formée dans le vi-
naigre , ou dans la bière aigrie. Les
Auteurs anciens n'ont pas ignoré qu'il
feformoitdes infectes dans le vinaigre.
Aristote a parlé de ces infectes »
Se il y a un paflage dans fon Hifhirc
des Animaux , L. V. qui peut être tra-
duit ainfi : Les Moucherons du vinaigre
ont été auparavant de petits Vermijfeaux
qui s'engendrent dans la lie du vin
aigri. Ces infectes cependant , die
Chrétien Mentzeeius , ne font pss
de vrais Moucherons. C'eft ce qu'il
a obfervé particulièrement en 1683,
Voici l'obfervation de ce Naturalifte ,
tirée des Éphémérides de l'Académie
des Curieux de la Nature, Se telle qu'on
la lit dans le Tome III. des Collections
Académiques , p. J 4 3 ■
Dans le printemps , Se fur- tout pen-
dant les mois de Mai Se de Juin, on
apperçoit dans le vinaigre , à Paide du
microfcope , & même à l'œil fimple 7 .
de très-petits Vers, qui ont la forain
M O U
de petits Serpens , qui fe meuvent avec
une agilité furprenante , Se dont la tête
paroit élevée à la fuperficie de la li-
queur , comme fi l'air fervoit d'aliment
À ces infectes. Lorfqu'on laifTe ce vi-
rai rre dans un lieu clos fans le remuer
& que le vaîfleaun'eftpas bouche allez
exa'ctement.pourque l'air extérieur n'y
puiiTe communiquer , fa fuperficie le
couvre d'une pellicule moufleufe , qui
eft pour ces petits Vers un aliment plus
fubftantiel , & lorfqu'ils ont acquis
toute leur grofteur , ils fortent de la
liqueur ; ils s'attachent aux parois Se.
au couvercle des vaifieaux , & fe trans-
forment bientôt en Chryfalides , dont
la grolTeur égale à peine celle d'un
grain de Moutarde. Le temps étant
arrivé qu'il doit en éclorre de petits
infectes , c'çft-à-dire dans les mois de
Juillet & d'Août, l'efpece d'étui qui
les renfermoit fe déchire à fa partie
fupérieure , où la tête de ces infectes
fe trouve placée, Se ils en fortent fous
la forme de petites Mouches , qui ont
à peine la grofleur de la plus petite
Lentille , Se qui volent çà Se là en agi-
tant leurs ailes avec la plus grande
vivacité, fans faire cependant le moin-
dre bruit j mais elles voltigent pendant
quelque temps , toujours autour de ces
ciêmes vaifieaux remplis de vinaigre ,
pu elles ont pris naiflance , & d'où
elles ne s'écartent jamais beaucoup.
Elles femblent fe nourrir des vapeurs
qui s'en exhalent Se paroiflent craindre
<3e s'expofer à l'air froid : elles rentrent
enfuite dans le vaiiïeau plein de vi-
naigre Se s'y accouplent, y produifent
de petits Vers, Se meurent prefqu'aufiî-
jtôt. Cette Mouche , comme nous Va,r
•vons dit, eft très-petite, Se peutêtrç
la plus petite de toutes les Mouches.
Ses yeux font d'un rouge couleur dç
feu ; fon dos eft jaunâtre & convexe ;
fa queue eft traverfée de fix raies noires
comme celle des Guêpes , & de la
même couleur que fon dos. Ses ailes,
plus longues que fon corps ne femble
l'exiger, font parfaitement tranfpa-
rentcs,ont des couleurs changeantes qui
reprékntent celles de l'arc-en-ciel ,8c
quatre ou cinq nervures d'un pour-
pre brun. Onapperçoit de côté & d'au-
tre quelques poils fur le dos 5c iur la
tête de cet infecte ; & il a entre les
yeux deux petits corps ronds Se fail-
lans , aiuii garnis de poils, qui tiennent
peutêtre lieu de narines à ces Mou-
ches , Se dans lcfquels l'air acide qu'elles
paroiffent refpirer, reçoit quelque al-
tération : elles n'ont point de trompe ,
mais elles ont en fa place un autre pe-
tit corps Spongieux, qui, lorfqu'il s'ou-
vre , reiîemble à la bouche d'une Lam-
proie , avec lequel elles fe tiennent
fortement attachées aux côtés des vaif-
feaux , ou elles fucent par le moyen
de cet organe l'humidité acide qui s'en
élevé. Le ventre de cette Mouche eft
ablolument jaune.
MOUCHAS GALLINSECTES
DU PECHER : Ce font de jolies
Mouches à deux ailes , dont le corps ,
la tête, le corfelet & les fix jambes,
font d'un rouge foncé : leurs ailes font
grandes proportionnellement à la gran-
deur du corps ; elles lont du double
plus longues. Ces ailes font parallèles
au plan de pofition , ou fur lequel la
Muuche fe trouve , Se elles font croï-
fées fur le corps de manière que la
fupérieure cache l'inférieure prefqu'en-
tierement: elles font moins tranfpa-
rentes que celles des Mouches ordi-
naires; elles font blanches d'un blanc
fale , excepté leur côté extérieur , bor-
dées d'une bande d'un rouge qui appro-
che de celui du carmin. Ce qui carac-
térife encore les petites Mouches de
cette efpece , ce font deux filets blancs
qui partent de leur derrière , & qui
font à-peu-près du double plus longs
que les ailes : ils font écartés l'un de
l'autre , & plus écartés vers leur ex-
trémité qu'à leur origine. Entre ces
deux filets eft une forte de queue , faite
en manière d'aiguillon , d'une longueur
égale à celle d'un tiers ou d'un quart
d'un des filets blancs, Cette efpece d'ai-
MOU
Buillon > plus gros , comme tous les ai-
guillons , à fa bafe qu'à fon extrémité »
fe recourbe un peu en deflous. Les an-
tennes de cette Mouche font grainées
à longs grains, chargées de chaque côté
de poils , qui paroiflent plus gros vers
le bout , qu'à l'endroit de leur infertîon.
Ces Mouches deviennent des Nym-
phes , qui fortent de leurs dépouilles,
pendant que d'autres Gallinfectes , qui
deviennent plus grottes , pondent leurs
oeufs fans fe transformer. Ainfi celles-
ci font les femelles , Se les Mouches
font les mâles.
MOUCHES GALLINSECTES
DU KERMÈS : Parmi les Mouches
qui fortent du Kermès , la plus noble
des Gallinfectes , il y en a une dont
les ailes font blanches , & qui a tant
de rapport avec la M\ u ke précédente,
dit M. de Réaumur, qu'on n'hé-
fitera pas à la prendre pourunlecond
exemple de Mmuhes qui fervent à
féconder des Gallinfectes. M. ÉmeriC
décrit deux efpeces de Nymphes qu'on
trouve dans certains grains de Ker-
mès , qui fe transforment en deux pe-
tites Mouches de différentes efpeces ,
qui toutes deux ont de commun de
fauter comme des Puces , ou comme
des Sauterelles-Puces. L'une , c'eft
celle dont je viens de parler , eft d'un
blanc fale , Se l'autre eft d'un noir de
Jayet. Celle qui a les ailes blanches ,
les a comme celles des Mouches Gal-
linfectes , plufqu'hémilpnériques. C'eft
cette Mouche , Se quelques autres , dit
M. de Réaumur , qui ont fait croire
à quelques Sa vans que le Kermès étoit
une véritable Calle.
MOUCHES de Vers fans jambes
defiructeurs de Pucerons. Ce font toutes
Mouches qui n'ont que deux ailes. Plu-
fieurs approchent de la grandeur, de
la couleur , Se de la figure des Guêpes
ordinaires. Un des caractères princi-
paux des Mouches de ce genre eft
d'avoir le corps très-applatî, La Mou-
che , qui vient des Vers jaunâtres avec
des raies ondées , a alternativement
MOU
143
fur le deflfus de fon corps des bandes
tranfverfales noires & des bandes jau-
nes , trois ou quatre de chacune de ces
couleurs , Se à-peu-près égales en lar-
geur. Dans d'autres de ces Mouches ,
le nombre des bandes colorées fe mul-
tiplie. Une large bande jaune eft fui-
vie de près d'une autre bande noire
plus étroite , ou plutôt d'un filet noir.
Les plus groiles Mouches de cette ef-
pece font celles qui viennent des Vers
qui ont une raie blanche ou jaunâtre
tout le long du dos , & qui par-tout
ailleurs font d'un beau verd. Le fond
de leur couleur eft noir , ou plutôt
d'un brun noirâtre. Surla partie fnpé-
rieure de chaque anneau , elles ont
deux taches courbes, dont la concavité
eft tournée vers la tête. 11 relte uir
efpace brun entre ces taches. Toutes'
les Mouches de ces Vers ont encore
de commun de voltiger au-dcfïïis des
plantes Se des fleurs comme en pla-
nant. Quelques-unes s'y tiennent
comme fufpendues pendant du temps,
par le mouvement de leurs ailes.
GoEdard a obfervé & admiré
l'accroiifement fubit qui fembie fe fai-
re dans des Mouches qui lui étoient
venues des Vers mangeurs des Puce-
rons de Sureau , & des Vers mangeurs
des Pucerons du Saule. A peine ont-
elles un quart-d'heure de vie de
Mouches , qu'on les voit au moins do,'
double plus longues Se plus groffes ,
qu'elles n'étoient quelques inftans
après être fortics de la coque. Cet ac-
crohTement ne lui a point paru réel;par
l'expérience qu'il a faite , il a vu que
l'infecte dans ce premier inftant rtfpi-
roit plus d'air, & que cet air intro--
duit ou raréfié dans le corps , l'obli-
geoit à s'étendre. Le corps des Mou-
ches de cette efpece , qu'il a gardées ,.
s'eftapplari peu-à-peu ; Se de pareil-
les Mouches , qui ont vécu libres , Se
qu'on voit voler autour des arbres Se
des plantes , ont de même le corps-
plat. On voit dans l'intérieur de ces
Àlottches des fingularités , dont parle
144 MOU
M. de Ri au mur dans PHîftoir e
générale des Mouches à deux aller.
La Mouche , qui vient d'un Ver
mangeur des Pucerons qui eft hériffé
d'épines , eft beaucoup plus petite
que celles dont je viens de parler.
Elle n'a d'ailleurs rien de fort remar-
quable. Le deflus 8c le deflous de fbn
corps font d'un noir éclatant , tel que
celui des vernis. Ce noir n'eft caché
qu'au bord des anneaux , qui ont cha-
cun une petite frange de poils blan-
châtres. Les différences qu'il y a entre
ces Mouches qui viennent de Vers
fans jambes , font légères , Se par-li
auffi difficiles à décrire , dit M. D E
.R é a u M u R , que peu propres à in-
téreffer.
MOUCHES DE SAINT
MARC : Le même Académicien 8c
Obfervateur { Mémoire II. Tome V. )
conferve à ces Mouches le nom qu'el-
les portent en quelques Provinces du
Royaume , comme en Poitou Se en
Touraine , apparemment pareequ' elles
paroiflent des premières au printemps
Se vers la fête de Saint Marc. On voit
fbuvent ces Mouches à deux ailes fur
les fleurs, Se fur les bourgeons des
arbres. On les aceufè" de faire tort à
ces boutons , Se de faire périr les fleurs.
Ce font des Mouches de grandeur mé-
diocre , bien plus petites que les
grolfes Mouches bleues. Elles font de la
féconde claffe générale de celles des
Mouches , lefquelles ont une bouche
fans dents;mais elles peuvent avec leur
bouche exprimer le fuc des bourgeons,
ainfi que celui des fleurs qui ne font
pas épanouies, & peutêtre y occafion-
ner , dit M. jd E R É A u M u r , un
defféchement qui les fait périr. La
itructure de leur bouche reffemble fort
à celle des Tipules. Leurs antennes
font peu longues, & n'ont d'ailleurs
rien de fingulier. Le mâle a une tête
beaucoup plus groffe que celle de la
femel'e. Les yeux à réfeau du mâle
font aufli plus gros. Dans plufieurs ef-
£e<es de ces Mouches les yeux font
MOU
noîrs. Ces Mouches portent ordinaire^
ment leurs ailes de manière qu'une
des deux couvre l'autre prefqu'en en-
tier. Celle-ci ne paroît qu'auprès de
fon origine , Se à fon extrémité. Ces
Mouches volent d'affez mauvaife grâce.
Quand elles font en l'air , leur corps
fcmble y être pendant. M. de Réau-
mur n'a connu de ces Mouches que;
de deux couleurs. Les unes font noi-
res 8c d'un très-beau noir , 8c les au-
tres ont le corps Se le corfelet rou-
geâtres. Il dit en avoir obfervé des
unes Se des autres de grandeurs très-
différentes , Se qui font de différentes
efpeces. Il y en a des efpeces au(13
petites que les petites efpeces de Ti-
pules & que les Coufins , & on ne les
diftîngue des unes & des autres , que
quand on examine à la loupe, ou au
microfeope , la forme de leur corps.
Ces Mouches viennent , comme les
Tipules, de Vers qui fe tiennent fous
terre , qui s'y nourriffent d'une efpece
de terreau ou de terre , Se qui pour-
tant s'accommodent d'une matière qui
paroît contenir des fucs plus aifés à
extraire. Voyez fur ces Mouches le
Mémoire ci-deffus cité.
MOUCHES en forme d'Abeil-
les : Ce font des Mouches à deux ailes,
dont la reffemblance eft. fi grande avec
les Abeilles, que M. de Réaumur.
(Tome IV. Mémoire XI. > avoue n'avoir
pas oie plufieurs fois prendre avec la
main de ces Mouches Abeilliformes , de
peur que ce ne fuflent des Abeilles.
Les couleurs , les grandeurs, les figu-
res & les proportions des différentes
parties de ces Mouches de deux claf-
fes fi différentes , font à-peu-près les
mêmes. Les Abeilles ont cependant le
corps un peu plus allongé : elles font
moins grofîes ; elles ont fur-tout la
tête plus petite , proportionnellement
à leurs autres parties , que la tête des
Mouches qui leur reffemblent. Ces der-
nières Mouches d'ailleurs tiennent tou-
jours leurs ailes parallèles au plan de
pofition , mais en dehors de leur corps.
Enfin
MOU
Enfin ces Moucher à deux ailes Ce com-
portent fur les fleurs , qu'elles cher-
chent, Se qu'elles aiment beaucoup ,
à-peu-près comme les Abeilles. Si
elles ne fongent point à y faire une
récolte de cire , elles ont une trompe
avec laquelle elles favent en tirer le
miel, La trompe de ces Mouches n'eft
pas accompagnée de dents. Leur corps
eft un peu plus court que celui des
Abeilles , Se plus applati.
Il y a plufieurs efpeces de ces Mou-
ches. Ray en a décrit fix différentes
dans fon Hifloire des lnfetles. On en
peut ajouter à ce nombre , dit M. de
R é a u m u r. Elles différent entr'el-
les en grandeur. Quelques-unes de ces
efpeces font plus petites que les gref-
fes Mouches bleues : mais la plupart
des autres les égalent où les furpaf-
fent en grandeur. Ces efpeces différent
aufïï entr'elles par des nuances de
couleur brune , Se quelques autres ef-
peces du même genre ont des taches
très-noires & d'autres très-jaunes, qui
les éloignent beaucoup de la couleur
des Abeilles. Les Vers , d'où provien-
nent ces Mouches , Se qu'on appelle
des Vers à Pourceaux , pareequ'on les
trouve dans la matière dont ces ani-
maux fe ragoûtent ; ces Vers , dis -je ,
n'ont pas été inconnus à Goedaru ,
ni à M e Me r i an , ni à Albin.
M. de R É a U m u R en donne l'Hif-
toire dans le Mémoire ci-delfus cité.
MOUCHES en forme de Guê-
pes : Ce font des Mouches à deux ai-
les , qui ont une forte de refTemblance
avec les Guêpes. Elles proviennent de
Vers à queue de Rat. Le corps un
peu long , marqué de jaune Se de noir ,
eft ce qui frappe le plus dans la Guê-
pe , Se on trouve tout cela dans la
Mouche à Ver à queue de Rat. Plufieurs
efpeces de Mouches , qui viennent des
Vers mangeurs de Pucerons , ont aufli
cette reflemblance groulere avec les
Guêpes.
Il y a une Mouche d'un autre genre,
qui refTemble fi fort à une petite Guê-
Tome UL
MOU i 4S
pe, que M. deRéaumur dît ne l'avoir
jamais prife , en fe fervant des doigts ,
qu'avec les précautions avec lefquel-
les on prend une Mouche armée d'un
aiguillon , Se il ne s'eft affuré qu'elle
en étoit dépourvue , qu'après avoir
reconnu qu'elle n'avoit que deux ai-
les. Ses antennes font aufTi de celles
qui font les plus ordinaires aux Mou-
ches de cette dernière claffe ; elles
font à palettes , mais à palettes très-
allongées. Il ne donne point l'Hiftoire
de cette Mouche , n'étant point par-
venu à la faire naître chez lui.
MOUCHES en firme de Fre-
lons: Les Frelons font du genre des
Guêpes ; j'en ai parlé au mot G U E-
PE, d'après M. de R é a u m u r.
Ils ne différent prefque des Guêpes
les plus communes que par leur gran-
deur. Ils font mis au rang des grof-
fes Moiuhef à quatre ailes.
11 y a une Mouche à deux ailes , qui
ne le cède pas en grandeur aux Fre-
lons , 8c qu'on ne peut gueres man-
quer de croire être un Frelon, la pre-
mière fois qu'on la voit pofée fur une
plante. Elle y arrive & en part avec
un bourdonnement d'ailes , femblable
à celui des Frelons , avec lefquels elle
a une grande reffemblance , par les
couleurs de fem corps Se de fon cor-
felet. Le jaune domine fur fon corps ,
mais il y eft coupé par deux larges
raies tranfverfaleSj qui toutes deux font
noires. Le corfelet eft noir, Se l'in-
tervalle qui eft entre les deux yeux à
réfeau eft jaune.
MOUCHES en forme de Bour-
dons : Ces Mouches à deux ailes ne
différent des Bourdons , que parce-
qu'elles n'ont point une trompe fem-
blable à la leur , Si qu'une paire d'ai-
les leur manque. Ces Mouthes , qui
reffemblent aux Bourdons , différent
entr'elles en efpeces Se en genres. Il y
en a qui font de différentes claffes. Il y
en a qui ont des trompes ; d'autres
auxquelles on trouve î peine une bou-
che. Toutes ont été des Vers de plu-
T
i4<? MOU
fieurs efpeces» auxquels la Nature a
affigné , pour les faire croître , des ha-
bitations , qui ont paru bien fingulie-
res aux Obfervateurs. Il y a de ces
Mouches , qui naiffent de Vers qui
prennent leur accroilfement dans les
inteftins des Chevaux ; d'autres vien-
nent d'une efpece de Vers qui ne fe
trouvent bien que fous l'épaifTe peau
des bêtes à corne ; d'autres font pro-
duites par des Vers qui vivent de ma-
tières végétales. M. de Réaumur
donne l'Hilloire d'une de ces Mou-
ches , dont le Ver fe tient dans l'inté-
rieur de certains Oignons de fleurs ,
comme de Narciffe , & enfuite celle
des autres Vers. Il appelle cette forte
d'infecles , Mouches d'Oignons de Nar-
cijfe , Mouches de Bœuf, Se Mouches
de Cheval. Valisnieri paife pour
avoir la premier connu la véritable
Mouche qui occafionne la naiflance
des tumeurs des bêtes à cornes. Il en
a donné une Hiftoire curieufe & ïnté-
reflante » Se ornée d'une agréable éru-
dition : mais les Obfervations de M.
de Réaumur ont été plus loin ,
tant fur cette Mouche de Bœuf , que
fur celle qui vient dépofer fes œufs
dans les inteftins du Cheval. Voyez
fon Mémoire XII. du Tome IV.
Les Anciens ont connu une Mou-
che , qui par fes piquûres faifoit quel-
quefois entrer en fureur les bêtes à
cornes de leurs troupeaux. Les Grecs
l'ont nommée (Eftraf , nom qu'ils ont
enfuite ennobli, au figuré, en le don-
nant à la fureur poétique: mais il eft
ordinairement affez difficile de déter-
miner l'infecte que les Anciens ont
déterm'né par un certain nom , parce -
que , dit notre favant Académicien »
ils ont rarement pris la peine de bien
décrire cet infeéte , & que même ils
en ont fouvent rapporté des chofes ,
qui le font méconnoître. Ainfi Pline
veut q-ie VfEftros des Grecs fbit le
Tabanus ou i' ifylus des Latins. Les
Naturalises conviennent cependant
«tue h Tabanus , su Taon » «jui eft une
MOU
Mouche bien connue , eft différent de
l'AJylus : mais ils ne conviennent pas
de la Mouche , à laquelle le nom d'A-
fylus eft propre. Valisnieri veut qu'il
foit donné à cette Mouche qui occa-
fionne la production des tumeurs des
Boeufs. Swammerdam donne le nom
à'AJylus à une Mouche qui vient des
Vers aquatiques , & que M. de Réau-
mur nomme Mouche à corfelet armé.
Ce grand Obfervateur eft du fentîment
de Valisnieri , & il appelle en Fran-
çois Afyle cette Mouche de Bœuf.
MOUCHE du Ver du nez. des
Moutons : Cette Mouche n'eft pas du
genre de celles qui ont l'air de Bour-
dons , & dans lefquelles fe transfor-
ment les Vers des tumeurs des Bœufs,.
& ceux qui naiffent dans les inteftins des
Chevaux ; mais elle eft au moins de
la même claffe. Les cavités, ou finus»
qui font au haut du nez du Mouton „
ainfi que les (mus frontaux , font le
lieu où fe tiennent les Vers , d'où for-
tent ces Mouches , Se où ils prennent
leur accroilfement. Ces finus , dont la
capacité eft afiëz confidérable , font
remplis d'une matière blanche & mol-
le , qui eft un affemblage de glandes,
abbreuvées d'un mucilage , que les
Moutons rendent par le nez. C'efi de-
ce mucilage que les Vers fenourrif-
fent , jufqu'à ce qu'ils aient toute la
grandeur à laquelle ils doivent par-
venir. Quand ce temps eft arrivé , ils
fortent du nez du Mouton ; ils vont
chercher de la terre, dans laquelle ils
s'enfoncent Se fe cachent. Là , ils paf-
fent tranquillement par les différena
états , qui les conduifent à celui de
Mouches. La Mouche femelle , après
avoir été fécondée par le mâle , fait
que c'eft dans le nez des Moutons»
qu'elle doit aller pondre , pour que les
Vers , auxquels elle donnera naiffan-
ce , puiflent devenir Mouches à leur-
tour. Cette Moul he, dans tout le temps
de fa vie , comme dans celui où elle
vient de naître , a un air pareffeux r
elle cherche rarement à faire ufage die.
MOU
&s jambes & de fes ailes. M. de Réau-
MUr a gardé en vie chez lui pendant
plus de quinze jours une de ces Mou-
ches, Voyez le Mémoire XII. Tome IV.
p, Valisnieri eft le premier qui
ait donné la véritable Hiftoire des Vers
qui donnent ces efpeces de Mouches.
Ils ont aufli été connus des Anciens.
Un des plus célèbres Médecins Grecs,
Alexandre Trallien, que
M. F r e 1 N D place vers l'an 560. fait
mention de ces Vers comme d'un re-
mède contre l'épilepfie.
MOUCHE ARAIGNÉE:
■Cîtte Mouchi , dès l'inftant où elle
fort de l'œuf, n'a plus à croître. Elle
eft à deux ailes , plus petite que celle
nommée Taon, Scplus grande que d'au-
tres , aflez femblable à celles de nos
appartemens. Dans l'été ces Mouches
s'attroupent 8c forment de grandes pla-
ques fur le col , les épaules 8c fur d'au-
tres endroits du corps du Cheval. C'eft
aux parties des Chevaux les moins dé-
fendues par le poil qu'elles s'attachent
plus volontiers. Elles fe tiennent fou-
vent fous le ventre , entre les cuifles
poftérieures, ou fur la face intérieure
des cuifles mêmes. Quelquefois elles
pafTent fous la queue du Cheval , &
c'eft alors qu'elles l'inquiettent davan-
tage. Si on fe contente de les chaiTer ,
après un vol très-court elles revien-
nent fur le Cheval , qu'elles fuivent
obftinément. Les Chevaux ne font pas
les feuls animaux auxquels ces Mou-
ches en veulent. On en trouve aflez
fouvent fur les bêtes à cornes , & à la
campagne elles fe tiennent quelque-
fois fur les Chiens ; aufli un de leurs
noms eft celui de Mouches de Chien.
Leur forme eft propre à les faire diftin-
guer de beaucoup d'autres Mouches.
Selon la defcription que M. D E
Réaumur( Mém. IV. Tome VI. )
en fait dans fes Mémoires pour fervir
à l'Hiftoïre des Infectes, elles ont un
air plus applati que celles qui {è trou-
vent fur la viande & que celles de nos
appartemens. Leur corps touche pref-
M O U t 47
que la furface fur laquelle elles fant
pofées , quoique leurs jambes loient
longues ; mais c'eft qu'elles les por-
tent loin du corpi. Elles s'en fervent
pour marcher vite , & elles marchent
volontiers , lorfque les doigts qui les
ve ulent faifir s'approchent d'elles. Pour
fuir elles employent plutôt leurs jam-
bes que leurs ailes. Quand on leur a
arraché celles-ci, leur corps applati,
la longueur Se le port de leurs jambes ,
leur donnent une forte de reflemblance
avec des Araignées de quelques efpe-
ces , qui ont le corps plat 8c qui s'é-
lèvent peu fur leurs jambes. C'eft ce
qui fait que le nom de Mouches Arai-
gnées , dit M. deRéaumur, parolt
allez leur convenir , 8c à d'autres Mou-
ches du même genre. On leur a donné
plufieurs noms en différens endroits du
Royaume; en Normandie , par exem-
ple , on les appelle Mouches Breton-
nes ; ailleurs Mouches d'Efpagne , Se
Mouches de Chien.
Le bout de leur corps eft plus large
que ce qui le précède. A fon milieu ,
du moins en certain temps , paroît une
échancrure, qui pourroit les faire ap-
peller des Mouches en cœur. Leur tête
bien plus petite , par rapport au vo-
lume du corps , que celle du commun
des Mouches , tient de la figure trian-
gulaire. Le delTus du corfelet eft plat
8c très-luifant , quoiqu'il ait quelques
poils; mais ce n'eft qu'avec la leupe
qu'on les découvre : il eft fille nnâ
tranfverfalement en ligne droite & en
trois différens endroits. Sa couleur do-
minante eft un caffé brun , fur lequel
font jettées des taches d'un blanc jau-
nâtre : quatre de ces taches font plus
remarquables que les autres; deux font
placées dans la ligne du dos, & deux
courbées en arc fe trouvent fur les
côtés, aflez près de la tête. Le corps
eft encore plus plat que le corfelet ,
fur-tout par deflùs ; car ledeflbus eft
un peu renflé tk tire fur le blanchâtre :
le deflùs eft brun , chargé de poils fur
l'un 8c l'autre de fes côtés & prefque
Tij
i 4 8 MOU
ras au milieu : il n'a nulle partie luifant
du corfelet : dans les états ordinaires
il eft plus large que long. Celui des
femelles prêtes à pondre s'allonge un
peu , mais plus fur les côtés que dans
la ligne du dos, d'où il arrive que
l'anus fe trouve dans un enfoncement,
Se que le corps tient de la figure d'un
cœur, ou de celle du corps de certai-
nes Araignées. Ordinairement leur ven-
tre eft peu rempli de matières fuccu-
lentes ; ce qui fait que ceux qui les
prennent furies Chevaux , les trouvent
difficiles à écrafer. Les doigts entre
lefquels elles gliffent ont peine à venir
à bout de les tuer.
Dans tous les temps où elles ne fê
fervent pas de leurs ailes pour voler,
elles les portent crcifées fur le corps ,
au-delà du bout duquel elles vont à
une diftance égale à la moitié de fa
longueur.Leurs jambes, que nous avons
déjà dit être longues , font d'une cou-
leur plus claire que celle du corfelet,
d'un jaunâtre aflez clair. Chacune fe
termine par deux grands crochets très -
courbes vers leur origine , mais dont
la plus longue 8c dernière partie eft
prefque droite.
M. de Réaumur n'a point. re-
marqué à ces Mouches de petits yeux.
Leurs yeux à réfeau s'étendent depuis
le devant jufqu'au derrière de la tête:
ils font bruns. Le deffus de la tête eft
plus blanchâtre Se forme une efpece
d'enfoncement. Cette Mouche a paru
à- cet Obfervateur dépourvue d'an-
tennes. En devant , la tête a une efpece
de bec , ou plutôt paroît en avoir un
affez long : il eft formé par deux pe-
tites palettes de figure ovale , d'un
noir luifant , pofées fur une même
ligne horifontale , ms-pres l'une de
l'autre ,. & qui dan les temps ordi -
naires s'appliquent l'une contre l'au-
tre : elles ont quelque reffemblance par
leur figure avec les antennes à palet-
tes des Mouches a deux ailes ; mais el-
les font autrement ii'tuées & ont un
tout, autre ufage. Enfemble elles com-
MOU
pofent l'étui d'une trompe extrême-
ment délié. On la voit fouvent fortir
d'entre les deux palettes Se fe porter
à une ligne ou deux par d e-là. Elle eft
fi fine , qu'on la prendrok pour un
poil, fi on lui voyoit conftamment la.
même longueur : à peine a-t-elle la
groffeur d'un cheveu. La Mouche l'al-
longe 8c la racourcit à fon gré , 8c elle
la fait difp aroître totalement quand el-
le veut. Telle eft la defeription que M.-
de Réaumur fait de la Mouche
Araignée , ou en cœur.
Elle n'eft pas rare : on en voit quel ••
ques-unes au printemps ; mais c'elfc
en été & fur-tout en automne qu'elles
font le plus communes. Les femelles,
pondent un œuf de la groffeur d'urt-
pois ordinaire : il n'a du noir qu'à fon:
bout le plus menu Se échancré : tout,
le refte eft blanc. Il ne fort point de
cet œuf un Ver Se enfuite une Nym-
phe. Cette Mouche fort de fon œuf fous
la forme d'une Mouche , comme le
Poule; fort Poulet du fien, avec cet-
te différence que le Poulet eft bien
éloigné de la grandeur de laPoule Se
encore plus de celle du Coq , & que:
nos Mouches Araignées naiifent abso-
lument auflî grandes que les Mouches
pères Se les Mouches mères , à qui el-
les doivent le jour. Ce font les obfer-
vations que M. de Réaumur a faites,.
Les œufs de ces Mouches Araignées
comme les œufs les plus connus , ref-
tent tels qu'ils étoient quand ils ont
été pondus. Tout ce qui leur arrive
c'eft que leur coque prend une teinte
brune en moins d'une heure : au bouc
de deux ou trois heures elle eft rou—
geârre , . & enfin en moins d'un jour en-
tier , Se quelquefois dans un demi-
jour , elle devient du plus beau noîn.
Elle fe defféche Se acquiert plus de
confiftance Se de dureté qu'elle n'en
avoit d'abord , Se l'intérieur de cette,
coque a afTez de capacité pour renfer-
mer une Mouche auffi complette Se auffi:
grande que celle par qui l'œuf a été
gondu. Dans les obfervations que M,.
MOU
ee Ré au mur a faîtes en ouvrant
des œufs de Mouches Araignées , il a
trouvé de ces Mouches fous la forme
de Nymphes, dont les parties étoient
très - diftincres , très - reconnoiffables
pour celles d'une Mouche , Se auxquel-
les il manquoit peu du côté de la con-
fiftanee , Se dans aucun de ces œufs
il n'a jamais découvert de Vers ; ce
qui prouve que de la liqueur contenue
dans ces œufs fe forme une Nymphe ,.
fans paffer auparavant par l'état de
Ver, 8c que cette Nymphe devient
nne Mouche:-
Parmi ces Mouches, comme parmi
«elles de la plupart des efpeces con-
nues, il y a des mâles & des femelles.
La femelle qui vient de pondre ne
fiirpane pas fenfiblement le mâle en
grandeur & n'offre pas d'ailleurs des
différences marquées.
MOUCHES ARAIGNÉES
des nids d' Hirondelles, La manière de
naître de ces Mouches eil la même que
celle des Mouches Araignées de Che-
vaux , dont nous venons de parler.
Elles font d'une autre efpece , mais
du même genre , & elles n'en différent
que parcequ'elles ont des ailes plus
étroites. C'eft dans les nids des Hiron-
delles qu'elles fe tiennent. C'eft dans
ces mêmes nids que M. de Réaumur
3 trouvé" des grains aufli luifans que
s'ils euffent été des Jais , plus gros que
k corps des Mouches mêmes : ce font
leurs œufs.
Tentes MOUCHES: M. de
R é a umur( Mém. IL TomeV.)~
parle d'une efpece de Mouches qui ne
font , dit -il, que de vrais Mouche-
rons. Llles font plus petites que les-
plus petites Tipules. Lorfque leurs
ailes font pofées fur leur corps , à peine
font-elles auffi groffes qu'une groffe
tête d'épingle. Avec une loupe notre
ûvant Obfervateur a remarqué qu'el-
les appartiennent à la première des
elaffcs générales ; qu'elles n'ont qu'u-
ne trompe affez femblable à celles des'
Mouches bleues de là viande , 8c quelles
MOU 142
font de la première des claffes fubor-
données à la claffe générale des Mou-'
ches à corps court. Ces fortes de Mou-*
ches aiment l'efpece de lie de vin dé-
pofée fur les tonneaux d'où on tire
le vin avec un robinet. Elles aiment le
marc de raifin qui s'aigrit , Se en gé-
néral elles aiment les liqueurs qui ont?
été fucrées , lorfqu'elles viennent à-
s'aigrir. Le corps Se le corfeiet de cette
petite Mouche font jaunâtres ; fes yeux -
à réfeau font d'un rôuge qui n'eft pas"
d'une beile nuance , mais qui fait pour-
tant qu'on les remarque plutôt que
ceux des autres. Les ailes qui ordinai-
rement fe croifent fur le corps, ont
des couleurs d'iris. M. de Réaumur'
n'a pu s'affurer fi elles font vivipares
ou ovipares.
MOUCHE TRUFLE: M.
de Réaumur ( Mém. II. J-ome V\
p. 6"40 dit que les> Trufles font re-
cherchées par des efpeces de Vers ,~
qui deviennent des Mouches a deux
ailes. Elles ont des poils longs , gros.
Scroides, femés fur le corps , le cor-
felet Se la tête. La couleur du corfelet
Se celle du corps eft un rougeâtre poin-
tillé de brun. Les antennes font à pa-
lettes plates Se ovales. Cette Mouche
eft de la première claiîe générale des
Mouches à deux ailes. Elle a une trom-
pe charnue Se n'a point de dents,
MOUCHE à deux ailes & £
corps long , qu'on trouve fur les Char--
milles , dès qu'elles commencent à-être
couvertes de feuilles. La trompe de
cette Mouche eft autrement conftruite
que les différentes efpeces de trompes-
de Mouches à deux ailes. Elle eft ordi -
nairement logée dans un long étui , qui
tout du long & en deffus a une cou —
liffe, qui la reçoit Se qui lui permet
de fortir. Quand cette trompe eft hors,
de fon étui & développée , on voie
qu'elle eft compofée de quatre pièces,
toutes d'une forte de corne , dont l'u-
ne eft plus longue Se plus forte que'
les autres Se deux plus courtes Se très--
fines ,> Se la- quatrième, un peu> plu3-
MOU
grotte & un peu plus longue que le*
deux précédentes , mais plus mince &
plus courte que la première.
MOUCHES DE RIVIERE:
On en voit beaucoup voler fur la fin
de l'été. Elles ont les yeux grands , le
dos rond, le ventre plat & fix pieds :
ceux de devant font plus grands. Ces
Mouches étendent leurs deux ailes pour
nager : c'eft ce qui fait qu'elles nagent
fur l'eau Se volent en l'air. Elles ont
des lignes vertes & noires au dos , dit
G e s n E R , de Aquat. p. 6^6.
Mouches a quatre ailes.
Après avoir parlé des Mouches à
'deux ailes ,M. de Réaumur met
dans l'ordre qui fuit celles qui en ont
quatre , & voici comme il les divife.
MOUCHES ICHNEUMONS :
C'eft d'après les Naturalîftes , 8c fur-
tout les Modernes » que M. de Réau-
mur (Mém. IX. Tome VI) donne le
nom à' Ichneumonsïàzs Mouches, dont
plufieurs donnent pour nid à leurs pe-
tits l'infecte même dont ils doivent
fë nourrir ; en général les Mouches
Ichneumons ont recours à trois moyens
différens pour arriver à leur fin, & tous
trois également fûrs. Les unes favent
loge; leurs œufs dans l'intérieur d'un
infecte, qui eft encore fous fa premiè-
re forme , Se qui par conféquent a en-
core à croître. Elles portent à leur
partie poftérieure une efpece d'aiguil-
lon , capable de pénétrer dans des
corps plus durs que les chairs contre
lefquefles il doit agir. Des Ichneu-
mons de plufieur^ autres efpeces ont
une manière plus fimple de placer
leurs œufs. Ils fe contentent d'en col-
ler un ou plufieurs fur le corps des
infectes qu'ils ont deftiné? à nourrir le
petit qui doit fortir de chacun. D'autres
Ichneumons , 8c c'eft la troifieme ma-
nière dont ils favent pourvoir à la fub-
fiftance de leurs petits, font à l'affût
des nids que la plupart des infectes
préparent aux leurs. D'autres Ichmil-
mom > qui ne font pas inftruits â trom-
M O U
per la vigilance de l'infecte » qui par
nécelîïté abandonne pour quelques inf-
tans le nid auquel il travaille , par-
viennent par une autre voie à loger
leur œuf à côté de celui qui eft dépo-
fé dans un nid. Ces Ichneumons , com-
me les premiers , font munis d'un ai-
guillon, ou d'une tarriere , capable de
percer des corps plus durs que les
chairs d'un animal , & d'une longueur
propre à traverfçr des épaiffeurs auflU
confidérables que celles des plus fo-
lides parois des nids. Ils font pénétrer
leur tarriere dans des nids , qui ont
d'épahTes enveloppes , foit de bols »
foit de terre , foit de fable , foit de
mortier le plus compacte. La tarriere
porte dans l'intérieur du nid où elle
s'eft introduite, un œuf d'où fort par
la fuite un Ver vorace.
Enfin fous le nom d' Ichneumons font
comprifes des Mouches qui différent
affez par leur forme , pour être mifes
en des genres différens. M. de Réau-
mur les range fous deux genres prin-»
cîpaux , caratiérifés par la manière
dont les femelles portent cet inftru-
ment fi effentiel , au moyen duquel
elles parviennent à loger leurs œufs
convenablement. Les unes , ce font
celles que cet Obfervateur met dans
le premier genre , ont une longue
queue , compofée de trois filets fi fins *
qu'ils peuvent être pris pour des poils.
Les Naturalîftes, en parlant de quel-
ques Mouches qui avoient cette queue ,
les ont défignées par le nom de Mufca
triplis. R a ï les a placées parmi les
Ichneumons. Les trois poils de quel-
ques-unes font extrêmement longs ,
une Se même deux fois plus longs que
le corps , le corfelet & la tête pris en-
femble. M. deRéaumur avec une
forte loupe a examiné à quelle lin ils
font faits. Les deux des extrémités font
deftinés à conferver celui du milieu ,
Se à lui faire un étui. Ce filet du milieu
lifte & aftez arrondi dans la plus grande
partie de fa longueur, s'applatit près
defonbout &fe termine par une poia*
MOU
te quelquefois faîte en bec de plume ,
& fur laquelle, avec le fecours de la
loupe , on diftmgue des dentelures ,
qui font juger que malgré fa finefle ,
ce filet eft un inftrument analogue à
l'admirable tarriere dont font pour-
vues les femelles des Cigales. Quoique
délicat & flexible, les Icbneumons fa-
vent l'introduire dans des corps très-
durs. Quand la Mouche ne cherche pas
à le faire agir, il eft renfermé dans
l'étui, qui n'eft fait que de deux espè-
ces de poils creux , & la Mouche ne
femble plus avoir pour queue qu'un
poil , qui encore ne paroît pas fort
gros. Quelquefois la tarriere n'eft lo-
gée que dans une moitié de fbn étui ,
dans un des poils , & la queue ne fem-
ble plus être cornpofée que de deux
poils ; aînfi la même Mouche , vue en
différens temps , a bien pu fournir,
dit M. deRéaumur, les noms de
Mouche à un poil , à deux poils Se à trois
poils , noms que Mouffet a cru
donner à des Mouches différentes.
Les femelles des Icbneumons , que
M. de Réaumur ralTemble dans
le fécond genre , ont encore comme
les autres une tarriere , mais elles la
portent appliquée contre le deffous de
leur ventre. Ordinairement fon bout
n'excède pas , ou excède peu celui
du corps. Elle eft logée dans une cou-
lifte , faite de deux pièces , creufées
en gouttières Se adhérentes au corps
de la première partie , & quelquefois
dans plus de la moitié de leur lon-
gueur. C'eft ainfi qu'il caraftérife ces
deux genres d' Icbneumons par ce qu'ils
ont de plus remarquable , c'eft-à-dire
en les ditlinguant par la façon dont les
femelles portent leur tarriere.
On distingue au premier coup d'œiL
les Icbneumons , dont on n'a pas le
temps d'examiner le fexe , des autres
Mouches , avec lefquelles ils auroient
quelque reffemblance , pareequ'ils agi-
tent leurs antennes plus contimiement
& plus vivement que ne font les autres
Mouches, La plupart tiennent pareil-
M O U
lement leurs ailes dans une agitation
continuelle , dans les temps où ils font
pofes , & ou ils ne fongent nullement
a voler. M. de Réaumur trouve
encore un caractère aux Icbneumons,
qu il n a trouvé à aucune Mouche d'un
autre genre r foit que le corps des au-
tres infectes ailés s'applique immédia-
tement contre le corièlet , foit qu'il
n y tienne que par un étranglement
ou par un filet , c'eft toujours du bout
du corfelet que le corps part : il n'y
a au contraire , dit-il , que parmi les
Icbneumons , qu'on trouve des Mou-
ches, dont le corps eft emplanté dans
le deffus du corfelet. Voyez la Plan-
r I4 * & ** du To ™eIV- de
Jes Mémoires , où un de ces Icbneumons
eft repréfenté , & un autre d'une for-
me plus finguliere , envoyé de Saint
JJomingue.
Parmi les Icbneumons à queue , il y
en a qui mettent les Vers qui fortent
de leurs œufs à portée de fe nourrir
d un ou de plufieurs Vers de Guêpes :
îls font de grandeur médiocre , & de la
couleur d'un brun maron très-foncé.
La partie du milieu de chaque anten-
ne eft tout ce qu'ils ont de blanc. Des
Icbneumons de même taHle , Se d'au-
tres confidéraboment plus grands &
qui ont des queues d'une longueur
plus démefurée , cherchent à pourvoir
leurs petits de Vers de différentes ef-
peces , & leurs mères ont cru les loger
bien fùrement , en les faifant naître au-
deffous de l'écotee épaiffe de fore
grands arbres , & dans l'intérieur du
bois même. On voit de ces derniers
Icbneumons roder autour des arbres
comme les autres autour des murs: II y
a des Icbneumons qui logent leurs œufs
dans les corps des Chenilles , dont M.
de Réaumur parle au Mémoire XI,
du Tome IL
Les mâles Icbneumons , du premier
genre , font diftingués des femelles ,
en ce qu'ils n'ont point de queue. Le
nombre des petites efpeces d'Ichneit-
mons à queue eft prodigieux. N ous fea*?
l5 i M O U
devons l'avantage de ne pas voir tous
ies fruits de la terre dévorés par les
infectes ; la quantité que les efpeces
A'Ichneumtms en font périr de tout gen-
re chaque année , n'eft point conce-
vable. ^
Parraî les Ichneitmons a queue des
très-petites efpeces, comme parmi ceux
des plus grandes Se des moyennes ,
les femelles portent , comme on la
déjà dit , une queue , qui eft compofee
de trois filets. Les unes n'ont pas ces
trois filets plus longs , ou même les
ont moins longs que leur corps; ceux
des autres furpaffent deux ou trois fois
le corps en longueur. Les couleurs de
.beaucoup d'efpeces de petits Ichneu-
.rnons n'ont rien de frappant ; ce font
des bruns clairs , ou plus foncés , Se
quelquefois du noir: mais les couleurs
de ceux d'un grand nombre d'autres
.efpeces font éclatantes : l'or y domine.
Le corps Se le corfelet des uns font
d'un verd doré, dont les nuances ne
font pas toujours les mêmes; ceux des
autres fout d'un rougeâtre doré.
Voilà enabrégé l'Hiftoire des Ichneu-
pions du premier genre ; ou à queue.
Pafibns à ceux du fécond genre , qui ,
dans les temps ordinaires , tiennent
l'inftrument avec lequel ils doivent
percer, foit des corps animés , foit des
corps inanimés , couché au moins en
grande partie fous le ventre. Parmi
ceux-ci, comme parmi les autres , on
en trouve de différentes grandeurs ,
qui offrent beaucoup de variétés dans
la forme du corps. Un des plus grands
que M. d -E R É a u M u R ait vus & plus
grand qu'aucun qu'il ait trouvé dans
fe Royaume , lui a été donné , pris
en Laponie par M. de Mauvertuis.
Le volume de nos plus grands Fre-
lons n'égale pas celui de Yhhneumon
de Laponie. Son corps eft auiïi gros
à fon origine , que l'eft l'extrémité du
corfelet: il n'eft pas joint à celui-ci
par une efpece de fil délié. La forme
de fon corps n'eft pas ellipfoïde , com-
me celle du corps des Frelons, 11 a plus
MOU
de diamètre de deiïus en deflbus , que
d'un côté à l'autre , Se c'eft fur-tout
vers le milieu du ventre qu'il en a le
plus : c'eft de-là que part la tarriere :
c'eft-là qu'elle eft aflujettîe : depuis
cet endroit jufqu'au bout du derrière ,
le ventre femble coupé obliquement.
La tête de cet hhneumon eft noire en
grande partie. Les petits yeux Se les
yeux à réleau font de la même cou-
leur; mais la partie qui eft par de-là
ceux-ci, Se qui eft proche du bout
fupérieur de la tête , eft jaune , com-
me le font aufïï les antennes. Le cor-
felet eft entièrement noîr: pardeflus ,
le corps eft jaune près de fon origine ,
après quoi il a une large bande tranf-
verlâle qui eft noire : le refte eft jaune.
Le noir occupe plus d'étendue du côté
du ventre : les deux tiers au moins de
la longueur de chaque jambe font jau-
nes , Se l'autre tiers reliant eft noir : les
ailes ont une aïïez forte teinte de jau-
ne. Un autre Ichmumon à-peu -près
de la taille du précédent , fut donné
à M. de R é a u m u r par M. de
Maupertuis: c'étoit un mâle de
cette efpece, qui n'avoit point de tar-
riere : pour le refte fa forme étoit la
même ; mais les couleurs étoient au-
trement diftribuées fur fou corps. Le
jaune en occupoit le milieu , Se les
deux extrémités étoient noires. Le noir
étoit auffi la couleur de fes antennes.
On voit à la Planche XXXI. fig. 3.
FF. le premier très-bien repréfenté ,
Se le fécond qui l'eft auffi à la même
Flanche ,fig. 5 . à la fin du Mémoire IX.
du Tome VI.
Nous avons dans ce pays des efpeces
d'Icbnenmons très-inférieures en gran-
deur à l'efpece dont on vient dépar-
ier, mais à-peu-prés aufli grandes que
des Guêpes communes , qui fàvent
fouiller dans les fables gras que la
chaleur a endurcis. Ces Ichneumons ,
comme les Guêpes , ne doivent être
pris qu'avec précaution , car ils favent
faire pénétrer leur tarriere dans les
doigts de ceux qui leur font violence,
comme
MOU
comme dans le corps des infectes où
elles veulent loger leurs œufs. Leur
tarriere eft toujours couchée fous le
ventre , dans une efpece de gouttière ,
faîte de deux demi- fourreaux, Les
demi-fourreaux font quelquefois di-
vifés en deux , fuivant leur longueur ,
comme compofés de deux pièces arti-
culées enfemble , Se dont la dernière»
qui va par de-làl'anus en s'élevant,eft
mobile. Les bouts réunis de ces deux
dernières pièces forment quelquefois
une courte queue à la Mouche. Les
Ichmumons de la plupart de ces efpe-
ces de médiocre grandeur font bruns ,
Se tous , ou prefque tous laiiTent une
odeur pénétrante Se défagréable fur
les doigts qui les ont touchés. C'eft
au corps des Chenilles qu'ils confient
ordinairement leurs œufs.
Le nombre de ces différentes efpe-
Ces d' le hne itmons du fécond genre eft
prodigieux. Ils fe répandent par- tout.
Les femelles cherchent des infectes,
des nids Se des œufs même d'infectes,
propres à recevoir leurs œufs Se à
nourrir les Vers qui en éclofent. M.
deRéaumur en a vu qui travail-
loient à percer en différens endroits
le corps d'une Chenille. lien a vu qui
confioient à un jeune Puceron un dé-
pôt qui lui devoir être funefte, M.
Valisnieri Se d'autres Naturaliftes
attentifs ont aufli vu d'autres femelles
Ichmumons occupées à cette importan-
te & finguliere opération. Il y a des
Vers lchneumons , qui prennent leur
accroiikment dans l'intérieur des plus
groftes Se des plus folides galles des
arbres Se des plantes , aux dépens du
Ver ou des Vers pour qui chaque gal-
le eft faite , Se à qui elle femble donner
un domicile impénétrable à tout in-
fecte. Les Vers lchneumons logés dans
le corps d'un jeune infecte, le rongent,
s'en nourriflent, confument quelques-
unes de fes parties , fans l'empêcher de
croître , & quelquefois fans l'empêcher
de parvenir à fa première transforma-
tion. Il y a aufli des Vers lchneumons,
Tome III,
MOU t sf
quï rongent des infectes hors defquels
ils fe tiennent. Du nombre de ceux-cî
il y en a qui doivent favoir les endroits
où ils doivent faire une plaie Se lafu-
cer, ou en manger les environs, fans
que l'infecte foit en danger de périr
trop promptement : car tel Ver lchneu-
mon , dit M. d e R É a u m u r à la fin
de fon Mémoire IX. du Tome VI. ( Se il
y en a de ceux-ci dans les galles ) , n'a
fouvent pour fe nourrir qu'un feul Ver ,
qui ne fût pas devenu une Mouche plus
grande que celle en laquelle le Ver
Ichneumon doit fe transformer. L'ac-
croiflement du Ver Ichneumon ne fe fait
pas dans un feul jour, ni même en plu-
sieurs jours. Il faut donc que leVer ron-
gé continue de vivre Se même de croî-
tre , pour fournir affez de fa propre
fubftance à l'acerohTement complet de
V Ichneumon. Voyez fur ces Vers Se les
Mouches lchneumons , les Mémoires ci-
deifus cités de M. d e Réauhur.
MOUCHES à quatre ailes de
faufes Chenilles , ou MOUCHES
à Jcie. Toutes les faulfes Chenilles ,
pour parvenir à être des Mouches à
quatre ailes , fe défont de la peau qui
leur donnoit la forme de Vers. Après
l'avoir quittée, elles font Nymphes,
Se fur les Nymphes de ces faujjis Che-
nilles , on en reconnoît aifément les
jambes Se les ailes, La fa ujfe Chenille ,
qui devient une Nymphe Vans fortir
de fa coque , fe transforme en Mou-
che. Cette Mouche eft du nombre de
celles qui n'ont point de trompe , mais
qui à chaque côté de la tête ont une
forte dent : ces deux dents fe rencon-
trent l'une Se l'autre vers le milieu
de la bouche. Le premier ufage que la
Mouche en fait eft de les faire agir
contre fa coque , ou de les employer
pour fe procurer une ouverture, qui lui
permette de fortir d'un logement quî
»' eft plus pour elle qu'une prifon, Les
dents viennent à bout de hacher des
fils de foie , même ceux qui dans cer-
taines coques ontplufieurs grains de
terre réunis. Les Mouches de faufes.
*54 MOU
Chenilles de différentes efpeces , fe ref-
femblent toutes. Toutes ont un air
aflez lourd ; elles font peu farouches ,
fe laifTent approcher , même fe laîf-
fent prendre , & femblent fbttes. Leurs
ailes font croifées furie corps , qu'el-
les débordent un peu de toutes parts ,
Se au-deftus duquel elles ont un peu
de convexité. Ces ailes ne font pas
auffi liifes Se aulli-bien tendues , que
celles de beaucoup d'autres Mouches ;
elles ont de petites convexités , ainfi
que de petits enfoncemens , avec un
air d'être mal détirées.
Les variétés qu'offrent les Mouches,
qui viennent de faujjes Chenilles de
diiférentes efpeces , font fouvent bien
moins confidérables Se moins frappan-
tes que celles qui font entre les faitf-
fes Chenilles. Il y en a qui différent des
autres en couleur. Les unes ont le
corps jaune , d'autres l'ont verdàrre ,
8c d'autres l'ont noir. La couleur de
Ta Mouche de la faitjfe Chenille du
Chèvrefeuille efl d'une couleur appro-
chante de celle des Abeilles. Les unes
ont des ailes tranfparentes , qui à pei-
ne la.'ifentappercevoir une légère tein-
te de jaunâtre. La teinte noire , ou la
teinte bleuâtre des ailes de quelques
autres , eft très-forte. Enfin les nuan-
ces , foit des couleurs du corps , foit
de celles des ailes , varient dans celles
de ce3 Mouches qui font de différen-
tes efpeces. Les unes ont le corps plus
court , §c d'autres l'ont plus allongé.
Il y a encore des différences dans la
ftru ;ture de leurs antennes; celles des
unes font à filets grainés ; celles des
autres font en forme de ma'Tue. L?s
antennes du mâle différent quelquefois
de celles de la femelle.
Les Mouches femelles des fauffes Che-
nilles font ovipares; elles logent k urs
eeufs dans des entailles fartes dans le
bois , ou dans d'autres fardes d'arbuf-
tes vivans. Ces Mouches femelles ont
un infiniment qui les met en état de
faire ces entailles : cet infiniment éft
une véritable feie , qui ne diffère de
MOU
Celles dont nous nous fervons pour
couper le bois , qu'en ce qu'elle eft de
corne , au-lîeu que les nôtres font
d'acier, & qu'elle eft faite avec beau-
coup plus d'art que les nôtres Voyez
la defeription de cette feie , telle que
M. de Réaumur nous l'a donnée
dans fon Mémoire III. du Tome IV.
pages io3.. & fuivantes; on plutôt de
deux feies ; car ces Mouches en ont
deux égales & femblables , qu'elles
mettent en mouvement dans le même
temps. Ces deux feies font très-min-
ces , Se defti nées à déchirer des fibres
ligneufes. Les dents en font dentelées,
5c chaque grande dent eft une fuite de
dents plus petites, Chaque feie n'efl
pas feulement une feie , elle eft en-
core une rape ou une lime d'une
ftructure fort flnguliere. Cette forte
d'infiniment n'eft néceffaire qu'à la
femelle , Se le mâle ne l'a point.
M. de Réaumur n'eft pas le
feul qui nous ait donné l'hiftoire des
Mouches à feie : Valisniert en a
repréfenté les figures Se donné les des-
criptions ; & il a auffi écrit fur la fabri-
que de ces feies. Ce favant Italien a
obfervé que des fauffes Chenilles ibr-
ries d'œufs pondus depuis quatorze à
quinze jours, Se vers le 6 Mai , étoient
le 18 Juin fuivant des Mouches par-
faites , Se des Mouches en état de faire
des entailles avec leur feie dans les
Rofiers , ou autres arbrifleaux Se d'y
pondre à leur tour.
MOUCHES^/ Vers à (îx
jambes , du premier genre , mangeurs
de Pucerons. Ce font de fort jolies Mou-
ches , dont le corps eft fort long &
femblable à celui de ces longues Mou-
ches , connues même des enfans & ap-
pelées Demoifelles. Mais cette Mouche
du Lion des Pucerons a des ailes , qui
ont plus d'ampleur, par rapport à la
grandeur du corps , que n'en ont cel-
les des Demoifelles ordinaires : elles
l. s torrent auffi tout autrement quand
elles font en repos : alors elles for-
ment un toit au-defTous duquel le corjg3
MOU
éft logé. Ces ailes font délicates Se
minces au-delà de ce qu'on peut dire.
Il n'en- point de gaze qui ait une tranf-
parence pareille à la leur: auffi laiffent-
elles voir le corps au-deffus duquel
elles font relevées , Se ce corps mérite
d'être vu. Il eft d'un verd tendre Se
éclatant : quelquefois il paraît avoir
une teinte d'or. Leur corftlet eft auflî
de ce même verd ; mais ce qu'elles
ont de plus brillant , ce font deux yeux ,
.gros Se faillans , qui font placés à
l'ordinaire de chaque côté de la tête.
Ils font de couleur de bronze rouge ,
maïs il n'eft pas de bronze, ni de mitai
poli , dont l'éclat approche du leur. Il
falloir , dit M. de Réaumur, que
les grandes ailes de cette Mouche Se
toutes fes parties fuffent bien pliffées
Se repliées pour être réduites à être
contenues dans une coque moins grolfe
qu'un petit pois. Ces Mouches font des
œufs qu'on trouve même fans les cher-
cher. On les voit ordinairement volti-
ger fur les feuilles de Chèvrefeuille ,
de Prunier Se de divers autres arbres
ou arbriifeaux , attachées à de petites
tiges qui font plantées les unes auprès
des autres , qui ont chacune à peine la
grofleur d'un cheveu , qui font blan-
ches Se tranfparentes Se longues de près
d'un pouce.T out autre qu'un Obferva-
teur qui les aura étudiées, les prendrait
pour des plantes Parafites.
MOUCHES des Vers à fix
jambes , o u petits LIONS du fécond
genre , mangeurs des Pucerons. Ces
Mouches à quatre ailes différent confi-
dérablement des précédentes ; elles ont
pourtant un corps long Se effilé , mais
moins long. Au-lieu que les ailes des
Mouches précédentes femblent être de
la gaze la plus tranfparente , les ailes
de celles-ci font fi opaques , qu'on
héfite , dit M. de Réaumur, à
les prendre pour des ailes de gaze, ou
pour de vraies ailes de Mouches. Leur
tiflu eft moyen entre celui des Mou-
ches ordinaires , Se celui des fourreaux
ces ailes des Sauterelles. Les deux ai-
M O U 155
les fupérîeures font d'un brun clair un
peu rougeâtre 5 elles ont des endroits
plus bruns que les autres. Les ailes
inférieures ont une teinte jaunâtre, Se
n'ont pas, non plus que les fupérieu-
res , la tranfparence des vraies ailes en
gaze.
MOUCHES à quatre ailes des
Vers à fix jambes , du troifieme genre ,
ou des petits LIONS, mangeurs des
Pucerons. Ces Mouches ont tous les
caractères de celles des petits Lions ,
dont le corps eft d'un jaune pâle, Se
dont les ailes , quoique extrêmement
tranfparentes, ont une légère teinte de
cette couleur.
MOUCHES de Teignes aquati-
ques : Ce font des Mouches à quatre
ailes. M. de Réaumur (Mém. V.
Tome IV. p. 174. & fttiv. ) les met
dans la clafle des Mouches papillon-
nacées. Quand cette Mouche eft en
repos , on ne voit que les deux ailes
.fupérieures qui font immédiatement
appliquées contre les côtés. Prolongées,
elles formeraient fur le dos un toit
aigu , mais une petite bande de l'une
Se de l'autre , qui fuit le côté intérieur ,
fe replie en faifant prefqu'un angle
droit avec le refte de l'aile , Se fe cou-
che fur le deflus du corps. Ainfi le
corps fe trouve , pour ainfi dire , fous
un toit coupé ou plat. Ces deux ailes
fupérieures font médiocrement tranf-
parentes, & elles paroiiTent opaques
quand elles font pofées fur les deux
autres : c'eft ce qui difpofe à les pren-
dre pour des ailes de Papillons. Mais
quand on les examine de près , on voit
qu'elles n'ont pas ces pouffieres qui
caractérifent fi bien les ailes des Pa-
pillons : les deux ailes de deffems font
des plus tranfparentes; elles font une
gaze blanche , qui a une légère teinte
bleuâtre. Le jour de fa nailTance, Se
quelques jours après , la Mouche a une
teinte verdâtre prefque par-tout : c'eft
même la couleur qui domine alors fur
les ailes fupérieures. Ces dernières
perdent peu-à-peu cette couleur Se
MOU
deviennent au bout de quelques jours
d'un canelle clair. Le corps de l'in-
fecbe prend aulfi la même couleur.
Quoique fes fix jambes foient longues ,
le corps eft peu élevé au-delTus du
plan fur lequel elles poftnt , parce-
qu'elles font pliées confidérablement
dans des articulations peu éloignées
de leur origine. Les antennes de cette
Mouche font très-longues , Se furpaffent
la longueur de fon corps r elles font
de celles que M. de Ré au mur
nomme coniques, Se à filets graines:
elles vont en diminuant de grofleur
depuis leur bafe jufqu'à leur extré-
mité. Le deffus & les deux côtés de
la tête font très-garnis de poils. Elle
a des yeux à réfeau femblables à ceux
des autres Mouches , Se des Papillons.
La bouche n'eft point munie de dents
Se de ferres, femblables à celles que
Fmfeâe avoit lorfqu'il étoit Teigne
ou Nymphe. Ce qu'elle offre de plus ,
remarquable , font quatre efpeces de
barbes en forme d'antennes , dont deux
font pofées en deflous ,. Se deux en
deffus , comme fi les unes étoi'ent des
prolongemens ou des appendices de la
lèvre inférieure, & les autres des pro-
longemens de la lèvre fùpérieure : les
deux fupérieures font longues , & du
double plus longues que les inférieures.
Environ aux deux tiers de leur lon-
gueur, elles ont une articulation fur
laquelle la partie reliante fe plie pour
revenir vers la bouche. Ces quatre
barbes en forme d'antennes femblent
autant de bras placés autour de l'ou-
verture , par laquelle l'infecbe doit fe
nourrir : là eft une trompe très-petite
Se qui peut être rapportée à une de
celles que M. de Réaumur décrit au
long dans fon Hiftoire des Mouches.
On voit fouvent dans la campagne
des Mouches qui font plus petites que
celles dont on vient de parler , mais
qui d'ailleurs leur font très -fembla-
bles , S: qui de même font des Mou-
ches papillonnacées. Les ailes fupé-
rieures paroiuent des ailes de Papil-
M O U
Ions d'un brun gris jufqu'à Ce qu T oit.
les ait regardées d'affez près , pour
s'affùrer qu'elles ne font pas couverte*
de poufliere. L'ouverture où eft l'or-
gane , au moyen duquel elles fe nour-
riffènt, eft comme celui de la précé-
dente Mouche, munie de quatre barbes
en forme de bras. Cette Mouche vient
d'une elpece de Teigne , qui fe loge
dans des fourreaux petits.
D'autres Teignes aquatiques , dont
l'intérieur des fourreaux paroît fait
d'une bande roulée , fe transforment
dans une Mouche différente des pré-
cédentes : elle porte fes ailes croifées
l'une fur l'autre , Se parallèles au plan
fiir lequel le corps eft pofé. Elle a une
queue fourchue & formée par deux fi-
lets femblables aux antennes coniques.
M. de Réaumur parle d'une,
autre Mouche très-petite à deux ailes
de la figure de celles que nous ap-
pelions Coufîns. Le corps de cette pe-
tite Mouche eft gris: il a alternative-
ment des raies tranfverfales de couleur
plus brune & plus claire. Ses quatre
jambes font longues;maisles deux pre-
mières le font beaucoup plus que les
autres .* elle les porte d'une façon. fin-
guliere. Le plus fouvent elle les tient,
en l'air, & pofées de manière qu'on,
les prendroit pour deux longues an-
tennes , dont chacune partîroit d'un,
des côtés delà tête. Cette Mouche vient,
d'un Ver rouge. Le même Auteur a
trouvé fur des feuilles de Chêne
tombées dans la marre du bois de Bou-
logne , Se fur d'autres un grand nom-
bre de petites coques brunes habitées
chacune par un Ver rouge , qui fournit-
la Mouche dont on vient de parler.
MOUCHES DES VERS
DES G A L L E S : On a donné le
nom de galles à des excroiffances „
ou à des tubérofités qui s'élèvent fur
différentes parties des plantes Se des
arbres , & qui doivent ieur naiflance
à des infecles , qui ont crû dans leur
intérieur. Ces infectes fe métamorpho-
fent en Mouches. U y a des différences-
MOU
«titre ces Mouches, Se M. deRêau-
*jy R , malgré leur petiteffe en a vu de
trois différentes efpeces. I outes a-
voîent quatre ailes ; mais les unes ,
drt-fl , avoientle corps court &noir;
leur corfelet étoit de même couleur;
elles avoient de longues antennes , de
celles qu'il nomme Blets graines : d'au-
tres avoient le corps plus allongé , &
corroient au derrière une efpece de
queue formée de plufieurs filets. Leurs
antennes , plus courtes que celles des
précédentes , étoîent faites prefqu'en
jnaffues. Le corps & le corfeletde cel-
les-ci étoient bruns ; elles avoient aufïi
une tache brune fur chacune des gran-
des ailes. Enfin , cet Obfervateur dit
avoir eu des Mouches fèmblables aux
dernières , mais qui en différaient en
ce que leur corps étoit d'un verd doré ,
£c que leurs ailes avoient les couleurs
d'Iris , qu'on voit fur les boules d'eau
de favon. Des Mouches quelquefois
aufll petites , ou plus petites que celles
dans lefquelles les Vers des galles
fe transforment , favent percer les murs
des cellules , dépofer dans leur inté-
rieur un ctuf, d'»ù naît un Ver car-
naffier, auquel celui-là même pour qui
la galle a été faîte , fert de pâture.
Les galles en grofeilles qu'on voit
fur les chattons du Chêne font occu-
pées par un Ver , qui , après fa méta-
morphofe , eft une petite Mouche noire
à quatre ailes. 11 y a d'autres galles
de Chêne d'une figure arrondie , dans
leiquelles fe nourrilfent des Vers qui
deviennent des Mouches plus grandes
que celles des galles en graines de gro-
feilles : mais d'ailleurs elles lui font af-
fez fèmblables, Elle ett brune , Se elle
a quatre ailes qu'elle porte parallèle-
ment au plan de pofition croifées fur
{on corps , dont elles excédent le bout :
elle eft munie de dents en feie , ca-
pables de hacher des corps plus durs
que la galle qui la renferme. Les
galles ligneufes de Chêne contiennent"
un Ver blanc , qui fe métamorphofe
en. Mouche à quatre ailes ; elle les-
MOU Ï57
porte parallèles au plan de pofition »
Se croifées fur le corps qu'elles fur-»
pafTent en longueur. Le corps Se le
corfelet font d'un beau verd doré, tel
que celui desCantharides les plus con-
nues. Leurs jambes font jaunâtres , 8c
leurs antennes font courtes Se noires.
Cette dernière couleur eft auul celle
de la tête. Mais ce que ces Mouches
ont de plus rcmarquable.c'eft une forte
de queue qui égale au moins en lon-^
gueur la tête, le corfelet Se le corps ,
mis bout à bout. Ordinairement elle
ne parort qu'un gros filet noir , qui
feu vent le relevé un peu en haut près
de fou bout ; mais quelquefois cette
queue a paru à M. de R é a u m u r
compofée de deux ou trois filets , Se
elle l'elt réellement de trois,dit-il: ceux
des côtés font des gouttières qui for-'
ment enfemble un étui à celui du mi-
lieu. Ce dernier fe termine par une
pointe fine : c'eft une efpece de-tar-
riere. Le même Naturalifte nous ap-
prend encore que dans ces mêmes gal-
les ligneufes, il a trouvé une Mouche'
fort différente delà précédente; elle
n'avoit point cette longue queue , qui-'
caracïérife Ja première. Elle avoit le?
corps d'un noirluifant , Se le corfelet
brun : elle étoit du genre des Mouches'
les plus communes qui éclofent des :
vers des galles.
La galle du Chardon hémorrhoïdal-
loge un Ver tout blanc , excepté à fa'
partie poftérieure , où il a une plaque-
brune , luifante , & comme écailleufe.
Ce Ver a à fa partie antérieure deux
crochets parallèles l'un à l'autre, dif-
pofés de même que ceux des Vers de la
viande , ou comme ceux des Vers- mi-
neurs de la Jufquiame, Ces infectes fe
transforment en desMouches à deux ai--
les , Se avant que de s'y transformer , ils
fe font une coque brune de leur propre
peau. Voici la defeription qu'en fait'
M. de Réaumur. Les ailes ne font,
tranfparentes qu'en partie , Se elles 1
font de deux couleurs ; celle du fond-
eft un blanc, qui a toute la tranip-.--
IS S MOU
renée ordinaire aux ailes des, autres
Mouches , celle du refte eft un brun
prefque noir. Ce brun noir forme une
large bande en zigzag. Le zigzag fait
paroître l'ai! a fort finguliere , quand
on la regarde en certains fens , où
elle n'etf pas trop éclairée ; alors la
partie blanche Se tranfparente difpa-
roît , & l'aile femble découpée en
zigzag. La Mouche porte pour l'or-
dinaire les deux ailes en toit renverfé ,
de façon que leurs plans prolongés fe
rencontreroient au deflous de celui fur
lequel la Mouche eft pofée : quelque-
fois pourtant elle les tient parallèles
à ce même plan. Son corps eft d'un
beau noir. Son corfelet eft en grande
partie de la même couleur , mais il a
déplus quelques ornemens d'une vraie
couleur de citron. Depuis la tête juf-
qu'à l'origine des ailes , il a de chaque
coté une raie de çette dernière cou-
leur, & il a une tache allez large du
même citron vers le bout de fa partie
fupérieure. Cette tache remplit pref-
que l'efpace , qui eft entre les deux
ailes. Le deflous de la tête , la partie
où eft fituée une trompe femblable à
celle des Mouches à deux ailes les
plus communes , eft blanche ou blan-
châtre. Il femble que cette Mouche ait
un vifage blanc. Ses yeux , fes courtes
antennes en palettes , Se prefque tout
le refte de la tête, ont pourtant un velu
qui eft plus jaune que le citron. Tout
ce qui eft proche du corfelet eft bor-
dé d'un velu du même jaune. Chaque
jambe depuis fon extrémité , julqu'en-
viron aux deux tiers de fa longueur,
eft d'un canelle clair , Se le refte eft
brun. Ce favant Naturalifte dit avoir
vû fortir des Mouches encore d'une
clafle différente de celles des précé-
dentes de quelques-unes des galles du
Chardon hémorrhoïdal : il en a vu for-
tir , mais en petit nombre , des Mou-
ches à quatre ailes du genre de celles
qui fe trouvent dans le plus grand
nombre des galles de différentes ef-
peces.
MOU
Les galles en pommes de Chêne
fourniflent des Mouches à quatre ailes.
Leur corps, leur corfelet , Se leur tête ,
font d'un roux qui tire fur la couleur
du Karabé ; leur figure eft femblable
à celle des Mouches qui fortent de la
plupart des galles du Chêne. La galle
de Lierre terreftre a donné à M. D E
Reaumur des Mouches à longue
queue : la couleur de leur corps Se celle
du corfelet eft d'un verd doré ; leurs
jambes font d'un jaune pâle. Ces Mou-
ches font plus petites , mais d'ailleurs
femblables à d'autres qui fortent des
galles en boulles de bois. Leur grande
queue lui a fait juger qu'elles venoient
de ces Vers cruels Se voraces , qui
vivent des Vers des galles. 11 a été
confirmé dans cette idée lorfque dans
plufieurs galles , qu'il ouvrit , il trou-
va leurs vrais habitans encore fous leur
première forme. Ce font des Mouches
brunes à quatre ailes , du genre de
celles qu'il donne pour les plus com-
munes dans les galles de Chêne, maïs
qui ont quelques différences légères
Se furfifantes pour le caractère d'une
efpece particulière. Ces Mouches pafA
fent l'hiver dans leurs galles.
Les galles chevelues duRofier fau-
vage font celles qui fourniflent le plus
d'efpeces de petites Mouches. Dans
la féconde année de la féconde Dé-
cade des Objervations des Curieux de
la Nature ,Mentzei, lusa décrit
une efpece de petite Mouche qui avoït
pris fon accroiffement fous la forma
de Ver dans ces fortes de galles , &;
il l'a décrite , nous dit M. de Réau-
MUit , en homme enchanté de la beau-
té de cette Mouche. La couleur de
fon corfelet lui a paru du plus bel
outremer, Se celle de fon ventre d'un
pourpre fupérieur à tout pourpre : il
rehauiîe d'or ces couleurs. Mais cette?
Mouche, que M. de Réaumur a vu
fortir des mêmes galles , qui a une lon-
gue queue , ou un long aiguillon , eft
une efpece d'Ichneumon , dit-il , qui ,
loin d'occafionnerla naiffance des galles
MOU
du Cynorrhodon , comme l'a penfé
Mentzelius , donnent naiflance à des
Vers , qui en détruifent les habitans
naturels.
M. de Réaumur, potfefieur
d'un Manufcrit de M. de la Hire ,
y a trouvé un article fur des Mou-
cher que des galles chevelues du Ro-
fier avoient données à cet Obferva-
teur en iô'j»}. Il en diftingue quatre
efpeces. La Mouche de la première Se
de la plus petite efpece , n'a environ
qu'une ligne de long : elle eft toute
noire. M. de Réaumur dit avoir
eu des mêmes galles une Mouche noire,
& dans le même temps d'autres Mou-
chef aufli petites Se de même figure ,
mais dont le corps Se le corfelet étoîent
d'un verd doré. La féconde efpece de
/fo«cfce,obiervéepar M. de la Hire ,
a le corps court de couleur châtain ,
& le ventre en dos d'Âne. Il donne
à cette Mouche deux lignes de lon-
gueur. La troifieme efpece eft une
Mouche dont le corps n'eft attaché au
corfelet que par un fil. Son ventre eft
long , Se de couleur de citron , avec
quelques rangées de points noirs. Enfin
la quatrième efpece eft une Mouche
qui a trois lignes de long , fans com-
prendre fa queue , qui feute eft lon-
gue de deux lignes. Son corfelet eft
d'un verd doré , Se fon corps d'un rouge
doré. Celle-ci ne diffère de celle qui
a été obfervée par Mentzelius,
qu'en ce que fon corfelet eft verd ,
Se que celui de l'autre eft bleu. M.
de Réaumur en a eu d'autres dont
le corps, comme le corfelet, étoient
d'un verd doré , Se il remarque qu'en-
tre celles qui ont le corps long , Se
qui font du genre des Ichneumons , il
y en a qui n'ont point de queue , qui
font les mâles : les femelles en ont
une.
Ces mêmes Mouche* de la troifieme
efpece ont été obfervées par Ray,
qui dit ( lnj\ p. 259. ) que la tête Se le
corfelet de cette efpece font noirs,
que le deftus du corps eft roux ,
MOU 159
que îe defTous , ou le ventre , eft d'un
jaune verdâtre , excepté dans les places
occupées par les taches rangées fur
deux lignes , dans chacune defquelles
il y a cinq de ces taches. Ces Mou-
ches Ichneumonr, qui fortent des galles,
ne font pas celles qui occafionntnt la
naiflance des galles. Elles y croilfent
aux dépens du véritable Ver. Il y en
a qui ont la queue longue , d'autres
la queue plus courte, que M. de Réau-
mur n'a reconnues pour être des Ich-
neumons , qu'après bien des obferva-
tions. Il en a vu fortir chez lui des
galles du Cynorrohon ; c'étoient des
Mouches à longues antennes , mâles
& femelles, & dont la forme du corps
étoitla même.que dans les Mouches qui
vivent des Vers qui occafionnent la
production de la plupart des galles
du Chêne , Se des galles des autres
arbres Se des plantes. La tête Se le
corfelet dans les deux fexes étoient
noirs Se raboteux:le corps du mâle étoit
noir, comme fon corfelet; le corps de
la femelle , de couleur de maroit
& luifant. Les jambes étoîent de la
couleur du corps , & les antennes de
celle de la tête. Leur corps étoit court,
moins épais d'un côté à l'autre , que
de défais en deflbus : leur ventre tran-
chant les caraclérifoit de refte pour être
du genre des Moucher des véritables
Vers des galles , dit M. de Réaumur,
qui marque que la difpofition des par-
ties qui renfermoient leur aiguillon ,
ou tarriere , différait pourtant delà
difpofition des parties femblables de
diverfes autres Moucher des galles ,
mais qu'elle différait davantage de là
difpofition des parties qui forment la
queue des Ichneumons femelles.
De toutes les galles dont M. d e
Réaumur parle , les galles de
Chêne font celles qui fourniffent plus
de Moucher à quatre ailes. C'eft un
genre de Moucher dont les efpeces
n'ont pas de grandes variétés entre
elles. Il s'eft fixé à nous donner la
defeription de la Mouche des galles
\
160 MOU
MOU
prefque ligneufes en grofeilies. Sa tête
n'a rien de fort remarquable , dit-il :
elle porte deux antennes afïèz longues
proportionnellement à la grandeur du
corps. Elle eft munie de deux dents
ou ferres , qui font les deux premiers
ïnitrumens dont elle doit faire ufage
après fa transformation. C'eft avec ces
dents qu'elle doit percer dans lagalle
un trou propre à lui permettre d'en
fortir, Cet ouvrage eft celui de toutes
les Mouches à quatre ailes du même
genre. Le corfelet de cette Mouche
eft affez grand par rapport à la lon-
gueur du corps : il eft brun ; mais il
l'eft moins que la tête. La loupe fait
découvrir qu'il eît chargé de poils. Le
corps eft d'un brun très-luifant. C'eft
de la figure du corps , qu'on doit tirer
les caratteres du genre des Mouches
auquel cette efpece appartient. La
partie par laquelle le corps eft atta-
ché au corfelet eft auffi déliée qu'un
fil. Le corps eft court; mais ce qui lui
donne un air qui lui eft propre , une
forme différente de celle du corps des
Mouches des autres genres , c'eft qu'il
& moins de diamètre d'un côté à l'au-
tre que du défais au deffous : c'eft fur-
tout le deffous du ventre qui a une
forme différente de celle du deffous du
ventre des autres Mouches. Il a en quel-
que forte celle d'une carene de vaif-
feau. Voyez Mêrn. XII. p. 482. &
fitiv. du Tome III.
Le même Obfervateur nous apprend
que parmi les Mouches de galles en
Artichaux, affez femblables aux Mou-
ches des galles ligneufes en grains de
grofeille , & à celles de quantité d'au-
tres galles , on en trouve beaucoup qui
différent de ces autres Mouches , par-
ccqu'elles ont au derrière une queue
menue Se courte, qui fe relevé en haut ;
elle n'eft prefque qu'un mammelon.
Mais parmi ces mêmes Mouches de
galles en Artichaux , il en a trouvé
plufieurs à qui cette queue manquoit :
.c'étoient les mâles. Les Mouches des
galles en grpfdiles , fo.it de celles qui
Viennent fur les feuilles , foit de celles
qui viennent fur les chattons , foit de
celles qui font charnues &quî paroiffént
au printemps , foit de celles qui font
ligneufes , Se que M. DE Réaumur dit
n'avoir vues qu'en automne ;le$Mou—_
ches des galles en pommes de Chêne»
celles des galles en pommes de, Licrrej
terreftre : en un mot les Mouches d'uni
très-grand nombre de galles fe reffenv
blent extrêmement ; mais elles ne font
pas toutes de la même efpece : elles
ne font affez fouvent que du même
genre.
M O UC H E S CULICI-'
FORMES, ou en forme de Cottfinti
En l'année 1682. on vit, dit Ment-
zelius , au mois d'Août, dedans les
environs de Léipfick , certaines Mou-
ches en forme deCoufins. Elles étoienC
prefque longues d'un demi -pouce : el-
les avoïent fix pieds , quatre ailes , Se
comme deux longues appendices en
forme de poils, attachées à la queue ;
elles étoient toutes blanches , ainli que
leurs ailes, comme on le voit par les
figures ( p. 442. Tome III. des Col!:
Académ. ) , dont l'une les repréfente
félon leur grandeur naturelle , Se l'au-
tre les repréfente vingt fois plus gran-
des, vues aumicrofeope. 11 s'en répandit
au mois d'Août dans la ville , Se dans
tout le pays d'alentour , jufqu'à l'Elbe,
une multitude incroyable , au grand
étonnement de tout le monde. L 5 Ob-
fervateur dit que ces Mouches en forme
de Coufïnspréfagent lapefte. Lorfqu'il
fait chaud, Se que les vents du Midi
fouinent , ces Mouches fortent des eaux,
& bientôt l'air en cil rempli : elles
voltigent avec une agilité furprenante,
Se après qu'ellesont vécu à peine deux
ou trois jours , elles meurent & tom-
bent dans les eaux. Voici la manière
dont fe produifent ces Mouches. Lors-
qu'elles ont dépofé leurs œufs dans
l'eau , il en fort , par le moyen de la
chaleur du Soleil , de petits Vers qui
ont des pieds , par le fecours defquels
ils peuvent s'arrêter au fond de l'eau
Si
MOU
MOU rSt
&*p feft ^ re leur nourriture dans la boue
pendant l'hiver , jufqu'à ce qu'au re-
tour de la faîfon , le Soleil , par fa cha-
leur, retire ces petits Vers de l'eau;
après quoi, étant expofés à la chaleur
de l'air, ils mettent bas leur dépouille
de Vers en très-peu de temps, d'où
fort cette Mouche en forme de Cou-
fin , de l'un Se de l'autre fexe , qui
paffe fa vie en l'air.
MOUCHES FORMICI-
F O R M E S , ou en forme de Fourmis.
Le même Mentzelius dit qu'en
16&J. au mois d'Août, il parut beau-
coup de ces fortes de Mouches à Breflaw
Se aux environs. Voici la defeription
qu'il en donne. Elles font de la taille
d'une Fourmi de médiocre grofTeur.
Cet infecte , vu au mkroicope .paroît
avoir le corps recouvert d'une espèce
de cuiraffe. Il a la tête arrondie , les
yeux faillans , & deux antennes dif-
pofées au milieu du front comme deux
cornes : chacune de ces antennes eft
eompofée de douze petits globules ar-
ticulés les uns avec les autres. L'Au-
teur dit n'avoir pas obfervé la bouche.
Le dos eft relevé , noir , Se hérifTé de
petites pointes ; le bas-ventre, d'une
forme allongée , comme dans les Four-
mis , eft couvert d'écaillés Se de pe-
tites pointes ; les ailes , au nombre
de quatre, font toutes compofées d'une
membrane très-mince : vues au mi-
crofeope , elles ont des couleurs fem-
blables à celles de l'arc- en-ciel. Les
fix pattes & le corps ont ces mêmes
couleurs : les ailes avoient une teinte
de brun fur la moitié de leur étendue
du côté du corps. L'Auteur dit que
la defcrîption de ces Mouches a. beau-
coup de -rapport avec celle des Mou-
ches dangereufjs qui infectèrent toute
la Pologne dans le courant de l'été
de l'année 1670. fi ce n'eft que ces
dernières Mouches font beaucoup plus
grandes , 8c qu'elles ont de plus que
les nôtres, un très-grand aiguillon
fous le ventre. J'en ai parlé au mot
INSECTE , p. 544.. du Tome IL
Tome III.
de Ce Ditlionnaire univèrfel tir rai-'
formé des Animaux.
Mouches Étrangères.
MOUCHES LUISANTES:
Il y a de ces Mouches dans toutes les
in es : on les appelle Mouches à feu.
Elles font de la grofTeur des Moucher
ordinaires , Se un peu plus longues.
La partie poftérieure de leur corps ,
depuis les ailes , eft d'un verd tranf-
parent , Se conferve la lumière qu'elle a
reçue pendant le jour , ou plutôt le
mouvement violent que la chaleur du
Soleil a excité dans cette partie. Dès
qu'il eft nuit , on les voit voler de tous
côtés , fur-tout dans les buîffons Se
dans les allées d'arbres, & dans les lieux
fombres , où il fembie que ce foient
autant d'étincelles de feu. Ce manège
dure deux ou trois heures , après quoi
leur clarté celfe, foit que leur lumière
fe foit diilipée , foit qu'elles fe foient
retirées pour fe repofer. Le P. La bat
( Nauv* Voyag. aux JJles Francoifes de
l'Amérique , Tome III. p. 8.) dît qu'il
en a mis dans des phioles pour obfer-
ver le matin , en les mettant dans un
lieu obfcur , fi elles rendraient encore
delà clarté , Se qu'il n'y en avoit point
remarquée. Ces Mouches liâfantes font
communes à la Louîfiane Se dans toutes
les parties de l'Amérique.
Il ajoute que ce qu'il a vu de plus
particulier en ce genre à la Guade-
loupe font des Mouches à feu grodes
comme des Hannetons. Il en a même
trouvé qui étoient prefqueauffi groflès
que le pouce , Se d'un pouce Se demi
de longueur ; elles ont les yeux fort
larges Se fort plats. Ces infectes éclai-
rent dans l'obfcurité, Se rendent une
lumière fort vive , qui tire un peu fur
le verd ; outre ces yeux ils ont toute
la partie poltérieure de leur corps tel-
lement diaphane Se lumineufe qu'ils
femblent des Charbons ardens , qui
étincellent de tous côtés , Se foit qu'ils
fe tiennent en repos , foit qu'ils volent ,
X
16*2 MOU
MOU
dans quelque fituation que l'on le*
regarde , ils répandent toujours une
lumière fort vive Se fort étendue. Cet
Auteur dit çn avoir pris piufïeurs fois
par divertiffément : une feule de ces
Mouches fuffiibit à l'éclairer pour lire
des caractères très-menus , & prefque
auffi-bien qu'une chandelle. Il enavoît
confervées pendant piufïeurs jours dans
des flacons où il les nourriffoit avec
du pain , des feuilles d'arbres , & des
morceaux de bois pourri : il les ex-
pofoit , dît-il , le matin dans un lieu
obfcur : elles rendoient encore de la
lumière plus par les yeux que par le
corps ; mais c'étoit une lumière foible
& qui n'avoit pas à beaucoup près la
vivacité de celle du foir. Il les expo-
foit au Soleil ou fous des arbres , où
elles étoîent au grand jour fans pou-
voir être incommodées de la trop gran-
de chaleur , Se le foir elles jettoient la
même lumière que le premier jour
qu'il les avoit prifes. Au bout de huit
jours leur lumière commença à n'être
plus fi vive , Se elle diminua à pro-
portion que les forces Se les mouve-
ment de ces animaux s'affoibliffoient.
Peut-être que c'étoit une fuite de la
perte de leur liberté, ou que la nour-
riture qu'il leur donnoit ne leur étoît
pas convenable. Ces infectes ont un
mouvement extrêmement vif dans la
partie poftérieure de leur corps , de
forte que quand on les prend il faut
les tenir aiTez preffés, fi on veut les
empêcher de s'échapper.
Cyrano de Bergerac avoit quel-
que fondement de dire qu'on fe fert
de Vers luifans au-lieu de chandelles
dans le Royaume de la Lune. Sans
aller fi loin , le F, Labat dit qu'il
auroit bien pu faire la même chofe à
la Guadeloupe , 8c ne fe fervir que de
ces groffes Mouches.
Le Docteur Stubbes , dans fes
Observations { Tranf actions Phiîofo-
fhiques , ann. i5tf8. n. dit qu'il
y a une très-grande différence entre
les Moaçku luifams de l'Ifle de Saint
Domîngue Se celles de la Jamaïque ,
quant à la groffeur ; elles peuvent en
volant refferrer ou étendre leur lu-
mière » qui continue quelques jours
après qu'elles font mortes. Ceftcequi
empêche ce Savant d'être de l'avis de
ceux qui prétendent que c'eft la flamme
du co.ur , qui fe trouve dans leur queue*.
NoRWOODle jeune , autre Savant
Anglois , dit dans les mêmes Tranfac-
tiotis Ph'dofophiques , n. 41. que les
Mouches luifantes , font une efpece de
Cantharides , qui paroiffent vertes pen-
dant le jour , mais qui éclairent la nuit ,
même après qu'elles font mortes. Ce
dernier Auteur affure en avoir appli-
qué fur de l'écriture , Se fur de l'im-
preflîon , avoir lû, à la lumière qu'elle*
répandoient quoique mortes.
MOUCHES CORNUES:
Ces Mouches , pour l'ordinaire , ont
deux pouces Se demi de longueur de-
puis le col jufqu'à la queue , fans comp-
ter le col , la tête Se les cornes. Leur
corps eft ovale , foit qu'on le regarde
dans fa longueur depuis le col jufqu'à
la queue , foit qu'on le prenne dans
fa groffeur , qui peut avoir trois pouces
Se demi de circonférence dans fon mi-
lieu. Tout le dos , depuis le col juf-
qu'à la queue , eft couvert de deux
ailes qui ont la confiftance , l'épaiffeur
Se la force d'un bon parchemin ; elles
font brunes avec piufïeurs petites li-
gnes Se quelques points noirs : elles
font liftées , unies Se comme vetniffées.
Quoiqu'elles paroiffent toutes d'une
pièce , Se convexes comme le corps
qu'elles couvrent , les Mouches ne laif-
fent pas de les étendre , & de les tenir
aflez droites quand elles volent. Cette
paire d'ailes en couvre une autre paire
tant foit peu plus courte que la pre-
mière : celles-ci font moins brunes „
bien plus fines, plus déliées, 8c plus
larges que les premières ; de forte
qu'elles font pliffées quand la Mouche
ne s'en fert point , Se elles débordent
de beaucoup quand elles font en mou-
Yemeiupom voler. Cette fetondegaire
MOU
fert encore de couverture i une troi-
sième paire d'ailes blanchâtres , & fi
fines qu'elles n'ont pas plus de con-
fiftance qu'une veffie de Carpe : elles
foru-p.iirées Se environ de la grandeur
des fécondes. Avec toutes ces ailes
as Mouches n'en volent pas mieux ;
elles fe foutiennent à la vérité en l'air ,
mais elles avancent peu ,foit que l'air
ou le vent maîtrife trop ces ailes ,fok
qu'elles n'ayenrpas affez de force pour
les faire agir : il femble qu'elles ne
font que pirouetter. Elles paroiffent
comme un vaiffeau qui a toutes fes
voiles dehors Se qui en eft trop chargé.
ApKs avoir développé toutes ces ailes,
on trouve enfin le corps , ou le dos
de la Mouche : il eft couvert d'un du-
vet jaunâtre tirant fur le roux , fin , 8c
doux comme de la foie. Le ventre eft
couvert d'un femblable duvet un peu
plus court, dontaffùrément elles pour-
roient fe pafTer , car leur peau eft affez
épaiffe , dure , 8c féche. Elles ont trois
jambes de chaque côté , longues d'en-
viron trois pouces , divifées en trois
parties , qui forment des cuiffès , des
jambes Se des pieds, dont les extré-
mités font divifées en quatre efpeces
de .'oigts , ou de petites griffes , avec
lefqueil^s elles s'attachent fortement
à ce qu'elles rencontrent , Se fur lef-
«juelles elles s'appuyent Se marchent
fort bien , Se affez vite. La naiffanee
de leurs jambes eft au milieu du ventre,
comme celles des Ecreviffes.auxquelles
elles reffemblent affez par la partie la
plus voîfine du ventre , Se que le P.
La bat appelle cuijj'e , qui eft plate,
5c qui s'applique fort jufte à la con-
vexité du ventre ; la partie fupérieure
de la cuiffe eft plus convexe; la partie
qui eft jointe à la cuilTe , Se qu'il re-
garde comme la jambe , eft bien moins
plate. De ces trois paires de jambes ,
les deux les plus greffes font attachées
fous le ventre; la première à plus d'un
pouce de la queue , c'eft-A-dire du
tout de l'animal ; la féconde , un peu
au-deflbus de la naiffanee des ailes.
MOU î6*î
8c la tfoîfieme , qui eft la plus petite ,
au col de la Mouche , un peu au def-
fous de fa corne inférieure. La tête
Se le col font d'une feule pîece. Lafub-
ftance qui les compofe eft dure corn*
me de la corne , noire , polie , Se lui-
fante comme du jayet. Le col Se la
tête n'ontpoint d'autre mouvement que
celui qu'elles reçoivent par le moyen
des cartilages qui les joignent au corps.
Ces deux pièces font affez fembla-
bles à un calque qui auroit un collet
affez long pour couvrir une partie des
épaules. Toute cette partie n'eft pas
ronde ; elle eft comme taillée à pans ,
dont les angles font fort émouffés.
De la partie fupérieure fort une corne
courbe , creufe d'environ trois pouces
de longueur, de même matière Se da
même couleur que le refte de la tête ,
qui a deux petites excroiffances poin-
tues au tiers ou environ de fa lon-
gueur ; le deffus de la corne eft rond ,
le deffous eft un peu creufé en canal ,
Se eft tout garni jufqu'au bout d'un
petit duvet rouflatre , court Se épais.
Se doux comme du velours , partagé
en deux par une petite ligne qui fait
le milieu du deffous de la corne :jTotr
extrémité eft partagée en deux petites
pointes. Cette conie fupérieure n'a
point de mouvement particulier dif-
tingué de celui de la tête. La corne
inférieure eft plus courte d'un tiers que
la fupérieure ; elle fort de la mâchoi-
re fupérieure Se reçoit d'elle tout le
mouvement dont elle a befoin , pour
s'approcher ou s'éloigner de la corne
fupérieure ; elle eft courbe , Se plus
plate que la fupérieure ; elle a quel-
ques excroiffances affez pointues ; elle
n'eft point garnie de duvet; elle afon
extrémité partagée en deux pointes ,
de même que la corne fupérieure. On
remarque aifément l'endroit où cetta
corne inférieure touche la corne iupé-
rîeure , en ce que le duvet eft coupé
en ce lieu-là. Quelques obfervations
qu'ait pu faire le P. Labat, il n'a
jamais pu découvrir à quoi fervoiesc
i«4 MOU
ces deux cornes , qui ne luî paroiffent
avoir d'autre ufage que pour la dé-
fenfe de l'animal , comme les cornes
des Bœufs & des autres animaux cor-
nus. Les yeux font à côté de la naif-
fance de la corne inférieure ; ils font
durs , tranfparens , gris Se immobiles».
. Se ne fortent point de leurs orbites ,.
comme ceux des Ecreviffes. La bou-
che eft au-deflbus de la corne infé-
rieure ; elle eft garnie de quelques
petites excroifTanccs ou pointes , qui
tiennent lieu de dents, avec quelques
poils rudes , durs , Se longs de trois à
quatre lignes , qui font placés au-
deifous de deux petites mouftaches
proprement applaties fur la partie que
l'on pourroit regarder comme la lèvre
fupérieure.
Ces Moucher naiiTent Se fe nourrif-
fent dans la fubftance & le cœur des
arbres , qu'on appelle Bas de foie.
C'eit en effet dans ce feul endroit-là
qu'on les trouve, & où , félon toutes
les apparences , elles fe produifent ,
quand par quelque accident cet arbre
fe pourrit fur pied ou quand il eft
abattu.
Lorfque le P. Labat avoit befoin
de ces Monrhes cornues, pour en en-
voyer en France , il envoyoit abattre
quelques-uns de ces arbres : s'ils fe
trouvoient pourris en quelques en-
droits , comme cela arrive fort fou-
vent , il étoit fur d'y trouver des Mou-
ches en les faifant fendre ; Se quand
ils ne l'étoient pas , il y faifoit donner
quelques coups de haches, comme on
fait à la Martinique , pour avoir des
Vers de Palmites : il étoit affûré d'y
trouver des Meuches cornues dans trois
ou quatre mois.
Le même Auteur a trouvé dans des
Gommiers pourris une autre efpece
de Mouches fort particulières : elles
étoîent de la longueur & de la grof ■
feur du pouce , fans compter le col &
la tête ; elles- avoient trois jambes de
chaque côté, Se deux petits mordans ,.
somme les Crabes , avec deux paires
MOU
d'ailes de la même matière Se de Is
même forme que celles des Mouches-
cormteï. 'LeuT peau étoit dure &feche,
couverte d'un duvet noir , court ,.
épais Se doux comme du velours. Leur
tête étoit longue de neuf lignes ; elle
étoit jointe au corps par un col qui
avoit un bon pouce de longueur , 8c
ce col avoit tous les mouvemens né-
ceflaires pour la haufler^Ja bailfer
8c la tourner à droite Se à gauche. 11 y
avoit au-deffùs des yeux deux cornes:
toutes droites d'environ un pouce de
longueur , noires comme du jayet
dures , fortes Se pointues , Se au mi-
lieu du front étoit une autre corne de
près de deux pouces de longueur,,
de même matière & forme que les pré-
cédentes , Se qui étoient parallèles à la
longueur du corps. Il en a trouvé ,
dit-il , qui n'avoient que deux cornes ,.
Se d'autres qui. n'en avoient qu'une ,
mais qui avoit près de trois pouces de
longueur. Il remarqua , continue-t-il
qu'ayant agité quelques-unes de ces
trois dernières efpeces pour les obli-
ger à voler dans là chambre ; elles le
faifoient avec tant de force qu'elles
s'enfonçoient dans la cloifon , qui étoir
de bois , à la vérité , affez tendre , Se y
demeuroient attachées , fans pouvoir
s'en tirer.
Pour conferver ces Mouches 8e em-
pêcher que la tête ne fe fépare dit
corps , il faut leur enfoncer un petit
bâton dans le fondement qui paiTe juf-
qu'à la tête , Se enfuite les mettre à la
fumée pour les faire fécher ; c'eft la
pratique ordinaire : mais ayant cepen-
dant remarqué , dit le P. Labat,,
que la fumée gâtoît la couleur de leurs
ailes Se du duvet, il en fit fécher dans
Fétuve , Se par ce moyen elles étoiénf
bien mieux confervées , Se les couleurs
n'étoient point du tout changées.
Les différentes efpeces de Mouches
font innombrables au Cap de Bonne-
Efpérance : .on en diftingue entr'autrer
une verdâtre , qui eft de la nature des:
Manches Espagnoles , ou des Can}harir
/
MOU
T ies , & que les Chirurgiens du Cap
emploient aux mêmes ufages. Hift.
Générale des Voyages, Tome XVI IL
Les Hollandois trouvèrent a la cote
d'Or , dît Artus , un infecte fi bril-
lant dans les ténèbres qu'ils le prirent
d'abord pour un Ver luifant. Il ref-
lembloît à la Çantharide, ou à la Mou-
che d'Efpagrie, excepté par fa couleur
qui étoit noire comme du jayet. Bar-
bot obferve qu'outre ces Mouches
noires , qui font fore gro(lês , dit-il ,
Se qui rendent pendant la nuit une
forte de lumière , on voit iur la côte
quantité de Vers luifans. Akkins rap-
porte que la Mouche de [eu , qui eft
fort commune dans la Latitude Méri-
dionale , vole pendant la nuit, & ré-
pand dans l'air autant de clarté que
les Vers luifans fur terre.
Il y a une variété infinie de Mou-
ches dans rifle de Madagafcar , en-
tr'autres une Mouche luij'atite nommée
J-Ierecherche. V oyez ce mot.
On voit autant de fortes de Mou-
ches , Se même plus , à la Louifiane ,
qu'en France , dit M. le Page du
P r a t z ; car le pays y eft beaucoup
plus chaud. Le moyen de s'en garan-
tir , félon ce Voyageur , eft de brûler
tant foit peu de foufre le matin & le
foîr , de deux jours en deux jours feu-
lement. Ces fortes d'infectes ont l'odo-
rat fin , & ne reviennent que plus de
huit jours après.
On y voit quelquefois une efpece
particulière de Mouche , qui , fuivant
toute apparence , eft pafiagere ; car
on n'en voit pas tous les ans. On a
même remarqué qu'elle ne vient que
tous les deux ans. Les Naturels du
pays ont obfervé que lorfque ces Mou-
ches font en grand nombre , elles fem-
blcnt annoncer une abondante récol-
te. Ces Peuples , comme le dit M. l e
Page du Pratz, peuvent bien-
avoir leurs fuperftitîons ; mais il a re-
marqué que les beftiaux ne peuvent'
seûer dans les pâturages , fi-tôt que'
MOU ïtf5
le Soleil paroît , l'année qu'il y a de
ces Mouches. Au refte , c'eft dommage
qu'elles foient fi méchantes ; car elles
font très- belles , ajoute-t-il > 8c uns
fois plus grottes que l'Abeille du plus
beau verd céladon. Le dos reffemble
à une cuiralfe d'or cîfelée & brunie ,
& il eft d'un deffein char^nt à voir
avec le microfeope.
Il y a suffi différentes efpeces da
Mouches dans l'ifle de Cayenne. Lea
unes font des Frelons; les autres des
Guêpes ; les autres de fimples Mou-
ches.
M. Barrere (Hijl. Nat. de la
France hquinoxiale , p. 193.) nomme
la première Crabro- major , niger , vene-
natus. Il a fui vi Jonston, dit-il, qui n'a
pas fait difficulté de diftinguer ce genre'
d'infecte de celui de la Guêpe , que
plufieurs confondent enfemble. Divers
jifm à Vefpis Crabrones genus pono , dît
le même Jonston, Hïfi. Nat. delnf.
L. I. p. 20. Cette efpece de Frelon-
fait fon nid ordinairement fous terre r
ou fur les arbres. Il a l'euie fi fine r
qu'au moindre bruit qu'il entend de'
loin , il quitte fa retraite Se va piquer
le partant. La piquûre de cet infecte
fait des élevures fur le corps, donne
fouvent la fièvre , & caufê les dou-
leurs les plus vives , qui durent cinq 3:
fix heures. On en eft quelquefois fi
maltraité à Cayenne, qu'on s'en dé-
fefpere pendant quelques jours. L'Au-
teur marque l'avoir malheureufement
éprouvé plus d'une fois. Il dit que
l'urine calme la douleur , en baffinant'
les piquûres.
Il nomme la féconde , Mouche à
Tathou, en Latin Çrabro parvus , mger,-
venenatus. On a donné ce nom à cet'
Infecte , pareeque l'on a cru que le
nid qu'il fait avoit en quelque forte la
figure de cet animal , qu'on appelle'
dans le pays Tathou. Sa piquûre eft-
très-fàcheufe & venimeufe ; elle effe
le plus fouvent accompagnée de la;
fièvre.
La troîfieme efpece' qui el£ un©.'
\66
MOU
Mouche luifante , eft nommée Mu fi a
argentea minor , fplendefiens.
La quatrième , nommée Mufca ma-
ior , dih noilhque i»fi<*r gènam Jplen-
dens , eft une grotte Mouche luijante ,
qui eft appellée Infettum infiar t'uci ,
par Marc Grave. Cet infecte,
félon M. Barrere, appartient au
genre des Mouches :îl eft très-différent
de celui qu'on appelle aulli dans le
pays Mouche luijante , que l'Auteur
a rangé parmi les Scarabées, Voyez
SCARABÉE DE C A YEN NE.
11 donne auflï le nom de Mouche grt-
fc, Se de Mouche à drague , a deux
e/peces de Guêpes qui fe trouvent dans
l'ifle de Cayenne. Voyez GUÊPE. ^
Les Mouches DemoïfeUes , les Éphé-
mères , les Tipules , &c font des in-
fectes volans , comme il a été déjà dît.
Je parle de chacun d'eux à leur article.
Voyez ces mots.
MOUCHEROLE, oifeau.
C'eft le même que le Bouvier. Voyez
ce mot.
MOUCHERON: Quoique
les plus petits objets foient en appa-
rence les plus Simples , il eft conftant
cependant , dit Jean-Jacob "Wagne-
rus , Médecin de Zurich , dans les
£phémérides des Curieux de la Nature ,
Dec z. Ohfirv. 1Z6. que les merveil-
les de la Nature n'éclatent nulle part
davantage que dans fes plus petites
productions, lorfqu'on les obferve avec
attention, Se le Moucheron en pourrait
fournir la preuve.
Cet infecte eft du genre des Mou-
ches ; fon corps eft long Se moilaffe.
Il a fix jambes très-longues, courbées
en dehors , dont les deux de derrière
font plus hautes que les autres. Son
ventre eft formé de neuf lames ou an-
neaux. 11 a la tête petite ; à fon extré-
mité font deux antennes garnies d'ef-
peces de plumes , Se fes yeux font
noirs. Au lieu de bouche il a une trom-
pe pointue , ou une forte de bec dur
Se creux , avec lequel il perce la peau
& fuce Je fang des animaux , Se fur-
MOU
tout celui de l'homme , dont il parole
le plus avide , Se dont il f= remplie
jufju'à ce que fon corps foit tendus
comme un bâton. Sa poitrine efl: lar-
ge , élevée , & d'une couleur ver-
dâtre.
Le P. K i R K E R attribue à la pou£
fiere la propriété de produire les Mou-
cherons, pareequ'elie doit contenir une
grande quantité de matière excrémen-
teufe , Se de molécules qui ont autre-
fois appartenu à différentes efpeces
d'animaux. Le célèbre Sïammer-
DAM rapporte qu'on l'avoitaiTuré qua
les Moucherons n'étaient produits qu»
dans les eaux. Goedard ( i'vp. XXil.
Part. III. ». io.) a obfervé que les
Moul hérons fe retiraient en grand nom-
bre dans les citernes , lorfque l'hiver
approche , c'eft-à-dîre à la fin de
Novembre. Ils y entrent , Se fe tien-
nent en repos fur la fuperficie des
eaux , Se y jettent leur femence , baif-
fant la partie poftérieure de leur corps,
pour le décharger avec plus de faci-
lité. Cette femence , dit-il , qui va au
fond de l'eau fe transforme en de pe-
tits Vermiifeaux , qui font de couleur
rouge comme du fang. Ces petits Ver-
miifeaux fanguins fe peuvent nourrir
de quelques petits animaux , qui fe
trouvent fur la fuperficie des eaux.
Goedard les nomme Toux aquati-
ques. Ces Vermiffeaux au bout de onze
mois fe raffemblent en grand nombre Se
comme en peloton ; ils font un grand;
mouvement dans l'eau ; enfuite il fort
de leur corps un fuc gluant Se pituî—
teux : après cela , la métamorphofe f«
fait , & de cet amas , il fort une quan-
tité prodigieufe de Moucherons , qui fe
mettant auffi-tôt à voler, 1 elles font
les obfervations de Goedard fur
la génération des Moucherons. Voici
celles de W A G N e k u s fur la même
matière.
Le Mouchera» , dît cet Auteur, dé-
pofe en automne fa femence , ou plu-
tôt fes petits œufs jaunâtres , fur le
Nénuphar Si le Potamogéton, ainfi que
MOU
fur les autres plantes de marais : il
les y colle avec une forte de glu , Se
les range fur leurs feuilles avec un cer-
tain ordre. Aux environs du mois de
Juin de l'année fuivante , la chaleur du
Soleil ayant échauffé ces œufs , il en
fort de petits Vers jaunâtres, ronds &
menus , compofés de treize anneaux ,
Se dont la tête eft rouge. Ils n'ont que
deux pattes placées fous le premier
anneau. L'extrémité de ces pattes en
rude , comme la graine d'Appariné ou
Grateron , Se la partie poftérieure de
ces Vers eft formée par trois petites
apopliyfes*. Ils fe conftruifent enfuite
de petites coques molles Se vifqueu-
fes, qu'ils attachent à ces mêmes plan-
tes aquatiques , dans lefquelles ils fe
Tenferment , comme dans une forte
d'étui ; & ayant alors acquis une cer-
taine groffeur, & leur corps étant de-
venu d J un brun verdâtre , comme les
feuilles des plantes qui leur ontfervi
de nourriture , leurs ailes fe déploient :
ils s'envolent , Se fe nourriffent enfuite,
dans ce nouvel état, du fang des ani-
maux qu'ils fucent avec leur trompe.
Cet infecle fait un bruit aifez aigu
en voltigeant : on ne doit pas cepen-
dant fe perfuader qu'il ait fous le dia-
phragme une poche membraneufe qui
contienne de l'air , ni aucunes fortes
d'organes deftinés à la refpiration , 8c
qu'en frappant ces parties avec leurs
ailes qu'ils meuvent avec la plus gran-
de vîteffe , ils en tirent un fon , com-
me il arrive à pluficurs infectes. Le
Moucheron n'a en effet aucun de ces
organes ; mais comme en faifant tour-
ner en l'air avec rapidité un morceau
de douve de tonneau , ou du cuir fu£
pendu à une ficelle , on produit un
certain bruit , de même les ailes mem-
braneuses du Moucheron , en frappant ,
en produifent un femblable ; & ce bruit
ou ce fon , que les infectes font en vol-
tigeant , eft proportionné à la force 8c
à l'étrndue de leurs ailes. C'eft aînfi
que le bruit que fait le Frelon , eft
î>lus fenfLble que celui des Mouches ,
MOU irr 7
pareeque les ailes du premier ont plu#
de confiance : c'eft par la même rai-
ion que les ailes des Scarabées étant
cruftacées , le bruit que leur mouve-
ment excite eft encore plus fort , tan-
dis que celles du Moucheron étant plu»
petites , elles ne peuventproduirc dans
l'air que de petits fons aigus ; & que
le mouvement des ailes des Papiiicng
eft abfolument fourd , pareeque les
membranes qui les forment font fari-
neufes , Se revêtues d'une efpece do
duvet.
Les mâles des Moucherons , ajoute
G o e d a r d , ont fur le haut de \a
tête comme des plumes fort légères ,
Se leur aiguillon a plus de force que
celui des femelles. Ce font des infectes
fort incommodes. Ils fe railafient de
notre fang , jufqu'à en regorger. Les
Moucherons qui viennent de naître , Se
qui montent pour la première fois du
fond des citernes , font blancs , 8e pa-
roiffent n'avoir ni pieds ni ailes. U«
quart-d'heure après , leurs ailes com-
mencent à s'étendre , Se ils prennent
l'effor , quand leurs ailes font affez
flexibles.
MOUCHERON PANA-
CHÉ : Il eft parlé dans le Journal
des Savans, du 28 Avril itf8i. d'ura
Moucheron panaché. Cet infecte a voie
autour de la tête une efpece de bour-
relet, tout parfemé d'yeux 5 le con-
tour étoit d'une couleur verte Se au-
rore très- vive. Du haut de la tête,
qui étoit à-peu-près de la couleur de
l'ambre gris , s'élevoient deux pana-
ches bruns mêlés d'aurore , au milieu
defquels fe trouvoit la trompe de même
couleur. A côté de ces deux pana-
ches fortoient deux tiges tranfparentes,
qui étoient divifées à diftances égales
par des nœuds , qui poulfoient de tou-
tes parts des plumes doreés. Voyez la
figure de ce Moucheron panaché , dans
le Tome I. des Collettuins j4 endémi-
ques , p. 288.
MOUCHERON SAU-
TEUR des faux Vucerms du Fit-
MOU
guier : Ce Moucheron fauteur , dît M,
de Réaumur (Além. X. Tome III.),
porte fes ailes en toit fort aigu , &
affez élevé au-deffùs du corps .* elles
ont de greffes nervures. Le nombre de
leurs nervures n'eft pas auffi grand
que celui des nervures des ailes de
tliverfes Mouches: les leurs paroiffent
composées de carreaux de talc de fi-
gure irréguliere , 8c tous encadrés : la
nervure , qui borde chaque aile , eft
jaunâtre. Le corfelet , qui eft maffif ,
par rapport à la grandeur de l'infefte ,
Se le corps , font d'un verd tendre :
les jambes font blanchâtres. Quoique
l'infecte s'en ferve pour fauter, les
poftérieures mêmes ne font pas bien
longues , auffi ne fait-il pas de grands
fauts. H porte deux antennes un peu
brunes , compofées de petits cylindres
mis bout à bout ; elles font trts-char-
gées de poils. Sa trompe eft noire ;
elle fort d'entre la première 8c la fé-
conde paire de jambes. Ainfi fous la
forme de Mouche, comme fous celle
de faux Puceron , il pompe le fuc des
feuilles. La vraie origine de la trom-
pe du faux Puceron eft apparemment
dans le même endroit , que l'origine
de celle du Moucheron. Le Moucheron
jette encore pour excrément, comme
le faux Puceron , une eau claire. Son
anus eft au bout d'un tuyau qui part
du derrière. Il redreffe ee tuyau pref-
que perpendiculairement à fbn corps,
toutes les fois qu'il veut fe débarraf-
fer d'une goutte de liqueur , & dans
d'autres temps ce tuyau eft prefque
dans une pofition horifontale.
MOUCHERON SAU-
TEUR de faux Puceron de Buis.
Ce Moucheron eft comme le précé-
dent : il a de même le port d'ailes en
toit; mais à l'origine des ailes refte à
découvert une partie du corps, parce-
queles ailes ne fe rencontrent qu'à une
affez grande diftance de leur origine.
Cet infecte a le corps verd : fes ailes
font fi minces , qu'elles femblent pren-
dre la couleur du corps; cependant fi
MOU
on les regarde dans certains jours 1
elles paroiffent un peu rouffes. Il a fis
jambes , dont les deux dernières font
pofées comme celles de la plupart des
Inf elles fauteurs , c'eft-à-dire que le
milieu de la jambe eft ordinairement
pofé parallèlement à la longueur di»
T'OUCHET, ouÉMOU-
C H E T , oifeau de proie , qui eft le
Tiercelet , ou mâle de VÉpervier , qui
ne vaut rien en Fauconnerie, nommé
en Latin Tertiarius Percos , ou Mwf-
cetus , ou Mufchetus. Cet oifeau , dît
B e l o n ( L. II. de la Nature des Oif.
chap, il. p. 123.), a la tête couver-
te de plumes brunes ; la racine en eft
blanche. Quelques plumes de la par-
tie des ailes qui touche le dos , font
marquées de taches circulaires & blan-
ches. Les plumes qui couvrent le
dos Se les Liles , ne paroiffent tache-
tées que lorfqu'on les regarde par de-
dans : ces taches font en travers. Les
petites plumes qui font autour du pli
des ailes, Se aux côtés de l'eftomac,
font rouffes ; celles qui font deffbus
le ventre paroiffent fort mouchetées en
travers , Se les côtés en font noirs.
Voyez ÉPERVI E R.
MOUETTE, en Latin Larus,
nom que les Naturaliftes donnent à
plufieurs efpeces d'oifeaux aquatiques ,
que M. L 1 n n & V s ( Fauna Suec.
p. 4.6. ) met dans lç rang des Avet
Anferes , & M. K l e i n dans la
cinquième famille de fes oifeaux qui
font palmipèdes], tétradaétyles , 8c dont
le doigt de derrière eft fimple: Plotti,
id efi palntati , tetradattyii , di^ita
poftico ffmplici. Les Mouettes en com-
pofent la première tribu du fécond
genre. Ce Naturalifte dit que le nom
Grec A*pèç a été donné à ces oifeaux ,
à caufe des petits poiffons nommés
Lari , qui font leurs délices. Ils font
Macropteres , Macroptera , c'eft-à-
dire qu'ils ont les ailes longues. Leurs
pieds font courts Se palmés. Plufieurs
efpeces de Mouettes ont à la mâchoire
inférieure
mou
Inférieurs tomme un article , on émî-
nence. De certaines efpeces ont les
deux mâchoires droites. Quelques-
unes ont la queue égale : d'autres l'ont
fourchue. 11 n'y a de Lari , dit M.
Klein, que ceux qui font palmipè-
des & tétradaccyles. M. LinnjEUS
ne parle que de la Mouette blanche Se
de la cendrée. R A y ( Synop. Metlt. Av.
p. les diftribue en trois genres,
fa voir les Lartts qui ont trois doigts
Se n'en ont point derrière ; les Larus
qui en ont quatre, trois devant Se un
derrière , 8c les Larus de la petite ef-
pece , qui ont la queue fourchue. Les
marques caractérilîiques du Larus font
d'avoir un bec fort , long , étroit ,
pointu, un peu courbé à l'extrémité;
dans les petites efpeces il eft plus droit.
Cet oifeau a les narines obiongues ,
les ailes longues Se fortes , les pieds
petits , le corps menu , couvert de
beaucoup de plumes. En général les
Larus, ou les Mouettes font des oi-
feaux criards , toujours volans , tou-
jours affamés , Se qui fe nourriffent de
poiffons. Parlons de ces différentes ef-
peces de Larus , fuivant l'ordre que
K a y leur a donné.
Le premier des Larus qui n'ont que
trois doigts aux pieds Se point derrière ,
eft nommé Ratbs-Herr par Martens.
Cet oifeau , connu en Allemagne, a
le bec étroit, pointu, délié, noir, les
pieds noirs , le corps blanc comme celui
du Cygne, des ailes longues , & une
queue large Se longuette , comme celle
des autres Larus. La blancheur de fon
plumage entait un très -bel oifeau. Il
ne va pas ordinairement dans l'eau ; il
le tient plus volontiers à fec. Le plus
fouvent il eft folitaire ; cependant ces
efpeces d'ojfeaux volent en troupes ,
pour aller chercher à vivre.
Le fécond, appelle enGrccKcTrpsflc'pjis»
Se en Anglois Strund-Jagcr , eft un
autre Larus , décrit encore Se dépeint
par M a r t e n s. Il eft connu en Alle-
magne; fon bec eft un peu obtus Se
■courbé , noir , autant que s'en peut
Tome III.
MOU i6 9
foitvefiîr l'Auteur , dit Rat. H a trois
doigts aux pieds, les jambes petites,
la queue comme celle des autres La-
rus , où il a une plume qui pafle tou-
tes les autres en longueur : le fommet
de fa tête eft noir. Cet oifeau a autour
du col un collier de couleur jaune ; fon
dos eft brun ou gris cendré ; fon ven-
tre eft blanc. Selon M a r t e n s, on le
nomme Strud-Jager en Allemand , par-
cequ'il ne ceffe pas de fuivre le Larur
cendré de Belon, qu'on nomme en
Allemand Kudge-Ghef , afin de pou-
voir fe nourrir de fa fiente , quand il
voit qu'il s'eft vuidé , Se en effet il ne
la laiffe pas tomber au fond de l'eau ,
car il vient très-avidement la dévorer.
C'eftce-que Ray dit avoir remarqué
lui-même.
Le troifieme , dont Frédéric
M a r t e N s parle , reffemble en tout
au Larus cendre de la grande cfpece
mais II n'a point de doigt derrière le
pied.
Entre les Larus qui ont quatre
doigts , le premier dont parle Ray,
eft le Larus maximus , ex albo & ni-
gro , Jeu caruleo nigricante varius , ou
marinus , ingens de C h v s i u s. On le
nomme en Anglois Great Blackœnd
White Gull. Cet oifeau eft prefque de
la grandeur d'une Oie. Il a le bec fer-
ré, un peu courbé à l'extrémité , de
couleur jaune : fa mâchoire inférieure
vers la pointe forme une efpece d'an-
gle marqué d'une double tache , noi-
re par deffous & rouge par deffus. Sa
tête qui eft grande, fon col, fa poi-
trine , fon ventre Se fa queue font
blancs. Il a le milieu du dos Se les ai-
les noirs , excepté les pointes des
grandes plumes ; les jambes Se fes pieds
font blancs , Se fes ongles font noirs.
R a y dit, en difféquant un de ces oi-
feaux , avoir trouvé en entier dans fon
eftomac un poiffon plat, du genre des
Pajferes TiJ'ccs , tels que les Limandes,
les Plies, les Fiez 8t les Fletelets.
Le fécond eft le Larus ciuereus
maximus, nommé en Anglois Heiring-
ï 7 o MOU
Cuil. II eft de la grandeur du Canard
domeftique : fon bec eft jaune & de
la figure de celui du précédent, Cet
oîfeau a une élévation angulaire à la
mâchoire inférieure , marquée de cha-
que côté d'une grande ligne rouge; Tes
pieds font tantôt de couleur jaune ,
tantôt couleur de chair : fes ongles font
noirs. Il a la tête , le col , le croupion ,
la queue & tout le bas du corps blancs ;
fon dos , les plumes qui couvrent les
ailes & les pennes font d'un cendré
obfcur, excepté cinq, qui font tache-
tées de blanc. On voit beaucoup de
ces oifeaux fur les bords de la mer.
Cette efpece de Larus eft le Marina-
rius Tijcator du Comte de Marsilly ;
la Mauve des Pères duTertreSc
Iabat ; le Gaviota d'OviEDo;
le Guacaguacu de Marc Grave;
âe le thc Common Gull de Sloane,
p. 322.
Le troifieme eft le Larus cinereus
7ninor t que les Anglois nomment the
'Common jea-Mall , ou Meiu. 11 pefe
une livre Se eft femblable au précé-
dent, mais bien plus petit. La grolfeur
qu'il a à la mâchoire inférieure du
bec eft auffi plus petite. Cet oifeau a '
le bec d'un blanc fale , jaune au bout ;
la tête 8c le col tachetés de noir ; le
dos, jufqu'à la queue , cendré ; les plu-
mes des ailes nommées tecirices > blan -
ches ; les grandes , rémiges , variées de
noir Se de blanc ; le refte du corps cou-
leur de neige , & les pieds verds. M.
Klein, Ord. Av. p. 137. n. 4.
Le quatrième , félon Ray, eft le
Larus cinereus de B e l o n. 11 n'eft pas
plus gros , dit-il , qu'un Pigeon ordi-
naire Se il ne diffère pas beaucoup de
fa figure. Cet oifeau eft tout blanc fous
le ventre ; le haut de fa tête Se de fon
col font pareillement blancs ; mais
P'oche d' j s oreilles il a une tache noire ;
lapnrtie inférieure du corps eft noirc-
ie milieu du do? Se les plumes feapu-
laires foàt cendrées. Il a la queue blan-
che , le bout des plumes noir ; fon bec
eft de la longueur du doigt; les pieds
MOU
font de couleur livide Se les ongles
noirs ; le doigt de derrière n'eft qu'une
efpece de doigt , tant il eft petit Se me-
nu. Ses ongles ne font point garnis
d'un tubercule charnu : c'eft en cela
qu'il eft facile à dïftinguer des autres
Larus. M. Klein {ibid. ». m.) le
nomme Larus cinereus Pifcator , Se
Schwfnkfeld , Gavia. Quelques-uns
l'appellent auifi Hinmdomarina,Vu!tur
Pifcarius , Gyrfalco marinus. Les An-
glois nomment cet oifeau Tarrock. . Se
M a r t e n s , Kttdge - Ghef. C'eft le
Aapoj dont parle Aiustote(L. VlIL
c. 3 & L. V. c. 9.) , dit Belon {de
la Nac. des Gif L. 111. c.i^.p. 10*9.
M. Linn/eus ( Fawia Suce . p. ^6.
n. 12 5.) le nomme Larus alkus , dorfa
cinereo-fiifco.
Le cinquième eft le Larus cinereus
tertius d' A L D R o v a N D e , le Cepphus
deTuRNERUS &deGESNER. On
le nomme en Anglois Pewitta , ou
Blackcap , Called at Chefter the Sea-
Crow. 11 eft de la grandeur d'un Pi-
geon. Son bec eft un peu courbé Se de
couleur de fang , noir au bout ; fes
ongles font noirs Se fes pieds rouges :
le derrière de la tête eft noirâtre. Dans
quelques-uns toute la tête Se legofier,
jufqu'au milieu, font-d'yn cendré tirant
fur le noir. C^t oifeau a le milieu du
dos cendré , ainfi que les plumes qui
couvrent les ailes. Son col , fa queue
fourchue , fa poitrine Se fon ventre
font blancs. Cet oifeau Se le précédent
font leurs nids dans le même endroit.
M.Klein, p. 1 38. n. 11.
Le fixîeme eft le C^r^/ex de Ray ,
qui eft le Sk.ua de C L u s 1 u s , & qu'or»
nomme en Anglois Gatmet. Albin
en parle, Tome 11. ». 85. Cet oifeau eft
d'un brun ferrugineux. Il a les extré-
mités des grandes plumes des ailes &
la queue noires. J'en ai parlé au mot
CATARACTES, où je renvoie
le Le&eur.
Le feptieme eft le Cataraila d'AL-
drovande. Voyez encore au mot
CATARACTES
MOU
Le huitième eft le Larus major c'tne-
reus deBALTNER. Cet oifcau a tout
le dos d'un cendré obfcur » excepté les
grandes plumes des ailes , qui font noi-
res , & le haut de la tête, qui eft d'un
noir tirant fur le verd obfcur. Il a le
bec droit couleur de vermillon , & les
pieds noirs. Excepté la couleur des
pieds , cet oifeau refïemble au Cepphus
de Gesner 3c de Turnerus , qui
eft le Peiuhta, ou le Melancoryfhon
des Anglois.
Le neuvième eft le Larus albus ma-
jor de Belon. Le plumage de cet
oifeau eft blanc comme la neige : il a
quelque chofe de cendré fous les ailes.
Ses yeux font entourés d'un cercle
noir. Il a proche des oreilles de chaque
côté une tache noire : du refte il ref-
femble affez au Peivitta des Anglois.
Belon dit qu'on nomme cette
efpece de Larus , Mauve au Havre de
Grâce Se à Dieppe. Cet oifeau eft de
plus petite corpulence que la Alouette
cendrée Se approche affez de la grof-
feur d'un beau Pigeon blanc ; mais
fon plumage le fait paroître d'un plus
grand corfage , quoiqu'il ne foit pas
tant en chair. C'eft un oifeau gai , qui
fe tient droit fur fes jambes. Lorfqu'ii
fait fes petits , il vole çà Se là Se crie
contre les hommes & les animaux qui
approchent de fon nid , d'où eft venu
le Proverbe , Larus parturït , quand
on veut parler d'un homme qui ne fait
que babiller. Son nid eft contre terre ,
dans les landes , parmi les bruyères.
Aristote dit que toutes les efpeces
de Mouettes font leurs nids dans les
rochers proche de la mer, & qu'elles
ont une inimitié déclarée contre le
Brentus, un autre oifeau nommé Har-
pa , lesCancs Scies Canards.
Belon parle aufli d'une petite
Mouette blanche , différente cte la précé-
dente , qui , lorfque le froid commen-
ce àfe faire fentir, vole par delfus tes
rivières Se va chercher la terre ferme.
Cet oifeau a le defTus de la tête tout
noir. 11 eft de moindre corpulence Se
MOU i 7l
vole plus long-temps. Il faut de l'a-
dreffe pour le prendre. Il n'eft pas
difficile d'apprivoifer cette efpece de
Mouette. On la nourrit de tripailles ,
de chair 8c de poiffon. M.Linn^us,
qui , comme plufieurs autres Natura-
liftes , ne parle que d'une efpece de
Mouette blanche , l'appelle ( Faitna
Suec. p. 46. n. i 20. ) Larus albus > dorjb
cano. On le nomme en Suéde Homao-
k.a 3 en Gothlande, Mave; en Lapo-
nie , Straule. M.Klein, ». 8. parle
d'un Larus albus , erythrocephalus , qui
eft le Larus major , capite rubro de
Schwenckfeld, 8c \ethe Brown
Heaâ Gull d' Albin , Tome II. ». 8tf.
Il y a encore le Larus albicans du
Comte de M a r s i l l y , p. 88. t. 42.
qui a la queue fourchue. \J Hirundo
marina major , en Anglois par Albin
( Tome IL ». 8 8 . ) the Greater fea-Svjal-
low , eft une variété. C'eft le Sterna
deTuRNERUs, le Speuter deBALTNER,
dit M. Klein , ». 10.
Le dixième eft le Larus major d'A L-
"•CROVande, qui ne diffère du Larus
hybernus de Baltner , que par la
couleur de l'iris , & celle du bec Se des
pieds. Voyez plus bas Larus hyber-
nus.
L'onzième eft le Cepphus d'ALDRO-
VANDE. Cet oifeau a le bec d'une mé-
diocre grandeur, de couleur de chair,
roux aux côtés de la membrane , noir
au bout Se crochu; l'iris eft blanche;
fa tête , qui eft un peu plus petite que
celle des autres Larus,Se le bas du ven-
tre' font blancs Se bruns, marqués de
taches : fes ailes font noires Se de cou-
leur jaune au bout : les grandes plu-
mes de la queue font aufli noires. Il a
les jambes de couleur verte, les pieds
Se la membrane qui tient les doigt? ,
bruns. Par le bec Se par les pieds cet
oifeau reffemble aux autres .V?ouet:eso\x
Larus , Se par le refte aux Canards.
Le douzième eft un Larus du Bréfil,
nommé par Marc Grave Guaca-
çrttacu ; par les Portugais , Gaviota.
Voyez GUACAGUACU.
Yij
ï 7 2 M O V
Le treizième eft le Wagelhts de la
Province c!e CornouailLes en Angle-
terre, nommé Maninaejz.o à Venife;
à Amfterdam Burgomafter , ou Groen-
land} par Martens , Mali-Mucki en
Anglois Great Grey-Gull. Get oilêau
pefe vingt-deux onces. Sa couleur ,
tant du dos que dtr ventre , eft un mé-
lange de blanc , de cendré Se de brun ,
comme celle du Canard vulgaire , ou
de l'oifeau nommé Numemus. Les plu-
mes du croupion & de deflbus la queue
font, pour la plus grande partie, blan-
ches : elles font peintes au milieu de
grandes taches brunes. Les grandes
plumes des ailes l'ont noires : celles de
la queue font traverfées- de taches blaiv-
ches Se noires. 11 a proche de l'a partie
fopérieure un cercle noir Se large , for
lequel les pointes desplumes font blan-
ches : fon bec eft de trois doigts de
long & tout noir : fon col eft court Se
fa tête grande , qu'il retire toujours
vers les épaules-,, comme font les autres
Larus. Par la grandeur de fa tête , Rat
conjecture que c'eft l'oifeau qu'on
nomme àAmfterdam Burgomafler. On
en voit beaucoup dans la Province de
Cornouailles. M. Klein (p. i^j.
». 6. ) doute fi cet oifeau n'eft pas- le
Larus aibo - cinereus , torque cinereo
d'ALDROVANUE Se de WlLL'UGHIHr,
Se le CataraUa.
Il y a un autre oifeau que M a r-
t e n s prend pour le Burgomafter , Se
que R a y dit être le Larus cinereus
maximus, qui n'a que trois doigts, &
dont j'ai parlé.
Le quatorzième eft le Larus fufeus ,
kybernus ,. nommé Winter-Meiv , 8c
du côté de Cambridge , Céddy -Noddy.
Ray dit que cet oifeau pefe dix-fept
onces ; qu'il s la tête blanche , marquée
de taches brunes ; le col Se le goficrun
peu bruns ; toute la partie inférieure
blanche; le milieu du dos cendré; les
plumes fcapulaires tachetées de brun ;
le croupion blanc; les pointes des plu-
mes de la queue blanches Se une mar-
que noire , large d'un demi-pouce ; le
M O V
refte blanc ; le bec long de deux doigts
Se depuis les narines juiqu'à l'extrémité
blanc, mêlé de brun ; une groffeur à
la membrane inférieure. La courte defi-
cription qu'en fait M. Klein n'elb
pas la même. Il lui donne une moitié
de la tête Se le ventre blancs; le défi-
nis du corps, jufqu 'au bout de la queue,,
cendré ; un bec noir ; les 'yeux places
dans un- cercle noir ; autour des- ouies
une tache noire , en forme de rein ;
derrière la tête Se par-delà le milieu
du col un collier noir; les ailes variées
de brun Se les bord3 blancs. On voit de
ces oifeaux dans l'hiver en Irlande
éloignés de la merde plufieurs milles ,
Se voler autour des prairies humides,,
des marais Se des fleuves.
Le quinzième eft le Sternafufca de
Johnson , nommé en Anglois Brown
Terri. Ray doute fi ce n'eft pas le
Larus cinereus minor d'ALDRO vande.
Cet oifeau eft" entièrement blanc fous
le ventre Se brun- fur le dos. Il a les
ailes en partie brunes -, & en partie
cendrées: fa tête eft noire. Les oifeaux
de cette efpece volent en troupes. Voi-
là félon Ray, les efpeces de Larus
dont les pieds font garnis de quatre
doigts.
Le premier des Larus de la petite -
cipecc , qui ont la queue fourchue
eft l'Hirondelle de mer , qui eft le
Sterna de Turnerus , en Anglois
fea-Swallow , Se le Larus albicans dit-
Comte de Marsilly, déjà cité ci-
deffiis. Vovez HIRONDELLE DE
MER;
Le fécond eft le Larus Tifcator
d'A l d r o v a n d e Se de Gesner,
nommé en Anglois LeftérJca-S\vzllow.
Get oifeau a les ailés , la queue Se le
vol d'une Hirondelle ; fon bec eft.
rouge, Se le haut de fa tête eft noir ;
fon dos Se les ailes font cendrés, Se fa
queue eft fourchue & longue de fix
pouces. M. Klein , p. 138. n. 13. dit-
avoir tué le 16 Août 1745. deux de
ces oifeaux , dont il conferve la têta
& les pieds dans fgn cabinet. 11 ne dpiK
MOV
ïte à la queue noire de cet oîfeau qu'un
pouce & deux lignes.
Le troifieme eft le Larus mger de
Qesker, nommé en Anglois fea-
Gravi parcequ'il fuit les hommes.
Cet oifeau a la tête , le col Se le ven-
trenoirs , les ailes cendrées , la queue
un peu fourchue ,. les pieds petits Se
rouges. Le mâle a une tache blanche
fins le menton. C'eft la Meva nigra.
de Schwenckfeld, l' Hirundo
marina minor , en Anglois the Lejfer
fea-Cock Swalio-w à' A l b i n { Tome IL
n. 89.) Se deWiLLUGHBY, M.Klein,
71. ia. dit que Y Hirundo , ou Hirun-
della minima , Peruviana , caudâ bi-
fform dont parle le Père Feuillée
( Tome III. p. 3 3 . ) » appartient à cet oi-
feau: il n'eu: pas plus grand qu'une
Tourterelle.
Le quatrième eft le Larus mger fi-
dipes , alis longiorihus d'A ldro-
V a N d e. Ses ailes 3c fa poitrine font
entièrement cendrées , ou d'un gris
cendré ; fes ailes font très - longues
& noires par le bout ; fa queue eft
courte Se cendrée. Cet oifeau aie crou-
pion blanc , les doigts affez longs Se
armés d'ongles noins , faits en forme de
poignard ; les jambes courtes Se noi-
res ; le delfus de la tête ,.le col Se le
bec noirs. Le bec eft un peu longuet
Se crochu à fonextrémité:
Le cinquième eft le Larus mger ,
fidipes alter , alis brevioribus d'A L-
brovjndh, Cet oifeau eft de la
grandeur du précédent Se reflemble à
un Merle ; mais fes ailes font beau-
coup plus courtes , au contraire de fa
queue, qui eft beaucoup plus longue.
Sa couleur eft eendrée. Il a la tête noi-
re , ainfi que le bec , qui eft menu Se
un peu recourbé. Les plumes de la
queue font blanches. 11 a les pieds rou-
ges 8c petits comme les Hirondelles , Se
quatre doigts qui font joints enfemble ,
où il y a une apparence de membrane
qui les tient.
Le fixieme eft un Larus minor fidi-
$es r . connu e n Angleterre , où il eft
MOU i 7 $
nommé Small-Black Clovenfooted , fea-
Sivallow. Cet oifeau eft plus petit quo
l'Hirondelle de mer. Son bec a un
demi-doigt de long;, il eft aigu Se noir:,
fa tête eft noire. Il a le dos 8e le défais
des ailes d'un cendré obfcur , le go-,
fier Se la poitrine noirs ; les plumes
du bas-ventre fous la queue blanches ;,
la queue fourchue; les dernières plu-
mes longues de trois doigts 3c demi
celles du milieu de deux doigts 3; urr
quart ;. les dernières de chaque côté-
blanches : les autres d'un cendré clair.
Il a les pieds petits , d'un rouge tirant
fur le noir: fes doigts qui font divifés
ne tiennent que par une très-petite
membrane. A peine cet oifeau par for»'
cri peut-il être diftingué de l'Hiron--
delle de mer*
Le feptieme eft le Larus fidipes alter
de Johnson. Cetoifeau eft de la gran-
deur d'un Merle , ou un peu plus pe-
tit. Son bec eft menu , pointu Se noir,
II. a le haut de la tête noir , ou d'urr
roux obfcur ; les deux côtés du col Se
le deJTous du col rouges ;. le bas du."
corps blanc ; le dos Se les ailes- bruns ,.,
marqués de taches jaunes. Une ligne
blanche traverfe fes ailes : elles font
longues & fa queue eft courte. Les'
doigts des pieds ne fe tiennent point ;
mais de petites membranes de chaque
côté , tortueufes Se joliment dentelées
les tiennent les uns aux autres. Cet
orfeau eft fingulier, dit Ray , Se parois
tenir le milieu entre les Foulques Se les ;
Larur.
Le huitième eft un Larus minor , ex
albo & nigro varius , qu'on voit dans
le cabinet d'Hiftoirc Naturelle de Ley-
de. Ray ne fait fi c'eft une efpece de
Larus, ou un de ceux dont on vient
de parler, d'après ce N'aturalifte An-
glois.
Cet Auteur parle aulTi d'un Larus
einereus mïnimus, que l'on voit au même
endroit:
Enfin il y a le Larus de l'Amérique
en Latin Larus Americanus miner »,
folié. us , dçjat- le corps eft d'un brurj;
i 74 MOU
rouge Se le ventre blanc , dit Sloane,
On le nomme Noddy en Anglois. C'eft
le Pajfer jhdtus d'H brnandez Se de
NlEREMBEitC.
11 y a encore quelques autres oi-
feaux, que M. Klein met dans la
famille des Mouettes, fa voir le Larus
maculâtes du Comte DE Marsilly ,
p. 94. t. 45, Cet oifeau a fur le haut de
la tête une efpece de coêrrure de fem-
me , compofée de petites plumes noi-
res. Il a le refte de la tête Se le menton
blancs ; le gofier & la poitrine marqués
de taches vertes , Se alternativement
de taches blanches Se noires; les gran-
des plumes des ailes , rémiges , d'un
noir brun ; la pointe blanche , les yeux
noirs, l'iris blanche, les pieds-d'un
jaune fale.
1 Le Larus , nommé Hirundo marina,
minor , capite aibo par S L o a n e ,
p. 3 1. 1. 6.f. 2. eft Y Hirondelle marine
à la tête blanche de Catesbt, p. 58.
Cet oifeau a les yeux rouges, bordés de
blanc; le bec pointu, long de deux pou-
ces; le vertex Se le jynciput blancs : à me-
fure que le blanc approche du col, cette
couleur brunit; il a tout le corps brun ,
les ailes fur-tout: elles égalent en lon-
gueur la queue. Au-deifus de l'angle
du bec il a une raie noire , qui a fa
bafe à l'œil Se fa pointe au bec. Les
çieds font noirs Se membraneux.
Le Larus minor , capite nigro , rofiro
rubro , eft la Mouette rieufe de C a-
t e S b y. Cet oifeau a le bec rouge,
crochu vers fon extrémité , fait en
faucille par denous vers le bout; la
tête d'un noir brun ; les yeux noirs ,
bordés autour de blanc ; l'extrémité
des grandes plumes de l'aile d'un noir
brun; les pieds noirs , membraneux;
les plumes de la queue égales , plus
courtes de deux pouces que celles des
ailes.
Le Larus chlamyde leucophω , alii
hrevioribus. C'eft le Goiland du Pere
Feu iilée, Tome III. p. 1 2. Cet
.pifeau a le bec à la racine jaune , le
refte noir j le col & les joues d'un cen*>
dré mêlé de blanc; la partie antérieure'
du col, ainfi que le ventre, cendrée; les
premières grandes plumes des ailes des
couleur ferrugineufe , frangées d'un
jaune foncé , ainfi que les plumes de
la queue ; les pieds d'un jaune doré.
Le Larus torquatus » chlamyde nigrâ
& pedibus cinereis du Pere Feuillée
C Tome III. p. 14. ) en eft ou une varié-
té, ou le mâle ou la femelle , dit M,
Klein, Tome III. p. 14.
Le Larus piger cunicularïs. C'efl
le PuJJin des Anglois, dont parlent
Willughbï Se C A ï u s. Cet oi-
feau a les pieds palmés Se rouges , le
bec long d'un doigt Se demi , ou de
deux doigts, étroit, noir Scfemblable
pour la forme en quelque forte à celui
du Vanneau ; le doigt de derrière petit
& pointu. Il fe cache dans les trous des
Lapins. Il a fon temps pour fe cacher ,
comme font le Coucou & l'Hirondel-
le, dit Caïus. Sa queue Se Ces ailes
font afTez longues , & fon vol eft vif,
Iln'eft pas couvert de laine, comme
l'a prétendu Aldrovande.
Enfin, il y a encore le Larus major
rofiro indiquait & j'ecante de Catesby,
dont ne parle point M. Klein. Cet
oifeau a le bec fait en cifeau : la par-
tie de delfous eft plus courte d'uri
pouce Se émoulfée ; celle de deffus eft
pointue , & a trois pouces de long.
Il a la moitié du bec rouge ; l'autre
moitié , jufqu'à la pointe , eft noire r
le col Se le ventre font blancs ; le der-
rière de la tête , ainfi que les ailes ,
eft noir , avec quelque mélange des
blanc , Se la partie noire s'avance juf-
qu'aux yeux : il femble que de la tête
au ventre il foit coupé en deux. Il a
tout le deffus du corps noir ; tout le
defTous blanc ; la plume de defTous la
queue eft noire ; les autres font blan-
ches. Il a les jambes petites , courtes*
rouges , & un talon. Ses pieds font
membraneux , Se Ces ailes auffi lon-
gues que la queue, Cet oifeau eft de la
grofleur d'une Corneille.
De cette notice des Mouettes don-
MOU
îlée d'après les Auteurs d-dertiis cités,
partons aux defcriptions de plufieurs
Se ces efpeces , telles qu'on les lit
«îans la Nouvelle Hifioire des Oifeaux ,
«ravée par Albin.
MOUETTES pieds fendus.
Albin ( Tome IL ». 02.. ) donne à
cet oifeau fix pouces Se demi de lon-
gueur depuis la pointe du bec juiqu'à
l'extrémité de la queue , Se trenîe-flx
de largeur , les ailes déployées. Il a
le bec droit Se noir à la pointe : le relie
«le l'oifeau eft d'un blanc jaunâtre »
n'ayant point de boffe fur la mâchoi-
re Supérieure , en quoi il diffère de
la plupart des autres Mouettes. Les
narines font oblongues 3c les yeux
noirs. La tête , la gorge , la poitrine >
le ventre & les eûmes font d'un bianc
laie > jaunâtre » ombragé Se tacheté
de couleur de Frêne bleuâtre fur la
poitrine Se fur le deflùs du col. Ses
ailes font un peu plus longues que la
queue : le nombre des plumes princi-
pales dans chaque aile eft d'environ
vingt-huit ; les quatre premières font
d'un brun fombre j le relie des lon-
gues plumes elt d'un brun clair : les
bords en font cendrés. Il en eft de mê-
me du dos Se des plumes couvertes
des ailes : le dertous de ces ailes eft
de la même couleur , mais plus ten-
dre. La queue a cinq pouces de lon-
gueur Se confifte en douze plumes d'un
brun fombre : chacune a un bord lar-
ge Se noir à la pointe. Les jambes font
chauves au - dellous des genoux. Les
jambes Se les pieds /ont d'un verd plus
fombre , tirant lur une couleur de
Frêne ; ils font bordés de côté Se d'au-
tre d'une membrane latérale Se atta-
chés enfemble à leur racine. Les griffes
font noires.
Grande MOUETTE grife , en
Latin Lariis albo-cinereus. Albin
donne à cet oifeau vingt pouces Se de-
mi de longueur depuis la pointe du
bec jufqu'à l'extrémité de la queue ,
& cinquante trois pouces de largeur,
les ailes déployées. La couleur du plu-
M O U i 75
mage du dos , Se le defîus du col , font
d'un gris brun Se blanchâtre entremê-
lés. Les plumes du dos ont leur milieu
noir 8e leurs bords couleur de Frêne.
Prefque toutes les plumes du croupien
placées fous la queue font blanches ,
excepté que leur milieu eft tacheté de
brun. Le devant de la tête , la gorge ,
la poitrine , le ventre Se les cuiffes-
font blancs. Chaque aile a trente plu-
mes d'un brun fombre. Quelques-uns
de ces oifeaux les ont noires. Les moin-
dres rangs des plumes des ailes font
aurtî bruns. La queue qui confifte en
douze plumes a fix pouces Se demi de
longueur ; les pointes les plus avan-
cées en dehors de celles de deffus font
blanches : cette couleur eft fuivie d'une
couche noire , qui va en travers , ayant
environ deux pouces de largeur : les
plumes de delîous font diverfiflées de
barres d'un brun fombre , qui traver-,
fent le bec à près de trois pouces de
longueur : il eft noir par -tout. La
mâchoire fupérieure eft courbée par
en bas Se pourainfi dire crochue : celle
de deflous s'élève en boffe par en bas ,
entre le coin Se ta pointe. Cet oifeau a
les narines oblongues Se les yeux gris ,
le col court Se la tête grande , laquelle
il peut abaiffer jufqu'aux épaules , en
marchant , ou fe tenant debout , à la
manière de toute autre Mouette , Se
alors il paroît comme s'il n'avoit point
de col. Les jambes Se les pieds font
orangés Se les griffes font noires : celle
du doigt du milieu eft tranchante en
deffous. Les gens de Cornouailles , die
Albin, rapportent pour un fait
véritable que cet oifeau a coutume de
harceler Se d'effrayer les alouettes de-
mer Se les petites Mouettes , jufqu'à ce
qu'elles fientent de peur: alors il at-
trape leurs excrémens avant qu'ils
tombent dans l'eau Se les dévorent
avec avidité , comme un mets déli-
cieux C'eft ce que j'ai déjà dit de-
cette efpece de Alouette, d'après Ray,
Mais Albin eft plus porté à croire
que hgrande Mouette grife leur enlevé
tj6 MOU
lepoilTon qu'elles viennent d'attraper»
en les forçant de le dégorger. 11 en a
Vu l'exemple dans les Indes Occiden-
tales , où il y a un oifeau nommé le
Vaïjjcau de guerre , qui , dès qu'il a
faili fa proie , eft harcelé par un autre
oifeau , julqu'à être obligé de la dé-
gorger, Se l'autre l'attrape enfuite dans
l'air.
Grande MOUETTE noire &
blanche , en Latin Larus ingens ma-
tinus de Clusi us. Albin ( lome III.
». 94. ) dit que cette Alouette eil la plus
grande qu'il ait vue de Ion efpece, Sa
longueur , depuis la pointe du bec juf-
qu'.i l'extrémité de la queue , eit de
vingt-fix pouces , Se fa largeur , les
ailes étendues, eft de foixante-fix. Le
bec çfl orangé, applati d'un coté de
plus de la longueur de trois pouces,
Se un peu courbé à la pointe. La mâ-
choire inférieure forme en dehors une
bofTe rouge. Cet oifeau a lés narines
oblongues , l'iris d'un beau rouge ; la
tête , le col , la poitrine , le ventre Se
la queue blancs , & le milieu du dos ,
de même que les ailes , noir ; les poin-
tes des longues plumes des ailes , ainfi
c|ue les plumes couvertes , font blan-
ches. La queue a fîx pouces de lon-
gueur : elle eft compofée de douze
plumes d'un beau blanc. Les jambes
Se les pieds font couleur de chair , Se
les griffes noires. Cette Mouette a le
doigt de derrière menu , la bouche
large , la langue longue & un grand
coller, Ellcfe nourrit de poillbns.
MOUETTE BLANCHE,
en Latin Larus albus. L'Auteur An-
glois donne à cet oifeau quinze pouces
S: demi de longueur depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ,
& trente -fix de Largeur, les ailes éten-
dues. Son bec ejOb rougeâtre & un peu
courbé à la pointe. La mâchoire fupé-
rieure s'élève en boiTe Se y forme ui)
angle ; les narines font oblongues 8e
les yeux nous ; l'iris eft blanche & en-
tourée d'un cercle couleur de Frêne.La
fffpj la gorge, la poitrine Se le ven-
M O U
lté ont leur plumage blantf, avec une
petite teinture de jaune ; les plumes
du dos, ainii que les plumes couvertes
des ailes font couleur de Frêne. Les
plumes principales des ailes font noi-
res : elies ont leurs pointes 8c leurs
bords 5c avancent d'environ deux pou-
ces au-deià de la queue : celle-ci eft
compolée de douze plumes blanches ,
d'une longueur égaie , ayant chacune
cinq pouces de long. Les jambes & les
pieds lont d'un verd fale , dégarnis de
plumes au-deffus des genoux. Le doigt
de derrière eit menu ; les griffes le lonc
de même & d'un brun oblcur. Cette
Mouette 8c la plupart de fon efpece
font d'une grande utilité aux jardins *
en ce qu'elles y détruifent les Vers
Se les infectes. A l b i n dit avoir eu
un de ces oifeaux vivant Se l'avoir
nourri avec de petits morceaux de foie
de Bœuf, avec des inteftins de Pou-
Lets , quelquefois de petites Mélettes,
8c avec des morceaux d'autres poillons
frais.
MOUETTE BRUNE: Cet
oifeau a feize pouces de longueur de-
puis la pointe du bec julqu'à l'extré-
mité de la queue , 8c trois pieds ou
environ dclargeur, les ailes déployées.
Il ne relfemble à la Alouette que par le
bec Se par les jambes. Le bec eit de
couleur de corne , a un pouce Se demi
de longueur Se une moyenne épaifleur;
la pointe qui eft courbée eft noire. Il
a les narines oblongues , les yeux pe-
tits 8e l'iris jaune ; le plumage de la
tête , du col , du dos , ainii que les
plumes des ailes, d'un brun fombre ;
le plumage de la poitrine 8e du ventre ,
d'un brun plus adouci , traverié de
raies de cette même couleur; les plu-
mes principales des ailes , noires , de
même que celles de la queue ; les
jambes , qui font chauves au-delTus
d^s genoux, Se les pieds, d'une couleur
fombre Se jaunâtre ; le doigt de dehors
petit & les griffes noires. Cet oifeau
a été envoyé mort à l'Auteur par le
Chevalier Aiilï, Il dit qu'il paroît
n'avoir
MOU
îï*avoïr jamais été dépeint. Aldrô-
Vande, que Wulughbï cite,
■p. 351. de Ton Ouvrage, repréfente
un oifeau qui lui refTemble parle bec,
mais d'une efpece différente.
MOUETTE à tête brune : Cet oi-
feau, dit Albin , a feize pouces de long
depuis la pointe du bec jufqu'à l'extré-
mité de la queue , & trente huit de
large , les ailes étendues. Le bec eft
rouge , pointu Se un peu eourbé : la
mâchoire en deffous a une boffe en
forme d'angle. 11 a les yeux noîrs ;
l'iris eft rouge, Se entourée d'un large
cercle de plumes blanches. Le plu-
mage de la tête 8c de la gorge eft
d'une couleur qai tire fur le brun, &
ce brun devient plus fombre vers
le col , fïniffant , pour ainfi dire , en
une ombre. Les plumes du corps font
entièrement blanches , nuancées d'un
verd pale & jaunâtre , à la réferve du
dos , Se des plumes couvertes fur le
deflus de l'aile , qui font de couleur
de Frêne. Les plumes principales des
ailes font noires; leur texture extérieu-
re eft blanche. La queue a près de cinq
çouces de longueur , Se elle eft com-
pofée de douze plumes blanches d'une
longueur égale. Les jambes Se les pieds
font de la même couleur que le bec,
c'eft-à-dire rouges. Les griffes font noi-
res , courbées 8c menues ; le doigt de
derrière eft petit. On voit de ces oï-
feaux , dit Al b i n , fur la Tamife ,
près de Gran étend.
Petite MOUETTE D' I R-
LANDE, en Latin Larus Hyber-
jtus. Le même Auteur donne à cet
oifeau dix-huit pouces de longueur,
depuis la pointe du bec jufqu'à l'ex-
Irémité des griffes, & quarante -quatre
pouces de largeur,fes ailes déployées:
le deffous de fa gorge eft un peu
fombre , quelquefois blanc. La tête ,
excepté le derrière , eft d'une couleur
cendrée. Il a une tache noire en tra-
ders derrière l'œil , Se une autre gran-
de marque, qui refTemble à un croif-
fant fur le derrière du col , Se qui
Terne III.
MOU i 77
l'entoure de la moitié. Les plumes du
dos font cendrées : les plumes feapu-
laires font diverfifiées de taches noi-
res ; le croupion eft blanc. La queue
a cinq pouces de longueur , Se con-
fifte en douze plumes , qui ont des
pointes noires ; le refte de la queue eft
blanc. Les longues plumes des ailes
les plus avancées en dehors , font noi-
res , excepté les bords 8e les pointes
qui font cendrés, Les moindres plu-
mes couvertes des ailes ont un mé-
lange de noir Se de couleur cendrée :
celles du deffous des ailes font blan-
ches. Le bec a plus de deux pouces
de longueur. La mâchoire fupérieure
eft de couleur de Frêne , tirant fur le
brun ; elle eft plus longue que celle
de deffous , Se courbée à l'extrémité ;
cette dernière eft noire , Se s'élève en
dehors en une boffe , ou en forme
d'angle , comme dans les grandes
Mouettes. La langue eft blanche , fen-
due , Se elle s'étend jufqu'à l'extrémité
du bec. Les yeux font de couleur de
Noifetler , Se fournis de membranes
qui les lient enfemble ; les oreilles
font grandes ; les jambes Se les pieds
font d'une couleur fombre , tirant fur
le verd ; le doigt de derrière eft petit
Se armé d'une petite griffe ; le doigt
intérieur de devant eft le plus menu
de tous : les griffes font noires , Se
celle du doigt du milieu eft tranchan-
te en dedans. Ces oifeaux fréquentent
les rivières , les prairies humides , Se
les marais. Ils fréquentent aulfi quel-
quefois les terres labourées à la diftsn-
ce de plufieurs milles de la mer.
Il y a plufieurs fortes de ces oi-
feaux au Cap de Bonne-Efpérance ,
qui ne différent que parla couleur ou
par la groffeur. On trouve des Moitet~
tes vertes ; d'autres font noires 8c
blanches; une troifieme efpece eft d'un
gris blanc. Celle-ci eft la plus petite.
Se toutes reffemblent beaucoup au Ca-
nard : il n'y a que le bec qui foit diffé-
rent; car toutes les différentes efpe-
ces de Mouettes ont le bec pointu.
i 7 9 MOU
Elles font leur nid le plus fou vent fur
les rochers qu'elles trouvent dans de
petites iiks ; quelquefois elles les
poient fur les rochers du continent qui
font environnés d'eau : elles pondent
en Octobre & en Novembre. Leurs
œufs font très-excellens : ils font gros
comme ceux de la Cane t & le blanc ne
fe durcît point dans l'eau bouillante ,
comme celui des autres oeufs. U relie
toujours comme une gelée. La coque
des œufs de quelques fortes de Mouettes
eft toute blanche ; d'autres coques font
parfemées d'un grand nombre de peti-
tes taches. Les Européens du Cap
tuent plufieurs milliers de ces. oifeaux
toutes les années , à caufe de leurs
plumes qui font fort petites, qui valent
beaucoup mieux, pour les lits que cel-
les d'Oie. C'eftauûîl'ufage qu'on en
fait au Cap , dit Kolbe , dans fa Dej-
cription du Cap de Bonne- Efpérance »
Tome III. chap. 17. p. 17 S-
M. Anderson ,. dans fon Hifioire
Naturelle de l'IJlande , dit qu'on lui a
rapporté qu'une grande Alouette de
mer favoit adroitement tirer de l'eau
un certain pohTon excellent connu en
Ifiande fous Je nom de Kunmagen ,
ayant à-peu-près la figure d'un Cor-
beau. Cet oifeau ayant pris fon poiffon
t'apporte à terre , n'en mange que le
foie , Se laiffe le refte. Les Payfans ne
manquent pas de profiter de ces captu-
res , & ils initruifent même leurs en-
fans à courir promptement fur la
Mouette , aufli-tôt qu'elle arrive à terre
pour lui enlever fa proie. Hift. Nat.
d'Iflande, p. 89.
Les MaLlemuk.es,, dont j'ai parlé
d'après cet Auteur , font auffi de
véritables Mouettes. Voyez MALLE-
MUKE.
Les Mouettes, nommées Falcordes
* Le mot François Moule, ou Maucle, eft
fermé du Latin Mufculus. On appelle Caym
à Rouen la Moule. Le mot 4e Cayeu pourroit
Keut-ctre venir , difent les Auteurs de la
Suite de la Matière Médicale , de l'Italien Ca-
glio „ Cal , ou Calus , à caufe de ces inéga-
lités. 3, ou effiecet tfexçreiflants* çalleuXes »
MOU
Se Poules d'eau , fur la rivière de Loî-
re , marquées de taches blanches Se
noires , y font communes en automne.
On dit qu'elles préfagent la crue de
la rivière. Les Mouettes grifes cen-
drées font les jeunes ; les blanches »
les vieilles.
Les Mouettes de mer de Tlfle de
Tabago ne différent en rien de celle*
d'Europe , finon qu'elles font d'un
meilleur goût. 11 s'en trouve dans cette
lile des quantités prodigieufes.
Les Mauves , ou Mouettes d'Afri-
que, que les Hollandois nomment Jean
Ven-Genten, ou White-Meiven à ce
que dit Dappeu ( Dejcript. d ! 'Afrique „
p. 375. & 385.),, ont le bout des ai-
les noir. Ces oifeaux ne s'éloignent
jamais en mer de plus de quinze ou
vingt lieues loin du rivage. Ils font
conjecturer, quand on les voit en mer,
qu'on eft proche de la terre ferme.
Ces oifeaux font blancs , & n'ont de
noir que le bout des ailes.
Il y a auffi d'autres Mouettes que le
Voyageur Jacob Van-Neck , dans
fon Voyage des Indes , appelle Kalap-
Vogelo. Ces Mouettes ont le ventre
blanc & le dos bleu. 11 y a encore d'au-
tres efpeces de Mouettes, plus petites
que les dernières , & qui ont le même,
plumage.
M O U L E * , genre de Coquil-
lage bivalve de mer , de rivière , &
d'étang. M.Linnjeus{ Fauna Suec,
p. 380. ) place les Moules dans la
claffe des Vers teftaeées fous le nom
de Concha , mot qui défigne les Co-
quillages à deux battans. M. Adanson
range celles qu'il a obfervées au Sé-
négal fous le genre du Jambonneau
& M. D'A rgenville, dans la
Conchyliologie , fait des Moules la troi-
fieme famille de fes Bivalves. On voie
qui fe trouvent allez fouvent non-feulement
fur la furface externe des coquilles , mais
même dans l'interne , avec cette différence
néanmoins, que celles de la furface interne
font bien plus polies que dans les autres for r
tes de Coquillages, & qu'on les prendroh psu$
de. fauiles perles,.
MOU
i la Planche XXil. les différentes ef-
peces qu'il a fait figurer : comme la
Mode marquée A. extrêmement lon-
gue , avec des bariies triangulaires
partant de fa charnière, lefquelies font
de couleur de rofê avec un rond blanc :
à la lettre C. une Mntle de la terre
des Papous , qui expofe aux yeux les
plus belles couleurs d'agathe , de vio-
let , Se de rofe : à la lettre D. une
Moule finguliere par fa couleur aurore ,
nacrée Se mêlée de taches violettes
fur les côtes , qui vient , félon toute
apparence, de l'ifle de Magellan : à
la lettre H. une petite Moule d'une ra-
reté infinie par rapport à fa couleur
parfaite de bleu cebft- : on pourroit
la dire unique ; il parole dans le bas
quelques raies jaunes par étages : à la
lettre K. la Moule nommée la gueule
de Sourirpar rapport à fa forme poin-
tue , Se à fa couleur grife tachetée de
violet ; les bords de fes deux pièces
font de couleur de rofe : à la lettre L.
line petite Moule, marquée de plufieurs
raies blanches 8c violettes : à la lettre
N. une Monte d'un très-beau violet ,
mêlé de pourpre 5c d'agathe ; c'eft la
grande Moule de Magellan : à la let-
tre Q. la Moule Magellanique bariolée
de brun fur un fond d'agathe ; fa mar-
brure eft fort différente des autres : à
la lettre R. une Moule toute blanche ,
des plus fingulieres , fi mince qu'on ne
la peut toucher : l'une de f.s extré-
mités , qui s'entr'ouvreen bec , l'a fait
nommer la Lanterne : fa rareté eft très-
connue. A la Planche VIII. de la fé-
conde Partie de fa Conchyliologie , le
même Auteur a fait figurer n. 1 1 . une
Moule de rivière , Se au n. 12. une
Moule d'étang. La Teltim , Se la Pitme
marine , font au:fi des efpeces de Mou-
les. Voyez ces mots.
La iloitle de mer eft un petit poif-
fon connu de tout le monde , oblong,
gros comme une Féve , d'une figure
approchante de celle d'un petit muf-
cle, d'où lui eft peut-être venu fon
aom Latin MitftuluT. H eft tendre,
MOU T79
blanchâtre , un peu frangé fur fes bords,
nageant dans une eau falée , délicat
Se fort bon à manger , renfermé dans
une coquille à deux battans affez min-
ces , convexe & d'un bleu noirâtre
en dehors , concave Se d'un bleu blan-
châtre en dedans , ordinairement lifte
des deux côtés , quelquefois chargé©
d'excroiifances galeufes, produites par
des Vers à tuyaux , ou par de petits
infectes marins qui s'y attachent à
travers laquelle on apperçoit de pe-
tites veines ou lignes bleues, longues
d'environ deux doigts &c demi , large»
d'un bon doigt , plus pointue à fa
bafe , plus arrondie au fommet , où
eft placé le ligament qui unit enfemble
les deux pièces d'une aflez ample ca-
pacité Se de figure rhomboïde. M.
Steide, Médecin , a fait une exacte
anatomie des Moules ; il a obfervé
qu'elles ont une langue , de la grailfe,
un eftomac , des inteftins , un foie , Sec.
qu'on y trouve une manière de cornes ,
qui s'allongent Scfe raccourcirent, com-
me celles des Limaces , Se qui fe re-
tirent dans le corps dès qu'on les tou-
che , en forte qu'on n'en voit aucune
apparence. Il y a dans toutes les par-
ties de ce petit animal un mouvement
de vibration , que M. Steide ap-
pelle mouvement radieux. Cet animal
eft prefque tout environné dans fa co-
quille d'une efpece de bordure , atta-
chée à une membrane qui règne le
long des bords , en forte qu'il eft joint
aux deux pièces de fa coquille. La mê-
me membrane fait l'office de tendon;
car étant jointe à des fibres mufculeufes
qui entourent en travers la bordure ,
elle contribue à la faire mouvoir. En-
fin cette bordure s'enfle quelquefois ,
de forte qu'elle tient la coquille en-
tr'ouverte , Se l'on remarque outre
cela qu'elle eft capable d'un mouve-
ment vermiculaire.
M. de Ré au MUR , dans un Mé-
moire fur le mouvement progreHit de
diverfes efpeces de Coquillages , nous
apprend que les Moules de mer , quoi-
Z ii
180 MOU
que communément attachées aux pier-
res , ou les unes aux autres par diffé-
rera filamens , ne laiffent pas cependant
d'avoir la faculté de fe mouvoir; &
pour le prouver, il fuffiroit de rap-
porter le fait fuivant. Dans le temps
qu'il ne fait plus affez chaud pour tirer
dufel des marais falans , les Pêcheurs
jettent quelquefois dans ces marais des
Moules qu'ils ont prifes au bord de la
mer. Ils prétendent par-là rendre leur
chair plus délicate , en les faifant vivre
dans une eau moins falée ; car l'eau de
pluie , qui tombe dans ces marais , aux-
quels on ne lahTe alors aucune com-
munication avec la mer , rend plus
douce l'eau falée qu'ils contiennent ,
en fe mêlant avec elle. C'eft par le
même moyen qu'on rend verte la chair
des Huîtres : mais les Pêcheurs y jet-
tent les Moules, féparés les uns des au-
tres , & à diverfes distances , Se lors-
qu'ils vont les pécher enfuite , ils les
trouvent affemblées à gros paquets.
Or il eft vifible que ces Moules n'ont
pû s'approcher les unes des autres pour
s'attacher aînfi , fans fe mouvoir elles-
mêmes , car elles ne font point dans
une eau courante. Il refte à préfent à
favoir quelle partie elles employent
à cet ufâge. Pour s'en inftruire , il ne
faut qu'ouvrir la coquille d'une Moule
par le côté où. elle s'entr'ouvre natu-
rellement : rien ne paraît alors plus
diftinâement dans le corps de cet ani-
mal qu ? une certaine partie noire ou
brune , dont la bafe eft placée à-peu-
près au milieu des autres parties , Se
la pointe tournée vers le fommet de
la- coquille ; fa longueur eft d'environ
de fix ou fept lignes :. on fe fera une
image affez reffemblante de fâ figure ,
en concevant celle de la langue d'un
animal. C'eft cette partie qu'on peut
appeller la jambe , ou mieux le bras
de la Moule, puifqu'elle fe traîne par
fbn moyen , plutôt qu'elle ne marche.
Quand la Moule fe prépare donc à chan-
ger- de place, elle commence par en-
îx.'ou.vrir. fa. coquille enfuite, on, voit
MOU
paraître fur les bords la pointe de cette
partie , que nous avons dit reffembler
à une langue. L'animal lui donne bien-
tôt plus d'étendue Se L'allonge quelque-
fois jufqu'à un pouce Se demi loin des
bords de fa coquille. Alors il s'en fert
pour tâter de droite à gauche le ter-
rein : cela fait „ il replie l'extrémité de
cette partie , qui eft charnue Se très-
flexible fur quelque corps , pour le
faifir ou s'y cramponner en quelque
façon ; de forte que réduifant cette
même partie à-peu-pres à fon éten-
due naturelle,. fans lui laiffer abandon-
ner le corps fur lequel il en a recour-
bé la pointe , il oblige fà coquille d'a-
vancer vers ce corps. Ainfi l'on voit
que la manœuvre dont les Moules fe
fervent dans leur mouvement progref-
fif. reffemble affez à celle d'un homme ».
qui, étant couché fur le ventre , vou-
dront s'approcher de quelque endroit ,
en fe fervant feulement de fon bras ;
il porterait ce bras fur le corps le plus
éloigné qu'il pourrait faifir avec la
main ; en le raccourciffant enfuite , il
obligerait fon corps à quitter fa place,,
comme les Manies quittent la leur.
Aufli eft-ce fur cette reffemblance que
nous avons nommé d'abord cette par-
tie le bras de la Af<9«/e,parceque fon ex-
trémité fait de même, en fe recourbant»
la fonction de main; toute la différence
de l'ufage que l'homme fait de fon bras
dans la circonftance précédente , Se de
celui que la Moule fait de cette partie
eftqu'elle la raccourcit véritablement,,
au-lieu que nous ne ferions que plier le
bras. Les Moules ne profitent pas fou-
vent de la facilité qu'elles ont à ce mou*
vement; car elles font toutes ordinai-
rement attachées les unes aux autres 0 .
ou à d'autres corps par différera fils y
Se ce n'eft que lorfque ces fils font rom-
pus , qu'il leur arrive quelquefois de
faire ufage de cette efpece de bras.
M. Poupart, de la même Aca-
démie , avoitdéjà obfervé que les Mou-
les de rivière étant couchées fur le plat
de leurs coquilles en faifoientfomr.g,
MOU
MOU iSi
quand elles vouloient, une partie qu'on
peut nommer jambe ou bras par rap-
port à fon ufage , qu'elles s'enfervoient
pour creufer le fable fous elles , Se par
conféquent baifler doucement d'un cô-
té , de forte qu'elles fe trouvaient à la
fin fur le tranchant de leurs coquilles ;
après quoi elles avançaient ce même
bras le plus qu'il étoit poffible , Se s'ap-
puyoient enfuite furfon extrémité pour
attirer leurs coquilles à elles,& fe traî-
ner ainfi dans une efpece de rainure
qu'elles traçoient elles-mêmes dans le
fable , & qui foutenoit la coquille des
deux côtés.
La Nature eft admirable de quel-
que côté qu'on la regarde, Iln'eftper-
fimrie , qui , après avoir ouvert la co-
quille d'une Moule par le côté où elle
s'entr'ouvre naturellement, n'ait re-
marqué qu'il y a au milieu de l'animal
cette efpece de langue , dont on vient
de parler , & qui eft plus étroite par
les deux bouts. Dans les plus grottes
Munies- elle a environ cinq ou fix li-
gnes de longueur , 5c deux lignes Se
demi de largeur. C'eft de fa racine que
partent un grand nombre de fils , qui
étant fixés fur les corps voifins , tien-
nent la Moule affujettie. Chacun de ces-
fils eftà-peu-près gros comme un gros
ebeveu , ou comme une foie de Co-
chon, Ils ont ordinairement de lon-
gueur depuis un pouce jufqu'à deux ;
ils font attachés par leur extrémité fur
des pierres , fur des fragmens de co-
quilles , Se le plus fouvent fur les co-
quilles des autres Moules. De-l-.i vient
que l'on trouve ordinairement de gros
paquets de ces Coquillages, Ces fils
font autant éloignés les uns des autres ,
que leur longueur & leur nombre le
peuvent permettre. Les uns font du
côté du fommet de la coquille , les
autres du côté de la bafe ; les uns à
droite Se les autres à gauche : enfin ,
îl y en a en tout fens collés fur les
différens corps qui entourent la Moule.
M. de Réaumur affure en avoir
quelquefois coing té glus de cent cin-
quante employés à en fixer une feule.
Ces fils font comme autant de petit*
cables , qui , tirant chacun de leur côté r
tiennent , pour ainfi dire r la MouU à
l'ancre. Mais de quelle adreffe les Mou-
lesfe fervent-elles pour s'attacher avec-
ces fils , Se comment peuvent-elles les
coller par leur extrémité ; ou plu-
tôt cetre extrémité qui eft beaucoup'
plus grofTe que le relie , ne peut-elle
pas être regardée comme une efpece
de main , dont le refte du fil feroit
comme le bras ?
La Moule fait fortir de fa coquille
entr'ouverte cette partie , dépeinte ci—
deffus fous la figure d'une langue j
elle l'allonge par degrés , &: la raccour-
cit enfuite; de forte qu'après plufieurs
allongemens S; raccourcifTemens alter-
natifs , elle lui donne quelquefois juf-
qu'à deux pouces de longueur. Or c'eft
en recommençantdiverfes fois la même'
manœuvre qu'elle parvient à s'atta-
cher par des fils en' différens endroits,
plus ou moins éloignés , félon qu'elle
a porté Se appliqué l'extrémité de cette
efpece de langue plus ou moins loin,
Ainfi l'on peut dire , avec vérité , que
la mer a des fileufes dans les Moules r
comme la terre en a dans les Vers à
foie , dans les Chenilles } 8c dans les-'
Araignées.
Par-là , on voit que la même partie
eft deftinée à des fonctions fort diffé-
rentes , puifqu'elle fert à la Moule
tantôt de bras ou de jambe pour mar-
cher , Se tantôt de filière pour filer..
11 y a quatre principaux ligamens muf-
culeux , qui peuvent fervir à la mou-
voir en tout fens. Lorfque la filière eft
dans l'inaction , fa pointe eft tournée
vers le fommet de fa coquille , &*ïon
extrémité ne va pas loin de la bouche
de l'animal. Depuis fon origine jufqu'au
près de fa pointe , on apperçoit une
fente qui pénètre allez avant dans la
fubftance de cette partie s & qui la
divife félon fa longueur en deux égale-
ment. Cette fente eft un vrai canal' »,
& ç-'eû- dans çe canal que gaffe la-M>
,8s MOU
queur qui forme les fils : c'eft-Ià oïï
elle fe moule. Le tuyau que la filière
file à fon origine , a environ une de-
mi-ligne de profondeur , il contient
dans fon milieu une efpece de tendon
rond , ou plutôt un fil de même na-
ture que les autres , mais beaucoup
plus gros. Dans les grandes Moules
fa grofleur égale du moins celle d'un
brin de foie à coudre. Sa longueur eft
fouvent d'un pouce ; quelquefois il eft
allez long pour fortir comme les autres
en partie par l'endroit où la coquille
s'cntr'ouvre. C'eft à ce tendon ou à
ce gros fil que font attachés par une
ce leurs extrémités tous les fils déliés
qui fervent à fixer la Moule : il eft
comme un cable , auquel tiennent tous
les petits cordages ; ils y font atta-
chés dans toute leur étendue. Le pe-
tit tuyau d'où il part ne feroit pas fuf-
fifant pourloger un nombre de fils auffi
confidérable que celui des fils des
grandes Moules. Ce même tuyau eft
entouré de diverfes parties glanduleu-
fes propres à filtrer la liqueur gluante
deftïnée à compofer les fils. La Monte ,
comme la plupart des animaux marins ,
abonde en cette forte de matière. Si
l'on applique le doigt fur fa filière ,
& qu'on le retire doucement, on en-
traîne divers filamens vifqueux , tels
qu'on les tire des Araignées , des Vers
à foie , & des Chenilles. Mais fi l'art
de filer eft un art commun aux Moule s
& à divers autres animaux terreftres,
tout ce que nous avons rapporté fait
aflez voir que la méchanique qu'elles
y employent leur eft particulière. Les
Vers à foie , les Chenilles , Se les A-
raij^iées , tirent de leur corps des fils
auffi longs qu'il leur plaît en les faifant
pafler par un trou de filière ; leur pro-
cédé refTemble à celui des Tireurs d'or.
Le procédé des Moules au contraire
refTemble à celui des Ouvriers qui jet-
tent les métaux en moule. Le canal
de leur filière eft un moule où le fil
prend fa figure , 8c une longueur dé-
terminée.
MOU
C'eft aïnfi que s'exprime M.
Réaumur fur le mouvement pro-
grefllf, & la manière de filer des Moules.
Mais par les nouvelles expérience»
faites à la Rochelle par M. Mercier
du Paty , C voyez fon Mémoîrefur les
Bouchots à Moules, Tome IL de l' A-
cadémie de la Rochelle ), on n'a point
reconnu dans la Moule un mouvement
progreflif. Ces bouchots à Moule font
des efpeces de parcs , formés par des
pieux, avec des perches entrelacées,
ce qui fait une forte de clayonnage
folide , capable de réfifter aux efforts
des flots, à quoi les Moules s 'attachent
par gros paquets pour y dépofer leur
fray. M. Mercier prouve par des
raifons Se des expériences qui méritent
d'être lues, que le mouvement pro-
greflif accordé à la Moule par Meflieurs
Poupart , Steide , de Réaumur 8c
autres, n'a aucune réalité, & qu'elle
ne file point le bylTus qui l'attac! e
aux corps voifins , vû qu'il naît & qu'il
croît avec elle , comme une partiequi
lui eft effentielle. M. D'A rgek»
V i L L e ( Part, I. p. 35. Edit. 1757. >
veut auffi que les Moules ne fortent
jamais de leur place à moins qu'on ne
les détache exprès , & il dit ( Part. Pl.
p. 53.) que le Pêcheur ayant détaché
avec un fer pointu des Moules de leurs
malfts , & les ayant jettées dans les en-
droits dégarnis de marais ou de bou-
chors, elles cherchent auflî- tôt à faifir
l'objet qu'elles trouvent le plus voifin ,
8c s'y attachent par un nombre infini
de fils qu'elles font fortir; elles jettent
enfuite leur frai, qui engendre beau-
coup de Moules attachées & garottées
avec elles ; ce qui forme leurs familles,
La Moule, ajoute-t-il , ne peutaflu-
rément joindre par fon prétendu mou-
vement progreifif les autres Moules
éloignées , que les Pêcheurs ont laiffée*
attachées fur les pieux , qui entourent
le parc ou bouchot. Il faut environ
un an pour peupler un bouchot; de
forte que faifant monter la peuplade
d'un bouchot environ à quarante mille,
MOU
en laiffe fur le bouchot un dixième de
la famille , 8c même un peu plus , com-
me cinq à fix mille , pour peu qu'un
parc ait été dégarni. Cette récolte fe
fait dans les mois de Juillet , d'Août ,
de Septembre 8c d'Octobre. Le temps
du frai 8c le commencement des cha-
leurs en font feulement exceptés.
11 y auroit encore bien d'autres ob-
fervations à faire fur la Moule de mer.
On remarque , par exemple, une pe-
tite bande qui enveloppe le bord in-
térieur de la coquille. Cette bande eft
d'une efpece de matière de corne , &
dans l'état naturel elle eft collée au
contour du corps de l'animal. Le ca-
nal par où il jette fes excrémens fe
rend dans la même ouverture où il
refpîre l'eau ; les excrémens qui en
iortent , paroiflent une fimple terre »
une efpece de glaife : ils ont tout du
long une canelure, c'eft-à-dire qu'ils
font faits comme une portion d'un
tuyau creux. De-ià il eft clair que
l'ouverture de l'anus par où ils paf
fent , n'cft pas ronde , comme dans les
autres animaux. On découvre auflî ,
outre le reifort placé vers le fommet
de la coquille , lequel fert à l'ouvrir
& à la fermer au gré de la Moule ,
une infinité de petites parties charnues ,
très -joliment découpées , affez fem-
blables à de petites crêtes de Coq ,
que l'animal ne fait voir que lorfqu'il
refpire l'eau. La Moule en mafle s'ou-
vre & fe ferme feulement d'un quart
de pouce; mais elle fait ufàge de fes
deux parues : elle eft naturellement
garottée 8c retenue par des fi la m uns
qui s'attachent fur la furface de fes
deux battans , $c de-là fe réunifient à
tout ce qui fe préfente à leur ren-
contre,
La Moule de rivière eft fort diffé-
rente de celle de mer. Elle eft her-
maphrodite & fe multiplie indépen-
damment d'un autre animal de fon tf-
pece. M. M e R Y ( Mém. deL'Acad.
des Sciences, an. i jï o. p. 408. ) pré-
Jtead qu'elle a huit œuf/cles attachés
MOU ,8 3
à la furface interne de fes dewx battans,
qu elle reçoit fa nourriture par l'anus,
Se qu'elle refpire par cette partie *
n'ayant point de canal , qui de fa bou-
che aille aux poumons. M. d'Ar-
genville ayant ouvert une Moule
au bord de la rivière , il lui a paru
qu'elle tenoit à fes deux battans par
une pellicule , ou épiderme , qui s'é-
tendoit tout du long du battant au-
quel elle étoit adhérente , & tenoit i
fes deux battans par quatre tendons r
8c nullement par huit mufcles , comme
le marque M. M e r y. Son bras a
fix à fept lignes , & par le moyen de ce
bras elle fe traîne plutôt qu'elle ne
marche; elle ouvre pour cet effet fa
coquille, Se l'on voit une langue qu'elle
fait fortir d'un pouce 8c demi , pour
tâter le terrein , & fe tranfporter fur
quelque corps qu'elle faifit, 8c oblige
fa coquille d'avancer vers ce corps ;
en réitérant ce manège , elle ne laiife
pas de faire du chemin, M. Poupart
{Mém, del'Acad. an. 1706.) qui a
fait figurer , p. do. une Moule de ri^
viere , dit qu'elle avance de trois à
quatre aunes de long , marchant le ta-
lon en devant par un mouvement réi-
téré ; elle peut frayer ,. fe rencontrer
avec une autre , & cette même langue,,
qui fort de fa coquille , & par laquelle
elle fe traîne , lui fert de filière pour
filer une quantité de fils, qui tiennent
tous à un tendon ou gros fil , auquel
ils font attachés dans toute fon éten-
due. Ce même tuyau eft entouré de
diverfes parties glanduleufes propres
à filtrer la liqueur deftinée à compo-
fer les fils. On peut remarquer inté-
rieurement à l'une de fes extrémités
deux diaphragmes , deux cloifons , ou
deux filets perpendiculaires , comme'
il fe voit en a a d'une Moule de ri-^
viere , figurée à la Planche VIII, de-
là féconde Partie de la Conchyliologie
de M. D'A RGENVILLE,». 11.
GuntheR' Christophe Se hellam--
MER dit, dans les Êphe'mérides des Cm-
rieux de la, Nature- * Dée. IL anm*
ï$ 4 MOU
1587. Obf. ii 2. que les Moules en
Allemagne font abondantes dans les
fleuves, & reffemblent à celles de la
mer par la groffeur & par la figure ,
mais elles ne font pas fi bonnes à man-
ger. Il en a trouvé une de cette ef-
pece à Jene fept fois plus g rode que
toutes les autres, Se qui contenoit une
Perle de la groffeur d'un Pois, & ad-
hérente à fa coquille,
La Moule d'étang , qui , chez le mê-
me Auteur eft figurée ( iùid, n. 1 2.) ,
eft toujours plus grande que celle de
rivière ; mais c'eft néanmoins le même
animal. Sonmouvement la porteà faire
des traînées dans le fable Se dans la
houe , à s'y enfoncer de deux ou trois
pieds : elle fait fortir de même une
grande plaque ou langue , & ouvre fes
deux battans , de même que la Monte
de rivière. On remarque que les Moules
d'étang font plus folitaires que celles
de rivière ; leur nourriture ordinaire
n'eft que du limon , ou de l'eau rem-
plie de parties nourricières. M. Mert ,
célèbre anatomifte , a donné fur les
Moules d'étang un Mémoire des plus
intérefians. Selon lui elles fontherma-
phrodkes ; maîs d'une efpece finguiiere,
en ce qu'elles multiplient fans aucun
accouplement. La coquille s'entr'ou-
vre par le moyen d'un puiffant reffort
Se fe ferme par la contraction de deux
forts mufcles. Ce poiflbn nage dans
l'eau , & paroît quelquefois fur la fur-
face , mais très-rarement. Le plus fou-
vent il rempe dans la vafe , fur la-
quelle ilrefte prefque toujours en re-
fios : il a une bouche garnie de deux
evres charnues. L'inteftin commence
dans le fond de la bouche , paffe par
le cerveau» fait toutes Ces circonvo.-
lutions dans le foie. A la fortie de ce
vifeere , il décrit une ligne droite ,
entre dans Je çœur qu'il traverfe , 8c
vient finir dans l'anus. Les parties de
la génération font deux ovaires Se deux
yéficules féminales. Chaque ovaire , Se
chaque véficule a fon canal propre :
p'eft par ces quatre canaux que les œufs
MOU
& la femence de la Moule fè rendent
dans l'anus , où ces deux principes s'u-
nifTent enfemble en fortant , ce qui
fuffit pour la génération. Au refte il
eft à remarquer que les ovaires de la
Moule ne fe vuident de leurs œufs
qu'au printemps , Se ne s'en empliffent
qu'en automne ; de-li vient qu'on les
trouve toujours vuides en été , Se pleins
d'eeufs en hiver. Le cœur eft placé
immédiatement fous le dos des co-
quilles , Se au-deflous des poumons;
la bafe eft tournée du côté de l'anus ,
Se fa pointe regarde la tête ela Vlouïeî
il n'a qu'un feul ventricule , Se a ce-
pendant deux oreillettes ; maison n'y
découvre ni valvules , ni veines , ni
artères. Il eft renfermé avec les oreil-
lettes dans un péricarde rempli d'eau.
On y remarque Ls mêmes mauvemens
alternatifs de diaftole Se de fyftûle, que
dans le cœur de la Tortue; mais avec
cette différence confidérable , que le
ventricule du cœur de la Tortue re-
çoit le fang des oreillettes , au-lieu
que les oreillettes du cœur delà Moule
reçoivent l'eau de fon ventricule : ce
qui eft un effet naturel de la ftructure
du cœur de ce Coquillage , dont les
oreillettes n'ont point de veines pour
leur porter l'eau, tandis que celles de la
Tortue en ont qui leur portent le fang.
La conformation des poumons de la
Moule n'eft pas moins extraordinaire
que celle de fon cœur , Se la voie par la-
quelle elle refpire eft diamétralement
oppofée à celle des poiffons. Dans la
Carpe Se dans le Brochet, l'air entre par
le nez ou par la bouche ; au contraire
dans la Moule , il entre par l'anus dans
ies poumons , fitués entre le péricarde
Se les parties de la génération , l'un
à droite Se l'autre à gauche , abbreu-
vés d'une humeur noire, dont ils em-
pruntent la couleur. Or comme la
Moule n'a point de canal qui , de fa
bouche , aille aux poumons , il eft évi-
dent que ce poiflbn ne peut refpirer
que par l'anus.
Plufieurs des Moules Jluvjatiles don-
nent
MOU
tient de belles Perles , telles que les
Moules d'Écoffe , de Bavière , de la
Valogne en Lorraine Se de Saînr Sa-
vinieo. Pour la Moule de mer, elle Te
trouve abondamment le long de nos
côtes maritimes. Ce petit poilton a des
ennemis ; car , outre que les Pécheurs
s'en fervent beaucoup pour prendre du
poiffon, M. d e Réaumur a ob-
servé qu'il y a un petit Gofuîllfge
de l'efpece de ceux que l'on nomme en
Latin Trochus , dont la coquille eft
d'une feule pièce , 5c tournée en fpi-
rale , comme celle du Limaçon, qui
en fait fa proie. Il s'attache pour cela à
la coquille d'une Moule , la perce d'un
trou aifez exactement rond , environ
d'une ligne de diamètre , Se y fait pafTer
«ne efpece de trompe , ou de petit
boyau cylindrique , long de cinq ou
fix lignes, qu'il tourne enfpirale, Se
avec quoi il fuce la Moule. M. de
-Réaumur dit avoir vû quelque-
fois plufieurs trous fur une même
Moule, Se quand il a trouvé des coquil-
les de Moules vuides , il a prefque tou-
jours vu de ces trous; ce qui lui a fait
croire que ces Coquillages ne çontri-
buoîent pas peu à détruire les Meu-
lières.
On rapporte qu'en quelques lieux
du Bréfil , on voit des Moules fi grofles,
qu'étant féparées de leurs coquilles
elles pefent quelquefois jufqu'à huit
onces chacune , Se que les coquilles
de ces grottes Moules font d'une grande
beauté. La mer & la rivière d'ifiini en
Afrique, produifent des Moules d'une
monfirueulè groffeur. La mer du Cap
de Bonne - Eipérance offre une forte
d'Ecreviffe , nommée Moule- Crabe ,
qui , outre l'écaillé dont elle eft re-
vêtue , en a une autre qui lui fert de
maifon; mais elle n'en fort jamais allez
loin , pour s'en féparer tout-à-fait.
Hifi. (jên. des Voyages, Tome Il.p.zyz.
V Ïome XVIII. p. 178. Edit. in- 1 2.
Au rapport de L 1 s T E R , chez quel-
ques habitans des environs de Lan-
caftre en Angleterre , le principal ufage
Tome LU.
MOU rSf
dés Moules eft pour fumer les terres
voifines de la mer , d'où on les tire
par charretées. M. Linn;eus dit
auffi que le territoire de la Province
d'Helfingie en Suéde , eft en grande*
partie compofé des mêmes Coquilla-
ges. U ajoute que les Flamands man-
gent des Moules, aulfi-bien que les
Anglois, mais jue les Suédois n'en
mangent point.
Les Moules contiennent beaucoup
d'huile , de phlegme, Se de fel vo-
latil. Celle de mer eft fans contredit
la plus eftimée , comme étant plus faine
Se de meilleur goût que celle de ri-
vière ou d'étang. On doit choifir les
Moules tendres , délicates Se bien nour-
ries. Leur ebair lâche le ventre , mais
elle fournit peu de bonne nourriture ,
Se ne convient qu'aux tempéramen»
bilieux , Se à ceux qui ont un bon ef-
tomac , encore en faut-il ufer modé-
rément; car elles fe digèrent difficile-
ment, produifent des humeurs lentes
Se vifqueufès : elles partent même pour
exciter la fièvre , Se pour caufer des
obftru£Hons dans le bas-ventre. Le
Docteur Mœrhing , dans le feptieme
volume des Epkéméyides â* Allemagne
année 1 744. p. 1 1 5. rapporte plufieurs
Obfervations , qui prouvent que les
Moules font fujettes à devenir veni-
meufes par des maladies qui leur ar-
rivent , Se qui les rendent très-dange-
reufes dans l'ufàge. Quelques perfon-
nes ayant mangé de ces Moules tom-
bèrent dans des anxiétés , des convul-
fions accompagnées d'éruptions cuta-
nées , qui ne biffèrent aucun doute fur
lapréfence du venin. On ne put guérir
les malades que par les vomitifs , fuivis
des antidotes , qui les rétablirent au
bout de quelque temps. Ceci , difent
les Auteurs de la Suite de la Afatiere
Mcdicale , doit donc rendre les Moules
Se les autres poiffons teftacées fufpects,
fur-tout après des hivers rigoureux ,
parcequ'alors une partie des poiffons
périffant par le froid , infecle l'eau de
leur corruption ; ce qui fait contracter
i8tf MOU
MOU
aux Moules , Se aux autres poïïïbns
teftacées , qui fe rempliffent de cette
eau , une qualité nuifible , fi l'on s'en
fert en aliment.
On apprête les Meules de plufieurs
manières , mais la meilleure façon eit
de les accommoderavec le beurre frais,
fe Perfil , la Ciboule , Se la chapelure
de pain, On fait auffi, des potages aux
Munies , qui peuvent paner pour fàîns ,
fur - tout pour les jeunes gens d'un
tempérament chaud & bilieux : caries
vieillards Se toutes les perfonnes dont
l'eftomac par débilité fait mal fes fonc-
tions , doivent s'interdire abfolument
cette nourriture.
On fe fert en Médecine de la co-
quille des Moules , & on la prépare en
poudre : elle eft fort bonne contre la
fièvre tierce. On prend pour cela telle
quantité qu'on veut de ces coquilles,
&: on les met dans du vinaigre , les y
laiffant tremper pendant une nuit ; le
lendemain on en ôte le limon que le
vinaigre y a fait naître en les rongeant ,.
puis on les calcine un peu ■ Se après
les avoir pulvérifées , on les garde pour
le befbïn. On en prend un demi-gros
dans de l'eau de Chardon bénit , ou
dans du vin , à l'entrée de l'accès. Cette
poudre fait fuer doucement ; ce qui
emporte fouvent la fièvre. On s'en fert
encore étant fimplement lavées , def-
féchées 8c porphyrifées , à la dofe d'un
fcrupule à un demi-gros , pour pouffer
les urines , Se pour arrêter le cours de
ventre , qui furvient à la fuite d'une
purgation trop forte. Comme elle eft
abforbante , elle arrête doucement le»
évacuations; Se cette poudre peut être
fubftituée à celle des coquilles d'Huî-
tres , ou de Limaçons, produifant à-
peti-près les mêmes effets. Les Maré-
chaux employent contre les tayes , &
les onglets qui naiffent fous les yeux
des Chevaux , la poudre de coquilles
de Moules , en guife de collyre fec ,.
qu'ils faufilent dans leurs yeux ; ce qui
tes déterge Sccorrfume les rayes en peu
de temps.
tes Auteurs qui ont écrit fur les Moules
font Bflon, de Aquat. p. JP7. G e s n y r y
de Pifcib. p. 177. Kondelît, de Tifcib,
P. 48. A L a K O V A K D E , p. 5 1Z. DilEj
P- Mfc'RRET, P. I?î. BONANNI , p. 101.
Peiivert, p, 84. L 1 f t F r, p. 1 8 1. Lan-
guis , p. 14. M. Linnjeds, Fama Suce*,
n. 1353. & les autres.
M O U R E T : C'eft tel Coquil-
lage univalve , du genre ùa Lépas à
coquille fimple S: entière ,. des côtes 1
du Sénégal , fort commun fur les ro-
chers de Pille de Gorée , ainfi nommé
par M. A D a N S o N , p. 34. Se figu-
ré à la Planche II. ». 5. de fon Hijhire
des Coquillages du Sénégal.
L'ouverture delà coquille du Mou-
ret , dit l'Auteur , eft elliptique ; fes
bords font entiers ; elle a environ un.
pouce de longueur ; fa largeur eft un
tiers moindre , Se un peu plus grande
que fa profondeur. Le fommet efï élevé
Se placé vers fon centre , en s'appro-
chant cependant un peu de fa partie
poftérieure. Deux cents canelures ex-
trêmement fines , Se fort ferrées par-
tent de ce fommet r Se fe répandent
comme autant de rayons fur toute la
furface extérieure de la coquille. Sa
couleur eft ordinairement grife au-de-
hors , ou cendrée , tirant un peu fur
le verd. Lorfqu'elle a été roulée fur
le rivage , fon fommet devient blan-
châtre , Se fes canelures lont brunes „
fur un fond quelquefois blanchâtre *
& quelquefois vineux , fouvent cou-
pé par trois ou quatre bandes brunes,,
circulaires & concentriques au fommet,
Au-dedans elle eft d'un poli très-
brillant , brune fur fes bords , & blan-
châtre dans le fond.
Je ne connois point , dit notre Na-
turalîfte , d'elpece de Lépas, dont la:
figure du corps s'éloigne davantage
de fes congénères que ne fait celui-
ci. Ses yeux Se fes cornes font fi petits „,
qu'on peut dire qu'il n'a ni les un»
ni les autres : fa tête eft faite en demi—
lune , Se coupée vers le milieu par une
large crenelure , quïfemble ladivîfer
en, deux parties égales. Le cordon une.
MOU
îe même Auteur dît avoir remarqué
fur le manteau de la première efpece de
ce genre de Coquillage , manque dans
celle-ci , Se les b.ords , au-lieu d'être
frangés , font légèrement crénelés.
Dans le iînus qu'il fait avec le delTus
du pied , on voit feukment fur la
droite une petite membrane quarrée ,
qui eft dans une agitation continuelle ;
c'eft le tuyau de la refpiration. Le
pied n'a point non plus ce fillon cir-
culaire de la première efpece. Le fond
de la couleur de tout le corps eft un
gris cendré , fur lequel font répandues
un grand nombre de petites taches
d'un alfez beau jaune.
M. Adanson range fous le nom
de Mouret , la Pateita mgricans rai-
nor , capiuat. eu finis injignita , Afri-
cana , de LaSTER , Hifi. ConchyL lab.
S 37- fié- l 7- & de M- Klein, lent,
p. 115. Jp. 1 . ». 15. Tab. 8 . fig. l .
La tatella finis nigris donata , ipfo
vtrtice albo , tagràqxte ferè lineà cin^to ,
du même L 1 s t e k. , ibid. Tab. 539.
fig. 22.
MOURON, nom qu'on donne
en Normandie à la Salamandre. V 'oyez
ce mot.
MOUS, mais mieux M O U X:
Les Poijfons maux font appelles en La-
tin Moliia , ou Molufta , Se en Grec
Max*;: cà\?fjLct , c'eft-à-dire qui étant ti-
rés de leur peau n'offrent à la vue
qu'une chair molle , quoiqu'ils con-
tiennent en dedans une matière qui
leur tient lieu de fang ; tels font les
Polypes , la Sèche , le Calmar , Se le
Licvre marin. Voyez ces mots.
MOUSTIQUE, efpece de
Mouche qui fe trouve dans les Ifles
Antilles , Se qui n'eft pas plus groffe
qu'une petite pointe d'épingle , mais
elle pique bien plus vivement que ne
font les Maringouîns. Elle laifle une
marque fur la peau , qui eft faite com-
me une tache de pourpre. Ces fortes
de Mouches ne fe trouvent que le
long des rives de la mer, qui font à
l'abri des vents. 11 n'eft pas pouible
MOU 187
de s'y arrêter ni le foir ni le matin ,
fans en être tourmenté. On en voit à la
Louifiarfe. Cet infecte ne paroît qu'au
Soleil couchant , Se fe retire la nuit.
MOUTON, en Latin Vervex .
Agneau mâle que l'on a coupé pour
le faire engraiffer plus facilement, 8c
pour en rendre la chair plus tendre.
Les Moutons de Beauvais font beau-
coup plus gras que nos Moutons ordi-
naires. La chair du Mouton eft chau-
de , Se fait un bon iàng. Sur ce Qua-
drupède-couvert de laine, voyez au
mot BREBIS pour la defeription.
Je ne vais feulement parler ici que des
Moutons étrangers.
MOUTONS D'ISLAN-
DE:M. Anderson (Hifloirt
Nat. d'IJlande , p. 59O dit que ces
animaux font petits , Se qu'ils ont le
même fort que les Chevaux, c'eft-à-
dire qu'il n'y a point d'étable pour eux
ni en été ni en hiver. Ils relient tou-
jours en pleine campagne , où ils fe
mettent à couvert fous les éminences
faillantes des rochers, ou dans les creux
des montagnes , Se fe nourriifent com-
me ils peuvent. Ils vivent toujours
avec les Chevaux, qu'Us fuivent par-
tout en hiver, pour profiter, dans les
fortes gelées , du peu de mouflTe , qui
refte à découvert dans les creux que
les Chevaux font pour eux-mêmes
dans la neige , Se où les Moutons n'au-
roient pû atteindre avec leurs petites
jambes. On a même fouvent obfervé
que tourmentés par la faim , ils man-
gent le crin des queues des Chevaux.
Quand il neige avec un grand vent,
ils fe mettent à courir en quittant les
montagnes, comme s'ils vouloient de-
vancer le vent. Ils prennent alors la
route de la mer , Se s'y jettent quel-
quefois , en forte qu'il en périt aflez
fouvent des quantités confidérables.
Lorfque dans d'autres temps ils font
furpris par une neige fubite & fort
épailfe, ils en font bientôt couverts;
Se c'eft alors qu'ils fe joignent en gran-
des troupes , en mettant les têtes en-
ÏSS MOU
femble , & en abandonnant le dos ,
fans le remuer , à la neige. Ils y font
quelquefois tellement pris & roidis par
le froid , qu'ils ne peuvent plus s'en
retirer par eux - mêmes. La faim les
oblige alors de fe ronger mutuellement
la laine , pour fe foutenir , jufqu'à ce
qu'ils foîent tirés de-là par la main des
hommes. Autli les Payfans ne man-
quent pas de voler promptement à
leur fecours , auffi-tôt qu'ils s'apper-
çoivent d'un pareil accident. Ils con-
noiiTent l'endroit où le tient la troupe
par la vapeur, ou efpece de fumée ,
qui s'élève de fon milieu , où la cha-
leur concentrée tient une ouverture
dans la neige , comme un tuyau de
cheminée.
Au relie ces Moutons ont la laine
fort grotte Se rude , ce qui vient de la
froideur du climat Se de la mauvaife
nourriture , puifqu'il eft confiant que
plus les climats font doux 5c les pâtu-
rages meilleurs , plus la laine des Mou-
tons 8e le poil des Chèvres font fins Se
tendres. Ceci eft confirmé par le rap-
port que Busbecq (Première Lettre)
fait , dans fes Ambaff'ades de Turquie (
des Chèvres précieufes de l'Afîe mi-
neure , qui ont le poil extrêmement
beau , fin Se long , pareequ' elles fe
nourrifTent d'une herbe fine & feche ,
qui , à ce qu'on croit , contribue beau-
coup à la finefle de leur poil ; car il eft
certain que ce poil ne relie pas le mê-
me , fi on les amené ailleurs ; il chan-
ge félon le pâturage , fi bien que les
Chèvres mêmes dégénèrent au point
qu'elles ne font plus reconnoifiables.
Quant aux Moutons d'Iûande , on
regarde la roideur de leur laine com-
me un "bénéfice de la Nature, qui
donne à chaque créaurre ce qu'il lui
faut, félon les circonftances où elle fe
trouve , Se qui a fi bien garni ces ani-
maux pour les garantir contre le froid
terrible de ces pays. On ne les tond
jamais j cependant il leur vient tous
les ans de nouvelles laines , ce qui ar-
me ordihairementvers la Saint Jean,,
MOU
où ils peuvent fe palier de leur an-
cienne couverture épaifie , qui fe dé-
tache alors de tout le corps , 8e qui
étant entortillée , les brins fe tenant
fortement attachés enfemble , leur eft
ôtée à la fois comme une efpece de
peau fuperficielle. C'eft pour cet effet
qu'on les affemble exprès en leur don-
nant la chafie. Un Berger, accompa-
gné de Chiens bien dreiTés pour cet
effet , monte fur une colline , & ayant
donné le fignal avec fa corne , les
Chiens fe détachent chacun de fort
côté , Se chafient les Moutons de tous-
les rochers Se autres endroits où ils fe
tiennent ordinairement , en les faifant
entrer tous dans un certain parc im-
menfe , qui eft fort large fur le de-
vant, 8e qui fe rétrécit peu-à-peu verr
l'autre extrémité.
Tous les Moutons d'Iflande , tant
les Brebis , que les Béliers , ont des-
cornes extrêmement grandes Se entor-
tillées. Ils en ont même ordinairement
plus de quatre, & allez fouvent huit ,
parmi lefquelles il y en a quelquefois
une qui fort droite de la tête en avant,.
Se les bêtes à cornes des autres pays
n'en ont point du tout dans cette Ifle.
Olaus Magnus( Hift. L. XVII.
chttp. i. J rapporte la même chofe de*
Béliers de l'Ifle de Groenland , Se if
marque que dans tout le diftricl: du
Nord il y a quantité de gros Mou-
tons , dont les femelles mêmes ont des
cornes courbées en arc. Martin
( DeJ'cript. de L'Ecojfe, p. 19.) remar-
que auffi la même chofe touchant les
Moutons des Mes Occidentales d'É-
co(Te.
M. And ers on dit que peut-
être la Nature a donné dans l'Illande
des cornes à tous les Moutons en gé-
néral , pour fe défendre contre les oi-
feaux de proie , qui fe trouvent dans
cette Ifle en grande quantité Se d'une
groffeur prodigieufe , Se auxquels ces
pauvres animaux, qui errent continuel-
lement dans les déferts, font beaucoup
plus exgofes que dan? d'autres pays,.
M OU
Le gros bétail , au contraire » qui n'a
rien à craindre de ces oifeaux , ni des
bêtes fauvages, puifqu'il n'y en a point
dans l'Ifle , fèmble ne pas avoir befoîn
de cornes pour fa défenfe , Se il paroît
que la Nature n'a pas voulu l'en char-
ger inutilement. M. Anderson
donne ceci comme une fimple con-
I'eclure de fa part, mais il lui paroît
>ien difficile de pénétrer la vraie caufe
naturelle de cette fingularité.
Dans certains endroits de l'Iflande
tout le commerce confifte principale-
ment en Moutons , Se c'eft-là où les
Payfans les gardent avec un peu plus
d'attention. Ils n'envoient dans les
montagnes que les Béliers , Se ils gar-
dent les Brebis chez eux , autant qu'il
eft polïible. Ils ont aulïï une attention
particulière pour les Agneaux , & ils
empêchent, pour cet effet, les Béliers
de couvrir mal à propos les Brebis ,
en leur attachant un morceau de drap
ou de toile , fous le ventre , qu'ils
n'ôtent que vers le temps que les
Agneaux , qui en doivent venir , puif-
fent trouver de l'herbe dans la campa-
gne , c'eft-à-dire vers la Pentecôte.
Ces Agneaux font marqués à mefure
qu'ils naiffent, Se chaque Payfan a fa
marque particulière pour diftinguer les
fîens dans tout le nombre , qui ne fait
qu'un commun troupeau.
Ces petits animaux délicats fou firent
beaucoup d'une elpece de gros Cor-
beaux noirs , qui fe multiplient confi-
dérablement dans les déferts & fur les
rochers de l'Iflande. Ces terribles oi-
féaux fe jettent fouvent impunément
fiâtes petits Agneaux , 8e après leur
avoir crevé les yeux de leurs pattes ,
pour les empêcher de fe fauver , ils les
mangent avant qu'on puiffe venir au
fecours. Les Payfans ne manquent pas
d'y courir aufli-tôt qu'ils s'en apper-
çoivent ; mais ordinairement quand ils
Chaffent le Corbeau , l'Agneau fe trou-
ve déjà aveuglé ; & comme dans cet
état il ne fauroit plus trouver fa nour-
riture , ils le tuent Si l'écorchent fur.
MOU 189
le champ. C'eft de-là que viennent ces
fourrures ou petites peaux douces ,
qu'on trafique en Dannemarck Se dans
le pays de Holftein , Se qui font beau-
coup en vogue parmi les gens du mé-
diocre état.
Dans l'automne , lorfqu'il s'agît de
tuer des Moutons pour les vaiffeaux qui
font à la rade , on les afTemble par le
moyen des Chiens , comme il a été
dit ci-devant. Cette chafTe fe fait err
préfence des Juges pour éviter les dif-
putes , & pour empêcher que perfonne
ne foit léfé , 8c il eft alors permis à
chacun de retirer les bêtes qui portent
fa marque.
On trouve fort fouvent dans Pefto-
mac des Moutons d'Iflande une bou-
le ronde de la groffeur d'une bonne'
Pomme , remplie en dedans de laine T
de mouflè , &c. l'Auteur la nomme
Tophus Ovimts Norwcgicits.(2es boules
fe forment , fans doute , de la laine Se
des autres chofes indigeftes , que les
Moutons avalent faute d'autre nour-
riture , & leur figure fphérique vient
en partie du mouvement continuel de
l'eftomac , qui eft agité fans celle par
fes membranes qui fe croifent , & le
tirent alternativement en directions'
oppofées ; ce qui comprime Se roule
continuellement ces matières étrangè-
res. Latroûtc provient de la vifeofité
del'eftomac , qui en groffit le volume ,
& forme cette enveloppe , à mefure
que ces matières augmentent. L'Au-
teur dit qu'on trouve dans les envi-
rons de la ville d'Hambourg de pa-
reilles boules de poils , consolidées
fans croûte, Se pallablement grandes ,
dans les eftomacs des Bœufs Se des
Vaches. On n'élevé point de Chèvres
en Hlande , pareeque leur nourriture ,.
qui font les tendres feuillages des ar—
briffeaux & des jeunes arbres , y man-
que.
MOUTONS DES ISLES<
DANOISES: Les Ifles Danoifes*
de Féroé , qui ne font pas fort éloi-
gnées de l'Iflande , & qui font au nom"
IQO
MOU
bre de dix-fept ou de dix-huit , tant
grandes que petites , tiennent environ
un diftria de quinze lieues de Danne-
marck , fur dix de large. Les monta-
gnes n'y font ni hautes ni efcarpées ,
& ne font prefque jamais couvertes de
neiee. Comme les pâturages y lont
très-bons , on y élevé beaucoup plus
de Moutons qu'en Mande : ils courent
les déferts , de même que dans cette
Ifle. On rapporte , dit M. And e r-
s o N , que ces animaux fe retirent en
hiver fous les rochers, dans les en-
droits où Us avancent un peu fur la
plaine, Se ils s'y tiennent ferrés entre
eux , autant qu'il eft poffible , avec
ce ménagement cependant , que ceux
qui fe font bien échauffés , en dedans
de la troupe , vont relever de temps
en temps ceux qui font en dehors , Se
qui vont à leur tour fe chauffer pour
en relever enfuite d'autres. On ajoute
que quand la terre eft gelée au point
que ces pauvres bêtes ne peuvent
plus atteindre la bruyère , ou la mouf-
ie , avec leurs pieds , elles fe man-
gent la laine les unes aux autres &
fe foutiennent par-là jufqu'au dégel.
Les habîtans de ces Mes font en quel-
que façon , continue le même Auteur,
plus heureux que 'ceux d'Mande , en
ce qu'ils ont une efpece de moiffon:
cependant ils ne peuvent cultiver que
de l'orge , Se un tonneau de femence
en rend pour l'ordinaire vingt & quel-
quefois infqu'à trente tonneaux.
MOUTONS DU CAP DE
BONNE-ESPÉRANCE: Us y
font en fort grand nombre. Leur chair
eft de bon goût. Les pauvres em-
ploient la graille de ces Moutons au
lieu de beurre , Se lorfqu'elle eft fon-
due , on y trouve peu de différence.
Ce que les Moutons de ce payr ont de
plus remarquable eft la longueur Se
ï'épaiiTeur de leur queue , qui pefe
entre quinze Se vingt livres. Les terres
yoîfines du Cap font fi couvertes de
beftiaux , qu'il n'y a point d'années où
les Hottentots n'en vendent un pro-
MOU
dîgieux nombre aux Européens , Se
toujours à fi bas prix » qu'ils donnent
un Bœuf pour une livre de Tabac , Se
un excellent Mouton pour une demi-
livre. Hifloire Générale des Voyages ,
Tome XVIII. p. 127- Edit. in 12.
Les Moutons des côtes d'Yaman Se
de Zeila ont la laine du corps blanche »
Se la tête de la noirceur du Jais. Leurs
oreilles font petites , leur taille grofle
Se leur chair délicate. Leur queue n'eft
pas moins large que leurs feues : elle
a fept ou huit pouces de long. H A-
miltom compare la forme à celle
d'un oreiller fans coins ; mais de l'ex-
trémité de cette matîe il fort une autre
petite queue , longue de cinq ou fix
pouces , qui reilcmble beaucoup à
celle du Cochon de lait. Hift. Gén. des
Voyag. L. XVill. p. 1 90'. bldtt. in-iz.
Les Moutons du Sénégal Se de la'
Gambra font en très - grand nombre.
On en distingue de deux fortes , les
uns couverts de laine , comme ceux
d'Europe, mais avec des queues fi grof-
fes , fi graifes Se fi pelantes , que les
Bergers font obligés de les foutenirfur
une efpece de petit chariot , pour ai-
der l'animal à marcher; iorfqu'on les
a déchargés de leur grailfe extérieure »
elles partent pour un aliment fort dé-
licat. Les Moutons de la féconde forte
font revêtus de poils comme les Chè-
vres. Ils font plus gros , plus forts Se
plus gras que les premiers. Quelques-
uns ont jufqu'à fix cornes de différen-
tes formes. Leur chair eft tendre Se de
bon goût. Hifloire Génér. des Voyages %
'l'orne X. p. 3 8<S. Edit. in- 12.
Les Moutons de la côte de M^ia-
guettefont différé ns de ceux d'Europe.
Outre qu'ils n'ont pas la même grof-
feur, la Nature leur a donné au lieu
de laine du poil comme aux Chèvres ,
avec une forte de crinière , comme aux
Lions. Leur chair eft un aliment mér
diocre ; cependant ils ne fe vendent
pas moins d'une barre de fer. Hift.
Génér. des Voyages, Tome XII. p. 41 J.
Edit. in- ^.
MOU
Les Moutons de la côte d'Or y font
en grand nombre. Ils y font toujours
chers. Leur forme eft la même qu'en
Europe , maïs ils ne font pas de la moi-
tié fi gros que les nôtres , Se la Natu-
re ne leur a donné que du poil au lieu
de laine. Ici Art us dit que le Monde
paroît renverfé : les hommes ont de
Ja laine Se les Moutons du poil.
La chair du Mouton eft fi feche Se fi
maigre dans tous les cantons de la côte
d'Or , qu'un Européen délicat n'eft
pas tenté d'y toucher ; cependant le
prix de ces animaux n'eft jamais au-
deflbus de vingt-fept ou vingt-huit
fchelings , ce qui ne permet gueres
aux gens du commun d'en faire leur
nourriture. Le Général Se les princi-
paux Faéteurs prennent foin de les en-
graiflfer pour leur table » avec de l'or-
ge grillé , qui les rend un peu plu3
flipporcables.
Les Moutons de Guinée ont fi peu de
TetTemblance , au rapport de S, M ith,
avec ceux d'Europe , qu'un Etranger
ne reconnoîtroit pas leur efpece à la
vue. Il faut les entendre bêler , & l'on
eft furpris de trouver la voix du Mou-
ton dans un animal qui eft couvert affez
légèrement de poil brun Se noir comme
le Chien. Hift. Génér. des Voyages »
Tome XIV. p. I 52. Kdit.in-ii^
Les Moutons de Madagafcar ont une
queue qui pefe quinze ou feize livres.
Ceux des Eluthas, peuple de Tar-
tarie font gros , ont la. queue courte
$e comme enfevelie dans une raafle de
graifiê , qui pefe , félon certaines Re-
lations quelquefois jufqu'à quatre-
vingt livres. Leur laine eft longue 8c
grofliere. Ils ont une boffe fur le nez
comme les Chameaux & les oreilles
pendantes.
Les Moutons de la baye de Sambras
font fort grands Se d'une beauté ex-
traordinaire. Quelques-uns ont la queue
d'une demi-aune de tour , fi charnue
qu'il n'y a pas moins à manger que
dans une éclanche. Au lieu de laine ,
ils ont un poil femblable à celui des
MOU Ipi
Chèvres Se de la même longueur. Hift
Génér. des Voyages , Tome VIII in-4. 0
p. 78.
Les Moutons de l'Indoftan ont la
laine fort courte Se fort fine.
Ceux de Perfe ont la laine fort fine ,
& cette laine tombe d'elle-même dsns
certains temps.
Il y a encore une forte de bête à
laine dans l'Afrique , qu'on appelle
Mouton de cinq quartiers. Cet animal
ne dirlere de nos Moutons que par les
cornes , Se par la queue qui eft large
Se ronde , Se qui s'allonge à mefure
qu'il s'engrailfe. Toute fa grailTe eft
dans cette queue. On trouve au Pérou
des Moutons plus hauts que des Ânes.
Ils font aflez forts pour porter des far-
deaux de deux cents livres, Se on s'en
fert à voiturer les terres de mines aux
lieux où on les purifie. Les Moutons font
aujourd'hui fort communs à la Loui-
fiane. Ceux qui font nourris fur les co-
teaux ont le goût meilleur Se plus dé-
licat , dit L A F. T.
MOUTON; C'eft aufïï dans le
Bréfil le nom donne a un certain oifeau
exquis , dont le plumage eft noir &
jaune , qui eft grand comme un Paon r
Se qui a une fort belle hupe fur la tête.
Sa chair eft bonne à manger. On voit
plufieurs efpeces de ces oifeaux, die
Ruïsch, de Avib. p. 125.
MOUTON MARIN: C'eft
une forte de poiffon qu'on appelle ainfr
parcequ'il eft d'une couleur blanche r
& qu'il a des cornes recourbées comme
le Mouton de terre » en Latin Arie*
Fifcis.
11 y en a , dit Rondelet ( L. IX.
c. 10. p. 220, Edit. Franc. ) qui ont
cru que l'Églefin, efpece de Morue »
étoit le ripcfiilon ou i'Aries, c'eft-à-dire
la Brebis & le Bélier de mer des An-
ciens , pareequ'il a une crête fur le
nez , comme les Brebis de terre. Ce
Naturalifte n'en croit rien. Cette mar-
que , ajoute-t-il , convienr mieux &
l'Ombre de mer, quia non-feulemenr
ie mufeau f mats toute la. figure de- 1*
ip.2 MOU M U C
face d'une Brebis de terre ; maïs la
Brebis Se le Bélier de mer ne font
pas un même poiffon. Selon Opfien>
la Brebis de mer fe cache au fond des
eaux , & il met le Bélier entre les
Cécacées Se les grandes bêtes marines :
.c'eft ce que fait auffi Pline, d'où il
faut conclure indubitablement que la
Brebis Se le Bélier de mer ne font pas
un même poiffon. C'eft tout ce que
Rondelet dit de l'un Se de l'autre à
l'article de l'Églefin.
M O U V I N , ou MOVIN,
£ft une efpece de Coquillage bivalve
de la côte du Sénégal , commun au-
tour de l'Ifle de Gorée Se du Cap
Manuel, ainfi nommé par M. Adan-
-soN,p. 246". qui le met dans le genre du -
Pétoncle. Il eft figuré Flanche XVlll.
n. 4, Sa coquille , dît-il , fe diftingue
aifément des autres Pétoncles , parce-
que fa largeur,qui eft de feize lignes ou
environ, furpaffeunpeu fa longueur.
Sa profondeur eft moitié moindre que
cette dernière dimenfion. Les quarante
filions longitudinaux qui s'étendent fur
fa furface extérieure font fi fins Se fi peu
marqués , qu'elle paroït lifte & d'un
beau poli. Les battans font marqués
intérieurement fur leurs bords d'un
pareil nombre de filions affez longs Se
profonds : ils ne joignent pas parfaite-
ment vers l'extrémité fupérieure. Le
fommet eft rond Se peu renflé. La char-
nière eft courbée Se au moins une fois
plus courte que la largeur des battans.
Sa couleur eft au dehors d'un fauve
clair, qui en dedans tire un peu fur
fa couleur de chair.
M U C
M U C O , nom que les Italiens
donnent au Muge , poiiTon dont plu-
fieurs efpeces. Voyez MUGE.
MUCU : Marc Grave {Hifi.
du Bréfil , L. IV. c. il.) donne ce nom
à un poiffon rond , comme la Lam-
proie , mais non fi gros. Il eft long
d'environ deux pieds , un peu moins ,
fK* an peu plus. Sa tête eft pointue &
M U G
Conique ; fes yeux font petits Se no'rs" ;
fa bouche eft petite. Il a aux côtés des
lignes noires , obliques , qui forment
des angles obliques par le milieu. Ce
poiftbn fe pêche dans les lacs Se les
marais. La e t , dit R u ï s C H ( de.
Pijcib. p. 141. ), donne dans fa def-
cription de l'Amérique la figure du
Muât , fous le nom d'Ubirre ; mais la
figure ne fe rapporte pas avec la def-
criptîon , ce qui fait croire que VUbirrs,
eft un poiftbn différent du Mitai,
M U G
MUGE; C'eft le nom qu'on don-:
ne à de certains poiffons , dît R o N-
d e l e T (Part. IL p. 98. Edit. Franç. )
qui fc prennent dans la mer , les étangs
Se les rivières. Ils ne différent pas de
figure , mais de fubftance Se de goût.
Les Mugei d'étangs font plus gras.
Ceux de mer fontmoins humides &de
meilleur goût, pareequ'il y a toujours
plus de bourbe dans les étangs que
dans la mer. On fale les Muges Se ils
fe gardent affez long-temps.
Le même Auteur donne cinq efpe-
ces de Muges de mer. Le premier eft
celui qu'il nomme en François Cabot ,
en Latin Cepbahts , autrement en Fran-
çois Mulet. Voyez ce mot. Le fécond
eft celui qu'il nomme Same. Voyez
SAME. Le troilleme eft le Chkluc ,
en Latin Labrus. Voyez CHALUC.
Le quatrième eft le Maxen. Voyez ce
mot. Le cinquième eft le Muge noir.
Ray ajoute à ces efpeces un Muge de
l'Amérique ; le Curema du Bréfil , qui
en eft une efpece ; le Paraît , autre
poiffon , femblable au précédent ; un
Muge de rivière , que Gesner nomme
Majela ; un autre pareil à celui-ci t
qui eft une efpece de Muge de la Ja-
maïque , dont parle S L o a n E. Ajou-
tons à toutes ces différentes efpeces de
Muges le Muge volant de Rondelet,'
J'ai renvoyé pour les quatre premiè-
res efpeces de Muges de mer à leurs
noms particuliers. Parlons ici des ju-
tT£S.
La
M U G
Le Muge noir eft un poiffon qui n'eft
point connu dans nos mers , dîfent
Rondelet (L. XV. c. 5. p. 32^.
) Se Ray, j>«<?p. Afctk fifc.
p. 8 J. ». 8. Il eft couvert d'écaillés. Il
reffemble aux Muges ordinaires pour la
figure ; fa couleur eft noire. 11 a des
traits noirs depuis les ouies jufqu'à la
queue ; c'eft ce qui lui a fait donner
le nom de Muge noir par Rondelet.
Il a la mâchoire baffe fort avancée Se
couverte, ce qui fait qu'il peut beau-
coup ouvrir la bouche. Il eft garni de
fept aiguillons au dos, féparés l'un de
l'autre, après lefquels il y a une pe-
tite nageoire. Gesner en parle, de
Aquat. p. (>5 3 .
Le Muge de l'Amérique eft nommé
Paflor par les Hollandois , Se Harder
par Marc Grave. Voyez au mot
HARDER.
Il y a une efpece de Muge de riviè-
re , qui eft la fpecies mïnor Ceph.iîi
fiuviatilis de G E s N e r. Les Alle-
mands nomment- ce poiffon Has/le, Se
Hasjlcr à Zurich ; du côté de Stras-
bourg, Schnotfifch. 11 reffemble au Squa-
lus. Sa chair eft molle Se grade. 11 eft
long de deux ou trois palmes , d'un
verd tirant fur le noir le long du dos,
de couleur d'argent au ventre Se aux
côtés. Il a une nageoire au milieu du
dos ; des écailles fines Se un peu gran-
des ; des lignes remplies de points ,
plus prociies du bas-ventre que du haut
du dos. Ce poiiïon pefe à peine une
livre, 8c il n'a pas plus d'un pied de
long, dit Ray, ïkiâ. p. 122. n. 26.
Le Meunier eft aufTi une efpece de
Muge de rivière, Voyez au mot MEU-
NIER.
Il y a .1 la Jamaïque un petit poiffon ,
qui a deux nageoires continues fur le
dos. Les Anglois le nomment Frejch
Water Snapper. C'eft une efpece de
Muge de rivière , qui , félon Sloane ,
dit Ray {ibid.p. \6o.n. 9.) a environ
trois pouces de long , & eft du double
plus large. Il a la bouche élevée , poin-
tue , fans dents ; les yeux grands Si l'i-
Tome III,
M U G I03
ris blanche ; deux nageoires fur le dos ,
dont la première eft garnie de rayons
épineux Se la féconde de rayons moux :
ces nageoires vont du milieu du dos
jufqu'à la queue : fà queue eft four-
chue. Par le nombre de fes nageoires
Se la manière dont elles font placées ,
ce poiffon a du rapport avec les Muges.
Il a des lignes courbes aux côtés , pa-
rallèles au haut du dos. Il eft par-tout
couvert d'écaillés , blanches , claires
comme de l'argent : elles font cepen-
dant plus obfcures furie dos qu'au ven-
tre. On en pêche à la Jamaïque , dans
les eaux douces de lacs , d'étangs 8c
de rivières
Le Muge volant de R o n d e l e t eft
un poiffon , auquel il a donné ce nom ,
dit-il (L. IX. c. 5. p. 211.J, parce-
qu'il en a la figure. Il eft fourni de
deux ailes , d'où il a le nom de Muge
volant. On le nomme Faucon de mer à
Agde, On en trouve dans les étangs'
de mer , où il devient grand d'une cou-
dée. Il reffemble au Same de façon ,
de corps , de couleur Se de figure. Il
n'a de différence que les ailes Se la
queue. Sa bouche eft petite. Il a la
mâchoire de deffous plus avancée que
celle de deffus Se fans dents. Ses yeux
font grands Se ronds : fon dos Se fa tête
font larges , comme dans les autres
Muges. Il a de grandes écailles, des ailes
larges , attachées aux ouies , qui vont
prcfque jufqu'à la queue. Les nageoi-
res qu'il a au ventre font bien plus
baffes que celles des autres poillons.
Sa queue finit en deux nageoires , dont
celle de deffous eft la plus grande. 11 a
un trait qui commence à fes ailes Se va
jufqu'à la queue. Les parties du dedans
font femblables à celles des autres Mu-
ges. Sa chair a le même goût Se le même
fuc. Artedi ( Syn. p. 52. ) met le Mu~
gilCephalus des Naturaliftes , qui eft le
Mulet, le Mullus barbatus , le Mullus
major, qui eft le Surmulet , Se le Mul-
lus ïmberbïs , ftve Rex Mullorum , dans
l'ordre des poiffons à nageoires épineu-
fes ; le Capito , ou Squalus fiuviatus
i5>4 M U L
mirer , dans celui des poîflbns à nageoi-
res molles Se du genre des Carpes, ainfi
que le Mugil a la tus de Rondelet,
qui eft VHirundo de Pline , de Sal-
Vien &des autres. Voyez M U LE T
&SURMULET.
M U L
MULET, & MULE*, animal
Quadrupède , fort! d'un Cheval Se
d'une Âneflè , ou d'un- Âne & d'une
Cavale. Les Anciens , dit Gesner
(de Quad. L. I. p. 19. ), nommoient
fitnnuli les animaux engendrés d'un
Cheval Si d'une Ânefle , parcequ'ils
hennifîent comme le Cheval , Se les
autres Midi , parcequ'ils brayent com-
me l'Ane. Ils appelloient aufli les pre-
miers Hardi, nom que les Muletiers
donnent encore à leurs Mulets. M.
L 1 N N jè tr S , dans fa Fauna Succica ,
met cet animal au rang des bêtes de
charge , que les Latins nomment Ju-
ment a , Scie âêfk&t Equus caudâ extre-
mà fetojâ , dénomination qui convient
au lli à l'Ane Se qui les diltingue l'un:
& l'autre du Cheval , dont la queue
eft velue par - tour , caudâ undiqtie
fetofâ. M.BftissoNle nemme Equus
nuricidis longis , ereEiis ,. juhâ brevi.
C'eft l' Afin us biformis , Hybridus de
M. Klein f Dijp. Quad. p. 6.B.), le
Mulus de.R A y ( Synop, Quad. p. 64. ) ,
d'A LDROVANDE( Quad. Soiip.
p. 358.), de Gesner (Quad. p. 794.)*
deJoNSTON ( Quad. p. 1 5 . ) , de
Charleton ( Exercit. p. 4.) Se de
S L O A N E , Vol. II. p. 327.
Le Mulet n'eft pas une efpece cer-
taine Se confiante qui puiOe fe repro-
duire , mais plutôt une bâtarde , qui
provient d'un Âne Se d'une Jument.
I! reffemble beaucoup au pere par la
forme du corps , la longueur des oreil-
* En Hébreu le m.île & la femelle font
nommas Tir<.d, ou Pirdah, qui viennent du
verbe Parad , qui fî^nifie féparer , foitparce-
que cet mimai ne fe mêle avec aucune au—
tre e'p xe pour engendrer, foit parce^u'il
n engendre poim à taufe qu'il eft féparé de
lace. Ces animaux font appelles, en ChaWeeni
M U L
les Se la brièveté de la crinière ; mais
il reflemble plus à la mere par la gran-
deur. Comme l'Âne , il a une queue
longue , qui n'a de crins qu'à fon ex-
trémité. Sa couleur la plus ordinaire
eft noire ou d'un brun noir. Il a , com-
me l'Âne , fur le dos une croix d'une
couleur plus foncée.
On voit peu de fjulets en Suéde.
On affure qu'ils ne ruent point quand
on leur a fait boire du vin. Cet animal
eft d'un grand ufage en Efpagne, oit
la plupart des carrofies n'ont qu'un at-
telage de Mules. On dit que la Mule
a l'odorat très-fin , & beaucoup de fyrn-
pathie avec les oifeaux aquatiques. Il y
en a en abondance â la Chine.
MULETS SAUVAGES:
On en voit en Tartarîe, qui tie ref-
femblent point aux Mulets domtftiques.
Ils ne peuvent s'accoutumer à porter
des fardeaux. Les Tartares font beau-
coup d'ufage de la chair de ces ani-
maux. Ils la trouvent aufli faine Se auffi
nourriffànte que celle du Sanglier.
MULET, poiffbn de mer, pre-
mière efpece de Muge,qui eftle Kttp^cç
à' A r 1 s t o t e ( L.V. c. n, L. VL
e. 17. L. VIII. c. 2. p. 19.) , d'E l 1 e m
f L. I. c. 3. p. 7. L. XIII. c. 19. ) &
d'OppiEN ( L. I. p. 5.) , Si le Cepbahts
Mugil des Latins , mis par Artedi
(Ichih. Part. V. p, y 2. n. t.) dans le
rang des poiffons à nageoires épineufes.
On le nomme en Italie Cephalo , 8e en
Languedoc Cabot , à caufe de fa proffe
tête. C'eft un poifTon de mer, d'étang
Se de rivîere. Il croît jufqu'à une cou-
dée t dit Rondelet, L. IX. c. r,
p. 207. Edit. Franc. Il a la tête plus
large , plus eroffe Se plus courte que
les autres efpeces de Muges ; quatre
ouies de chaque côté ; l'ouverture de
la bouche grande , fans dents ; les
Cudana ; en Sytiaque , Coudanîo , du verbe
Edan , qui veut dire mettre fous h joug ; en
Grec "B/numi ; en Allemand , Mulihiir ; err
Flamand le mâle Mugl-Ejfl , & la fenulld-
Mwl EJfiUne ; en Llpaçnol Se en Italien ^
Mulo ; en AngiQis.j.AWf i en Suédois, AI»»-
M U L
îevres petites; les yeux grandis , Cou-
verts d'une eipece de taie ; des traits
noirs depuis les ouies julqu'à la queue;
le dos large , noirâtre; le ventre blanc;
deux nageoires proche des ouïes; au-
tant deffous, qui font plus petites ; une
proche de l'anus ; deux au dos , dont
la première a des aiguillons Se la der-
nière n'en a point. Ce poiiTon a la toile
du ventre noir, le foie petit, le fiel
jaune , l'eftomac différent de celui des
poiffons qui fe nourriffent de chair ; car
il eft charnu , épais comme celui des
oifeaux & ridé en dedans. Sa rate eft
cachée dans fes boyaux, qui font en-
tortillés ; fon cœur eft fait en an-
gle. Ce poiffon , comme les autres
efpeces de Muges , conçoit en Dé-
cembre. Il entre dans les étangs de
mer, où il fraie, & il y hiverne vo-
lontiers ; il y vit de limon. Il fent
la bourbe plus en été qu'en hiver. U
eft meilleur au printemps. Ceux que
l'on pêche au Cap de Cette font excel-
lens. Ceux de Marfeille , de la côte
de Gênes , de Naples , de l'embou-
chure du Tibre ne font pas fi. bons , Se
ceux de Venife font très-mauvais , dit
Rondelet. Ceux de mer , félon le
même Auteur, font de bon goût, Se
ceux d'étang plus gras Se plus favou-
reux.
Il y a dans l'Ifle de Tabago des
Mulets en très-grande quantité Se de
différente grolfeur , depuis celle du
Maquereau jufqu'à celle d'un Brochet
d'une moyenne taille. Ils y font d'un
goût admirable. La rivière du Sénégal
produit beaucoup de ces poitTons. Ils
ïont couverts de grandes écailles noi-
res , ce qui les rend fort différens de
ceux d'Amérique , qui font fans écail-
les. Le mufeau du Mulet: d'Afrique
eft court, Se fon corps oblong. Il eft
ordinairement fort gras & très-léger
à la nage. Il fe prend à l'hameçon , ou
dans des paniers d'ofier. On prétend
que la pierre qui fe trouve dans fa tête
eft un fpécifique pour la pierre , ou la
gravelle. Les œufs du Mulet pour-
M U L tpy
roîent être employés comme ceux de
PEfturgeoti à faire du Caviard. On
trouve auffi de ces "poiffons à la côte
d'Or. Le Mulet qu'on y pêche en eau
douce eft peu différent du Carmont
que par la tête , qui n'eft pas fi épaiffe.
11 eft auflî moins grand , mais il ne lui
cède en rien pour la bonté.
Ruysch {de Fifcib. Tab. zo.p. 40.
n. 1 8. ) donne le même nom à un poif-
fon des Indes Orientales, dont la bou-
che eft placée différemment que dans
les autres poitTons. On ne la voit point
à la partie inférieure de la tête , mais
a. la partie fupé Heure. Sa tête ne fe
recourbe point vers la bouche : elle eft
unie au corps fur la même ligne. Voila,
ce que cepoilfonade particulier : quant
au refte il eft affez femblable aux ef-
peces de Mulets. Voyez au mot SUR-
MLLET pour fes autres efpeces de
Mulets.
Les Auteurs qui ont écrit fur ce poiffon ,
parmi les Anciens, font Ovide & Pline ,
L. IX, c, 15. & n, & parmi les Modernes
confuitez G e s n e r , ieAquat. p. 666. Wil-
lughby, p. 174. Ray, p. 84. CKAB.LETON ,
p. 151. Cuba, L. 111. c. 5 ç . W o t t 0 n ,
L.VIII, c. 179. Jonston , L. I. c. 4.
MULOT, en Latin Mus fubter-
TAneus , petit animal qui fouit la terre
comme font les Taupes , & qui eft une
efpece de Souris champêtre, qui ronge
les oignons des plantes Se la racine des
bleds. R A y ( Synop. Qitad. p. 218,)
l'appelle Mus domeflkus médius. Il eft
nommé par M. Linnsus {Syft.Nat.
Edit. 6. gen. 21 Jp. 7. & Fauna Suec.
n. 30. ) Mus çaitdà Ivagà , corpvre nigro
flavefeente , abdomine albo : par M.
B r 1 s s o n , p. 174. Mus cauda lon-
gâ , fitprà è fujeo flavefcezs , infrà ex
albo cinerajeens. La longueur de fon
corps depuis le bout du mufeau jufqu'i
l'origine de la queue eft de quatre
pouces Se demi ; celle de fa tête eft
de quinze lignes , Se celle de fa queue
eft de trois pouces Se demi. Il a les
yeux grands Se à fleur de tête , les
oreilles larges , rondes Se tranfparen-
tes ; quatre doigts aux pieds de de-
t$S MUL
■vant, & cînq à ceux de derrière; à la
place du pouce qui manque aux pieds
de devant, eft lut angle court & ob-
tus. La couleur de fes poils eft un brun
jaunâtre dans la partie ftjpérieure de fou
corps Se un blanc tirant iùr le gris dans
l'inférieure. Il y a un peu de rouiîatre
à chaque côté de la tête. On le trouve
dans les bois , les champs & les jardins.
Ce petit animal eft un peu plus grand
que la Souris. Il en diffère aufli par
la couleur.
MULTI VALVES, nomdonné
■à des Coquillages qui ont plufieurs
pièces, ou adhérentes , ou jointes en-
fcmble , en Grec V!o\vèupn , 5c en Latin
Folyi'itlvïa. Les Afultivalvcs compo-
fent la troifieme clafTe des Coquilles ,
de laquelle l'Auteur de la Conchyliolo-
gie fait fix clafles. Il met dans la pre-
mière les Ourfîns, Boutons ou Hérif-
J<-ni de mer , nommés en Latin Ecburi ,
Se qui font ordinairement hériffés de
pointes : lorfqu'on les trouve dénués
de ces pointes , c'eft qu'elles font
tombées en les tirant de l'eau. La deu-
xième famille eft remplie psr VOjjca-
brion, qui eft une efpece de Lé-pas à
huit côtes, que l'on trouve vivant en
Amérique tk en France. Ceux qu'on
appelle Orgues Se les Glands de mer
font de la troifieme famille : les Latins
les nomment Balani. Les PouJJepieds ,
qui n'ont aucune variété, font très-
aifés à connoître & font contenus dans
la quatrième famille, fous le nom de
Pcllicipedes. Les Conques Anatiferes ,
en Latin Cor/chœ Anatiferœ , fourniffent
la cinquième famille : leur figure fouf-
fre peu de différence. La fixierne Se
dernière famille eft celle des Pholus ,
nom Grec qui eft traduit par celui de
Pholades : elle eft aufft ailée à recon-
jioître que les précédentes. Sa forme
eft oblongue Si ordinairement de cou-
leur blanche , fouvent renfermée dans
des pierres de Marne. Les unes ont
cinq pièces : les autres deux.
On ne connoît aucune Multivalve
dans lesCoquillages d'eau douce. Dans
MUL
les Coquillages terreftres on trouve en
Multivalves les Ourfîns Se les Glands de
mer. Tous ces Coquillages font ana-
logues à ceux de mer , dont ils ont fait
autrefois partie. On ne trouve d'autre
différence entre eux , fi ce n,'eft que
les folîîles font revêtus d'un fuc pier-
reux & qu'ils ont perdu leur couleur
naturelle.
M. Adanson, dans fou Hiftni-
re des Coquillages du Sénégal , com-
pofe la fection de fes Conques mul-
tivalves de deux petites familles. La
première renferme celles dont aucune
des pièces de la coquille ne prend la
forme d'un tuyau, telleque la Pbvlade.
La féconde renferme celles dont une
des pièces de la coquille prend la for-
me d'un tuyau, qui enveloppe tentes
les autres pièces , comme le Paret , en
Latin Teredo, Les deux genres de cette
feétion , dit-il , la Pholade. Se le Taret P
fe rapprochent beaucoup l'un de l'au-
tre par le nombre & les pièces de leurs
coquilles, 8c quoique diftingués par-là
des Bivalves, ils y tiennent cependant,
mais far -tout au Svlcn , i". par la
figure des battant de la coquille , qui
font béans , ou qui laiiTent une ouver-
ture à leurs extrémités ; 2°. par le'
manteau de l'animal, qui eft tout d'une
pièce , Se femblable à un lac ouvert
aux deux bouts; 3 0 . enfin pareequ'ils
vivent toujours enfoncés dans quelques
corps folides , où ils pafTent toute leur
vie fans fortir. Voyez au mot C O-
QL 1 L L A G E , pour la divifion de
ces Teftacées , fuivant la divifion de
différens Naturaliftcs.
M U LU : C'eft un Cerf-Cheval:
de la Chine , Se qui n'eft qu'une efpe-
ce de Cerf de la hauteur des petits
Chevaux , qu'on appelle Chuenma dans
les Provinces de Se-Chuen Se de Yun-
Nau.
Il y a encore dans ces deux Pro-
vinces une efpece finguliere de Cerfs,
qui ne fe trou ve dans aucun autre pays.
Ils ne deviennent jamais plus grands
que les Chiens ordinaires , dit.N A Y A»-
MUR
rette, p. 38, Les Princes & les
Seigneurs en nourrifTent dans leurs
parcs comme une curiofké.
MUR
MUR, nom qu'on donne à une
efpece de Coquillage du genre des
Conques fphériques , ou Tonnes , de la
clalle des Uni valves, parcequ'clle eft
garnie de tubercules noires , dit M.
jd'Akgenville. Voyez TONNE.
MURAL: Les Hollandois don-
nent le nom de Muurvijch à un poif-
fon des Indes. R u y s c h le rend en
Latin par Pijcis Muralis. Ce poilïbn a
au bas du ventre des taches qui Unif-
ient en pointes , Se de pareilles taches
au haut du dos , qui finilTent égale-
ment en pointes. Cet Auteur dit que
le nom de Muralis lui a été donné
pareequ'il paroît avoir une apparence
de nageoires murales. Il en a au milieu
du dos , qui ne vont pas jufqu'.i la
queue ; Se outre celles qu'il a aux
côtés des ouies, il en a encore d'au-
tres fous le ventre. Ce poilTon n'eft pas
large , mais il eil long 8c ferré.
R u Y S C H au même endroit ( de
Fifcib. Colleil. Amb. p. 17. Tab. 9.
». 13 ) parle d'un autre poilTon qu'il
nomme double Mural , en Latin duplex
Muralis. Celui-ci a non-feulement des
taches au ventre , pareilles à celles du
précédent, mais encore au dos, lef-
quelles répondent à celles du ventre.
Ces doublts taches font , fans doute ,
la raifon du nom qu'on lui a donné.
Pour le refte , il eft afiez femblable au
précédent , mais la nageoire qu'il a
fous le ventre eft plus belle.
MURENE, nom générique
qu'A r t E D 1 ( Ichth. Part. V. p. 39.
O" Juiv. ) donne à des poiftbns rangés
parmi ceux qui ont les nageoires mol-
les , Pifces malacopterygii , comme i °.
à l'Anguille ; z°. au Congre ; 3 0 . au
Mymg, que Rondelet dit être le
mâle de l a Murène ; 4 0 . au Serpent ma-
rin ; 5 0 . à un autre Serpent marin; 6°.
i la véritable Murène. Plufieurs Au-
M U R S97
teurs Ont aufli donné le nom de Mph
rana à la Lamproie Voyez ce mot. Je
n'ai à parler ici que de la Murène pro-
prement dite. Ce poifTon , nommé
Mujff iya par A r i s t o t e ( L. I. c. 5.
L. II. 15. L. III. c. 10. L. V.
c. 10. L.VlII. r c. i. 13, 15. &L.IX.
c. 2. ) Se par Elien (L. I. c. 32. 50.
& L. IX. c. 9. 40. 66. ) , ainfi que par
Athénée (X. VII. p. 3 1 2.) & par
Oppien (L.l.p.ix L. VIII. p. 39.),
eft la Murana de P L a u t e , Ampb.
AU. I. Scen. I. Pj'eud. Ad. I. Scen. III.
d'A ulugelle, Ad. II. Scen. VI.
de C o l u M E L L e , L. VIII. c 1 6V
de Ciceron , Fam. L. VII. Epifi. 27.
de Varkon , de re Rufl. L. II. c. 6.
d'OviDE , Mal. V. 26", 42. C7- 1 14. de
Pline , L,. IX. c. 16. 19. 20. 23. 54,-
55. & L. XXXII. c. 2. 5. 7. & B.-
d'AMCROSiN , Hexam. L.V.c.z.y. de
Macrobe, Satur. L. III. c. 1 j. p. 52.
deCAÏus Figula,/o/. 6. de Beeon,,
de Pjjcib. de Salvien , fol. 59. & 60.
de G E S N E R , de Aquat. p. 67 8. de
J o N s t o N , de Pijcib. de Char-
L E T O N , p. 126. deWlLLUGHBY».
p. 103. tJe R a y , p. 34. de C u b a
L. III. c. 58. de Paul Jove, c. 31.
p. 103. & de Wotton, L. VIII,
C. 166. A L D R O V A N D E ( L. III. C.
2 7- P- 3 57') P ar ^ e ^ e la Mur&na mâle-
& de la Mur ma fèmelle.
A rte D 1 (Ichth. Part. V. p. 41;
». 6. ) nomme ce poilTon Murana pin-
nis petlortilibiis carens. U eft , félon
Rondelet ( X XIV. c. 4. p. 3 14.
Edu. Franç. ), de haute mer, Se quel-
quefois de rivage, long de deux cou-
dées au plus, & eft femblable à l'An-
guille , mais plus large, Il a l'ouver—
ture de la bouche grande , la mâchoi-
re aquiline , au bout de laquelle font
comme deux verrues , telles que le
Congre en a. Ce poiflbn a des dents
longues , fort aiguës , & courbes au-
dedans de la bouche , non -feulement
aux mâchoires , mais au(C au palais p
ce qui fait qu'il femble qu'il n'a poini
de langue, tant elle eft imparfaite
i 9 8 MUR
& en récompenfe il a le palaîs charnu.
Ses yeux font blancs Se ronds ; fes
ouïes font de couleur brune ; il a un
trou à chaque côté : fa peau eft line ,
femée de taches blanchâtres ; il porte
une petite pinnule ou nageoire furie
dos , comme le Congre. Il n'a point de
nageoires , pareeque tous les poiîfons
longs nagent dans la mer , Se avan-
cent par tortuofité , comme font les
Serpens fur terre. Il a l'eftomac long,
du milieu duquel fort un boyau , qui
■va jufqu'à l'anus ; fon foie ell grand ,
long Se jaune ; la bourfe du fiel eft
attachée aux înteftins , Se fa rate eft
noîre.
La Murène vit de chair: elle fe tient
cachée pendant le froid dans les ro-
chers ; ce qui "fait qu'on n'en pêche
que dans certains temps : elle a des
petits en tout temps , qui deviennent
bientôt grands. Parcequ' elle fraye fou-
vent , quelques-uns ont cru qu'il n'y
a point de Murène mâle , qu'elles font
toutes femelles , Se qu'elles frayent
avec les Serpens. Of pif.n a été de
ce fentiment. Il dit que la Murène &
le Serpent s'entraiment beaucoup. Le
Serpent ayant laiifé fon venin fur la
pierre , finie au bord de la mer , pour
appeller la Murène , qui accourt incon-
tinent. Ils frayent enfemble , Se le Ser-
pent s'en retourne Jrendre fon venin.
S'il ne le retrouve pas , il en meurt
de douleur. ÉlieH raconte la même
fable , que Pline rejette en difant ,
d'après AriSTOTE, qu'il y a une
Murène mâle , qui eft le Myrus. La
grande reflemblance de ce Myrus avec
le Serpent a fait croire aux Anciens
que la Murène frayoit avec le Serpent,
vu principalement qu'elle fraye com-
me eux:. La Murène eft ennemie de la
Poulpe , poiffbn cruftacée ; celui-ci
fuit le combat le plus qu'il lui eft pof-
fible : quand il ne peut l'éviter , il
tache avec fes longs bras d'envelopper
la Murène , qui gliffe Se s'échappe i &
3a Poulpe ell miférablement mife en
pièces par la Murène > mais la Lan-
MUR
goufte pour l'ordinaire dévore la Mu-
rène.
Les Pécheurs , dit Rondelet,
craignent la morfure de la Murène , qui
eft venimeufe Se dangereufê. Ils ne la
touchent vive qu'avec des forces. Ils
lui coupent la tète. Ses cendres , félon
le même Naturalifte , guériflent fa
morfure Se les écrouelles. Quand la
Murène a mordu quelqu'un , il faut
auiTi-tôt en couper la morfure. On lit
dans l'Hiftoire que Pollion , favori
d'A u G u s T E , faifoit conftruire de s
viviers de Murènes pour y jetter le s
Efclaves condamnés aux fupplices. Les
Murènes font adroites à fe fauver :
étant prifes à l'hameçon , elles l'ava-
lent pour couper la ligne avec les
dents , Se elles fe fervent de leur dos *
qui eft tranchant , pour la couper ; Se
quand elles fe voient prifes dans les
filets , elles partent au travers des mail-
les.
On ne pêche ce poiifon que dans
une côte caïllouteufe Se remplie de
roches. On tire plufieurs de ces cail-
loux pour faire une fofle jufqu'à l'eau;
enfuite on écrafe un Crabe ou deux ,
qu'on lave dans l'eau de cette folle ;
ou bien on y jette un peu de fang , Sç
incontinent on y voit venir la Murène »
qui avance fa tête entre deux rochers :
fi-tôt qu'on lui préfente l'hameçon ,
pendu à un petit bout de corde , 5c
couvert d'un peu de Crabe ou de quel-
que autre poiiïbn , elle fe jette gou-
lûment delfus , Se l'entraîne dans fort
trou. Il faut alors avoir l'adreife de la
tirer tout d'un coup ; car fi on lui don-
ne le temps de s'attacher par fa queue ,
on lui arracheroit plutôt la mâchoire
que de la prendre. Cela fait voir que
fa force eft au bout de fa queue , ce
qui vient de ce que la grande arête de
ce poiflon eft renverfée du haut en
bas ; en forte que les arêtes , qui dans
tous les autres poUfons font peschées
vers la queue , font rebrouffées dans
celui-ci. Quand la Murène eft hors de
fon trou , on ne la fait pas mourir fans
MUR
Beaucoup de peine , fi on n'en fâît le
fècret , qui confifte à lui couper le bout
de la queue , ou à l'écrafer , & elle
meurt autu-tôt fans fe débattre,
Pline, en parlant de l'Orateur
Hortensi.us, dit qu'il aimoit tant
les Murènes , qu'il en pleura une mor-
te. Mac robe rapporte auiïï que
Lucivs C R a s s u s porta le deuil
d'une Murène , qui lui mourut dans
fon réfervoir domeftique. Les Anciens
en eftimoient la chair. Elle eft molle Se
graffe , n'eft pas plus r.ourriffante que
l'Anguille , Se beaucoup moins que le
Congre. Sa chair eft blanche & d'aflèz
bon goût. Mais fi la Murène n'eft un
peu grande , ce n'eit que de la colle ,
Se même les grandes font fi remplies
de petites arêtes , que plufieurs per-
fonnes n'en mangent peint pour cette
raifon,
La Murène mâle , nommée Myrus ,
du Grec Mup« , eft appellée par A r-
t e d i ( Ichih. Pan. V.n. 3.) , Murs.no.
Tojtro aciito Utttru albïdïs varia , mar-
gine pinm dorjalis nigro. C'eftk Mupcç
d'AlUSTOTE (L. V. C. IO.), d'ÉLIEN
IL. XIV. c. 15. p. 820.) & d'ATHÉ-
îJée CL VIL p. 3 1 2, ); le Smyrus Se
Myrus de Pline (L. ///. e. 23. &
L. XXXI I c. 1 1. >; le Myrns de Ron-
delet ( L. XIV. (. y p. 310". Edit.
Frartf. ) , ainfi que de Gesner (de
Aqitut. p. 58 1 . j , de Jonstqn(^«
Pij'ctb. L. I. ci.), de Charleton,
p. m. de WiLLUGHBï.p. 109.
& de Ray, Synop. Meth. Pifc. p. 37.
Les Pêcheurs , dit Rondelet , nom-
ment ce poilTon Serpent. Il eft d'une
feule couleur, Se eft plus gros que la
Murent femelle. Il a des dents dehors
Se dedans. Selon Aristote,ï1 ref-
femble à un Serpent. Son mufeau eft
pointu ; fon corps eft long , noir ,
menu , rond , fans taches Se fans écail-
les Il a un trou de chaque côté des
ouies ; deux nageoires fort petites ,
depuis la tête jufcju'à la queue, & autant
depuis l'anus jufqu'à la queue : il a
des points dorés au-de flous de la tête..
MUR
109
de chaque cote , qui paroiffent plus
grands quand il eft vivant ; les boyaux
font longs Se droits ; le foie eft roug e
long , fans fiel ; la rate eft longue &
menue. La chair de ce poiffon , qui eft
peu abondante, eft tendre & fans arê-
tes. Les cendres de fa tête guérilfent
les morfures qu'il fait. D oui on , dans
A T H i N É E , marque qu'il y a deux
efpeces de Myrus , l'un noir Se l'au-
tre roux.
A r t e d 1 joint à ce poiffon une
autre efpcce de Murène, qu'il nomme,
d'après SVillughby, p. 108. Se Ray,
p. 3<1 Serpens marinas alter , caudX
comprçffâ , qui ne peut être que la mê-
me , à quelques variétés près.
MUREX, genre de Coquillage
que M. D'A u G e n v 1 l l r met dans
la clalfe des Lnivalves, qui eft garni
de pointes Se de tubercules, avec un
fommet chargé de piquans , quelque-
fois élevé , Se quelquefois appiati ; la
bouche eft toujours allongée , dentée
& édentée ; la lèvre ailée , garnie da
doigts , repliée Se déchirée ; le fût ri-
dé , quelquefois uni. L'Auteur nom-
me indifféremment ce Coquillage Mu-
rex , ou Rocher , pareequ'il a la figure
d'un rocher. 11 en donne de cinq efpe-
ces différentes^, & ces efpeces renfer-
ment des variétés , comme on le peut
voir à la page 244. de fa Conchyliologie
Edition de 1757.
De la première eft le Murex , ou
Rocher, garni de pointes Se de tuber-
cules noires , figuré à la Planche XIV.
hure L. ainfi que le Murex garni de
pointes émouffées & noires , Se dont le
fommet eft appiati ; le Murex couleur
de cendre , entouré de piquans noîrs,
avec une clavicule élevée , repréfenté
à la lettre E. 2. le Murex à pointes
émouffées Se bleuâtres, avec le fom-
met appiati , figuré à la lettre F. le
Murex fauve, entouré de quatre rangs
de pointes émouffées ; le Murex blan-
châtre , remarquable par deux rangs
de pointes pliées , repréfenté à la let-
tre (r. a. le Mitrs.v- brun 6c bleu à rroi>
MUR
MUR
rangs de pointes , figuré à la. lettre H.
4. le Murex jaune , avec des pointes,
rangées très-régulierement ; le Murex
blanchâtre , couvert de boutons jau-
nes , Se la bouche violette , avec des
dents des deux côtés ; le Murex, nom-
mé jférijfon blanc à pointes noires Se
à bouche dentée , qui eft repréfenté à
la lettre A. le Rocher, ou Bois veiné,
figuré à la lettre D. la Mufique , avec
un fût ridé , dont on voit la figure à
la lettre F- le Plein chant ; la Foudre ,
avec un fût ridé; le Mure x bariolé ,
avec une clavicule élevée & raboteu-
fe , repréfenté à la lettre J. l'Ondé ,
avec un fommet élevé , raboteux Se
étagé ; le Blanc rayé , dont le fommet
eft garni de longues pointes; le Fau-
ve à côtes , raboteux de tous côtés &
canelé , figuré à la lettre K. 2. le Mu-
rex plein de verrues , de ftries Se om-
biliqué , avec un fommet de couleur -
rougeâtre.
De la féconde efpece font le Murex
uni , dont la clavicule eft peu char-
gée de pointes Se le bec recourbé; le
Murex triangulaire , ou le Cafque de
Rondelet à bouche dentée Se à
lèvre repliée; le Turban rouge , plein
de boutons, dont les lèvres font éten-
dues des deux côtés ; le Turban , qui
eft fait en forme de cafque , dont parle
Bonanni; le Murex fait en cafque
de couleur d'agathe , à bouche moins
.dentée, repréfenté à la lettre D. 2. le
Bariolé de taches fauves ; le Cafque de
couleur de cendre fans boutons ; le
Blanc , qui eft ondé de lignes jaunes ;
l'Agathe, féparée par des taches fau-
ves Se régulières , figurée à la lettre J.
1. le Bleu à ftries ; garni de lignes rouf-
fes en zig-zag.
De la troifierne efpece font le Mu-
rex dont les lèvres font garnies de
doigts , repréfenté à la lettre J. P A-
raignée , qui eft celle qu'on nomme
Lambis ; le Crochet , ou l'Araignée
rnâle ; l' Araignée femelle ; la Mille-
pieds , figurée à la lettre B. 2. l'Arai-
gnée très-groue qui a des cornes , félon
RuMPHiUS; l'Araignée qui a fept
doigts , félon Pline ; l'Araignée qui
a cinq doigts ou greffes pointes ; l'A-
raignée qui a quatre doigts , félon
Rondelet; l'Araignée qui a fix
excroilïànces canelées ; le Scorpion
dont la bouche eft rayée de petites li-
gnes , repréfenté .i la lettre B. le Scor-
pion qui eft de couleur rouge , & dont
les pointes font droites ; le Scorpion à
pointes recourbées , femblables au bec
d'un Corbeau ; celui à lèvre pliée ert
cinq excroiiTances , de couleur bleue ,
blanche 5c fauve, & qui eft figuré à la
lettre M.
De" la quatrième efpece font le Mu-
rex à lèvre ailée Se déchirée ; l'Oreille
d'Afnc rouge en dedans , avec un bec
recourbé , repréfentée à la lettre O,
l'Oreille triangulaire , entourée de
grandes ftries Se tubercules, & nom-
mée Oreille de Cochon par quelques
Conchyliologues ; l'Oreille à bouche
rouge Se le fût noir ; la Gueule noire ,
figurée à la lettre N. le Murex à bouche
blanche Se brune ; la Tourterelle ; le Mu-
rex à bouche faite en forme d'oreille ,
dont parle Rumphius, repréfenté
à la lettre A- 2. le Murex à lèvre très-
étendue , rougeâtre , découpée , avec
une clavicule pleine de pointes, figuré
à la lettre À\ le Rouge à lèvre déchi-
rée , Se la clavicule garnie de piquans ,
repréfenté à la lettre C. le Bariolé ,
plein de verrues , à lèvre déchirée Se
épailfe; la Mince > le Rocher; le Mu-
rex Jaune , à lèvre déchirée , Se la tête
bollue ; le Ventru à lèvre repliée , de
couleur de plomb , figuré à la lettre O.
l'Uni à lèvre épaiffe Se pliée , Se la
columelle dentée ; le Jaunâtre , Se à
tubercules , à lèvre repliée , dentée
d'un côté Se tachetée de l'autre, re-
préfenté à la lettre G. le Jaune , avac
une côte régulière 8e tachetée , qui
prend du fommet vers la queue , tra-
verfant par le milieu du dos , figuré i
la lettre H. le Murex couleur de cen-
dre S: à côtes, la lèvre étendue du côté
du fut ; le Blanc ventru à côtes Se la
columelle
MUït
toltifflelle étagée , repréfenté à la let-
tre c.
De la cinquième efpece n'y a que
le Murex, nommé VU nique , dont la
bouche eâ contournée de droite à gau-
che , figuré à Ja lettre F. z.
Voilà les différentes efpeces de Mu-
rex que nous donne M. d'Argf.n-
VILLE. Quoique le caractère généri-
que du Murex , ou Rocher , foif , dit
l'Auteur , d'avoir la bouche oblon-
gue , garnie de dents , & tout le corps
couvert de pointes , ou de boutons ,
avec une tête élevée Se une bafe allon-
gée , on y remarque encore quatre
.caractères fpécifiquef , qui déterminent
des efpeces elfentîeiles dans ce genre.
La première efpece eft le Rocher qui
n'a point de pointes Se qui a des ailes.
La féconde eft l' Araignée qui a des
pointes , ainfi que des doigts ou cro-
chets remarquables, Se que plufieurs
Is'aturalîftes appellent Aporrhais , ou
hambïs. La troifieme efpece font les
■Cafques , qui font de vrais Murex
triangulaires ; c'eft aînft que Ron-
CELETi AlDKOVAN-DE&RuM-
p h i u s les ont nommés La dernière
efpece eft un Rocher tout canelé , fans
pointes, ni ailes, ni boutons, avec la
tête plate ; mais la bouche dentelée Se
oblongue de ce Murex en détermine -le
genre.
A l'afpect de quelques Cafques, fur-
tout de ceux dont la robe eft unie ,
on leur refuferoit une affiliation avec
les Murex. Leur corps , dénué de poin-
tes , femble d'abord leur défendre
l'entrée dans cette famille. Qu'on exa-
mine leur bouche oblongue Se garnie
de dents, c'eft, continue M. d'Ar-
Ginville, le premier caractère des
Murex * & leur corps uni , qui eft cou-
pé par une excroiffance faillante , 8c
ïbuvent par un repli mince Se très-
fenfible vers la bouche , dénote l'ap-
parence de quelques tubercules : dans
les circonvolutions d'une tête peu éle-
vée , on voit la naifïânce de plusieurs
pointes , Se trois gros replis faillans ,
Tme III,
M V R toi
interpofés dans leur contour. Il n'en
faut pas davantage , nous dit l'Auteur,
pour être de vrais Murex , à la vérité ,
moins hériffés que les autres.
On a donné le nom de Murex à ce
Coquillage, pareequ'il a la figure d'un
rocher hériffé. Le Murex eft pris chez
plufieurs Naturaliftes pour le nom
générique de plufieurs Coquillages ,
qui fou Truffent la teinture de pourpre;
la Pourpre, tout ainfi que le Buccin ,
n'en font que des efpeces. De -là vient
la confufion de diflérens genres , que
M. D'A r gen'Ville a cru devoir
fixer.
Virgile , dans fon Éae'ïde , L. IV,
c\\t,Tyrioque ar débat Muricelana, parce-
que le fuc de ce poiffon fërvoit chez
les Anciens à teindre leurs robes de
pourpre , Se que ceux de Tyr y excel-
loient. Le P. Plumier dit que le
Murex eft appellé Pijfeia' en Améri-
que, à caufe qu'il jette promptement
fa liqueur , qui eft la véritable Pour-
pre. Fabius Columna parott
diftinguer le Murex de la Pourpre Se
Au. Buccin, en dîfant : Siciu emm Pur-
puras ab uj'u celons • ko. Murices ab
aculeatis tuberculis , Buccin a ab uftt ,
& effigie tortili & longà. Rondelet
f l'art. IL p. 48. ) Se Gesner ( de
Aquat. p. doc, ) ne parlent que de
cinq efpeces de Murex ; favoir , du
Murex marbré, du Murex triangulaire,
du Murex couleur de lait f du Murex
à bec de Corbeau , Se du Murex nom-
mé Aporfhaii.
M. Adanson met le Murex dans
le rang des Coquillages operculés , Se
du genre des Pourpres. Comme les ef-
peces qu'il a obfervées fur les côtes
du Sénégal ont des noms particuliers ,
j'en parle fous ceux que cet Auteur
leur a donnés.
Quant à l'animal qui habite la co-
quille du Murex , ou Rocher , il eft le
même, dit M. d'Argenville ( Part.
II. p. 2 5 . ), que celui qui habite les Cor-
nets Se les Olives ; Se c'eft peut-être
la rahon pour laquelle les Conchylio-
C c
îoz MUR
M U R MUS
logues ont confondu jufqu'à préfetlt
ces trois gtnres de coquilles , aux-
quelles ils ont encore ajouté les Pour-
pres Se les Buccins. Il eft vrai que le
Murex approche afiêz de la Pourpre
pour la figure extérieure & intérieure ».
Se qu'il ne paraît d'abord de diffé-
rence que dans la couleur , fa partie
fupérieure étant d'un blanc jaunâtre*
Se l'inférieure tirant fur un brun ver-
dâtre.
Le Murex fe diftingue encore par fà
bouche allongée , garnie de dents , Se
par fbn corps , qui , au lieu de feuilles
déchirées Se de pîquans, comme dans
ta Pourpre f eft couvert de pointes de
boutons, de côtes > de tubercules , de
crochets , ou de doigts , quelquefois
peu faillans. Souvent le Murex eft tout
nud j comme le Cafque, avec cepen-
dant des replis & des apparences de-
tubercules, qui le font reconnoître pour
un véritable Murex.
Le Murex, figuré à la Planche lit
lettre E. Partie IL de la Conchyliologie
<du même Auteur r quî eft ombiliqué , &
chargé de grotTes tubercules, elt cou-
vert d'une croûte blanche afTez épaif-
fe y qui cache les petites nuances va-
llées de différentes couleurs qui ornent
£a robe : telle eft , par exemple , la
belle Muftque. La bafs fur laquelle il
rempe eft charnue Se fon mantelet en
fe recourbant à la fortie de la coquil-
le , forme un tuyau , qui a beaucoup
de faillie. Ce que ce Coquillage a de
fingulier eftfa tête Se fon col , qui font
extraordinairement gros. Les yeux y
font proportionnés & fi éminens qu'ils-,
faillent en dehors de plus d'une ligne.
Les cornes font accollées fur les côtes
d'un cordon qui forme une efpece de
bourrelet élevé Se renflé dans toute
fbn étendue. Aux autres Teftacées , ces
* Cet animal eft nommé en Hébreu K*a-
r.afa ; en Grec iAvyn\i'- en Latin Mus Ara-
neus ; les Efp gr.ols l'appellent Raton Pejuen-
xo , lelon G e s n e r , & Murganho , félon
Aidrovasde; les Italiens , Top<ragno ;
les Orrions , Mufer. a mg ; les Savoyards Mur
Itt i ou Mujjttte ; les Suiffes. , Matw ± le&
cotes lbnt ordinairement pointues; ici
elles font rondes , camufes , Se beau-
coup pluJ groffes à leurs extrémités
qu'à l'origine de leur marche :. rietl
n'imite mieux le pilon d'un mortier.
Le mufeau de ce Teftacée forme un
demi-cercle dentelé, & le deffus eft
occupé par une bouche très-vafte Se
chagrinée dans fon pourtour. On voit
au bas de la couche un opercule
oblong , Se placé comme ceux des
Rouleaux Se des Cornets. La chair de ce
Teftacée eft d'un blanc fale tirant fur
le cendré.
M U R I A , nom que les Anciens,
donnoient à une Saumure de poilTon
faite avec du Thon , dit Gesner»
deAgmt, p. 594, Voyez G ARUM.
MUS
MUSARAIGNE*: M.
L 1 n n m u s ( Syfi. Nat. Ediu 6.
p. ïo. gen. 22. & Fauna Suec. ». 3 3. }
place ce petit Quadrupède dans l'ordre
des Glires, 8e il en fait un genre fûus'
le nom de Sorex. Il a , dit- il , les pre-
mières dents- fupérieures fendues en
deux , les inférieures dentelées , Se les
canines fupérieures très -petites Se air-
nombre de quatre,, dentés primons fu-
periores bifidi, inferiores ferrati , canini
fuperiores quatuor minimi. M.Kl e i-n
met la Mufaraigne dans la famille des.
Pentadaétylea , qui eft la quatrième ,
8e du genre des Rats. M. Brisson»,
p. 178. marque que le caractère dt*
genre de la Mufaraigne eft d'avoir
deux dents încifives à chaque mâchoi-
re ■ des dents canines, les doigts on-
guiculés Se point de piquans fur le
corps. Il la nomme Mujarmcus fuprà
è fujco rufus , infrà albicans. M. Kleint
(Dij'p. Quad. p. 58. ) la nomme Muja—
raneus rojîro produdiore , Mus venena-
Alle-nands, Sp'tz-Mnf; lèsf Siléfiens , Bîfem-
Muff ; les IMyriens, Miïmegka-MyjT; les Po-
lonois , K ret ; les Suédois, tseabb-Mtïf; \es
Ang'ois Shrev , SKrtiF-Màuffè, Shreiv- Motif e t
on Hardy-Skrew ; les Bourguignons lui don-
nent le nom de S<.r}, dilent Gis Ni a. St
A.LOS. 0 v a s u i 0
MUS
Tuf. La longueur de fon corps depuis
le bout du mufeau jufqu'à l'origine de
îa queue eft de deux pouces 8c demi ;
celle de fa tête depuis les narines juf-
qu'à l'occiput de neuflignes; celle d e
fa queue de quinze lignes. Son nez
avance beaucoup au-delà de la mâ-
choire inférieure 8c eft très - pointu.
Elle a les yeux très-petits Se noirs , les
oreilles & les jambes courtes; à chaque
pied cinq doigts » dont les trois du mi-
lieu des pieds de derrière font plus
longs que les deux latéraux. Sa queue
eft couverte de poils courts : toute la
partie fupérieure de fon corps eft d'un
brun roux , Se l'inférieure eft blanchâ-
tre , ainfi que les quatre pieds. Elle a
à chaque mâchoire deux dents incifives
pointues ; les fupérîeures font échan-
gées Se crochues; les inférieures avan-
cent droit en avant Se font un peu cour-
bées vers le bout : elle a en outre trois
dents canines de chaque côté à la mâ-
choire fupérieure , dont la première
eft plus grande que les deux autres ,
& deux de chaque côté à la mâchoire
inférieure , dont la première eft plus
petite que la fuîvante ; de plus quatre
dents molaires de chaque côté à la mâ -
choire fupérieure , dont la dernière eft
plus petite , & trois de chaque côté
à la mâchoire inférieure , en tout
vingt-huit dents. On la trouve dans les
champs. Cet animal , félon M. Klein ,
fent mauvais. Il eft gros comme une
Souris > de la couleur de la Belette ,
goulu, qui feint d'être doux, Se qui,
■quand on s'approche de lui , répand
Ion poifon. 11 eft fin , & on a de la peine
à le prendre. Comme les Rats, il fait du
tort aux vignes. La Mufamigne « dit
Ray (Synop. Quad. p. 240. ) dirFere
de la Souris , 1 °. en ce qu'elle eft plus
petite ; 2 0 . parcequ'elle a le mufeau
plus allongé fie fait comme celui du
Cochon ; 3 0 . par les doigts des pieds ,
qui font au nombre de cinq ; 4 0 . par
fes yeux qui font petits Se noirs ; $°,
* Cet animal eft appelle Mcfchus en Latîn ;
Hîam , chez les Chinois ; CafrfaU M Mttfco ,
MUS soj
par fés oreilles qui font courtes • 6°,
par fa couleur noire ; 7 0 . par fes' on-
gles longs 8c blancs; 8°. par fes dents
coupantes, qui ne font point éloignée»
des dents molaires. Dioscoride
dit que le corps de cet animal ouvert
Se appliqué fur la morfure qu'il fait ,
qui eft venimeufe , y fert de remède,
Turnerus croit avoir vu de*
Mufaraignes en Angleterre. Il leur
donne une couleur noire Se un mufeau
pointu. Pline a cru qu'il n'y en a voit
que fur le mont Apennin. Mathiolb
rapporte qu'il y en a dans le territoire
de Trente Se fur les montagnes d'A-
nanîe , où les gens du pays ne les
croyent point venirneufes , ce qui peut
venir de la bonté de l'air; cependant,
félon G e s N E R , leur morfure eft'
dangereufe en Italie. Seja ( Thef. IL
p. f). Tab. 8, n. 3.) parle d'une Mufa-
raigr.c des Indes Orientales.
Les Naturalises qui ont écrit fur la Mufa-
fiiîgne font Ray, Synop. Quad. p. 2,39. G E s-
hé a. , Qtiad. p. 844. Aldrovande, Quad.
digit. vtvip. p. 44.1. Jonston, Quai.p. 116.
C h ARiEiON, Exercit. p. if, & les au-
tres.
MUSC*, genre de Quadrupède ,
que M. Linn^us (Syft. Nat. Edit. 6.
g. lo.fpec. I.J met dans l'ordre des
Pecora. M. Buisson, p. 97. », 5.
le met dans le genre du Chevrotât
Se le nomme , Tragulus ad umbili-
cumfolïiculum mufebiferum gèrent. M,
Klein, p. 18. le range dans la fa-
mille des Dichelons , & du genre du
Bouc. Cet animal a depuis le fommet
de la téte-jufqu'à la queue trois pieds
de long : la tête a plus d'un demi-pied :
le front a trois pouces de large : les
oreilles qui refTemblent à celles de no*
Lapins , font longues de quatre pou-
ces ; les jambes de devant de quator-
ze pouces. Se la queue de deux pou-
ces au plus. 11 a le mufeau pointu ;
toute la partie fupérieure du corps
couverte de poils variés , depuis leur
origine jufqu'à leur extrémité, de jau-
en Italien ; Btfemtîer , en Allemand , ou Bi-
Jemreech , dit G e s n £ r.
C c ij
1
so4 MUS
ne , de maron Se de blanc; la tête &
les jambes brunes; le ventre Se le def-
fiis de la queue blancs. Auprès du
nombril eft une efpecede petite bouf-
fé, qui contient Je mufe, qui a trois
pouces de long Se deux pouces de lar-
ge , 8c s'élève au-deffus du ventre
d'environ un poncer elleeft garnie de
poils extérieurement, Se intérieurement
d'une pellicule qui renferme le mufe
Se qui eil garnie de glandes , qui , félon
les apparences , fervent à faire la fé-
crétion. Il a en tout vingt-fî.x dents ,
favoir à la mâchoire inférieure huit
dents incifives Se huit molaires , quatre
de chaque côté , Se à la mâchoire fu-
périeure même nombre de molaires »
& en outre deux canines, une de cha-
que côté. On trouve cet animal à la
Chine-
Les Auteurs qui ont écrit fur le Mufc font
ïUy , Symp. Quad. p. i vj. N i h r. e m_b erg,
p. 1S4. fous le nom à' Animai Mofchiferum ;
M. Klein, Dîfp, Quai. p. 18. fous celui de
Iragus Mafchifcrus ; M. Lï H M M W 9 t Syfî.
Na-f. Edit. 6. g. la. fp. !. fous celui àe Muf-
ehtts ; G e s n e a , Quad. p. 786. lous celui de
Mofchi Capreoku ' T AlukoVande, Qaad.
Bzful. p. 743, Jonsion , Quad. p. 55. &
CtTARLETON, Exercit. p. ia.
MUSCHEBOUT , nom que
Rondelet ( L. IX, c. 10. p. 221.
Edit. Franç. ) donne au Merlu mou-
cheté ,. en Latin Aftnus varius , poiffon ,
dit-il , couvert d'écaillés comme le
Goberge , plus petit , de couleur cen-
drée, femé de taches noires. 11 a le
ventre blanc , trois nageoires au dos ,
une proche de l'anus , deux près des
ouïes deux au-deffous , plus loin de
la bouche ; la bouche grande , des dents
aux mâchoires ; les yeux plus petits
que ceux du Goberge.
M U S I M O M , animal Quadru-
pède. Pline écrit Mufimo, quoique
le Grec dife mb'îwov félon Strabon.
G e s n e R , qui dit qu'on l'appelle au-
jourd'hui en Sardaigne Muflo, ou Muf-
ton, comme d'autres l'écrivent, nous
apprend ,. fur le rapport d'un habitant
de Sardaigne que cet animal eft particu-
lier à ce pays , Se qu'on n'en voit point
M V 5
dans aucune autre partie de PEurope;
11 a la peau Se le poil comme le Cerf.
D'autres difent qu'il a le poil du Che-
vreuil; du refte il refTemble à la Bre-
bis. 11 a les cornes d'un Bélier- : elles
ne font pas longues , mais repliées et»,
arrière du côté des oreilles. Il eft de la.
grandeur d'un Cerf médiocre. Il vit
d'herbes Se fe retire fur les montagnes,
les plus inacceffibles. Il court avec
grande vîteiTe. Les Chaffeurs e friment
fa chair. G e s n e R croit que le Tta-
geldpbur de Belon eft le même que-
ce Mufimom, S'il y a quelque différen-
ce , c'eft pareeque ce font deux elpe—
ces différentes. J'ai dit plus haut que
cet animal ne fe trouvoii qu'en Sar-
daigne ; mais félon Pline on en.
voyoît de fon temps en Corfe Se en
Efpagne , Se Albert ( L. XXLl y
dit que le Mufimom eft. engendré de la
Chèvre Se du Bélier comme. le Cy-
rhius l'eft, dit- il .. du Bouc Se de la
Brebis. Albert parle fans preuve Se
il n'ell pas croyable. UOpkianot de.
Pline,, dont les Grecs ont fait men-
tion n'eft autre chûfe que le Mu~
fimom , dit Gesnes.
MUSIQUE , nom que les Con-
chyliologues donnent à une efpece de
Coquillage, delà famille des Murex „.
qui fe diftingue par de très - beaux
points rouges 8c par la netteté de fes:
cinq lignes , pareilles à celles d'un pa-
pier de muftque. M.d'Argen v illë
l'a fait figurer , Planche XIV, lettre F.
M. Ad ans on,, p. oy. dit que ce.
Coquillage eft rare au Sénégal. On le
voit quelquefois aux Ifics de la Magde-
lene 8c dans l'es brifans de Rufîsk. II
lui donne le nom de Cottpct-. Voyez ce
mot.
MUSKQU ASH, nom, dit
R a * ( Syvop. Qttad. Préf. ) qu'on don-
ne dans la partie Septentrionale de.
l'Amérique à un animal qui a quelque
reflemblance a vec leCaftor, maisqtiS
eft beaucoup plus petit. C'eit un Am-
phibie, qui travaille Se vit de même»
qui dans le mois de Mai a une forte
MUS
odeur de mufc , & que Rat croît
être le Rat aquatique dont parle C Lu-
Sius. Voyez ce mot.
MU S SA SOUS, animal qu'on
trouve dans la Virginie Se qui fent le
mufc. Sa forme eft femblable à celle
de notre Rat aquatique & il en a le
naturel.
MUSSOLE , nom que Ron-
delet Ç Fart. IL p. 20. c. 24. Edit.
Franç. ) donne à un Coquillage , efpe -
ce de Moule , femblable à la Moule
de mer. La coquille eft plus épaifle 8c
plus dure, La partie où les battans
s'attachent eft droite la tête eft poin-
tue ; l'autre partie eft ronde comme
aux Moules. De la tête pointue des-
cendent de petites canelures , dont les
Unes font droites , les autres obliques.
Les battans font noirs & le poilTon
qu'ils enferment a la chair dure.
M. Adanson, p. 1 jo. met la
Mnjjole dans le genre du Pétoncle Se
en fait la neuvième efpece. Les Grecs
en langue vulgaire nomment ce Bi-
valve Calognone , ou Calagnone , di-
fentB e l o n & Rondelet. L'Auteur
de V Hi flaire des Coquillages du Sénegil
en parle en ces termes. Voici la Co-
quille qu'on nomme communément
Arche de Noéà caufe de fa figure, Elle
a à-peu-pres la forme du Jabet* autre
efpece du même genre; près de qua-
tre pouces de largeur Se une fois moins
de longueur Se de profondeur. Sa fur-
face extérieure eft couverte d'un pé-
riofte fort mince , qui en tombant laiiTe
autour des bords de chaque battant un
amas de poils très-épais, & for: diffi-
ciles à arracher. Lorfque ce périofte
eft enlevé , on la voit ornée de cin-
quante ou Soixante petites canelures
longitudinales , fbuvent divifées en
deux Se ridées tranfverfalement. Ces
canelures deviennent infenfibles en ap-
prochant du fommet. Les bords des
battans font intérieurement unis Se fans
canelures,. comme dans le J abêti mais
îls ne ferment jamais exactement Se
Saillent en. devant vers le milieu, de:
M U S 205
leur longueur une ouverture Souvent
très-grande, dont l'entrée eft cachée par
cet amas de poils du périofte. Les fom-
mets font pointus , altez grands Se fort
écartés l'un de l'autre. L'efpace qu'ils
laiffent entre eux eft auffi. fort large Se
plat fans rnclinaifon. La charnière eft
prefque égale à la largeur des battans
Se compofée de huit à dix dents in-
finiment petites.
On obferve plufieurs variétés dans
la forme de cette coquille. Il y en a
qui n'ont qu'un pouce de largeur fur
une longueur moindre de moitié, fou-
vent égale à leur profondeur Se quel-
quefois un peu plus grande. D'autres
font plus ou moins grandes , Se une
fois plus larges que longues; mais,-
elles onttoutes au moins quatre-vingts^
dents à la charnière. Leur couleur
eft blanche au-dehors , avec des ban-
des tranfverfales rougeâtres , qui Ser-
pentent différemment en zïg-zags :
intérieurement elles Sont blanches ,
quelquefois tachées de brun tirant fur"
le rouge. On les trouve en grande
quantité entre les rochers de l'Ifle der
Gorée.
En cueillant ce Coquillage ,. je me
fuis apperçu , continue l'Auteur, que
l'animal tenoit aux rochers par une
efpece de nerf, qui pauoît au travers de
l'ouverture que j'ai dit que les battans.'
de la coquille laiffoient entre eux. Ce
nerf paroiffoit partir du pis-d de l'animal
comme celui des Jambonneaux ; mais
il ne s'épanouiiToit pas en un grand
nombre de fils comme le leur. Il étoir
fort applati Se d'une dureté femblable
à celle de la corne , dans l'endroit où.
il étoit attaché aux rochers ; il s'amol^
lifToit enfuite peu-à-peu , en appro-
chant du corps. Bonanni a fait la-
même remarque .1 l'égard de la Muffo-
le qu'il a obfervée dans la Méditerra-
née. Ce nerf fort à peine de la lon-
gueur de deux lignts hors de la co-
quille. Elle eft repréfentée , Flan-'
che XV111. ». 9. de L' Hifloire <Us Ca*-
guillagu du SéncgaL
20* MUS
MUS
M. d'Argenville, p. 196. Edit.
î 7 5 7 . dit que la MuJJole , qui eft l' Ar-
che de Noé , eft peut-être la Coquille
lapins difficile à placer dans une Mé-
thode. Mathiole & Rondelet
l'appellent Rhomboïdes, fm Mufculus
finatus. Lister qui les a fui vis la
met parmi les Moules ; Rumphius
parmi les Peignes : d'astres la pla-
cent dans ia famille des Huîtres. Quoi-
qu'elle paroifTe extérieurement un peu
différente du Coeur , il n'y a point de
genre, dît M. d'Argenville, où
elle fe rapporte mieux : elle eft à ftries
comme lui & elle repréfente une ef-
pece de cœur irrégulier Se allongé par
deffous. 11 y en a même une efpece ,
appellée le Cœur de Bœuf allongé , fait
comme l'Arche de Noé. Celle qu'il
a fait figurer, Planche XXIII. lett. G.
de l'Edit. de 1 757. repréfente une efpe-
ce de Cœur oblong dans la partie de
fa carène. Sa charnière eft à dents fines ,
comme une lime , S; les ftries qu'on voit
fur fa robe forment un ouvrage cha-
griné, de couleur brune , fur un fond
blanc : plus elles approchent de la
carène , plus elles font creufes.
Ce Coquillage eft le Bctfmyef des
Grecs , le fêlons des Latins , le Cala-
gtione des Grecs vulgaires , Se le Mouf-
jblo des Vénitiens , dit Belon, de
Aquat. p. 596'.
La Co ncha Rhomboïde! de RoNDE'
jlet ) Tefl.L.I. p. 27. cap. 28. & la
Coquille nommée Mtijfole , du même ,
Edit. Franc, p. 20. chap. 24,
La Concha Rhomboïdes de Bossuet ,
Aquat, Part. ait. p. 20. de Gesner,
Aquat. p. 317. & d'ALDROVANDE ,
Exfang.p. 459.
La Concha navîculam exprimées ,
Rhomboïdes à mnnullisdicla , Mufculus
finatus à Mathiolo , ab aliis Mitu-
lus, de B0NANN1, Recr. p. 103. clajf.%.
n. 32. & du Mujwm du P. Kirker ,
p. 432. », 31.
Le Balanus tenuiter jlriatus, Jamaï-
çenfis, de Lister , Htfi, Conchyl. lab.
3^7' fig- 2Q 7-
Le Mufculus ftriatus , fafcîss tmda~
tis fubfujcis depittus , Barbadcnfis , da
même , Tab. 368. fig. 208.
Le Peclen J'axatilis , Malaicenfibus
Biabatu de Rumfhius, Muf. p.
143. an. 10. & 144. Tab. 44. fig- L.
&P.
La Concha Rhomboïdalïs flriata, pa-
rùm vel mediocriter tanthm elongata ,
infigniter ventricofa, rugofa , umbonïs
cardine notabiliter didttcto , de La N-
Gi u s , Meth. p. 71.
La Coucha Pediniformis*v:£%uilatera t
triangtdans , ex uno latere notabiliter
elongata , du même , p. 72.
Le Bucardium cordiforme , Arca
Noèmi, de M. d'Argenville , Plan-
che XXIII. de l'Édition de 1757.
La Concha Rhomboïdalïs fubrotunda,
dorfo fatis lato , & expanjo , umbonïs
cardine depreffo , & infigniter diduilo ,
oris rima notabiliter hïante, flriaia firiir
aliquando tranfverfis , aliquando circti-
lanbtts , vel undatis , ex atro fufco fub-
albida , de Gualtieri, Ind. pap.
&Tab.% 7 , litt.F.
La Concha Rhomboïdalïs parva,flria*
ta finis granulatis , & in marginis ex-
tremuate aliquar.tulùm emijjis , & (ub-
tïlijfimo byjjo donatis ,fufca , du même ,
ibid. lin. G.
La Concha Rhomboïdalïs elongata ,
naviculam exprïmens, diverfimode » den-
fijfimè flriata , & cancellata , ex albi-
dofulvida , maculis fufeis circumdata ,
punHata & notata , du même , ibid.
litt. H.
La Concha Rhomboïddlis eadem cum
fupcrïorï , Jed firiata firïis infigniter
crajfis, raris & jubrotundis , du même,
ibid. litt. J.
Le Mufculus Polyleptoginglymus ,
Arca Nos , qua Concha Rhomboïdalïs ,
naviculam exprimens , de M . K L e i n ,
Tent, p. léj.jpec. 1.
Le Mufculus Polyleptoginglymus «
qui Balanus Bellonii, tenuiter jlriatus ,
du même , pag. lôB.fpec. 2. Tab. 1 1,
fig. 69. & 70.
Et enfin la Matlra Rumphiana ,
MUS
éoloris ohfcurîy longior> du même, p. ï 7 1 ;
fpec. i. ■ _
MUSTELE*, duLaxia Mufle-
la. Rondedet donne ce nom à
deuxpoiflbns. Il appelle ( L. IX. c. 14.
paç. 223. Ed.it. tranç. ) le premier
Muftele vulgaire » 8c le fécond Am-
plement Muflele. La Muflele vulgaire
eft appeUée par A r t e d i ( Ichth.
Fart. V. p. 3 7- »• 1 1 • ) Gadus dorfo
dipterygio , fuie» magno ad pinnam dorfi
yrimam * ore cirrata. C'eft la Muflela
vulgaris d' A ldkovande (L.UL
c. 8. p. 290. >, def iLiuCHBï,
*. 1 2 1. & d*RAY C Synop. Pifc.p. 67. };
la Muflela de Jonston (1,. /.ci.),
& la Muflela altéra de Schonne veld ,
y. 49. G E SNE K. {deAquat. p. 104. ),
d'après Rondelet, dit que c'eft un
jpoiflbn de mer du genre des Morues
qui fe nourrit de Squilles Se de petits
poilfons. Gesner croit que c'eft le
Calcarias de Pline, ou la petite
Morue. Ce poilTon a le corps long ,
brun , fàro écailles ; la bouche a fiez
grande & les dents petites. Du bout
de la mâchoire de delfous fort un bar-
billon blanc : à celle de delfus , fur le
bout du mufeau il y en a deux noirs.
Proche des ouïes il porte deux nageoi-
res , deux delfous aifez loin de la bou-
che „ une autre proche de l'anus , qui
va jufqu'à la queue, 8c une pareille au
dos , mais plus longue. Il a après la
tête un filet droit. Son corps finît en
tme queue pointue : une ligne droite
commence aux ouïes & finit à la tête.
Sa chair efl; molle Se friable.
L'autre Muflele , ainfi nommée p
ik Rondelet (L.IX. c. 15.^.224.
Edit. Franç. ) à caufe de fa reifem-
Mance avec la précédente , elt nommée
Fecorella en Illyrie. Ce poiflbn , fem-
blable au Merlan , a deux barbillons
à la mâchoire de dcfliis, uni la mâ-
choire de deflbus ; deux nageoires
courtes près les ouïes, deux au-defTous,
*La Mufltk fft nommée en Anglois Wiftlt-
fîfch ; à Veni r e on l'appelle Donzelltna, &
Strge marina , lelon Ar.ts.oi ; en lialie m
MUS Ï07
plus femblables à des barbillons qu'à
des nageoires : il en a une autre pro -
che de l'anus , qui va jufqu'à la queue.
Son foie elt entre rouge & blanc ; foii
fïeleft au-dedans : fa veffie eft pleine
d'air : fa chair eft molle & friable , au-
tant que celle du Merlan. Les marques
qu'ARiSTOTE attribue â VOmj fe trou-
vent dans ce poiiTon dit Rondelet ^
principalement les barbillons qu'il a aux
mâchoires , pour attirer les autres poif-
fons; les petites pierres qu'il a dans-
la tête & qui ont la figure d'une meu-
le , & enfin qu'il fe tient caché Se qu'il
eft couvert d'écaillés.
Il y a auffi la Muflela fiuviatilis ,
qui porte le nom de Lote. Voyez ce mot.
Il y a une Muflele de marais , die
R a y f Sytiop. Mtth. Pifc. p. <58. n. 4 >
nommée en Latin Muflela lacuftris ,
Triflia , ou Botariffa. Ce poiflon eft
plus grand que la Muflele de rivière
ou laLote. Sa couleur eft noire & jau-
ne , Se Gesner en donne de trois efpe-
ces. Beeon n'en donne que de deux 5.
la première qui" eft la Muflela lacuftris-
major, la féconde qu'on nomme Lote-
ou Barbote , plus petite que la précé-
dente , & qui n'en diffère que par la-
couleur , qui eft noîre. Ray dit ne
connoître que les deux efpeces dont-
B e l o n parle , Se qui n'ont que deux
nageoires fur le dos ; il foupçonne que
Gesner peut s'être trompé.
Schonneveld parle d'une Muflelt
vivipare , err Latin Muflela vivipara 9 ,
que les Allemands, dit Ray (ibid,
p. 69. n. y,) , nomment Aelguappe Se
Aelpute. C'eft un poilfon de mer , qui
a un peu plus d'un pied de long. Sa
peau eft unie ; lacouleurde la tête &
du dos eft d'un brun jaune. 11 eft mar-
qué de lignes noires, Ce poilfon a la
tête ronde , comme les Anguilles. La
nageoire qu'il a fur le dos commence
au défaut de la tête , & finit à un demi-
doigt près de la queue. Il a au nom»
félon Rondïlet, Pefce Moro; & Goudf
rupfaro eft le nom que lui donnent les Gres*
20$ MUS
bril une nageoire qui tire fur le jaune ,
Se qui finit en une queue courte, poin-
tue comme un poignard , menue , Se
un peu rouge. Au lieu de dents il a
les mâchoires rudes. W i li.ughsï
(Icbtb. p. la*. & iij- J P arle auffi
de ce poiffon. Artedi ( Icbtb. Part. V,
p. 45. h. 7. ) le nomme Bltnnius ca-
pite dorfoque fufcv-fiavefcentibus, lituris
nigris, pin-iâ ani flavà , & le met dans
le rang des poîfibns à nageoires épi-
neufes , Pifces acanthopterygii.
Ra y C Symp. Msth, Pifc. p. 69 . n. 6.),
■d'après Gesner {de Aquat. p. 714)1
nomme Muflela foffilis un poiffon que
les Allemands nomment Fe ifsker , ou
Btifsker. Aldrovande(^ Fifcib.
h. V. c. 7. p. 579- > & Jonston
< L. III. c. 7. ) en parlent auflï fous le
nom de Muflela fofilis. Schonfeld
< p. 56. ) le nomme Pœciiia , Se Ar-
tedi (ibid. ». 8.), qui le met parmi
les poifïbns qui ont les nageoires mol-
les , Pifces malacopterygii , lui donne
le nom de Cobitis carulefcens , lïneïs
utrinque qu'tnque nigris longitudinali-
bus. Raï parle en ces termes de ce
poiffon. Il eft , dit-il , de la longueur
de la main Se de la grofleur du doigt.
On en trouve quelquefois de plus
grands. Son des eft cendré, marqué de
points , Se de taches qui traverfent ;
«lies font en partie noires Se en partie
bleues. Il a de chaque côté une ligne
•noire Se blanche. Son ventre eft jaune
avec des taches blanches , Se de petits
points rouges Se noirs. Il a de très-
petites particules charnues qui lui for-
tent de la bouche , & qui s'allongent
quand il nage. Ce poiffon paraît être
le même que celui que Schonfei.p
nomme P&cilta , qui eft femblableaux
autres Mufleles , Se n'en diffère que
par fes nageoires Se fa couleur, il a
deux nageoires au milieu du ventre ,
& une fur le dos qui répond à celles-
ci. En cela il reffemble à un poiiTon ,
que les Allemands nomment Mifgurn.
Rondos eft de couleur cendrée, avec
beaucoup de points Se de taches qui
MUT
traverfent. Ce poiffon fort des rivières,
qui débordent dans les marais , Scer.tra
profondément dans la terre, d'où lui eft
venu le nom de Muflela foffilis , où
fuivant le débordement des rivières , il
demeure av.ee l'eau qui refte dans les
prés, Se entre dans la terre par les fente»
qui s'y trouvent ; ces fortes de poïf-
fons entraînés par le courant de l'eau,
y entrent étant encore tout petits , y
demeurent, y crotlfent, Se n'en peu-
vent plus fortir quand ils le veulent.
Avec tout le refpecT: qui eft dû aux
autorités d'A rte Di 1 de Schon-
fkldSc de \V 1 l lu g h b y , & que
l'on ne peut refufer aux témoigna-
ges de Ray Se de Gesner, on ne
croit point aujourd'hui qu'il y ait dus
Poijfonsfojfiles, c'eft-à-dire des PoilTons
qui vivent fans avoir d'eau ; mais il
s'en peut trouver dans des ouvertures
de terres , voifines des rivières , oà
l'eau féjourne toujours , y ayant été
portés par les débordemens»
MUT
MUTE L : C'eft un Coquillage
bivalve des cotes du Sénégal, dont la
coquille appartient plutôt aux Mou-
les- d'étang , qu'aux Cames , dit M.
Adanson, p. 234. de fon Hiftoire
des Coquillages du Sénégal. On la lui
a apportée de l'intérieur des terres de
ce même pays , où on l'a affuré qu'elle
avoît été pêchée dans les lacs d'eau
douce. Sa forme ne lui laiffe aucun lieu
de douter que ce ne foit une efpece
de Moule analogue à celles de nos
rivières d'eau douce. Elle a près de
cinq pouces de largeur fur deux de
longueur , & un pouce de profondeur.
Elle eft liffe, traverfée feulement par
quelques rides , obtufe aux deux ex-
trémités , mais plus large à celle d'en
haut qu'à celle d'en bas , Se l'Auteur
l'a fait figurer à la Planche XVII.
«.21. dans une fituation renverfée.
Son fommet eft peu apparent , Se pla-
cé vers l'extrémité inférieure à la qua-
trième partie de fa largeur. Le liga-
ment
MUT
ment effc convexe , & s'étend depui E
lefommet juïqu'â la quatrième partie
de la largeur des battans vers leur
extrémité fupérieure. La charnière n'a
point de dents , mais feulement quel-
ques afpérités peu fenfibles. La cou-
leur de cette coquille eft fauve au-
dehors : au-dedans elle montre une
belle Nacre , qui prend , fuivant les
diverfes inclinaifons , différentes nuan-
ces de verd , de brun , de jaune Se de
violet.
M U T U , ou MITU, efpece
de Poule fort privée du Bréfil, qui a
«ne crête , comme un Coq , tachetée
de petits points noirs & blancs. Ses
œufs font gros , blancs &i fi durs , que
fi on les choque l'un contre l'autre ,
MUT M Y D MYR ÎO j>
ils réfonnent comme du fer. On dit
que quoique leurs os foient mortels
aux Chiens , ils ne nuifent point aux
hommes.
MUTUITUI, nom qu'on don-
ne au Bréfil , dit Marc Grave , à
l'Oi/èœit de roche. Voyez ce mot.
M Y D
MYDAS, ou MIDAS, nom
que Se b a donne à une efpece de
Tortue de l'Ifie de Curaçao. Voyez
TORTUE.
MYR
M Y RPYTTA, nom que le»
Smolandois donnent à une efpece de
petit Pluvier. Voyez PLUVIER.
Tome IIL
Dd
NAB N A C
N A C
NA B E L : C'eft le nom d'une
efpece de Limaçon du Cap
de Bonne-Efpérance. Voyez
LIMAÇON.
N A C
NACELLE, Coquillage uni-
valve de la côte du Sénégal , qui ref-
femble parfaitement bien à une Na-
celle , & auquel M. Adanson a
donné le nom de Garnot. Voyez aux
mots GARNOT & NAUTILE.
NACRE DE PERLES, ou
MERE DE PERLES , ou la
MER E-P E R L E : C'eft une Huî-
tre à écailles nacrées , d'un goût ter-
reux, & de différentes grandeurs, qui
fe pêche dans les mers Orientales. On
lui a donné les noms de Nacre de Fer-
les , ou Mere de PerUs , Sec. parceque ,
dit Rondelet (Part. IL chap. 30.
p. 24. Edit. Franf. ),on y trouve beau-
coup plus de Perles que dans d'autres
Coquillages , & de plus belles. Cette
coquille eft grande , épaifle , & peu
creufe ; elle reffemble aux coquilles de
Saint Jacques, nommées en Latin Petli-
ms. Cette coquille a une oreille Se de
petits trous , qui ne percent pas d'ou-
tre en outre. Par le bas elle eft ronde ,
en dedans elle eft couleur d'argent ,
en dehors elle eft un peu jaunâtre &
iîfTe.
Athénée parle de la Nacre de
T tries. Il y a , dit-il , dans la mer des
Indes la Pourpre , ainfi que la Coquille
nommée Berberi , où l'on trouve les
Perles en grand nombre. Elles fe ven-
dent au poids de l'or en Perfe Se dans
les régions Orientales. La Perle croît
dans la chair de ce Coquillage , com-
me les glandes parmi la chair d'un
Pourceau ladre. Ces Perles font tantôt
de couleur d'or , tantôt de couleur
d'argent , tantôt toutes blanches , &
reftemblent aux yeux des poiflbns.
C'eft ainfi qu'ATHÉNÉE parle de la Cou-
cha Margaritifcra , ou de la Mere des
Perles, lefqueilcs les Grecs appellent
Map7'Cfp/7*ç, & les Latins Vniones, parce-
qu'ils ont cru qu'on ne retiroit jamais
qu'une Perle de chaque Huître : mais
ils fe font trompés ; car on en trouve
jufqu'a fept dans une feule écaille ,
où , félon l'opinion des Phyficiens mo-
dernes , elles font engendrées d'une
humeur vifqueufe , glutineufe Se fali-
ne , qui s'eft condenfée Se pétrifiée en
plufieurs parties du poifibn.
Pline ( Hifi. Nat. L. IX. e. 35. > ,
& d'après lui Mathiole fur Dios-
coride, p. 136'. de même que Ron-
delet { Part. II. L. I. c. 44. p. 40. ) ,
& Corneille , dans fon Dictionnaire
des Sciences & des Arts , difent que les
Coquillages où croiflent les Perles ,
quand la faifon les porte à la généra-
tion , s'entr'ouvrent & bâillent pen-
dant la nuit : alors ils fe rempliifent
d'une rofée , dont ils conçoivent les
Perles , qu'ils rendent félon la qualité
de cette rofée. Si la rofée qu'ils ont
reçue eft pure , les Perles qui en font
produites ont une blancheur admira-
ble , Se fi elle eft trouble , elles fonf
troubles de même : s'ils reçoivent
beaucoup de rofée , les Perles qui en
proviennent font fort groffes , Se s'ils
en reçoivent peu , elles font petites.
Suivant ces Auteurs ces Coquillages
bivalves ont peur du tonnerre , Se fe
reiferrent au(fi-tôt qu'ils l'entendent.
C'eft de-là que viennent les Perles
qui n'ont aucune fubfiance & qui font
pleines de vent. Les Perles font mol-
les & tendres , tant qu'elles font dans
la mer, Se elles s'endurciffent dès qu'on
les en a tirées, Quelques-uns rappor-
I
N A C
N A C îîi
tent que les gro(Tes Nacres de Terle*
commandent aux autres & les condui-
re nt , comme la Reine des Abeilles
conduit les autres Mouches de fon ef-
pece ; ce qui fait que les Plongeurs
ne cherchent qu'à prendre les Mères-
Ferles , fâchant qu'après cela les autres
ne leur échappent pas.
La Nacre de Perles > félon les Au -
teurs de la Suite de la Matière Médi-
cale , Tomel. p. 59. eft un Coquillage
bivalve, fort,pefant, gris en dehors ,
ridé Se âpre, mais non canelé , blanc,
ou de couleur argentée, uni Seluifant
en dedans, d'une fubiiance plus dure
Se plus folide que les Perles qu'il pro-
duit , tant foît peu verdàtre , de figure
applatie & circulaire , ayant vers le
milieu la marque d'une Huître qui en
a été arrachée.
Les Perles , difent - ils , font des
fub lances pierreufes , rondes Se an-
guleufes , grainées , tranfparenres ,
d'une faveur terreufe comme les écail-
les mêmes.
Les Auteurs font partagés fur l'o-
rigine de ces Perles. Les uns penfent
avec P 1, 1 N e qu'elles s'engendrent
dans l'efpace d'un mois de la rofée qui
tombe du ciel , Se que les Huîtres
viennent recevoir fur la furface de la
mer : d'autres les regardent comme
une lèpre ou excrément des Huîtres ,
Se quelques-uns comme une concré-
tion formée du fuc nourricier dans les
Huîtres trop vieilles , ou attaquées
d'autres maladies , ù-peu-pres de la
même façon que le calcul ou la pierre
fe forme d'un amas de gravier dans
le rein , ou la veine. Ce fentiment pa-
roît A Samuel Dale, aux Auteurs
de la Suite de la Matière M'dicale Se
à plufieurs autres bons Phyficiens", fi
non le plus vrai , du moins le plus vrni-
fembtable. Le fuc ou la colle qui fert
aux Huîtres & aux Pinnes marines à
former par la tranfpiration les commen-
cemens Se les agrandilfemens de leurs
écailles , s'extravafe quelquefois hors
de fon réceptacle naturel: il s'amafle
par gouttes : il s'épaifïit par petits
pelotons , ou globules de la couleur
de l'écaillé , ce qui donne lieu de pen-
fer que la matière de l'une elt la mê-
me chofe que la matière de l'autre.
Pour une Perle que l'on trouvera dans
le corps de l'Huître, on en trouvera
mille attachées à la. Nacre , où elles
iont comme autant de verrues. 11 y a
une multitude d'Huîtres où l'on ne
trouve jamais de Perles , d'où l'on
peut inférer que la Perle eft un défaut
dans l'Huître , Se un défaut qui a'eft
pas commun. D'ailleurs on a remar-
qué dans les Relations des Voyageurs,
que les côtes où l'on fait la pêche des
Perles font très -malfamés , ce qui
fait croire avec raifon que les Huîtres
qu'on y trouve ne renferment des Per-
les que parcequ'elles font malades. Le»
Payfans mêmes ne veulent pas manger
des Huîtres dans lefquelles ils les trou-
vent , tant la chair leur en paroît mau-
vaife. Au contraire plus les Huîtres
font exquifes , moins on y trouve de
Perles , d'où il eft affez naturel de
conclure que les eaux où l'on pêche
le plus de Perles font malfaînes , Se
qu'au contraire les Huîtres qui habi-
tent dans des eaux faines Se qui fe
nourriiïent de- fucs bienfaifans , ne
donnent que peu , ou point du tout
de Perles , pareequ'il n'y a aucune
maladie & aucun défordre dans leur
tempérament.
Il arrive quelquefois que les Perles
croifïènt au point d'empêcher les co-
quilles de fe fermer Se alors les Huî-
tres en meurent. Il n'y a point de lieu
affecté pour la génération des Perles.
Elles nanTent indifféremment en tou-
tes les parties de l'Huître ; mais il s'en
trouve ordinairement dans chacune une
ou deux plus grofies Se mieux for-
mies que les autres. Cette Huître eft
bonne à manger comme les communes,
fi l'on en croit Lémeuy , ce qui doit
s'entendre de cette forte d'Huître en
général • car pour les Huîtres qui ren-
ferment des Perles , il eft conftant
Ddij
zii N A C
qu'elles font dures & désagréables à
manger.
Les Perles viennent des pays étran-
gers. Ta VERNI ER nous apprend
qu'il y a quatre pêcheries de Perles
en Orient. La première eft autour de
Plfle de Bahren, dans le golfe Perii-
que ; la féconde vis-à-vis de Bahren ,
fur la côte de l'Arabie heure ufe , près
de la ville de Carifa ; la troifieme dans
Plfle de Ceylan , dans la mer qui bat
le bourg de Manaar; la quatrième fur
la côte du Japon , où l'on en pêche
plus rarement, parceque les Japonois
ne fe foucient gueres de joyaux. On
compte cinq autres pêcheries de Per-
les en Occident , qui font toutes fi-
tuées dans le golfe du Mexique, le
long de la côte de la Nouvelle Ef-
pagne. On pêche encore des Perles
dans la mer Méditerranée, en Écoffe
& ailleurs; car outre ces Huîtres Orien-
tales & Occidentales fi renommées, il y
a d'autres genres d'animaux teftacées ,
qui fournîffent des Perles , comme les
Moules de la mer Baltique , de Nor-
. \eége , de la Laponie , de laSiléfie ,
entre lesquelles il s'en trouve de ditlin-
guées par leur blancheur , par leur
éclat Se par leur rondeur; mais pour
la plupart elles font baroques & nul-
lement comparables en beauté avec
celles d'Orient Se d'Occident.
Comme les Huîtres font au fond de
la mer , ordinairement attachées aux
rochers , les Pécheurs y defeendent
dans une corbeille, où tient une groife
pierre qui pefe environ trente livres ,
&c avec un couteau , ou un autre inf-
iniment de fer dont ils font munis ,
ils détachent les Huîtres, Quand ils
ont rempli la corbeille , ils donnent
à leurs compagnons le fignal au moyen
d'une corde , qui fert à les retirer in-
continent. Quoique ces Plongeurs def-
eendent quelquefois à plus de foixante
pieds de profondeur ils difent que
le jour y eft fi grand , qu'on y voit
auffi clair qu'à terre. Dès qu'ils tou-
chent le fond , ils courent de tous eô<-
NAC
tés fur le fable, arrachant les Huître*
de defFus les pierres Se les pointes des
rochers le plus vite qu'ils peuvent „,
car ils n'ont pas de temps à perdre. Les.
meilleurs Plongeurs demeurent pour-
tant jufqu'à une demi-heure fous l'eau ;
mais la plupart n'y peuvent refter
qu'un quart d'heure. Dans certains
endroits ils fe fervent d'une éponge
imbibée d'huile & liée au bras qu'ils
flairent de temps à autre. Ailleurs ils
n'employent pour cela ni huile , nî
aucune autre liqueur : ils ne font que
retenir leur haleine , s'y étant accou-
tumés dès leur bas âge. Les jeunes gens
robuftes &: vigoureux y font les plus
propres. Au refte ces pauvres gensfon:
expofés à de grands périls: car outre
les rifques de fe précipiter fi profon-
dément dans la mer, de demeurer ac-
crochés à quelque endroit , de s'eftro-
pier , ou même de fe tuer , en tombant
fur quelque pierre , fur quelque poin-
te de rocher de perdre la trémonta-
de par la peur , 8c de s'évanouir ea
manquant d'air, ils courent encore ce-
lui d'être dévorés par de gros poiflbns
fur-toutpar les Requins.
Lorfque les Huîtres font tirées de
la mer , on les étale au foleil , & Port
attend qu'elles s'ouvrent elles-mêmes ::
car fi on les ouvroit de force comme
on ouvre nos Huîtres à l'écaillé, on
pourroit endommager & fendre les;
Perles. Si-tôt qu'elles font ouvertes,,
on en retire les Perles. 11 y en a de-
différentes couleurs , les unes blanches,,
les autres rirant fur le jaune , ou fur le
verd : d'autres qui font livides- & com-
me plombées. Tavernier dit eru
avoir eu fix parfaitement rondes , mais-
auffi noires que du Jayet. La couleur
blarîche leur eft la plus naturelle.
La couleur jaunâtre ou verdâtre pro-
vient de ce que les Pêcheurs vendant
leurs Huîtres par monceaux , & les
Marchands attendant quelquefois juf-
qu'à quatorze ou quinze jours qu'elles-
s'ouvrent d'elles-mêmes pour en tirer,
les Perles , quelques-unes de ces.
NAC
Huîtres venant pendant ce temps-là
à perdre leur eau , fe gâtent Se s'em-
puantifTent , de forte crue la Perle fe
jaunit ou verdit par l'infecHon , ce qui
eft fi vrai, que dans toutes les Huîtres
qui ont confervé leur eau , les Perles
font toujours blanches. Celles de cou-
leur plombée &: noire ne fe trouvent
gueres qu'en Amérique, Se cette cou-
leur vient de la nature du fond de la
mer , qui eft plus remplie de vafe
qu'en- Orient.
Toutes les Huîtres qu'on pêche ne
contiennent pas des Perles : il s'en,
trouve beaucoup qui n'en ont point.
Les années pluvieufes font les plus
favorables pour cette pêche ; car on a
obfervé qu'après les grandes pluies les
Huîtres étoient plus abondantes en
Perles. On trouve auffi quelquefois des
Perles dans nos Huîtres communes :
celles-ci le nomment Perles d'BcojJe ,
Se celles des Moules & des Pinnes
marines font nommées Perles de Lor-
raine. Celles des Pinnes marines font
groffes Se onles diftingue très-aifément.
On en diftinçue pareillement dans plu-
lieurs autres Coquillages. De quelques
lieux qu'elles viennent , elles y ont
été formées par des applications , ou
appofuions naturelles de couches, ou
lames très - minces & luifantes , en
façon de pelures d'oignons , qui fe
font enfuite durcies Se pétrifiées; car
leur matière eft la même que celle de
la Nacre Se des autres Coquilles.
Michel - Bernard Valentini ,
dans fon Hifloria Simplicium reformata ,
après avoir rapporté les diverfes opi-
nions des Auteurs , touchant la gé-
nération des Perles, embraiTe le fen-
timent de ceux qui penfent que les-
Perles font autant de petits œufs , qui
proviennent uniquement des Coquil-
lages femelles en vertu d'un accouple-
ment ordinaire, Se qui en produîfent
de nouveaux de l'un & de l'autre
fexe; mats les hiftoires qu'il raconte
à ce fujet , quoiqu'elles lui femblent
iuffifamment circonftanciées & confta-
N A C 213
tées par des témoignages authentiques,
paroifTent néanmoins plus ridicules que
férieufes, plus fabuleufes que vérita-
bles. Mais écoutons M. de Réaumur ,
Mém. de P Acad. des Sciences ,
p. 186. Les Anciens, dit cet Acadé--
mieien , n'ont débité que du fabuleux
fur l'origine des Perles. La Phyfique
eft trop avancée pour qu'il foit befoiti
de prouver qu'elles ne font point pro-
duites par la rofée célefte , malgré ce
qu'en ont dit des Auteurs graves.
Ceux qui les ont prifes pour des œufs
des poiffons où on les trouve, ne mé-
ritent pas non plus qu'on s'y arrête.
M. Geoffroy le jeune les range
parmi les Bézoards , pareequ'il met
dans cette claffe toutes les pierres for^-
mées par couches , qui s'engendrent
dans les animaux. La pierre qu'on ap^
pelle Perle eft d'une eau argentée ,>
approchante de celle de la Nacre. La
beauté de l'eau de Perle peut furpafTer
même celle de la Nacre de la coquille ,
quoique formées toutes deux d'une
même matière. Celle de la Nacre de
la coquille fe porte jufqu'au dehors-
du corps de l'animal, où elle eft tou-
chée par des eaux bourbeufes , qui
altèrent fa couleur , au -lieu que la
matière de. l'autre a été reçue entre
les membranes , qui l'ont mife à cou-
vert. La matière des Perles n'eft autre
que celle qui forme la Nacre de la'
coquille. M. de Réaumu r s'eft
confirmé dans ce fentim^nt par les
obfervations qu'il a faites fur la Pinne
marine. Il en a trouvé dans ce Co-
quillage de différentes couleurs , 8c
fur-tout de deux fortes; les unes dont
les nuances approchent de celles de la
Nacre , Se les autres d'une couleur
rougeâtre , conformément à la coquil-
le , qui eft compofée de deux couches
de couleur différente , l'une rougeâ-
tre Se l'autre de couleur de Nacre ,
pareeque l'animal a des fucs pierreux
colorés , pour fournir aux Perles de
ces deux couleurs principales. Si les
vaifteaux qui portent le fuc propre à-
ii 4 N A G
bâtir la Nacre fe brifenf , ils forment
une Perle de couleur de Nacre. Si les
vaifleaux qui fe brifent font ceux qui
portent le fuc dont l'autre partie de
la coquille efk bâtie , l'épanchement
de ce fuc produira des Perles rougeâ-
tres , ou de couleur d'Ambre , comme
la coquille qui en eut été formée ; ainfi
en deux mots dans les parties du poif-
fon , qui forment la coquille de couleur
rongeâtre , on trouve des Perles de
la même couleur , & dans les parties
du poilTon , qui répondent aux endroits
de la coquille où cft la Nacre , on
trouve les Perles de couleur de Na-
cre.
11 y a des Perles noires , ou plutôt
noirâtres , ajoute M.deRéau MV B,
Il en a trouvé dans la Pinne marine ,
qui ont été obfcurcies par le mélange
de quelque fuc , qui leur donne une
grande partie de leur opacité 8c de leur
couleur brune ; mais en dedans , quand
elles font brifées , on voit qu'elles ont
une couleur approchante de celle des
Perles jaunâtres ou rougeàtres. 11 y
a encore des Perles , dont une moitié
eft de couleur de Ndcrc , Se l'autre
moitié noirâtre: c'eft qu'elles ont été
formées dans le confluent de deux vail-
feaux à fucs de différentes couleurs.
Les Jouailliers appellent loupe de
Perle un fuc pierreux , qui s'échappe
plus abondamment 5c qui fe figeant
forme une efpece de nœud. Quand
ils en trouvent de demî-fphériques ,
ils les font feier , & de deux de même
groifeur collées enfemble , ils compo-
fent une Perle. Les Perles les plus efti-
mées font les Perles Orientales ,8c en-
tre celles-là on choifit les plus greffes,
qui foient en même temps parfaite-
ment rondes , polies, blanches, liman-
tes ou tranfparentes : c'eft ce qu'on ap-
pelle Perles d'une belle eau. Le prix eft
plus ou moins haut , fuivant qu'elles
approchent plus ou moins de ces qua-
lités. On ne les emploie que pour les
colliers Se Les braflelets. Mais on fe
fert en Médecins des Perles menues ,
N A C
qu'on appelle femenecs de Perles , par-
cequ'elles rellemblent à des femences.
Elles n'ont pas moins de vertu que lea
grolfes & ne coûtent pas tant. Il faut
néanmoins les choihr Orientales , blan-
ches , claires , tranfparentes Se nettes.
On les prépare en les broyant fur le
Porphyre , jufqu'à ce qu'elles foient
réduites en poudre impalpable. Quant
aux coquilles , on choiiit les plus belles
Se les plus luifantes. On les taille Se
on en fait des cuilliers , des jettons
Se beaucoup d'autres petits ouvrages
polis, doux au toucher, luifans, fort
agréables à la vue. On en broyé auffi
fur le Porphyre , pour les réduire en
poudre impalpable , Se c'elt ce qu'on
appelle Nacre de Perle préparée. Les
femmes en emploient pour le fard.
La Nacre de Perles , difent les Au-
teurs de la Suite de la Matière Médi-
cale, eft regardée en Médecine comme
un bon ablorbant , qui s'emploie dans
le même cas que les coquilles d'Huî-
tres, dont nous venons de parler. On
en forme un fel & un magiftere par le
fecours de la Chymie , dont le pre-
mier fe donne à la dofe de dix à vingt
grains , Se le fécond de vingt à trente ,
iorfqu'il s'agit d'arrêter le vomilfcment
Se le dévoiement caufés par un acide
dominant dans les premières voies ;
mais il vaut mieux dans ce cas-là faire
prendre la Nacre de Perles , fans autre
préparation que celle du Porphyre ,
que d'en faire un fel ou un magiftere
par le moyen du vinaigre : cet acide
énerve fa vertu abforbante Se fait qu'el-
le agit moins efficacement contre les
aigres de l'eftomac : c'eft ce que l'ex-
périence prouve tous les jours Se on
• n'a prefquc aucun effet fenfible de ces
préparations chymiques. On en fait
aufli des tablettes abforbantes pour les
mêmes ufages , lefqtielles fe donnent
depuis un gros jufqu'à deux.
La Nacre de Perler entre dans la
poudre peilorale Se dans l'emplâtre
ftyptique de là Pharmacopée de Paris.
Les PerLs, difent les Auteurs de I»
N A C
'Suite de la Matière Médicale , fervent
en Médecine à augmenter la pompe
Se le prix de plufieurs difpenfations ,
fans en augmenter le mérite; car elles
n'ont pas d'autre vertu que les coquil-
les qui les renferment , c'eft-à-dire
qu'elles font bonnes pour détruire Se
amortir les acides , comme font toutes
ies matières abforbantes 8c alcalines.
Ainfi l'on s'en fert avantageufement
contre les aigreurs de l'eftomac , con-
tre la faim canine , dans les cours de
•ventre , Se dans les hémorrhagies. La
dofe en eft depuis quinze grains juf-
qu'à un demi -gros. On les emploie
encore dans les potions cordiales pour
réfiiler à la malignité des humeurs , Se
pour réparer les forces abattues : mais
cette dernière vertu ne nous paroît
devoir être attribuée qu'à leur qualité
alcaline, qui abforbant les acides de
l'eftomac qui quelquefois caufent la
cardialgie Se la lypothymie , en irri-
tant les nerfs du Plexus ftomachique ,
Se faifant ceiTer fubitement ces fyinpto-
mes , a fait croire qu'elles étoient cor-
diales par elles-mêmes , quoiqu'elles
ne le foient que par accident à la façon
des Coraux Se des yeux d'Écrevines.
Ainfi nous croyons que l'idée qu'on fe
forme des Perles , comme d'une pro-
duction précieufe , influe beaucoup fur
les qualités qu'on leur attribue. Les
Apothicaires y trouvent leur compte
en les taxant dans leurs remèdes com-
me s'ils avoient employé les plus
grottes Perles de l'Orient Se de la plus
belle eau , Se le malade a l'efprit fatif-
fait en penfant qu'un remède extrême-
ment cher doit lui faire beaucoup de
bien.
Au refte de favans Médecins ont
alfez écrit fur cette charlatanerie pour
nous difpenfer d'en dire ici davantage.
11 paroît cependant qu'il devroit être
bien clair pour tout le monde , que fi
les remèdes tes plus chers avoient le
plus de vertu , les pauvres feroient
exclus de leur ufage , Se qu'il n'y au-
roit que les riches qui pourroient fe
N A D aij
guérir avec facilité, ce quiferoit con-
traire à la bonté de Dieu & à fa Pro-
vidence , qui a établi la Médecine pour
le foulagement de tous les hommes ,
Se qui pour cette fin tire des chofes
les plus viles en apparence , les remè-
des les plus fouverains.C'eft ainfi que
parlent les Auteurs de la Suite de la
Matière Médicale ci-deflus cités fur la
propriété des Perles en Médecine.
La Nacre de Perler , ou la Mere des
Perles , eft la Mater Perlamm de
Schroderus, p. 530. Se de Dale ,
p. 397.
La Concha Margaritifera de Jons-
TON , p. 13. de DELON , p. 402.
(PAl-Drovande, p. 418, & de Char-
LETON , p. 6~4.
La Concba mater Vnïenitm de RoN-*
DELET , p. 3 3.
La Concha mater Unionum ditla, ou
Margaritifera de Bonanni , p. 03.
La Concha Margaritifera , plerifque
Berberis antiquïs Indis dtëla,àz Lister ,
p. 56.
La Concha valvis aqualibus , medio-
crïttr , vel leviter umbonata, deL A N-
dus, p, 69,
Et la Concha, qitœ Margaritas fert ,
Oflrea Margaritarum mater , feuMar-
garitigena de quelques-uns.
N A D
NADELLE, ou MELETTE ,
nom, dit Rondelet, que l'on donne
en Languedoc À la quatrième efpece
d'Aphys, petit poiflon qu'ARisTOTE
nomme A\,hys Phalérique. Voyez au
mot A P H Y S.
N A D D I : C'eft un poiffon du
genre des Carpes , Se de la famille des
poiflons à nageoires molles , que M.
LiNNJtus nomme ( Fauna Suec. n.
325.) Cyprimts pinn.t ani radiis un-
decim , pinnis albentilnts ; Arte di
( Ichth. gin. 5. Synon. 5. f'pec. 12. ) ;
Cyprinus obuongus iride argenteâ, pinnis
albetttibus , Se Cyprinus oblor.gus , figura
rutilâ , pinnâ ani ojficidorum decem.
f lLHJGHCï( kbth. p. 263. ) , Se
zi6 N A G
N A G
Ray ( Symp. Met h. Pifc. p. 1 2 5 . ».
z8.) , difent que c'eft une efpece de
Goujcon, nommé à Augfbourg Grijîa-
gïne s Grceflwg en Allemand , veut dire
Goujeon.hes Suédois le nomment Staem.
On en voit en Angermanie & dans la
\Ceftrobothnie. M. L 1 n n m u s mar-
que qu'il eft plus commun dans les
parties Boréales de la Suéde qu'ail-
leurs. M. ^argentin, Secrétaire
de l'Académie Royale de Hulm , Lui
en a envoyé un qui venoit de la Fin-
lande : il avoit été pris à Helfingfors ,
011 il ell connu fous le nom de Naddi.
Comme on ne trouve nuLe part une
figure exacte dé ce poiflbn , M. L 1 n-
ki us en donne une , avec la des-
cription fui vante.
Ce poiflbn a un pied de long , Se
quatre pouces de large , la tête large ,
obtufe , unie , le haut brun , les côtés
argentés , & la mâchoire fupérieure un
peuplas longue que l'inférieure. L'iris
eft pâle ; les trous des nageoires font
doubles , la bouche eft fans dents ; la
membrane des ouies a trois rayons ,
comme celles de tous les poiflbns du
£enre des Cyprins • la nageoire du dos
en a dix , dont les deux premiers font
{impies & l'un proche de l'autre ; celles
de la poitrine dix-fept , dont le pre-
mier eft fimple ; celles du ventre neuf,
le premier eft fimple; celle de l'anus
pnze , les deux premiers font fimpies ,
le premier eft très-court. La nageoire de
laqueue, qui eft la queue même, con-
cile en dix-huit rayons. Cette queue eft
fourchue. La couleur du Naddi fur le
dos eft brune , blanche aux côtés , ar-
"gerttée au ventre , & rouiïb à la poï-
crine. Les nageoires de la poitrine font
joufles dans le milieu , & celle de l'anus
eft prefque d'un incarnat pale : les écail-
les font larges , obtufes Se ftriées, La
ligne que ce poiflbn a fur le côté eft
à peine vifible. Il eft figuré dans les
/Ides d'UpJal , année 1750. _p. 3$.
N A G
NAGEUR: Serpent aquatique
qui crie comme la Grenouille. A m-«
b r o s 1 n en donne la defcription ,
& Ra y , Syn'jp.Çhiad. p. 334. Wor-
mius dit qu'il fe nourrit de grains,
d'infecies, de tout ce qu'il trouve , Se
comme la Vipère , il fait la chafle aux
Rats. Cet! la Matrix tvrquata des La-
tins , que les Anglois nomment tht
Commun Snaiie. En François on l'ap-
pelle Charbonnier. Voyez CHAR-
BONNIER.
Il eft parlé de ce Serpent dans G E s-
n er , Serp.p. 43 . dans Âldrovande r
Serp. p. 287. dans C H A R L E T o n ,
Onom. 3 3. dans Petivert, M if.
17. n. 101.. ainfi que dans plufieurs
autres Naturaliftes.
N A G M E U L , du Latin Net-
gemulnr , nom que les Allemands don-
nent à un poiflbn qui fe pêche dans
le Danube , & en Bavière , dans un
lac nommé Amm rfét , dit G e s n e r
(de Aquat. Parai, p. 1288 ). C'eft
leLucio-Perca deScHONNEV eld,
lchth. p. 4 3 . de W 1 l l u g h b y , h h:h.
p. 293.. & de Ray , Sytop. Pijc. p.
98. ». 24. C'eft le S'chiius, ou le Na-
gemulus d'A ldeovandi.I. K
£. y a. p. 66 j de Jonston, L.
III. c. y. Se de C H A R L e t o n , p.
1 64. Les Suédois le nomment Gws ;
en Poméranie on lui donne le nom de
Sandat , Se à Augfbourg celui de Schin-
del. A a t e D 1 ( I-chth. Part. V. p.
6j. ». 2. ) , le met dans le rang des
poiflbns à nageoires épineufes , I'iJ'cei
acanthopterygii , & il le nomme Perça
pailidè maculoj'a , dentibus duobus utrin-
que majoribits. Ce poiflbn eft une ef-
pece de Perche , quelquefois - long
d'une aune , dit R a y , Se il y en a
qui ont un pied Se demi de long , &
rarement paflent-ils le poids de dix
livres. Il eft plus long que la Perche ,
Se va toujours en diminuant jufqu'à
fa queue. Son mufeau eft plus long
que pointu ; fou dos n'eft pas entière-
ment élevé. Il a le ventre large &
plat; aux écailles des bordures rudes:
le dos Se les côtés font d'un brun fa te
tirant
N A I N A R
tirant fur Je jaune , avec des traits de
couleur obfcure fans ordre. Les nageoi-
res du ventre, Se le ventre même font
un peu rouges ; mais moins que la Per-
che. La mâchoire fupérieure eft un
peu élevée au-deffus de l'inférieure,
Se toutes les deux font garnies de pe-
tites dents. Ses nageoires font garnies
d'aiguillons pointus , Se fa chair eft
tres-blancJie. Voyez PERCHE.
N A I
N Aï A: C'eft une petite Vipère
qui fe trouve dans Plfle de Ceylan.
S e n a donne la figure de deux ef-
peces ( The], i. Tah- 43.». 4. & 5. ) ;
elles fe retlemblent par la conforma-
tion du corps apparie. Celle du «.5.
a diverfes bandelettes blanchâtres, en
forme d'anneaux , qui l'entourent toute
entière jufqu'au ventre ;fa tête eft pe-
tite & d'une extrême blancheur , mar-
quetée de tacrus rouges , ce qui eft
d'une grande beauté. Les écailles qui
couvrent le dos ne font point plus
grofleS que celles du refte du corps.
La couleur des écailles du ventre , eft
c'un cendré tirant fur le jaune.
N A R
KAREL:M.Adansok( Hifi.
Aes Coquillages du Sénégal , p. 59. )
nomme ainfila féconde efpece de Por-
celaine , qu'il a obfervée furies côtes
du Sénégal , autour des rochers de
Plfle deGorée. Ce Coquillage unival-
ve , figuré à la Planche XV. w. 2. dif-
fère , dit l'Auteur, de la première ef-
pece par fa coquille : elle a à peine
un pouce de longueur Se une fois moins
de largeur. Sa furface extérieure eft
relevée de quinze canelures , ou pe-
tites côtes parallèles à fa longueur ,
Se qui ne paroifTent que dans la par-
tie inférieure des fpires, dans l'endroit
où leur renflement eft plus confidéra-
ble Son ouverture eft beaucoup moins
évafée que dans la précédente. Elle a
une longueur quintuple de fa largeur.
Sa couleur eft quelquefois blanche fans
Tome III.
N A R 217
m Mange, quelquefois veinée d'un grand
nombre de lignes grifes.qui font ondées
en zig-zagsparallelement A fa longueur.
NAKHWAL, poiflbn cétacée ,
dont le caractère eft d'avoir à la mâ-
choire fupérieure feulement deux dents
très -longues, droites , & qui s'allon-
gent en avant. C'eft le Ceratodon de M.
Brisson(j). 3 66. ) , le Narhwal
de M. Klein { Pifc. Mifiz. p. 18.
Toi, 2. Litt. C. ) > le Monoceros pif-
cïî è ginere cetacco de R a y ( Synop.
Pifc. p. 1 1. n. 6. J , Se de Wii.lughby
C Hifi. Pifc. p. 42. ) ; c'eft aufti le Mo-
nocaos unicornit de M. L 1 n n A' V S
( Syfi. Nat. Edit. 6. g. 98. Jpec. r.),
de Cha r letonC Exercit. p. 47.) ,
du Miif&ian Wormerfe ( p- 282. ) , Se
enfin le Monodon d'A rtedi ( gen.
Pifc. g. 49. J'p. 1. Synop. Pifc. gen. 40.
jp. 1 ) ; c'eft la Licorne de mer de M.
A n d e K s o n ( Hifi. d'ifiande & de
Groenl.indc , Tome II. p. 102. fig. p.
108.). Les Suédois, félon M. Lin-
N m v s , l'appellent Evhocrning ; les
lilandois , diient Ray, Willughbt
Se Artedi , le nomment Narhival ,
de même que les Septentrionaux, au
rapport de Charleton; Se les
Groenlandois lui donnent le nom de
Towackj comme le remarque M. An-
D E R S O N.
La longueur ordinaire du eorp de
cette bête marine eft d'environ vingt
ou vingt-deux pieds ; il y en a de
quarante à foixante pieds , félon M.
Anderson ( Hifi. d'ijl. &de Groenl. ) ;
fa têne eft très-petite en comparaifon
de la grofleur de fon corps. Cet ani-
mal a à la mâchoire fupérieure deux
dents ; mais il eft très-rare de trouver
le poiflbn avec ces deux dents , parce -
qu'il y en a ordinairement une qui
périt dans fon alvéole. La preuve de
cela , c'eft que les jeunes en ont deux ,
dit M. Anderson. Ces dents font
longues de fix ou de fept pieds , droites,
tortillées en fpirale. Mais quelques
Auteurs difent avoit trouvé quelques-
unes de ces dents qui n'étoient point
2i8 NAR
NAS
tortillées en fpirale , maïs lîffes d'un
bout à l'autre. C'eft peut-être une au-
tre efpece de Narh wal. Ces dents per-
cent la lèvre fupérieure ,.& s'allongent
en avant. Les yeux font très-petits.
Il a par-dedus la tête un canal, par
lequel il rejette l'eau ; il n'a point de
nageoires fur le dos: il en a feulement
une de chaque côté Se tics-petite. Sa
peau eft très-lHTe , blanche , Se mar-
quée fur le dos de taches noires. On
le trouve ordinairement fur les côtes
d'IflandeSe deGroenlande , 8c dans le
Détroit de Davis. Voyez Tome I. de
ce Dictionnaire , au mot BALEINE ,
jeptieme ejpece , p. 221.
NARINARI, efpece de Raie
du Biéfil , dont parle Marc Grave
{JJifi. Braf. Tab. 39.J. Les Hollan-
dois nomment ce poiiTon Fiiljert , ou
Seicles, félon Ray (Synop. Mcih. Pifc.
p. 24. n. 4. ), Se Deicle , félon Ru y se h
( de Pifc p. 146. ) ; en Anglois , the
Whip - Ray. Le Narinari a le corps
grand , large , préfque triangulaire , Se
à chaque côté une nageoire très-large ,
triangulaire Se charnue. Sa tête eft à-
peu-pres de la grandeur de celle d'un
Porc médiocre , greffe Se ramaiTée.
Au milieu il y a une efpece de fûfïc-j
Il eft fans dents ; mais au lieu de dents ,
il a dans la bouche des os qui fonteom-
pofés de plufieurs o(Telets;fes yeux font
petits; le deffus du corps eft de couleur
de fer , ou bleue félon Sloane,
Se marqué de taches rondes Se blanches.
Le ventre eft blanc , & fa peau eft
unie. Proche de fa queue il a deux cro-
chets , faits comme les hameçons d'un
Pêcheur : ils font longs de trois doigts.
On voit la figure de ce poifTon à la
Tab. 3 o. de R u ï s c h , p. 144. de
Pifcib.
NARTARUGA, nom que les
Portugais donnent à une efpece de
Tortue , qu'on nomme Juracua au Bré-
fil. Voyez TORTUE.
NARVAL,. poifTon cétacée „
qui eft une efpece de Baleine. Voyez
NARHWÂL Se BALEINE..
NASELLO,ouASELLO t ,
noms , dit Rondelet, qu'on don-
ne en dift'érens endroits d'Italie , au
Merlu. Voyez ce mot.
NAS EN, ou NASE.nomque
les Allemands donnent à un poifTori
de rivière , qu'A R t e d i C Itbth,
Part. V. p. 6. n. 9. ) nomme Cypri-
nus roftro nafiformi promirunte , ptnnà
ani ujjhulorum quatuor ueditt. Albert
le Grand , Gesner (de AtfUau
p. 732-) , A r. d r o v a n d e ( L.V.
C. 16. p. 6l I . ), S C H O N N E V E L D
(p. 52.),CHARLETON(p. I5CT. ),
J O N S T O N ( L. ///. C 9, 5 » W I L-
lughey (p. 254.), & R a y ( Sy-
nop. Pifc. p. 119. ) , parlent de ce
poifTon , qu'on nomme Savetta en Ita-
lie , Se Siteta à Ferrare , dit B e l o n_
Ce poifTon , qui eft du nombre de ceux
qui ont les nageoires molles , Pij'cet
malacopterygii » eft, felonRAY , de
la longueur d'un pied , Se reffemble
pour la figure Se la couleur , au Gar-
don , ou au Capito , efpece de Muge.
Il a le ventre & les côtés de couleur
d'argent. Toutes les nageoires du ven-
tre , Se la partie inférieure de la queue
dans quelques-unsfont rouges : il a fur
le derrière de la tête une tache noire.
Sa tête ell petite, fon ventre eilplat
Se large : il a des lignes qui font plus
près du ventre que du dos ; fon mu-
feau eft un peu élevé , d'où lui eft
venu le nom de Nafe ; fa bouche
eft petite , dans laquelle il n'a point de
dents. If a le crâne luifant , l'iris tire
entre la couleur dorée, Se la couleur
d'argent, les caroncules de fes ouïes
faites en forme de peigne , font très-
petites. Parla fituation de fes nageoires
qu'il a fur le dos , Se par le nombre
des rayons , il convient avec la Brème.
Sa chair eft blanche , infipide ,.Sc rem-
plie d'arêtes.
R u y s c h ( de Fifcih. p. 2 y. Tab.
1:3. ». 14. ) parle d'un poifTon des Inde*
Orientales , auquel il donne le même
nom , pareequ'il a la mâchoire fupé-
rieure très-longue Se élevée. Il croîï'.
N A T
150e c'eft un poifïbn cornu , pareequ'Il a
un aiguillon fur le dos aflez élevé.
Sa têt<-' eft bleue • fon corps depuis le
dos jufqu'aux côtés eft brun. Le ven-
tre eft de couleur jaune. Ses nageoires
font courtes. Il en a deux proche des
ouïes , 3c doux autres fous la tête , qui
vont jnfqu'au ventre.
N A T
NAT1 C E, en Latîn Natica,
nom abandonné , dit M. Adanson
(jJijl- Nut. des Coquillages du Sénégal,
p. 172,) , que les Anciens donnoient
autrefois à un genre de Coquillage ,
a(Tez femblable à la Nérite. L'Auteur
le fait revivre , Se fous le nom de Na-
tice établit un genre de Coquillage
operculé des côtes du Sénégal. Ce
genre renferme quatre efpoces. Il nom-
me la première Fojfar , la féconde No-
tice , la croifieme h" and , Se la quatrième
Cochet. M. d'Argesville ( Fart.
II. p. 33. Edit. 1757. > dit que la
Natice elt un Limaçon abouche demi-
ronde , qui n'a point de gencives, ni
de dents , & qui ne dilfere de la Né-
rite que par ces deux endroits. Je ne
vais parler ici que de la Natice propre-
ment dite. Voyez les autres aux noms
qu'on leur a donnés.
La coquille de la Natice , figurée
chez l'Auteur Planche XIII. n. 2. eft,
dit-il , arrondie , femblable à celle du
Limaçon des Jardins , appellée la Vi-
gneronne ; mais elle eft un peu plus
épaiife , longue de feïze lignes , Se un
fixieme moins large. On n'y compte
que fept fpires renflées , arrondies Se
d'un beau poli. Le fommet forme un
cône furbaiifé , peu pointu à fon ex-
trémité , une fois plus large que long.
Se prefqu'une fois plus court que l'ou-
verture: celle-ci a la lèvre droite (Im-
pie Se unie ; fa lèvre gauche n'eft re-
pliée que dans le bas en une lame peu
«pailTe , qui occupe A-peu-près le tiers
de fa longueur. L'ombilic fe trouve
exactement vers le milieu de cette co-
cmilleâl eft deux fois plus court qu'elle
HAT 2x9
8c porte vers le dos un renflement de-
mi-cylindrique , en forme d axe autour
duquel les fpires feroient leurs circon-
volutions. Cet axe n'occupe que la
moitié de l'ombilic dans les jeunes
coquilles , au-lïeu qu'il le bouche pref-
qu'entierement dans les vieilles. Le
périofte qui les enveloppe eft fauve Se
très- mince , le fond de leur couleur
eft blanc , rayé longitudinalement de
lignes fauves qui recouvrent prefque
en entier fa furface. La première {pire
eft encore entourée de quatre bandes,
dont la première qui borde l'ombilic
eft brune Se fort large ; les deux au-
tres qui fuivent font étroites Se blan-
ches ; la quatrième qui eft placée dans
fa partie inférieure elt blanche Se mar-
brée de brun. Les autres fpires , aufll-
bien que les jeunes coquilles,n'ont que
cette dernière bande. La couleur du
dedans eft jaunâtre. Ce Coquillage ,
nous dit l'Auteur , vit parmi les Al-
gues marines dans les fables de l'Anfc
de Ben , où il rempe à la profon-
deur de deux pouces ou environ. 11 ne
diffère peutêtre que par l'éloignement
du climat , de celui de nos côtes , qui a
été communiqué à M. Adanson
par M. de Jussieu , qui l'a ob-
fervé dans les fables des environs de
Dieppe.
Ce Coquillage eft le même que la
Cochlea umbilicata , cum operculo Juo ,
de Ronde 1, et( Pifc. Pan II. Edit.
Lat. p. 105.), que cet Auteur nomme
dans l'Édition Françoife C p- jo. ) , Co-
quille ayant un trou avec fon opercule ,
ainfi que de B o s s u e T ( Aquat. Fars
ait. p. 53.),deGE«NER( Aquat. p.
280".}, Se d' Aldrq VANDE , Exjangï
P- 197- ,
La Cochlea maris Méditerranée ne*
rara , Perlata dicenda à colore unio-
nïs , Jkb cortice velttti ovi Stntthio-
Cameli cdato ,deBoNANNi( Recr.
p. 1 3 3. clajf. 3. n. 16%. ),&e du Muftum
de K 1 R k e r , p. 459. ». 168.
La Cochlea tefla craffà &ponderofâ,
colore çaraeo , maculis rufis , & cafta-
E e ij
220 N A V
neis , inviccm alternatif vlltat.t , du
même B o n a n n i ( s. i <5q. ) , Se
du M.ijleum de K i r k e r , p. 450.
n. ifjo.
La Cochléa umbïïicat.i , infiar gloki
perfectè cireïnata & lavis , colore Ony-
ebtm , de Bonanni ( p. 141. ».
225.), & du Mujdiim de Kirker,
4^2. ». 225.
La Cochlea alla fiimilis figura , lavis
& nitida , afiperfia coloribus fubviridi ,
rufo & croceo,veluti aqttâ multà dilutis ;
orbium commijjuris àfiaficiolâ albâ cla-
vicuiatim intortâ indicatis ; bafii veiuti
ficapi orbes fulcientis in centra confipicuâ,
de Bonanni ( ibid, n. 226. ) , Se
de Kirker, p. 462. «. zz6.
La Gtchlea fublivida , orefnfico,ad
bafim cujufque orbis vehui funïculo de-
pifla , Angiica , de L 1 s T E R , Hifl.
Conchyt. Tab. 5 t5"S . fig. 19.
La Cochlea marina terrefirifiormis,U-
vis, de L a N" G 1 us, Aletb. p. 5 2.
La Cochlea urnbilicata foramine fipi-
raritnt fiernicirculari , umbilicali verà
/implici , Ittvis , du même Langi US,.
£■ 54-
Le Pïatyflomaorefimplici zfaficiatum,
ponderofum, carneitm , ritfis & caflaneis
maculis ahernantibttsfaficiatum, de M..
Klein, Tent.p. ij.jp- 1 . n. 1 . & 9,
Le Platyfloma ore fimbriato , Ony-
chium , du même, ibid. p, i^-Jp* a.
». 4.
Le Platyfioma ore fimbriato , varie-
gatum coloribus fubviridi , rufo &
croceo , dilittis , commijjuris à fafciolâ
albâ claviculatim intortâ in umbilico.
fultis, du même Auteur , ibid. n. y.
Le Flatyfioma ore fimbriato , fiubli-
vidum , ère fufco , ad bafim cujufque
trbis velutfttniculô conftrilîum , du mê-
me , ibid. ». 6.
N A V
NAVETTE DE TISSERAND,
Coquillage du genre des Porcelaines r
peu commun , affez femblable à un
œuf pour la forme , de même que pour
laxauleur „ excepté que fes deux bouts
N A U
font beaucoup plus allongés, Se. plus
pointus. Voyez PORCELAINE.
NAUTILE, genre de Co-
quillage, de forme ronde , oblong ,
mince, épais, à oreilles, ou fans oreil-
les, uni, Se quelquefois canelé , imi-
tant le vaiiTeau , dont M, d'AiiGen-
ville (p. 108. Edit. 1 7 y 7. ) compofe
la feptieme famille de fes univalves.
Bo n a n n 1 dit : NautUus fie diclus à
navigando. Naittïhts à voce Gr&câ
N-jut<? cç âerinatur , pir quant Pijcis &
Naitta fignificatur : tefia enim hujus tefi
tacti navicjdam pr& fie fert eminente
puppe , in fie ipfiam aliquantulnm tranfi-
verfiim contortam. Quelques Auteurs ,
comme Aldrovande Se Lister
Pcntap pellé Pompilus.Naitplius, Nan-
tit us , ovurn Polypi , Polypus , Polypus
tefilaceus. Le terme le plus ufité eiV
NautUus. C'eftde lui que les hommes
ont appris l'art de la navigation , &
plu fleurs l'appellent le Voilier , quel-
ques-uns Cymbimn , qui eft le Nau-
tile papyracé fans cloifons.
On connoît deux efpeces de Nau-
tile : le premier elt le papyracé , ap-
pellé NautUus Polypofius, qui n'eft point
attaché à fa coquille, Se qui la quitte
fouvent pour venir paître à terre , dit
P l 1 n E ( L. IX. c. 2Q. )j Quand il
veut nager il vuide Ion eau , pour être
plus léger ; il étend en haut deux de
fes bras , entre lefquels eft une mem-
brane légère, qui lui fert de voile p -
Si les deux autres en bas dans la mer
qui lui tiennent lieu d'aviron : fa queue
eft fon gouvernail. Dans une forte
tempête, ou quand il entend du bruit
il retire fes pieds, remplit fa coquille
d'eau , Se par ce poids fe coule au fond
de l'eau. Aldrovande( Exfiang,
p. 10. & 261.) Se plufieurs autres s .
veulent que les Nautiles croiffent
d'eux-mêmes, Se qu'à l'exemple du
Polype , ils marchent & hument l'eau
par les cavités qui fe trouvent le long
de leurs pieds. C'eft par ces mêmes
trous qu'ils fe vin'dent pour fe rendre
glus légers quand ils veulent navigejy.
N A U
L'autre Nautile , nommé Nautîlns
Indiens , &parRuMPHius, Nau-
rihts major feu crajfus , a fa maifon
plus épaifTe Se ne la quitte jamais ; fon
intérieur eft partagé en quarante cel-
lules ou cloifons qui diminuent à me-
fure qu'elles approchent de leur cen-
tre : on prétend qu'il paffe de l'une
de ces cloifons dans l'autre par un pe-
tit tuyau , pour pénétrer dans la cel-
lule la plus reculée. Ce trou , qui eft
fort étroit, Se par où pourroit à peine
paffer la plus petite alêne , rend ce fen-
timent prefqu'ïncroyable. Ce poiffon
occupe fans doute l'efpace le plus large
de fa coquille depuis fon ouverture
jufqu'à la première cloifon ; Se le nerf
qui paiïe au travers de toutes ces cloi-
fons , fert à le retenir dans fa prifon ,
à donner la vie à toutes les cellules,
& à y porter Pair & l'eau par le pe-
tit canal , pour appefantir fa coquille.
On ne peut penler autrement d'un
poiffon en chair Se en os , tel que le
repréfente Rumphius, A r i s-
T o t e a décrit deux efpcces de Nau-
tiles. Rondelet appelle le Nau-
tile ordinaire , Cochlea Margaritifera
vulgo diila , feulement à caufe de fa
belle couleur de nacre , car on n'y
trouve point de Perles. Hookiu s
prétend que dans le creux des cellules
àu Nautile on trouve des eillorefcen-
ces de fel marin , & qu'ainfi l'air y a
paffé avec l'eau de la mer. RuïSCH
( Jheat. Anim. Tome II. p. 30. ) donne
quatre figures de Nautiles. Les ef-
pcces particulières font , le Papyracé ,
ceux à cloifons Se à oreilles , Se celui
qui eft ombiliqué.
La Planche V. de la Conchyliologie ,■
Edit. 1757,. repréfente plufieurs' ef-
pcces de Nautiles. Celui figuré à la
lettre A eft le grand Nautile Papy-
racé. Celui de la lettre B. eft plus petit
de moitié ; mais fa carene eft beaucoup
plus large. C'eft le même à la lettre
C. dont la différence confifte dans l'é-
•vafion des parties de fon ouverture à
L'endroit de Fœil , ou centre de la vo-
N A U t»4
lute. On voit à la lettre D. ua tres-
petit Nautile chambré. Le Nautile
de la lettre E. eft très-grand ,fa robe
eft unie , de couleur fauve , Se tachetée
de blanc ; celui de la lettre F. eft ua
Nautile , qui à Pceil ou au centre de
l'a volute a un petit trou qui traverfe ,
ce qui le fait nommer ombiliqué. Voilà
pour ce qui regarde la coquille du
Nautile. Quant à Fanimal , l'Auteur
dans la féconde Partie , Planche IL
donne trois figures.
La première eft le Nautile , que
Rumphius appelle Nautilus major
feu crajjits. L'animal qui l'habite , dit
M. d' A R (j en ville > eft une ef-
pece de Polype à huit pieds. Quand
l'animal fe retire , il ne remplit pas
tout-à-fait fa coquille. Le derrière da'
fon corps eft creux & couvert de por-
reaux ; le defiùs eft plat , cartilagineux
8c ridé , tirant fur la couleur fombn»
avec de certaines taches noires. On
voit à la partie de devant une mul-
titude de petits pieds pofés l'un fur
l'autre , avec plufieurs lambeaux cou-
vrant la bouche des deux côtés. Ces
lambeaux reiïemblent à la main d'un
enfant , Se fe divifent en vingt doigts
qui font de la grofTeur d'un fétu de
paille , Se de la longueur d'un demi
doigt. Plufieurs lambeaux fontau-defc
fus les uns des autres , féparés en plu-
fieurs doigts , qui vont en diminuant
jufqu'à la bouche : c'eft avec ces lam-
beaux Se ces doigts que l'animal peut
s'allonger Se fe retirer , qu'il fe traîne ,
prend fa nourriture & la porte à fa
bouche. Cette bouche eft faite , comme
le bec d'un oifeau, ou comme le Chat
de mer; favoir la partie d'en haut
grande , un peu crénelée en forme de
dents fur les côtés; la partie de deiïùs
eft recouverte par celle de deiïbus , au
travers de laquelle il s'eft fait jour.
La bouche eft dure comme un os ; elle
eft entourée d'une chair blanche , Se
d'une autre petite peau qui couvre
prefque tout le bec. Les yeux font
gros comme des Fèves ,. formés fans-
zn N A U
eryftalîn , ni fans paupières fur les cô-
tés près de la gorge , Se font remplis
d'un fang noir brun. Du derrière du
corps il fort une grande artere/qui parte
par tous les trous des cloifons jufqu'au
point du milieu du dedans; ce qui at-
tache le poiifon Se le fufpend à fon
écaille. On voit une demi-pipe ronde
fur le nez , ou mufeau , qui eft roulé
Se une efpece de langue qui y eft ca-
chée.
Cet animal , continue M. d'Argen-
VILLE , quand il veut voguer , eft tou-
jours feul: il fort la tête Se toutes fes
barbes , 8c les étend avec les mem-
branes de derrière. Souvent il fe traîne
en arrière , ou avec le gigot en haut,
la tête & les barbes en bas ; mais il
cil: le plus fouvent à terre , ou dans
quelques cavités bourbeufes , où fe
retirent les autres poifïbns pendant les
tempêtes. Dans le beau temps il relie
peu fur l'eau. Alors fes barbes fe re-
tirent , il tourne fon gigot , Se va au
fond de l'eau , où l'on croit que font
les autres Nautiles.
On conclut que l'animal tient peu à
fa coquille.par les coquilles vuides que
l'on trouve flottantes , & par celles qui
font furie rivage. D'ailleurs étant fans
couverrure Se fans défenfe , il eft en
prife aux Crabes , aux Araignées Se
Scorpions de mer : ce qui fe prouve
par leurs coquilles , dont les bords font
toujours endommagés. On fait peu
d'ulage dans les tables de ce Teftacée,
dont la chair eft fort dure; mais fon
écaille fcrtàiairedes vaiffeaux à boire,
Se les Sauvages en font des cuilliers
qu'ils nomment papeâa.
La féconde figure eft celle du Nau-
îihp^.pyracé , appelle par Rumphius ,
Nautilus mimrjeh tenais , dont la vraie
figure eft plus fidèlement rapportée par
le Docteur Ruysch , dit notre Conchy-
liologue. il s'exprime ainfi : » Nous ne
»î fournies perfuadés de la vérité de cette
» figure , que parreque nous péchons
41» cet animal en Sicile , en Sardaigne ,
*» en Corfe , dans le golfe de Venife,
N A U
« dans I'Ifle Minorque , Se dans d'au-
« très lieux. On voit le poiifon fortir de
a fa coquille , où il ne tient par aucune
«partie de fon corps : aulli le trouve-
» t-on le plus fouvint féparé.« On
voit, à la figure qu'en donne l'Au-
teur , cinq de fes bras s'étendre d; s
la mer; un autre ne fe peut voir ên. ît
derrière la coquille: les uns lui fervt nt
à ramer , les autres à fe tenir en équi-
libre. Il fe fert des deux autres à fou-
tenir la pellicule, dont il faitune voile,
qui s'apperçoit en haut , animée par
le vent, Se lui fert à voguer Se à fe
conduire. La coquille a ordinairement
cinq à fix pouces de long fur trois de
haut & un de large ; fon écaille eft
d'un blanc de lait, quelquefois tirant
fur le jaune , Se eft fi mince , qu'on Lut
a donné le nom de papyracé.
La troiileme figure eft le même ani-
mal , forti de fa coquille, d'une na-
ture fcmblableà celle du fécond. C'eft
un vrai Polype repréfenté très-natu-
rellement par le Docteur R u rsc H,
Se dont l'Auteur dit conferver l'animal
dans la liqueur. Sa tête eftalfezgrofTe ,
garnie de deux yeux clairs : il a huit
pieds ou jambes d'une chair molle,
appellés barbes. Ils font plus gros par
le bout qui approche du corps , avec
une membrane légère qui lie les uns
aux autres , telle qu'on en voit dans
les Canards. Ces barbes de couleur
argentée , avec plufieurs porreaux fur
les côtés , font plates comme des rames
& lui fervent à nager. Il paroît qu'il
rame avecTes lambeaux &: fes barbes ,
& qu'il conduit fa coquille comme
on fait une chaloupe. Les fix barbes
de devant font courtes , blanches 8c
pleines de porreaux , comme tous
les Chats de mer les ont ; il les étend
de même qu'une rofeen nageant. Les
deux autres barbes de derrière , plus
longues que les autres , pendent dans
la mer pour fervir de gouvernail à fa
coquille , qu'il élevé avec fes leviers
de devant pour y recevoir re vent. Lorf-
que tout eft calme il fe met à ramer,
N A U
kaîfle fês leviers 8c fait forrir toutes
fes barbes. Dans la crainte de quel-
que péril , il fait rentrer fa chair Se
toutes fes barbes , afin que fa barque
faffe eau Se coule à fond. Souvent il
pompe Se jette l'eau de fa coquille ;
fouvent il l'abandonne : elle vient fur
l'eau , & enfuite va fe briier contre lâ
rocher..
Ce Teftacée retourne fa barque fans
dtflus delfous, quand il veut, & va
fur la tête , quand il s'élève du fond
de la mer ; mais dès qu'il a atteint la
fuperficie de l'eau , il tourne adroite-
ment fa petite barque , dont il vuide
l'eau , Se épanouillant fes barbes , il
fe met à voguer. On remarque que
ce Nautile a moins de plis que le pre-
mier ; que fa gorge eft plus large , &
que fes côtés font auffi noirs. 11 rame
plutôt qu'il ne navige.
On dit que le Nautile à cloîfons
ne vit pas longtemps hors de fà co-
quille , Se l'on en a vu qui font morts
en fortant de la mer. Leur ventre eft
rempli de quantité d'eeufs rouges ,
tons à manger , Se qui font faits com-
me de petits grains ronds , qui ont cha-
cun un petit point noîr , comme un
ceil : ils forment une malTe entourée
d'une pellicule mince , qu'on appelle
ovaire , placée comme un couffin fous
le col. Ces animaux fe trouvent allez
rarement avec leurs coquilles, dont ils
fe détachent trts-aifém:nt : il faut que
les Pêcheurs foient bien adroits pour
fes prendre enfemble. Quand ils font
pourluivis , ils tournent leur nacelle
tantôt à droite 8e tantôt à pauche. En-
fin les Pêcheurs remarquant qu'ils veu-
lent faire eau Se fe couler à fond ,
fouvent fe jettent à la nage pour les
pouvoir joindre. Voyez la Conchylio-
logie , l'art. II. p. 27. & fuiv.
Le caractère générique du Nautile,
cil: dereiïcmbler à un vaiifeau. L'Au-
teur de la Description dit Cap de Bonne-
Efpérance ,.'lo?ne III. p- 154- dit que
les Nautiles font des poitTbns teiracées,.
qu'on voit fouvent grès du Cap , Se
NAY NEB NEC 225
ce n'eft pas un petit plaif.r que de leur
voir faire leur manège fur la mer , lorf-
qu'ils font au defffis de l'eau , où il s
fe plaifent beaucoup quand le temps
eft calme. Alors ils lèvent la tête Se
élèvent une efpece de voile dont la
Nature les a pourvus. Ils voguent
d'une manière fort amufante pour le
fpectateur. Si pendant qu'ils font ainfi
occupés à faire voile , il furvient quel-
que cjiofe qui les épouvante , on les
voit caler la voile , fe coucher dans
leurs coquilles , & difparoître. Les
Hollandois les nomment Paal Slak-
ken , c'eft-à-dire , Limaçons-Perles ,
pareeque leur coquille nettoyée reftem-
ble à la Nacre de Perle. On trouve
fouvent fur le bord de la mer des co-
quilles de Nautiles , mais elles font fi
minces, qu'on y en trouve rarement
de grandes qui foient entières. Sur
l'intérieur elles ont une matière cruf-
tacée , que le vinaigre diffout. Lors-
que cette matière en eft ôtée , elles
font auffi belles en dehors qu'en de-
dans. Plufieurs perfonnes du Cap s'en
fervent comme de talles : on en trouve
qui tiennent un quart de pot. Pour
s'en fervir plus commodément , on y
met un pied d'argent , d'yvoire ou de
bois, Se lerfqu'on veut les embellir,,
on les grave en dehors , Se on y ajoute
divers petits ornemens. M. Linn^us
C Fauna Suec. n. 1330.) nomme le
Nautile , Nautilus tefiâ reclâ , fubey-
lindraceâ , apicem verjus arigu/Hore:
NAY
N A Y A , Serpent de Pille de Cey-
lan. Voyez N A 1 A.
N E B
N E B B I , efpece de Faucon du
Mexique, qu'on nomme auffi Flutli,-
dit Herna ndez. Son plumage eft
noir , 8c il a les pieds Se le bec de-
couleur raufîe,
N E C
N E C Y D A L I S : Ce nom e$
22 4 N E G
donné par les Savans des Aftes d*Up-
fal , à différens infectes du genre des
Scarabées.
Le premier de ces infecles y eft
.nommé ( Ailes d'Upfal ., IJT,6. p. 19.
31, 3 . ) , Necydalis collari nigro , ely-
Xris teflaceis j fajciâ nigrâ. C'.eft une
^fpece de Chryfomele , que M. LiN-
KvP.us ,C Fauna Sttec. p. 153. n. 439 )
appelle Cbryfumela thorace nigro, co-
leoptens rubris , critce nigrâ.
Le fécond eft une espèce de Cha-
rançon , nommé par M. Linnjïus
iibid. 160. n. 476.), Curculh ely-
tris rubris , capite porte elongato / .c'eft
le nom qu'on lui donne dans Je Voyage
.d'Œlande( fflfi, d'ŒL p. 153.). Les
.Ailes d'Upfal , 1736. p. 19. w. 4. en
parlent fous le .nom de Necydalis ru-
bra , capite minime , nigro.
Le troifieme , dont il eft parlé dans
Jes mêjnes Actes , 1736'. p. to.n. 1.
fous le nom de Necydalis cineréo
piacidata <, fulcata , eit une efpece de
Capricorne .nommé par M. Lînn^us
,( Fauna Suec. p. 163. ». 485.) , Ce-
rambix çintrtus , nigro-ntbulofus , an-
iennis corpore dimidio brevioribus , tho-
race fpincjb..
Le quatrième eft nommé , dit M.
L 1 N N m u s C ibid. p. 1 90. n. 597. ) ,
.dans le Voyage 4'Œlande ( p. 74. J,
Necydalis elytrorum apïce ïintolâ albâ ;
.& dans les Atles d'I/pjal { 173 et. p,
38.». 16. ) , Cimex longus , deprcjjks ,
grifeus , ge.nubus glcbofis.
Le cinquième eft nommé par le
même Auteur ( ibid. n. 598,) , Necy-
dalis elytrorum apicepimtto ftavo. Cet
infecte eft un peu plus gros qu'un Pou.
Ce Savant dit en avoir trouvé dans
VHéliame , nommée auffi Fleur du
Soleil. Ces différentes efpeçes de Ne-
cydaUs font des mfecles coléoptères ,
c'eft-à-dire que ces petits infectes on$
des ailes enfermées dans des étuis,
N E G
NEGRE, forte de poiffon de
l'Amérique, appellé ainfi à çaufe de
N E P
&. couleur qui eft toute noire. Il f-
nourrit dans les rochers , & il a la fi-
gure d'une Tanche. Il eft d'un très-
bon goût & fort nourriffant. Selon.
Axmelin, Auteur de VHifloire
des Aventuriers , il paroît que ce poif-
fon vit long- temps, pareequ'ilen a vu
un prodigieux. Il rapporte que pé-
chant un jour avec une petite ligne
& un hameçon , il fentit mordre à
la ligne , qui n' étoit qu'un fimple fil
d'archal : un peu apres ne fentant nulle
réfiftance , il ne put retirer la ligne
hors de l'eau 5 il croyoit qu'elle étoit
accrochée à quelque rocher, lorfqu'il
vit à fleur d'eau un monftrueux Nègre
qui étoit fans mouvement ; car le moin-
dre effort qu'il auroit fait eût caffé fà
ligne. 11 demeura fi longtems fans re-
muer , qu'on eut celui de lui atta-
cher une corde Se de le guinder : il
avoir quatre pieds de long, deux de
large , Se peïbit cent vingt-deux li-
vres.
On lit dans GeSner (de Aquat.
p. 739.3 , qu'il y a différens poiffon»
noirs : les un$*f dit-il , font venimeux ,
les autres ne le font pas. C T E s 1 A s
fait mention d'une fontaine dans l'Ar-
ménie , où il y a des poiffons noirs ,
qui donnent tant d'un coup la mort.
Pline, Elien , & Théophraste ,
rapportent la même chofe. On a dit
auffj qu'ils'enpêchoit dans le Danube ,
ou proche du Danube. Gesner y en
a fait chercher, Se n'y en a pas trouvé.
Mais il peut , remarque-t-il , y avoir
des eaux empoifonnées , &les poiffons
qui* en fortent peuvent être mortels.
Quant aux poiilbns noirs, qui ne font
pas venimeux , Gesner dit qu'on
en pêche de fort bons dans un fleuve
noir , fitué tout au fond du Septen-
trion.
N E P
N E P A : M, L 1 n n je us ( Fauna
Suec.p. 233. m, 091, & dpi. ) donne
ce nom au Scorpion aquatique , ou Pu-r
naife dg rivierg. Voyez ce mot.
NEPA,
N E P NER
NEPA, Vipère d'Afrique , quî
fur apporrée à Seba, avec quelques
autres de l'Ifle de Madagafcar. Le
dos de celle-ci étoît revêtu d'écaillés
roufîàtres , couvertes d'une efpece de
réieau jaune , dont les petites marques
intérieures étoient d'un jaune obfcur.
Elle avoit un collier de la même cou-
leur : pour le ventre , il étoit d'un
cendré clair d'un bout à l'autre , Se juf-
qu'auprès de la queue. Dans l'endroit
deiriné au paflage des excrémens , on
voyoît deux tefticules ovales Se en-
tourés d'épines de tous les côtés. Cette
Vipère étoit un mâle , félon le rapport
de S e b a , Tbef. I. lab. Ip. », 7,
NEPAPANTOTOLT, oi-
feau du Méxique, félon Hern an dez ,
qui a un peu le bec en pointe, Se en
cela il dirière du genre des Canards.
11 n'y a point de couleurs , dit-il , au
plumage des autres Canards , qui ne
fe trouvent ralTemblées fur le Nepapan-
totolt , d'où lui eft venu fon nom. Ray,
Sjnop, Metb. Av. App. p. 176".
NER
NÉRÉIDES, Monftres marins,
dont les Anciens ont parié. Ce peut
bien , dit G e s n e r (de Aquat.
p, 736.) , être des poilTons à ligure
.humaine , fur lefquels on a débité des
■fables. Pline donne aux Néréides
un corps couvert d'écaillés , Se une
face humaine. On en a entendu fe plain-
dre , dit R o N D E l e t ( L. XVI. c
18. p. -$6l- Edit. Franc.) fur le bord
du rivage , Se avoir les accens d'une
perfonne mourante. Le même Auteur
rapporte qu'on en a vû une en Pcmé-
r^ùe , qui avoit la figure d'une femme }
& qu'un Marinier Efp a g n °l en a nourri
une dans fon vaifleau , qui , après un
certain temps fe plongea dans la mer ,
& difparut. Rondelet ne donne
pas ce fait comme véritable. Voyez
aux mets S Y REN ES & HOMMES
MARINS.
N É R I T E , Coquillage , que M.
D'A RGENV I L L E ( Vaxt. % $• 2. 1 O.
Tome LLL
NER Sîy
Nouv. Êdit. ) met dans la famille des
Limaçons à bouche demi-ronde. Il y
a des Nérites qui ont des gencives , Se
d'autres qui font ombiliquées. Rum-
phius appelle la Nérite , Concha vul-
faiif. , ftve J'emi-lunaris , parce que fa
ouche eft toujours ceintrée en forme
de demi-cercle. Belo-n l'appelle
Bigourneau. Bonanni( Recr. men-
tis & oculi jp. 5 6. ) fait un bel éloge
de la Nerite. il en parle en ces termes :
Nerita , id eft maris genita , qum ç<tte-
ris rébus quœ in mari gêner antur , pul-
chritudine antccelht , ficittï Néréides ,
inier omnes Nerei filias,venuftate elegan-
t'tjjima,. Nerita Lvchlearttm regina , flos
maris , adeo fpettabilis , ut Gratiarum
manibus elaborata videatur. Cet Au-
teur confond la Nérite avec les trompes
Se les Porcelaines. P L i n e , ( L. IX.
c. 33. ) en parlant des Nérites dit :
Navigant ex his Nerita , prœbentejque
concavam fut partent , C?* altérant aura
apponentes , per fumma aquarum veli-
ficam. Les Nérites naiflent dans les ca-
vernes , Se fur les rochers auxquels
elles font adhérentes. On, voit à la
Planche VII. nouvelle Édition de
Y Hiftohede la Conchyliologie plufieurs
Nérites figurées ; Se à la Planche III.
de la féconde Partie , une Nérhe garnie
d'un palais , d'un rang de dents , d'un
opercule : elle fort une tête garnie de
deux cornes , & à côté deux bouts
de tuyaux , où font placés fes yeux.
Elle marche fur une plaque charnue .
quî fort de fon coté droit.
M. A D A N s o n ( Hifioire des Co-
quillages du Sénégal , p. i88. ) fait un
genre*" de la Nénte, le range à la fin
des Coquillages operculés , Se le rap-
proche plus que tout autre des Bi-
valves , pareeque, dit-il, c'elt celui
qui a le plus de rapport avec eux.
Èn effet , ajoute-t-il , fi l'on confi-
dere la forme applatie de fa coquille ,
le raccourciiTèment Se la petitelTe de
fon fommet , l'évafement de fon
ouverture , l'épaîueur Se la nature pier-
r-eufe de fon opercule , fes elpeces de
Ff
**» N E U
N H A NIE
gonds , Se les crenelures de la lèvre
gauche de la coquille , dans lefquelles
il joue , comme un battant dans fou
pivot , à la manière des battans des
coquilles bivalves , on verra qu'elle
leur refiemble à bien des égards. Il
eft vrai que le battant fupérieur , dont
'l'opercule t'ait la fonction , ireft pas
proportionné à la grandeur de la co-
quille ,' qu'on pourrait comparer au
battant inférieur des Bivalves , & que
fa forme n'eft pas concave , mais feu-
lement applntie. L'animal lui-même
eft fort différent de celui des Bi-
valves , Se c'eftpar cet endroit que M.
A d a n s o n croit être allez fondé à
laifïer ce Coquillage parmi les oper-
culés , mais parmi les operculés qui
touchent pourainfi dire aux Bivalves.
Ce genre de Coquillage eft compofé
chez l'Auteur de cinq efpeces , aux-
quelles il adonné les noms de Dunar ,
àe-Tadin, de Lagar , de Selot, Se de -
Kifil , noms apparemment fous les-
quels ils font connus en Afrique. H
les a obfervées les unes autour des
Illes de là Magdelene , Se les autres
entre le Cap Manuel Se leCapVerd,
ainfi qu'autour des rochers des Illes
de Corée. Vcvez aux motsDUNAR,
T A D I N , LA G AR , SEL OT,
& K1SET.
N E U'
N E U N A U G E , nom qu'on
lionne en Allemagne à un poiffon affez
reifemblanr â la Lamproie. Les Pê-
cheurs le nomment Der-Schlœmm-Beif-
fer. On le pêche quelquefois dans les
fleuves, mais on le trouve beaucoup
plus communément dans les endroits
marécageux : on le tient enfermé dans
un bocal : de verre , & on ne lui donne
pour toute nourriture qu'un peu de
fable , & un peu d'eau de rivière Se de
pluie ; il faut avoir foin de renouveller
l'eau deux ou trois fois la femaine.
Quand la température de l'air doit
changer, on voit ce poiffon inquiet &
s'agiter dans fon bocal la veille du 1
changement , ou feulement une demi-
journée auparavant ; il avertit même
quelquefois par une forte de fifUement
quand il y a une tempête fubite X
craindre , ou le tonnerre , ou quelque
choie de femblabfe. On peut le garder
pendant l'hiver dans les poêles, pourvu
qu'on le place pns de la fenêtre. Oa-
BKir.L Claudeu appelle ce poilfon
1 herûiomttre vivant. On en voit la fi-
gure Planche VII. fîg. i. dans le Tome.
IV, de La Partie étrangère des Collec-
tions Académiques , f. itfj..
N H .A
NHAQUUNDA, po.Ton êw
Bréfii , que Ray met dans le rang:
des poiifons qui n'ont point d'aiguil-
lons , Se qui n'ont qu'une nageoire fur
le dos. Il y en a de longs de fept , huit
ou dix doigts ; il- eft large prefque par-
tout de deux doigts. Il a la tête Se Ia>
bouche à-peu-prts faites comme celles
du Brochet ; au lieu de dents , il. a des
mâchoires rudes comme une lime; l'i-
ris eft brune : une nageoire règne tout
le long du dos jufqu'à la queue. Cette
nageoire eft longue de trois doigts .
& large prefque d'un : à la fin elle
eft plus large. Sa queue eft couverte
d'une peau dure Se noire: fes écailles
font petites; fon dos Se fes côtés font
d'un gris obfcuravec un briHant d'ar-
gent. Ses côtés font marqués de taches
de la grandeur d'un gros Pois. Parmi
ces taches il y a plufieurs points bleus.
Toutes fes nageoires , ainfi que fa
queue , font de couleur d'or ;. celle
du dos eft marquée de points bleus.
Les lignes qu'il a fur les côtés font-
noires ; Se proche de la queue il en v.
une de chaque côté , qui s'élève Si
qui eft de couleur d'or.
N I E.
NTEMEGKA- MTSS , nom
qu'on donne à Gènes , dit Gesnek ,
à la Mufaraigne , petit animal gros
comme une Souris. Voyez au mot
MUSARAIGNE,
N ï F N I G
NI F AT: Coquillage univaïve du
Sénégal , qui fe trouve fur la côte ma-
ritime de Ben , que M. A d a n s on
sCp.-ya.J met d™s le genre de la Vis.
L'Auteur dit que l'animal reuemble à
celui du Mirai & du Rafel .( deux
autres efpeces du même genre J à cela
près que fon pied eft suffi long & un
peu plus large que la coquille , Se que
le tuyau de fon manteau fort beau-
coup moins au-dehors Sa coquille eft
ovoïde , mais pointue à fes deux ex-
trémités, hlle a près de deux pouces
de longueur j, & une fois deux tiers
moins de largeur. On y compte onze
fpires applaficSj comme dans le Rafel,
mais IhTes» unies , & renflées plus fen-
fiblenaent par le bas. L'ouverture eli
une ellipfe pointue par les deux ex-
trémités , dont la fupérieure forme par
Je.prolongcment de la coquille un ca-
nal affez long. La longueur de cette
ouverture eftprefque triple de fa lar-
geur; elle égale la longueur du fom-
jnet. Un ou deux plis aflëz gros, ou
arrondis , s'élèvent dans la partie fu-
pirieure de la lèvre gauche. La cou-
leur de cette coquille eft un fond blanc,
tigré d'un grand nombre de taches
quarrées , qui font jaunes dansles vieil-
li s , Se -brunes dans les jeunes. Ces ta-
ches font dilpofées régulièrement fur
pluficurs lignes., qui s'étendent d'un
bout à l'autre de la coquille, en fui-
vant ,1e contour de fes fpires. Ce Co-
quillage eft figuré dans l'Ouvrage ci-
deftïts cité , Planche IV. «. 3. C'eftle
même que le Buccbmm roflratum , in-
terjeaif lineis faj'datum, de Lister.
Hifi. Corubyl. Jab. çi^.fîg- 7.
N I G
N I G H T I N G AL E , oifeau
de la Virginie , qui eft une efpece
dtCoccothratr/Ie. Voyez ce mot.
NIGROIL, nom que R o n-
delet ( L. V. e, 6. p. 115. $dit.
Franc. ) donne au lA'huwpoi d'A R. 1 s-
T O T E , L. Vlll. C. 2. d'O P Y I E N ,
L. I. f. 5. & L. lll. foi il9-
N I G 417
LI E N , L. I. c. 41. p. 48. Se L. XII'
C. 17. & d'ATHÉK ÉE , L. Vlh
p. 3 1 3 . Se L. Vlll. C'eft le Melanurut
d'O v 1 D e , Hctl. V. 1 1 3 . de C o-
l v m e l l e , h. Vlll. c. 1 6. de Pline,
L. XXXll. c. 11. de Paul J o y e »
c. 24. p. 94. de B e l o n , de Fifc. de
S A LV I E K,fol. l8l.(^l82,deGES-
n e r , de Aquat. de Jonston, L.
Le. 1 . de Charleton , p 134.
de \Pl L LUG H B Y ,p. iïo. deR A Y,
p. 13 I. Se d'AL D R O Y A N D E , L. /.
c 13. p. 6\- Gaza a traduit le
NU> a yKpoç d'An iSTOTEpar Qçulata.
C'eft un poiflbn à nageoires épineufes ,
Fifcis acumbopurjgius , mis dans le
rang des Spate s par A R T e D. 1 ( IchtL
Fart. V. p. 58. ». 4. ) , qui le nomme
Spams lineis variis longitudinalibus ■
macula nigrâ utùnque ad caudant.
C'eft à caufe de cette marque noire
qu'il a à la queue , que les Grecs l'ont
nommé ivuAavapsç , Se G A z A Oculata i
Pla u te l'appelle Ophlhalrma , à caufe
de fes grands yeux noirs. 11 a la
bouche & les dents petites.. Son corps
tire entre le bleu Se le noir : fa queue
a une tache noire , Se finit par deux
nageoires qui fent rougeâtres. Ses
écailles , qui font larges , tombent aî-
fément. De la tête à la queue , il a
une bande d'écaillés rondes qui font
plus grandes que les autres , marquées
de petits traits noirs , ce qui le diftin-
gue du Sparaillon Se du Sargot. 11 a le
foie grand , la bourfe du fiel y eft at-
tachée , l'eftomac moyen , le cœur
fart en angle, Se au ventre unevefl'ie
pleine d'air. Ce poiflbn n'a pas plus
de la longueur de la main ; mais ileft
fin , Se il ne fe prend pas aifément dans
les rets Se dans la nalfe. La mer étant
calme , il vient fur le rivage ; quand
elle eft agitée , il va çà Se là. Il nour-
rit moins que le Sargot. Sa chair eft
mollaiTe. 11 fe nourrit d'algue, Se vit
dans la fange. Celui qui vît dans les
eaux nettes Se fe nourrit de petits poif-
fons , a la chair meilleure. On le nom-
me QçtbiadQ à Rome , Oblaâo à Mar-
Ff ij
ïzS N I N N I Q
feille , 8c Oblada à Nice , félon le rap-
port de RoNDEL ET.
N I N
NING AS , forte de Vermine des
Indes , rrcs-nuifible à l'homme , qui
ie cache dans la pouiïiere , 5c faute à
la manière des Puces ; elle fe fourre
entre cuir Se chair dans les orteils de
ceux qui marchent pieds nuds ; elle
y lailïe fa femence en fi grande abon-
dance qu'on a de la peine à la détruire
à moins que ce ne foit par un cautère ,
ou en coupant les chairs où elle s'ell
nichée. Cette Vermine eft la même
que le Toits du B ré fil , Se la Chique
des Antilles. Voyez CHIQUE.
NINTIPOLO N G A, Serpent
de l'Ifle de Ceylan., de couleur brune
tirant fur le noir , avec des taches blan-
ches, dont la morlùre caufe un fom-
meil mortel. Ra y , Synop. Meth. Atiim.
Q:tad. p. 332.
S e b a dit que le Nintipolcnga , Ser-
pent des Indes Orientales, eft d'une
très-belie couleur de marbre: il a la
tête ornée de petites fleurs ; tout fon
corps eft d'une couleur de foie , mar-
brée d'un cendré clair. Ces taches font
terminées par des bords noirs , fauves
en quelques endroits , & très-blancs
en d'autres-. Le front eft d'une gran-
deur proportionnée , couvert de larges
écailles de couleur d'un jaune clair ,
Se difpofées en forme de petites fleurs.
Ses yeux , qui font grands Se bleus ,
brillent beaucoup ; l'ouverture de fa
gueule qui eft garnie de dents courbées
& aiguës , eft munie dans fon contour
d'écaillés épaiffes. Cet animal a la
langue blanche , aflèz longue ou four-
chue. La blancheur des grandes écailles
tranfverfales du ventre brille à l'en-
droit où elles finiffent , c'eft-à-dire ,
proche de' l'anus. La queue va en di-
minuant , Se finit en pointe. Tkef. I,
T^ib- 37. ». î.
N I Q
Q P 1 > poiflbn du Bréfil :„ dont
N I S N I V
la tête elr. greffe , qui a la bouche d'une
Grenouille , grande , Se fans dents : fa
langue eft épaiffe , Se la mâchoire in-
férieure eft plus grande que la fupé-
rieure. La moitié antérieure du corps
eft un peu large; l'autre moitié , qui
eft la poftérieure , eft étroite & ronde.
En tout , il a de longueur tout au plus
fix ou fept doigts , Se de largeur au
plus un doigt Se demi. Ses yeux font
petits. A la naiffance de la nageoire
du dos il a deux forts aiguillons , 8c
au-deflùs, proche de chaque ouie , ce
poiffon eft pareillement armé d'un au-
tre aiguillon pointu. Il eft couvert
d'une peau. La couleur du dos , des-
côtés , Se des nageoires eft cf un noir
fombre , mêlé de gris avec des points
noirs partout. Ce poiffon fe cache dans
le fable fur le bord du rivage , Se
bleffe les paffans. R a y , Synop. MeiL
Pifc. p. 92. n. 7. Se R u y s c K,dePifc.
p. 1 34. en parlent;
N I S
NISOT, efp ece de Buccin de3
côtes du Sénégal, qui ne diffère, dit
M. A D A N s o n ( Hift. Nat. des Co-
quillages du Sénégal , p. 150.) du Bar-
net , première efpece du même genre ,
qu'en ce que fon pied a quatre fois
plus de longueur que de largeur. Sa
coquille reffemble auflî à la fienne „
quant à la figure; mais elle n'a que
quatre lignes de longueur , Se huit
fpires chagrinées, ou couvertes de huit
petits tubercules fort ferrés Se féparés
par des filions qui forment une efpece
de treillis. L'ouverture a deux foi3
plus de longueur que de largeur : elle
n'a d'autre couleur que le gris-de-lin»,
ou une belle carnation , fans être re-
couverte d'un périofte. La lèvre droite
de l'ouverture éprouve les mêmes va-
riétés de fexe Se d'âge que celles du
Barnet. Voyez BARNET.
N I V
NiVAR , autre Coquillage oper-
culé , du genre des Pourpres à cana&
n r v
évafé , qui & trouve aflez fréquem-
ment dans les rochers des Mes de
Gorée Se de la Magdelene. L'animal ,
«lit M. A D a n s o n ( p. 141. J , ref-
l'emble parfaitement à un autre qu'il
nomme Vojet , Se qui eft la douzième
efpece de ce genre. Pour la coquille ,
,11e eft médiocrement épaifle , fort al-
longée Se pointue aux deux extré-
mités. Elle a cinq à fix pouces de lon-
gueur, Se une fois & un tiers moins
de largeur. Ses onze fpires font ren-
flées confidérablement Se repliées en
angle droit vers le milieu, excepté la
première dans laquelle ce repli ne fe
voit que vers fon extrémité inférieure :
îl les fait paroître comme étagées , Se
îl forme un angle tantôt droit, tantôt
aigu , tantôt obtus , fouvent garni d'un
rang de tubercules arrondis. Leur fur-
face eft encore ornée d'un grand nom-
bre de petits filions, qui tournent avec
elles. Le fommet eft un peu plus long
que large , 8c de moitié plus court que
la première {pire. L'ouverture eft el-
liptique , aiguë aux deux extrémités ,
Se deux fois plus longue que large :
elle fe confond avec fon canal fupé-
rieur , qui eft ouvert en demi-cylin-
dre , à bords tranchans. La lèvre droite
eft aiguë , tranchante , mince , rele-
vée en-dedans de quinze à vingt fi-
lets , qui tournent avec la première
jfpire. La lèvre gauche eft creufée en
arc vers fon milieu , recouverte d'une
plaque luifante , polie , fort petite , Se
prcfque fans bourrelet. Le périofte , qui
la recouvre reflemble à un drap brun ,
eft tcnace.très-épais Se velouté. Lefond
de fa couleur eft brun , quelquefois
violet, tanné, ou de couleur de fuie ,
eoupéparune bandelette blanche di-
vifée inégalement en deux par un filet
brun. Cette bandelette commence un
peu au-delTous du milieu de la pre-
mière fpire , Se tourne fur la partie
fupéfiieure des autres.
L'Auteur a fait figurer ce Coquil-
lage Planche IX. n. 31. Se dît que c'eft
1k Cocblea fulvanv JEthïopïs ptllem
N I X NKANLA 22*?
Colore (irrtulans , HmsfafciïscinEla \m-
qualibus , ore valdè angufta , c[uamvis
in longum produclo , de B o N a n n 1
(Rccr, p. r<5$. clajf. 3. », 357.), Se
du Mujhtm de Kir ker , j>. 4.72.
n. 350.
Le Buccin de l'Auteur de la Conchy-
liologie , p. 224. nouvelle Edition, Se
figuré à la lettre A. de la Planche IX.
11 eft de couleur fauve , rayé fur toute'
fa fuperficie ; ksfept étages de fa cla-'
vicule , qui font applatis , le rendent
extrêmement rare:
Et le Fujks brevis, JEthiops à colore*-
binis fajciis inuqualibus cintlus,àc M.
Klein, Tent. p. 6i.Jp. 2. rr. 2. g.
N I X
NIX-QUANQUECHOLLA : Ce
Serpent rare du Méxique , dit S"E u A *>
a les écailles du deflus du corps min-
ces, d'un brun noir ; le long des deux
côtés du ventre une bande blanchâtre ;
le defibus du corps eft d'un jaune pâle ;
la tête eft oblongue ; la gueule eft
bai - brune , entourée d'une bordure
blanche ; la queue eft large Se plate ,>
magnifiquement tachetée de blanc Se-
de brun. Thef. IL Tab. 77. n. 1 .
N K A
N K A KKO , grande bête féroce"
qui fc trouve au Royaume d'Angola
en Afrique.
N L A
NLANNETONS, Vers îuî-
fans du Royaume de Siam. Ils font
d'un verd doré le plus beau du monde S
ils brillent pendant la nuit d'une lu->-
miere beaucoup plus vive que celle
de nos Vers luifans , Se leurs œufe :
font de la grofleur d'un Pois. HiJ},-
Gén. des Voyages, in-4 0 . p. 3 12,
N O E
N O E H T O T O LT, oifean
étranger , de la couleur du Moineau-'
d'Efpagne , dit S E B A : il a le bec re--
corrrbé, pointu , . & jaune jjè pjumagç
* 3 o NO E N O K
de la tête & du col eft d'un pour-
pre foncé , mêlé d'or; le ventre Se la
poitrine font d'un rouge incarnat ; les
pieds Se les ongles font longs Se dé-
liés Se font de couleur jaunâtre ; les
bords de ces ongles font comme dé-
coupés. Ce bel oifeau imite le Roffignol
par fon chant. TbeJ'. I. TaL %. n. 5.
NOE RZA : Axbejit le Grand,
dit Ruïsch {de Quad. p. 1 07. c. 2.
in fin. ) a donné ce nom à une efpece
de Belette delà grandeur de la Marte,
dont le poil approche pour la couleur
decelui d'une Loutre. ■Cet.animal fe ca-
che dans les endroits les plus épais des
bois , Se il exhale une très-mauvaife
odeur. On en trouve, dit Agricola ,
dans les vaftes Se fombres forêts de
la Suabe du côté de la Viftule..
N O K
NOKOKO , nom que les Nè-
gres d'Afrique donnent à V Élan. Voyez
ce mot.
N O K T H O , nom que les Sia-
mois donnent au grand Gofïcr. Le P.
T A C H A K D en parle dans fon fécond
Journal. Voyez dans le SecQndVvyage
de ce Bere, L. VI. p. 245. & fuiv. les
remarques de ce Miflionnaire iur un
de ces grands olfeaux , qu'il vit bleffé
dans un voyage qu'il rit à la mine
d'aiman. Il étoit de médiocre grandeur.
Dans fa plus grande largeur en y com-
prenant les ailes étendues , il avoit
iept pieds Se demi. Sa longueur, de
■ la pointe du bec au bout des pattes ,
étoit de quatre pieds Se dix pouces.
La partie fupérieure du bec avoit qua-
tre pouces quatre lignes de long : les
côtés étoient recourbés & tranchans.
En dedans elle avoit trois canelures ,
dont celle du milieu étoit la plus gran-
de , qui s'ailoit perdre dans une
pointe fort aiguë , Se courbée vers le
bas , qui faifoit celle du bec. La par-
tie inférieure qui portoit la natTe avoit
quatre lignes moins en longueur que
la fupérieure : elle pouvoit s'étendre
fyivant Jebefoin que cet animal avoit
N O K
d'élargir ou de rétrécir la natTe , quî
lui eft attachée. Cette naiîe étoit une.
membrane charnue, femée de quan-
tité de petites veines , qui avoir vingt-
deux pouces de long, quand elLe étoit
bien tendue. Les Siamois en font des
cordes pour leurs inftrumens. La plus
grande ouverture du bec étoit d'un
pied Se demi. La patte qui étoit grifâ-
tre , Se du relie lemblable à celle de
l'Oie , avoit huit pouces de largeur ,
& la jambe quatre de hauteur ; les
plumes du col étoient blanches , cour-
tes & veloutées ; celles du dos tirant
tantôt fur le gris , tantôt fur le roux.
La couleur des ailes étoit le gris Se
le blanc , mêlés avec fymétrie. Les
grandes plumes du bout des ahes
étoient noires , le ventre étoit blanc.
Sous le jabot il y avoit des aigrettes
d'un affez beau gris-blanc ; la groffe
plume couvroit un duvet , plus épais i
la vérité que celui d'un Cormoran
mais beaucoup moins fin.
Dans la diôeition on trouva fous le
pannicule charneux , des membranes
très-déliées , qui eavelovpoient tout
le corps , Se qui en fe repliant dîver-
fement , formoientplufieurs finus con-
fidérables,fur tout entre les cuifles.& le
ventre.. Entre les ailes, les côtés Se le ja-
bot, on pouvoit mettre les deux pouces.
Ces grands finus fe partageoient en
plufieurs petits canaux , qui à force de
fe divifer , dégénéroient enfin en une
infinité de petits rameaux lins iiïue ,
qui n'étoient fenfibles que parles bul-
les d'air qui les enfloient ; dp forte
qu'il ne faut pas s'étonner fi, lorfqu'or»
prefloit le corps de cet oifeau , on en-
tendoit un petit bruit , femblable à
celui qu'on entend lorfqu'on preffe les
parties membraneufes d'un animal
qu'on a foufflé , pour l'écorcher plus
lacilem .nt. L'ufage de tous ces con-
duits étoit de porter l'air qu'ils rece^-
voient des poumons par la commu-
nication feniible , que l'on découvrit
avec lu fonde , Se en foufflant , Se
de le diiuibusr dans toutes les par-
NOK
lies de l'animal. Cette diftribtuion
diminuoit le poids de l'oifeau , Se
le rendoit par ce moyen plus propre
à nager. Chaque bube d'aïr faifoit à
{on égard à-peu-près le même effet
que les veiïies pleines d'air , qui fe
trouvent dans la plupart des poiflbns
Se la liaifon intime que ces membranes
avoient avec celles du poumon , nous
fit croirt! ,. dit l'Auteur , que ce pou-
vo:t bien être les mêmes, étendues par
tout le corps. Sous ces membranes
on trouva de part & d'autre deux doigts
épais d'une chair fanglante femblable
à celle de la venaîfon. Le thorax étoif
compofé de deux os fort larges , at-
tachés au ftcrmtm , qui formoient une
voûte très-folide ; deux os , qui te-
noientlieu de clavicules, & fur lefquels.
elle portoit , lui fervoient d'impoftes ;
& les cutis, qui s'y venoient inférer,,
pouvoient bien paiTer pour les arcs qui
la foùtcnoient. Cette voûte olTaufe
avoit fes méninges , auQi-bien que le
crâne , où les finus qui la traversaient
faifoient plufieurs petits labyrinthes.
Les os mêmes -avoient leurs finus. La
trachée artère fe partageoit immédia-
tement fur la bafe du cœur en deux
rameaux , qui faifeient un angledroit
avec le principal canal : ils étoientap-
platis à leur origine ; enfuite ils fê ren-
floient confidérablement avant que de
fe plonger dans le poumon'. Le paren-
chyme du poumon étoit afîez ferme ;
îl étoit plein de finus de figure ovale.
Les boyaux avoient neuf pieds & de-
mi de long: ils avoient leurs contoursr.
Le ventricule étoit un renflement de
boyaux,, 5c tout droit , a un petit fac
près qui étoit voifin du pylore. Deux
doigts au-defTous du pylore il y avoit
Un' fécond renflement dans le duodé-
num. Le refium avoit quatre .pouces
de long , Se un double cœcum , qui ,
fe réfléchiffant vers le haut, adroite
& à gauche , vendit s'attacher au co-
lon , &: faifoit aufli une efpece de tri-
dent. La longueur de chaque cœcum
étoit de deux pouces. Le ventricule
N OL NOM 231
avoit près de deux pouces de long: 0 it
y trouva deux poifions que cet oifeaut
avoit avalés ; la main étendue y en-
troit facilement. Tel eft le Noktho des
Siamois , nommé en Afrique & en Amé-
rique grand Go fier , partons les Voya-
geurs , & Pélicûnipzr les Naturalises,.
Voyez PÉLICAN.
N O L
NOLTIBO, ouNOITlBO»,
nom que les Portugais donnent à ua
oifèau noiturne , que nous nommons
Effraie. C'eft 17/>i;<«* des Bréfiliens.
Voyez au mot I B I J AU,
NOM
NOMBRIL MARIN: Selon.
Rondelet &: les autres Natura-
lises , c'eft une Coquille qui a à-peu—
près la figure d'un nombril, R o n —
DILET ( Part. IL p. 69. & fuiv,
Êdit. Franc. ) en donne de plufieurs
efpeces.
La première , qu'il nomme Cochiez,
umbilicata, a un trou profond , autour
duquel il y a plufieurs révolutions"
faites en vis. Cette coquille eft affez
femblable à celle du Limaçon de mer;
mais celle-ci eft de diverfes couleurs:
elle a des lignes pourprées ,. d'autres
qui font blanches & claires , comme
des perles , Se cependant cette coquille
eft unie Se épaifTe,
La féconde a auffi un trou, comme'
un nombril. Ses couleurs font noires,
blanches , & rouges. Elle eft large par
le haut Se pointue en bas.
La troifieme efpece , eft une petite
coquille de la grandeurd'un Pois chi-
che , quelquefois un peu plus grande;;
elle a un petit trou comme un nom-
bril , marqué de taches rouges comme
du corail.
La quatrième eft une coquille afTcz
grande , tournée en vis , au milieu de
laquelle il y a un trou. 11 y en a de 1
diverfes couleurs : les unes font noires 3 >
d'autres font de couleur de corne ,1
quelques-unes font- mouchetées elle
i 3 2 N 0%
eft fort femblahle de figure aux pe-
tits Limaçons de terre , qui fe trou-
vent le plus fouvent contre les plus
grolTes tiges du Fenouil.
La cinquième eft une coquille lon-
guette , tournée en vis , fi de travers
qu'on n'en peut voir le fond. Cette
coquille eft de couleur de corne.
La fixieme eft un Limaçon ridé ,
don le trou eft fait comme celui d'un
(nombril. Cette coquille , félon R o N-
Celet, a de grands plis ou rides en
travers , qui font comme des cane-
lures : elle eft toute blanche en dedans ,
jaunâtre en dehors , Se très-fragile. Le
retour ou la vis ne finit pas en pointe .
Le bout d'en haut eft fort long. Le
trou comme le nombril eft afiez ouvert
Se long.
M. d'Argenville appelle Nom-
bril marin le Limaçon ombiliqué. Il
en fait la cinquième efpece des Li-
maçons i bouche demi-ronde , ou cein-
trée. Ces Limaçons font lafixieme fa-
mille de la clafle de fes Univalves.
Voyez LIMAÇON.
L'Auteur de la Defcription du Cap
de Bonne EJpérance , l ame III. p. 151.
dit que le Nombril marin du Cap eft
une efpece de Moule, Se 'a coquille
fe partage en deux , Se reftemble en
total à celle que les Naturaliftes ap-
pellent Nombril. Ses deux parties font
tortillées , épaiftes , & ont fur la face
extérieure une efpece de croûte rude ,
fi curieufement formée , qu'on la pren-
drait pour un effet de l'art. Cette fub-
ftance cruftacée le dilTout dans le vi-
naigre , & lorfqu'on a enlevé la co-
quille 1 elle eft d'une belle couleur de
perle. On orne les cabinets des Cu<-
rieux de ces coquilles.
N O R
NORD-C APER , Baleine qui
fe pêche furjes côtes de Norvège Se
<l'Iilande , dont M. A N D E R S o M
parle dans fon Hiftoire d'IJlande & de
Grocnlande,Tome I. p. 109. & Tome II.
f. <j 1. C'eft j.a Balxna glacialis de M.
N O T N U M
Klein ( Fifc. Mif. 2. p. 12. n.
nommée par M. Buisson , BaUna
bipenms , exnigro canàidans, dorj'o Uvi-
par A R te di( Synop. p. 106. n. 3. ) ,
Delphinus rofero jurjhm repando, demi-
bus latis Jcrrato ; Vrca par P l i n ç
( L. IX. c. 6. Se L. XXXII. c. n.),
par C u b a , L. III. c. 6$. fol.. 85. b. par
\V o t T o n ,L. VIII. c. i$$.Jol. 172.
b, par Bel o n , de Aquat, par Ron-
delet, L. XVI. c. 13. p. 483. par
G E S N E R t pi C?3 5 . par S C H O N N E-
v e l D , p. 53. par Ai.drovande,
Cetac. c. 6. p. 698. par Jonston,
L. V. p. 21 7. par Charleton,
p. 1 (5 8. par f illuchbï, p. 40.
par Ray, p. 10. Se par S 1 B b a i. d ,
Baiana miner , utràquc maxillà dentatà.
Cette Baleine reftemble par fa figure
à la Baleine ordinaire de Groenlande;
elle en diffère feulement, parcequ'elle
a la tête Se les lames de corne : ces lames
garnirent la mâchoire fupérieure ; elle
eft beaucoup plus petite , & le corps
plus mince. Sa peau eft lifte, Se d'un
noir qui tire un peu furie blanchâtre.
Elle fe nourrit de Harengs. Voyez au
mot B A L E I N E , Jttonde < fpece ,
Tome I. p- 21 6. de ce Dictionnaire ,
où l'on trouvera l'hiftoire étendue de
ce poiflbn cétacée.
N O T
N O T O N E C T A, nom que
M. Linnius donne à des Punaifes
à aviron. Voyez PUNAISES à
aviron.
NOTOPEDA: Ce font deux
cfpeces de Scarabées, dont il eft parlé
fous ce nom dans les Ailes d'Upjal ,
1736'. p. 15. n. 3. M. LiNNitiiJ
nomme le premier Elater fiijco viridi-
anaus ; le fécond Elater tutus mgro*
fufcus.Voyez RESSORT.
N U M
NUMENIUS, nom générique
que le favant Naturalise Suédois don-
ne ( Fattna Suec. p. 50. G7" jitiv. ) à
différentes e/peces d'oifeaux , tels que
les
NUS
les Cari if , ou Corlieux , les Pluviers
Se les Bécafjines. Voyez ces mots,
NUS
NUS A R, Coquillage bivalve
âu Sénégal, qu'on trouve en petite
quantité dans les fables du Cap Ma-
nuel. M, Auanson( Hifi. Nat. des
Co.juilti-ges.du Sénégal , p. 2 3 8j en fait
la troisième e/pece de fon genre de
Tclline. Ii dit que la coquille du Mu-
far eft beaucoup moins longue que
celles des deux premières efpeces , &
par-là elle approche plus de la forme
triangulaire. Elle n'a que neuf lignes
de largeur & fept de longueur , fur
une profondeur une fois moindre. Son
extrémité inférieure forme une furface
trcs-larg e , & plus applatie que celle
de la première cfpece. Extérieurement
elle elt marquée de foixante filions
longitudinaux , qui différent de ceux
de la première efpcce , en ce qu'ils
font plus profonds , Se piqués d'un
nombre de petits points allongés &
tranfverfaux. Ces points qui font pref-
que infenfibles à la vue , fe découvrent
facilement par le moyen du verre len-
ticulaire de trois à quatre lignes de
foyer. Le bord de chaque battant n'a
que foixante petites dents. Le foin met
tlt placé fort au-de{fous du milieu de
leur largeur. On compte à la charnière
de chaque battant cinq dents , dont
trois plus petites font rapprochées vers
le fommet ; les deux autres en font
aflèz écartées. L'intérieur de cette co-
quille eft d'un violet foncé , appro-
chant du noir. Dix à douze bandes vio-
lettes, qui partent du fommet , s'éten-
dent au-dehors , comme autant de
faifeeaux , jufqu'à fa circonférence. Ce
Coquillage eft figuré Planche XVIII.
». 3.
L'Auteur range fous le nom de Na-
ja r , la Teliina maris Italici , intrin-
jecits cvlort fulvo cum urreo Porraceo-
(jue mixto , intrinjecus vero , ut pluri-
mitm cyaneo , iriterdhm laileo , confufb ,
de B o n a n n 1 , Recr. p. 1 04. clajj. z.
Tome III.
N Y M 335
n. 37. Se du Muf&'tm de Kirker,
p. 443. n. 36".
La Teliina umbone omnium acutiffl-
mo , tefla coloribus dwsrfîs t quafi tef-
fcllato opère decoratâ , admodum termi ,
de Bonanni, Recr. p. 104. ctajf. 2 .
». 38. du Mufaum de Kirkf.r , p. 443.
». 37. & de M. Klein , Teni. p. 1 jo.
Jpec. J.
La Teliina purpurafeens , margine (i-
tntofo , Jamaïctnfis , de Lister. , Hifl.
ConchyL Tab. 316. fig. 218. & 219.
& de M. Klein, Tent. p. 1 60.
Jpec. 11.
La Teliina inxqidl atera , Jrriata, de
L a n g 1 u s , Meth. p- 7 2.
La Teliina intqitilaiera , altéra latere
truncato & firiato, margine interno den-
tato , candida , inius purpura Je ens , de
Gualtieri, Ind. pag. & Tab. 8p.
lin. D.
La Teliina firiata , tefiâ ptilchrâ , fo-
rts albâ , plana , Jubtiliffimâ , ftri.itâ,
de M.Klein, Tent. p. 1^0. jpec. 3.
N YM
N Y M P H E : C'eft le changement
d'un Ver en un infecte volatil. Les
noms de Nymphe, d'siurélie, deChry-
J.dide , de Fève , Se de Necydalt , ne
lignifient qu'une feule Se même cho-
fe , dit le favant Sïammerdam,
pareeque la Nymph? proprement dite,
ik la Nymphe qui eft dorée & que l'on
a nommée par cette raifon Chryfalide,
ou Aurélie, ne différent entr'eiies que
par la couleur Se par d'autres varié-
tés trop fuperficielles , pour conltituer
deux efpeces diftinctes de la Nymphe
8c de la Chryfalide. Toutes deux ne
font autre chofe que le Ver ou la Che-
nille parvenue à l'état de parfait ac-
croiffement Se de dernier développe-
ment de fes membres , état analogue
à celui de la fleur dans le bouton : en
effet la Nymphe contient l'infeîte qui
en doit fortir. Cet infecte y eft par-
faitement formé , ou plutôt la Nym-
phe eft cet infecte même renfermé dans
fon enveloppe ; ainfi , à proprement
*34 N Y M
parler, le Ver ou la Chenille ne Te
change pas en Nymphe , mais devient
Nymphe par l'accroitlcmcnt Se le dé-
veloppement de fes membres; & de
même la Nymphe ne fe transforme pas
en animal ailé : mais c'eft encore ce
même Ver, cette même Chenille , qui
devient un animal ailé , en quittant fà
dépouille de Nymphe , Se il ne fe fait
pas ici plus de changement que dans
le Pouffin , lequel ne fe transforme pas
en Coq ou en Poule , mais qui de-
vient l'un ou l'autre par i'accroiflê-
ment de fes membres : de même en-
core le Têtard ne fe change point en
Grenouille , mais devient Grenouille
par un femblable développement. On
N Y M
peut voir au furplus ce qu'a écrit
Swammerdam, dans Ion Bibtui
Natura , fur l'état de Nymphe , confi-
déré comme le fondement de toutes
les transformations des infectes , ainfi
que fur la manière dont les Vers & les
Chenilles paffent à cet état de Nym-
phe , Se les erreurs de quelques Natu-
ralises fur la nature de la Nymphe „
inféré dans le Tome V. Partie Étran-
gère des toilettions Académiques , p. J>.
& fuivantes , où iL en ell amplement
parlé.
NYMPHE: Athénée don-
ne ce nom à un poïflon qu'il met a«t
rang des Écrevi/jes » ou des Cancres*-
Voyez ces mots.
2 35
OBLOCEOCO OCO
B L A D O , félon Ro N .
# Jdelet, & OBLADA,
félon A R T E D I , nom qu'on
donne à Marfeille au Melanurus , poif-
fon de mer. Selon ces deux mêmes
Jchthyologues , on le nomme à Rome
Occbiad» & Occbiata. Voyez au mot
NI GROIL.
O C E
OCELLATUS, Serpent qu'on
voit au Cap de Bonne - Lfpérance :
fon nom Latin , qui fignifie Serpent
qui a des yeux , lui a été donné à cau-
fe de diverfes taches qu'il a fur fa
peau noire. On l'appelle en Allemagne
Jug-SMang, qui veut dire Serpent
d'yeux , Se Serpent qui s'élance , à
caufe de la vîtelîe avec laquelle il fe
jette fur fon ennemi , lorfqu'il en trou-
ve l'occafion , ou avec laquelle il s'en-
fuit, s'il n'en trouve pas le moment
favorable : mais un petit coup de bâ-
ton qu'on lui donne fur le dos fuffit
pour l'arrêter , Se le mettre hors de
combat. Alors il eft fort ailé de le tuer ,
dit Kolbi. , Ocjcript. du Cap deBonne-
Ejpérame, J urne l il. cbap.j. p. 78.
OCO
OCOCOLIN: Les Mexicains,
félon S E b a , donnent ce nom à une
eïpece de Pic , Se à une Perdrix de
montagne du Mexique.
Vuc ucoiin y efpece de Pic , eft d'un
plumage fi magnifique Se fi brilknt ,
qu'on ne fe l'imagineroit pas , fi la Na-
ture ne le montro ; t tel à nos yeux.
Cet incomparable oifeau eit de la gran-
deur du Pic , dont il a le bec , mais
un peu plus voûté & fort pointu. Son
plumage eft d'un noir d'éb.ne , varié
cà Se L\ de bleu célefte éclatant. Le
bout de fes plumes noires eit coloré du
même bleu. Sa gorge eft d'un pourpre
tivs-vîf. Son ventre Se fes cuiifes font
d'un bleu mourant. Hernandez , &
d'autres Auteurs , apurent qu'il a le
ramage de l'Alouette. On l'apporte du
Mexique Se des forêts de Tetzcocanara
au Bréfil S e e a , Thef. II. Tab. 90".
n. 3. Se Raï , Synop. Metb. Av. p. 10*3.
en parlent.
h'Ococolw, Perdrix montagnarde du
Mexique , eft de la taille de notre Cor-
beau , Se porte lur fa tête une longue
Se belle crête ; fon bec eft rougeâtre,
court , gros , femblable à celui des
Perdrix , mais beaucoup plus grand.
Les yeux font brillans , défendus par
des paupières auffi rouges que le fang,
lefquelies font fortifiées dans leur con-
tour, par leurs éminences pointues ;
cela plaît d'autant plus à la vûe , que
non-feulement les plumes de La crête ,
dont quelques-unes s'étendent fur le
bec , mais auffi le plumage du corps ,
font brillans d'or, de bleu Se de verd.
Les ailes font peintes d'un pourpre
clair. Les plumes des côtés , le bout
des maîtreifes plumes , Se les plumes
de la queue , font tout-à-fait noirâtres.
Les cuilTes font couvertes de plumes
allez longues. Les pieds gros Se courts
fe fendent en doigts garnis de grands
ongles. S e b a , Ibij'. I. Tab. 6^. n. 1.
Se Ray , Synop. Mttb. Av. p. 57. en
font mention.
OCONOTOTL: C'eft un Pic
du Mexique de la plus grande elpece.
Voyez P I C.
O C O T Z I N I T Z C A N : Cet
oifeau , qui eft de la grandeur d'une
Colombe, ell d'un beau jaune. Il a" la
tête Se le col de couleur noire ; les
grandes plumes des ailes font noirâ-
tres , Se ombrées d'un jaune pâle ; le
delïus Se le deflbus du corps font du
2j6 o c o m d
même jaune , avec quelques nuances
d'un jaune plus foncé; une large ban-
de noirâtre parcoure en ferpentant fa
queue jaune Se longue. 11 a le bec
jaune , pointu , Se les pieds gris. On
appelle en Amérique ces oifeaux colo-
rés de différens jaunes , Ocotùnitz.can.
Voyez S e b.a , Thef. I. Tab. I . ». 3. Se
Ray, Synop. Me th. Av. p. 154.
OCOZUALT, forte de Ser-
pent , qui fe trouve au Mexique dans
la Province de Tlafcala , Se dont la
morfure eft. mortelle. Ce Reptile eft
long de quatre palmes Se quelquefois
de plus , Se moyennement gros. 11 a la
tête faite comme celle d'une Vipère,
Se le ventre blanc tirant fur le jaune.
Les côtés font couverts de certaines
écailles blanches , avec des lignes noi-
res par intervalles. Cet animal aie dos
brun Se prefque noir , Se quelques raies
brunes qui finiffent au dos. Il fe remue
fort vite par les rochers Se les préci-
pices , & plus lentement dans un lieu
uni. 11 a autant de fonnettes au bout
de la queue qu'il a d'années , Se fes
fonnettes qu'il' fait mouvoir violem-
ment Se fonnerfort haut, quand il eit
fâché , fe fuîvent l'une l'autre à la
façon des os de l'épine du dos. Ses
yeux font petits Se noirs , Se il a deux
dents courbées à la mâchoire haute »
qui communiquent fon venin. Il en a
encore cinq autres en chaque mâchoi-
re, qu'il laide voir en ouvrant la gueu-
le. Ceux qui font blcffés de ce Ser-
pent meurent en vingt-quatre heure9
de temps, avec de grandes douleurs :.
tout leur corps fe fend en petites cre-
valfes'. Les Sauvages mangent fa chair ,
Se leurs Médecins fe fervent de fes
dents 8e de fa graiffe. Ce Serpent eft
une efpece de Serpent à fonnettes, au-
quel les Mexicains ont donné le nom
à'0coz.oah. Voyez au mot BOICI-
3SINGA.
(1 D
<E D I C N E M O N : Cet oîfeau ;>
ielwu Albin {Totae-L ». ég,£,a.di&~
m d
huit pouces de longueur , depius h
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de
la queue, Se vingt pouces jufqu'à l'ex-
trémité des griffes. 11 a trente-fix pou-
ces de largeur , les ailes étendues : le
bec , depuis la pointe jufqu'aux coins
de la bouche, reiTemble un peu à ce-
lui d'une Mouette , avec cette diffé-
rence , qu'il eft droit , pointu , noir
jufqu'aux narines , Se le refte jaune)
les yeux ont l'iris de cette dernière
couleur , ainfi que les borda des pau-
pières , Se il fe trouve fous les yeux
un efpace dégarni de plumes qui eft
d'un verd jaunâtre : les jambes en font
longues Se jaunes ; les grilles petites
Se noires. Cet'oifeau n'a que trois doigts
de devant ; celui de derrière lui man-
que : tous font unis par une certaine
membrane , qui commence à la fécon-
de jointure fur le dedans du doigt du
milieu , à la première fur le dehors
Se s'étend prefque aux griffes des doigts
de dehors. Les jambes font fort épaif-
fes au-deffous des genoux , Se au-
deffus. Les cuiffes font dégarnies de
plumes à plus de la moitié , ce qui
marque que c'eft un oifeau aquatique.
Le menton , la poitrine Se les cuilfcs
font blanchâtres; la gorge, le col , le
dos Se la tête font couverts de piumes ,
dont le milieu eft noir, Se leurs bords
font de couleur de Frêne rougeâtre
ièmblable à celle du Corlieu. Il eft
appcllé par les habitans de la Pro-
vince de Norfolck , the Sihone Curleiv
ou Corlieu de rocher. Dans chaque aile
il a environ vingt-neuf grandes plu-
mes , dont la première Se la féconde
ont une tache blanche qui traverfe , Se.
la furface extérieure en eft noire. Lea
quatre fucceffivement après celles-ci
font noires. Les trois fuivantes ont
leurs bouts Se leurs bords blancs , &
précèdent treize autres plumes noires-,.
Celles qui font tout près du corps;
font de la même couleur. Les premiè-
res plumes du fécond rang font noi-
res - y les autres ont leurs pointes blan-
ches, Se fous ces pointes on voit une -
m i
raie , ou bord de noir , qui traverfe ries
plumes couvertes du delTbus des ailes ,
particulièrement celles qui fortent des
épaules, font fimplement blanches. La
queue a cinq pouces de longueur , Se
confifte en douze plumes diverfifiées ,
comme celles du corps Se des ailes.
Les boyaux font grands. Cet oifeau
engendre dans la iàifon fort avancée.
On a trouvé que les petits n'étoient
point en état de s'envoler à la fin du
mois d'Octobre. Les cris que ces oï-
feaux pouffent refltmbknt à ceux du
Pluvier verd. Albin dit avoir ob-
fervé qu'ils courent très-vite, & que
quand ils s'arrêtent, ils ne font aucun
mouvement de la tête ni du corps ,
pendant un temps confidérable , pas
même le moindre clin d'oeil. Les au-
tres Naturalises donnent le nom d'CE-
âienemon à l'Outarde. Voyez ce mot.
m i
ŒIL DE BŒUF, oifeau qui
fe trouve à Sierra-Leona en Afrique,
& au Cap de Bonne-Efpérance , où on
lui a donné le nom d'fEil SccVÈlan-
ceitr i l'un , à caufe de la multitude de
taches blanches de les plumes noires
mouchetées , Se qui ont l'apparence
d'autant d'yeux ; l'autre , A caufe de
la légèreté avec laquelle il s'élance
pour fuir ou pour attaquer ce qui le
bleflé.
(EIL PEINT, oifeau du Mexi-
que , nommé Izcuicuil, qui eft de la
grandeur d'un Moineau.
CE I L DE BOUC, ou LE-
PAS, ou PATELLE, Coquil-
lage de la claffe des Uni valves. Voyez
LEPAS.
(EILDE PAON, beau Papil-
lon, provenu d'une Chenille, qui fe
nourrit de feuilles d'Ortie , ainfi nom-
mé par Goedard( Part. L ) , par
L i s te R , p. i. /. t. par Petivert ,
Muf. p. 34. ». 3 14. par Al b 1 n , Inf
Ang. Se par Valentin Herb. f. 57.-
aïhfi que par M, DE RéAUMUR
far les autres;.
CE N 137
R AT ( înfecl. iftftvj».'}.) le nomme
Tapïlio elegayiiijjima ad Urticariam ac-
cèdent, (ingidis alarum maculiy ociiloi
imitantibus. Mouffet ( Edit. Ang. p.
5>58, Edit. Lat. -p. 99. ) Se H o ffn a-
G e l ( Inj. t. 1 2. fi 9. ) , de mime que
J o n s T o N ( Injetl. p. 40. ) Se M c
M E R 1 A N ( Infect, de l'Eur. jl'appel-
Ient Regina omnium > & M. LinnjEUS
( Fauna Sitec. p. 234- n. J"j6. ) lui don-
ne le nom de Papilio tetrapiis , alis an-~
gularibus fulvis , nigro maculatis , 07M-
nibus ocello cxruleo variegatisr
CE N
ŒNANTHE:Ce nom Grec eft
donné à ditférentes efpeccs d'oifeaux.
Le premier cil nommé Vitiftora et*
Latin. C'eft le Cul blanc , ou le Vitréa
de B e I, o n , nommé par M. L 1 n—
NJEUS( Fauna Suec. p. 82. n. 217. ) y
Motacilla dorj'o cano , fronte alba , ocu-
lorttm regïombus aigris ; en Anglois , tbe
Fallow Smicb ; dans la Province de'
Sulfex , the Wheat Ear ; en Suédois
Stenfqiietta.
11 y a une autre efpece de Cul blanc,'
dont parle A t. d r ovand e , nom-
mé par R A y ( Synop. Meth. Av. p. j6.-
n. 2.) , (Enanthe altéra d'A L D R o-
V A N D E.
Le troifieme (Enanthe, nommé Ru-
bicula par le même Naturalifte ( ibid,
». 3. ) , eft encore une efpece de Cul
blanc. Les Anglois le nomment th&
Whin-Chat. Cet oifeau a le dos bien;
coloré , la moitié des plumes noires
& les bords blancs ; deux taches blan-
ches aux ailes : le deffous de la queue-"
eft blanc; les petites plumes qui cou-
vrent la queue jufqu'à la moitié , def~
fus Se delfous , en cachent entièrement
la blancheur. Il a une ligne blanche ,
qui commence au coin du bec Se viens
finir derrière la tête. Cet oifeau a le
bec , les pieds Se les ongles noirs';-
Le quatrième (Enanthe eft la Mitf—
cicapa tertia d'A l drovandEj.ê
îa Rubetra , ou Traqitei de B e e o m.
iLes Anglois- nomment cet" oiïkzwSè&itF
e 3 8 (E S O G N OIE
Smifch , ou Stone Cbatter , & TuRNE-
rus , Àloor-Titling. M. Linn/eus
t FtfWM Sttec. p. 82. ». 218.) nomme
cet oifeau Motaciila nigricans , j'uper-
ciliis albis , macula alarum alba , gulâ
fiavefcente. Voyez TRAQUET.
L'GEnanthe quarta de R A ï & de
Willughdy, nommé auflî Monti-
cole y de fon nom Latin Monticola , eft
le Coldfinch des Allemands. Voyez aux
mots MONTICULE & CUL
BLANC , pour la defcription des
différentes efpeces.
Œ S
CES T RUS : C'eft le nom géné-
rique que M. Linnsus ( Fauna
Suec p. 306.) donne aux Mouches à
deux ailes. Celles qu'il décrit {«. 1024.
& Juiv. ) font au nombre de fix efpe-
ces. Voyez MOUCHES à deux ailes.
O G N
OGNELLA, efpece de Pour-
pre de la Méditerranée , aînfi nommée
par les Vénitiens , & que les Génois
nomment Roncera. Rondelet en
parle, dans fa féconde Partie, Edition
Franfoi/e , page 45. Elle approche du
Bolin de M. Adanson, qui eft nne
efpece de Pourpre à canal très-long ,
commune au Sénégal aux llles de la
Maf delene. Voyez POURPRE Se
BOLIN.
OGNIELLA, nom qu'on don-
ne à Rome , dit B E L o n (de Aquat.
p. 420. ) , à une autre efpece de Co-
quillage 1 qui eîl le Murex marmoreus
de Rondelet. Voyez MUREX.
O I E
OIE, ou O Y E : On verra au
* Cet oifeau eft nommé en Grec X.S ; en
Latin Anfir ; en Anglois, ihe Tante Qoofe ;
en Suédois , Goas ; en Allemand , Gjw/z ; en
Italien, Oc a ; en Elpagnol , Ganzv. Suivant
M t nage, Oie, ou Oye , vient A'Oge , qui
fe trouve dans nos vieux Auteurs , formé
(L'Auckfl , Auca, Ocha , ou Oga. On diloit
autrefois Que pour Oie. De-là à Paris le nom
<£e la rue aux Quel , dite par corruption la
O I E
mot OISEAU que M. Lin n /eus
par Aves AnJ "ères entend non-feulem°nt
la Palette , le Cygne , l'Oie privée Se
faubagé , la Bernazle , la 'Tadorne de
iiELON, mais encore les Canards Se
tous les autres oifeaux aquatiques du
genre des Canards. Pour les oifeaux
aquatiques palmipèdes, qui appartien-
nent proprement au genre d'ôie , An-
jerimimgcnus , ce font le Cygne domefli-
qut Scjauvage , l'Oie priv.'e ScJ'auvage,
la Bcrnaclc , le Brenta des Anglois ,
qui eft le Canard à collier de B e L o N ;
un autre nommé Brcntus par J o hnson j
hptite Oie d'Efpagne, une Oie noire
très-grande, ['Oie de marais, V Oie-
Cygne de Guinée , l'Oie de Gambr* ,
l'Oie de Canada , l'Oie ou-le Canard,
de montagne de Spitzberg , Sec. M.
Klein, p. 1 28. compofe la cinquième
famille d'oifeaux palmipèdes, divifée
en difrérens genres. Le premier con-
tient les Oies & les Canards.
Les marques caracirériftiques de ces
oifeaux font d'être grands de corps »
d'avoir le col long, les ailes amples ,
ainfi que la queue qui eft ronde ; un an-
neau blanc proche du croupion ; le dos
élevé Se rond & non auflt plat que dans
le genre des Canards , Se enfin le bec
épais à la bafe , pointu vers le bout Se
plus crochu que celui des Canards.
OIE DOMESTIQUE*:
M. L 1 y n /E u s (Fauna Suec. p. 3 2.
». 00.) l'appelle , ainfi que l'Oie J'ait-
vage , Anas roftro femi - cylindrico ,
corpore Juprà cinereo , fubttts albido ,
redvicibus mar^ine albis. L'Oie domefti-
que , félon R a y ( Synop. Meth. Av.
p. 1^6. n. 3 J, eft plus petite que le
Cygne , Si plus grande que le Canard.
Ellepefe bien dix livres quand elle ell
rue aux Ours , à caufe du grand nombre à'Oiei
que nourriifoient les RôfilDurs ou Oyers , qui
de rout temps ont habité particulièrement
cette rue. Le petit de l'O/V le nomnioit d'abord
Oyon, puis Oyfon, ou Oîfm. M. té D. chat
nou, apprend qu'en plufieurs endroits de b
France on appelloit un Oifon Siiilot, à Sibi-
lando, comme qui diroit Siffleut, On a nommé
le maie Oyard, Jard , Jar % ou Jai j.
0 I E
engraifTée. Sa longueur , depuis le
bout du bec jufqu'au bout des pieds ,
eft de trente-fept pouces & demi, Se
jufqu'au bout de la queue , de trente-
cinq pouces Se demi. Elle a le bec ,
depuis la pointe jufqu'aux coins de la
bouche , long de deux pouces trois
quarts, & jufqu'aux yeux, de trois pou-
ces Se demi ; la queue longue de fix
pouces Se demi , compofée de dix-
huit grandes plumes , dont les exté-
rieures font les plus courtes , Se les
autres plus longues infenfiblement ,
jufqu'a celles du milieu j qui font les
plus longues , Se vingt-fept grandes
plumes à chaque aile. Elle a le col
plus court que le Cygne & plus long
que le Canard. Sa couleur varie , com-
me dans tous les autres oifeaux do-
meftiques : elle eft brune , cendrée ou
blanche , ou mêlée de brun Se de
blanc. Le mâle eft ordinairement blanc.
Le bec Se les pieds des jeunes font
roux , Se ceux des vieux font ordinai-
rement rouges. Quand l'Oie eft en
colère, elle fiffle comme le Serpent,
L'Oie privée, comme le dit Bel on
{de la Nat. des Gif. L. III. chap. 3.
jp. 156". } tire fon origine de l'Oie fau-
vage. II y a , félon ce Naturalifte ,
deux efpeces d'Oies privées : l'une eft
plus grande , de plus belle couleur Se
plus féconde , Se l'autre , qui tire fur
l'Oie fauvage , eft plus petite Se de
moindre revenu. Les bons Economes,
qui favent tirer avantage des Oies ,
favent préférer la grande efpece à la
petite , Se fur-tout celles qui font blan-
ches ; car celles dont le plumage chan-
ge de couleur , paifent pour être de
mauvaife race. Willughby rapporte
que' l'Oie vit long-temps , Se qu'un
ami très -digne de foi lui a raconté
que fon pere avoit eu une Oie âgée de
quatre-vingts ans , qui n'étant aucune-
ment affaiblie par la vieillefle , fem-
bloir pouvoir vivre encore long-temps,
fi on n'eût été contraint de la tuer, à
caufe de fa méchanceté Se des mauvais
îraitemens qu'elle faifoit aux Oijçns.
Il ne parolt pas que les Anciens euf-
fent la coutume de fe coucher fur la
plume d'Oie. P L 1 N e ( Hifi. Nat.
L. X. c. 22.) cependant dit qu'on en
faifoit des oreillers ; mais ce n'étoit
que pour mettre fous la tête. Ce qui
fait croire , dit B e l o n , que les
Anciens ne connoiffoient pas les lits
déplumes, c'eft qu'aujourd'hui ils ne
font pas encore en ufage chez les Peu-
ples du Levant. Leurs lits font corn--
pofés de bourre de Chameau , de laine v
de coton Se des fommités de rofeaux.
Va ru on SeCoLUMELi. e, qui ont
beaucoup écrit fur l'Agriculture , ont'
donné la manière de faire couver les
Oies. Aristote a donné une deferip--
tion anatomique de cet oifeau , & le
diftingue en grand Se en petit; mais
Pline fait une différence de l'Oie
domefliqiie Se de l'Oie fauvage. Les
Anciens n'ont point fait de cas des oeufs
Se de la chair de l'Oie, Ils l'ont regar-
dée comme excrémenteufe Se de diffi-
cile digeftion , pareeque c'tft un oifeau
de marais. Il eft vrai que fa chair eft
humide Se vifqueufe ; mais nous fai-
fons cas aujourd'hui d'une jeune Oie
bien nourrie Se gralfe. Les Anciens'
n'eftimoient que le foie de l'Oie , par-
cequ'ils le trouvoient de bonne di-
geftion. Mais B e l 0 n fait remarquer
que le jeettr des Latins eft le géfier, &
nous , nous entendons par jecur le foie,
La graiffe de l'Oie chez les Romains
paffoit pour quelque chofe d'exquis.
On ne fait cependant pas fi les Méde-
cins en faifoient ufage.
LeHainault, l'Artois, les Régions
Septentrionales fourniifent beaucoup
d'Oies. Elles font leur ponte depuis le
premier Mars jufqu'à la fin de Juin,.
On les dépouille de leurs plumes en
Mars Se quelquefois en Septembre. Les
Oies accoutumées dans les maifons font
d'auffi bonne garde que les Chiens. On 1
en voit le long de la Loire s'affem'r.hr
en cerrains temps de l'année Se faire'
leur paifage en d'autres pays , d'otV
elles revienneat-enfuite,. chacune dans<
24° OIE
leurs maifoRS , ce qu'elles pratiquent
tous les ans. Cet oifeau eft trc's-vigi-
lant S: a le fommeil fi léser, qu'il fe
réveille au moindrebruit. Les Romains
ont mis les Oies au rang de leurs oi-
feaux lâcrés , pour les avoir avertis de
l'approche des Gaulois , prêts à s'em-
parer du Capitole.
Les Oies privées , comme les Oies
fauvages , aiment les lieux maréca-
"geux "Se les environs des eaux. Elles
fe nourrifTent de bleds Se de grains : fi
l'on n'y prend garde , elles peuvent
gâter tout un pays en très -peu de
temps , pareequ' elles arrachent les
grains & les racines, Se que leur fien-
te eft brûlante. Dans certaines Pro-
vinces de France on tire un grand pro -
fît des Oies : aufiî y en voit-on après
la moiflbn de nombreux troupeaux
pâturer dans les champs avec les Din-
dons. Dans l'automne on les engraifie
dans lefpace de quinze jours ou trois
femaines avec de la pâtée, en leur cre-
vant les yeux. On en fait vers la Saint
Martin un débit confidérable. La Jtif-
quiame Se la Ciguë font mourir les
Qifotts. L'amande amere £ft auffi un
poifôn pour eux , comme pour les
Canards Se les autres oifeaux. 11 n'y
a pas de Volaille plus fujette à produi-
re des monftres que l'Oie. Les gens de
la campagne ronnoiffènt par la gran-
deur & par la figure des œufs ceux qui
doivent en faire naître, Se ils les rejet-
tent comme n'étant pas propres pour
couver. A l d a ovande nous a
donné les figures de plufieurs monftres
en ce genre ; i°. d'un Oij'on à deux
têtes fur un feul col , avec quatre pieds
Se autant d'ailes ; 2°. d'un Oijvn i
deux cols Se à deux corps; 3 0 . d'une
Oie à quatre pieds, qu'il affaire avoir
vue à Bologne Se qui a vécu quelques
années. Chrétien-François Paulin
dit avoir vu en 1 66^ . au mois dç Mai ,
dans le Duché de Holftein , près d'Itr-
zehoa , une Oie mâle, grande, cou-
rageufe Se d'une belle couleur blan-
che , qui aYoit fur la tête une petite
O I E
Corne pointue. On lit dans les Ëphé-
mérides des Curius: de la Nature ,
Obferv. 6 j.queDANiEL Kketschmer
de Gorlitz, ayant fait couper la tête
à une Oit grade, fut fort furpris de
voir couler une liqueur blanche au lieu
de fang. Quand i'Oie fut ouverte, on ne
trouva dans le foie Se dans tout le refte
du corps qu'une pareille liqueur blan-
châtre, fans y voir une feule goutte
de fang : au refte cette Oie rendit beau-
coup de graxffe à la broche. Ceux qui en
mangèrent la trouvèrent d'un bon goût
& n'en furent point incommodés.
OIE S AD V AGE : Cet oîfcau
ne parolt parmi nous que l'hiver. Il
fréquente les terres labourées, où il
pâture. Il eft déplus petite corpulence
que l'Oie privée. Aristote Se Pline
les diftinguent l'une de l'autre. Il y en a
qui ont cru que ce que nous appelions
Oie fauvage étoit un oifeau privé , qui
venokpafTer l'hiver parmi nous, Sequi
s'en retoumoitpafTerPété dans fon pays
natal. Belok ( de la Nue. des Oif.L. HT,
£■.4. p. 158.) rejette ce fentiment ;
car les Oies fauvages ne peuvent être
nullement apprivoifées. La graiffe en
eft meilleure que celle des Oiesprivces.
Les des fauvages arrivent chez nous
après les Grues : elles y reftent pen-
dant l'hiver , au-lieu que les Grues
vont plus loin chercher les pays chauds.
Les Oies fauvages volent par bandes
le jour Se la nuit avec beaucoup d'or-
dre , en forme de triangle fans bafe ,
comme font les Grues Se les Canards
fauvages. Leur cri fe fait entendre de
fort loin : aufii remarque-t-on que
dans l'Oie faUVagt la trachée-artere eft
réfléchie , comme dans la Grue , en
façon de trompe.
Alsin t (Tome I. n. po.) donne ainfi
hdefcriptîon de l'Oie fauvage. Cet oi-
feau à onze pouces de long , depuis
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité de
la queue , Se cinq pieds de large , les
ailes étendues. La longueur du col .
de la pointe du bec jufqu'à l'emboîte*
ment des ailes , eft de dix-fept pouces.
Soit
O I E
Son bec a deux pouces Se trois quarts
de longueur. Le derrière de la tête ,
le dos , le col Se généralement tout
le défais du corps , excepté les plumes
qui font fur la queue , font d'un brun
foncé; mais les plumes couvertes du
deiîus des ailes font de couleur de Frê-
ne bleuârre. Les fécond, troifieme &
quatrième rangs des plumes de l'aile,
suffi-bien que les plumes (capillaires,
ont des bords blancs à l'entour de leurs
pointes. Les plumes qui font attenantes
à la queue font entièrement blanches.
Les longues plumes des ailes font au
nombre de vingt-fept , d'un brun fom-
bre Se preique noir. La queue a fix
pouces de longueur: elle eft compo-
fée de dix-huit plumes brunes , qui
ont leurs pointes Se leurs bords exté-
rieurs blancs. La poitrine Si le deflbus
du corps font d'un gris clair , tirant fur
le brun & qui s'éclaircit de plus en
plus depuis la tète jufqu'à la queue ,
fous laquelle tout eft blanc. Le bec eft
d'un jaune foncé, ou couleur defafran,
Se la pointe eft d'un jaune clair. Cet
oifeau a la mâchoire Supérieure toute
garnie de plufieurs rangs de petites
dents, Se celle de deffous d'un feul
rang de chaque côté: la langue en a
aulfi un de chaque côté fur la membra-
ne extérieure: fes jambes & fes pattes
font couleur de fafran Se fes griffes
font noires & livides : fous chaque
œil il y a une ligne blanchâtre.
L'Oie j'aiwdge fuit prefque la même
méthode que les Canards Se les autres
oifeaux de rivière. On voit de ces Oies
en France pendant l'hiver. Elles fe
plaifent dans les grandes plaines rem-
plies de bled verd , qui leur fort de
pâture; elles fréquentent fort ces lieux,
de peur des Chalfeurs. La chair de cet
oifeau eft beaucoup meilleure & plus
délicate que l'Oie privée. Il fait fes
petits dans les lues , Se dans les lieux
maritimes où il y a des marécages.
Aux environs do Ferrare en Italie
on en voit dont le bec eft noir au com-
mencement & à la lin : il eft jaune par
Tome III.
OIE i 4t
'e milieu , un peu courbé par de (Tus ,
Se dentelé comme une fcîe : le palais
eft même rempli de dents. On voit
quelque chofe d'élevé fait comme un
ongle à l'extrémité du bec , lequel
defeend en fe courbant Se finit en poin-
te. Cet oifeau a le dos Se le col cendrés ,
un peu rougeâtresà la Superficie- les
plumes du col menues comme celles
du Chapon Se très- étroites ; les gran-
des plumes des ailes noires à leurs ex-
trémités : celles du premier Se du
fécond rang qui les couvrent ont l'ex-
trémité blanchâtre Se compofent une
ligne blanche, qui traverfe les ailes Se
toutes les autres plumes du corps ,
principalement celles des .ailes , qui
font blanches par leurs bords. Les dix
plumes de la queue font très-courtes Se
blanches , ainfi que celles du dos ,
qui couvrent le commencement de la
queue : la partie de deffous eft d'un
gris cendré , auffi-bien que le dedans
des ailes : le bas du ventre Se le crou-
pion font très-blancs. Les jambes font
longues Se d'une couleurtrès-agréable ,
mêlée de rouge Se d'un jaune d'oran-
ge. Les pieds font de femblable cou-
leur , Se font faits de même que ceux
d îs Oies privées , Se les membranes qui
joignent les doigts font un peu dente-
lées enfeie.
On en voit d'une autre cfpece , affez
femblable à la précédente , excepté
qu'elle n'a pas le bec dentelé. Elle eft
connue en Flandres, Sa queue eft cour-
te ; fon plumage eft d'un gris cendré ,
Se fes pieds font de même que ceux de
l'autre efpece.
Il y a encore une autre forte à'Gie
JUuvage. Elle eft grande , Se a le bec
dentelé Se courbé en pointe. Son col eft
couvert de plumes en façon de poils.
Elle a par-tout les plumes d'un cendré
mêlé d'un peu de brun Se particulière-
ment celles du delfus du dos. La queue
eft courte Se menue ; les pieds font ro-
buftes Se de même couleur que ceux
des deux précédentes. C'eft ce qui fait
voir que toutes les efpeces d'Oies n'ont
pas , comme le dit Aristote, les
jambes de couleur d'eau.
O l a v s M a g n u s dit qu'il y en
a quantité en ÉthiopieSe dans les pays
Septentrionaux , principalement dans
le temps de leur couvaifon qu'elles
font au mois d'Avril , temps où elles
viennent des pays Méridionaux , &
qu'elles fe retirent dans les pays froids,
p'arcequ'eiles font d'un naturel tres-
chaud.
Selon les Relations de nos Voya-
geurs il y a dans l'Amérique beaucoup
d'Oies Se de Canes , principalement
dans le mois de Décembre. Elles volent
comme les Grues, & font, comme dit
A G R i c o c a , de très-grandes tra-
verles de pays. Elles reviennent l'hi-
ver Se font plus volontiers leur paifa-
ge lorfque le vent fouille du Nord au
Midi , pareequ'autrement il leur fe-
r'oit contraire & qu'il retarderoït leur
voyage. Albert le Grand dit
qu'elles font des cris fort hauts en vo-
lant , pour avertir celles qui les fuïvent
de la route qu'elles doivent tenir. A ni-
er osin ajoute que les plus fortes
fècour.ent les plus fôibles , en les fou-
tenanr Se les attendant , Se félon O p-
I- 1 E N , ëifeë fe mettent dans le bec
quelques petits cailloux , pour s'em-
pêcher de crier lorfqu'ellcs partent le
Mont Taurus , où il y a quantité d'Ai-
gles. La même chofe eft dite des
Grues.
Les fels de l'Oie faitvage font beau-
coup plus exaltés que ceux de l'Oie do-
meftique , à caufe de fon exercice con-
tinuel, & les Vers, les Infectes & les
Vég 'taux dont elles fe nourriffent tou-
tes les deux rempliflent leur chair Se
leur grai'f' d'un fel extrêm. ment vo-
latil Se pénétrant , qui la rend tres-
fuj\.tte àfe corrompre.
UOie dom^ftique Se l'Oie fanvage
comi: nnent beaucoup d'huile & de lel
volatil: la dernière fur- tout fournit
ces principes avec abondance. Cet oi-
feau eft un affez bon mander. On don-
ne avec raifonla préférence au-fauya-
O I E
ge , dont le goût eft bien plus favou-
reux , pareeque fe donnant plus de
mouvement , fa chair eft moins char-
gée de fucs vifqueux Se grofliers, & que
les principes de fes liqueurs font plus
exaltés. On peut cependant dire en gé-
néral que la chair d'Oie eft plus agréa-
ble au goût que fatutaire. En effet ,
difent les Auteurs de la Suite de la
Matière Alcdicale , elle abonde tou-
jours en lues lents Se greffiers , qui la
rendent de très-difficile digeftion : c'eft
pourquoi l'on en doit ufer modéré-
ment, & elle ne convient qu'aux per-
fonnes robuftes , qui ont un bon efto-
mac Se qui font de l'exercice, parce-
qu'elle nourrit beaucoup Si qu'ellejpro-
duit un aliment lolide Se durable ; mais
ceux qui ont un eftomac foible , qui
font fédentaires Se gens de cabinet doi-
vent abfolument s'en palier. On doit
choifir cet oifeau tendre , ni trop jeu-
ne , ni trop vieux , bien nourri Se qui
ait été élevé dans un air piir Se ferein.
Nous diions que cet c.ifeau ne doit être
ni trop jeune , ni trop vieux , pareeque
quand il eft trop jeune la chair eft vif-
queufe Se propre à produire des hu-
meurs grollîeres Se excrémentitielles :
quand au contraire il eft trop vieux,
fa chair eft feche , dure, d'un mauvais
fuc , Se elle caufe dis indigeftions Se
des fièvres. L'Oie fe mange ordinaire-
ment rc'itie ou. en rapoût, Se l'on fait
des pâtés de cuiffes d'Oies, qui font
fort eft'més. Les œufs d'Oies fe man-
gent chez le petit Peuple; mais '!s ne
font pas fi agréables ni fi vantés que
ceux de Poule. La première peau de
l'Oie pa(fe pour être aftringente Se pro-
pre pour arrêter les écoulemens immo-
dérés, quand on en prend en poudre,
du poids d'une drarme. La rraifïè eft
réfoiutive Se ^molliente. On s'en fert
pour adoucir les hémorr' o'VLs , pour
appaifer les douleurs d'oreill s, nffe
en dedans -, pour lâcher le ventre érant
prife intérieur .ment ; pour en frotter
les parties attaquées de rhumatifims.
Les excrémens de l'Oie mis enp oudre,
O I E
donnés au poids d'une demi-dragme»
raréfient & atténuent les humeurs ;
excitent les fueurs , les urines , les
régies des femmes Se hâtent l'accouche-
ment , dit Lémery. Quelques-uns
veulent que la peau de l'Oie appliquée
furies ang<_lures les guérit.
l.es Auti-urs ljuÏ oit écrit fur l'Oie domc(li-
qne & lur l'Oie fauvuge , font D> le , Pharm.
p. 419. M. LÉ M tkï, Train- des Aliment ,
p. 50. Charleton , Extrcit. p. 103. Belon,
de la Nature des Oifeaux , p. 157. Schko-
p e'k us , p. 314. G t S N E R , Av. p. 11$.
Ali/Rovam;Ej Orniih. ;./>. 102. Schwenck-
hlo , Aviar. Silef. p. 2,09. Jonston, de
Avib. p. 91. M t R. h e t, Pin. p. 179. W 1 l-
liigh by, Ornith.p. 2.73. Raï, Syuop.Melh.
Av. p. 136. M. I.innjEds , Vanna iwee. n. 90.
M. Klein, Onio Av. p. i3. & les autres.
OIE DE MER, en Latin
Merganfer, en Anglois the Goofander.
C'eft un oifeau dont la chair n'eft pas
faine : il a un goût maré.ageux &
défagréable. Albin (Ttme l. n. 83.)
dit qu'il a vingt-huit pouces de lon-
gueur depuis la pointe des ailes juf-
qu'à l'extrémité de la queue , Se qua-
rante pouces de largeur, les ailes éten-
dues. Il a le corps long , le dos large &
plat ; la tête & la partie fupérieure du
col d'un brun fombre & jaunâtre , ainfi
que la tête ; la partie inférieure du col
en arrière , la nailfance des ailes , le
dos & le defllis de la queue d'une cou-
leur cendrée , tïrarft fur un brun fale ;
le devant du col , la poitrine Se le
ventre , aufli-bien que la partie infé-
rieure de la queue, d'un jaune mourant,
tirant fur l'argent pu couleur ifabel-
le. La queue eft compofée de dix-
huit plumes. Chaque aile a environ
vingt-fix principales ou grandes plu-
mes , dont les dix qui font les plus
avancées en dehors font noires , aulfi-
bien que les quatre qui fuivent immé-
diatement après ; mais elles ont les
pointes blanches : les cinq plumes qui
viennent fuccelïivement après ont leurs
bouts noirs , & les autres fix ou fept
qui font tout près du corps font blan-
ches , ayant leurs bords extérieurs
noirs. Dans le fécond rang des plumes
O I E 243
de l'aîle celles qui font placées lur les
grandes plumes blanches font de la
même couleur depuis leurs pointes
jufqu'au milieu , & noires en bas; en-
fuite elles font toutes blanches jufqu'à
la fauffe aile ; mais entre les blanches
& les longues plumés f.apulaires des
ailes il y en a de noires qui furvienn^nt,
defquelles fi on ôt les langues feapu-
laires qui couvrent le dos & la partie
en avant de l'aile , les deux aibs fe-
ront noires , félon la defeription d' A l-
Drovande, vers le dos , puis blan-
ches avec une certaine pâleur, enfuite
noires, mais plis négligemment, Se
après blanches. Le bec , depuis la
pointe jufqu' aux coins de la bouche eft
plus long que le doigt du milieu La
mâchoire de deftous eft d'une cou-
leur brune-jaunâtre : celle de défais
eft d'une couleur plus foncée , tirant
fur le noir , Se crochue. Les deux mâ-
choires font armées de dents des deux
côtés Se reflemblent à une feie. Cet
oifeau a la langue & le palais jaunes,
les oreilles rondes , les narines larges
Se l'iris de couleur de fang;les jambes
Se les pattes rouges ; le doigt de der-
rière large , avec une membrane qui y
eft attachée. Il a un grand labyrinthe
olfeux furie fifflet du goder, exacte-
ment au-defTus des membranes qui y
font: d'ailleurs il y a deux e.-iflûres dans
le larynx , dont l'une eft au-deffus de
l'autre , chacune re(Temb!ante à une
houpe à poudrer. Cet oifeau eft le
grand Plongeon des autres Natuialiftes,
nommé Knipa par S c KO n F e L b ;
IFrakfogcl Se Kjoerfogel en Suédois ;
Skraka en Gothlande Se à Upfal.
OIE N O N N E T T E , ou
CRAVANT, félon Belon, de
la Nat. des Oij. L. lli c . 5 . p. 1 5 8. Cet
oifeau , dit ce Naturalifte , ne provient
pas de la pourriture des bois de navire.
Il en a vu pondre Se faire des œufs,
& leurs petits éclorre. Quelques-uns
ajoute -t -il, le nomment Cr avant ,
Se c'eft celui qu'il nomme Oie Nonnetic,
pareequ'il a la contenance d'une Oie Se
H h ij
M4 OIE
que fon plumage reflemble à l'habille-
ment d'une Religieufe vêtue de blanc
& de noir. Il n'eft pas fi grand qu'une
Oie , mais ïl l'eft plus qu'un Canard.
Le deflus de fà tête , le long du col par
derrière & le devant de l'eftomac font
couverts de plumes fort noires ; le
défions du bec julqu'à la moitié du col
8c le deflbus des yeux font des plumes
blanches ; fa queue eft courte Se noire;
les ailes Se le dos font de couleur plom-
bée, & les deux côtés des cuifles font
noirâtres , comme à l'Oie & à la Qiw
de mer. Cet oifeau qui a la forme d'une
Oie , le col long, la corpulence plus
petite, eft haut monté fur fes jambes.
Ses pîeds font plats , larges Se fort
noirs , de même que fes jambes , fon
bec & fes yeux; mais le bec eft rond
Se plus court que celui de l'Ole. S'a
manière de marcher, de fe nourrir Se
de cri^r eft la même que celle de l'Oie.
Selon Belon l'Oie Nonnette eft le
Xmvï?c771)^ d'AïuSTOTE, BclcVulpanfer
des Latins ; mais Lion Ray Se M.
Linnius, comme je l'ai dit ail -
leurs , le Vulpanjèr eft l'oifeau que
le même Belon nomme Tadorna ,
en François Tadorne.
Quant .i l'Oie Nonnette , Belon dit
que les Grecs Se les Latins lui ont
donné les noms ci -deflus , pareequ 'el-
le a la.finefle du Renard pour faire
échapper fes petits quand quelqu'un
veut s'en faifir. Elle fait f:mblant de
vouloir fe laiflcr prendre Se leur donne
par cette rufs le temps de s'échapper.
Quelquefois elle fait comme fi elle
aveit les ailes Se les cuifles caflees, &
quand elle voit fes petits hors de dan-
ger, elle s'envole Se s'échnppe à fon
tour des mains des Chaffeurs, Cet
oifeau n'eft pas fort commun parmi
nous.
OIE DE SOLAND.ouOIE
D'ECOSSE, en Latin Anfer BaJ/a-
nus , en Angloîs tbe Sdànd Goofe ,
oiiean . dit Albin {Tome!, n. 86". )
qui a vîngt-huît pouces Se un quart
de longueur depuis la pointe du bec
O I E
jufqu'à l'extrémité de la queue , $*
quarante - deux pouces de largeur
lorfque les ailes font étendues. Son bec
a trois pouces Se demi de longueur • il
eft droit, de la couleur du Frêne, 'un.
peu courbé à la pointe , ayant des
deux cotés près du crochet une appen-
dice ou dent angulaire , qui reflemble
aux becs de quelques oifeaux de proie,
La peau fur les côtés de la tête au-delà
des yeux eft dégarnie de plumes , com-
me celle du Cormoran. Le palais , auflî-
bien que tout le dedans de la bouche ,
eft noir, Se la fente de la bouche eft
large. A l'angle de l'os, qui reflemble
à un l'ou à un U des Grecs, il y aune
fort petite langue. Les oreilles font
d'une grandeur médiocre, Se les yeux
couleur de Noifetier. Cette Oie n'a
point de narines , mais il y a une rigole
à leur place , qui s'étend des deux
côtés tout le long du bec. Les bords des
deux mâchoires paroiiTent être gluans,
afin qu'elle puiflb tenir ferme lespoif-
fons qu'elle attrape. Elle a quatre
doigts tous liés enfemble par une mem-
brane , qui vient jufqn'aux bouts des
doigts. La jambe, depuis la jointure
du genou jufqu'à l'extrémité de la
griife de devant la plus avancée en
dehors, Se qui eft la plus longue, a
fix pouces de longueur. Cet oifeau eft
garni de plumes jufqu'aux genoux,
8e les jambes, de même que les pattes,
font noires par-tout où elfes font dé-
garnies. La griffe du doigt du milieu
eft large Se picotée fur le dedans ,
comme on la trou ve dans L s Hérons.
Son plumage reflemble à celui d'une
Oie : la couleur en eft blanche après
la première mue , excepté des plus
grandes plumes de l'aile , qui font
noires. Les plumes des vieux oifeaux
ont un trait jaunâtre fur le fommet de
la tête , fur le col Se fur le dos. Les
jeunes font bigarrées de blanc , d'un
brun foncé , ou de noir fur les parties
fùpérieurcs de leur corps. Il y a en-
viron trente - deux grandes plumes
dans chaque aile , Se la queue eft com-
O I E
pofée de douze , chacune de la lon-
gueur d'environ fept pouces. Ces oî-
feaux engendrent dans l'Ifle de BalTen
Eco (Te Se non ailleurs. Ils y viennent
annuellement en nombre prodigieux ,
Se chaque femelle ne pond qu'un œuf.
Comme on ne tire jamais fur ces oi-
feaux dans l'Ifle Se que perfonne ne
les effraye , ils font fi hardis ou allures
qu'ils d feendent Se nourri fient leurs
petits tout prts des habitans. Leur
unique nourrituro elt de poilfon ; néan-
moins les Qifons pa(Tent pour des mets
exquis parmi les Ecoflbïs Se on les
vend cher. Le Seigneur de l'Ifle en tire
annuellement de grands revenus. Ils
viennent dans le printemps Se ne s'en
vont que dans l'automne. On ne fait
pas où ils vont, ni où il9 fe tiennent
pendant l'hiver. Ces oifeaux font fort
induftrieux & adroits pour attraper les
poilfons, moyennant quoi les Infulai-
res font fournis pendant tout l'été de
poilfon frais. Cette efpece d'Oie eft
plus petite que VOie Nonne t te , mais
elle en a la figure & la voix. Elle fait
fon nid dans les rochers élevés de l'Ifle
fituée dans la mer d'Ecoffe. Il ne s'en
trouve pas dans les autres Royaumes
de la Grande-Bretagne. Cette Oie ai-
me fes petits fi tendrement , que lorl-
que les enfans du pays vont pour les
dénicher , ils ne le peuvent faire fans
péril de leur vie. Il n'y a point d'oifeau
plus gras. Les Êcollois fe fervent de
fa graille pour la compofition de plu-
fieurs remèdes. Cet oifeau ne s'éloigne
de l'Ifle que de fix milles tout au plus ,
de façon qu'il paroît propre à cette
lfle feulement , & particulièrement
aux environs du fleuve, de Furt, qui
coul 1 près delà ville d'Edimbourg.
OIE DE MUSCOVIE:
A T. b i N ( Tome IL n. 91. & 92.)
dit que c'eft un oifeau qui a quarante-
deux pouces de longueur, depuis la
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de la
queue , Se foionte de largeur, les
ailes déployé, s. Ces Oies font plus
grandes que les Oies ordinaires & ont
OIE 245
un air majeftueux. Le plumage du
fommet de la tête Se du deflus du col
eft d'un brun foncé : les côtés de la tête
Se du col font d'une couleur tendre. Le
bec eft orangé : il y a une bofTe large ,
ronde , de la même couleur fur la
mâchoire fupérieure. Le bout vers la
tête eft noir Se bordé de blanc. Cet
oifeau a l'iris d'un beau jaune luifant ,
la prunelle de l'oeil noire ; une grande
bourfe fous le bec ; le deflus du dos
d'un brun fombre ; les bords extérieurs
des plumes d'une couleur plus tendre ;
le refte du corps Se des ailes blanc ,
excepté deux ou trois plumes fur le
deflus de la queue , qui font d'un brun
fombre. Les jambes Se les pieds font
d'une belle couleur d'orange , Se les
griffes font noires.
La tête , le col Se la poitrine de la
femelle font d'une couleur fombre Se
adoucie , Se le dos , les ailes Se les
cuifles d'un brun fombre ; les bords
extérieurs des plumes font d'un blanc
fale , mais le bec eft de la même cou-
leur que celui du mâle : la bofle n'en
eft pas fi laree.
OIE DE BRENTA, en Latin
Anjer Brenta. Selon le fentiment de
Ray l'G/e^ifrfw/vîditferefp^cjfique-
ment du Bamaque. Les Hiftoriens qui
ont écrit fur les oifeaux , dit A l b i n
( Tome I. n. 9 3 . ) , les confondent Se ren-
dent les deux noms fynonymes. Ray
(Synop. Meth. Av. p. 1 37. ». 5, & 6. )
les diftingue , pareequ'il en a vu de
l'une & l'autre efpece dans le Parc
de Saint James. Aldrovande
< Ormth. L. UL §. &7- & L. XIX.
§.37.) en parle. C'eft un ofieau , qui ,
félon Albin , a vingt - fept pouces
de longueur depuis la pointe du bec
jufqu'à l'extrémité de la queue , Se
trois pieds trois pouces Se demi, les
ailes étendues. La tête & le col Se la
partie fupérieure de la poitrine fonr
d'un brun foncé tirant fur le noir, Se il
fe trouve dans quelques-uns une pe-
tite tache ou ligne de blanc , environ
au milieu du col de chaque côté, ce
i 4 <î OIE
qui paroît former cnfemble un collier
ou cercle de blanc: le dos en eft plus
fombre que celui d'une Oie ordinaire,
ou apprivoifée. Les plumes qui font
immédiatement près de la queue font
blanches. La poirrine eft d'un gris fom-
bre. Le bec eft petit & noir , de la
longueur d'un pouce trois quarts , plus
épais vers la tête , mince vers la poin-
te. Les yeux font couleur de Noife-
tier. Les narines font grandes , les
pattes font noires , & le doigt ell en
arrière.
OIE DE CANADA, en
Latin Anfer Canadenfis » oifeau , dit
le même Auteur, ». 92. qui a vingt -
fix pouces de longueur depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ,
& quatre pieds fept pouces de largeur ,
les ailes étendues. Le bec depuis la |
pointe jufqu'aux coins de la bouche a
un pouce Se un quart de longueur &
eft noir. Le devant de la tête , l'efpace
autourdes yeux Se fous le menton , font
de couleur de bufle pâle. Cet oifeau
a le derrière de la tête , le col , le
dos Se la partie fupérieure de La queue
noirs ; le ventre Se les ailes blancs ,
aufli-bien que le delfous de la queue
Se du croupion ; l'aile entière d'un
gris fombre , à la réferve des bords
extérieurs Se des extrémités des grolfes
plumes , qui font noirs , ainfi que les
extrémités des plumes couvertes fu-
périeures des ailes ; les yeux couleur
de Noifetier; l'iris blanche ; les jam-
bes & les pattes noires & le doigt de
derrière extrêmement petit. Ces Oies
font excellentes lorfqu'on les prend
toutes jeunes Se qu'elles font gralfes.
L'Auteur dit en avoir reçu de plu-
fieurs Particuliers d'Angleterre , fa-
voir une qui fut tuée fur laTamife ,
une autre fur la rivière de Thame dans
la Province de Cambridge, Se une autre
qui lui vint du marché de Nevgate.
11 paroît par-lâ qu'il en vient en Angle-
terre , Se que c'eft une efpece d'Oie
fauva^e.
J OIE D'ESPAGNE, en Latin
O I E
Anfer Cyenoïdes , ou Qgneus > Guinée»-
fis. Albin ( Tome I. n. 9 1 . ) dit que
cet oifeau a trois pieds fept pouces de
longueur depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité de la queue , Se qua-
tre pieds Se onze pouces de largeur.
Le dos eft d'un gris fombre , mélangé
d'un brun rougeâtre : le ventre tire
fur le blanc. La gorge Se la poitrine,
font d'un brun pâle-rougeâtre. Il y a
une ligne , ou raie de brun foncé , qui
va tout le long du foinmet du col , de-
puis la tête jufqu'au dos. Le bec eft
noir , Se de la racine il s'élève une bofle
par-deifus, qui ell très-large dans les
miles Se dans les vieux oifeaux. La
tête eft embellie entre les yeux & le
bec d'un filet de blanc. La queue eft
de la même couleur que le dos 6c les
ailes , les pointes de quelques plumes
qui s'y trouvent étant blanchâtres. Les
pattes font orangées , Se le bec de
quelques-uns eft de la même couleur.
Le doigt de derrière eft petit. C'eft
un oifeau majeftueux , qui marche le
col élevé, 11 s'accouple fouvent avec
nos Oies appthtoifees Se produit une
efpece bâtarde. La chair en eft excel-
lente loriqu'il eft jeune Se bien gras.
Le goût en eft agréable Se différent de
celui de l'Oie ordinaire.
Ray {Synop. Met h. Av. p. 138.
n. 1 . ) , d'après Lister, parle aulli
d'une forte d'Oie, qui eft nommée en
Latin Anfer Hijpamcus parvus. Elle
eft de la grandeur du Brenta , Se par
la couleur Se la figure approche de
l'Oie domefliqiu. Ray ne fait point
pourquoi on donne à cet oifeau le nom
d'Oie d'EJ'pagne , à moins qu'on ne
penfe qu'elle vienne d'Efpagne en
Angleterre.
11 y a une très-grande efpece d'Oie
toute noire , à laquelle on donne le
nom à' Anfer n\aximus niger , dit-il ,
qui paroît au commencement de l'hi-
ver. Elle fe nourrit d'herbes : elle
fréquente les prés Se les pâturages. Les
Anglois nomment cette efpece d'Oie ,
the Wkfflt,
O I E
Ils ont auflî une Oie de marais ~ t
qu'ils appellent en leur langue Grey-
Lagg. Elle eft de la grandeur de Voie
domeftique & peut bien être la même
efpece que Voie Jauvage vulgaire ,
parceq ie la defcription qu'en donne
K a y d'après Lister convient en
tout à Vu te Jauvage , à la réferve que
fes pieds lont pourprés couleur de
chair, & que Ion bec, depuis la tête
juiqu'à près de la moitié , cil noir , Se
le relie couleur de pourpre.
14 a y donne encore le nom d'Oie à
un oifeau , qui eft le Canard de mon-
tagne du Spiuoerg, ainfi nommé par
Frédéric Marte n s. Cet oifeau
a plutôt le bec d'une Oie que d'un Ca -
nard. Il eft de la grandeur d'une Oie
médiocre. Son plumage eft blanc Se
noir. C'eft un très- bel oifeau, qui
nage & qui fe plonge comme font les
Canards. La femelle eft de la couleur
de la Perdrix. Cetre efpcce d'Où vole
en troupe , fait Ion nid dans les Mes
les p us balles , pond à chaque fois
gpatre oeufs , qui font d'un bleu pâle ,
&. un peu plus gros que ceux des Ca-
nards ordinaires.
Il y a encore Y Oie de Magellan de
C L u s 1 V s , que 11 a y croit être le
Pcngitin des Anglois , 8c le Goifitgcl
d'H ojerus. Voyez au mot PEN-
GL1N.
On compte parmi les Oies a" I (lande
une efpece un peu plus groffe qu'un
gros Canard , connue fous le nom de
Margéej , qui y vient en fi gran.le
quantité , que leurs troupes font par
miiliers. Lne autre efp ce appellée
Hel tnger vients'ëtablîrl l'ÈiVcîePIfîe.
CesoT.aux fontfi fatigués enarri' ant,
vra'f mb'ablement^ar la grande route
qu'ils viennent de faire e*n traversant
la m^r , qu on en peut tuer des miilk-rs
à coups d^ b'iron. Hifi. Nat. a'i/l. par
M Amderson, p, 8;.
Il y a au Cap de Bonne-Ffp 4 rrnce
des Oies en quantité & de trois fort s:
les OL r Jauvagts , les Oies de mon-
tagne Se les Oies d'eau. Ces trois for-
O I E a47
tes différent beaucoup , foîr pour la
couleur , foit pour l a grolTeur L'Oie
de montagne eft plus groîTe que celles
qu on élevé en Europe. Elle a les plu-
mes des ailes & celles du fommet de
la tête d'un verd beau & très-éclatant.
Cet oifeau fe retire le plus fou vent
dans les vallées, où il fe nourrit d'her-
bes & de plantes.
Les Oies ja/tvages , qui ont reçu
le nom d'QitJ jab.auns , ont , comme
leur nom le défirne , le jabot d'une
groifeurextrême. L.<s Soldats & lecom-
mun du Peuple des Colonies s'en fer-
vent pour faire des poches à mettre du
la^ac, qui peuvent en contenir envi-
ron deux livres.
La taille des Oies d'eau qu'on trou-
ve au Cap , eft la même que celle des
Oies donuftiques qu'on nourrit en Eu-
rope , Se a l'égard de. la couleur, il
n y a entre elles d'autre différence, fi-
non que les uies aquatiques ont fur le
dos une raie brune , mêlée de verd.
Toutes ces diverfes efpeces d'Oies font
très-bennes Se très-faînes Koi.be,
Defcription du Cap de Bonne Ej 'pératwe ,
Tome II l. c. 16 p. 154.
Il y a.i la Gambra des Oiesf.uwages,
beaucoup plus grolfes que celles d'An-
gleterre , armées , à la jointure des
ailes , d'éperons auflî longs.que ceux"
de nos Coqs , & qui les rendent ca-
pables de battre un Chien.
Les Oies jauvr.ges du Sénégal font
d'une couleur fort différente de celles
d'Europe. Elles ont des ai.es armées
d'une lubftance dure , épineuie Se poin-
tue , qui a deux Dotr.cs & demi de
longueur. Le Maire dit que ces
Oie-jauvages du pays font très brunes -
mais que la Sarcelle eft d'un goût qui
lurpaffe celui de tous les autres oi-
feaux II ajoute qu les Oies grtfes font
les meilleures Jriifi. Gén. des Vvyag.
Tome X. p. 409. tuir. i'J-i 2.
On en voit quantité à la Chine Les
rivières 81 les lacs font remplis de Ca-
nards Se d'Oies Jauvages.
11 y a aux Molucques des Oies en
i4 8 O I G
grande quantité , Se dont les pieds
reflemblent à ceux des Perroquets.
O I G
OIGNON MARIN, efpece
de Cancre, en Latin Squilla, poiffon
cruftacée , qui a une queue , beaucoup
de pieds , mais point de pinces,, di-
fent Aiustote Se Rondelet. Elien
Se Belon marquent que les Oignons
marins ont des pinces. Ils ont d'abord
le corps noir : ils deviennent blancs dans
la fuite. Us ont auffi , félon Oppien,
des cornes fort aiguës , placées fur la
tête. On leur donne un aiguillon tres-
pointu , fait comme l'éperon d'une
galère à trois rangs. Ils ont des yeux
élevés , Se dont le cryftal eft très-dur.
Leurs :nteftins , comme dans les autres
Cruftacées , finifïent fous Ia^ queue ,
par où ils rendent leurs excrémens Se
leurs œufs. Ils fe retirent dans les ma-
rais falés & les endroits pierreux. On
en voit de grands dans les Indes , qui
ne quittent point le fond de la mer.
Les petits fe trouvent proche du riva-
ge. Les mers d'Allemagne & de France
en fourniflent beaucoup. Ces Oignons
de mer , ou SquiUes fe nourriffent
d'Huîtres , Se il y en a qui aiment la
moufle de mer. On connaît le mile de
la femelle par deux taches blanches
qu'il a. Ils s'accouplent à la manière
des Quadrupèdes , dans le printemps,
toujours proche de la terre , & lorfque
les Figuiers font en maturité. Ils de-
viennent la proie du Loup marin , Se
d'un autre poiflon qui change de cou-
leur , que les LaSns , comme Pline,
appellent Phycis. On fait ufage de
l'Oignon marin , tant fur les tables
qu'en Médecine. A p i C i u s qui les
aïmoit beaucoup , envoy oit en Afrique
pour en avoir. On les mange bouillis
avec le vinaigre Se frits à l'huile. Ils
font long-temps à cuire. L'excès fait
mal à l'eftomac. Cardan aiïure qu'ils
font tres-propres à exciter de l'amour.
Quelques - uns s'en fervent comme
d'amorce , pour pêcher des Mulets.
O I s
Il y aplufieurs fortes d'Oignons marins,
celui qui eft large , Squilla lata , j,' ve
Urja; celui qui paroît boflu , lorsqu'il
fe courbe , Squilla g'bboja ; celui qui
eft petit, Squilla parva , Sec.RimcH,
de Exfaneidbus aquatkis , p. 17. & 1 8»
Voyez S'QU 1LLE.
O I S
OISEAU, en Latin Avis, Aies,
Volucris i en Grec âpw i en Anglois,
Bird Se Fowl ; en Allemand , \ vgel :
En général c'eft un animal qui a des
plumes Se des ailes pour voler. L'ori-
gine des Oifeaux qui viennent tous de
l'œuf, leur manière de vivre , la va-
riété de leurs couleurs fuivant les fai-
fons , leur chant , leurs différentes fi-
gures & grandeurs, ont occupé plu-
fieurs Naturalistes anciens Se modernes.
Aristote,Pline, Élien,
Albert le Grand, Scali-
GER, ALDROVANDE, \flL-
luomby, Ray, Belon Se Al-
bin, de même que Meilleurs L 1 n-
Njeus, Klein, Mœrhing, Se
bien d'autres , ont écrit fur la nature
des Oifeaux, Se ont marqué dans les
différentes dattes qu'ils en ont faites ,
ce qui les diftingue les uns des autres
par les plumes , le bec , les ongles , la
tête , le col , les ailes , les cuiffes , les
jambes Se les pieds.
Belon a fait une clafle des Oi-
feaux qui vivent de rapine. De ce
nombre font les différentes efpeccs
à' Aigles , Se les autres Oifeaux de preie
qu'on nomme en Latin Accipitres ,
comme le Vautour noir Se fauve , l'Air
gle noire Se fauve , le Gerfault , Y Au-
tour , le Sacre connu , l'Égyptien , le
Faucon, YÉpervier, le Mouchet, l'E-
merillon , le Hobreau , le Lanicr , le
Tiercelet , l'Orfraie , la Qttercerelle , la
Bufe , le Goyran , le Fan - Perârieu »
l'Oifeau nommé Jean le Blanc, les Pies-
Grièches grande Se petite , le Milan «
Se autres. Le même Bf.lon( Liv. L
chap. 2. ) y ajoute pour la reflemblan-
CC le Coucou , tous les Oifeaux de nuir,
nommés
O I s
nommés en Latin N0EI11& Aves , entre
kfquels il compte l'Effraye , la Hu-
lotte, la Chevêche, le grand Se le petit
Duc, le Hibou ou Chat- Huant, l'Gjfî-
fragus , le Charadrius , le Corbeau de
îiuit & le Faucon de nuit. Cet Auteur
finit par le Phénix , qui eft un Oifeau
étranger.
Dans la féconde clarté ce Natura-
lifte met les Oifeaux aquatiques , tels
que font le Cygne, le Pélican nommé
Onocrotale , les Oies privées Se fauva-
ges , l'Arcanne Se Caniart , le Canard,
le Hark , le Cormoran , le Cr ayant , la
Cercelle ou Garfotte , la Mouette , le
Morillon , la Piette , le Biévre , le petit
Plongeon fauve nommé Caflagneux , le
grand Plongeon , &: le noir nommé la
Macreufe , auquel on donne auffi , dit
Belon, faufTement le nom de Dia-
ble de mer , la Jtrdelle nommée autre-
ment la Poule d'eau , Sec.
Dans la troisième clafTe font les Oi-
feaux qui fréquentent les bords des
étangs , des lacs , des marais Se des
rivières , ainll que le rivage de la
mer , edmme la Grue, le Héron gris
&le blanc Sel' Etoile, celui que nous
nommons Galerand ou Butor , l'Ai-
grette , le Bihorreau , le Flamand ou
Flambard , la Fie ou Bécajfe de mer ,
1-a Cigogne Se l'Ibis , l'Alouette de mer ,
la Barge , le Chevalier noir & rouge ,
le Coriis , la Poulette d'eau , le Marti-
net Pêcheur , le Blanculet ou Cul blanc,
la Pale ou Palette, le Râle noir , le
Porphyrie , Sec.
Dans la quatrième clafTe font les
Oijeaux qui nichent fur terre , tant
dans les bois que dans les campagnes,
comme l'Autruche, l'Outarde, la Ca-
ne Pétiere , le Francolin , la Perdrix
de Grèce , nos Perdrix rouges Se gri-
fes , les Perdrix de Syrie , celles de
Damas , les Perdrix blanches , le Plu-
vier , la Bécaffe , le Coq de bois , autre-
ment le Faijan Bruant , la Gélinote de
bois , le Râle de Genêt, le Paon, les
Poules d'Inde , les Poules, de Guinée,
le Coq privé & les. Poules privées , &
Terne III.
OIS 149
l'Auteur Suit cette clafTe par.laCW-
le , le F ail an ,.8ec.
'Dans la cinquième clafTe font les
Oifeaux qu! n'ont point d'habitation
fixe-, & qui fréquentent indifférem-
ment les boi$ de haute futaie de mê-
me que les taillis , les prairies , les
pâtis , lesguérets , les rivages , & qui
fe nourrirent de toutes fortes de vian-
des, tels font les Corbeaux, les Cor-
neilles , les Emmantelées , les Freux ou
Grollei , les Chouettes, tant rouges que
noires , les Pies , les Ramiers, les Bi-
fets , les Pigeons privés &-fuyards , le
Geai , la Hupe , la Liiorne , le Loriot ,
le Alerte noir , le M.rle blanc , le Mer-
le à collier , le Merle bleu , le Pape-
gay ou Perroquet, le Trajîe , autrement
nommée Grive, le Touret , autrement
nommé Mauvis , la Tourterelle , le
grand Pic qui a le bec crochu , le Pic
jaune , qu'on nomme autrement Pic
verd , le Pic rouge , qu'on nomme auffi
Epeiche , le Grimpereau , le Torchepot ,
le Tercot , le Pic de muraille, que les
Auvergnacs nomment Fermer , l'Etour-
neau , le Paijfe folitaire , Sec.
Dans la fixieme clafTe font les pe-
tits Oijeaux qui fe nichent dans les
haies & les buiffons , dont les uns fe
nourrilTent de vermines , les autres de
femences , Se d'autres de vermines &
de femences tout enlemble , tels font
les Paijfes, autrement dits Moineaux ,
le Friquet , le Moineau à la fonde , le
Bec-figue ou Pivoine, le Bruant , les
Fauvettes, tant la brune que la roufTe, le
petit Mouchet , le Gros- Bec -, la Linote ,
le Picaveret , les Méfanges , tant la
Nonnette que la Mêfange bleue , Se la
Méfan^e à longue queue , le Mérous ,
que les Latins nomment Apiafter , les
Pinçons, tant le commun que le Mon-
tain , le Pinçon d'Ardetines , la Rube-
line , autrement nommée Roupie , ou
Rouge gorge , les RoJ/ignols , tant de
bois que de muraille , le Chardonne-
ret , le Serin , le Tarin , le Traquet , le
Verdier , le Roitelet , la Soucie , le Cul
blanc , qu'on nomme Vitrée , 8c il finie
îjo OIS
cette decnîere clafle parles trois for-
tes d'Hirondelles , & par la Lavan-
dière, la Bergeronnette jaune, la cen-
drée , Sec. C'eft ainfi que Belon
parle des Oifeaux en général , fuivant
les différentes dattes dans lesquelles il
les a mis.
Ray dîvîfe les Oifeaux en terreftres
& en aquatiques. Les Oifeaux terreftres
font ceux qui ne fréquentent point du
tout les eaux , fe retirent dans les
lieux fecs 8c vivent de ce que la terre
produit. Les uns ont le bec Se les on-
gles crochus, Se les Grecs les appel-
lent Ta./j.-\mtvxi( • les autres ont le bec
& les ongles droits , Se font nommés en
Grec dpÔwvu^jç. Parmi ceux qui ont le
bec Si les ongles crochus , il y en a
qui vivent de fruits, 8e on les nomme
Aves frugivora, telsfont les Perroquets :
les autres vivent de chair Se font nom-
més carnivorœ. ; ce font ]$s Oifeaux de
rapine » rapaces. On connoît les Oi-
feaux de rapine , fur-tout ceux de jour,
par leur tête grande Se leur col court ,
par leur bec Se leurs ongles crochus ,
& par leur langue large , épailTe Se
iëmblable à celle de l'homme. Les
plumes de la queue font au nombre de
douze , ce qui eft auffi commun à plu-
fîeurs autres e/peces d'OiJeaux ; celles
des ailes font au nombre de vingt-
quatre. Le ventricule eft membraneux
& non mufculeux. Ils ont des appen-
dices Se deux inteltins cœcum courts ,
qui ne font d'aucun ufage dans les
Oifeaux adultes. Les cuilfes font for-
tes Se mufculeufes. Ces Oijeaitx ont
ia vue perçante Se apperçoivent de
fort loin leur proie. Ils vivent folitaires
Se non en troupes , au rapport d'A-
riStote, mais il faut en excepter
les Vautours. B e L o N dit en avoir vu
des cinquante Se foîxanre enfemble. A
proportion u"e leur grandeur ils font
vêtus de plumes en très-grande quan-
tité. Ils vivent très-long-temps Se plus
que toutes les autres efpeces d'Oi—
féaux : c'eft ce dont Ray doute ; ce-
pendant il eft certain , ajoute-t-U %
O I s
qiïë tcftis les Oifeaux en général , mal-
gré la petiteffe de leur corps compa-
ré à celui des Quadrupèdes, font néan-
moins plus vivaces. Ils fouffrent plus
long-temps la faim , ce qui leur eft
prefque nécefTaire, parceqii'ils n'ont
pas toujours' leur nourriture préfente.
Les femelles des Oifeaux de rapine font
plus grandes que les mâles , d'un plus
beau plumage , plus fortes , 'plus cou-
rageufes Se plus féroces , parcequ'el-
les ont feules le foin de leurs petits.
Ces Oifeaux vivent de petits Qua-
drupèdes , & divers Oifeaux de-
viennent aulîî leur nourriture. Quel-
ques-uns plus lâches que les autres
fe contentent des cadavres que le
hafard leur fait trouver ; tels font les
Vautours.
Parmi les Oifeaux de proie on distin-
gue les Oifeaux nocturnes d'avec les
Oifeaux diurnes. Les premiers ne vo-
lent que la nuit Se ne cherchent leur
nourriture que la nuit. Leur tête eft
grande Se faite à-peu-près comme celle
des Chats : telles font les différentes
efpeces de Hibous ou fhats-J-fuams.
Les Oifeaux de rapine de jourfont di-
vïfés en grands & en petits. Parmi les
grands il y en a qui font plus coura-
geux, telles font les Aigles: d'autres
qui font plus lâches , comme les Vau-
tours. Quelques efpeces d'Aigles ne-
font pas plus grandes que le Faucon-
Gerfaut s mais les Aigles différent des
autres Oifeaux de proie , non-feulement
par leur grandeur , mais encore par
leur caractère féroce Se indomptable,
ce qui fait qu'on n'en peut dreffer pour
la Fauconnerie.
Les petits Oifeaux de proie de moin-
dre grandeur font pareillement divilés
en ceux qui ont du courage Se ceux
qui n'en ont pas. Les premiers qui font
élevés par les Fauconniers ont , ou
des ailes, longues prefque jufqu'à la
queue , alas macropteras , tel que le
Faucon -L amer , ou des ailes courtes -,
alas brachypteras , comme V Kmettllon
Se VEpervier. Ceux qui n'ont pas de
O I s
Courage font méprifës des Fauconniers ,
tels font le Butor Se le Milan.
. Parmi les Oifeaux terreflres qui ont
le bec droit Se les ongles moins cro-
chus que les Oifeaux de proie , ondiftin-
gue i°. ceux qui font d'une énorme
grandeur & ont des ailes peu propres
à voler, comme V Autruche , VEmea
ou le Cajoar 8c le Dodo.
2°. Ceux qui font grands & qui ont
un bec gros , fort & oblong ; ce font
ks genres de Corbeaux, Oifeaux que
quelques-uns appellent demi-Oifeaux
de proie , femi-Rapaces.
3°. Ceux qui ont le bec moindre,
plus court , quelque peu courbé Se
qui appartiennent au genre des Pou-
les » ne vivent que de grains. Ils
ont le corps gros 8c pefant , ont
beaucoup de chair , des ailes cour-
tes , concaves, ce qui fait qu'ils ne
peuvent pas voler haut & long-temps.
Le boyau cœcum eft très-long. Leur
chair eft blanche, fur-tout celle de
la poitrine. Ils font leurs nids à terre.
Leurs petits , qui font couverts de du-
vet , fuivent la mere , courent o% Se là,
& ramalTent ce qu'ils peuvent avec
leur petit bec : telles font nos Poules
domefiiques. , les Faifans , les Per-
drix , Sec.
,4°. Le genre des Pigeons , en Latin
genus Columbinum , appartient aulïi au
g£nus Gallinaceum s ce qui les carafté-
rife , c'eft la figure de leur corps ,
qui approche de celle du Coucou > leurs
jambes font courtes & rouges , ainfi
que leurs pieds, dans prefque toutes
les efpcccs que nous connoiflons. Leurs
ailes font longues. Ils ont le vol fort ,
le bec droit , menu , étroit Se un peu
long. Il faut excepter quelques Pi-
geons étrangers , qui ont le bec plus
court 8c plus gros. Les Pigeons ont une
voix gémiflTante. Ils ne couvent que
deux ceufë à la fois , mais en récom-
penfe ils font plufieurs pontes par an.
Ils dégorgent dans le bec de leurs pe-
tits pour les nourrir.
5°, Il y a de plus petits Oifeaux
OIS tfî
terreflres , qui pour la gràndeur tie n-
nent le milieu entre le Pigeon Se I' d P
louette. Ils ont le bec* d'un- grolTeur 8c
d'une longueur médiocre. Le defïlis eft
un peu courbé. Leur queue ett lon-
gue. Ils vivent indifféremment de bayes
8c d'infectes.* Ce genre d' Oifeaux , à
caufe de fa reflemblance avec la Gri-
ve , qui eft un volatil très-connu , ett
nommé par les Naturaliftes Turdinum
genus. Ce font les* différentes efpeces
de Grives , de Merles 8c à'Etour-
neaux.
6°. 11 y a encore les Oifeaux les plus
petits de tous, qu'on divîfe en Becs-
menus 8c en Gros-bect , in tenuirojlros ,
Sc craJJlrafiros.he nombre en ett fore
grand.
Pour les Oifeaux aquatiques, ce font
r°. ceux qui volent autour des eaux,
qui y cherchent leur nourriture , 8c.
cependant ne nagent pas. Ils font tous
filTipîdes. La plupart ont les cuilTes
longues , Se au-deffus des genoux , ils
font fans plumes , afin d'entrer plus
facilement dans les eaux bourbeufes.
2°. Les Oifeaux qui nagent , Se dont la
plupart font palmipèdes ; le plus fou-
vent ils ont les jambes fort courtes.
Entre les Oifeaux qui volent autour
des eaux , il y en a de très-grands ,
comme les Grues , Se de petits. Parmi
ceux-ci les uns fe nourrilîent de poif-
fons , 8c font nommés pifcivoTœ s les
autres d'infecles ou de limon , Se on
les appelle bifeciiv*r<& , ou lirnofug<t.
Il y s. de ces Oifeaux qui ne vivent
point de poiiTons , qui ont le bec- très-
long Se droit , ce font les Bécajfes ; &£
ceux qui ont le bec courbé, ce font
les Hérons. D'autres l'ont de moyen-
ne longueur , c'eft la Bécajje de mer ,
autrement appellée Pie de mer , connue
des Latins tous le nom H xmante-pus >
Se fous celui de Pua i%arina. D'autres
ont le bec très-court , qui n'a pas plus
d'un doigt Se demi de long, tels font
les Vanneaux Se les Pluviers.
Les Oifeaux aquatiques qui nagent
font ou fiilipedes , comme la Foulque ,
I i ij
iji OIS
ou palmipèdes. Entre ceux-ci îl y en a
qui ont les jambes très-hautes , com-
me le Flamand , l'Avofetta , le Tro-
cbylus , qui eft le Corrira d'A ldr o-
VANde; d'autres ont les jambes très-
courtes. Parmi ceux-ci i). y en a qui
s'ont que trois doigts , comme le F 'en-
gain , l'Alkfl & le Lomxuia j d'autres
en ont quatre , 8e* ils fe tiennent tous
par une membrane , tels font le Péli-
can , l'Oie , VOie Nonnette , le Corbeau
aquatique, ou le Cormoran ; d'autres
ont feulement trois doigts qui fe tien-
nent , Se celui de derrière eft dégagé;
de ce genre il y en a qui ont le bec
étroit ; d'autres qui l'ont pointu à
l'extrémité , ou un peu courbé , lcf-
quels font de deux genres ; i°. ceux
qui ont les ailes courtes 8c qui nagent,
brachypterm 8c urinatrices , tels font les
Plongeons de la petite efpece , dont
quelques-uns ont les doigts divifés Se
fournis feulement d'une membrane aux
C('t:s; 2°. ceux qui ont les ailes lon-
gues Se qui volent , macropters, & vo-
laticœ , telles font les différentes efpe-
ces de Mouettes. 11 y en a qui ont le
bec crochu à l'extrémité , Se de ces
Oifeaux les uns l'ont dentelé , comme
les Plongeons j d'autres l'ont uni, fans
être dentelé , tel eft le Puffin des An-
glois , Se V^ifeau de Diomedc. Enfin
les Cifaux aquatiques à large bec , 8c
qui nagent , peuvent fe réduire à deux
genres , c'eft- à-dire à celui des Oies ,
en Latin genus Anferinum , 8c à celui
des Canards , 8c on divife les Canards,
en Canards de mer, 8c en Canards de
rivière 8c de lac.
M. LiNN.EuSjUn des plus fa vans
Naturaliftes de nos jours , fuit une au-
tre route. Il divife en fix ordres la
claffe des Oifeaux.
Le premier comprend les Accipi-
tres , qui font fes Oifeaux de proie ,
qu'il divife en Oifeaux notlurnes' 'Se en
Oifeaux diurnes. Sous le nom généri-
que de Strix , il comprend toutes les
différentes efpeees d'Oiftaux notiur-
nes i fous celui de Fatco , il entend les
O I S
r Aiglts , les Faucons , & les autres Oi-
feaux de proie.
Il place dans le fécond ordre tous
ceux qu'il nomme Pica. Sous le non»
de Corvus , il parle des Corbeaux^ des
différentes efpeees de Corneilles, des
Pies Se du Geai i fous celui de Ciicu-
lus , il comprend le Coucou ,*aînfi que
le Turcot de Belon; fous celui de
Ficus , les différentes efpeees de Picsi
fous celui d'Upupa , îl entend parler
de la Hupe , 8c fous celui d'ipftda , du
Mérops , ou Guêpier.
Le troïfieme ordre eft celui des
Anferes , Se fous le nom générique d'A-
nas il range la Poche , Pale ou Palette ,
le Cygne , les Oies , la Bernacle , la
Tadorne , les différentes «fpeces de
Canards , le Morillon , la Macreufe ,
la Cercelle , Sec. fous celui de Mergus ,
les Plongeons, le Cormoran 6c le petit
Cormoran , ou petit Corbeau aquatique ;
fous celui d'Alca » la Pie de mer du
Nord „ l'Oie de Magellan , ou le
Fenguin des Anglois , le Tord des
Gothlandois , qui eft YAlca d'H o J E-
R u s ; fous celui de' Colymbus > les
différentes efpeees de Plongeons , un
Pigeon de Groenlande ; fous celui de
Larus, les différentes efpeees de Mouet-
tes i fous celui de Sterna, les Hirondel-
les de mer , Se fous celui de Fuite a,, les
Poules d'eau.
Le quatrième ordre des Oifeaux de
l'Auteur , qu'il nomme Scolopaces *
Oifeaux à long bec , font i °, fous le nom
d'Ardea , la Grue , les Hérons , le
Butor > la Cigogne i 2°. fous celui de
Recurvirofira , l'Avofetta des Italiens *
& un autre Oifeau de la Laponie , qu'il
nomme Recurvirofira petlore croceo j 3 ".
fous celui de Numenius , les' Courlis »
ou Corîieux , la Becajfe , les BécaJJines >
les efpeees de Chevaliers ; 4 0 . fous
celui de Tringa , l'Avis pugnax , qui
eft le Brusham des Suédois , le Cinclus
de Belon, efpece de petite Bccajfme ,
l'Alouette de mer , le Vanneau , le
Tôt an , ou Chevalier rouge i 5 0 . fous
celui de Charadriits , les Pluviers, le
O I s
Charadriuf , ou Oifeau de Roche ; 6°.
fous celui d' H&mantopus , la Pie ou
Béeajfe de mer s 7 0 . fous celui d'Orty-
gometta le Raie d'eau.
Le cinquième ordre nommé Galli~
nuU , Oijèaiix du genre .des Poules ,
font , fous le nom de Pavo , le Paons
fous celui de Meleagris , le Coq d'Inde ;
fous celui de Gâllus , le Se -les
Polder ; Se fous le nojn de Teirao , le
Co^ rie Bruyère , la Perdrix blanche ,
la Gelinotte , la Perdrix roujfe , la j°£r-
drixgrife, la Caille, Sec.
Le fixieme ordre comprend les i'^JJf-
rej. Sous le nom de Columba il entend
les différentes efpeces de Pigeons Se les
Tourterelles s fous celui de Loxia , le
Pinçon Royal , nommé autrement Groj--
, Se deux autres Loxia ; fous celui
d'Ampelis , le t7^i Bohême, la Pie-
Griêcbe , dont plufîeurs efpeces ; fous
celui de Sitta, le Grimpereau ou Ter-
chepot ; fous celui de Stufnus , Y E tour-
veau } fous celui de Turdus , les Grives ,
les Merles; fous celui d'Alaitda, les
différentes efpeces 6.' Alouettes ; fous
celui de Fringilla , les Chardonnerets ,
les Pinçons , les Verdiers , les Serins,
les Ortolans , les Linotes, les Moineaux
de différentes efpeces ; fous celui de
Certhia, le pe tit Grimpereau j fous ce-
lui de Motacilla , la Lavandière , les
Bergeronnettes , le Merle aquatique , les
Câ/Ï blancs , les Rouges queues , les
Rojftgnols , les Gorges rouges , les f <«f-
vettes, les Bec -figues , les Mé fanges
de Bois, les Roitelets ou Bérichons ;
fous celui de Parus, les différentes èf-
peces de Méf anges ; fous celui d'Hi-
rundo , les Hirondelles domefiiques , des
champs , les Martinets , l'Hirondelle
de mer Se le Tette-Chevre , ou Crapaud
volant ; & enfin fous celui de Procella-
ria , un Oifeau connu en Suéde , qui
eft leftitrf/ d'A lein.
M. Klein dîvîfe la claffe des
Cifeaux en huit familles, & les range
fuivant le nombre des doigts qu'ils ont
aux pieds.
Dans la première il place les Oifeaux
O I S î SÎ
qui n'ont que deux doigts aux pieds ,
& il n'y a que l'Autruche d'Afrique
qui n'ait que deux doigts , Se point par
derrière, didatlyhts, nullo pôjlico.
Dans la féconde famille , qui con-
tient fix genres % font les Oifeàuk qui
ont trois doigts aux pieds Si point der-
rière , tridaclyhts , nullo fiflico. Le
Nhanduguacn de l'Amérique, cfpece
d'Autruche, fait le premier. genre. Le
Cafoard , ou V Ente h fait le fécond..
U Outarde , la Cane Petiere , l'Outarde
de l'Arabie d'E dtaiid , k Mucu-
cagitd font du troifieme. Dans le qua-
trième l'Auteur place les différentes
efpeces de Gavia , comme le Vanneau ,
le Pluvier verd , Sec. dans le cinquième
l'Hœmantopitsde Pline, décritpar Sib-
dald & par le Comte de Marsilly ;
dans le fixieme la Pie de mer de Belon.
La troifieme famille, qui font' les
Oifeaux à quatre doigts , dont deux
devant Se deux derrière , tetradaclylus ,
digitis duobus anticis , tôt idem po/licis ,
contient aufli fix genres. Dans le pre-
mier font les Perroquets ; dans le fé-
cond les Pics ; dans le troifieme les
Coucous j dans le quatrième les Jpjîdà
ou Alcyons s dans le cinquième l'Ci-
feait Royal, ou Roi de Guinée s dans le
fixieme la Pie du Bréjil.
La quatrième famille contient les
Oifeaux à quatre doigts » trois devant
5c un derrière , tetradaclylus digitis
fimplicibus, unico pojîico y Se forme vingt
genres. Le premier eifc divifé en quatre
tribus. Dans la première font les diffé-
rentes efpeces d'Aigles ; dans la fé-
conde les Vautours ; dans la troifieme
les Faucons; dans la quatrième les
Oifeaux de nuit. Le fécond genre con-
tient les différentes efpeces de Cor-
beaux Se de Corneilles ; le troifieme les
Pics , les Geais , le Cajjfè-Noifette , Sec.
le quatrième les Etourneaux 3 le cin-
quième tes Grives ; - le fixieme les
Akuettes. Le feptieme genre eft drvïfé
en trois tribus. La première contient les
Ficedula , qui font les Roffignols Se au-
tres Oifeaux chantans j la féconde ies
Trochloàytes , qui font les Roitelets; la
troifieme les Silvia, tels que'la Rouge
gorge Se autres petits Oifeaux. Le hui-
tième genre contient deux tribus. Dans
la première font les Hirondelles , dont
les plumes de la queue font égales ;
dans lai féconde f° nr -Hirondelles,
dont la queue eft divifée. Le neuviè-
me genre eft compofé des différentes
efpeces de Méfanges. Le dixième eii
partagé en cinq tribus. Dans la pre-
mière on trouve les différentes efpeces
de Moineaux ; dans la féconde les Or-
tolans & autres; dans la troifieme les
différentes efpecçs de Linotcs ; dans la
quatrième les Oifeaux à gros bec , tels
que le Pivoine , ou Bouvreuil , & au-
tres; dans la cinquième le Chardonne-
ret d'Europe Se d'Amérique. L'on-
zième genre comprend les Oifeaux à
long bec , comme les Bécajj'es , Bécajfi-
nes , h Barge, Sec. Le douzième, les
Oifeaux qui fe plaifent dans le gra-
vier, que l'Auteur fait connoître fous
le -nom de Glareola , tels que le Che-
valier aux pieds rouges , le Chevalier
aux pieds noirs Avis Pugnax , nom-
mé Soldat , Sec. Le treizième, les diffé-
rentes efpeces de Râles. Le quator-
zième , les Suceurs de miel, tels que les
Colibris , Sec. Le quinzième genre eft
divifé en deux tribus : la première offre
les Grimpereaux ; la féconde les Cor-
peux , les Guêpiers 8e la Hupe . Le fei-
zieme genre eft celui des Oifeaux pou-
dreux : fous le' nom de Gallinaa:eus ,
on- connoît le Coq Se la Poule ; fous ce-
lui de Favo , le Paon ; fous celui de
fthleagris , le Coq d'Inde ; fous celui
de Pha/ianus , le Faifan , la Perdrix Se
la Caille ; fous celui de Lagopus , le
Coq de Bruyère , la Géiinote , Sec. Le
dix-fsptieme genre eft celui des diffé-
rentes efpeçes de Pigeons , dans lequel
on comprend la Tourterelle , Sec. Le
dix- huitième genre comprendra Grue
ordinaire, \aGrue Baléarique , celle
du Japon , celle de Numidie , nom-
mée Demoifelle , Sec. Le dîx-neuvieme
genre eft compofé de trois tribus :
O I S
dans la première on voit les Hérons j
dans la féconde les Cigognes ; dans la
troifieme la Palette , ou Spatule , le
Flamand, ainfi que le Pélican d'arbre
de l'Amérique. Le vingtième êft un
genre d'Oijeaux qui ont le bec fait en
forme d'harpon j telle eft la Pie du
Mexique.
La cinquième famille renferme les
Oifeaux palmipèdes , armés de quatre
doigts aux pieds", un derrière Se trois
devant: les genres font au nombre de
quatre. Le premier contient deux ra-
ces ; la première font les Oies, la fé-
conde les Canards. Le fécond genre
eft partagé en quatre races ; dans la
première font les Mouettes , dans la
féconde le /Varie , Sec. dans la troi-
fieme les Plongeons, dans la quatrième
Y Avofetta Se le Coupeur d'eau.
Dans la fixieme famille font des
Oifeaux palmipèdes à quatre doigts ,
comme VOnocrotale , ou le Pélican ,
VOie de Baffan , le grand Fou, le Cor-
moran , le petit Cormoran , VOifeau du
Tropique , Se le Topinamèu de Marc
Grave.
Dans la feptieme famille font aufii
des Oifeaux palmipèdes , mais à trois
doigts , tels que la Colombe de Groen-
land , le Lomwia , ouGuiltemot (3'Al-
b i n , le Canard Arclique de Cl u-
S i u s , l'Oie de Magellan , ou Pen-
gain , ['Alka , le Sénateur de M a r-
T e n S , ainfi que le Préconfu! ou Bour-
guemeflre du même , le Stront-Jage r ,
le Pinçon de mer ou de tempête de
FeuilléE, Se l'AlbatroJfd'Euw ARD.
Enfin dans la huitième famille font
des Oifeaux datïylabes à quatre doigts ,
franges de chaque côté, Se dont plu-
fieurs ont trois doigts devant Se un
derrière. L'Auteur y place les diffé-
rentes efpeces de Colymbes Se les Foul-
ques.
M. Mœrhing a auffi obfervé en
1752. les genres des OiJ 'eaux , qu'il
divife en quatre claffes. La première
qui renferme les Hymenopodes , c'eft-
à-dire les Qifea;ve dont les pieds font
O I s
garnis d'une membrane, eft fubdîvi-
fée en deux ordres. Dans le premier
fbnt les Aves Pieu, s dans le fécond font
les Aves Pa/feres.
Sa féconde clafTe eft cdmpofée des
'Dermatopodes , Oifeaux do rit les pieds
font garnis d'une peau , & contient
deux ordres, fa voir les Aves Ascipi-
tres & les Aves Gallin*.
Sa troifieme contient les Brachypte-
r£ . Oifeaux à ailes courtes ; telle eft
¥ Autruche.
Et la quatrième , divifée en cinq
ordres , contient les Oifeaux aquati-
ques , hydrophyU. Dans le premier
font les Oif eaux à bec dentelé , odomo-
rkyneha ; dans le fécond les Oifeaux à
bec plat & crochu en dedans ,- platy-
rhyncha; dans le troifieme les Oifeaux à
bec étroit , ftenorbynchœ , tel quel'Ono-
crotale } dans la quatrième les Plon-
geons , Urtnatrices } dans la cinquième
les Oifeaux à long bec , Scolopaces.
Telles font les divifions ou les tables
fynopriques de nos Ornithologues mé-
thodiftes.
Il n'en eft pas , dit Bel on, des
Oifeaux comme des anilmaux terref-
tres , qui de chaque efpece font , ou
plus grands ou plus petits , ou plus
maigres ou plus gras , fuivant les ré-
gions qu'ils habitent. Les Oifeaux ,
fuivant l' efpece qu'ils font , confervent
a (fez conftamment par-tout leur gran-
deur. Une Aigle , par exemple , le
Ramier , la Tourterelle , le Roitelet , la
Corneille t dans quelque pays qu'ils vi-
vent, font voir peu de différence. S'il
y a des Chapons T des Grives, des Oies
& tels autres Oifeaux un peu plus
grands ou un peu plus gras dans des
pays que dans d'autres, ils ne différent
pas pour cela par leur forme , leur
couleur & leur nature. Un Coq vivant
en Afrique eft comme un Coq vivant
en Afie Se en Europe.
Les Anciens ont dit quJentre les
animaux , celui qui eft couvert de plu-
mes , qui marche fur deux pieds , &
ç^ui a des ailes, eft nommé Oifeau. Les
O I S 1TS
Grecs dîfent 6W ; les Latins Avis ;
du mot Omis , les Grecs ont fait Qrni-
thotropbia , 8â les Latins d'Avis ont
fait Aviaria, mots qui fignifient en no-
tre langue volière. Les Oifeaux qu'on,
nomme encore Bipèdes , ont des yeux
& des paupières comme les autres ani-
maux. Ils couvrent leurs yeux d'une
membrane, qui fort du coin de l'œil,
de la partie de dehors r en l'amenant
en bas vers le bec, Us voyent tous
fort clair, mais les uns plus que les
autres ; les uns voyent le jour, & les
autres la nuit.
Les Oifeaux de proie ont les yeux
ombrés. Aucun JJïfeau n'a de cils ,
qu'on nomme en Latîn cilia , ni de
fourcils, qu'on appelle fupercilia , du
moins qui portent du poil autour des
yeux , comme chez l'homme & les ani-
maux. II eft vrai cependant qu'il y en
a , tels que les Faifans , qui ont quel-
que chofe d'approchant. Les Oifeaux
ont fur le bec deux trous , qui leur
fervent pour l'odorat. Ils ont un bec
fans dents , mais il y a quelques Oi-
feaux de rivière , qui ont le bec den-
telé ; ils l'ont auffi crochu. Ceux qui
vivent de vermine ont le bec grêle,
foible Se pointu : ceux qm" vivent de
grains l'ont fort court, & propre à les
broyer : ceux qui nagent fur l'eau *
qu'on nomme paluftres , l'ont large Se
crochu par le bout : ceux qui font
montés fur de grandes jambes ont le
bec longuet , menu & jointu ; enfin
il y en a qui l'ont rond & droit ; d'au-
tres voûté , & d'autres tranchant.
Comme les Oifeaux différent les uns
des autres par le bec , ils différent aufll
par la langue. Les uns l'ont courte ,
les autres large: d'autres déliée & la
plupart dure. Ceux qui nagent fur
l'eau ont des membranes aux pieds ,
qui leur fervent d'avirons pour nager;
ils ont cependant autant de doigts au*
pieds que les autres.
Tous les Oifeaux ont quatre doigts v
«fexcepté un petit nombre , qui en ont
trois. 11 y en a plufieurs qui en ont
2 5 <î OIS
deux derrière Se deux devant. Les Oi-
feaux qui ont les ongles crochus , font
ordinairement les Oijeaux de proie , Se
ils ne marchent pas fi bien que les au-
tres. Tous ont une queue , non comme
celle des poiffons Se celle des bêtes
terreftres , mais un croupion , où des
plumés font attachées , qui leur fervent
de gouvernail. Il y en a beaucoup qui
l'ont longue Se d'autres courtes , Se
d'autres qui n'en ont point du tout.
Tous ont les plumes fendues & atta-
chées à la peau; la racine en eft creu-
fe : mais outre ces plumes ils ont en-
core du poil , ou une efpece de duvet.
Nous n'entrerons point dans le détail
des parties intérieure^ des Oijeaux ,
cela regarde l'anatomie.
Le bec Se les pieds font ce que les
Auteurs anciens ont choifi pour diftin-
guer les Qifeaux les uns des autres.
J'ai déjà parlé de la nature de leur
bec. Quant à leurs pieds , les An-
ciens appellent fiffîpedes ceux qui ont
le pied fendu , pour les diftinguer
de ceux qu'ils nomment palmipèdes ,
c'eft - à - dire qui ont les pieds plats.
Cette diftinclion conduit à répéter Ici
que les Oijeaux de proie , qui ont l'on-
gle crochu i font nommés en Latin
une ungues , Se les autres qui ont l'on-
gle droit, rethtngues.
Les Grecs Se les Latins ont auiïi tiré
îa dénomination de chaque efpece d'Oi-
feau , de la nourriture qu'elle prend.
Les Qifeaux de proie , par exemple ,
en général font appelles par les Grecs
farcopha<rA , Se par les Latins carnivo-
ta, ce qui veut dire en François man-
geurs de chair. Ceux qui ne vivent que
de Vermine font nommés par les Grecs
Scolicopbaga , ce qui lignifie en Fran-
çois mangeurs de Vermine. Ceux qui
ne vivent que de femences de Char-
dons, d'herbes épineufes , font nom-
jmés acanthophaga , comme qui diroit
mangeurs de Chardons. Ceux qui ne
vivent que de Fourmis , Moucherons ,
3çc. font nommés fenipophaga , c'elt^-y
â-dire mangeurs de Mouches. Ceux
O I S
qui ne vivent que de grains entiers
font nommés Carpophaga. , c'eil-à-dire
mangeurs de fruits. Ceux qui dévorent
indifféremment les grains 8e la Vermi-
ne font nommés Famphaga » comme
qui diroit vivans de toutes choj'es . Ceux
qui fréquentent Se nagent fur les eaux,
qui ont le pied plat, font nommés fle~
ganopodes , Se en Latin palmipèdes , à
la différence des Oijeaux qui font
appellés fiffîpedes. On nomme Avei
agreffes ceux qui vivent dans les lieux
retirés , pour les diftinguer des Qi-
féaux domeftiques.
Il y a des Oijeaux qui ne quittent
point le haut des montagnes ; d'autres
qui font toujours dans les forêts , &
d'autres qui ne fréquentent que les
rochers. Plufieurs efpeces -à'Oifeaux
changent, de demeure fuivant les fai-
fons. Pendant l'été ils relient fur les
montagnes , Se l'hiver , à caufe du
grand froid qui y règne , ils defeendent
dans les plaines. Plufieurs quittent les
eaux douces en hiver, pour aller cher-
cher les eaux falées , qui ne le glacent
point. D'autres ne vivent que fur les
bords des fontaines Se des fources.
D'autres , comme les Qifeaux pajja-
girs, vivent pendant un certain temps
de l'année dans un pays, Se s'en vont
dans un autre, où ils arrivent prefque
tous à jour marqué. En Europe on ne
voit que pendant l'été les Cigognes , les
Cailles, les Milans noirs, les Hiron-
delles , qui fuient les chaleurs brûlan-
tes de l'Afie Se de l'Afrique. Sur la
fin de l'automne , à caufe des rigueurs
de l'hiver , les Hirondelles quittent
l'Europe , pour jouir pendant cette
faifon du climat tempéré de l'Afrique,
de l'Egypte Se de l'Arabie. Les Bé-
cajfes qui ne peuvent vivre pendant
l'hiver fur le haut des montagnes qui
font couvertes de neige Se de glace,
viennent chercher l'humidité de nos
bois Se de nos vallons. Les Gruè's quit-
tent pendant l'hiver les Régions Sep-
tentrionales , pour vivre dans les cam-
pagnes , Sc3près l'hiver elles retour-
nent
O I s
fient à leur première demeuré , où
règne un froid plus fupportable. Mais
s'il y a un grand nombre à'Oifeaux
pajfgers , il y en a encore un plus
grand nombre , qui ne quittent point
jes endroits où ils ont pris naiflance.
Les Oifeaux vivent les uns plus, les
autres moins. Les Oifeleurs ont obfer-
vé parmi ceux qui vivent en cage qu'il
y en a plufieurs qui ne vivent pas plus
de deux ans : d'autres vivent cinq ,
d'autres dix , Se d'autres jufqu'à cin-
quante ans. Ceci doit s'entendre des
Oijeaux de proie , mais le cours de leur
vie n'eft pas réglé. 11 y a des Oifeaux
qui vivent enfemble ; d'autres qui vi-
vent feuls. Ceux qui ont les ongles
droits & qui fréquentent les rivières
fe lavent en tout temps dans l'eau.
Ceux qui ne volent pas fort haut ,
comme les Poules , aiment à faire la
poudrette. On voit qu'un Oifeau eft
malade quand fon plumage eft hérilTé
& mal en ordre.
On connoitlesO/y^và la différen-
ce de leur vol & de leur marcher. Plu-
fieurs marchent toujours pas à pas :
d'autres ne peuvent aller qu'en fau-
tant , d'autres en courant , d'autres
en jettant leurs pas devant eux. Quel-
ques-uns ne peuvent marcher fur ter-
re, ne ceffent de voler, ou s'arrêtent
bien peu. Les Oifeaux qui ont de gran-
des ailes , comme ceux qui ont des
ongles crochus , tels que les Oifeaux
de proie , ne marchent que difficile-
ment. Il y en a qui preffent leurs ailes
en volant , après avoir frappé feule-
ment l'air d'un feul coup : d'autres ne
peuvent voler, qu'ils ne remuent fou-
vent leurs ailes; d'autres ne s'élèvent
de terre , qu'en jettant un grand cri
avant que de partir ; d'autres ne font
aucun bruit. Les uns s'élèvent tout
droit de terre ; d'autres ne peuvent
s'élever fans prendre leur courte; d'au-
tres partent de deffus quelque hau-
teur ; d'autres paroiffent fe biffer tom-
ber, 8c fe relèvent enfuite tout d'un
coup.
Tome III,
OIS i 5 7
Il y a des Oifeaux qui chantent plus
melodieufement que les autres , & il
n'y en a aucun qu'on ne puiffe recon-
noître à fa voix. Cependant les Oi-
feaux de proie chantent peu , ou plu-
tôt chacun a un cri particulier par le-
quel on le peut distinguer. C'eftlorf-
que le temps eft ferein qu'on entend
les Oifeaux chanter dans les bois. Les
Oifeaux mâles, fans en excepter au-
cun , chantent mieux que les femelles.
Il y a même des femelles qui ne chan-
tent point du tout. Les Oifeaux s'en-
tendent les uns les autres , Se fe ré-
pondent. Le printemps eft la faifon de
leurs mélodieux accords. On fait que
le Rojfignol fait dans cette faifon , &
fur-tout la nuit, l'agrément des bois.
On entend la nuit, avant le jour, Se
pendant le jour, le Coq , l'Oie , les Sar-
celles , l'Alouette , le Vanneau , le Cor-
lis , le Pluvier , la Grue, le Rojfignol ,
la Perdrix, & plufieurs autres.
Le printemps paroît être la faifon
dérerminée pour les amours des Oi-
feaux. Ce n'eft que dans ce temps
qu'ils s'entrecherchent , & ils fe tien-
nent compagnie pendant tout le refte
de l'année , fans penfer à leurs amours.
Les mâles des Oifeaux de proie font
communémentplus petits que leurs fe-
melles. Entre les Oifeaux il y a des
efpeces qui font plus portées à l'amour
que les autres , même des mâles plus
amoureux que des femelles, & des
femelles plus amoureufes que des mâ-
les. Tous les mâles ne cochent point
leurs femelles de la même manière.
Les uns la tiennent contre terre; les
autres tout de bout. Quelques Oifeaux
pondent dans toutes les faifons de l'an-
née ; d'autres une fois l'an , au prin-
temps feulement ; d'autres en hiver ,
Se d'autres deux fois l'an. Les uns font
une grande quantité d'œufs ; d'autres
en font peu. Les uns font leurs nids
à terre , les autres au haut des arbres,
d'autres dans des arbrîffèaùx , d'autres
dans des creux d'arbres , d'autres dans
la terre , d'autres dans des rofeaux *
Kk
î5$ O I S"
d'autres dans des fentes de rochers , Set.
Les œufs différent fuivant les efpeces
à' Oifeaux , par la couleur 8c par la
grotfeur ; maïs tous ont une coque ou
écorce afTez dure , & en dedans une
membrane qui enveloppe tout le vo-
lume de l'œuf. Pendant que les femel-
les couvent leurs œufs , 8c les font
éclorre par leur chaleur naturelle, il y a
des maies qui foulagent leurs femel-
les & leur apporte de la nourriture ,.
&c d'autres qui les abandonnent tout-
à-fait.
Les Oifeaux de proie font ordinai-
rement tous maigres ; cependant il y a
des pays où l'on en mange. Les petits
des Vautours étoient autrefois fort efti-
més dans l'Ifle de Crête. B uon
( Liv. I. chap. 20. ) dit qu'il y a des
f auconniers qui font cas de la chair
du Sacre , du Vautour 8c du Faucon ,
rôtie ou bouillie en guife de volaille,
8c qu'ils ne perdent pas de ces Oifeaux
de proie , quand il y en a qui courant
après le gibier fe caffent une cuifle ,
ou fe rompent une aile. Akistote
( Hifi. Auim. L. VI. c. 7. ) dît que les
petits de* Oifeaux de proie font un ex-
cellent manger ; 8c Pline ( Hifi. Nat.
L. X c, 4.9. ) rapporte que dans les
Mes Baléares les Bujards étoient de
fon temps très-recherchés deshabitans.
Mais fi les Anciens recherchoient fi fort
lies Uijeaux de proie , Belon nous
apprend qu'on mange en Auvergne le
Goyran , qui eft une efpece d'Aigle ,
Se il nous allure que ces fortes d' Oi-
feaux jeunes 8c vieux font excellens ;
ei j p ndant il avoue que ces Oifeaux.
de proie font faits plutôt pour le plai-
fir des Grands , c'eft-à-dire pour la
chafle , que pour couvrir leurs tables.
Il: ajoute aulïî qu'un Payfan ne man-
gerait pas d'un Milan , d'une Orfraie,
d'une Cnjferelle , 8c d'autres qui fo
nourrifTent de charogne » non plus que
des Oifeaux.de nuit. Le petit d'un Cou-
cou paffoit chez les Anciens pour un
excellent mets. Aristote ( ibid. )
€fj: faifoit grand cas. On mange, err.
O I s
Egypte & en Macédoine beaucoup de
Cygnes, quoique leur chair foit de
dure digeftion. Les Oifeaux de rivière
qui fréquentent les marais ont la chair
excrémenteufe , 8c font de plus diffi-
cile digeltion que les Oifeaux terreftres;
mais les Canes, de même que lesCa-
nards fauvagïs 8c privés , les Maries ».
les Sarcelles , les I'iettes 8c les Moril-
lons font un meilleur manger , Se infi-
niment moins excrémenteux que les-
Plongeons , les Cormorans >\es Cravans?.
les Caftagneux , les Macrotdles ,. les
Jodelles, les Mouettes 8c les Bievres,
dont la chair eft dure , fibreufe , beau-
coup excrémenteufe , & maigre.
Toutes les Nations ne s'accordent
pas fur la qualité des Oifeaux pour le
manger. Belon rapporte que les
Hérons blancs Se gris , les Butors , les
l'aies ou Palettes , les Bihorreaux 8c
les Aigrettes font recherchés des unes
& méprifés des autres. Il y a eu des
Empereurs, difent Pline 8c Ma-
cro b e , qui regardoient la langue
du Flamand , comme un mets excel-
lent. Du temps de P L 1 n e , la Cigo-
gne palfoit pour un bon manger. L'Au-
truche eft un régal chez les Afri-
cains, comme l'Oie l'ell parmi nous.
Quant aux Oifeaux dont on fait ufage
fur les tables en Europe, voici com-
me en parle Belon. L' 'Alouette de
mer, la Barge , Se le Chevalier noir &
rouge pris en hiver Se gras font un
bon manger. Le Corlis 8c la Foule d'eau
fentent beaucoup le fauvagin. Le Mar-
tinet Pêcheur n'eft pas cftimé. Le Cul
blanc eft d'une bonté finguliere. Le
Râle noir eft de dure digeftion. La Ca-
ne Fétiere eft moins bonne que la Per-
drix. Le Francolin , la Géltnote 8c le
Coq de bois engendrent un làng fubtfl.
Les Poules d'.nde 8c d' Afrique pafTent
pour être délicates ; elles font meil-
leures froides que chaudes, ha Caille
eft une viande friande. Le Pluvier 8c
la Bécajje font des Oifeaux de bon
t>oût. Le Paon , quoique d'une chair,
dure s paroiftoit autrefois fur les meiV
O I 5
leufeS tables avec les Toutes de Gui-
née. Le Fài/att, les Foules d' Autruche
Se les Poules privées , de même que
les Chapons , les Poulets Se les Pou-
lettes font la nourriture des perfonnes
en famé & de celles qui font malades.
Les Pigeons Ramiers , les Bijets , les
Pigeons fuyards Se privés , Se les Tour-
terelles , tous ces Ojfeaux font en ufa-
ge par- tout. Les Payfans fe nourrif-
fent des petits des Corneilles Se des
Pies, ainfi que de ceux du Geai, Sec.
Les Merles noirs Se blancs , les Grives
Se les Mauviettes font d'excellens Oi-
feaux. En Italie , on fait grand cas du
Bec- figue , du Pivoine , du Rojfignol «
de la Fauvette roujfe & brune , Se de la
Rouge gorge , qui font d'un très-bon
goût. Les Moineaux , les Bruants , les
Gros-Becs , les Linotes , les Picsverds,
les Pinçons, les Chardonnerets , les T;Z-
riwr , les Verdicrs , les Lavandières Se
les Bergettmuttesioiit mangés quelque-
fois à la campagne , tant parccqu'ils
font gras en hiver , que parecqu'ou y
en prend une grande quantité.
En général , les Oifeaux qui fe nour-
rîlTent de grains , d'herbes ou de fruits ,
font bien plus fains , fourniflent un
meilleur fuc, fie fe digèrent plus faci-
lement que ceux qui fe nourriHent
d'infectes , de viande , ou de poilïbn.
La chair des premiers n'eft ni trop ter-
reftre , ni trop aqueufe , & les princi-
pes qu'elle contient lont fi concentrés
Se mêlés fi intimemenr , qu'elle n'a
rien d'àcre ni de piquant , Se qu'elle
n'excite fur la langue qu'une faveur
telle qu'il la faut pour détacher la fa-
iive , qui doit venir préparer l'aliment
dans la bouche Se former une bonne
digeftion : bien au contraire des Oi~
féaux aquatiques Se de marécages, dont
la chair eft mauvaife & prefque toute
cxcrémentitielle; car comme ilsfenour-
riflentde poiiTon, qu'ils habitent ordi-
nairement dans la fange & dans la
boue , qu'ils font peu d'exercice , Se
qu'ils amaflTent plufieurs récrémens , à
«aufe de la froideur de l'eau qui bou-
O ï 3 î5j>
che les pores de la peau ; par-là, au lieu
d'avoir une chair falubre , ils l'ont mal
travaillée Se contraire à l'eftomac , Se
pour cette feule raifon on doit donner
la préférence aux premiers Se n'ufer
des autres que très-fobrement.
Pour finir cet article nous dirons
qu'il y a eu des Auteurs qui ont foute-
nu qu'il y a plus de deux mille fortes
d'OtJeaux , deux fois autant de poif-
fons , une quantité innombrable d'ef-
peces de bêtes à quatre pieds ; mais
B e l o N en diminue bien le nom-
bre , en difant qu'il eft hors du pou-
voir de l'homme de compter plus de
cinq cents efpeces de poilTons , plu*
de trois cents fortes d'Oifeaux , plus
de trois cents bétes à quatrepieds , plus
de quarante diverfes fortes de Serpens
Se plus de trois cents chofes provenues
des herbes Se des arbres , propres à
manger. 11 ne parle ni du nombre des
infectes, ni de celui des Coquillages :
peut-être met - il ceux-ci dans le
nombre des poilTons. Notre Natura-
liste François ne parle que d'apres
P L i n e ( Hifl. Nat. Lu II. c. 31),
qui dit : Peraciâ Aquatilium dote , non
alienum videtur indicare per tôt maria
tam vafla 0" tôt miliibus pajfuum terrœ
itifufa , ex traque circumdata menjitrâ
pêne ipfius mundi , qu& intelligantur ani-
malia, centum feptuaginta-j ex omnium
generum ejje , eaque nominatim corn-
pleElï i mais P l 1 N e ne parle que
des animaux en tous les genres , qui
étoient venus à fa connoilfance. Com-
bien de découvertes depuis cet An-
cien, Se même depuis Belon, dans
l'Hiftoire Naturelle de tous les gen-
res d'animaux ! Combien de poîflons
cachés dans la mer, que nous ne con-
noilfons point! Combien qui n'ont fait
que paroitre Se diiparoître aux yeux
des Mariniers , qui n'ont pas eu de
temps affez pour en confidérer la figu-
re Se leur donner un nom ! Combien
d?ns l'Afrique Se dans l'Afie à'Oi-
feaux Se de Quadrupèdes , que nos
Voyageurs n'ont vus qu'en palfant Si
K k îj
2Ô0 OIS
O I S
defquels ils n'ont pu nous donner Côïl-
uohTance ! Cependant comme BeloN
ne nous parle que de ce qui nous eft
connu , il fe peut qu'il ne fe foit pas
beaucoup trompé dans fon calcul.
Il y a beaucoup d'Oifeatex qui n'ont
point de noms particuliers. Voici ceux
que j'ai remarqués dans les Auteurs.
OISEAU D'AFRIQUE, en
Latin Avis Afra. Voyez POELE
DE BARBARIE,
* O I S E AL X DE LA CHINE :
On lit dans V Jiijloire Générale des
Voyages, Tome VI. p. 488. que les
Chinois , non contens des chefs-d'œu-
vres de la Nature dans leurs pays ,
ont eu recours à l'invention , pour fe
former des Oifeaux. Les plus remar-
quables de cette efpece font le Fong-
Whang Se le KikHn- On en raconte à
la Chine mille hiftoires fabuleufes, dît
Al. du H A 1, D E, Le premier doit être
le même Oifeau que Navarette
prend pour notre Aigle. Il dit que les
Chinois le nomment Oifeau du Soleil ,
apparemment , dit-il , pareeque , fui-
vant l'opinion commune , il regarde
fixement cet Aftre. 11 ajoute que les
Chinois prennent pour un bon augure
de le voir paroître , & que s'il en faut
croire leurs Savans , on en vit un à la
naiffance de leurPhilofophe C o n f u-
Cius. Leurs livres, continue-t-il ,
nous apprennent que cet Oifeau a le
col d'une Grue , le corps en forme
de Serpent & la queue femblable à
celle d'un Dragon. Il ne fe perche ja-
mais fur les arbres. Il ne mange aucune
forte de fruit. On dillingue le mâle
d'avec la femelle , d'où le même Au-
teur conclut que ce ne peut être le
Phcenix , comme plufieurs Millionnai-
res fe le font imaginé. Son chant eft
d'une harmonie charmante. Enfin les
Chinois font perfuadés qu'il exifte dans
la Nature, quoiqu'aucun Chinois ne
l'ait jamais vu. M.duHalde aiïure ,
d'après fes Correfpondans , que cet
Qijeau dont les Chinois peignent
feuvent k figure avec tant d'orne -
meus , fie paroît jamais dans aircufte
des Villes Se des montagnes auxquel-
les ils ont donné f on nom.
Le KikjtUi , fuivant les Chinois , eft;
compofé ( comme le précédent, de diver-
fes parties qu'ont les autres créatures.
Il a la hauteur Scie tronc du Bœuf, le
corps couvert de larges Se dures écail-
les , une corne au milieu du front , les-
yeux Se les mouftaches du Dragon
Chinois. Cet animal imaginaire eft
le fymbole des Mandarins du premier
ordre.
Les Géographes Chinois parlent
d'un petit Oifeau nommé Tung-Whang-
Fung , qui furpaife le Fvng-Whang mê-
me en beauté. Ils racontent que la
beauté de fes couleurs eftfurprenante.
Il a le bec d'un rouge brillant , tirant
fur le vermillon , & fa vie ne dure pas
plus que la fleur nommée Ing-IVha ;
mais à Chîn-Tu-Fu , Capitale de Te-
Chuen , où ils ajoutent que la Nature
le produit , les habitans ne connoilfcnt
pas cet Oifeau.
Magalhaens nous fait la def-
cription d'un autre Oifeau , qui n'eft
pas moins remarquable qutlçs Qi/èaux
fabuleux , s'il faut s'en rapporter à fon
récit. On le nomme La-Ki , c'eft-à-dire
Oifeau au. bec de cire , pareeque fon bec
eft de cette couleur. L'Auteur en vit
un dans le palais de l'Empereur. Il
étoit de la gi ofteur d'un Merle , mais
la couleur de fon plumage étoit cen-
drée. Il apprend tout ce qu'on lui en-
feigne avec tant de docilité , qu'il fait
des chofes incroyables: par exemple
il joue feul une comédie , il met un
maique ; il manie une lance , une
épée ou une enleigne qu'on fait exprès
pour lui. Il joue aux échets : il fait
plufieurs aéHons Se divers mouvemens
avec tant de grâce & de vivacité , qu'il
charme les Spectateurs. M. Du Halde,
qui a emprunté tant de particularités
de Magalhaens, ne dit rien de cet
Oifeau merveilleux. H~ifl. Géri, des
Voyag. Tome VI. L. H. p. 488.
On fait beaucoup de cas a la Chine:
O I s
de certains petits Oifeaux , qui fe
nomment Oifeaux de combat, qui ref-
femblent aux Linots Se qu'on nourrit
dans des cages , non pour chanter ,
mais pour combattre. Ceux qui ont
été mis à l'eflai fe vendent fort cher.
Il fe trouve au(Ti dans l'Ifle de Hay-
non à la Chine des Oifeaux de la grof-
feur du Lïnot. Les uns ont le pluma-
ge d'un beau rouge , 8c d'autres l'ont
couleur d'or. Ces deux efpeces font
toujours enfembie.
Aux environs de la ville de Nan-
Ning-Su, ville de laProvince deQuang-
Si, au même Royaume , il y a des
Oifeaux qui rendent par le bec du fil
de Coton.
OISEAU DE COMBAT,
en Latin Avis pugnax : les Suédois le
noramentiSr/f/Lîw. Il ell commun dans
toute la Suéde Se principalement en
Scanie. Aldrovande ( Ornith.
L. XX. c. 1 9. ) , J o M s t o n ( Ornith.
illughby (Ornith. 224.) ,
Ray (Synop. Av. p 107. ». 3.) , le
Comte de Marsilly ( Damé. 52.)
& Albin f Tome I. n. 7ï. <$* TCJ. )
en parlent fous le nom d'avis pugnax,
Se M. Linnjf.us {Fauna Suec. p. 5 3. ».
145. j le nomme Tringa in ficiepapiliis
granulatis minïmis , carnets , rvfiro , pe-
dibitfqite rubris. R A Y le met clans le
rang des Oifeaux qui volent autour des
eaux , Se M.Linnsus dans le rang
des Aves Scolopaces , Oifeaux à long
bec. Les Anglois à caufe des plumes
longues de fon collier, le nomment
Rajfe, Se ils appellent la femelle Reeve.
Ce volatil eft de la grandeur du Totan.
Il pefe cinq onces. La variété du plu-
mage dans les mâles eft admirable. On
n'en trouve pas deux de pareils-. Les
mâles aiment fi fort à fe battre, que
quand deux fe rencontrent le combat
îie finit point qu'il n'y en ait un de tué.
Le dos dans les femell s eft varié de
cendré , de blanc Se de noir, & le ven-
tre eft tout blanc. Ces Oifeaux font
leurs nids l' ké dans les marais de Lin-
coln en Angleterre;
O I S" î4l
OISEAU DE DIOMEDE:
Aldrovande Se Gesner donnent ce
nom à un Oifeau qui fe trouve dans
les Ifles de Diomede , nommées au-
jourd'hui Tremiti, dit Ray. Il eft de
la grandeur d'une Poule. Il a le col Se
les jambes un peu longs. Sa couleur
eft brune , ou d'un cendré obfcur. II
a le ventre blanc , le bec roux Se le
bout noir. Par les ailes Se là figure du
corps il a beaucoup de relTemblancc-
avec les Mouettes. La deferiptiotï
qu' Aldrovande Se Gesner don-
nent de ce volatil eft imparfaite : au
refte, félon Ra y (Synop. Met h. Av.
p. 133. », .1. ) , il a quelque rapporï
avec le Fuffin des Anglois.
* OISEAUX DE LA FORÊT
D'H E R C I N IE : Ce font des Oi-
feaux fabuleux ou inconnu* , à qui ,
félon B e L o N , les Anciens ont donné
des plumes luifantes qui éclairoient
pendant la nuit»
OISEAU DE JUNON, err
Latin Avis Junonis. Voyez PAON.
OISEAU DE JUPITER r
en Latin Avis Jevis. R 1 E G E R C Not,-
rer. nat. & art, Tom. 1. p. 1 o 1 9 . ) dit
que c'eft le Chardonneret , en Latin
Carduelis. Voyez CHARDONNE-
RET.
* OISEAUX DU LAC DÉT
S T Y M P H A L E : Ce font des
Oifeaux fabuleux , qui vïvoient près?
du lac de ce nom. Ils' mangeoient les-
hommes. La Fable attribue à Her-
cule la gloire de les avoir détruits.
Si l'on en croit B e l o n , ce font des
OifeatiX réels, de la grandeur d'une-
G rue, qui relTemblent ,i l'Ibis, Se portent
une hupe fur la tête. Ils fe retirent dans -
les déferts d'Arabie , & ils font moins
cruels que les Lions Se les Panthères.
OISEAU DE MÉDIE: C'eft
le même oifeau que le Faon. Voyez ce-
mot.
* OISEAUX DE MEMNON
en Latin Memnonides Aver : Ce font'
encore d'autres Oifeaux fabuleux, qui,,
félon les Anciens , voloient to us iey ^ns^
z6z O I S
d'Éthiopîe à Troie au tombeau de
JUemnon.
* OISEAUX DE LA MER
CASPIEN NE, en Latin Avcs
CaJ'pix. Les Anciens ont donné ce nom
à des Oifeaux , qui vivent vers les
Ifles de la mer Caftùeane. Ils font
grands comme une Oie. Ils ont les
pieds de la Grue , le dos rouge , le
•ventre verd , le col long Se blanc,
entremêlé de taches jaunes , le bec
noir Se le cri des Grenouilles. Belon
(L. /. c. 23.) le met au rang des Oi-
feaux fabuleux & inconnus.
J OISEAU DE PARADIS,
en Latin Avis Paradifi , nommé auili
Manucodiata par les Naturalises Se
par les Voyageurs. Au mot de MA-
NUCODIATA, j'ai donné d'sprès
Ray, ainfi que d'après plufieurs au-
tres Naturalises , la notice d'un nom-
bre d'efpeces de ces Oijeaux.
Jean Otton H e i, b i g i u s
dit , dans Tes différentes curiofités des
Indes , qu'on ne voit nulle part des
f)ife*ux de Paradis que dans les Terres
AuftraSes Orientales. La feule Lie
d'Aru , parmi un fi grand nombre d'au-
tres , produit les plus grands & les plus
beaux ; mais ceux de la nouvelle Gui-
née font plus petits , blancs & jaunâtres.
Les lfies d'Aru font divifées en cinq
Ifles : il n'y a que dans celle du milieu
où l'on trouve ces Oifeaux ; ils ne
paroiffent jamais dans les autres ; parce
qu'étant d'une nature très-foible , ils
ne peuvent point fupporter les grands
vents. Cet oifeau eff de la grandeur
de la Colombe ; fes ailes font rouges,
un peu plus longues que celles de la Co-
lombe. Ils font prefque neuf mois fans
plumes , .1 caufe des pluies Se des tem-
pêtes ; & à peine les voit-on une fois
pendant tout ce temps: mais au com-
mencement du mois d'Août , Se lors-
qu'ils ont fait leurs petits , leurs plu-
mes reviennent, Se pendant les mois
de Septembre &: d'Octobre , ilsfuivent
en troape leur Roi , comme font les
Jùûurneaux en Europe. Ils fe nour-
O I S
riffent le foîr communément de bayea
rouges qui croiflent fur des arbres bran-
chus Se élevés. On confirait fur le»
brandies de ces arbres de petites ca-
banes percées de plufieurs trous , dans
lelquelles on fe cache avant l'arrivée
des Oifeaux, Se de-l.i on les tue en leur
lançant de petites flèches , faites avec
des rofeaux. 11 y en a qui leur ou-
vrent le ventre avec un couteau , dès
qu'ils font tombés à terre ; & ayant
enlevé les entrailles avec une partie
de la chair , ils introduifent dans la ca-
vité un fer rouge. Après les avoir ainft
ramalfis , on les fait fécher A la che-
minée , Se on les vend à vil prix à des
Marchands. Les habitans du pays di-
fent que les plus gros de ces Oifeaux
font les mâles , Se les plus petits font
les femelles : mais l'Auteur marque
qu'il ne fait pas ce qu'il en eft.
Quant A ceux de Guinée , qui n'ont
point à la queue ces deux longues plu-
mes Se brillantes qu'on remarque aux
autres, il n'en dit rien. Ces Oijeaux
dans l'Ifle d'Aru demeurent immo-
biles fur l'arbre fur lequel ils fc font
alTemblés le foir, jufqu'à ce que leur
Roipafle, Se emmené avec lui touta
la troupe. Le corps du Roi eft éclatant
& de la groiTeur du Moineau d'Eu-
rope. 1) porte à fa petite queue deux
longues plumes , qui lui font communes
à la vérité avec fesfujets , mais il n'y
a que lui qui les ait ornées d'yeux à
l'extrémité. Lorfque ce Roi eli percé
d'une flèche , on tue affez ordinaire-
ment tous les autres qui refirent , s'il
fait jouraifezlong-temps. Les Burang-
Aru , ( c'eftainfi qu'on les nomme dans
les Terres Aufirales Orientales ) , ont
les pieds comme les autres Oifeaux,
Se aucun d'eux n'en manque à moins
qu'ils ne les ayent perdu par la vieil-
lefie ou parla maladie, ce qui leur ar-
rive fouvent. C'eft ainfi que Je AK
Otton Hei.bicius parle des
Oifeaux de Paradis dans les Ephémc-
rides des Curieux de la Nature , Où-
fervatim 194. Se il finit par dire qu'il
OIS
G appris ce qu'il en rapporte des ha-
bïtans d'Ara eux-mêmes.
S ë a a donne la description de dix
différens Oifeaux de Paradis , tant mâ-
les que femelles , qui lui ont été en-
voyés de différens endroits des Indes
Orientales,
Le premier eft un Oifeau de Pa-
radis Oriental noir , qui lui fut en-
voyé de l'ifle de Papos , dans les In-
des Orientales. Les habitans de ce
lieu-là leur coupent les pieds & les
ailes , les étendent , les préparent Se les
fechent pour en faire dt s plumets qu'on
met au bout des cafques. Tout fon
plumage eft. doux au toucher comme
la foie , brillant , noirâtre , maisjettant
auffi un éclat de pourpre, qui femble en-
tremêlé d'or. Les plumes de la queue
font des plus variées de verd ,. de bleu ,
& de rouge , & répandent un luftre
comme s'il y a voit de l'or fur le noir,
ce qui leur donne un œil fort éclatant.
Thef. I. Tab. 60. n. t.
Le fécond eft un Oifeau de Paradis
Oriental , magnifique par la diverfité
dn fon plumage , apporté des Ifles
Moluques en Hollande. Sa couleur do-
minante eft rouge , mélangée de verd ,
de bleu, de noir , de jaune-pâle, Se
de jaune-doré : il fort de fa queue deux
langues plumes terminées en pointe ;
fes deux ailes font peintes d'or , de
verd Se de rouge ; fes pieds font cou-
pés, fon bec eft d'un beau rouge près
de la tête , large comme celui du Per-
roquet; mais plus pointu au bout. Cet
Oijeau eft de la même efpece que le
précédent par rapport au plumage Se
à la couleur, mais il n'a point d'ailes.
Son corps eft plus grand , & les plumes
de fa queue font plus longues. Thef. I,
Tab. 60. n. 2. & 3.
Le troifieme eft un Oifeau de Pa-
radis , très-grand , Se rougeâtre. On
en apporte fouvent en Hollande. Cette
efpece d'Oifeau eft de l'ifle de Cey-
lan, Se quelquefois de Ternate. Celui
que Seba , dans la figure qu'il en
donne , rep réfente comme s'ilvoloiCj.
montre qu'il eft un mâle parles deux
grandes plumes qu'il a vers le crou-
pion , qui font de la longueur de pl u9
d une coudée , Se qui reffemblent afTez
par leur grofteur Se leur couleur noire
au fil enduit de poix dont fe fervent les
Cordonniers , Se paroiffent comme un
peu hérilTées de poils de chaque côté :
elles font garnies vers l'extrémité , i
a hauteur d'un bon doigt , de plumes
larges de près d'un demi-pouce, Se
firriflent en pointe; ce qui eft une des-
marques du mâle. Les plumes du dos ,
Se celles des ailes font d'un chAtpirt
clair par deflus; le bec eft long, dur,
de couleur de plomb. La tête & les
yeux font fort petits à proportion dit
corps. Le haut de la tête Se du coi
font de couleur de citron. Le contour'
du bec eft garni de plumes tres-dé-
liées qui femblent des poils Se qui font
d'un noir de Corbeau. Sous le col ré-
gnent des plumes d'un verd foncé
mais fi brillant qu'elles le difputcnt à
une foie peinte d'un verd d'émeraude
éclatant. Les plumes qui fervent à cou-
vrir cet Oifeau font longues , pointues
au bout , grifes, blanches, jaunes Se
rouflàtres : elles fortent du delTousdes
ailes par de petits tuyaux fins , qui fe
réunilfant, forment un joli faifeeau de
plumes , Se d'autant plus beau que ces
plumes font d'une grandeur différente.
Valentin, au Tome III. où i\
traite des Oifeaux d' ' Amboine , y donne
p. 306". une hiftoire tres-exacte de cet
Oijeau de Paradis , autrement Oifeau
du Soleil , comme le nomment les
Portugais. Tbef I. Tab. 53. n. 1.
Le quatrième eft la femelle du pré-
cédent , de la même forme Se de la
même couleur que fon mâle , Se qui n'en
dilïere que pareeque fes deux grandes
plumes du croupion n'ont point les
bouts fournis de plumes. Thef I. Tab,
63 . n. 2.
Le cinquième n'eft pas commun
on n'en apporte que rarement des
pays les plus éloignés de l'Orient où'
ils naiiïeiu. Leur. tète& leur col fonr
*j£4 O I S
Ornés d J une longue Se magnifique crête
Se font couverts de plumes très noires.
Leur queue eft partagée en deux plu-
Jries très-longues, d'une couleur rouge
lin peu claire , qui eft aulli la couleur
des aiies & de la partie fupérieure du
corps: les plumes au défions du ven-
tre font d'un cendré clair ; les pieds
& les doigts des pieds , font d'une
couleur plombée , munis d'ergots fins
Se recourbés. Le bec eft de la même
couleur que les pieds : il eft long ,
recourbé Se finiffant en pointe. ThcJ. I.
lab. 30. ». 5.
Le fixïeme eft nommé O if eau de
Paradis Royal , a caufe de la très-
grande beauté de fes couleurs : il naît ,
au rapport du Sieur Valentin,
dans les Ifles Aroë ou Aru. Seba,
dans la Planche qu'il en donne , le
repréfente comme le plus grand qu'il
ait jamais vu. 11 a une petite tête; fon
bec eft droit, pointu & blanc, de pe-
tites plumes fort lemblables à des poils
de couleur de citron foncé , couvrent
fa tête dont la forme eft oblongue •
fes yeux font petits. Tout le corps ,
au deiTus , le col & la partie fupérieure
des ailes font teints d'un rouge très-
/oncé ; mais ce rouge paroît moins vif
dans la portion des ailes qui s'étend
.en volant, La poitrine eft d'un rouge
éclatant , terminée en frange par uns
cfpece de bordure encore plus vive.
Les deux côtés de la poitrine font fort
couverts de plumes fines , longues ,
variées d'un gris foncé , & d'un cen-
,dré clair, colorées dans les extrémités
d'un verd d'émeraude fort chargé :
le refte eft blanc par defTous • la queue
eft d'un gris cendré ; le bout des ailes
eft d'un rouge clair. Du croupion naif-
fent fur la queue deux poils de la lon-
gueur d'un quart d'aune , affez fem^-
Hables aux crins d'une queue de Che-
val & dont les extrémités font termi-
nées par une boucle de plumes frifées
jàe couleur verdâtre , ce qui donne à
,-cet oifeau un ornement fingulier. Les
|>ieds font grands , armés d'ongles ,
O I s
qui font longs Se recourbés, Thef I-
Tab. 38. n. 5.
Le feptieme eft un Oifeau de Pa-
radis , nommé Ternatana , dit S e b a t
à caufe de fa grande beauté. 11 a le
bec jaune , long , droit, pointu, à-
peu-pr.s tel que celui de la Pie La
tête , le derrière de la tête , Se les
côtis du col font d'un bleu célefte des
plus beaux ; le devant du cof , la poi-
trine , le ventre , Se le deifous de fa
longue queue font d'un blanc de neige.
Les planés blanches de la poitrine Se
du ventre font ombrées Se variées de
bleu turquin : les ailes Se le dos font
d'un bleu turquin très-foncé tirant fur
le noir, entremêlés de petites plumes
d'un beau bleu célefte. Les plumes de
la queue , outre qu'elles font très-
blanches , font entourées comme d'une
bordure noire. Du milieu delà queue
naiffertt deux plumes fines de 1 1 lon-
gueur d'une demi- coudée , à côtes
noires ; dans l'endroit de leur origine
elles font touffues Se garnies de duvet.
Ces plumes font marquetées dans les
bords de taches d'un bleu clair , Se elles
font blanches au bout. Leur tuyau eft
extrêmement fin, Thej. I. Tab. 46.
n. 3.
Le huitième Oifeau de Paradis , va-
rié de blanc Se de noir , qu'on trouve
dans i'Ille Papoë , eft nommé des ha-
bitans W'aggehoë , OU Wardiui' , félon
le témoignage de Valentin. Le plu-
mage de la tête Se du col tire fur le
noir, ou brille d'un pourpre très-vif;
fa tête eft petite : fon bec pointu Se
blanchâtre eft couvert defTous d'un poil
noir. Ses yeux font pleins de feu , ayant
le contour blanc. Les plumes du refte
du corps font très-blanches , excepté
les deux grandes de la queue , qui font
garnies de petites plumes noires , Se
même les deux plumes qui ont une
grande longueur font à demi -noires
depuis leur commencement jufqu'au
milieu , 8c depuis le milieu jufqu'au
bout font tout-à-fait blanches. Les
pieds font d'un rouge lavé , munis de
O I s
petits ongles blancs. Thef. I. Tab. 52.
n. 3.
Le neuvième Oifeau de Paradis ,
appelle au Bréfil Cuivivi-Acamakii ,
habite les déferts 3c les lieux incultes : •
il tombe rarement fous la tue des
hommes , & fous la main de l'Oifeleur,
Le deffus de fon corps Se fa queue font
d'un bai-clair ; fa tête Se fa crête font
d'un noir de Corbeau ; le deffus de fes
ailes font d'un jaune doré , fo-n ventre
$c fa poitrine font blancs ; fon bec tire
fur le rouge. Ses yeux font étincelans.
Thef- IL Tab. ,87. n. 2.
Le dixième eft très-beau. S e ba l'a
reçu des Ifles des Barbades. Il a la
tête Se le col de couleur d'or , de mê-
me que le bec qui eft recourbé , très-
pointu & garni de quelques petites
plumes rouges. Les pieds Se les doigts
des pieds font jaunes * la poitrine Se le
dos font d'un jaune orangé pâle ; mais
ks greffes plumes des ailes avec la
queue , jettent un jaune orangé qui
tire fur le rouge. Thef. L Tab. 66.
»• 3-
On volt un Oifeau de Paradis dans
l'Ifle de Tabago :^il eft à-peu-près de
la groffeur d'un Etourneau ; fon plu-
mage £ft de toutes fortes de couleurs.
Il vit de Mouches qu'il prend fur la
furface de l'eau.
A -l b 1 n parle d'un Oifeau de Pa-
radis , qui reffemble de près à une
Hirondelle , quanta la grandeur Se à
la figure du corps. Ses plumes font
ce différentes couleurs, très- belles 8c
agréables à la vue. La tête refTemble
à celle d'une Hirondelle ; elle eft
grande , eu égard à la petiteffe de fon
Corps. Le bec eft un peu plus long que
celui d'une Hirondelle. Les Phyficiens
ne décrivent pas moins de dix fortes
à' Oifeaux de Paradis , qui différent
les uns des autres , foit en grandeur ,
en figure ,ou en couleur. Voyez MA-
NU CODIATA. Les Anciens en don-
nenr plufieurs deferiptions , qui ont été
reçues autrefois pour véritables , même
par des Gens de Lettres , quoiqu'à
Tome III.
préfent elles palTent pour fabuleufes
Se chimériques. Telles font celles
qui dépeignent ces Oijeaux fans jam-
bes Se fans pieds ; celles qui marquent
qu'ils ne .vivent que de rofée ; qu'ils
volent toujours fans relâche; qu'ils ne
fe.repofent jamais que dans l'air les
ailes déployées, 8e à une grande dis-
tance de la terre , qu'on n'en a jamais
attrapé, mais qu'ils tombent mortsfur
la terre , &c. Ces magnifiques Oi-
jeaux , félon Aldrovande, font
beaucoup eftimés , Se ils font nommés
par les habitans des Ifles Moluques
Manucodiattt , c'eft-à-dire , Oijeaux
de Dieu , Se cela , tant par rapport à
leur grande beauté , Se à leur figure ,
que parce^u'on ignore où ils font leurs 1
petits, d'où ils viennent, où ils fe re-
tirent , Se qu'on n'en trouve que de
morts ; ce qui fait croire au peuple
qu'ils tombent du Ciel. Tous ces rap-
ports pàfTtnt aujourd'hui pour faux
chez ceux qui ont fait venir de ces
Oifeaux des Ifles. Il n'eft pas encore
vrai qu'ils n'ayent point de jambes :
au contraire ils en ont de fortes , ar-
mées dégriffés crochues, comme font
celles qui caraétérifent h&OiJeaux de
proie. Ils donnent la chaffe , dit-on .
à d'autres petits Oijeaux qu'ils dé-
vorent.
OISEAU PEINT , en Latin
Avis pïtia. C'eft la même chofe que
la Poule de Barbarie. Voyez POULE
DE BARBARIE.
OISEAU DEROCHE: Il
eft mis par M. Linnsus ( Fauna
Suec. p. 58. n. 159. ) dans le rang
des Aves jcolopaces , oifeaux à long
bec , Se il le nomme Cbaradrius pecïore
nigro , fronte nigricante ,lintolà albâ ,
vertice fujeo. Jonston ( Omit h, p.
1 66. ) , en parle fous le nom de Cba-
radrios. Aldrovande , Ormth.
L. XX. c. 6y. ) , W 1 l l u g h b y ,
Ornith. p. î^d&Raï , Synop. p. m,
». 6. le connoiifent fous le même nom ,
Se fous celui de Hiaticula. C'eft, dit
Marc Grave ( Brafil. p. 1 op ) ,
*66 OIS
le Mutuitui du Bréfil. Les Suédois
le nomment Strandpipare , 8c les La-
pons Pago. Cet -Oifeau a les jambes
longues Se menues ; le dos , les ailes ,
la qiieue , & le fommet de la téte , font
d'un brun cendré ; la tête eft plane Se
unie , avec une bande noire , prefque
pareille à celle de la Mélange , qui en-
vironne fa tête. Il a le ventre, le front
êc le col blanchâtres , la poitrine noi-
râtre , & le bec noir Se court, Élien
rapporte , en parlant de cet G if eau ,
que 11 une perfonne attaquée de la
jaunifle le regarde , avant qu'il puilfe
Pappercevoir , elle en eft parfaitement
guérie. Bel on ( L. ill. c. 27. p.'
183.) , parle de cet Oifeau lous le
nom de Charadrios. H eft connu en
Amérique , comme en Europe. On en
voit beaucoup dans les montagnes de
la Laponie , Se par- tout fur le bord
des rivages, Il y a un autre Chara-
drios particulier à la Laponie. Voyez
CHARADRIOS.
OISEAU ROUGE Se NOIR:
C'eft un Oifeau commun à la Louifia-
rte , qui tire fon nom de fon pluma-
ge ainfi coloré. Il eft gros comme un
Pinçon. Sa» ramage eftalfez doux. Il
chante- rarement. C'eft tout ce que
nous en a appris M. le Page du
Pkatz, qui a demeuré dix-fept ans
à la Louiftane.
OISEAU RO YAL.-C'eftun
oifeau des Indes , qui a fur le derrière
de la tête une forme d'aigrette , corn-
pofée de plufieurs brins de couleur
ifabelle , qui forment une efpe*e de
couronne : c'eft ce qui l'a fait appeller
Oifeau Royal , par ceux , qui., fous
Louis XIV. en apportèrent des In-
des à la Ménagerie de Verlàiiles. M.
Perrault a donné la defeription
anaromique de deux de ces oifeaux ,
8e dit que ce n'eft point la Grue Ba-
léarique des Anciens , comme quel-
ques-uns l'ont prétendu , tel qu'AL-
drovande( Ornith. L. XX. c. 6.),
qui décrit un oifeau tout femblable à
wQtftÂH Royal , 8e qu'il prend pour
O I S
la Grue Baléarique. Belok {de la
Nat. des Gif L. IV. c. 27. ) de fort
côté prend pour la Gruë Baléarique
un oifeau nommé Bihorreau , 8e qui fs
trouve fur les côtes de la Province de
Bretagne.
Les opinions de ces Auteurs n'étant
point fondées fur des caraéîcxes par-
ticuliers par lefquels les Anciens ont
déligné la Grue Baléarique , il y a
beaucoup d'apparence , dit M. Per-
rault, que nous ne fa vous pas
certainement ce que c'eft que la Gruë
Baléarique. Il ajoute , que YOifcau
Royal a été inconnu aux Anciens. Par-
mi eux il n'y a que Pline ( Hijî,
Nat. L. II. c. 37. ) qui ait décrit la
Grue Baléarique. Il n'en dit rien au-
tre chofe finon , que c'eft un Oijeatt
qui a des plumes fur la tête , fem-
blables à celles du Pic verd. Outre que
yOijcau Royal a d'autres marques qui
le diftinguent des autres Oifeaux, le
panache qu'il a fur la téte n'a aucun
rapport avec celui du Pic verd.
Le panache du Bihorreau-, tel que
B e L o n le décrit , eft auffi fort diffé-
rent' de celui de V Oifeau Royal. Ce
panache eft la ieule chofe fur laquelle
B E L o N lé fonde , quoiqu'il fqjt vrai,
que beaucoup d'autres Oifeaux , que
le Bihorreau Se Y Oifeau Royal ayent
des plumes en manière de panache-
fur la tête. B E L o N même ne fait au-
cune mention de ce' panache , lorf-
qu'en un autre endroit ( Obfav.
//. c 102.), il décrit un Oifeau , qu'il
dit avoir vû à Alep , Se qu'il croît
être la Grue Baléarique. Cet Oifeau
qu'il décrit-, Se dont il n'a vu que la
figure , dit Aldrovanre , fut
envoyé de Portugal À Rome fous Six-
te V. Se les Portugais l'avoient ap-
porté des Indes.
C l u s 1 u s ( Exot. L. V. c. 11. )
donne auflî la fleure de la tête d'un
Oifeau , ayant les plumes du panache
Se celles de défais la tête Se du col
entièrement fcmblables à celles de
V Oifeau Royal, Se dit que cet Oifean
O I s
vît en des pays fort éloignés. Il le
nomme Tavo marinus. Dans les Ob-
fervations de M. Perrault, oh
voit que le Bihorreau , ou la Gruë
Baléarique n'eft point i'Oifeau Royal ,
qui pourroif bien être le Pavo mari-
nus de Ciu siu s ; car le panache ,
le bec , la tête , le col , & les plumes
noires de deffus la tête , font fembla-
bles ;i I'Oifeau Royal. Il n'y a que les
peaux rouges, pendantes fous la gorge,
que Clusius ne lui donne point.
Pour le Bihorreau , qui fe trouve
en Bretagne, notre Obfervateur croit
que ce pourroit être la Grue Baléa-
rique ; les Ifles de Majorque Se de Mi-
norque , qui font les Baléariques des
Anciens , n'étant pas fi éloignées de la
Bretagne.
Faifons à préfent connoître VOifcau
Royal par fes marques extérieures. M.
Perrault lui donne trois pieds
huit pouces depuis l'extrémité du bec
jufqu'au bout des doigts , une queue
longue' de cinq pouces , un plumage
par-tout gris, fort brun , tirant fur le
verd : les plumes des ailes Jont blan-
ches , à la réferve des grandes de l'ex-
trémité qui font mêlées , les unes
de rouflatre , Se les autres de gris-brun ;
celles du col & du ventre font aaffi
fort longues , fort étroites , allant beau-
coup en pointe , Se tellement effilées ,
qu'elles repréfentent comme des
crins. L© delTus de la tête elt garni
de plumes très-noires , très-fines , très-
courtes , Se très-ferrées , repréfer.tant
parfaitement bien du velours noir. Les
côtés de la tête , comme les joues ,
étoient fans plumes , couverts feule-
ment d'une peau blanche , avec une
légère teinture de rouge à l'extrémité.
Au-deffous de la gorge pendoit une
peau vermeille , comme aux Poules.
Cette peau , qui étoit double , fem-
bloit compofer comme un fac ; mais
les deux peaux étoient jointes Se col-
lées enfemble : elles étoient raboteufes,
Se faifoient paroître quelques petits
grains par en haut. Le velours du def-
O I S a <?7
fus de la tête defeendoît par le der-
rière des ioues, Se garnhToit le def-
fousdu col , où les poils s'allongeoient
&e fe courboient fur les plumes. Des
brins de fon aigrette , dont nous avons
parlé , les plus longs avoient trois
pouces 8e demi : ils étoient applatis ,
Se un peu .tournés en vis. A l'extré-
mité de chaque'brin , il avoît une houpe
de petits filets noirs , Se tout le long
Se aux côtés de chaque brin d'autres
petits filets blancs à leur racine , Se
noirs par le bout. Voilà la figure de
I'Oifeau Royal , ainfi décrit par M.
Perrault, qui peut bien être le
Pavo marinas deCLuSius, comme
on l'a dit.
OISEAU DE SC YTHIE :
On donne ce nom à une efpece d'Aigle.
Il eil mis au nombre des Aigles par
Aristote , Se par Albert le
G R a n D : il en a toutes les façons de
faire , Se il leur reffernble en grandeur
8c en figure. Scion Aristote, cet
Oifeau habite particulièrement dans la
Scythie : il elt de la grandeur de l'Ou-
tarde ; il fait éclorre deux petits fans
couver les ceufs qu'il a pondus : il fe
contente de les mettre dans la peau
d'un Lièvre, ou dans celle d'un Re-
nard, Se il les porte ainfi enveloppés
au haut d'un arbre ; quand il ne chafle
point , il fe met fur le même arbre 8c
les garde. Quand quelqu'un monte à
l'arbre , il le bat de fes ailes , à la ma-
nière des autres OiJ'eaitx qui défendent
leurs petits. Aristote, Mifi. A/.im.
L. IX. c. 33. B e l o n ( de la Nat.
des Gif. L. I. c. 23 . ) , dit que les An-
ciens l'ont nommé Otys.
* OISEAUX DE SÉLEUCIE :
Ce font des Oijiaux fabuleux que les
habitans du Mont Cafius , en Séle ucie,
demandèrent .i Jupiter pour manger
les Sauterelles qui gâtoient 8c rava-
geoient'îeurs bleds.
OISEAU VERD DU CAP
DE BONN E-E S P É R A N C E :
Il ell femblable au Perroquet vulgai-
re , Se vole autour des arbres où il y
Llij *
■><Ï8 OIS
a du miel , parcequ'il s'en nourrît. Les
Éthiopiens , aufli-bien que les Euro-
péens , lui demandent en criant , oit eft-
il ? ok efî-il ? Et aufïï-tôt VOifeau fe
tranfporte , Se s'arrête fur un de ces
arbres où eft caché le miel, d'où on le
retire enfuite.
S e b a parle de quelques Oifeaux
du Mexique , d'Amérique , & d'Am-
boine.
Le premier eft d'un blond tirant
fur la couleur d'or , nuancé de verd Se
de diverfes autres couleurs , d'une ma-
nière qui éblouit la vue. C'eft un très-
bel Oifeau. Thef. I. Tab. oo. ». 4,
Le fécond eft de la grandeur du
Moineau : tout fon corps eft coloré
d'un beau bleu varié de pourpre , à
l'exception des ailes qui font peintes,
partie de vermillon , Se partie de noir.
11 a la tête ronde , les yeux & le jabot*
garnis deffus & deffous d'un duvet
noirâtre. Les petites plumes fous les
ailes Se fur la queue font d'un cendré
clair, mêlé de jaune. Ses ongles font
petits , & fes pieds font fort déliés. On
met cet oifeau au nombre- des Oifeaux
de Chant. Tbef. I, Tab. 59. ». 3,
Le troifieme eft rouge Se grand":
c'eft une efpece de Moineau. Les plu-
mes de la tête , de la poitrine Se du
dos , font d'un rouge de fang ; mais
la queue Se les greffes plumes des
ailes tirent entierem.:m fur le noir ,
avec quelque mélange de rouge à la
partie d en haut. Tbef, I. Tab. 65,
». 1. « *
Le quatrième eft auffide la greffe ut
d'un Moineau : il a un long bec. Sa
tête eft petite , couverte comme d'un
voile nofr,.& luftré. Tout fon corps
eft louge-pâle , qui devient plus foncé
lur les greffes plumes. Ses ailes font
au-dehori d'un jaune doré. Ses yeux
font vifs & très-beaux. Ses jambes font
hautes Se fon bec eft long. Thef. II.
Tab. 70., n. 8.
Le cinquième' eft un petit Oifeau
d'Amérique , peint de diverfes cou-
leurs :-le liaut de la tête eft d'un rouge
O I S
éclatant. Le deffous de fes yeux eft
garni de petites plumes blanches Se
bleues. Le jabot , la poitrine Se le ven-
tre font nuancés de jaune pâle, Se de
jaune doré ; les ailes font d'un bleu
d'azur, le dos eft marqué par ondes»
de bleu , de brun , de blanc Se de jaune.
Ses pieds font courts quoique armés
d'affez grands ongles. Thef. II. Tab. 3,,
».-^.
Le fixîeme eft un autre petit Qifeœzt
de l'Amérique , qui ne le cède gueres
en beauté de plumage au précédent.
Il a la tête noire, le bec blanchâtre,,
la poitrine Se le ventre, d'un bleu tur-
quîn très-éclatant , le dos Se les ailes
d'un verd gai , qui devient plus foncé
fur la queue. Thef. IL Tab. 3.». 4.
Le fi'xiemeeft un petit Oifeau d'Am-
boine , de diverfes couleurs Se très-
joli. Seba C Thef M. Tab. 7. ». 2, )
l'a fait repréfenter pofé hardiment
far un Serpent. Il dit que dans cette
fituation il s'amufe à chanter , fans fon*
ger au péril extrême où il eft expofé
puifque le Serpentdontla beauté l'at^-
tire , & dont la rufe Se la finelfe le
trompent, en fait fa proie. L'agcéabla
mélange du rouge , du verd , de l'or ,
du pourpre ,- Se d'autres belles couleurs
dont il eft peint ,. relevé Se diverfifia
merveilleufementla beauté de fa tête ,
de fon col , de fa poitrine , de fon ven-
tre Se de fes ailes.
Il y a dans l'Ifle deTabago des Oi-
feaux j qui portent le nom de Vaijfeaux
de gttem : ils font ainfi appellés parce-
qu'ils viennent de loin au-devant des
flottes, avant que les' Marins- dé-
couvrent la terre. Leur plumage eft
d'un gris noirâtre ; mais fa tête eft
rouge comme celle d'un Coq d'Inde:..
iorfqu'ils font en colère , ils font à-peu-
près de la grofTeur de cet Oifeau. Ils
donnent la chaffe aux poïlfons , Se leur
chair en a le goût. Voyez au mot
FRÉGATE.
On voit dans la même Ifl'e deux
autres fortes d'Oifeaux aquatiques ,
dont l'une eft rouge Se l'autre eft grife ;
O I s
ï& font de la groflèur d'un Chapon ,
©nt le bec fort long Se courbé, Se font
jrès-bons à manger. ■
On trouve dans l'I'fle 4e Ténérife
en Afrique , un Oijeau qu'on vante
particulièrement, qui eft fort petit &
de la couleur- de l'Hirondelle , avec
line tache noire & ronde , de la gran-
deur d'un Hard,au milieu de la poi-
trine ; fon chant eft délicieux, mais s'il
eft renfermé dans une cage il meuit
en peu de temps. Hifl. Gén, des Voy.
L, VU- p. 177- Édu. in- 1 2.
Dans le pays d'Albreda , à Kachao ,
il fe trouve des Oijeaux à gros bec ,
dont la chair eft fort grafle 8e de très-
bon goût. Leur cri confifte à répéter
les deux fyllabes ba , ha , auflî distinc-
tement que la voix humaine , ce qui
les a fait nommer Oifeaux à voix hu-
maine. Ibid, Ttwze VIII. p 1 $4. Édit:
in- 1 2.
Aux environs de la rivière de Cam-
bra , on y trouve de grandes troupes
à'OiJeaux couronnés , qui font des cris
au (fi défagréables que ceux des Anesv
Il y a auffi dans les mêmes endroits
«n Oijeau très-gros , de la longueur
de fix pieds entre le bec Se la queue.
Les Portugais le nomment Gofteal ,
& les Mandingots l'appellent Gabon.
IbidvToîwe IX. p. vCfô. & 171. Édit:
in- 1 2;
Il fe trouve dans l'Ifle de Bifefcha,
près l'Embouchure du Sénégal , un
Oijeau d'une efpece extraordinaire : il
eft plus gros que le Merle. Son plu-
mage eft d'un bleu célefte fort luii'ant ;
fa queue eft grofle Se longue d'envi-
ron quinze pouces 1 : il la déploie quel-
quefois comme un Paon,Ln poids fi
peu proportionné à fa groflèur rend
£on vol lent Se difficile. 11 a la tête
bien faite Se les yeux fort \ ifs. Son
bec eft entouré d'un cercle jaurîe. Cet
Qïfeau eft fort rare.
Les bords dn Sénégal font peuplés
d'un grand nombre d'autres Oijeaux }
les unsfontbleus , d'autresfont rougesj
noirs, & des couleurs les plus vives ;
O I S
ils font^ naturellement fort privés. On
en a vû plufieurs à Paris dans les an-
nées 1723. Se 172 6. Par la tête 8e par
le col ils reflemblent à la Linote *
leurs couleurs ont l'apparence d'un
vernis. Leur chant eft doux , Se pro-
portionné à leur taille qui eft fort pe-
tite;
Le plus grand Oifeaudes Contrées
d'Afrique fe nommeto^.ou la Ci-
gogne d'Afrique s mais il ne tire cet
avantage que de fon col Se de fes jam-
bes , qui le rendent plus grand qu'un<
homme ; fon corps a la groflèur d'un 1
Agneau. La chair en eft fort féche ,<
quoique ie3 habitans la croyent nour-
riftante , Se l'eftiment beaucoup.
On y voit auffi une infinité dé pe-
tits Oijeaux , dont la couleur-eft char--
mante Se le chant délicieux; Le plu*
extraordinaire eft celui qui n'a pour
jambes , comme l'Oifeau d'Arabie, que-
deux filets , par lefquels il s'attache
aux arbres' la tête pendante Se le corps 1
fans mouvement. Sa couleur eft-fi pâler
& fi femblable à la feuille morte , qu'il
eft difficile à diftinguerdans ce repos,--
En cela il reflemble au'Marmcadiata ,>
ou Oijeau de Paradis. Ibid. Tome Xi
p. 417. Se 426". Édit. in-Ti.
Dans un' bois «de -la côte de Ma'la-
guette , il fe trouve un Oifeau fingu-
iier , qui eft de la groflèur d'un Coq
d'Inde , Se dont le cri eft fort aigu ;
fa chair eft douce , potelée , d'un goût"
auffi agréable que celle du Faifan. Le
remps le plus favorable pour la chaflb
de cet Oijeau eft le foir , lorfqu'il
cherche à le placer pour la nuit. Il fa
perche fur un arbre particulier , où
certains petits Oijeaux font leurs nids
en grand* nombre à l'extrémité des
branches. Leur groflèur nelurpafle pas
celle du Moineau ; mais ils ont le plu*
mage fort agréable. Ba r bo t dir-er*
avoir vu fur un feul arbre plus dé
mille nids: Les plus habiles de tous-
les Artîians n'égaleroient pas l'adreflV
de ces petits animaux. dans le mélange- '
& dans l'entrelacement de» joncs flft
3.JO OIS
des petites branches dont ces nîdsfbnt
compofés , 8c ne joindrait pas fi bien
la délicateiTe àlafolidité : iisy laiffent
un petit trou pour entrer, & pourfor-
tir. Hijî. Gé». des Voyages , Tome XII.
p. 4 1 4. Édit. in- 1 2 .
On trouve à la côte d'Or un ef-
pece depeeîts Oifeaux, qui reffemblent
aux Linotes , que les Nègres mangent
avec leurs plumes. Barbot s'ima-
gine qu'ils le font par un mouvement
de vengeance contre ces petits ani-
maux , à caufe du ravage qu'ils font
dans les grains au milieu defquels ils
conftruifent toujours leurs nids.
'L.'Oijeau à couronne fe trouve suffi
dans ce pays : il n'a pas moins de dix
couleurs. Son plumage eft un mélange
admirable de verd , de rouge , de
bleu , de brun , de noir , de blanc , Sec.
De fa queue , qui eft fort lpngue , les
Nègres tirent des plumes dont ils fe
parent la tête! Les Hollandois leur ont
dormi le nom d'Oifeau à couronne , par-
cequ'ils ont fur la tète une belle touffe,
les uns bleue , Se d'autres de couleur
d'or. Ko s M a N remarque que Too
quembrock s'eft trompé en prenant
ces Oifeaux à Bourri pour des Paons ,
pareequ'il ne fe trouve* pas , dit-il, de
Paons fur la côte d'Or ; mais on a vû
par le témoignage d'Amus , que
les Paons n'y font pas rares , à moins
qu'A R T u s n'ait pris lui-même les
Oijeaux à couronne pour des Paons.
Au refte , on ne .doit pas être furpris
qu'avant que les Européens fuflent
convenus des noms , ils fe foient mal
accordés dans l'opinion^qu'ils ont eue
de certains animaux. Il y a beaucoup
d'apparence , par exemple , que c'eft
ici l'Aigle que Villault croit
avoir vu dans le pays d'Acra: il lui
donne le plumage d'un Paon , les jam-
bes d'une Cigogne, Se le bec d'un
Héron, ave"C 'une couronne de plu-
mes fur la tête. Il ajoute que le Fac-
teur de ce Canton envoya deux de
ces animaux à, Frédérishbourg ; l'un
£iui étoit mort ayoitla chair exceUen-
O I S
te , l'autre fut envoyé vivant au Roï
de Dannemarclç.
Smith diftingue deux fortes d'Oi-
feaux à couenne. Le premier a la tête
Se le col ve-rds , le corps d'un beau
pourpre , les ailes Se la queue rouges ,
Se le toupet noir ; il eft .à-peu-près
de la groifeur des grands Perroquets.
L'autre forte eft de la forme du Hé-
ron , Se n'a pas moins de trois pieds de
hauteur; cet oifeau fe nourrit de poif-
fonsj fa couleur eft mélangée de blanc
& de noir , Se la touffe dont il eft
couronné reffemble moins à des plu-
mes qu'à des foies de Porc.
h'OrJ'eau à couronne , dit Atkins ,
eft environ de la grolleur du Paon •
celui de la Cambra eft couronné d'une
tourte de plumes roides & mouche-
tées. Il a les ailes rouges , jaunes ,
blanches Se noires, & un duvet blanc
fur le devant de la tête.
Une auflî belle contrée que celle
de Juida eft l'afyle naturel des plus
belles efpeces d'uifeaux. Le nombre
en eft infini , Se leur beauté n'eft com-
parable qu'à leur variété ; cependant
VOiJeau à couronne y. eft moins beau
qu'en Guinée. Il a la taille Se les jam-
bes d'un Butor. La touffe , dont il eft
couronné , eft- jaunâtre, 8c mêlée de
quelques plume* jafpées. Le plumage
du corps eft noir : les ailes font corn-
pofées de groffes plumes rouges , jau-
nes , blanches Se noires. Il a des deux
côtés de la tête des taches d'un beau
pourpre. Le devant," qui eft couvert
d'un duvet noir fort ferré, a l'appa-
rence de velours.
JB o s M A n - vit fur la côte un oi-
feau d'une rareté égale, dit-il, à, fa
beauté. On ne le trouve que dans le
pays d'Apam , où il s'imagine qu'il
doit être affez commun, pareeque dans
l'elpaCe de deux jours , on lui en ap-
porta deux fuccelllvement. Ils avoient
été tués à coups de fufll ; car ces ani-
maux ne fe laiffent gueres prendre
vivans. Ils reffemblent parfaitement >
par le bec , aux grands Perroquets ;
OIS
maïs l'ordre de leur plumage , aînfi
que la variété de leurs couleurs, en
font des animaux d'une beauté incom-
parable. Ils ont la poitrine Se tout le
deffous du corps d'un très-beau verd.
Le deiïus eft un mélange charmant de
çris , de rouge , de bleu célefte , &
de bleu foncé. La tête , le col Se la.
quetie'font du même verd que la poi-
trine. Sur la tête il s'élève une touffe
de plumes dans la forme de la plus
belle crête : les yeux font grands 8c
bien ouverts ; au-deiTus Se au-deifous
ils font entourés de deux raies , ou
de deux arcs, du plus beau rougequ'on
puiffe fe repréfenter. Enfin l'Auteur" ne
connoît point de fpectacle plus mer-
veilleux.
11 parle encore d'un Oifeau qui ha-
bite le bord des làcs Se dss rivières,
Se qui peut paffer aulTi pour un fort
bel animal : fa taille eft à-peu-près
celle d'un gros Poulet. La partie fu-
périeure de fon corps eft brune Se ta-
chetée de blanc ; le deffous eft d'un
jaune foncé qui tire fur le rouge. Il a
fur la tête une touffe de plumes ta-
chetées qui s'élève en forme de crête ;
fon bec eft Tort long Se fort mince à
proportion du corps.
Pendant le fé]our de Bosman , on
tua dans le même pays , fur la rivière
d'Apam , un oifeau allez femblable au
Pokko > mals fi grand , lorfqu'il fe tient
fur fes jambes , Se la tête levée , qu'il
furpalTe de beaucoup la hauteur d'un
homme. Son plumage étoît mêlé de
noir , de blanc , de rouge , de bleu , Se
de plufieurs autres couleurs. Il avoir
les yeux jaunis Se très-grands. L'Au-
teur le regarda comme un animal fort
extraordinaire. Se les Nègres mêmes
ignoroient fon. nom.
Le même Auteur ne remarqua pas
moins particulièrement deux Oifeaux
qui dévorent les grains. L'un avoit le
bec long Se pointu ; le plumage mar-
queté de jaune & d'un bleu léger ,
avec un demi-cercle autour du col :
il portoit une longue, queue de. plu-
O I S » 7 i
mes jaunes , bleues Se noires, Se quel-
ques plumes fur la tête*. L'autre étoît
de la taille du premier , & vrai-
femblablement de la même efpece •
mais fa principale différence étoit dans
le bec , qui étoit épais, court Se noir;
le dos. étoit d'un jaune admirable, &
les pieds de couleur noire, aiufi que
le bec.
Un autre Oifeatt>fons être fort diffé-
rent du dernier , a le plumage mêlé
de gris Se de jaune , le 'bec pointu,,
avec les pieds Se les griffes d'une lon-
gueur peu proportionnée à celle de la
ftille.
Un autre beaucoup plus petit a la
forme d'un Moineau : fa couleur fait
toute fa beauté, il a la tête Se la poi-
trine noires , les ailes Se les pieds gris,
Se le refte du corps d'un rouge écla-
tant. L'Auteur regrette que tous ces
animaux ne puilfent être tranfportés
vivans.
Mais il n'y en a point d'un éclat plus
diftingué que celui dont B os MU n
fit tirer le portrait par un Peintre ma-
lade , qui n'étoit point en état de bien
repréfenter toute la variété de fes cou-
leurs. 11 en fait la deferiprion fans le
nommer. Son penchant l'arrête au bord
des rivières, où il s'engraiffe de petits
poiffons. 11 a les ailes Se le deffùs du
corps entièrement bleus. Les plumes,
du col font fort longues Se de la mê-
me couleur, aulb-bien que la touffe
qui lui couvre la tête - celles de la
poitrine font d'un jaune foncé, avec
un mélange de bleu Se de rouge. Son
bec Se fes jambes , qui font d'un rou-
ge luifant , ont une couleur extraordi-
naire , Se de la groffeur à propor-
tion.
L'Auteur vit encore un Oifeau quî
ravage les grains , Se dont la poitrine,
le ventre Se le col font d'un jaune
rougeâtre ; fa tète eft entièrement
noire , à l'exceprïcn d'une belle tache
jaune qu'il a fur le front. Le deffus du
corps, ainfi que les ailes, eft noir,
Se la queue eft d'un mélange de noir ?
éfà o I s
de jaune & de. rouge. Un autre Oifeau
de la moitié plus gros que le précé-
dent , avoit toutes les parties inférieu-
res d'un rouge, admirable; le dos, les
ailes & la queue étoient d'un noir par-
fait , & la tête éroit d'un jaune bril-
lant. Hifi. Gén. des Voyages, Tome XIV.
p. 100. Edit. in~n.
Sur les confins d'Angola , le Pere
François de Pavle dit qu'en allant à
Sînga il avoit obfervé certains grands
Oifeaux blancs qui ont le bec , le. col
& 'les jambes fort longues , Se qu'au
moindre fon d'un infiniment, ces ani-
maux fe mettoient à fauter Se à dan-
ferfur le bord des rivières, où ils font
ordinairement leur réfidence ; ce fpec-
tacle l'avoit fort airmfé.
Une autre efpece à' Oifeau a la
queue fi blanche & fi belle , que les
femmes Portugaifes achètent ces plu-
mes à toute forte de prix pour s'en
faire un ornement.
Les Oifeaux que les Nègres appel-
lent dans leur, langue Oifeaux demu-
j<;p'.e , font un peu plus gros que les
Serins de Canarie, Quelques-uns font
.tout- à-fait rouges , d'autres verds ,
avec les pieds & les becs nbîrs ; d'au-
tres font blancs , d'autres gris ou noirs.
Les derniers fur-tout ont le ramage
charmant : on croiroît qu'ils parlent
dans leur chant. Les Seigneurs du pays
ies tiennent enfermés dans des cages
pour leur plaifir.
Le Pere Captani parle d'un Oi-
feau merveilleux , dont le chant con-
■ilfte dans ces deux mots va dritto ,
ç'eft-à-dîre va droit.
Dapper parie d'un autre Oifeau
qui fe trouve dans le Royaume de
Loango , Se dont les Nègres fontper-
fuadés que le chant leur annonce l'ap-
proche de quelque bête féroce. Hifl.
Gén. des Voyages , tome XVlI. p. 2 18.
Edit. in-iz.
A Bombay en Afrique aux côtes
du Cap, on voit des Oifeaux tout noirs,
qui font de la groffeur d'un gros Ca-
,«ard. -On en obferva un qui ayoit le
O 1 S
bec long, droit, épais & fort poîntui
Les yeux de cet oifeau étoient creux;
fes jambes étoient longues de douze, ou
quinze pouces , Se fort groffes. 11 étoit
d'une extrême voracité pour la chair
Se le poiffon; les Rats Scies Grenouil-
les n'échappoient gueres à fa griffe :
auffi-tôt qu'il avoit pris quelque ani-
mal vivant , il le -jettoit en l'air à la
hauteur de deux ou trois aunes, Scie
recevoit fur la pointe de fon bec. Il
recommençoit cet exercice jufqu'à la
mort de l'animal. Hifl. Gén. des Voya-
ges , Tome XV III. p. 187. Edit. in*i 2.
Les Oifeaux les plus extraordinaires
de la côte des Efclaves font rouges ,
bleus , -noirs , ou jaunâtres. Ils ne font
pas connus autremerît , Se leur diffé-
rence ne confifte que dans l'éclat de
leurs nuances qui font un peu plus vi-
ves Se plus luiiantes. A chaque mue ,
ces Oifeâux changent de couleur , de
forte qu'après avoir été noirs une an-
née , ils deviennent bleus ou rouges
l'année fuivante , & jaunes ou verds
l'année d'après. Leurs changemens ne
roulent jamais qu'entre ces cinq cou-
leurs , & jamais ils n'en reprennent
plus d'une à la. fois. Le Royaume de
juida eft rempli de ces charmans Oi-
j'eaux , mais ils font d'une délicateffe
qui les rend fort difficiles à être trans-
portés.
A R T h u S raconte que les habitans
de Bénin redoutent beaucoup une ef-
pece d'Ofeaux noirs , Se qu'il eft dé-
fendu , foûs peine de mort , de leur
caufer le moindre mal. 11 y a des Mi-
hiftres établis pour les fervir Se pour
leur porter leur nourriture dans un
endroit des montagnes qui leur eft par-
ticulièrement confacré.
Kolbe, dans fa. Defcription du Cap
de Bonne-Efpêrance, Tome III. chap. 1 S,
p. 1 84. dit qu'il s'y trouve un Oifeau
bleu , que les Naturalises nomment
Avis c&rulea. Il eft de la groffeur
d'un Étourueau. M a les plumes bleues
comme fon nom le porte ; celles du
col 8c des cuiffes font d'un bleu célefte ,
V
O I s
itiaîs tant foit peu plus foncé que cel-
les du Martin Pêcheur ; fur le dos Se
aux ailes , les plumes font d'un bleu
obfcur , tirant fur le noir ; fon bec eit
de trois ou quatre pouces de long &
pointu : la partie inférieure eft d'un
•rouge foncé. On voit quelquefois cet
oifeau dans les jardins , mais il habite
pour l'ordinaire les hautes montagnes.
Sa chair eft délicieufe. C'eft le tj^w
des N attira liftes.
Parmi les Oifeaux de la Virginie ,
il en a vû un qu'on appelle Oifeau mo-
niteur , pareequ'il contrefait ii bien la
voix naturelle de l'homme Se celle de
tous les Oifeaux , qu'il trompe les
ChalTeurs en fe déguifànt par cette
voix. On en trouve un autre qu'on
appelle Oifeau rouge , pareequ'il atout
fon corps & tout fon plumage de cou-
leur de fang. Il y en a auffi un troi-
jîeme appellé Oifeau murmure, paree-
qu'il fait un fort grand bruit en vo-
lant , quoiqu'il ne foit pas plus gros
qu'un Hanneton.
Dans les Indes Occidentales où il
fe trouve divers Oifeaux de proie, il y
en a un monftrueux de la grandeur Se
prefquede la même forme d'une Pou-
le 3 fes plumes font blanches , & ont
quelques marques brunes. Il a le bec
fait comme celui d'un Oifeau de proie,
mais plus aigu : le pied gauche eft
fcmblabie à celui d'une Oie , avec le-
quel il nage dans l'eau , Se le pied droit
eft fait comme celui d'un Faucon.
C'eft auffi avec ce pied qu'il ferre ce
qu'il a pris , foît en l'air , ou dans les
eaux.
Le Pere Kuser parle d'un Oi-
feau qu'on trouve à la Chine , 8c qui
étant Oifeau tout l'été , fe transforme
en p'oiffon l'hiver. Les habitans l'ap-
pellent Hoang-Ao-Yu , qui veut dire
Poiflon jaune.
On trouve dans l'Ifle de Ceylan les
bois & les champs remplis de plu-
fieurs petits Oifeaux , qui ne fervent
qu'.i l'ornement de la Nature, parla
yariété & par la beauté de leur plu-
Jome lll.
O I S 273
mage. Leur groffeur eft celle de nos
Moineaux.. On en voit de blancs com-
me la neige , qui ont la queue longue
d'un pied , Se la tête noire , avec une
touffe de plumes qui les couronne.
D.'autres , qui ne différent qu'en cou-
leur, font rougeâtres comme une oran-
ge mûre , Se couronnés d'une touffe
noire.
Dans l'Ifle de Madagafcar, on y voit
une quantité infinie 6.' Oifeaux dont le
ramage eft admirable.
Il y a auffi dans ce pays beaucoup
à'OiJcaitx aquatiques , Se Flacourt
dit que la plupart ne font pas plus
gros qu'un Pigeon.
Il y a un grand nombre d' Oifeaux
aquatiques dans l'Ifiande. On en voit
des troupes immenfes , qui couvrent *
pour ainlî dire , la mer , jufqu'à dix ou
dix-huit lieues de l'Ifle , dit M. An-
D e r s o n C Hifi. Nai. des Ifies d'îjl. ),
Se c'eft même par ces Oifeaux, qu'on
commence à s'appercevoir qu'on en
approche. Il n'y a que très-peu de ces
Oifeaux qui relient pour hiverner dans
ce pays. La plus grande partie , qui y
arrive dans le printemps , s'en va vers
l'hiver, en reprenant vraifemblable-
ment le chemin des climats plus chauds.
Ces Oifeaux chériffent le féjour de
l'Iflande , pareeque chaque efpece y
trouve une nourriture abondante , fé-
lon fon goût Se fes befoins , tant en
poiffons , qu'en Crabes & infectes , 8c
fans doute auffi pareeque la fituarion
de l'Ifle Se de fes rochers immenfes Se
inacceffibles aux hommes & aux Re-
nards , leur permet d'y bâtir leurs
nîds , Se d'y faire leurs petits en tou-
te fureté. Il y en a qui nagent conti-
nuellement fur l'eau , Se qui cherchent
leur nourriture en plongeant : d'au-
tres fe tiennent fufpendus en l'air , Se
guettent d'en haut fi par hafard quel-
que poiffon remonte vers la furface
de la mer: quand leurs yeux, qui per-
cent à travers l'eau , les apperçoi-
vent , ils fe plongent fur le champ
avec une rapidité qui égale l'éclair ,
M m
a 7 4 OIS OLÏ OLO
Se il eft rare qu'ils manquent leur
proie. Ils prennent des précautions ex-
traordinaires pour conftruire leurs nids
avec fureté , & pour conduire leurs
petits à l'eau. On trouve la defcrîption
8c les figures de plufieurs de ces Qi-
féaux aquatiques , dans le Voyage de
Spitz,bcrg & de Groenland , Part. IV,
ebap. 2. », 3. far M. Martens. Voyez
LL MME & ROT-JE.
OISEAU : C'tft le nom d'un
Coquillage bivalve , qu'on nomme
aufli Ailée , ou Hirondelle, pareequ'au
coin de fa coquille il porte deux es-
pèces d'ailes, qui augmentent fa lar-
geur, de manière qu'elle furpatTe une
Fjïs & davantage fa longueur. M.
Adanson le met dans le genre du
Jambonneau , 8c nomme Chanon celui
qu'il a obfervé ait Sénégal, autour du
Cap Manuel & du Cap Verd. Voyez
CHANON.
OISON, ou OYSON: C'eft
le petit d'une Oie. J'en ai déjà parlé
au mot OIE DOMESTIQUE,
d'après ceux qui en ont écrit»
O L I
OLIVE, nom que quelques-uns
donnent , dit B E L o N , à un oifeau ,
que nous nommons en François Cane
Pétiere, on Canard de pré. Voyez ces
mots.
OLIVE, en Latîn Oliva , genre
de Coquillage , de la claffe des Uni-
-valves, dont Aldrovande » d'après
Rondelet , fait un genre particulier,
dont M. d'Argenviele compofe fon
onzième famille :Voyez ROULEAU;
& que M. Adanson met dans le gen-
re des Porcelaines. Il nomme GîVef ce-
lui qu'il a obfervé au- Sénégal." Voyez
au mot G I R O T.
OLO
OLOTOTOLT, oifeau du
Mexique , allez femblable au Xot-
tapech , mais d'un bleu couleur de
Faon s excepté le col » qui eft blanc
k rouge.
O L R O M B
OLRUPPE, du Latîn Otrup* J
poifïbn , dît Ge s n e r. ( de Aquat.
p. 1282.), dont parle Kentmann.
Il eft fans écailles , d'une peau brune ,
avec des taches noires. Il refTemble
par la queue à une Anguille. Il a les
lèvres fort dures. Ce poiflon fe pêche
dans l'Elbe.
O M B
OMBRE: Ce nom eft donné i
des poiflons de mer 8c de rivière.
L' Cm ère de mer eft un poiflon à na-
geoires épîneufes , Pifeis acantkeptery~
gitu. A R T E D 1 ( h h h. Part. V.'p. 45.
». 1.) le nomme Stiœna maxïlla jupe-
riore longiore , cirroj'ain injtrhre. C'eft
le ÏK/'ava d'A Ri s t o T F. ( L. VIII.
c. 19 ) ; le Siojv* d'É L 1 E n (L. IX.
c.y.p. 517.3, cPAtbénée (L. VIL
p. 322.) & d'OppiEN (Hal. p. 6.
L. IV. ) ; le Chrumis de B E L o N {de
Fifcib. ) ; VUrnbra de Va r ro N (dj
re ruji. J , de Columelle , du
Pocte E N N I u s , d'A PULÉE,
d'I s 1 d o r e , de Cuba ( L. III.
c. 99. ) > de W o t t o N ( L. VIII.
c. 1 73 . ) , de G E s N E R ( de Aquat. >,
de W 1 L L u G h b y , p. 299. de R aï
(Symp.rifc. p. 99.), d'Ai.DRoVANDE
CL./, c. 17 ), de joNSTON , p. 135.
& de C H A R LE T O N , L. V. C. Q.
p. no. Edit. Wranç. On appelle ce
poîffbn Ombrino à Marfeilie 8c tout
le long des côtes de la Méditerranée j
Maigre en François , dit Rondelet
& Dame en Languedocien.
Ce Naturaiifte dît qu'on a donné à
ce poiflon le nom A' Ombre , à caufe de
fa couleur noirâtre , ou bien à caufe
de certaines Kgnes de travers , qui def-
cendent du dos : elles font dorées &
obfcures & fcmblcnt faire ombre les
unes après les, autres ; car quand l'une
paroît, l'autre eft obfcure , & ainfi de
fuite, depuis la tête jufquM la queue.
L'GW>"(T diffère du corps en gran-
deur. Celle de l'Océan eft plus gran-
de & pafTe la longueur d'une coudée.
Elle a une verrue au menton , deux
O M B
trous devant les yeux; d'autres petits
trous au tout du bec & à la mâchoire
baffe ; point de dents ; des nageoires
comme le corps , mais plus courtes &
moins noires , principalement celles du
ventre & du dos ; la queue fembla-
ble , le corps moins large Se plus long ;
le dos moins courbe , les yeux fembla-
bles ; la tête couverte de plu (leurs
petites écailles , 8c le bout de ce qui
couvre les ouïes , noirâtre. Les parties
du dedans de ce poilïbn font fembla-
bles à celles du corps. O p p i e Nmet
{'Ombre de mer entre les poilTons faxa-
tiles, ce qui n'eftpas , dit Rondelet.
Sa chaïr eft eftimée : elle eft blanche
8c de bon goût. Ce poiflon , félon Ray ,
eft commun à Venife , à Rome Se dans
plufteurs endroits de l'Italie , où il ne
paiTe pas la grandeur d'une Carpe.
Sloane, dit R a y ( Synop. Metb.
Tijc. p. 158.».].), parmi les poilTons
de la Jamaïque , parle d'un poiflon
qu'il nomme Umbla minor marina ,
maxiliis longioribus. Il approche du
Saunis- Il a environ quinze doigts de
long , trois de large au milieu du corps.
Sa mâchoire inférieure eft plus longue
de deux quarts de doigts que la fupé ■
rîeure. Depuis les yeux jufqu'au bout
du mufeau , il a environ deux doigts de
long. La mâchoire inférieure eft garnie
de petites dents : il y en a une au bout ,
qui eft oblongue. La mâchoire fupérieu-
re eft munie d'un double rang de dents ;
les dents du rang en dehors font plus
petites, 8c celles Se celui en dedans font
plus longues. La couleur de cepoiiTon
eft obfcure fur le dos. Par le milieu des
deux côtés , il y a une ligne, qui com-
mence à la tête Se finit à la queue. Son
ventre eft blanc. Il eft marqué çà Se là
de taches noires Se couvert de petites
écailles. Il a deux nageoires au dos ,
longues Se larges d'un pouce, autant
proche des ouies , autant fous le" ven-
tre Se une proche de l'anus : ces na-
geoires font garnies de fept rayons ,
qui font mollafies. Sa queue eft ample
Se fourchue. Son ventricule a deux ou
O M B 475
trois doigts de long , Se fon foie el
blanc.
Galien, Athénée , Oppien,
Pline , Columell e, Sec. ont fait
ffienrion de l'Ombre de mer , Se parmi
les Anciens il n'y a qu'A usone qui
ait parlé de cell ? d* rivière, nom;n;ei
Ombre , pareeque pour la figure Se
pour la couleur, elle eft femblable à
celle de m;r. C'eft une efpece de
Truite , dit Rom delet ( Part, IL
c. 3. p. 125. Edic, Franç.) qui reflem-
ble au CarpiMt des Italiens. Ses écaill s
font petites Se tachettes. Sa tête eft
plus longue que celle de la Truite , &
fa bouche plus petite : el'e n'eft pas
fi ouverte. Ce poiîfoT a la' mâchoire
inférieure ronde , là fupérieure un peu
pointue , point de dents , les yeux fort
ouverts , la prunelle noire Se la peau
femblable à de la corne dorée. Son corps
finit en une queue affez large Se four-
chue. Il a des lignes jufqu'à la queue ,
Se une ligne droite , qui paffe par le
milieu du corps. Sort eftomac eft long ,
épais , couvert d'une graiffe fort blan-
che. Son foie eft rouge; la bourfe du
fiel qui eft fort noire y eft attachée : la
rate eft longue 8c noire, La chair de
ce poiflon eft blanche , feche com-
me celle des petites Truites Se auîlî
bonne. 11 fe cache l'hiver Se on le pêche
l'été avec les Truites, Ait te di met
ce poiflon dans le rang de ceux qui or.t
les nageoires molles , Pifces malacop-
terygii. , Se il le nomme ( Ichth. fart. V.
p. 20. ». 3.5, ainfi que le Thyrrlo des
Italiens, dont nous parlerons en fort
lieu , Corregomts maxilla fuperiore Ion-
giore , pinnà dor/i ojfuidorum vigïnti-
triitm.
On peut, fur cette forte de poiflon, con-
fulter Wotion, L. VIII. c. 173. B e lo n ,
de Pife. Gesner , de Ajnat. Aidrovandk,
L. V. c. rj. Jonston, L. III. c. 4. Wi l-
l no h b v, />. ibiS. 3c R a v, p. 6 1.
O M B R E , ou O M B L E du lac
de Laiifune- Ce poiflon, dit RoNUtLET
( Part. II. p. 1 1 5 . c. 1 2 . Edit. Franç. )
eft le Saumon dudit lac. lia la bouc;.e
grande , armée de plufieurs dents t
M m ij
% 7 6 O M B
non - feulement aux mâchoires , maïs
auffi à la langue. Par la figure de fon
corps , le nombre Se la fituation de fes
nageoires & par fes parties intérieures ,
il eft femblable aux Truites & aux Sau-
mons. Sa tête eft de couleur plombée ,
Se ce qui couvre les ouies , de couleur
d'argent. II a le foie charnu : le fiel y
eft attaché. Sa chair eft bonne , agréa-
ble au goût , affez dure quand il eft
vieux. 11 croît quelquefois jufqu'à deux
coudées. Gesner (de Aquat.p. 1201.)
& R a y ( Synop. Fifc. p. 64. n. 5 . ) par-
lent de ce poiflon. Ce dernier dit qu'il
a au-deffous des yeux trois ou quatre
petits trous. Artedi ( lebth. Part.V.
p. 25. ». 7. ) le nomme Salmo lincis la-
teraiibus fur s ion recurvis t eaudet bi-
jurca.
On peut encore confultcr fur ce poûTon
A L DR OVAWDEj L. V. C. 47. jONSTO»,
de Fifc. Charlbto n , p. 163. & Wl L-
iughbYj p. 1 95. & les autres Naturalises
çui en ont écrit.
Rondelet ( Part. H. p. 116.
c 13. Edit. Franç.) parle d'un autre
poiffon , qu'il appelle Omble Chevalier*
qui eft auffi un poiffbn du lac de Lau-
fane. Il eft plus grand , plus beau Se
plus fort que le précédent , femblable
aux Saumons Se .aux Truites faumo-
nées. H aie bec long, pointu Se cour-
bé ; le bout crochu çje la mâchoire in-
férieure entre dans le bout de la mâ-
choire fupérieure ,. Se pour cela elle
eft cavée ou creufe , comme dans les
Saumons : ces mâchoires font rayées.
Il a le dos tirant fur le bleu & le noir ;
le ventre doré ; le foie jaunâtre , au-
quel tient le fiel ; Peftomac long Se
épais. Ce poiflon devient fort grand :
fa chair eft féche & dure. On fait au-
tant de cas de fa tête que de celle du
Saumon. Gesner, dit Ray ( Synop.
fifc, p. 64. n. 6. ) n'a point connu ce
poiflon , pnreequ'il penfe que les lacs
de-Suifle n'en fou minent point.
11 y a une autre UmbLi minor * qui,
félon Ray (ibid. p. 65. n. 6.) eft
appcllée enAnglois tbe Red Charre s
dans la Province de Galles y Torgoch s
O M I
par les Allemands Se les SuifTes , Reu~
tele , ou Rotele; par les Suédois, R 0 ~
tele , ou Roding » Se par les Lapons
Raud , fxlon M. L 1 n N m u s, Ce
poiiTon qui eft auffi à nageoires mol-
les , eft nommé par Artedi ( khtb.
Part. V. p. 25. n, ro.) Salmo vix peda-
lis , pinnis veniris rubris , maxillâ in~
feriore paulo longïore. Il eft plus long
& plus menu que la Truite. Son dos
eft d'un verd d'olive, marqué de ta-
ches blanches un peu obfcurcs. Le
vencre dans quelques-uns eft rougeâ-
tre ; d'autres, fur-tout les femelles „.
l'ont blanc ; fes écailles font très-
petites : les nageoires du ventre font
rouges. Il a l'ouverture de la bouche
grande , les dents petites 8e pointues,
doubles à la mâchoire fupérieure. H
en a auffi à la langue , Se aucune au
palais. Ce poifïbn ne devient pas fort
grand , vix pedalis , fuîvant ce qu'en
dit Artedi; S; le plus grand ne pefe
pas plus de deux livres.
Le Torgoch de la Province de Galles
a la figure de la Truite , dit R A t. Ji
a fur le dos une ligne marquée de neuf
petites taches dorées Se d'autant de
blanches dans le milieu. Les premiers
rayons des nageoires du- ventre Se de
celle qui commence à l'anus » font
d'un beau blanc. On vante beaucoup
fa chair. On en pêche dans pltifieurs
lacs d'Angleterre , Se il paroît que
c'eft une efpece diiférente du Rsutelt
des Allemands.
Gesner, de Ayuat. f. iioi.C H a rie-
ton, p. l6$. W I L L V O H £ ï , p. &
Ray, Syncp. Pifc. p. 65. parlent de ce poif-
fon , ainfi qu'A l d ro v a n o t , L.V.c. 47>
p. 650.
O M I
OMICRON-YPSILON,
nom que les Naturaliftes donnent à
un Phalène , ou Papillon nocturne r
que M. Linn^us (FaunaSuec.p. z6<j r
». 859.) nomme PhaUnaf uicornuufpi-
ri! inguis ,alis pateniibus albidi; , faffiS
latâ , nebulofâ , interiits t« 8 not.uti.
M c Mer 1 an, dans fon Hiftoirt- des
ONC
Infeiïes de V Europe-, Goedard C "Part.
111.) i Se Lister fur Goedard » p. 39.
en parlent fous le nom d'Omicron-
Ypfilon. Le maie eft plus blanc que la
femelle. Une tache qu'il a fur les ailes
fupérîeures en forme d'un Omicron-
Ypfilon, lui a fait donner ce nom.
ONC
ONCE: Les Onces , dit Laeat
{Relat. de l'Afr. Occident. Tome IV.
p. 351.)- f° nt ^ es efpecesde Léopards
dont la peau eft très-belle. Cet ani-
mal , qui pour l'ordinaire n'eft pas
fort chargé de graifle , eft extrême-
ment agile. Il court en bondiflant , 8c
en moins de rien il eft fur la bête qu'il
veut attaquer. L'Auteur dit que l'es
Perfans s'en fervent pour chafler aux
Gazelles. Ils le portent devant ou der-
rière eux fur leurs Chevaux , & quand
ils apperçoivent une Gazelle , ils la
lui montrent en le lâchant. Il part aiïffi-
tôt comme un éclair , Se en quatre
fàuts il eft fur cette pauvre bête , qui
n'a d'autres armes que fès jambes , &
d'autre défenfe qu'en la fuite. L'Once
fe jette à fon col Se l'étrangle; maïs
lï elle manque fon coup Se que la Ga-
zelle lui échappe , la honte Scie dépit
s'emparent tellement d'elle , qu'il faut
que ks Chaffeurs- la careffent , Se la
confolent, pour ainfi dire > du mal-
heur qui lui eft arrivé Se de l'affront
qu'elle a reçu : après cette manœu-
vre, ils la remettent fur leurs Chevaux
Se vont chercher une autre bête , Se
pou r-lors Y Once prend fi bien fes me-
sures qu'il eft rare qu'elle manque fon
coup une féconde fois.
Les Onces d'Afrique ne font pas fi
dociles : peut-être que fi les Nègres
Evoient autant d'adreffe que les Per-
fans , ils pourraient apprivoifer celles
de leur pays Se Ils dreffer à cet exer-
cice Ces animaux font de la taille d'un
Lévrier. Ils ont la tête fort ronde, la
gueule large Selesdents fort aiguës:
Us n'ont rien de féroce dans leur air;
mais ils font pourtant un peu fauva-
O N G 177
ges. Ils ne s'approchent des Villa gesj,
Se des parcs ou font les Moutons Se
les autres bêtes , que la nu'.t. On n'a-
jamais entendu dire qu'une Once ait
attaqué ni hommes, ni femmes, ni en-
fans ; excepté cela tout lui eft bon :
mais cet animal n'a de bon que la peau
qui eft très-belle , Se bien tachetée de
couleurs fort vives. On remarque que
les peaux des bêtes des pays chauds
ne font jamais fi garnies de poil , &
durent bien moins que celles qui vien-
nent des pays froids. Cet animal eft
le Tigre noir de M. Brisso n, Se
le Jaguarete du Bréfil. Voyez TIGRE-
NOIR Se JAGU ARETE,
ONG
ONGLE MARIN, ouDAC-
T Y L E , en Latin Unguis , ou D ac-
tylus. Il y en a de deux fortes , le
mâle Se la femelle. On nomme ce Co-
quillage Pivot en Anglois. On err
mange à Venffe. On s'en fert en Nor-
mandie pour pêcher. Pline nommfï
les femelles Onychas. Gesner (de
Agitât, p. 1235. & 1237.) dit que
Y Ongle marin eft nommé Cappe enlta--
lien. Ce Coquillage eft ce que .nous
nommons en François Solen Se Couteau*
Voyez ces mots.
ONGLE ODORANT: C'eft
la Coquille d'un poifïonqui reiTemble
à celle dont la Pourpre eft couverte ,
Se qui fe pêche dans les marais des
Indes , où croît le Spica Nardi , dont
il fe nourrit, C'eft ce qui rend cette
coquille fi odorante. On l'appelle en
Latin Unguis odorants. On va cueillir
ces poifTons quand la chaleur a- deffé-
chéces marais. Les meilleurs s'appor-
tent de la Mer rouge Se font blancs
Se gros. Le Babylonien eft noir &
moindre ; on en fait des parfums , qu*.
font bons aux femmes travaillées du
mal de mere , Se à ceux qui ont le
haut-mal : ils fententunpcu le Cafio-
reiim. Sa cendre a les mêmes vertus
que celles des Pourpres. Voilà ce qu'etf
dit Dioscoride p défendu par
2-8 O NO
M A T h i 0 L E , fur ce qu'il dit que
l'Ongle odorant fe trouve aux marais
des Indes , où croît le Spica Nardi ;
quoiqu'il n'y ait aucun Auteur ancien
ni moderne qui témoigne que le Nar-
dus croirtë dans les marais : ils difent
tous que c'eft fur les montagnes Se
dans les lieux fecs. M. A D A N S o N
a donné à ce Conchytium des Anciens
qu'il a obfervé au Sénégal , le nom de
Kalan. Voyez aux mots POURPRE
Se KALAN.
O NO
* ONOCENTAURE, en
Latin Onocentaurus , animal fabuleux ,
moitié Homme Se moitié Âne , dont
les Anciens ont parlé. Voici r comme
Ge sner en parle d'après El ien
3c d'après Volaterranus. Il
a le vifage , la barbe , le col & la poi-
trine d'un homme, la gorge pareille
à celle d'une femme , des épaules ,
des bras , des doigts de figure humaine ,
le dos , les côtés , le ventre , Se les pieds
d'un Âne , Se de la même couleur ;
înais le bas du ventre eft un peu blanc,
fes mains avec fes pieds lui fervent à
courir avec une viteffe fi grande qu'il
furpaiïe tous les autres Quadrupèdes
à la courfe. Il s'en ferc encore quand
il eft tranquille pour prendre fa nour-
riture. Cet animal eft mauvais : il aime
fi fort la liberté qu'il fe laifle mourir
de faim quand il eft pris , & quelque
petit qu'il foît , on ne peut l'apprï-
voifer. G E S N e R ajoute que quelques
Auteurs obfcurs , fans aucune auto-
rité , ont avancé que YOnocentaure étoit
un animal monftrueux , qui n'avoir pas
été créé avec les autres animaux au
commencement du Monde ; mais qu'il
avait été formé depuis de l'accouple-
ment de deux animaux de différente
efpece , que fa voix étoit articulée
en quelque forte , mais non comme
celle de l'homme , Se qu'il fe fervoit
de fes pieds de devant , faits comme
la main de l'homme, pour jetter des
jpierres Se du bois fur ceux qui l'at-
ONO ONZ OPA
(aquoient. On attribue cette induftrîa
à l'Âne fauvage. Gesner, Qttad.
L. I. p. 23. & 24.
ONOCROTALE, oîfeau de
marais , grand comme un Cygne , qui
a le pied d'Oie , Se une bourfe tenant
à la partie inférieure du bec , qui def-
cend en manière de petite poche. C'eft
où il ferre tout ce qu'il chaffe , Se il
l'en retire enfuite pour le manger à
loifir. Son nom vient du Grec oveç ,
Âne , Se de KpsT<**ey , bruit , ou fou
d'un instrument , à caufe de fon cri qui
imite le braire d'un Âne : il rend ce
bruit en fichant fon bec en terre. Cet
oîfeau eft le Grand Gofier de R o-
CHEFORT & du P. DuTERTRE,
8e le même que nous nommons Péli-
can. Voyez PÉLICAN Se GRAND
GOSIER.
ONZ
O N Z A , nom que les Portugais
donnent au Jaguara , ou Jaguarete ,
Quadrupède du Bréfil fort cruel 3 c'eft
le même que l'Once,
OPA
O P A C H , poîftbn des côtes de
Guinée. Il a été montré à la Société
Royale de Londres par M. Ralph-
Bf gland , Se on en trouve la deferip-
tion dans les Tranfaclions Pbilojophi-
ques r n. 495. art. 20. Le même poif-
fon a été péché dans l'été de 1747.
far les côtes de Normandie près de
Caën : il a été apporté à Rouen , Si
acheté par M. 1. e Cat , pour être
placé dans fon Cabinet. Cet Acadé-
micien l'a nommé RuphtaSmo- Rhom-
boïdes , lavis 1 maculatus , caudâ bijm-
çata.
OPASSUM, anîmal de la gran-
deur d'un moyen Chat , qui fe trouve
dans la Virginie. Sa tête eftfaite comme
celle d'un Cochon : il a la queue fem-
blable à celle d'un Loir , Se un fac
fous le ventre dans lequel il porte Se
nourrit fes petits. La femelle les alaite
fans les pofer .1 terre , car fes mam-
OPH O P I GPS
tnelles font cachées dans cette bourfe •
qui en dedans eft couverte d'un poil
beaucoup plus mollet que celui qui
paroît en dehors : elle produit ordi-
nairement fix petits. Le mâle a pareil-
lement un fac naturel fous le ventre ;
îl porte à fon tour fes petits afin de
fonlager fa femelle , quoiqu'il ne les
puîtTe pas alairer. Comme le Renard ,
il chafle aux oifeaux & aux Poules, Se
au défaut de cette proie, îl fe nourrit
de fruit. Cet animal eft jaunâtre fous
le ventre & fous le col. Il a le dos cou-
vert d'un poil noir , entremêlé de gris ;
fes oreilles font longues , larges 8c
droites , &: fa queue eft longue , pelée
par le bout , & recourbée par en bas.
C>-S animaux font communs dans la
Nouvelle Efpagne & dans la Virginie ,
dît LoNVILLIERS DE PoiNCY,
dans fon Hifloire Naturelle des An-
tilles , c. ii, art. ï. C'eft le même
que le Rat de boîs , dont il eft parlé
dans V Hifloire des InfeUes de Surinam ,
far M'' M e r i a N. C'eft la première
efpece de Philandre de M. Brisson.
Voyez Tome IL de ce Dictionnaire ,
p. 28. au mot DIDELPHE , première
efpece.
OPH
OPHIDION , nom que les
Grecs & les Latins donnent à un pohTon
femblable au Congre, & que Ron-
delet nomme Donz,elle, Voyez ce
mot.
OPHIOMACHUS, nom que
S e b a donne à une efpece de Lézard
de l'Ile de Ceylan. Voyez au mot
SOA-AJER.
O P I
OPIPISEAN, oifeau du Me-
xique , dit Raï { Synop. Meth. Av.
p. 177. ) , dont le bec tire furie rouée ;
les pieds font roux Si variés de blanc:
tout le refte du corps eft cendré &
noir.
O P S
OPSAN,ou.OPSA:Les Grecs
O R A O R C 479
ttommoïent ainfï des poiflbns aprêtés ,
qui étoîent bons par excellence. Voyez
fur ce mot Gesher,^ Acmau
p. 742. & fuiv.
O R A
ORANG-OUTANG, ou
OU RANG-OUT AN Garantis
animaux qu'on trouve dans le Royau-
me de Congo. On les nomme ainfi aux
Indes Orientales : ils tiennent comme
le milieu entre l' efpece humaine 8c les
Babouins. Hifloire Génér. des Voyages ,
Tome XVII. p, 147. Edit.hi-iz.
Il s'en trouve auiïi à la Côte d'or,
A t k 1 n s rapporte qu'il y en a dans
diverfes parties de la Guinée , & plus
fouvent dans Plfle de Bornéo. Ces
Singes paflent dans l'efprit des Nè-
gres , Se même dans celui de plufieurs
Européens, pour des Hoinmjs fau-
vages. Le Capitaine Floweh en
apporta un d'Angola en 1733. qu'ii
avait foigneufement confervé dans des
efprits de liqueurs. Il l'avoit eu vi-
vant pendant quelques mois. On ad-
mira beaucoup à Londres fon vifage,
fa petite chevelure , & fés parties na-
turelles , qui ne dîfféroientpas de l'ef-
pece humaine ; fes tefticules étoient
extérieurs. Flo ver rendit témoi-
gnage qu'il marchait fouvent fur les
deux jambes , qu'il s'afTeyoit fur une
chaife pour boire & pour manger 5
qu'il dormoit a (fi s , & les mains fur
les épaules; qu'il n'avoir pas la mé-
chanceté des autres efpeces de Singes,,
& qu'il fe fervoit^aux mêmes ufages
que nous , de fes mains , de fes pieds
& de fes ongles. Hift. Génér. des Voy.ig,
Tome XIV. p. 1Sy.Edtt.m~12, Voyez
SINGE & HOMME DES BOIS.
OR AT A 8c ORA : Les Ita-
liens appellent ainfi la Dorade, poîf»
fon de mer. Voyez ce mot,
O R C
ORCA , efpece de Baleine, qu'An-
tedi nomme (, Ichth. Part. V.p, taré*
». 3. } Delphinus toflto fitrsum repan-
2 8o ORC
ORE
do , àenùhus lads , ferratis. Pline
t Hifi. Nat. L. IX. c 6. & L. XXXII.
cil.) en parle fous ce nom , ainfi que
Cuba, jL. III. c. 6$. fil. 8?. Wot-
t o N , L. VIII. c. 1 85. Gesner,
de Jquat. p. (Jjj.Aldrovande,
Cet. p. 698. J S TON , Pifi.p.ziJ,
Charleton , Onom. p. i<?8. Schon-
NEVELD , hhth. p. 53. WlLLUGHBY,
Jchtb. p. 40. & R a y , JjKop. A/ef/?.
Tïfc.p. 10.». 3. Les Suédois nomment
ce Cétacée Loepare, Les Anciens lui
ont donné le nom à'Urca , 1 caufe de
fa reftemblance avec les vafes qu'ils
appelloient ainfi , 5c qui leur fervoient
à mettre de l'huile. Cette efpece de
Baleine eft par tout le corps gro(Te&
ronde. Ses extrémités ne font pas beau-
coup élevées. Par fon mufeau , fon
tuyau , fes nageoires , & fa queue, elle
eft allez femblable au Dauphin ; maïs
elle eft quatre ou cinq fois plus croiTe,
furtout par le ventre. Elle furpaffe en
grandeur tous les Cétacées qui appro-
chent de nos côtes , dit R a y > en ex-
ceptant la Baleine. L' O rca pefe quel-
quefois mille livres , ajoure-t-il. Sa
longueur eft de dix-huit pieds ; fa grof-
feur par le ventre, au rapport de Be-
Lon , en a plus de dix ; fon mufeau
eft recourbé haut & bas , & la lèvre
inférieure eft fi épaiffe qu'elle eftfé-
parée delà fupérieure quand fon corps
eft penché. Sa gueule eft armée de
quarante dents bien tranchantes ."celles
de devant font obtufes & menues ; cel-
les de derrière fontpointues&grofies,
dit B e 1. o N.
Les Anglois nomment YOrca en
leur langue Wiûtpoole. On en a pris ,
dit Gesner ( de Aquat. p. 7 50.J ,
deux ou trois dans la Tamife en 1555.
Selon ce Naturalifte, ce poiflonénorme
attend la Baleine entreles rochers pour
^'attaquer. Un Savant, à ce que rap-
* On l'appelle en François Qrmler , ou
■Ormeau , ou Oreille marine , ou Ortille de
mer ; en Ançlois, Mother of Feari, dit Lan-
civs ; en Allemand , Meer Chreen, félon le
jneme Auteur ; les Malais, dit Rumfhius ,
porte Rondelet, a cru que ea
Cétacée étoit le Xiphias ; mais le Xi-
phias a le bout de la tête fait comme
une épée : c'eft ce que dit auffi Ges-
ner. L'Orca eft le même Cétacée que
VEpaular de Rondelet , dont
j'ai parlé aux mots ÉPAUL Ail,
& BALEINE.
ORE
OREILLE DE MER*, que
quelques-uns appellent 1 Ormier; c'eft
un Coquillage univalve , qui n'eft
pas moins connu que le Lépas , dit
M. D'A rgenville , Part. IL
de la nouvelle Edition de fa Conchylio-
logie ; mais il ne fe trouve pas fi com-
munément : nous ne l'avons en France
que furies côtes de Bretagne. Il eft or-
dinairement attaché aux rochers à fleur
d'eau, Se s'y tient fi fortement cram-
ponné , qu'on a encore plus de peine
à le détacher que le Lepas. Rien ne
refiemble plus à ce dernier Coquil-
lage que l'Oreille de mer: elle a aftez
la figure de celle de l'homme , dont
elle tire fon nom, Le poiffon meurt
incontinent après qu'on l'a détaché du
rocher. H fait quelque mouvement »
en allongeant fa tête ou fes barbes , ou
cornes , qui font au haut de fa circon-
férence. Sa chair eft jaunâtre Se I'ob
en mange. On y remarque une tête
ronde , & afiez greffe , tranchée fur
le deffus , avec une bouche garnie de
quatre cornes; deux plus grandes font
peu diftaRtes des deux autres. Les deux
yeux ou points noirs font au fommet
des deux plus petites cornes. \J Oreille
dcmervuiàe fes excrémenspar les trous
qui font fur la fuperficie de fa coquille,
Se les principaux vifeeres font logés fur
fon bord , qui fait faillie au-dedans.
Lorfque l'Oreille de mer eft en marche ,
fon pied ou fa plaque déborde beau-
la nomment Telinga Malolî , ou B'ta Sacarf-
jo , & les habitans d'Amboine lui donnent le
nom de HovïUit. Bel ou la nomme grand
fiourdin , & les HolJandois l'appellent en leur
langue SmkfJ'che.
coup
O R E
£oup la Superficie de fa coquille , qui
eft revêtue delpires , ou filions creufés
légèrement , qui tournent autour de
la robe en forme de deux rangs frai-
fés , & vont fe pendre au fommet.
Sa couleur ordinairement très- variée
eft d'un cendré noir ; mais il y en a
de vertes , de rûugeâtrcs , avec une
très-belle nacre en dedans.
On a remarqué , dit le même Au-
teur , qu'à mefure que cet animal gran-
dit & augmente fa chair, il fait un nou-
veau trou à fa coquille , Se en ferme
un autre. La figure de la lettre C. de
la Planche I. delà Conchyliologie , rc-
préfente le rocher fur lequel eft atta-
chée une Oreille de mer : elle montre
fa tête applatie Se fes quatre cornes :
& la figure D. de la même Planche ,
eft le même animal , dont la coquille
eft renverfée. On voit le fac tout en-
tier de fon corps , féparé fur le pé-
ri o lie en plufieurs traverfes , & fa tête
paroît également munie de fes quatre
cornes.
A la Flanche III. de la première
Partie du même Ouvrage , on voie
fix coquilles différentes d'Oreiller de
mer figurées. La première marquée A.
eft percée de trous, & vient de nos
mers. La féconde marquée B, plus
petite de moitié Se bien plus belle , eft
Orientale. La troifieme marquée C.
eft une Oreille de mer des plus petites :
elle n'eft ni nacrée , ni percée. La
quatrième marquée D. retournée fur
fon deffus.eft bigarrée de taches rouges,
la cinquième marquée E. eft une Oreille
de mer rare Se finguliere : la beauté de
la nacre l'a fait reconnoître pour Orien-
tale. La fixieme , marquée F. ref-
femble à celle de la lettre A, mais
elle n'a point de perles , & elle n'eft
percée que de fix trous. Voilà ce que
dit M. D'A rgenville fur l'O-
reille de mer, Se voici ce que M. Ad an-
son (Hift. Nat. des Coquillages dit Sé-
négal, p. 20. ) nous apprend du même
Coquillage , qu'il nomme VOrmicr , Se
dont il fait un genre compofé de deux
T«me lll.
O R E a8i
efpeees, Il nomme la première efpeee
i'Ormier , Se la féconde Sigare^. l\
parle de lapremiere dans ces termes.
La figure de la coquille , dit- il , lui
a fait donner le nom d'Oreille, parce
qu'en effet elle repréfente allez bien
l'Oreille de l'homme. Si on la confidere
au-dehors dans la fituation naturelle
de l'animal lorfqu'il marche , elle pa-
roît comme un baffin oval renverfé ,
c'eft-à-dire, dont la convexité eft tour-
née endeffus: alors on af perçoit vers
fon extrémité poftérieure , 8c un peu
fur la droite, trois tours de fpirale
un peu élevés , pour former en cet en-
droit une efpece demammelon à trois
étages. On voit encore un rang de trous
ronds difpofés fur une ligne courbe ,
parallèle à la longueur de la coquille
& à une diftance à-peu-près égale de
fon bord droit , Se du milieu de fa
largeur. Cette rangée de trous , qui
font au nombre de fept , fe termine au
milieu de fa longueur ; mais elle eft
continuée par un grand nombre de tu-
bercules , ou de mammelons qui Sui-
vent fes bords , Se ne finiflent qu'avec
le premier tour de fpirale. Ces mam-
melons font comme les vertiges des
trous. L'Auteur dit en avoir compté
près de cinquante.
Le relie de la furface extérieure de
la coquille eft coupé par un nombre
infini de filions creufés légèrement, Se
fort proches les uns de^autres : ils ont
tous leur origine au lomrnet , & vont
en prenant la courbure d'un demi cer-
cle , fe répandre fur toutes les parties
du bord droit de la coquille , où ils
fe perdent.
Quant à fa furface intérieure , elle
eft d'une nacre la plus belle Se la plus
luilante. Les trois tours de fpirale ,
qui font en relief au-dehors de la co-
quille , paroillent ici en creux. Le
bord des trous , n'eft pas non plus
tranchant en dedans , comme il l'eltert
dehors. Cette coquille eft allez épaifle „
Se l'on en trouve de différentes gran-
deurs. Les plus grandes que l'Auteur
N n
O RE
O R E
dit avoir vu es , avoîent quatre pouces
& davantage de longueur, deux pou-
ces ïc un quart de largeur , Se envi-
ron un pouce de profondeur. L'ou-
verture efl ovale ou elliptique , à-
peu-près de la forme ou de l'ouver-
ture de la coquille. La lèvre droite efl:
courbée en arc , mince dans les jeunes ,
épaiiTe dans les vieilles , Se tranchante
fur les bords. La le vrc gauche au con-
traire efl: épaifle » repliée comme un
large bourrelet au-dedans de la co-
quille , Se nacrée comme elle. Si l'on
met cette coquille au nombre de celles
qui font tournées en fpirale y comme
on ne peut s'en difpenfer , fon ouver-
ture fe trouvera placée à la droite de
tout le corps des fpires ; Se les fpires
elks-mêmes , prifes du bord droit de
l'ouverture , tourneront par derrière
de l'animal , en defeendant de fa droite
ves fa gauche.
Le fond de la couleur efl; d'un rouge
de chair au dehors , quelquefois fans
mélange , Sefouvent marbré deblanc.
L'efpace que les trous laiiTent entr'eux
efl rempli par une petite bande blanche
qui va fe perdre dans le bord voifin.
Au-dedans, l'Ormier efl: recouvert
d'une nacre éclatante , dont la cou-
leur paffe alternativement du blanc au
v;rd , & du verd au violet , fuivant
les difiérens afpecis fous lefquels il
fe préfente.
On remarqué une fi grande variété
dans la forme Se dans la couleur de
VQpnUT , qu'il n'eltpas étonnant , con-
tinue M. Adanson,, que les Au-
teurs en ayent fait trois ou quatre ef-
peecs différentes. Il y en a d'ovales,
d'allongés & de courts. Les jeunes
font plus arplatis, ont moins de trous ,
& moins de filions que les vieux :
dans ceux-ci on compte fept trous &
cent- cinquante filions ; les jeunes au
contraire n'ont que trois ou quatre
trous , Se cinquante ou foixante fillon3.
Ce n'eft que dans les jeunes qu'on peut
juger de leur couleur ; car il efl: rare
que les vieux ne foient pas couverts d'un
limon gras Se verdâtre , ou enveloppé
d'une croûte pierreufe , qui les défi-
gure ; il faut les en dépouiller pour
découvrir leur couleur naturelle , q U ;
efl: , comme on l'a dit un fond rouge,
marbré de blanc.
Il y a encore quelques différences
dans l'intérieur des uns Se des autres.
Dans les vieux la nacre forme des
ondes aflez inégales , qui vont aboutir
au creux du fommet ou de la volute:
on y trouve auftifort fouvent de pe-
tites Perles ; au-lieu que la furface
eft égale & unie dans les jeunes.
Il n'eft pas facile d'expliquer, dit
M. Adanson, comment fe for-
»ment les trous de la coquille de l'O-
r tille de mer; mais on remarque très-
bien, qu'à mefure que la coquille s'a-
grandit , il fe fait fur fes bords un nou-
veau trou , dont le commencement
n'efl. d'abord qu'une échancrure. Cette
échancrure augmente peu après , Se
devient un trou rond , qui efl porté
infenfîblement vers le milieu de la co-
quille par les additions continuelles
qui fe font à fes bords , Se fe ferme
enfuite à fon tour comme ceux qui l'onc
précédé.
La tête de VOrmisr ou Oreille de
mer efl groffe , cylindrique , d'une lar-
geur égale à fa longueur , applatie àr
fon extrémité ,. comme tranchée obli-
quement en deflbus. On y voit l'ou-
verture de la bouche femblable à un
petit fillon , qui fe trouve vertical lorf-
que la tête s'étend , Se qui devient pa-
rallèle à fa longueur lorfqu'elle fe
courbe en deffous. Quatre cornes de
figure Se de longueur diftérentespren-
nent naiffance de l'origine de la tête.
Les deux plus grandes font de fleure
conique , un peu applaties , quatre à
cinq fois plus longues que larges , Se
un peu plus longues que la tête. Les
deux autres font une fois plus courtes ^
taillées èn prifme à trois artpks , dont
la longueur efl double de la largeur,
Par leur fituation elles fe trouvent du
côté extérieur des plus longues cornes
O R E
& une fortpetite diftance d'elles. Elles
font libres Se dégagées de tous côtés ,
excepté à leur bafe, ou une membrane
aifez légère , fort ample & comme dé-
chirée fur les bords, vient les joindre
avec la tête. Les yeux ne femblent
être que de petits points noirs. Ils font
portés comme ceux du Limaçon fur
le fômmet des cornes extérieures Se
prifmariques.
Le manteau n'eft pas une partie bien
apparente dans cet animal. Ce n'eft
qu'une membrane affez mince , qui s'é-
tend fur toute la furface intérieure de
la coquille, & paroît rarement hors
de fes bords. On ne la foupçonneroit
pas en ne regardant que le dos de
l'animal , fi les deux extrémités anté-
rieures , celle de la droite Se celle de
la gauche , qui fe terminent en pointe
vers l'origine du col , ne fe montraient
fous la forme de deux languettes trian-
gulaires , tantôt par le fécond , tantôt
par le troîfieme trou , le plus près
du bord de la coquille par où on les
voit fortir.
Je ne connoîs point , dit l'Auteur ,
de Coquillage dont le pied foit mieux
orné que celui de YOrm'm : il eftex-
trêmement gros, comme dans la plu-
part de ceux dont la coquille eft fort
évafée , Se il déborde considérablement
la fienne quand il marche. Vu en def-
fous il repréfente une ellipfe , dont
l'extrémité antérieure , ou la plus pro-
che de la tête , eft coupée au milieu
de fa largeur par une crenelure trian-
gulaire aifez profonde. En deffus il eft
convexe , Se orné à quelques lignes de
fes bords de deux franges , ou , pour
mieux dire , de deux fraifes qui en font
le tour. Ces deux fraifes font bien dif-
tinguées l'une de l'autre dans leur
partie poftérieure , ou fur les côtés juf-
qu'à la racine de la tête , où elles fe
réuniffent dans une membrane dé-
chirée Se frangée fur les bords , qui la
recouvre ordinairement avec les yeux
8c avec les cornes , de manière qu'il
eft rare qu'elle paroifle aufli clairement
O R E îSj
que l'Auteur l'a reprêfentée dans la
figure , pour mettre au jour ces dif-
férentes partus, dont la ungularhé mé-
ritoit quelques détails.
Chaque fraife eft formée d'une mem-
brane alfez épaiffe, qui prend naiifance
de la fubltance même du pied. Ses
bords font découpés profondément
d'environ quarant: canelures figurées
en croilfant. Du fond de chaque crcîf-
fant , il fort un filet femblable à une
foie très-déliée, qui a le double de
leur longueur. Leurs cornes font aufli
terminées par un filet ; mais il eftra-
meuxSt fubdiviféenpluiieurs branches.
La difpofition de ces deux fraifes en
falbalas , Se la quantité prodigieufe de
filets dont elles font bordées , font un
très-bel effet , Se font une riche parure
fur le pied de cette efpece d'Ormier.
Il y a peu de Coquillages dont l'a-
nimal foit aulfi varié pour la couleur.
Sa tête eft d'un cendré noir , traverfée
par un grand nombre de petites raies
blanches. Les colomnes , ou les prifmes
qui portent les yeux , Se la membrane
ou la coëffe qui recouvre la tête font
d'un verd pâle. Le blanc fait la cou-
leur du dos de l'animal , Se du deffous
de fon pied ; fon manteau eft pareille-
ment blanc avec un bordé de verd. La
partie fupérieure du pied , Se fes deux
franges en falbalas , font bigarrées de
taches blanches , mêlées avec de pe-
tites raies noirâtres.
Tous les rochers de la.côte du Sé-
négal nourrilTent une grande quantité
de ce Coquillage. M. Ad an sol*
marque l'avoir comparé à ceux qui
naiffent furies côtes de France. Il n'a
trouvé , dit-il , aucune différence ni
dans les coquilles , ni dans l'animal
qu'elles renferment. Le goût eft aufïï*
le même, & les Nègres qui habitent
les bords de la mer le mangent, com-
me font les François de nos côtes. Voilà
des Coquillages femblables qui habi-
tent des climats bien différons pour
la température. L'Auteur les a obfer-
vës aux llles Canaries & aux Açores ;
Nn ij
a§4 O R F O R G
on les a vus dans la Suéde » Se ils fe
trouvent fur toutes les côtes depuis la
Ligne jufqu'aufoixante-neuvieme de-
gré de Latitude , & même peut-être
au-delà. Ce Coquillage eft figuré Plan-
che II. ». i.
Le caractère générique de l'Oreille
de mer eft d'être plate , Se de reffem-
bler à l'oreille de l'homme. Lister
(p. 167 ) met YOreille de mer parmi
les Turbinées , ou contournées. Aris-
tote ( Hifl. Anim. L. IV. c. 4. ) parle
de l'Oreille de mer. M. L i,;N N m u s
{Fauna Suec. p. 379. »■ 1316'. ) nom-
me l'Oreille de mer , Haliotifflriata,
rugofa , &il l'appelle Aur'u marina,
dans fon Syfiema Natura » Edit. 6.
p, 74. ». 232.
Les autres Naturalises qui en ont écrit
font B E L o n , Aquat. L. II. p. R o K-
nuïT, Part, fecunda , Edit. Lut. p. le
même , Edit. Franf. p. 3. Bossu et. Part,
ah. p. 6. G e s k £ r , Aquat. p. S07. & iio8.
AlUKOVMDE.foM. p. 55°. &J>î l -
Jonston, Exfang. Tab. 17. J>£- A- & ï-
Bon m , Éecr. p. 91- ^JT. r. n. 10. & 11.
Lister, Hifl. Anim. p. 167. TV;, \.fg. \6.
le même , Hifl. Conchyl. Tab. éw.fig, 1. le
même , Tab. 6 ia. $&• $. & 4. le même, ï<w.
6\^.fig. 6. Ru m ph 1 u s , M«f. j>. le Pi
K 1 rk £R, Mu/, p. 43 é. n. 10. Ô" 11. L a n-
G I U S , Metk. p. Gl'ALTlER.1 , J»d />. &
Tab. 69. jig. A. k même , fig* B. C. E.
L. M. M. Klein, lent. p. 19. foc. 1. n. î.
T«&, 7. fg, 1 1 j, & ï.;«. 1.
O R F
O R F R A Y E , oifeau. Voyez au
mot F RÉ S AYE.
O R G
OR G A N O , nom qu'on donne
en Efclavonie , dit Rondelet, à
la Morrude , pôiffon de mer. Voyez
MORRUDE.
O R G A N O : On donne auffi à
Gênes ce nom au Milan de mer , paif-
fon. Voyez MILAN DE MER.
ORGUE, ou TUYAUX D'OR-
GUE» en Latin Tnbidaria purpureœ ,
efpece de Coquillage du genre des
petits Vers , ou Vermifleaux de mer.
L'arrangement de ces petits Vers eft
admirable. Les ruches Se l'ouvrage des
O R H
Mouches de l'Iûe de Cayenne ne {'ont
pas au-defïus de ce travail. Chaque
Ver a fon tuyau, Se il eft adhérant à
celui de fon voifin , par le moyen d'une
glu , qui leur eft commune , Se qui
îert à joindre leurs dîfférens étages.
Voyez VER DE MER.
O R H
O R H C E T T A , nom qif on
donne , dit Rondelet, fur la côte
de Gênes à la Squille à tête large. Son
nom Grec eft SkiMcs 7rAœT 6 7«, en Latin
Squilla lata. Ce eruftacée n'eft pas
une efpece de Langoufte; carlesLan-
gouftes , outre les quatre pieds qu'elles
ont de chaque côté , ont encore un
bras de chaque côté garni de forces
ou de pinces , ce que n'a pas la
Squille , félon Aristote. Celle-
ci eft de la grandeur des Langoult.es;
mais plus large , Se de corps plus plat ,
Se plus velu : elle a au front deux os
découpés , dont un eft placé de chaque
côté ; à quelques - une3 ils" font plus
pointus , Se à d'autres ils font plus
larges. A ces os font attachées deux
ailes ou nageoires - y du milieu forter.t
deux cornes menue3 Se peu longue?,
Cette efpece de Squille a la bouche
faite comme la Langoufte : elle a detia
bras garnis d'aiguillons , & fes pieds ,
qui ne font point fendus , lui fervent
à porter fa nourriture à la bouche. Ou-
tre ces deux bras elle a quatre pieds de
chaque côté: fes yeux paroilïent peu,
Son front eftquarré Se plus large qu'en
tous les poiffons de cette efpece. Son
dos eft couvert d'élevures, Se l'extrémir
té fi rouge,qu'on croiroit que des Rubis
y font encliâlfés. Sa queue eft couverte
de cinq tablettes , Se elle finit par cinq
autres qui lui fervent de nageoires.
Elle a fous la queue des peaux pour
y conferver fes œufs. Ce poiffon fraye
comme la Langoufte , Se les parties in-
térieures font les mêmes ; il vit dans
les lieux fangeux Se bourbeux : quand
on le prend , il eft couvert de fange.
Sa chair eft molle comme celle dfcVÉ;
ORI ORM ORN
erevîfle de mer. On n'en prend gueres
du côté de Marfeille , mais beaucoup
fur les côtes de Barbarie. Rondelet,
L.XVUL c. 5. p. 371.
O R I
ORIGNAL, animal qui fe trouve
dans le Nord de l'Amérique , Se qui
eft une efpece de Prenne. Voyez ce
mot.
O R I X , ou O R Y X , animal
dont ont parlé les Anciens , Se qu'ils
ont mis dans la cla(fe des Chèvres
fauvages. Gesnir dit qu'il eft de la
grandeur d'un Chevreuil , femblable
au Bouc en partie. Il a de la barbe
fous le menton , dit Albert le
Grand, d'après" l'Auteur du Livre
de Nat. Rer, Selon Oppien (L.II.) ,
VOrix fe retire dans les forêts rem-
plies de bêtes fauvages : il eft de coup-
leur de lait , excepté la gueule qu'il a
noire : il elt. large , épais , & gros ;
fes cornes font droites , pointues , noi-
res , folides T 8c plus dures que l'airain,
que le fer , Se que la pierre. Les uns
lui donnent une corne , les autres lui
en donnent deux. S'il était vrai que
VOrix n'eût qu'une corne , il y aurait
de l'apparence que ce ferait le pré-
tendu Menaceras , ou la Licorne ;
s'il en a deux , ce ne pourrait être
qu'une Chèvre , ou un Boeuf fauvage
d'Afrique , Se même le Bufle ; car
G F. S N E R ( L. 1. p. 769.) dit quec'eft
dans les déferts fecs Se brûlans de l'A-
frique que fê trouve VOrix. Voyez
cet Auteur, de Quad. L I, p. 769.
ORM
ORME AU. Voyez OREILLE
DE MER.
ORN
O R N EY, efpece de poiffon à
écailles , que l'on trouve dansl'Ifle de
Tabago : il fe tient fulpendu aux côtés
des rochers ; il eft prefque auflî gros
qu'un œuf, Sec'eftun fort bon manger
avec du beurre frais. L'écaillé reffem-
O R P 1S5
ble par fa beauté aux Perles Orîen-*
taies.
O R P
ORPHIE, forte de poîfïbn afTez
commun furies côtes de Normandie;
fa chair eft blanche Se ferme ; maïs
elle n'eft pas d'un grand goût , & fon
arête eft verte quand il eft cuit. On
lui donne le nom d'Eguilletu en Bre-
tagne, Voici la manière de faire la pê-
che de ce poiifon qui dure depuis le
mois de Mars jufqu'au mois de Juin 9
plus ou moins , fuivant l'établiiTernent
8c l'expofition des côtes que ce poiffon
vient ranger , comme tous ceux de fou
genre, qui font en troupes 8c par ban-
des. Les Pêcheurs fe mettent la nuit
quatre dans leurs- bateaux ; l'un eft
placé à l'avant avec un brandon
de paille enflammée , dont l'éclat at-
tire les Orphies , 8c les trois autres ont
des fouannes , ou dards , en forme d«
râteaux , avec une douille de fer , où
le manche eft reçu. Ces inftrumens ont
au moins vingt tiges , ou branches bar-
belées de fix pouces de haut , Se fort
preffées. La tête du râteau n'a au plus-
que treize ou quatorze pouces de long..,,
avec un manche de lalongueur de huit r
dix , à douze pieds. Quand les Pê-
cheurs voyent les Orphies , ou Egu'd-
lettes attroupées, ils lancent leurs dards,-.
8e en prennent fouvent plufieurs d'un
feul coup. Comme le bateau dérive
doucement , la manœuvre de la pêche
n'effarouche point les Orphies : les Pê-
cheurs qui font les plus heureux , en
peuvent prendre jufqu'à douze ou quin-
ze cens dans une feule nuit 3 mais" il
faut qu'elle foit fort obfcure , 8c que
le temps foit calme ; ainlî que pour
toutes les autres pêches qui fe font au-
feu dans l'obfcurité de la nuit.
Le produit de cette pêche s'emploie-
principalement à faire des appas pour
garnir les hameçons des lignes : fe"
furplus fert à la nourriture du pauvre
Peuple^
On donne encore ce nom à un. goit-
a8tf ORP
fon qui fe trouve aux Antilles , Se quî
eft allez femblable à celui que l'on ap-
pelle Aiguille de mer : il fe jette quel-
quefois en l'air & fait des fauts de plus
de trente pas. Si dans ce temps il ren-
controit quelqu'un dans fon chemin,
il le perceroit de part en part. Sa chair
eft de très-bon goût , pourvu qu'il
n'ait pas mangé de la Mancenille , ce
qu'on lui connoît en lui voyant les
dents blanches ; fi elles font autrement
il eft fort dangereux d'en manger.
Il s'en trouve aufli aux environs du
Cap de Bonne-Efpérance. Ce poif-
fon eft long comme une Anguille ;
mais plus gros, plus charnu , & plus
quarré. Sapeau eft d'une couleur bleue,
fa chair eft blanche, ferme, mais un peu
feche à la vérité : elle ne laiiTe pas que
d'avoir un très-bon goût. Il elt égale-
ment bon à toutes fortes de faufîes.
L'Orphie n'a qu'une feule ver-
tèbre qui eft verte , qui fe détache
aifément de la chair. Il a fur le nez
un avant -bec , qui eft pour l'ordinaire
d'une cinquième partie de la longueur
du refte du corps.
ORPHUS, poiflon de mer, à
nageoires épineufes , du genre des
Spares , & nommé par Artedi ( Ichtb.
fart. V-p. 63 . w. 1 1), Spams varius, ma-
cula nigrâ ad cauclam in extremo &qua-
lem. C'eft Pdpçi* d'A ristote, L.
V. c. io. & L. VIII. c. 13. & 15.
d'É lien, L. V. c. 18. p. 275. &
h. XII. c. 1 . d'O P P 1 e n , L. I. p. 6,
& 1' 'fpèt d'A T H É N É E , L. VIL
p. 3 15. C'eft l 5 Orphus d'Ov ide , H al.
y. 104. de P L 1 n e , L. IX. c. 1 6. de
G E s N E r , de Aqiiat. p. 751. & de
C H a R l e t o n , p. 140. Ce poiflbn
que Rondelet nomme Grphe (L.
V. c. 25. p. 139. Edit. Franc. ), eft
appelle Cernua par Gaza, il eft de
rivage , & aflez femblable au Pagre
irougé. Ses yeux font grands. Il a le
même nombre de nageoires Se d'ai-
guillons que le Pagre ; l'anus fort pe-
tit , & point de vaifleaux fpermati-
<|ues. Tel eft » dit Rondelet, le
ORP
poiflon dont Aristote & Athé-
née ont parlé. Il devient grand eti
fort peu de temps : il vit de chair ; il
eft folitaire ; il a des dents qui entrent
les unes dans les autres , & il fe cache
l'hiver. C'eft ainfi qu'en parle A r i s-
tote. Selon Athénée , il a beaucoup
de fuc : fa chair eft bonne ; elle n'eft
pas facile à fe corrompre ; elle nourrit
beaucoup , 5c fait uriner. Les parties
autour de la téte font vifqueufes & de
facile digeftton , Se -les parties char-
nues font de difficile digeftion : mais
Rondelet, contre le fentîment
d'A thÉnée, fait obferver que ce
qui eft autour de la tête étant gluant ,
ne peut être de facile digeftion ; il
marque , au contraire , que les parties
charnues de ce poiflon font de facile
digeftion. Quant aux vaifleaux fperma-
tiques , que Rondelet dit qu'il
n'a pas, Ray ( Synop. Mtth. Vifc. p. 1 3 3 .
n. 10.) n'en croit rien,
GesnerC^c Aquat. p. 752.) ,
d'après B e L o n » parle d'un autre
poilfon appelle Orphus , ou Orpheits ,
qu'A r T e D 1 joint avec le précédent.
Ray dit que les Grecs modernes le
nomment Orpheits. Il eft plus ferré que
rond , & plus large que long : la bou-
che eft petite. Il a les dents pareilles à
celles du Sparus i les lèvres pareille-
ment charnues ; les écailles rudes , &
tenant fortement ; les nageoires belles
parlwurs différentes couleurs; la queue
petite Se fourchue. Les nageoires des
côtés font rondes , ainfi que celles du
ventre. Il a la moitié du corps , de
couleur livide & noire, de même que
le long du dos. 11 eft blanc fous le ven-
tre : fa tête eft prefque rouge. Il vit
d'herbes , comme le Spare. C'eft ainfi
qu'en parle Ray, Synop. Meth. Pifc.
p. 133. «. 11. Rondelet marque
que VOrpkens pefc jufqu'à vingt livres.
Artedi dit qu'il ne lait fi ce der-
nier poiiïbn eft de* la même efp^ce ,
ou d'une efpece différente du précé-
dent.
11 y a encore un autre poi.Ton nom-
ORS ORT
«lé Orphus , qui eft du genre des Car-
pes. Voyez KO TE LE.
ORS
ORSODACNA: C'eft une
Mouche mordicante, nommée en Latin
Mor délia , de laquelle parlent Cha r-
ieton&Aldrovande,^/»/.
h. if- c- 1 3 ■ EUe a 1 uatre ai ^ es » dit
R u y s c H ( de Inf. p. a 5 ■ ) : & bouche
eft large , Se prefque dentelée ; elle
fait des bubes fur la peau des enfans.
Aristote marque qu'elle vient
d'un Ver qui fe trouve fur les feuilles
de Chou.
ORT
ORTIES DE MER: Aris-
t o t e ( Hifi. Aairn. L. V- c. 1 6. )les
a dillribuées fous deux genres. L'un
comprend celles qui relient toute leur
vie fixées en tin même endroit , com-
me des Plantes marines; l'autre con-
tient toutes les efpeces d'Crties , qui
changent de place , Se qui aiment les
rivages Se les lieux unis. Les Obfer-
vations que M. DE Réaumur a
faites ne lui ont point fait trouver
d'efpeces d'Orties , même parmi cel-
les qui fe trouvent dans les trous des
pierres , qui ne fuflent capables de
quelque mouvement procreflîf. 11 eft
vrai , félon le même Auteur , que la
plupart de celles que l'on voit atta-
chées fur les pierres , fe meuvent avec
tant de lenteur , qu'en s'en rapportant
aux apparences on a beaucoup de rai-
fon de les regarder comme immobi-
les.
Il ne croit pas auflî que le nom
d'Ortie , qui leur eft commun avec une
Plante terreftre , leur convienne ; il
en juge par les efpeces d'Orties, qui
viennent fur Us ce" tes du Poitou Se
du pays d'Aunis , qui ne caufent point
ces démangeaîfons cuifantes à ceux qui
les touchent, comme plufieurs le pré-
tendent. On les appelle Culs de Che-
vaux fur les cétes de Poitou Se d'Au-
nis , Se fur celles de Normandie Culs
ORT 2S7
d'Afne : ces noms leur conviennent ,
dit notre favant Académicien , puis-
qu'ils retracent une image de la figure
que ces Orties font paroître dans un
grand nombre de circonftances.
P L 1 M e , d'après Aristote, les
fait d'une efpece de nature moyenne
entre celles des Plantes Se des ani-
maux , mais par des raifons différen-
tes. Les Orties n'ont paru à A R. 1 s-
t o t e n'avoir aucun conduit pour
donner fortie à leurs excrémens , Se
Pline dit qu'elles les jettent par ur*.
tuyau délié. M. de Réaumur.
( Mém. de l'Acad. des Sciences , 1 7 1 o.
p. 466". ) a fait voir que ce qu'elles
jettent n'a point du tout l'air d'excré-
ment , & que c'eft une eau claire ; 8c
fi nous nous en tenons aux idées com-
munes, nous devons, ajoute-t-il, re-
garder les Orties , comme de véritables
animaux ; car , félon ces idées , peut-
on réfuter le nom d'animal A des corps
fi bien organifés , qui donnent non-
feulement des marques de fentiment
lorfqu'on les touche , mais qui attra-
pent des Poilfons Se des Coquillages
& qui les mangent; & enfin qui ont
un mouvement progreffif , comme
Aristote&Pline l'ont recon-
nu de diverfes efpeces.
Ces Orties prennent fuccelfivemenï
tant de figures fi différentes , qu'il n'eft
gueres polfiblc de les décrire fous une
figure déterminée : mais en général la
figure extérieure du corps de l'Ortie
approche de celle d'un cône tronqué
& fa baie eft nppliquée fur des pier-
res , auxquelles on la trouve toujours
adhérente. Voyez fur leur figure le
Mrntoire déjà ci-deflus cité de M. de
Réaumur, Se paifons à leur cou-
leur.
Les unes font verdâtres , les autres^
blanchâtres , d'autres d'une couleur de
rofe , Se quelques autreS de diverfes
fortes de couleurs brunes. Dans quel-
ques Orties ces couleurs paroiffent par-
tout fur leur furface : dans d'autres',,
elles font mêlées par raies j. ou ga*r
s8S ORT
ORT
taches ; quelquefois ces mêmes tache*
font diftribuées régulièrement , quel-
quefois irrégulièrement , mais toujours
d'une' manière très - agréable. Elles
ont , comme je l'aï dit , d'après M.
Ce R é a u m u r , un mouvement pro-
greffif , mais très-lent.
ORTIES ERRANTES:
Celles-ci n'ont de commun que le
nom avec les précédentes. On les ap-
pelle Orties détachées , ou Onies er-
rantes. Les noms qu'on leur donne ,
furies différentes côtes du Royaume ,
varient fi fort à des diftances même
très-petites , qu'il feroit trop long de
les - rapporter , dit M. *t> E R É A u-
M u r ( Mém. de FAcad. des Sciences ,
1 7 1 o. p. $66. ) , qui , s'il vouloit join-
dre un nom nouveau aux anciens
qu'elles ont , les appellerait Gelées de
mer , nom qui caraètétife fi fort la fubf-
tance , dont elles font formées , qu'il
vaut feul une petite defcription pour
aider à les reconnoître. En effet , la
chair de ces Orties , fi l'on peut l'ap-
peller chair , paroît une vraie gelée
d'eau de mer ; elle en a même ordi-
nairement la couleur, Se toujours la
confiftance.
Toutes les Gelées de mer , ( car
c'eft ainfi que M. de Réaumur
les appelle ) , jettées par la mer fur les
bords des côtes , paroiffentfans aucune
a£tion : peut-être parceque les chocs
qu'elles ont effuyés contre les pierres ,
ou contre le fable , fuffifent pour leur
ôter la vie ; car il eft certain qu'elles
vivent , Se M. de Réaumur le
prouve.
RoNDELETfi. XVII. p. 380.
& Juiv. H dit. Franç. ) donne la def-
cription Se les figures de fix efpeces
d'Orties de mer.
La première , quî eft celle que les
Grecs ont nommée 'k*xù$h , en Latin
Vrtica, parcequ'elle pique, & qu'elle
caufe des démangeaifons , comme la
Plante terreftre , qui porte auffi le nom
à' Ortie » eft celle qu'on nomme Cul
.d'Afne en Normandie , Se Cahaffeau à
Bourdeaux. C'eft la même efpece quft
celle dont on a déjà fait mention plus
haut.
La féconde efpece d'Ortie de mer de
Rondelet, en Latin Unica cinerea,
n'a gueres de chair ; elle reffemble à
une grande chevelure. On la trouva
entre les fentes des rochers, d'où elle
ne fort jamais , Se on ne peut l'en
arracher. On en trouve près d'Agde,
dit l'Auteur.
La troifieme eft rouge , & eft ap-*
pellée Roje > quelques-uns la nom-
ment Fajterol , ou Cul de Cheval. Ella
eft femblable à la première efpece, maïs
fa chevelure eft plus grande , plus
épaifle Se plus étendue ; elle tient auflS
quelquefois aux rochers , Se quelque-
fois elle va çà Se là.
La quatrième fe trouve fur la tête
des Huîtres , 8c principalement fur les
Pourpres. Le deffus eft plus dur Se
plus épais qu'aux autres. Elle a tout
autour des poils courts , Se du dedans
fortent des filets longs de couleur de
pourpre.
La cinquième efpece fe porte çà Se
là : on l'appelle en Languedoc Potes ;
fur la côte de Gênes Capello di mare ,
c'eft-à-dire Chapeau de mer , Se à Mar-
feille Chapeau charnu } car une partie
de cette Ortie eft une maffe fpongieu-
fe , ronde , creufe , Se percée au mi-
lieu. Elle a tout autour un petit cor-
don rouge : par cet endroit elle ref-
femble à un chapeau. L'autre partie
relfemble aux pieds des Poulpes ; elle
en a huit gro6 Se quarrés dans leur
commencement , Se qui finilfent en
pointe. Son corps eft fi luifant & fi
tranfparent qu'il éblouit. On en trou-
ve plufïeurs en été , dit Rondelet ,
aux environs de Maguelonne. Elles
font grandes comme ces chapeaux
que l'on porte en été pour fe garantir
du foleil. Elles fondent comme la
glace , fi on les manie long- temps •
elles piquent les mains , Se y caufenc
des démangeaifons.
M. LimNjEWS < F aima. Suec. p. 3^8.
ORT
1287. ) parle d'une efpece ZPÔrtie
de mer , à-peu-près femblable à celle-
ci , ou du moins qui reluit au foleil ,
comme font les étoiles dans la mer.
Elle fe trouve dans la mer de Suéde,
& au toucher elle pique. Il en eft parlé
dans le Voyage d'Œ 1 ande , p. I 60 fous
le nom de MediiJ'a. On la nomme Or-
tie de mer , Se M. Linn/evs, Me -
Ji/fa orbiculo fubtus quatuor cavitati-
kus notata.
La lîxieme efpece que Rondelet
dit avoir vue pris 'd'Agde , eft fem-
biable aux autres Orties de mer ; elle
n'a que quatre pieds ou branches qui
font longues: au-deflus il y a des figu-
res ovales, quifont difpofées en forme
d'étoiles.
ORTOLAN, oifeau mis par M.
Linn'sus dans le rang des Aves
F offerts , Se il en donne de deux efpe-
ces : l'une eft l' Emberiia fiava , ou
Hortulanus des Naturalises , qu'il
nomme ( Fauna Sue:, n. 205.) Fri?i-
giila reclricibus nigricaritibus exlïmis
diiabus y latere interiore albà acumina-
ta macula. La féconde eft l'Emberix^a
aléa , que le même Auteur ( ibid.
». 20ô". ) nomme , Frbigilla grijea ,
nigro macidata. M.Klein (Ord. Av.
p. 9 1 . ) compofe la féconde tribu du
dixième genre, famille quatrième de les
oifeaux , des différentes efpeces d'Em-
heri^a , dont les Naturalises Se les
Voyageurs ont parlé. Ces oileaux ont
une grolfcur remarquable fur la partie
l'upérieure du bec. Quand ils font bien
gras , leur grailfe les fait mourir dans
lf moment. V oici ceux dont ce dernier
Auteur donne la notice.
Le premier eft V Emberiz^a alba de
G e s N e R , VAlaudz congener d'A l-
Drovande, la Aliliaria cana de
F r 1 s c H , nommé Strilloz.z.0 par
O l 1 N a , p. 44.. dont parle Albin,
Tome IL ». 50. Cet oifeau a une grof-
feur proche du palais ; l'ongle du
doigt de derrière plus fort que ceux
des doigts de devant ; la couleur de
l'Alouette Se le bec noir. C'e-ftle plus
Tome 11L
grand des efpeces d'Ortolans , JYortu-
lanns maximus. L'Ortolan dont parle
le même Albin { Tome III. n. ïo.)
en eft une variété. Celui-ci eft de la
grandeur du Traquet. 11 eft long de
fept pouces depuis la pointe du bec
juiqu'à l'extrémité de la queue , Se
large de onze pouces & demi , les ai-
les déployées. Son bec eft grand ,
épais, couleur de chair. Il a une bofTe.
dure Se élevée fur la mâchoire de def-
fus , avec laquelle, dit-on , il brife de
l'avoine, du bled & autres grains. La
tête , le col Se le defTus de la poitrine
font d'un jaune pâle Se verdâtre. Le
dos Se les ailes ont une teinture rou-
geâtre , nuancée de brun. Le delfous
de la poitrine Se des cuifles eft entre-
mêlé de raies Se de nuances' d'un rou-
ge pâle. Le deiTus de la queue eft jau-
ne. Les jambes Se les pieds font d'un
gris de fer pâle.
Le fécond , nommé Emberii.a , Mi~
liaria pïnguefcenr , eft le véritable Or-
tolan , trcs-rccherché fur la table des
Grands , à caufe de fa délicatefle. C'eft
l'Avis miliaria , Se le Cenchrumus des
Naturaliftes. Olina, p. 22, dit qu'il
a le bec, les jambes Se les cuiffes ti-
rant fur le roux , Se le col Si la poitri-
ne mêlés de gris Se de noir. Sa chair eft
tendre , délicate , fucculcnte Se d'un
goût exquis. Elle paffe pour reftauran-
te , nourriffante Se fortifiante , parce-
que cet oifeau a peu d'humeurs vif-
queufes Se groffieres, qu'il abonde en
fels huileux Se balfamiques Se en fels
volatils. Sa grailfe eft émollienre , ré-
folutive Se adouciifante. Cet oifeau fe
trouve dans les pays chauds , comme
dans le Dauphiné , la Provence , le
Languedoc Se l'Italie. Il pafle vers Saint
Jean de Bonnefont nne h grande quan-
tité d'Ortolans , que les Oifeleurs y
viennent de vingt lieues à la ronde,
pour en prendre. Un y en voit depuis
le quinze ou le vingtième d'Avril,
jufques vers la fin du moir. d'Août.
D u L o i R marque qu'ils font fort
communs aux environs de Smyrne .
Oo
î 9 o O R"T
fur Thérébintes , dont ils aiment
particulièrement le. fruit, Se Olina
dit qu'il s'en trouve en Lombardie.
Le troifieme Embcrii.a , ou (Arolus
d' A ldrovande , 'Se qui eft fou
Buttait primant genus , eft nommé par
Oi.ina, p. $6.Zivola, parceque cet
oifeau , comme les autres du même
genre , prononcent z.i î,î.
Le quatrième nommé Emberiuz va-
ria par M. Klein; Pa(ferhybanus »
Avis peregrina par G e s N E a Se
Schwenckfeld, eft le miliaria
Avis d'A L B I N , 8c le Pajjer Laponïcus,
Jive nivalis de M. LiNN/EUS, Fauna
Sue., p. 194. Voyez MOINEAU
DE NEIGE.
Le cinquième eft ¥ Emberiz.a Jî.rva
de G e s N E R , nommé Cbloreui , feu
Lutea , par Aiustote; Hortulauus ,
par B e l o n; Anth:<j , Jeu Florin, Se
Lagopm crored , font les noms que lui
donné Schwenckfeld.
Le fixieme Emballa eft un oifeau
de la Caroline , nommé par Catesby ,
p. 14 Ortdan, ou (jijeau de riz. delà
Caroline. Il eft delà groiïeur de l'A-
louette Se de fa couleur en deflus ;
d'un jaune pâle en delTbus. Une autre
efpece , félon le même Catesby, a
le bec couleur de plomb ; la face, le
fynciput , la gorge , la poitrine, les.
plumes des ailes , nommées rémiges , Se
la queue , noirs ; l^occîput jufqu'au dos
jaune; le dos par en haut noir; les ailes
comme celles de l'Alouette ; les plu-
mes qui recouvrent l'aile blanches ;
tout le bas de la poitrine d'un gris
de chair, & les pieds bruns.
Le feptieme eft 1' 'Emberiz,a Amboi-
menÇis. C'eft un très- bel oifeau., nom-
mé Calatti , dont parle Seba , TheJ'. I.
p,6-$. Tab. 38. m. 6. Il furpafTe un peu
L'Alouette tn grandeur. 11 a le haut Je
la tête noir , varié de bleu ; les plumes
nommées tectrices bleues ; celles nom-
mies reltrices vertes , tirant fur la cou-
leur colombine,, & les côtés tirant fur
le pourpre ; le ventre blanc ; le crou-
gkm: d'un; bleu/ verdâtre g la queue-
Q R Y OSC
noire , cendrée au bout. Voyez au mot
CALATTI.
Le huitième eft un Emberizjz du Me-
xique , de la grandeur du Moineau,
C'eft , dit S e b a ('IbeJ'. I. pag. 04.
Tab. 59. n. 3. ) , un oifeau docile , qui
imite la voix humaine. Ses ailes qui
font couleur de brique , font variées
de noir; le refte du corps eft pourpré.
Cet oifeau a proche des yeux , au go-
fier &: proche du bec , de petits crins
noirs ; fous les ailes Se fous la queue
il en a de jaunes. .
Le neuvième eft un Emberiz.a tan-
ne du Mexique , nommé Lutea Mexi-
cana par Edward , p. 44. Il a le bec
couleur de chair, la tête Se le gofier
jaunes , & la partie fupérieure brune.
Le dixième eft nommé par M,
Klein,. Ember'vLa capite nigro , lu-
teis maculis varia. Albin ( Tome III,
n. 63. ) le nomme en Anglais the
Greater Bramling. Cet oifeau a fur la
tête une efpece de capuchon noir; le
bec , la poitrine Se le dos jaunes. Il y
en a un autre plus petit , dont le même
Auteur pa/le , ibid. n. 64. 11 a la poi-
trine jaune , ainfi que le bec Se le deflus
de la tête. Depuis le milieu du col
jufqu'au croupion il eft garni de plu-
mes noires , bordées d'une couleur
jaune, Se enforme d'écaillés.
O R Y
O R Y X , Quadrupède , efpece
de Bouc fauvage. Voyez OR IX.
OSC
O S C A B R I O N , dit M,
d'A rgenv ille (Part, I. p 312.),,
ou USCABIORN, f Ion J a c o-
b te us, & d'autres Naturaliftes : Co-
quillage dont le premier Auteur dit que
peu de Conchyliotogucs ont f; it men-
tion , Se qui compofe la féconde fa-
mille de fes Multivalves. Il a reçu
différens noms. Petivert l'ap-
pelle L-Çcdbrinitm Carolinum : d'au-
tres , comme Valisnieri (1 orne IL
p, 9 5 . ) .., ,1e nomment Qmtx -marina , en ;
o s c
François Punaife de mer. Il y en a qui
lui donnent le nom de Nacelle , ou de
Chenille de mer : quelques-uns celui
dé Cloporte , ou de Chaloupe de mer. Il
paroît , dit M. d'Argek ville , que
c'eftune efpece de Lépas à huit côtes
féparées , qui s'attache aux rochers ,
ainfi que les autres. L'OJcabrion Caro-
tirtUtn vient de l'Amérique Se fe prend
fur les côtes de la grande Anfe, Iile
.de Saint Domingue. Il y a VOfcabrion
de France , qui nous vient de Dieppe.
Il montre quelque différence avec le
premier, en ce que fc s côtes, quoi-
qu'en même nombre , ont à chaque
extrémité de petits crans qui s'élè-
vent Se fc réuniffent fur les contours
de la coquille.
h''Jjca/rio» de l'Amérique eft fi-
guré à la Planche VIL Un. T. Part. IL
de l' Hiftnire de la Conchyliologie de
l'Auteur ci-deffus cité. On le trouve
fous l'eau, à trois ou quatre pieds de
profondeur , attaché aux rochers , dans
les endroits les moins fréquentés. Ses
vifeeres Se fes autres inteftins moux
font renfermés dans l'efpace ovale de
fa coquille. A un des bouts eft la tête ,
ou la bouche de l'animal , féparée par
un petit efpace , Se défignée par une
aflez large ouverture, prefque ronde.
L'extrémité ' oppofée qui fe détache
également de cette même partie, fait
voir l'endroit d'où fortent les excré-
mens. On dit que VOfcabrion s'attache
fur le dos de la Baleine, & qu'il y vit
en paralïte. «
Sa coquille figurée à la même Plan-
che , ictt. V. eft compofée de huit pie-
ces ou côtes , entièrement détachées ,
Se jointes à la chair de l'animal par de
pairs crans , qui s'emboîtent 8e qui
s'y réuni ftnt. On n'entrevoit qu'une
port'on circulaire de couleur brune ;
mais fès rebords font garnis de petites
aigretus alf.z dures & allez fembla-
blts au crin Cet animal n'a point de
cornes , point d'yeux , point de pattes,
au moins il n'en paroît aucune. Il rem-
pe fur les rochers, comme le Lépas :
OSC *pr
alors fon corps paroît féparé de la tcte,
feulement dans le cas où il agit avec
force. Sa tête faite en croiftant eft ar-
rondie Se eft percée d'un trou ovale ,
par lequel fort un tube , fermé par le
bout de deux demi-globes. Quand la
partie de fa tête n'eft pas appuyée, il
fait agir cette efpece de tube , comme
par reipiration, &ii paroît 8c difparoît
prefque en même temps. Ce mouve-
ment peétoral a été examiné à la lou-
pe plus d'une demi-heure.
\JOfcabrion de France péché à Diep-
pe fe trouve avoir de la différence
dans la jonction de fes huit côtes , qui
font accompagnées à chaque bout de
petites élévations, ou crans, lefquels
s'élèvent Se fe réuniffent fur les con-
tours , ou fur le bourrelet de la co-
quille.
Son pied , de figure elliptique , ne
déborde jamais la coquille, & fon épi-
derme , qui n'eft qu'une peau allez
épaiffe, eft collé intérieurement fur la
coquille , Se l'environne au dehors ,
pour fe joindre au bourrelet , ce qui
peut donner de l'afliette à fes côtes.
Voilà ce que dit A4. d'Argenville
de VOfcabrion , nommé OJcabiorn dans
les Actes de Coppenhague. On le trouve
aufll dans la mer d'iilande. On. dit que
les Pêcheurs en mangent la chair toute
crue , pour étancher leur foif. Quel-
ques-uns prétendent que c'eft un bon
remède contre les envies de vomir que
caufe la mer. L'Argus de la Fable ,
qu'O v i D E a chanté , n'avoit pas , dit
Jacobius C Ailes de Copenhague ,
ObJ'erv. 90. & Collet!. Acad. Fart.
Etrang. Tome IV. p. 354- ) un atufi
grand nombre d'yeux que nous en dé-
couvrons à l'aide du microfeope dans
ce petit animal. M. Woumius , notre
compatriote , nous a donné la deferip-
tion de VOfcabrion s mais comme 01»
n'eft entré dans aucun détail fur fes
yeux , qui par leur ftruclure fîngu-
liere font l'une des parties les plus
curieufes de fon corps , j'ai jugé à
propos d'en parler. J'en rapporterai
O o ij
ic>5 ose
d'abord ce qu'en a dît un Auteur
d'Iflande même : c'eft H a n n a s
Tharlevius, homme fincere ,
très-habile Se fort verfé dans l'Hiftoire
Naturelle de fon pays. Voici fes pro-
pres termes.
=> Le nom de V Ofcabrion doit Ton
n origine à la Fable & à la fuperfti-
» tion: il eft compof: de deux mots ,
*> Biorn , Ourfin , Se OJcar , génitif
=» àlGoïk. > vœu ou fouhait. L'animal
» a été ainfi nommé , pareeque , félon
3J l'idée populaire , quiconque veut
v> avaler la pierre qui eft dans ion corps ,
sj obtient l'accompliirement de tous fes
•>fouhaits. \JOjcabrion eft du genre
s> des Teftacées ; fa forme eft oblon-
» gue , Se fa longueur eft de deux tra-
is, vers de doigt On le prendroit au
3î premier coup d'œil pour la queue
5 ) d'un Crabe : il luireflemble du moins
« beaucoup par les anneaux dont il eft
a> compofé. Sa tête eft très-petite &
33 prefque triangulaire. On lui voit une
os bouche , des pinces Se une efpece de
3> barbe. La ftructure de fes yeux eft
3> très - curieufe : leur orbite eft une
3> forte de petite écaille , dans laquelle
33 ils- font immobiles. Leur couleur eft
Mverdâtre, & leur forme ovale. Les
3> lames de la partie antérieure du
33 corps ont plus de largeur que les fui-
a« vantes , lefquclles vont toujours en
33 retréciffant jufqu'à la queue, qui fe
s> termine en pointe. Wormius prétend
33 que le corps de cet animal n'eft com-
sspofé que de fept lames; mais appa-
siremmentque Wormius n'avoit
ai pas vu l'animal entier & bien con-
sjfervé; car dans cet état le corps de
a» VOJcabrion n'a pas moins de dix la-
>3 mes , Se fouvent il en a davantage :
a> de chaque côté des fept lames anté-
33 Heures naifTent autant de bras, ou de
«pattes , dont l'animal fe fert pour
3i,nager. Ce nombre de pattes n'eft pas
3> toujours le même , Se il eft quelque-
a> fois plus- grand quelquefois moin-r
» dre dans différens fujets. Son corps
ï»>ne. contient: aucuminteftîn on. n'y
o S c
» voit ni cœur, ni aucun autre vifeereï-
»ni même rien d'approchant : il ne
s'y trouve qu'une matière vifqueu-
»fe, tranfparente , femblable à delà
a, gelée de grofeilles un peu épaiifie Se
» marquée d'un léger fillon. Cette ma-
33 tiere , dont la forme approche de
3' celle d'un fphéroïde allongé , fe dur-
33 cit avec le temps : alors on la nomme
3>la pierre, de l'Oj'cabrion : ce n'eft ce-
33 pendant point une véritable pierre ^
3> mais plutôt une corne légère , fcilfile
33 un peu diaphane , tirant fur la cou-
3> 1 ur du rubis : elle fe dilTout dans le
33 vinaigre, mais elle le rend trouble
33 Se infipide. Les Iilandois l'emploient
33 comme un excellent remède dans
» différentes maladies. J'ai éprouvé
33 moi-même qu'en l'avalant on le ga-
33 ramifient du mal de mer. On s'en fert
33 au lieu de .Perles dans l'épilepfie Se
3> dans les affections cardiaques. Elle eft
3> bonne aufli contre la phthifie Se con-
33 tre la pleuréfie, parcequ'elle forme &
33 confolide les ulcères- du poumon.
nUOjcabriu» fc trouve fouvent atta-
33 ché à quelques poilïons : par cette
3> raifon certains iNcmenclateurs l'ont
33 placé dans la claffe des Poux , ou des
33 greffes Punaifes : il ne pullule cepen-
33 dant point fur les poïffbns , comme
33 les Poux fur les animaux; mais il pa—
3» roît d'abord dans un petit fac ou
33 fourreau membraneux , dans lequel
si il eft caché fur une efpece de moifif-
33fure verdâtre , fans être réellement
3, de l'Algue ; cetre # enveloppe en a
33 l'apparence : elle eft au-dehors de
33 couleur écarlate , Se noirâtre au-
3> dedans : elle eft quarrée , Se fa lar—
33 geur eft de fix à huit travers de
33 doigt. Ce n'eft qu'après être forti
33 de ce fourreau , & lorfqu'il dirige fa
33 marche où il veut, que l'isfeabrion
33 s'attache aux Baleines , ou à d'autres
3>poi(Tons, ou même à l'Algue & au
33 bois , pour chercher fa nourriture.
3i La pierre de Vojc abrion fe nomme en
33 lfl; nde Peurs -flein ,. en François
33 Pierre de Saint Pierre fon en ver
ose
wîoppe Peters-skip , Barque de Saint
» Purre- Ces noms font fondés fur une
» Fable qui ne mérite point d'être rap-
portée. «
Cette defeription de Thorlevius
eft affez exacte , dit J A c o b m u s. Je
l'ai vérifiée moi-même , ayant ici bon
nombre à'Gjcabrions Se de leurs pier-
res; mais les yeux de ce petit animal
étant le principal objet de cet article,
j'ajouterai quelques obfervations à ce
qu'il en a dit. Ces yeux , c'eft J A c o -
jîus qui parle, comme on l'a rap-
porté, font immobiles & placés dans
une petite écaille , qui forme la tête
de VOjcalrion. Lorlqu'on les examine
à la vue , ils préfentent la figure d'un
petit treillage, ou d'un réfeau verdà-
rre , compofé d'une infinité de fils , qui
■vont & reviennent fur eux - mêmes.
Avec le microicope en apperçoit dif-
tinctement deux pièces écaiileufes ,
couvertes d'yeux ou de cavités , au
nombre de deux cents au moins: on
ne peut les compter exactement, par-
eeque ces pièces écaiileufes étant un
peu convexes , les mouvemens que
l'Obfervateur cit. obligé de faire taire
à fon microfeope , pour fuivre cette
convexité , troublent fon opération.
Cette couleur verte, dont nous avons
parlé , difparoît au microfeope. Ce
n'eft qu'une illufion faite à l'œil par le
mélange de la lumière Se des ombres
produites parles cavités. J'ai fouvent
examiné ces cavités au microfeope Se
toujours avec une nouvelle admira-
tion : elles paroillent fi profondes ,
qu'au premier coup d'œil on diroit voir
un rayon de miel avec toutes fes cellu-
les. Après avoir bien confidéré ces
yeux au dehors , j'sri voulu obferver
la face interne de l'écaillé qui les por-
te: j'ai f^prrépour cela avec beaucoup
de management toutes les pièces dont
le crâne eft compofé : j'ai reconnu
qu'elles étoient toutes liffes Se fans Ala-
in ns , à l'exception des deux feule-
ment dans lefquilles les yeux étoient
filacés celles-ci- étoient comme hé-
O S I aoj
rïffées d'une infinité de filets. Comme
mes Ofcabrïons étoient deflechés , je
ne pus m'affurer fi ces filets étoient au-
tant de pètits vailTeaux : j'ai lieu ce-
pendant de le croire, car on diftinguoit
à l'extérieur des cavités même affez
profondes, Se il eft probable que leurs
extrémités inscrites n'avoient été fer-
mées que par le defféchement. Ces
extrémités n'aboutiffent à aucun carti-
lage , ni même à l'écaillé dont nous
avons parlé : mais elles fe rendent au
milieu d'un vuide formé par une pie-
ce écailleufe, dont la face intérieure eft
concave , & qui paroît faire ici la fonc-
tion de la rétine , en recevant Se réu-
niiTant toutes les images envoyées par
ce grand nombre de petits yeux ,.& en
faifanr pafTer ces imprefîîons jufqu'au
cerveau ou à la partie qui en tient lieu.'
Les autres Teftacées ont des yeux qui
débordent un peu au dehors de la tête ,
Se qui par cette fituation peuvent fe
tourner aifément fur tous les objets qui
font à leur portée. \JOjcalr\on n'a pas
la facilité de mouvoir les fiens : il eft
dépourvu de tout mufcle dans cette
partie; mais il eft dédommagé par la
multitude de fes yeux & par ces petits
filets internes qui empêchent la con-
fuiion des images , en les réunifiant au
centre de la cavité de l'orbite , d'où,
elles vont fe peindre fur cette partie
écailleufe concave , qui tient lieu de-
rétine,
O S I
O S I L I N : M. A d a n s o n a
trouvé fur la côte du Sénégal , dans
les rochers de l'ifle de Gorée Se dans
ceux del'Ifle de Teneriffe , l'une des
Canaries , un Coquillage operculé ,>
dont il fait la première efpece de fon"
genre de Sabot. Il eft figuré à la Plan-
che XX1L n. i. Voici la defeription'
qu'il donne de la coquille Se de l'a~-
nimal qu'elle renferme.
XJOfiHn, dit-il, p. 179. a une co'--
quille fort épaiffe ,. longue d'environ"'
un pouce r éc un fixieme moms4krge X-
»5>4 ° S 1
elle eft formée de fept fpïres ,. lîfTes ,
unies , peu renflées , mais allez bien
diftinguées les unes des autres ; fon
fommet eft conique , médiocrement
pohm , aufiî long que large & de moi-
tié plus court que l'ouverture : celle-
ci eft exactement ronde , coupée obli-
quement fur un plan incliné de qua-
rante-cinq de g és à l'axe de la coquille,
Se environné; à droite d'une lèvre lif-
fe , aiguë & tranchante , quoiqu'épaif-
fe Se comme doublée intérieurement.
La lèvre fauche eft prefque verticale,
& marquée au haut d'une petite émi-
nence iemblable à une dent fort émouf-
fée. Lepéiiofte eft iipeuferifiole , qu'il
femble ne pas exifter.
On obierve peu de variétés dans la
forme de cette coquille , mais beau-
coup dans fes couleurs. Il y en a dont
le fond eft gris, ou noir, ou cendré;
quelquefois" ia-ns mélange, & fou vent
avec de petits points blancs, ou cou-
leur de rofe. On en voitd'autres dont
le fond eft verdâtre, ou d'un blanc de
corne, veiné de petites lignes brunes
fort ftrrées.Sc coupé par trois on quatre
bandes blanches , tachées de rouge.
11 eft rare qu'on les trouve entière-
ment recouvertes de leur croûte ex-
térieure : elle ne relie ordinairement
que fur les deux premières fpires & eft
enlevée dans les autres, loitj>ar le
frottement , foit par quelque autre
caufe , qui femble agir moins fréquem-
ment fur celles qu'on trouve aux Ca-
naries , que fur celles du Sénégal. Cet-
te première croûte , dont les dernières
ipires fe trouvent dépouilles, laiiTe
voir la couleur orangée de la féconde
croûte , &c lorfque celle-ci eft enecre
enlevée , on apperçoit la troifieme &
dernière couche , d'une nacre d'abord
violette, enfuite gris-de-lin, ou cou-
leur de rofe, 8< enfin argentée. Cette
dernière couche eft la plus épaule ;
elle femble former la plus confulérable
partie de la coquille; du moins en ta-
piiïe-t-elle tout l'intérieur, jufqu'aux
bords de la lèvre droite , qui eft entou-
O S i
rée de la croûte noire q«î enveloppe
toute la furface extérieure de l'ani-
mal.
Un fi teau logement , continue
l'Auteur , ne pouvoit être rempli
par un animal plus richement paré.
Sa 'tête eft cylindrique, un tiers plus
large que longue , tronquée oblique-
ment en deiTous à fon extrémité, Se
bordée tout autour d'environ deux
cents petits filets cylindriques , peu
fufceptibles de mouvement. Elle eft
encore ornée en diffus d'une petite
membrane affez mince, qui en recou-
vre la moitié poftérieure , en la tra-
verfant , pour fe joindre à la racine des
cornes. Les cornes fortent des deux
côtés de la tête vers fon origine : elles
font fort minces & fi longues, qu'elles
égalent la moitié de la longueur de la
coquille. Les petits filets fans nombre
qui les couvrent d'un bout à l'autre, les
font paraître comme velues. Il femble
qu'elles aident l'animal à marcher, du
moins il les pofe fouvent à terre. Deux
petites colonnes , placées fur le côté
extérieur des cornes, mais bien diftin-
guées d'elles , lont furmontées par
deux petits points noirs peu faillans ,
qui font les yeux. La bouche fe re-
connoît à une petite fente percée de
longueur, au- deiTous de la tête , vers
le milieu de ion extrémité tronquée ,
dont les bords paroilTent légèrement
ondes , ou découpés de plufieurs cre-
nelures. La membrane du manteau eft
mince &; crénelée inégalement dans
fon contour: elle tapilTe les parois in-
térieures de la coquille , & laiife fur la
gauche de l'animal une petite ouvertu-
re femblable à un canal , par où les
excrémens trouvent une iifiie. C'eft
encore par cette ouverture du man-
teau que fort fur la gauche une efpece
de languette triangulaire , applatie ,
trois fois plus longue que large: elle
eft foutenue par un oflelet, qui règne
le long de fon côté extérieur.
Le pied de cet animal eft petit , de
forme elliptique , obtus à fes deux ex-
OSI
frémîtes , une fois plus long que lar-
ge, Se une fois plus court que la" co-
quille. Tout fon contour eit bordé de
plus de fix cents filets , fembiables à
ceux de la tête Se des cornes : en def-
fous il eft traverfé par un grand nombre
de petits filions, dont la plus grande
partie eft coupée par un fillon plus con-
sidérable , qui s'étend de long depuis
fa partie antérieure jufqu'à fou milieu.
Sa furface fupérieure eft relevée d'un
grand nombre de petits tubercules , Se
accompagnée des deux côtés de deux
membranes, qui prennent chacune leur
origine des colonnes qui portent les
yeux. La membrane qui eu à la droite
du pied , va fe terminer à l'qpercule ,
auprès duquel elle elt ornée de trois
longues cornes , de la longueur Se fi-
gure des cornes de, la tête , velues
comme elles Se accompagnées chacu-
ne à leur origine de deux petits tuber-
cules blanchâtres. L'autre membrane »
c'eft -à-dire celle qui eftfurla gauche,
porte dans fa moitié poltérieure trois
cornes femblables , & dans fa moitié
antérieure elle eft bordée de vingt-
quatre filets, qui font difpofés fur deux
rangs.
L'opercule eft extrêmement mince ,
tranfparent Se d'une rondeur parfaite.
On voit fur fa Jurface douze petits fil-
ions concentriques , creufés fort légè-
rement. 11 elt attaché au-delfus du pied
vers fon extrémité poltérieure. 1 out
le corps de cet animal, eft noirâtre ,.
marqué en deffus d'un nombre infini
de petits poin .s blanchâtres.
L'Auteur range fous le nom d'O-
Jllin , la Neritafrequens in mari Adriati-
co , exirinjtchs a, la , lintis tejjeludis
Sandyct Lndïca jorrnatis twtata , intrin-
Jtchs colore Aiargantarum argenteo ,
de B o N a M N i , Rcc r.p. 13 9. clajj. 3 .
h, îoi. Se du Mujtgurn de Kirker,.
p. 5 62.. n. 10 1 .
Le Trochus Uvis , ex nigro feriat/m
denje macula tus , maris Medaerraneï ,
de L 1 s t e K Hift. CoucbjL Tab. 641*
O S S O S T 205
Le Trochus priori valdè ftmilis , pra-
ter qttam quàd orbiitm pars inferior fît
paiiiulurn Jlmtoja , du même , ïbid.
Le Trochus Uvis , fafciis catenatis ,
ex nigro , albidoque , ceu vermiculato
quodam opère dcpitttts , • du même ,
Tab. 643. /5g. 35. Se de M. Klein,
Tenl. p. 42. j'pec. x.n.i.
La Cochlea Trocbiformis , ftrïata r
de La n g 1 u s, Meth.- p. 5 o.
La Cochlea Trochiformis , Uvis
albida ,. macuîis interruptis , per Jériem
difpofnis , pullis , aliquando rufisfigna-
ta , & ceu vermiculato quodam opère
depiita , inùis argenté a , de Gualtiek i
Lnd. pag. & Tab. 63 . fig. D. E. G.
o s s •
O S S O N S , nom que les Nègres,
de Guinée donnent aux Éléuhans ■
Voyez ÉLÉPHANT.
O S T
OSTRACION: Arté d r
( Ichth. Part. V. p. 83. ) donne ce nom
Grec , qui vient d'Ô p- !ÎV , qui fignifie-
en Latin Tcfta , à beaucoup de poif-
fons , non pas pareequ'ils font tefta-
cées , mais pareequ'ils font ronds à-
peu-pres comme une coquille. Leur
nom Latin eft Orbis. Ces poiffons font
couverts d'une peau dure , & la plu-
part font épineux. Lister, dit Ray'
{.Synop. Meth. lijc. p. 41. ), en fait trois
genres. Il met dans le premier ceux?
qui n'ont que deux dents , une à cha-
que mâchoire ; dans le fécond ceux qui-
en ont quatre , deux à chaque mâchoi-
re ; dans le troifïerne ceux qui en ont
davantage. Artedi les diltingue les
uns des autres , ou par leurs nageoi-
res , ou par les taches qu'ils ont fur
la peau. 11 les place dans le rang des
poilTons qui cachent leurs nageoires v
PiJ ces branchiujfeg i.Voyezfurces di ffé->-
rens poiffons Gfsner ,,AldrO'
VA N D E , Jon STON, Wl L LU G H ST.
Se Ray. La Meule de R o n d e let„
&- quelques, autres,, dont j'ai* gariê?
z 9 <$ O T T O U A
fous leurs noms particuliers , font de
ce nombre.
O T T
OTTILAOUMA, nom que
les Caraïdea des Antilles donnent à
une efpece de petit Lézard de leur
pays, qui gobe les Mouches.
O U A
OUANDERONS, Singes de
l'Ifle de Ceylan. lis y font en grande
abondance dans les bois , & il y en a
de diverf;.>s elpeces , dont quelques-
unes ne peuvent être comparées à
celles des autres pays. Il s'en trouve
d'auffi grands que nos Épapn^uls. Ils
ont Le poil gris & le vifage noir , avec
line grande barbe blanche , qui va
d'une oreille à l'autre , laquelle les
feroit prendre pour des vieillards. On
en voit d'autres de la même gro/leur ,
mais d'une couleur différente. Ils ont
le corps , le vifage Se la barbe d'une
écarlate pâle, Cette feule différence de
couleur ne paroiffant pas changer l'ef-
pece, on les nomme également Ottan-
dtrons. Ils caufent peu de mal &; fe
tiennent conftamment dans les bois ,
où ils ne vivent que de feuilles Se de
bourgeons.
D'autres , qui fe nomment Rillours,
font fans barbe, mais ils ont le vifaçe
blanc 8e de longs cheveux , qui des-
cendent Se fe partagent comme ceux
4^.1' homme. Cette efpece eft extrê-
mement nuîfiWe , par les ravages con-
tinuels qu'elle commet dans les grains.
Les Chingulais , à ce que nous ap-
prend 1 ; 'Hifteire Générale des Voyages ,
Tome VI IL p. 546. Kdit.in-\i. eïti-
ment la chair de toutes leurs efpeces
de Singes , Se celle des Chevreuils ,
dont ils ont auili diverfes efpeces
Voyez SINGE,
* Cet animal eft nommé en Hébreu Dob ;
en Arabe , Dtilbe ; en Chaldj-fii , tituba ;
en Grec a>1.î ; en Latin Urfus : on l'appelle
en Italien, àe même qu'en Espagnol, Orfo
O/o , ou .OJ)» ; lti Allemands lui donnent le
O V R
OURISSA , nom que C t us itr*
donne à un petit oifeau de l'Amérique,
dont a*y a plufieurs efpeces. Vove?
GOUAMBUCH. 7
OURS*, animal fauvage , cou-
vert d'une peau épailfe 8c velue, dont
le poil eft gris. Le caractère de ce
genre d'animal eft d'avoir fîx dents
incilives à chaque mâchoire, les doigts
onguiculés , tous féparés les uns des
autres Se de s'appuyer fur le talon et»
marchant M. B r 1 s s o N , p. 258. le
nomme, Urfus niger , caudâ unkolore,
C'eft Vùurs vulgaire , mis par M.
L i n n m u s dans" l'ordre des Ferœ. H
le nomme ( Syfl. Nat. Edit. 6. ç. 4.
fp- 1. Famna Suec. n.z.) Urfus caudâ
abruptâ. M. Klein ( Dijp. Qùad.
$. 35.) le place dans la famille des
Pentadacèyles. L» longueur du corps
de l'Ours, depuis le bout du mufeau
jufqu'a l'origine de- la queue , ell de
cinq pieds Se demi; celle de la tête,
depuis les narines jufqu'a l'occiput ,
d'un pied cinq pouces ; celle de fa
queue , de cinq pouces. Ses yeux font
très-petits , à proportion de la gran-
deur de fon corps. Ses oreilles font
alTez courtes & arrondies vers le bout.
Ses jambes font courtes. Il a à chaque
pied cinq doigts , armés d'ongles forts ,
crochus Se noirs: le pouce eft le plus
petit Se n'eft point féparé des autres
doiets. Tout fon corps eft couvert de
poils longs Se épais , noirs dans quel-
ques-uns , dans d'autres d'un brun
noirâtre , Se dans d'autres mêlés de noir
Se d'argenté.
Cet animal monte au haut des ar-
bres , Se fi l'on en croit Aristote&
Pline, il n'eft gueres plus gros
qu'une Souris en nailTant , mais il croît
toujours , en lorte qu'il s'en eft trou-
vé qui avoient cinq coudées de long 8c
qui itoient gros comme des Bœufs.
nom de Haïr , ou celui de Bcer ; il eft ap-
pelle en Flamand Bcer; en Anglois, Bear ;
eh Bohême , on lui donne le nom de Xcd-
wtd; en Pologne, celui de Vuevuer;% en
iuede, celui de Bioern,
Cels»
O U R
Cela ri'cft pas vraî , non plus que ce
qu'il* rai portent , que l'uurje faitles
petits comme nue maiïe fans aucune
forme., & que ce n'cft qu'à force de
1e lécher qu'elle la perfectionne. Ma-
th i o l e dit qu'il a vu prendre une
Qkrjî fort grande, qui étoit pleine ,
Se que tous ies petits a voient les mem-
bres diftingués dans le ventre de leur
mère. h'Ours vit de plante? , d'arbuf-
tes, d'herbes, de fruits, de légumes,
de miel Se rie chair , Se au rapport
à'E L ie N il vit jufqu'à quarantejour^ ,
en lécshaot fon pied droit. On dit qu'il
hait les cadavres , le Sangltcr Sf le
Bœuf marin. Ii attaque ie Taureau par
devant .& tache de lai -déchirer les
nafeaux Se de l'accabler par fa pefan-
icur. On appri voile les Ours , & on
leur apprend à danfer Se à faire plu-
fieurs petits tours.
Vojiz: &T cet anim.il Ray, Synep. Çujid.
p. 171.. M. lUti» , Qif<;J. f.h.otsKtR,
Quad. />. 106%. Alukivamue, Quad d'ig.
vîvip- p. T17. Jot.-STON, Quiid. p.&i.lCHAK-
ifiON , Excrc. p. 14. le hhifattni IVormenje ,
f. ji8. fcwcKiKSHf, Hift. Km. PoI.j.zk.
Irmeme, Autluarium \ p. ■ zi. & YHifioîre de
l'Académie Royale des Sciences , Tome UL
Tais. 1. p. 83,
OURS BLANC , animal nom-
mé par M. Buisson Urjlis al bus ,
caudà itnicolore. M. Anderson , dans
fon Hiftoire Naturelle de Groenland ,
Tome IL p. 47. dit qu'on en voit en
Groealande fur le continent. Ils ne
relfemblent pas i nos Cars , mais à
ceux du Spitzberg , avant la tête allon-
gée comme les Loups. Les mêmes
Ours, félon le même Auteur (Tomel.
p. 57. ) paffent quelquefois de Groen-
lande en Iilande & viennent fur de
gros glaçons quand le vent les pouffe
du côté de l'ifle ; mais on établit or-
dinairement vers ce temps des Gardes
fur la côte du Nord , Se aurfi-tôt qu'on
en apperçoit unfeul, tout le monde fe
met en devoir , Se on ne le quitte pas
qu'on ne l'ait tué , fans quoi ces ani-
maux dangereux fe mulriplieroient
bientôt dans les rochers inacceflibles
Ta me UL
Q U R ^97
aux hômmr», & feroient impunément
des ra vages terribles parmi tes habitans
difperfés. On trouve ces Ours dans tout
le Nord. L'Iflande eft un pays inégal,
monrueux Se coupé de toutes parts par
dts rochers efearpés. Pendant les mois
de Mars , d'Avril Se de Mai, les vents
cL" Nord Se d'Oueft foutîlant alterna-
tivement , la mer amené fur les cô-
tes une mafie prodigienfe de glace ,
qui ne fe fend jamais. On lit dans les
Acies de Copprubagiic , aimée \6j6.
qu'avec cc:t: glace viennent des Ours,
fcuvetlt plus grands que les Chevaux
d'Iflaude , Se qui fe jettant dans l'ifle ,
dé v orcïït ce qui fe préfente à eux. Ce
qu'il y a de fingulier dans ces ani-
maux , c'eA leur conftance àne recher-
ciier pendant leur fejour qu'une feule
efpcce d'aliment. Celle qu'ils rencon-
trent la première eil celle qu'ils préfè-
rent. Si à l:ur arrivée ils tombent fur
des hommes ians défenfe , ils en font
leurproie , Scia ebairbumaine eft apres
cela ie feu! mets qu'ils recherchent :
fi Je bétail a été leur premier aliment,
ils n'en veulent plus qu'au bétail : fî
enfin ils n'ont trouvé ni hommes ni
bêtes,, lorfqu'ils font entrés dans l'ifle,
ils ne fe repaiifent que d'herbes & que
de foin , & renoncent à toute autre
nourriture. Ces Ours ont d'ailleurs un
inftincr. admirable pour retourner dans
leur patrie fur la glace même qui les
a apportés ; s'il leur arrive de s'en-
foncer dans l'intérieur du pays Se àç
s'éloigner de la vue des côtes , Se qu'ils
foupçontient le départ prochain de la
glace , foit par le changement du vent,
foit par quelque autre indice , ils
montent fur le fommet des montagnes,
& lorfqu'ils voyentquela glace s'éloi-
gne du rivage , ils descendent p rompre-
ment pour la fuivre , Se pour la rega-
gner à la nage.
Ceux qui en ont écrit font M. Klein,,
Quad. fJi.AiDB.ov«KD£, Quad. digit.
vivip. f.uo.JONSTOK, Quad, p. 88. &.
le Mufœum Wormenfe , p. 319.
OURS DE LA BAYE
aoS OUR
D'HUDSON, en Latin Urfut
freti Hudjonis , nommé par M. Bris-
son j Urjus ca^anei coloris , cauda uni-
colore , Toftro pedibujque nigris. C'cft le
Coati Urfola affims Americamts de M.
K l e r n ( Qttad. p. 74. ) ; le petit Ours
ou Louveteau d'E D W A R D ( Tome IL
fig. p. 103. ) ; le Quick.hatch , ou IVol-
ï-crenne du Voyage de la Baye d' Hud-
fon , Tome I. p. 58. & de C a t e s b y
Append. p. 29. Ce: animal , qui fe
trouve à la Baye d'Hudfon , eft un
feu plus grand qu'un Loup ordinaire.
Ses "yeux font petits & noirs ; fes
oreilles courtes & rondes ; fa queue eit
d'une longueur médiocre , plus petite
à fon origine que vers fon bout , où
elle eft couverte de plus longs poils.
Il a le mufeau & les quatre pieds
noirs; le devant de la tête blanchâtre •
la gorge blanche , marquée de noir ;
tout le refte de fon corps eft d'un châ-
tain plus foncé fur le dos qu'ailleurs.
On dit que le bruit qu'il fait refïem-
ble à la voix d'un Chien enroué. 11 y
en a de grands Se de petits. Lewr poil
eft long & doux comme de la" laine,
lis nagent & fe plongent fouvent dans
l'eau pour long-temps. Ceux qui ha-
bitent la côte fe nourriffent principale-
ment de Baleines mortes; les autres,
qui demeurent plus avant dans le pays,
vivent de tout ce qu'ils rencontrent
dans leur chemin.
Il y a peu â'Ours en Afrique : on
n'en voit point en Angleterre, ni dans
rifle de Candie. 11 y en a beaucoup
dans les montagnes de Suiffe , 8c dans
la forêt noire Se les autres forêts d'Al-
lemagne. Il s'en trouve auffi dans la
Lithuanie , dans la Tartane , dans les
vaftes forêts de la Mofcovie, Se dans
tout le Nord , comme il a été déjà dit.
Michel H e r u s dit que les pat-
tes de l'Ours falées Se fumées fe fer-
vent fur la table des Princes en Alle-
magne.
11 fe trouve aux Indes Occidenta-
les , dans la Province nommée Uz.al-
eas*. une eftjecc de petits Ours, qui.,
O U R
au Heu de gueule , ont un pérît troti
rond au bout du mufeau , hors duquel
ils tirent une petite langue ronde ,
longue Se creufe par dedans, avec la-
quelle ils fucent le miel , ou quand ils
n'en trouvent point , ils tirent cette
même langue auprès des fourmillier&g:
comme fi c'étoît un rofeau , & ava-
lent toutes les Fourmis qu'ils peuvent
furprendre.
Les Ours font fort communs à la
Chine. \J Hiftoire Générale des Voya-
ges , Tome VI, Liv. IL p. 492. nous
apprend qu'il s'en trouve dans la Pro-
vince de Chang-Tong une efpece que
les Chinois nomment Hyang - Jin ,
c'eft-à-dire Hommes - Ours. Ils mar-
chent fur deux jambes. Ils ont la face
iuimaine , & la barbe d'un bouc : ils-
grimpent fur les arbres pour en man-
ger le fruit. On n'a point à" fe plain-
dre de leur férocité lorfqu'on les laiffe
en paix , mais fi on excite leur colère,
ils defeendent furieufement , ils tom-
bent fur ceux qui les irritent » & les
frappent deux ou trois fois avec la
langue : ils emportent toute la chair
qu'ils touchent. M. Du Halde avoue
que ce récit doit paroître fort étran-
ge : cependant le Père Antoine de
Sanlla Maria , qui avoit un de ces
animaux , Se le Pcre Jean B a l a t ,
Jéfuite , qui avoit pa(fé plufîeurs an-
nées dans cette Province , en rendent
plufîeurs fois témoignage, M. d u
Halde obferve feulement que ce
que les Chinois rapportent âuHyang-
Jin , qui fe trouve , dit-il , dans^la
Province de Chen-Si , ne doit être en-
tendu que de la groffeur extraordinai-
re de ces Ours.
h'Qurs à la Louifîane fe tient dans
le Nord de la Colonie. On ne le voit
defeendre vers le bas du fleuve que
dans l'hiver. Il y vit de fruits, de glands
Se de racines. Il aime le lait Se le mie!,.
La viande de VOurs , dit M. le Page
du Praïz dans fes Mémoires fur lt»
Lamjîane , rft délicate, entrelardée „
d'un bon goût Se faine. Les habitai»
O U R
in pays en mangent Se font Je Vhuïïe
de fa graiffe. Ils la croyent meilleure
que celle d'olive pour la falade. Quand
cette graiffe ell fondue , il refte au
fond du poêlon une efp.ece de faindoux
très-blanc , mai? plus mollaffe que ce-
lui de Porc , dont ils fe fervent en
cuifine pour les faufTes blanches. La
graiffe d'Ours eft encore un fouverain
remède pour les rhumatifmes, & l'Au-
teur nous apprend qu'il s'en ell fervi
pourfe guérir de cette maladie. Ce ne
font que les Ours qui pafTent l'hiver
vers le bas du fleuve , defquels on tire
la graiffe pour faire l'huile. Quand ils
font maigres Se que la faim les fait ve-
nir du Nord de la Colonie , pour trou-
ver de la pâture , on en tire peu d'hui-
le , & alors elle eft plus rare & plus
chère*
R e d i en obfervant la fingulîere
ftructure des reins d'un Ours , mort
dan; la Ménagerie du Grand Duc de
Tofcane , dit qu'il remarqua entre la
membrane adipeufe Se une autre mem-
brane en forme de poche , laquelle
contenoit beaucoup de petits reins dif-
tincts les uns des autres , un grand
nombre de petites véficules membra-
neufes , dont chacune renfermoit un
Ver blanc , long & délié : il y a voit
même de ces véficules qui contenoient
deux, Scjuiqu'à trois Vers.
La graiffe Se le fiel de VOurs font
d'ufage en Médecine. La première eft
émolliente & difeuffive , Se bonne ,
fur-tout pour l'alopécie : elle guérit
auffi la goutte, les parotides Se les au-
tres tumeurs , Se confolide les ulcères
qui viennent aux jambes. Son fiel eft
propre pour l'épilepfie , pour Pafthme
8e pour la jauiuffe , étant pris intérieu-
rement. On s'en fert aufG extérieure-
ment , dit Schroderus, pour les
ulcères chancreux Se phagédexiques ,
pour le mal de dents, la foibleife de
la vue Se autres maladies femblables.
La peau , félon Sent enckfeld,
fait du bien à ceux qui ont été mordus
d'un Chien enragé , quand ils couchent
O U R i?j
delîus : elle fert auffi de fourrure eux
Voyageurs.
OURS, Papillon nocturne ,
nommé par M. Linnsus ( Fauna
Suec. p. 252, », 820.) Fhal&na petli-
mformïs, elingitis , alis deflexif , fupe-
rioribus fitjc is , rividis albis , inferiori-
bus purpureis , puniïis fex nigris- H
provient d'une Chenille toute velue ,
qui fe trouve fur la laitue , nommée
en Latin Eruca Urfina. Elle eft , félon
Ray (Injc'ci. p. 152.) très-velue ,
grande , couverte de longs poils blancs,
fauves Se noirs , avec des lignes fur
les anneaux , marquées de petits points
blancs. Cette Chenille peutfe nommer
en François Ourfine.
Les Naturalises qui parlent de cette Che-
nille , air.fi que du Papillon no£h:rne qui en
provient , font Aldrovamde, Inf. 24?.
& 146. Moukfet , Eà'tt. Lat. p. 93. Hoffna-
Gii, Inf. G o t d a r d , L I s t e R fur G o e-
d a r P , Madame Mfrian, Albin, M»
de Ré AU mur., & les autres.
OURS DE MER: Belon
(Objarv. L.I.p 45 ) donne ce nom à
un poiffon qu'on pêche en Walachie ,
en Bulgarie Se en Servie. Il dit qu'on
le nomme à Naplcs £^ à MeiYmc Mejfa-
cara. C'eft un Cralracce prefque fem-
blable au Homard , mais il n'a point
de piquans
OURSIN DE MER, BOU-
TON , ou HÉRISSON DE
MER, en Latin Echinus mannus. Ce
Coquillage tire fon nom , comme
l'Hériffon de terre-, des épines dont il
eft couvert. Sur quelques côtes en
l'appelle Châtaigne de mer , Se cela
avec encore plus de fondement , dit
M. de Réaumur ÇMém, de V Acad*
Royale des Sciences, 171 2. p. 137O;
car il ne reifemble pas feulement ,
dit-il , aux enveloppes des châtaignes ,
par les épines dont il eft hérifTé , il leur
reffemble encore par fa figure con-
vexe. Onlui donne le nom d'Ourfînfur
les côtes de Provence. Il n'y a nulle
reffemblance entre le poil des Ourfins
Se les piquans des HériiTons. Aristote
Se plufteuxs Anciens ont parlé du mou-
300 O U R
vement progreffif de cet animal. Il Fa
le plus accéléré. 11 court fi rapidement ,
qu'il eft fouvcnt difficile de l'attraper.
On l'apperçoitfur la grève par un beau
temps , Se comme il e(l couvert de dix
a douze piecis d'eau , on fe fert pour
le prendre d'un long rofeau entr'ouvert
dans un des bouts par un petit mor-
ceau de bois , pour en écarter les par-
ties. On l'enfonce dans l'eau , on le
darde fur VOurfïn , Se à la place du
morceau de bois , qui fe dégage aifé-
ment de lui-même, VOicrftn s'y loge:
alors on le tire de l'eau. On peut en-
core , quand le flux Se le reflux eft
grand , le fuivre fur la grève très-
avant dans la mer Se le prendre à la
main. Les Qurfixs , comme on dit en
Provence , ou les Châtaignes de mer ,
ou les Hérijjotis de mer , fe fervent de
leurs épines au lieu de jambes ; ce
n'eft pas qu'ils n'en ayent ; elles ont
la figure des jambes des Étoiles , ou
fi on l'aime mieux , elles reffemblent
aux cornes des Limaçons,
M. d'Arc en ville ( Fart. IL
p. 62. > dit que l'Ourfin a dans la cavité
de fa coquille un inteftin qui s'attache
en tournant aux cinq anneaux r dont
on trouve la figure à la Planche VII.
lett. B. de fon Ouvrage & Tank ci-
deflùs citée. Cet inteftin va fe terminer
à une bouche rouge, large Se oppofée
au trou par où fartent les exerémens 1
elle eft garnie de cinq dents aiguës &
vifibles au bout; de cinq ©fTeiets, au
centre defquels eft une petite langue
charnue , efpece de caroncule , où
eft cette bouche , qui finit en inteftin ,
tournant autour de la coquille , fuf-
pendue par des fibres délicates. Les
petits ofielèts font liés par une mem-
brane fituée au milieu de Pinteftin, Se
forment la figure d'une lanterne. L'in-
térieur de VOurfa , nommé Eehinui
marins , Se Echinus dï^itatus quand
il eft revêtu de fes pointes , eft par-
tagé en cinq lobes, d'un rouge foncé
8e rempli d'une efpece de chair &
d'une multitude: d'ecufs rouges „ qui
O U R
étant cuits ont le goût des Ecreviflês &
font meilleures à manger que l'Huîtra
verte. Cela doit s'entendre des Ourfint
pris dans la Méditerranée ; ceux d&
l'Océan ,. fur-tout ceux qu'on pêche
à la Rochelle, n'ayant ni goût ni fa-
veur.
M. d'Argenvixt.e t en diftéquant
cet animal, dit avoir examiné la du-
reté de ces offelets , qui font creux en
dedans , pour laillerpaiTerdes filamens».
qui font agir les dents en dehors. Ils font
de plus entourés de membranes de
tous côtés , ce qui Ls lie enfemble.
Chaque partie de YOnrfin a fa mem-
brane , fa charnière Se des dents ex-
trêmement pointues. L? Echinus fpata-
gar Se le Bijjits n'ont point de dents
ni d'oïïelets : ce n'eft qu'un fimpie in-
teftin rempli d'eau , qui leur tient lieu
de chair Se d'oeufs , pour reproduire-
leurs fcmblables. L'animal du Difcui
a fon corps revêtu d'une croûte légè-
re y Se il refpire par deux petits trous»
placés en défions Se au milieu , dont
un fert à vuiderfes exerémens;.
Plufienrs Auteurs ► comme Pline,,
ont mis les Ourfuis parmi les poiffons-
crufticées, tels que font les- Étoiles de
mer & les Crabes-. Aristotf. les a
placés dans les Coquillages durs. Les
Ourfins delà mer Rouge Si ceux de.
l'Amérique font d'une confiftance aifer
dure pour y tenir leur rang,, dît M.
n'A rgenvili. e , p. 3 08'. Tart. L
Edit. 1757. 11 y en a qui penfent que-
les Gurfins tiennent le milieu- entre les
Cruftacées & IcsTeftacées. Bonanni p
malgré la quantité des pointes qu'ont
remarque à VGurfin , les place dans
les Coquillages univalves : c'eft ap-
paremment pareeque fes pointes ne fe-
voient d'ordinaire que lorfquc le poif
fon eft vivant, comme le dit Liste r„
Se parcequ'elles tombent fi-tôr qu'il 7
eft mort, ou qu'on le tire de l'eau..
On compte plus de douze cents cor-
nes , dont fe fert VQwrfm pour tarer
l.e terrein,,. pour fe fixer contre queL*
que corgs Se pour fe. tenir cn reDOS- Sel -
O U It
Côfives , plus longues que fes pointes ,
ne fe voyent que dans l'eau : elles
s'affai&nt & fe cachent entre les bafes
ou mammelons de fes pointes , qui fe
trouvent a» nombre de plus de deux
mille, &qui'lui fervent à marcher»
toujours la bouche contre terre , pour
prendre fa nourriture. Cette bouche
ronde & large , oppofée au trou par
©ù forcent fes excrémens , eft. garnie
de cinq dents aiguës au bout de cinq
oûelet*, au centre defquels eft une
petite langue charnue , comme on l'a
dit plus haut. L'Auteur ditaufli avoir
remarqué , en dilTéquant le poiffon, que
chaque pointe de YOttrfin a fa mem-
brane , fa charnière & des dents extrê-
mement pointues ». & U y a lieu de
croire que ces grandes pointes lui fer-
vent à lè défendre contre les Pêcheurs.
Pline dit,- aculeorum proeerkate prê-
tant. Elles lui fervent encore de pieds
pour marcher, pour fe retourner ,. 8c
four rentrer dans fa boule.
M. D'A r g e n v i HE dit avoir
compté fur la fuperficie d'un Ourfm
delà mer Rouge cinq divifions à deux
rangs- de mammelons , Se de grandes
pointes au nombre de foixante-dix ,
fans' compter cinq autres rangs de pe-
tites, & toutes les bandes qui féparent
les rangs des mammelons , lefqitelles
font percées d'une infinité de petits
trous , par où forcent fes cornes. Le
grand nombre- de pointes que plufieurs
Ov.rfins confervent toujours , & qui
font partie de leurs coquilles , n'a pu
ks faire placer mieux , dit - il , que
parmi les Multivalves, Cependant
Charletgn ( Exerc.p. 61.) Se A l-
drgvande les mettent parmi les
Turbînées, parcequ'ils n'ont point de
volutes ou depyramideSi
UOurfin a intérieurement un inteftin
qui s'attache en tournant aux cinq an-
neaux que l'on remarque dans la croû-
te pres de fa bafe , Se cet inteftin va fe
Terminer à la bouche î. tout fon exté-
rieur eft partagé en cinq lobes Se eû
ïempli d'une efpece de chair Se d'une
OUR 301
multitude d'œufs rouges , qui , étant
cuits , ont le goût de ceux des Écre vif-
fes , ainfi qu'il a été dit.
G 1 L l 1 u s , rapporté par G e s n e r
(de Aquat. p. 42,0.) dit avoir péché
des Ourfins de couleur rouge , mêlée
de bleu Se de verd , proche des villes
de Cumes Se de Bayes , aux environs-
de Naples. Quand ce poiflbn eft mort,
toutes ces belles couleurs difparoif-
fent.
Rondelet admet cinq efpeces
à'Ourfini, M. Breynius en rapporte
fept efpeces. M. Klein en marque
cinquante - huit efpeces , comprifês-
fous huit genres. M. d'Argesvili.e
en fait la première famille de fes Mul-
tivalves & les range fous fix efpeces
Se chaque efpece en contient plufieurs
tous dirFérens les uns des autres par
leurs variétés, Voici comme il définit
ce genre de Coquillage: UOurfin de
mer, dit l'Auteur, eft une Coquille
multivalve , de forme ronde , ovale
à pans , irréguliere ,. quelquefois plate
armée de pointes , de boutons , Se quel-
quefois toute unie.
De la première efpece font V Ourfm-
de forme ronde ; celui qui eft garni de
petites pointes rondes , venant de la
mer Méditerranée; celui de l'Océan;
le grand Otirfin à- grandes pointes , ve--
liant de l'Amérique ; un pareil grand
Ourfin p nommé autrement Chardon ,.
venant de la mer Rouge ; celui dont
les ceufs font bons à-manger; le Rou-
geâtre ; celui de couleur verte ; celui
de couleur violette , Se celui qui a des
dents.
De la féconde efpece font VOurfin
de mer de forme ovale ; le Blanc de.
la grande efpece, Se celui de la petite
efpece.
De la troifieme efpece font les Qur~
fins de figure à pans ; le Rmigeâtre ,.
qui a dix angles Se qui eft falcié ; le
Verd, Se le Grir de cendre.
De. la quatrième efpece font ["Our-
fin de forme irréguliere ; celui fait ety
forme de tonneau , grand „Sc dontl'au*-
3 oa OUR
verturc du dos eft en cœur ; le petit Se
très -léger; celui de figure longue ,
avec des filions crénelés ; celui qui eft
applati, formant une étoile ; celui qui
eft fait comme des fefles ; le grand
Pas de Poulain ; le petit Pas de Pou-
lain; celui qi;i imite le cœur à quatre
rayons à doubles raies , Se celui qui
ijjiite le cœur à fix rayons à doubles
raies.
De la cinquième efpece lont YOur-
fm plat & étoilé , qui a cinq trous fur
le deffus , Se fept au-de(fous ; celui qui
a fix trous fur le deffiis , Se huit au-
de flous.
De la fixieme efpece eft VOurfin de
couleur violette , de forme ronde , Se
à piquans faits en forme de pignon de
pomme de Pin.
M. n'A rgen ville, dans fa
Conchyliologie, Planche XXV. Edition
de IJS7- a fait figurer à la lettre A.
un Ourfin de l'Amérique, nommé en
Latin Echinus digitatus , repréfenté
avec tous fes piquans. A la lettre D.
on voit un Ourfin de la mer Rouge : à
la lettre E. eft le plus bel Ourfin de la
mer Rouge : à la lettre F. eft un Our-
fin de nos mers , entouré de tous fes
piquans : à la lettre G. eft repréfenté
V Ourfin violet de l'Iile de France ,
dont les pointes font faites en forme
de pignon de pomme de Pin : à la let-
tre H. eft figuré un Bouton faj'cié : à la
lettre J. VOurftn appellé Bijfus ,- Se à
la lettre À. le Spatagus , ou Spatangus,
qui eft nommé en François Pas de Pou-
lain.
M. Klein a publié un ordre na-
turel des Ourfins de mer , Se des Our-
Jïns de mer fojjiles , avec des Planches.
Il les a examinés par la différente fi-
tuation de l'ouverture qui fort de paf-
fage aux excrémens. Si ces Ourfins
l'ont placée au fômmet de la coquille ,
il les appelle Anocyfihes, du Grec âyv,
fuprà , Se (tûîfSoî > anus. 11 les appelle Ka-
toryjrljcs s'ils l'ont à la bafe , du Grec
«a, 17» , infra , Se eïT« , anus : ayu eft op-
poié X k»tu- M. Klein entend par
OUR
iiùi , le fommet , vertex , Se par icar»;
la bafe; & il appelle Pleurocyflhcs les
Ourfins qui ont f anus placé au coté , du
Grec3-x eL ,pjt , ou ■nh-^fli, latus, Se Karôof,
anus. J'ai donné en 1754- la traduc-
tion de cet ordre naturel des Ourfins,
augmentée de Gx planches à' Surfins ,
qui fe trou voient dans le Cabinet de
M. de Réaumur, defquelks
une entr'autres repréfenté 1 ! 'Ourfin de
couleur violette , de forme ronde à
piquans faits en forme de pignon de
pomme de Pin , qui eft la fixieme ef-
pece A' Ourfin de M. d'Argenville ,
Se dont M.Klein n'a point faitmen-
tion. Cet Ouvrage eft un in-%°. qui
fe vend chez le Libraire qui a le dé-
bit de ce Dictionnaire. J'y renvoie le
Lecteur, C'eft le Traité le plus com-
plet que nous ayons fur les Ourfins
de mer , Se les Ourfins de mer f affiles.
OURSIN, ôu HÉRISSON
DE M ER , en Italien Iflrice marino,
félon R e d 1 : C'eft un infeite de mer
à-peu-pres femblable à celui que Ja-
COB/E'JS dans les A des de Coppenbague ,
Tome III. c. 4. Q" 5. nomme Verrais
aurais & Erucamarina : mais il a paru
à R e D 1 que celui-ci en differoit beau-
coup quant à la ftructure intérieure.
lu'Our/t'n ou le Hcrijj'on de mer , dont
je vais parler d'apas ce Naturalifte ,
eft figuré Planche XXXIV. fig. i.&
1. des Collections Académiques , Tome
IV.de la Partie étrangère. Cet animal
dit R E D 1 , dans le même Volume ,
p. 5 3 5. avoit ledeflbus du ventre blanc,
lifle , Se non velu , mais traverfé par
des rides droites , dont les intervalles
étoient faillans comme des cordons :
il étoit environné de petites touffes
femblables à de petits pinceaux qui re-
gnoient fur toute la circonférence du
ventre depuis la tête julqu'A la queue.
Il y avoit vingt-fix de ces touffes ou
pinceaux de chaque côté; ce qui fait
en tout cinquante-deux. Mais ce nom-
bre de pinceaux varie ; car dans quel-
ques autres Ourfins , R E D 1 marque
en. avoir trouvé jufqu'à quarante da
OUR
iliaque côté. Ceux des côtés étoîetlt
beaucoup plus courts & moins fournis
que ceux du milieu : les plus gros
avoient les uns cinq, les autres fix , ftpt
ou huit crins durs , piquans , 8c ren-
fermés , pour amû dire , dans une gaîne,
Ces ciinf paroifloient tous d'une cou-
leur noirâtre excepté celui du milieu ,
qui eft toujours le plus long Scleplu3
gros, Se dont la couleur eft d'un jaune
cPor luftré , qui quelquefois paroît gla-
cé de verd , fuivantles diffère ns reflets
de la lumière. La gaîne qui renfermoit
es crins étoit munie de tendons Se
de mufcles par le moyen defqucls elle
fe mouvoît , fe dreiToit , poulToit au-
dehors fes crins , Se les retiroit au-de-
dans. Les flancs de l'animal étoientaulfi
fout entourés de pinceaux ,. ou touffes
femblables , mais moins épaiffes ; les
crins en étaient plus longs , Se pour
la plupart moins piquans Se plus fle-
xibles. Le dos , dans toute fa longueur
& fur la largeui- d'un pouce , étoit
lifie & fans aucun crin; mais il étoit
tout couvert d'un duvet crépu , jau-
nâtre , Se femblab'e à cette bourre qui
recouvre les coccons de Vers à foie.
A l'une des extrémités on voyoit l'ou-
verture de la bouche , autour de la-
quelle étoient placées deux antennes
ou petites cornes charnues » flexibles
& blanches. L'ouverture de l'anus fe
trouvoit à l'extrémité oppofée. Dans
la cavité du ventre , on voyoit un pe-
tit canal d'une couleur de pourpre très-
éclatante : il étoit compofé de petits
globules diftinfts les uns des autres ,
& depuis fon origine qui étoit dans la
bouche, & où il étoit le plus gros,
il parcouroit toute la réj?iot\du ven-
tre, Se alloït toujours en diminuant de
diamètre fe terminer vers l'anus. Ce
canal étoit le cœur , ou plutôt un cor-
don, une fuite de coeurs. L'eftomacpla-
cé dans la même cavité du ventre ,
étoit d'une même fubftance blanche ,
dure , & prefque cartilagineufe : l'in-
teftin alloit r'irectement & fans aucun
détour jufqu'à l'anus 5 furprefque toute
OUR 305
la partie de l'inteftin , comprîfe entre
le pylore & l'anus, fortoient deux ranga
parallèles de cœcivms, il y en avoit vingt
dans chaque rang. Ces quarante cœ-
cums , pleins d'excrémens gris Se noi-
râtres , faifoient diverfes ramifications
irrégulieres , lefquelles s'entrelaçoient
vers la peau , parmi les mufcles Se
Se les tendons qui fervoient au mou-
vement des touffes latérales des crins,
dont il a été parlé. Dc-là tous ces
cœcums palToient Se emboitoient leurs
extrémités aveugles dans autant de
gaines , lefquelles ne s'arrétoient point
dans la cavité du ventre , mais péné-
troient dans une autre grande cavité,-
qui occupoit tout le deffus du dos &
de l'épine de l'animal -, depuis l'une
des extrémitéô jufqu'à l'autre : ces gai-
nes entourées d'une expanfïon mem-
braneufe , prélenroient la figure d'un"
parafol en éventail avec fon manche.
L'expanfion membraneufe étoit double
Se canelée à l'intérieur: entre les deux
membranes il couloit un fluide très-
clair , qui quelquefois en gonfloit les
bord.-: voyez la Planche XXXlV.jSg.
3. Or 4. des Colleti. Acadcm. Tome iV.
ci-deffus cité : mais en foufflant parle
moyen d'un chalumeau dans l'eftomac,
on faifoit gonfler , non-feulement l'ef-
tomac , mais encore l'inteftin prinnpal ,
Se les quarante caecums dans lefquds
l'air entroit par les quarante ouvertu-
res , quife voyoientau-dedans de l'in-
teftin principal. tvEDidit qu'il trouva la
cavité qui renfermoit l'eftomac , ainfi
que les intertins pleins d'une eaufalée :
l'autre cavité qui occupoit le dos , étoit
pleine de la même eau. Cette eau y
entroitpar un trou large Se rond , dont
on voyoit l'orifice à l'extérieur au mi-
lieu de la peau du dos. Dans l'eau de
cette cavité du dos, i'Obfervateury vit
nager huit vermiffeaux très-petits , re-
préfentés tels qu'on les voit au microf-
cope Planche XXXI V.fig. 5 .du même
Ouvrage. Ils étoient tranfparens com-
me le plus beau cryftal de M lira no,,
dit Redi, Telle eft la deferiptiozï
304 O U T
qu'il donne de cet infecte marin ., qu'il
nomme Ourfîn ou Hérijfon de mer , à
caufe des touffes de crins , oupinceaux
dont il eft environné.
O U T
OUTARDE, OTARDE.
©u B1TARDE», oifeau que M.
L i n n m u s C Syft. Nat. Edit. 6. g.
o"4- ) met dans l'ordre des Galiivœ. M.
Klein (Ord. Av. p. 17.) place l'Ou-
tarde dans la féconde famille de fes
oifeaux, qui font ceux dont les pieds
font armés de trois doigts en devant,
Trïdatlylt , nullo pnflice. L'Outarde eti
ie quatrième genre de cette famille ,
avec la Cane l'éiiere de B Et o n , le
Buflard de l'Arabie d'E dïj r d , Se
le Nucucagua de Marc Grave.
M. Perrault écrit Otarde , en
Latin Avis tarda , d'où eft venu le
nom Outarde en François , fi ce n' eft
qu'il ait été pris de fon nom Grec ,qui
cil Otis , quoique les Anciens ayent
parlé allez diverfement de l'Otis , pour
faire douter fi c'eft notre Outarde. Bf-
■Lon {de la Nat, des Gif. L. V. c. 3. )
& Turnekus( Hijh Av. ) , difent
que l'Outarde eft le plus grand de tous
les oifeaux après l'Autruche. Le Ca-
fuel , le Pélican , Se le Griffon , font
beaucoup plus grands % & les autres
Auteurs ne font point ['Outarde plus
grande que celle dont M. Perrault
donne la defeription anatomique. Ams-
tote , dans Athénée ( L. IX. ) , la fait
même encore plus petite , car il la com-
pare , pour ce qui regarde la grandeur
à un Coq. BelonScTurnerus,
qui , fans - doute , ont vu des Outardes,
n'en ont aînfi parlé que pour fuivre
* Cet oifeau eft nommé en Italien Srxrda,
.ou Ottarda ; en Allemand Trappe, ou Trapp-
Gans ; en Anglois, Buflard. Le mot l-'ninçois
Outarde vient , lelon quelques-uns, à' Avis
Tuvda , & <elon d'autres , d'Anfir Tordus ;
car on ditojt_ autrefois Ouc pour Oye , ou Oie.
I) y en a qui veulent que ce mot (bit formé
du Grec SpU , & & l atin Tarda. Le petit eft
nomme Uulardea» , Ojlardeau , ou Bitardeau :
Kicis mal à propos, difent les Auteurs
O U T
Pline C Hifl. Nat. L. X. c.
qu'ils femblent même n'a\oir pas bien
entendu ; car , dit M. P E r r a u l t,
l 'oifeau qui , félon Pline, eft l e
plus grand après l'Autruche , eft la
féconde efpece de Tarao , qui n eft
point l'Outarde; & Pline dit feu-
lement que la grandeur de l'Otis , qui
apparemment eft notre Outarde , ap-
proche de celle du 'ietrao ;■ mait on ne
fait point certainement ce que c'eft que
le "i etrao , Se ce qu on en dit n'a au-
cun rapport avec l'Outarde : cet oi-
feau , félon la defeription de Pline,
étant noir par tout le corps, a la ré-
ferve des plumes qu"iia au* dédits des
yeux , qui font rouges , ce qui ne fe
trouve point dans {'Outarde , qui a
bien quelque rouge , quelque noir , ou
quelque brun dans fon plumage ; mai»
ces couleurs s'y trouvent placées d'une
toute autre façon.
G e s n e r ( de Avïb. L. III. ) , Se
A l o R o v a N D e f Orn'uh. L. XIII.
c. 12.) donnent un col Se des pieds
plus longs à l'Outarde, que M. Per-
rault : du refte , c'eft la même def-
eription. Cet oifeau a le col long d'un
pied , Se les jambes d'un pied & demi.
Les ailes ne font gueres plus longues
que les jambes , Se quand elles font
étendues elles ne font pas plus de qua-
tre pieds, ce qui n'a pas de propor-
tion avec la maffe du refte de fon
corps. C'eft pourquoi cet oifeau vole
avec tant de difficulté , qu'on le peut
atteindre à la courfe. Élien (de
Nat. Anïm. L. V. c. 24. ) dit que de
tous les oifeaux , iln'y a quel'O.vwr^e
qui craigne les Chiens , parcequ'elle
s'élève fi peu de terre , Se va fi lente»
de la Suite de la Matière Médicale, que Belom
a nommé fon Otdhnemm , Ojlardeau ; car ce
prétendu Ojlardeau n eft autre choie que le
Courlis commun, qui habite dans les plaines
les plus arides des provinces du Herry , de
la Sologne & de la Beauce ; & par confe-
quent, pour le dire ici en raflant, Aldro-
vanue , Wjllighby & R A y , n'ont pas eu
raifon de mettre notre Courlis au rang des
ojfcaux aquatiques,
ment,
O U T
ment» qu'ils la peuvent prendre aifé-
rnent.
Le plumage étoit de fix couleurs:
il y en avoit de blanc , de noir , de
gris- cendré , de gris -brun , Se de cou-
leur de rofe. Le ventre , les cuifTes .
le deflous de la queue , Se le delTous
des ailes étoient blancs. Il y a appa-
rence que B E L o N , qui fait le delfous
des ailes blanc , s'eft trompé. Les Ou-
tardes de M. Perrault ne les
avoient point ainfi ; 8e les oifeaux , dit
cet Académicien , qui ont quelque cou-
leur brune dans leur plumage , l'ont
ordinairement fur les ailes & fur le
dos : ce qui fe remarque aux autres
animaux qui ont auffi le dos plus brun
que le ventre. Le devant du col, la
tête , Se le milieu du deflus des ailes
étoient d'un gris-cendré. Le derrière
du col , le dos , le delTus des ailes par
le haut, Se le deflus de la queue étoient
d'un roux traverfé de taches noires ,
longues , inégales , Se comme rompues,
ainfi_ qu'aux Perdrix. Cela fait croire
qu'E lien{ L. XV. ) a entendu par-
ler de quelque oifeau fcmblable à
Y Outarde , quand il a dît , qu'il y a
aux Indes des Perdrix auffi grandes
que des Oies. Les extrémités des ailes
étoient d'un gris-brun. Toutes les
plumes généralement, à la refervedes
grandes , qui font au bout des ailes ,
avoient proche de la peau un duvet
d'un rouge fort vif , Se tirant fur la
couleur de rofe. Le bout du tuyau étoit
auffi de cette même couleur par en
bas. Il y avoit quelques-unes des plu-
mes , qui, outre ce duvet attaché au
bas du tuyau, en avoient un autre,
qui d'une manière fort extraordinaire
fortoit de leur extrémité , le m' ieu
de la plume étant compofé de barbes
fermes Se accrochées les unes aux au-
tres , ainfi qu'elles font aux plumes
qui fervent à voler , Se le refte étant
comme effilé Se divifé en une infinité
de fibres fort déliées.
Le bec étoit d'un gris un peu plus
brun que le plumage de la tête ; il
Tome III,
O U T 305
étoit long de trois pouces , à prendre
depuis l'œil jufqu'à fon extrémité ; il
avoit à-peu-près la forme du bec d'un
Poulet d'Inde , Se ne reffembloit point,
ainfi qu'A L B E R T le dit { Traité des
Animaux , L. XXIII. ) , au bec de
l'Aigle , qui eft fort crochu. Les jam-
bes, & près de la moitié des cuiffes
étoient revêtues de petites écailles de
figure héxagone , dont les plus grandes
n'avoient qu'une ligne en tout fens.
Les doigts des pieds étoient couverts
par deflus d'écaillés en table , longues
& étroites : elles étoient toutes de cou-
leur grife, Se recouvertes d'une petite
peau , qui s'enfevelit comme la dé-
pouille d'un Serpent, Le deflous du
pied étoit revêtu d'une peau picotée
comme du chagrin : il n'y avoit que
trois doigts ; ce qui a été remarqué
par A r 1 s T o t e : à la place du doigt
de derrière il y avoit une callofité de
la groiTeur d'une petite noix. Le plus
grand des doigts avoit neuf pouces &
neuf lignes de long ;les ongles étoient
larges , courts , peu crochus , peu poin-
tus , Se de figure ovale. Mais ce qu'ils
avoient de plus remarquable,c'efl: qu'ils
étoient convexes en-deflbus de même
qu'en-deffus , ce qui rendoit leur fec-
tion lenticulaire. B e L o N (delà Nat.
des Oif. L. IL c. 7. ) dit que l'efpece
d'Aigle , nommée Haiiaïtos , a ainfi
les ongles ronds en-deflbus , de même
qu'en-deflus , contre l'ordinaire des
ongles des autres animaux , qui font
creux, ou du moins plats, Se quarrés
en-deflbus.
Selon Albert, l'Outarde ne fait
point fon nid fur les arbres , parce-
qu'elle n'y peut voler. Mais il y a
encore apparence, comme le dit M.
Perrault , que cet oifeau ne
s'y peut tenir , à caufe de la confor-
mation extraordinaire de fes pieds ,
qui n'eft pas commode pour cela ,
n'ayant point de doigts de derrière ,
Se le deflous du pied étant arrondi ,
Se rempli d'une grofle callofité qui
l'empêche de fe pouvoir percher.
30<î O U T
Aristote dît que VOtis en Scy-
tliie ne couve point fes œufs , comme
les autres oifeaux , mais qu'elle les
enveloppe dans une peau de Lièvre
ou dans celle d'un Renard , & qu'en-
fuite elle les cache au pied d'un ar-
bre , au haut duquel elle fe perche pour
être en garde contre les ChafTeurs,
qu'elle empêche d'approcher en les
frappant de les ailes , comme les Ai-
gles font : ce qui fait voir que le nom
A'Otis eft bien ambigu parmi les An-
ciens , Se qu'il fignifie quelquefois
notre Outarde , & quelquefois un au-
tre oïfeau, qui en eft bien différent ;
car l'Outarde n'eft point capable ni
de fe percher fur le haut d'un arbre ,
ni de fe battre contre les Chaffêurs.
Casaubon ( Anim. L. IX. c. 10. ) re-
marque aulïi fur Athénée , que YOtur
des Anciens , qui eft la Demoifelle de
Numidie, a été confondu avec VOtis.
De la defeription extérieure de VOu-
tarde , M. Perrault paffe à l'ana-
tomie intérieure de cet oifeau. Voici
comme il s'exprime : Le trou de i'o-
rtiile , dont on prétend que la gran-
deur a donné le nom à cet oifeau ,
n'avoir rien d'extraordinaire. Enquel-
ques-uns de nos fujets il étoit cou-
vert de plumes allongées un peu plus
que les autres ; mais elles ne forrnoient
point de longues oreilles , comme en
la Demoifelle de Numidie , qui , félon
nos conjectures, eft le véritable Otus
des Anciens , Se que l'on confond avec
VOtis , ainfi qu'on le fait voir dans la
defeription de la Demoifelle de Numi-
die. Le foie étoit fort grand , le lobe
droit ayant en quelques-uns de nos
fujets jufqu'à cinq pouces; en forte qu'il
defeendoit jufqu'au bas du ventre : il
étoit d'une fubftance ferme Se d'un
rouge vermeil. La véficule du fiel ,
qui étoit cachée fous le lobe droit ,
n'étoit attachée au foie que par fa par-
tie fupérieure , qui étoit comme fon
col:lerefte pendoit, étant dégagé du
foie, 3c étoit adhérant par en bas à l'in-
teftin jéjunum : elle avoit deux pouces
O U T
Se demi de long, 8c un pouce de large,
étant de figure ovale. Le canal êylti*
que , en quelques uns de nos fujets,
étoit court, pareequ'il Jortoit du fond
de la véficule , 8c s'alloit inférer à la
partie fupérieure du jéjunum- En d'au-
tres , ce canal étoit plus long , paree-
qu'il fortoit de la partie fupérieure
de la véficule proche de fon coi, âc
s'inféroit au même endroit que les au-
tres qui étoient plus courts. Le canal
hépatique fortoit proche du col de la
véficule, Se s'inféroitaufliau jéjunum,
deux pouces plus bas que le cyftique ,
feulement aux 'fujets où le cyftique
fortoit du col de la véilcule : aux au-
tres il étoit inféré immédiatement au-
deflbus du cyftique , ainfi qu'il eft or-
dinairement à la plupart des oifeaux.
La fubftance de la ratte étoit mollaffe
& d'un rouge brun : elle étoit faite
comme le rein des animaux terreftres,
8c elle avoit feulement dix lignes de
long fur fix de large. Le pancréas étoit
placé dans la première circonvolution
des înteftins dans laquelle il defeen-
doit à l'ordinaire : fa fubftance étoit
dure Se d'un rouge pâle ; il étoit fort
mince par fa queue, Se fort épais par
fa tête , d'où fon canal fortoit , qui avoit
feulement cinq lignes de long. En l'un
de nos fujets , il y avoit deux canaux
pancréatiques qui fbrtoient du même
pancréas ; en un autre , il y avoit deux
pancréas , qui avoient chacun leur ca-
nal. Ces canaux s'inféroient tous aa
voifinage des cyftiques , ayant chacun
une entrée féparée ; mais elles étoient
toutes couvertes par une même ap-
pendice , en forme de mammelon,
qui paroîiïbit être un repli de la mem-
brane interne de Pinteftïn.
Aristote, dans Athénée,
remarque que l'Outarde n'a point ds
jabot. Dans nos fujets l'œfophage étoit
étroit parteut , il s'élargifioit feule-
ment, Seprenoîtde I'épaîfièur un peu
avant que de fe joindre au gélier t
ce qui contenoît environ l'efpace de
deux pouces. Il y avoit en cet en-.
O U T
flroît une grande quantité de glandes
enfermées comme les deux membranes
de l'œfophage. Ces glandes étoient ar-
rangées comme les alvéoles des Mou-
ches à miel; chacune étoir percée félon
fa longueur , formant un petit canal ou
tuyau : la figure de toute la glande
étoit conique 8c de la grofleur de plus
d'une ligne par un bout , Se de la
longueur de deux allant en pointe. Ces
glandes étoient couchées l'une fur l'au-
tre , en forte qu'on ne voyoit paroltre
que le gros bout , où étoit l'ouverture
du petit canal. La membrane interne
de l'œfophage , qui étoit couchée fur
ces petites glandes , étoit fi mince ,
qu'on les voyoit paroître au travers ,
&:que lorfqu'on les preffoit, elles fai-
foient fortir une liqueur qui paroiiîoit
auffi fortir au travers de la membrane.
Cette membrane étoit encore recou-
verte d'une autre qui s'étendoit dans
toute la cavité du géfier , de même
que dans celle de l'élargiffement de
l'œfophage où étoient les glandes.
Cette dernière membrane tenoit lieu
du velouté , qui revêt ordinairement
le dedans du ventricule des animaux.
Cette ftru&ure de la partie inférieure
de l'œfophage Se cet amas de glandes
fe trouvent dans la plupart des oifèaûx;
mais ils ne fe voient pas pour l'ordi-
naire fi diftinftement que dans l'0«-
tarde. Arantius, qui a fait la dif-
feftion d'une Outarde , appelle ces
glandes de l'œfophage des caroncules ,
Se dit qu'elles font rondes; mais il y
a apparence qu'il n'a vu ces glandes
qu'au travers de la membrane interne
qui ne laiiTe voir que le gros bout de
chaque glande , qui eft arrondi ; le
refte qui s'allonge , Se fait une pointe ,
étant caché fous les autres glandes.
Le géfier étoit long de quatre pou-
ces , Se large de trois : il paroiiîoit ,
avant que d'être ouvert, affez fem-
blable au géfier des Poules à caufe de
fa dureté , qui , dans les Poules , vient
de l'épaifïcur de la partie charnue.
Mais dans toutes nos Outardes cette
O U T 307
partie charnue étoit fort mince, n'ayant
pas plus d'une ligne d'épaiffeur; & toute
la dureté qui fe remarquoit dans ce
géfier , avant qu'il fût ouvert , ne ve-
noit que de la membrane interne qui
étoit non-feulement épaifle & dure ,
mais qui avoit des plis Scdesgodrons
en plufieurs façons ; chaque godron
étant frifé Se replifTé ,• ce qui occupoit
beaucoup de place. Cette membrana
du dedans du géfier pliiTee Se godron-
née , étoit d'un jaune doré , & elle n'a-
voit point de continuité avec la mem-
brane étendue fur les glandes du jabot»
qui étoit blanche ; mais elle en étoit
féparée , comme feroient deux dou-
blures coufues bout à bout l'une de
l'autre : elle étoit auffi aifément fépa-
rée de la partie charnue du géfier. Ce
géfier étoitrempli de pierres & de dou-
bles : il y avoit des pierres qui étoient
de la groffeur d'une noix. Dans l'un
des fujets , on a trouvé jufqu'à qua-
tre-vingt-dix doubles ufés & polis
par l^ur frottement mutuel , 8c par ce-
lui des pierres qui étoient mêlées avec ,
fans aucune apparence d'érofion ; ce
qu'il étoit aifé de juger, de ce qu'ils n'é-
toient ufés qu'en leurs parties gibbeufes
Se éminentes , les parties caves étant
demeurées entières 5c fans polifiure ,
puifqu'elles n'avoient pû être touchées
Se frottées comme les autres. On ne
voyoit aulfi aucune marque d'érofion
dans ces parties, n'étant ni rouillées ,
ni âpres , ni inégales. On a trouvé dans
l'un des fujets , le ventricule rempli
d'une grande quantité de foin. Athé-
née dit que les Outardes ruminent.
Dans un Perroquet , qui eft un oifeau
que l'on voit remâcher ce qu'il a déjà
avalé , nous avons remarqué deux ven-
tricules féparés l'un de l'autre par un
long conduit ; ce qui femble être fait
pour cet ufage de la rumination ; mais
nous n'avons rien trouvé de femblable
dans i'Outarde. Les inteftins avoient
quatre pieds de long , fans compter
les deux cœcums , dont le droit avoit
un pied , 8c le gauche onze pouces i
3 o8 O U T
ce quî n'eft pas une grande longueur
pour un animal qui mange du foin. Les
deux cœcums fortoient à l'ordinaire de
l'endroit où le colon fe joint à Yileon ,
à la diltance de fept pouces de l'anus :
ils ne tendoient point de haut en bas ,
àirtfi qu'A iuntius dit l'avoir ob-
fervé , mais de bas en haut , ainfî qu'on
le trouve aux autres oifeaux'. La tu-
nique interne de Vileoa étoit pliflée fé-
lon fa longueur, à la manière du der-
nier ventricule des animaux qui ru-
minent ; elle avoit vers l'extrémité de
cet inteftin quelques rides en travers
qui lui tenaient lieu de la valvule du
colon. A la diftance d'un pouce de l'a-
nus, l'inteftin fe rétrécifioït ,& enfui te
fe dilatoit , faifant une poche capable
de contenir un œuf. Les deux uretères
s'inféroient dans cette poche. Vers fon
milieu on découvroit un petit trou,
qui conduifoit dans un fac qui étoit
comme un troîfieme cœcurn , que l'on
appelle vulgairement la Bourje de Fa-
brice , du nom de celui qui l'a pre-
mièrement décrite. Cette bourfe ou
fac avoic deux pouces de long fur trois
lignes de large à fon commencement ,
Scelle étoit un peu plus étroite vers fon
extrémité. Au-deifus du trou , qui du
milieu de la poche pénétroit dans le
troîfieme cœcurn , il y avoit un repli
de la membrane interne de la poche,
quî fervoit apparemment de valvule
capable d'empêcher le reflux vers le
haut du rettum , Se de favorifer l'en-
trée dans le troîfieme cœcurn. Cette
obfervation d'un troîfieme caecum eft
contraire à ce qu'A risiote a
remarqué aux înteftins de VGutarde ,
qu'il dit avoir moins d'appendices à
leur extrémité inférieure , que les au-
tres oifeaux n'ont coutume d'avoir.
Les reins avoient trois pouces de
long : ils étoient recoupés fort pro-
fondément entrais lobes , à l'ordinaire
des oifeaux. Leurs vaifleaux étoient
aufli difpofés comme dans les autres
oifeaux » à la réferve de deux artères
crurales qui font doubles ordinairement
O U T
& quî ont coutume de pafTer toutes
deux par deflus le rein ; car dans nos
fujets , il y en avoit une, qui palToït
pardeflus , &une autre qui pafToit par
detTous , pour aller dans la cuifte.
Chaque refticule avoit fix lignes de
long fur deux de large , ayant la fi-
gure d'une petite amande , d'une fub-
ftance a(Tez ferme & fort blanche. L'é-
pididyme , qui étoit parfaitement noir.
Se de même figure que le tefticule ,
avoit quatre lignes de long fur deux
de large. Outre les deux tefticules ,
il s'eft trouvé dans l'un de nos fujets
un corps glanduleux qui fembloit en
être un troifieme : il avoit neuflignes
de long fur fix de large, de couleur
d'olive. Le canal déférant, qui fortoit
de l'extrémité de l'épididyme de cha-
cun des deux vrais tefticules fe glif-
foit fur la veine émulgente , à laquelle
il étoit attaché , Se defeendoit fur le
rein le long de l'urétere. A la lèvre fu-
périeure de l'anus , il y avoit une pe-
tite appendice , qui tenoit lieu de la
verge. Entre tant de fujets diffère ns
que nous avons dilTéqués , îl ne s'en
eft point rencontré de femelle.
La langue n'étoit point oiTeufe , aînfi
qu'AsuSTOTE l'a décrite dans Athé-
née : elle étoit charnue en "dehors ,
ayant en dedans un cartilage attaché
à la bafe de l'os hyoïde , comme à la
plupart des oifeaux. Ses côtes étoient
hériiTés de quelques pointes d'iinefub-
ftance moyenne entre la membrane Se
le cartilage. Les anneaux de i'âpre-
artere étoient entiers. En quelques-
uns des fujets il y avoit de chaque côté
une caroncule ou glande rouge, immé-
diatement attachée à l'âpre-artere , &
aux carotides , par le moyen d'un
rameau de la grofTeur d'une grofle
épingle ; ce qui eft allez ordinaire
aux oifeaux. Le cœur a voit deux pouces
& demi de large. Le fac qui forme la
valvule charnue qui le rencontre or-
dinairement dans le ventricule droitdu
cœur des oifeaux , à l'entrée de la veine
cave » avoit quatre lignes de profoiV:
O U T
deur. La chair du ventricule gauche
étoit épaifîe de cinq lignes vers fabafe ,
Se d'une ligne vers fa pointe.
Dans l'oeil , la membrane felérotique
avoit un rebord cartilagineux en de-
vant , large d'une ligne , qui faifoit
comme un cercle autour de la cornée.
L'uvée étoit rougeâtre Se parfemée
d'un grand nombre d'artères , de veines
Se de nerfs. L'iris étoit de couleur
îfâbelle. Le cryftallin avoit trois lignes
de diamètre : tout le globe de l'œil en
avoit neuf. Le nerf optique ayant pé-
nétré au dedans de l'œil , s'applatitîoit
Se formoit un rebord blanc de figure
ovale, longue Se étroite , d'où fortoit
la membrane noire en forme de bourfe ,
qui va s'attacher à côté vers le bord
du cryftallin. Cette membrane eftplus
particulièrement décrite Se figurée dans
la defeription de l'Autruche. Dans le
palais Se dans la partie inférieure du bec,
qui eft comme une mâchoire inférieure,
il y avoit fous la membrane qui revêt
ces parties plufieurs corps glanduleux ,
qui l'ouvroient dans la cavité de la
bouche par plufieurs tuyaux fort vifi-
blcs. Voilà la defeription anatomique
de {'Outarde, telle qu'on la lit dans les
Mémoire/ de l' Académie des Science t.
On lit dans le Tome III. de la Suite
de la Matière Médicale , p. 373. &
fuiv. des éclairciffemens irnportans fur
cet oifeau , qui ont été communiqués
aux Auteurs dudit Ouvrage par M.
Navier , Docleur en Médecine , Mé-
decin de Châlons-fur-Marne , Affbcié,
Correfpondant de l'Académie Royale
des Sciences de Paris , connu très J avan-
tageufement dans la République des
Lettres. Les Outardes , dit-il , habi-
tent ce pays-ci (les environs de Châ-
lons) l'été & l'hiver. En hiver ces 01-
feaux font répandus dans nos plaines
en grandes bandes ; lorfqu'elles font
à terre il y en a toujours une au
moins un peu éloignée de la troupe
qui fait fentinelle , ayant toujours la
tête élevée pour avertir les autres ,
quand quelqu'un paroîr. , & comme
O U T 309
elles ont beaucoup de peîne à s'éle-
ver , étant obligées de courir un peu
loin en battant des ailes , elles s'y
prennent de bonne heure. On les prend
à l'hameçon , en y attachant de la
pomme ou de la viande , ou au fufil
en fe cachant derrière quelque émi-
nence, ou bien dans une voiture de
paille ; elles s'attrapent auffi avec de
bons Lévriers, qui fouvent les pren-
nent avant qu'elles fe foient élevées
de terre , ou lorfqu'elles en font encore?
à peu de diilance. L'été, cesoïfeaux;
s'accouplent , n'y ayant qu'un mala
appellé Rond pour une femelle ; Se
s'il s'y en trouve quelqu'un de dé-
pareillé , ils fe battent jufqu'à ce. que
le plus foible refte fur la place. On
trouve de temps en temps de ces vic-
times de l'amour fur le champ de ba-
taille. Ils font leur nid dans les terres
en friche , Se fe contentent de creufer
un peu la terre pour y placer deux
œufs feulement, quelquefois ils y met-
tent un peu de chaume, ou de vieille
pai.le. Ils ne font qu'une ponte par an.
Les œufs font gros comme ceux du
Cygne , blancs , avec quelques taches
ronfles au gros bout. La ponte fe fait
fur la fin de Mai Ou en Juin. La cou-
vaifon eft d'environ cinq femaines ,
comme celle des Dindes ; les petits
courent comme les Poulets auffî-tôt
qu'ils font éclos. Les Outardes s' affem-
blent au mois d'Octobre , Se vont de
compagnie jufqu'au mois d'Avril : elle»
fe nourrilTent de Grenouilles , de Sou-
ris , de Mulots , de petits oiftaux , Se
de dîrTérens infeftes ; elles font forï
carnafîieres ; cependant l'hiver elles
mangent les feuilles de navets T de
choux, Sec. La durée de leur vie eft
d'environ quinze ans : on ne leurcon-
noît point de cri ordinaire , que quel-
que chofe qui approche du cri du Cor-
beau. Cesoïfeaux n'ont que deux fortes
de chair, à-peu-près comme le Din-
don , une blanche Se une un peu bru-
ne , dont les fibres font plus courtes ; ce
qui k rend délicate ; celle-ci fe çtqwy*
3 io O U T
le long des cuiffes Se de la earcaffe ;
il n'y a pas même grande différence de
faveur ; c'eft ce dont conviennent una-
nimement tous ceux qui en ont mange.
Nous regardons à-peu-près cet oifeau
comme un Dindon , Se nous n'en fai-
fons gueres plus de cas , fi ce n'eft
quand il eft mis en pâte.
Beion remarque que l'Outarde
reffemble fi fort à la Cane Pétiere ,
qu'il n'y a point de différence entre
elles , (mon en grandeur. Willughby
regarde auffi notre Cane Pétiere com-
me une efpece d'Outarde, 8cM.Ki.xis
( Ofd. Av. p. 18.) , ne fait point de
difficulté de l'appeller Tarda Nana,
comme qui dno\t petite Outarde. "L'Ou-
tarde , dit le même Auteur , eft un
oifeau élégant , affez connu dans no-
tre pays ( à Dantzic ) , très-nuifible aux
légumes en automne & en hiver, qui
a la tête Se le col cendrés , Se le ventre
blanc , varié furie dos de lignes rouffes
& noires qui traverfent. Le mâle fait
la roue avec fa queue , comme le Coq
d'Inde , dans le temps de l'amour. La
femelle ne pond que deux œufs par cha-
que couvée , communément dans un
champ d'avoine , au-deffus duquel elle
peut montrer fou long col, tandis qu'el-
le couve. Lorfqu'elle loupçonne qu'on
veut les lui dérober , elle lestranfporte
fous fes ailes dans un autre endroit.
Quand elle fe met en colère , elle enfle
la peau , qui lùi pend tant foit peu
au-deffous du bec. Nos Outardes dif-
férent en quelque chofe de celles d'An-
gleterre Se de France.
L'Outarde n'habite pas feulement
en Champagne , mais auffi en Poitou ,
& un Poitevin digne de foi nous a ra-
conté qu'un jour en hiver , que la cam-
pagne étoit toute couverte de neige
Se de frimats , un de fes domeftiques
trouva le matin une trentaine d'Ou-
tardes à moitié gelées , qu'il amena à
la maifon , les prenant pour des Din-
dons qu'on avoit par mégarde laiffé
coucher dehors. Maïs quand ces oi-
feaux furent dégelés , on fut agréa-
O U T
blement furpris de voir que c'étotenr.
des Outardes. C'eft un fait affez fin-
gulier , mais qui eft arrivé plus d'une
fois.
Denis, dans fon Hifloire de V A~
merique , dit que Y Outarde ne pond que
de deux ans en deux ans , Se que l'an-
née qu'elle ne pond point elle fe dé-
plume ^ qu'elle ne pond qu'à quatre
ans , & qu'elle fait d'une feule couvée
quinze à feize œufs dans des III es ou
des marécages , à terre Se quelquefois
fur des arbres. 11 ajoute que les Outar-
de aux éclos fe mettent fur le dos de
leur pere , qui les porte à l'eau , &
que la nuit la m^re les ramené à terre
pour les couver. D'abord cette Rela-
tion nous embarraffoit , difent les Au-
teurs de la Suite de la Madère Médica-
le , Se nous penfions que Denis s'étoit
trompé ; depuis nousavons appris qu'à
Québec Se aux environs les Canadiens
nomment Outarde une efpece d'Oie
noire Se blanche , que Willughby
Se K a y app e lient Oie de Canada.
Les vraies Outardes font fort rares
dans bien des pays, & elles n'y vien-
nent que dans les grands hivers , lors-
que la terre eftreftée long-temps cou-
verte de neige : alors la faim les chaffe
de leur pays natal , Se elles maigriffent
tellement , que les plus groffes pefent
à peine douze à quatorze livres. Selon
Pierre Gyllius, d'après Oppien,
l'Outarde aime autant le Cheval, qu'el-
le abhorre le Chien : auffi fe fert-on du
Cheval pour l'attraper. Les Pécheurs
recherchent les plumes de cet oifeau
pouramorcerlespoiffons,qui font trom-
pés par l'apparence des Mouches que
ces plumes repréfentent, On peut en-
core s'en fervir pour écrire , comme de
celles des Oies.
illugkby , dans la courte
description qu'il fait de l'Outarde ,
dit qu'elle fe nourrit de grains , de
graines d'herbes, de Choux, de feuilles
de Piffenlit , Sec, qu'elle fe trouve
en Angleterre dans les belles cam-
pagnes, fituées près des Bourgs de
O U T
Nevmarket Se de Royfton , dans le
Cambridgeshire & la Province de Suf-
folcfc ou ailleurs, dans de vaftes plaines.
Suivant le témoignage d'H ector
B o e T i u s , dans la Marche Se en
Eco fie , il naît des oifeaux , nommés
Guflarder en terme du pays , fembla-
bles aux Perdrix pour le plumage ,
mais qui furpaffent les Cygnes par le
volume du corps, Quelques-uns difent
qu'on peut les prendre à la main ,
avant qu'ils puifTent s'envoler ; mais
quoique les Outardes demandent du
temps pour pouvoir s'élever de terre,
elles fè montrent cependant chez nous
fort timides & circonfpecr.es , ajoute
WiLLUGHBY.en forte qu'elles ne fe
laifTent point approcher , Se que quand
elles voyent un homme de loin, elles
prennentincontinentla fuite. Selon Al-
DRO VANDE, ces oifeaux ne fe ren-
contrent point en Italie , à moins que
la tempête ne les y apporte par ha-
zard ; mais Willughby rapporte
que dans fon voyage d'Italie il a vu à
Modene une Outarde expofée en vente
au Marché , ce qui lui a fait foupçonuer
que cet oifeau n'eft pas rare dans ce
pays-là. Ceux qui en ont voulu nour-
rir, rapportent qu'il meurt de chagrin
de fe voir privé de fa liberté. Il s'é-
touffe lui-même , en retirant fon fouf-
fle Se s'empêchantla refpiration. Albin
(Tome III ■ n. 38. & 39.) dît que M.
DouOLASa remarqué que le mâle
avoit deux eftomacs , dont l'un eft
pour la nourriture, Se l'autre fert de
réfervoir d'eau , pour lui fournir de
quoi boire , pareeque ces oifeaux fe
nourriffent dans des bruyères éloignées
des lacs Se des rivières. Les Outardes
viennent des pays Septentrionaux &
des Alpes en Champagne Se en Poitou.
On en voit en grand nombre en Ef-
pagne. Les Sauvages fe font des robes
des plumes d'Outardes.
L'Outarde contient beaucoup de fel
volatil. Cet oifeau eft d'ufage en ali-
ment 8c p=iffr pour un mander délicieux,
fur-tout quand on le choiiit jeune ,
O U V O U Y 31*
tendre Se gras , ou bien en chair ; mais
comme il eft affèz rare Se fort cher , iî
n'y a gueres que les gens riches qui en
puifTent faire ufage. 11 fournit un bon
fuc Se de facile digeftion. Il convient
à toute forte d'âge Se de tempéra-
ment.On ne fe fertde l'Outarde en Mé-
decine qu'extérieurement. Sa graille
eft anodine & réfolutive. On s'en fert
en Uniment , pour fortifier les nerfs
pour calmer la douleur des hémorrhoï-
des , & contre la furdité , étant intro-
duite dans l'oreille. Sa fiente eft réfo-
lutive & propre pour la galle.
Les Auteurs qui ont écrit fur l'Outarde,
font L É m e r y , p. 643 . G ë s n £ r , de Avtb.
p. 484. B e l o n, de la Nat. des Oif. p. zjé*
AlijROVanuk ) Ornhh. 1. p. S 1 ). Schwenck-
fèld , Av. Silef. p. îîf. Jonston , de Avtb.
p. 41. Charleton, Onom. Zoic, p. 75.
Wl L lu g H b Y , Ornith. p. 1 xg. Ray , Synop,
M.th.Av, p. 58. & les autres.
O U V
OUVRIERES, nom donné aux
Abeilles auxquelles on ne trouve point
de parties fexuelles , parties qui font
fort diftinftes refpeftivement dans les
mâles Se dans les femelles. Voyez au
mot ABEILLE.
O U Y
OU Y R A O VAS S OU, grand
oifeau de l'Amérique, dont parle Laet
(Ind. Occident. L. XVI. c. 1.3.). Les
Sauvages , dit-il , ont coutume de don-
ner à tous les oifeaux le nom à'Oura ,
oud'Ouyra. Celui-ci eft prefque plus
grand du double qu'une Aigle. U eft
couvert de très-belles plumes. Ses on-
gles font aigus; fon bec eft fort, On a
vû une plume des ailes de cet oifeau,
qui avoit plus d'une aune de long r
elle étoit d'une très-belle couleur s
marquée de taches rondes, comme les
plumes des Poules d' Afrique. Cet oi-
feau eft fi fort qu'il rue lui feul Se dé-
chire une Brebis. 11 lui eft facile de
terraffer un homme ; il fait la chafTe
aux Cer's. VoilA ce que nous apprend
Ru ï $Cn{de Avib. p. 125.)» d'après
O X Y
Laet, de VOnyra Ovajfou , qui peut
bien être cette efpece de Vautour
nommé Cuntur. Voyez ce mot.
O X Y
OXYLIPARON; Les An-
ciens , dit G e s n e R (de Aqitat. p.
771.) > donnoîent ce nom àTafTaifon-
nement qu'ils faifoient au poilton que
l'on fervoit fur leurs tables.
OXYRHYNCHOS:Ce nom
eft Grec , Se eft donné à des poiflbns
qui ont le bec pointu , Pifces Oxyrhyn-
ckt. Ronde 1. et( Part. II. chap. 1 7.
p. 141. Edit. Franc. ) dit qu'on en
trouve de huit coudées de long dans
un lac voifin de la mer Cafpienne. On
les vend defféchés Se Talés. On fait de
la farine avec la graille de ce poif-
fon , Se les entrailles cuites fervent de
colle.
Il y a , dit le même Auteur, un au-
tre Oxyrhynchus du Nil , que les Pê-
cheurs fe gardent bien de prendre ,
l'ayant en grande vénération.
Il parle encore d'un Oxyrhynchus de
la mer Rouge , qui a la bouche fort
longue , les yeux reluifans comme de
l'or, & des marques pâles au dos ; fes
premières nageoires font noires ■ cel-
les du dos font blanches. La queue
eft longue Se verte , Se il y a une ligne
O Y E O Z T
dorée dans le milieu. Rondelet
n'ayant point vu de ces poiiTons, n'en
donne pas la figure.
Il y a un poilïbn qu'on nomme Hau-
tin à Anvers. 11 a le bec long , menu ,
fort pointu , mou & noir. Il eft nom-
mé Oxyrhynchus par RoNDELET,&
G e s N e r ( de Aqttat. p. 771-) croit
que ce Haitùn eft le Schw.il des Al-
lemands , Se le Snepel des Hollandois.
Il dit auffi que le Muge de mer, de
lac Se de rivière , eft nommé Oxyrhyn-
chus- par Diphilus, comme on la
voit dans Athénée.
O Y E
O Y E , oîfeau aquatique. Voyez
au mot OIE.
O Z T
O Z T O A : C'eft une efpece d«
Renard des Indes , dit R u y s c h C de
Qjtad. p. 94 ) , d'après N 1 e r e m-
b e r g , Hijb. Exot. L. IX. c. 1 o. Cet
animal eft de la figure & de la gran-
deur de nos Renards : fon poil eft blanc
& noir, Se en quelques parties roux.
Il fe retire dans des fofies , & il élevé
fes petits dans des trous de terre.
Quand il ne peut éviter la main du
ChaOeur , il la mord cruellement , & il
contrefait le mort.
PAC
PAC PAG
W~\ A C , nom que les Perfans don-
nent à une espèce d'Aigle de
mer , nommée en Afrique Ma-
r oly. Voyez ce mot.
PACA, forte d'animal femblable
à un petitPourceau de deux mois. 11 y
en a une grande quantité dans Le Bré-
sil , Se quelques-uns font blancs com-
me la neige. Leur chair a peine à cui-
re. Les blancs fe trouvent principale-
ment auprès des rivages de la rivière
de Saint François , Se fort rarement ail-
leurs. M. B r i s S o N ( p. 1 44. ) le met
dans le genre du Lapin , Se le nomme
Cuniculus caudams , auritiis , pilis obj-
curè fuïvis , rigidif , limis ex albo Jla-
vefeentibus ad latera difiinÙis, M.
Klein ( Dif'p. Qnad. p. 50. ) le ran-
ge dans la famille des Tétradactyles ,
Se parmi les Cavia , petits animaux ,
dit-il , que les Portugais nomment
Ratos-do-Matto , qui habitent les bois,
ont le poil Se la voix du Pourceau ,
appelles Porcelli Se Cunicitli Amcri-
cani , parecqu'ils fe retirent drns des
irons , ou dans des arbres creux. Le
Paca a depuis le bout du toufeau juf-
qu'à la queue environ un pied de long.
Sa tête eft grofte , Se a quatre pouces
de large depuis les narines jufqu'à l'oc-
ciput : fa mâchoire inférieure eft plus
courte que la fupérieure. Cet animal a
une grande barbe de Lièvre , des oreil-
les pointues Se très-courtes , ainfi que
la queue ; les jambes de devant font
un peu plus courtes que celles de der-
rière : il a cinq doigts à chaque pied,
le doigt intérieur des pieds de devant
eft très-petit, & articulé plus haut que
les quatre autres : les trois doigts du
milieu des pieds de derrière font les
plus grands ; mais l'intérieur eft encore
plus petit, Se articulé plus haut que
l'extérieur. Son corps eft couvert de
Tome III.
poils courts rudes au toucher , d'un
fauve foncé deffus, avec trois bandes
étroites longitudinales de chaque côté,
qui font d'un blanc jaunâtre , Se le refte
du corps en deiTous eft de la même cou-
leur. Un le trouve à la Guiane Se au
Brèûi. C'eft le même animal dont j'ai
parlé au mot COATI AS, Tome L
p. 660. de ce Dictionnaire. Les Guianois
le nomment Gurena Se Pax. M. Bar-
rere( Hift.de la France Eùttin. p. 1 5 2 )
l'appelle Cimiculus major paluftris,j ~aj-
ciis aibis nota tus. R a y ( Synop. Qnad.
p. ix6.) lui donne le nom de AliisBra-
fditnftsmagnits,Porcelli pilis & voce s Se
il eft nommé Paca par Marc Grave,
Hift. Brafd. p. 224. ainfi que par Jons-
ton , Quad. p. iii. Se par Pison,
Hi(l. Nat. p. tôt
PACO, ouPACOS,Brebisdu
Pérou , un peu plus grande que nos
Brebis, Se plus pLtite qu'une Géniffe.
L lie a le col long, comme les Cha-
meaux , les jambes longues & le corps
bien proportionné : il y en a de blan-
ches , de noires , de minimes , Se d'au-
tres bigarrées de différentes couleurs,
appellées par les Indien:; Moromori ,
ou Moromoro. Leur chair eft bonne ,
quoique groffieve, Se eft beaucoup meil-,
leure Se plus délicate que celle de
l'Agneau. 11 eft rare qu'on tue ces
animaux , à caufe que leur laine fert à
faire des étoffes , & qu'elles font plus
de profit à porter des fardeaux. On les
voit quelquefois en troupes de plus de
trois cents Se même de mille enfem-
ble , chargées de toutes fortes demar-
chandifes, dont elles portent pour l'or-
dinaire cent livres pefant , Se quelque-
fois .jufqu'à cent cinquante, félon le
chemin qu'elles ont à faire ; elles ne
font que trois ou quatre lieues par
jour , Se leurs Conducteurs favent les
Rr
3 i4 PAC PAG
lieux où il y a abondance de pâture
Se de l'eau pour ces bêtes : ils y dref-
fent des tentes , Se déchargent leurs-
fardeaux. Quand il n'y a qu'un jour de
chemin , elles font huit ou dix lieues
& portent deux cents livres pefant, H y
en a que la force du travail fait cou-
cher par terre avec leurs charges, fans
qu'on les puilfe faire lever ni par me-
naces , ni avec les coups. Ces animaux
fè plaifent dans les lieux froids. Us
multiplient beaucoup dans les monta-
gnes , Se meurent dans la plaine par
trop de chaleur. R A y { Sytwp-, Anim-
Qttad. p. 147.) parle de cette efpece
de Brebis , Se M. L 1 n n m u s ( Syfi.
Nat. Edit. 6. p. 29. fpec. 4. ) , qui la
met dans l'ordre des Pecora ,. Se du
rang des Chameaux, la nomme Came-
lits gibbis nulles. Cet animal eft chez
M. K l e 1 n f Difp. QuM. p- 4*- ) dans
la famille, des Didactyles. C'eft l'OWx
Chilenfis de J o n s t o N , Qitad. p. 46".
& de C H a r l e t o N , Exerc. p. 9.
VOvis Veruana de Marc Grave,
jj. 244. & d'H ERNANDEZ, Jilft.
Mexic. p. 66t,,
PACQUIRES, forte d'ani-
maux ,, qu'on trouve dans l'Irte de
Tabago, & que les Sauvages de la
Terre-Ferme ont ainfi nommés. C'eft
une efpece de Porc. Ils ont le lard
fort ferme, peu de poil & le nombril
fur le dos.
PAG
PAG : C'eft une bête fauvage qui
fe trouve dans le Bréfil , qui eft d'une
moyenne hauteur, Se de la grandeur
d'un Chien de quête : fa tête eft extrê-
mement difforme, & fa peau Fort bel-
le ,. mouchetée de taches blanches ,.
grifes Se noires. Le goût de fà chair
approche de celui qu'a la chair de
Veau.
PAGANELLE, ou PAGA-
NE LLO , nom que les Vénitiens
donnent à une efpece de Goujon de
mer , qui eft mis dans le rang des poif-
£ons, à. nageoires: épjneufes », Fijces;
PAG
acanthopterygiïy Se qu'ARTEDi (Ichth;
Parc. V. p. 46. ) nomme Gobius knék
lut eu tranjverja in j'ummo pinna dor-
falis primâ. C'eft le Boitlerot, ou Go«,
jon de mer de R O N D E L E T. Voyez 1
BOULEROT Se GOUJON
DE MER.
PAGE DE LA REINE: Les
Holiandois donnent ce nom à un beau
Papillon de Surinam , qui vient d'une
Chcuille toute couverte de pointes ,.
au bout dcfquelles pend une toile
toute noire. On voit la Chenille Se le
Papillon qui en provient repréfentésà
la Planche XL111. de YHifiuire des In~
jeties de Surinam , par M c Merian.
P A G E L , poilfon de mer à na-
geoires épineufes , mis dans le rang des
Spares par Artedi, Ichth; Parc. V.
p. 59. n. 5. H le nomme Sparus tôt ut
rubens , iride argenteâ. C'eft l'Èpû^noç
d'A R I S T O T E , L.1V.C. II. L. Vf.
c . 1 3 . d'A t h ê n i e , L. VIL c. 3 00.
Se d'O P P i E N , L. I f. i.c8. nommé
en Latin Erythrinus , Se Erythinus par'
Ovide, Mal. v. 104. de même que 1
par Pline, L. IX. c. 16. & 53..
L. XXXIL c.t).& i-o. par B e L o N „
de Pifcib. par G E S N E R , de Aqiiat,.
p. 435. par Jonston , L. L c. 1.
par Wiliughbt, p. 311. par Ray,,
p. 132. n. <f. par Charleton,,
p. 140. Se par Aldrovande , p. 154..
Gaza ( L. XXXII. c. 9. ) a traduit
le mot Grec par Rubeliio, A V 'enîfe:
on nomme ce poîflbn Albora Se Al—
boro i en Ligurie , Pagro s à Rome ,,
Frangolino ScFragolino. Les Grecs mo-
dernes , dit Ronde l et (L. XV,
c. \6. p.. 128. Edit. Franc. y, le nom-
ment A'.dpaov. II y en a qui le confon-
dent avec le Pagre. Selon le même
Naturalifte, il ne faut pas aufli le con-
fondre avec le Rouget, Auïstote
marque que le Pagel vît dans la hau-
te mer , Se Ofpien dît proche des*
rivages. L'un Se l'autre ont raifon.
Dans* l'hiver , il ne quitte point la :
haute mer,.& l'été , il vient proche
des rivages ,.où on le pêche. Il eUrouje;
PAG
en couleur , tirant fur le rouge. Son
ventre eft blanc. Parla forme du corps,
la fituation & le nombre de fes na-
geoires . de fes aiguillons & de fes
ouïes , il reflemble au Pagre, Il a le
mufeauplus pointu & plus étroit, le
corps moins iarge , les yeux grands ,
deux taches dorées , la bouche petite,
les dents fort petites, rondes & poin-
tues. La chair de ce poiflon eft blan-
che ; le foie eft bLanc Se rouge, le fiel
y eft attaché , & la ratte eft d'une cou-
leur entre -.rouge Se noire. 11 a des
pierres dans la tête. On ne diftingue
point le mâle d'avec la femelle. R o n-
d f. l e T dit que tous les F âge! s font
femelles, pareequ'on les trouve pleins
d'œufs. On en pèche en été , Se peu
en hiver , pareequ'ils font dans la hau-
te mer. Quand le Pagel eft vieux , il
n'eft pas fi rouge que lorfqu'il eft
jeune , Se alors il reflemble au Syna-
gris ; mais on diftingue l'un de l'au-
tre par les dents Se par les Riches. Le
Pagtl pafloit chez les Anciens pour un
portion ni bon , ni mauvais ; cependant
il eft meilleur que bien d'autres poif-
fons. Au rapport de Rondelet, il
engendre un bon fuc , il nourrit bien-,
il n'eft point de dure digeftion , Se il ne
lâche pas le ventre.
PAG G ERE, nom que les Por-
tugais donnent à un poiflon teftacée
du Cap de Bonne-Elpérance. 11 a , dît
KoLBE ( Defcript. du Cap de Bonne-
Efpêrance , Tome III p. i 5 3 . ) , fur Ja
tête une efpeee de corne , ou de pi-
quant fi venimeux , que ft la main en
eft Méfiée , on y fent des douleurs
cruelles. L'inflammation s'y joint, &
même on perd la main , à moins qu'on
n'y apporte un prompt remède.
P A G O , nom que les Lapons
donnent au Cbaradrior, qui eft YOijéiat
de roebe. Voyez CHARADRIOS.
PAGRE, poiflon de mer à na-
geoires épineufes, mis, comme le Pa-
ge! , dans le rang des Sparcs , par
Artfdi (kbth. Pan.V. p. 6\. n.15.),
eft nommé Spams rubej'cens , nue ad
PAG 3 tJ
radieem pinnetrum dorfi & an \ \ n f miim
produllk. C'eft le our-poï d'AïusxoTE ,
L.VUI. c. 131. d'É lien, L. IX.
c. 7. p. 5.17. es- L. X. c. iç.. Se d'A-
T M Ë NÉE,, L. VU. p. 3 27. ainfi que
I e Pagntr des Latins , dont parle Pli-
ne, L. IX. C 16. L. XXXI. c. 10,
Cuba., L. III. c . 66. fol. 8d G e s-
N E r , de Aquat. p. 773. Al D U o-
V A N D E , L. II. c. 8. p. ! 5 I. W I L-
L U G H B Y , p . 3 I 2. & R A Y , p. I 3 I.
». 2. On le nomme Pagro à Gênes;
a Sea-Brcam , en Anglois ; Bcgvz.o , ta
Efpagne , dit Rondelet, âc Pha-
gros , en Portugal.
Le Pagre eft un poiflon de mer , qui
fuit les rivages , Se quelquefois la hau-
te mer. Il eft mis par Athénée Se
par Strabon dans le rang des poif-
fons du Nil. Il reflemble, dit Ro N-
DELET ( £«5!. V. ch.ip. 15. p. 127.
Edit. Frar/f.) , à la petite Dorade par
le corps, & par les nageoires conftdé-
rëes félon leur fituntion Se leur nombre.
Il es diffère par les aiguillons , par la
queue Se par la couleur. Il eft roux ,
tirant fur le rouge , Se en cela il ref-
fcmble au Pagel , ce qui fait qu'on les
confond l'un Se l'autre : mais le Pagre
tire furie bleu pendant l'hiver, Se le
Pagel en tout temps eft rouge. Le Pa-
gre a le mufeau plus épais, plus rond
Se de la figure d'un nez aquilin. Son
corps eft plus rond Se plus large ; fort
eftomac eft plus grand ; fa ratte plus
petite. Ce poiiTon a une grande veflie
pleine d'air ; l'eftomac Se les boyaux
font faits comme ceux de la Dorade ;
le foie eft fans fiel ; le cœur eft fait en
forme d'angle , Se il a des pierres au
cerveau , ce qui fait qu'il craint le
froid. Il vit de bourbier, d'algue , Se
de chair, comme de Sèches , de Caf-
ferons , Se autres petits poifïbns de ce
genre. Athénée dit que le Pagre
eft un poiflon folitaire ; d'autres dî/ent
qu'on le pêche toujours en troupe. Sa
chair eft aflez feche j elle ne lâche pas.
Le Pagre qui ne quitte point la mer
pour entrer dans les rivières , eft le
Rrij
3 id PAG P A I
meilleur. Ce poiflbn eft carnaffier, dît
Belon, Il fe retire dans les pierres.
Celui de rivière , dit Eli en , annonce
en Egypte le débordement du Nil.
PAGULL, nom , dit Gesner ,
qu'on donne dans les parties Méri-
dionales de la France , au Pagurus »
féconde efpece de Cancre. Voyez au
mot Ç AN Cil E.
P A I
PAILLES EN CUL, ou
FÉTUS EN CUL: On trouve
encre les deux Tropiques certains oi-
feaux , auxquels on a donné le nom
A- Oifeaux du Tropique , parcequ'on ne
les rencontre jamais hors de ces deux
bornes. L'efpace de leur promenade ne
la'iïe pas que d'être bien raifonnable ,
puisqu'il renferme toute la Zone Tor-
vide. C'eft un pays que l'Antiquité
ignorante avoit fait inhabitable. Les
Matelots qui donnent des noms aux
chofes, conformément à leur manière
de penfer Se de parler, les ont appel-
lés railles en cul , ou Fétus en cul.
Nous en dirons la raifon , d'après le P.
La bat, qui en parle dans fes Voya-
ges aux IJIes de l 3 'Amérique , Tome Vlll.
p.. 305. Ces oifeaux font à-peu-pres
de la grolTeur d'un Pigeon, ils ont la
tête petite & bien faite.; le bec d'en-
viron trois pouces de longueur , allez
gros , tort Se pointu , Se tout rouge ,
auiïi-bien que les pieds , qui font faits
comme ceux des Canards. Ils ont b.s
ailes beaucoup jlus grandes , 5c plus
fortes que leur corps ne femble le
demander. Les plumes dts ailes Se de
tout le corps font très-blanches. La
queue eft compofée de douze à quinze
plumes de cinq ou fix pouces de lon-
gueur ,. du milieu defquelles fortenr
deux plumes de quinze a dix-huit pou-
ces de longueur , qui font accollécs ,
Se qui femblent n'en faire qu'une feu-
le ; c'eft ce qui" a donné occafion aux
Matelots de les appeller Pailles en cuL
Ces oifeaux volent très-bien Se très-
Jàaut:. ils s'éloignent des terres autant
P A I
que les oifeaux nommés Frégates, rnru?
ils fe repofent fur l'eau comme les Ca-
nards. Ils vivent de poiifons. Ils pon-
dent, couvent & élèvent leurs petits
dans les Ifles défertes , Se dorment ,
félon les apparences , fur l'eau. Le] P.
L a b A t dît qu'il n'en a jamais vû
dans l'ille où il étoit , Si que ce n'eu:
qu'en partant qu'on en a tué quelques-
uns, qui lui ont donné le moyen de
faire la deferiptioh que l'on vient de
voir.
PAISSE SOLITAIRE, ou
PASSE, en Latin Pajjer j'olitariitj.
On ignore , dit Belon {de la Nat.
dts Oi/. L. VI. c. 30. p. 312.) quel
nom les Anciens ont donné à cet oifeau.
Il tient beaucoup du Roffignol par fa
contenance. Il cft de la grorteur d'un
Mauvis. On le pourroit prendre pour
une efpece de Grive. Son plumage cft
grîvelé. On diftingue Je mâle d'avec
la femelle. Le mâle eft plus haut en
couleur. Les plumes de. la poitrine Se
des deux côtés font couleur de datte;
fes taches font de différentes couleurs.
Il a le deflus du dos cendré , tacheté
de fauve ; fà queue eft de couleur
rou'Te, comme celle du Roffignol. Il
la remue après avoir volé ou marché
en avant. Son bec eft rond , pointu Se
blanchâtre , quelque peu obfcurci de
noir par le bout, & beaucoup plus fort
que celui d'une Grive ou d'un Merle.
Cet oifeau a les jambes Se les pieds
comme ceux des Grives Se de la même
Couleur; les yeux de même Se bordés
de plumes blanches, Il fe nourrit d'in-
fectes vivans , fréquente h s plaines Se.
les vallées, Se fe retire, dans certains
temps de l'année , fous les toits des
maifons couvertes de tuiles concaves,
que l'on nomme imiricées , dont on
couvre les châteaux fi tués dans les mon-
tagnes , comme dans le Forez Se l'Au-
vergne, en Italie Se en Provence. On
eftime cet oifeau , dit Belon , à caufe
de fon chant doux Se agréable. Ceux
qu'on élevé en cage chantent la nuit
comme le jour,, & fur-tout à la clartC:
P A K
de la lumière. On peut mettre cet
oifeau dans le genre des Merles , ayant
beaucoup de rapport avec le noir.
Selon A l D r o v a n d e il eft un peu
moindre que le Merle. Son bec eft
allez long , un peu courbé; fa tête eft
petite , à proportion du corps : le deffus
elt uni Se noir au commencement des
plumes : cet oifeau eft cependant noir,
ruais non, pas tant que le Merle. La
femelle eft toute brune. Sa poitrine eft
diverfifiée de taches jaunâtres.Sc elle ne
refll-mble nullement au mâle. Elle fait
fon nid dans les lieux pleins de rochers
& buiftonneux. Cet oifeau vit en cage
huit à dix ans quand on en a foin. On
lui donne pour nourriture de la pâtée ,
faite avec du cœur de Bœuf, des jaunes
d'œufs & du mafiepain. Le Paijje fait-
taire |ft fujet aux mêmes maladies que
le Serin commun , ainfi qu'aux fpafmes,
aux oppreflîons de poitrine , à caufe de
fa trop grande chaleur naturelle. Il eft
même encore fujet aux vertiges Se au
mal caduc , & fur-tout à la mélanco-
-fe^do n t le plus fouvent il meurt —
P A K
P A K
3*7
P A K : C'eft le même animal que
le Paca. Voyez PACA.
P A K A S S E , efpece d'animal ,
qui fe trouve clans le Royaume de
Congo. Il reffemble au Burle , & il a
le rugilTement du Lion. Hift. Gcnér.
des Voyages y Tome XVl. p. 77. Ldit.
in-i 2.
P A K E L , nom que M. A D A n-
S o n ( Hifr. Nat. des Coquillages du Sé-
négal „ p. 105.) donne à un Coquil-
lage operculé du genre de la Pourpre ,
dont il fait la troifieme efpece , qu'il
dit avoir vû au Sénégal, fur les rochers
du Cap Manuel. Voici la defeription
qu'il donne de la coquille & de l'ani-
mal.
La coquille, dit-il , eft obtufe à fes
extrémités , Se extrêmement applatie de
devant en arrière. Sa longueur eft
d'environ deux pouces , fur une lar-
épaifle , mais d'une grande dureté , 8c
formée de cinq fpires fort renflées. La
première furpafle trois ou quatre foi»
toutes les autres en longueur. Sa fur-
face extérieure eft environnée de vingt-
cinq petits filions , & de fix à fept
rangs de boflettes pointues. Les au-
tres font nues , Se fi peu détachées T
qu'on peut à peine les diftinpuer. Le
fommet qu'elles forment eft fort court,
obtus à fon extrémité , près ce deux
fois plus large que long , Se trois fois
plus court que l'ouverture.
L'ouverture eft beaucoup plus gran-
de que dans les deux premières efpe-
cts , eu égard au volume de la coquil-
le , mais elle conferve les mêmes pro-
portions. Le canal fupérieur eft un peu
moins profond que large.
La lèvre droite reflemble à celle de
la première efpece de ce genre de
Coquillage , Se elle eft de plus ondée
à fix endroits dilrerens , au-deflbus de
chaque rang de boflettes. La lèvre
gauche préfente au-dehors une furface
très-large Se applatie, dont4-'extrémité
supérieure , au lieu d'être arrondie eu
bourrelet , forme une petite côte aiguë
Se tranchante , dont les bords font gar'
nis d'une .douzaine de petites dents.
Cne croûte tarrreuie , tantôt ver-
dâtre, tantôt de couleur de chair ..cou-
vre ces coquilles. Quand on l'a enle-
vée , on voit que les jeunes font d'urr
brun violet , 5c que les vieilles fonr
marbrées de brun & de verd : au-dedans
elles iont de couleur d'azur rcmWuni.-
La lèvre gauche de l'ouverture eft-
fauve, Se la droite eft violette.
L'animal diffère de celui des deux'
premières efpeccs , en ce que fa cou-
leur eft plus foncée Se tire fur le vio-
let. Son opercule eft auflî prîs de deux
fois plus court que l'ouverture de la.
coquille.
A la forme applatie de la coquille,.
& à la croûte qui la recouvre, on la
prendroit au premier abord pour la;
coquille d'un Ormier. M, Adanscw
geur moindre de moitié. Elle eft peu dit que lorfqu'orf greffe un peu l'oper-
3 i8 PAL
cule de cet animal , après qu'il efl ren-
tré dans fa coquille , il rend une afTez
grande quantité de liqueur » qui efl
d'abord verdâtre , & qui devient Pour-
pre foncé en fe defféchant. On fait
que cette propriété efl commune à la
plupart des efpeces de ce genre. On
voit la figure de cett 1 forte de Coquil-
lage à la Planche VII. n. 3. de l'Ou-
vrage ci-defftis cité.
L'Auteur range fous le nom de Pa-
kel , la Cocblea cinerea , tonfillas nigri-
cantes gcjliens , ore valdè expanfo &
aperto , iabris carnets,, parte intima ci~
nereà , fafciis violacés ftgnata , de
Bo NANNi, Recr. p. J 65. clajf. 3.
n. 3<58.
Le Buccimim breviroflrum , labrofum,
jrajjitm , nodofum , columella latâ, pla-
na , Barbadenfe , de L 1 s T E a , Hifi.
Conchyl. Tab. 980. fig. 49.
Le Bnccbium majus , canaliculatam
& [ulcatum., ftrïatwn, papillofum, la-
it 0 ex ter no fatis patulo , & minutiffimè
dentato , fafciis atbidis & pïceis lu-
cide depillum , de G u A L T I E K 1 , Inà.
Tab. & p. 5 I . litt. E.
Et la Marnmaverrucefj.., papillâ pro~
minente } labio oris ad cohtmellam re-
pando , extus denfts variai is afptra , m-
gricans , intus cornea , dont parle M.
Klei n , d'après L i.S T E a , Tent,
$. Z2. Jpec. p.
PAL
PAL , nom qu'on donne dans le
Languedoc & fur les côtes de Gênes
à la quatrième efpece de Chien de mer ,
que les Grecs nomment TaMos Kuxv..
Voyez CHIEN DE MER.
PALETTE, PALE, ou
CUILLIER, nommée en Grec
AtvKipûSioi,, ou n^EKetyoc, félon A ri S-
T o T e , & .en Latin Albardeola , ou
Platea. Cet oifeau efl un Héron blanc ,
comme les deux mots Grec Se La-
tin le défignent. M. Pîriuu l t
{ Mémoires de l'Académie des Sciences,
Tome III. Part. III. % qui a donné la
.deicriptio.n aoatomique de quatre Pa-
V A L
lettes , ne fait pourquoi on a mïs cet
oifeau au nombre des Hérons ; car
d'avoir un panache au derrière de la
tête & -vivre de poifTons , comme le
Héron , font des chofes qui lui font
communes avec beaucoup d'oifeaux.
Cet oifeau d'ailleurs en efl très- diffé-
rent. Les noms qu'on lui a donnés à
caufe de la figure de fon bec , femblent
avoir plus de fondement. On l'appelle
Platea en Latin , parecque fon bec efl
large., félon la fîgnification du Grec,
dont le mot Latin efl dérivé. On le
nomme en François Palette ou Pale ,
pareeque la largeur de fon bec efl vers
la fin , Se que le commencement qui efl
plus étroit repréfente le manche d'una
pelle ou d'une palette. Quelques-uns
lui donnent aufli le nom de Poche & de
Cuiliier* à caufe de cette figure 1 ce-
pendant, (.c'efl la remarque de M,
Pe u r a ul t), le nojn de poche & ce-
lui de cuillier ne conviennent point au
bec de la Palette , pareeque l'élargiffe-
ment que cet oifeau a par le bout n'eft
point creux comme une poche , ni com-
me une cuillier, mais feulement plat
comme une palette.
Le même Auteur croit que la figure
du bec de la Palette a été caufe qu'on
l'a confondue avec le Pélican , & que
ScaliGîr, de même que Gaza,
ont interprété le UiMaaioc d' A R 1 s-
T o t e par Platea , fuppofant que le
bec de la Palettes, la figure d'une ha-
che, qui eflappellée en Grec ïiiïtxv; s
Se que la Palette coupe les arbres avec
fon bec , ainfi que S u 1 D A s dit que fait
le Pélican, qu'il confond avec leDw-
dronolaptes d'A ristote, qui eft le
Pivoine. Les chofes qu'A R 1 s T o T E
Se Éjlien dîfent que le Pélican fait
avec fon bec, Pline l'a dit de la
Palette: c'efl ce qui fait que les In-
terprètes d'A r 1 s t o t e ont confondu
ces deux oifeaux enfemble. Cependant
quoique la figure du bec de la Palette
reflemble en quelque façon à une ha-
che qui coupe des deux côtés , à
caufe de l'élargiffement qu'il a vers le
PAL
bout, il eft certain que n'ayant pas la
dureté fans laquelle une hache ne
fauroit agir ,• la Palette ne peut cou-
per , nî percer les arbres.
Aldrovande dit avoir vu une
Palette qui avûit des plumes rouges
au col Se fur le dos. Celles dont M.
J? e R R a u l t a fait la diffeclion ,
étoient bl anches par tout le corps , mais
d'un blanc qui paroifToit un peu fale
vers l'extrémité des plumes : ces plu-
mes étoient courtes au col Se fort lon-
gues Se fort étroites au derrière de la
tête , où elles faifoient comme un pa-
nache renverfé en arrière. 11 y avoit
des plumes jufqu'à la moitié de la jam-
be: le refte étoit couvert d'écaillés pe-
tites , qui n'avoient pas plus d'une
ligne ,. d'un gris brun & par-tout de
figure hexagone , excepté aux doigts ,
où' elles étoient en table. Les ongles
étoient longs Se pointus. Le bec large
8c rond par le bout , comme on l'a dit ,
avoit à fa partie fupérieure une petite
pointe recourbée en deffous : il étoit
d'un gris brun , femé de taches noires
vers le commencement , jaune vers la
fin où il s'élargit , Se femé de tachts
rouges par le milieu. Ce bec qui eft
d'une fubftance ferme 8c queJoNSTON
(deAviè. L. IV. c. 4. art. 2.) 8c A l-
D R o V an DEC Ornitb. L. 20. c. 1 3.)
comparent à du cuir» ne paroît point
avoir la force qui feroit néceffaïre pour
l'action qu'A r 1 s T o T E attribue au
Pélican , 8c que Pline ( Hifi. Nat.
L.1X. c. 9 ) dit de la Palette , qui eft
de fuivre lesoifeaux qui plongent, Se
quand ils reviennent fur l'eau avec
leur proie, de leur faire lâcher prife
en les mordant par la tête ; car ce bec
long 8c pliable comme il eft ne fauroit'
ferrer que faiblement.
Nicord dit qu'ily a deux efpeces
de Pale , l'une plus grande , qu'on
appelle Po he,- 8c l'autre plus-petite , ;
qu'on appelle Pale ou Cuillier , àcaufe'
de la forme de fon bec. B E L o N qui
rapporte la même chofe marque que
cet oifeau compofe fon' nid de buchet-
P A L 3 19
tes , au haut des arbres , près de la mer ,
principalement fur les confins de la Bre-
tagne & du Poitou. Il élevé jufqu'i
quatre petits,
M, L 1 N N m u S ( Faima Sicec.
p. 31. n. 87.) met la Palette dans le
rang des Aves Anfcres , Se nomme cet
oifeau Arias roftm piano , apice dilata-
to , rotitndatoque. B e L o n ( de la Nat.
des Gif, L. IV. c'y.) parle de cet oi-
feau , que les Angloïs nomment Spoon--
bill, G e s n e R {Av. p. 666.) en fait-
mention, fous le nom de Pelecanusy
ou Piatea.
On peut encore fur cet oifeau eonfulter
Aldrovande, Ornuh. L. XX. c. 13 . la
Muj'œum IVortnenfe , Setl. H, ». 10. t. 11.
/. z-o. Se Mufatum d'O l h a r i u s , L. XXUI.-
t. ij./. 4. J o n s t o n, Omîih. t. 46. la'
Comte de Marsilly, Danuh. 5. p'. 18..
r. 1 z. \V 1 l l v g h e y , Omirh. m. t. 51. &
Ray, Syncp. Mah. Av. p. 101. n. 1.
P A LOURD , poiflbn qui pafTe
chez les Voyageurs pour un des princi-
paux poiflbns de la mer 8c de la rivière
d'KTini en Afrique : c'eft tout ce qu'ils
nous en apprennent. Hifi. Génér. des
Voyages , L. VI II.
PALOURDE: C'eft un Co-
quillage des" côtes de Poitou , d'Aimis:
&de Saintonge, qui n'eftpas une es-
pèce du genre nommé Chama Peloris ,.-
comme l'a remarqué Rondelet;:
foit que le nom de Peloris, qui paroît
avoir quelque reffemblance avec celui
de Palourde , ait été donné à ce genre
pareeque les Coquilles qu'il comprend
font plus grandes que les autres efpe—
ces de Charria , ou Coquilles béantes ^
comme quelques-uns le prétendent
foit qu'il lui vienne du nom d'un Pro-
montoire de Sicile , appellé Pelore ,<
comme d'autres le veulent, il eft cer-
tain encore un coup que la Palourde
n'eft point une efpece de Chama Peloris, •
n'étant pas une Coquille béante : elle
fermefa coquille rrts-exactemenr. Elle'
ri'eft point non plus la Pelorde des côtes;
de Provence ; car elle nè vit point-
comme elle dans la vafe : c'eft c&qua'
nous ; apprend- M, de R e a'u m'u a^,
3 20 PAL
dans les Mém. de V Acad. Royale des
Sciences , armét lyio.p. 4ji.
La coquille de la. Palourde eft à deux
battans : fa couleur eft d'un blanc fale ,
un peu jaunâtre , du moins en quelques
endroits de fa furface extérieure ; mais
fa furface intérieure eft àflez blanche.
Sa longueur ordinaire eft d'un pou-
ce & demi Se quelque chofe de plus ,
Se fa largeur d'environ un pouce.
Elle a bien une demi-ligne d'épaifleur
autour de fes bords. Ce Coquillage a ,
comme le Lavignon , deux tuyaux
charnus , beaucoup plus courts 5c beau-
coup plus gros. Il ne les étend jamais
à plus de trois lignes. Il ne fait pas
toujours paroître ces tuyaux : c'cft
feulement lorfqu'il eft dans l'eau. M.
x>'A R ce N ville ( Part. IL de fa
ConehyL & Planche V. Lu. D.) donne
la figure d'une Palourde. 11 dit (i6id.
j. $o.) que c'eft une Came à réfeaux
lins Se ferrés , d'un gris clair , rayonnée
du centre à la circonférence, traverfée
de cercles , avec de grandes taches
blanches , plus foncées que la couleur
principale. Les valves font ordinaire-
ment dentelées Se canelées , pareeque
l'animal l'eft aufli. îl faitfortir, com-
me la Boucarde , du côté le plus al-
longé de fa coquille un corps mem-
braneux 8c lifte , qui fe divife en fbr-
tant en deux tuyaux , faits en croiffant,
minces Se blancs , à l'exception de
leur extrémité , qui eft jaune , avec
une ouverture garnie de petits poils
blancs, qui en fe repliant fur eux-
mêmes, fervent à fceller la bouche
de l'animal Se à retenir l'eau dont il
eft rempli. Ces deux tuyaux , quoique
féparés dans toute leur longueur ex-
térieure , fe communiquent intérieu-
rement , de manière que l'eau de la
mer qui s'infinue, foit par le canal
inférieur , foit par le fupérieur , fe
vuide tout d'un coup quand l'animal
veut fe remplir de nouvelle eau. Au
moyen de cette opération réitérée, l'a-
nimal peut jetter l'eau à près de quinze
pieds de diftun.ee. Tout fon mouvement
P A M
confifte à porter en ligne droite une
jambe 'triangulaire de couleur blan-
che , dans l'endroit ou la coquille eft
fituée & à l'oppofite des deux tuyaux,
fans la replier fur elle -même.
P A M
PAMBUS: RuiscHf ÇolteB:
Pifc. Amb. p. 22. Taè. ii. n. 16. ) dit
que c'eft un petit poillbn, dont on fait
grand cas , & beaucoup d'ufage dans
l'iile d'Amboine Se dans toutes les In-
des Orientales. On le fait lécher au
foleil , Se on peut le conferver long-
temps , fans qu'il fe corrompe. Quand
on veut en manger, on le laiiTe quel-
que temps tremper dans l'eau Se alors
il eft bon. Pour cette caufe les vaiftêaux
de long cours font de grandes provi-
fionsde ce poiffon féché au foleil , Se
c'eft une précaution contre la difette
des vivres. Les Matelots le mangent à
déjeuné Se à goûté. Ce petit poillbn
eft large 8c tire fur le verd ; mais fa
couleur change Se n'eftpas toujours la
même. Il eft armé de cinq aiguillons ,
tournés vers la tête , après lefquels
il a une longue pointe , tant fur le dos
qu'au ventre , à laquelle font attachées
fis nageoires , qui font d'égale gran-
deur Se vont jufqu'à la queue,
P A M E T , Coquillage du genre
de la Teltitte , Se dont M.Ada NSONf
fait la première efpece, très- commun
verslacôte du Sénégal , fur-tout vers
l'embouchure du Niger, où les Nè-
gres vont le chercher fur les bords du
rivage , après que la rner s'eft retirée.
Ils le trouvent facilement, en levant
une couche de fable d'un pouce d'é-
paiffeur ; c'eft alors qu'on voit les
Tellines fauter de tous côtés Se faire des
efforts , pour regagner l'eau qui les a
abandonnées. Ce Coquillage eft repté -
fenté à la Planche XVIII. n. i. de V His-
toire i^ts Coquillages dit Sénégal. L'Au-
teur en parle en ces termes.
La coquille du Pamct , dit-il, ap-
proche de la figure d'un triangle , dont
les côtés font fort inégaux. Elle eft
folide,
P A M
{olîde » épaïfïe , comme coupée obli-
quement & comme applatie à fon ex-
trémité inférieure Se arrondie à l'ex-
trémité oppofée. Sa largeur eft de qua-
torze lignes , fur une longueur moin-
dre de moitié , 8c double de fa pro-
fondeur. Sa furface extérieure eft lui-
fante , d'un très-beau poli Se ornée
{ut chaque battant de quatre-vingt
filions longitudinaux Se fort légers ,
qui partant du fommet , vont fe ren-
dre fur tous les points de leur circon-
férence. Ces filions font d'autant plus
fenfiblcs , qu'ils approchent de l'extré-
mité inférieure de la coquille : Là ils
femblent coupés Se traversés par une
vingtaine de canelurcs , qui les font
paroître chagrinés.
Les battans font exactement égaux ,
obtus Se arrondis fur leurs bords , qui
fontfinement découpés de quatre-vingts
dents triangulaires , à-peu-près égales
Se femblables à celles d'une feie : ces
dents font plus marquées au-dedans
qu'au-dehors , où elles difparoiiTent
quelquefois.
Les fommets font fort petits , trian-
gulaires, pointus, peu éminens , peu
fenfiblement tournés en fpirale , fort
proches l'un de l'autre Se placés à la
troifieme partie de la largeur de la co-
quille vers fon extrémité inférieure.
Le ligament que nous avons vu juf-
qu'ici placé au-dcflùs du fommet dans
les coquilles à pièces égales , fc trouve
dans les Ttllines inégalement dittribué
au-deflus & au-deflTous de ce fom-
met. Au - deftùs , il eft extrêmement
étroit & affez court: au-de flous , il eft
épais , prcfque rond & remplit , fans
fortir au-dehors , une petite cavité
formée par une échancrure faite dans
chaque battant. Cette échancrure , fi
l'on veut fe donner la peine de l'exa-
miner , paroîtra répondre parfaitement
à l'enfoncement en cœur que j'ai fait
obferver dans les psemieres efpeces
de Cames.
La charnière confifte dans chaque
battant en trois petites dents triangu-
Tt>nte UL
P A M 32T
laites , fort rapprochées & placées au^
dedans des fommets. Les attaches des
mufeies font au nombre de deux dans
chaque battant , allez petites Se pla-
cées vers leurs extrémités. Celle d'en
haut eft elliptique Se un peu plus grande
que l'inférieure, qui eftprelque ronde
ou orbiculaire.
Un n'apperçoit aucune apparence
de périofte fur la furface de cette Co-
quille , qui eft par-tout d'un poli trts-
beau Se trèsduifant. Elle eft blanche,
ou jaunâtre , ou gris de lin , tachée
quelquefois de violet ou de rouge au-
dedans , 8e marquée ordinairement au-
dehors de deux larges bandes triangu-
laires d'un brun violet , dont l'une
couvre toute fon extrémité inférieure
dans l'endroit qui eft applati. L'autre
bande qui eft plus large , s'étend fur
l'extrémité oppofée.
L'animal que recouvre cette co-
quille , ne l'ouvre que très-peu , com-
me les Cames. Son manteau eft divifé
pareillement en deux lobes , dont cha-
cun tapifle intérieurement chaque bat-
tant Se s'étend un peu en dehors fous
la forme d'une membrane fimple Se
très -mince.
Les trachées fortent de l'extrémité
fupérieure du manteau , fous la forme
de deux tuyaux , aufli fimples Se fort
courts, rapprochés l'un de l'autre vers
leur origine. Celui qui eft le plus pro-
che de la charnière , ou le poftérleur,
eft pour l'ordinaire plus petit que l'an-
térieur.
Le pied eft placé à-peu-près au mi-
lieu de la longueur de la coquille. Il a
la forme du foc d'une charrue , ou
d'une lame de couteau recourbée en
haut à fon extrémité. Son ufage eft le
même que dans les Cames , à cela près
que la Tellitte faute quelquefois par fon
moyen , c'elt-à-dire que le mouve-
ment que le pied imprime à fa coquille
eftforrprompt Se fait l'effet d'un relfcrt
qui fe débande fubitement & la lance
allez loin. La couleur de fa chair eft
blanchs. On fait cuire les Tellims pour
Sf
3 iî PAN
les manger. On croit qu'elles ont la
propriété de rendre le ventre libre.
M. A d A N s o N dit que le Pamet
eft le même Coquillage que \z.Tellinœ
crajja , admodùm leviter ftriata , intits
violacea , Africana , dont parle L i s-
te r , dans fon Hift.Conchyl.Tab.
fig. 21 6.
Et la Tel lin a ftriata. , cuneiformis ,
crajfa, denfè ftriata , ambitu (errata ,
inths violctcea , dont parle M.Klein,
d'après Lister , p. 160. fpec. 10.
Taù. 11.fig.61.
PAN
P AN APAP A, nom qu'on donne
en Amérique, ditTHEVET, p. 50.
à un poiffon qui eft le Marteau. Voyez
ce motr
PANGGOELING, nom que
les Orientaux , dit S E B A , donnent
au Pholidote de M. 13 R 1 S S o N & au
Manis de M. Linn^us, qui eft le
Lézard écaiUeiix. Voyez ce mot.
P A N O N , oïfeau de l'Amé-
rique , dit T h e v e T r Singularités de
la France Antxrtt. p. 04. ) , de la gran-
deur d'un petit Corbeau , dont le de-
vant de la poitrine eft rouge , comme
du fang. Son bec eft cendré. Il ne vit
que du fruit d'une efpece de Palmier
nommé Jerahuva.
PANORPE, en Latin Panorpa ,
nom que M. Ltnn/eus ( Fauna Suec.
p. 221. ». 729.) donne à la Mouche
Scorpion, dont parient Aldrovan-
de , InJ. 3 8d. M O UFFET, p. 62..
HOFFNAGEL, Itf. 2. M. DE RÉAU-
mur , & les autres , fous le nom de
Mufca Scotpiitros, fous celui de Mafia
Scorpiitra , Se fous celui de Scarvio
Mufca. Le nom de Mouche Scorpion lui
a été donné , parccqu'elle a la partie
antérieure faite comme celle du Scor-
pion. Stammfkdam donne le même
nom à une faufTe Cuêpe , efpece de
Mouche , qui infefte les raifins. Elle
ne s'en tient pas obftin'ment à une feu-
le efpece d'aliment; quand les raiiins
lui manquent , elle fe nourrit indiffé-
P A N
remment de tout ce qu'elle trouve;
Cette Mouche, qui fréquente les prai-
ries , porte une trompe dure , cornée ,
élevée par deflus , avec des antennes
compofées de trente articles , qui font
foyeufes Se noires. Elle a le corps brun,
les côtés jaunes , la queue articulée;
les pinces font rouffes Se fourchues,
comme celles du Scorpion : elle a les
ailes blanches , chargées de taches laf-
ciées , ou en forme de bandes , Se de
veines faites en réfeaux. Cette faulfe
Guêpe de Swammerdam eft le
même infecle que la Mufca Scorpiu-
ros , ou Scorpiura , Se le Scorpio Muf-
ca de M. L i n n S V s , de Mouf-
F e T » de M e u r e t , de Frisch,
& des autres Naturaliftes qui ont écrit
fur les infeéces.
PANSAR: Rondelet dit
qu'on nomme ainfi en Languedoc une
efpece de Turbot que nous nommons
Barbue. Voyez ce mot.
PANTHERE: Ce nom vient
du Grec na'y-Svip , qui fignîfie tout-à-
fait fauvage , de wcty> tout » Se de 9«p ,
bête. Les Auteurs , ( c'eft ce que je
dirai plus amplement au mot TI-
GRE), ne s'accordent point dans la
defeription du Tigre , du Léopard Se
de la Panthère. Les uns , comme Pli-
ne {Hifl. Nat. L. XVI JL c. 17.),
font la Panthère blanche : les autres ,
au rapport d'A idrovande ( Jf
Qjtad. digit. L. L c. 2.), lui donnent
les trois couleurs du Tigre Se du Léo-
pard , Se croyent qu'elle eft appellée
Panthère , parcequ'elle a elle feule
toutes les couleurs qui fe trouvent
dans Ls autres bêtes ; Si quelques au-
tres encore, fuivantle même Auteur,,
veulent que la Panthère foit la femelle
du Léopard. Les Anciens , comme
Aristote C Hifl. Anim. L. IX,
c. 6.), donnent une odeur agréable à
la Pan' hère. M. Perrault, pour
accord. r ces différentes opinions des
Anciens , dit que dans l'efpcce des
P.oitheres le mâle Se la femelle font
diriérens. Le mile eft celui dont il
PAN
3onneune defcriptîon anatomique, qui
a les trois couleurs de fauve , de noir
$c de blanc , Se qui a été pris pour un
léopard par les Anciens. Ils ont eu
raifon , dit-il, en ce qu'ils ont cru que
le Léopard étoit le mâle de la Pan-
thère , dont la femelle n'a que du blanc
Se du noir. Mais s'il la nomme Pan-
thère , c'eft le nom que ceux qui l'ont
amenée d'Afrique difent que lui don-
nent les gens du pays. Ainfi il eft aifé
de voir qu'on donne aujourd'hui le
nom de Panthère au Léopard des An-
ciens , & que le mâle & la femelle
portent le même nom ; ce que les An-
ciens avoient diftingué en ne don-
nant le nom de Panthère qu'à la fe-
melle.
C'eft fous ce nom de Panthère que
M. Perrault décrit le mâle , ou
le Léopard des Anciens ,. affez fcmbla-
ble au Tigre; le fien étoit cependant de
iamoitiéplus petit, llavoicle col plus
long, Se plus délié, la tête plus pe-
tite , les oreilles plus grandes , Se la
queue plus courte , le tout à propor-
tion de fon corps , Se les taches étoient
de figure moins régulière. Le poil étoit
épais , long Se doux , avec une cou-
leur fauve à la tête , au col , fur le
dos , par les flancs , Se par le dehors
des cuiffes Se des jambes : l'eftomac ,
le ventre , le dedans des jambes , Se le
defTous de laqueue , étoient d'un blanc
tirant fur le gris , le tout femé de ta-
che 1 " noires , différentes en grandeur Se
en figure , petite? à la tête Se vers les
extrémités des jambes , & plus gran-
des au refte du corps. Il avoît les yeux
femblables à ceux des Chats , les pat-
tes petites , les ongles Se les doigts
beaucoup plus courts qu'ils ne le font
à proportion aux Lions Se aux Chats :
les barbes , les dents Se la langue étoient
placées à-peu-près comme au Tigre
& comme au Lion : la queue étoit plus
groffe vers l'extrémité que vers le
commencement, à caufe de la grandeur
du poil , laquelle alloit encore plus en
augmentant vers cette même extrémité
PAN 323
de la queue , qu'elle na fak au Lion
Se au Tigre.
Voilà , fuivant M. Perrault,
la defcriptîon du Panthère mâle , fi
nous pouvons l'appeller ainfi Pour la
Panthère femelle , ou Panthère des An-
ciens, qui eft la femelle du Léopard,
elle n'en eft diftinguée que par la
blancheur , fi nous en croyons les An-
ciens , Se elle a un: bonne odeur , quï
lui fert à attirer à elle prefque tous
les autres animaux.
La Panthère d'Afrique eft de l'ef-
pece des Léopards; fa peau eft mar-
quetée de fort belles taches. Cette Pan-
thère eft vive Se légère. Elle a la taille
d'un Lévrier, la tête ronde , le gofier
large , Se les dents tranchantes : fou
regard n'a rien de farouche ; cepen-
dant elle eft vorace , & va fans ce fie
autour des Villages pour furprendre
les beftiaux Se la volaille. Il eft rare
qu'elle attaque les hommes & les en-
fans.
J o b s o N raconte que les bords de
la Gambra font remplis de Léopards
8e de Panthrres , que les Nègres tuent
pour en vendre la peau aux Euro-
péens ; cette peau eft beaucoup plus
belle que celle du Tigre , quoiqu'elle
fait mouchetée de même. Hifi. Gén. des
Voyages , Liv. Vil.
PANTOUFLIER.nomqu'ou
donne en Amérique au Marteau , ou
Zygene. C'eft un des plus voraces poif-
fons qui foient dans la mer, ainfi que
des plus forts & des' plus dangereux.Le
P. L A B A T , dans fes Voyages aux Ifies
de l'Amérique , Tome VI. p. 147. dit
en avoir vu un , qu'on diioit être un
demi-Pantoiiflier, qui avoit douze pieds
de long ; & étoit environ de la grof-
feur d'un Cheval. Son corps , depuis
le col jufqu'à la queue , approche affez
du Requin ; mais fa tête eft bien plus
groffe Se plus lr rge , ce forte qu'elle
reffemble en quelque manière à un
marteau : fes yeux font placés aux deux
extrémités ; ils font ronds Se gros , 8c
leur mouvement a quelque chofe de
Sf ij
fort effrayant. U a une gueule large ,
armée de pluiieurs rangs de dents , &
difj-ofée de manière qu'elle n'eft point
cmbarraffée par la longueur de fon
mufeau , comme i'eft celle du Requin :
il eft avec cela très - vif Se très-fort,
Si par conféquent beaucoup à craindre.
Ce poifton eft fort avide de chair hu-
maine. Le P. La b at dit qu'un Sau-
vage ayant attaqué un Pantuuflitr ,
fe battit contre lui , & enfin le tua :
on envoya un canot avec des gens qui
attachèrent une corde à la queue de
ce Monftre , & le tirèrent à terre ; il
avoit plus de vingt pieds de long , Se
étoit de la grofteur d'un Cheval, On
trouva dans fon ventre la cuiffe toute
entière d'un enfant qu'il avoit dévoré
avant ce combat.
Il eft bon de fa voir que plus ces
poilTons carnalliers font grands , &
moins les Sauvages ont de peine à les
tuer , pareequ'îls fe remuent alors bien
plus difficilement , Se qu'en achevant
la carrière que le mouvement qu'ils fe
font imprimé les oblige de courir, ils
donnent le temps à l'homme de reve-
nir fur l'eau prendre haleine , & de fe
difpofer de nouveau à les attaquer ^
car quoiqu'ils foient dans leur élément
naturel, la-malfe confidérable de leur
corps les empêche de fe remuer avec
autant de vîtelfe Se de légèreté qu'un
autre poifton plus petit , Se même qu'un
homme.
Les Anglois l'appellent Hammer-
flsh , ou le Marteau , 8c V félon A R-
te D i i the Balarice-jfch. On le nom-
me à Rome Ciamb.ua.. Ce poiifon eft
connu d. 's Naturaliftes anciens Se mo-
dernes. C'eft le Zj,«(vt d'ARisTOTE ,.
L, II. c. i y. Se le z «m d'É lien,
L. IX. c. 49. Se d'OppiEN, LA. p. 14.
* Cet otfeau eft nommé en Hébreu Tu-
ehîhn ; en Chall'cn, Cavuz; en Syriaque,
Tarizij;en Grec Tbm'ç ; en Latin, Tavo; en
It.Hcn, Pitvortc ; en b ragnoi , Pavon ; en
AH' mand , ou r /j ^ i p n Anglois Pca-
ceck. ; < n Sué ois, l'OiifogtL I e mot Fran-
çois PaoN-,_ qu'on pr <no ce fan , vienr de
WAvmte ,. loir Latin, fait Italien ;, de même
PAO
Les Latins en ont fait le mot ZygMÔ-;
Se celui de Zigtna. G A z a a traduit
le nom Grec par Libella. Be l on,
Rondelet, Gesner(^é Aquat.
p. 1050. & 1255.), Aldrovan-
d e ( L. III. c. 43. p. 408.) , Jons-
TON ( L. L C. 3 ) > CHARLETbN,
p. I2&. f ItlUGHBY,p. 55. Se
R a y { Synop. Me th. Pifc. p. 20, ) , par-
lent de ce poifTon, Aktedi ( lehih.
Part. V. p. 96. ». 7. ) le met dans le
rang de ceux qui ont les nageoires
cartîlagineufes, Pifces chondropterygii ,
Se il le nomme Sqttalus capite latiffi-
mo , tra-'ifverfo m.illei inflar. Ce poif-
fon eft quelquefois de la grandeur des
Cétacées. On en prend dans la Médi-
terranée , Se il a affez de rapport avec
les Chiens de mer, dit R a y. Selon
Rondelet { Liv. XI II. ch.ip. \a,
p. 304. ), on le nomme Balifla en-Ita-
lie ; dans quelques endroits on l'ap-
pelle PeJ'ce Martehlo , parcequ'il a la
tête faite comme un marteau ; à Mar-
feille , Pefce Jouz.io , qui lignifie Poif-
fon Juif , à caufe de la relfemblance
avec l'ornement de tête que les Juifs
de Provence portoient anciennement,
0;i lui donne en Efpagnol les noms
de Ptïi Lima , Limada , Se Toilandala,.
R o N D e L e t le met au rang des poif-
fons cétacées.
Ray ( Synvp. Met h. Pifc. p. zt. n. 8.}
parle d'un poiiTon approchant du Mar-
teau , ou Pantouflier , que les Hollan-
dois appellent Ken Cruysh lye. Sa têîe
eft faite en forme de rrianrle , Se il a
trois rangs de petites dents dans la
gueule.
PAO
PAON*, oifeau mis par M. LiNT-
NiEus dans l'ordre des Aves Gallina ,
quel'on n appelle la femelle Vaine, ou Paon.fe v
de l'italien Pavana , OU v avane za , Se 'on pt-
titPaoneau, de l'Italien Pa 'otcrio, on Vavt>-
nino. L^s Anci^rrs appelloi -t \ePjvt,OÏfeait
de MMïe, ou Otfeau de Ptrfe , en Lann Auts
Medua, ou P.rft a, parcequ'il fut, comme
le Coq & la Poule , apporté d'aborl de la
Midic, oudelaPerfe en Grèce, puis de-)p
PAO
Se par M. Klein dans le ftxîeme
genre de la quatrième famille de Tes
oifeaux. Le Faon eft un oifeau diftin-
gué de tous les autres par la longueur
de fa queue , & par les yeux brillans
dont elle eft ornée. Le mâle a la tête,
le col , le commencement de la poi-
trine d'une couleur de bleu foncé , la
tête petite à proportion du corps , or-
née de deux taches blanches oblon-
gues > dont l'une pafTe par-defius les
yeux , & l'autre plus courte , mais plus
confidérable , ou plus épaifle , eft fi tuée
au-deftous des yeux , puis fui vie d'une
trolfieme marque noire. Il porte au
fommet de la tête une iiupe qui n'eft
point entière , comme dans quelques
oifeaux , mais composée en quelque
forte de tiges nues , très-tendres Se
très-verdâtres , qui portent à la fom-
mité comme des rieurs de Lys de cou-
leur bleue. C'eft ce qui a fait dire à
Pline, en parlant de ce beau pa-
nache , que la hupe du Vam eft formée
d'arbuftes chevelus : en effet , félon
l'expreffion de Wii.lughbï, on
croît y voir non des plumes , mais des
rejetions de plantes qui ne font que
commencer à pouffer. lia le bec blan-
châtre , confidérablement ouvert , tant
foîtpeu courbé par le bout , te 1 qu'il
eft ordinairement à tous les oifeaux
qui vivent de grains : les narines font
affez larges , le col eft un peu long ,
fort menu , à proportion de la gran-
deur du corps ; le dos eft d'unblanc
cendré, femé de beaucoup de taches
noire 1 ; tranfverfales ; les ailes font
pliées , noires en deffus du côté du
dos , & rouff/es en deffousdu côté du
ventre , ainfi q'i'en dedans ; la queue
eft difpofée de façon qu'elle eft com-
me divifée en deux; car quand il l'é-
tend en forme de roue , il y a de cer-
tain. s plumes pins petites de couleur
brune, quîf.mbl ntcompofer la queue
entière , non roides comme les plus
Grèce en Italie. Us Font nu(Tî nommé 1*0*-
Jeau de jw.on, en Latin Avis Junonis , parce-
qti& % fuivant la Eable , la Déelie Jumo»
PAO 3îy
longues , mais étendues comme dans
la plupart des autres oifeaux ; de forte?
qu'il faut néceffairement que les plut
longues s'infinuent dans un autre muf-
cle , au moyen duquel elles puifJent
fe redrefter Se s'étendre. Belon die
que ces dernières naiffentdu croupion ,
Se que les premières font faites pouf
les foutenir. Le croupion eft d'un verd
foncé , Se l'oifeau le dreffe avec fa lon-
gue queue. Les plumes du croupion
font courtes , difpofées de manière
qu'elles imitent les écailles d'un Dra-
gon : elles dérobent la vue d'une partie
des longues plumes de la queue , qut
étant étendues font toutes de couleur de
châtaigne , ornées de lignes dorées très-
élégantes, qui vont de bas en haut. Se
terminées par d'autres plumes four-
chues d'un verd très- foncé , qui reffera-
blent à des queues d'Hirondelles. Les
ronds, ou commele dit Pli NF, les yeux
des plumes ont un éclat de chryfolite ,
Se des couleurs d'or Se de fapphir. Ces
mêmes yeux font compofés de quatre
cercles , dont le premier eft d'or Se le
fécond châtain , le troifieme eft verd
Se celui du milieu eft bleu ou de fap-
phir , à-peu -près de l'a figure Se de la
grandeur d'une Féverolle. Les cuifïes ,
les jambes & les pieds , font d'un cen-
dré parfemé de taches noires, Se ar-
més d'éperons à la manière des Coqs»
Le ventre, près de l'eftomac, eft d'un
bleu verdàtre , noirâtre » ou du moins
brunâtre vers l'anus.
Le Tue» a la lubricité du Coq : il
lui faut au moins cinq femelles ; il
attaque celle qui couve , & cafte fes
œufs , à moins qu'il n'en trouve une
autre pour la cocher. La femelle qui
le fait cache fon nid autant qu'elle le
peut.
La femelle a très-peu de variété dans
fes couleurs , & n'eft pas de la beauté
de fon mâle ; elle a les ailes y le dos»
le ventre, les cuifTes-,. Si les pieds. de
attacha fortement le* cent yeux d'ARêtiï
à la queue du Paon v qui étoit fort okeaw
3 itS PAO
couleur brune , tirant fur le cendré;
le fommet de la tête & la hupe font
de la même couleur : il y a quelques
petites taches répandues çà & là com-
me des points verdâtres fur le fommet
de la tête , & elle a auffi des taches
blanches beaucoup plus grandes que
celles du mâle : l'iris eft tout-à-fait
plombé, (dans le mâle elle eft jaunâ-
tre ) ; le menton eft tout blanc , les
plumes du col font ondées , vertes ,
Se blanches aux extrémités près de
la poitrine. Selon Aristote, elle
pond douze œufs à chaque couvée ,
mais en Europe elle n'en fait que cinq
ou fix , Se très- rarement davantage
avant que de couver : tout au plus huit
deux fois l'an , dit Zizanni, en
commençant dès le mois de Mai. Ces
œufs ont la coque ferme , d'une cou-
leur grife-claire , joliment piquetée à
la fuperftcie. Les petits font difficiles
à élever.
Les Paons fe nourriflent des mêmes
alimens que les Poules ; mais ils ai-
ment mieux l'Orge. S'ils mangent des
Serpens , comme le dit Albert,
il n'eft point étonnant que ces animaux
foient effrayés de leur cri. II n'y a que
le Faon Se le Coq d'Inde qui ayentla
faculté d'étendre leur queue en rond.
Le Faon fait beaucoup de dégât dans
les jardins ; il renverfe les tuiles Se les
autres couvertures des maifbns. Il eft
vraifemblable que ces oifeaux font
étrangers d'origine , Se qu'ancienne-
ment ils ont été apportés des Indes
en Europe , où ils font à préfent com-
muns par-tout : ils pafTent pour aimer
la propreté. On dit d'un Faon qu'il
fait le plaifir des yeux , comme étant
le plus beau des oifeaux , 8c en même
temps le fupplice des oreilles par l'Iior-
reur de fa voix infernale , d'où eft venu
le Proverbe que le Paon a le plumage
d'un Ange , la démarche d'un Larron ,
& la voix d'un Diable :
JLngelu: efl pennis, pedelatro, voce gehennm.
Paracelse veut que fi le Paon
PAO
crîe hors le temps accoutumé , il pfé-
fage la mort de quelqu'un de la mai-
fbn qu'il habite , pareequ'il fent de
loin les cadavres , comme fait le Vau-
tour : on lui donne une fort long'ue vie.
Aristote dit qu'il vit commu-
nément vingt -cinq ans, Se qu'il fe dé-
pouille de fa belle queue avec les ar-
bres , mais que fes plumes reviennent
avec les feuilles, On dit que fa chair eft
incorruptible pendant une année entiè-
re , quand elle eft cuite. Ce dernier fait
eft confirmé par Saint Augustin,
qui , au Livre XII. de la Cité de Dieu ,
chapitre 2. dit que Dieu, Créateur
de toutes chofes , a donné à la chair
du Paon mort la propriété de ne le
point putréfier ; qu'à Carthage on lui
lërvit de cet oifeau cuit , qu'il fit gar-
der de la chair de la poitrine allez
long-temps pour que toute autre chair
cuite eût pourri, 8e qu'on la lui re-
fervit fans qu'elle offensât l'odorat.
Ce morceau réfervé au bout de plus
de trente jours , fe trouva aulfi fain
qu'auparavant , même au bout de l'an ,
excepté qu'il étoit d'un volume un peu
plus fec Se rapetiiTé. Cela n'eft pas fur-
prenant , comme le remarque Wi L-
L u G H b ï. La chair du Paon eft affez
folide par elle-même pour durer plus
long-temps fans Ce corrompre dans un
pays chaud , lorfqu'elle a été defféchée
par la cuiiïbn, fi l'on a foin fur-tout
de la préferver de l'humidité. La mê-
me chofe arrive à de la chair de Coq
d'Inde cuite , Se même à celle de Poule
Se de Chapon, Ceci eft confirmé par
ce que Sebizius, qui écrivoitily a plus
de cent ans , rapporte , à favoir qu'il
étoit d'ufage de fon temps , de fer-
vir aux noces des riches un Paon qui
paroiffoit vivant, avec le bec Se les
pieds dorés. Pour cela on led^pouilloit
de fa peau , Se après avoir fait cuire le
corps avec de la canelle , du girofle , 8e
d'autres aromats , on le recouvrait de
nouveau , Se on le fervoit fans qu'il pa.
rût que fes plumes eùflent été gâtées
le moins du monde. Ce mets étoit
PAO
pour le plaîfir des yeux , & on n'y
touchok point. L'oifeau dans cet état
fe confervoit plufieurs années fans fe
corrompre , propriété qu'on a regardée
comme particulière à la chair du Paon,
Aldrovande marque auffi qu'en
1 5 08. il lui fut donné un morceau d'un
Faenqai avoït été cuit en 1 $02. lequel
n'avoit contracté aucune mauvaife
odeur. Mais le fecret rapporté parS'E-
Bizius, dit le même Aldrovande ,
n'elt pas nouveau. Platine , ce
fameux Cuifinier , qui fut un fécond
Apiciis , en laifla la recette. Il
ajoute que pour faire rire les convives ,
il y en a voit qui rempliflToient le bec du
Paon ainfi ajufté, de laine & de cam-
phre , pour y mettre enfuite le feu,
quand on le fervoit fur la table.
Le Paon , Se même tous les oifeaux
poudreux , comme le Coq , le Cha-
pon , le Coq d'Inde , la Perdrix mâle ,
le Faifan , le Coq de Bruyère , la Ge-
linote , font aités à diltinguer de leurs
femelles par les plumes de la tête ,
du col , & de la queue. Le Paon tient
le premier rang parmi les oifeaux do-
meftiques , comme l'Aigle entre les
oifeaux de proie. Aulfi les Anciens
ont-ils confacré l'Aigle à Jupiter , Se
le Paon à Junon. Les Empereurs dans
leur apothéofe , choififlbient l'Aigle ,
Se les Impératrices le Paon. Chez les
Grecs il y avoir un prix fixe pour le
faire voir à ceux qui étoient curieux de
fa beauté : bien des gens s'alfembloient
à Athènes, de Lacédémone & de la
Thetlalie, &: l'on retiroit un grand profit
de ces fortes de fpectacles ; ce qui fait
préfumer combien le Paon étoit efti -
mé chez les Anciens , & combien il fe
vendoit chèrement. On lit dans l'Hif-
toire qu' Alex an due le Grand fut
fi épris de la beauté de cet oifeau ,
l'ayant vû pour la première fois aux
Indes , q'î'il décerna une peine rrès-
rigoureufe contre ceux qui le tue-
roi en t.
Marcus-Autidius Lurco,
au rapport de Pline, commensale
PAO 327
premier à les engraïfler à Rome pour
les vendre, & gagna beaucoup de'bien
à ce trafic. L'Orateur Hortensils fut
le premier qui les tua pour les manger
dans un feftin; ce qui fait penfer que
les Romains les nourrilToient aupara-
vant feulement pour leur beauté. Ces
oifeaux étoient autrefois fi rares qu'on
n'en voyoit que dans les cours des
Princes. Olaus Magnus dit que
pour leur beauté & leur excellence,
on en élevé avec un grand foin en
Suéde. Jean Bruyer, François
d'origine , rapporte qu'en Normandie,
aux environs de Lilieux , on nour-
rilToit de fon temps des troupeaux de
Paons , dont les propriétaires tiroient
un bon revenu , en les vendant à des
Poulaillc rs , qui les portoient dans les
grandes villes pour des feitins de r*ccs
&pourles repas fomptueux des grands
Seigneurs.
11 y a des Paons blancs, comme le
marque B e l o n , & l'on en voit beau-
coup de cette couleur dans les pays
Septentrionaux. Gybert Lon-
G o l 1 u s , dans fon Dialogue des Oi-
Jeaux, dit que les premiers Paons blancs
furent apportés du Nord , Se vûs à
Cologne , comme une chofe rare Se
extraordinaire ; Se il prétend que les
Paons deviennent blancs par l'imagi-
tion des mères à force de contempler
la neige en Norwege , Se dans les
pays Septentrionaux , où il n'efl: pas
rare de voir de* Corbeaux , des Chou-
cas , des Pies, des. Merles, des Ra-
miers , des Étourneaux Se des Moi-
neaux tout blancs. Cette raifonne doit
pas paroître folide , puifque nous
voyons naître dans ce pays -ci, même
affez fouvent, des oifeaux blancs , fans
que les mères ayent jamais eu occa-
fion de contempler les montagnes de
neiges des régions Septentrionales. An-
toine MiZAULD , d'apres un homme
qui prenoit foin de l'Oiftlerie d'un
Prince , enfeigne que fi l'on veut pro-
duire une race de Paons blancs , il n'y
a qu'à tenir les femelles qui pondent
3*S PAO
& couvent, enfermées dans des lieux
mis en blanc de toutes parts, Mais
cet Auteur avoue que , quoique le mê-
me artifice ait été décrit par plufieurs,
il ne fait pas encore s'il a été jamais
éprouvé.
Le Paon a des éperons comme le
Coq. La Nature l'a pourvu de grandes
ailes , afin de pouvoir s'élever en l'air ,
Se d'aller fe percher fur les toits Se
Se dans les arbres. Quand il voit quel-
qu'un qui prend plaifir à le confidérer,
il étale les plumes de fa queue. Com-
me l'Oie , il fort de garde aux mai-
sons où il eft , Se il avertît par fon cri.
On en voit un très-grand nombre en
, France,
M. Plu c he, dans fon élégant &
smufant SpeSacle de la Nature, dit en
parlant de cet oifeau ; ce qu'eft le
Rofîïgnol pour l'oreille , le Paon
l'eft pour les yeux, il eft vrai que le
Coq , le Canard fauvage , le Martinet
Pêcheur , le Chardonneret , les grands
Perroquets ., lesFaifans, & beaucoup
d'autres oïfeaux font très-proprement
habillés , & qu'on fe plaît à confidérer
les grâces & le goût de leurs diffé-
rentes parures 3 mais qu'on voie pa-
roître le Paon, tous les yeux fe réu-
nifTent fur lui. L'air de fa tête , la lé-
gèreté de fa taille , les couleurs de
fon corps , les yeux Se les nuances de
fa queue , l'or & l'azur dont il brille
de toutcôté, cette roue qu'il pro-
mené avec pompe , fa contenance plei-
ne de dignité , l'attention même avec
laquelle il étale fes avantages aux
yeux d'une compagnie que la curîo-
fi té lui amené , tout en eft fîngulier &
raviiTaht. Tel eft le beau portrait que
M. Pluçh e fait de cet oifeau. Mais,
ajoutc-t-il , avec cette multitude d'a-
grémens on peut ennuyer Se déplaire:
c'eft ce qui arrive au Paon. Il entre-
tient mal fon monde : il ne fait ni caufer,
ni chanter; fon langage eft affreux : c'eft
un cri à faire peur ; au-lieu qu'avec
des manières plus modeftes & plus
ïîmrks , le Serin , l a Liaote , la Fau-
P A O
vette , le Perroquet , vont vivre avec
nous des quinze & vingt années , fans
nous ennuyer un feul moment : ils
font gens d'efpritSe de bon entretien:
c'eft tout dire. Ce n'eft rien moins
qu'un grand extérieur qui rend la fo-
ciété douce Se de longue durée.
Le Paon contient beaucoup d'huile
& de fel volatil. Cet oifeau eft peu d'u-
fage en aliment : fa chair qui eft dure ,
féche Se difficile à digérer, le fait re-
jetter de toutes les bonnes tables , Se fi
l'on y en fert quelquefois , c'eft plu-
tôt par oftentation Se par magnificen-
ce , qu'à raifon de fa bonté. Mais les
Paomaux étant pris jeunes Se ten-
dres , font , dit-on, un manger fort
délicat.
Quant aux ufages du Paon en Mé-
decine, fa chair eft eftimée contre le
vertige. Les bouillons qu'on en fait font
recommandés dans la pleuréfie , pour
exciter l'urine , Se pour faire couler
les graviers des reins & de la veflie.
Sa graiffe mêlée avec le miel Se le fuc
de Rue , guérit la colique , Se fon fiel
eft ophthalmique Se propre pour dé--
terger les ulcères des yeux , 8e pour
fortifier la vue. Mais la partie du Pau»
la plus ufitée en Médecine , c'eft la
fiente qui paiîe pour être un fpécifique
contre l'épilepfie , Se contre le verti-
ge ; il eft difficile d'en avoir parce
qu'il la mange. Ludovic dit beau-
coup de bien de cette fiente du Paon
contre l'épilepfie , en ayant reconnu
plufieurs fois les bons effets. Cette
fiente fe donne en poudre depuis un
fcrupule jufqu'à un gros , fbit feule,
foit mêlée avec un peu de fucre , foi:
en potion , infufée dans un verre de vin
rouge , dont on donne la colature ex-
primée au malade. Voyez le Dïïïion-
vaire de Médecine , Se la Suite de U
Matière Médicale , Tome XI II. p. 425.
& fuiv.
PAON DU JAPON: Al-
drovande a repr'éfenté & décrit
le Paon du Japon mâle Se femelle. Cet
oifeau eft d'une rare beauté , mais
bien
PAO
tîcti différent de notre Paon ordinaire :
fa queue a moins de plumes que celle
des Paons de France ; la couleur en eft
|>lus brune ; elle tire fur le châtain :
les tuyaux font très-blancs , Se les yeux
de la queue font beaucoup plus grands
à ceux de cette efpece : fes premiers
font dorés , les féconds font bleus , Se
les derniers, font verds , comme le font
ceux du P aon commun. Son bec eft cen-
dré , long Se menu : il a le fommet de
la tête plane & verdâtre , Se le haut
du col femé de taches blanches, avec
des lignes blanches dépendantes en
bas ; la hupe eft en partie verte , Se en
partie bleue; la prunelle de l'œil eft
noire , & l'iris elt jaune, environnée
d'un cercle rouge; le dos & la poi-
trine font couverts de plumes divifics
en plufieurs couleurs , faites en forme
d'écaillcs : celles du dos font vertes Se
bleues; celles de la poitrine font corn-
pofées d'un jaune doré , de verd Se de
bfeu Le commencement des ailes eft
de la même couleur que le dos : les
écailles vertes ne paroilTent pas tant,
Se les bleues font plus éclatantes &
plus grandes. Les premières plumes
du. fécond ordre font de la couleur
de celles d'en haut ; les autres font
de couleur verte par le milieu , tra-
verfées alternativement de lignes
noires Se jaunes qui font noires à
l'extrémité. 11 a le ventre , les cuîf-
fes , les pieds d'un gris cendré &
orné de taches noires , Se celles du
ventre font ornées de lignes blan-
ches.
Il y a d'autres Paons au Japon , pref-
que femblables aux nôtres. La femelle
eft plus petite que le mâle:elle a la tête
le col , le dos , la poitrine Se les ailes
toutes femblables. Sa queue eft auffi
remplie d'yeux , comme celle du mâle.
Ces yeux font plus petits , mais ils
ne laiffent pas d'être grands à propor-
tion des plumes , & la queue eft verte
Se environnée de plumes bleues ; les
tuyaux font blancs, Se le ventre eft
entièrement noir.
Jvms III.
PAO 329
Aux environs de Baroche , ville du-
Royaume de Cambaye , il y a , dit
Tavernier , quantité de Paons;
on les voit par troupes dans les champs,
Il n'eft pas pofTible de les approcher :
fi-tôt qu'ils apperçoivent le ChafTeur ,
ils fuient plus vite que la Perdrix ,
Se ils enfilent les broulfaiiles où l'on
ne fauroit lesfuivre. Ils fe perchent la
nuit fur les arbres. On en approche
avec une efpece de bannière où des
Paons font peints au naturel de cha-
que côté : on met des chandelles al-
lumées au haut du bâton ; la lumière
furprenant le Paon, fait qu'il allonge
le col jufques fur le bout du bâton ,
où eft une corde d nœiu J .s coulans que
tire celui qui tient la bannière , lorfque
l'oifeau y a mis fon col.
Le Paon d'Afrique ou de Guinée .
que d'autres appellent VOif'eau Impé-
rial t ou la Demoijille de Numidie , eft
de la taille du Coq d'Inde. Voyez
DEMOISELLE DE NUMI-
DIE.
Sur les confins d'Angola , on trouve
un bois- environné de murs , où on
élevé des Paons pour 1l?s parafols , Se
pour les enfeignes du Roi.
Le Paon du Cap de Bonne- Efpérance
eft tout-à-fait femblable à celui de
l'Europe.
Outre les Naturalises ci-defius cités qui ont
écrit fur le Paon, on peut encore consulter
A r 1 s t o t e , Pl 1 m e , C 0 l u m e 1 l t , Sec.
parmi les Anciens, & entre les Modernes,
voyez G e s n e r , de A-vib. p. 35/?. Ali ro-
vakde , Ornîth. 1, p. 8.' Jojsmon , de Avib.
p. 37. C h a r l e to n , Exeràt. p. 80. rUy ,
Syncp. Melh. Av. p. 51. B e l o n , dk la Nac.
des Oif. p. 134. WilldghSI , Orniih. p. lia
Schkodeh.cs , Offic. p. 311. D a l e , Fkarm.
p. 415. L É M ER Y , />. 661. SCHWENCKEEID ,
Avier. Silef. p. 3 z$. M e B, R et, Fin.p, ift.
Mi Limk/gus, Patina Suec. n. 163.
PAON MARIN , en Latin
Pavo marinas » oifeau étranger , ainfi
nommé par C L u S 1 u s ( Exot. L. V.
c. 11. ) , fort femblable à l'Oifeau
Royal , dont parle M.Perrault,
( Mcm.de P Acad. Royale des Sciences ,
Tome III. Part. III. ) , & qui pourroit
T t
îjo PAO P A P
tien être Le même. Voyez OISEAU
ROYAL.
PAON, grand Papillon , fur les
ailes duquel font peints des yeux fem-
blables à la queue du Paon. Il vient,
dit M. de Réaumur , de ces
grofleS efpeces de Chenilles rafes , dont
j'ai pari; au mot CHENILLE
DE POIRIER, ou je renvoie le
Lecteur.
* PAON, ou SATYRE DE
MER , en Latin Satyrus marinas ,
Monitre marin , dit G e s ner ( de
Aqaat. p. 1 1 97 ) , dont quelques Na-
turaliltes ont donné la figure fous le
nom de Démon de mer, pareequ'ii a deux
cornes à la tête , Se la queue faite en
poilfon. Voyez au mot H O M M E
MARI N..
PAON, poiffon à nageoires épi-
neufes , mis dans le rang des Labres ,
Se nommé par Artedi ( Ichfh. Parc.
V. p. J Ç'. H, '6, i , Labrus pulcbrè va-
rias ; pinnis petioralibus in extremo ro-
titndis. Ce 11 le Pavo de S a l v i e n
fol. 233. d'A IDROVANDE, L. [.
C 4. de J o N s t o n , L. 1. c. 1. Se
de Chaki. etom, p. 132. Le Tur-
dus fecundiu , ou Pavo colore exviriùi
c&ritleo de G e s n e r , de Aquat.
p. ici 5. de B e l o n , de Vijcib. de
\V I I. L U G H 3 Y , p. 3 2 2. & de R A Y ,
p. 137. Ce poilfon eit nommé Pavo
par quelques Naturalises à caufe de
les belles couleurs. Rondelet
lui donna, Se aux autres efpeces , le
nom deTourd , dérivé du nom Latin
Turdus. Vous pouvez confulter le
mot TOU RD, On le nomme en
Italien Papagallo , Se en Portugais
Badia.
PAONCHETTO, nom que
les Italiens donnent , dit B e l o n ( de
la Nat. des Gif. L. IV. c. 17. ) , à un
oifeau que nous nommons en François
Vanneau. Voyez ce mot.
P A P
PAPA- PEIXES , nom que
les Portugais donnent au Jacuagati-
V A P
Gu.icu , oîfeau du Bréfil. Voyez ce
mot.
PAPE, en Latin Fringilla Trico~
lor , nom que C a T E b e y donne à un
bel oifeau de la Caroline , qui efl: de
trois couleurs. 11 eft de la groifeur
du Serin, la tête Se le deflus du col
font d'un bleu d'outremer; la gorge,,
la poitrine S; le ventre font d'un rouge
brillant; le dos eit verd ; le bas du
dos , de même que la queue , iont d'un
rouge foncé ; le dos , en approchant
des ailes , eft tirant fur le jaune-ver-
dàtre ; les plumes de l'aile , qui font
pres du dos, font de couleur rouge ,
les ailes font violettes , les cuilles
lont rouges , Se les pieds lont de cou-
leur grifè.
P A P E G A I, gros Perroquet
Les Portugais le nomment Papagayos.
On en voit dans l'ifle de Cuba , à la
Nouvelle hlpagne , dit Oviedo ,
( L. XIV. c. 4. ) , Se à la Jamaïque.
Selon S l o a n e , c'ell le Pjïttat us
Leucocephalus d'A ldro v a n d e
( Urnitb. L. II. p. 6jo. ). Ra y en
parle ( Sytiop. Mcth. Av. app. p. 181,
». 7.). Voyez au mot PERRO-
QUET.
Nieuhoff, dans fes Voyages
donne aulli le nom de l'apegays-Vijch,
à un poilfon des Indes. U'eil tout ce
que nous en favons.
PAPILLON, en Latin Fapilio,
petit infecte volant , qui a des pied3
Se des ailes. Les uns proviennent de
Vers , d'autres de Chenilles , ou plu-
tôt c'en: la Chenille qui fe change en
Chrylàlide , Se la Chryfalide en Pa-
pillon. Toutes les Chenilles , Se les
Vers que nous appelions Teignes , celles
qui ont tous les caratteres de la Che-
nille deviennent des Papillons. La vi-
vacité , le grand éclat , la furprenanre
variété de ieurs couleurs , les font ad-
mirer des Naturalises. Les uns aiment
Se cherchent la clarté du Soleil ; les au-
tres femblent la craindre Se la fuir.
C'eft ce qui a fourni une divifion <iesr
Papillons en deux clalfes , générale-
P A P
(nent adoptée. On met dans la pre-
mière ceux qui ne volent que pen-
dant le jour , Se on les appelle Pa-
illons diurnes : on met dans la féconde
ceux qui ne volent que pendant la
nuit , Se on les nomme Papillons noc-
turnes , ou des Phalènes.
M o R i N le Fleurifte a curieufe-
fnent obfervé pendant plufieurs années
que chaque plante'avoit fa Chenille
Se fon Papillon. Swammerdam
a décrit cent quatorze efpcces de Pa-
pillons de nuit , avec leurs Nymphes
dorées : il y en a de tout unis , de
velus , de colorés , Se de tranfparens.
Aldrovande en a décrit cent
dix-huit fortes. M o u F F F. T en re-
préfente quatre - vingt - fix fortes ;
Hofinagel , cinquante ; G o E-
DARD , ioixante - dix - iept fortes
de ceux qui volent le ]our , 5c huit de
ceux qui volent la nuit. Je vais d'a-
bord parler des parties extérieures des
PapiLons : enfuite je donnerai l'Hif-
toire abrégée des Papillons diurnes Se
des Papillons noLlurms.
Parties extérieures des Papillons t leurs
ailes , & leur vol.
Les parties extérieures des Papil-
lons font les ailes, les yeux, les an-
tennes , Se les trompes. C'eft ce qui
fert à les caractérifer. Tous ont qua-
tre ailes , Se ces ailes différent de celles
des Mouches , Se de celles de tous les
autres infectes ailés , en ce qu'elles font
couvertes d'une efpece de poulliere ,
ou de farine , qui s'attache aux doigts
qui les touche. Cette pouflîere les a
fait nommer par les Naturalises des
ailes farinetijes. Les ailes des Mou-
ches , A celles de divers autres in-
fectes font traniparentes , Se femblent
être une efpece de gafe , au-lieuque
les ailes des Papillons font opaques ;
elles doivent leur opacité à la pouf-
fiere qui les couvre , Se à cette même
poulliere les belles couleurs dont elles
ïont parées. . Les ailes des Punitions
P A P 331
de différentes efpeces , ont fur diffé-
rons endroits de la même aile des
grains de différentes formes. Plufieurs
Auteurs ont publié des obfervations,
faites au microfeope fur les principales
variétés. Mais perfonne, comme le dit
M. de Réaumuk, n'en a fait gra-
ver un auffi grand nombre de figures,
Se fi en grand , que le P. Bonanni :
elles rempliffent quatre pages de fa
Micrographie. Plufieurs groffes ner-
vures font la charpente des ailes Ces
ailes font par leurs conrtruftions fo-
lides 8c légères. Avec de grandesailes ,
8c légères , il eft aifé aux Papillons de
fe foutenir pendant long-temps en l'air ;
cependant plufieurs volent de mau-
vfiife grâce. Leur vol ne fe fait point
félon une ligne droite. Quand ils ont
à faire en l'air un chemin de quel-
que longueur , ils montent Se defeen-
dent alternativement , Se la ligne de
leur route ett compofée d'une infinité
de zig-zags de haut en bas, Se de droite
à gauche. Quand ils fauroient mieux
voler pour arriver à leur terme par
un chemin plus court , ils devraient
voler comme ils font , pour courir
moins derifque. Lesoifeaux les cher-
chent pour s'en nourrir : ils fondent
volontiers fur ceux qu'ils voyent en
l'air. L'irrégularité du vol du Papil-
lon l'empêche fouvent d'être la proÎ9
de l'oifeau.
Le corps dans lequel les ailes
font implantées , eft tranfparent , pref-
que fans aucune couleur , ou partout
de même couleur. Mais ces ailes l'ont
couvertes de petits grains , qu'on a
regardés comme autant de petites plu-
mes , Se que M. de Réaumur
nomme écailles. Certains endroits de
ces ailes ne font remplis que d'écaillés
du plus beau bleu ; d'autres places le
font d'écaillés rouges , d'autres d'écail-
les jaunes , d'autres d'écaillés noires ,
d'autres d'écaillés d'un blanc ordinaire,
d'autres d'écaillés de ce blanc plus
beau que celui de l'argent , Se qu'oit
appelle nacré , pareequ'il a l'éclat de
33i P A P
la nacre de Perle , Sec. Le même Na-
turalifte croie que la variété de ces
couleurs fur les ailes des Papillons
vient de ce que le fuc qui nourrit les
écailles qui font fur certaines portions
de l'aile, n'eft pas précifément le mê-
me que celui qui nourrit celles qui
font fur d'autres portions ; que la conf-
titution intime du Papillon exige ces
différentes qualités dans les liqueurs
qui circulent err certains endroits : el-
les y font, ajoute-t-il , différemment
altérées , ou il s'y fait des fécrétions
différentes. Ce que M. de Réaumur
dit des écailles des ailes des Papil-
lons , peut être dit également des
plumes des oifeaux , & des poils des
Quadrupèdes.
Les autres parties du Papillon fe ré-
duifent à trois principales , qui portent
Se renferment toutes les autres. La tète
eft la pr.mi?re. Ce que les Anato-
mHtes appellent tronc dans les grands
animaux, 5c qui en eft à proprement
parler 'e orps , fournit dans les Pa-
pillons , & :lans les autres infectes ai-
lés» deux parties diftinetes, l'antérieure
8c la postérieure. La première eit le
corfelet , que l'analorie pourroit faire
regarder comme la poitrine. M. D e
Réaumur laiife le nom de coTps à
la poft ; rieure , qui eft la plus longue,
8c celle dans laquelle les inteftins,&
les parties de la génération font con-
tenues ou enfermeés.
Yeux & corn'e des Papillon?.
On remarque à la tête d^s Papil-
lons , les yeux , les antennes Se la trom-
pe. Ceu:; qui ont employé le plus de
temps à étudier les infectes au microf-
cope , ccmmeleP.BoKANNi , Hook,
Léewe-- hoeck & Puget, n'ont pas
manqué d'olfferver les yeux des Pa-
pillons : :1s n'ont pas tous précifément
tàtaênre forme extérieure; tous pour-
tant font v-peu-près une portion de
fphere, mais qui dans quelques-uns,,
•dit M,. D e 11 e a u m u R ». n'en eft que
P A P
la moitié , ou même moins , & qu* dans
d'autres en eft une partie plus confi-
dérable : les uns les ont plus gros „
les autres plus petits par rapport à la,
groffeur de leur tête. L'enveloppe ex-
térieure des yeux , qui , par fa pofitioiî
& par fa confiftance , peut être regar-
dée comme la cornée , a une forte de
luifant , qui fait voir fouvent des cou-
leurs aulli variées que celles de l'arc-
en-ciel ; mais la couleur qui leur fer!
de bafe à toutes , eft noire dans quel-
ques Papillons , brune dans d'autres»
elle eft grife dans plufieurs , & dan3
beaucoup d'autres ce font de diverfes
couleurs d'or , ou de bronze très-
éclatantes , & qui tirent tantôt fur le
rouge , tantôt fur le jaune , Se tantôt
fur le vert. M. de Réaumur
compare la cornée entière de l'œil d'ua
Papillon à un verre taillé à facettes
convexes, Se à un prodigieux nombre
de facettes, ou ell: peut être regardée,
dit-il , comme un afïemblage d'un nom-
bre étonnant de cryftaH'ns. Léewen-
hoeck a calculé qu'il y en avoit en-
viron trots mille cent quatre-vingt-
un fur une cornée de Scarabée; qu'il
y en a plus de huit mille fur celle
d'un ; Mouche. M. Puget en a compté
dix-f pt mille trois cents vingt-cinq
fur chaq ie cornée d'un Papi/'on , Se
Ma lpichi, qui a obfervc les dif-
férons fegmens qui partagent la cornée,
des infectes , a regardé chacun de ces
petirs fegmens comme autant d'yeux
de- forte qu'au lieu de deux yeux que
quc-lqu s Savans ont eu peine à ac-
corder aux Papillons , on doit peut-
être , dit M. de Réaumur, leur
en reconnoître trente-quatre mille Sic
cent cinquante , félon le calcul de M,
Puget, Ces cornées font remplies
de petites émînences qui fontde vraies
lenti.lcs, de vrais cryftallins; & cha-
cun de ces cryftallins, fclon nos mo-
dernes Obfervateurs' , eft accompagné
de tout ce que demande un œil com-
plet. Mais il y en a eu , comme M.
DE LA H I a E , qui OJÏt douté » 8c
P A P
jnême nié qu'on les dût prendre pour
de véritables yeux.
Antennes des Papillons.
Tous tes Papillons , & la plupart
des autres infectes allés , portent fur
leur tête deux efpeces de cornes , dif-
férentes par leur ftructure de celles
des grands animaux : on leur a aufft
donné un nom particulier , qui eft ce-
lui d'antennes. Il y a entr'elles des va-
riétés de forme 8c de conftruction ,
qui fourniffent une partie des carac-
tères les plus commodes Se les plus
fûrs , pour dîftingne* les principales
claffes des Papillons. En général les
antennes différent des cornes , en ce
qu'elles font mobiles fur leur bafe ,
& en ce qu'elles ont d'ailleurs un grand
nombre d'articulations , qui leur per-
mettent de fe courber , de fe contour-
ner en différens fens , &c de s'incliner
de différens côtés. Celles des Papil-
lons font implantées furie deffus de la
rête affez proche du bord extérieur de
chaque œil. On les divife en fix genres
notablement différens par leur forme.
Celles du premier genre , depuis
leur origines jufque proche de leur ex-
trémité f ont un diamètre affez égal ;
elles y font prefque cylindriques , 8c
fe terminent par une groffetête, affez
femblable à celle des maffes d'armes.
Cette tête , quoiqu'elle n'ait pas autre-
ment de reffemblance avec celle d'un
clou , a été nommée en Latin par les
Naturaliftcs , clavus , & ces fortes
d'antennes , antenne clavatx. M- de
R é a u mur dit qu'il les appelleroit
plus volontiers des antennes à majjue ,
ou des antennes à houtens. Les formes
des boutons font moins limitées que
celles des têtes de clou. H y a des bou-
tons de la figure d'une olive ; c'eft la
plus commune des bouts des antennes
de cette clnffe : d'autres ont la tête
de là moitié de la longueur d'une oli-
ve , c'eft-à-dîre d'une «live tronquée.
Des antennes de ce genre , vues au
P A P 3 3 j
microfeope par cet Obfervateur , luf
ont paru chargées de poils ; d'autres
lui ont paru liffes. Un grand nombre
de Papillons diurnes , qui fe pofent fur
les fleurs , portent des antennes de ce
premier genre,
Les antennes du fécond genre fonr
communément plus courtes par rap-
port à la longueur du corps du Papil-*
Ion , que celles du genre précédent.
Ce qui fait leur vrai caractère, c'eft que
depuis leur origine -, jufques tout au-
près de leur extrémité, elles augmen-
tent infenfiblement de diamètre. Là s
elles diminuent tout-à-coup de grof-
feur , pour fe terminer par une poin-
te , qui fe trouve à leur partie infé-
rieure , Se d'où fort une efpece de
petite iiot'pe compofée de quelques
filets. Le nom à* antennes à maffia pa-
roît , dit M. de R É a u M u r , pro-
pre à donner une idée de la forme de
celles-ci , qui reffembltnt affez à celle
fous laquelle on repréfente la maflue
d'H e n c u I, e. On trouve des anten-
nes du genre de celles-ci à des Papil-
lons qui fe foutiennent en volant au-
deffus des fleurs , qu'on ne voit point
s'appuyer deffus', & dont les ailes ,
mues avec vîteffe , f$nt un bourdonne-
ment continuel
M. d e Réaumur met' dans le
troifieme genre les antennes qui diffé-
rent de celles du genre précédent, err
ce qu'elles font plus larges qu'épaif-
fes , au-lieu que les autres font plus
épaiffesque larges : comme les autres ,
elles augmentent de diamètre, à rae-
fure qu'elles s'éloignent de leur ori-
gine. Ces antennes font plus contour-
nées & reffemblent affez aux cornes de
Bélier. 11 y a des Papillons communs
dans les prairies qui portent de ces
fortes d'antennes.
Le même Obfervateur range dans le
quatrième genre les antennes qui fe
terminent par une pointe aiguë , affez.
femblable .1 celle qui termine les anc-
iennes du fécond genre :. mais elles co-
difièrent , 5c de celles des autres geny-
334 P A P
res , en ce que peu au-delïus de leur
origine elles prennent fubitement une
augmentation de grofTeur qu'elles con-
servent dans la plus grande partie de
l'étendue, c'eft-à -dire, jufques aflez
près de leur bout , où elles fe con-
tournent un peu pour fe terminer par
une pointe , qui quelquefois porte elle-
même une autre pointe , corrpofée de
plulîeurs filets ou poils extrêmement
déliés. Le microfeope fait appercevoir
fur ces antetmes deux rangs de poils.
Plufteurs efpeces de très-gros Papil-
lons ont de ces fortes d'antennes. Elles
font elles-mêmes grofles , mais elles
font courtes par rapport à la longueur
du corps. M. de R É A u M u u les
appelle des antennes p.ijmatiques ,
pareeque la plus grande partie de leur
étendue eft une efpece de prijmc , qui
a pour bafe un fecteur de courbe. Il
en a cependant trouvé , qui , fur une
de leurs faces , avoient une cane-
iure.
11 fait entrer dans le cinquième gen-
re toutes les antennes , qui font aufli
'groifes ou plus grolTes à leur origine
qu'en aucun autre endroit , Se qui de-
là , jufqu'à l?ur extrémité , vont en
diminuant de diaqjetre , pour le termi-
ner en pointe , sAiême généralement
qui près de leur extrémité ne font pas
plus grolfes qu'ailleurs. Il les app; lie
des antennes à filets coniques & g ral '
nés. Les amènes de ce f enre font cel-
les qu'on trouve à un plus grand nom-
bre d'efpeces de Papillons. Il y en a
de courtes ; il y en a au SI de très-
longues , par rapport à la longueur du
corps.
Lnfin M. de R é a u m u r met
dans le fixieme genre les antennes
dont la ilructure paroît plus finguii ■ re.
Il les nomme anter.nes en plumes. A la
{impie vue , chacune de ces ànttknes
eft corrpofée d'une tige , qui , depuis
fon orifine jufqu'à fon extrémité, va
en diminuant de grofTeur; Se des deux
côtés oppoPs de cette tige partent
des filets difpofés comme les barbes
P A P
des plumes , mais moins preffés les uns
auprès des autres. Dans les difïérens
genres de Papillons , qui portent ces
f ortes d'antennes , elles fervent à faire
dillinguer les fexes. Celles des mâles
font bien plus belles que celles des fe-
melles ; elles font plus fournies de
barbes, Se de barbes plus longues Se
qui fe foutiennent mieux. Le grand 8c
beau Papillon Paon , qui vient d'une
groffe Chenille à tubercules du Poi-
rier , donne un exemple de cette diffé-
rence. De chacune des parties de la
tige de l'antenne de la femelle , ren-
fermée entre deux articulations , il ne
part qu'une barbe de chaque côté , &
il en part deux du côté de chaque pa-
reille partie du Papillon mâle. Voilà
les principaux genres des antennes des
Papillons.
Les antennes de ces fix genres font
mobiles fur leur bafe. Les Papillons les
inclinent & les redreffent à leur gré.
Les uns les tiennent fouvent couchées
fur leur corps ; d'autres les portent
élevées Se droites ; d'autres enfin les
portent tantôt droites Se tantôt cou-
chées. 11 y a des Papillons qui portent
des antennes à plumes , comme les Liè-
vres portent leurs oreilles. Outre que
l'antenne efl mobile fur fa bafe , fa tige
peut le courber plus ou moins , Se fe
contourner en diiférens fens. Le grand
nombre d'articulations qui s'y trou-
vent lent deftinées àlervir à toutes ces
flexions.
IL eft encore inconnu à nos Obfer-
vateurs de quel ufage font ces anun-
nes , parties compofées avec art , &
tres-organifées. Les ufages qu'on leur
attribue ne répondent pas, dit M. de
Réau^mur, au travail qui entre
dans leur compofition, Quelques-uns
ont dit qu'elles étoient faites pour m .t-
tr; les yeux à couvert Des antennes ,
qui n'ont que la grofleur d'un filet
auprès de l'ail , Se qui vont affez loin
fe terminer p^r une .erolle tête , ne font
pas faites pour défendre l'œil. D'au-
tres les ont employées à nettoyer ou
P A F
â Balayer les yeux , qui eft un vJagÉ
fort important, Se auquel la forme des
antennes les rend peu propres. Ceux
qui ont cru que les Papillons fe fer-
voient de leurs antennes comme l'aveu-
gle fe fert d& fon bâton , Se qu'elles
leur annonçaient les corps contre lef-
quels leur tête pourro't fe heurter ,
n'ont pas paru à M. de Hé a u m u r
avoir mieux imaginé leur véritable
ufage , quoiqu'ils en aient imaginé un
plus utile que les précédons. 11 doute
f] ces antennes ne font poin: l'organe
de quelque feus , par exemple , com-
me de l'odorat. Piufieurs infectes fem-
blent l'avoir exquis , Se on ne fait pas
où en eftl'organe chez eux ; mais c'eft
fur quoi il n'ofe hafarder des conjectu-
res. Les tiges des antennes de piu-
fieurs efpeces lui ont paru des tuyaux
creux : l'intérieur de quelques-unes
femble être de la nature de la corne ;
il eft même luifànt : relies font , dit-il ,
la plupart des tiges des antennes à plu-
mes. Il y en a de celles-ci qui font bru-
nes , d'autres qui font noires , d'au-
îres qui font jaunâtres.
Trompe des Papillons.
Pour la trompe l'ufage en eft mieux
connu que celui des antennes. Piu-
fieurs efpeces de Papillons s'en fervent
pour fucer le fuc dts fleurs. Nous di-
ions piufieurs efpeces , pareeque tous
les Papillons n'ont pas une trompe
ienfible : elle manque , par exemple ,
à celui du Ver à foie. Cette trompe ,
dans ceux qui en font pourvus , eft
préciïément entre les deux yeux. Tant
que le Papillon ne cherche point à
prendre de nourriture , fa trompe eft
roulée en fpirale. Chaque tour, com-
me dans les montres, enveloppe celui
qui le précède. Il y en a de courtes ,
qui ne forment gueres qu'un tour &
demi , ou deux tours. 11 y en a de
grandeur moyenne , qui forment trois
cours & demi , ou quatre tours , & il y
en a de très -longues , qui font plus de
PAP 335
huit ou dix tours. Quand elle eft rou-
lée , il n'y a qu'une partie de la circon-
férence de ce rouleau , qui s'offre aux
yeux. Un Papillon , pour fe fervir de
fa trompe , vole autour de quelque
fleur , fe pofe deffus ou tout auprès
pour quelques inftans : alors il porte
en avant fa trompe , entièrement ou
prefque entièrement déroulée : bien-
tôt après il la redreife, au point de lut
laiifer à peine un peu de courbure. II
la dirige en bas , il la fait entrer dans la.
fleur, il en conduit le bout jufqu'au
fond du calice, quelque profond que foie
celui que la fleur forme. Quelquefois
un initant après il l'en retire pour la
courber , pour la contourner un peu r
Se quelquefois même pour lui faire
faire quelques tours de fpirale : fur le
champ il laredreffè, pour la plonger
une féconde fois dans la même fleur y
d'où il la retire comme la première
fois» pour la recourber. Après avoir
répété iept ou huit fois le même manè-
ge , il vole fur une autre fleur. Il y a
des Papillons qui ne s'appuyent jamais
fur une fleur : c'eft en volant qu'ils-
en pompent le fuc : ils planent à la .
manière des oifeaux de proie au-deffus
de celles qui font de leur goût. Cette
trompe paroît à la vue une efpece de
lame plus large qu'épailfe , d'une ma-
tière àfïez analogue à la corne. La trom-
pe eft compofée de deux parties éga-
les Se femblablcs. Le Pere B o N A N N r
en a fait repréfenter dans fa Microgra-
phie. M. Puget a auflS depuis donné
la defeription de fa ftructure , Se on
voit dans M. DE Réaumur. (Tome h
Mém. V.) ce qu'il en dit. Il y a quel—
ques variétés dans les couleurs des
trompes. Quelques-unes font toutes
noires; d'autres font rouffes', ou cou-
leur de maron ; d'autres font couleur
de feuille morte ; d'autres font d'un
jaune plus clair. Il y en a qui font char-
gées de poils à leur furface inférieure »•
d'autres n'en ont point du tout, d'au--
tres en ont fur les côtés. Enfin il y a
des variétés dans la figure des troua.--
g 3 d P A P
pes & dans la ftruchire intérieure. Les
trompes ea cordon font plus courtes Se
plus grottes que les autres , Se n'ont
dans leur Intérieur qu'un feul canal.
Corfelet & jambes des Papillons,
Le corfelet eft la partie antérieure
du Papillon : elle eft fblidement cons-
truite, Se effectivement elle a plus be-
foin de folidité que toute autre partie ,
puifqu'elle porte les quatre ailes : elle
a encore A Soutenir tous les mouve-
mens ; aulïï fa charpente eft-elle forte :
elle eft compofée de pièces écaillcufes ,
épaiiTes Se fi bien liées enfcmble ,
qu'elles n'ont aucun jeu. C'eft aulfi le
corfelet qui eft chargé des jambes du
Papillon. Ceux de toutes les efpeces
n'en ont que fix. Il y en a même qui
n'en employent jamais que quatre ,
foit pour marcher , foit pour fe fixer.
Les deux premières jambes de ces Pa-
pillons ne font pas faites pour fervir à
ces ufages , au-lieu que les quatre au-
tres ont un pied , qui fe termine par des
crochets. Le pied de ces quatre jambes
eft couvert de poils , qui le rendent
affez femblable au bout d'un cordon
d'une palatine de peau. Ils tiennent
fouvent ces deux premières jambes
fi appliquées contre leur corps , où de
longs poils aident à les cacher , qu'on
a bien de la peine à s'affurer qu'ils les
ont , jufqu'à ce qu'on leur ait arra-
ché les quatre autres.
Corps des Papillons.
J'ai dit que M. de Réaumur donne
le nom de corps à la partie poftérieure
des Papillons. Ce corps eft compofé
d'anneaux, dont la partie fupérieure
au moins eft vifiblement écailleufe ,
ou cartiiagineufe. La forme qui naît
de l'affemblage de ces anneaux eft
celle d'une efpece d'olive , plus ou
moins allongée dans différons Papillons.
Souvent les anneaux font cachés fous
Jes grands poils & fous les plumes
F A P
qu'ils portent ; mais outre tant de
poils Se tant de plumes, ils font re-
couverts d'écaillés femblables à celles
des ailes. Le contour fupérieur du
bord de chaque anneau , c'eft-à-dire
celui fous lequel s'emboëte le bord de
l'anneau fuivant , eft de plus fraifé
d'écaillés pointues. Voilà en abrégé
ce que je puis dire de toutes les parties
du Papillon.
Papillons diurnes & Papillons nollurnes,
Les Papillons diurnes Se les Phalè-
nes , ou Papillons nocturnes ont des
parties , par Iefquelles ils font aifés à
reconnoître. On les diftkgue fur-tout
par la torme de leurs antennes. Tous
ceux qui ont les antennes du premier
genre, que M. de Réaumur nomme
antennes à boutons & à maffia, font des
Papillons diurnes. On ne voit aucun
des Papillons qui en portent , venir le
foir fe brûler à la chandelle. Il y a
encore d'autres formes d'antennes ,
propres aux Papillons diurnes: ce font
celles du fécond genre. Celles du troi-
fieme genre, que le même Obferva-
teur compare aux cornes du Bélier ,
font regardées comme peu propres
aux Papillons diurnes.
Les Phalènes portent des antennes
des trois autres genres , de celles des
quatrième , cinquième Se fixieme gen-
res, c'eft-à-dire de celles qu'il nomme
antennes prifmatiqites , de celles qu'il
nomme antennes à filets coniques , ou
de celles qui font en plumes , ou à
barbes. Les Papillons qui viennent vo-
ler le foir dans les appartemens, qui
vont fe brûler aux lumières , ont tou-
jours des antennes d'un des trois gen-
res. Il y a cependant des Papillons qui
ont de ces fortes d'antennes , qu'on
voit voler en plein jour & en grand
nombre dans les bois : mais M. DE
Réaumur a obfervé que c'étoient
des mâles , qui cherchoient , pour s'ac-
coupler.des femelles, iefquelles étoient
tranquilles Se immobiles fur des feuil-
les :
P A F
îes : ce qu'il y a de vrai , c'eft qu'on"
ne voit jamais de Phalènes voltiger
Je fleur en fleur en plein jour, pour
fucer leur miel.
Clajjes des Papillon/ diurnes,
La clafTe des Papillons diurnes n'eft
pas â beaucoup près fi nombreufe que
celle des Papillons nocturnes ou Phalè-
nes. M. de Réaumur diftribue cette
clafle de Papillons diurnes en huit au-
tres. 11 compofe la première, de ceux
dont les antennes îbnt terminées par
des maflTes ou boutons , qui tiennent
le plan de leurs ailes perpendiculaire
à celui fur lequel ils l'ont pofés , &
dont le bord inférieur des ailes infé-
rieures embraffe le deffbus du corps ,
& enfin qui font pofés fur fix jambes Se
qui marchent auffi fur fix jambes. Le
Papillon blanc , avec quelques taches
noires, qui vient de la plus belle des
Chenilles de Chou , dont M, de
Réaumur donne l'hiftoire dans le
Mémoire XI. Tome I. fournit un exem-
ple des Papillons de cette claiTe.
Cet Obfervateur comprend dans la
féconde clafTe ceux dont les quatre
eiles font perpendiculaires au plan de
pofition, & dont les inférieures em-
braient auffi le corps par dedous, mais
qui ne fe pofent que fur quatre jam-
bes. Il ne leur en paroît que quatre ,
foit qu'ils marchent , foit qu'ils foient
en repos. Ordinairement ils tiennent
leurs deux premières jambes repliées.
Diverfes efpeces de Chenilles épineu-
fes donnent des Papillom de cette claf-
fe, comme la Chenille épineufe d'Or-
tie , qui y vît folitaire.
Dans la troïfieme clafTe font raflem-
blés les Papillons qui ont le même port
d'ailes & la même forme d'antennes
que ceux des deux clalTes précédentes :
Ils ont même de commun avec ceux
de la féconde de ne fe pofer & de ne
marcher que fur quatre jambes ; mais
ils n'ont point comme eux leurs deux
premières jambes terminées en cor-
dons de palatines j elles font faites
Tome Lit.
PAP 337
comme les autres jambes , mais fi con-
fidérablement plus petites , que les
yeux ont peine à les voir. Un Papillon
très-commun dans les prairies 8c dans
les champs vers la fin de Juin, pen-
dant tout le mois de Juillet Se même
plus tard , elt de cette clafle. 11 y a des
Papillons beaucoup plus petits , qui
d'ailleurs reffemblent aux précédens
par la couleur des ailes , qui font auffi
de la même clafTe. On range encore
fous cette clalTe quelques efpeces de
Papillons , fur les ailes defquels il y a
une diùribution de taches noires Se de
taches blanches, qui imite allez celle
des quarrés d'un damier, & beaucoup
d'autres efpeces appartiennent à cette
même clafle.
M. de Réaumur range dans la
quatrième clafle les Papillons dont les
antennes font encore terminées par des
maffes , ou boutons , Se qui portent aulfi
leurs quatre ailes perpendiculaires au
plan de poiition , mais dont le bord des
inférieures fe recourbe , pour venir
embrafler & couvrir le deflus du corps.
Les ailes de ceux-ci laifTent tout le
relie du corps à nud. Outre ce caractè-
re , chaque aile inférieure de ces Pa-
pillons a vers le bout extérieur de fà
bafe une longue appendice & une partie
qui s'étend en pointe beaucoup par-
delà le refte du corps. Cette partie fem-
ble former une queue au Papillon ;
auffi appelle-t-on ceux qui les ont des
Papillons à queue , dit M. de Réaumur j
cependant des Papillons aux ailes def-
quels ces appendices manqueroient
feroient de cette quatrième clafle ,
ajoute-t-il , fi le bord de leurs ailes
inférieures fe replioit pour embraiïer
le deflus du corps. Ils ont fix véritables
jambes. On trouve vers la. fin de Juillet
aflezfouventaux environs de Paris un
grand & beau Papillon de cette clafTe.
M c Mfrian l'a fait graver dans fa Plan-
che XCI V. des Infebîes de l'Europe.
Le même Obfervateur met dans la
cinquième clafTe , des Papillons qui
ont encore leurs antennes terminées
Vu
33 î *» A?
par des mafles ou boutons, qui ontfix
vraies jambes , maïs qui , quand ils
font en repos , tiennent ordinairement
leurs ailes parallèles au plan de pofi-
tion , ou qui au moins ne les redreflent
jamais aflez, pour que les deux fupé-
rieurcs s'appliquent l'une contre l'au-
tre au-defliis du corps. Il y a un Pa-
pillon de cette ciatTe , qui vient d'une
petite Chenille raie de la Guimauve.
Les Papillons de la fixieme clalTe
font cara&érifés par leurs antennes en
maflue, c'eft-à-dire par ces antennes
qui , depuis leur origine jufques près
de leur extrémité, augmentent en grof-
feur. Tous ceux que M. de Real mur
connoît volent prefque continuelle-
ment pendant le jour ; cependant
Meri A N a donné le nom de Phalène à
des Papillons de cette efpece ; mais M.
de RéaumuR n'hérite pas à les
placer parmi les Papillons diurnes ,
puisqu'il n'y en a point qui volent plus
pendant le jour, té qui volent moins
pendant la nuit. Ce font de ces Papil-
lons qui planent fur les fleurs, pendant
que leur trompe allongée en fuce la
Éqoetir, Quelques Auteurs les nom-
ment des Èperviers , nom qui leur con-
vient affez , en ce qu'ils relftmbknt
à ces oifeaux , ou à d'autres oifcaux
de proie, par la facilité qu'ils ont de
fe foutenir en l'air , fans prt fque chan-
ger de p'ace. Le bruit qu'ils font en
volant les fait appeller des Papillons
Bourdons. M. DE Réaumur place
dans la même claUe , des PapiiLns
qu'il nomme Papillons Mouches , par-
ceq^e leurs ailes ne font pas entière-
ment couvertes des poufîkres qui ren-
dent opaques celles des autres Papil-
lons s elles font tranfparentes , au moins
dans une partie de leur étendue.
Les Papillon qui ont des antennes
en cornes de BMîer , font de la fep-
tieme rlafTe : tel eft tin Papillon tri s-
Commun dans les prairies , qui vole
peu pendant le jour , qu'on voit atta-
ché contre des tiges de plantes Se fou-
lent contre des tiges de G r amen. M e
P A P
Me Ri AN l'a mis parmi les Phalènes %
& R a y le met parmi les Papillonr
diurnes, ainfi que M. de Réaumur,.
par la raifon que fes antennes reflem-
blent plus à celles des Papillons diur-
nes qu'à celles des noil urnes.
Le même Académicien dît que fi
tout a été exactement repréfenté dans
le Papillon de la Planche XX. des In-
jectes de Surinam, par M c 'Mïrian;
il demande qu'on établilfe une huitième
claife pour les Papillons diurnes. Celui
qu'on y voit a des antennes à filet :
coniques.
Papillons notlurncs , ou Phalènes.
J'ai dit qu'il y a beaucoup plus de
genres & d'efpeces de Papillons milur-
nés que de Papillons diurnes. Ils ne vo-
lent la plupart qwe la nuit, ou quand
la nuit approche. M. deReaumur
fe contente de les civifer en iep t claifes;
mais il donne les caractères d'un grand
nombre de genres , qui viennent fe
ranger fous chacune de ces claifes. En
parlant de la trompe des Papidons ,
j'ai dit que les diurnes en étoient pour-
vus ; mais il y a beaucoup de genres
de nocturnes , quiiont privés de la trom-
pe, M. de Réaumur a obfcrvé qu'il
y a une quantité de ces Phalènes,
qui ne mang. nt + m ne fongent à
manger de leur vie : une trompe leur
eft donc inutile , au moins pour pren-
dre leur nourriture. Parmi ceux qui
ont des trempes il y en a qui les ont
extrêmement petites , réelles à la vé-
rité , mais prefque inftnfibles pour
nous, & il les range dans la clafle de
ceux quî n'en ontpas, fans déiapprou-
ver ks Obfervateurs qui , dans les c'a£
fes des P api Ions fans trompe, diftin-
guenteeux qui en font pourvus, d'avec
ceux qui en ont d'extrêmement peti-
tes, Se d'une forme différente de celle
des trompes ordinaires. Il les loue
même de leur exactitude.
Clajfes des Papillons mil urnes.
Cet Obferyateur met dans la pre-»
P A P
mîere clafle des Papillons nofturnes
ceux qui portent ces efpeces d'anten-
nes ( qu'u nomme antennes prijmati-
ffues. Ce font celles qui entre leurs deux
bouts, dans la plus grande partie de
leur étendue, ont un diamètre à-peu-
près égal , Se dont la coupe ell un lec-
teur de courbe , ou un triangle curvi-
ligne. Tous les Papillons de cette cla£
fe ont des trompes. 11 y a des Bourdons
Phalènes dans cette première clalte ,
comme il y a des Papillons diurnes
dans la fixi me clafle des diurnes. Plu-
feurs des plus grandes Se des plus
belles efpeces de Phalènes appartien-
nent à cette première claile. M. D E
R e A u M u R en donne la description ,
çe qui lui donne occafion de parler des
caractères qui en peuvent diltinguer ks
genres. Le Papillon qui vient de la
Chenille qui vit fur le Tithymale, ap-
partient à cette claffe. Les longueurs
& les figures des trompes fervent X
diltinguer les genres de cette première
clalfe de Phalènes.
Le caractère des Papillons , dont 11
compofe la féconde claffe , eft d'avoir
des antennes à filets coniques, ou plus
exactement Se plus généralement des
antenn s qui depuis leur origine juf-
cju'a leur extrémité diminuent infenil-
blement de diamètre 8c fe terminent
par une pointe alfez fine. Les mêmes
Papillons , comme ceux de la première
clalfe , doivent être auffi pourvus de
trompes.
Les Papillons de la troifieme claffe
ont des antennesfemblables à celles des
Papillons de la clalfe précédente , mais
on ne leur trouve point de trompe.
Le caractère de ceux de la quatrième
eft d'avoir des antennes à barbes Se une
trompe.
Les Papillons réunis dans la cinquiè-
me claffe ont les antennes à barbes,
& n'ont point de trompe.
Ces cinq claffés fontcara&érifées par
les antennis Se les trompes , Se M. de
R é a u m u R diftingue les genres des
papillons appartenans à chaque clafle
ÏAP
par le port des ailes. Il en fait dix gen-
res différens , qui font communs à ces
cinq premières claffes. Voyez le Mé~
moire VU, Tome I. p. 197 . CT J iiv.
La fixieme claffe comprend les Pa-
pi/Wrdefquels les femelles n'ont point
d'ailes fenlibles. 11 paroît par les Plan-
ches de M e M e a 1 a n , & par celles
d'É léazar. Albin, que plufieurs
efpeces de Papillons à brujfes , qui ont
de longues aigrettes proche de la tête
en forme d'antennes , donnent des Pa-
pillons femelles qui n'ont pas d'ailes
lenfibles. Les Chenilles arpenteules à
dix jambes fourniffent un bon nombre
de Papillons femelles, qui appartien-
nent à cette fixieme clalfe.
M. de Rëaumur nous apprend
que ceux de la fixieme clalfe lont mieux
caractérifés que les précédens. Us ont
des ailes qui imitent celles des oileaux.
Ces ailes paroilTent compofées de vé-
ritables plumes. Tous ceux qui appar-
tiennent à cette clalfe font petits ,
mais la ftmfture particulière de leurs
ailes a paru digne à M. D E R É A u-
mur d'être examinée. 11 les a mis a
la fuite des Phalènes. Us en ont, dit-il ,
un des caractères par leurs antennes à
filets coniques. On ne laîlfe pas que
de les voir voler pendant le jour : d'ail-
leurs la transformation des chenilles»
d'où ils viennent, fe fait de la même
manière que celles des Chenilles des
Papillons diurnes. Ils pourroient donc
auffi appartenir à la claffe des P api, ions
diurnes ; mais de tout cela , ajoute-
t-il , il réfulte qu'on les peut regarder
comme une claffe particulière , qu'il
place à la fuite des Phalènes. Il en cori-
noît trois genres , quife fontaifément
distinguer les uns des autres. Ceux du
premier font d'une grande blancheur.
Ils fe poient ordinairement fur fix
jambes, dont les deux poltérieures font
plus longues que les antérieures. Le
Papillon qui lui fert d'exemple , pour
le fécond genre de ceux à plumes ,
ell d'un brun qui tire fur une couleur
de bois clair : il ne s'appuie ordinaire-
340 P A P
P A F
ment que fur les quatre jambes anté-
rieures ; il tient les deux dernières ,
qui font confidérablement plus lon-
gues , étendues , quelquefois le long
des côtes , Se quelquefois deflbus le
corps, auquel elles forment une efpece
de queue , après s'être croifées l'une Se
l'autre fur le derrière. Chacune des
jambes de ce Papillon , Se chacune de
celles du précédent , ont d'efpace en
efpace d'aifez grands crochets ou er-
gots. Les Papillons du troifieme genre
à ailes en plumes , les tiennent tou-
jours déployées : ils font petits. La
couleur de ceux que M. de Réau-
m u R a vus elt de couleur brune. Du
brun clair & plus foncé , mêlé par
petites taches , fait toutes les variétés
We quelques-uns. Ce brun a pourtant
un œil doré, Outre que ce Papillon
eft petit , fes ailes font tendres ; cha-
que aile fiipérieure elt formée de huit
plumes, Se chaque aile inférieure de
quatre plumes.
Couleurs différentes des Papillons.
C'eft par les couleurs différentes les
unes des autres qu'on distingue les ef-
peces de Papillons. Voici comme parle
M. d e R é A u M u r . à la fin de fon
Mémoire Vil. ci-deffus cité. Il y en a ,
dit-il , dont toutes les ailes font d'une
même couleur ; d'autres , dont les ai-
les inférieures font colorées autre-
ment que les fupérieures. Les couleurs
du deflbus de la même aile font fou-
vent différentes de celles du deffus.
Quelques ailes fontprefque d'une cou-
leur fimp'e ; d'autres d'une couleur
compofée. Quelques-unes n'ont qu'un
bord d'une couleur différente de celle
du relie ; d'autres n'ont que quelques
taches d'une autre couleur de celle
du fond. Entre les taches , il y en a de
rondes compofées de différentes cou-
leurs, nuancées Se distribuées par ban-
des circulaires Se concentriques , qui
imitent la figure des yeux , Se qui en
forcent le nom : d'autres ailes font
toutes remplies de taches de dîfferen»-
tes couleurs ; les couleurs font éten<-
dues par raies fur quelques-unes , fur
d'autres par ondes. Il y en a qui ont
des ailes , où l'or 8c l'argent femblent
répandus , tantôt avec profufion , tan-
tôt avec art. Il y en a qui les ont na-
crées , ou qui ont des taches qui fem-
blent de nacre : d'autres ont à leurs
ailes des parties plus ou moins gran-
des , qui ont une forte de tranfparen-
te ; c'eft ce qui leur a fait donner le
nom d'ailes vitrées ; enfin on y obferve
toutes les variétés imaginables. Ce que
M. deRéaumur en a parcouru , (oit
de couleur , foit de forme différente ,
fuffit pour donner une idée de la gran-
de quantité de Papillons que l'Auteur
de la Nature s'eft plu à produire Se
à cliverfifier fi fingulierernent. Ce n'efl
que d'après lui que j'ai parle des par-
ties extérieures du Papillon , ainfi que
des claffes des Papillons diurnes Se dis
Papillons melurnes.
Pour achever de donner l'hilïoîre
générale des Papillons, il me refte en-
core à expofer aux yeux du Lecteur
la différence des Papillons maies 8e des
Papillons femelles y 8e à parler des fe-
melles qui pafTent leur vie fans pren-
dre de nourriture , de même que d«
l'accouplement des Papillons , Se des
parties de la génération de ces infectes.
Enfuite je ferai mention de la fé-
condité des Papillons femelles , de la
figure de leurs ceufs , de leur couleur,
de leur enveloppe , ainfi que des lieux
où ces ceufs font dépof 4 s , de leurs nids,
Se du temps de la ponte ; après quoi-
je pafierai aux deferiptions de quel-
ques Papillons les plus finguliers»
Différence des Papillons mâles & dej
Papillons femelles.
Il y a des mâles Se des femelles
parmi les Papillons de tous les genres
Se de toutes les efpeces. Ceux de diffé-
rent fexe dans chaque efpace font
aifés à diiUnguer, Parmi eux, comeie
PAP
parmi tous les autres infeétes , les fe-
melles font plus grandes & plus grof-
fes que les mâles, Le corps des mâles
eft petit Se effilé ; celui des femelles
eft plus gros , plus renflé Se plus ar-
rondi. Le derrière des premiers eft
plus pointu que celui des autres : maïs
ces différences ne font pas , dit M. de
R i A u M u R , auflï grandes Se auffi
frappantes dans les Papillons diurnes,
qu'elles le font dans les Phalènes. 11 y
a des femelles de Papillons nocturnes ,
dont le corps eft une fois plus long
que celui des mâles, & plus gros dans
la même proportion , ou dans une pro-
portion plus grande..
Femelles qui pajfent leur vie fans prendre
de nourriture.
Les femelles de quantité de genres
de Phalènes ne femblent être deve-
nues Papillons , Se n'avoir pris cette
dernière forme que pour être en état
de faire féconder leurs œufs & pour
les pondre. L'cll à quoi fe réduit tout
ce qui fe paife dans le court refte de
leur vie : elles font leursœufs , & elles
périifent , fans avoir pris de nourriture
Se fans avoir cherché à en prendre.
Cttte indifférence pour routes fortes
d'alimens, ou peut-être l'impui'.fance
d'en prendre, et! montrée par les Pa-
pilLns femelles des Chenilles à oreilles
du C hêne. Les Papillons du Ver à foie
font encore un exemple connu de ceux
qui perpétuent leur efpece lans pren-
dre aucun aliment.
Accouplement des Papillons.
Les Papillons maies fbrtent vifs 5c
actifs de leurs Chryfalides: ils pren-
nent l'effor , volent Je routes parts ,
Se ne femblent être mis en mouve-
ment que par le difir de trouver des
femelles. Tefe font ces Papillons qu'en
■voit voler par petites nuées en plein
jour dans les bois , quoiqu'ils aient
d'ailleurs tous les caractères dus P ha-
P A? 34>r
Unes. Leurs femelles font suffi lour-
des , pefantes Se pareffeufes qu'ils font
légers >. vifs Se actifs. Ces Papillons fe-
melles ne font aucun ufage de leurs
ailes qui font grandes : toujours tran-
quilles , elles attendent que le mâle
vienne les trouver; elles ne femblent
ni le chercher , ni le fuir: mais autant
que la femelle eft indifférente autaat
le mâle eft ardent. 11 vole de toutes
parts & continuellement , Seilfemble
que ce ne foit que pour en découvrir
quelqu'une. Des qu'il s'en trouve pro-
che , dès qu'il l'a touchée , il s'y ac-
couple fur le champ , & dans l'inftanr
il le calme Se arrête le mouvement de
fes ailes. Le mâle ne fe pofe pas fur
fa femelle ; il place fon corps fe long
du fien » Se comme ii eft bien moins
long , Se que leurs parties poftérieures
doivent fe rencontrer, la tête du mâle
fe rrouve environ vis-à-vis le milie-i
du corps de la femelle. Du côté où ell
le mâle , qui eft ordinairement le côté
droit, le bout d'une de fes ailes re-
couvre le bout ou la partie du bout
de l'aile de la femelle , qui eft du mê-
me côté. Au moyen de cette difpo-
fition l'accouplement s'achève dans
l'oblcurité. L'accouplement dure fou-
vent plus d'une demi-heure , Se même
quelquefois une heure. Les femelles de
cette elpece n'ont befoin que de s'ac-
coupler une fois dans leur vie ; elles
ont le corps fi rempii d'œufs qu'elles
commencent leur ponte , dès que l'ac-
couplement eft fini:
Les femelles de ces Papillons Se cel-
les de pluiieurs autres efpeces, ne fe
fervent point de leurs ailes pour vo-
ler , puifqu'elks pnifentleur vie fans
voler. Les Papillons mâles Se femelltj
des Vers à foie pafTent auflï leur vie
fans voler; mais leurs ailes font moins
grandes que celles des précédens. Dès
que le Papidon mâle du Ver à foie
paroîtau jour, il ne femble fonder qu'à
s'accoupler, comme font tes autres Pa-
pillons. A peine eft-il fec , qu'il mar-
che en agitant fes ailes de temps eai
34* PAP
temps, 8c tenant le bout de fon der-
rière recourbé en haut , il cherche en
cetre attitude une femelle; dis qu'il
Va rencontrée , il fe retourne de façon
qu'il puilTe appliquer le bour de Ton
derrière contre le lien Alors l'accou-
plement eft bientôt parfait: il fe fait
tout diiîîremmenc que le précédent.
Ce que le Papillon maie du Ver à foie
a de remarquable , c'elt qu'il agite les
ailes avec vîtelTe à différentes repri-
fes, comme l'a remarqué MalpiGhi.
Beaucoup de Papillons de différen-
tes efpeces iont dilpofés comme ceux
des Vers A foie p.ndant l'accouple-
Tn.nt, ayant leurs tète? tournées vers
des côtés diamétralement oppolés , Se
leurs corps fur une même ligne; mais
la plupart, dit M. de Réa u M u R,
relient tranquilles pendant toute ia du-
rée de l'accouplement , Se fi tranquil-
les , qu'on ne leur voit faire aucun
mouvement. Les ailes de l'un recou-
vrent en partie les ailes de l'autre Se
font quelquefois fi bien appliquées
de Jus , que les deux infectes n'en pa-
roiiîent qu'un à deux têtes. Cette dif-
pofition eft aiïez ordinaire à plusieurs
petites efpeces de Papillons, qui vien-
nent de Chenilles qui plient ou roulent
des feuilles.
Pendant la durée de l'accouplement
de quelques autres Papillons , le corps
du mâle fait un angle avec celui de la
femelle , tantôt aigu , tantôt obtus 5c
tantôt droit. D'autres Papillons font
placés pendant l'accouplement com-
me le font la plupart des Quadrupèdes ,
& quantité d'autres infectes : le mâle
eft pcfé fur le dos de la femelle.
Les femelles de quantité d'cfpeces
de Phalènes attendent paifiblement le
tnàle , fans paroître le défircr ; mais
celles de piufieurs autres efpeces de
Phalènes , malgré leur tranquillité ,
femblent inviter les mâles qui les ap-
perçoivent à venir fe joindre à elles.
Leur corps n'eft pas étendu fur le plan
où elles font appuyées; elles relèvent
le bout de leur derrière au-deflus de
P A P
leurs ailes : quelques - unes même ,
pour le mettre plus en vue , courbent
le corps en crochet, de manière qu'el-
fes ramenen le bout de leur derrière
prelque vis-à-vis le defTus du corfelet.
Llles palTent des journées dans cette
a-.titude, fi les mâles ne fe préfentent
point.
Les Papillons diurnes font ordinai-
rement en l'air le prélude de leur ac-
couplement. On y en voit fouvent vo-
ler deux , qui tour à tour fe pourfiu-
vent & fe luient Dans le mois d'Août
& dans le commencement de Septem-
bre les jardins font remplis de ces Pa~
pillotu , qui voltigent en l'air l'un
auprès de l'autre. Ln d'eux, c'tftla
femelle, ne paroît plus pouvoir tenir
contre les pourluites de l'autre , s'é-
chappe Se vient fe pofer fur quelque
feuille , Se le mâle après avoir bien
voltigé pour trouver le moment qu'el-
le ouvre les ailes , en failli , s'il le peut
l'inftant, Se il le trouve à la fin , apns
bien des tentatives inutiles ; alors il
fond fur le co-ps de la femelle , Se
dans Imitant l'accouplement s'achève.
Dans le temps ou il commence, le bout
du derrière du mâle accroche le bout
du derrière de la femelle. Le mâlere-
drefle fes ailes , qui font prelque en-
tièrement enfermées entre celles de la
femelle , lcfquellcs enveloppent en
même temps tout le corps du maie. On
ne voit alors que le corlélet, & la tête
de ce dernier, qui eft tournée du côté
oppofé à celui vers lequel eft tournée
celle de la femelle. I out s'achève en-
fuite tranquillement ians que ni l'un ni
l'autre de ces Papillons fe donnent des
mouvemens fenfibles Mais fi on veut
prendre ces Papillons pendant qu'ils
font joints enfemble , la femelle s'en-
vole, chargée du corps du mâle, qui
fe laifle tranfportcr en l'air , fans fe
donner aucun mouvement. Les mâles
de ces Papillons qui s'accouplent ainfi
ne font gueres plus petits que leurs
feme'les : ils ont le corps plus effilé.
On les diftingue les uns des autres par
P A P
deux taches noires lefquelles font deflus
chaque aile de la femelle , Se une feule
tache noire fur chaque aile du mâle.
D'autres Papillons diurnes font au-
trement placés que les précédens pen-
dant l'accouplement. Ils ne font encore
accrochés l'un à l'autre que par le
bout du derrière , Se c'eft le feul en-
droit par où ils fe touchent; mais le
■ventre de l'un eft tourné vers le ventre
de l'autre. Les deux têtes font pofées
Tune vis-à-vis l'autre & à même hau-
teur. Ils ont l'un Se l'autre leurs jambes
cramponnées contre une même tige de
Gr-imen , ou de quelque autre plante ,
ou fur les feuilles qui en fortent ; mais
l'un eft d'un côté de la tige , & l'autre
eft de l'autre côté. Leurs têtes font en
haut Se leurs derrières en bas. Ces for-
tes de Papillons font d'un des genres
de la première claffe des Papillons
diurnes.
De tous les Papillons dinrnes\c$f lus
tranquilles pendant l'accouplement »
& peut-être même ceux qui relient plus
long-temps accouplés , font ceux que
M. deRéaumur range dans la
feptieme claffe ; & ceux qu'il a choifis
pourla caractérifer font ceux defquels
le defïus des ailes eft d'une couleur
changeante , d'un brun verdâtre , ou
bleuâtre, qui tire fur la couleur qu'on
appelle vert de Canard. Pendant l'ac-
couplement les deux corps font ordi-
nairement un angle , qui eft plus ou
moins ouvert , félon que les points
d'appui que les jambes ont faills , fe
font trouvés placés.
Parties de la génération des Papillons.
M a L p i G h i a fait graver Se a
donné les deferiptions de la forme Se
de la ftrucîure des parties de la gé-
nération du Papillon mâle du Ver à
foie. M. de R é a u m u k a fait auffi
graver des figures , qui fuffifent pour
en donner une idée générale , foit par
rapport aux Papillons diurnes , foit
par rapport aux Papillons ijotturnes-
P A P
Pouf voir les parties de la génération
de tout Papillon mâle , on lui preffe
le corps entre deux doigts, affez près
des derniers anneaux. Si on preffe le
ventre des femelles , comme on preffe
celui des mâles , il y en a dont le der-
rière s'allonge alors beaucoup plus
que ne s'allonge celui des mâles en
pareil cas. Au derrière du Papillon fe-
melle il y a deux ouvertures : l'une
qui doit être regardée comme l'anus,
quoiqu'elle foit principalement defti-
née à biffer fortir les œufs Se qu'elle
laiiTe fortir très-peu d'excrémens ; c'efl:
la fupérieure : l'autre, qui eft l'infé-
rieure , eft deftinée à recevoir la par-
tie du mâle. Le ventre des femelles
des Papillons & fur-tout des Papillons
Phalènes y eft gros, ferme Se diftendu.
Celles-ci font très-pefantes , furchar-
gées du poids de leurs ceufs Se pa-
refleufes à marcher.
Fécondité des Papillons femelles.
Les ceufs dans les femelles font dii*
pofés comme des grains de chapelet.
Les huit vaiffeaux qui les renferment
font tantôt appellés par Malpighï
les trompes , tantôt les rameaux ,
tantôt les branches de l'ovaire. C'eft
dans ces vaiffeaux , dans ces trompes ,
félon les obfervations de ce Natura-
lisée , que les ceufs font formés , ou
qu'ils croiffent. Chaque trompe , dit-il ,
en foutient plus de foixante-quatre 5
auffi tel Papillon de-Ver à foie en pond
plus de cinq cent quatorze ou de cinej
cent feize , lorfqu'il pond tous ceux
qu'il a dans le corps.
Figure de leurs œufs, leur couleur, leur
enveloppe , & les lieux oh ils font dépofés.
Les neufs d'un grand nombre d'efpe-
ces de Papillons ont de vraies figures
d'ecufs , c'eft-à-dire qu'ils font arron-
dis , rependant les uns plus Se les autres
moins. Les uns , félon M. deRéau-
M u r , font exactement de petites fghe-
544 P A P
<res ; les autres font des fpheresun pett
applaties ; les autres font des fphéroï-
des plus ou moins allongés & plus ou
moins applatis ; d'autres font des cy-
lindres , des efpeces de petits barillets ,
dont les bouts {ont arrondis ; d'autres
ont à-peu près la forme d'un fromage
d'Hollande : mais , dit M. de R é a u-
MUr, les figures de quantité d'autres
efpeces font moins (impies , & il fem-
ble que la Nature ait pris plus de foin
aies façonner. Les figures de quelques-
uns font des fegmens de fpheres; d'au-
tres font de petits cônes très-écraiés :
leur partie convexe eft remplie de
canelures arrangées. Ces œufs font
joliment fculptés & leurs formes ap-
prochent affez de celles de certains
■boutons. Les Papillons de plufieurs
Chenilles qui vivent fur le Chêne ,
ceux de quelques Chenilles de Chou
qui entrent enterre , celui d'une Che-
nille velue du Tithymalei port de Cy-
près, Sec. pondent de ces œufs à forme
de Cyprès , &c. Se des œufs en forme
de boutons. D'autres Papillons de
quelques autres Chenilles de Chou ,
■font des œufs qui font autant de pyra-
mides. Les œufs du Papillon de la Che-
nille épineufe , félon le même Obfèr-
vateur, ont l'air d'une efpece de tur-
ban. 11 y en a qui font faits comme des
efpeces de tymbales ou de marmites
fans pieds.
La couleur de ces œufs nouvelle-
ment pondus eft blanchâtre , ou d'un
blanc jaunâtre. Il y en a cependant
qui font d'un blanc éclatant , tel que
celui de la Nacre de Perle : mais il y
en a de beaucoup d'autres couleurs.
On en trouve de toutes les nuances ,
de bruns, d'entièrement verts & d'un
beau vert , de bleus , de couleur de
rofe. Il y en a d'une feule couleur , &
d'autres qui font de couleurs combi-
nées par taches , &c. Quelques-uns
confervent affez fcnfiblement leur mê-
me couleur Se prefque leurmême nuan-
ce de couleur , jufqu'au temps où la
Chenille en fort. Mais la première
P A P
couleur des œufs du Papillon du Ver
à foie &: de quelques-autres n'eft pas
durable. Il y en a d'un jaune couleur
de foofrç , qui palfent affez vite à une
couleur qui tire furie violet. Leschan-
gemens de couleurs fe font plus tard
dans d'autres œufs.
L'enveloppe de ces œufs , quoique
folide , eft mince & tranfparente ; car
on aj perçoit les couleurs de la Che-
nille qu'elle renferme. A mefure que
la Chenille croît dans l'intérieur de
l'œuf, elle fe colore, Se à. mefure mê-
me qu'elle croît, fes couleurs changent
Se fe diftribuent différemment. Les
œufs dont l'enveloppe eft plus épaiffe
8e fans tranfparence font ceux qui con-
lervent lenliblement leur même cou-
leur, Ils ne parti, ip.-nt point aux chan-
gemens de couleurs qui fe font dans
l'intérieur, Les enveloppes , ou coques
d'œufs des Papillons , quoique fermes
&folides, ne font pas cependant corn-
pofées comme celles des oifeaux, d'une
matière analogue à celle des coquilles.
M a l P i g H i regarde les leurs comme
analogues à la corne. Elles font fermes
fans être friables. On les coupe avec
des cifeaux.
Chaque œuf ne contient qu'une
Chenille , & les Papillons les dépofent
furies plantes ou fur les arbres, dont
les feuilles peuvent fournir une bonne
nourriture aux Chenilles nouvellement
nées. Les Papillons de toutes les efpe-
ces de Chenilles vont pomper le fuc
des fleurs de mille plantes différentes;
mais ils fe rendent fur celles de l'cfpe-
ce qui les a nourris pendant qu'ils
étoient Chenilles , pour y laiffer leurs
œufs. Cetre règle cependant n'eft pas
fi confiante , dit M. D E Réaumur,
qu'elle ne fouffre des exceptions.
Quelques Papillons , entre les diurnes
de différentes efpeces , difperfent leurs
œufs fur les feuilles, ou fur les tiges
des plantes bien touffues. D'autres
Papillons diurnes Se des diurnes du
Chou , comme celui de la plus belle
des Chenilles de cette plante , ne dif-
perfent
P A P
perfent pas ainfi leurs œufs: ils les ar-
rangent lur la feuille , les uns aulîi
prés des autres qu'il eit polhble. Ils y
fotraent une plaque , compofée d'un
grand nombre de nos petites pyrami-
des. D'autres Papillons , foit diurnes ,
fait nocturnes , arrangent aufli leurs
œufs par plaques , de quelque figure
qu'ils foient.
Nids des œufs des Papillons, & temps
de la ponte.
Tous les œufs des Papillons font
Attachés par une couche de colle. De
tous les nids de ces œufs, celui ou cette
colle eiUeplus vîfibie , & qui d'ailleurs
eft un des plus jolis pour l'arrangement
des œufs , eft un nid connu des Jardi-
niers , pareequ'ils le trouvent allez
fouvent en taillant leurs arbres. Ils
l'appellent le brajjelit ou la bague ,
pareeque ce nid entoure un jet de
Poirier, dePommier, de Prunier, Sec
comme les bagues ordinaires entourent
les doigts , ou comme les bralfelets
entourent les bras. Il entre depuis deux
cents jufqu'à trois cent cinquante œufs
dans chaque braiTelet. Il faut, dit M.
De R É A u m u r , une grande provi-
fion de colle ou de gomme à un Pa-
pillon pour fournir à la composition de
ce braiTelet. Le Papillon qui le fait eft
Phalène. Il eft donné par la Chenille
que cet Obfervateur appelle Livrée.
Les Papillons oe font pas des infec-
tes adroits. Le nid des ceufs de ceux
dont on vient de parler eft cependant
un ouvrage qui demande une force
d'adreffe. Il y a des Papillons qui ne
laiffent pas leurs œufs expofés aux
injures de l'air. Chaque œuf en parti-
culier eft entouré de toutes parts de
poils. 11 eft dans une efpece de loge de
duvet. Des poils couvrent encore la
maffe entière , formée de l'aflemblage
de tous les œufs , & fouvent fi bien,
qu'on ne voit là la forme d'aucun de
ciux qui font cachés. Cette adreffe
eft commune à un grand nombre de
Tome LU.
P A P 34 j
genres de Phalènes. Ces nids font faits
entre autres par les Papillons femelles
qui viennent de la Chenille nommée
la Commune. Ces femelles laiflent leurs
œufs fur des feuilles, quelquefois fur
des branches , fur des troncs d'arbres ,
ou d'arbriflèaux en gros paquets ob-
lon^s. Cette maffe eft toute recouverte
de poils de même couleur. Ceux de
la plupart des nids font roux , Se ceu.r
de quelques autres font d'un brun qui
tire fur la couleur de cafté. Si on rompt
cette maffe , on voit que fon intérieur
eft rempli d'œufs allez ronds., briilans
comme de la Nacre & à-peu-près de
même couleur. Ils font placés les urs
à côté des autres , & les uns au-deffus
des autres ; mais chaque œuf eft fi bien
enveloppé de poils , qu'il ne faurcit
être touché par fes voifir.s. Quand ce
nid d'œufs elt complet , quand il a tous
fes œufs, il a un volume plus confi-
dérable que celui qu'avoit le corps
du Papillon , avant même qu'il com-
mençât la ponte.
Les Papillons femelles des Chenilles
à oreilles du Chêne &: de l'Orme font
auffi de ceux qui recouvrent leurs œufs
de poils ordinairement roux Se qui
quelquefois approchent de la couleur
de chamois. D'autres différentes elpe-
ces de Papillons couvrent encore leurs
œufs de poils , fous lefquels ils font
entièrement cachés ; mais plufleurs
autres efpeces ne mettent fur leurs
œufs qu'une certaine- quantité de poils
qui n'empêche pas de les voir.
Toutes les femelles de Papillons
nocturnes, obfervées par M. de Réau-
MUR , font leurs œufs peu de temps
après s'être tirées de la dépouille de
leurs Chryfalidcs ; mais il foupçonne
que plufieurs elpeccs de Papillons
diurnes, quoique nées pendant l'été ,
ne font leurs œufs qu'après la fin de
l'hiver. 11 y a des œufs de quantité
d'efpeces de Papillon /,qui peuvent être
pendant tout l'hiver expolés aux inju-
res de l'air, fans en fouffrir. D'autres
oeufs demandent à être conlervéspen-
34* P A P
PAP
dant tout l'hiver dans le corps même
du Papillon. Partons à préfent à la des-
cription de quelques Papillons.
PAPILLON quife trouve dans
Un paquet de feuilles mortes : C'eft
un afTez grand Papillon nocturne, qui
n'eft pas remarquable parla beauté de
f I s couleurs ; il eft tout brun : mais par
la figure fous laquelle il paraît lorf-
qu"il eft en repos . il femble alors un
véritable paquet de feuilles féches. Ses
ailes Supérieures qui forment: tout le
corps , au-deffus duquel elles forment
un toit, ont des nervures , qui par
leur efpece de relief & par leur difpo-
firion. imitent fort celles des feuilles.
Leur contour fupérieur eft dentelé r
comme l'eil celui de p lu.fi eurs feuilles.
Les ailes inférieures débordent de beau-
coup les fupérieures Se ont de même
Se la couleur Se les nervures Se les den -
telures des feuilles. Les antennes cou-
chées fur chaque côté du corfelet Se qui
vont jufqu'à l'origine des ailes paroif-
fent être la continuation du pédicule
d'une feuille. Enfin quand on voit ce
Papillon ,. Se qu'on ne fait pas qu'il eft
un Papillon , on le regarde làns fe dou-
ter qu'il en foit un.
Ce Papillon , fingulier par fa forme ,
n'eft pas rare dans ce pays : mais com-
me de tous les Papillons nocturnes , il
eft peut-être un des plus tranquilles
pendant le jour , Se que quand il eft tran-
quille , on le prend pour toute autre
chofe que pour un Papillon , il n'eft
point étonnant qu'on ne le trouve pas
à la campagne. Ce Papillon appartient
à la cinquième claffe des Phaletus. Il
n'a point de trompe fenfible , & il a
des antennes à barbes. Il vient d'une
des plus grandes Chenilles du pays :
elle a quelquefois jufqu'à quatre pou-
ces de longueur, Se environ fept li-
gnes de diamètre. On en trouve de plus
petites, qui font celles apparemment
qui donnent les Papillons mâles. C'eft
dans nos jardins'qu'il faut chercher ces
Chenilles : elles vivent de feuilles de
ïoxner „ Se de celles de Pêcher. Elles
font du nombre des Chenilles à f e * ze
jambes , & peuvent être placées parmi
les demi-velues. On trouve cette Che-
nille Se fon Papillon reprélentés dans
V Htjioirc des Injectes à? Angleterre par
Albin.
PAPILLON à tête de mon ;
Lorfqu'on confidere ce Papillon, dit
M. de Réju mu a , on lui voit
une tête de mort très-bien deffincefur
l'on corfelet. Le Peuple de Bretagne
eftallarmé dans les années où il voit
cle ces Papillons. Il les regarde com-
me les avant-coureurs des maladies
épidémiques Se peftilenticlles. On lit
dans le Mercure de France du mois de
Juillet 1730. une defcrîption de ce
Papillon, faite par un Curé de Bre-
tagne, revêtue de tout ce qu'une pom-
pe funèbre offre de plus trille. Les
ailes lui ont paru marquetées comme
une efpece de drap mortuaire.
Tous les Papillons r dit M. de
R é a u m u R , au moins tous ceux
qu'il connott , font les plus muets de
tous les animaux. S'ils font du bruit ,,
ce n'eft qu'avec leurs ailes, Se cela
pendant qu'ils volent; mais celui-ci,
dans le temps qu'il marche, a un cri
qui a paru funèbre au Peuple de Bre-
tagne. Ce cri lui eft particulier ; il eft
allez fort Se aigu : il a quelque ref-
fcmblance avec celui des Souris , mais
il a quelque chofe de plus plaintif
& de plus lamentable. C'eft lorf-
que ce Papillon marche , ou qu'il fe
trouve mal à fon aife , qu'il crie. M.
De Rjéaumur a obfervé que c'eft
de la trompe , Se des deux barbes en-
tre lefquelles elle eft, que dépend le
cri de ce Papillon. La trompe de ce
Papillon à tête de mort n'eft pas faite
comme les trompes longues Se plates
par lefquelles pafftnt le fuc nourricier,.
Se par lefquelles le Papillon refpire
l'air. Il n'y a point de Papillons aux
environs de Paris , dont le corps ait
plus de volume Se de maffe que celui
dont nous parlons ici , continue le
même O Mer valeur.. Ses couleurs do-
PAP
«îînantes font un brun noir : fa tête
eft noire ; fes antennes font de celles
qu'on appelle pnfmu tiques. Toutes les
parties du corps , Se fur-tout le ven-
tre & le corfelet, font bien fournis de
jpoils. Le delfus du corfelet eft d'un
noir, ou plutôt d'un gris de Maure
velouté. La tache , qui fournit le fond
6c les contours de la figure de la tête
de mort, eft d'une couleur de feuille
morte, Se ce font des points , ou des
petits traits noirs, qui achèvent de deili-
ner la figure de cette efpece de tête
fur le fond de cette couleur de feuille
morte. Tout le long du corps r.gne
une large raie d'un violet prefque
noir. Les endroits de chaque anneau,
fur lefqtiels cette raie ne palîe point,
font de couleurde feuille morte, il y a
encore du noir fur les côtés , Se auilî
dans le creux du fillon formé par la
jon :Hon de chaque anneau. Ce n'eftque
11 qu'on voit du noir fur le ventre ;
tout le relie eft feuille morte. Le def-
fous du corfelet , Se les poils qui font
fur la partie fupérieure des jambes ,
ou fur les cuiiles , font aufli de cette
même couleur; niais le refte des jam-
bes eft noir Se pointillé de jaune. Le
fond de la couleur du dclf.is des ailes
fupérieurcs elt encore un gris de Mau-
renuancé : dans quelques endroits il y a
des ondes & des taches d'un velouté
noir, mais les taches & les ondes qui
s'y font le plus remarquer font celles
qui font jaunâtres. Le deifous de ces
mêmes ailes eft de la couleurde feuille
morte , mais vers la bafe cette même
couleur eft rayée de noir. Une raie
noire , pofée un peu plus près de la
bafe que de l'origine de l'aile , part
du côté extérieur, Se va prefque jus-
qu'au côté intérieur. Le fond de la
couleur des ailes inférieures efl: encore
un jaune feuille morte , fur lequel fe
trouvent deux raies noires à-peu-pr)s
parallèles à la bafe de l'aile ; celle qui
en elt la plus proche eft dentelée.
C'elt vers la fin de Septembre , Se
SU commencement .d'Octobre, que l'on
PAP 347
trouve de ces Papillons ; ils entrent
aflez volontiers dans les appartemens;
ils ne paroifTent pas feulement dans les
différentes Provinces du Royaume ;
des pays plus froids , Se des pays plus
chauds peuvent leur convenir. Les
Planches d'A le i K apprennent qu'on
les voit en Angleterre. M. le Marquis
D/E Caumont, connu par fongoût
pour les Arts , les Sciences , Se les
Belles-Lettres , a envoyé d'Avignon
à M. de Réaumur, la Chenille
de laquelle vient ce Papillon: il Pa-
voît trouvée fur le Jafmin , des feuillej
duquel elle fait fon aliment ordinaire.
M. de Réaumur. en a auQi reçu d'E-
gypte. La Bretagne eft peut-être le
feulpays où on fe foit avifé de craindre
ce Papillon ; il y jette la confternation
dans l'eiprit du peuple , & on le re-
garde , comme un avant - coureur de
maladies funeftes.
PAPILLONS^ l'Éclair : Ce
font les plus petits Papillons que M.
de Réaumur ait vus , Se ils ont
mérité parleur extrême petkeife qu'il
en donuât l'hiftoire. Ils font blancs.
Se ne paioiifent à la vue fimple que
de gros points blancs : à peine ont- ils
la groileur de la tête d'une épingle.
Combien de milliers , dit-il , Se peut-
être combien de millions de ces Pa-
pillons faudroit-il mettre danslebafTin
d'une balance , pour faire équilibre
contre un Papillon à tête de mort , mis
dans l'autre bafiin. Tout petits que
font ces Papillons , ils reifemblent aux
grands. Regardés avec le microfeope,
ils paroilfent tels que des Phalènes de
médiocre grandeur , ou tels que de
petits Phalènes paroilfent à la vue
fimple : ils portent leurs ailes en toit
ccrafé , Si quelquefois prefque hori-
fontalem;nt. Les fupérieures & les in-
férieures font blanches tant par def-
fus quepardenbus.il y a cependant une
tache , un endroit où le blanc eft fali ,
vers le milieu du delfus de chacune
des ailes fupérieures. Tout près du
milieu de la bafe de ces ailes il y a
H S HP
une autre tache plus petite. Les qua-
tre ailes ont de l'amplitude ; les infé-
rieures font prefque auffi grandes que
les fupérieures. Ce Papillon eil pour-
vu d'une trompe , qui , quoique pro-
portionnée à la grandeur du corps, eft
fouvent plus aifée à voir , que celle
de quantité de Papillons beaucoup plus
grands , au moins fi on la cherche
\wcc une loupe. Regardé avec une
ferte loupe , ii femble avoir des yeux
de chaque côté. Malgré fa pctitelle ,
M n'en eû gueres de plus ailé à trouver :
ils fe tiennent volontiers fur la plante
même dont ils fe font nourris , fous la
ferme de Chenille. M. de Réauml r
dit qu'en regardant avec attention
le deifous des feuilles de l'Eclair ,
Se cela dans tous les mois de l'année,
fur-tout dans les mois de Juin , de
Juillet Se d'Août , on y découvrira
aifément de ces Papillons. Quelques-
uns s'envolent lorfqu'on touche la
feuille , mais d'autres reftent attachés
^elTus , fi on a attention de ne la pas
retourner trop brufquement.
•Sur la même feuille de l'Eclair ,
du même côté , on trouve dans le
même temps une autre efpece d'in -
fectes qui y nailfent , parceqifils fe
doivent nourrir des Chenilles Se des
Chryfalides d'où fartent ces petits Pa-
pillons. Ce font des Vers qui fe mé-
tamorphofent en Scarabées. La ponte
complette de ce Papillon eft au plus
de treize à quatorze œufs. Ces oeufs
font quelquefois légèrement poudrés
de duvet blanc ; quand ils n'en ont
point ils paroilfent tivs-tranfparens , Se
iémblent ne contenir qu'une eau claire ;
mais ils prennent eniuite une teinte
jaunâtre, qui augmente de jour e^ jour :
on en voit aullï de grifttres. Ces pe-
tits Papillons , comme les plus grands ,
ne femblent naître que pour perpé-
tuer leur efpece : ils s'accouplent peu
de temps après leur naiTance , Se la
femelle fait bientôt fes œirs. Il faut
peu de temps pour l'accroillement de-
ce. £etit. Papillon.. En été il ne. refte
P A F
qu'environ trois jours fous la forma
de Chryfulide. Mais il y a des Pa-
pillons dont la petirelTe approche de
celle des Papillons de l'Éclair , qui ref-
tent plufieurs mois fous la forme de
Chryfalides.
Ces Papillons viennent dans tous
les moi;, de l'année fur le Chou , ou
on les trouve fur les feuilles , com-
me on en trouve des précédens fur
celles de l'Éclair. Dans les Obfcrva-
tions curieufes fur les infectes de M.
Cestoni , qui le lifent parmi les
Or uvres de V a 1. 1 s N i e r i , dernière
Edition faite à Venife in-folio en 1733..
on voit VHifioiredn Papillon du Çkotti
Ce Savant eft le premier qui l'a fait
connoître. 11 nomme Brebis la Che-
nille dont il vient , parcequ'elle eft
couverte d'un duvet qui eft comme
une efpece de laine blanche. Ma.'s
M. djî Réaumur doue fi c'eft
une toijirn qui revêt cette Chenille,
& fi ce n'eft pas une matière étran-
gère à la Chenille. Ces Chenilles de
Chou font auffi mangées par des -
fedes que M. Cestoni appelle Ls
Loups des petites Brebis. Ce ne font
pas ies infectes qui fe transforment c;t
Scarabées , qui font les ennemis de 1ï
Chenille du Papillon de l'Éclair : ce
font des Vers qui fe transforment ta.
de très-petits Moucherons.
PAnLLON-ifc/a Chenille de
la Roquette : Ce Papillon a l'extrémité
des ailes pointue Se recourbée en*,
haut comme une faulx ; les bords font
frangés Se de différentes couleurs : il y
a fur les ailes des taches rondes , de:
couleur noire , rouge Se bleue, qui ref-
femblentà des yeux , Se qui ne cèdent
en rien à ceux que l'on voit fur le»
plumes du Paon. C'eft un grand Se
trts-beau Papillon qui ne vit pas de-
feuilles de Roquette comme la Che-
nille dont il provient, laquelle eft aulli
une très-belle Chenille de couleur d'or
bleuâtre , noire Se pourpre.
PAPILLON de Vers de Prune :
C'eft , dit R-E.UI-, un p_er.it Papillon,
P A P
gris , dont les quatre ailes ont fur la
pointe une petite tache noire.
PAPILLONS des feuilles de
l'Yeufe : Us font de la même figure que
ceux des Vers à foie , excepté que ceux
des Vers à foie font blancs , & que
ceux-ci font d'un châtain bleuâtre ,
marqueté de noir. Us ont fur la tête
deux larges panaches noirs, Se une pe-
tite houpe de foie noire à l'extrémité
du ventre.
PAPILLON" de la Chenille dit
Solarium ; C'eft un grand Papillon ,
qui , lorfqu'on l'excite , fait avec fes
ailes le même bruit qu'une Chauve-
Souris : il eft de couleur d'or avec du
noir dans les ailes , ainfî que fur le
dos & fur le ventre. Sur la tête , qui
eft toute noire , s'élèvent deux pana-
ches' d'une teinte un peu plus claire.
Les yeux paroilfent châtains ; la trom-
pe eft noire , cartilagineufe , roulée
devant la bouche , formant plufieurs
tours de fpirale , comme l'ont ordi-
nairement tous les Papillons. Ses fix
jambes font velues Se d'un jaune obf-
cur dans la première phalange qui tient
à L'eftomac : les autres phalanges font
violettes. Chaque jambe fe termine par
une griffe ou crochet , & il y a auffi
de ces fortes de crochets fur toutes les
phalanges & fur toutes les jointures.
PAPILLON Lhenille de Rue:
C'eft un Papille» jaune , tout rayé Se
émaillé de noir , tant fur le corps que
fur les ailes. Les deux plus petites
ailes ont A leur extrémité deux taches
rondes Se rouges , Se quelques autres
taches bleues , terminées par une li-
gne violette veloutée : de l'extrémité
du bord il fog deux petites appendices
qui font comme dçax queues à ces
ailes. Sur la tête s'élèvent , non pas
deux petits panaches , mais deux an-
ttnnes noirâtres , mobiles, très-Ion -
gufes , Se plus groifts à leur extrémité
qu'à leur ba(e
PAPILLON de Chenille de
feiiiius de Chou : C'eft un Papillon- d'un
verd bleuâtre , avec deux taches noires
P A P 34?
8c rondes dans les ailes fupérîeures ,
8c deux petites cornes jaunes fur la
tête , femblables à celles du Papillon
i(Tu de la Chenille qu'on trouve fur lea
feuilles de Ruë.
Voicï quelques Papillons qui fbrtent
des Teignes Se des fauffes Teignes ,
qui toutes font des efpeces différentes
de Chenilles. ■
PAPILLON^/ Teignes de Ta-
pijfcrie : Ce font de petits Papillon?
qu'on voit .depuis le milieu du prin-
temps jufques vers le milieu de l'été ,•
voler furies tapiiferies , furies chaifes
Se fur les lits ; ils font d'un blanc uns'
peu gris , mais un peu argenté ; Se
les gens attentifs à conferver leurs meu-
bles leur font une juite guerre. On les
appelle Papillons de Teignes de Ta-
pijjlrie, pareeque ces Teignes fe mé-
tamorphofent en ces petits Papillons
dont les femelles vont y dépofer leurs
œufs , pour perpétuer leur efpece. Ce
Papillon eft un Phalène du genre de
ceux qui portent leurs ailes comme
les oifeaux portent les leurs, Petit *•
comme il eft , on ne fauroit déter-
miner fa claife fans le fecours d'une
forte loupe. Il paroît au refte à la
vue fimple qu'il a des antennes à
filets coniques ; mais les meilleurs
yeux ne fauroient s'affurer s'il a
une trompe ou s'il n'en a pas. La -
loupe fait voir qu'entre les deux tiges
barbues , où devrait être fa trompe
il n'y a que deux petits corps blancs
affez écartés pour ne pas pouvoir s'ap-
pliquer l'un contre l'autre , comme'
s'appliquent les deux parties des trom-
pes , & trop courts pour pouvoir iè
rouler : ils fe courbent feulement vers
le defTous de la tête. Ce Papillon ap-
partient donc à la troifieme clafTe des
nocturnes, à la clafTe de ceux qui,
quoiqu'ils ayent des antennes à filets
coniques , n'ont point de véritables
trompes. La bafe de fes quatre ailes eft
fVfingée ,.mais le côté intérieur de cha-
cune des mêmes ailes ne l'eft point.
Cette dernière circonftance peut aider
35®
Y A P
à diftînguer ce i^pi/Zo» de plufieurs
autres auffi petits , & qui d'ailleurs lui
relTemblent beaucoup, La couleur des
ailes, celle du corps , ainfi que celle
des jambes eft la même : on apperçoit
feulement quelques petites taches fur
les ailes de quelques-uns. Tout le
refte éft d'un gris qui a une légère
teinte de jaunâtre , Se eft argenté. Ces
Papillons , mâle Se femelle , pendant
l'accouplement font poiés fur une mê-
me ligne, foît horiiontale , £oit inci-
tée à l'horifon , ayant les têtes tour-
nées vers des côtés oppolés. L'accou-
plement de quelques-uns dure une
nuit entière. M. D e R É A u m u R e n
a vu pendant le jour qui font relies
accouplés fept à huit heures de fuite,
Quoiqu'ils fufleiit inquiétés , quoi-
qu'on les obligeât de voler dans le
poudrier où ils étoient enfermes , ils
ne fe f-paroi^nt pas. La différence de
groileur , qui , dans bien des claffes de
Papillons , fait reconnoître le maie de
la femelle , n'a pas frappé l'Obferva-
teur dans ceux-ci. Il du que ceux qu il
a vus accouplés étoient quelquefois à-
peu-près également gros ; que cepen-
dant il y a des Papillons de Teignes de
grandeurs fort différentes. Ces gran-
deurs inégales annoncent des efpeces
différentes , Se non des différences de
fexc; car l'Auteur remarque qu'il y
a des Pœpllws de Teignes qui font
conftamment plus blancs que les au-
tres
P A PILLON^/^ Teigne à' Or-
me : Ce Papillon a tout le deilùs du
corps Se des ailes fupérieures d'une
même couleur , d'un brun couleur do
bois , qui , vu au Soleil , a quelque
éclat : il porte fes ailes prefque hon-
fomalement: elles s'arrondiGTent pour-
tant un peu fur le corps ; il a deux an-
tennes à filets grainés , Se très-longues.
Quand il eft en repos , il les tient droites
devant lui, Se appliquées l'une contre
l'autre. Ces Papillons naitTent ordinai-
rement dans le mois de Juillet , Se quel-
quefois au commencement d'Août.
P A P
PAPILLONS des Teignes fat fai-
tes de Chine : Us ont tout le deffus des
ailes fupérieures d'un jaunâtre pâle ;
ils les portent prefqu'horifontalemjnt.
Leurs côtés intérieurs , le corklet 8c
la tête forment un angle aigu , dont
la tête eft le iommet.
PAPILLON de Teigne de Gra-
men : Ceft un petit Tapillon , dont
les ailes lupéricurcs font d'un gris
éclatant, Se dont la baie Se le côté in-
térieur lont frangés. M. de Réaumur.
croit que les femelles de cette efpece
de Papillons font dépourvues d'ailes
fenfibles, comme il arrive A des Pu-
pillons provenus de plufieurs efpeces
de Chenilles.
PAPILLON de Teignes de mu-
raille: Les femelles , comme celles de
la précédente efpece , ne font point
pourvues d'ailes. Ces Papillons ont lix
jambes brunes , écaillcufes Se grancea
par rapport à la grandeur du corps :
elles tirent leur origine d'auprès de
la tête, c'eft-à-dîre, ducorfelet , qui
a peu d'étendue. La tête eft noire Se
brune , & recourbée vers le ventre :
elle n'a pas trop l'air de la tête d'un
Papillon; elle porte pourtant deux an-
tennes de médiocre longueur à filets
grainés. Le corps eft ordinairement
courbé en un arc dont le dos fait la
convexité. Ce Papillon , dit M. d e
Réaumur , plus différent à nos
yeux des Papillons ordinaires , qu'une
Mouche ne 1 eft d'un Papillon , mar-
che peu. Cet Obfervateurdit en avoir
vus , qui font reftis attachés centre le
fourreau dans lequel ils àvoient vécu
fous la "forme de Teignes, jufqu'à ce
qu'ils ayent été prêts à expirer. Us ne
na!4Tcnt( ce font les femSiles ) comme
tant d'autres Papillons , que pour faire
leur? œufs : ils attendent que les mâles
ailés viennent féconder ceux dont leur
corps eft plein. C'eft pour les en faire
fortir , qu'on leur voit allonger leur
derrière dans certains temps.
PAPILLONS Teignes à four-
reaux à cornes: C'eft un Papillon que
P A P
M. de Réaumur a vu naître chez
lui au mois d'Août. La couleur de fes
ailes eft d'un gris blanc. Sur chacune
des fupérieures il a deux raies , qui ,
de l'origine de l'aile, vont en ligne
droite à fa bafe ; elles font d'un jau-
nâtre qui tire fur la couleur de bois.
Lesbafes des quatre ailes , & leurs cô-
tés intérieurs font frangés, comme le
font les mêmes côtés des ailes de la
plupart des Papillons des Teignes.
PAPILLONS des fauffes Tei-
gnes de cire : Ils ne font pas remar-
quables par la variété de leurs cou-
leurs ; celles des ailes Se du corps d'u-
ne efpece font d'un gris de Souris ; le
devant de la tête eft jaunâtre , Se leurs
deux yeux font d'une couleur de bron-
ze rouge éclatant. Ces deux petites
malles, plus luifantes que le métal le
plus poli , parent tout-à-fait ce Pu-
pilon gris de Souris. M. de Réaumur
dit que les autres Papillons qu'il a eus
ce faufles Teignes de cire , de gran-
deur médiocre , font gris, mais d'un
gris qui tire fur la couleur de cendre.
Leurs yeux font bruns ; mai., le de-
vant de leur tête elf. couvert de poils
de couleur de feuille morte : ils font
couchés & dirigés en bas. Ces Pa-
pillons , entre lefquels il y a quelques
conîtantes variétés de couleurs , font
parfaitement femblables dans tout le
refte , Se fûrement du même genre.
Cet Obfervateur ne connoît gueres de
Papillons , qui marchent fi vite. Us
courent plutôt qu'ils ne marchent ;
auffi rrarchent-ils plus volontiers qu'ils
ne volent , lors même qu'ils évitent
la main qui veut les prendre. Pen-
dant qu'ils marchent , leurs ailes font
Un peu pendantes ; Se pendant qu'ils
font en repos , elles font difpofées en
toit très-écrafé. Ils appartiennent à la
troifieme claffe des Phalènes. Leurs
antennes font à filets grainés , & ils
n'ont point de trompe qui fe roule ,
ou qui fe roule plus d'un tour. Deux
petits filets d'un blanc jaunâtre occu-
pent la place de la trompe : entre ceux
d une même couleur , on en trouve
d une fois plus grands que les autres.
Les plus grands fembleroient être les
femelles ; mais M. de Réaumur,
en a quelquefois vû deux des petits
accouplés enfemble. Il en a remarqué
pendant cet accouplement qui étoient
difpofés enéquerre : le bout des deux:
ailes du plus petit , qui étoit le mâle ,
étoit pofé fur l'aile du grand , qui fa
trouvoit dans l'intérieur de l'angle;
mais cette pofitiort n'eft pas confiante.
Il a trouvé ces mêmes Papillons , dont
on parle , au bout d'une demi-heure ,
Se alors leurs corps étoient dans une-
même ligne droite , leurs têtes étant
tournées vers des côtés oppofés. Les
ailes du grand , ou de la femelle , cou-
vroient alors au moins un tiers de la-
longueur de celles du mâle.
Le Papillon des fan] fer 'Peigner de la
cire, de la plus grande efpece, effc
aufli de la troiileme claffe des Phalènes,
Il n'a point de véritable trompe , Se
il a des antennes à filets grainés. Ses
ailes font d'un gris brun. Leur port
peut fournir un caractère de genre : ont
peut Pappeller, dit M. de Réaumur
en toii coupé. Une portion de chaque
aile s'applique le long d'un côté du
Papillon, & eft prefque perpendicu-
laire au plan fur lequel il eft pofé i
une autre portion de chaque aile fait
un angle prefque droit avec la précé-
dente , pour venir s'appliquer fur 1er
corps. Ce port d'ailes, félon le même
Obfervateur , pourroit encore être ap--
pellé en bateau renverfé. Le Papillon
en repos a quelque air d'un bateau mis
fans defîus défions-. La partie fupérieure
de chaque aile eft tachetée de gris Se
d'un brun prefque noir , Se la partie
appliquée contre les côtés eft d'un gris-
brun plus uniforme.
PAPILLON des fauffes Te ignés de
la laine: Ce Papillon dans lequel cha-
cune de ces fauffes Teignes fe tranf-
forme eft plus grand que celui des Tei-
gnes de laine : il a la partie antérieure
de fes ailes fupérieures & de-fon cor-
\
W « P A P
felet d'un brun qui tire fur le noir 1
La tête , & le relie des ailes fupé-
rieures font d'un blanc fale , dans le-
quel on démêle des traits bruns. Le
port des ailes , quoique femblabie a
celui des ailes des oifeaux , tient pour-
tant un peu de celui en queue de Coq ,
parcequeles fupérieures n'ont pas feu-
lement leur bafe frangée;mais la frange
.de la bafe fe prolonge fur une aiTez
grande partie du côté intérieur , Se cette
partie frangée du coté intérieur fe re-
1 jvc plus que le relie. Prefque tout le
contour des ailes inférieures ell frangé ;
les deux cotés de celles-ci Se le def-
fous des ailes fupérieures font d'un gris
brun Se éclatant: la couleur du corps
pli plus claire ; elle approche de celle
du corps des Papillons des véritables
Teignes : elle a du brillant. M. d e
Réaumus croit ces Papillons , com-
me ceux des Teignes de laine, de la
troifieme claife de Phalènes.
PAPILLON des fautes Teignes
des cuirs : C'efl un Phalène de la troi-
fieme clafle. Ses antennes fcr.t à filets
graines , Se fa trompe n'efl compofée
que de deux courts filets blancs. Il
porte fes ailes parallèlement au plan
«Je pofitien. Lorfque le deffus des fu-
périeures n'a pas été dépoudré , le fond
de leur couleur ell d'un rougeâtre un
peu bronzé, c'cll-â-dirc , d'un bronze
oui a quelque éclat, Se fur ce fond font
des taches brunes. Mais fi on ne prend
pas ce Papillon avec alfez de précau-
tion , on emporte toutes les taches,
& les ailes paroiifcnt fimplemcnt d'un
bronze un peu rougeâtre. Le deffous
de fes ailes & de fou corps eil d'un
jaunâtre pâle Se bronzé. Il a deux bar-
bes qu'il porte en devant de la tête :
elles font plus courtes que celles qui
forment à d'autres Papillons une efi-
pece de nez en bec de Bicaffe, mais
.«Jifpofécs de la même manière.
PAPILLON des faujjes Teignes
dj: grains. M. deRéaumur a eu
de ces Papillons dans des poudriers
f£tp la fin de Mai. Le fond de la cou-
leur des allés fupérieures eft d'un gpfg
blanc, qui, au Soleil, paroît argenté, Se
vû à l'ombre , n'a pas cet éclat. Sur ce
fond il y a d'affez grandes taches d'un
brun clair , de figure irréguliere , Se
diltribuées irrégulièrement. Le corps ,
le deffous des quatre ailes , Scie def-
fus des ailes inférieures font d'un gris
blanchâtre. Il porte fes ailes en toit
arrondi fur le dos ; leurs bouts s'élè-
vent fur le derrière , S; y forment uno
demi-queue de Coq ; le côté intérieur
eil frangé. Le devant de la tête de ce
Papillon ell couvert d'une touffe bien
fournie de poils, qui lui fait une ef-
pecc de coëfrure fîuguliere , en form^
de turban. Il a des antennes à filets
graines ,8c M. de R é a u m u R le
croit de la troifieme claife des Pha-
lènes. En devant Se en deffous de la
tête il porte deux barbes plus dillantes
l'une de l'autre que n'ont coutume de
l'être celles des Papillons. Entre ces
deux barbes on en trouve deux autres
plus courtes, ou deux filets dirigés vers
le ventre. Si ces filets font la foncïion
de trompe , au moins ne compofen:-ils
pas une trompe roulée en fpirale.
PAPILLON defaujje Te igne de
Chocolat. Le favant Obfervateur dit
qu'il a eu des faitjes Teignes de Cho-
colat métamorphofées en Papillons dans
le mois de Septembre ; il en a eu d'au-
tres qui ont paffé l'hiver dans leurs
tuyaux fous la forme de Chenilles. Le
deffus des ailes de ces Papillons ell d'un
gn's un peu jaunâtre , fur lequel il y a
quelques points bruns, Se quelques pe-
tites taches de cette dernière couleur.
Ce Papillon porte fes ailes en toit
écrafé Se arrondi. Il a deux barbes
du même genre que celles du Papillon
de la faujfe Teigne des cuirs , mais qui
pourtant fe relèvent un peu plus , Se
tendent à fe contourner en cornes. La
pofition dans laquelle il ell, lorfqu'il
fe tient tranquille , peut aider à le ca-
raclérifer. Alors fa partie antérieure
fait un angle avec le plan fur lequel
il ell; elle s'élève au-deffus de ce plan,
qui
F A P
au! eft touché par la partie poftérîeure
du corps : cependant il feroit fort à
propos de fa voir fi les fa ujfe s Teignes ,
qui le rnéramorphofent en ce Papillon,
au défaut de Chocolat , dont elles fe
nourri lfent , s'accommodent d'Aman-
des ordinaires , & de bien d'autres
fruits ; c'eft ce que M. de Réaumur
dit n'avoir pas éprouvé.
Il y a dans l'Ifle de Cayenne , &
dans toute l'Amérique différentes ef-
peces de Papillons.
Voici ceux dont M. Barrere
(Hift.Nat. de la France Êquin, p. ^o^.)
donne la notice.
Il nomme le premier Papilio albus ,
alarum oris ma cuits triangtdis & ni-
gricamibus , variegatis.
Le fécond , Papilio atratus , alis ma-
cula coccinea , veluti laciniatâ conjpi-
cuis.
Le troifieme, eft le Papilio ingens t
de Marc Grave.
Le quatrième eft nommé Papilio ma-
jor candidus.
Le cinquième, Papilio major , ni%ri-
cani , caudatus. C'eft le Papiliomajor t
fufeus, caudatus, ait s fupmis, tribusfaf-
ciis tranfverfis , albidis , & obiiquis ,
exterioribus tribus maculis albis adan-
gulum extremum mtatis , pronis , faf-
ciis crebris obiiquis, albis, fulvis &pur-
furafeentibus , variegatis , de Si.oane.
Le fïxîeme eft nommé Papilio ma-
jor , nigricans , maculis herbaccis conf-
perjits.
Le feptieme , Papilio major , pronâ
& Jitpinâ parte Caflaneits , alis extits
htleo colore macnlatis.
Le huitième , Papilio major , obf-
curè Olivaceus , alis argenteis fimbria-
tis , in pennulam longam definentibus.
Le neuvième , Papilio minor , Cafla-
neus , numerofis maculis candidis conf-
perfus.
Le dixième , Papilio minor , flavef-
cens.
L'onzième , Papilio minor, Murinus,
t cuits & fajcio.'is variis notât us.
Le douzième, Papilio mimr , nigri-
Tome III.
PAP 35,
cans, maculis albicanûbus & Fhœni-
ceis diftinfhtf.
Le treizième , Papilio minor, tatut
albus.
Le quatorzième, Papilio omnium ma-
ximus , Jubtus Olivaceus , exthsexni-
groaz.urm. Ce peut bien être le Pana-
panamucit fecunda de Marc Grave,
que Jonston nomme Papilio Indicus.
PAPILLON DE LA CHINE:
On lit dans Y Hifloire Générale des
Voyages , L. XL p. 490. Tome VI.
Édit. m-i%. que la Chine fourniroit
aux Cabinets des Curieux une extrê-
me variété de Papillons, On fait tant
de cas de ceux d'une montagne nom-
mée Lo-Fen-Chan , dans le diftrict
de Whay-Cheu-Fu , Province de
Quang-Tong , que les plus gros Se les
plus extraordinaires font envoyés à la
Cour, où ils fervent à l'ornement du
Palais. La diverfité de leurs couleurs
eftfurprenante, Se leur vivacité nel'eft
pas moins : ils font beaucoup plus gros
qu'en Europe , Se leurs ailes font in-
comparablement plus grandes. Pendant
le jour ils demeurent fans mouvement
fur les arbres , & fe laiffent prendre
aifément. Le foir ils commencent à vol-
tiger comme nos Chauves-Souris , Se
quelques-uns ne paroiffent gueres
moins gros que ces animaux lorfqu'ils
ont les ailes étendues. On en trouve
a 11 fii de fort beaux dans les monta-
gnes de Si-Chan, Province de Pe-Che-
Li ; mais quoiqu'ils foient recherchés
comme les précédens , ils ne font pas
de la même beauté , dit Na varette ,
V- 3 3-
Au mot CHENILLE, on trou-
ve les différentes efpeces qui naiffent
Se fe nourriflent fur les arbres , fur les
arbuftes , fur les arbriffeaux , Se fur les
plantes , Se ce qu'elles deviennent après
leur métamorphofe. J'y renvoie pour
les Papillons qui en fortent.
Les Papillons ne font pas fort com-
muns à La Louifiane; ce qui prouve,
dit M. LE P A G F. DU F R A T Z ,
qu'il n'y a pas tant de Chenilles qu'en
Y y
3 J4 P A P P A R
Eiirope; mais ceux qu'on y volt font
d'une grande beauté , foit que les iti-
fecles dont ils proviennent en foient la
caufe, {bit que la chaleur ou la beauté
du climat y contribue.
Redi, Maipic. hi, Vaiisnieri,
Swammfroam , & tant d'autres Naturaliftes,
font des Auteurs à confulter tant fur les Che-
Ktllei que Sur ies Papillons.
P A P I O , Quadrupède digité , dont
parle Gesner, d'après Albert le
Grand: il eft plus grand que le Re-
nard , Se il a l'inftincl: du Loup. Quand
ïl y en a plufieurs enfemble , ils pouf-
fent des hurlcmens ; leur cri eft fi aigu ,
qu'on les entend de loin. Quand il y
en a un d'entr'eux qui eft tué, ilspa-
roiflent par leurs cris regretter fa mort.
Selon Ru y s c H ( de Quad. p. i oo. ) ,
ils ont la tête laide , lesjambes courtes ,
la queue prefque comme celle du Re-
nard , mais très-courte , Se le plus fou-
vent dreffée : le corps eft hériffé de
poils , & les pieds font femblables à
ceux de l'homme , & ne répondent
pas à la figure du corps. La femelle
met bas deux petits , un mâle Se uns
femelle. LePapio fe nourrit de Pom-
mes , de Poires , d'autres fruits , Se
quelquefois de pain & il boit du vin.
S'il eft prefie par la faim , il déterre
les cadavres & s'en nourrit , dit Ges-
ner , qui croit que c'eftle même ani-
mal que l'Hyène. Ambrosin parle
de cet animal , Hïju Digit. L. IL c. S.
PAR
PARADIS. Voyez OISEAU
DE PARADIS , Se MANUCO-
DIATA pour les différentes eipeces.
On lui donne le nom de Pêche-Mar-
tin à la Louifiane , dit M. le Page
Du P R a t z.
PARADIS , ou POISSON
DE PARADIS ,nom qu'on donne
a unpoiiïbndes Indes Orientales, que
les Hollandois appellent Paradyjvijtb.
Ru Y s c h (de Pijc. p. z6. lab. 13.
». 21, ) dit que fur le haut de la tête
il a deux pointes courbes Se dures.
PAR
Sur le haut du corps il eft armé is
quelques aiguillons d'où fortent fes
nageoires qui vont le long de la queue,
jufqu'au milieu du ventre : il n'a point
proprement de queue ; mais fes na-
geoires lui en tiennent lieu.
L'Auteur , dans le même endroit.
(». 22. & 23. ) , parle de deux au-
tres poiffbns qui ont le même nom,
& qu'il croit être le même que l'Hi-
rondelle de mer des Indes : il ignore
pourquoi on leur a donné le nom de
Poijjons de Paradis , à moins que ce ne
foit pareequ'ils font en quelque façon
femblables au Martinet des Indes , que
les Hollandois établis dans ce pays- là
appellent Oifeaux de Paradis.
Ru y se H dit qu'il en a confervé un
dans de la liqueur ; il l'a fait graver
avec beaucoup de foin. Ce poiifon eir,
long , mais il eft de figure octogone :
il eft comme armé de toutes pièces ,
c'eft-à-dire , cuiraflé depuis la tête juf-
qu'.i la queue, non d'écaillés , mais d'ef-
peces de petits boucliers durs , & of-
feux qui font fortement attaches à fa
peau. La couleur de ce poiiTon , du
moins dans la liqueur où il étoit con-
fervé , étoit grîfe partout le corps;
il avoit les yeux de couleur de pourpre ;
à la mâchoire lupérieure il avoit deux
cornes dures Se oifeufes , mais unies.
Ce que l'Auteur a trouvé de (ingulier
dans ce poiifon, c'ell qu'étant comme
cuiraffe il fût encore armi de nageoi-
res Se d'aiguillons comme les autres
poiilons. Il n'y a que les Maures qui
en mangent quand il eft frais ; mais il
ajoute que les Chrétiens en ufent auflS
quand il eft falé , 5e ce n'eft que dans
un certain temps de l'année, que ce
poiifon eft plus gras.
PARA GUA, Perroquet du Bré-
fil , félon Marc Grave , dont la poi-
trine , le dos , Se le devant du ventre
font d'un beau rouge : il a l'iris de
la même couleur , Se le bec 8e 1er pieds
d'un cendré obfcur, dit Ray, Synop*
Aîeth. Av. p. 3 3 M. 4.
PARA NAC ARE, efpece de
PAR
Crabe du Bréfil , qui n'eft pas bon X
manger , dit Marc Grave. Il eft
long de trois doigts. Il a deux bras
garnis de pinces , quatre jambes lon-
gues de trois doigts, Se quatre autres
qui font très-courtes , une queue lon-
gue d'un doigt 5c demi , deux yeux
longs Se élevés , Se deux filets. Sa
croûte , ou fa coquille eft de couleur
de châtain obfcur, ainfi que la queue
qui eft ftriée dans toute fa longueur. Le
deflous du corps & la naillance des
cuiffes Se des bras en dedans , font de
couleur bleue, comme font les yeux,
Se les filets ou la barbe. Ce Cruftacée
a le corps couvert de poils de cou-
leur d'Ocre. Sa coquille a prefque qua-
tre doigts de long ; elle eft turbinée
Se de couleur d'un jaune pâle. On en
trouve de différentes grandeurs ; les
plus petits ne font pas plus gros qu'une
prune : ils font turbinés , de couleur
pile, ronfle , noire , Se couverts de
différens tuberbules pointus. On les
trouve fur le rivage proche du fleuve
Paraiba. Voyez Kuïsch, Exjling.
V ' P 7 À R ATI, poilTon du Bréfil,
félon MarcGrave ,en tout fem-
blable au Muge de l'Amérique , dit
Raï( Synop. Metb. Pifc. p.%-j.n. 1 1 )
excepté la grandeur , & un cercle doré
qu'il a autour des yeux. Sa chair eft
plus feche.
PARESSEUX, petit Quadru-
pède, qui marche fort lentement.Voy ez
au mot A I.
PARESSEUX : Goed ard
donne ce nom à un Ver qui fe trouve
dans les lieux d'aifance,& fe nourrit de
l'excrément de l'homme ; il marche
fort lentement , c'eft ce qui lui a fait
donner le nom de Parejfeitx. Il le mé-
tamorphofe en une petite Mouche
qui fe nourrit auffi de nos excrémens ,
& qui ne prend point d'autres ali-
mens.
PARESSEUSE. -Le même Au-
teur ( Part. II. Exp. IIP) donne ce
nom à une Chenille , qui s'arrête or-
P A R «555
dinairement furies feuilles de Rofier,
où on la trouve le plus fouvent ; car
elle ne prend pas fa nourriture ail-
leurs : elle eft fort lente Se pareiïeufe.
Quand on la touche , ou qu'on la prefle,
elle ne fait pas fe défendre comme
les autres Chenilles : elle fe contenta
de faire de fon corps ùn petit mon-
ceau; elle ne mange que la nuit, de peur
de devenir le jour la proie des oifeaux.
Cette Chenille fe fait une maifonnette
tranfparente Se tiffue comme un filet ,
pour y attendre fa métamorphofe.
G o e D A r d l'a vû s'y difpofer le
18 Septembre, & le 14 Mai de l'an-
née fuivante il en eft forti une Mou-
che.
PARNOCHIA, nom qu'on
donne en Italie à la Squille , poifion
teftacée. Voyez SQU ILLE.
PAR KAKATOES , oifcati de
l'Ifle de Tabago. Il y en a de deux
efpeces; l'une de la grandeur d'une
Grive , Se qui reffemble au Perroquet;
l'autre qui n'eft pas plus grofTe qu'un
Moineau. L'une Se l'autre efpece de
ces oifeaux apprennent à parler.
PARROKITOS, petits oi-
feaux qui fe trouvent à la Côte d'or
Se à celle de Guinée , nommés Aba-
rots. Voyez ce mot.
PARROT-BECK, nom que
NieuhofF donne à un poilTon des
Indes , qui a quinze doigts de long :
fa tête , fon dos , & le haut de fes na-
geoires font verts -; fes parties inté-
rieures font roufles ; fa chair eft d'un
très-bon goût , Se on le prend proche
de Pille Sainte Hélène , dit R a ï ,
Symp. Meth. Pifc. p. 1 54- »■ 6.
PARU, poiffon du Bréfil, félon
Marc Grave , large & rond ,
peu épais , qui a environ douze doigts
de long , Se fept de large. L'épine du
dos , Se celle qui s'étend jufqu'à l'a-
nus ont environ deux doigts de large :
celle du dos a cinq doigts de long , 8c
celle du ventre trois. Sa tête eft pe-
tite ; fa bouche eft élevée Se étroite ;
fes dents font petites Se blanches , &
3Jff PAR PAS
fes yeux ont l'iris de la même couleur.
Tout le corps eft couvert de petites
écailles , dont la moitié eft noire , Se
l'autre moitié jaune , de forte qu'il
paroît porter fur un corps noir la
figure de petites Lunes jaunes. Proche
des ouïes , il a de chaque côté une
tache jaune : fa queue a deux doigts
8c demi de long, & autant de large.
Ray ( Synop. Metb. Pifc. p. 702. ». 7.)
parle de ce poilïbn , 8c Artedi ( Ichth.
fart. V. p. 79. ». I. )> qui le met dans
le rang des poiffons à nageoires épi —
neufes , le nomme Chœtoàon niger , ma-
culis fiavis & htmilatis varias.
PARUS: Rondelet donne
ce nom à un poiflbn qu'il ne connoît
point , & G E S N E il dit qu'il n'a
trouvé ce nom nulle part pour fignâ-
fîer un poiflbn , excepté une fois dans
E p h 1 p p u s , où il trouve ïlàfo; s mais
il croit qu'il faut lire 27rapo< , qui eft le
nom d'un poiflbn dont parle Mnesi-
machus.
PAS
P AS DE POULAIN, en Latin
Pajjits Eqidmts : C'eft le nom que les
Naturalises donnent à deux Coquilla-
ges , du genre des Ourfins de mer.
L'un eft connu fous le nom de Spata-
gus ou Spataugus , 8c l'autre fous celui
de Bij/lif. Le premier, dit M. d'Ar-
cen ville, reflemble à un petit
tonneau , garni de fpatules : l'ouver-
ture de fon dos a la figure d'un cœur,
au - lieu que le Bijjits qui n'a point
cette ouverture eft toujours de figure
ovale , avec des filions crénelés &
pondues au fommet. On prétend qu'ils
n'ont point de dents ni l'un ni l'autre.
Ils ont une mâchoire pour prendre
de l'eau & le fable , 8c en dedans un
feul irteftin rempli d'eau , qui leur
tient lieu de ch air 8c d'œufs. Le com-
partiment du Biffus en étoile percée
a jour . & tous fes points faillans font
agréables à la vue. Sa couleur eft grife
ou blanche avec une ouverture dans
le, ha ut Si uns autre vers le milieu dans
PAS
la partie de deflbus : c'eft par ces trou
que le poiflbn refpire 8c vuide fes ex-
crémens. Cette partie de deflbus, qui
eft le ventre , eft toute chagrinée. Les-
autres Ourfins font ouverts dans le mi-
lieu. Le Spatagus pour la couleur 8c
les ouvertures reflemble au BiJJus ,
mais fon compartiment eft différent. Il
eft garni de fpatules , & l'ouverture
de fon dos repréfente la figure d'un;
cœur. Voyez OURSIN DE MER.
PASSARY-CAYE, nom que
Petivert, dit Rat f Synop. Metb,
Av> p. *9$. »• ÇO. > , donne à une ef-
pece de Pie de la Jamaïque , que les
Anglois nomment the Green Jay. Cet
oifeau eft en partie verd. Le dos Se la
queue font d'un verd plus clair. La
queue eft à trois pointus , dont celle
du milieu eft très-longue : les bout?
de ces pointes font noirs.
PASSE-MUSC , petit animal ,
dont il eft parlé dans les Tranfaclions
Philosophiques , m 137. Ses tefticules ,
quoique long-temps gardés 8c même
defiechés jufqu'à devenir noirs , exha-
lent une odeur de mufe , qu'on préfère
au mufe des boutiques. Voyez MUSC,
PASSEREAU, du mot Latin
P offer, nom donné aux différentes efpe-
ces de Moineaux. Les Italiens les nom-
ment PaJJera. Voyez MOINEAU.
Le nom de PaJJer eft auffi donné par
les Latins aux Plies , Soles , Liman-
des 8c autres poiflbns de ce genre ,
par l'analogie que ces poiflbns ont a vec
la couleur du plumage du Moineau ;
comme celui à'Ajtilus a été donné aux
différentes efpeces de Morues , parce-
que la peau de ces poiflbns eft de la>
même couleur que le poil de l'Âne.
PASTENAQUE, poiflbn de
mer , dont il y a trois efpeces , mifes
dans le rang des poiflbns à nageoires
cartilagineufcs , l'if ces ihondropterygii.
Les Paflenaques font des efpeces de
Raies.
A R te d 1 {Ichth Part. V^. p. 100,
». 1.) nomme la première, Raia cor-
çore glabro ,< acuxto longo, animas fir-;
PAS
rato,i» caudâ apterygiâ. C'eft le Tpvyw
(3'Aristote (1^,1. c, 5. L.V. c. 3.
Cr <. L. VI. c. 10. & 11. L. F///.
f 13.L./X C37O, d'ÉLIEN (L.L
g\>7,<fr$6,L.lI.c. i6.&$o,L.VIII.
c, 2 5. L. KM. c 8. ) . d'A T H É N É E
(L.VH-P-33°) & d'O p p 1 e n ( L. /,
«. 5.L.//. p. 4tf. 47. er48-}; laftf/^
7 jw^r <î de Rondelet ( L. XIL c. 1 .
£dit. Franc.) , de Gesner (deAquat.
p, 8000 » 'de J o N s t o N (de Fifcib.
I.I.C.3.), d'ALDROVANDE (L. ///.
f, 4<5. J , de W 1 l l u G h b y * p. 6j.
Se de R a y , p. 24. On nomme ce
poiffon the Fire Flaire en Angleterre ,
& 2?r«co ou Brucho à Rome ; Ferraz.a
à Gênes; Bafionago en Sicile ; Vaflan-
go ou Bafiango en Provence , 5c ÏW«-
jrewde à Bordeaux.
Ce poiffon, félon Rondelet, efb
sommé en Latin Taflinaca , à caufe de
la couleur & rondeur de fa queue
femblable à la racine nommée Paftena-
de.Les Grecs Font nommé Tptr; m , qui
fignîfie Tourterelle , par la reffem-
biance de fes nageoires , qui font éten-
dues comme les ailes de l'oifeau dont
31 porte le nom. C'eft un poiffon plat ,
cartilagineux comme on l'a dit , dont
la peau eftlilTe. Il n'a qu'un aiguillon ,
long , pointu , découpé comme une
feie de côté Se d'autre , Se placé à la
queue. La queue eft longue , lilTe ,
flexible , fort femblable à la queue
d'un Rat ; car elle eft grofle au com-
mencement & va toujours en dimi-
nuant jufqu'au bout. L'aiguillon de
fa queue eft venimeux. 11 a le bec
pointu , les yeux au-delfus de la bou-
che , Se au-deffous des trous au lieu
de narines , Se d'autres devant les ouies :
les parties où les ouies font polées font
molles Se baveufes. Il a la bouche pe-
tite, le dedans aflez large , point de
dents Ses mâchoires font dures Se ru-
des. L'c ftomac eft aflez loin de la bou-
che, p?tit Se étroit Le foie tire entre
le blanc & le jaune. Ce poi'Ton nage fé-
lon fa largeur , c'eft-.i-dire à plat, com-
ïae tous les pouTons de ce genre. U
PAS 357
n'a qu'une petite nageoire à la queue,
É L 1 e N veut qu'il vole quelquefois *
c'eft-à-dire qu'il s'élance hors de l'eau *
car il n'a point d'ailes. Il vit de poi(fon3
dans les lieux fangeux Se peu éloignés
des rivages. Selon Oppien, Elïen 8c
Pline l'aiguillon que ce poîffon a à la
queue eft encore venimeux , quand il
eft mort. Quoiqu'il foit armé de ce dan-
gereux aiguillon , il a pour ennemi le
Chien de mer.
Cet aiguillon mis en cendre , appli-
qué fur la plaie avec du vinaigre , eft
un remède à fon venin même , dit
Rondelet, Le poiffon ouvert Se
appliqué fur la plaie faitauffi le même
effet. Selon P l i n e , la preflure de
Lièvre , de Chevreau ou d'Agneau ,
du poids d'une livre, eft excellente
contre la piquûre de la Paftenaque Se
des autres poiffons de mer auffi dan-
gereux. Cet aiguillon a quelques autres
propriétés en Médecine Selon Dios-
C o R 1 D e , il appaife le mal de dents ,
les rompt Se les tire. Selon P LINE » il
eft bon pour les dents fearifiées , Se
broyé avec de l'Ellébore blanc il fait
tomber les dents fans douleur. Scion
Celse, l'aiguillon de la Paftenœque
mis en poudre , incorporé avec la ré-
fine Se mis autour de la dent malade
la fait tomber. L'aiguillon arraché de
ce poiffon pendant qu'il eft vivant , &•
attaché au nombril d'une femme en-
ceinte , la fait accoucher heureufement,
Son foie cuit dans l'huile appaife les
démangeaifons de la galle Se de la.
rogne, qui furviennent aux hommes
comme aux bêtes. Quand les Pêcheurs
dans le Languedoc ont pris ce poiffon
ils commencent par ôter L'aiguillon Se
mangent la chair qui eft autour de la
queue , quoiqu'elle ne foit pas fort:
excellente.
La féconde efpece de Paflenaqite
eft nommée par A R T e D 1 ( Ici/Sth.
Fart. V. p. 100. ». 4.) Rata corpore
gïairo , acideo longo , ferra to , in caudâ
pirmatà i par Columelle (deAquat,.
c. a. J>. 4- t. a.). Pajtmacti mari/ta: *
35 § PAS
altéra n1ipvir>.a.Têîa. , Altavela dicla.
Willughbt , p. 6$. Se Ray , p. 24.
parlent au fit de ce poiffon. On le nom-
me à Naples Altavela. Cette efpece
de Raie a la tête plus petite que la
précédente : fa couleur eft la même.
Sa queue n'excède pas de longueur
la moitié de fon corps : elle eft armée
d'un aiguillon Se quelquefois de deux
garnis de dents crochues. Ce poilTbrt
n'égale pas le précédent, ni pour la
grandeur , ni pour le poids. La chair
n'en eft pas défagréable , on la vend ,
&e on la mange.
La troifieme efpece, dont j'ai déjà
dit quelque chofe au mot AIGLE,
poilTon , eft nommé par A B. T I t> J
ihhth. Fart, V. p. 100. ». 5. ) Raia cor-
pore glabro, acnleo longo, fërrato,in cau-
dâpitmatâ. C'eft, dit le même Natura-
liste , celui qu'A r 1 s t o t f. ( L. V.
c. 5.), Athénée (L.VIL /à/. 143.),
OfPiEN (L. I. fol. 117.) nomment
>V«ç } V Aquila de P l 1 n e ( L. IX.
c. 24. ) > de S A L V I F. N ( fol. 146. ) ,
de J o n s t 0 n (L. I. c, 3 . ) , de W 1 l-
ï, u g h b y , p. 64. de R a y , p. 2 3 . n. 1 .
deBELON (de Pifcib. ) , de Gesner
( de Aquat. p. 880. ) , & d'A LDS o-
V a n d E ( L. III. c. n-j. ) ; la Pafli-
tiaca marina , lœvif , altéra c'Çu7r7êpw-r;i'c,
Aqiiilone dicta , de Columelle
(L. I. p. 3. t. 2.) , Se la fecunda Pafti-
nacjt fpecies deRoNDELET(L. XII.
c. 2. p. 268. Edit. Franc.) \ cependant
Rondelet dit que cette efpece de Paf
tenaqueà. laquelle tous les Naturaliftes
donnent le nom d'Aigle , n'eft point
V Aigle de mer des Anciens : il le prou-
ve comme nous le dirons ci-après. On
nomme ce poiffon Glorieufe en Langue-
doc , parceqtie, dit-!l, 11 nage avec
gravité; Aquila à Naples ; Rofpo à
Gênes, c'eft-à-dire Crapaud, Se Pcfce
Ratto; par quelques-uns Pxatcpenade s
à Bourdeaux Tarefran^e. Il eft encore
nommé Falco par quelques-uns, 6c
par d'autres Erango Se Ferraz.a. Ce
poifTon eft en tout femblable à la pre-
mière eipece par fa manière de vivre ,
PAS
par lôn aiguillon qui eft venimeux , paf
fes parties antérieures & extérieures •
mais il a la tête plus grande , le bec
moins pointu , rond , court, femblable à
la tête d'un Crapaud, ce qui fait que les
Génois lui ont donné le nom de Rofpo.
Ses côtés qui reffemblent à des ailes
étendues , finiffent plus en angle que
ceux de la première efpece. C'eft à
raifon de cette figure d'ailes , que
quelques - uns ont nommé ce poiflon
Ratepenade , ce qui veut dire Cbauve~
Sourit. Sa queue Se fon aiguillon ne
différent en rien de la première efpece :
la longueur de fa queue l'a fait nom-
mer en Italie Pefce. Ratio. 11 vit dans
les lieux fangeux , comme les autres
Faficnaqites. 11 pique de fon aiguillon
les poiiTons qui nagent autour de lui.
Sa chair eft molle Se de mauvais goût,
& on s'eft fort trompé, dit Rondelet ,
de croire que ce foit l' Aquila des An-
ciens ; cependant c'eft le fentiment
d'A r t F, d 1 , Se celui de bien d'autres
Naturaliftes ci-deiïus cités. On ne lit
point , ajoute notre Ichthyologue Fran-
çois , que l' Aquila des Anciens ait un
aiguillon à la queue , comme la Pafii-
naca. Si par rapport à fes grandes ailes
les Napolitains Se les Romains nom-
ment aujourd'hui cette efpece de Paf-
tenaque , Aiçle , il ne s'enfuit pas pour
cela que ce foit l'Aigle des Anciens ,
vu principalement qu'il y a un nombre
infini de poiiTons qui ont parmi nous
des noms que les Anciens ont donnés
à des poiffons tout différens. Ronde-
let, pour appuyer fon fentiment , a
recours à G a lien (de Alim.L. III.) ,
qui met l'Aigle de mer au rang des
poiffons qui ont la chair dure, comme
la Lamïe Se le Congre ; or la chair de
la Paflenaque , dont je parle ici eft mol-
le Se humide , comme on en peut ju-
ger en la goûtant. A l'article de RAIE
BOUCLÉE, dans la defeription que
l'Auteur en donne , il eft porté à croi-
re que c'eft cette eipece de Raie, qui
pourvoit bien être l'Aigle de mer des
Anciens. Voyez RAIE BOU CLÉE.
PAS PAT
P A S T O R , nom que les Hol-
landois donnent à une efpece de Mu-
ge de l'Amérique , poiflbn nommé
fiarder par Marc Grave. Voyez
MUGE & HARDER.
PAT
PAT A, nom que les Portugais
donnentà un oifeau du Bréfil , nommé
Ipecati-Apoa. Voyez ce mot.
P A T A G U , nom qu'on donne à
une efpece de Came , repréfentée à
la Planche V. lettre C. de la féconde
Partie de la Conchyliologie de M. D'A R-
cen ville. Ce Coquillage , dit il»
ibid.-p. 51. diffère beaucoup d'une au-
tre efpece, nommée Palourde dans nos
ports. Le Tatagit cil une Came plus
grande, moins ronde, plus liiTe; elle
cil chargée de taches jaunes , blanches
Se noires. Line feule trompe de diffé-
rente couleur Se d'environ quatre pou-
ces de long lui donne toute forte de
mouvement : quoiqu'elle ne paroiffe
former qu'un tuyau , elle eft cepen-
dant partagée intérieurement en deux
par une efpece de cloifon , 8e chaque
tuyau a fon trou particulier , qui fe
■voit à l'extrémité de la trompe. Le
fupérieur qui rejette l'eau à trois pieds
de diftance eft plus étroit que l'infé-
rieur par où elle entre , 5c l'orifice des
deux tuyaux eft garni de deux petits
poils blancs. Ce long tuyau , fans le
ïecours d'une autre jambe , lui fert à
fe mouvoir , & fournit à tous fes be-
foins , fans qu'elle piaffe avancer ni
reculer, mais feulement s'enfoncer dans
la vafe comme la précédente. Les bords
de la coquille font tapiftés de deux
membranes épaiffes qui l'environnent:
elles font blanches Se très- unies , ce
qui les diftingue en partie de celles
de la Palourde , qui font frangées &
déchiquetées.
P A T A S , nom que les Nègres
du Royaume de Galam , dans le pays
de Bambouc , donnent.! une efpece de
Singes d'un roux fi ardent, qu'il fem-
ble qu'ils font peints de cette couleur,
PAT 359
Ils font gros Se un peu lourds. Il n'y
en a point de plus réjouiffans. Ils des-
cendent , dit le Pere Laeat, du
fommet des arbres 8e viennent file à
file jufqu'au bout des branches les plus
voifines des bàtimens. Quand ils ont
confidéré les hommes qui y font, ila
fe mettent tous à crier, à faire des fauts»
des gambades 8c les poftures les plus
plaifantes. Ils s'en retournent après
cet exercice, pour faire place à d'au-
tres , qui viennent;! leur tour confidé-
rer les barques 8c ce qui eft dedans.
Le même Auteur rapporte qu'on en)
a vu d'affez familiers pour jetter dans
les bàtimens de petits morceaux da
bois fec. On répondit à leur jeu par
quelques coups de fufil , qui en tuèrent
Se blefferent plufieurs, Se aulB-tôt la
guerre fut déclarée. Ils fe mirent tous
à crier d'une manière extraordinaire Se
à jetter dans les barques des branches
d'arbres feches , Se même des pierres ,
qu'ils prenoient la peine de venir ra-
maffer à terre : d'autres fe contentoient
de faire des grimaces : d'autres fai_
foient leurs ordures dans leurs pattes r
Se les jettoient fur les gens qui étoient
dans les bàtimens. A la fin ils fe reti-
rèrent , pareeque les coups de fufil
en abbatirent tant , qu'ils virent bien
que la partie n'etoit pas égale.
PATELLE, Coquillage de mer,
delà première famille des Lnivalves,
félon la nouvelle méthode de l'Auteur
de V Hijloire de la Conchyliologie. G e s-
NER (de Aqiiat. p- 808.) dit qu'on
en trouve d'attachés aux rochers de la
mer Rouge. Ils font hériffés d'épines
pareilles à celles que l'on voit fur l'E-
toile de mer. Ce Coquillage eft large
d'un demi - doigt , long de trois , Se
s'arrache avec peine des rochers où il
eft attaché. Sa chair a la couleur Se le
caractère de celle du Limaçon rouge >
Se on la mange toute ,. comme celle
de T(Eil de Bouc vulgaire. Il y a plu-
fieurs efpeccs de Pa:eilci. J'en ai par-
lé au mot LÉP AS.
Tous les Yoyageurs , félon le raj«
3 do PAT
port de M. D'A RGENVILLE
(Part. IL p. 21.), connoiflenr ce Co-
quillage. Il y en a peu qui ne fe foient
fait un plaîfir de le détacher des ro-
chers, pour juger de Ton goût. PIu-
fieurs Peuples qui font voifins de la mer
en font leur nourriture ordinaire. On
le trouve par-tout attaché aux rochers.
L'animal occupe le fond de fa coquille ,
où il tient fortement par plulieurs liens.
Si on le renverfe , on remarque qu'une
partie de fon corps n'eft pas revêtue
de coquille. Il fort de fa partie fupé-
rieure un petit corps allongé , fait en
Poire , avec une ouverture en forme
de bouche , garnie de lèvres , de mâ-
choires , Se de dents dont il eft armé
vers la partie la plus pointue. Les deux
cornes avec deux points noirs , qui
font fes yeux placés fur leur côté in-
térieur, lui fervent à tâter Se à recon-
noitre le terrein. C'eft par ce canal
qu'il fùce Se prend fes alimens ordinai-
res, qui ne font que du limon , de pe-
tits VermhTeaux & une forte de plante
marine verdâtre 8c fort commune ,
nommée Algue marine. Les excrémens
fortent au-deflus de la tête par l'anus ,
à côté des parties de la génération , Se
à peu de diftance de ces deux cornes.
Une groffe partie charnue , qui eft au
milieu , lui fert à fe mouvoir. On lui
connoît un mouvement lent & pro-
greffif , néceifaire pour refpirer , &
pour aller chercher fa nourriture fur
les rochers qu'il a coutume de par-
courir. On le voit en effet fe détacher
en élevant fa coquille de deux ou trois
lignes, Se remper fur une efpece de
mammelon, ou de bafe charnue , plus
foncée en couleur que le refte de l'a-
nimal. Son mantelet eft garni de trois
rangs de filets charnus Se appîatis ,
qui forment une frange dans tout le
pourtour.
Le corps du Lcpas tient à fa circon-
férence par un cartilage trcs-fimple.
On le détachs; du rocher avec un inf-
miment tranchant Se pointu , qui cou-
pe furement le nerf qui l'y attachoit :
PAT
& coutume eft d'être fi adhérant , qu'il
faut le furprendre pour l'arracher. Ii
fe détache cependant de lui-même
pour aller chercher de la nourriture. Le
Ltpas peut fortir de fa place , éle-
ver fa coquille d'une ligne & demie ,
Se la rabailfer de même. La partie fur
laquelle il marche eft plus folide que
les autres parties ; cette bafe paroît
remplie d'une infinité de petits grains ,
comme fi elle étoit chagrinée ; ce ne
font cependant que de petites cellules
remplies d'eau Se de glu , dont l'animai
fe fert alternativement pour fe coller
fur une pierre , & pour s'en détacher en
délayant cette colle. Voyez la Plan-
che I, Partie II. de h Conchyliologie de
l'Auteur , où la première figure re-
préfente le Lepas attaché au rocher.
On en voit un naiifant en A. Ce Lepas
montre fa tête , fes cornes , & fes
yeux. La féconde figure eft le poifTon
retourné , pour découvrir fes parties
intérieures. Il a été péché fur les côtes
du pays d'Aunis , Se l'on n'y a point
trouvé d'yeux , quoiqu'il ait des cor-
nes ; en quoi il eft différent des deux
autres Lepas qui en ont. L'on voit
dans la troifieme figure le Lepas mar-
chant fur un terrein : fa tête & une
partie de fon corps fortent de fa cou-
verture. Cette coquille , dans fa plus
grande étendue , n'excede gueres deux
à trois pouces; elle eft ovale , Se cou-
verte de ftries peu profondes , avec
quelques zones tranfverfales , qui for-
ment un cône , dont le centre n'eft pas
directement dans le milieu , mais à-
peu-près au tiers de fa longueur du
côté de la tête. Le dedans eft uni*
d'une Nacre cendrée. 11 y a des Lepas
qui fe terminent en pyramides ; d'au-
tres ont par defTous une demi-cou-
verture appellée chambre. Il y en a
de dentelés &de percés dans le haut;
d'autres , garnis de plufieurs feuil-
les par étages , Se d'autres , piquans :
on en voit une efpece qui eft toute
ronde , Se qui eft fort rare. Sa couleur
ordinaire eft verdâtre , Se quelquefois
jaune »
PAV PAU PEC
jaune , rouge & brune ; mais ces tein-
tes paffageres ne fubfiftent que pen-
dant la vie de l'animai , à moins qu'il
n'ait été pris vivant. Ainfi parle M,
rj'A R. G e n VILLE de l'animal, dont
je n'avois rien dit au mot L E P A S.
Voyez à ce mot la divifion de ce genre
de Coquillage par M, A D A N S o h.
PAV
PAVER AC CI A, nom qu'on
donne aujourd'hui à Rimini , à Ra-
venne Se à Ancône, à la première ef-
pece de Came , Coquillage bivalve ,
que M, Adanson nomme Clonijfe,
d'après Belon & Rondelet,
$c qui eft le Biverone , Piverone , ou
Piperone des Vénitiens ; VArfelle des
Génois ; Y Armilla des Efpagnols , &
ie Boukch des Sénégaloïs.
PAU, elpece de Léopard de Tar-
tane , qui a la peau blanchâtre , 8c
tachetée de rouge 8c de noir. Il a la
tête Se les yeux femblables à ceux d'un
Tigre. Il eft moins gros que cet ani-
mal , & {on cri eft différent.
PAUXI, oifeau de l'Amérique,
qui , félon Nieremberg (L. L
c. 75, ) , eft de la grandeur du Coq ,
ou un peu plus grand. Son plumage
eft noir , marqué de quelques taches
blanches Se noires. Il a le col élevé ,
& la tête large. Les uns ont une hupe
fur la tête; d'autres au lieu de hupe
ont une groffeur de la figure d'un
œuf , ou un peu plus grande. H e r -
n a n d e z marque que cet oifeau a
à la racine du bec une certaine tu-
meur. Ce bec eft en partie menu , fer-
me comme celui du Pic , de la dureté
de la pierre , Se de couleur bleue. Le
Pauxi fe nourrit de grains, 8c on peut
l'apprivoîfer , dit Ruïsch , de Avib.
p. 123.
PEC
PÊCHE MARTIN, nom,
dit M. le Page du Pratz , qu'on
donne à la Louifiane à YOifeau de
Paradis. Il eft de la grandeur & de la
Terne lll.
PEC 3<fi
forme de celui de France. Son plu-
mage a toutes les couleurs de l'aro
en-ciel , Se comme îl vole contre le
vent, la même inclination lui refte après
la mort , c'eft-à-dire que fufpendu au
plancher , il a toujours le bec tourné
du côté d'où vient le vent; c'eft ce
qui fait que les Naturels du pays dî-
fent qu'il faut que fon efprit gouverne
encore fon corps après fa mort.
PÊCHE MUGER.nom qu'on
donne dans les Indes à un poîlîon à
figure humaine, nommé en Latin An-
ihropomorphof. Voyez HOMME MA-
RIN.
PÊCHEUR. Voyez MARTIN
PÊCHEUR.
PÊCHEUR, forte d'oifeau des
Antilles tout-à-fait femblable au Manf~
fent , qui eft un puilfant oifeau de
proie ; il eft affez femblable à l'Ai-
gle , tant en fon plumage qu'en fa
forme , 8c îl en diffère feulement par
fa petitefte. Le Pêcheur diffère aufli
du Mansfeni , en ce qu'il a les plumes
du ventre blanches , Se celles de def-
fous la tête , noires ; fes griffes font
un peu plus petites. Il n'en veut ni
aux oifeaux qui volent en l'air, ni aux
animaux qui font fur la terre ; mais
feulement aux poiffons qu'il épie de
deffus une branche , ou de deffus la
pointe d'un roc. Lorfqu'il les voit à
fleur d'eau , îl fond promptement def-
fus , les enlevé avec fes griffes Se les
va manger fur un rocher. Quoique le
Pêcheur ne fa(Te point la guerre aux
oifeaux , ceux-ci ne laiffent pas que de
le pourfuivre , & de s'attrouper au-
tour de lui , en le becquetant jufqu'i
ce qu'ils l'aient contraint de fuir 8c
de changer de quartier. Les enfans des
Sauvages prennent plaifir à élever cet
oifeau , quand il eft petit, pour s'en
fervir à la pêche ; mais il ne rapporte
rien , 8c va manger dans un lieu fou-
vent inacceffible le poiflon qu'il a fur-
pris. Ray croit que cet oifeau peut
être le même que le Jacuaguati Guacti
de Marc Grave. Voyez ce mot.
Zz
3<Î2 P E G
Il fe trouve auffi aux environs delà
Garnbra des oifeaux qu'on appelle
Pêcheurs du Roi. H en eft parlé am-
plement dans YHiftoire Générale des
Voyages , Liv. VII.
P E G
* PÉGASE, en Latin Pegafus ,
Cheval fabuleux. Voici comme A L-
eert le Grand en parle : C'eft
un animal qui naît en Ethiopie. Il a
par devant la figure d'un Cheval , &
par derrière des ailes plus grandes que
celles d'une Aigle : fa tête eft cornue ,
ce que dit auffi Pline. Cet animal
eft fi monftrueux qu'il fait peur à tous
les animaux quand il eft élevé en l'air
en battant Amplement des ailes : il
vole d'une fi grande vîtefTe que les
hommes & les animaux en font fort
effray as. D'autres Écrivains, auffi peu
croyables qu'A lbeeitleGrand,
difent que cet animal , quoique pe-
fant , fuit merveilLufement vîte : ils
ajoutent qu'avec le fecours de fes ailes
il paroît plutôt courir que voler , Se
que fendant l'air par lt ur force, il chaffe
devant lui les vents qui forment un
tourbUon,& qu'il eft porté en l'air fans
fe donner aucun mouvem nt.
P E G O N : C'eft la douzième ef-
pece de Came de M. A D a n s o N ,
que cet Auteur a trouvée dsns les fa-
bles de l'Anfe de ELn , fur la ente du
Sénégal. L'animal reflemWe , dit-il ,
au Lumt , onzième efpece du mêire
genre ; mais Ls tuyaux font quatre ou
cinq fo's pins courts que la largeur
de la coquille, q'ii eft médiocrement
ép-:iiTc-, d'une grande dureté, un peu
plus avplatL que celle du Jeunot , lon-
gue de p i ls de deux pouces , fur une
largeur de moitié moindre % & double
de fa profondeur. Cette coquille eft
marquée fur toute fa furface extérieu-
re de quarante à cinquante ranelures
tranfverfales applaties, d'un beau poli,
& trC s -luifenres, Les bords des bat-
tans font ^pa's & arrondis. Le liga-
ment eft prcfque trois fois plus court
P E G P E I
que fa largeur , & le fommet eft placé
un peu au-deffous de fon milieu. Sa
charnière confifte en trois petites dents
fort rapprochées dans le battant droit,
& en deux feulement dans le battant
gauche : fa couleur eft violette en de-
dans , rougeâtre au dehors , & parfemée
de quelques taches brunes , diftribuées
fur quatre ou cinq lignes , qui s'éten-
dent comme autant de rayons du fom-
met vers les bords. Ce Coquillage eft
figuré à la Planche XVII. n. 12. de
V Hiftoire des Coquillages du Sénégal.
PEGOUSE, nom que R o n-
D E L E T ( L. XI. c. 11. p. 258. Edit.
Franc. ) donne à une efpece de Sole ,
qui fe pêche à Marfeille , & dont les
écailles tiennent fi fort , qu'il faut la
tremper dans l'eau chaude pour les
ôter. Elle eft femblable à la Soi : : elle
a deffus le corps de grandes taches ,
faites en forme d'yeux , d'où lui eft
venu par les Latins le nom de Solea
oculata.
P E I
PEIGNE, genre de Coquillage
bîvajye , rcpréfetitant des Coquilles
de Saint JaLquts ou de Saint Michel,
nommé en Latin Peclen. Pierre
Gillius dît : P d. Uns à rugis , fat
ïtnbricibus quibus Jignatijuni,ità dicun-
tur : Peclen q:to capilli pedunlur & tx-
Unduntur. Un l'appelle Sourdon en
Poitou , & prefque par-tout la grande
Se petite Pèlerine. Le mot de P ligne Se
celui de Pétoncle, ainfi que leurs noms
Latins Peilen Se l'euitnadus > ne diffé-
rent que par la grandeur, rétonde eft
un diminutif de Peigne * dit M. d'Au-
ge NV ILLT , l'art. I. p. 302. Edit. 1757»
Ce qu'on appelle à préfent Pétoncle oit
Soiirdon étoit connu par Rondelet
fo:is le nom de Coquille ftïiée u7 é t itieit-
fe, Se cet Auteur embarraffé par les
dîffércns noms de Peigne Se de Péton-
cle , dont fe font fervi les Traducteurs
d'A ristote, donnoïr ce dernier i
une efpece de Feigne ; mais Listes.
& les autres Modernes , pour évites
P E ï
la difficulté ont fuivi Belon, con-
temporain de Rondelet, & ont
donné le nom de Pétoncle à un Coquil-
lage fort différent du Peigne, tant par
l'animal , que par la charnière 8c la
ferme renflée de fa coquille, dit M.
A D a N s o n , p. 240. qui donne dix
efpeces de ce Coquillage , obfervées
fur les côtes du Sénégal. Ce Coquil-
lage, dit M. de R é a u M u r ( Mém.
de PAcad. des Scienc es , 17 1 1. p. 1 27.
effuiv.) eft fort commun & fort re-
cherché On le mange cuit & crud. Sa
coquille eft compofée de deux pièces.
Le ligament à reflbrt qui les affètnble
& qui fert à les ouvrir , eft du côté du
fommet. Depuis ce fommet, fa coquil-
le va en s'éiargiffant infenfiblement Se
prend une figure arrondie : précifément
au fommet'elle eft comme eoupéeen
ligne droite. Chaque pièce de la co-
quille forme une ou deux appendices ,
qui fontappell ies les oreilles de la coquil-
le. La coquille ferme exactement de
tous côtés : elle eft rayée en forme d'un
peigne, dont on fe fert pour peigner
les^cheveux. Elle eft plate, élevée ,
garnie de deux oreilles , quelquefois
d'une feule , quelquefois auûj elle eft
fans oreUles.
Il y a une grande variété dans la
couleur de ces fortes de Coquilles : les
unes font entièrement blanches : d'au-
tres font rouges : d'autres tirent fur
le violet , Se dans d'autres toutes ces
couleurs font diverfement combinées.
Ceftcequ't a fait dire à M. d'ArCEN-
Ville (Part.!, p. 19.) que c'eft peut-
être pour la variété Se la beauté des
couleurs une des plus agréables fa-
milles que nous polTedions , fur-tout
celle que l'on nomme le M.inteuu Du-
cal. Il y a des Coquilles de ce genre ,
qui font canelées : d'autres qui font
chargées de pointes, comme la Ra-
ti foire & la Rape. Leur ca ratière gé-
nérique, ffon le même Auteur, eft
d'être d'une figure applatie , d'avoir
des oreilles , avec une des coquilles
plate, Se l'autre plus creufe. Lesftries
P E I 36-3
Ou canclures ne fervent qu'à leur don-
ner différentes dénominitions. Le ca-
ractère fpécifique des Peignes eft d'a-
voir les uns des oreilles , les autres
une , Se quelquefois de n'en avoir au-
cune. Il y en a encore qui ont les deux
écailles élevées Se convexes. Ils s'at-
tachent aux pierres. Leurs fils ne
font d'aucun ufage. Ils font plus gros
Se plus courts que ceux des Moules.
Ce Coquillage s'attache quand il lui
plaît. Souvent après une tempête on
en trouve dans des endroits , où on
n'en trou veroitpas les jours préeédens ,
& ceux qu'on trouve font pour la plu-
part attachés i des pierres immobiles.
Ce Coquillage eft commun fur les
côtes d'Aun's.
On voit à la Planche VI. de la
C.nchy'.iAogie , Lu. A. un de ces Co-
quillages à deux grandes membranes
brunes, qui s'attachent chacune à une
des pièces de la coquille. De leur con-
tour brun Se chargé de taches fymétri-
fées, fortentdans l'eau de la mer une
multitude prodigîeufe de poils blancs »
affez lon£s pour déborder les valves :
l'intervalle eft garni de petits points
noirs , ronds , brillans Se qui imitent
des Perles qui fur viennent enchaf-
fées dans cet endroit. L'intérieur de
ces deux membranes enveloppe 8c
renferme quatre feuillets fort minces ,
chargés tranfverfalemetit de ftries très-
fines , qui imitent alTez bien la partie
des poumons. Il fe voit au-delTus de
ces quatre feuillets une petite maffe
molle Se charnue , qu'on peut croire
être le ventre 8c les entrailles : elle
cache fous une pellicule affez niince
un : efpece de pied de cinq à fix lignes ,
Se dont la pointe , qui n'a aucun mou-
vement particulier , regarde le centre
de l'animnl Cette partie eft ordinai-
rement de la même nuance que celle
qui l'enveloppe ; mais dans le temps
du frai , elle le gonfle , change de cou-
leur Se devient d'un beau jaune foncé :
quelque temps après elle diminue .
maigrit Se reprend Ion ancienne teinte.
Z z ij
3*4 V El
Voici fon mouvement progreflif,
fo't dans l'eau , foît fur la terre , tel
qu'il eft décrit par M, d'Argenvixle.
Lorfque le Peigne eft à fec & qu'il veut
regagner la mer , il s'ouvre autant que
l'étendue de fes deux valves peut le
lui permettre , & étant parvenu à un
poiic: oa environ d'ouverture, il les
terme avec tant de vitelfe , qu'il
communique aifément à fa valve infé-
rieure un mouvement de contraction ,
par lequel elle acquiert affez d'élafti-
c'té pour s'élever & perdre terre de
cinq à fix pouces de haut. 11 importe
peu fur quel coté de la coquille il puiffe
tomber ; il fuffit de favoïr que par cette
manœuvre réitérée il avance toujours
vers le but qu'il s'eftpropofé.
La progreflïon du Peigne dans l'eau
eft bi n différente ; car il commence
par en g:gner la fur face , fur laquelle
il fe fou ient à demi-plongé. 11 ouvre
alors tant foit peu fes deux coquilles ,
auxquelles il communique un batte-
ment fi prompt & fi accéléré , qu'il
acquiert un fécond mouvement : on le
voit du moins en réunifiant ce double
jeu tourner fur lui-même de droite à
gauche avec une célérité étonnante.
Par ce moyen il agite l'eau avec une fi
grande violence , qu'au rapport de
Rondelet , elle eft capable de
l'emporter Se de le faire courir fur la
furface des mers.
Les Peignes qui font attachés ordi-
nairement à plufieurs corps étrangers
ne joui lient pas par cette raifon de ces
diflër ns mouvemens.
A la mc-me Planche de l'Ouvrage
cî-deffus cité , lut. B, on voit le corps
d'un SowAun ou Pétoncle , canelé de
même que fa coquille , dont il fort en
parti '. Par une filière , dent les fils
fort plus courts que ceux de la Moule ,
il s'attache aux corps étrangers & aux
piures. Sa cou'eur blanchâtre eft va-
riée de roupe, de violet, de brun Se
de jaune. D'tm de fes côtés fortent
deux p tits nivaux très- courts , garnis
de p oLls , qui portent l'eau à plus de
P E I
deux pieds de diftance. Al'oppofiteJ
qui eft la partie inférieure , on voit une
plaque en forme de croiffant par la
bout , tel que le montre la figure ;
ce qui lui facilite fa marche. Sa coquil-
le eft ronde , peu épaifle Se dentelée
dans fes bords , comme les dents d'une
feie. Deux mufcles qui fortent de fort
corps vers la charnière , l'attachent
fortement à fes deux valves.
M. d'Argen ville (Parti,
p. 300.) divife les Peignes en trois ef-
peces. La première efpece renferme
ceux dont la coquille eft à deux oreil-
les , favoir le Manteau Ducal rouge,
le jaune , couleur de corail , avec des
boutons ; la Coquille de Sxint Jacques
bariolée ; celle de Saint Michel jaune ;
le Peigne de couleur orangée de la mer
Cafpienne ; le bariolé tirant fur le bleu,
le rouge 8c le canelé ; le brun par deiTus
& blanc par deffous, appelle ¥ Éventail
ou la Sole 3 le tacheté dans l'écaillé fû-
périeure Se le blanc dans l'inférieure ;
celui à côtes jaunâtres ; la lèvre rebor-
dée ; celui à coquilles également creu-
fes ; celui en forme de Poire ; le très-
beau , dont parle Rumphius ; celui
fait en table polie , félon le même Au-
teur; celui à coquilles inégales bariolé
de taches fauves.
De la féconde efpece font tes Fei-
gnes qui n'ont qu'une oreille , tels que
le Peigne couvert de pointes Se noir 5
celui couvert de pointes Se rouge; le
gris cendré , le bariolé , l'orangé , 8c
le blanc uni.
Dans la troïiïeme efpece , qui con-
tient les Teignes qui n'ont point d'o-
reille , on compte la Ratijjoire , ou la
Rape } le P.i^ne oblong , qui eft de
couleur blanche , 8c raboteux ; le Pei-
gne à ectes , qui eft de couleur jaune ,
8c découpé dans fon contour ; le ba-
riolé , avec un pourtour déchiré ; l'é-
pais , chargé de cordelettes bariolées
de brun , de jaune Si de bl :u ; l'uni Se
bariolé , Se enfin le rond Se blanc nom-
mé Soitrdon.
La Planche XXIV. Pan. L de la
P E I PEL
Conchyliologie du même Auteur, r ep ré-
fente trois Peignes fans oreilles, dunom-
bre delquels eft la Rape , ou hRatiJJbi-
re; quatre Peignes à deux oreilles, du
nombre defquels eft celui qu'on nom-
me la Coralim , parcequ'il imite par
fon rouge la couleur du Corail ; ie
beau Manteau Ducal , 8c un nommé
Senti- Auritns , parcequ'il n'a qu'une
oreille bien formée.
Pour les efpeces de Pétoncles que
M, Adanson a obfervés fur les cô-
tes du Sénégal , comme il leur a don-
né des noms particuliers, c'eft fous ces
mêmes noms que je les fais connoître
au Lecteur.
PEINTADE, ou PINTA-
D E , oifeau des Indes , qui eft une
efpece de Poule. Voyez PINTADE.
PEIXE-GALLO, nom que
les Portugais donnent à un poi(Ton des
Indes nommé Abucatuaïa par les Na-
turaliftes. Voyez ce mot,
PEL
PELA, Serpent de l'Amérique ,
qu'on pourroit nommer le Pouilleux,
dit S e s A. Sa couleur eft alezan clair,
& d'un brun rougeâtre fur le dos. Il a
les écailles du ventre jaunes , la tête
petite , & les yeux étincelans. Ces for-
tes de Serpens font couverts de Poux
femblables à de petits Efcarbots , qui ,
munis fur le defîus du corps de petits
boucliers , fe cramponnent avec leurs
pieds nombreux entre les écailles de
ces Serpens , pénètrent la peau qu'ils
fucent pour fe nourrir , & défolent ainfi
aon-feulemertt cette efpece de Serpent,
mais encore dîverfes autres. TbtJ. //.
lab. 84. n. 3.
PELAMIDE, nom qu'on don-
ne en Languedoc, dit Rondfi et, à
la féconde efpece de Glanais , poif-
fondemer, qu'il nomme Liche. Voyez
LI C H E.
+ PELECANTES, oifeau m-
* Cet oifeau eft nomme en Hébreu Haat h,
parcequ'il dégorge ce qu'il a pris ; en Chat-
déen Kak, ou Kik ; en Syriaque, Kaka; en
PEL 16%
connu aux Modernes , & dont parle
Aristophane.
PÈLERINE, nom que l'on don-
ne à la grande & petite Coquille de
Saint Jacques. Ce Coquillage eft nom-
mé Souràon en Poitou. Les Natura-
liftes le nomment Peigne Se Pétoncle,
Voyez PEIGNE.
PÉLICAN*: Voici comme
Catesbï décrit en peu de mots le
Pélican. Il eft de la grofîeur d'une
Oie ; fon bec a neuf à dix pouces de
longueur; il eft courbé au bout, très-
gros vers la tête , où il a neuf pouce3
de tour. Toute la face eft un peu de
bleu obfcur : ce bleu obfcur s'étend
circulairement jufqu'à un pouce par
de - là l'œil. Il a l'occiput & le col
entièrement bruns; les plumes nom-
mées rémiges , Se les plumes qui les
couvrent , à prendre depuis l'épaule ,
font d'un noir verdâtre , ou bleuâtre :
l'autre partie qui approche le plus du
dos , &: tout le corps , font blancs ; la
queue eft noire, très-courte, quarrée
par le bout ; les jambes font noires Se
fort longues ; les pieds font demi-
membraneux ; l'ergot du derrière eft
très-long, Se il y a une petite poche
fous le bec. Mais entrons dans un plus
long détail. Cet oifeau a deux noms
parmi les Anciens, Aristote (Hifi.
Anim, h. IX. c, 10.) l'appelle Péli-
can } Se P t 1 n e { Hifl. Nat. L. X,
C, 47. ) lui donne le nom à'Onocrota-
lus. Ces deux mots font Grecs ; le
premier veut dire ce qui coupe , ou
perce ; le fécond lignifie le bruir que
fait la voix d'un Ane.
Les Modernes , dit M. Perrault ,
qui fe font plutôt arrêtés à ce que ces
noms fignifïent, & au rapport qu'ils
ont à des propriétés communes à plu-
fieurs & dirrerens oïfeaux , qu'aux
delcrîptions que les Anciens en ont
faites, trouvent de la difficulté à dé-
terminer quel eft l' oifeau qu'on dok
Italien , Peltcarto ; en Allemand feltcatt , oo
hxjfeigcms i en Efpagnol & en Anglois , Pe-
lican*
3 55 P E L
appeler Pélican, Se ce que c'eft que
VOnocrotale. B E i. o N (de la Nat. des
Oif- L. M. c. 2. ) dît que qus!q!ies-i!ns
croyent que le Butor , qui cft la vraie
Ardea fieilaris des Anciens, cilVO-
rocrut.'Ir , à caufeque cet oifeau iimte
Je mûgfflfefflaent d'un Taureau , qu'ils
confondent avec le braire de l'Ane.
D'autres au contraire , parcequ'il perce
la terre & enfonce Ton bec dedans pour
faire ce bruit, prétendent qu'il elt le
Télicân des Anciens. D'autres, com-
me le Scholiafte d' Aristophane, veu-
lent par cett" même raifon que le Péli-
can de? Anciens loit la Palette, à caufe
de la figure de fon bec , qui rdT: mble à
une coignée. D'autres croyent que c'eft
le Pic verd , qui perce l'écorce des ar-
bres avec fon bec , pour y prendre les
Vers Se les autres infectes dont il fe
nourrit , Se dans lefquels il fiche un
aiguilion qu'il a au bout de la langue ,
quoiqu'ARiSTOTE ( L. IX. C . o ), qui
l':ppelle Dryocolaptes , lui donne un
nom par lequel cette action eft plus
particulièrement marquée que par
celui de Pélican. D'autres encore at-
îribuentle nom de Pélican au Vautour,
qu'on dît fe percer avec le bec , pour
nourrir fes petits de fon fang.
Mais comme les parti .ularîtés que
Pline attribue à Vunocrotale dans la
description qu'il en faitfont moins équi-
voques que fes noms , qui fignifient
des chofes qui lui font communes
avec d'autres oifeaux ; comme ces par-
ticularités fe trouvent dans le fttjet que
M. P E R R a V L T a diiïéqué , cet Aca-
démicien ne doute point que l'oifeau
qu'il décrit ne foit VOnocrotale de
P l i N e , & qu'on ne le puiiTe appelée*
Pélican, fuivant ce que l'ufage en a
établi parmi nous , fondé peut-être fur
l'autorité de Belon & de Scaliger ,
qui croient que le Pélican Se VOnocro-
tale font un même oifeau. Sur tout
il eft certain , ajoute M. Perrault ,
que les caractères communs à VOnocro-
tale de Pline , Se à fon fujet leur font
fi particuliers, qu'ils ne peuvent con-
P E L
venir ni au Butor , ni à la Palette , nj
au Pic verd , ni au Vautour, qui font
des animaux , dont aucun ne vit de
poiiïon Se de' Moules , Se n'a la poche
ou fac que VOnocrotale ou le P eue an
a fous la gorge.
Entre tous les oifeaux dont les An-
ciens ont parlé , il n'y en a point qui
ayentde fi grandes ailes, ni qui volent
fi haut que le Pélican, ou Onvcrualt.
Culmannus , dans une lettre écrite
à Gesner , parle d'un OnccrotaU pri-
vé, qui a vécu quatre- vingt ans en Alle-
magne , Se qui après avoir iuivi long-
temps l'Empereur M aximilien , vo-
lant au-def!us de 1 Armée quand on
marchoit, fut enluite nourri par ordre
de l'Empereur a quatre écus par jour.
Cet Auteur {Qrnkk. L. ill .) dit qu'il
voloit fi haut , qu'il ne paroi'doit pas
plus gros qu'une Hirondelle, Se qu'il
avoit le vol de quinze pieds ; ce qui
eft le double des plus grands Ai-
gles. Sanctius, dans Aldrovande
( Ornith. L. XI X- c. 2. ) , rapporte
qu'un Onocrotale laîffa tomber un en-
fant Éthiopien , qu'il avoit enlevé
bien haut en l'air, de même que des
Aigles emportent quelquefois des La-
pins Se des Agneaux , pour les donner
à leurs petits; or VOnocrotale , qui vit
de poiifcms qu'il pêche Se qui fait fon
nid fur terre , a néanmoins un vol aulfi
grand à proportion de fon corps, que
les Aigles Se les autres oifeaux de
proie , qui chafient dans l'air Se qui
nourrifilnt leurs petits au haut des
arbres Se fur le fommet des rochers ,
par la raifon qu'il eft un oifeau de paf-
fage , qui vole tous les ans des par-
ties Septentrionales de la Gaule , ainfi
que P l 1 n e ( Hi&. Nat. L. X. c. 47. )
parle, jufqu'en Égypte , où Belon
dit avoir vu de grands troupeaux d'O-
nocrot des. Ces hiftoires fur la gran-
deur incroyable , la force Se la longue
vie de cet oifeau , ont rapport aux deux
Pélicans que M Perraults diffé-
qués Se à ceux qui étoient de fon temps
à Verfailles.
P E L
Bf lok met à fon Onocrotale un
panache au derrière de la tête , pareil
à celui de la Palette , oifeau que quel-
ques-uns confondent avec le Pélican.
Gesner ScAldrovawde en ont
auffi fait mettre à leurs figures. M.
Perrault n'en a point trouvé à fes
fujets , & celui qu'on faifoit voir à
la Foire Saint Germain à Paris en
1750, n'en avoi't point. Pline dit
que V Onocrotale eft tout à fait fem-
blable au Cygne , à la réferve de la
poche qu'il a fous le bec. Belon dit
la même chofe ; mais cet oifeau a beau-
co 'p de particularités vifibles Se re-
marquables , qui le distinguent du
Cygne , telles que font les plumes
noires qu'il a en plulîeurs endroits , la
forme Se la couleur du bec Se des
pieds.
UUnocrocale dont Olaus Magnus
& Belon ont donné des figures , a un
doigt en arrière , comme la plupart
des autres oifeaux. Dans la figure
d'A 1. u r o v a n d e , la femelle feu-
lement a les pieds de cette façon. La
fi, ure de G E S N F. R a cinq doigts ,
qu;itre en devant Se tin cinquième en
arrijre. Cardan fait les pieds de
YutiocrotaU femblables à ceux du Cy-
gne. Les fujets de M. Perrault
n'avoient que quatre doigts joints en-
semble par des membranes , comme
dans le Cormoran.
La parti. fip ! rieure du bec du Te-
lle .m eft plate 5. conferve prefque une
mém? largeur, depuis le commence-
ment jufqu'au bout. Les côtés du bec
ne font point dentelés comme au Cy-
gne 3c tels que Belon les décrit, mais
tranchans, le deflbus étant creufé de
quatre caiulurcs, dont les bords font
cinq cÔfes> favoir les deux, qui font
les côtés du bec, un: au milieu , Se
deux autres entre celles des côtés 8c
celles dm milieu. La côte dn milieu ,
Se les deux q û font les côtés du bec ,
font tranchantes : celle^ d'entre-deux
font moufles & doubles , faifant une
petite rainure. Les côtés du bec infé-
P E L %6y
rieur font doubles auffi , & ont Ulle
rainure dans laquelle les côtés tran-
chans du bec fupérieur entrent. Mais
A L , DROVANDE com pare les cinq
côtés du bec fupérieur à ceux de. la
feuille de Plantain. Le fond de la cou-
leur de tout le defTîis du bec e(t d'un
gris pâle , marqueté de gris-brun vers
le milieu , Se de rouge , marbré de
jaune . vers les bords ; fa racine eft
blanchâtre. Tels étoient du moins les
becs des deux Télicam dilîequés par
M. Perrault; mais le bec de celui
que j'ai vû à la Foire Saint Germain
étoit d'un beau rouge par le bout , 8c
tout le refte m'a paru être d'un blanc
fale.
Le bec inférieur eft compofé à l'or-
dinaire de deux parties ou branches,
jointes au bout du bec , lailfant entre
elles une ouverture d'environ trois li-
gnes. Elles font flexibles , comme de
la Baleine , & fe dilatent aifément ,
quand on les fépare avec les mains :
cette dilatation , qui paroît ne fe pou-
voir faire que difficilement par desr
mufcles , a befoin de quelque autre
moyen qui la rende auffi large qu'il
elt neceflaire pour recevoir les grands
poiilons que le L'éïican avale.
P 1 e r' r e M a r t v r ( Decad. de
novo orbe , L. VI. ) dit que la manière
de prendre le poilfon eft toute par-
ticulière aux TeLlcans. Ils ne l'attra-
pent point parla vîtelTe avec laquelle
ils le pourfuivent , comme font les
Plongeurs Se les Cormorans ; mais vo-
lant fort haut , lorfqu'ils apperçoivent
du poilfon proche des bords de la
mer Se des rivières , ils fondent tout-
à-coup dans l'eau , qu'ils agitent par
la p ; . fanteur de leur corps , Se le mou-
vement de leurs ailes , d'une telle ma-
nière que le poiffon étourdi fe laide
prendre ; Se alors il faut-fi'ppofer , dit
M. Perrault, que le poilfon étant
ferré par le bec fupérieur , fait lui-
même élargir les deux branch .s du bec
inférieur , auquel la poche ell atta-
chée fuppofé que le pofiTon fait plus
3 6S PEL
grand que n'eft ordinairement l'ouver-
ture des deux branches.
Pline ( Hifl. Nat. L. X. c. 47- )
fait mention que VOnocrotale garde
quelque temps fa nourriture dans fa
poche , avant que de la recevoir dans
fon ventricule. Cela eft commun à la
plupart des oifeaux qui ont un jabot »
dans lequel ils réfervent la nourriture
dont ils prennent une grande quantité ,
quand l'occafion s'en préfente, pour
l'avaler enfuite à loifir , ou pour la
porter à leurs petits. C'eft ce que le
Pélican a de particulier & ce qui le
diftingue des autres oifeaux de proie ,
qui ne portent la nourriture à leurs
petits que dans leur bec Se dans leurs
ferres.
Quelques Auteurs rapportés par
R u ï s c H , dans fon Théâtre des
Animaux , au titre des Oifeaux , p. o i .
font le Pélican fi grand Se lui donnent
un fac fi prodigieux , qu'un d'entre
eux affaire en avoir vu un , dans le go-
fier duquel un homme d'une très-
grande taille enfonçoit fa jambe toute
bottée jufqu'au genou , fans faire
la moindre violence â l'oifeau : c'eft
ce qui a fait dire plaîfamment au Pere
L a s a T qu'il ne favoit pas même s'il
lui avoit fait grâce de fon éperon,
in autre dit qu'on avoit trouvé dans
le jabot d'un de ces oifeaux un jeune
enfant Nègre tout entier.
Le Yélican , ou grand Gofter de l'A-
mérique, félon le même Auteur, ref-
femble à nos Oies d'Europe pour la
taille, lagroffeur, les pattes, la dé-
marche & la pefànteur. Il a la tête
applatie des deux cotés Se fort greffe ,
& telle qu'il convient pour porter un
bec de deux à trois pouces de large ,
fur un pied 8e demi ou environ de
longueur. La partie fupérieure eft
olfeufe Se toute d'une pièce : l'infé-
rieure eft compofée de deux pièces ,
qui s'unifient par une de leurs extré-
mités au bout du bec , dans un fort car-
tilage , Se qui , à la manière des mandi-
bules ou mâchoires , s'^mboitent dans
PEL
la partie lupérieure , où eft le centra
de leur mouvement. La partie infé-
rieure & la partie fupérieure font gar-
nies de petites dents en forme defeies,
fort menues Se tranchantes. Le vu'tde
que les deux parties de la mâchoire
inférieure laifTent entre elles , fert à
foutenir l'orifice d'un fac qui y eft
attaché tout autour , Se qui tombe fur
l'eftomac de l'oifeau , où il eft encore
attaché , ainfi que le long du col , par
de petits ligamens , afin qu'il n'aille
point de côté Se d'autre, Ce fac eft
compofé d'une membrane épaiife &
graffe , affaz charnue , fouple , 8c qui
s'étend comme un cuir. Il n'eft point
couvert de plumes , mais d'un petit
poil extrêmement court , fin , Se doux
comme du iatin , d'un beau gris de
perle , avec des pointes , des lignes , 8e
des ondes de différentes teintes , qui
font un très-bel effet. Lorfque ce fac
eft vuide H ne paraît pas beaucoup ;
mais quand l'oifeau trouve une pêche
abondante , il eft furprenant de voir la
quantité & la grandeur des poiffons
qu'il y fait entrer ; car la première
chofe qu'il fait en péchant eft de rem-
plir fon fac , après quoi il avale ce
qu'il juge à propos, 5c quand la faim
commence à le preffer, il retourne le
remplir.
Cet oifeau a les ailes fortes , gar-
nies de greffes plumes , qui font de
couleur de cendre , auffi-bien que tou-
tes les autres plumes qui lui couvrent
le corps : il a les yeux beaucoup trop
petits par rapport à fa tête ; fon air
eft trille Se mélancolique. Il eft auffi
lent Se pareffeux à fe remuer , que le
Flamand eft vif Se alerte. Les femelles
des Pélicans pondent fans façon à pla-
te terre, Se couvent auffi leurs œufs.
Le Pere La bat dit en avoir trouvé
jufqu'à cinq fous une femelle, qui ne
fè donnoit pas la peine de fe lever
pour le laiffSr paffer : elle fe conten-
toit feulement de lui donner quelques
coups de bec , Se de crier quand il la
frappoit pour l'obliger de quitter fes
ceufs.
e?ufs. Ces oifeaux , comme l'on voit ,
font pefans au vol , Se ils ont de la
peine à quitter la terre Se à s'élever
Sans l'air ; ils le font pourtant , car
autrement ils mourroient de faim , &
comme ils font grands mangeurs , il
faut malgré eux qu'ils travaillent. Lors-
qu'ils fe font élevés à quatre ou cinq
toifes au-deffus de la mer, ils pen-
chent la tête de côté , & des qu'ils
apperçoivent un poiffon , ils fondent
deffus comme un trait, le prennent &
l'engloutiffent ; après quoi ils fe relè-
vent en l'air, quoique avec peine , &
recommencent à guetter tout de nou-
veau. Les grands Gofiers vont afTez
ordinairement fe repofer fur la terre >
quand leur fàc eft rempli , Se ils ava-
lent à loifir ce qu'ils y ont mis , Se lorf-
que la nuit s'approche , ou que la faim
les preffe , ils retournent à la pêche.
Ils nourrilTerit leurs petits , en dégor-
geant dans leur bec le poiffon qu'ils
ont dans leur fac. La chaîr de ces oi-
feaux eft dure , fent l'huile , ainfi que
lepoilfon pourri : cela vient apparem-
ment de ce qu'ils ne font pas alfez
ti'cxercicc pour confommer les crudi-
:és_ qui leur reftent dans l'eftomac &
qui s'y putréfient. Les Flamands qui
vivent de poiffon , comme eux , font
bien meilleurs. Qui croîroit , dit le P.
L a b A T , que ces groffes bêtes , avec
leurs larges pattes d'Oies , s'avifaffent
d'aller prendre leur repos , perchés
fur des branches d'arbres , comme les
oifeaux les plus légers Se les plus pro-
pres à cela ? Elles partent tout le jour ,
hors le temps de leur pêche , dans un
profond repos, enfevelies, félon toutes
les apparences , dans le fommeil , ayant
la tête appuyée fur leur long Se large
bec qui porte à terre , Se elles ne chan-
gent de fituation que quand la nuit
s'approche , ou que la faim les aver-
tit qu'il faut aller remplir leur maga-
îln. Après que cela eft fait , elles fe
plantent fur une bonne branche d'ar-
bre &ypa(fent tranquillement la nuit:
cependant , malgré leur groffiereté &
Tome III,
PEL 3er<>
leur pefanteur , on eft affuré par plu-
fîeufs expériences que les grands Go-
fiers font capables d'inftructions.
Le P. Raymond Breton , Domi-
nicain , Confrère duP. Labat , rap-
porte, dans fon Diilhnn.iire Caraïbe,
qu'il en a vu un fi privé & fi bien înf-
truit chez les Sauvages, qu'après qu'il
avoit été rocoué , c'eft-à-dire peint de
rouge , le matin il s'en alloit à la pê-
che , d'où il revenoit le foir fa beface
bien garnie. Ses Maîtres lui faifoient
rendre ce qu'il avoit de trop , Se s'en
fervoient pour leur nourriture. Le P.
Labat dit avoir pris deux petits de
ces oifeaux , qu'il attacha avec une
corde par un pied à un piquet, où il
eut le plaifir de voir pendant quel-
ques jours leur mere qui les nonrri£-
foit , & qui demeuroit tout le jour
avec eux , Se qui psffoit la nuit fur une
branche au-deffus de leur tête ; car ils
ne pouvoient pas encore voler affez
pour fe percher. Ils étoîent devenus
tous trois fi familiers qu'ils fouftroient
qu'on les touchât , Se les jeunes pre-
noient fort gracieufement les petits
poiffons qu'on leur prefenroit Se qu'ils
mettoient d'abord dans leur havrefàc.
Ces oifeaux font plus fales que les
Oies Se les Canards. Leur vie eft par-
tagée en trois temps ; à favoir à
chercher leur nourriture, à dormir, Se à
faire à tous momens des tas d'ordures
larges comme la main.
Les Américains en tuent beaucoup ,
non pas pour les manger, mais pour
avoir leur blague , car c'eft ainfi qu'on
appelle leur fac, dans lequel ils met-
tent leur poiffon. Tous les Fumeurs fe
fervent de ce fac pour mettre leur tabac
haché : on s'en fert encore pour met-
tre de l'argent. On étend les blaguer
dès qu'on les a tirées du col de l'oi-
feau , & on les faupoudre de fel battu
avec de la cendre , ou avec de l'alun
quand on en a , afin de conferver la
graiffe dont la membrane eft revêtue*
après quoi on les frotte entre les
mains , avec un peu d'huile , pour les
37© P E L
rendre maniables. Quand on a la com-
modité , on les pafTe en huile comme
les peaux d'agneaux , & elles font bien
plus belles & plus douces ; elles de-
viennent de l'épaifleur d'un bon par-
chemin , mais extrêmement Toupies ,
douces & maniables. Les femmes Es-
pagnoles les brodent d'or & de foie
d'une manière très-fine Se très-déli-
cate ; il y a de ces ouvrages qui font
d'une grande beauté.
Au Royaume de Loango en Afri-
que on voit un oifeau plus gros qu'un
Cygne d'une forme aflez femblable
à celle du Héron avec de longues jam-
bes & le col fort long ; fon plumage
eft noir Se blanc. Il a toujours au milieu
de l'eftomac une tache , ou plutôt une
place fans plumes , & l'on fuppofe
qu'il les arrache avec fon bec , fuivant
Pigafetta. Oeil le véritable Pé-
lican , Scies Portugais fe trompent »
lorfqu'ils donnent ce nom à certains
oifeaux blancs , de la groffeur d'une
Oie , qui font ici fort communs. Hifi,
Qénér. des Voyages , L. XIII.
A Sierra-Leona on trouve des Pé-
licans , de la grolîeur de nos Cygnes,,
avec un bec fort , gros & très-long.
Il id. L, VIL
Les grands Pélicans blancs font fort
communs aux Royaumes de Congo Se
d'AiVgola. Ils plongent dans l'eau & dé-
vorent les poilTons entiers Leur efto-
mac eftfi chaud , qu'ils les digèrent faci-
lement. Leurpeau n'a pas moins de cha-
leur: elle fert aux Nègres à fe couvrir
la poitnne. Merolla dit au contraire
que ces oifeaux , dont on voit un grand
nombre fur la route de Singa, font
tout-à-fait noirs , à l'exception de la
poitrine , qui eft de couleur de chair,
à-peu-près, dit-il , comme le col d'un
Coq d'Inde ; mais il ajoute qu'il n'a
pas pu s'alTurer fi c'eft le vrai Pélican,
qui , fuivant les Naturalises , nourrit fes
petits de fon propre (kne,.Iiid. L. XIII.
K o l b e , dans ia Dejcription du
Cap de Bonne - Kjpérance , Tome III.
s, IQ, £. 1^8, dit qu'on y voit \xa-Péli-
P E L
can , qu'oïl nomme Mknge - Serpent
dans les Colonies. Ces oifeaux font iul
peu plus gros qu'un Oifon. Ils fe nour-
riffent ordinairement de Vers, de Gre-
nouilles , de Moules , comme auifi de
Crapauds , de Serpens Se autres bêtes
venïmeufes , dont ils détruifent une
grande quantité : auffi tue-t-on fort
rarement au Cap ces oilèaux fi utiles
pendant leur vie, & tout-à-fait inu-
tiles après leur mort , puifqu'on n'en
mange jamais la chair. Cet oifeau a le
col comme l'Oie. Son bec eft large,
long , fort 5c fe termine par une efpece
de cuillier. Il a les yeux gris. La queue
a plus de fix pouces de long. Les an-
ciens ont dit que fi le Pélican ne trouve
rien à manger pour fes petits , il s'ou-
vre la gorge à coups de bec , afin de
leur donner de la nourriture. Le Pé-
lican du Cap ne fait point cela.
Cet oifeau eft fort commun dans la
pays de la Baye d'Hudfon. 11 eft plus
fort qu'une groffe Oie domefticjue. La
mâchoire d'en haut eft plus étroite au
milieu qu'à chaque extrémité , & elle
entre dans celle d'en bas, excepté vers
la pointe qui s'élarpit , & dans laquelle
entre la pointe d'en bas. La pointe du
bec eft rouge , mais le deflus aulfi-bitn
que le défions du bec, du côté de la
tête , eft jaune. La poche étant feche
refiemble à une veffie de Bcerf enflée ,
5c eft d'une longueur prodigieufe pen-
dant que l'oifeau eft en vie. La tête &
le derrière du col font couverts déplu-
mes blanches. Le corps eft d'un cendré
fale: les plumes des ailes font noires*
Se tout le defibus du corps eft d'un
cendré noirâtre. Les pattes font courtes
& ont quatre doigts joints enfem'de
par une membrane : le doigt du milieu
eft plus long que la patte même, Scies
pattes auffi-bien que les pieds font d'un
jaune fale , mêlé de verd : les ongles
fonr noirs. Ces oifeaux vivent princi-
pal ment de poiffons , 5c l'on croit qu'ils
habitent prefque toutes les parties du
globe ; au moins il eft certain qu'ils
font très - communs en ce pays-ci &
P E L
dans les parties Septentrionales de la
Ruffie. Il y en a pareillement en gran-
de quantité en Egypte. On en a fait
voir un publiquement à Londres , qu'on
avoit apporté d'Afrique , qui était deux
fois plus fort qu'un gros Cygne. La po-
che du bec étoit extrêmement large »
Se l'homme qui montroit l'oîfeau y
mettoit fa tête , qui étoit fort à l'aife.
C'eft le même qu'on a vu à Paris en
1750.
Le Pelecanus eft un genre d'oifeaux
chez M. LinNjT.us ( Syft. Nat. Edit. 6.
gen. 50.), qui comprend le Pélican ,
Te Cormoran 8c le petit Corbeau aquati-
que , Se ce genre eft placé dans l'ordre
des Aves Ànferes. M. Klein ( Ord,
Av. p. 142.) en compofe la fixieme
famille d'oifeaux tétradactyles , qui
ont tous les doigts joints par une mem-
brane , Tetradadyli , omnibus digitis
coujuntiis , palmipèdes. Il donne à cette
famille d'oifeaux le nom de Planeur.
Elle eft compofée du Pélican* de l'Oit
d'Êcoj/'e, du grand Fou de Catesby ,
du petit Fou du même , du Cormoran,
du petit Cormoran , ou petit Corbeau
aquatique , de VOijeau du Tropique ,
de l 3 Aachinya du Bréfil , ou Tupinam-
lu de M a r c Grave.
Outre les_ Auteurs ci-demis cités, on peut
encore conlulter furie Pélican, nommé aufïî
grand Gofîer , Schwenckfeld,Belon,
AlDKOV. 1 . NU Ej W 1 L L U G H B Y , B O-
ciAfii, Tare. IL L. IL c. zo. le Comte dë
Marsilly, Tab. Oviedo, L.XW. c. 6.
B.OCHIFOR.T , le l J ere tu Tertre & le Pere
Ladat, Sloane, p. }2Z. le Pere Feuillée,
h. III. f. 157- Edward, L. IL p. 91. & 91.
A l 11 1 n , & les autres.
^PÉLICAN D'ALLEMA-
GNE, en Latin Anas Gypeata. Al-
3iN ( Tome L n. 97. &()%.) dit que
Cet oifeau a vingt Se un pouces Se
demi de longueur depuis la pointe du
bec jufqu'à l'extrémité de la queue ,
& trente-deux pouces de largeur. Son
bec a trois pouces de longueur , 8c
eft noir comme du Charbon , 8c beau-
coup plus large vers la pointe qu'à
la racine. Il eft convexe comme un
bouclier , Se a un croc courbé à la pointe.
P E L 371
Chaque mâchoire eft piquetée ou four-
nie de dents comme un peigne, avec
des raies ou platines minces , qui font
emboîtées mutuellement les unes dans
les autres lorfque la bouche eft fer-
mée. La langue eft charnue , épaiife ,
Se large , fur tout vers la pointe ; mais
le bout même eft plus mince , Se for-
mé en demi-cercle. Les iris font d'un
jaune foncé ; les jambes Se les pieds font
d'une couleur rouge Se vermeille , Se
les grifFes font noires. Le doigt en ar-
rière eft petit. La membrane , qui lie
les doigts eft raboteufe autour de leurs
bords , Se les pieds font moindres qu'on
ne les trouve dans d'autres oifeaux de
la claffe des Canards. La tête Se le
col font d'un verd fombre luifant; le
deilus du col Se la région du jabot font
blancs ; le deffus , de même que lea
épaules , font bigarrés de blanc Se de
brun : le refte de la poitrine Se le ven-
tre entier jufqu'au défaut du carflage
de l'os de la poitrine font rouges, Se
derrière cet efpace les plumes qui font
fous la queue font noires. Le dos eft
brun avec un trait légèrement nuancé
d'un verd luifant , de bleu , ou de
pourpre. Les plumes qui couvrent le
dehors des cuiffes , font embellies de
lignes fombres qui traverfent, comme
elles le font dans plufieurs autres oi-
feaux. Le nombre des longues plumes
dans chaque aile eft de vingt-quatre ,
Se les dix ou douze qui font les plus
avancées en dehors font entièrement
brunes. Les neuf plumes imm?diate-
ment après ont leurs bords extérieurs
d'un verd foncé Se luifant. Les quatre
plumes qui font tout près du corps,
font diverfinées au milieu de lignes
blanches. A l'entour de leurs bords ,
les plumes du fécond rang , qui font
les plus grandes plumes vertes , ont
des pointes blanches , lefquelles étant
prifes enfemble font dans l'aile une
ligne de blanc quitraverfe. Les moin-
dres plumes couvertes de l'aile, à la
réferve de celles qui couvrent l'os qui
eft le plus avancé en dehors , font d'u«
37* P E L P E N
. bleu agréable tirant fur la couleur de
frêne. La queue a environ trois pouces
& demi de longueur, & elle coniîfte
en quatorze plumes bigarrées de blanc
& de noir ; celles qui font les plus
avancées en dehors étant entièrement
blanches , & celles du milieu entière-
ment noires , excepté leurs bords ex-
térieurs. Les autres ont leurs parties
du milieu noires , Se elles font blanches
autour de leurs bords. La femelle ref-
femble beaucoup au Canard Sauvage
quant aux couleurs , tant de la tête &
du col, que du corps entier , endef-
fus Se en deflbus , à l'exception de
la couleur des ailes qui eftla même
que celle des ailes du mâle , mais
moins brillante.
PÉLICAN: Goedard C Part.
I. Exper. 62. ) donne ce nom à une
Chenille qu'il a trou vée prête à fe
métamorphofer , Se qu'il nomme Che-
nille de Pélican.
PELURE D'OIGNON,
nom donné à une efpece d'Huître. Sa
légère Se belle nacre en dedans tirant
fur le verd , ne peut alTez fe re-
marquer , a in fi que fes replis Se fa lar-
ge fenêtre d'en haut, dit M. d'Ar-
Voyez HUITRE.
P E N
^PENELOPE, oïfeau incon-
nu , dit B E L o N qui rapporte qu'A-
it 1 S t o t e s'eft contenté de dire qu'il
vole autour des lacs Se des rivières.
Le Gloiïaire d'A ristophane
veut qu'il foit femblable à une Cane.
Les uns difent qu'il eft plus grand ,
les autres qu'il eft plus petit , d'autres
qu'il eft de la groifeur d'un Pigeon.
D'autres prétendent qu'il faut lire dans
Pline ( Hifi. Nat. L. X. c. 22.),
Anferini generis junt Penelopes , au lieu
de Chenalopeces. Mais ailleurs ( ibid.
L. XXXVII. c. 1. ) , il dit que les
oifeaux nommés Meleagrides Se Pene-
lopes vivent dans unjac nommé Gratis.
Quoi qu'il en foit.il y a unoifeau aqua-
tique du genre des Canards que les
P E N
Modernes nomment Cane Pénélope;
Voyez ce mot.
P E N G U I N , ou PINGOUIN ,
oîfeau marin du genre des Oies , qui
fe trouve vers le Détroit de Magellan 5
il eft de la groifeur d'une grande Oie,
en forte qu'il yen a qui pefent jufqu'à
feize livres. Les plumes qu'il a fur le
dos font noires, Se il en a de blanches
fous le ventre : il a le col oval Se gros ,
8c ceint comme d'un collier de plumes
blanches : fa peau eft aufli épaitfe que
celle d'un Pourceau. Il n'a point d'ai-
les, mais deux petits ailerons comme
de cuir qui lui pendent des deux cô-
tés , en façon de petits bras ; ils font
couverts en haut de plumes blanches ,
courtes Se étroites Se entremêlées de
noires. Ces ailerons lui fervent à nager
Se non à voler. Les Penguins fautent
la plupart du temps dans l'eau Se ne
viennent à terre que quand ils veu-
lent faire éclorre leurs petits : ils ont
le bec plus grand que le Corbeau ,
mais non pas fi élevé ; la queue eft
courte , les pieds font noirs Se plats , Se
de la forme de ceux des Oies quoi-
qu'un peu moins larges : ils marchent
la tête élevée Se droite , lailTent pen-
dre leurs ailerons le long de leurs cô-
tésjcomme fi c'étoient des bras, en forte
qu'à les voir de loin on les prendroit
pour de petits hommes. On tient qu'ils
ne vivent que de poilfons : ils ne le
fentent pourtant pas , Se ils ont le goût
aflez bon. Ces oifeaux creufent" des
trous affez profonds fur le rivage , 8c
le plus fouvent ils s'y couchent trois
ou quatre.
11 fe trouve de ces oifeaux demeî
chez les Patagons : ils ont la figure
d'une Oie ; mais au lieu d'ailes ils ont
deux moignons , qui ne peuvent leur
fervir qu'à nager , Se ils ont le bec
étroit comme eft celui d'une AlbatrolT.
Quand ils font debout Se qu'ils mar-
chent , ils tiennent leurs corps droits
Se non en fituation à-peu-près hori-
fontale comme font les autres oifeaux-.
Cette particularité» joint à ce qu'ils
P E N
Éitit le ventre blanc , a fourni au Che-
valier Narbourough l'idée bi-
carré de les comparer à des enfans qui
fe tiennent debout Se qui portent des
tabliers blancs. Voyage ^George
A N s o n , Tome I. p. 182.
On a peut-être donné à cette efpece
d'oifeaux le nom de Penguin, parce-
qu'ils font extrêmement gras. C'eft
auftï unoïfeau de mer du Cap de Bon-
ne-Elpérance , à-peu-pres de la grof-
feur d'un Canard , mais fes ailes font
de couleur de cendre , Se fi courtes
qu'il a peine à voler : il a le bec noir ,
les jambes d'un verd pâle. Ses œufs
font fort eftimés j mais on fait peu de
cas de fa chair.
Cet oifeau connu des Voyageurs ,
l'en: aufli des Naturalises. M. Lin-
N M US ( Faitna Sitec. p. 43. ». 1 1 0. ) ,
qui le met dans le rang des Aves An-
cres , le nomme Alca rofirofulcis o 'do ,
'macula alba antè oculunt. M. Klein
(Ord. Av. p. 147.) le place dans lafep-
tieme famille, qui renferme les oifeaux
palmipèdes à trois doigts , Se qui n'en
ont point derrière : Tridailyli , pal-
mipède s , digito mtllo poflico. Ces oi-
feaux font la Colombe de Groenland ,
ou la Tourterelle de mer ; le Lom-
wia de C l u s 1 u s , nommé Guillemot
par Albin; le Canard Arctique ,
ou la Pie de mer ; \'Alk.a de Clusius ;
le Sénateur , le Préconjhl ,. le Lomben
de Martens; le Pinçon de mer ou
de Tempête de F e u i l L é e ; les deux
Jlbatrojf d'E DVAKD » Se le Pen-
guin. Pour celui-ci il en ell: parlé dans
Bar tholinC Ail. I. p. 91.) fous le
nom 6.' Avis Garfahl. Willlghbï
{Ornitb.p. 242. t. 65.) dit que le Pen-
guin ell le Goifugel d'H ojerus,
C l u s 1 u s ( Exot. p. lot.) l'appelle
Oie de Magellan , en Latin Anjer Ma-
gelUmicus. Le MujdLumWormenj'e (p.
300. t. 301. ) en parle de même. Il
faut cependant remarquer que le Pen-
guin, dont parle Ulal-s "Wormius,
a été apporté de l'iHe de Fermé , Se
celui de Clusius vient du Détroit
P E N 373
de Magellan. La diftance éloignée de
ces deux endroits , Se les variétés qui
fe trouvent dans le Penguin de l'Ifle
Ferroé.Se dans celui du Détroit de Ma-
gellan , ont fait dire à R a y ( Synop.
Metb. Avium,p. \\%.n. i. ) , qu'il
n'eft pas croyable qu'ils foient de la
même efpece. Celui de Clusius
ell décrit tel qu'on l'a vû plus haut
d'après George A n s o n. Celui
qu'O l a u S a eu quelques mois vi-
vant chez lui , outre une marque blan-
che qu'il avoit au-delTus, n'avoit pas
la même forme des ailes que celui de
Clusius: elles étoient plus larges
Se bordées de blanc. Enfin , on voit
dans le Cabinet de la Société Royale
de Londres un Penguin defieché , qui
paraît plutôt reffembler à celui de*
Clusius, qu'à celui d'O l a u s.
Telles font les remarques de R a y fur
les Penguins de ces deux Auteurs. II
nous relie encore à dire qu'on lit dans
V Hiftoiïe Générale des Voyages ,Tome
VllL in-4. 0 . p. 16. qu'il y a une pe-
tite Ifle , ou plutôt un grand rocher
à quarante - cinq lieues du Cap rie
Bonne -Elpérance , couvert de Pen-
guins s ils n'ont point d'ailes , ou du
moins elles font fi courtes y qu'elles
reffembient plutôt à une fourrure , ou
à du poil de bête, mais au lieu d'ailes
ils ont une nageoire de plumes qui leur
fert à fendre l'eau : ils ont la peau
fort dure , Se à peine d'un coup de labre
peut-on leur trancher la tête.Cet oifeau
tient de l'homme , de l'oifeau Se du
poilTon , étant droit furfes pieds , ayant
des ailerons fans plumes qui lui pen-
dent, ainfi que des manches barrées Se
rayées de blanc. 11 ne vole point.
Voyez, outre les Auteurs ci-delîus cités,
Laet, Frezier, &Eward; celui-ci a fait
figurer des becs de Ptrigithis de grandeur na-
turelle , dit M. Klein.
PENNACHE DE MER;
Rondelet (p. 89. ç. 22. Ëdit^
Franc. ) donne ce nom à un Zocphy te
marin , pareequ'il ell femblable aux
pennaches qu'on portoit autrefois aux
374 P E R
chapeaux ; cependant nos Pêcheurs ,
dit-il , à caufe de la reflbmblance qu'il
a avec le bout de la partie naturelle
de l'homme découverte de fon pré-
puce , lui en fait donner le nom. L'au-
tre bout reflemble a un panache ,
dont les efpeces de plumes reluifent
la nuk comme une étoile. Gesner (de
Aqitat. p. 8 1 8. ), d'après Aristote, en
parle fous le nom de Ferma marina ,
c'eft-à-dïre Aile, au Ferme marine.
PER
PERCEBOIS: L'infefte que les
Grecs ont nommé Suhéy&pou Se les La-
tins Ligniperda , comme qui diroit In-
fecte qui corrompt le bois , a été rangé
par Pline dans la claffe des Tei-
gnes. Il fe fait un fourreau de foie ,
qu'il recouvre enfuite par dehors de
petits brins de bois pour lui donner
plus de confiftaOce. Ce nid admirable
Se qui eft fait de petits brins de bois ha-
chés ou coupés avec les dents , affem-
blés les uns avec les autres , comme
les poutres des maîfons en Mofcovie ,
c'eit la Chenille Percebois , Ligniperda ,
qui le conftruit. Elle loge toujours
dedans , & le porte par-tout fur fon
dos comme une pyramide. Ces Che-
nilles fe changent en Papillons , dont
les mâles feuls ont des ailes , les fe-
melles n'en ayant posnt du tout ; d'où
l'on peut conclure , difent les Auteurs
des Collerions Académiques , Tome V.
de la Partie étrangère , p. 3 8 y . d'après
Stammerdam, que fouvent les
animaux d'une même efpece peuvent
différer entr'eux : peut-être obferve-
roit-on quelque chofe de femblable
dans certaines efpeces de Quadrupè-
des , d'oifeaux , ou de poîfTons , fi on
y regardoit de plus près , principale-
ment dans ces efpeces dans lefquelles
on n'a pas encore pu diftinguer les mâ-
les d'avec les femelles:îl y a de ces Che-
nilles Percebois qui ont lapeau jaunâtre
Se poïntîllée de brun. Swammerdam
a donné la figure du nid de cette Che-
nille dans fon Hijloïrs de l'Éphémère,
PER
publié fepariment en 1 675. Il y a auflï
des Teignes aquatiques qui ont reçu
le même nom de Ligniperdes , ouPer-
cebois; mais celles-ci le changent en
Mouches à quatre ailes, qui ont l'air
de Papillons. Aldrovande a
décrit lous le nom de Percebois quel-
ques-unes de ces Chenilles , qui fa
changent en Nymphes dans de petits
fourreaux qu'ils portent toujours avec
eux , dont les unes vivent fur terre Se
les autres dans l'eau , & qui fortent
enfin de leurs Nymphes fous la forme
de Mouches. On voit de ces Chenilles
Percebois auBréfil.qui portent auffi leur
fourreau avec elles : elles fe changent
en Papillons , & la femelle eft dépour-
vue d'ailes. Il y a auffi les Abeilles
Percebois de M. de Réaumur. Voyez
ABEILLES PERCEBOIS.
PERCE- OREILLE, en La-
tin Yor'oicina , Forfîqtla , Auricularia ,
Mordclla , Vetlkula , infecle que M.
L 1 N n je u s ( Fauna Suec. p. 1 9 1 . n.
599. & 600. ) met dans le rang de
ceux qu'il nomme Infecta coleoptera ,
infectes qui ont les ailes enfermées
dans des étuis ; ce font les Scarabées.
Le Forbicin , ou Perce-Oreille eft un
petit infecte longuet , fort agile &
courant vîte. Il eft pourvu de fix pieds
Se de deux cornes à la tête ; la queue
eft fourchue , on en trouve fur des
feuilles de Chou , dans des creux
d'arbres , dans les trous des murailles ,
Se dans la terre. Il y en a de plufieurs
efpeces , qui différent en grofTeur Se
en couleur. Les plus gros font jau-
nâtres , les médiocres ou les plus com-
muns , font de couleur de châtaigne ,
Se les plus petits font noirs & blancs.
Ces infectes fe transforment en Nym-
phes , & enfuite paroiiTent avec des
ailes. M. LiNNiîius en compte de
deux efpeces. Il nomme la première»
Forficula alarumapice macula ulbâ ; Se
la féconde , Forficula alis elytro concolo-
ribus : celle-ci fe trouve dans les lieux
fales , Se l'autre dans la terre. On a
donné à cet infecte le nom à'Aurktt-
P E R
fartas en François Perce-Oreille , par-
cequ'îl cherche les oreilles où il fe
glifle avec viteflè. Il mord , il pince
les endroits où il s'attache , ce qui
caufe beaucoup de douleur , Se atta-
que quelquefois le cerveau ; il fe fourre
aiuTi dans les replis des autres parties
du corps où il agit de même ; mais
comme ces endroits ne font pas fi fen-
fibles , ni fi dangereux que les oreilles,
il n'y fait pas tant de mal.
Voici un fait qu'on lit dans le Tome
II. des Colletlions Académiques ti-
ré des Èphémérides des Curieux de la
Nûture , \6ji. Obf. 166. Une femme
qui demeuroità cinq milles de Nu-
remberg, portant un fagot d'herbes,
Se fe fentant fatiguée, après avoir mis
fous fa tête le linge qui enveloppoit
fa charge , fans s'appercevoir qu'il
étoit rempli d'infectes , s'étoit endor-
mie. Pendant fon fommeil des efpeces
de Fourmis , qu'on nomme Perce-
Orcillcs entrèrent dans fon oreille
droite. Un Chirurgien lui tira fur le
champ un de ces infectes , mais les au-
tres y refterent , fnns que les plus ha-
biles Médecins euflentpu trouver quel-
que moyen pour les en faire fortir.
Ces infectes multipliés à l'infini, Se dont
le nombre augmentoit chaque jour ,
s'étant logés entre le crâne Se le cer-
veau , rendirent la vie infupportable à
cette pauvre femme, qui relîèntoitdes
douleurs jufqu'à l'extrémité des pieds
& des mains dès que ces infectes chan-
geoient de pince , Se qui ne pouvoit
faire aucun mouvement de la tête fans
qu'il fe fille à l'intérieur un certain
bruit, ou craquement ,qui étoit même
entendu diiKncrement par ceux qui fe
trouvoient alors auprès d'elle. Au bout
de vingt ans , cette femme alors âgée
de foixrnte - huit ans , vint trouver
JtAN - Gr.OKGE Voi.CKAMER. , Phy-
firien célèbre de Nuremberg. Il fit
tout te qu'il putpour luiprocurerqucl-
que foulas, binent , mais fes efForts fu-
rent Inutiles, Il lui fit diftiller dans
l'oreille le baume de foufre avec la
thérébentine , fans avoir pu faire fortir
qu'un feul de ces infectes , encore étoit-
il mort , & il y a lieu de croire qu'a-
vec le temps ils ont obftrué le conduit
auditif. La malade ufok fréquemment
& avec grande confiance d'une fumi-
gation d'une gomme armoniaque T
parcequ'elle s'appercevoir qu'à chaque-
fois les Perce-Oreilles accouraient à
l'ouverture de l'oreille , Se paroîfioient
prêts à fortir. Mais voyant enfin que
rien ne pouvoit la délivrer , elle prît
le parti de fupporter cette incommo-
dité jufqu'àla mort, priant feulemenr
qu'alors on lui ouvrît la tête , pour
que tout le monde pût connoître com-
bien elle a dû fouffrir par le grand nom-
bre d'infectes qu'elle étoit perfuadée
qu'on y de voit trouver. Un pareil
exemple , & bien d'autres rapportés'
parlesPhyficiens, par les Médecins Se
par les Naturalises, doivent faire con-
noître combien il eft imprudent de
dormir fur l'herbe Se fous les arbres
pendant les beaux jours du printemps,,
de l'été Se de l'automne , temps où la
terre & les arbres fourmillent d'un
nombre confidérable de Reptiles Se
d'infectes, plus dangereux les uns que
les autres , quand ils s'introduifent dans-
les oreilles.
Jonston parle àhmPerce-OreilU-
aquatique , en Latin Forficula aqua—
tica, nommé PdftiHdfweparMouF--
fet. Le Perce-Oreille dans la faifotlï
des fleurs caufe un grand dommage-
aux Jardiniers Fleuriftes. Pour les dé-
truire on fiche des bouteilles aux pieds"
des fleurs au haut des baguettes orjs
met des ongles de pieds de Mouton,,
les Perce-Oreilles ne manquent pas
de s'y retirer dans les temps humides
Se pendant la nuit, Se le matin en les
vifitant on les trouve, Se on- les noie-
dans l'eau , ou on les écrafe. Les Poules-'
& les Poulets s'en nourrident , Se
R u y s c h dit en avoir trouvé beau--
conp dans le ventricule de fes oifeaux,.
Ces infectes fe changent en Nymphes
& deviennent coléoptères, c'eft-à-dir.»
37^ PER
une efpece de Scarabées, Les Perce-
Oreilles naiflent dans les tiges des plan-
tes , comme celles des Panées fauvages,
de l'Angélique , des Choux , de la
Férule, Sec. Ils ont la peau dure &la
queue fourchue.
M. LiMERT, dans Ion Traité des
Drogues , dit que les Perce-Oreilles
lont bons pour la furdité , étant féchés,
pulvérifés , mêlés avec de l'urine de
Lièvre Se introduits dans l'oreille. Ils
contiennent beaucoup de fel volatil &
d'huile. M. Linn^us nomme le
Perce-Oreille , qui eft îe plus connu ,
Forficula. alarum apice macula albà , Se
Mouffet, p, 171. l'appelle Auri-
cula vitlgaiior. Le caractère de ce gen-
re d'infectes eft d'avoir les antennes
fétacées , la queue fourchue , des moi
tiés de fourreaux , & les ailes couver-
tes : Antenne fetacea , cauda forcipata,
colca dimidiata, aU teclœ, dit le favant
Naturalise Suédois, Syjl. Nat. Edit. 6.
p. 59. n. 10-5.
On peut er.core fur le Perce-Oreîlle con-
fulter J o n s t o n , Infe£l. p. 16. Madame
Meri an, dans fes InfeÙes de l'Europe , p.
30. L 1 s t e & , j>. 31. les Atles d'Upfd , 1756.
p. 15. RoïSCH, StftB. AlDROViJIDE,
Infetl. L. V. & les autres.
PERCE-PIERRE, poiflon à
qui l'on a donné ce nom en Langue-
doc , pareeque , dit RoNDELET.il
fe cache entre les pierres. C'eft l'A-
lauda non criftata des Latins , parce
qu'il eft fort femblable à la Coquil-
lade , nommée en Latin Alauda Ga-
lerita. Rondelet ajoute qu'on
pourrait encore donner à la Perce-
Pierre le nom de Singe de mer , car elle
a la tête faite comme celle d'un Singé ,
petite Se ronde. Ce poifton eft petit de
corps , de bouche Se d'yeux. Les dents
de devant fe ferrent les unes contre les
autres ; les dernières font longues,
aiguës , Si fortent dehors. Il a les na-
geoires petites , Se qui font près des
* Ce poiiïbn eft nommé en Latin Perça,
.qui vient àu Grec nsfKH , ou ntpn/î , dérive
<3u mot ïï«f*oç ,nîzer, pareeque h Perche eft
piarquce de taches noirâtres. Elle eft appel-
P E R
Ouïes, deux au -deiTo us, une autre qui
commence près de la tête Se va jufqu'à
la queue , Se une autre fous le ventre,
qui commence à l'anus Se va pareil-
lement finir proche de la queue. Il eft
moucheté par tout le corps ; fa peau
eft lifte Se gliftante. Il vit d'eau, de
mouile Se de petits poiffbns. Il mord
les Pêcheurs , Se l'on ne fait aucun
cas de fa chair. Ce poifton eft dans
le rang de ceux qui ont les nageoires
épineufes , Pifcis acanthopterygins. Ar-
tedi ( ichth. Pan. V. p. 45. il. 4.) le
nomme Blennius maxillâ fuperiore lon-
giore , capite fummo acumiriato. Ges-
ner , de Aquat.p. 20. Aldrovande ,
L. I. c. 25. p. 114, Jonston , L. I.
ç. 2. Ch a rl e to n ,p. 1 37. Wil-
L U G H B Y , p. I 3 3. Se R A Y , p. 73.
parlent de ce poifton. On le nomme
à Livourne Galeetto; en Anglois, dans
la Province de Cornouaille, Mulgranve
and Bulcard. En Allemand , félon
G E S NE R , il eft appel lé Secperbcn.
PERCEUSE DE BOIS. Voyez
PERCEBOIS.
PERCH E * , poifton de mer Se
de rivière à nageoires épineufes. Sous
le nom de Perça, A r t e n i ( Ichth.
Part. V. p. 68. n. 6. ) comprend , i°.
la Perche de rivière s 2 0 . le Naçmeul
des Bavarois ; 3 0 . VApron de Ronde-
let ; 4". VOrphus , ou VOrphe , du
même ; Ç AeSchraitfer de Ratifbonne;
6°. la Perche de mer; y°. le Lubin. Je
ne vais parler que de la Perche de mer
Se de rivière.
Celle de mer eft nommée par Ar-
tedi Perça lineis tttrinque Jeptem > tranf-
verfis , r.igris , dnilibus miniaceis , cœ-
ruleijque in capite & antico ventris.
Aristote , L. II. c. 13, 1 7. &
L. VIII. c. 15. Athénée, L. VIL
fol. 159. Oppien , L. I. p. 6.8c
G a l 1 e n , Clajf II. fol. 29. en par-
lent fous le nom de rispxii j Ovide,
lce en Italien Perfega, Perfego, ou Perfico ;
en Allemand Parfît h > Becrfîng , Bcerjïfch , &
Perske , ou Pars ; en Flamand, Pearili ; en
Danois Aboro , ou Aùerre.
Hat,
PER
fiai. V. m- Pline, L. IX. c. 1 6.
Paul Jove, c. 24. Rondelet, L. VI.
C. 8. & S AL V I E N , fol. 224. foilS
celui de Terca pelagia s Gesner,
de Aquat. p. 819. Aldrovande,
L. 1- c. 9. p. 50. Jonston , L. I,
c. 2. Charleton, p. 134. Wl L-
lUGHii, p. 327. & Ray, Synop.
Pîfc. p. 140. fous celui de Percama-
rina. On le nomme à Rome Percia , 8c
en Angleterre Sea-Peanh.
La Perche de mer eft un poiffon fa-
xatile , couvert d'écaillés , de cou-
leur rouffe. Il a la bouche petite , des
dents pointues , plufieurs traits au dos
qui defcendent jufqu'au ventre , les
uns font rouges , les autres font'noirs.
11 eft long d'un pied. Par fes ouies,
par fes nageoires , & par fa queue ,
il eft femblable aux autres poilfbns fa-
xatiles. H eft plus large du ventre. L'a-
nus eft placé au milieu du corps , Se il
a enfuite une longue nageoire : fon
ventre tire entre le blanc & le rouge ;
la chair en eft tendre 8c friable , &
beaucoup meilleure que de celle de ri-
vière , dit Rondelet, qui l'eftime
mieux farinée 8c frite ou grillée , que
bouillie. Aldrovande ( L. I. c 9. p.
47. 48. C?" 49. ) donne trois efpeces
de Perches de ?ner, qui ne différent tou-
tes que parla couleur. La Perche de mer
n'entre jamais dans les rivières , Se celle
tJe rivière n'entre point dans la mer.
Celle-ci eft nommée par Artedi
( Ichth. Part. V. p. 66. ) , Perça lineis
utrwque [ex tranfverfis nigris , pïnnir
venir alibus rubr 'ts ; & par M. LiNN/Eus
( Fauna Sitec. n. 284 ) , Perça pinnis dor-
falibus dtftinclis , Jecunda radiis fexde-
cim. Ce poiffon a été connu par les An-
ciens, entr'autres par Aiustote, L.VI.
c. 14. parEiiEN, L.XIV.c. 23. &16.
& par Athénée, L. VU. p. 319.
fous le nom de n-p^ ; par Pline,
L. XXXll.c. 9. & 10. par Ausone ,
Mof. V. 115. par Hildegarde,
L. IV. Pari. I. c. 1 8. p. 41. par Cuba ,
L. III. c. 66. par F 1 G u L a , fui. 3.
par Rondelet, Parc. II. p. 142.
Terne III.
t» E R m
e. 19, Ëdk. Franc, par Jonston,
de Pifcib. par f otton, L. VIII,
fol. 157. par S a l v 1 en, fol. 2 24!
par Gesner, de Aquat. p. 823,
par WiLLuGHBï.p, 291. par Ray,
p. 97. par Aldrovande, L. V.
£•.33. par S c h o nne vel d , p. 55.
8c par Charleton, p. 161. fous
celui de Perça fiuviatilis. \
La Perche de rivière , dit Ronde-
let , n'a de celle de mer que le nom ;
elle en diffère par la figure ,8c par la
fubftance de fa chair ; celle de mer
eft molle , tendre , friable , de facile
digeftion , & de bon fuc. Ces perfec-
tions ne fe trouvent point dans celle
de rivière , dont la chair eft dure ,
gluante , & de difficile digeftion ; 8c
ceux-là fe trompent , qui lui attribuent
les bonnes qualités que G a lien
n'attribue qu'à la Perche de mer. Llle
a des traits qui defcendent du dos vers
le ventre ; ces traits font rouges ainfi
que fes nageoires Se fa queue. C'eft
un poiffon de lac Se de rivière : on en
met dans les viviers avec les Tanches ,
les Brochets 8c les Carpes , excepté
la Brème. Il n'y a point de poiffon
de rivière plus plat. Elle eft couverte
de petites écailles ; elle a deux na-
geoires au dos , dont la première eft
la plus grande : elle en a en outre deux
près des ouies , deux autres au ven-
tre , Se une près de l'anus , laquelle eft
garnie d'un aiguillon. Sa bouche eft
petite , & fans dents ; ce poiffon a peu
d'arêtes.
La Perche de rivière fe divife en deux
efpeces ; favoir , en grande Se en pe-
tite , qui font toutes les deux excel-
lentes à manger , difent prefque tous
les Auteurs oppofés aux ientimens de
Rondelet. Selon Artedi , la
Perche ordinaire de rivière , Perça
fiuviatilis vulgatior , a en tout cinq
pouces fept lignes de longueur ; le
dos eft élevé au-deffus de la tête Se un
peu aigu ; tout le ventre eft large 8c
plat depuis la tête jufqu'à l'anus ; la
tête eft applatie fur les côtés ; les mâ-
B b b
37 S FER
choires font à-peu -près de la même
longueur ,, fmon que quand la bouche
eft fermée fa mâchoire fupérieure pa-
roit tantfoit peu plus allongée , mais
fans confcquence. L'ouverture de la
bouche eft fort ample ; elle a plufieurs
petites dents attachées aux os maxil-
laires de l'une Se de l'autre mâchoire, Se
trois rangées de dents rudes & petites
au palais , dont celle qui en occupe
le milieu , eft la plus petite Se eft trian-
gulaire , au-lieu que les deux latérales
font oblongues : quatre off.lets héri l s
de petites dents font dans le gofier ,
favoir deux fupérieurement plus grands
8c deux inférieurement plus petits , Se
font comme joints enfemble ; la langue
eft liffe , Se un peu dégagée inférieu-
rement ; les narines font grandes , lar-
ges , plus proches des yeux que du
bec , percées de chaque côté de deux
ouvertures , qui laiffent une grande
diftance entr'elles , de manière que le
trou antérieur eft recouvert d'une peti-
te valvule ; elle a quatre petits conduits
de chaque côté de la tête entre les yeux
Se le mufeau , lefquels féparent peut-
être une mucofité. L'iris eft d'un jaune
foncé , ou mêlé de couleur jaune , d'obf
cure Se de noirâtre ; la prunelle eft
ovale Se verdâtre ; les couvercles des
ouies font compofés de part & d'autre
de deux ou de quatre lames olfeufes, Se
de fept épines un peulargesSc courbées,
dont la fupérieure eft la plus grande,
Se qui font jointes enfemble par une
membrane , la lame fupérieure étant
dentelée tout autour , Se l'inférieure
finiffant en apophyfe piquante. 11 eft
à remarquer que ces lames font gar-
nies de petites écailles. Les clavicules
des deux côtés font compofées de qua-
tre os fitués au-defTus des nageoires de
la poitrine , de façon que le premier
Se le troifieme de ces os font un peu
dentelés fur leurs bords. Elle a quatre
ouies de chaque côté, toutes garni', s
d'un double rang de tubercules, qui
dans les trois ouies inférieures font à-
peu-près égaux, finon que les exté-
PER
rienres {ont un peu plus grandes ; mais
à l'ouie ftipérieure , qui eft la pl us
grande , les nœuds extérieurs font plus
longs du triple ou d quadruple que
les extérieurs , aigus 8c ofleux .placés
en haut ; & quant aux nœuds inté-
rieurs de la plus petite des ouies.à peine
fe vovent-ils. La poitrine eft couverte
de petites écailles , non pointues , com-
me le difent la plupart des Natura-
listes ; la ligne latérale du corps eft
courbée proche du dos , Se fléchie de
fon côté , fituée bien au-defTus des
interftices desmufcles'; elle eft droite,
placée au milieu entre le dos Se le
ventre ; les lignes tranf-erlales & noi-
râtres des côtés font au nombre de fix ,
dont celle qui eft la plus proche de U
quiue eft la plus petite. Les écailles
de moyenne grandeur, trcs-adhérar.tes.
Se extrêmement dures , font ordinai-
rement blanches au ventre , jaunâtres
aux côt's , ailleurs grifitres & blan-
châtres , droites & crénelées antérieu-
rement, toutefois liffes ; mais pofté-
rieurement & fur les côtés elles décri-
vent une efpcce de demi cercle , étant
armées au bord de petites épines cro-
chues Se tournées en arrière; c'eftee
qui fait qu'on lent les écailles rudes
en paffant la main de derrière en de-
vant. Elleadeux nageoires au dos, donc
la première eft de quatorze rayons ,
rarement de quinze , tous piquans , &
le dernier defqutls eft le plus petit;
l'on remarque une grande tache noire
à la membrane de cette nageoire vers
la fin: du refte la membrane eft gri-
fâtre, tirant fur le bleu , ou elle eft
obfcure. La nageoire poftéricure dit
dos eftcompofée defeize rayons , dont
Je premier eft petit Se piquant , tous
les autres font plus longs & un peu
branches au bout. Les nngeoircs de la
poitrine qui font fituées , non au bas
du ventre, mais aux côtés, fontgri-
fâtres , formées de quatorze rayons »
dont les deux premiers Se les trois der-
niers font petits & fmples , tous les
autres font plus longs Se branchus aiî
VER
tout , & font joints enfemble par une
membrane fort foible. Les nageoires
du ventre font d'une couleur très-
rouge , compofées de fix rayons , dont
ie premier eil piquant Se fimple , tous
les autres font fort branchus au bout ,
étant divifés en fix ou en huit bran-
ches , & tous robuftes à leur naiffance :
ces rayons ne fauroient s'élever per-
pendiculairement ; mais la dernière
arête éft jointe au ventre par une mem-
brane. La nageoire de l'anus eft d'un
rouge foncé , laquelle eft compofée
de douze rayons , quelquefois de onze,
dont les deux premiers font piquaas ,
Se tous les autres font branchus au bout:
les derniers lotit fort petits , le troilîe-
mcSe le quatrième font les plus longs,
La queue eft un peu fourchue , rou-
ge âtre aux extrémités , compofée de
di.c-fept rayons , longs , dont l'un ,
qui eft le dernier , de chaque côté, eft
fimple par le bout, au-lieu que ceux
du milieu font fort branchus à leur ex-
trémité. L'ovaire dans les femelles eft
long , cylindrique , Se fimple , rern-
pliflant prefque toute la cavité du bas
ventre ; mais la véficule féminale eft
double , ou compofée de deux parties
qui fe joignent intérieurement ; le foie
eft rouge -pâle , divifé en deux lobes,
dont le gauche eft le plus grand ; la
véficule du fiel eft placée inférieure-
ment dans le milieu ; le péritoine eft
de couleurargentée ; l'eftomac eft aflez
ample , bien diftingué des inteftins ,
ayant au-delfousdu pylore trois gran-
des appendices fsmblables à des Vers;
l'intérim eft réfléchi une fois, Se enve-
loppé de graille ; la rate y tient , laquel-
le eft oblongue Se rouge ; la véficule
'aérienne eft fimple , Se attachée au dos
fui vant toute la longueur de l'abdomen.
Elle a dîx-neuf côtes de chaque côté ,
qui s'écartent naturellement des ver-
tèbres , Se quarante Se une vertèbres.
Telle eft la defeription de la Perche
de rivière , tirée d'A rtedi, Se telle
qu'on la lit dans les Auteurs de la Suite
«ie la Matière Médicale.
V E R 379
Ce pohTon , ditWiLLUGHBY.a
depuis neuf pouces jufqu'àun pied , Se
quelquefois même il va jufqu'à quinze
doigts de longueur. On en a vu de la
longueur d'une coudée , au rapport
de G e s n E R. La ligne latérale du
corps eft plus proche du dos dans ce
poilfcn , que dans prefque tous les
autres. Ses écailles fe fechentplus vite
que celles des autres poiffons de ri-
vière. Il eft 'vorace Se très -avide de
Vers de terre. On le prend auffi avec,
des Goujons , des Vairons , ou de pe-
tites Grenouilles attachées à l'hame -
con , mais feulement dans la faifon de
l'année modérément chaude ; car il
ne mord point à l'amorce avant que le
Mûrier commence à bourgeonner ,
c'eft-à-dire avant que le printemps foît
afTez avancé pour qu'il n'y ait plus de
gelée blanche à craindre.
Selon f iLLUGHSY, la Perche de
rivière ne le cède point en bonté à la
Perche de mer , quoi qu'en difent Ron-
delet Se Gesner. Ausone l'appelle
les délices des Tables. Lonicerus
avance qu'il n'y a que le mâle qui ait
les nageoires rouges : mais W i L -
luchbi dît avoir obfervé que les
nageoires font rouges dans les deux
fexes ; peut-être font-elles d'un rou-
ge plus foncé dans les mâles. Sf am-
M e r D a M dit que dans la Perche
l'ovaire tient la place de la matrice,
ainfi que de fes cornes , Se que fi l'on
examine l'ufage Se la ftructure des
laitances de ce pôilTon , on jugera
qu'elles reflemblent exactement à des
véficules, au défaut de tefticules Se de
proftates.
Les Perches font communes en An-
gleterre dans les lacs Se dans les riviè-
res ; elles vivent auflï volontiers en-
fermées dans des viviers Se des réfer-
voirs. M. L i N N m u s die pareillement
que la Perche eft un poilTon trèf-
commim en Suéde dans les lacs Se dans
les rivières : il ajoute que dans les lacs
Se dans les étangs de Fahlun , il s'en
trouve fréquemment une variété fin-
B b bij
;So PEU
guliere , qui a F épine voûtée » & Te dos
tout boffu. Le lac de Genève fournit
un grand nombre de petites Perches,
qu'on appelle Mille-Cantons i Se qui font
fort eftimées.
La Perche nage avec beaucoup de
facilité & de vîteffe , auflî-bien que le
Brochet. Elle eft armée de certaines
arêtes pointues Se perçantes , dont la
pîquûre eft très-dangereufe Se difficile
à guérir : c'eftavec ces pointes qu'el-
le fe défend contre les pohTons plus
grands Se plus forts qu'elle. Quand
elle voit venir le Brochet, ellefe lié—
rifle , Se de cette manière elle l'em-
pêche d'approcher ; néanmoins le Bro-
chet ne craint point d'avaler les peti-
res Perches » pareequ'elies ont les na-
geoires encore trop molles pour pou-
voir lui nuire , Se les Pêcheurs obfer-
vent que c'eft une des meilleures
amorces pour le prendre. La Perche eft
ichthyoph-*ge Se carnaflïere : elle dé-
vore non-feulement les autres poif-
fons , mais même ceux de fon efpece.
Quelques-uns prétendent que jettée
dans un vivierqui n'a pas allez d'éten-
due , elle devient fi funefte aux autres
poilibns, par les aiguillons de ion dos
qu'elle hériffe quand elle eft en colè-
re , qu'elle les fait prefque tous périr.
Elle jette fes œufs en Mars Se en Avril.
Elle aime les eaux rapides Se un peu
profondes,
La Perche- du Rhin eft la plus faine
de toutes. Gesnir s'eft trompé en
difant qu'il n'y en avoît point dans ce
fleuve. Le même Auteurnous apprend
qu'elles font dévorées par les Trui-
tes 8e par les Anguilles, Se qu'en Suifle
îl eft défendu de prendre des Anguil-
les autrement qu'avec des Perches , ou
des Vers de terre, attachés à l'hame-
çon pour les amorcer. Quoique.la Per-
che ait la bouche petite , comme nous
l'apprend Schwenckfe Ljo.elle ne
laine pas que d'attaquer les Ecre villes
de rivière , Se l'on en a quelquefois
trouvé d'entières dans le ventre de ce
jpoiiïbn. La Perche met bas au prin-
PER
temps Se en automne dans les gouffres
profonds. Elle jette fes œufs liés Sz
enfilés enfemble , comme fait la Gre-
nouille , Se quelquefois les Pêcheurs
les ramaffe parmi les rofeaux.
Les Perthes doivent être choifies
graffes, bien nourries, d'un âge moyen,
d'une chair tendre Se ferme , Se avoir
été prifes dans une eau pure 3e lim-
pide. Ce poifibn nourrit beaucoup,
produit un bon fuc , Se fe digère ailé*
ment. On en fait rôtir les œufs fur le
gril » ce qui fait un aflez bon. manger,
La Perche , félon M. Andrï , con-
tient peu d'humeurs groffieres, Ella
produit beaucoup de bons effets Se peu
de mauvais, parcequ'elle habite ordi-
nairement, Se même plus volontiers,
dans les eaux pures , limpides , Se qui
coulent avec plus de rapidité, que dans
celles qui font bourbeufes Se qui cou-
lent lentement : de plus elle fe nour-
rit de bons alimens ; elle s'agite for-
tement , ce qui contribue à rendre fà
ehair plus délicate Se plus falutaire,
Elle nourrit beaucoup , comme on l'a
déjà dit , Se fournit un bon aliment »
parcequ'elle contient beaucoup de fvls
balfamiques Se de fucs épurés. Elle fe
digère encore facilement , quand elle
eft dans un âge moyen , parcequ'alors
fa chair eft dans une confiftance mé-
diocre : au contraire , quand elle eft
trop jeune ou trop vieille , fa chair eft
molle ou vifqueufe , ou bien dure oit
coriace. Elle eft bonne en tout temps,
mais moins cependant dans les mois
de Mars Se d'Avril , où l'on allure-
qu'elle fait fes œufs , 8e où par con-
féquent elle n'eftpas à beaucoup pris,
fi bonne. On trouve dans la têce de
la Perche , dit M. L É m e a y , un très-
grand nombre de petites pierres quî
font apéritives , Se propres à abforber
les aigres de l'eftomac. On s'en fèrt
au.Tipour la pierre Se pour la gravclle ►
Se extérieurement pour les ulceresde»
gencives.
1 1 u Y s c H dit qu'il y a une Perche
d'Amboine , qui n'eft pas beaucoup
différente de la nôtre pour la forme :
elle ne lui reffemble pas pour la cou-
leur. Les écailles , fur la partie fupé-
rieure du corps , font d'un verd obfcur,
Se rouges fous le ventre. La queue de
ce poiffon eft fourchue , marquée de
deux taches tirant fur le noir.
Le même Auteur parle de plufieurs
efpeces de Perches des Indes t dont
voici la notice.
Il appelle ( Col le El. Pifc. Amb. p. 19.
». 10.) la première, Perche deJ ermite.
Il dit que celle-ci & quelques-unes
des fuivantes , quoiqu'elles portent
toutes le nom de Perche , ne reilem-
blent pas pour la plupart à nos Percher
d'Europe. Mais , ajoute-t-il , il y a des
poillons , qui tirent leur dénomination
de leur reflcmblance avec d'autres
poiffons , Se d'autres qui la tirent du
goût de leur chair, qui ettfemblable au
goût de celle d'un autre. Celui-ci eft un
poiffon qu'on peut mettre au rang des
Perches, pareeque fa chair en a le goût.
Cette Perche a une ligne ou bande fort
îarge tout autour du corps. Elle eft ar-
mée far le dos de quelques aiguillons ,
& d'un au ventre. Des deux côtés pro-
che de la queue elle a de fort longues
nageoires.
La féconde tire fon nom de fa cou-
leur Se de fa grandeur. Elle eft plus
grande que les autres : fa couleur tire
fur le rouge , & eft mêlée de lignes
jaunes, plus larges depuis le der-
rière jufqu'au ventre. Elle a les na-
geoires jaunes Se féparées des aiguil-
lons. RlJîSCH ( Tab. iO. ». II. & 24. )
dit qu'il a dans fon Cabinet un poiffon
pareil à celui-ci , que les Hollandois
nomment en leur langue Icati Sojor.
La troifieme , qu'il appelle de Rode
Biiars , a pris fon nom de fa couleur
qui eft rouge Elle n'a que la tête &
les nageoires qui tirent un peu fur
le jaune. Elle a un; ligne de la même
couleur, qui dîvîfe fon corps par \ts
deux côtés , Se qui va depuis les ouies
jufqu'à la queue. On n'en prend que
proche Amboine 6c aux enviions d'un
PER 381
Château nommé NaJJdavïa , qui e ft
fitué fur les confins de cette Me,
La quatrième , par rapport au corps
Se à la couleur , n'eft pas beaucoup-
différente des autres, dont on vient de
parler. Toute la différence confifte dans
la bouche Se dans les ouies , qui font
marquées de lignes bleues, ainfi que le
ventre. Ce poilfon a une autre ligne
blanche , qui par le côté va depuis le»
ouies jufqu'à la queue.
La cinquième reffemble affez bien
aux autres par la figure ; mais elle
en eft différente par la couleur Se par
des lignes qu'elle a fur les côtés. Elle
eft armée fur le dos de huit aiguillons,
qui fe tiennent, Se qui iont auffi atta-
chés avec les nageoires par une mem-
brane. Elle a ious le ventre autant d'ai-
guillons , quatre vers la queue, autant
au milieu du ventre , mais f'-parés les
uns des autres. Les lignes qu'elle a fur
les côtés font bleues , mais fon corps
eft de couleur jaune. Voilà les Percher
de wer dont R u Y S C H a parlé.
La fixieme eft de rivière. Elle a le
corps verd Se Es nageoires rouges. Sa
tête tire fur le jaune Se n'eft pas fans
rouge. Les airu'llons , dont elle eft ar-
mée, fe joignent d'abord errfemble Se
tiennent enfuitc avec les nageoires.
La f pticme eft un diminutif de la
Fenhe , que notre Auteur nomme
en Hollandois de Kliybaars , Se qui eft
du genre de ces poiffons qui nagent
entre les rochers Se les écueils. Ce
petit poiffon eft d'un rouge pâle Se a
des taches brunes que n'ont point les
autres. Il eft armé de fix aiguillons
fous le ventre , mais il en a auffi le dosr
tout couvert, depuis la tête jufqu'à la
queue.
La huitième , qu'il appelle de Stckel-
baars , eft un peu plus large que nos
Perches ordinaires Se que les étrangères
dont je viens de parler. Les habitans
d'Amboine ont , dit notre Auteur »
peut - être donné ce nom à ce petit
poilfon , à caufe des aiguillons cj^u'ii
a fur le dos & au ventre,
382 PEU
Les Auteurs qui ont écrit fur la Perche
font Rondelet, de Pifc. p. 196. B e l o n,
de Aqitat. p. 19?. Gesner , de Aquat. p. 69%-
Salvikn , de Aquat. p. 196. Aldrovamiï)
de Pifc. p. 6iz. Ch a r l e to n , de Pifc.
p. 41.J0NSTON, de Pifc. p. ror-S c h on-
HtïEll), Ichth.p. ^.SCHIVENCKFFII),
de Pifc. Silef. p 440. W iliuchbï, Icklk.
p. 19 1 . R a y , Synop. Pifc. p. 97. A r t e t) 1 ,
59. Synon. 66. fpec. 74. M.Li nn«us,
Faun'aSuec. n. 184. Schroderus, p. 331.
Due, Ph.inn. p. 408.
PERCNOPTEROS, nom
d'une efpece d'Aigle , nommée auffi
Gypaëtos , Se Cripcl argus par A l-
dkovjnde. Voyez AIGLE.
PERDRIX, oifeau nommé en
Hébreu à'ojv , Se en Chaldéen Korau ,
ou Korija. Il eft mis par tous les Na-
turalises méthodîftes , comme Ray,
A4effieurs Linn-eus , Klein , M<e-
rhing , Se le c autres , clans le genre
ou l'ordre des Aves Gallinm. Toutes
les différentes efpeces de Perdrix font
bonnes à manger : elles ne fe perchent
point fur les arbres , fur-tout les Per-
drix grijes. Elles font du bruit en vo-
lant : leur vol eft bas , 5c n'a pas
beaucoup d'étendue.
B e l o n parle de la Perdrix de
Grèce , a in fi que delà Perdrix franche ,
qui eft la Perdrix rouge , dont deux
différentes efpeces. 11 fait auffi mention
de la grojje Perdrix rouge du Dauphiné
Se de la Provence , qu'on nomme Bar-
tavelle, ou Bcrtavclle s de la Perdrix
rouge commune , qui varie pour la
grandeur & pour la couleur ; de la
Perdrix grije , qu'il nomme Gouache,
.dont auffi deux efpeces , favoir la Per-
drix grije ordinaire ou commune , &
la -petite Perdrix grije , que les Chaf-
leurs appellent Roquette ; de la Per-
drix de Damas , ou d.e Syrie ; Se enfin
de la Perdrix blanche , qui eft le La-
gopus des Naturaliftes , nommé en
François Pied de Lièvre s mais cette
efpece de Perdrix Blanche des Alpes ,
ou de Savoye , eft plutôt une efpece de
Géiincte , ou de Francolin , qu'une
Perdrix proprement dite. Ray ajoute
à ces Perdrix celle du Bréfil, qui eft
P E R
le Jambti , Se la Perdrix de 'iïtontàgnt
du Mexique , qui eft VOcocolin d'Hea-
nandez. M. Klein met VJUckata
d'Arabie , qu'on nomme Ange à Mont-
pellier, où il eft fort commun , dans le
rang des Perdrix , & Charleton
en fait une efpece de Pigeon fauvage,
11 y a encore la Perdrix d'Amérique,
diftînguée de celles de la Nouvelle-
Efpagne Se de la Virginie.
Les Perdrix généralement parlant
ont paffé , dit Willughby, pour
des oiieaux très-lubriques , infâmes
par leur commerce contre nature. Les
Anciens ont débité fur leur compte
bien des fables j comme , par exemple,
que les mâles caffent les œufs , pour
empêcher les femelles de couver, &
pour pouvoir toujours jouir d'elles à
leur gré , ce qui fait que les femelles
pondent en cachette autant qu'elles
peuvent; que les mâles, quand les
femelles leur manquent, ou qu'elles
fe font dérobées pour couver , fe bat-
tent entre eux , Se abufent l'un de
l'autre , le vaincu étant forcé par le
vainqueur ; qu'elles font deux nids ,
dans l\m de/quels la femelle couve , Se
dans l'autre le mâle , en forte que cha-
cun élevé fa nichée à part; que les fe-
melles, lans le commerce du mâle ,
conçoivent des œufs féconds , en fe te-
nant feulement du coté que le vent
fouille vis-à-vis des mâles ; que les fe-
melles font fi paffionnées , qu'elles ne
fauroient fe paffer du mâle , lors même
qu'elles couvent, contre la coutume
des autres oifeaux ; que le mâle , qui
a été vaincu dans le combat , n'ofe plus
jamais paroître devant fa femelle ; que
la Perdrix , dont les œufs font gâtés ou
perdus, dérobe ceux d'une autre, les
couve , & élevé les petits qui en éclo-
fent, lefquels, étant devenus grands ,
reconnoilfent la voix de leur véritable
mere , Se volent à elle en abandonnant
l'étrangère ; qu'elles fe couchent fou-
vent à la renverfe , Se fe couvrent de
mottes de terre , ou de paille , pour
échapper à l'Oifeleur , Se bien d'autres
P E R
rêveries débitées parles Anciens & fou-
tenues par quelques Modernes. Mais
partons à la description des différentes
efpeces de Perdrix, Se commençons par
la Perdrix grife.
PERDRIX GRISE*, nom-
mée auffi Perdrix cendrée , ou Perdrix
ordinaire. Le mâle, félon Willughby
& Albin, pefe quatre onces & un
quart ; la femelle treize onces & de-
mie. Cet oifeau a quatorze pouces un
quart de long , depuis le bout du bec
jufqu'au bout des ongles, douze pou-
ces trois quarts jufqu'au bout de la
queue, trois quarts de pouce jufqu'aux
coins de la bouche , Se vingt pouces de
large, quand les plus longues plumes
des ailes font étendues en fens contrai-
re. Le bec eft brun dans la jeune rte , Se
blanchâtre dans un âge plus avancé.
Les yeux ont "l'iris jaunâtre. La poi-
trine eft marquée d'une tache roulfe ,
femi-circulaire Se en forme de fer à
Cheval , que la femelle n'a point. On
voit certaines excroiffances rouges au-
delfous des yeux. Le menton Se les
côtés de la tête font faffranés d'abord ,
puis d'un bleu cendré, parfemés de li-
gnes noires tranfverfales , jufques vers
la ligne femi-circulaire dont on vient de
parler, Se au-deffous delà ligne de la
même couleur, qui dégénère apris en
un gris fale ou jaunâtre. Les plus lon-
gues plumes latérales à tuyaux blancs
font ornées d'une tache rouffe trnnf-
verfale : le deffus du corps eft varié
de roux , de cendré Se de noir. Il y a
vingt-trois grandes plumes à chaque
aile , dont les premières font brunes ,
avec drs taches d'un roux ou d'un
jaune blanc : les plumes intérieures en
recouvrement , •'<: les plus longues plu-
mes des épaules qui font à tuyaux ,
font d'un blanc jaunâtre. La queue ,
*La Perdrix grife y amrempnt dite Pirdrîx
Crrcfhe , Cr/fjc te- ou Gringette ( et} aufli
appellée T.r'rixGoache Gauafik- , ou Gauef-
che , Si RaJ.le v^rs Montpellier, dit Cot-
«ravf. Op 'a nomrtie en Italien Sr.trna ,
Perdit e, ou Terni, minore, ou Ctnericcia f
îa Elpa^nol , Perâix i en Allemand , Fe/rf-
P E R 38?
longue de trois pouces Se demi , eft
compofée de douze plumes , dont les
quatre du milieu font de la couleur du
corps , & les autres de chaque côté
font d'une couleur jaunâtre fale, à pein-
tes cendrées. Les jambes , nues au-def-
fous des jointures , n'ont nul vertige
d'éperon: les pieds (ont verdâtres, Se
blanchâtres dans un âge plus avancé 5
les doigts font liés enfemble par une
membrane, comme dans les Coqs de
Bruyère. Cet oifeau a le jabot grand ,
1 eftomac mufculeux , une véfieule du
fiel , Se une chair fi favoureufe Se fi
faine, qu'elle eft préférable à celle de
tous les autres oifeaux.
La Perdrix grife mange différentes
chofes , comme bayes , fomences
grains de froment Se autres Vermif-
feaux, Limaçons, Limaces, chattons
de Coudriers Se de Bouleau , Bleds
verds & en herbe, œufs ou Nymphes
de Fourmis Sa chair eft moins eftimée
pour le goût en hiver Se au printemps
qu'en été Se en automne , qu'elle vit
de grains. Cet oifeau produit beau-
coup , car il pond feize «à dix -huit
oeufs , avant que de commencer à cou-
ver. 11 ne fait point de nid à propre-
ment parler : ilfc contente de pondre
dans une fofTette prefque à fleur de
terre , fur quelques brins de paille ,
ou d'herbe feche mis au hafard. Selon
Zikanni, les œufs de la Perdrix
grife ont la coque allez ferme , de cou-
leur grife, tirant furie jaunâtre. Cette
efpece de Perdrix ne fe perche jamais
fur les arbres , au-lieu que la Perdrix
roitjre s'y perche dans certains cas , ce
qui met en défaut les Chiens , ainfî
queks Cbaffeurs. Le vol de cet oifeau
eft vite Se bas , mais il fait peu de che-
min , à caulé de la pefanteur de fort
corps Se de la petirxffe de les ailes,
Hun, ou Wilà-Hun ; en Artois, Common-
Tartridge ; en Suédois , Rafphenà. Les Grecs
& le* Larins l'ont appei.éf' Pirdix , comme
lfsa"!rf s e'peces; d'où nou: avons fait d'abord
Ptrdis , puis Perdrts , ou Perdrix- I.e petiî
de la Perdrix : appelle Perdreau , & par cor-
ruption Ptrdrim s'eft dit pat C o t g r a y
3S4 PEU
Elle court mieux qu'elle ne voie ; ce-
pendant la petite Perdrix grife, nommée
Roquette , très-commune en bafle Nor-
mandie , vole très-bien Se fe laiffe diffi-
cilement approcher des ChafTeurs. La
Perdrix grife n'eft pas fi commune en
Italie qu J en France & en Angleterre :
elle y coûte plus cher que la Perdrix
rouge. En hiver les vieilles Scies jeunes
Perdrix fe trouvent toujours enfemble :
c'eft ce qu'on appelle couvée ou com-
pagnie de Perdrix , en Anglois Covy.
Quand elles s'accouplent au printemps ,
les jeunes font obligées de quitter les
vieilles , qui les chaffent. Les Perdrix
au printemps volent deux à deux ,
mâle & femelle. Lorfque quelqu'un
s'approche de leur nid , elles le quit-
tent Se s'en éloignent en boitant , pour
engager adroitement à les fuivre , Se
après l'avoir écarté affez loin de leur
nid , elles fe {auvent : quand tout efr.
tranquille , elles appellent leurs petits,
qui s'a'femblent auffi-tôt à leur cri. Le
chant de la Perdrix , dit B e L o n , efl:
un figne très-certain du jour qui appro-
che, On les entend au crépufeuie, après
Je coucher du foleiL
Les Perdrix font d'un tempéra-
ment fort chaud. Au commencement
du printemps , temps de leurs amours ,
les mâles fe battent quelquefois vigou-
reufemenr pour une femelle ; auflS fai-
foit-on autrefois des combats de Per-
drix. Elles aiment à fe rouler dans la
pou(ïlere Se ont l'odorat fin. Elles fe
trouvent dans la plupart des contrées
de l'Europe. On les prend avec des
filets Se des Chiens. On les tue à coups
de fufil. On pourroît les apprivoifer
Se les faire habiter pèle - mêle avec
la volaille de baffe-cour. Gesner
dir avoir nourri une Perdrix , qui ofoit
becqueter leïÇhats , fans en rien crain-
dre. Elles recherchent la compagnie
de prefque tous les grands Quadrupè-
des , comme Chevaux , Bœufs , Cerfs ,
Ch evreuils. Cette compagnie leur elt
fouvent fatale. Les gens de la cam-
pagne dans les pays ou il ell défendu
PEU
de chafTer , fa vent s'en dédommager ac!
moyen d'une femelle nommée Chante-
relle > qui par fon chant attire les mâles
le foir à la brune, fur-tout dans le temps
que ces oifeaux s'apparient. Pline
leur donne feîze ans de vie. Aristote
va plus loin : il les fait vivre jufqu'à
vingt-cinq ans , notamment les femel-
les , attendu qu'on prétend en général
que les femelles des oifeaux vivent
plus long-temps que les mâles.
Ces oifeaux ont beaucoup de fumet,
& les Chiens , pour peu qu'ils ayent
de nez , les fentent de loin. Dès que
les petits font éclos , ils courent après
la mere, qui leur apprend à chercher
leur vie Se les affemble fous fes ailes ,
pour fe repofer , comme une Poule
fait à fes PouiTins. Tout foibles qu'ils
font alors , Se quoique incapables de vo-
ler, ils font fi rufés , qu'il efl: comme
impoffible de les trouver. Ils fe laiffe-
roîent plutôt écrafer fous les pieds de
l'Oifeleur, que de remuer de la place,
Au printemps Se en été , fi l'on ouvre
une Perdrix mâle , on lui trouvera deux
tefticules confidérablement grands à
proportion du corps ; mais en hiver ils
font peu apparens , comme dans la
plupart des oifeaux.
La Perdrix grife contient beaucoup
d'huile Se de fel volatil. Cet oifeau efl:
très-ellimé pour fon goût , Se il n'y a
gueres de repas fomptueux où l'on ne
le ferve , fur-tout lorfqu'il eft encore
jeune ou Perdreau. On préfère commu-
nément les Perdreaux rouges aux gris ,
mais fans fondement* car les çris font
auffi excellens , Se même les bons
connoiiTeurs leur trouvent plus de
fumet qu'aux rouges. On doit les choi-
fir tendres , bien nourris , d'un bort
goût , Se les laifler faifander quelques
jours à l'air, afin que leur chair de-
vienne plus tendre Se plus friande par
une petite fermentation qui s'y excite.
Quand la Perdrix efl: vieille , fa chair
efl. dure, feche, difficile à digérer Se
peu agréable au goût, ce qui fait qu'el-
le a befoin d'aflaifonnement pour être
mangée ,
P E R
tnangée , Se qu'on ne la fert plus qu'en
ragoût & en pâté , Se alors elle eft
moins faine Se d'une digeftion plus
difficile. Les bouillons de Perdrix fe
digèrent bien , fourniffent un bon lue
& font très-reftaurans. Ces bouillons
conviennent aux convalefcens Se aux
perfonnes d'un tempérament pituiteux
Se mélancolique.
On fait ufage de la Perdrix en Mé-
decine. Le Perdreau, rôti & affaifonné
d'un fuc d'Orange aigre eft très-bon
dans les diarrhées qui viennent de la
dépravation du fuc ftomacal Se du re-
lâchement des inteftins. Cet aliment
fortifie l'eftomac, fait couler les vif-
cofités putrides qui s'y engendrent &
redonne le ton aux fibres inteitinales.
On fe fert en Médecine du fang 8c du
fiel de la Perdrix , pour les plaies Se
les ulcères des yeux , Se pour les cata~
racles. On y inftille ces liqueurs toutes
chaudes Se fortant de l'animal qu'on
vient de tuer. La moelle Se le cer-
veau de la Perdrix , font recomman -
dés par Schroderus & par d'au-
tres Auteurs pour guérir la jaunifie, Les
plumes de Perdrix brûlées fervent
contre i'épiiepfie Se pour dilTiper les
vapeurs des femmes : on en faitfentir
la fumée dans l'accès. Quelques-uns
font bouillir ces plumes avec de la
Menthe Se de l'Auronne, & en remplif-
fent un fachet , qu'ils mettent fur le
ventre des enfans , pour appaiièr les
tranchées.
Les Naturalises qui ont écrit fur la Perdrix
(ont Schroderus, Offic. p. zzj. Dale ,
Tharm. p. 416. LÉME&Y, j>. 667. BeiojIj
de la Nat. det Oif. p. 15.8. Schw>nckfeld .
Av. Silef. ji. J27. AiDROVANUE, Ornith.
L. H. p. 140. Jo n s toH) de Avib. p. 46.
tnnuros, Exerc.p. S}. Willughbv ,
Ornith. p. 118. Ray, Synop. Me:h. Av. p. 57.
M. LinnjEus, ï'attna Suec. 11. 171. & les
autres.
PERDRIX ROUGE, en
LatSk Perdix rufa ; en Anglois the
Redt Lc^g de Partridge ; en Suédois
Aoker-hoena. Selon A i. b i n (Tonte I.
n. 29. ) , c'eft un oifeau fort connu dans
ies parties Méridionales de la France,
Tom e UL
P E R 385
en Italie Se ailleurs , & il ne l'eftgue-
res en Angleterre ; mais on en trouve
dans les Mes de Jerfey Se de Guerne-
fey. Il eft d'une nature plus douce que
la Perdrix ordinaire, Se on l'apprivoife
aifément , au-lïeu qu'on ne peut gue-
res difpoferl'autre à quitter fon naturel
farouche. Il fe nourrit de Limaçons ,
de Chenilles, de Bled Se autres grains.
La longueur de cet oifeau , depuis la
pointe de fon bec jufqu'à l'extrémité
de fa queue, eft de dix-huit pouces , Se
fa largeur , lorfque fes ailes font éten-
dues , de vingt-deux. Il a l'iris rouge ,
le bec , les jambes Se les pieds de la
même couleur Se les ferres brunes : les
doigts font liés jufqu'à, la première
jointure par une membrane qui eft
entre deux. Cette Perdrix a de petits
ergots. Les plantes des pieds font d'un
jaune fale. La tête , le col , la poitrine
Se le croupion font de couleur de Frêne,
ainfî que la partie extérieure des cuiifes.
Le bas du col Se du dos eft teint d'un
brun rougeâtre. Les joues fousles oreil-
les Se le menton , jufqu'au milieu de
la gorge font blancs ; mais dans le coin
même de la mâchoire inférieure il fe
trouve une petite tache noire ; cet
elpace blanc eft entouré d'un bord noir,
lequel commence par les narines Se
s'étend de-là jufqu'au-defTus des yeux.
Le col eft de couleur de cendre au-
deflbus de la ligne noire. La poitrine
eft d'un rouge tendre tirant fur le jau-
ne. Les plumes des .côtés font peintes
de belles couleurs : les pointes de
quelques-unes font noires , & immé-
diatement après ce noir il s'y trouve
des lignes d'un jaune pâle , qui tra-
verfent : après le jaune il s'y trouve un
brun rougeâtre; les bouts ou les ex-
trémités de toutes les plumes font de
couleur de cendre. Il y a quinze grof-
fes plumes à chaque aile , dont les
plus en dehors font brunes , les autres
étant de couleur de cendre obfcure. La
queue a quatre pouces de longueur :
les deux plumes du milieu font couleur
de cendre , Se les cinq qui font en de-
Ccc
335- P E R
hors ont des deux côtés la moitié de
deilus rouge, & la moitié de deflbus
couleur de cendre.
Le chant des Perdrix rouges eft diffé-
rent de celui des autres. Elles fréquen-
tent & elles fe plaifent le plus ordinai-
rement dans les pays montagneux ,
remplis de pierrailles , de buiffons Se
de bruyères. Elles ne partent pas tout
à coup comme les Perdrix grijes ,. mais
les unes après les autres, & quoiqu'el-
les foient dans le même canton, elles
fo ni tou jou rs féparéés. La Perdrix rang e
a les mêmes vertus que la grijè. On
en fait un très-grand cas , peut-être
à caille de la rareté. On lui trouve
beaucoup plus de fumet qu'A la grife.
Cette Perdrix, quand elle eft pourfui-
vie de l'oifeau , fe retire dans les trous
de Lapins 8c fe perche fur les arbres ,
ce que ne fait pas la grife.
Quand les Perdrix ronges ont leurs
Perdreaux nouvellement éclos & qu'el-
les voyent que les Chaffeurs s'appro-
chent d'elles avec les Chiens, comme
les Perdrix grifes elles font de petits
vols , comme 11 elles étoient eftro-
piéesjou avaient une aile rompue:
c'eil ce que les Chalfeurs appellent
trawer. Elles font cela afin d'attirer
les ChafTeurs & les Chiens auprès
d'elles, & pour les détourner par cet-
te rufe de l'endroit où font leurs petits.
Quand elles s'en voyent éloignées ,
elles volent à leur ordinaire , Se on en
a vu qui avoient la hardieiTe de fe dé-
fendre contre les Chiens qui man-
geoient leurs Perdreaux. M. LïNNJEUS
(Fauna Snec. p. 63. n. 171.) appelle
cette efpece de Perdrix , Tetrao rectri-
cibus cinereis fupemre medietate , bine
tndè ritfîs.
Ceux (jui parlent de cet oifeau, parmi le?
Anciens, font àristote, Ht/}. Anim. L. V.
c. î. & Pline, Hîfi. Nat. L. X. c. $0. Se
parmi les Modernes , B F l o n , di la Nat. des
Oif. L. V. c. 14./». 155. GîSk tR , Av. p 668.
Ali. roy/> i>th , Ornith. L. XIII. c. 18. Jons-
ton, Ornith. 68. Willughey, Ornith.
118. Ray, Synop. Meth.Av, p. 57. M. Klein,
Ord. Av. p. 115. & l es autres.
PERDRIX BLANCHE;
P E R
Cet oîfeau eft connu en Savoye fovrg
le nom à'Arbenne. Les Naturalises
l'appellent Lagopus ; les Suédois Snoe~
rip.i ; les Laponois Cbcruna ; les Gri-
fons Rabolane. On voit beaucoup de
ces oifeaux dans les forêts de Northlan-
de Se de la Laponie. M. LlNNffus.
(Fauna Suec.p. 62. n. 1 69. ) nomme cet
oifeau , Tetrao retlricibus albis , inter-
mediis aigris , apice albis. G r s n e r.
C Av. p. 77. & 78. ) en donne de deux
efpcces : il n'y a que quelques varir'cés
qui en font la différence! Les Romains
failoient beaucoup de cds de la Perdrix
blanche ■ c'eft ce qui a fait dire i
Pline ( Hifi. N.n. L. X. c. 48. ) , Pré-
cipita Japon Lagopus efi , pedes Lepv-
rino villo ei nomsn deàêre , Se peu après,,
à Cotumicibus m.ignïtutûne i.mtnm Jif-
fert Lagopus , croceo tinllu, cibitr gra-
tiffimus. Il faut remarquer que cette
Perdrix blanche des Alpes , ou de Sa-
voye eft plutôt une elpece de Gélinote
ou de Francolin , qu'une Perdrix pro-
prement dite. En voici la defeription ,
telle qu'on la lit dans Y Encyclopédie »
fous le nom d' Arbemie-
Cet oifeau eft de la grandeur & de
la figure du Pigeon dormftique, on
peut-être un peu plus grand. 11 pefe
quatorze onces. 11 a environ un pied
trois pouces de longueur , depuis la
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de
la queue ou des pattes. L'envergure
eft d'un pied dix pouces. Le bec eit
court, noir , femblable à celui d'une
Poule , mais un peu plus petit ; la par-
tie fiipérieure eft plus longue Si. dé-
borde un peu la partie inférieure; les
narines font couvertes par de petites
plumes. Il y a au-delTus des yeux en
place de fourcils une petite caroncule
dégarnie de plumes , faite en forme
de croiffant & de couleur de vermillon.
On' diftingue le mâle de la femelle
par un trait noir, qui commcncPà la
partie fiipérieure du bec des mâles ,.
qui palTe au-delà des yeux , & qui finit
vers les oreilles: tout le refte du corps
eft d'une couleur tn.s- blanche à l'ex-v
P E R
èeptîon de la queue. II y a vingt-
quatre grandes plumes dans chaque
aile , dont la première ou l'extérieure
eft plus courte que la féconde ; la fé-
conde eft auffi plus courte que la troî-
fieme; les fix plumes extérieures ont
le tuyau noir. La queue a plus d'une
palme de longueur; elle eft compofée
de feîze plumes , dont les deux du
milieu font blanches , de même que
les barbes extérieures de la dernière
plume de chaque côté : toutes les au-
tres plumes font de couleur cendrée
noirâtre , à l'exception de la pointe ,
qui eft blanche : les plumes qui font
fur la queue font auffi grandes que la
queue même. Les pattes font couver-
tes en entier jufqu'au bout des doigts
de petites plumes molles , pofées fort
près les unes des autres , ce qui a fait
donner à cet oifeau le nom de Lagopus.
Les ongles font très-longs Se reffem-
blent à ceux de quelques Quadrupè-
des , telsque le Lièvre : ces ongles iont
de couleur de corne obfcure , ou de
couleur de plomb. Le doigt de derriè-
re eft petit , mais fon ongle eft grand
& recourbé ; le doigt extérieur & le
doigt intérieur de devant tiennent au
doigt du milieu par une membrane :
l'ongle du doigt du milieu eft très-long
Se un peu creux ; fes bords font tran-
chans. Il y a des poils longs Se touffus
fous les doigts.
On trouve ces oifeaux fur les Alpes
qui font couvertes de neige pendant la
plus grande partie de l'année , Se fur
d'autres montagnes très-élevées.
Selon quelques Auteurs il y a deux
çfpeces de Perdrix blanches , favoir
une de la grandeur d'un Pigeon , cou-
verte de plumes blanches commu de la
neige , excepté celles du col , qui font
marquées de quelques taches noires:
fon bec Sefes pieds font noirâtres. L'au-
tre eft faite comme une Caille , mais
plus grofTe , couverte de plumes , les
unes blanches , les autres d'un jaune
de fafran. Il y a un grand nombre de
ces Perdrix en Savoyc : on les appelle
PEU 387
Perdrix blanches , parceqUê tout le
champ de leur plumage eft blanc : du
refte elles ont toutes les mêmes façon»
de la Perdrix grife ; mais elles font
plus petites , ne s'appnvoifent jamais ,
non plus que celles de Damas , dont
nous parlerons ci-après Se ne peuvent
être rendues domeftiques. Elles font
toutes blanches , excepté les plume*
de la queue , qui font noires pour la
plupart. Elles ont les pieds Se les doigts
revêtus déplumes. Leur bec eft noirâ-
tre. Les fourcils du mâle font plus rou-
ges que ceux de la femelle. Elles ont
l'ouverture de l'ouïe affez grande. On
voit au mâle quelques taches noirâtres
le long du col , qui ne paroiffent pas à
la femelle; enfin les racines de l'une Se
de l'autre font noires. L'une $z l'autre
efpece de Perdrix Hanches habitent
fur les Alpes , Se les Pyrénées. Elles
fc plaifent dans la neige. Elles con-
tiennent , ditLÉMERY , beaucoup
de fel volatil Se d'huile. Elles font
excellentes à manger. Elles font ref-
raurantes ie fortifiantes.
Les Auteurs qui ont écrit fur !a Perdrix
blanche font Aldr.ovanpe , Ornrik. L. XÏ\I.
c. 10. Wl Lit) G H B Y, Orn'uh p. 1 17. R aï ,
Synop. Meth. Av. p» JJ. n. %. S'CHB Vfth p g
L.Tp. p. 3 ç 1 . & Belon, de la Nat. des Oif.
L. V. c. 17. p. ijo.
PERDRIX DE LA NOU-
VELLE ANGLETERRE:
Selon Albin (Tome T.n. 2%.), c'eft
un oifeau qui n'eft pas auffi grand que
notre Perdrix ordinaire. Son bec eft
court , noir Se courbé comme celui
de la Perdrix. Il a les yeux grands ,
l'iris jaune , la tête , le dos Se les ailes
colorés à-peu-pres comme ceux des
Perdrix ronges; mais le dos eft bigarré
de noir Se le derrière du col eft blanc.
La poitrine Se le ventre font d'une
couleur tirant fur le jaune avec des
lignes noires en travers. Les cuiffes Se
le bas du ventre près de la queue font
jaunâtres Se tachetés d'un brun tirant
fur le rouge. La queue en eft courte
Se brune fembhble à celle de la Per-
drix ordinaire. Les jambes Si les pattes
3 S8 FER
font d'un brun clair : les ferres en font
noires. Un voit de ces oifeaux en An-
gleterre , qu'on apporte de ce pays ,
& on les nourrit de Bled Se de Chene-
vi. M. K L e i N ( Ord. Av. p. 115.)
doute fi cette Perdrix de la Nouvelle
Angleterre n'eftpas le même oifeau que
la Perdrix du Bréfil, qui ek\e. Jambu
deP iSO M.
PERDRIX DE GRECE: Les
Italiens l'appellent Coturno , dit B e-
I. o N , de la Nat. des Gif L.V. c. 13.
p. 255. Cet oifeau eft deux fois plus
gros que la Perdrix rouge. C'eft la feu-
le qui la furpaffe en groffeur. Son bec
& fes pieds font rouges. Elle a l'efto-
mac taché comme la franche Perdrix..
Elle efl de la groffeur d'une moyenne
Poule. On voit beaucoup de cette ef-
pecede Perdrix dans l'Ifle de Candie»
ïs long de la mer en Grèce & dans les
Mes Cyclades. Elle fait beaucoup de
bruit en criant , principalement en
pondant. Lorfqu'elle eft en amour elle
articule en chantant par plufieurs fois
chacabis , ce qu'elle répète fou vent.
Elle pond fes ceufs contre ou defTous
quelque groife pierre. Elle en fait jus-
qu'à feize qui font blancs , & marqués
de quantité de petits points rouges :
ces œufs font de la groffeur des petits
œufs de Poules communes. Elle fait fa
ponte dans des lieux commodes , Se où
elle puilfe trouver de la nourriture
pour fes petits. Dans ce temps-là elle
abandonne la montagne pour chercher
les plaines , où elle rencontre quantité
de grains , Se les bons pays couverts
font très-propres à élever plus faci-
lement & fans danger fes Perdreaux,.
qu'elle conduit par lescampagnespour
y chercher du grain , afin de leur mon-
trer de bonne heure à trouver leur
vie. B E L o N en parle comme d J une
Perdrix tout-à-fait différente de la nô-
tre. Du Lo ik, p. 19. après B u s-
B E Q_u 1 u s , dans fon Voyage du Le-
vant , en parlant de cette Perdrix ,
ajoute que les Perdrix de Scio font plus
privées que les. Poules de. France,. Se
P E R
^e font point en moindre nombre dans
les maifons : mais ce qui eft rare Se
merveilleux, c'eft qu'un Pâtre public
^ef appellant de grand matin avec un
<:oup de fifflet , elles fe rangent aufïi-
tôt tout autour de lui pour le fuivre
aux champs, d'où elles reviennent le
loir quand il les rappelle avec le même
fifflet.
PERDRIX DE DAM AS,oiî
DE S VR I E : Elle eft. plus petite
que la Perdrix grije Se la ronge , dit
B e L o n , Z. V. c. 16. La couleur des
plumes de cet oifeau , qui règne deffus
fon col Se fur fon dos , approche de
celle du champ du plumage de la Bé-
caffe : fes ailes font d'une autre cou-
leur. Les plumes de la partie voifine
du corps font blanches , brunes 8c fau-
ves : les dix groffes plumes font cen»
drét s , & le deffus des ailes 8c du ven-
tre eft blanc. Elle a un collier vers le
haut de la poitrine , comme celui du
Merle à collier , qui eft compofé de
couleur fauve , jaune Se rouge. Le def-
fus du col . celui de la tête Se du bec
font comme ceux desPerdrix ordinaires.
Celle-ci a la queue courte; les jam-
bes font couvertes de plumes , comme
celles des Perdrix blanches de Savoye
dont on a déjà fait mention. Ceux qui
ont parlé de cette Perdrix liifent qu'elle
ne s'apprivoife jamais , Se qu'elle con-
ferve toujours fa fierté & fon naturel
fauvage. Quant à fa chair , elle fur-
paffc celle de la Perdrix grije , 8c elle
eft plus courte. On affure qu'elle eft
beaucoup plus délicate que celle de la-
Perdrix rouge.
Les Auteurs , dit le même Belon,,
font mention d'une autre Perdrix ,
qu'ils appellent Syroperdix, c'eft-à-dire
Perdrix de Syrie. Son plumage eft noir,
8c fon bec rouge. On ne peut l'appri-
voifer, & on en voit proche d'An-
tioche.
PERDRIX DE LA GUA-
DELOUPE : On y trouve trois
fortes de Perdrix , fayoir des rouges ,
des grifes , 8c des noires j mais , ip.ro.»-
1
PER
prement parler , ce ne font que des
Tourterelles : ce qui donne fujet de le
croire , c'eft qu'elles n'ont pas la chair
comme la Perdrix de France , Se qu'el-
les fe perchent fur les arbres. Elles ont
d'ailleurs le bec droit, Se ne pondent
que deux œufs , ne couvant Se ne me-
nant point leurs petits quand ils font
éclos , mais les appeliant dans le nid
comme font les Tourterelles,
Dans le pays de la Bave d'Hudfon ,
îl fe trouve un oifeau d'une groffeur
moyenne entre notre Perdrix commune
Se le Faifan. Sa figure eft prefque fem-
blable à celle de notre Perdrix » ex-
cepté qu'elle a la queue un peu plus
longue. Ces oifeaux font ordinaire-
ment bruns en été ; mais ils devien-
nent tout-à-fait blancs en hiver ,. ex-
cepté les dernières plumes de la queua
qui font noires Se tachetées de blanc-
Pendant la rigueur de l'hiver ils cou-
chent toutes -les nuits dans la neige,
qu'ils fecouent les matins en s'élevant
droits en l'air. Ils paffent le grand jour
àfe chauffer au foleil , & ce n'eft que
les matins Se les foirs qu'ils courent
après leur nourriture. Ils fe multiplient
& abondent en ce pays pendant toute
l'année , ce qui e't d'une grande ref-
fource aux habitans: mais, après tout,
£ nous en croyons Edward, qui
eft grand ConnoifTeur ,. Se très - e>:acr.
en ces fortes de recherches, cet oifeau
n'eft pas proprement une Perdrix ,.
mais de l'efpece qu'on appelle Heath-
Game , ou Oifeau de Bruyère , alfez
commun en Amérique Se en Europe ,
principalement fur les montagnes d'Ita-
lie , de Suiffe , d'Efpagne , Sec, mais
qui ne fe trouve nulle part en fi gran-
de abondance que dans les pays qui
environnent la Baye d'Hudfon.
M. K l E i N ( p. 1 1 5. ) , d'après
Catesby (App. p. 12.) , parle d'une
Perdrix delà Virginie , qui a trois ban-
des noires fur la tête , dont deux d'un
blanc fale aux côtés , Se une ligne rou-
ge, fort large , aflez remarquable ,.
qui commence au bec, & gaffant enfuite
par deffus la tête, va finir derrière le
col.
Les Perdrix de la Côte d'or ne ref-
femblent point à celles de l'Europe.
Le nombre en eft fort grand fur toute
la côte de ce pays , ce qui ne les rend
pas plus communes fur la table des
Hollandois, pareequ'ils manquent de
Chaffeurs pour les prendre , ou pour
les tuer: mais dans le Royaume de
Juida elles font à bon marché , Se d'un
excellent goût dans la faifon.
Sur la Gainbra , les Perdrix font'
d'une couleur obfcure , qui les rend
beaucoup moins belles que celles d'An-
gleterre ; elles aiment à fe ralfembler
autour des Villages. Mo O RE leur
donne des éperons comme aux Coqs.
S T 1 8 B s rapporte qu'au - deffus de
Barrekorda, on trouve quantité de Per-
drix de roc , qui portent ce nom , parce--
qu'elles choififfent les rochers Se les
précipices pour leurs retraites ordi-
naires. Elles font mêlées d'un brun
obfcur , avec une tache couleur de ta-
bac, de la grandeur d'un écu , au mi-
lieu de la poi:rîne : elles ont les jam-
bes Se le bec rouges , avec un cercle
autour des yeux, comme certains Pi-
geons d'Europe. Ces oifeaux ont la
forme de nos Perdrix, mais moins de
groffeur, Se beaucoup plus de vîtelfe
dans leur courfe; en courant elles re-
trouifent la queue comme le font les.
Poules.
M e R o L l a prétend que les Per-
drix du Roy aume de Congo , qui ref--
femblent beaucoup à celles de l'Eu-
rope , font plus belles Se de meilleur
goût que les Perdrix dome/Iiqites. 10
ajoute que les Nègres les eftiment fort
peu.
Les Perdrix font très-communes i
la Chine.
Dans rifle de Madagafcar, les Per-
drix rouges Se grij'es font plus petites
de moitié que celles de France , Se
moins fucculentes, Hifi. Gên. des Voya-
ges , Liv. VIL IX. & Xlll
Les Perdrix de la Louifiane reffem--
39* PEU
blent, dît M. le Page du Pkatz ,
à la Perdrix grifc ; mais elles font pe-
tites , courtes , Se de la groheur d'une
Tourterelle. Elles fe perchent Se don-
nent deux grands coups de fiiHet cha-
que fois qu'elles chantent ; ce qui les
fait cppeller par les Nackhez , Ho-
Houy, comme fi leur chant articuloit
ces deux mots : au relie leur chair eft
blanche , délicate Se bonne , mais fans
fumet.
Les Perdrix de Groenland , félon
M. Anderson ( Hïft- Nat. de Grocnl.
f - 49- ) i qu'on y nomme Ryper , ou
Rypen , comme en Iflande , font blan-
ches & tachetées de noir fur les ailes :
les pattes font revêtues d'un duvet
fort épais. Elles font leur nid au haut
des rochers : elles vivent de la même
herbe dont fe nourrilTent les Cerfs &
les Chevreuils. Un Commandeur des
Pécheurs de Groenland, après avoir
■obfervé plufieurs fois ces oifeaux dans
leurs nids, a remarqué., dit l'Auteur ,
qu'ils y amaflent leur nourriture pour
l'hiver en la rangeant par petits tas ,
pour ne pas en manquer dans le temps
que tout eft couvert de neige , atten-
du que contre la coutume des autres
oifeaux , ils patient l'hiver dans le
pays. Ces Perdrix , qui fe trouvent
auflî en Glande, font les mêmes que
celles qu'on nomme Sme- Riper, dans
les Alpes de la Laponie : elles fe tien-
nent toujours à terre- , Se font plus
accoutumées à courir qu'à voler ; ce
qui fait qu'on les prend aifément. Cel-
les d'iflande font les mêmes que cel-
les de Groenland : elles ont de même
leurs pattes veloutées , & tout-à-fait
garnies de petites plumes, pour les ga-
rantir contre le froid exceffif du pays.
Ç'eft de-là que ces oifeaux , Se d'au-
tres femblables , portent le nom de
Lagopodes parmi les Auteurs. En Alle-
magne & en Suîfle, on les appelle Pou-
les de neige. Ces Perdrix de Groen-
land 3e d'ifiande nous paroifTenr être
(de la même efpece que la l 'erdrix blan-
che .de Savoy.e.
P E R
A l'égard de la Perdrix du Mexi-
que & de celle du Bréfil , je renvoie
le Lecteur aux mots OCOCOLIN
& JAMBU.
PERDRIX, nom que M.
d'A ugenville donne à une
efpece de Coquillage , du genre des
Conques fphériques ou Tonnes , de
la clafTè des U nival ves. Il eft appelle
Perdrix , parecqu'il en imite le pluma-
ge. M. Adanson met ce Coquillage
parmi les Operculés, du genre des
Pourpres à canal court , échancré Se
fimple. Il donne le nom de 'lejan à
l'efpece qu'il a obfcrvée fur les côtes
du Sénégal. Voyez TES AN.
PERE DE FAMILLE, nom
que Stammerdaji donne à un
Papillon nocturne , à caufe de l'affi-
duité qu'il marque à fa femelle Se du
foin qu'il a: de la venir retrouver pour
féconder fes œufs. Ce Papillon , qui eft
le Papillon de la Chenille à brolfe du
Prunier, eft nommé par M. LinNjEUS
(Fakna Suce. n. 827. ) Thal&na petlini-
cornii , eîinguis , alis planiufcidis , fupe-
rioribus macula aïba,fœmuia aptera. La
femelle n'a point d'ailes, ou paroît n'en
point avoir : ces ailes ne font vifibles
qu'à la loupe. En revanche fes fïx jam-
bes font très - vifibles , au- lieu que
dans le mâle elles font tellement ca-
chées fous les ailes , qu'on ne peut
appercevoir que les deux de devant ,
entre les antennes Se les ailes fùpérieu-
res. Oeft fans doute pareeque cette
femelle n'a point ou prefquc point
d'ailes, dit le Naturaiifte Hollandois,
qu'elle garde toujours la maifon , com-
me une bonne mere de famille , &
qu'elle colle même fes œufs à la fur-
face de la coque où elle eft née , fans
jamais les quitter. C'eft une particula -
rité que Svammerdam afflire n'avoir
encore obfervée dans aucune autre ef-
pece d'infectes. Cette femelle eft ex-
trêmement féconde : tout fon ventre
eft plein d'œufs , que l'on diftingue
très-bien à travers la peau , qui eft ex-
trêmement mince en cet endroit , Se qui
PER
s'applique exactement fur les convexi-
tés de tous fes œufs , en s 'infinuant
dans les petits interfaces qui les Sépa-
rent les uns des autres , de manière
que le ventre de. cet infecte reflemble
en quelque forte à une grappe de raifin.
Ces œufs font de forme ronde ; le
deffùs eft marqué d'une banne annu-
laire de couleur de pourpre ; le défions
eft d'un blanc luifant, comme fi c'étoit
de petites perles. Ils ont une coque fi
dure , que jamais ils ne s'affaiffent en
fe defTéchant à l'air ; mais ils confer-
vent toujours exactement leur figure ,
comme tous les œufs qui ont une co-
que dure, au-lieu que ceux qui n'ont
qu'une enveloppe mince Se membra-
neufe , tels que ceux des Abeilles &
de plufieurs autres infectes , s'affaiffent
tellement en fe defTéchant , qu'ils
viennent prefque à rien. Ce Papillon
provient d'une Chenille , qui mérite
d'être remarquée pour fa beauté. Elle
a derrière la têts quatre petits paquets
de poils d'un blanc jaunâtre , qui ref-
letnblent parfaitement aux vergettes
dont on fe fert pour vergetter les habits.
Elle a encore plus antérieurement deux
autres touffes de poils , placées en ma-
nière de petites cornes ou d'aigrettes ,
une de chaque côté de la tête. Ces
poils font noirs & de différentes lon-
gueurs : leurs extrémités font bran-
chues & reffemblent à des barbes de
plumes. On voit aufli furies cotés deux
Semblables aigrettes de plumes , dif-
pofées en manière de rames , Se plus
antérieurement deux autres plus peti-
tes, placées tout auprès de celles-ci &
difpofées de la même manière ; mais
il s'en faut beaucoup que ces dernières
aigrettes ayentla beauté Se l'élégance
des autres. Leurcouleureft à-peu-prts
la même que celle des broffes qui font
fur le dos : au refte la peau de cette
Chenille eft marquée en dîfférens en-
droits de jolies couleurs , qui Survien-
nent de quantité de petites plumes, ou
plutôt de petites écailles , formées de
poils courts , & entremêlées de toutes
PER 3pt
parts de poils plus longs 8c plus lâches :
le fond de la peau eft d'un rouge brun.
On voit fur le derrière une aigrette de
même ftructure Se de même couleur-
que celles de la tête. Cette efpece de
Chenilles fe trouve communément en
Hollande , fur les feuilles de Prunier
Se de Cerifier Se fur quelques autres.
Elles ont feize jambes , favoir fis anté-
rieures tout auprès de la tête, huit
intermédiaires dans le milieu du corps r
& deux poftérîeures à l'extrémité , fous
l'endroit où eft placé l'aigrette de la
queue.
Dans le Tome V. de la Partie étran-
gère des Culleclions Académiques , qui
eft le fécond Volume de ¥ Hiflovs
Naturelle jéparée , Se qui contient le*
•Obfervations de Swa m m e r d a M
fur les Infectes , avec des notes Se
trente-fix Planches en taille douce ,
on trouve la defeription de cette Che-
nille Se du Papillon nocturne mâle 8a
femslle qui en provient Vovez p. 3 70-,
& fuiv. Se la Planche X-XI. fîgûrfe i 5-..
où on apperçoit groffi au microfeope
l'œuf de la Chenille de ce Papillon
nocturne, dont le mâle feula des ailes-.
La figure io". repréfente la coque de
ce même œuf caffée en deux Se telle
qu'elle eft après que la petite Chenil! >
en eft forcie. A la figure 17. on voit la
Chenille dans le temps qu'elle a pris
ion accroiflement. La figure 18. fait
voir la coque que s J eft filée cette Che-
nille Se au-dedans de laquelle elle fa
tient tranquille. La figure 19. fait voir
cette même Chenille , qui vient de
quitter tout-à-fait fa dépouille Se qui
paroiifant fous la forme de Chryfalide ,
laifte appercevoirles membres de l'in-
fecte qui en doit naître. La figure 2cr..
montre le Papillon mâle avec fes jolies
antennes , fon corps menu Se fes ailes
étendues. Dans la figure 21. on voit
la manière dont les œufs du Papillon
femelle font collés à la coque mêma
dans laquelle il a fubi fa dernière trans-
formation.
PEU LE : C'eft , comme je l'ai
39 z FER
dit au mot NACRE DE PERLES ,
une fubftance pierreufe , ronde , angu-
Ieufe , grainée , tranfparente , d'une
faveur terreufe comme les écailles mê-
mes de la Nacre de Perles , où j'ai rap-
porté les dirférens fentimens fur l'ori-
gine des Perles j mais venant de lire
dans le Tome II. des Collections Acadé-
miques , p. 393- l'extrait de deux let-
tres écrites d'Hambourg par le favant
Christophle Sandius fur l'origine
des Perles Se tirées des Tranjactions
Pbilofbphiqitet , année i6j$. ». loi.
je crois devoir en faire mention ici. La
première eft datée du 1 5 Octobre de
l'année 167 3. Se eft conçue en ces ter-
mes.
» Voici l'hiftoire de l'origine des
« Perles , dont je vous ai déjà parlé.
» Les Mères des Perles font leur ponte
55 en eau douce en Norwege. Leurs
s> coquilles ibnt femblabics à celles des
a> Moules , mais plus grandes. Le poif-
» fon qui eft dedans reflemble à une
s) Huître , & produit unegrofle grappe
s> d'eeufs, femblables à ceux des Ecre-
31 vifles. Il y en a de tout blancs Se de
31 tout noirs ; ces derniers deviennent
» blancs à la fin , lorfque leur mem-
3 j brane extérieure en eft enlevée. Elles
« pondent leurs œufs lorfqu'ils font
» miirs: ils grolTiflent & produifent un
33 poiflon femblable à leur mere. Mais
s) quelquefois il arrive qu'un ou deux
a> de ces œufs font adhérens aux côtés
s> de la matrice Se ne fortent pas avec
33 les autres. L'Huître les nourrit mal-
o> gré elle, Se ils croiflent avec le temps
s> formant des Perles de différentes grof
» feurs , qui laiifent l'empreinte de
9> leur figure dans le poiiîon Se dans
» la coquille. «
La matière étant neuve Se deftituée
de preuves , l'Éditeur des Tranfatlione
Philosophiques prit la liberté de prier
S A N d 1 u s d : lui faire part des
raifons qu'il avoit pour aflurer ce fait ;
à quoi celui-ci répondit par la lettre
fuivante , du 27 Février 1 674..
» Quant à l'autorité fur laquelle
PER
*> j'ofe aflurer l'origine que j'ai atïjgn 'e
» aux Perles dans ma première lettre ,
3) je dois déclarer ici qu'un Danois
01 appellé Henri Arnoldi ,
» homme d'efprit & digne de foi , me
m l'a ainfi rapporté , en m'alfurant qu'il
» s'en étoit convaincu parfon expéritrt-
nce à Chriftiana enI\or\cege: d'ail-
s> leurs la choie paroît tre s-probable ,
33 Se je ne vois pas qu'on pume rien ob-
33 jecter à cet égard. Si je vais dans ces
3« quartiers , ou dans les pays du Duc
33 de Brunfvick , où l'on trouve autft
33 des Perles > qui ne le cèdent pas à
s» celles de l'Orient , je ne manquerai
31 pas de m'inftruire de la chofe par
33 moi-même. « S A N D 1 u s , comme
on le voit, a pris les Perles pour des
œufs de poiifons, mais fon fenriment
n'eft pas fuivi.
S t e n o n a mieux raifonné dans une
diiTertation fur les corps folides , qui fe
trouvent naturellement contenus dans
d'autres corps folides ; car en parlant de
la formation des Coquilles , il dit que
cette variété de couleurs, cette mul-
titude de piquans Se d'inégalités que
l'on remarque dans les Coquilles, tout
cela doit fon origine au limbe de l'ani-
mal renfermé dans la coquille. A me-
fure que l'animal croît , s'étend Se
change déplace , le limbe de l'animal
s'étend auifi , s'avance fucceflivement
Se laifie fon empreinte furie limbe de
chaque petite coquille , foit que ce
dernier limbe foit formé de la matière
qui tranfïude de celui de l'animal , foit
qu'il ne foit autre chofe que le limbe
même de l'animal , qui fe détache tous
Jcs ans du refte du corps Se qui eft
remplacé tous les ans par de nouveaux
limbes , qui fe développent fucceflîve-
ment, de même que les dents tombent
Se fe renouvellent tous les ans aux
Chiens de mer, les cornes aux Cerfs ,
Sec.
C'eft par les mêmes principes ,
ajoute -t-il , qu'en explique auifi la
formation des Ferles , iolt de etiies
qui étant adhérentes a la coquille , ne
fe
F E R
fs trouvent pas exa&ement rondes ,
foit de celles qui étant reftées dans l'in-
térieur de l'animal , y ont acquis 8c
confervé une rondeur parfaite ; car la
feule différence qui fe trouve entre les
lames dont font compofées les Per-
les , 8c celles dont font compofées les
petites coquilles de la Nacre , c'efi que
les premières font prefquc planes , 8c
les autres courbes & concentriques.
Stenon dit avoir trouvé la preuve
de ce qu'il avance ici dans une Perle
du Grand Duc de Tofcane qu'il ou-
vrit par fon ordre. Cette Perle , qui
étoir blanche à l'extérieur , contenoit
intérieurement un petit corps noir de
même couleur 8c de même volume
qu'un grain de poivre : on y recon-
noûToit évidemment la fituation des
petits filets compofans leurs circonvo-
lutions Iphériques , les différentes cou-
ches concentriques formées par ces
circonvolutions , Se la direction de l'une
de leurs extrémités vers le centre.
« Dans le cours de mes Obferva-
tions fur cette matière , dit Stenon ,
»je découvris, i°. que certaines Pcr~
y tes inégales , qu'on appelle Baroques,
y> ne le font que pareeque c'eft un
33 groupe de plufieurs petites Perles
» renfermées fous une enveloppe com-
mime : 2°. qu'un grand nombre de
" Perles jaunes le font non-feulement
s» à la furface , mais encore dans tous
" les points de leur fubftance ; que
» par conféquent ce vice de couleur
v doit être attribué à l'altération des
« humeurs de l'animal ; 5c qu'il eft im-
sipoQible de l'enlever, à moins qu'il
» ne foit fuperficiel , ce qui peut arri-
33 ver dans deux cas : favoir , lorfque
3> les Perles ne font jaunes que pour
» avoir été long-temps portées , ou
» lorfque les couches intérieures ont
3> été formées , avant que les humeurs
» de l'animal s'altéraiïent , & puffent
* Cet oifeau eft nommé en Grec ¥/t1«jci,S ;
les Grecs modernes l'appellent Papagaz ; les
Italiens, Vagallo; les Lfpagnols_, Papagayo ;
les Flamands & les AilemanJs lui donnent les
Tome UL
P E R 393
» altérer la couleur des Perles. « Ce
fentiment de S t e n o n , fur l'origine
des Perles , eft conforme à celui des
Modernes , qui penfent que la matière
des Perles n'eft âutre chofe que celle
qui forme la Nacre de la coquille.
Des Auteurs ont prétendu que les
Perles reprennent dans l'eftomac des
Pigeons l'éclat qu'elles ont perdu 8c
qu'elles y augmentent de poids. Ce
fait eft contraire à l'expérience ; car
quatre Perles Baroques , dit R E D i ,
lefquelles pefoient douze grains en
tout perdirent quatre grains en vingt
heures de temps dans l'eftomac d'un
gros Pigeon ; èc huit autres Perles qui
pefoient trente grains diminuèrent en
deux jours de vingt grains dans le
corps d'un Pigeon femblable. En jet—
tant les fondations de Saint Pierre de
Rome, on trouva le caveau où avoient
été dépofés onze cent dix-huit ans
auparavant les corps des deux jeunes
Filles de StiliCON , qui avoient été
promifes l'une après l'autre à l'Em-
pereur HoNORius;on trouva tou-
tes les richeffes qui y étaient renfer-
mées en très-bon état , à l'exception
des Perles , qui étoient fi tendres ,
qu'elles s'écrafoient facilement entre
les doigts. Voyez au mot NACRE
DE PKRLES l'ufage qu'on en fait
en Médecine.
P E R ROQUET*, genre d'oî-
feaux Indiens, mis par M. LlNNJEUS
( Syfi. Nat. Edit. ô\_p. i3. ) dans l'or-
dre des Aves Accipitres , ou Oifeaux
de proie. Le caractère de ce genre
d'oifeaux eft d'avoir quatre doigts aux
pieds, dont deux devant & deux der-
rière, pedum digiti antici duo, poftici
duo. C'eft ce qui fait que M. Klein
les met aulïi dans la troifieme famille
qui compofe les genres d'oifeaux qui
ibnt TétradacTyles , c'eft-à-dire , qui
ont les pieds armés de quatre doigts ,
noms iePapcgay, ouSîttik. On l'appelle en
Anglois, a Pcphigay, ou Poppimay ; enPoto-
nois , Papaga ; en Efclavon , Pçpanftk ; en
langue Turque , Dndi ; en Indien , Carondt.
D d d
394 VER
dont deux devant & deux derrière »
comme il vient d'être dit. Dans cette
famille M. Klein a placé i°. le gen-
re des Perroquets j 2°. celui des Fies;
3°, celui des Coucous > 4°- celui des
Ipfida, on Alcyons; 5°. le Roi de Gui-
née ; 6°. la Fie du Bréfit , le Toucan ,
& le Topau de W o R M i u S. M. M œ-
u iiinC) comme les autres Natura-
lises , met les Perroquets dans la fa-
mille des oifeaux de proie , pareeque
comme eux ils ont le bec crochu , mais
Hs ne font pas carnivores.
Les Perroquets en général ont le bec
crochu Si épais ; la partie inférieure
de leur bec eft beaucoup plus courte
que la fupérieure : ils ont les pieds Se
les doigts charnus , la tête grotte , le
bec Se le crâne durs , de très-belles
couleurs , Se les doigts crochus. Le bec
de ces oifeaux leur fert à fe pendre
aux branches des arbres & à y mon-
ter. Ils ont la langue plate , 8c de la
figure d'une graine de Citrouille , ou
de CalebaiTe ; ce qui donne à plufieurs
Perroquets la facilité d'imiter le lan-
gage humain. Dans toutes les efpeces
de Perroquets que Ray dit avoir ob-
fervées , il leur a trouvé les narines
rondes.
M. L i N n & u s donne la notice du
Macao , de V Ararauna du Bréfil , du
Perroquet rouge t nommé Papegay par
les Allemands , du Perroquet verd à tête
blanche , & du Perroquet verd à tête
jaune tachetée.
Les Anciens ne connoîflbient qu'une
efpece de Perroquet , dont le plumage
étoit entièrement verd , Se qui avoit
un collier de couleur de vermillon ;
mais depuis la découverte de l'Amé-
rique , on s'eft apperçu qu'il y en a
une grande quantité. Beion{^ la
Nat. des Oif. L. VI. c. 22. & 23.) ,
qui ne parle que du Papegay, Se du
petit Perroquet verd , met ct - s oifeaux
avant les Pics vends, Se dans le rang
de ceux qui demeurent en tous lieux
Si qui vivent indifféremment de toutes
fortes de chofes,
P E II
On peut divifer les Perroquets en
trois genres , qui font les grands , les
médiocres 8c les petits , maximi , mé-
diocres & minimi- Les premiers font
de la grandeur d'un Corbeau ou d'un
Chapon engraiffé : tels font les Ma-
caos , Si les Cocleatoons des Anglois „
qui ont la queue très-longue. Les fé-
conds font ou un peu plus grands ou
un peu plus petits que nos Pigeons do-
meltiques , Se ils ont la queue courte :
tels font les Parrots Se les Poppiniays
des Anglois. Les trentièmes, qui font
les plus petits , ne font pas plus grands
que des Merles 8c des Alouettes ; ils
ont la queue très-longue. Les Anglois
les nomment Perokfitts , Se les Italiens
Peroqueti. On les appelle en François
Perroquets.
Entre les grands Perroquets nommés
Macaos Se Cockatoons , il y en a un
qu'A 1. b 1 n ( Tome L n. 11.) nomme
le grand Perroquet de Macao. Cet oi-
feau eft plus grand que le Corbeau
ordinaire. Sa tête eft grande, large,
Se plate en deiïus. Ses yeux ont l'iris
de couleur blanche , Se auteur d'eux
eft un grand efpace blanc dégarni de
plumes ; il a la prunelle de l'œil
noire. Le bec de ce Perroquet eft grand
Se crochu ; la mâchoire fupérieure eft
de couleur de chair; celle de deiïbu*
eft d'un brun fombre. Sa langue ref-
femble à celle des autres Perroquets „
Si fa nourriture eft la même que la leur.
La mâchoire fupérieure du bec a près
de trois pouces de longueur , & au-
tant de largeur Se de profondeur. Les
jambes Se les pieds font de la même
couleur que le bec. La tête entière , le
col , la poitrine , le ventre , les cuîffes
Se le deifous de la queue » de même
que le m'iieu du defTus desaîies, font
couverts de plumes rouges , les plus
belles 8e les plus charmantes que l'on
puilfe voir. Le deflous de l'aile eft
embelli d'un beau jaune ; au milieu de
l'aile en deflTous du rouge, on voit un
rang de plumes vertes , femblables a
la couleur de i'berbe des prés. Toutes
PEU
îes plus grandes plumes , qui font plus
bas , font d'un outre-mer luifaïu. 11 en
eft de même du defïus de la queue 8c
du croupion. La queue a dix pouces de
longueur, & s'étend beaucoup au-delà
des ailes. On apporte ces oifeaux des
Indes Orientales & Occidentales.
La femelle , félon le rapport du
même Auteur ( Tome III. ». 10. ), a
trente pouces de longueur , depuis la
pointe du bec jufqu'A l'extrémité de
la queue. Le corps eft égal en gran-
deur à celui d'un Chapon engraiiïe.
Le bec eft crochu , failant exactement
un demi-cercle. Le fommet de la tête,
le defïïis du col , ainil que le plumage
du dos , des ailes & du deifus de la
queue, eft d'un bleu d'azur fort agréa-
ble. Les plumes de la gorge , de la
poitrine , du ventre , des cuiiTes , du
croupion Se du deflous de la queue ,
font d'un jaune charmant. La queue a
environ dix-huit pouces de longueur,
Les jambes font très-courtes Se épaif-
fes ; elles font de couleur de frêne ,
comme les pattes , qui font armées de
grandes ferres noires & courbées. Ces
fortes de Perroquets font les plus grands
de leur efpece , 8e d'un grand prix,
On les vend à Londres dix guinées
chacun , dit Ai. b i n. C'eft le même
oifeau qu'ALDiiovANDE nomme le
grand Macao bleu Se jaune , en Latin
P fut aç us maximus , cyano-croceits , Se
que celui qu'on nomme au Bréfilv^ra-
rauna. Se dont j'ai parlé à ce mot,
d'après Marc Grave. Voyez ARA-
RAUNA.
Il y a un autre grand Perroquet ,
dont parle encore Aldrovande,
en Latin Pfittaçus maximus alter. Cet
uifeau eft de la même longueur que
le précédent. Son bec eft plus court ,
dit Ray , Synop, Meth. Av. p. z$, ». z.
Il a la mâchoire fupérieure blanche Se
l'inférieure noire ; le tour des yeux
eft blanc ; les temples , tout le corps ,
le commencement des ailes & fa queue,
font d'un beau rouge ; le dedans des
ailes, le deflua des ailes , 8c le bas du
PER 39î
croupîotl , font d'un beau bleu. Les
plumes qui couvrent les ailes font rouf-
fos , Se les bords rouges ; les pointes
font ornées d'un œil bleu. Il a les jam-
bes courtes, Se les pieds bruns. Ray
dit avoir vû à Londres un Perroquet
de ce genre , dont les ailes & la queue
étoient de couleur de vermillon , ta-
chetées de bleu Se de jaune. Cet oifeau
avoit deux plumes du milieu de la
queue , qui furpaflbient les autres en
longueur, 8c finùToient en pointe ; elles
étoient de couleur bleue.
L' ' Araracanga , le Alaracana Se le
Maracana Arar& de Marc Grave,
font encore de très -grands Perroquets.
Voyez ces mots. Il y en a d'autres de
la grande efoece , dont parle C L u-
S i u s. Il ne faut pas oublier l'Arraj
Se le Papegay , oifeaux fi connus parmi
nous.
PERROQUET ARRAS :
C'eft le plus gros 8c le plus grand,
de tous les Perroquets , foit des Ifles ,
foit de Terre-Ferme. Il eft pour l'or-
dinaire , dit le Pere Labat, de la
groffeur d'une Poule à fleur. Les plu-
mes de la tête, du col , du dos Se du
ventre , font de couleur de feu. Les
ailes font mêlées de bleu , de rouge
Se de jaune. Sa queue eft longue de
quinze à vingt pouces , Se ordinaire-
ment toute rouge. Il a la tête Se le bec
fort gros ; l'œil afluré. Il marche gra-
vement : il parle très-bien , quand il
eft inftruit étant jeune. 11 eft familier ,
8c aime à être careffé. Il eft fort atta-
ché à fon Maître , Se en eft même ja-
loux.
PERROQUET P A P E-
G A Y : C'eft un gros Perroquet , qui
eft un des plus beaux Se des plus remar-
quables par la variété de fes couleurs.
11 eft rare Se parfait. Le mâle eft plus
gros que la femelle. Il a du jaune 8c
du rouge au-deftus du bec. Le vérita-
ble pays de ces Perroquets eft l'Inde.
Ils viennent la plupart du Bréfd. Ceux-
là fe trouvent meilleurs que les autres
Se apprennent mieux à parler ; on a
D d d îj
FER
plus de peine à enfeigner les rouges.
On en voit en quantité dans le pays
où croiiïent le Poivre, la Canelie , le
Girofle , le Riz , Se autres femblables
femences. Ces oifeaux en vivent , Se
en font un grand dégât. Le Papegay
eft facile à nourrir. Il s'accommode de
Chenevi , de pain trempé dans l'eau
& dans du vin. Il vit de toutes fortes
de fruits , & jufqu'à vingt ans ou en-
viron , quand on en a bien foîn. Ja-
mais on ne lui doit donner de viande ,
ni rien de fàlé. 11 a les mêmes mala-
dies Se infirmités que les autres oi-
feaux. On lui doit accommoder le bec
line fois i'an • cela le foulage , Se fait
qu'il ne gâte point fa cage. Quand il
eft enfeigné par quelques Perroquets
qui parlent bien , il prononce suffi dif-
tïnitement les paroles que l'homme
même. Il chante des chanfbns , Se. on
lui apprend à contrefaire toutes fortes
d'animaux. Il appelle les perfonnes qui
palTent dans les rues, Se il les trompe
en contrefaifant le fi filet naturel. On
apporte ces oifeaux des Indes , où il y
en a de plufieurs efpeces. Il fait fon
nid dans les lieux de difficile accès.
Il ne pond que deux oeufs. Les Pape-
gay s niais font meilleurs , pour être inf-
truits , que les autres qui n'apprennent
que difficilement à parler.
Le Papegay , félon B e L o N (de la
Niit. des Ci/.' L. VI. c. ii ) a les jam-
bes courtes , les pieds garnis de quatre
doigts, deux devant Se deux derrière.
Il tient fa mangeaille av ec un pied éle-
vé en l'aîr , qu'il perte à fon bec , com-
me les oifeaux de proie. Pline (Hijl.
Nat. L X. c. 42, ) a prefqtte fuivi
Aristote Anim. L.1X. c.iz )
fur cet oifeau. L'un & l'autre rappor-
tent qu'il y a aux Indes un Perroquet
auquel on attribue l'ufage de la parole.
A r 1 s t o t e ajoute qu'il eft
grand parleur , quand on lui a fait boire
du vin , loquatior cum biberit vïmim
redditur , Se Pline dit , in vino
pracipue lajcivus. Les Sauvages du Bré-
£1 qui ont une grande adrefle à tirer
P E R
de l'arc , fe fervent de flèches très-
longues , au bout defquelles ils met-
tent un bourrelet de coton , afin qu'en
tirant aux Papegays , ils les abattent
fans les bleflfèr. La Nature a donné à
cet oifeau un fort bec, pour cafler les
écorces des fruits durs. Les Papegays
gris font les plus grands , félon Belont.
Ceux qui font entremêlés de rouge
font de moyenne grandeur. Les verds
font les plus petits. Ils ont la. queue
très-longue Se n'excèdent pas la grof-
feur d'un Étourneau ; mais on diftingue
ces petits des Papegays. On les appelle
petits Perroquets verds , ou Perruches,
comme je dirai plus bas.
Entre les Perroquets de moyenne
grandeur , nommés Parroti Se Poppi-
niays par les Anglois, font :
i°. Le Perroquet blanc crête d'A L-
DROVANDE, en Latin Pfntacus albus
crifiatus. Cet oifeau eft facile à distin-
guer des autres Perroquets, dit Ray,
Synop. Mcth. Av. p. 30. ». 1 . H eft delà
grandeur d'un Pigeon domtftique. Ses
pieds , fes jambes Si fes cuifies font
jaunâtres; fes ongles font petits , noirs
& à peine crochus. Il porte la queue
retrouflée comme un Coq. Tout le
champ de fon plumage eft blanc. Il a
le bec cendré , tirant fur le noir , près
de la tête de grandes narines , tout
autour une rondeur un peu plus élevée
que le refte ; une langue longue Se
vermeille ; le cercle des yeux jaune
Se la prunelle noire ; fur le fommet
de la tête , des plumes grandes Se poin-
tues , qui penchent d'abord en arrière,
puis fe courbent en avant Se unifient
en tombant en arc. Cet oifeau eft d'une
très-belle figure.
2 0 . Le Perroquet verd d'A L DE o-
VANDE, dont les plumes des ailes
ont les côtés d'en haut rougeâtres , en
Latin Pfïttacus viridis , alarma cafta
rubente. Cet oifeau, dit Ray (ibid.n. 2>>
eft de la grandeur du précédent Le
deflùs de fon bec eft noir à l'extrémité ,
un peu bleuâtre enfuite Se le refte rou-
geàtre j le deffous eit blanc. 11 a l'iris
TER
jaune ou plutôt rougeâtre , Se la pru-
nelle noire; lefommet de la tête jau-
ne , ainfi que le delTous des yeux ; tout
le refte du corps verd; le devant d'un
verd plus jaunâtre & plus lavé , 8c fur
le dos & les ailes , un verd plus cou-
vert. Les grandes plumes font d'un
verd tirant fur le bleu; les côtés des
plumes d'en haut font rouges , auili-
bien que celles de la queue qui eft
très-courte. Aux côtés de cette queue ,
il a en bas deux taches longues Se rou-
ges, qui font jaunâtres par le haut. 11
a les jambes & les pieds cendrés ; les
ongles noirs Se peu courbés. Cette ef-
pece de Perroquet, eft très-commune
en Angleterre. Ceux qu'il a examinés
à Londres avoient un cercle blanc au-
tour des yeux Se une appendice de cha-
que côté à la mâchoire fuperieure du
bec.
3°, Le Perroquet à lec de diverfes
couleurs. AtDROVANDEtn parle Se
le nomme Poikjltrhypthàs. Le haut de
fon bec à la parcie fupérieure eft d'un
verd bleu ; aux côtés, de couleur d'o-
cre : il eft traverfé à l'extrémité d'une
tache blanche ; le tour de la partie fupé-
rieure du bec eft de couleur p.ombée;
le milieu eft de couleur jaune. Il a le
haut de la tête de couleur d'or , le refte
du corps verd , couleur d'améthyfte ,
noir , d'un vermillon obfcur Se de cou-
leur jaune , ou couleur de fàfran : ces
couleurs font agréablement mélangées
aux ailes Se à la queue , comme on le
peut voir dans A ldrovande. Il a
les jambes courtes, les pieds de cou-
leur de plomb Se les ongles noirs. Ray
{Synop. Meth. Av. p. 4. ) parle de cet
oifau.
4°. Le Perroquet verd , qui eft le
Pfiuacus viridis rnelutwrhyncor d'A L-
drovan de. Cet oifeau , dit R a y ,
eft au commencement du bec , fur la
tête Se fous le bec d'une couleur bleue,
qui rire fur le verd. lia le dos d'un rerd
clair, Se le côté de l'aile qui tient au
corps , ainfi que les extrémités des
plumes des ailes, d^un rouge écarlate.
PER 307
Le defïbus du ventre eft jaune 8e d'un
jaune verd , 8e le bas du croupion eft
d'un rouge écarlate.
5°. Le Perroquet gris - blanc , en
Latin Pfatacus leucocephalus , félon
Aldrovande, Se Perroquet gris mêlé
ou diverfifié , félon le Dïdionn.iire de
Trévoux , en Latin Ffïttacus varius.
Cet oifeau a le bec blanc , gros de deux
doigts, Se la partie de la tête qui tou-
che au bec eft aulli blanche. La prunel-
le de l'œil eft noire: le cercle qui l'en-
vironne eft de couleur de rouille. Le
fommet Se le front qui font blanchâ-
tres, font diverfifiés de taches noires.
Le derrière de la tête , le col , les ailes
Se le haut du croupion font colorés d'un
brun trcs-obfcur. Son gofier Se le côté
d'en liant , de même que fes ailes font
de couleur de cinnabre. 11 a la poitrine
Se les cuiftes verdàtres ; la partie du
ventre entre les cuiffes Se la poitrine,
de couleur que les Peintres nomment
terre et 'ombre ; les dernières plumes du
côté des ailes, qui couvrent les pen-
nes , bleues , mêlées toutefois d'un
peu de blanc ; l'extrémité du ventre ,
pi oche du croupion, jaunâtre; la queue
rouge par le milieu Se parles côtés rou-
ge Se jaune , Se enfuite diverfiriée de
bleu. Prcfque toutes fes plumes ont
quelque chofe de noirâtre à l'extrémi-
té : le refte eft verd. Il a les jambes Se
les pieds d'une couleur grife- cendrée.
Toutes ces différentes couleurs peu-
vent lui donner le nom de Perroquet di-
verfifié , w«'x#X'o< , ou verficolor , dit Ra ï
(ibid. p, 3 z. n. 5. ) ; car tout le champ
de fon pennage eft compofé de fept
couleurs, defquelles cependant la ver-
te eft la dominante.
6°. II y a un autre Perroquet , nom-
mé par Al. DROVANDE, Pf.tttlCUS
verficolor , Jeu erythrocydbeus. Il a ,
dit R A y { ibid. n. 6. ) le bec moins
grand que les préeédens : il eft noir.
Sa tête , Ibn col Se fa poitrine font
bleus. Il a le haut de la tête de couleur
roufle , la région des yeux blanche *
le ventre verd 5 le croupion roux; le
/
i9 % PER
haut du dos d'un bleu clair. Les plu-
mes qui couvrent les ailes font verres ,
& tachetées d'un roux tirant fur la cou-
leur de rofe.
7°. Le Perroquet cendré , en Latin
P/htacus cinereus , jeu fuhc&ruleus- ,
dont parle Aldrovande. Ileftde
la grandeur d'un Pigeon de volière,
dit Ray, ibid. ». 7. Le bec de cet oi~
fe eft de couleur noire : celle de tout
fon corps eft d'un cendré obfcur. 11 a
la queue rouge , ou d'une belle cou-
leur de cinnabre , ou de vermillon ;
elle eft très-courte & ne pane pas l'ex-
trémité des ailes. La membrane qui
fait le tour de fes yeux eft blanche. Ces
efpeces de Perroquets viennent de Mi-
na, ville de Saint George aux Indes.
Ray dit en avoir vu plusieurs à Lon-
dres.
8°. Le Perroquet gris-blanc, nommé
en Latin par Aldkovande , Pfittacus
erythroleucos , Se dans le Dictionnaire
de Trévoux , leucopbœus. R a y ( ibid.
». 8) dit qu'il égale Se qu'il furpaue
même en grandeur les Perroquets du
premier genre, nommés Macaos, dont
j'ai parlé. 11 a la queue courte ; tout
fon corps eft d'un blanc fi fale , qu'il
en paraît cendré. Son bec eft noir.
Il a le derrière du dos , le croupion ,
toute la queue & les plumes des ailes
de couleur de vermillon.
c/°. Le Perroquet d'un rouge écarlate »
■des Indes Orientales , dont les ailes
font variées de verd Se de noir , en
Latin P fittacus coccineus , Orientalis ,
alis ex viridi & nigro variis. Cet oif.au ,
dit R a y C ibid. ». 9. ) eft plus grand
qu'un Merle. Il a le corps tout rouge ,
les plumes qui couvrent les ailes , ver-
tes; les côtés jaunes ; le deffous de
la queue fauve au milieu , Se le deflus
d'un roux verd. Il a au-deflus des ge-
noux un cercle de plumes vertes. Son
bec eft jaune , ainfi que l'iris. Ses jam-
bes for.t noires Se très-courtes. On voit
un grand nombre de ces Perroquets à
Londres , Se on les apporte des Indes
Orientales.
PER
lo°, Le petit Perroqutt verd d'E-
thiopie , félon C L u s 1 u s , en Latin
Pfiaacuspufillut , viridis , JEthiupuus,
Je fuis furpris que Ray {ibid. n. 10.),
qui nous dit qu'il n'eft pas plus gros
que la FringUla des Latins , que Below
nomme Pinçon > je fuis furpris, d;s-je ,
qu'il mette un fi petit Perroquet dans le
rang de ceux de moyenne grandeur.
Quoi qu'il en foit , cet oifeau eft tout
verd : ce verd eft plus clair fous le ven-
tre 3c plus foncé fur le dos. Les plumes
des ailes d'un côté font d'un verd fon-
cé ; de l'autre Se du côté du dos elles
font brunes. Les plumes de la queue
proche du croupion font d'un jaune
verd , enfuite d'un beau rouge , enfuite
noires , Se au bout vertes. Le deifus du
bec Se les plumes qui couvrent le go-
fier font d'un beau rouge. Son bec eft
gros Se dur. U a les jambes à peine
de la longueur d'un pouce Se demi, Ses
ongles font blancs Se allez longs. R A ï
qui a vu un de ces oifeaux , rapporte
que quand il mangeoit il ne tenoit pas
d'un pied fa nourriture, à la manière des
autres Perroquets : il la prenoit avec ion
bec. Quand les femelles de ces efpeces
deviennent vieilles , elles ne prennent
point de nourriture , à moins qu'elle
ne leur foit préfentée par un mile , qui
l'avale Se la broie , comme font les
Pigeons pour leurs petits , Se la dégor-
ge enfuite dans leur bec. C'eft ce que
R A y dit avoir remarqué.
1 1°. Le beau Perroquet de Clusius,
en Latin P/îttactts elegans Clusu. Cet
oifeau, dit Ray ( ibid. p. 32.». 1 1 . )>eft
de la grandeur d'un Pigeon. Sa poitrine
Se fon col font de diverfes couleurs , Se
les bords d'un beau bleu. Quand il eft
en colère , fes plumes fe redreffent Se
forment une efpece de hupe. Les plu-
mes du ventre font de la même cou-
leur , mêlées cependant d'un peu de
brun. Il a le dos verd , les plumes des
ailes bleues Se la queue verte.
12°. Le Perroquet à collier des Indes
Orientales , en Latin V fittacus torqi/a-
tus, Orientait/. Cet oifeau, dit Albin
FER
{Tome IL n. 18.), efl deux fois plus
grand que le Perroquet verd , dont j'ai
parlé. Selon cet Auteur , il a le
îommet de la tête d'un verd bleuâtre ,
les joues d'une couleur plus adoucie
que celle du Perroquet verd ; le bec
épais & crochu j la mâchoire fupérieure
orangée; celle de défions noire. L'iris
eft d'un jaune charmant Se entourée
d'un brun fombre. lia une bande large
& noire , qui prend depuis la mâchoire
inférieure du bec & parte fous le col :
cette bande aboutit au même point
qu'une autre, qui eft pourprée Se en-
toure le derrière de la tête. Lesplumes
de la poitrine font de couleur de rofe
pâle: celles qui couvrent le dos, les
ailes , le bas du ventre Se les cuiflès
font d'un verd jaunâtre. Sa queue a
environ vingt pouces de longueur Se
eft de la même couleur que le dos Se
les aîles : les plumes du milieu en font
plus longues & fe terminent en une
pointe. Il a les jambes Se les pieds de
couleur de frêne, Scies griffes noires.
Albin , qui dit avoir vu de ces oifeaux
àLondn.s, nous apprend qu'ils arti-
culoient fort bien plufieurs mots Por-
tugais Se Anglois.
13 0 . Le petit Perroquet d'Angola,
en Latin Angolenfts Pfittaciu minor.
C'eft , dit A L h 1 n , un oifeau un peu
plus grand qu'une Tourterelle : fon
bec eft de couleur de frêne verdâtre.
Le plumage de la tête , du dos , & de
la poitrine, ainfi que les plumes fea-
pulaircs des ailes, font d'une belle cou-
leur d'or ombrée d'une belle écarlate
bri'lante. Les plumes couvertes des
ailes font vertes , excepté les deux
plus avancées en dehors du fécond
nng qui font bleues: les longues plu-
m.5 font de cette mênv? couleur. La
queue eft longue , fourchue , Se d'un
verd jaunâtre ; les jambes Se les pieds
font d'un rouge mêlé de gris de fer.
I4°- Le petit Perroquet de Bengale ,
en Latin Btngalenfu Pfittacits minor.
Cet oifeau , dit A L b i n , eft aufli gros
«lue les Perroquets de moyenne gran-
PER î99
deur : M z h mâchoire fupérieure de
couleur de bufle , celle de deflous
d une couleur noirâtre ; le derrière de
la tête eft d'un rouge-pâle , nuancé
de pourpre, la gorge eft noire , le coi
eft entouré d'un petit cercle de la mê-
me couleur. Le plumage de la poi-
trine , du ventre Se des cuifl'cs eft d'un
verd pâle & jaunâtre; les plumes du dos
Se celles des ailes font d'un beau verd
comme l'herbe. La queue confifte en
quatre plumes , dont les deux du mi-
lieu font les plus longues ; le deflus
en eft verd comme le dos Scies ailes ,
Se le deflous eft d'un jaune pâle ; les
jambes font de couleur de frêne clair
Se cendré. Les originaires du pays l'ap-
pellent Fridatutali.
1 5 0 . Le Perroquet couleur de frêne ,
eft , dit le même Auteur ( Tome I.
n. 12.), un oifeau de la grandeur d'un
Pigeon apprivoifé. Le bec eft noir , les
narines font ferrées l'une près de l'au-
tre dans la partie du bec la plus élevée
proche de fa racine : cette partie eft
chauve. Cette figure ou ftrudure des
narines eft la même dans tous les oi-
feaux de la clafle du Perroquet. Tout
le corps eft d'une couleur égale , ou
uniforme , c'eft-à-dire de couleur de
cendre obfcure; mais la partie la plus
bafle du dos , du ventre Se du crou-
pion eft plus pâle que le refte du corps
& prefque blanche. La queue eft d'une
couleur rouge Se vermeille, très-courte
Se ne s'étend gueres plus loin qu'aux
extrémités des ailes. La région des-
yeux , de même que les côtés r'e la
tête à l'entour des yeux , eft blanche Se
dégarnie de plumes- Lesplumes de la
tête Se celles du colfontplus courtes
que les autres. Cette efpece d'oifeau
vient des Indes Orientales,.
1 6°. Le Perroquet duBréjîl , nommé
par les Anglois Laurey. Le même Au-
teur f ». 1 3. ; dit que c'Hl un oifeau un
peu plus grand qu'un Pigeon : le bec
en eft grand Se d'une couleur de bu-
fle pâle , l'iris eft jaune , Se la pau-
, piere noire. Il a fur le fgmmet de la
4<>o P Ê R
tête une touffe de plumes d'un blew
luifant. Toutes les autres parties de
la tête font de couleur d'écariate , &
au-deflbus d'elles on voit un beau cer-
cle jaune. La poitrine , auffi-bien que
le deflus du dos , eft de couleur d'é-
cariate ; les plumes couvertes des
ailes font d'un verd entremêlé de jaune.
Les plus longues plumes font d'un bel
outre-mer ; le deflus du dos , du ven-
tre, & des cuifies, eft blanc, entremêlé
de couleur de rofe , fe terminant près
de la queue en un mélange d'écar-
late : la queue eft d'un pourpre en-
tremêlé d'un brun rougeâtre. Les cuif-
fcs Se les pattes font de couleur de
frêne. Cet oifcau eft le plus beau de
tous les Perroquets qu'on ait jamais
vus , dît l'Auteur Anglois. Il y en a
eu à Londres qui ont été vendus vingt
puînées.
17 0 . Le Perroquet des Barbades. Cet
oifeau , dit Albin, eft de la gran-
deur d'un grand Pigeon apprivoifé :
fon bec eft de couleur de corne. L'iris
eft d'une belle couleur de fafran • la
prunelle noire , Sel'oifeau peut la fron-
cer, ou élargir à fa volonté • J'ceîleft
entouré d'une peau de couleur de
cendre. Le plumage du devant de la
tête eft de couleur de frêne pâle, &
entouré d'un beau jaune qui s'étend
auteur des côtés de la tête 8c fous la
gorge. Le plumage du fommet de
la tête, du dos, de la poitrine & du
ventre eft d'un beau verd , & celui
des cuifles eft jaune. 11 en eft de même
des plumes feapuiaires du deflus des
ailes ; les trois premières plumes cou-
vertes les plus avancées en dehors de
ces aibs font d'un beau bleu ;le rang
immédiatement après les plumes cou-
vertes eft rouge. Les premières plu-
mes fortes des ailes ibnt d'un bleu
fombre Se pourpré. La queue confifte
«n douze plumes d'un beau verd. Les
jambes font garnies de plumes juf-
qu'aux pieds qui font de couleur de
frêne cendré , 8c les ferres font noires.
Ce Perroquet eft aufli doux Se gai qu'il
P E R
eft beau ; car il permet à fa Maîtrefle
de badiner avec lui comme elle peut
faire avec fon Chien. 11 articule tres-
aifément. C'eft ainfi que le Naturalise
ci-dellus cité parle de cet oifeau ap-
porté à Londres par un Commandant
de Vailfeau qui raifoit commerce aux
Indes Occidentales.
11 y a encore d'autres Perroquets de
moyenne grandeur , dont parle Marc
Grave : tels font VAjunuurau , \'A~
juriscuruca , le Paragua , le 1 arabe*
i'Ajurucatiuga- ôel'Ajurupara. Voyez
ces mots.
Entre les Perroquets du troifieme
genre , qui l'ont les plus petits , 011
comprend :
1". Le Perroquet à collier des An~
tiens, félon Aldrovande , Pfittacus
torquatus macrouros Antiquorum. Cet
oiieau a la queue lougue , l'iris jaune ,
tout le plumage verd , le deflus plus
foncé , le ventre d'un verd plus clair.
Son collier eft de couleur de vermil-
lon. Ray ( Synop. Met h. Av. p. 33.
n. ï. ) lui donne un bec couleur de
vermillon & aflez gros. Au-deflus du
bec il y a une ligne noire qui s'étend
julqu'à la poitrine , qui va de part Se
d'autre du col , jufqu'à ce qu'elle ar-
rive a fon collier de vermillon qui en-
vironne le derrière de la tête Se du
col , lequel eft de la longueur du pe-
tit doigt fur le derrière Se vient en di-
minuant fur les côtés. Il a le ventre
d'un verd fi clair Se fi lavé , qu'il fem-
ble être tout jaunâtre. Les dernières
plumes des ailes proche du ventrs
iont d'un verd brun Se obfcur fur le
milieu ; à la partie d'en haut elles ont
une tache rouge aflez remarquable.
Sa queue eft d'un jaune verdître , Se
lespieds & les jambes font cendrés. Lc3
Anciens ont connu cette efpece de
Perroquet , & c'eft la première qui ait
été apportée des Indes en Europe. On
lit dans le Dictionnaire deTrévoux, que
depuis le temps d'A lexandre le
Gk.anl> jufqu'à l'Empire de NeroN,
l'on en trouva encore de femblables
dans
P E R
dans une Ifle d'Ethiopie nommée Ga.-
gande.
z°. Le petit Perroquet toutverd, nom-
mé par Aldrovande, Pfittacus
winor macroitros , tôt us viridis. Cet oi-
feau , dit Ray ( tbid, n. 2. ) , n'eft pas
plus gros qu'un Étourneau. Il aie bec
rouge , les pieds Se les jambes rou-
geâtres , ou de couleur de chair , au
contraire des autres Perroquets : l'iris
eft de couleur de fafran ; la prunelle
eft noire , tout le reite du corps eft
d'un beau verd de pré ; le ventre eft
plus clair 8c lavé , Se les grandes plu-
mes font plus couvertes. Sa queue eit
étroite , longue de huit pouces ou en-
viron , & finit en pointe. Ce Perroquet
elt celui que nous appelions petit Per-
roquet. On l'apporte de l'Efpagnole,
Ifle de l'Amérique : il en vient aufli
d'Egypte. 11 fait fon nid dans les écueils.
On lui accommode le bec au- moins
deux fois l'an comme au Papegai,
On en voit quantité en France. Il parle
bien , Se il a un cri peu agréable Se qui
ne plaît pas à tout le monde. On le
nourrit de païn trempé dans de l'eau
& du vin , de fruits , de Chenevi pilé ,
& autres fortes de graines.
3 0 . Le Perroquet rouge & verd , nom-
mé par Aldrovande, Pfittacus
erytbrochiorus macroures Japonicus. Cet
oifeau , qui eft environ de la même
longueur que le précédent, a les cou-
leurs bien différentes. Le fommet de
la tête eft uni , le bec eft extrême-
ment court , 8c le deflbus eft crochu :
il a le champ de fon plumage cornpo-
fé de quatre couleurs. Celles qui pa-
roilTent le plus font le rouge Se le verd.
Le dos, le fommet, 8c le derrière de
la tête , de même que les grandes plu-
mes des ailes , font d'un verd très-
éclatant : au haut des plumes vers
les épaules les plumes font bleues ;
deux des grandes plumes de dehors
font vertes , Se les autres font d'un
bleu très-couvert. Les plumes des ai-
les ont des tuyaux blancs. Il a la pru-
nelle noire , l'iris rouge , le bec rouge
Ivrne LU,
P E R 401
Se médiocrement courbé , le deflbus
ou le menton d'une couleur de rouille
rougeâtre ; devant Se derrière les yeux
il a des taches bleues. La poitrine &
le ventre de ce Perroquet font de cou-
leur de vermillon , Se font ornés de
petites lignes tirées en long. La queue
eft très-longue , Se plus que tout le
corps: elle eft verdâtre , Scies tuyaux
des plumes en font blancs. Les plu-
mes de deflbus font extrêmement rou-
ges , Se les tuyaux font noirs. Il a les
jambes Se les pieds très-noirs.
4°> Le Perroquet rouge & crêté , nom-
mé par Aldrovande Pfittacus
r uber & viridis, crifiatus. Cet oifeau ,
dit R a ï ( ibid. p, 34. ». 4. ) , a les
ailes , la queue Se la crête de couleur
rouge : le refte de fon plumage eft
verd. Sa crête refTemble à celle du
Perroquet blanc & crêté. Cette crête
eftcompofée de fix plumes , trois gran-
des Se trois petites. L'iris eft rouge ,
8c la prunelle eft noire,
5°. Le petit Perroquet de BoNTiUS.
Cet oifeau , dit R a y ( Synop. Met h.
Av. p. 34. n. 5.), eft de la grandeur
d'une Alouette. Il a le bec 8c le go-
fier de couleur grife 8c l'iris de cou-
leur d'argent, 11 porte fur la tête de
belles plumes , qui s'élèvent en forme
de crête. Le bas du ventre , la tête , la
col , Se le deflus de la queue font d'un
beau rouge ; la poitrine , Se les plumes
inférieures de la queue , font d'un rofe
clair, Ces plumes finiiTent par un beau
mélange de verd Se de blanc. Les ai-
les font vertes , Se il y a parmi quel-
ques plumes rouges; le milieu efljaur.»
mêlé çà Se là de couleur de rofe.
6°. La petit Perroquet verd des Indes
Orientales , nommé en Latin , félon
Albin, Pfittacus viridis minor, Indus
Orientalis. Cet oifeau , dit l'Auteur ,
eft tant foit peu plus grand que l'A-
louette ordinaire. Son bec eft d'un
jaune fombre 8c crochu , comme aux
Perroquets en général, La prunelle de
l'œil eft noire; le plumage du devant
de la tête Se de la gorge eft d'une
E e e
4oa P E R
belle couleur écarlate; celui de der-
rière la tête, du dos, de la poitrine
Se des ailes, eft d'un beau verd. Le
plumage du croupion eft d'un verd
luifànt Se bleuâtre. La queue eft courte ;
les trois plumes avancées en dehors ,
à droite Se à gauche , font de couleur
d'écarlate, bordées de noir , Se leurs
pointes l'ont vertes. Les jambes Se les
pieds font d'une couleur grifàtre Se
cendrée. C'eftun bel oifeau , qui eft
fort doux , dit l'Auteur ( n. 15.). On
enferme ordinairement le mâle Se la
femelle dans une cage. Le plumage
de la tête de cette dernière n'eft pas
d'un rouge fi beau que celui de la
tête du mâle. On les vend deux gui-
nées la paire à Londres.
Les Fe.roquets de la petite efpece
font appellés Tin au Bréfîl , Se Par-
rakjeets par les Anglois. Ceux dont
parle Marc Grave , font le Tui , le
Tui Apate Juba , le Tuitirica , le Jen-
daya, le Tuiete , leTuipara , l'Ana-
ca , le QuijubatHi Se VAni. Voyez ces
mors.
On appelle Perruches ces petits Per-
roquets : ils font très-petits Se leurpe-
titefle fait toute leur beauté. Ceux de la
Guadeloupe , dit L a b a t {Voyage de
V Amérique ) , font à-peu-près de la
grofleur d'un Merle : ils font tous verds
à la referve de quelques petites plumes
rouges qu'ils ont fur la tête. Leur bec
eft blanc. Ils font fort doux , carefïàns ,
Se ils apprennent facilement à parler.
Ceux du Bréfil font entièrement verds :
leurs plumes femblent couvertes d'uu
petit duvet blanc Se très-fin , qui les
faitparoître comme d'un verd argenté:
ils ont la queue fort longue , la tête
bien faite , l'œil vif , le bec noir Se
fort recourbé. Ces Perroquets font -ort
privés , Se ils femblent aimer à s'en-
tretenir avec les perfonnes , Se il eft
rare de leur voir garder le filence ; car
quand ils entendent parler , foit de jour
ou de nuit , ils fe mettent de la par-
tie , Se veulent toujours avoir le def
fus. Ils vont toujours en troupe , Se fui-
P E R
vent les graines 8c les fruits à mefora
qu'ils mûriifent. C'eft un vrai plaifir
de les entendre quand ils font fur les-
arbres. Leur plumage verd empêche
qu'on ne les puiffe dïftinguer des feuil-
les , quoique leur babil fade connoître
qu'ils y font en grand nombre. Un
ChafTeur, qui n'eft point fait à cebâ-
dinage ,fe défefpere d'entendre fa proie
fi près de lui fans la pouvoir voir ni
tirer , pareeque ces babillards ne peu-
vent pas demeurer long-temps en la
même place. Quand ils ont becqueté
une baie ou un fruit , ils volent àun
autre. On les voit alors Se on les tire ;
ils regardent tomber ceux qu'on a ti-
rés : ils crient de toutes leurs forces
comme s'ils vouloient dire des injures
au Chaffeur. Ils font pour l'ordinaire
très-gras , Se ils ont un goût merveil-
leux „ fur-tout dans la faifon des grai-
nes de Bois d'Inde. Après qu'ils font
plumés Se vuidés , on les enveloppe,
dit l'Auteur , dans les feuilles de vi-
gne, Se c'eft un manger délicat.
On voit des Perroquets $rzC({ue par-
tout aux Antilles , Se en fi grande abon-
dance qu'ils vont par troupes comme
les Etourneaux. Les Chaffeurs les
mettent au rang du gibier. Le goût
de leur chair eft différent félon la qua-
lité de la nourriture qu'ils y prennent.
S'ils mangent de la graine d'Acajou,
leur chair à un goût d'ail affez agréa-
ble ; s'ils fe nourriffent de la graine
de bois d'Inde,elle fentle cloud de Ge-
rofle Se la Canelle , Se a un goût amer
comme fiel , lorfqu'ils mangent des
graines ameres. La nourriture des
Prunes de Momius,de Cachimas Se de
Gouyaves , les fait devenir fi gras *
qu'ils femblent n'être qu'un morceau
de grailfe. La graine de coton les en-
nyvre Se fait en eux tout ce que l'excès
du vin fait dans l'homme : on les prend
alors avec beaucoup de facilité.
Il y a des Voyageurs qui en comp-
tent plus de cent efpeces différentes
pour la groffeur Se pour les couleurs.
Au-deiTus du Cap de Borme-E&>;
-
PER
raflce îl y en a tant , dit VespuCe ,
qu'ils donnent le nom à cette région ,
& quelques-uns ont près de trois quarts
de longueur. Scaliger dit en avoir
vu un chez un Marchand de fa con-
noîflance , qui étoit fi grand qu'il oc-
cupoit une fenêtre de grandeur ordi-
naire. Selon îe même Auteur, on en
voit de tout blancs dans les régions les
plus brûlées de l'Ethiopie. Dans les
dernières contrées des Indes , dans
le Manaflapan , Se dans le Cun-an qui
font dans la Nouvelle Efpagne , au
pays de Grachana , fitué dans les In-
des Orientales , les communs font plus
grands que les Faifans. Il y en a de
rouges dans le Bréfil , Se dans l'ifle
de Ternete , l'une des Moluques. On
en voit à TarnafFare , ville des Indes,
qui font de fept couleurs : bn en trou-
ve pareillement dans le Calecur d e cou-
leur de pourpre , Se d'autres de di-
yerfes couleurs. Dans la région de
Grachana il y en a de très-grands ,
Se dont les ailes font de plufieurs cou-
leurs , Se le refte eft. rouge ; d'autres
les ont bleues , & quelques-uns les ont
entièrement cendrées. L'ifle de Baden
qui eft près de celle de Java, en four-
nit de trois fortes , les premiers font
rouges Se ont le bec jaune ; les féconds
appellés Nor en langage du pays , c'eft-
à-dire luifant , font de différentes cou-
leurs ; les troifiemes appellés Cachi ,
c'eft-à-dîre , précieux , font blancs.
Dans les bois Se les forêts d'Ethiopie ,
on en voit un grand nombre de verds ,
d'autres de plufieurs couleurs , quel-
ques-uns. noirs , d'autres d'un gris-
cendré. Les plus grands , félon B E-
IOK, font blanchâtres ; les médio-
cres font diverfifiés de rouge , & les
plus petits font verds. Il y en a par-
mi ces oifeaux qui ont deux coudées
de long , & qui font appellés Muets ,
pareequ'ils n'apprennent jamais à par-
ler. Enfin Joseph d'Acosta dit
qu'il y a de certains oifeaux aux Indes
nommés Gnacemaias plus grands que
les Terjoqutts , qui cependant doivent
PER 403
être regardés comme étant de leur ef-
pece , pareequ'ils font ornés des mê-
mes couleurs.
Les Lettres Édifiantes { Tome X.
p. d"8.)nous apprennent qu'on eftime
beaucoup dans l'Inde les Perroquets de
l'ifle de Nîcobar , parcequ'il n'y en a
pojnt qui parlent fi diftinftement. Dans
l'Ethiopie, ainfi que dans le pays des
Nègres , ils gâtent tous les grains :
dans l'Amérique ils font aufli un fi
grand dégât de Maïs ou Bled de Tur-
quie , qu'on eft obligé de le foire gar-
der par des enfans , qui les c ha (Te rit
en faifant des cris extraordinaires , fans
cela on n'en ferolt pas de récolte.
Ils caftent facilement toutes fortes
de noyaux ainfi que des noix : ils ai-
ment le fucre , 8c ils fe plaifent beau-
coup fur l'arbre qui porte la Noix
Mufcade , tant à caufe de fa bonne
odeur , que par la beauté & par la dî-
verfité de la couleur de fes fruits.
Comme la Caille aime l'Ellébore , Se
les Étourneaux la Ciguë , fans que cela
leur foit nuîfible , les Perroquets tirent
pareillement leur nourriture de la
graine de Carthame , qui fert de pur-
gatif à l'homme , fans que cela leur
donne aucun dévoiement , ni aucune
incommodité. Ce qu'il y a de remar-
quable dans les Perroquets , c'eft qu'ils
ont le deffus du bec mobile 8c le def-
fous immobile. C'eft le contraire de
tous les autres oifeaux. Le goût de
leur chair eft excellent , mais chan-
geant félon la qualité de la nourriture
qu'ils prennent , difent le P. du Ter-
tre ( Tome V. c. 1. §. 2. J, & Lon-
VILLIERS DE PoiNCY , Hifl. Nétt- des
Antilles, c. 1 5. art. 11. x -
II y a dans l'ifle de Madagafçar de
gros Perroquets qui font noirs ; il s'en
trouve aufii de rouges-bruns , qui font
fort petits : on en voit de verds qui ne
font pas plus gros que des Pafiereaux.
Dans la même lue il y en a de gris
dont les jeunes font d'un goût plus
exquis que les Ramiers Se les Tour-
terelles. Ils y font fort communs.
E e e ij
4 04 PER
- Les Voyageurs , qui font mention
des Perroquets des Moliiqu.es , parlent
avec admiration de la facilité qu'ils
ont à répéter ce qu'ils entendent. Leurs
couleurs font variées Se forment un
mélange agréable : ils crient beaucoup
& fort haut» & ils font un peu plus
petits que ceux des Indes Occiden-
tales.
11 y a dans le pays d'Anamabo , fur
la Côte d'or en Afrique , des Perro-
quets qui font de la groiTeur des Moi-
neaux : ils ont le corps d'un fort beau
verd , la tête 8c la queue d'un rouge
admirable , Se toute la figure fi fine ,
que Barbot en apporta quelques-
uns à Paris , comme un préfent digne
du Roi. Ces oifeaux ne Ce vendent
qu'un écu la douzaine , mais il eft fi
difficile de les conferver vivans qu'à
peine en fauve-t-on un fur vingt dans
le voyage.
L'ufage des Nègres eft de les pren-
dre jeunes dans leurs nids , de les ap-
priyoifer , Se de leur apprendre plu-
fieurs mots de lélir langue ; mais les
Perroquets de cette Côte ne parlerstpas
fi bien que les verds du Bréfii : quoi-
qu'on en trouve fur toute la Côte , ils
n'y font pas en fi grand nombre que
dans l'intérieur des terres , d'où ils
viennent prefque tous. Ceux du Bé-
nin , de Kallabar , Se du Cap Lopez ,
font les plus eftimés , pareequ'on les
apporte de fort loin ; mais outre qu'ils
font ordinairementtrop vieux , ils n'ont
pas la même docilité que ceux qui
naiflent fur la Côte d'or. Tous les
Perroquets de la Côte , ceux du Pro-
montoire de Guinée , Se des lieux qu'on
vient de nommer , font bleus, Se ce
qui doit paroître fort étrange , ils y
font plus chers qu'en Hollande : on
ne fait pas de difficulté de donner trois ,
quatre., ou cinq livres fterling pour
un Ptrroquel qui fait parler.
11 y a dans le Royaume d'Iiuni des
grands Perroquets à queue rouge , qui
fe trouvent en tous lieux ; Se entre
Sierra-Leona ScRiofeftos, il y a des
PER
Perroquets bleus à queue rouge , que
les habitans nomment Vofacy-I. Il y
a dans les terres de ce pays un grand
nombre de Perroquets gris.
Les Perroquets de Congo Se d'An-
gola font gris ou verds. Les premiers
font fort gros & grands parleurs. Les
autres font petits & moins babillards.
Il y a au Sénégal quantité de Per-
roquets, que les Nègres haiïTent beau-
coup , pareequ'ils détruifent leur Mil-
let & leurs légumes. On prétend qu'il,
y en a de plufieurs efpeces. C a d a
M o s t o n'en diftingue que de deux
fortes ; les uns font femblables aux
Perroquets qu'on apporte d'Alexandrie,
mais ils font un peu plus petits ; les
autres font beaucoup plus gros , Se
ceux-ci on la tête brune , le col , le
bec , les jambes Se le corps mêlés de
jaune Se de verd, Il en apporta un grand
nombre en Europe , fur-tout de la pe-
tite efpece , dont plufieurs moururent
dans le voyage. Cependant il lui en
refta plus de cent-cinquante qu'il ven-
dit en Efpagne un demi-ducat pièce.
Ces oifeaux ont beaucoup d'adrelfe à
conftruire leur nid : ils ramafient quan-
tité de joncs Se de petits rameaux d'ar-
bres dont ils forment un tiffu qu'ils
ont l'art d'attacher à l'extrémité des
plus foibles branches , de forte qtf y
étant fufpendu , il eft agréablement
balancé par le vent. La forme de ce
nid eft celle d'un balon , Se il eft de
la longueur d'un pied : ils n'y laîfient
qu'un feul trou pour leur fervir de
partage. On eft porté à croire que la
Nature leur fait choifir ces* branches
foibles pour fe garantir des Serpensà
qui leur pefanteur ne permet pas de les
attaquer dans cette retraite.
Il y a à la Chine de grands Per-
• r °
roquets, qui le trouvent aux environs
de Nan-Ning-Fu , ville de la Pro-
vince de Queng-Si.
Il y en a de toutes e/peces qui ne
différent en rien de ceux qui nous vien-
nent de l'Amérique. Leur plumage eft
le même que celui des autres Ptrm.i
FER
tptets . & ils n'ont pas moins de doci-
lité pour apprendre à parler.
Les Perroquets des IndesOccidentales
fe trouvent principalement dans les en-
droits qui font dans l'intérieur du pays.
Us fe juchent & font leurs nids fin-
ies arbres les plus élevés : ils volent
en bande en faifant un grand bruit,
comme font tous les Perroquets en gé-
néral.
On diftmgue les Perroquets des Mes
de Terre - Ferme de Guinée par Leur
plumage qui eit tout difforme. Ceux
de la Guadeloupe font un peu moins
gros que les Arras : ils ont la tête , le
col 8c le ventre de couleur d'ardoife
avec quelques plumes vertes 8c noires.
Le dos eft tout verd , & les ailes font
vertes , jaunes Se rouges.
Ceux de la Dominique ont quel-
ques plumes rouges aux ailes , à la
queue & fous la gorge ; tout le relie
eft verd.
Ceux de la Martinique ont le mê-
me plumage que ces derniers , excepté
que le demis de la tête eft de cou-
leur d'ardoife avec quelque peu de
rouge.
Les Perroquets de ces trois Mes font
fort gros 8c apprennent facilement à
parler fur-tout quand ils font jeunes.
Ceux de ia Guadeloupe crient beau-
coup , 8c ont la voix extrêmement
forte. On les appelle Cancaner en lan-
gage des Mes : ils peuvent produire
en toutes fortes d'endroits , puifqu'ils
l'ont fait dans un climat atiffi froid que
celui de Paris.
Les Perroquets cte la rivière des Ama-
z,oîics font i lus petits que ceux des
Ifles : ils font tout verds , excepté la
tête dont le deflus eft jaune.
Ceux de Guinée font d'un gris cou-
leur de cendre; ils ont la queue Scies
ailes prefque toutes rouges.
S E B A parle d'un petit Perroquet de
l'Amérique peint de diverfes couleurs ,
qui répétoit distinctement tout ce qu'on
lui difoit. 11 demandoit à manger de
la manière la plus engageante , en éten-
dant fês ailes Se faifant un éventail de
fa queue , comme s'il eut voulu mar-
quer fa reconnoiifance à fon bienfai-
teur, à qui il difoit une petite chan-
fon , quand il en avoit obtenu quel-
que friandife. Le même Auteur a
fait graver un autre Perroquet, aimable
par la douceur de fa voix , 8c plus en-
core par fon fuperbe plumage. Une
moitié de la tête 8c du col jettoît uni
éclat d'un très-beau rouge ; fon bec
étoit jaune 8c roux , fes yeux étoient
blancs, argentés & pleins de feu; le
derrière de la tête , la poitrine & le
ventre , tirant fur un jaune verdâtre.
Il portoit autour du col un collier d'un
bleu célefte. Son dos 8c fes ailes étoient
d'un verd fombre , entremêlés de plu-
mes azurées , qui en faifoient l'agré-
ment. Le bout de fa queue étoit ma-
gnifiquement nuancé d'un mélange de
cinq couleurs , bleu, jaune , rouge ,
brun & verd foncé. Ses jambes fort
courtes s'appuyoient fur des pieds allez
longs.
Sur la rivière des Amazones les eC-
peces de Perroquets 8c d' Arras différent
en grandeur, en couleur & en figure ,
8c font fans nombre. Les plus rares
font ceux qui font entièrement jaunes,
avec un peu de verd à l'extrémité
des ailes. On ne connoît pas au Para
l'efpece grife , qui a le bout des ailes
de couleur de feu, 5c qui e il: fi com-
mune en Guinée.
Dans l'Me deTabago , on voit un
gros Perroquet, dont la tête & l'efro-
rnac font jaunes. Ce bel oifeau parle
mieux , 8c apprend plus aifément que
les autres. On dit que fa chair cft très-
bonne à manger.
Il y a pluiïeurs efpeces de Perro-
quets dans l'Me de Cayenne. M. Bah-
rere ( Hifi. Nut. de ia France Eauta.
p, 144.) donne la notice de treize ef-
peces.
Il nomme la première Pfrttacur
major albicaris , capite luteo , qui eii
le Perroquet d'O R e N o c k , & le PJtp~
Uiçus Uucoceçhalos de Jonston.
4 o5 P E R
La féconde , Pfittacus major , dorfo
flavefcente , porte le nom de Crik. à
Cayenne.
La troifieme , Pfittacus major luteus,
caudâ vircfccnte.
La quatrième , Pfittacus major , vul-
garis , prafinus. C'eft le Pfittacus vi-
ridis , de Jonston; la feptima fpe-
cies Pfittaci de Marc Grave-,
nommée à Cayenne Tauha. On y man-
ge prefque tous les jours de cette ef-
pece de Perroquet , préférablement aux
autres.
La cinquième , Pfittacus major , ver-
tice & atis amethyftinis.
La fixieme , Pfittacus major viola-
cens- , nommée à Cayenne Kiankia.
La feptieme , Pfittacus major , vi-
ridis , alaritm coflà fupernè rubente ,
nommée en François Perroquet des
Amazones. Il a un beau plumage d'un
verd éblouiflant : les Indiens en font
de belles ceintures , ou des tours de
plumes , dont ils ceignent leurs têtes
aux jours de réjouiffance.
La huitième , Pfittaeus maximus :
c'eft Y Arras rouge Se le Connoro de
Marc Grave.
La neuvième , le F/îttacus maximus,
.qui eft VArarunas du Bréhl , le Ka-
raraoua de Cayenne , nommé en Fran-
çois Arras bleu.
La dixième , Pfittacus minor tba-
lajjinus ; c'eft une Perrichc bleue.
L'onzième , Pfittacus minor , pro-
lixâ caudâ , maculis flammeis confper-
fus ; c'eft le Maracana du Bréfil ,
forte de Perroquet pajfager , qui a les
plumes vertes, mais d'un très-joli verd,
mêlées de petites taches rouges cou-
leur de feu : la queue eft longue.
M. Barrere nomme cette efpece ,
Péniche- Arras.
La douzième , Pfittacus minor ,ver-
tice maculato , en François Péniche
des Amax,ones.
La treizième , Pfittacus minor vul-
sraris ; c'eft l' Anacha du Bréfil, en
François Péniche commune.
Enfin chaque Ifle , Se chaque Cou-
P E R
trée de la Terre -Ferme produit fes
Perroquets , que l'on diftîngue par le
plumage. Tous ces oïfeaux vivent très-
long-temps , quoiqu'ils foîenr fujets à
un mal qui leur fait fouffrir les mêmes
accidens que le mal caduc fait reflTentir
aux hommes. Ils fe nourriffent tous de
fruits Se de graines , Se leur chair con-
tracte l'odeur du fruit ou des graines
dont ils fe nourriffent; ils deviennent
extrêmement gras dans les faifons que
les Gayaves font mûres. Ces oifeaux ne
pondent jamais que deux œufs , quf le
mâle Se la femelle couvent alternati-
vement. Ces œufs font à-peu- près de
la groiTeur de ceux des Pigeons : lis
font picotés Se marquetés de différais
points comme font les œufs des Per-
drix. Les Perroquets choififîent des
trous dans les arbres pour faire leurs
nids ; pour peu qu'un trou de bran-
che rompue foit commencé , ils l'ont
bientôt agrandi avec leur bec. C'eft-
là que fans autre matière , que quel-
ques-unes de leurs plumes, ils pon-
dent leurs œufs , les couvent , Se élè-
vent leurs petits , dit le P. Labat.
Selon d'autres Voyageurs , les Per-
roquets font leurs nids dans de certains
trous d'arbres , où l'oifeau nommé
Charpentier a fait fon nid l'année pré-
cédente. Les petits ne font jamais mouil-
lés dans ces trous. Ils les font en nom-
bre impair , trois , cinq ou fept. Quand
on les veut élever , il faut les dénicher
pendant qu'ils font jeunes. On ne fau-
roit les avoir qu'en coupant l'arbre par
le pied , cet arbre j tant fort droit & fi
haut qu'on n'y peut pas monter ; aïnfi
l'arbre les tue quelquefois en tombant ,
Se de deux ou trois nichées on en fauve
peu.
Les Perroquets de la Louifîanc fe ref-
fentent de la beauté du climat , fui-
vant le rapport qu'en fait M. le Page
du Pratz : ils ne font pas tout-à-
fait fi gros que ceux qu'on apporte
communément en France , Se qui ont
le tour de la tête blanc. Cet Auteur
ajoute que le plumage de ces oifoaux
P E R
en général eft d'un très-beau verd cé-
ladon. Leur tête eft coëffée d'un plu-
mage du plus bel aurore ; il tire fur
le rouge vers le bec , Se l'aurore du
corps fe perd par nuances impercep-
tibles dans le verd céladon. Outre leur
beauté , ils ne font pas incommodes
parleurs cris dans une chambre ; on ne
leur apprend que très-difficilement à
parler, 8c quand ils le favent , ils par-
lentpeu.
Il y a un oifeau dans le Groenland ,
que les Marins , dit M. Anderson
( Hifl. Nat. de Groenl. p. 55. ) , nom-
ment Perroquet , Se qui n'a aucune ref-
femblance avec le Perroquet des bides ,
fi non par le bec. 11 conftruit fon nid
avec la même précaution que les Mal-
lemnck.es , efpeces de Lares , ou de
Mouettes.
Enfin pour finir nos recherches fur
les différentes e/peces de Perroquets
d'Afie , d'Afrique Se d'Amérique , il
nous refte à dire que l'Allemagne, ou
plutôt la Bohême, fournit un oifeau
qu'on nomme en Allemagne Perroquet-
de Bohême. Il eft , dit le DiEliormaire
de Trévoux , coloré de verd , de jaune ,
Se de couleur de rofe , fur un champ
cendré.
Il eft parlé dans le même Ouvrage
d'un autre oifeau qui approche de l'ef-
pece des Perroquets. Au rapport de
quelques Auteurs , il fut pris en Ef-
pagne , dans un certain lieu nommé
Viada^ola : il étoit de la grandeur
d'un Pinçon ; il avoit le bec noir Se
aigu ; la tête Se le col de couleur ver-
te ; le fommet de la tête comme le
Geai de Bohême , Se une crête. Ses
ailes étoient bleues 8e noirâtres à leurs
extrémités. Le croupion étoit de cou-
leur de rouille , principalement à l'ex-
trémité , ainfi qucle bas du ventre. Ses
cuilfes étoient blanches , fes pieds noirs,
munis de quatre doigts , divifés com-
me ceux des Perroquets. Son bec cro-
chu , la diverfiré de fes couleurs , la
manière 8c la figure de fes pieds 8c fes
autres qualités ne font pas douter que
P E R 407
ce ne foit un Perroquet Se de la petite
efpece.
PERROQUET DE MER:
C'eft ainfi , dit le Pere Labat, qu'on
appelle de certains poiflons , aiïez fem-
blables à nos Carpes , qui dans nos
Ides de l'Amérique n'ont pour l'ordi-
naire que douze à quinze pouces de
longueur , mais qui en ont bien davan-
tage aux Ifles Daves. La peau Se les:
écailles de ce poiflbn font d'un verd
foncé fur le dos , qui s'éclaircit à me-
fure qu'il approche du ventre. Il a deux
empanures fur le dos , Se quatre à fes
côtés qui , auflî-bien que fa queue »
font colorés de bleu, de jaune 8e de
rouge , d'une manière fi délicate ,
que le meilleur Peintre auroit de la
peine à les imiter. Cette belle peau
couvre une chair qui eft encore meil-
leure. Elle eft blanche , grafie , ferme ,
pleine d'un fuc nourrilfant Se de facile
dîgeftion,
R u ï s c h ( Coîlecl. Pifc. Amb.
p. 11.) donne auffi le nom de Perroquet
à beaucoup de poiflons des Indes. Le
Pere du Tertre (T. IV. c. 1. $.17.)
Se LONVILLIERS DE PoiNCï ( Hifl.
des Ant. c. 16. art. 2. ) difent aufG
qu'il y a des Perroquets de mer aux An-
tilles. Ce font les mêmes dont j'ai parlé
d'après le Pere Labat.
U y a un poiflbn dans l'Ille de Taba-
go r auquel on a donné le nom de Per-
roquet. Ses écailles rendent un beau
brillant verd-jaune.il reflemble beau-
coup au Perroquet par la tête. Il eft d 'un
goût admirable , qui eft a-peu-pres
comme celui de la Dorade , dont les
écailles reluifent comme de l'or. Il eft
de la taille du Maquereau.
PERROQUET D'EAU, ou
MONOCULE, en Latin Moriocu-
Ims , félon M. Linnius ( Fauua
Suec. p- 344. n. 1181. 1182. 1183,
1184. 1185.) infecte aquatique, qui
n'a point d'ailes, dont ce Naturalilte
donne cinq efpeces différentes. 11 nom-
me la premïcreAlonoculus caudâ bij'eiliu
C'eft ÏApus de F a 1 s c h , Germ. 10.
'4oS
P E R
p. i . t. i . La féconde efpece fe trouve
dans les étangs. Ce font de petits Vers
rouges , qui donnent une couleur de
fang à l'eau , ce qui fait croire au
peuple que l'eau eft changée en fang.
Cet înièéte eft nommé Monoculus ctu-
ttnnis dichotomis -, caudâ inflexâ. Swam-
merdam (Quart, p. 66. t. i.) en parle
fous le nom de Pulex aquatictis arbo-
rais. La troiueme efpece eft nommée
Monoculus antennis dichotomis , cauda
reflexâ. La quatrième eft nommée Mo-
noculus antennis quaternis , caudâ relia
bifidâ i Se la cinquième Monoculus an-
tennis cnpillaceis multiplicibus , tefta
bivalvi. Cette dernière efpece qui fe
■ trouve dans les viviers Se dans les ma-
rais , a , dit M. L i k n m u s , une co-
quille bivalve , un peu plus groffe
qu'une femence de Chou , ovale ,
oblongue , égale de chaque côté , bof-
fue par devant , un peu émoufTée ,
femblable en touf à une coquille. Mais
•dans les Coquilles l'ouverture eft par
les côtés , Se à celle-ci , quand elle eft
bors de l'eau , on la prendroit pour la
femence de quelque plante; mais elle
s'ouvre dans l'eau & paroît une Co-
quille. Cette efpece de Perroquet d'eau
nage avec vîtelfe , comme les autres
efpeces. Sa coquille eft cendrée. Quand
elle s'ouvre , l'infecte fait fortir par
une des extrémités beaucoup de petits
filets , égaux en longueur Se blancs.
En remuant ces filets il eft porté fur
l'eau , Se il ne s'arrête point que fa co-
quille n'ait trouvé quelque chofe de
terreftre. Il s'y arrête avec les autres
de fon efpece , Se il y refte. Quand il
■fe repofe , fa coquille eft entièrement
fermée. Telle eft l'hiftoire de cette cin-
quième efpece de Perroquet d'eau , ainiî
que la donne M. Linn/eus.
P ERS EGA & PERSE GO,
nom que les Italiens donnent à la Per-
che de mer Se de rivière. Voyez PER-
CHE.
P E R S E U S , poiffon particulier
à la mer Rouge , félon Rondelet ,
lÂv. XIV. chap. io. Edh-. Franc, Se
P E R
Gesner , de Aquat. p. 826. Ë r, 1 en
en parle , L. IlL c. 28. 11 eft de la
grandeur d'une Anthîe , & femblable
au Loup marin. Ce poilfon a le mu-
feau un peu courbe ; des traits doréâ
depuis la tête juiqu'au ventre font le
tour de fon corps ; fa bouche eft ar-
mée de grandes dents. 11 iurpafle tous
les autres poiffons par fa force & fà
hardieffe. C'eitce que nous en apprend
Rondelet», d'après Eli en.
PERTURBATEUR DES
POULES, en Anglois Uenharrier.
C'eft le nom , dit Albin ( Tome II. )»
que les Anglois donnnent au mâle de
l'Aigle à queue blanche. Ce mâle , dit
le même Auteur ( Tome III. ». 3 J , a
vingt-deux pouces de longueur , de-
puis la pointe du bec jufqu'à l'ex-
trémité de la queue , & quarante-trois
pouces de largeur les ailes étendues.
Les jambes ont chacune cinq pouces
de longueur , ( qui eft plus que n'en
ont d'autres Éperviers. La mâchoire
fupérieure eft couverte d'une peau
jaune j qui s'étend depuis la racine du
bec jufqu'au-delà des narines : le refte
du bec eft noir , crochu Se élevé. La
mâchoire inférieure eft droite. L'œil a
la prunelle noire , Se l'iris jaune : au-
tour des yeux , il y a plufieurs plu-
mes blanches. Le fommet de la tête &
le dos font d'un gris de fer fombre :
autour du col il y a un cercle de plu-
mes jaunes. Les plumes des ailes font
d'un brun fombre Se rougeâtre ; tous
les bords extérieurs des plumes font
blancs. Les plumes de la poitrine Se
du ventre font d'un jaune rougeâtre :
le deifous du ventre Se des cuiffes eft
d'un jaune plus adouci. Le plumage
du croupion eft blanc , Se marqueté de
deux taches fingulieres de jaune , en
forme de rhombe Se de lofange. La
queue a dix pouces de longueur, Se
elle confifte en douze plumes de la
même couleur que celles de la poi-
trine , excepté les deux du milieu , qui
font d'un gris de fer fombre , Se tra-
yerfées de quinze raies brunes arran-
gées
PET
gées à dîftances égales. Les jambes 5c
les pieds font jaunes, Se les ferres noi-
res. Cet oifèau eft une efpece d'Eper-
vïer , à qui ïl a plu aux Anglois de
donner le nom de Perturbateur des
Poules , pareequ'il en fait fa proie. Je
ne fais pas pourquoi Albin donne
à fa femelle le nom d'aigle à queue
blanche. Ils différent l'un de l'autre ,
tant en grandeur qu'en couleur. Les
œufs de cet oîfeau font par-tout bi-
garrés de rouge , Se de blanc difperfé
ç.t Se là au-deffous de ce rouge. Ils fe
nourriffent l'un & l'autre de toute forte
de volaille.
PET
PETEUSE, en Latin Bubulca ,
poifTon dont parle B e l o n , fort
approchant de V Alburmts d'AusONE ,
qui eft V Ablette , fi l'on en veut croire
Gesner. Ce poilfon , comme le dit
Ray (Synop.Meth.Pifc.p. nyn. 38.),
fe trouve dans la Seine , mais on n'y
en trouve pas beaucoup , du moins on
n'en prend que rarement. Il reffemble-
roit a (fez à la Brème & à la Cafta-
gnole de mer, mais il eft plus petit. •
Sa figure eft plate & large, iuifant
comme de l'argent. Sa forme eft
plus ronde que longue. Il a trois
doigts de long , Se un doigt & demi de
large. Il eft couvert de grandes Se lar-
ges écailles. Il a , comme la Carpe ,
dans le palaîs une partie charnue. Ce
poifTon eft mis dans le rang de ceux
qui ont les nageoires molles , Pïfces
malacopterygïi. Artedi (Ichth. Part.
V. p. 14. ». 33.) le nomme Cyprimts
triuncialis, corpore lato orbiculari,Jqua-
mis magnis. W illugh Bif en parle ,
PETIMBUABA, poifTon du
rBréfîl, dont parlent Ruïsch , de Pifi.
p. 139. Se R a y , Synop. Meth. Fifc.
p. 110. n. 8. Ce dernier dit que c'eft
l'Aiguille au bec gros , ofTeux , & fait
en angle .deWiLLUGHBY. Les An-
glois le nomment Tobaccopipe-Fisk. Il
Sa long de trois ou quatre pieds. Sa
Tome III.
PET 409
bouche eft pointue. Ce poîuon a la
mâchoire fupérieure plus courte que
1 inférieure ; toutes les deux font un
peu pointues , Se garnies de petites
dents. La mâchoire inférieure a à pei-
ne deux doigts de long ; l'ouverture
de la bouche eft très-petite. La mâ-
choire fupérieure eft offeufe , ftriée &
faite en angle, La tête de ce poifTon a
un pied de long , c'eft-à-dire la troi-
fieme partie de toute fa longueur ;
elle a cinq doigts de grofleur après les
yeux , enfui te elle diminue peu-à-peu,
& proche de la bouche elle n'en a
que trois. Ses yeux font de la groffeur
& prefque de la figure d'une Moi-
fette ; l'iris eft argentée , Se marquée
de vermillon à la partie antérieure Se
poftérieure. Proche de l'anus il a deux
nageoires , Se deux autres fur le dos
qui y répondent , ce qui eft particulier
à ce poilfon. Il a la peau comme celle
de l'Anguille. Il eft furie dos Seaux
côtés de couleur de foie : fur la tête
il a deux taches bleues , au dos trois ,
aux côtés une , Se fon ventre eft tout
blanc.
PETLACOALT: C'eft un
très-beau Serpent du Mexique , dont
le front eft couvert de grandes Se lar-
ges écailles , jaunes , rouffes , entre-
coupées autour des fourcils d'autres
écailles, Le deffus de fon corps ne
reffemble pas mal à ces toiles pein-
tes à carreaux , qu'on emploie d'ordi-
naire pour des couvertures de lit. 11
étale , dit S e b a , un magnifique par-
quet d'écaillés jauniffantes , relevées
par une broderie de couleur d'or : fes
écailles du ventre font cendrées , jau-
nes , teintes d'un peu de rouge clair.
The/'. IL Tab. 63 . n i.
PETOLA: Seba ( Thef.L p. 89.
Tab. 54- fig- 4. ) donne ce nom à un
Serpent de l'Amérique. M. Linn^us
{Amœnit. Amph. Gyllcnb.p. 119.». 8. )
lui donne le nom de Couleuvre , en
Latin Côluber. Cet animal a environ
deux pieds de long ; il eft gros , par
le milieu , comme le canon d'un fufil,
Ff f
4 io PET
& proche de la tête il eft de la grof-
feur du doigt. Sa queue eft ronde , Se
couverte d'écaillés non carinées , au
nombre de quatre-vingt-cinq , qui font
toutes égales.
L'Afrique , la Guinée Se les deux
Indes, fourniflent de ces efpeces de
Couleuvres , qui font différentes tant
par la forme que par la couleur.
Seba ( Thef I. Taè, 54- » 4 ) P ar "
le d'une Couleuvre d'Afrique , dont il
donne la figure, nommée Petola. Elle eft
couverte d'écaillés rhomboïdes d'un
brun foncé. Des anneaux qui font d'un
cendré jaune entourent le col & la
queue , Se le refte du corps eft tacheté
de taches larges : elle a la tête petite
Se la queue pointue.
PETONCLE : J'ai parlé au
mot PEIGNE de ce Coquillage
bivalve , nommé auûî Sourdon. Des
Auteurs, comme Bex.on entr'autres,
donnent le nom de Pétoncle à un Co-
quillage fort différent du Peigne , tant
par l'animal que par la charnière , Se
par la forme renflée de fa coquille.
M. Adanson qui , dans fon Hif-
toïre des Coquillages du Sénégal , fait du
Pétoncle un genre de Coquillage bi-
valve , en a obfervé dix efpeces diffé-
rentes , auxquelles il a donné les noms
de Mofat , Kaman , Jagon , Movin ,
Fa'gan , Robet , Anadara , Jabet , M af-
fole Se Vovan. Voyez ces mots.
PETREL DES AN GL OI S:
A l b 1 N ( Tome IIP ». 92. ) , qui parle
de cet oifeau, dit qu'il a le bec noir,
& qu'il eft de la longueur d'un pouce.
Il ajoute que fes narines font placées
dans une enflure au milieu de la mâ-
choire fupérieure , ce qu'il n'a jamais
remarqué dans aucun autre oifeau. Ses
ailes étendues occupent un efpace de
douze pouces , Se la longueur du corps
n'eft que de fix pouces. Le fommet de
la tète & le dos font d'une couleur
très-fombre , & prefque noire. Il a fur
îe croupion une grande tache de blanc.
Le ventre & te s ailes font d'une cou-
leur plus claire. Les ailes font plus
PET
longues que la queue de plus d'un
pouce. Cette dernière ( c'eft la quetie)
confifte en douze plumes brunes, cha-
cune de la longueur d'un pouce 8c
demi. Les jambes ont chacune plus
d'un pouce &c demi de longueur. 11 a
les pieds plats , 'Se ils font , auffi-bien
que les jambes , d'un brun foncé. Lorf-
que ces oifeaux approchent d'un Na-
vire en mer, ils préd.v'cnt , dit -on,
la tempête , & ils fe tiennent derrière
le gouvernail du vaiffeau, où ils retient
à l'abri jufquM ce que la tempête foit
paflée. Quelquefois ils volent & quel-
quefois ils courent fur les flots avec
une vîteffe incroyable , d'où on leur a
donné le nom de Pétrel, parcequ'ils
rcifemblenten cela à Saint Pierre qui
marchoit fur les eaux.
Wl LIVGHB1 donne le nom de
Storm-Fink à un oifeau , qu'il dépeint
à-peu-près de la même manière , mris
dont les couleurs font très-différentes.
Voyez le Supplément de l'Ouvrage de
cet Auteur, p. 3 y 5.
Dampierre, dans fes Voyages
( Tome IIP p. 97O , parle auffi de cet oi-
feau fous le même nom de Pétrel, Il eft
nommé Procellaria dans les Actes de
Stockplm.
M. Kle 1 N(Ord.Av.p. 148.} met
le Pétrel dans la feptieme famille des
oifeaux qui font palmipèdes, Se n'ont
que trois doigts aux pieds, Tridallyli,
palmipèdes , digito nullo pof.ico. Il le
nomme Plautas minimus procellarius i
c'eft le Pinçon de mer , ou de tempête
du Pere Feuili.ée , en Latin Parus
minimus naribur tubulatis , Se VOifcati
de tempête de quelques Naturaliftes.
P E T R O M I S O N , nom géné-
rique qu'A R T e D 1 donne aux diffé-
rentes efpeces de Lamproies. Ce mot
vient de 1 ii tp<k > lapis , Se de vvÇit» , ou
fj.uÇâw , /kg» t qui veut dire fucer >
pareeque les Lamproies en fuçant s'at-
tachent aux pierres , qt'i font dans les
fkuves Se dans la mer. Voyez LAM-
PROIE.
P E T R O N I A : On donne , dîi
PET P E V
Ray (Synop. Mctb. Av. p. 92. n. 10.) ,
à Boulogne en Italie le nom de Pe-
tronia marina à un petit oifeau à gros
bec , qui eft du même genre que
{'(Enanthe , dont parle Aldrovande
(Onrith. L. XV II. c. 38. ) , qui ejr. le
Cul blanc , ou le Vitrée de B e L o n.
Il eft distingué de tous les autres pe-
tits oilèaux de ce genre : i°. en ce
qu'il a au milieu du gofier une très-
belle tache jaune : 2 0 . la pointe des
bords intérieurs de chaque plume de
la queue cil marquée d'une tache blan-
che & ronde; ces plumes font noi-
res , & les extrémités des bords font
vertes : 3 0 . fbn bec eft plus grand , Se
plus verd que celui de l'Ortolan &
égal à celui du Verdier ; c'eft ainfi
que Ray parle de cet oifeau.
PETZCOALT, Serpent du
Mexique , qui a le défais du corps 1
jaune , mêlé d'un peu de rouge, cou-
vert de grandes écailles taillées en
lofanges , glabres , liflês , gaffantes au
toucher. Les écailles tranfverfales du
ventre font mélangées de roux Se de
jaune. Sa tête eft défendue par d'am-
ples Se fortes écailles relevées en boffe.
Ses yeux font beaux Se très-grands. Il
a plus de quatre pieds & demi de lon-
gueur , Se une groffeur proportion-
née. Ces fortes de Serpens fe tiennent
cachés dans des creux d'arbres, d'où
ils épient leur proie & fondent deffus ,
quand elle fe préfente. Ce n'eft point
même une chofe rare qu'il y ait deux
ou trois de ces Serpens, qui vifent au
même butin, chacun n'étant occupé que
du foin inquiet de pourvoir à fa. fub-
fiftance , dit Seba , Tbef. IL lab. 84.
s, 2.
P E V
PE VA, animal étranger, qui eft
de la grandeur d'un petit Chien , dit
NlEREMBERG, Hifl. E.XOt. L. IX.
'•76". Quand il apperçoit un Tigre,
îl fuit fes traces, Se abboye continuel-
lement , afin que les hommes Se les
bêtes l'entendant s'en donnent de gar-
de ; ce qui fait , ajoute Nurem-
berg, qu'on a vu fouvent des Ti-
gres , faute de butin , expirer dans les
champs. Ru ï S C H (de Quad. p. 1 50. )
rapporte la même chofe ; mais on ne
peut gueres compter fur le récit de ces
deux Auteurs.
P H A
P H A G R E , poiffon de mer &
de rivière. C'eft le même cjue le Pa-
gre. Voyez ce mot.
PHAIS AN, oifeau. Voyez FAI-
SAN.
P HA LACROCÉPHALE,
en Latin Pkalacrocephaltu s en Anglois
Kael-Kop. C'eft un poiiTbn des Indes,
dit N 1 e u H o F F , ainfi nommé parce-
qu'il a la tête 8c le col unis Se fans
écailles. Sa couleur eft blanche. 11 a
l'ouverture du mufeau grande , mar-
quée de taches rouges , Se les yeux
grands fortant de la tête. Sa longueur
va jufqu'à deux pieds. Il pafleTpour
un des meilleurs poiffons des Indes. Sa
chair eft excellente Se d'un bon goût.
On en prend dans les eaux falées , com-
me dans les eaux douces , dit R a y .,
Synop. Met h. Pifc. p. 149. ». 1.
PHALANGE, forte d'Arai-
gnée , dont A e T 1 us rapporte
fix différentes efpeces. Il appelle la
première P avion , qui veut dire pzpin
de raifin , parcequ'elle en a la figure ;
elle eft noire Se ronde : elle a la bou-
che au milieu du ventre , Se de petits
pieds autour. La féconde eft appellée
Loup, parcequ'elle chafle aux Mou-
ches Se s'en nourrit ; elle a le corps
large Se facile à le remuer : elle a de
certaines incifions vers le col, Se la bou-
che relevée en trois endroits. La troi-
fieme eft appellée Fourmiliiere , parce-
qu'elle reflemble beaucoup à une gran-
de Fourmi ; elle eft de couleur fuli-
gineufe , Se a le corps marqueté de
petites étoiles , fur-tout vers le dos.
La quatrième, appellée Cronocolaple ,
a fon aiguillon auprès du col ; elle eft
verte Se longuette , Se ne cherche qu'à
Ff f ij
4î4 P H A
piquer vers la tête quand elle attaque
quelque animal. La cinquième eft nom-
mée Sclerocéphale , parcequ'elle a fa
tête dure comme une pierre : celle-là
eft rayée de même que les Papillons
qui volent la nuit autour de la lumiè-
re. La fixieme , qu'on appelle Vermi-
culaire , eft longuette , Se un peu ta-
chée vers la tête. Voyez TAREN-
TULE.
ïly a, dît Lonvilliers DE
Poincï ( Hifi. Nat. des Antilles ,
c. 14. art. 3.), dans les Antilles une-
forte de groftes Araignées , que quel-
ques-uns , à caufe de leur figure monf-
trueufe , mettent au rang des Phalan-
ges. Leurs pattes étant étendues , elles
ont plus de tour que la paume de la
main n'a de largeur. Elles ont toutes
un trou fur le dos , qui eft comme leur
nombril , Se tout le corps eft compofé
Je deux parties, l'une plate & l'autre
ronde , qui aboutit en pointe, comme
un œuf de Pigeon. Leur gueule eft
prefque toute cachée fous un poil d'un
gris blanc , entremêlé quelquefois de
rouge ; ce qui fait qu'on a de la peine
à la difeerner. Elle eft armée de part
Se d'autre de deux crochets fort poin-
tus , qui font d'une matière folide Se
tPun noir extrêmement poli Se luifant.
Ils ont la vertu de préferver de douleur
& de corruption les parties qui en font
frottées , Se c'eftpour cela que les cu-
rieux les font enchâfler en or & s'en
fervent au lieu de cure- dent. Quand
ces Phalanges font devenues vieilles,
elles font couvertes par-tout d'un du-
vet noirâtre , auflî doux & auifi preiïe
que du velours. Leur corps eft fuppor-
té par dix pieds velus par les côtés Se
hérifies. en deftous de petites pointes ,.
dont elles fe fervent, pour s'accrocher
plus facilement par-tout où elles veu-
lent grimper. Tous ces pieds fortent
de la partie de devant, ayant quatre
jointures chacun. Ils font munis par le
bout d'une corne noire Se dure , qui'
eft divifée en deux , comme une petite
fourche. Leurs yeux font fi petits Se
P H A
fi enfoncés , qu'ils ne paroifTent que
comme deux petits points. Elles fa
nourri Ifent de Mouches : il y en a qui
filent des toiles fi fortes , que les petits
oifeaux qui s'y embarraflent ne s'en
peuvent développer qu'avec peine.
On appelle auÛTi Phalanges dans les
mêmes Ifles une efpece de grolTes Mou-
ches , dont quelques-unes ont deux
trompes , pareilles à celles de l'Élé-
phant , l'une recourbée en haut Se l'au-
tre en bas. Quelques autres ont trois
cornes , dont l'une naît du dos Se les
autres de la tête, Le refte du corps ,
ainfi que ces cornes , eft noir Se luifant
comme du Jayet. Il y en a qui ont une
corne longue de quatre pouces , de la
façon d'un bec de BécalTe , lilfée par
delfus Se couverte d'un poil follet par
deffous : cette corne leur fort du dos
& s'avance fur la tête , au haut de la-
quelle eftencore une autre corne, fem-
blable à celle du Cerf volant, qui eft
noire comme de l'Ebene Se claire com-
me du verre, Tout le corps eft de cou-
leur de feuilles mortes , poli Se damafTé,
Ces grolfes Mouches Phalanges ont
la tête Se le mufeau comme un Singe,
deux gros yeux jaunes Sefolides, une
gueule fendue Se des dents comme une
petite feie.
PHALARIS, nom que les
Anciens ont donné à un oifeau ,. que
Belon f de la Nat. des Gif. L. III.
c. 16. p. 171.) foupçonne être celui
qu'il nomme Fiette. Voyez au mot
PIETTE.
PHALENE: Les Naturelles »
comme je l'ai dit au mot PAPILLON,
ont donné ce nom à tous ceux qui ne.
volent que fur le foîr Se pendant la
nuit à la clarté d'une lumière. On les
nomme aufiî Papillons nvttitrties , pour
les distinguer des Papillons diurnes }
c'eft-à-dire de ceux qui volent pen-
dant le jour. Le nombre des Phalènes
eft erand. M. Linn^us ( Fauna S'uec,
p. 248. n. 809. &J'iiv. ) donne la no-
tice de plufieurs e.'peces de ces Papil-
lons nocturnes. H glace dans la premieî9
P H A
les Phalènes qui ont des antennes prlf-
matiques, antennis prifmatkis, De ce
nombre fonde Sphinx de M. de Réau-
jiur ; le Porcelet de Mouefet, de
Goedard Se des autres ; un que
Pline nomme Cojfus , qui Te nourrit
de bois de Saule Se non de feuilles ; le
Phalène qu'on trouve dans les bois Se
dans les jardins , qui eft de la figure
d'une Abeille , Se qui a l'abdomen de
couleur d'or ; le Léo-pard des bois >
Leopardus fylveflris ; le Peureux , ou le
Craintif , Me-liculofa , qui fe trouve
dans les plantes , comme l'Ortie , la
Mercuriale , ou autre. Vovez au mot
CRAINTIF. Ces Phalènes à
antennes prifmatiqitts font au nombre
de fix.
Dans la féconde ce font les Phalènes
à antennes dentelées , Se qui n'ont point
de langue , amenais petiinatis , linguâ
wtllâ. Il en donne vingt à vingt -une
efpeces : tels font le Phalène que
M o u F F e T nomme V'mula t couleur
de vin; Y Ours, le Neufirien , le Ver
à foie , en Latin Bombyx , que les Sué-
dois nomment Silke/makc » Sec.
Dans la troifieme font les Pluilenes
à antennes dentelées , Se qui ont la lan-
gue faite enfpirale , antennis petiinatis,
linguâ fpirali. L'Auteur en donne de
quatre efpeces.
Dans la quatrième font les Phalènes
à ailes plates , Se dont les antennes
font dentelées en forme de corne , an-
tennis petlinicornibus, atis plants fedtntes.
Us font au nombre de quatre Se ii y en
a à qui M. LiNNtfUS donne le nom
de la lettre double
Dans la cinquième font les Phalènes
a antennes très-amples , qui ont la lan-
gue faite en fpirale , les ailes plates
& étendues , antennis JîmpliciJJimis ,
linguâ j\ir ait , alis plants jedentes pa-
tenttbus. L'Auteur en donne vingt-
deux efpeces , du nombre defquels eft
¥ Omicron- Y p filon.
Dans la fixieme efpece font les Pha-
lènes à ailes très /impies , qui ont la
la langue faite enfpirale Se n'ont point
P H A 415
d'aîles plates , ni d'élévation fur le
front, alis fimplicijjïmis , linguâ fpira-
li T nec alis planis fedentes , nec fonte
prominulâ. Il y en a dîx-fept , du nom-
bre defquels font le Gamma doré , nom-
mé Lambda par d'autres , Se le Pfi.
Dans la feptieme efpecefont les Pha-
lènes à antennes très-j'irnples , qui ont
la langue faite en fpirale Se une éléva-
tion fur le front, antennis fimplicijfimis a
linguâ fpirali , fronte prominulâ. M.
LïNNJEUS en donne vingt-fix ou
vingt-fept efpeces.
Il y en a encore qui font à antennes
très-fimples Se qui n'ont point de lan-
gue, antennis fimplicijfimis , Se d'autres
dont le favant Naturalise Suédois n'a
pas encore examiné la langue, linruâ
nondum examinatâ.
Swammerdam a obiervé cent'
quatre-vingt-treize efpeces de Pha-
lènes , favoir treize des plus grandes ,
vingt-huit d'une moyenne grandeur,
quatre-vingt-fix plus petites, Se foi -
xante - fix de la plus petite efpece.
Dans ce grand nombre de Phalènes il
s J en trouve , dit -il, trente-cinq efpeces
que Goedard a décrites chacune avec
fa Chenille , Se dont il a donné la fi-
gure au naturel. Parmi quinze ou feize
Chryfalides , que confervoit Swam-
merdam, il y en avoit de rafes , de
hériftées de poils ; d'autres dépouillées
de leur ancienne peau ; d'autres mar-
quées de bandes colorées ; quelques-
unes fans couleur Se ànud; quelques
autres enfermées dans des coques, au
travers.dcfquclles on voyoit paraître
leur couleur , Se parmi les œufs que
ce Naturaliste confervoit , il nous ap-
prend qu'il y en avoit de couverts de
poils ; d'autres entourés d'une efpece
d'écume: enfin les uns étoient enve-
loppés d'une manière , les autres d'une
autre. Il marque encore qu'il gar-
doit quelques coques Singulières Se
très-jolies, les unes faites en manière
de réfèaux , les autres en forme de
membranes , dans lefquelles ces infec-
tes favent s'enfermer avec une adreflsf
fingulicre , lorfqu'ils font près de fe
changer en Chryfalides , de forte
qu'on a peine à comprendre comment
ils peuvent fe tenir dans des priions an f
fi étroites Se travailler un tiflù auffi fo-
îide , étant gênés comme ils le font. .
Parmi les différentes efpeccs de Pha-
lènes , la plus grande de toutes cel-
les qui fe trouvent dans la Hollande
vient d'une Chenille très-pemicieufe ,
dont les poils font clair-femés & qui
fe nourrit principalement de l'écorce
&: du bois des Saules. M o u F r e t ap-
pelle cecte Chenille , Spondyla nigra :
c'eft le Cojjks de Pline & des Anciens.
Son Fh.ilcne eft nommé par M. L i N-
N B tf s ( Fauna Suec.p. 812.) Phalana
fubulicornis , eliaguis , alis dcprejfis, nc-
bulofis , abdomïae annulis albis. Mouf-
FET dit que les grands Fhalenes tuent
ceux de la petite cfpcce avec leurs
ailîs, pour les manger. Swammerdam
croit que ce fait eft avancé un peu lé-
gèrement , puifqu'il eft certain que les
Phalènes ont une trompe tubulée :
d'ailleurs la plupart de ces infectes,
dès qu'une fois ils font propres à l'acte
de la génération , ne cherchent plus
de nourriture , & oubliant entièrement
leur ancienne rufe , ils ne s'occupent
plus que du foin de perpétuer leur ef-
pece. Il eft vrai que les uns y travail-
lent plutôt , les autres plus tard , fuî-
vant que leurs œufs acquièrent plus ou
moins promptement leur maturité dans
le temps qu'ils font encore dans l'état
de Nymphe , Se même dans l'état de
Chenille ou de Ver. 11 faut en excepter
cependant les infectes qui ont l'inftinct
de nourrir leurs petits & qui vivent
plus long-temps, au-lieu que ceux
qui n'ont pas cet înftinéT: , meurent
aufh-tnt après avoir fatïsfait à l'cruvre
de la propagation ; ainfi dans tout ce
qui arrive à ces petits animaux , la
Nature fembîe n'avoir eu en vue que
* Cet oifeau eft nommé en Hébreu tikoî ;
mais M. Jf.niT, que la mort nous a enlevé
su mois ce Mai 1757. dit que ce mot & ce-
lui dç Hhalc, ainli que le Hhtlo des Syria-
P H A P H E
la confervation des efpeces. Il y a une
efpece de Phalène, que Jean Bauhin
a décrite dans fon Traité des Animaux
ailés nui fibles , imprimé en François en
1593. Swammerdam a repréfenté
ce Papillon avec fa Chenille Se la Chry-
falide , & lui a donné le nom de Papil-
lon au vol rapide , Pcrnix. Voyez U
Planche XIII. fig. 6. 7. & 8. des Col-
lections Académiques , Tome V. de la
Partie étrangère , qui eft le Tome II. de
PHifloire Naturelle jéparée. Les Tei-
gnes font aulfi des elpeccs de Chenil-
les , d'où proviennent des Papillons
notlurnes. Voyez T E I G N ES.
Les Phalènes ne font pas les feuls
infectes qui volent pendant la nuit ;
l'air eft encore rempli d'une infinité
de Scarabées Se d'infectes aquatiques,
des que le foleil eft couché. Si l'on
porte une chandelle allumée dans la
campagne pendant la nuit , on en pour-
ra prendre quantité , qui feront attirés
par la lumière.
Au mot P A P I L L O N, j'ai donné,
d'après M. deRéaumur, l'hiltoire
des Papillons diurnes & des Papillons
nocturnes , & au mot CHENILLE,
une notice des Papillons qui provien-
nent de chaque efpece de Chenilles.
Pour les Chenilles Se les Papi Ions
diurnes & nocturnes auxquels les Na-
turalistes ont donné des noms particu-
liers , ils fe trouvent à leur article,
fuivant l'ordre alphabétique.
P H A T T A G E, animal des Indes,
dont parle Elien, Se qui pourroitêtre
le Cordylc. Cet Ancien marque qu'il
fe trouve dans les Indes , Se qu'il a la
figure du Crocodile terreftre. Ruysch ,
de Qiiad, p. 140.
P H E
¥ PHENEDRIOPS, oifeau
inconnu , dontparle Aristophane.
*PHÉNIX,ouPHŒNIX*.
ques, fîgnific du fable, & il n'eft nullement
certain qwt dans Job, cap. tp. le mot h'hol
veuille cirr Phjnix , quoique quelques-uns
l'aient explique de la forte.
PHI
cîfeau réel , félon Hérodote,
Aristo te & Pline. Postel,
homme favant en Hébreu , en Arabe
8c en Grec, dit que c'eft VApits que
quelques HiLr.oriv.ns de l'Antiquité
ont nommé lihyntaces. Claudien»
Ovide Se Solin ont parlé de cet
oifeau. Quoique Pline ( L. X. c. 10.)
donne la description du Phénix d'Ara-
bie, les Modernes le regardent com-
me fabuleux. B E L o n (de la Nat. des
Oifeaux , Liv. V. chu p. 35. p. 330. ) le
fait plus grand qu'une Aigle. Selon
cet Auteur , il a les plumes dorées au-
tour du col , les autres font de couleur
de pourpre ; la tête eft couverte de
belles plumes qui forment une efpece
de crête ; la queue eft blanche , mêlée
de plumes incarnates ; les yeux font
étincelans comme des étoiles. Les An-
ciens ont dit qu'il vivoit cinq cents
ans , & qu'au bout de ce temps , com-
pofnnt un bâcher de rameaux odori-
férans , il y mettait le feu parle bat-
tement de fes ailes , Se qu'il ne s'y
lailfoit coniumer que pour renaître de
fts propres cendres , c'eft-à-dire que
de les cendres fortoit un Ver qui deve-
nait un nouveau Phénix. Voilà le mer-
veilleux , ou plutôt «le fabuleux, que
les Anciens ont ajouté à l'hiftoire de
cet oifeau imaginaire qu'aucun Auteur
n'a dit avoir vu. Les Chinois , qui ont
leurs fables , comme les autres Peu-
ples , en parlent comme d'un oifeau
remarquable par la diverfité de fes cou-
leurs. Ils diient qu'on le voit toujours
feul Se rarement; Se quand on le voit,
c'eft pour l'Empire un heureux pré-
fage. Peut-être que les Chinois ont un
oifeau , auquel ils donnent le nom de
Phénix , Se qui n'eft pas le Phénix des
Anciens.
P H I
PHILIN , nom que M.Adan-
S 0 n ( Hift. des Coquillages du Séné-
gal , p. 48. ) donne à une efpece de
Coquillage univalve , qui fe voit au
Sénégal , vers l'embouchure du N iger.
H en donne la figure à la Planche III,
71. Z.
_ La coquille du Philin eft mince ,
dit-il , beaucoup moins épaiffe Se plus
longue que celle de l'Yet, première
efpece du même genre. Il en a vu dont
la longueur étoit d'un pied Se davanta-
ge Se furpalToitune fois la largeur. Son
ouverture eft plus étroite Se moins
évafée. Elle a deux fois plus de lon-
gueur que de largeur. Son échancrure
Supérieure Se l'inférieure font plus pro-
fondes. Les variétés que l'âge produit
dans fes coquilles , fui vent tout le
contraire de ce que l'Auteur a dir avoir
obiervé dans la première efpece. Les
petites font à proportion plus courtes
que les grandes , car leur longueur
n'eft pas double de leur largeur. Elles
n'ont que deux dents à la lèvre gau-
che. Leur fom met eft arrondi Se élevé ,
quoique peu Saillant au-delà de l'ex-
trémité de la coquille , Se l'intervalle
qui Sépare les fpircs eft applati Se peu
creufé. Dans les vieilles on voit trois
ou quatre dents extrêmement grandes
fur la lèvre gauche. L'intervalle des
Spires eft creufé tort obliquement. La
couleur des jeunes eft brune au dedans ,
Se c'eft couleur agathe claire au dehors.
Les grandes font par-tout de couleur
de chair. L'animal eft moins grand que
celui de la première efpece. Son pied
n'eft gueres plus long ni plus large que
la coquille. Sa couleur eft blanchâtre.
La chair de cette efpece de Philin
n'eft d'aucun uSage. Les Maures Se fer-
vent de fa coquille pour puifèr de
l'eau.
M. Adanso n range fous le nom de
Philin deux efpeces de Concha natati-
lis , dont parlent Colum n a t de
Aqùat. p. 28. & 30. Se M. Klein,
Tint. p. 8o._/p. 1 , », 1. Ce dernier nom-
me la grande efpece de Concha nkta-
tilis, ou du Nautiloides de Fabius Co-
i.umna, (Jymbium itmbilicatum.
La Cocblea Indiœ Orient a lis, ex In-
fodis P hilippinis , trecenis libris ponde
rms , de Bonanni, Rccr. p. 112,
4i$ PHI
claff. 3 , h. 2. & du Muf&um de KmKER ,
y, 449. ». 2.
Le Buccinum Ferftcum , fubfufcum ,
maximum , ângufium , claviculâ ex-
cavatâ , cwuf que marge admodkmacuta
efi , ex FnfulisFhilippinis , de L 1 s t e r,
Hift. Conchyl. Tab. 800. fig. 7.
La Cocblealonga , pyrijormis > major ,
ï/itorta , cylindroïdea , umbonata , lavis ,
de L a n g h 1 u s , Me th. p. 2 1 .
La Cochlea longa , pyriformis , intort a,
cylindroïdea , flriata firiis aliquantUlkm
un datif , umbonata , in bafi margine
acuto donata , fubalbida , lineis & ma-
culis rufis , rarïs undatim depitla , de
Gualtieri, Ind. Tab. & pag. zp.
lut. B.
Et le Cymbium mammillare , pro tur-
bine mammillam exerens , Pkïlippinum >
feu ab Infidis Philippirdf, de M. Klein,
Tenu p- 8o.Jp. z.'n. 1.
PHILOMELE, oifeau admi-
rable par fon chant, en Latin Fhilo-
mela , Lufcinia & Lufciola. Voyez au
mot ROSSIGNOL.
PHILANDRE , ou PHI-
LA N D E R , petit animal de l'A-
mérique , dont plufîeurs efpeces. Il a
■différens noms. II elï nommé Dpdelphe
par les uns; Opajjum par les autres;
Carigueia par d'autres ; Ferivoii Se
Ctrigons par les Américains, ditSEa a;
Maritacacii par P 1 s o n ; Tldqttatzin ,
Leriojarigoy , ou demi - Renard par
Hernandez; Thcpdjfum par Ges-
liEH. S e s a donne les dcfcriptîons
d'un Fhilander mâle & femelle de
l'Amérique , ainiî que les figures ,
Thef.I. Tab. 36. n. 1. & 2. de deux
autres grands Fhilanders femelles des
Indes Orientales, ibid. Tab. 38. n. 1.
& Tab. 30. n. 1. On donne dans Pille
de Tabago le nom à'OpaJfum à un
animal , qui reflemble beaucoup pour
* Cet arn'mr.1 eft nommé en Grec QÙk* ,
<3'où on ? fait le mot Latin Fhocas ; en Elpa-
^noi, Lobo marîno ; en Italien , Vecchio ma-
rina ; en Genevois Buo marîno, ou iiovema-
rsno ; en Allemand Uttr-Wolff , ou Meer-
ffttnd ; «1 Polonais , Mcrskùcicle ; en Sltét
dois , Siaelt ; en Norwégeois , Kambe ; en
P H O
la forme à nos Blaireaux , Ilnort qu'il
a les pattes droites, Cet animal a unj
penchant naturel pour l'homme , l e
fuit par- tout & paroît fe plaire à le
regarder : auffi il n'eu: pas difficile de
l'apprivoîfer. La femelle a un faux
ventre pendant, & fes petits y entrent
pour tetter. C'eft une efpece de Fhi~
lander. Voyez DIDELPHE, ov»
j'ai parlé de ces différentes efpeces.
P H O
PHOCAS*; M. LinnjeuscJTj;/?.
Nau Edit. 6. g. p. jp. 1. ) donne ce
nom au Veau marin tic À la Vache ma-
rine. Il place ces deux amphibies dans
l'ordre des Fera, Il nomme le premier,
F hoc a dentibus caninis teclis , Se l'au-
tre Fhoca dentibus caninis exertis. M.
Klein ( Dijp. Quad. p. 90. ) compo-
fe la cinquième famille de fes Quadru-
pèdes , de ceux qui font analopedcs ,
c'eit-à-dire qui ont les pieds irrégu-
liers, favoir de la Loutre, du Cajior ,
du Rojmarus , qui eftla Vache marine,
ou la Bête à la grande dent > du Fhocas ,
ou Veau marin , Se du Manati des Es-
pagnols , qui ell le Latnentin des Mes
de l'Amérique. Tous ces animaux font
amphibies, M. B r i s s o n , p. 2 29. ne
place dans le cinquième ordre de fes
Quadrupèdes, que le Fhocas ou Veau
marin , dont le caraclere eit, dit-il ,
d'avoir fix dents incîfives ù la mâchoire
fupérieure , & quatre à l'inférieure ; à
chaque pied cinq doigts onguiculés ,
joints enfemble par des membranes ;
les pieds poftérieurs tournés en arrière.
Cet animal habite plus la mer que la
terre. 11 a quatre dents canines, fem-
blables à celles des Chiens, favoir une
de chaque côté à chaque mâchoire. Le
nombre de fes dents molaires varie.
Le Fhocas a depuis le bout du
Groenlandois, Vufa ; en Dnnois , See-Hun:l ;
en Hollandois , Zée - Hundt ; en Flamand ,
Scchond ; en Anglois Sta-Calf, ou Soih. On
lui donne le nom de Chien marin au Cap de
îîonne- Lfpérance , & chez les Américains
Septentrionaux Je Fhocas cil appelle U>"Z
tnâHttt
mufeau
PHO
ïîinfeau jufqu'i l'origine de la queue ,
environ quatre pieds de long, ion
mufeau eft oblong ; fes yeux font
grands , & enfoncés profondément dans
leur orbite. Cet animal n'a point d'o-
reilles extérieurement, mais à leur pla-
ce , il y a des trous par lefquels il en-
tend. Son col eft eblong , la poitrine
large : fes jambes font tout-à-fait ca-
chées fous la peau ; il n'y a que les
pieds qui paroillent. Ceux de devant
ont quatre pouces de long , & ceux de
derrière neuf pouces : tous leurs doiges
font joints enfemble par de fortes mem-
branes , & armés d'ongles forts. Sa
queue a environ trois pouces de long ,
Se eft plate horizontalement. Tout fon
corps eft couvert de poils courts , roi-
des , d'un gris brillant , Se marqué de
quelques taches noirâtres en défais ,
Se d'un blanc fale Se jaunâtre en def-
fous : il y en a aulfi de tout-à-fait
noirs. On le trouve dans ia mer,-&
quelquefois à terre. Gesner dit que
•cet amphibie fréquente plus le rivage
que la haute mer , qu'il vient paître
& ravager les campagnes plantées d'ar-
bres. Ses jambes de derrière , ajoute-
T-il , font -fi éloignées de celles de de-
vant , qu'elles reffemblent ou à la
queue d'un poiflbn , ou aux ailes d'un
Hibou , ou aux pieds d'une Oie , ou
d'un Canard. Il a la peau dure. R o N-
D E L E T ( L. XVI. p. 3 4 1 .) parle de
deux efpeces de P hoc as , ou Veauv
marins , différens par la figure , l'un
de la Méditerranée Se l'autre de l'O-
céan , dont je parlerai ci-après.
M. Anderson, dans ion Hifloire
àt Groenland , p. 163. nomme le Pho-
cas des Anciens Chien ou Veau de mer.
Martens ( Voyages de Sphe.berg ,
Fart. IV. c. 4. n. 5. ) en a donné la
defeription; & voici comme M. A N-
u e r s o N parle de cet amphibie , fur
l'examen qu'il a fait de la peau rem-
bourrée d'un petit de ces animaux ,
quiavoit été pris dans le Détroit de
Davis. Sa tête étoit petite , & reffem-
bloit parfaitement à celle d'un Chien ,
Tome ILl.
â qui l'on a coupé les oreilles près de la
tête. Il avoit une mouftache , dont le
poil étoit long , roide , Se frifé d'une
façon lmguliere. La lèvre fupérieurc.
avançoit un peu fur l'inférieure. Les
dents étoient comme celles d'un Chien,
mais plus pointues, & plus courtes en
haut qu'en bas. Le col étoit mince Se
allongé , le corps court Se gros furie
devant , avec un eitomac fort large ,
mais fe retrécifTant bientôt, Scfe termi-
nant en pointe. Les quatre pattes étaient
fort courtes , Se reifembloient prefque
à celles d'une Oie: elles n'avoientpoint
d'os, ce n'étoitqu'un morecaude chair
couvert d'une peau velue. Celles de
devant étoient garnies de cinq ongles
longs Se noirs , qui avançaient un peu
parles pointes fur les bords de la peau.
Cet animal n'a point de jambes , Se les
pattes font fi courtes , que lorfqu'il
eft couché , la rondeur du ventre les
empêche de toucher à terre. Il s'en
fert cependant pour s'accrocher , & fe
traîner plus vite qu'on ne croiroit. Ces
pattes ne font faites que pour lui fer-
vir de rames quand ii nage. Celles de
derrière , dans l'animal décrit par M.
Anderson , étoient reculées Se la lar-
geur de leurs extrémités étoit perpendi-
culaire , comme aux queues de poiflbn.
Son poil étoit court Se roide. il avoit
fur le dos des raies Se des taches noi-
res. H étoit d'un blanc fale, Se jau-
nâtre fous le ventre. La queue n'étoit
pas plus longue que celle d'un Che-
vreuil. Cet Auteur , qui a mefuré bien
exactement les proportions de cet ani-
mal , afin de pouvoir le comparer avec
les P hoc as des autres mers , ajoute
que toute fa longueur , comprife entre
la pointe du mufeau , Se l'extrémité de
la patte de derrière , étoit de deux
pieds quatre pouces , mefure de Paris.
La tête feule avoit trois pouces un
tiers de long , Se en haut deux pouces
un tiers de large. Le col étoit long de
deux pouces Se demi. Sa grolleur ou
hauteur , prife du côté de la patte de
devant, étoit de huit pouces un fixie-
&g g
4 t8 P H O
me , 8c la largeur du dos de neuf pou-
ces. A l'endroit d'où forcent les pattes
de derrière , le corps avoit trois pou-
ces un fixieme de diamètre. La queue
étoït longue de trois pouces trois
quarts. La patte de devant avoit trois
pouces un quart de long , Se un pou-
ce 8c demi de diamètre : fa largeur
étoit en haut d'un pouce cinq douziè-
mes , Se en bas de deux pouces & un
tiers. Celle de derrière avoit quatre
pouces un quart de long ; elle étoit
large d'un peu plus d'un pouce par en
haut , Se de fix pouces un quart par en
Las. On trouve au (G dans les Mémoi-
res de l'Académie Royale des Sciences
une defeription anatomique du fho*
cas , ou Veau marin.
Ces animaux, continue l'Auteur ,
parviennent , dans le détroit de Davis ,
à la longueur de près de deux hommes.
Ils ont entre la peau Scia chair environ
quatre doigts d'épais d'une graifle qui
donne de fort bonne huile. La pêche
des Baleines n'étant plus à beaucoup
pr L s fi avantageufe qu'elle l'étoit au-
trefois , on tache de fe dédommager
Je mieux qu'on peut dans ces voyages.
Comme la peau du Phocas , nommé
Chien de mer par l'Auteur eft fort re-
cherchée , l'on équipe tous les ans quel-
ques petits bàtimens pour leur faire
la chalTe. Cesefpeccs de ChaiTeurs ma-
rins port ent le nom de Robben-Schlagers
qui veut dire Batteurs de Chiens de mer ,
pareequ'ils les furprennentfur la glace
quand ils dorment. Ils les tuent avec
de gros bâ tons , en frappant fur le nez ,
où cesanimaux font fort fenfibles , ou
ils les percent à coups de lance.
Ces animaux font d'une utilité in-
croyable aux habitans fauvages du dé-
troit de Davis. La chair leur fert de
nourriture, le fang de Médecine, la
peau d'habillement & de cordage? pour
les bateaux ; les tendons Se les iisteftlns
de vitrage , de voiles , de fil à coudre
& de ficelle à lier ; les os de toutes
fortes d'ulbeftfiles de ménape & de
ehaife. M. Anderson rapporte qu'un
P H O
Auteur ÎUuftre Se très - croyable dîî
qu'on trouve une quantité prodigieufc
de ces animaux dans le beau lac de
Baikal , de la grande Tartane : c'eft
un grand amas d'eau douce , provenant
de plufieurs rivières. Voyez les Révo-
lutions de la R'jjfie , p. 80. N'ayant
trouvé cette Relation nulle part , qui
lui paroilToit extraordinaire , il a pris
le parti , pour s'affurer de la vérité du
fait , des'adreiTerd M. Heidenreich ,,
qui avoit été envoyé par le Grand
Confeil des Mines de Péterlbourg, par
toute la Sibérie & la Tartarie , jus-
qu'aux frontières de la Chine , pour
reconnoître les nouvelles mines & pour
rétablir les anciennes de tout le pays.
Ce Savant lui confirma la vérité de la
narration , en ajoutant qu'il avoit vu
ces animaux fur le lieu même. Ils ref-
fembloient en tout à ceux de la mer
Baltique; mais ils étoient un peu plus
peiits. Le lac étant gelé, ils favoient
adroitement pratiquer ça Se là des ou-
vertures dans la glace , pour en fortir
& pour y rentrer félon leurs befoins ,
ne pouvant pas toujours vivre fous
l'eau. Les Tartares voifins de ce lac 8e
les Rumens les tiroient avec des har-
pons à trois crochets, Se ils ne fe fer-
voîent dans leur lampe que de l'huile
tirée de cette graiffe. M. Anderson
a fouvent réfléchi comment il a été
pofJjble que ces animaux & les gros
Efturgeons qu'on y trouve atuTi foienc
entrés dans ce lac , 8c il croit ne pas
trop s'éloigner de la vérité , en fuppo-
fant que les ancêtres des uns Se des
autres venant de la mer glaciale, ont
pu remonter le fleuve Denifei , 8c s'é-
tant égarés dans la rivière de Tunguf-
ke , qui fe décharge dans ce fleuve ,
ils fe font à la fin perdus dans ce lac,
fans favoirpar oùs'cn retourner ; mais
ce qui paroît furprenant à notre favanl
Naturalise , c'eft que leur poftérité
ait pu provigner Se même s'engraiiTer
dans l'eau douce, tant il cil vrai, dit-
il , que la force de l'habitude eft éton-
nante dans les animaux de toute eiper
PHD
es , Se il eft perfuadé qu'en faîfimt
fouvent des expériences en ce genre ,
on verroit des effets extraordinaires ,
$c peut-être profitables au genre hu-
main.
Denis, qui a donné la defcn'ption
des côtes de l'Amérique Septentrio-
nale, dit (Tome I. p. 64. ) , que les
jeunes Fhocas , Chiens ou Veaux de
itur font beaucoup plus gras que les
vieux , & que l'huile des premiers eft
aùffi bonne à manger & à brûler dans
les lampes que l'huile d'olive , n'ayant
aucune mauvaife odeur. Ce même
Auteur (Tome II. c. 17.) fait mention
d'une petite efpece de ce mêmepoiflon,
dont la chair fait les délices des Sauva-
ges, de même que l'huile avec la-
quelle ils s'embaument aulli les che-
veux. Comme M. Andeiison n'a
donné la defeription du Veau marin
que fur la peau rembourrée d'un jeune
de ces animaux, voici celles que fait
Rondelet du Veau maria de la Mé-
diterranée & de celui de l'Océan. On
le nomme Vedel de mar en Langue-
doc ; Zeehoont en Flandres , mot qui
lignifie Chien de mer i Vecchio marino
en Italie; Meerhitnt en Allemagne, &
Bœuf de mer à Marfeille. Cet animal ,
dit Rondelet , eft amphibie Se
vivipare. Il vient faire fes petits à ter-
re; mais il ne peut vivre long-temps
dans retourner à la mer & y prendre
fa nourriture. Son cuir eft dur Se velu :
les poils du dos font noirs Se cendrés.
Il a des taches femées çà Se là , Se les
poils du ventre blanchâtres. Il reflem-
ble fort au Veau de terre , les oreilles
exceptées. L'ouverture de fa gueule
eft moyenne : fes dents fe ferrent les
unes entre les autres : elles font poin-
tues, dures Se blanches , femblables
aux dents du Loup , ainft que la mâ-
choire de denbus : celle de deflus eft
plus large Se allez femblable à celle
du Veau de terre, dont il a auflî les
narines. A la lèvre de deffus il a des
poils blancs , noirs Se longs. Sa langue
eft large Se fendue ; fes yeux font hû-
PHO 4TC,
fans Se de diverfes couleurs. Au lieu
d'oreilles il a des trous fort petits. La
tête eft petite Se courbe , à proportion
de la grandeur du corps. Il a le col
long ; il l'allonge Se le retire quand
il veut. Sa poitrine eft large ; fes épau-
les font jointes par quatre mufcles :
elles font plus haures que celles des
Chiens Se autres bêtes , qui les ont
plus aux cotés , pareequ'ils ont la poi-
trine plus étroite ; mais le Veau marin
l'a plus large , pour mieux nager. Ses
bras font imparfaits Se courts , fes mains
faites de plufieurs os , couvertes de
peau, divifées au bout feulement , où
paroiffent quatre divifions Se cinq on-
gles. Son corps eft long Se finit par une
petite queue , femblable à celle du
Cerf. Ses pieds de derrière reffemblent
aux queues des autres poiffons , fans
aucune divifion Se fans ongles. Les
poumons , le cœur , l'eftomac , le foie ,
la rate , les boyaux , font comme ceux
des Quadrupèdes terreflres. Il n'a pas
de fiel au foie , dit A r i s t o t e ; mais
Pline ( Hifl. Nat. L. II. ) dît qu'il
y en a. Ses roignons font comme ceux
du Veau de terre , du Dauphin Se de
la Loutre. Les conduits qui fortent de
la grande veine cave Se de la grande
artère ne femblent point entrer dans
le petit creux qui eft au milieu des roi-
gnons; mais ils font épars par tous les
roignons. Les Veaux marins s'accou-
plent avec leurs femelles Se demeurent
long -temps enfemble , comme les
Chiens. Le mâle a le membre génital
long , Se les femelles ont une fente
comme les Raies. Elles alaitent leurs
petits Se en font un , deux ou trois
au plus. Elles viennent les mettre bas
à terre. Ils y reftent environ douze
jours. La mere les mené enfuite à la
nier, pour les accoutumer peu-à-p:u
à nager. Le Veau marin vient dormir
fur terre. Il ronfle fi haut , qu'il fait
un bruit pareil à celui du Veau ter-
reftre quand il beugle. Il dort quelque-
fois hors de l'eau au foieil fur la grève ,
ou fur quelque roc , pour refpirer plus
4^0
f H O
librement. Il dort le jour comme la nuit.
Ce poitTon a beaucoup de chair Se de
graille, des os cartilagineux, une peau
dure Se épailTe. 11 fe bat avec les autres
poiflons Sa chair eft molle Se grade ,
& elle fe fond entre les mains quand
on l ? y tient long-temps.
Le Verni marin de l'Océan eft plus
gTOS de corps Se plus ramaffé que le
précédent 11 beugle comme ie Veau
terreftre. Il a la langue fendue.les dents
ferrées les unes entre les autres ; les
pieds de derrière femblables aux que ues
des poiflTons; la queue petite; la peau, le
po : i , les pieds de devant comme le pré-
cédent, mais ceux-ci plus fendus Scies
yeux plus ronds. Les parties intérieu-
res Se la manière de vivre de ce poifïbn
font les mêmes que celles du pre-
mier.
La mer de Ferrol , dit Lucas-
Jacob Debes, fournit des Phocas
gros d-peu-près comme des Bœufs.
Ils ont leurs retraites dans les creux 3c
les cavernes des rochers : c'eft-là qu'ils
font leurs petits. On peut avec de pe-
tites barques entrer dans ces antres
étroits , pour furprendre Se tuer ces
animaux. Les vieux efquîvent le coup
de tnafltte 8c échappent fouvent aux
Pêcheurs ; mais pour peu qu'on les
frappe fur la tête , ils tombent Se pré-
fentent la gorge au couteau. On en
égorge quelquefois de cette manière
jufqu'à cinquante dans un jour. Le cuir
fèrt a faire des louliers. La chair , dit
l'Auteur, eft bonne à manger. Il faut,
pour donner la chafte à ces animaux y
être armé de perches , de gros bâtons
Se de torches allumées de la grolTeur
du bras , qu'on a foin d'élever au-delTits
de la tête , pour qu'elles ne s'éteignent
point dans ces antres humides Se obf
curs. Les jeunes ne fe défiant de rien ,
ne font pas difficiles à tuer. R e d i rap-
porte que le Grand Duc de Tofcane
hii envoya un Phocas , qui vécut quatre
* On donne i es Coquillage différentes
fortesde noms On l'appelle PitMit en Nor-
joiandie ; Doit en Poitou , air.fi que dans le
P H O
femaînes hors de l'eau fans manger , &
qui fans doute auroit pu vivre plus
long- temps ; mais on le tua pour le
diiléquer.
Les Naturalises qui ont écrit furie Phocas 9
ou Veau marin, font R.\Y, Synop. Çkmd.p.
Al DUO VA N D t , Ptfc. f. lll.) O N S T O N,
Pifc. p. t$6. Ges» er. , Pifc. p. 830. Chak-
1 etok , Extrait, Pifc. p. 48. w. 6. Btio»,
de Aquat. p. 19. le Voyage de la Baye d'Hud-
fon , Tome B. fig. & p. 14. Kolbi, , Tome 1IJ.
p. 1 iS.Hifl. d' IJlande & de Groenland , Tome 17»
p. iéf. M. KlElHi iyïfp. Çtiad. p. 93. & les
Mémoires de l'Académie des Sciences, lomelll.
Part. I. p. 1 89. |
PHOCENE, du Grec
en Latin Phoc&na , nom d'un poiffon
cétacée , dont les Anciens ont parlé ;
c'eft ce que nous nommons MdTÛuin.
Vovez MARSOUIN.
PHŒNICOPTERE, oifeau
célèbre parmi les Anciens , connu par-
mi nous fous les noms de Bêchant , de
Flamand , ou de Flambant. Voyez ces
mots. On lit dans le Dictionnaire de
Trévoux, qu'un habile Fauconnier,
Auteur Allemand , fait mention d'un
autre Phœnkoptcre dans un Traité qu'il
a fait des oifeaux. Il dit que fur la mer
Méditerranée il fe rencontre un oileau
appelle Flamand , ou Flambant , par
ceux qui habitent les côtes de cette
mer. Ces oifeaux volent en troupes le
long des côtes de la mer ; ils font de
la taille d'une Cigogne , ou un peu
plus grands Leur bec eft un peu plus
long que celui d'une Cigogne , Se il
eft rouge comme du fing , gros par
delTus , Se raboteux à caufe de fes iné-
galités. Leurs jambes font rouges, Se
atlffi hautes pour le moins que celles
des Cigognes. Ils font de couleur rou-
geàtre par le devant, favoir par le col 5
la poitrine , le ventre Se les ailes. Ils fe
nourri (Te nr depoi!lbn,& leur chair n'clï
pas mauvaife,
* P H (1?, N I X , oifeau fabuleux.
Vovez PHÉNIX.
PHOLADE*, Coquillage mut-
pays d'Aunis ; Dattes à Toulon , &' Piddochs,-
On lui donne le nom de Phobie en Angle-
terre & à P.urs».
P H O
iïvaïve , dont j'ai déjà parlé ail mot
D A I L C Tome II. p. z, de ce Diction-
naire ) ; mais fur lequel je n'aî pas en-
îré dans un afTez grand détail, Le mot
Pholas vient du Grec , Se veut dire une
chofe cachée Se renfermée , tes occulta ,
tes .dbfcondïta , pareeque le poiffon
nommé Mcntula Monachi , qui loge
dans cette coquille ,fe forme dans les
trous des pierres fpongieufes de la na-
ture de celles de Ponce , de Banche ,
de Marne , ou bien dans la glaife , &
s'y cache entièrement. Rond eiet
( de Teflaceis , L. I, p. 49. ) dit : In Sa-
xorum cavernis , vi wi naturâ faclis ,
aqtta marins: appulj'n procreantur , ai-
q.te in concham vertuntur, qug cavitatis »
Jeu foraminis figuram J'ervat. Etl-il
croyable , dit l'Auteur de la Conchy-
liologie ( Part. I. p. 31 9. É dit. 1757.),
que ce poilTon entre fi petit dans lus
pores de ces pierres , ou qu'il renferme
une liqueur capable de les corroder ,
Se qu'enfin il emprunte l'humeur ni-
treufe de la mer pour groffir Sc-devenir
Capable de grolfir fa figure ? C'elï ce
qui fe remarque facilement en rom-
pant ces pierres en deux » & en dé-
tachant le Coquillage de la pierre. Il
fe trouve ordinairement plufieurs Pho-
lades dans un même trou , quelque-
fois jufqu'à vingt. 11 y a beaucoup de
Fbolades en Angleterre Se en plufieurs
Ports de France. On prétend que la
Pho'ade étant parvenue à un certain
point fe transforme en Chenille , &
enfuite en humeur pour fortir de fon
trou. Ce ne pourroit être qu'à la lon-
gue , car l'ufage eftde tirer ces pierres
cie la mer , de les caffer en morceaux
Se d'en tirer le poifibu , qui eft excel-
lent à manger. Il fert encore d'hame-
çon pour en prendre d'autres.
Ecoutons ce que l'Auteur de la.
Conchyliologie dit de ce Coquillage ,
qu'il a examiné , tant fur le Port de
Toulon, que fur celui d'Ancône.
» Après avoir catfé moi-même les
-«pierres dures ,qui les renfermoient ,
«pour pouvoir les manger , je n'y ai
» trouvé que deux valves que j'ai rap-
» portées depuis à Paris. J'ai confuïtê
» les divers Auteurs qui en ont parlé ,
3> fur ce que quelques Phyfickns vou-
sïloient foutenïr que les pierres de-
« Toulon & d'Ancône ne renfermoient
»que des Moules ou des Huîtres , Se
» nullement des Pholades. Aidro-
H 1 O L e fur Dl OS-
«coride, Gassendi , Blondel ,
« Bouche , Piganiol* Se un de nos
«Modernes ( M. Astkuc), qui en
■ ont parlé , ne difent point que le
» poilTon que l'on mange à Toulon &
» à Ancône foit une Moule ou une
« Huître , mais qu'il a le même goût,
efl: même plus excellent que 1&
» Coutelier & l'Huître ; c'eft le fenti-
« ment commun des habitans du pays~
» C'eft ce qui a pu faire confondre ces
n animaux. «
=> Les Moules , les Peignes , les
m Glands de mer, 5c les Huîtres ne
» font point renfermés dans des pierres ;
*> rien n'eft fi certain : ils font feule-
* ment adhérens à des rochers Se à
« d'autres corps. 11 eft vrai que les
» Tellines , Se les Couteliers fetrou-
» vent couchés dans la vafe , Se que
« la Pholade ordinaire à fix pièces efl:
» renfermée dansla pierre de Banche ;
« mais les Pholades ou Dattes de Tou-
» Ion &: d'Ancône , font véritablement
» encadrées dans des pierres dures
« Se en habitent l'intérieur , n'ayant ,
» par le moyen d'un petit canal, que
» très-peu de communication avecl'eau-
de la mer. Il arrive quelquefois que-
» les Huîtres fe trouvent fourrées dans
» des trous de rochers fous l'eau ; mais
» ces trous font naturels Se n'ontpoinc
» été formés par les Huîtres. «
Au furplus aucun de ces Auteurs
n'a détaillé la Pholade , ni décrit le
m nombre de fes valves : mais les fi-
ai gures des poiffons , les Banches qui
» les enferment , 5c que je polfede ,
» dénotent les caractères des Daîlrou
» Pholades de la Rochelle ,. du Poi—
o» tou , d'Angleterre , Se. de l'Améri-
42 a
F H O
« que , qui ont fix pièces. Les Dattes
t> de Toulon Se d'Ancône au contraire
» n'en ont que deux » Se ne reflemblent
•> nullement aux Huîtres , aux Pei-
.> gnes , ni aux autres animaux ci-
» tés ci-deflus. Il y a donc furement
« deux genres de Pholadcs , l'une à
» fix valves , & l'autre à deux , fans
D> vouloir les confondre avecl'Huître
»8e le Manche de Couteau, dont le
» goût peut en approcher ; mais dont
=> la différence eft très-confidérable pour
» la figure Se pour les coutumes ( mo-
« tes /'telles qu'ont les Pholades de fe
creufer elles-mêmes un trou dans
« la pierre, 8c de ne prendre de l'eau
s> que par un très-petit canal. «
» On apporte de l'Amérique des
» Pholades toutes blanches qui ontfept
» à huit pouces de long , grofles à
=> proportion , Se qui ont toutes fix
j> valves. Le caractère générique des
» Pholades de Toulon Se d'Anccne fe
ai tire de leurs coquilles en forme d'un
» cylindre , fermant exactement dans
; > les deux extrémités , Se rond dans
« toute fon étendue ; aulieuquel'Huî-
s> tre& la Moule ont leurs corps dans
sj leurs coquilles de forme plate. «
La Planche XXVI. terne H. de' la
Conchyliologie, repréfente une Pholade ,
que l'on trouve fur nos côtes fous le
nom de Puaui ou Daii , vuide de fon
jpohTon , tournée fur le dos , afin de
faire mieux voir fes valves : elle en a
fix rayées comme des limes , Se de cou-
leur grisâtre , Se fa forme eft longue.
Les quatre petites valves font deffi-
nées feparément à la lettre /. Quand
elles font jointes aux deux longues
pièces qui renferment l'animal , elles
compofent les fix valves du Coquil-
lage. La confiftance de ces quatre
dernières pièces eft fi fragile & fi mince
qu'il eft rare de les trouver avec ce
teftacée , lorfqu'on le tire de fa pierre :
elles fe détachent aiiément , Se relient
■au fond du trou. On voit à la lettre
JC, delà même Planche , l'autre genre
,de Fkoladei à deux valves , qui ap-
V H O
proche delà figure d'une Moule , mais
qui eft une vraie Pholade venant du
Port d'Ancône en Italie , Si l'on en
trouve de pareilles en Provence.
La Pholade d'ÉcoJje , au rapport de
Lister, eft allez grande , & n'a
que cinq pièces , pareeque la fixieme
lui a échappé , dit l'Auteur de la Con^
cbyliolcgie , qui , à la Flanche VU.
de la féconde Partie de cet Ouvrage ,
lett. Q. a fait figurer une Pholade de
la Rochelle , qui eft de l'efpece de
celles qui ont fix valves. Il fort du
milieu de fes écailles une grande trom-
pe , ou long tuyau , épais & partagé
en deux cloiibns inégales , dont un trou
fert à la Pholade à vuider fes excré-
mens , l'autre 1 refpirer Se à prendre
de la nourriture. Son ovaire Se les par-
ties de la génération font logés fous
ce tuyau. Quand la Pholade a pris
trop d'eau , elle la rejette avec vio-
lence. A mefure que cet animal croît ,
il creufe fon trou avec une partie
ronde Se charnue , telle qu'une langue ;
& ce n'eft nullement avec fes deux
valves , ni avec fes dents qu'il fait cette
opération. Le Coquillage R. de la
même Planche VII. de l'Ouvrage ci-
defïïis cité , eft l'animal logé dans fa
coquille , compofée de fix pièces , at-
tachées ms-fortement par différens li-
gamens, dont quatre font appliquées au
dos de la coquille , Se les deux plus
grandes cachent la Pholade Se la ren-
ferment. Ces pièces font échancrées au
pourtour , font irrégulicrcs dans leur
forme, Se font couvertes d'afpérités:
toutes fe perpétuent par leur humeur
glaireufe ; Se le Dail enveloppé des
eaux de la mer , fe nourrit Se forme
fa demeure fans la creufer lui-même,
félon l'opinion commune : fa coquille
eft armée dans fon extrémité de deux
pointes fortes Se tranchantes en forme
de tarrîere , dont les contours dente-
lés lu! donnent le moyen , en tournant
fur elle-même , de percer la pierre dans
la profondeur. Les ftries Se les dents
font le refte. La Pholade n'a point
PHO
â'opêrtule. Enfin le fécond getife de
Fhola.de , qui eft celle de Toulon
Se d'Ancône marquée S. de la même
Flanche, a la coquille toute différente,
n'étant qu'un canal , ou un cylindre ,
compofé de deux valves égales dans
fes extrémités , Se fermant exactement
avec une charnière , au-lieu que la
première Pholade eft inégale dans fa
longueur , entr'ouverte dans les deux
extrémités de fes écailles , & elle eft ,
comme on l'a dit , compofée de fix
pièces , dont les écailles font faites en
limes douces. Celles que l'Auteur a
fait figurer font d'un rouge noirâtre ,
& d'un aflez beau poli.
PHOLIDOTE : C'eft le fé-
cond genre de Quadrupèdes de M.
B R ISS o-N, dont le caractère eft de
n'avoir point de dents , Se d'avoir le
corps couvert d'écaillés : il en donne
deux efpeces. La première qu'il nom-
me FhoLidotus pedibus anticis & pof-
ticis pent adadylis ,fquamisj ubrotundis,
eft le Munis mambus pentadadylis ,
pahnis pentadadylis , de M. LiNN/ïUS
( Syft. Nat. Kdit. 6. g. 1 6. (pec. i. ) ;
le Diabolus Tajoracinus , de S e b a
( Thcf. L p. 88. ). La féconde efpece
qu'il nomme Fhoiidotus pedibus anti-
cis , & poflïcis tetradadylis , fquamis
mucromitis , caitdâ longifllmâ , eft le
Léza?d des Indes Orientales. Voyez
LÉZARD ECAILLÈUX.
PHOLIS: Aristote { Hifl.
Anim. L. IX. c. 37.) donne ce nom
à un poiifon de mer , qu'on nomme
Baveitfe à Amibe, dit Gesnek {de
Aqiiat. p. 840. }; il eft fans écailles.
Voyez BAVEUSE.
PHORCUS : Pline ( Hifl.
Nat. L. XXXll. ch. dernier ) donne
ce nom à un poiflbn. Il fe peut faire
qu'il ait compté le Phorcus , qui eft un
Dieu marin, parmi les poiflbns , & qu'il
ait cru que c'eft un poiflbn comme
ies Tritons Se les Néréides , dont on
a fait des Dieux marins. ï horcus vient
du Grec ^ép^ç , qui étoit le fils de
ptune Se de laDéefle Thorsa , dît
PHO P H R 4Î?
être auffi que pour Phorcus , il faut
lire Urcus. Porci font des poiflbns de
mer. Voyez au mot PORC MA
RI N. A "
PHOXlNUS.CemoteftGrec,.
Se les Latins l'ont retenu. C'eft , fé-
lon Aristote, un poiflbn de ri-
vière , lequel , dit Rondelet
(Pan. II. c. 25. p. 140. Êdit. Franc-.),
3. des œufs des qu'il eft né , ce qui lui
fair croire qu'ils font rous femelles.
Il n'y a d'autres marques pour le con-
noître que celle que rapporte Aris-
tote ( Hifl. Anim. L. VI. c. 3 . & 14. ),
qui eft que le Phoxinus , comme plu-
fieurs autres petits poiflbns eft toujours
plein d'eeufs. Rondelet a trou-
vé la même chofe dans un petit poiflbn
qu'on nomme Roflere en Picardie. Il
y a une autre efpece de Phoxinus que
le même Auteur nomme Veron. Ces
poiflbns font mis par Arted i dans
l'ordre des poiflbns à nageoires molles ,
inter Fifces malacopterygios , Se du genre
des Carpes , ex gencre Cyprinorum.
Voyez aux mots ROSIERE &
VERON.
P H R
P H R Y G A N E A , nom généri-
que que M. L 1 n n m u s ( Fauna Suec.
p. 223.) donne à plufieurs efpeces
de Moirches aquatiques.
Il nomme la première ( ibid. n. 73 7. )
Phryganea nigra , alis albidis ,flriatis,
albo maculatis. 11 en eft parlé dans
les Ades d'Upfal , 1736. p. 27. n. 4.
fous le nom A' Hemerobhis alis albis
corpore atro , amenais brevijjimis. Cette
Mouche eft à quatre ailes , & de la
grandeur de la Mouche Scorpion,,
nommée Panorpa par M. Linn^us,
On en trouve du côté d'Upfal dans
les chemins bourbeux ; fes ailes font
plus longues que fbn corps , pointues , .
blanches , & ftriées de veines brunes.
La féconde , qui fe trouve dans les
mêmes endroits que la précédente , eft
nommée dans les Ades d'Upfal (1730',.
4 ;4 P H R
p . 27. «. 2. ) , Hcmerobiiis alis tcfla-
ceis, veuofo-Jrnaiis,antenms longititUine
alarum. M. L 1 n n * u s ( p. 2 24. ».
73a. ) qui croie que c'eit peutètre une
des eipeces de DesapjieJUes d'Ai.DRO-
Vande (JnJ.p. 76^.) , Peïlarumjvrtè
/petits,, l'appelle Phryganea alis tejla-
ais , nervejo-jiriatis, antermis aniroxjum
porreelis.
La troifieme , qui eft d'une moyenne
grandeur , 6c qui habite fur les eaux ,
eft nommée par M.LiNNiUb {Fauna
Suecn. 7 39O > Phryganea grijea ,aiis
jupmonbus nebulojts , macmci margi-
nal! nigr a.
La quatrième fe trouve en Scanie ,
Province de Suéde , & eft nommée
( ibid. n. 740. ) , Ihrjganea aiis ci-
ncuu-tefiaccis , iineolis duabus lo/.gi-
titdirutwus aigris, albo pun-. io.
La cinquième eft pareillement une
Mouche aquatique , Se nommée ( ».
741. ) I hryganea alis defiexo-compref-
Jîs , fiavefcentibuSf macula rbornbea ta-
rerait aibâ.
La fixieme ( n. 742. ) , Phryganea.
alis fitjas 3 macula dupiici laurali
fiavà.
La feptitme , qui te tient tranquille
fur les eaux (». 743. ) , Phryganea alis
jiticulaiis, camlà intrmi, tboracis mai—
ginibus flav/s.
La huitième , eft nommée dans les
Actes d'Uval ( *73^-;P* 2 7> f
J-îtmerobiiis caudabipili , alis cinereis ,
-vuîojo-relicuiaiis. C'cft une grande
Mouche aquatique qui paroît pendant
l'été ; Mujca aquatiiis djtiva major ,
dit W A G N E L { Heiv. p. 2 2 7. 228.
Cr 229. ). M. L 1 n n a u s ( Fauna
$Mèe. p. 2 2.5. n. 744. ) la nomme Phry-
ganja alu veno{o-ruiculatis caudâ bi-
Jttlâ, Cette Mouche aquatique fc trou-
ve fur-tcut dans la Laponie.
La neuvième , eft une petite Mou-
che à quatre ailes , dont les antennes,
dit R aï( bij. p. 275.)» font les plus
longues qu'il ait vues , eu égard à la
longueur de fon corps. Mujca parva
msaâripenny > animais omnium %uas un-
P H R P H Y
qitam vidi , pro corporis magnîtuàine,
tongijjïmis. Elle eft nommée dans les
Anes d'Upfal ( 1736. p. 27. ) » Hem e -
robius alu c.trulco-nigris , anunnis cor-
pore longioribus i Se par M. LiNN/Eus
( n. 745. ) , phryganea alis caruleo-
atris , anicunis corpore duplo longiori-
bus. Cette Mouche voltige parmi les
rofeaux, & dans les temps nébuleux
on en voie fur le foir des eilaims fau-
ter en l'air.
Le Naturalifte Suédois nomme la
dixième ( ». 746.) > Phryganea alis
fuperioribus mvuiojis , animais corpore
tripla longioribus. Cette Mouche fe
trouve proche Daegorea , dit l'Auteur,
furie rivage de Lomare en Roflagie ,
Province de Suéde.
L'onzième fe trouve dans un can-
ton nommé Fulleroen : elle eft très-
petite. Ce Naturaliste la nomme ( n.
747. ) l hryga/ieajaltatrix , antennis
lon< 6 itudine corporis , macula viriai al-
biîqtte alarum.
La douzième eft une Mouche qui
fe trouve par-tout au commencement
du printemps. M. Linn/f.us (», 748.)
la nomme Vhrygama nigra , alis in-
cumbentibus fubcinereo-nebulojîs, caudâ
feiis trunçatis.
Il nomme la dernière ( n. 749. ) ,
Phryganea fuj'ca immaculata. On en
trouve dans un lieu de la Suéde qu'il
nomme Fahlun, proche Stcemshxga.
P H R Y G A M O N , efpece d'a-
nimal qui guérit de la fièvre quarte ,
Lion Pline, Hift. Nat. L. XXX.
^PHRYGIENNES: Charle-
ton ( Rxerch. ) donne ce nom d des
Mouches qui doivent leur naiflance à
un Ver qu'on voit en Phrygie.
P H Y
P H YC I S , du Grec tiwfc , que
Gaza a rendu par Phuca , paillon
faxatile. C'eft la Mole de Ronde-
lft. Voyez MOLE.
11 y a un autre poiiTon , dit Ges-
n e r , qu'on nomme Roqutau à Mar-
seille ;
P H Y P I A
Jëîlle ; Lambcna , à Venife ; Lagiono , à
Gênes ; Merlino , à Rome. Voyez IlO-
QUEAU
PHYSALUS.du Grec «fW«fe
c'eft le Fh)fmr des Latins , poiflbn
cétacée , efpece de Baleine , que nous
nommons Souffleur en François. Voyez
SOUFFLEUR.
Mais fur le rapport d'É lien,
GeSN E R (de Aquat. p. 850. ) dit
qu'il y a un rhyfalus de la mer Rouge ,
poiflbn, qui n'a ni bouche , ni ouies.
Kondeiet( L. XV. c. 0. p. 329.
Ëdit. Franc. ) en parle aufll. Quand
on manie ce poiflbn , il s'enfle ; fi on
le jette dans la mer il nage fur l'eau
comme une veille pleine d'air, 11 eft
venimeux. Ce dernier Auteur en don-
ne la figure , & il n'ofe pas aflurer que
ce foit celui dont parle Élîe n. Si
ce n'eft pas le même, ajoûte-t-il , il
lui eft fort femblable. Il eft fans yeux
& fans tête • il eft large par le milieu ,
menu Se courbé par les deux bouts ;
il eft ride deflus le corps , Se fendu
comme la partie naturelle de lafemme.
Il a fur le dos des efpeces de verrues,
où il y a. du poil. C'eft la grofTe Sco-
lopendre de mer de Swammerdam.
Voyez SCOLOPENDREDE
M È R.
On appelle ce poiflbn en Norman-
die Taupe de mer.
P H Y S ET E R E , du Latin Phy-
feter j c'eft le même que le (J-'ur^û? d'E-
I-ien , poiflbn cétacée , qui , com-
me on vient de le dire , eft le Souf-
fleur.
P I A
P I A B A , poiflbn du Bréfil , dont
parle M A R c Grave, de la gran-
deur du Veron , long de deux ou trois
doigts Se un peu plus : il eft couvert
d'écaillés. lia l'iris de couleur d'or,
le âos Se le ventre tachetés des cou-
leurs dorée.argentée, verte Se Indienne.
A chaque côté des ouies , il a une ta-
che ronde de couleur d'Indienne, &
après cette tache ce poiflbn en a une
Tome 111.
PI A PIC r 42 j
autre faite en croifTant. On le pêche
dans les rivières , djfent R a y , Synop,
Meth.Av. p. ixtf. w . 41. & Ruysch ,
de Pifi. p. 1 34.
P1ABUCU, autre petit poiflbn
du Bréfil , félon Marc Grave , qui
a fix doigts de long & un doigt & de-
mi de large: il eft un peu gros parle
ventre. L'iris eft de couleur d'argent,
&: au-deflus il y a un peu de rouge -
la queue eft fourchue ; les écailles font
de couleur d'argent. Il a une ligne
large d'un blanc obfcur , partagée de
chaque côté par le milieu, au-deflus
de laquelle il a le dos couleur d'olive
Se d'un verd hyacinte luifant. Ses na-
geoires font blanches. C'eft aînfi qu'en
parlent Ray, Synop. Me th. Pijb. p. Si.
n. 6. Se Ruy s c h , de Pifciè/p. 134.
P I C
PIC, genre d'oifeauyt que M. LiN-
njeus ( Fauna Suec. p. i2>.) range par-
mi les Aves Pica. M. Klein ( Ord.
Av. p. 26.) en fait le fécond genre de
la troifieme famille de fes oifeaux , qui
font Tttradactyks , c'eft-à-dire , qui
ont les pieds garnis de deux doigts
devant Se de deux derrière : Tetradac-
tyli , digïtis diwbus anticis , totidtm
pofticïs. M. L 1 n t n /e v S parle du
grand Pic , qu'on ne voit point en
France , du Pic verdi du Pic Mars,
du petit Pic Mars , Se du plus petit
Pic Mars. Pour M.Klein, il donne
jufqu'à dix-fept efpeces de Pics , dont
à la vérité le plus grand nombre eft
étranger. Le caractère de ce genre
d'oîfeaux, eft d'avoir de forts mufeies
aux cuifles , des pieds folides , fournis ,
comme on l'a dit , de deux doigts de-
vant Se de deux derrière , qui font
armés d'ongles crochus Se pointus , qui
leur fervent à monter le long des "ar-
bres. Ces oileaux ne font leur nour-
riture que d'infectes , fur-tout d'une
efpece de Chenille nommée CoJJiis : ils
font des trous dans les arbres avec
leur bec , qui eft fort , droit , Se un
peu fait en angle. C'eft dans ces trous
Hhh
AlS PIC
d'arbres qu'ils ont faits, ou qu'ils trou-
vent tout faits.* que ces oifeauxfe re-
tirent. La Nature leur a donné une lan-
gue très-longue , munie au bout d'un
aiguillon offeux & dentelé , qui leur
fert à fe faï/ïr de cette belle Se grande
Chenille de Saule , nommée Cojjus ,
ainiî que de divers autres infett.es.
Grand PIC NOIR, commun eu
Pologne , nommé en Latin Ficus ni-
ger maximus noflras , dit M. Klein
( p. 2 5.). C'eft le Fyrrhocorax de Ges-
NER & d'ALDRO VANDE ; \c FicusCor-
nicinus d'AGRicoLA ; la Cornix Jylva-
tic\i de SchwenCkfeld , Se le Grim-
pertau noir d'Ara in : fuivant l'âge
qu'il a » il a plus ou moins de rouge à
l'occiput. La femelle eft toute noire.
On ne voit point en France cet ol-
feau : il eft nommé par M. LtNNjEOS
( ibhL n. 79. ) , Ficus niger , verticc coc-
Cima. Son plumage eft tout noir. De-
puis Sa bafe du bec jufques derrière la
tête il a une longue tache de la cou-
leur de pourpre. Son bec Se fes pieds
font d'un bleu tirant fur le cendré.
Les Anglois le nomment the Great-
Black Woodpecker, Se les Suédois Spillkr
paoka. G e S N E R ( Av . p. 708.) , Al-
drovande (Ornith. L. XII. c. 31.),
WillughbïC Or/iich. p. 9 2 . r . 21.),
R a y C Synop. Meth. Av. p. 42. n. 1 . ) ,
parlent de cet oifeau fous le nom de
Ficus maximus niger. Il eft facile à
diftinguer des autres olfeaux de ce
genre. Voyez GRIMPEREAU
N O 1 R.
PIC VER D * : Il eft nommé
par M. Lin n m us (n. 80. ) , Se par
Albin ( Tome L n. 18.), Ficus vi-
ridis , vertice ccccineo. C'eft le Ficus
viridis de G e s n e r C Av. p. 7 10. ) ,
* Cet oifeau eff nommé en Grec Ks^.nî ,
ou AfuxÔÀarTKS 3 - en Italien, Vice verde ; en
Allemand , Gruenfpecalu ; en Anglois, IVood-
/>; Aer; en Suédois W edkmars, ou Groenfpik.
Importe en Françôis les noms de Pic- Mare ,
Pimard , ou Pieitmart , c'eft-à-dire , Pic de
Mar.s, pareequ'ii étoit confacré à ce Dieu.
On l'appeile en Poitou Ficofenu ; en Péri-
gord j Picotât ; en Picardie , lsec$uebo ; en
P I C
d'A ldrovandeC Ornhh. L. XTî.
c. 34. ) , de? illuGhbï( Ornith,
p. 03. t. 2 1. ). Il eft encore nommé en
Latin Ficus Marùus major , Ficus ar-
borarius & arborum cavator , Se en
François on l'appelle Fie Mars , ou
Pic verd tirant fur le jaune. Cet oi,
feau eft facile à diftinguer des autres
de fon eipece , tant par û. grandeur
que par fa couleur verte.
Voici la defeription de cet o'feau
comme on la lit dans la Nouvelle Hilloi-
re des Oifeaux , gravée par Albin.
Cet oifeau a quatorze pouces Se
demi de longueur , depuis la pointe du
bec juiqu'à l'extrémité de la queue;
les ailes déployées ont vingt pouces
Se demi de largeur : fon bec eft long,
noir , dur , fort , Se triangulaire , Se fe
termine en un point émouflé, ou ob-
tus. Un cercle rougeâtre environne la
prunelle de l'œil fans aucune fépara-
tion : le refte de l'iris efl; blanc. Sa
langue étendue a fix pouces de lon-
gueur Se fe termine en une fubftance
ou matière dure , pointue Se o!Tcufe;
le delfous en eft inégale , ce nui lui
fert à prendre les infectes de3 troncs
des arbres. Il fait fa principale nour-
riture de Fourmis. Il a le haut de la
tête cramoifi Se tacheté de noir , &
les yeux entourés de la même cou-
leur. Il fe trouve fous ce noir de cha-
que côté une autre tache rouge qui
eft particulière au mâle. La gorge ,
la poitrine Se le ventre , font d'un
verd pâle ; le dos , le col , Se le moin-
dre rang des plumes couvertes des
ailes font verds : le croupion eft d'un
jaune pâle , ou de couleur de paille.
Les plumes au-deflbus de la queue
font traverfées de lignes fombres ta-
Nortnandie Efpec , ou Vlett-Phu. Ray dit que
c'etoit le Plttvût Avis des Anciens, on Yoi-
featt de finie , & que les Anglois le nomment
atiffi Ratn-foiél dans le même fens , parce-
qu'on croit qu'il annonce de la pluie , lorf-
qu'il crie plus fort & plus fre uemment que
de coutu-ne ; cYft pour cette raifon qu'en
Sologne & dans l'Oiléanois les gens de la
campagne l'appellent l'Avocat des Meuniers*'
P I c
chéries de blanc. Les textures intérieu-
res font de la même couleur que celles
Jes plumes précédentes. Le plumage
qui couvre les longues plumes de def-
fous , à leur racine , elt d'un verd pâle
avec des lignes fombres qui traver-
sent. Les plumes de la queue font
au nombre de dix : elles font roides
Se elles fe courbent en dedans. Ces
plumes femblent être fourchues , par-
ceque les dards ne s'étendent pas à
l'extrémité de la texture : les deux plu-
mes du milieu font les plus longues:
leurs pointes font noires , autrement
elles font marquées de barres qui les
traversent en deffus , Se qui font d'un
-verd fombre & alternativement ran-
gées. Les moindres plumes , ou celles
qui font les plus avancées en dehors
ont leurs pointes vertes , Se leurs ex-
trémités noires. Les pattes Se les doigts
font de couleur de plomb , tirant fur
le verd ; les ferres font brunes ; les
doigts font rangés , comme ils le font
dans les autres oifeaux de cette efpece ,
c'eft-à-dire deux en ayant, Se deux
en arrière. Les os les plus bas des
doigts de devant font liés enfemble.
Cet oifeau fe met quelquefois à terre
près des fourmillieres , où il cherche
fa nourriture. Aux plumes de la queue
de cet oifeau , de même qu'à celles des
autres Grimpereaux , les pointes des
dards paroiflent être brifées , ou ufées >
pareequ'ils s'appuyent en grimpant.
Les oifeaux de cette efpece pondent
cinq ou fix œufs à la fois , Se on a
trouvé fix petits enfemble.
La chair du Pic verd n'ef:pas bonne ;
cependant , dit B e L o N , les payfans ,
en lui coupant la tête , ne laiifent pas
d'en manger : ils en font de même à
l'égard de tous les autres oifeaux qui
montent furies arbres.
Mais entrons dans un plus long dé-
tail fur cet oifeau. Le Pic verd mâle
a le tefticule droit rond , le gauche
oblong Se prefque contourné en cercle ,
Se afin qu'on ne penfè pas que ceci
foit arrivé par hafard , Willughby
PIC 417
dît 1» avoir obfervé dans trois différens
oifeaux: il n'a nulle apparence d'ap-
pendices cœcalcs ; mais à leur place
l'inteftin fe dilate dans cet endroit-là.
Cet oifeau mange des Fourmis , des
œufs de Fourmis, des Chenilles, 8c
des Artifons , ou Vers de bois : il fe
pofe plus fouvent à terre que les au-
tres Pics , pour y chercher fa nourri-
ture Sa langue, qui eft ronde , finit
en épine ofTeufe, roide , dentelée des
deux côtés, avec laquelle , comme avec
un dard, il perce en tirant la langue
les Fourmis Se les autres infectes dont
il fe nourrit : or il tire la langue à
l'aide de deux cartilages ronds , qui ,
étant attachés à l'épine que nous ve-
nons de décrire, fe portent par le mi-
lieu de la langue , puis font le tour
des oreilles , enfuite fe réfléchiifent en
arrière vers le femmet de la tète où
ils courent parallèlement enfemble le
long de la future fagittale ; de-là ils
fe détournent un peu à droite , 8c
panent enfuite par deffus l'orbite
de L'œil droit ; Se enfin s'étant glilTés
au côté droit du bec par un trou creu-
fé pour cet effet, s'y terminent, Se l'on
ne fauroit les en tirer qu'en leur fai-
fant violence. Ils font attachés par un
certain ligament au fommet de la tête.
L3 chair , ou la fubftance mufculeufe
de la langue entoure de toutes parts
ces mêmes cartilages ; elle les con-
tient comme un fourreau , 8c "elle eft
faite de manière qu'elle peut s'étendre
Se fe contracter comme un Ver de
terre ; déplus ,1a partie des cartilages,
qui s'étend depuis le derrière de la
tête jufqu'à la pointe du bec é-ft cou-
verte d'une chair femblable , qui peut
de même fe contracter 8; s'étendre :
or cetîe chair ne s'unit point en un
corps comme à la langue , mais cha-
que cartilage a fon étui mufculeux à
. part. An côté intérieur des cartilages
où ils font un coude , c'eft-à-dire à
la racine de la langue vers le derrière
de la tête , s'étend un mufcle large Se
délié, qui fert à, contracter, à relà-
H h h y
428 PIC
cher , ou à tirer ces cartilages en de-
hors.
On trouve dans les Mémoires de
l'Académie Royale des Sciences , année
1709. p. 85. des Obfervations fur les
mouvemens de la langue des Fies verds ,
par M. M r. r y. Pour donner, dit ce
ïàvant Obfervatcur , une application
des mouvemens de la langue du Pic
verd , plus jufte que celle qui paroit
dans les Ouvrages de Meffieurs Ba-
relli Se Perrault , je vais décrire
plus exaftement qu'ils n'ont fait toutes
les parties d'où dépendent ces mou-
vemens. De quelque étendue que pa-
roifîe la langue de cet oifeau , il cil
néanmoins confiant que fa longueur
propre n'eft que de trois à quatre li-
gnes ; car celle du corps Se des bran-
ches de l'os hyoïde, que ces Autours
lui ont attribuée , ne lui appartient pas
en bonne anatomie.
La langue du Pic verd eft faite d'un
petit os fort court, revêtu d'un cornet
de fubftance d'écaillés ; fa figure eft
pyramidale : il eft articulé par là bafe
avec l'extrémité antérieure de l'os hyoï-
de. L'os hyoïde eft figuré comme un
ftilet. 11 a environ deux pouces de
longueur Se une demi-ligne de grof-
feur ; il eft articulé par fon extrémité
poftérieure avec deux branches offeufes
plus menues que fon corps. Chaque
branche eft compofée de deux filets
d'os d'inégale longueur , joints en-
femble , Se aboutis l'un à l'autre. Le
filet de devant n'a qu'un pouce Se
demi de long ; celui de derrière , in-
connu à. M. B o R E L L 1 , en a cinq ou
environ, étant uni à un petit cartilage
qui le termine , de forte que chaque
branche eft trois fois plus longue que
le corps de l'os hyoïde , Se celui de
la langue joints enfemble. Ces bran-
ches, qui appartiennent à l'os hyoïde,
font courbées en forme d'arc, dont le
milieu occupe les côtés du col ; leurs
extrémités antérieures pafTent fous le
bec & fe terminent au corps de l'os
hyoïde j leurs extrémités pofténeures
P I C
pafTent par defTus la tête , Se entrent
dans le nez du côté droit. Mais il elt
à remarquer qu'elles n'y font point
articulées ; ce qui contribue beaucoup
à la fortie de la langue , comme je
le ferai voir dans la fuite. L'os hyoïde
&le filet antérieur de fes branches font
renfermés dans une gatne formée de
la membrane qui tapilfe le dedans dit
bec inférieur. L'extrémité de cette
gaine s'unit à l'embouchure du cornet
écailleux de la langue. Cette gaîne
s'allonge quand la langue fart hors
du bec , Se s'accourcit quand elle y
rentre. Le cornet écailleux qui revêt
le petit 03 de la langue eft convexe
en dellus , plat en défions , cave en
dedans : il eft armé de chaque côté
de iïx petites pointes très-fines , tranf-
parentes , Se inflexibles ; leur extré-
mité eft un peu tournée vers le go-
fier. Il y a bien de l'apparence que le
cornet armé de ces petites pointes ,
elt l'inftrument dont le Pic verd fe
fert pour enlever fa proie , ce qu'il'
fait avec d'autant plus de facilité , que
cetinftrument eft toujours empâté d'u-
ne matière gluante , qui eft verfée
dans l'extrémité du bec inférieur par
deux petits canaux excrétoires , qui
partent de deux glandes pyramidales,
fituêes aux côtés externes de cette par-
tie. Pourfe fervir de cet inftrument, la
Nature a donné au Pic verd plufieurs
mufcles , dont les uns appartiennent
aux branches de l'os hyoïde , avec les
filets antérieurs de fes branches ; ceux-
là rerirent la langue dans le bec. En-
fin la la ngue a fes mufcles propres
qui la tirent en haut, en bas, & de
l'un Se de l'autre côté. Chaque bran-
che de l'os hyoïde n'a qu'un mufcle,
qui feul eft auffilong que la langue *
l'os hyoïde Se une de fes branches
joints enfemble ; ces deux mufcles ti-
rent leur origine de la partie anté-
rieure latérale interne du bec inférieur,
s'avançant de devant en arrière ; ils
enveloppent les filets poftérieurs des
branches de l'os hyoïde Si pafferit au
P I c
dcffus de la tête , ils viennent enfin
s'inférer à leurs extrémités d'où par-
tent deux ligamens à reflort , qui s'u-
nifTant eniemble en forment une troi-
sième , qui les attache à la membrane
du nez. Ces ligamens font fort courrs ;
mais ils s'allongent fans peine , pour
peu qu'ils foient tirés. Or comme la
rédftance de ces ligamens peut être
fûrmontée facilement par la contrac-
tion de ces mufcles , il eftaifé de con-
cevoir que quand ils fe raccourcirent
ils tirent les extrémités poftérieures
des branches de l'os hyoïde hors du
nez , 8c les entraînant du côté de leur
origine , ils chaffent le corps de l'os
hyoïde, les filets antérieurs de fes bran-
ches , & la langue, hors du bec ; ce
qu'ils n'auroient pu faire , bien que les
branches de l'os hyoïde foient fort
flexibles , 11 ces branches avoient été
fixement attachées ou articulées avec
les os du nez; car quoique les arcs
qu'elles décrivent puiflent s'étendre ,
elles n'auroient pû s'allonger alfez
pour pouffer de quatre pouces la lan-
gue hors du bec ; ce qu'elles font,
avec d'autant plus de facilité , qu'elles
ont leur mouvement libre dans ces
mufcles, où elles font renfermées com-
me dans un canal , 8c ne font point d'ail-
leurs articulées avec les os du nez.
Pour retirer la langue dans le bec ,
la Nature a donné à la gaîne , qui ren-
ferme l'os hyoïde 8c les filets anté-
rieurs de fes branches , deux mufcles
pour l'y ramener, & pareequ'il faut
que leur allongement & leur raccour-
ciifement foient égaux à ceux de leurs
antagoniftes , puifque la langue par-
court le même chemin en rentrant
dans le bec qu'elle fait pour en fortir ,
la Nature a pris foin , pour placer ces
mufcles dantle petit efpace qui eft
entre le de 00 h s du larynx & le bout
du bec , de Faire faire à l'un Se à l'au-
tre deux circonvolutions en fens con-
traire autour de la partie fupérieure
de la trachée-artere , d'où ces deux
mufcles tirent leur origine ; après quoi
ils fe croifent derrière le larynx, gç vien-
nent enfin tapifler le dedans de la gaî-
ne à laquelle ils s'uniiTent. Or comme
fon extrémité eft jointe à l'embouchu-
re du cornet écaiileux de la langue r
il arrive que quand ces deux mufcles
fe contractent , ils tirent & font ren-
trer cette gaîneen elle-même, Se ra-
menant ainfi la langue dans le bec , ils
rcpouiTcnt les extrémités poftérieures
des branches de l'os hyoïde dans le
nez. Les trois ligamens à reffort, dont
j'ai ci-devant parlé , fervent auffi à les'
y ramener ; car après avoir été allon-
gés par les mufcles qui tirent la lan-
gue hors du bec, ils fe raccourcilfent
fi-tôtqne ces mufcles fe relâchent , Se
qu'ils entraînent dans le nez les bran-
ches de l'os hyoïde , auxquelles ils
font attachés. Il y a au-deiTus du crâne
une rainure qui forme avec ta peau
un cana! , qui renferme la partie porté-
rieuredes branches de l'os hyoïde avec
leurs mufcles', Se dans lequel ces par-
ties ont leur mouvement libre. Ce canal
empêche les branches de l'os hyoïde de
s'écarter de côté ni d'autre , quand'
elles font tirées en avant , Se fait qu'el-
les reprennent facilement leur place ?
quand elles font retirées en arrière.
Pour peu qu'on faffe de réflexion
fur la longueur qu'ont la langue , l'os
hyoïde Se fes branches joinrs enfem-
ble , & fur l'origine Se l'infertion dé-
terminée des mufcles qui font fortir Se
rentrer dans le bec la langue du Pie
verd , il fera aifé de juger que M.
Bn relli s'efl: mépris ; car fi l'on
confidere que la langue de cet oifeau,
l'os hyoïde 8c fes branches joints en-
femble , ont huit pouces de longueur r
Se que de cette longueur, il en fort
envirpn quatre pouces hors du bec ,.
quand elle eft tirée , on concevra aifé-
ment que la langue parcourant le mê-
me chemin en rentrant qu'elle fait en.
fartant , les mufcles qui la tirent &
retirent doivent avoir des allongement
&dcs raccourciftemens de chacun qua-
tre pouces > Se que par conféquent ils
m
430 PIC
doivent avoir en longueur plus de
quatre pouces , ne pouvant pas s'ac-
courcir de leur longueur entière. Ainfi
des quatre premiers mufcles que M.
Bokelli donne à la langue pour
fes înouveinens , deux prennent leur
origine de l'extrémité du bec inférieur
Se les deux autres du devant du crâne ,
Se tous les quatre allant s'inférer au
milieu de cette longueur de huit pou-
ces , il eft vifible que ces mufcles ne
pourraient jamais avoir un tel effet ,
puifqu'ils ne feraient au plus que de
quatre pouces. M. Borelli ne ferait
pas entré dans ce fentiment , fi on lui
avoit fait remarquer que les deux
mufcles , qui naiffsnt du bec , parcou-
rent toute l'étendue du corps Se des
branches de l'os hyoïde. Sa méprife
vient donc d'avoir partagé chacun de
ces mufcles en deux , Se de n'avoir
connu que les filets antérieurs des
branches de l'os hyoïde, au bout def-
quels il place l'infertion des quatre
premiers mufcles de la langue qu'il a
décrits : à l'égard de ceux qui tournent
autour de la trachée-artere , il en a re-
connu le véritable uiàge.
Pour ce qui regarde M. Perrault,
il s'eft mépris beaucoup plus que M.
Borelli : car, premièrement, il ne
fait nulle mention des mufcles qui en-
vironnent la trachée-artere; c'eft néan-
moins par leur action feule que la lan-
gue eft ramenée dans le bec : feconde-
jnent , il fait naître du larynx les qua-
tre premiers mufcles de M. Borelli ,
Se en envoie deux aux extrémités
poftérieures des branches de l'os hyoï-
de , Se les deux autres à leurs extré-
mités antérieures, pour tirer & retirer
la langue , Se par-là il tombe dans !e
même inconvénient que M. Bokelli ;
mais fa méprife eft plus grande", en
ce qu'il ne part aucun mufcle du la-
rynx , qui aille s'attacher aux bran-
ches de l'os hyo"de.
Enfin toute la recherche que ces
Meilleurs ont faite pour expliquer les
fnouvemeaii de la langue à\xl'ic verd ,
P I C
fe termine aux mufcles , qui la font
fortir hors du bec , Se à ceux qui l'y
font rentrer. Il ne paraît point que
leurs Anatomift.es fe loient mis en pei-
ne de pénétrer plus avant dans fa
ftru:hire ; de-là vient que ces Meilleurs
ne nous ont rien dit des quatre muf-
cles propres à la langue de cet oi-
feau , au moyen defquels elle eft por-
tée en haut , en bas , Se d'un côté &
d'autre , foit qu'elle foit plus placée
au-dedans , ou au-dehors du bec. Ces
mufcles tirent leur origine de la par-
tie antérieure des branches de l'os
hyoïde , deux de l'une & deux de
l'autre , Se fe terminent chacun en un
long 5c grêle tendon : ces quatre ten-
dons embraffent le corps de l'os hyoï-
de , Se viennent s'inférer à la ba(e du
petit os de la langue. Quand tous ces
mufcles agiifent enfemble , ils tien-
nent la langue droite : quand les muf-
cles de deifus fe raccourciflenr en mê-
me temps , ils tirent la langue en haut:
quand ceux de deflbus l'ont enaélion,
ils la tirent en bas ; mais lorfque deux
mufcles, placés "du même côté, agif-
fent enfemble , ils la tiennent de ce
côté-là. Or comme de tous les muf-
cles , qui fervent aux differeus mou-
vemens de la langue du Pic verd , il
n'y a que ces quatre derniers qui y
aient leur infertion, il eft vifible que
les mufcles qui la tirent Se retirent,
ne lui appartiennent pas proprement,
mais à la gaîne Se aux branches de l'os
hyoïde, où ces mufcles vont s'inférer ,
comme je l'ai déjà fait voir plus haut ;
d'où ii s'enfuit que les mouvemens
que fait la langue en fortant du bec ,
Se en y rentrant , appartiennent auffi à
ces parties , Se non pas à la langue ,
puifque dans ces deux mouvemens ,
elle peut demeurer immob'le.
Telles font les Obfe jfcjons de M,
M e B v > fur les mouvemens de la
langue du Pic verd.- Suivant les re-
marques de M. d'H e 11 ram, le Pis
verd 8c tous les Grimpereaux ont Le
bue artiftement fait pour creufer le
V I c
bois ; ils l'ont dur , aigu Se fort : il y
a une efpece de rebord au bout du
bec du Pic verd , comme fi un Arrifte
en le façonnant eût eu deCTein de le
rendre en même temps fort Se pro-
prement fait. La langue du Pic verd
eft très - finguliere , Se mérite d'être
remarquée , foit qu'on en confidere la
longueur , les os Se lès mufcles , foit
qu'on y obferve la partie renfermée
dans le col Se dans la tête , par où elle
peut d'autant mieux s'élancer hors de
fa cellule , ou s'y retirer , foit enfin
qu'on examine fa pointe aiguë en gui-
fe de corne barbue , Se la matière
gluante , dont elle eft enduite à fon
extrémité. Tout cela lui fert à piquer,
à tuer Se à tirer hors du bois les pe-
tits VermiiTeaux. Une telle langue ,
dit C o i T F. R , étoit néceflaire au Pic
verd pour attraper des Vermiifeaux ,
ou des Fourmis , ou autres infectes.
Lorfque le Pic verd , par fa faracité
naturelle , découvre quelque arbre ca-
rié ou creufé , Se où il y a des Vers &
autres, infectes , il y vole auffi-tôt , Se
s'appuyant fur fes pattes &: fes forts
ongles de derrière , de même que fur
les groffes plumes de fa queue , il per-
ce l'arbre avec fon bec aigu Se fort ;
après quoi avançant fon bec dans le
trou , il pouffe une grande voix dans
le creux de l'arbre, afin d'exciter par
ce fifflement les petits infectes , qui ,
étant alors réveillés , rempent çà 9t là.
Alors le Pic verd élance fa langue ,
dont il fiche les crochets Scies aiguil-
lons dans les corps de ces petits ani-
maux , Se de cette manière les attire
à lui pour les dévorer enfuite.
Frisch Se M. Klein difent qu'il
n'y a que le mâle qui ait du rouge fur
la tête : ils fe trompent; car les petits
ont tous le défais de la tête écarlate ,
même dans le nid. F it i s c h ajoute
que le Pic verd fait ravage en hiver
dans les- ruches des Abeilles , fur-tout
dans celles qui font faites de paille ;
que cet oifeau vole par bonds, s'éle-
vaat un peu au-deffus de la ligne
PIC 431
droite qu'il veut fuîvre , puis en fe
plongeant un peu au-deffous de cette
même ligne ; que par-là fon vol fait
un arc confldérable , ce qui n'empêche
pas qu'il puiffe franchir de grandes
plaines en volant. Si la langue du Pic
verd eft fort longue , ce n'eft pas ,
cominue-t-il , comme le penfent quel-
ques-uns , afin qu'elle puiffe entrer
bien avant dans les trous des arbres
pour en tirer les Vers de bois ; car les
Scarabées de bois pofent un œuf fur
le bois pourri , ou fur l'écorce d'un
arbre vermoulu ou vieux , 5c cet œuf
devient un Ver fans pieds , qui ronge
le bois , jufqu'à ce qu'il foit grand.
Quand le temps de fa transformation
de Vers en Scarabée eft venu , il fe
fait, en rongeant vers l'écorce , une
place affez grande pour lui , d'où il
fort far le trou qui fe voit endehors,
& dans lequel il n'y a par conféquenc
plus rien pour le rie verd ; mais la fin
pour laquelle il a une langue fi lon-
gue eft pour qu'il puifTe prendre fa
nourriture dans de"s fourmiiiieres : il
va becqueter un peu dans le tas , Se
met par- là les Fourmis en mouve-
ment ; enfuite il tire fa langue aiilll
loin qu'il peut , Se lor/qu'elle eft toute
couverte de Fourmis, il la retire, ce
qu'il répète jufqu'à ce qu'il foit raf-
fafié.
M. Deslandes, dans fon EJfai
fur la Marine des Anciens , dit que
peu d'arbres font capâbl s de fournir
des bois de quarante pieds de long,
fans nœuds , ou fans trous de Pic vt rd ,
tels qu'il les faut pour des rames; Se
à cette occafion il ajoute en note mar-
ginale , que le Pic verd fe fert de fa
langue, comme d'une tanière , pour
percer les plus gros arbres ; qu'il la
porte fort loin hors de fon bec , Se
qu'elle tient à l'os hyoïde ; que cette
même langue eft une efpece de lame
offeufe, roulée en quelque forte com-
me un reffort de montre , qui , en fe
repl'ant, permet à l'oifeau de l'éten-
dre extrêmement loin , & y pour aiafi.
432 PIC
dire , de la pointillcr. Mais M, D e S-
landes , difent les Auteurs de la
Suite de la Matière Médicale , qui jouit
à jufte titre de la réputation de fa-
vant Phyficien , nous permettra de
douter que la langue du Pic vcrd puif-
fe jamais percer les plus gros arbres :
s'il le fait , c'eft plutôt à grands coups
de bec , comme il eft aile de s'en con-
vaincre ; car on l'entend allez fouvent
dans les forêts frapper contre les vieux
Chênes , Se autres arbres moins durs ,
tels que les Hêtres, les Charmes , 8c
les Peupliers. C'eft-là qu'avec le temps
il fait des trous fi bien arrondis , que
le plus habile Géomètre ne pourrait
jamais en faire de plus ronds avec le
compas. Le Torchepot Se les Etour-
■neaux profitent de ces trous pour y
faire leurs petits , quelquefois même
les Chauves-Souris ; car nous nous
fouvenons d'y avoir été trompés , Se
nous avons connu de jeunes gens qui
croyant dénicher des Pics verds , ont
été bien étonnés de trouver à leur pla-
ce une nichée de Chauves -Souris. Les
gens de la campagne, continuent les
jnêmes Auteurs , difent ordinairement
que le Pic verd ayant donné quelques
coups de bec à un arbre, vaauffi-tôt
de l'autre coté pour voir s'il eft percé
d'outre en outre : mais c'eft une er-
reur; car fi l'oifeau tourne autour do
l'arbre , c'eft plutôt pour y prendre les
infectes , qu'il a réveillés 5c mis en
mouvement.
Pline n'a pas ajouté foi à l'opi-
nion vulgaire , qui eft que cet oifeau ,
par Le moyen d'une herbe , fait fauter
avec bruit ce qu'on a enfoncé dans fon
trou. Si cette herbe que les uns difent
être la grande Lunaire , d'autres une
efpece de Sclarée, nommée JEthiopis ,
étoit connue pour avoir cette vertu ,
elle rendrait un grand fervice aux vo-
leurs , comme l'obferve Aldrovan-
De. Il n'eft pas vrai qu'il y ait une
antipathie entre la Tourterelle 8c le
Fie vcrd , Se que le dernier étant le
plus fort tue fon adverfaîre. C'eft en-
P I C
core une faufleté que ce qu'avance
Pline ; fàvoir, que le Pic verd Se l e
Corbeau fe battent enfemble de nuit
cherchant i détruire l'un les œufs de
l'autre. Le Pic verd vole lentement ,
mais quand il eft pourfuivi par i'Éper-
vier ou par l'Émerillon , il précipita
fon vol en criant de toutes fes forces.
Se a l i g e h & Albert le Grand di-
fent que cet oifeau apprend à parler.
Il y a toute apparence qu'ils ont con-
fondu le Pic verd avec la Pie.
Le Pic vcrd eft de peu d'ufage en
aliment: fa chair fibreufe , dure & co-
riace ne le fait pas rechercher. Selon
A L D r o v a n d e , on le vend à Bou-
logne pendant tout l'hiver au mar-
ché , mais fur-tout en automne dans le
temps qu'il eft le plus gras. Quant i
fon ufage en Médecine , les os de cet
oiieau defféchés & réduits en poudre
font diurétiques, & recommandés con-
tre le calcul & les graviers. On l'efti-
me auffi propre pour les maladies des
yeux : il aiguife la vue , étant mangé
en fubftance ou pris en bouillon ; au -
trament on l'applique fur les yeux ,
ou bien l'on y fait entrer de fon fang
tout chaud.
J'ai déjà parlé de plufieurs efpeces
de Picj au mot G R I M P E R E A U ,
voici les autres.
.PIC VERD très- grand , en La-
tin Picus viridis major , feu. rnaxirnus :
Selon B e i, o h ( de la Nat. des Gif
L. Vf. c. 15.), cet oifeau eft beaucoup
plus grand que le précédent. 11 a le
bec courbé, ce qu'on ne voit pas aux au-
tres Pics. Il a cependant les pieds fem-
blables , dit R A y ( Synop. Mcth. Av.
p. 43. n. 3. ) j & des taches fur les ai-
les , mais différentes de celles des au-
tres Pics. Cet oifeau, félon Belon ,
n'eft point connu en France. A R 1 s-
to T e dit qu'il n'eft gueres moins gros
qu'une Poule. Il a le bec crochu; c'eft
ce que rapporte auflï E l i e n. Ses
pieds font faits comme ceux des au-
tres Pics. Il a deux doigts derrière Se
deux devant.
Grand
1
P I c
Grand PIC VERD bigarré, en
Latin rieur varias major , félon Ges-
her , Av. p. 708. Aldrovande,
Omit h. L. XII. c. 3 2 . W 1 L 1, u G h b y ,
Ornitb. 94. f. 21. Ray, .5r)'»°P-
Av. p. 43 . ». 4. & A l b 1 n , Towe /.
p. 19. il eft nommé par M. LinnjKus
{IW'.na Suec. p. 20- ». Si.) > Ficus
albo , nigroque variegatus . vvrtice nigru,
reRricibus tribus lateralibus U trinque
alhefcentibus. Les Suédois lui ont don-
ne le nom de Gyllennnna , Se les An-
glois celui de the Greater Spotted ÎVood-
peck.tr , ou WtiwalL
L'Auteur de la Nouvelle Hifloire
des Ci/ eaux en donne la defeription
en ces termes. Cet oifeau , dit-il , à
l'endroit cité , u onze pouces de lon-
gueur depuis la pointe du bec jufqu'à
l'extrémité de la queue , &: quatorze
pouces de largeur, lorfque fes ailes
font étendues. Son bec a un pouce Se
un quart de longueur ; il cit droit 8c
noir, gros à la racine Se va en dimi-
nuant jufqu'à la pointe , où il fe ter-
mine en un point aigu; fa figure eft
pyramidale , canelée d'une raie ou
deux: les narines fonr rondes Se couver-
tes de foies noires. Il a l'iris rouge &
la langue de la même forme de celle
du Pic verd. Sur le derrière de la tête
51 fe trouve une bande de cramoifi Se
de vermillon , qui joint la partie blan-
che de chaque joue , c'eft-à-dire dans
le mâle , mais non pas dans la femelle.
Dans cette dernière la gorge Se la poi-
trine font d'un blanc fale Se jaunâtre.
Le bas du ventre fous la queue eft d'un
rouge charmant ou cramoih. Les plu-
mes qui entourent la bafe de la mâ-
choire fupérieure , de même que celles
qui font autour des yeux Se des oreil-
les font blanches : celles de la tête font
noires, avec un trait d'un verd luifant.
Le dos eft noir. Dans cette partie du
corps où les ailes font entées , on trou-
ve des deux côtés une grande tache
blanche. Une bande large Se noire s'é-
tend depuis les coins de la bouche juf-
S[u"au dos : une autre ligge noire tra-
Tome III.
PIC 4|3
verfe prêcifémentau-deflbus delà tête.
Les longues plumes des ailes font au
nombre de vingt, dont la plus avancée
en dehors eft la plus courte; elle eft
noire 5c marquetée de taches blanches
en forme de demi-cercle. Les plumes
couvertes du deiTous des ailes font
blanches & font partie de ces taches
blanches fur les épaules , dont on a
fait mention. Les plumes du milieu font
entièrement noires : celles qui font le
plus en dehors ont deux ou trois taches
blanches: le flllon ou la bafe de l'aile
eft blanc. La queue de cet oifeau eft
longue de trois pouces Se demi , com-
pose de dix plumes roides , aiguës Se
courbées en dedans: les dards ne s'é-
tendent point comme ceux des autres
plumes jufqu'à l'extrémité des pointes,
ayant été peu-à-peu ufés ou brifés en
grimpant : c'eft pour cette raifon que
les plumes paroiiTent fourchues. Les
ctiiffes 5c les pattes font de couleur d»
plomb. Les doigts font rangés comme
ceux des autres oifeaux de ce même
genre , favoir deux en avant Se deux
en arrière : les deux doigts de devant
font attachés à la première jointure
depuis la membrane qui lie les pattes.
Petit PIC VERD bigarré , en La-
tin Picus varias minor > en Anglois the
Lcjfer Spotted li^oodfpite , ou Hickwal.
Cet oifeau eft nommé par M.Linn^ius
( Pauna Suec. p. 29. n. 82.) , Picus
albo , nigroque varias , relhicibus tribur
lateralibus apïce albo variegatis. C'eft
le Picus variits minor de Willughby
( Ornitb. 94. t. ai. ) > de Ray (Synop.
Mcth. Av. p. 43. n. 5.) , de Gesner
(Av. p. 708. ) & d'AL DROVANDE,
Ornith. L. XII. c. 3 3 . Ce volatil , pour
la figure Se la couleur eft femblable
au précédent , mais il eft beaucoup
plus petit. En donnant de fon bec dans
la fente du bois , ou en frappant contre
l'arbre avec vivacité çà Se là , fes coups
redoublés forment un fon , qu'on en-
tend de fort loin. Cet oifeau a une
grande tache rouge fur la tête , qui
vient finir entre les, yeux , dit M,
434 P I C
L i n N s. v s. Le derrière de fa tête
eft couvert d'une tache noire , triangu-
laire , qui ne s'étend pas jufqu'au bec.
Songofier, fon col & fa poitrine font
blancs. Il a les temples d'un blanc
cendré. Sa queue eft noire Se fourchue ;
elle eft compofée de dix plumé* , def-
quelles cinq Ion: noires ; les première ,
féconde Se troisième font obtuies» va-
riées de blanc & dé noir, Se le cLtlbus
eft brun. Ii eft ronge fous !a qu.ue. Les
ailes ion noires : les troiiem: Se uniè-
me de celles qui les cou .-renr font pein-
tes de tarh s blanches, .le penle que
cet oif.au eft le tli'arû* d'A ristote
{.Hifl. A -l'un. L./X. c.i.&ç.) , que
Beion {de la Nat. des Oif L. VI.
c. 14.^.300.) nomme en Latin Pico ,
Si Picus Martiur minor , en François
Epeiche, Cul ronge ou Pic rouge. Voyez
la defeription que j'en ai donnée d'après
Bilon au mot É P E I C H E.
Il y a un autre petit Pic verd bigarré ,
qui eft le Picus varius tertius de i{ a y ,
Synop. Meth. Av. p. 43 . n. 6. M. L 1 n-
N JEVS {Fauna Suce. p. iQ.n. 83.) le
nomme , Picus albo , nigroque varius >
reclricibus tribus lateralibusjemi-nigris.
Cjt oifeau , dît ce Naturalise fe trou-
ve en Scanie , Province de Suéde.
Il a , félon Albin, cinq pouces Se
demi de longueur , depuis la pointe
du bec jufqu'à la queue, Se dix pou-
ces un quart de largeur , lorfque les
ailes font étendues. S'a queue ne confifte
qu'en dix plumes , chacune focceffive-
ment plus longue que l'autre , depuis
la plus en dehors de chaque coté juf-
qu'à celles du milieu , qui font les plus
longues Se au nombre de deux. De ces
dix plumes , celles du milieu font tout-
à-fait noires , fortes, pointues 5c cour-
bées en dedans, comme on les trouve
dans les autres oifeaux de cette efpece :
elles font aînfi formées , pour foutenir
le corps , lorfque le Pic verd monte
aux arbres. La gorge , la poitrine Se
le ventre de cet oifeau font d'un blanc
fale: la couleur au-defïus des narines
eft brune , Se il fe trouve fur le fommet
P I C
de la tête une large bande de rouge ;
le derrière en eft noir. Autour des
yeux il a un efpace allez large, garni
de plumes blanches , qui s'étendent
de chaque coté jusqu'au milieu du col :
ces plumes fe terminent en noir, ex-
cepté que les plumes qui couvrent les
oreilles font de la même couleur que
la poitrine. Le deffus du dos & les plu-
mes couvertes dudefTousdes ailes font
noirs : les unes Se les autres font jo-
liment marquetées de taches blanches ,
en forme de demi - cercles. Le milieu
du dos eft blanc , avec des lignes noires
entravers. Il a le bec, l'iri? , les pieds
Se les doigts fembhbles à ceux du
grand Pic verd bigarré : les ferres en
l'ont noires Se courbées. Le nombre des
plus fortes plumes de fes ailes eft égal
à celui des plumes principales de la
queue. Ai. drovande marque que
cette efpece d'oifeau n'a point de ces
taches rouges fur la tête ni fur le crou-
pion , ce qui eft vrai à l'égard de la
femelle , mais non pas à l'égard du mâ-
le , puisqu'il a la tête marquetée d'une
tache rouge. Cet oifeau , difentRAT
Se M. L 1 n n m v s , eft de la grandeur
du Moineau domeftique. Il a les pieds
petits, mais les ongles longs.
M.Linnjeus ( Fauna Suec. p. 3 0.
n. 84. ) parle encore d'une autre efpece
de Pic verd , qu'il appelle Picus pedi-
bus irïebatlylis , Pic à trois doigts. Il en
a donné la defeription dans les Ailes de
Stcckolm* année 1740. p. 222. fous, le
même nom. Cet oifeau , dit-il , ap-
proche de la grandeur du précédent,
Se eft de la même figure. Son corps eft
noir, marqué depuis la naifTance du
bec d'une ligne blanche , qui s'étend
de chaque côté vers la marque où elle
fe joint, Se defeend enfuite parle col »
le long du dos , jufqu'à la queue. La
poitrine Se le bas ventre font blancs 3c
noirs. Les plumes de fes ailes font
noires par-deffiis , marquées de trois
ou cinq rangs de petites taches blan-
ches : en deflbus elles font cendrées „.
& elles ont ftpt ou huit rangs de taches
P I c
blanches , quî font plus grandes. Les
plumes de la queue par deffus font
noires : la queue eft courte Se forte ;
les grandes plumes cri font noires , Se
les bouts marqués de blanc de chaque
côté. Il a le haut de la tête couleur de
fafran. Son bec eft angulaire Se la poin-
te en eft ronde. Il n'a que trois doigts
aux pieds , deux devant Se un derrière ,
en quoi il diffère des autres Pics , qui
en ont deux devant Se deux derrière:
lin de ceux de devant eft un peu plus
petit que l'autre. C'eft ainfi que M.
L i n N m v s parle de cet oifeau , qui fe
trouve en Suéde dans les montagnes
de Dalécarlie.
Le Turcot de B E L o N , nommé par
les Naturaliftes Jynx , en Latin lor-
éidlla , eft mis par M.Klf.in dans le
rang des Fies. Voyez au mot T U R-
COT.
P I C DE MURAILLE, en
Latin Ficus muralis. Cet oifeau , dit
B E l o N ( de la Nat, des Gif- L. VI.
c. 16. p. 303.), eft particulier au pays
d'Auvergne , Se connu de peu de per-
fonnes. On le voit voler vers les mon-
tagnes Se les villes d'Auvergne. Com-
me les Pics verds aiment à monter le
long des arbres , de même celui-ci
monte le long des murailles : c'eft
ce qui lui a fait donner le nom de Pic
de muraille. Les habitans des environs
de Clermont le nomment Ternier , Se
d'autres Ecbelette. Ses ailes font ma-
drées de rouge. C'eft un oifeau gai ,
volage , de lagrofleur d'un Étourneau.
Il lè fait entendre de loin. Sa voix eft
forte Se méiodieufe. Il ne peut refter
en place, ni perché , mais pendu, à
la manière des Pics verds. Sa queue eft
courte Se noire , ainfi qu'une partie
de fes ailes. Il a le bec Se la tête com-
me l'Étourneau; le dos, le col Se la
tête de couleur cendrée ; les ailes mou-
chetées de rouge , comme celles d'un
beau Papillon. Il vole à la manière des
Hupes , c'eft-à-dire en battant des
ailes ; car fes ailes font figurées à-peu-
pris comme celles de la Hupe. Il a les
PIC
ïambes courtes & les doigts des pieds
longs , qui font au nombre de quatre ,
deux devant Se deux derrière. Il fait
fa nourriture de Mouches Se d'Arai-
gnées , qu'il prend le long des murail-
les Se le long des montagnes. Il fait
fes petits dans des trous de muraille.
Cette efpece d'oifeau ne vole point
par troupe, mais tout au plus deux à
deux. C'eft ainfi que Bel on parle
du Pic de muraille. Aldrovande
( Ornitb. L.XII. c.^j.) Se Ra t ( Synop.
Mcth. Av. p. 46". n. t.) en font men-
tion. Ce dernier marque qu'il a les
doigts longs , dont trois devant Se
un derrière , contre le fentiment de
B E L o n , qui dit qu'il en a deux de-
vant Se deux derrière. Ray dit encore
qu'il fait fon nid dans les trous des ar-
bres , Se Belon dans les trous des mu-
railles. Mais paffons aux Pics étrangers.
Catesby en donne de phtfieurs ef-
peces.
PIC de la première grandeur à bec
blanc, en Latin Picus maximus , roflro
albo. Selon Catesby , p. 16. il a
le bec d'un blanc d'ivoire; une crête
rouge ; une raie blanche en crochet ,
qui va de l'œil jufqu'à l'aile ; le bas
du dos blanc; les ailes blanches, ex-
cepté les grandes plumes des ailes ,
nommées rémiges: tout le refte du corps
eft noir.
Grand PIC noir, en Latin Ficus
maximus niger. Cet oifeau, dit le mê-
me Auteur , p 17. a le bec noir, la
tête couleur écarlate aigrettée ; au-
deffous une raie de couleur noire Se
déforme circulaire; enfuite une raie
blanche Si jaune , qui forme le haut
du col, laquelle eft traverfée à l'angle
des deux côtés du bec d'une tache en
long Se écarlate : tout le refte du corps
eft auflî noir.
PIC DORE.en Latin Picus
maximus , alis aurcis. Cet oifeau a le
haut de la tête Se le col plombés ; la
nuque écarlate ; le derrière du col Se
le gofier d'un rouge brun ; le dos Se
les petites plumes des ailes, nomméet
4î tf P I C
vejHffieçf , tachetés de no'r en croîf-
fant; le côté des plumes de l'aile de
couleur d'or vif ; le haut du col noir ;
le bas du dos , la poitrine Se le ventre
d'un blanc fale; le croupion blanc ; la
queue & les pieds noirs.
PIC varie à ventre ro;ge, en Latin
Ficus ventre rubro. Cetoifeau eft notre
Épeiche. 11 a feulement le deilus de
la tête Se du col de couleur écarlate ;
le deflbus du col Se du corps cendré;
le defTousde la queue de couleur écar-
late ; deux plumes blanches à la queue ,
Se le demis du corps varié.
PIC VELU , en Latin Ficus
médius vi! lofas. Cet oifeau a la tête
noire ; l'occiput de couleur écarlate ;
tout le délions du bec blanc ; la queue
noire, les ailes de la même couleur,
fernies de points blancs ; une raii blan-
che, Se le long de l'épine du dos des
plumes velues.
VIC à tête rouge , en Latin Ficus
rubro-cephalus. Cet oifeau a le bec
plombé, la tête Scie col d'un rouge
foncé ; le ventre , la poitrine , le crou-
pion Se les petites plumes des ailes
blancs , Se tout le relie noir.
PIC ver à à ventre jaune , en Latin
Ficus varias-, ventre litteo. Cet oifeau a
le bec plombé ; le fynciput , le vertex Se
le guttur rouges ; fous le rouge de la
tête une raie blanche; fous la blanche
une raie noire ; fous la noire une raie
jaune, qui prend au coin du bec Se va
îe porter à l'occiput Se defeendre fur
le col ; le col & le dos couverts de
plumes noires Se blanches, mêlées d'un
jaune verdâtre; la poitrine Scie ventre
d'un jaune clair avec quelques plu-
mes noires çà Se là; les ailes noires ,.
dont quelques plumes font blanches
vers le haut; de groffes plumes ta-
chetées de blanc ; la queue noire Se
blanche. La femelle n'a point du tout
de rouge.
Petit PIC ver A tacheté , ou grivele,.
en Latin ficus minimus guttatus. Cet
oîfeau refTembie au Pic velu. Il eft plus
g eût.. Il a la poitrine Sc.k ventre d'un.
P I C
gr's clair ; les plumes de la queue lea
plus élevées , noires : les autres dimi-
nuent de longueur , à mefure qu'elles
s'éloignent du milieu : elles font tra-
verfées de noir Se de blanc. Les jam-
bes & les pieds font noirs.
PIC ver à à tête noire , en Latin
Sitta capite nigro. Cet oifeau a le bec ,
le haut de la tête Se le col noirs ; îe
dos gris Se les ailes brunes , bordées
de gris clair; les deux plumes du mi-
lieu de la queue grifes ; la gorge , la
poitrine, le deilus du bec Se le ventre
blancs; vers l'anus une tache rougeâ-
tre; les jambes Se les pieds bruns; le
talon plus gros &c plus long que les
autres ergots.
PIC ver à à tête brune , en Latia
Sitta capite fujeu. Cet oifeau a le bec
noir , la tête brune ; une tache d'un
blanc fale à la nuque ; tout le deflous
du corps blanc depuis le bec jufqu'â
l'anus ; le dos de couleur grife , ainfi
que les deux plumes du milieu de la
queue , qui eft courte ; les autres noi-
res ; les ailes brunes Se le talon com-
me le précédent.
PIC verd varié de Bengale , en
Latin Ficus varias Bengalenfîs. CeC
oifeau , dit A L B I N ( Tome III. n. 2 2.).,
a le bec & les pieds cendrés ; la moitié
de la tête très-noire , variée de blanc ;
fur la tête des plumes rouges ; par
derrière une noirceur , qui décrit un
triangle; les côtés du col Se la poitrine
blancs , tachetés de noir; le dos cou-
leur de paille ; les plumes des ailes
d'un jaune foncé, mêlé de blanc Se de
noir; les plumes nommées rectrices va-
riées d'un beau noir Se blanc , Se la
queue noire..
PIC bigarré du Bréfil ,. en Latin
Ficus varius Bmfdicnfis. C'eft l'Ipecii
de Marc Grave. W-ez IPECU.
P IC DU BRÉSIL de couleur
verte , mêlée de couleur d'or Se de feu.
C'eft le Jacamaciri du même Auteur,
Voyez JACAMACIRI.
Il y a d'autres oifeaux qui appro-
chent des Fies tels font le Jtwc o >
P I c
le Cinclus d'A ldrovakde; fe
Moineau de Jonc , en Latin Fajjer antn-
diriaceits minor ; Y Atototol du Mexi-
que ; la Su ta , ou le Ficus c 'mer eus
d'A LDROVANDE, qui eft le
Orimpereau , ouïe Torebepot de Belon ;
la Certbia des Latins, qui eft le Creeper
des Anglois. Voyez ces mots. 11 y au
Mexique , félon He&nandez , plu-
fieurs efpeces de Fies verds , comme
le Qitiitotomomï , le Thàubque-Cbulto-
toit, le Q_uaubtotopotli , YOcocoiiti , le
Quaucboebvpitii Se encore le Tz.i»u-
z.ian.
Sloane, dans le Catalogue de
fes oifeaux de la Jamaïque , parle d'un
Fie bigarré ce moyenne grandeur , Fi-
cus varius médius j dm aïe en fis. 11 a dix
doigts de long Se quatorze de large ,
les ailes étendues. Sa tête Se fà langue
iont faites comme celles du Fie bigarré
d'Angleterre. Sa queue n'en diffère pas
beaucoup. Sa tête eft brune : il a cepen-
dant le haut de la tête & du col couleur
de fafran. Le dos , la queue 5c les ailes
font noirs Se traverfés de lignes blan-
ches. Le gofier , la poitrine Se le ven-
tre tirent entre le doré Scie brun. Ses
pieds font d'un verd tirantfur le jaune.
Cet oifeau fe trouve dans les bois, dit
Ray, Synop. Append. p. 1 8 1 . n. i ï .
11 y a un autre oifeau , que le même
Auteur ,. n. 12. nomme Ficus major
laicophœus , -feu eanefeens. Il a dix-huit
doigts de longueur , depuis la poin-
te du bec jufqu'au bout de la queue ,
&: autant de largeur , les ailes étendues.
Son bec eft long d'un pouce : il eft un
peu courbé, pointu parle bout, noir
deffus Se blanc deffous. Sa tête eft cou-
verte d'un plumage brun Se mol. Le
dos Se les ailes font d'un brun plus clair.
La queue eft noire Se le bout eft blanc.
ai a ic iricniOii 1*. le ^viiLi u-iauta ut,
couverts d'un duvet mol Se foyeux
le refte de la partie inférieure du corps
eft de couleur de feuilles de Vigne
morte , & les pieds d'un bleu tirant
fur le noir. On volt de ces c'ftaux pen-
dant toute l'année dans les bois &. les
P I C
437
haies. On les appelle Qfàaux d e v h,ie
pareeque par leur cri fort Se élevé oâ
croit qu'ils l'annoncent.
On voit encore dans le même pays ,
dit Ray (ibid.n. 13.), U n autre Pic t
nommé auffi Oifeau de pluie , pareequ'il
la préfage. 11 ne diffère du précédent
que par fon bec qui eft beaucoup plus
long &plus droit , plus menu & plus
blanc.
Le Fie verd eft commun à la Loui-
fiane. 11 y en a de deux efpeces. Ceux
qui font gris , mouchetés de blanc , font
plus gros que ceux que nous avons en
France : ils ont cependant le même
cri, dit M. le Page du Pratz
Leur langue eft longue, faite en dard"
Us ont le bec fait comme le taillant
d'une petite hache , dont ils fe fervent
pour percer le bois où eft le Verdor.t
ils veulent fe nourrir : c'eft ce qui lait
qu'on les appelle Pics de bois. L'autre
elpece a le col Se la tête d'un rouçe
extrêmement vif; ce qui , joint avec le
plumage du corps , qui eft d'un cris
moucheté , fait un trcs-bel oifeau.
Le Fi; verd, félon Kolbe , eft un
très-bel oifeau au Cap de Bonne-Efpé-
rance.ll eft tout gris, excepté une raie
rouge qu'il a fur la tête , Se une autre
de même couleur fous la gorge 11 f e
nourrit d'infectes , qu'il pique' fous
1 ecorce des arbres. On voit quelque-
fois fon nid fur le fommet des rochers
hauts Se efearpés , plus fou vent cepen-
dant fur les buiffons qui font autour
des vallées.
Les Grimpereaux font affez com-
muns au Cap , Se le feraient bien da-
vantage , auili-bien que les autres ef-
peces de Fies , fi les oifeaux de proie
ne les détruifoient.
Les Nijturaiiucs qui ont écrit fur les difle-
rentes efpeces de font \i e l o n , de la~
Nat. des 0':f. p. 199. G E s n E r , de Avib,-
p. 710. Jai. ston , de Avib. p. 79. Schwhvck-
F£ld , Aviar. Silcf. 338. Wi 1mj<?hby ■
Onu th. p. 9}. K a v , Synop. Metk. Av. p. 4 ,\i
Aldrcvande , Orr.uh. 1. p. 34. LÉ m e r y-
p. ÉS4. A 1 b 1 n , M. L 1 n n & v s , & les au-
tres.
PIC A CUREE A, efpLece
43 8 PI C
Pigeon fauvage du BréfU , dont le
plumage eft cendré , mêlé de roux. Il
a les pieds Se les jambes rouges , dit
RuïSCH, de Avib. p. I4°-
PIC AREL, nom que Ronde-
let ( Liv. V. chap. 14- P- I20 "' ^dit.
Fraaf. ) donne à un poiflbn à nageoi-
res épineufes , Pifcis acanthopterygiuf ,
mis par A R T E 0 1 ( khth. Part. V.
p. 6z. n. io.) dans le rang des Spa-
res , Se nommé Sparus macula nigra
in utroque latere medio , pinnis pedora-
libus , caudâque rubris, C'eft le ïy.ctp"is
d'A a i s t o T e ( Hijl. Anim. L. VI II.
c. 30. ) Se d'Opp 1 e n ( L. I, p. 5. ) ;
le Smaris d'O V i D E C Hal. V. 1 20. ) ,
de Belon {de Pijcib.) , de GESNER
{deAqitac), d'A LDROVi NDE(^e
Fiji. L. IL c. 40. p. 228. ) , de Jons-
TON ( de Fiji. L. I. c. t.), de Wil-
i u G h B y , p. 3 1 9. & de R a ï , Synop.
Alcth. Pijc. p. 1 3 d. Pi.ine ( Hifi. Mat.
L. XXXI L c. 11 ) le nomme Cerné}
les Vénitiens Giroli , ou Gerruli ; Se les
Marfeillois Gerres , dit Rondelet.
C'eft , félon cet Ichthyologue Fran-
çois t une efpece de' Mendole blan-
che. On l'appelle en Languedoc Se en
Efpagne Ficarel , pareeque ce poiflon
féché ou defféché pique fortement la
langue. Ceux-là fe iont trompes, qui
ont cru que les Mendoies blanches ,
foient des Harengs : car les Harengs
font du genre des Alofes , Se on n'en
pêche point dans la mer Méditerranée,
oùfe trouvent tes Mendoles blanches ,
& par coniéquent le Ficarel. Ce poif-
fon de mer eft femblable à la Men-
dole , mais un peu plus petit. Il eft de
la longueur du doigt , étroit , & il a
le mufeau pointu. Il eft marqué au mi-
lieu du corps , à chaque côté , d'une
tache no're. Ses traits font argentés &
dorés , mais obfcurs depuis la tête
jufqu'à la queue ; du refte il reflem-
ble à la Mendole par les nageoires,
par les aiguillons Se par la queue , ainfi
que par l;s parties intérieures. Cette
jreflêmblance fait croire à Rondelet
<crue ce poiflon eft celui que les anciens
P I C
Latins ont nommé Garum , Se qu'an
lieu de Garni , on l'a nommé depuis
Gcrriir , au pbrier Gerres. On le nom-
me à Antibes Garon. La faumure du
Ficarel eft très-bonne, ainfi que l'étoit
celle des Anciens , nommée Garus ,
comme le marque Pline. Le Ficarel
a le même goût Se le même fuc que
la Mendole. Les Pêcheurs le falent ,
Se le mettent à l'air pour delTécher.
Les autres , comme faifoient les An-
ciens , le font tremper Se fondre dans
le fel , pour faire la faufte que l'on
appelle Garum.
FICHAROUKI , nom qu'on
trouve dans le Dictionnaire Egyptien de
K 1 R k e R , pour fignifïer Crocodile.
Voyez ce mot.
P I C H O U , efpece de Chat Pu-
tois qu'on voit à la Louifiane , dit M.
le Page du Pratz , autfi haut que la
Tigre , mais moins gros. Sa peau eft
très-belle. Heureufement qu'on y en
voit peu ; car c'eft un grand deftrac-
teur de volaille. Il vit de chafle dam
les bois.
PICICITLI, petit oifeau d u
Mexique , dont parlent Raï( Synop.
Meth. Av. p. 1 50. ) Se R u y S C h (de
Avib. p. 123.), d'après Hernandlz
Se Nie remuer G. Son plumage eft
cendré , excepté la tête Se le col , qui
font de couleur noire ; une tache blan-
che fait le tour de fes yeux noirs. Ofl
ignore l'origine de cet oifeau , Se on
ne fait pas où il fait fes petits. Il ne
chante point. Il vit fort peu de temps.
Voilà tout ce que nous en apprennent
les Auteurs ci-deflùs cités.
S E b a ( Thff. I. Tab. 99. n. 4. ) don-
ne la figure d'un petit oifeau du Mexi-
que , hupé , auquel il donne le nom
de Picicitli. Il a le corps Se les ailes
marqués çà Se là de couleur de pour-
pre. La crête eft d'un jaune fort beau #
formant comme un petit faifeeau de
plumes. Le bec, qui eft pointu, Se la
queue , font rouges. Ce petit oifeau eft
tout-à-fait jofi de quelque côté qu'on
le regarde.
PIC P I D PIE
PICUI PINIMA, oifeau du
Bréfil , efpece de Pigeon fauvage , un
peu plus grand que l'Alouette. Son
b:c eft fait comme celui des Pigeons;
il eft de couleur brune. Ses yeux font
noirs , & le cercle doré. Il a tête , le
haut du col, les côtés , le dos Se les
plumes des ailes d'un cendré obfcur:
celles-ci font trèf-longues ; on en ap-
perçoit la longueur quand il voie. Cts
plumes fontrouftes, dit RuïSCH (Je
Au'ib- p- elles paroiffent noi-
res d'un côté , & à leur extrémité. La
queue eft longuette , Se compofée de
plumes d'un cendré brun , dont quel-
ques-unes font noires & blanches par
le milieu extérieur ; celles du ventre
font blanches & les bords bruns. Il a
les jambes & les pieds de la même
couleur. Sa chair eft excellente 8c fort
grafTe.
P I D
P IDDOCHS, nom que les Arf-
glo's donnent à laPholade, efpece de
Coquillage. Voyez PHOLADE.
P I E
PIE*, en Latin Fica , comme qui
diroit Piiia , à caufe de la variété des
couleurs. Ce genre d'oifeaux appro-
che de celui des Corbeaux par le bec,
les pieds Se les ongles. On les diftin-
* Cet oifeau eft nommé en Hébreu Ai/ah ;
en Chnldcen ihava , ou Tarpitha. M. Jault
çit qu'on ne convient pas généralement que
le mot Hébreu Aijah fignifie une Pie ; car
pluiîeurs Ar.teurs l'expliquent par Oefalon ,
a'aurres par Emerillon, La Pie eft appekée en
Grec K/tria , où Ki'ttœ ; en Italien Gazza ,
ou Putta ; en Espagnol , Pigaza ; en Allemand
Ageiofi,r, ou Aglafla ; en Anglois , Magpie-
Piunvt ; en Suédois , Skata. Elle porte ditfé-
rens noms en François , fuivant les Provin-
ces ; par exemple, en Picardie, comme en
Gafcogne & en Bourgogne , on ta nomme
Agafe , ou Agace; en Poitou, en Périgord
& en Angotimois , Ajace; en Bretagne, Aga-
ce. Selon Pierre Borel, Agacier , ou
Agacer, veut dire quereller , ou harceler, Se
<!e-là vient Je mot Agache , ou Agace, à cau-
fe. que la Pie eft un oifeau carnaftier & qui
criaille beaucoup. Ménage dérive ce mot
C Acaciare , qui lignifie agafer , ou agacer >
PIE w
gue auffi par leur courte queue ; car
Us Ion: brachypttres , au-lieu que tes
Corbeaux & les Corneilles font ma-
cropeercs. M. Klein en excepte la
Corneille pourprée , qu'il place dans le
genre ou dans l'ordre des Aves Fica.
Le genre des Fies fait , chez cet Au-
teur ÇOrM. Au. p. 60. & fuiv. ) ,
le troifieme de la quatrième famille
de les oiieaux tétradaclyles , à doigts
(impies , Se qui n'en ont qu'un der-
itéré : TetradaJyli digitis jimplicibits ,
nmco pofîico. Voici les différentes!
efpeces de Pies dont il donne la no-
tice : fa voir, la Pic a ruflicorum , ou
vulgaris , qui eft la Fie vulgaire; la
Pica gl.mdana , qui eft le Geai ; la
Pic.t glandaria , cr'tflata , purpureo-
cxriûc.i, qui eft le Geai bleu de Ca-
t e s b y ; la rica Nncifraga , ou Ca-
ryocataltes ileWinuGHBï, qui eft
le Cafte -Noix; la Pica Mexicana ,
nommée Merle par S e b a ; la Pica:
Mexicana alla , qui eft une autre Pie
du Mexique ; la Pica Argentorattnfis *
qui eft le Geai de Strafhourg; la Pi-
caTernata , c'eft-à-dire la Pie de Ter-
nate, qui eft un Oifeau de Paradis ; la
F ica ex albo & nigro varia , qui eft
un Oifeau de Paradis des Indes Orien-
tales ; neuf autres efpeces d'Oifeaux
de Paradis, auxquels M. Klein don-
ne le nom de Pica ; & enfin la Pica.
pareeque les Vies font colères. S a m 0 Et
Bec H art le tire de l'Arabe Azaggo , qui
veut dire une Pie .- mais li l'on en croit M.
H d e t , on difoit autrefois Agafe pour Aga-
the, comme Macieu, pour Matthieu, & Ma-
cé , pour Mathias. On aura donc nommé la
Pie , Agathe , ou Margot , comme le Geai ,
Ri.hard; l'Lrourneau, Sanfminet, & l'Afne ,
Henri, Martin , ou Baudet. Les Auteurs de
la Suite de la Matière Médicale difent que fans
aller chercher fi loin l'étymologie d'Agafe ,
il (croit bien plus naturel de dériver ce mot
du bruit ou des cris que font les Pies, lorf-
qu'elles apperçoivent quelque.animal qu'elles
n'ont point coutume de voir. Les habhans
de la Sologne appellent la Pie commune une
Ouaffe , & la Ptc-Criêche une Cottlouafe , ou
Mahuafc. Selon le rapport de Cotgrave,
la Pie lè nomme encore autrement Dame^
Jaquette, ou iagnette , en dinerens lieux de
la France.
44° PIE
Migra Jamaïcenfis , qui eft la i 7 ^ ko/Vî
de Sloane & de Catesbt.
M. L i n n je us( Syfl. Nat. Edit. 6.
p. 19. ) compofe un ordre d'oifeaux
fous le nom d'Yves Pica, & place les
Pies dans le genre du Corbeau , avec
le Freux ou Grofle , la Corneille em-
mantelée , le Geai de Strafbourg , le
Choucas, le Cane-Noix, le Geai, le
QjJ'a nigra , cirrata , cauda luteâ , & le
Qjj'a nigra , alir caitdaque luteis.
il y a d'autres oifeaux auxquels on
a donné le nom de Pies , mais qui ne
font pas de ce genre d'oifeaux ; tels
que la Fie-Griêche de Belon , qui eft
lin oifeau de proie 5 la Pie-Griêche de
Bengale ; la Fie, ou Eécajfe de mer ,
oifeau aquatique , qui eft ¥ H&manta-
fus des Naturalises ; une Pie de mer
à gros bec , qui eft le Plongeon d'A L-
piN ; une Fie du Bréfil , qui , félon
H a y Se le même A l b i k , eft ie JV«*
can ; la Fie de Perfe , dont parle A L»
DRovANDEjia Pie des Antilles du
Pere duTertre, 3c la Pie de la
Louifiane , qui font encore des oifeaux
à mectre au rang des Fies. Je ne vais
parler ici que des oifeaux qui ont le
nom de Pie s mais pour les différentes
eipeces de Geais , CaJJi-Noix, Sec.
voyez à leurs articles.
PIE VULGAIRE : Cet oi-
feau , comme je l'ai dit , mis par M.
Linn.ïus dans le genre des Corbeaux,
eft nommé par ce Savant ( Yaima Suce,
p. 2 6. n. j6.) , Cor vus cauda etineij or-
rai. C'eft la Pieu de Gesner ( Av. p.
695 .) Se de Jonston ( Ormtb.p. 44.) ;
la Fica varia caudata de Willughby
( Or/iiih. p. 87. ) , de R A y ( Synop.
Aletb. Av. p. 41. n. i.), &c cI'Albjn
( Tome l. )■ Si la Pie , dit Belon,
n'a voit pas le deiïous du ventre blanc ,
& le coin des ailes , il ne feroit pas
facile de la diftinguer de la Corneille.
Elle en a ie bec , les jambes , les pieds ,
Jes yeux , Se la façon de vivre ; la tête ,
le dos , le col , la poitrine , les cuiifts ,
la qut-ue , 8c les ailes font d'un beau
p.oh: Sa queue eft longuette ; la plu-
P I E
me du milieu furpafle les autres en
longueur. Plin e( L. iX. c. 15.),
parle de cet oifeau , d'après Aiiit,TOTE.
11 y a certains genres de Fies , dit-ii ,
qui favent mieux exprimer leur lan-
gage que le Papegai. Il veut que les
Pies ayent cinq doigts aux pieds , ce
que S o L 1 N dit du Papegai ; mais ,
comme le remarque Belon (de lu
Nat. des Oif. p. 29 1. ) , il n'y a point
d'oifeau qui ait plus de quatre doigts
aux pieds. La Pie fait environ neuf
ou dix œufs. Son nid eft ft bien bâtî,
qu'il cil: tout couvert par de (lu s , 5c
il n'y a qu'un petit trou pour l'entrée
Se la fortie. Les hommes , félon Pline ,
ont de tout temps appris à parler aux
Pies. Elles parlent mieux que le Pa-
pegai , quand elles font bien inftruites.
Le même Auteur (ibid. L. X. c. ç.) ,
dit qu'il y a deux eipeces de Pies :
Nuper & adhnc tamen rara ab Aptn-
ninis ad urbem versus cepere Pic arum
gengra , qit<e longà infignes cauda va-
rié appellantur. Cette autre efpece de
Pie , connue des Anciens , eft la Pic-
Griêcbe , dont je parlerai.
Voici la defeription qu'ALEiN fait
de la Pie, à laquelle il donne le nom
de Pie-Griêche,
Cet oifeau qu'il nomme au {fi Agace,
a de longueur depuis la pointe du bec
jufqu'à l'extrémité de la queue , dix
pouces , & de largeur , Ionique les ai-
les font étendues, vingt-trois pouces
Se demi. Le bec eft long d'un pouc«
& trois quarts ; il eft noir , épais , Se
fort. La mâchoire fupérieure eft un
peu crochue Se pointue» la langue eft
fendue à l'extrémité , Se elle eft noire:
il a les côtés de la fente du palais gar-
nis de poils , ce qui la rend raboteule,
& comme fi elle avoit des excroi (Tances.
Les narines font rondes Se environnées
de poils luifans femblables aux foies
de Cochon. L'iris eft de la couleur de
noifttier pâle : on voit dans les mem-
branes qui les lient une tache jaune.
La tête, le dos , le col, le croupion,
Si le bas du ventre , font d'une cou-
P I E
fetir noire. La partie la plus baffe du
dos proche du croupion eft d'une cou-
leur de cendre : la poitrine & les cô-
tés font blancs , de même que la pre-
mière jointure des ailes. Les dernières
paroilîent trop petites en comparaison
du corps. La queue 8c les grandes
plumes des ailes reluifent d'un très-
beau verd , 8c d'un mélange de pour-
pre & de bleu ; mais toutes ces cou-
leurs font obfcures & reiïembient à
celles de l'arc-en-ciel , excepté les
girouettes de dehors. Les ailes ont
vingt tuyaux ou grofies plumes , dont
la plus en dehors eft plus courte
de la moitié que la féconde ; la fe-
«ondeque latroifieme, Se la troifîeme
que la quatrième. La queue eft com-
poféede douze plumes , dont les deux
qui font au milieu font les plus lon-
gues. Les pieds Se les ferres de la Pie
lont noirs. L'os le plus bas du doigt
de devant , qui eft le plus avancé en
dehors, eft lié à celui du milieu.
On apprend facilement à cet oifeau a
gafouiller , & encore plus diftinclement
loriqu'on lui coupe le filet : il imite
fort exactement la voix humaine. Ces
oifeaux font très-méchans quand on
les laine ibrtir de leurs cages , car
ils volent 3c cachent en même temps
tout ce qu'ils peuvent emporter. Ils
font leurs nids dans des arbres avec
Une grande adrelfe , en les fortifiant
partout au- dehors d'épines piquantes
tant en haut qu'en bas , n'y laiflant
qu'un trou , qui leur fert de paflage
pour entrer & pour fortir, La 7 J î>pond
fept ou huit œufs à la fois , & rarement
davantage. Ils font plus grands Se
plus pâles que ceux de la Corneille ,
& marquetés par-tout de taches fort
noires. Elle fe nourrit d'infectes , qui
tirent fur le Ver coquin Se le Cerf-
Volant , & quelquefois elle donne la
chaiïè aux petits oifeaux, qu'elle dé-
vore après les avoir tués. On lit dans
Albin ( Tome I. ». 15.), à l'article
•de cet oileau, en Note , que le Doc-
teur d'Hekram, Anglois, avoltune
Teste LU.
PIE 441
Pie qui avoît plus de vingt ans , aveu-
gle de vieillelfe , qui parloit fans qu'on
lui^ eut coupé le filet , tout aufïi bien
qu'aucune de celles à qui on a fait l'o-
pération.
La Pie a beaucoup d'inftincT 8c de
babil- elle fe plaît à contrefaire le
cri de divers animaux, à répeter tout
ce qu'elle entend : mais pour qu'elle
jafe mieux , il faut la tenir en cage.
Quand elle eft faoule , elle va adroi-
tement cacher ce qui lui refte de pro-
viiions pour les befoîns à venir. Elle
aime à voler la vaiifelle d'argent, &
l'on doit s'en méfier ; elle eft carnaf-
fierc; elle détruit force gibier , même
desLapreaux Se des Levreaux, gobbe
les œufs des autres oifeaux , notam-
ment ceux du Merle , dont le nid
eft ordinairement mal caché; c'eftee
qui rend le Merle plus rare qu'il ne
devroit être. La /'«eft commune par-
tout , même en Suéde ; mais elle ne
fe trouve point en Laponie , dit M.
L 1 N n m u S. Elle eft d'un tempéra-
ment très-chaud 8c lafeif: elle fait l'a-
mour cjès-le mois de Février & elle
pond de très -bonne heure. Son nid
eft alors expofé à la vue de tout la
monde , & comme il eft très-gros , on
le peut voir de loin; quelquefois elle
le fait fur des baliveaux au défaut des
grands arbres ; mais ordinairement elle
choifit pour le faire le fommet des
arbres les plus élevés &les plus inac-
ceffibles. Quand les Corneilles appro-
chent de fon nid , elle les attaque &
les pourfuit en criant de toutes fes
forces , jlifqu'i ce qu'elles foientbien
éloignées. Llle fe défend même contre
tous les autres oifeaux de proie. S'il
arrive qu'on lui déniche d'afllz bonne
heure fa première couvée ,elle en fera
une féconde ; fin on , elle fe contente
d'une feule nichée. On a prétendu ,
mais fans fondement , comme le difent
les Auteurs de la Suite de la Matière
Médicale , que la Pie faifoit deux nids
à la fois pour mettre l'ennemi en dé-
faut , & que fi elle s'appercevoit que
Kkk
442 PIE
l'un des deux fût découvert , elle
tranfporteroitfes œufs dans l'autre- On
a dit, avec auffi peu de railon, que
les jeunes Fier prenoient foin de leurs
pères Se de leurs mères dans leur vieil-
lelfe. Dans les Fies , comme dans les
Geais , le maie fe diftingue difficile-
ment de la femelle , & il n'y a dans
l'un Se dans l'autre que quelques nuan -
ces de plus ou de moins. Une Fie
toute blanche a toujours été regardée
comme un oifeau auffi rare qu'un Cor-
beau blanc , ou qu'un Merle blanc.
Cependant W o R M i u s marque en
avoir eu une blanche , & les Auteurs
ci-deflus cités difent en avoir vu une
autre qui étoit de cette même couleur ,
à l'exception d'une aile où il y avoit
une petite plume noire vers le milieu.
La Fie marche en fautant , & elle re-
mue perpétuellement la queue :. elle
mange de tout. Quelquefois en hi-
ver elle va prendre fa nourriture dans
les auges des Pourceaux , qui foufîrent
très-volontiers qu'elle monte fur leur
dos.
La Pie contient beaucoup d'huile &
de fei volatil. La chair de cet oifeau
eft fi dure & fi coriace , qu'elle n'eft
gueres d'ufage en aliment. On en fait
feulement des bouillons qui fourniJent
un bonfuc , Se qui font affez nourriiïàns.
Cependant les gens de la campagne
font grand cas des petits , qu'ils ap-
pellent vulgairement Fi ns , ou Fiots ,
& ils les dénichent. Quant à fes ufages
en Médecine , on rer/arde la Fie comme
propre contre l'épilepfie , contre la
ma lie , & contre la mélancolie hypo-
condriaque. La ceadre de Pie calci-
née , mêlée avec de l'eau de Fenouil ,
& inftillée dans l'ail , eft un bon col-
lyre contre la fbiblefledela vue. Quel-
ques Auteurs vantent beaucoup la Pie
manrée en fubftance , foït rôtie , foit
bcuîllie , pour remédiera l'impuiflance
par caufe de maléfice , 8e au nou ment
de l*âicuîllette ; mais cette propriété
parcît fufpe&e aux Auteurs delà Suite
di la. Mature Médicale , qui croyent
P I E
qu'il ne faut pas beaucoup compte?
li-deffus. Cependant comme l'épreuve
eft facile à faire , & fans courir aucun
rifque , on peut la hafarder , difent-
ils, La Fie fait la bafe de l'eau de
Fie compofée , qui fe trouve dans
les Pharmacopées de Lémeei, de
Bâtes, &c.
Outre les Auteurs ci-defïus cites , on peut
encore confulterfurLF/V vulgaire, Gssner.,
de Avili, p. 6z'i. Charjleton, Exercit,
p. 75. Aid 10 V* N [) £, Ornith. t. p. 7K4.
JoNSTON,de Avib. p. 17. Williighey,
Ornith. f . 87. Ray, Synop. Me th. Av. p. 4I ,
Schuouircs , Ojjîc. p. JiJ. D»ie, Pkarm.
p. 414. LÉ me ry, p. 6Sj.. B e 10 m, de la
Nature des Oif. p. wlScbivenco tLD,
Aviar. Silef. p. 333.M.ERRET, Pin. p. 1 71,
M. LinnjEus , FiiunaSuef. ». 76. M. Klein j
Ord. Av. p. 60. Albin, & les autres.
PIE DE BENGALE, nom-
mée en Latin Pieu Bengalenjis. Al-
bin (Tome 1U. m 17. & 18. ) dit
que le mâle eft environ de la grandeur
d'un Mauvis, 11 a le bec noir , les
bords , vers les coins de la bouche*
jaunes , l'iris de même couleur , le plu-
mage de la tête , du dos , & de la
poitrine , eft d'un noir mélangé de
traits bleus ; celui du ventre Se des
Cttifles eft blanc ; il en eft de même
du deiïbus de la queue. Les plumes
fcapulaires , ainfi que les fix premières
longues plumes des' ailes , font noires.
Le premier rang des plumes couvertes
tk les longues plumes qui font au-
defTus , font blanches. Les jambes Se les
pieds de cet oifeau font de couleur
brune.
Le bec de la femelle eft d'un brun
qui tire fur le noir. Le plumage de
la tête , celui du col , du dos , & de la
poitrine , font d'un brun fombre ; celui
du ventre & des cuiffes tft blanc. Les
fix premières plumes couvertes , & les
longues p ! umes font noires : le refte
eft blanc. La queue eft compofée de
douze plumes , toutes d'une couleur
égale; le deffuseft d'une couleur l'om-
bre , 8e le deflous eft blanc. Les jam-
bes & les pieds font bruns. Les ori-
ginaires du pays appellent cet oifeau-
P I E
f)ials-Birds , qui fignîfie Oifeau du
cadran Polaire.
PIE DU MÉXI QUE : Cet
oifeau a le bec long , large , blan-
châtre , & relevé en une boffe inégale.
La tête Se le deffus du corps font d'un
beau noir, varié de plumes blanches
aux deux côtés de la tête : la poitrine
Se le bas ventre font d'un gris de lin.
JLe haut des ailes eft blanc ; mais les
groiTes plumes font noires Se blanches,
de même que la queue. Seba , Thef.ï,
lab. 64. ». 5.
Hernandez dît qu'on le nom-
me dans le pays Tzanahoci. Il A y
( Synop. Me th. Av. p. 162.) marque
que cet oifeau a un cri plaintif, Se
femblable à celui des Étourneaux.
PIE DU BRÉSIL; Cet oifeau
eft peint de divers couleurs très-jolies
Se fingulierement diverfifiées. Sa tête ,
fa poitrine , fon ventre , Se fes cuifles
font couvertes d'un duvet fort doux ,
cotonneux , & qui jette un éclat de
rubis. Ses pieds Se fes doigts font jau-
nes , de même que le bec qui eft long,
crochu Se pointu. Les ailes font va-
riées extrêmement de châtain Se de
noir : elles font intérieurement d'un
jaune pâle, Se elles ont leurs petites
plumes d'un rouge foncé par delTus ;
mais leurs groffes plumes , de même
que la queue,font d'un bleu clair. Seba ,
Jhef. I. Tab. 66. n. l.
Belon ( de la. Nat. des Oif. L.
VI. c. 9,) dit ,que notre Pie vulgaire
eft toute noire par deffus le corps ,
blanche deflus les ailes , ainfi que par le
deffous du ventre,Se que la Pie du Bréfil
eft un peu plus petite que notre Pie ,
qui eft totalement de couleur noire ,
à l'exception d'une ligne jaune qu'elle
a par deffus les ailes. Elle a suffi du
jaune depuis le milieu du dos jufqu'au
deffus du croupion , Se fur une partie
de la queue. Cet oifeau eft fort noir
par les cuiffes , fous le ventre & à la
tête. Son bec eft aigu , longuet , pointu,
blanc Se cendré. Ses jambes Se fespîeds
font noirs, les ongles font forts & cro-
P I E 443
chus , ce qui feroit croire que ce fe-
roit un oifeau de proie , s'il avoit le
bec crochu. C'eft un fort bel oifeau , dit
Belon , qui eft plus grand que le Mer-
le , Se reifemblant beaucoup à la Pie.
Les Anciens ne l'ont pas. connu.
AldrovandeC Orn.th. L. XII.
c. o.) , Ra ï ( Synop. M, th. Av. p.
59- ». 1. ) , Se A L b 1 N ( Tome II.
n. 25, ) ,. donnent le nom de Pie du
Bréjd à un oileau différent du précé-
dent , qui eft le Tucana ou Toucan de
Marc Grave; le Xochitenacalt
du Mexique , nommé aufli Piperhora ,
mangeur de Poivre : ils ont eu égard à
l'arrangement de fes doigts, dont deux
(but placés devant & deux derrière,
Se à ce qu'il fait avec fort bec un
trou dans les arbres pour y faire fon
nid. On doit mettre cet oifeau , dit
Ai. DROVANDE.au rang des Pics ,
Se non à celui des Pus. Il tient le
milieu entre la Pie Se le Merle.
PIE DES ANTILLES: Cet
oifeau , dit le P. du Tertre, a
le bec Se les pieds rouges , le col bleu ,
ceint d'un collier blanc : fur la tête ,
eft une hupe blanche , ftriée de lignes
noires. Cette touffe de plumes com-
mence au bec , Se elle finit proche
du dos. Il eft jufqu'au croupion cou-
vert de plumes tannées. Le croupion
eft jaune , la queue eft grande , com-
pofée de huit plumes bleues, lefquelles
font ftriées de blanc , dont il y en a
deux qui font plus longues de huit ou
dix pouces. Les plumes qui couvrent
les grandes plumes des ailes font tan-
nées Se rayées de lignes noires ; les
grandes font mêlées de bleu Se de
verd. Cet oifeau a le cri femblable i
celui des pies d'Europe , dit R A ï ,
Synop. Meth. Av. p. 152.
PIEDELA JAMAÏQUE,
nommée en Latin Pica Lutco-mgra ,
varia , Se en Anglois , the Ye'tOLV and
Black Pic. Cet oifeau, félon Sloane,
a le bec droit , pointu Se noir , les pieds
Se les ongles font de la même couleur,
ainfi que la tête , le dos , le gofier , Se
K k k ij
la queue. Les ailes font variées de
blanc Se de noir. Tout le refte du
corps eft d'un doré pâle. Cet animal
marche en fautant , comme fait la Fie
d'Europe , dit R a y , Synop. Meth. Av.
p. 1 81. ». i o. _
PIE DE LA LOUISIANE:
Cet oïfeau , félon M. le Page du
Pratz, eft un peu moins gros que
la Fie de France. Tout fon plumage efl
d'un très-beau noir. On n'en voit point
dans les terres, mais feulement au bord
de la mer.
PIE-GRIECHE : Cet oïfeau
efl: le KoXAup/oy d'A ristote( Hift.
Anim. L. X. c. 13.), & le Collurio
des Latins. Be l o n {h. II. c. 23.
p. iz6.) , dit qu'il y a deux efpeces
de petits oifeaux de proie , qui n'ont
pas plus de chair qu'un Merle • l'un
eft grand , & l'autre efl périt ; mais
au refte ils font fi femblables , qu'ils
ne différent que par la grandeur. La fît-
Griêche eft connue par -tout. Elle a des
taches blanches aux côtes, comm; la
Fie , c'eft ce qui lui a fait donner fon
nom, dit Belon. Les Italiens , ajou-
te-t-il, la nomm.:nr Falconeilo , comme
qui diroit Faucomtetu ; auffieft-elle du
nombre des oifeaux de proie. Celui
qui prendroît la peine de la leurrer
lui trouveroit autant de courage qu'à
un bon Faucon. R A y { Synop. Meth.
Av. p. 18. «. 3. ) dit que le Collurio
cinereus major, eft le Lanius. Le La-
mas , ou Lanier en François , n'eft
pas plus gros qu'un Merle , ce qui
convient auffi à la Fie-Griêi he. Seroït-
ce le même oifeau ? La grande Fie-
Griêche efl fi hardie , Se a tant de cou-
rage , qu'elle attaque les Merles Se
les mange. Elle a la tête groTe Se
large , le bec dur , noir Se gros , un
peu crochu par le bout, Se l'ouver-
ture grande. Les plumes de defTus la
tête , du dos , du col jufqu'àla queue
font grifes 8e fi fines , qu'il femble
que ce foit du poil, Cet oïfeau eft
blanc fous la gorge ; mais entre le blanc
de la gorge , & le gris de defTus la
P I E
tête , il y a une ligne de plumes noires
qui commence dès le bec , Se va finir
où commence le col. Il eft blanc fous
le ventre Se fous la queue. Ses ailes
font marquées par defTous d'une li-
gne blanche. Sa queue eft très-longue
Se furpafTe la longueur des ailes.^ Les
deux plumes du milieu font noires ;
les quatre autres font blanches par les
bouts. Ses jambes Se fes pieds font
noirs, munis d'ongles crochus. La Pie-
Griêche fait fon nid de moufTe , de
laine, d'herbe à coton, Scie fond efl:
de la bruyère :il eft garni en dedans de
quelques brins de foin Se de chiendent.
On trouve dans ce nid fix petits , qui
ne refiemblent au pere 8e à la mere que
par le bec , par les jambes , Se parles
pieds : ils ont les racines des plumes ,
qui font encore en tuyaux, tirant fur
le verd. On ne voit gueres brancher
la Pic-Griêche , à moins que ce ne foit
fur la fomrniré des arbre3 , ou d'un
buiffon, excepté en automne : on l'en-
tend chanter fur dirférens tons pen-
dant cette faifon. En hiver elle n'a
qu'un ton de voix , qu'on entend de
fort loin , comme la Chevêche , qui en
appelle une autre : elle crie affezagréa-
bkment homn, ho'tiin , Se elle le ré-
pète fort fouvent. Aristote, qui
parle de cet oifeau , dit : Collurio Avi-
ada fimilis eft Menti <t , mfiquod ma-
gnitudineftt P ardait , Mollicipitis , at-
que aliarum ejitjmodi. Mais en difant
que le Cj//«r/o" eftfemblable au Merle,
il ne faut pas entendre que fon plu-
mage eft noir ; car il ajoute > ut ïaMe-
rularum génère alia tiigra rota efl ,
alia vero candida , ità&fuwn habet
colorent cœrttlcum Chlorion, MollicepsO'
Fardalus. É L 1 E N , qui a mis la Fie-
Griêche au rang des oifeaux de proie,
dit auffi : Merulis affine gemts qttod-
dam efl venaticum , colore n'tgrum »
fpltnàîàè canorum , relié ex eo venati-
cum appetlatum , quod ex Avibus mili-
tas fui camus permulfione ad [e allicil
& capit,quod fi quando captam illant
concluferis in caveam , muta permane
F I E
éttpteelmguiT. Ainfi , félon cet Ancien .
la Pie-Griêcbe qui chante , devient
muette quand elle eft en cage,
La petite Pit-Grihbe , nommée en
Latin Cvlluriominor > comme je l'ai dit ,
ne diffère de la précédente que par la
grandeur. Toutes les deux , ditBELON
(Je la Nat. des Gif. L. H. c. 2j. p.
128.), font leur nid de la même fa-
çon. Les pères Se les petits ont le mê-
me ton de voix. La différence des
petits de l'une & de l'autre , eft que
ceux de la grande efpece ont la tête
beaucoup plus groffe , Se l'ouverture
du bec grande: leur couleur n'eft pas
fi fauve , ni fi madrée que celle de la
petite. Celle-ci élevé un plus grand
nombre de petits r elle en a quelque-
fois jufqu'à huit , Se quelquefois fix,
La grande n'en a jamais plus de cinq
ou fix. La petite Pie-Griêcbe rient fa
proie dans une de fes pattes , Se la
mange appuyée fur une jambe , à la
manière des oifeaux de proie. Quand 1
cet oifeau a peur , il pouffe un cri ef-
frayant, remue la queue de côté Se
d'autre , & la tient élevée. Il délivre
les terres labourables de Mulots Se de
Souris : il fe tient fufpendu en l'air à
la manière des Cercerelles , mais il ne
s'élève pas fi haut. Il vient fouvent
fe percher fur les Chardons , Se indif-
féremment fur toutes fortes de tiges ,
quand il a manqué fa proie, C'eft ainfi
que B e L o n parle de la grande &
de la petite Pie-Griêcbe.
PIE DE MER, ou BÉCASSE
DE MER , nommée en Latin
mantopus , pareeque cet oifeau a les
jambes & les pieds rouges. Nous l'ap-
pelions Pie de mer, dit Belon
( de la Nat. des Oif. L. IV. c. 11.
p. 203. ) , parecque comme la Pie,
fes ailes ont une ligne en travers , Se
Bécajfe de mer , parcequ'il a le bec auffi
long qu'une Bécaffe. M. Ll NNJRUS
(Fauna Suec.p. 59». iô~i.) met la
Pie de mer dans le rang des Aves feo-
lopaces. G E s n e R ( Av. p. 546". ) , la
nomme H&mantopits. Aldk.ovande
PIE 44J
( Omitk L.XX. c. 31., "Wii.lughbt
( Ornitb. p. 220. ) , 8c R a y ( Synop.
Metb. Av. p. 105 ». 7.) l'appellent
H&mantûpus Belonii, Barthol(^cî.
i. p. 90. ) , lui donne le nom de Pica.
marina, ou de Kitlder. Dans le Voyage
d'CElandep, 8. elle eftappelléeifMwdj;
kyitra; en Gothiande , Murjpitt , Se en
Anglois ,the fea-Pie.
Le bec de cet oifeau , 3it Belon,
tire entre le rouge 8c le jaune à l'en-
droit qui touche la tête. 11 eft brun
par le bout.long de quatre doigts, quel-
que peu plat à l'extrémité , Se très-tran-
chant par les bords.L' oifeau a autant de
chair que l'Aigrette , mais il n'a pas
tant d'apparence , parcequ'il eft plus
bas en jambe. Il a la tête , le col, le
defibus de la poitrine , Se le bout de
la queue , qui eft longue comme celle
d'un Canard , de couleur noire. Le
deflus du corps 8c des ailes eft auflî
noirâtre , Se tire fur la couleur enfu-
mée. Mais les côtés , le milieu des
ailes , le ventre , Se la grande partie
de la queue , font blancs, Il a les jam-
bes Se les pieds- gros , moux Se délicats ,
ce que n'ont pas les autres oifèaux de
rivière; fes pieds ne font munis que
de trois doigts. Voici comme en parle
P L 1 N E ( L. X. c. 47. ). Htmantopuï
milita minor eft qitàrn Porphyrio , qitan-
eptàtn eàdem crurum altïtudine ; rojlrum
qiioque & entra rukent. Nafcitur in
JEiypto. lnj:Jiit ternis digitis. Prxcipnum
ei pabulum Muj'c tt. Vita in Italiâ pan-
cis diebus. Ceci convient à la Pis de
mer. On en voit dans les marais de
Saintonge : ce n'eft pas un oifeau bon
à manger; fa chair fent trop le fau~
vagin. C'eft ainfi que B E L o N parle
de la Pie de mer. Albin ( Tome I,
n. 78.) en parle dans les termes ftuV
vans.
Cet oifeau eft fort commun fur le&
côtes de Galles , & ailleurs fur les cô-
tes Occidentales d'Angleterre. Il au
feize pouces de longueur depuis îsc
pointe du beC jufqu'à l'extrémité de 1»
•queue ; trente pouces 8c demi de large.-
44^
P I E
lorque fes ailes font étendues. Le bec
eft droit Se a deux pouces 5c demi de
longueur : il eft rétréci de biais , fe ter-
minant en un point rouge & aigu. IIP*"
roît par fa figure être formé parla Na-
ture pour fe fourrer fous les coquilles
de Limaçons de mer, & les enlever des
rochers , pour en manger le dedans.
La mâchoire fupérieure eft un peu
plus longue que l'inférieure : l'iris ,
de même que les bords des paupières,
eft d'un beau rouge. Les jambes Se
les pieds font d'un rouge jaunâtre;
quelques-uns les ont de couleur d'o-
range. Le doigt le plus avancé en
dehors 8c celui du milieu font unis
par une membrane ; de forte que cet
oifeau paroît être d'une nature , ou
efpece mitoyenne entre la Pie ordinaire
& celle qui a les pattes fendues. Les
griffes , la tête , le col , le dos Se la
gorge , jufqu'au milieu de la poitrine ,
font noirs ; le refte de la poitrine 8c
du ventre eft blanc ; il en eft de mê-
me du croupion. De cette conformité
de couleur il a pris le nom de Pie de
mer. Quelques-uns de ces oifeaux ont
une tache blanche fous le menton, Se
une moindre de même couleur fous
chaque œil. La queue eft compofée
de douze plumes égales , chacune de
la longueur de quatre pouces; la moi-
tié de deffous en eft blanche, Se celle de
deflus eft noire. Les principales ou
grandes plumes de chaque aile font
au nombre d'environ vingt- huit, dont
la première eft noire, n'ayant que le
corps intérieur blanc : aux autres ran-
gées le blanc s'étend jufqu'à couvrir
toute la plume dans la vingtième ,
Se dans les trois qui y font fucceffi-
vement attenantes: les autres qui les
fuivent , en comptant de la vîngt-troi-
fieme , deviennent encore graduelle-
ment noires. Les plumes couvertes par
celles du milieu l'ont blanches 8c font
enfemble une couche de blanc , qui
traverfe dans l'aile. Le mâle diffère de
•fa femelle quant à la couleur , 8c la
chair de ce premier eft très-noire, dure,
I PIE
d'une odeur forte , Se faîfant un très-
mauvais manger , ce dont on doit être
d'autant plus furpris , qu'il fe nourrit
principalement de poiflons à coquilles,
comme le nourri (lent les plus délicieux
oifeaux aquatiques.
PiEDL MLR àgros bec, en La-
tin Pic a marina. Albin {Tome IL n, 78.
& 79. ) lui donne aulfi le nom de
Plongeon. C'eil un oifeau de palTage
qui n'eft pas , dit-il , de la grandeur
d'un Canard domeftique : il a douze
pouces de longueur depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémit: des pieds,
Se fes ailes déployées occupent un ef-
pace de vingt-hx pouces. Le bec eft
court, large Si applati de côté, d'une
manière oppofée à celui des Canards :
il eft triangulaire , & le termine en
une pointe. La mâchoire fupérieure
eft formée en arche , Se courbée à la
pointe, il y a une matière calleufe où
la tête eft jointe , Se elle entoure la
bafe , comme dans les Perroquets : en-
tre cette matière calleufe , Se la pre-
mière rigole ou canelure , il y a de
longs trous. Le bec eft de deux dif-
férentes couleurs , livide ou cendrée
près de la racine , Se rouge vers la
pointe. 11 s'y trouve trois rigoles creu-
fées , une dans la partie livide , deux
dans la partie rouge. Le dedans de la
bouche eft jaune , Se les yeux font
gris , ou de couleur de frêne. Lee
paupières font appuyées d'un cartilage
noir : dans celle de deffous il y a une
enflure charnue Se livide , Se dans 1*
paupière de deflus , on voit une pe -
tite excroiffance triangulaire de la mê-
me couleur. Le fommet de la tête ,
le col Se le dos ont leur plumage noir;
celui de la poitrine Se du ventre eft
blanc ; la gorge eft entourée par-tout
d'un cercle ou bande noire , qui fort
du col. La tête des deux côtés , depuis
le fommet jufqu'à cette bande , a le
plumage d'un blanc mélangé de jaune
Se de couleur de frêne ; de forte que
les yeux Se les oreilles font renfermé*
dans ces efpaces blancs. Les ailes fon*
P I E
petites , Se compofées de plumes cour-
tes. Néanmoins l'oifeau vole fort vite
près de la furface de l'eau; fon efTor
eft aidé par l'humidité que contractent
fes ailes en fendant l'air. La queue a
deux pouces de longueur, Se elle con-
firme en douze plumes toutes noires. Le
dedans de l'cftomac eft jaune. La cou-
leur des plumes du mâle eft un peu
plus fombre que celle des plumes de
1» femelle. Les jambes & les pieds font
d'un rouge jaunâtre , ou de couleur
d'orange , Se placés en arrière , com-
me dans les Plongeons ordinaires , fi
bien que l'oiieaufe tient ou marche en
s'appuyant perpendiculairement fur la
queue : il lui manque le doigt de der-
rière. Le doigt le plus avancé en-de-
dans de ceux de devant eft le plus
court de tous. Les griffes font d'un
bleu fombre tirant fur le noir.
Ces oifeaux ne font point de nids ,
mais ils pofent leurs œufs à rafe terre.
Ils engendrent dans des trous fouter-
rains , qu'ils creufent pour leur pro-
pre ufage , ou dans ceux des Lapins ,
qulls chafTent exprès, pour s'en em-
parer. Leur ponte n'eft que d'un œuf,
qui eft suffi digne d'être remarqué.
Mais fil'on veut ôter cet œuf, l'oifeau
en pond un autre , & toujours de mê-
me jufqu'au cinquième. Ces œufs font
tres-grands , eu égard à lagroffèurde
l'oifeau : ils excédent même en gran-
deur ceux des Poules Se des Canes. Ils
font d'une couleur rougeàtre ou routfe ,.
beaucoup plus pointus à une des ex-
trémités que les œufs d'une Poule , 8c
plus émouiiés à l'autre. Ces oifeaux en-
gendrent annuellement en grand nom-
bre, dit Albin , dans les 111 es de Man ,
de Barfèy , de Caldey , de Farn , de
Gadreve , des Sillies , Se dans d'autres
petites 111 es déferres près des côtes de
la mer aux environs des Provinces de '
Scarboroug , de '1 enby , &c En été
ils fe tiennent dans les endroits que
l'on vitnt de nommer, & s'occupent
alors à engendrer Se à appâter leurs
jetit* Ils s'envolent au commence-
ment de l'automne , Se lis s'eh revien-
nent au printemps. Il n'eft pas décidé
ou ils s'en vont , ni où ils patient l'hi-
ver.
Il fe trouve parmi ces oifeaux des
avant-coureurs , qui viennent , dit Al-
bin , avant les autres en Angleterre
vers la fin de Mars, ou vers le com-
mencement d'Avril , Se ils y reftenc
trois ou quatre jours pour reconnoître
les endroits qu'ils ont coutume de
choifir pour couver , Se pour voir fi
tout y va bien. Cela étant fait, ils
prennent l'eflor , Se vers le commen-
cement de Mai ils s'en retournent join-
dre leurs camarades. S'il arrive que la
faifon foit orageufe , ou fujette aux
tempêtes , Se que la mer foit agitée „•
on en trouve un grand nombre jetté
fur les côtes , qui font maigres 8e affa-
mes jufqu'à en mourir; car à moins que
la mer ne foit calme , ils ne peuvent
pourfuivre leur route , ni ie pourvoir
de nourriture , qui eft du poiiîcn. Ils
s'en vont tous en Août , après lequel
temps on n'en voit point fur les côtes
d'Angleterre.
PIE, nom qu'on donne à un Coquil-
lage , efpece de Sabot ombiliqué , dont
la robe eft à fond blanc & tacheté de
noir , ce qui fait appeller fa coquille
la Pie , dit M. d'À rgenville»
M. A D A N s o n donne le nom de
LivoN à celui qu'il a trouvé aux Ifles
de la Magdelene au Sénégal. Le fond
de fa couleur, dit-il, eft noir, mar-
bré Se comme larmoyé d'un grand nom-
bre de taches blanches obliques , qui
lui ont fait quelquefois donner le nom
de Vt'.Lve , ou celui de Pie.
PIED D'AN E , efpece d'Huître,
ainfi nommée à caufe de la relTem-
blance de fa coquille avec la corne du
pied de cet animal. Le fond de l'Huî-
tre eft blanc , avec de longues pointes
couleur de rofe. Cette efpece d'Huî-
tre , félon M. d AiiGEN ville , n'a
d'autre différence des autres Huîtres-
que dans fa charnière confiftanre en
deux boutons arrondis qui renfermciî.
/
44 S PIE
le ligament, difpofés de façon que les
boutons de la valve fupérieure font
reçus dans les cicatrices de l'inférieure,
& que pareillement les boutons de
cette dernière fe logent dans les trous
de la fupérieure. Le ligament , de na-
ture coriace , fe trouve entre les bou-
tons , Se fert à la charnière des deux
valves.
PIED ROUGE» ou BEC
DE HACHE, oifeau de la Loui-
■fiane , qui habite prefque toujours les
bords de la mer , Se les lacs falés , où
.il trouve des Coquillages , dont il fe
.nourrit. Son bec eft fait en taillant de
bâche du haut en bas , Se il eit affez
fort. Ce bec Se les pieds font d'un
très-beau rouge. Son plumage eit affez
beau, On dit qu'il ne paroît dans les
terres que pour annoncer quelque
grand orage , qui ne manque pas à fe
faire fentir fur la mer , dit M. le
Page duPkatz.
PIETE RMAN , nom qu'on
donne au Niqui , efpece de poilTon
de mer , dont parle Marc Grave.
Voyez NIQUI.
P I E T I N , en Latin Fedipes : M.
A D A N SON( Hïfi. Nat. des Coquilla-
ges du Sénégal, p. 2 1 .) donne ce nom i
un nouveau genre de Coquillage ma-
rin univalve , qu'il a trouvé en grande
quantité dans l'Iile de Gorée. L'Au-
teur le nomme ainfi à caufe de la ma-
nière finguliere dont il marche avec
Jes deux talons , dont fon pied fem-
ble être formé. Pour découvrir ce pe-
tit Coquillage , il faut le chercher dans
les cavités des rochers, que l'onnom-
me Mâchefer dans le pays. C'eft-là ,
êe fur-tout dans ceux qui font expolés
aux grands coups de mer , qu'il fe tient
caché. Sa coquille n'eft figurée nulle
part, ajoute-t-il , à moins qu'on ne
pût y rapporter la Cochiea comprej]a,jnf-
ça,fafciata , brevior , finit longo ad rof~
trum notabiii , dont parle Lister
.( Hifl. Conchyl. Tab. 577. fig. 32.);
jelle fe rencontre dans peu de cabi-
nets , Se il ne l'a vue que dans ceux
P I E
où il l'a envoyée. II parle en ces termes
de cette coquille.
Sa forme repréfente un ovoïde ar-
rondi dans fon contour , obtus à fa
baie , Se pointu au fommet : elle n'a
que trois lignes de longueur , Se deux
lignes 6c un quart de largeur, c'ell-
à-dire que fa longueur excède fa lar-
geur à peine de moitié. On y compte
fix tours defpirale , qui defeendent de
droite à gauche. Ces fpires lontpeu
renflées , Se par conféquent peu dil-
tincf.es , ou fort étroitement liées les
unes avec les autres. La première , celle
où et} l'ouverture , a une telle difpro-
portion avec les autres qu'elle les
eiFace toutes : celles-ci font à fon égard
ce qu'eft un mammelon pointu , lur
un tetton bien rond. Vingt-cinq filions
allez légers , font diftribués allez éga-
lement fur toute la furface extérieure
de la première fpire : ils la fuivent
dans fa longueur , Se par-là coupent
la coquille tranfverfalement , mais dans
une direction oblique. Ces vingt-cinq
filions fe réduifent à huit dans la fé-
conde fpire à droite , à trois dans la
troifieme , Se diminuent ainfi infenfi-
blement jufqu'.i la pointe du fommet
où ils difparoiffent. L'ouverture ell
■des plus lingulieres : on peut la re-
garder comme une ellipfe , dont le
contour ell très-irrégulier : fon dia-
mètre ell: double du, petit : il eit pa-
rallèle au grand diamètre de la co-
quille , 8c un peu plus long que le
fommet. L'irrégularité qu'on obferve
dans fon contour vient des dents , qui
en bouchent une bonne partie : on en
diftingue deux médiocres à fa droite
Se autant à fa gauche vers le milieu
de fa longueur, Se une cinquième de
beaucoup plus grolle que les autres :
celle-ci eft placée à l'extrémité infé-
rieure de l'ouverture, Se s'élève jus-
qu'au tiers de fa longueur comme une
languette qui la divife obliquement en
deux parties inégales. Toutes ces dents
font dans l'intérieur de l'ouverture.
La lèvre droite de l'ouverture etfc fim-
pie
? I E
pie Bc fort tranchante , la gauche au
contraire eft arrondis & recouverte
d'une large bande , luifante & d'un
beau poli. Quelques-unes de ces co-
quilles iont d'un fauve clair , & d'au-
tres iout d'un bianc /aie. La lèvre gau-
che de l'ouverture eft communément
allez blanche. Telle eft la deferip-
tion de cette coquille. Voici celle de
l'animal qui y loge.
11 eft tort petit en comparaifon de
fa coquille La tête forme un croifTant
qui a une fois plus de largeur que
de longueur : elle eft arrondie à fon
extrémité, qui cil échancrée. Au mi-
lieu de fâ longueur , & en delT'ous ,
eft placée la bouche, dont l'ouverture
eft formée par deux lignes horifon-
tales , jointes par une ligne verticale.
Sa iltuation lui donne la ligure d'une
H. couchée fur le côté Le jeu des lè-
vres , qui forment cette bouche , ne
confifte que dans un mouvement la-
téral , qui les éloigne & ies rapproche
alternativement de la ligne verticale.
Les dents fout femblables à celles du
Coret , autre Coquillage du même
pays. Les cornes font allez épaîlTes
Se cylindriques , c'eft- à-dire égales en
groffeur depuis leur racine jufqu'à leur
extrémité. Elles ont moitié plus de
longueur que la tête , du milieu
de laquelle elles fortent. Dans leur
fituation naturelle , elles fe portent
verticalement en haut , au contraire
de ce que l'on voit dans la plupart
des Coquillages qui les portent , ou
en devant, ou fur les côtés. Ses yeux
font petits , ovales , une fois plus
longs que larges , & placés entre les
cornes Scia tête;- de manière que leur
grand diamètre eft parallèle à la lon-
gueur.
Le pied de cet animal eft ce qu'il
y a de plus fingulier : fa forme eft
elliptique , Se arrondie aux extrémités.
H a deux fois plus de longueur que
de largeur , & il eft prefque une fois
plus court que la coquille. Mais ce qui
le rend remarquable , c'eft. qu'il paraît
Tome Uh
PIE 449
COmpoië de deux talons femblables ,
pofés à chacune de fes extrémités. Ces
talons lailTent'entr'eux un elpace vui-
de , 8c creuléprofondément , qui donne
à ce pied la forme d'un pied bot , au-
quel on peut tres-bien le comparer.
Quant â la manière dont il fait agir
ce pied , voici ce que l'Auteur a ob-
fervé plu (îeurs fois. Lorfqu'il veut
marcher il s'affermit furie talon pofté-
rieur , & porte en avant fur le talon
antérieur , & auiïi loin que le peut
permettre la partie creule » qui eft
fufceptible d'un relâchement considé-
rable. 11 rapproche enfutte le talon
pollérieur, de-manière qu'il touche l'an-
térieur , & fait avancer tout fon corps
d'un elpace égal à celui qui tenoît les
talons féparés. Ce premier pas fait, il en
recommence un fécond en prenant pour
point d'appui le talon poftérieur pen-
dant que l'antérieur avance , Se faifant
réciproquement fervir celui-ci de point
d J appui au talon poftérieur pour le
ramener à lui. On peut croire que ce
mouvement exécuté avec une certaine
vîteiTe , doit accélérer confidérable-
ment fa marche ; anflî n'y a-t-il point de
grands Coquillages , que celui-ci , tout
petit qu'il eft, ne devance de beaucoup •
quand il fe veut donner la peine de
marcher. C'eft de la fingularité de cette
démarche que l'Auteur dit avoir em-
prunté le nom de Pietin , qu'il donne
à ce Coquillage.
On ne voit pas, continue M. Ad an-
Son , quel peut être l'uftige de la
grande dent , qui eft en bas de l'ou-
verture de la coquille , & l'on ne s'î-
magineroït gueres qu'elle fort à tenir
écartés les deux talons , dont on vient
de parler. Cependant c'eft un fait qui
devient hors de doute, lorfqu'on obfer-
ve l'animal entrer & fortir pSufieurs fois
de fa coquille : alors on voit fes deux
talons fe retourner de côté & pafter
l'un à droite & l'autre à gauche de la
dent, qui étant prolongée jufques dans
l'intérieur de la coquille , comme l'Au-
teur marque s'en être afliiré en lacou-
Ll 1
450 PIE P I G
pant en deux , les tient toujours éloi-
gnés l'un de l'autre , à quelque pro-
fondeur qu'ils la pénètrent. Le manteau
eft une membrane épaïfTe qui Te ré-
pand dans l'intérieur de la coquille ,
jufqu'au bord de fon ouverture , Se
laiffe à droite un petit trou rond ,
auquel répond l'anus. Le corps du
Pis tin eft d' un blanc fale ; mais fes yeux
Se fes cornes tirent fur le noir, Ce Co-
quillage eft figuré Planche 1. dudit
Ouvrage.
P I ET T E, oifeau de rivière , dont
parle Bel on ( de la Nat. des Oif.
L. III. c. 16. p. i j i . ) , fort connu ,
dit-il, dans le Soiifonnois , Se dans le
Beauvoifis. Le nom de Piette eft un di-
minutif de Pie. Cet oifeau eft mi-
partie noir, Se mi-partie blanc: il fe
tient dans l'eau , il eft plus grand que
la Sarcelle , plus petit que le Mo-
rillon. Sa couleur n'eft pas conftante :-
il y en a de tout blancs par le col Se
par le corps : d'autres qui ont le plu-
mage mêlé de couleur noire. La cou-
leur la plus commune Se la plus conf-
tante de cet oifeau , eft d'avoir le
deffous de la gorge Se du ventre blanc ,
& le deffus du corps noir. Ses aiks
font comme celles de la Pie ; fes pattes
& fa queue font comme celles du Mo-
rillon. La Piette diffère des autres oi-
feaux de rivière , en ce qu'elle n'a
pas le bec large comme les autres oi-
feaux aquatiques. Ce bec eft rond fans
être velouté par-delïus , mais il eft
dentelé par les bords. Cet oifeau a une
petite hupe fur le derrière de la nu-
que: cette hupe eft placée à l'endroit
oh commence le col. Bilon foup-
çonne que cet animal eftlemêmeque
les Anciens nommoient Phalaris.
P I G
PIGE ON : Les marques caraété-
nlhques des oifeaux que les Natura-
lises nomment Columbinum gemts , font
d avoir les jambes courtes , les ailes
îres-longues , un vol' très-fort , le bec
P I G
droit , étroit , Se un peu long; mais cô
bec diffère fuivant les efpeces : les unes
l'ont plus délié , d'autres plus gros ,
d'autres plus courts , d'autres plus
longs : Etiamfirofira inter fe différant,
tenuiora , crajjiora , breviora , longiora
dit M. Klein; un cri gémiffant; de.
ne pondre que deux œufs à la fois „
Se défaire pluiieurs couvées dans un©
année ; de dégorger dans le bec de
leurs petits pour les nourrir , Se d'avoir
les pieds rouges. 11 y en a cependant
au Bréfil qui ont les pieds blancs ; 8c
enfin , mâle Se femelle , de couver tour
à tour. M. L i n N s u s ( Vanna Suec.
p. ô~4. ) met les Pigeons dans le rang
des Aves Pajferes mais le Pigeon de
Groenlande eft du nombre des Aves
yî/ijeres.
M. K l e i n ( Ord. Av. p. 1 18.)
compole le dix-feptieme genre de la
quatrième famille de fes oifeaux des
différentes efpeces de Pigeons. J'ai dit
en plufieurs endroits de cet Ouvrage,
que cette quatrième famille renfermé
les oifeaux tetradaitylcs , c'eft-à-dire ,
oifeaux qui ontles pieds garnis de qua-
tre doigts fimples , dont un par der-
rière : Tetradadyli , digitis fimplicibus ,
unico pofiico.
R a y ( Synop. Metb. Av. p. 50. ) di--
vife les efpeces de Pigeons en Pigeons
domcfliqites ou Pigeons privés , Se en
Pigeons fauvages. il y a beaucoup
de fortes des uns Se des autres , 5c en
outre il y a encore les différentes ef-
peces de Pigeons étrangers.
Il n'y a point de pays , dit Belon
C de la Nat. des Oif. L. VI. c . 2 3 ,
p. 313-)) 011 cet oifeau ne foit connu.
Ce Naturalifte rapporte qu'il en a vu
en Paphlagonie s'élever fi haut en l'air
qu'on les perdoit de vue , & ils re-
venoient tout droit à leur Pigeonnier ,
fans s'écarter. Les pays du Levant ne
fourniffent pas tant de Pigeons que la
France , Se toute l'Europe. On efti-
moit autrefois les Pigeons Romains , Se
on les eftime encore. La race enétoit
fi recherchée qu'une paire fe vendoi}-
P I G
quatre cents deniers , qui* font environ
trente écus Se demi de notre monnoie.
On les tenoit fur les tours des mai-
sons , Se les Romains étoient curieux
d'en avoir d'une certaine race. Les Ma-
riniers en Egypte en nourriffent fur
leur navire , ainfi qu'en Candie 8c
en Chypre ; c'eft , dit B e l o n , pour
les lâcher quand ils approchent de ter-
re , afin de faire annoncer chez eux
leur arrivée. L'Hiftoire ancienne &
doderae fait mention de Figeons, aux-
quels on attachoit des lettres aux pieds
ou Tous les ailes , Se qui les portoient
À leur adrefle. Il y a encore de ces
Figeons mejfigers en Orient , Se ail-
leurs. Les Figeons les plus eftimés en
France , font , dit-on , ceux de Per-
pignan.
Les Pigeons de Fuie Se de Colom-
bier font des Pigeons privés , mais ils
font moins privés que ceux que l'on
nourrit dans les maifons , dont les uns
font pattus , les autres ne le font pas.
Les Pigeons de diverfes races font
aflèz communs en Italie , Se rares en
France. Il y a en Italie une efpece
qu'on nomme Tronfi Se Afiurnellatï ;
les Anglois l'appellent liants. Cette
efpece eft de la grandeur des Pou-
les ; elle étoit connue des Anciens.
Pline dit : Quin & Patriam nobili-
tavère in campanïà grandijjim.t prove-
nire exifiimats. Ces Pigeons de Cam-
pante ne font pas moins variés en
couleur , que le Pigeon domeftiqtte. Son
vol eflÊ pluspefant.
En général les Pigeons connoilTent
leurs ennemis. Ils fe cachent quand ils
apperçoi vent les oïfeaux de proie , qui
leur font la chaffe , Se qui les pren-
nent en volant.
Un Pigeon mâle ne quitte point fa
femelle ; il fait la roue autour d'elle ,
& il épanouit fa queue quand ils font
en amour. Les mâles fe battent pour
leurs femelles , fe donnent des coups
d'ailes par la tête , Se s'arrachent les
plumes. Les femelles , Se Aiustote
Le rapporte , au défaut du mâle s'en-
freflailliflent & elles font des œufs,qui,
comme on le doit penfer , n'ont pas
de germe.
B E L o N parle de cinq efpeces de
Pigeons ; favoir , les Ramiers , les Bi-
Jets , les Fuyards , les Tourterelles , Se
les Pigeons privés. Quelquefois les
Poètes Grecs ont pris le mot FltivWe
pour fignifier les Pigeons. Varron,
Se les Auteurs , ne parlent que de deux
efpeces principales de Pigeons , qui font
la privée , Se la Jattvage. Celle-ci eft
nommée faxatilis , Se pareequ' elle fait
fon nid dans les tours , Turricola. G a-
lien la nomme Firgitis , Se autrement
Perïfieronomas. Cette efpece eft auflî
timide que les Fuyards. Il y en a qui
fe tiennent dans les creux des arbres,
ce font ceux qu'on appelle Vinagines.
De ces deux efpeces en provient une
troifieme, qui eft d'un grand revenu.
On les nourrit dans les Colombiers :
ils y paffent la nuit , Se ils y élèvent
leurs petits.
Le Pigeon privé vît en France , en
Angleterre , Se ailleurs ; Se il y en a
plufieurs efpeces.
La première font ces grands Pigeons
que les Italiens appellent Tronfi Se
Afiurncllati , Se qui font de la gran-
deur d'une Poule. J'en ai parlé.
La féconde eft celui que les An-
glois Se les Hollandois nomment Crop-
pers. On l'appelle en Suédois Kropp-
dufwa , Se en Latin Cohtmba gitttu-
roj'a. Parceque , quand ce Pigeon en
refpirant l'air enfle fon jabot , il paroit
plus gros que tout fon corps.
La troifieme efpece eft le Tremblent
à queue large, nommé en Latin, Co-
lumba tremula, laticauda ; en Anglois
Broad-Tail'd Shdkers. Il eft nommé
Tremula , pareequ'il remue prefque
toujours la tête Se le col ; Se laii-
cauda , parceque les plumes de la
queue font au moins au nombre de
vingt-fix. En marchant il la tient pref-
que toujours élevée , comme font les
Poules.
La quatrième eft un autre Pipeau »
Ll lij
4ça P I 6
comme le précédent , maïs dont la
queue eft étroite , ou pointue. Càlumba
tremuia atigufticauda ,ou acuticauda,
nommé en Anglois Narraw - Tail'd
Shakers.
La cinquième eft le Pigeon dont on
fe fèrt pour envoyer des Lettres : il
ell nommé en Latin Coïumba tabella-
ria , & en Anglois Carriers. 11 eft égal
au Pigeon vulgaire,ouurt peu plus petit
que lui. Sa couleur eft d'un bleu obfcur
ou noir ; fes yeux font comme ceux
des oifeaux de proie ; le cercle en eft
large ; la peau nue , tubereufe Se blan-
che. La mâchoire fupérieure du bec
eft une peau poreufe qui s'étend de-
puis la tête jufqu'au milieu du bec.
La fixieme eft le Pigeon à chape-
ron , ou le Jacobin , nommé en Latin
Coïumba cuculiata t ou Jacobxa , en
Anglois Jacobines, en Hollandois Cap-
fers. Le mâle de cette efpece de Pi-
geon , dit Albin, eft le plus petit.
Plus il eft menu , dit- on , plus on en
feit de cas. Il a un rang de plumes qui
entoure ie derrière de fa tête Se s'é-
tend par en bas des deux côtés- du col
jufqu'à la naiifance des ailes , en for-
mant une efpece de chaperon de Re-
ligieux. C'eft' de-là qu'il tire le nom
de Jacobin. La partie fupérieure de ce
rang de plumes eft nommée le cha-
peron. Plus ces plumes font rarnafTées'
& près de la tête , plus l'oifeau eft
eftimé. La partie inférieure eftappeilée
par les Anglois la Chaîne , Se par les
Hollandois la Cravatte. Les- plumes
qui la compofent doivent être longues;
Se ferrées. Ce Pigeon doit avoir le bec
très-court. Il doit au ffi avoir l'œil net
Be clair, comme une Perle, Quant à la
couleur, il s'en trouve de rouges.de
jaunes, de noirs, Si de bigarres. De
quelque couleur que ces oifeau* foienr,
ils doivent avoir la tête propre &
blanche, avec les pattes & la queue
de la même couleur. Il s'en trouve
qui ont le3 jambes- Se les pieds garnis?
de plumes , 8e d'autres qui les ont fans
jlumes. Les uns 3c les autres femt éga-
P I G
lement eftîm^s , félon les différentes
idées des Curieux.
La fepti'eme efpece eft nommée en
Latin Coïumba turbita. Ray dit qu'il
ne fait point la raifon du nom Turbits,
Cette efpece de Pigeon a le bec très-
court, & gros comme celui de la Gorge-
rouge. Sa tête eft plate , Se les plumes
de la poitrine de chaque côté font fri-
fées.
La huitième efpece eft le Pigeon de
Barbarie , ou de Numidie s il elt nom-
mé en Latin Coïumba Barbarica , feu
Numidica , Se en Anglois Barbary Pi-
geon. Cet oifeau a le bec comme le
précédent. Un cercle large , comme au
Pigeon mejjdger » fait le. tour de fes;
yeux.
La neuvième efpece eft nommée
en Latin Coïumba percujfor, en Anglois
Smiters , pareeque cet oifeau en vo-
lant frappe fi fortement des ailes ,.
qu'elles rendent un fon pareil à celui
de deux planches frappées l'une contre,
l'autre.
La dixième eft nommée en Latin-
Coïumba Giratrix , ou Ver.iagus , en'
Anglois Tumblers. Ce Pigeon eft petit
Se de diyerfes couleurs r en volant il
forme des cercles en l'air , qui repré-
fentent la figure d'un globe oud'une
boule.
L'onzième efpece eft le Pigeon hu-
px , nommé en Latin Coïumba galeata,,
en Anglois Helmets. C'eft un Pigeon
qui a la tête , les ailes Se la queue
d'une couleur différente que le refte
du corps.
La douzième efpece eft le Pigeorz
Cavalier , nommée en Latin Coïumba
Eques, Se en Anglois Light Morfmttn.
Cet oifeau eft un Pigeon bâtard , fortî
du Gonfleur Se du Mtjfkger : il tient
de l'un S; de l'autre , comme il parole
par fon bec Se par le gonflement de
fon jabot Voici comme en parle A E-
3 1 N ( Tome IL n. 45 ). Cet oifeau a
des excroiffances charnues à la raciner
du bec r Se autour des yètts , Se le
jabot un peu enilé. L'iris eft d'une heiie
P I G
Couleur d'orange , tirant fur le rouge.
Cet oifeau eft d'une couleur de frêne
fombre & bleuâtre. Le defTus du corps
repréfenre plufieurs couleurs luifantes t
fêmblables à celles de l'arc -en-ciel y
félon qu'on les voit en différens jours.
Le jabot eft blanc , Se cette couleur
eft entremêlée d'un verd pâle. Les
Jongues plumes des ailes les plus avan-
cées en dehors , ont chacune une moitié
blanche , & l'autre noire ; 8c celles du
fécond rang font traverfées de raies
de même couleur , qui rmiffent en un
point, vers le bord extérieur de l'aile.
La queue eft compofée de douze plu-
mes noires , chacune environ de qua-
tre pouces Se demi de longueur : les
jambes Se les pieds font rouges. Albin
dit que ces Jortes de Pigeons font d'un
meilleur rapport que toutes les autres
efpeces ; il en a fait l'expérience pen-
dant plufieurs années , Se il nous ap-
prend que les Marchands de Pigeons
à Londres lè fervent de Pigeons Ca-
valiers pour en attrapper d'autres.
La treizième efpece eft un Pigeon
que les Anglois nomment Bjftard-
Bils. C'eft un Pigeon bat.ifà plus grand
que le Numidique. Son bec eft court
Si les yeux font rouges;
La quatorzième efpece , que les An-
glois nomment Turners , eft un Pigeon
qui a par derrière la tête des plumes
partagées à- peu- près comme eft la
crinière d'un Cheval.
La quinzième efpece eft un autre
Figcowqae les Anglois nomment F/'w-
mkens , lequel eft tout femblable au
précédent, à l'exception qu'il eft plus
petit.
La feizieme efpece eft un Pigeon-
nommé en Anglois Mawmets , com-
me qui diroit Pigeon de Mahomet. On
le nomme en Latin Columba Maho-
metana. Il a les yeux grand, noirs , &
d'ailleurs il eft femblable au Pigeon de
Numidie..
* Cet oifeau eft nomme en Grec ntpiç-« f a
<?n Italien , Colombo domefiico; en Allemand ,
klaujfi-Tmbe ; en Anglois Common- Pigeon,
P I G 453
Voilà , félon Ray, les différentes
efpeces de Pigeons privés. Parmi les
Figeons fauvages , il compte les Tour-
terelles. Voyez TOURTERELLE.
Les autres font le Pigeon faitvage or-
dinaire , le Pigeon Ramier ou Bifet ,
les Fuyards , Se le Pigeon à collier :
ceux du Bréfil , de l'Ifle de Saint
Thomas , de la Jamaïque , de la Loui-
fiane , du Mexique , du Cap de Bon-
ne-Efpérance , de l'Afrique, de Nin-
combar , &c.
PIGEON ORDINAIRE*,
en Latin Columha vulgaris. Cet oifeau t
dit Albin ( Tome IIP n. 42. ) , eft
long de treize pouces depuis la pointe
du bec jufju'à l'extrémité de la queue ;
il eft large de feize pouces. Son bec
eft délié , pointu , paffablement long r
doux au toucher, blanchâtre vers le3
narines , & couvert d'une certaine ma-
tière farineulè, fans laquelle il feroit
brun. La langue n'eftni dure , ni fen-
due ; mais elle eft aiguë Se douce au
toucher. L'iris eft rouge , il en eft de-
même des jambes Sz des pieds- ; ks
grifies font noires , la tête eft d'un bleu*
pâle. Le col. , à mefure- qu'il eft ex-
pofé à différens jours , paroît de di-
verfes couleurs luifantes. Le jabot eff
rougeâtre j le refte de la poitrine Se
le ventre Ibnt de couleur de frêne ;
le dos , au-deffous 5c un peu au-demis
du croupion , eft blanc . marque carac-
tériftique de la plupart des Pigeons
fauvages , dit Alei n. L'efpace quf
eft autour des épaules eft cendré , Se.
quelquefois noir , mais- toujours mé-
langé de cette première couleur. Le -
nombre c'ts longues plumes de chaque:
aile eft d'environ vingt-quatre, dont
les plus avancées en dehors font d'une,
couienr fombre : tout ce qui eft vift-
ble dans les autres eft noir ; celles qui
font" couvertes de duvet font cendrées,.
Les plumes couvertes par les dix pre-
mières girouettes font de cette cou-
ou Dove ; en Suédois , Dufiva. Le mot Figeait
ou Pigeonneau vient du Latin Fipio , qui figiiM-
fie ia même choie,.
454 P I G
leur , mais fombre : le refte des plumes
couvertes , prefque jufqu'au corps , eft
bran; les plumes .Scies textures exté-
rieures font cendrées; les textures in-
térieures font noires. Les plumes cou-,
vertes du delTous des ailes font en-
tièrement blanches. La queue eft com-
pose de douze -plumes , chacune de
la longueur de quatre pouces Sç demi;
celles du milieu font un peu plus lon-
gues que les plumes extérieures. Elles
ont toutes leurs pointes noires. Le
refte eft par-tout cendré. Cette ef-
pece diffère beaucoup par la couleur.
On en trouve de tout blancs.
Le genre des Figeons ne pond que
deux œufs à chaque couvée. Selon Al-
DRovande, les jeunes Pigeons ne s'ac-
couplent jamais avec leur femelles fans
la baifer auparavant; mais les vieux
ne baifeut ia leur que la première lois.
Le fexe fe connoît tres-ailément par la
voix , fur- tout dans les Pigeons comp-
liques ; car les femelles ont ia voix lort
grêle , & les miles l'ont beaucoup plus
grave. Aristote , Se apres lui
Pline &■ A t h é n e e , dît que le
propre des Pigeons eft de ne point ren-
verler le col quand ils boivent, mais
de boire largement , comme font les
bêtes de charge. Albert le Grand
fixe à vingt ans le terme de la vie des
Pigeons. Pour ce qui concerne les Pi-
geons domsftiqics , un homme digne de
foi , dit Aldrovahde, m'a rap-
porté, après l'avoir oui dire à fon pere ,,
qui étoit fort curieux en Pigeons , Se
autres oifeaux , qu'il a voit gardé pen-
dant vingt-deux ans un Pigeon , qui
avoit toujours fait des petits .excepté
les fix derniers mois , qu'il avoit choifi
la vie célibataire en quittant fa femelle.
Aristote leur donna quarante ans
de vie.
La fiente de Pigeon eft très-bonne
peur les Plantes Se pour les femences.
On peut la répandrefurla terre,|toutes
les fois qu'on feme le grain , conjoin-
tement avec la femence , Se même
pprès en toute faifon, Se chaque hot-
P I G
tée de cette fiente équivaut à une char-
retée de fumier de Mouton. Les La-
boureurs répandent auifi de cette façon
par les champs du fumier de Pigeon ,
foit avec la iemence même , foit fé-
parément.
On lit dans V Hiftoire de F Acadcmit
Royale des Sciences , Tome I. p. 140.
qu'en ditféquant deux Pigeons , on re-
marqua que leur œfophage eft capable
d'une dilatation plus grande que celui
des autres oifeaux, & qu'en fouillant
dans leur âpre-arterc , on fait enfler
leur jabot , fans que l'on fâche par
quels conduits l'air y peut entrer. L'u-
fage de cette méchanique parait avoir
rapport à la nourriture que les Pigeons
avalent pour la porter à leurs petits.
Si elle étoit ferrée Se comprimée dans
leur œfophage , elle s'y digérerait 8c
s'y altérerait du moins confidérable-
ment , avant qu'ils fa fient arrivés à
leurs nids; carie mouvement de com-
preiïion eft une des principales caufes
de la digeftion; mais ia dilatation de
l'cefophage , Se l'air dont le jabot s'en-
fle, mettent en fureté ce qui y eft de
réferve.
Les Pigeons , comme on l'a dit , ne
font pour l'ordinaire que deux œufs
tout blancs à chaque ponte , dont l'un
produit un mâle Se l'autre une femelle.
Quelquefois aulîl il en naît deux mâ-
les ou deux femelles. Pour pondre
chaque œuf il faut un nouvel accou-
plement. La femelle pond le plus fou-
vent l'après-midi : dès qu'elle a pondu
fes deux œufs , elle femet à les cou-
ver de façon ,que pendant l'eipace de
quinze jours complets , non compris les
trois jours employés pour la ponte ,
elle couve depuis trois ou quatre heu-
res après-midi jufqu'au lendemain ma-
lin,, furies neuf a dix heures que le
mile prend fa place jufqu'à quatre heu-
M$ d ( u loir , tandis que la femelle va
chercher à manger Se fe repofer ; puis
elle revient à l'heure dite relever 1011
mâle, qui lui: cède la place jufqu'au
lendemain , Se ainii de iuits juiqu'à
P I G
ée que les petits foient éclos. Si durant
la couvaifon la femelle tarde trop à
revenir , le mâle va la chercher Se ïa
pouffe à fon nid. La femelle en fait
tutantau mâle quand ilefttrop paref-
feux.
Les deux Pigeonnaux éclos n'ont
pas befbin de rien manger pendant trois
en quatre jours , mais feulement d'ê-
tre ternis bien chaudement. C'eft la fe-
melle qui m charge feule de les cou-
ver pendant ce temps-Li , fans fortir
de fon nid, fi ce n'eft pour quelques
momens , qu'elle va prendre un peu
de nourriture. Après quoi ils les nour-
rilfent pendant une huitaine de jours
d'alimens à demi-digérés , comme de
la bouillie , qu'ils leur fouillent ou dé-
gorgent , une , deux , Se trois fois par
jour , fuivant le befoin ; en forte que
le mâle fo utile communément la petite
femelle , & la femelle le petit mâle.
Peu-â-peuils leur donnent une nourri -
ture plus folide à proportion de leurs
forces.
Les bons figeons de volière font
douze couvées par an , & quelquefois
treize ; ils ont toujours à la fois des
œufs Se des petits pour ne point per-
dre de temps , & qu a d les petits font
en état de voler , le pere les chaflè
du nid , Se les oblige d'aller chercher
eux-mêmes leur vie. Quand la fe-
melle s'ert laitTé cocher par un mâle
étranger , le fien fe dépite , Se n'en
faifant aucun cas il ne la veut plus
voir, ou s'il en approche c'eft pour
la châtier. On a vu deux mâles mé-
contensrefpecfivement de leurs femel-
les faire entr'eux un échange , Se vivre
enfuite en bonne intelligence dans leur
nouveau ménage.
Les Pigeons aiment à fe baigner , &
a fe rouler dans la pouffiere , pourfe
dél ivrer des Puces Se des Poux qui
les incommodent. Ils fe nourriffent de
Froment , de Sarrazin , d'Orge , de
Vefce , de Pois , de Chenevi , de Pa-
rus , d'Yvraie Se d'autres grains. Ceux
& Colombier cherchent: leur vie dans
P I G
455'
les champs , Se le Maître ne les nourrît
a les dépens que pendant quelques
mois d hiver, où la terre refte long-
temps couverte de neige : auffi font-ils
bien moins féconds que les Figeons de
volière , qu'on nourrit abondamment.
Ils volent très - rapidement fur- tout
iorfqu'ils fe fentent pourfuivispar i'É-
pervier, par le Milan, ou parquel-
qu'autre oifeau de proie. Outre le
vol , ils ont la vue & l'ouie excel-
lentes : ce font les feules armes que
la Nature leur a données pourfe dé-
fendre. Ils fympathifent avec l'homme
& avec la volaille , maistnon pas avec
la Crellerelle : ils tremblent à fafpect
de cet oifeau de rapine , fâchant qu'ils
ne les épargnent point quand il les
peut attraper. Il n'eftpas vrai, fuivant
le proverbe , que les Pigeons n'ayent
point de fiel : ils font colères , Se ils
fe battent fouvent jufqu'à la mort.
Le Pigeon contient beaucoup d'huile
& defel volatil , Se médiocrement des
parties terfeftres; Cet oifeau eft d'un
grand ufage parmi les alimens , fur- -
tout quand il eft jeune. Sa chair e£t'
alors tendre, fucculente, facile à di-
gérer , & elle nourrit beaucoup ; mais
à mefure qu'il avance en âge , elle de-
vient plus feche , plus maffive , Se de'
plus difficile digeftien : elle eft même
pour lors propre à produire des hu-
meurs grotlieres Se mélancoliques. Ils
conviennent en tout temps , à toutes,
fortes d'âges , Se à tous les tempéra-
mens : cependant , comme leur chair
refierre un peu le ventre , les per—
fonnes mélancoliques & bilieufes doi-
vent en ufer plus fobrement que les>
autres.
Quant aux ufages de cet oifeau en-
Médecine , on emploie non-feulement'
le Pigeon entier, mais encore fon fang
Se fa fiente. On ouvre par le dos dan3
fa longueur un Pigeon vivant , Se en
l'applique tout chaud fur la tête dans
l'apopléxie, dans la léthargie, dans la
phrénéfie , & dans les fièvres mali-
gnes, On l'applique auffi à la gfcam
45^ p 1 G
des pieds , quand la fièvre maligne
eft jointe à la phrénéfie , pour faire
une révolution de l'humeur qui atta-
que le cerveau. On l'applique àliffifur
le côté douloureux dans la pleuréfte.
Le fâng de pigeon récemment tiré Se
encore riede eft employé pour adou-
cir les acretés des yeux , Se pour guérir
les plaies nouvellement faites. On pré-
fère celui du Pigeon mâle , qui a été
tiré de defïbus l'aile , comme étant le
plus fpiritueux. Quelques Auteurs re-
commandent la tunique interne du gé-
fier deflechée Se pulvérilée contre la
dyfenterie.
La fiente de Pigeon contient beau-
coup de nitre ou de fel armoniac ; ce
qui la rend chaude , difeuffive , Se ré-
solutive : elle pouffe par les urines .
& convientauxhydropiques , Se à ceux
qui font attaqués de la gravelle. La
façon de s'en fervir contre ces mala-
dies , félon les Auteurs de la fuite de
la Matière Médicale , eft de la calciner
& d'en faire enfuite une leffi re avec
de l'eau fimple pour s'en fervir de
bâillon ordinaire. Quelques-uns y ajou-
tent les cendres de farment Se de ge-
nêt pour la rendre plus efficace. On
la donne auffi en iubftance dans les
mêmes maladies , Se la dofe en eft
d'un à deux fcrupules , dont on fait un
bol avec quelque fyrop ; ou bien on
fait infufer cette poudre pendant la
nuit dans un petit verre de bon vin :
en paiTe le tout ie lendemain par un
linge fans expreflîon, Se Fpn donne la
colature au malade.
Outre ces ufages internes la fiente
de Pigeon en .a d'autres à l'extérieur:
comme elle eft très-chaude , à caufe du
fel armoniac nïtreux dont elle abon-
de , elle brûle & rougit la peau , fi
on la laillè deJÛTus pendant un certain
temps.
On lit dans les Êphémérides d'Aï*
Ittmag ne C De curie 11. année ^.Append.
f, "6. ) , que de la fiente de Pi-
geon étant tombic dans les yeux d'un
f-niant, il en étoit devenu aveugle,
P ï G
& que le feu avoir pris de lui-même
à un monc.au de fumier de Pigems
échauffé par li_s rayons du loleil. Tout
cela prouve i'acèivité de cette fiente;
Se c'eft pour cetre raiion qu'on l'tm-
ploie dans les emplâtres , Se dans lej
cataplaimes cauitiquts Si rubéfions. On
la pile , on la ramiïe , & on la mêle
enfuite avec la fetnenoe de Greffon ,
ou de Moutarde , pour appliquer dans
les ma adies chroniques, texles que la
goutte froide , la migraine , le verti-
ge , Se les douleurs habituelles de
côté , du col Se des lombes ; enfin dans
tous les cas où les véiicatoirts con-
viennent , Se où l'on veut les adoucir
pour m 4 nager, autant qu'il eft pollible ,
la fenfibiiité du malade.
Ettmullek allure que la fiente
de Pigeon guérit les écrouelles , étant
appliquée deflus , avec un mélange d e
farine d'orge Se de vinaigre ; Se qu e
mêlée avec l'huile Se le vinaigre , ell e
dïfîïpe promptement les tumeurs ié.
reufes Se adémateufes qei fe former^;
très - fouvent dans les articulations;
Voyez la Suite de laAIature Médicale,
Tome III. p. 146". & j'tdvantes , Se le
Dictionnaire de Médecine.
Il eft fait mention dans les Éphé-
mérides des Curieux de la Nature ,
Décad. 2.. année 16&J. d'un Pigeon
monftrueux éclos à Venîfe, en 1685.
chez Joseph Sandalus de Ferrare ,
qui avoir deux têtes Se trois ai! es. On
lit auffi dans les Ailes de Coppenbague,
années 1671. & 1672. Objerv. XLVI.
Se dans le Tome IV. Partie étrangère,
p. 218. des Collections Académiques , la
difiection d'un jeune Pigeon faire par
Olaus Bokichius. L'Obfer-
vateur s'exprime en ces termes.
La trachée-artere , au-lieu d'êtra
couchée fur l'œfophage , étoit fituée .1
fa gauche , Se même en étoit un tant
foit peu féparée ; elle fe partageoit au-
près du cœur en deux branches , qui
fe portaient au parenchyme des pou-
mons , fans fe divifer en d'autres rami-
fications plus petites ; mais elles abou-
ti fToient
T I G
tfifloîefltati poumon par leurs ouvertu-
res, fans qu'on y put remarquer d'an-
neaux cartilagineux.
Les poumons étoîent par-tout fort
adhérens aux côtes ; leur couleur étoit
d'un rouge vif & leur bord infé-
rieur defeendoit tellement aoi-denous
dit cœur, que fans l'interpofition de la
pleure , ils auroient pu toucher les
reins.
Le cceut étoit a (fez gros par confé-
dération du volume total de l'oifeau.
Je n'y ai rien trouvé d'extraordinaire ,
•je n'y ai rien vu qui reflemblât à cette
valvule cornée , que Marc-Aurei.e
Scverin dît avoir apperçue au ven-
tricule gauche ; peut-être le Pigeon
qu'il diiTéquok étoit-il vieux. On
voyoit au ventricule droit un petit
trou du côté de la bafe du cœur ;
une foie de Porc , que j'y faifois en-
trer , pénétroit aifément la cloifon , Se
alloit fbrtir dans le ventricule gauche ,
prtdque au milieu de fa cavité.
La pointe du cœur n'étoitpas tour-
née à gauche , comme dans la plupart
des animaux; mais placée préeifément
dans le milieu de la poitrine , où elle
fe portoit un tant foit peu vexs la
dr-oite,
■Le foie avdît deux grands lobes ,
Si tm troifieme très-petit Se à-peu-près
cylindrique.
La véfictile du fiel manquoît ; on
voyoit cependant dans un petit en-
foncement du foie le conduit hépati-
que formé par le contour de plufieurs
petites ramifications , 3c qui alloit s'ou-
vrir dans le duodemtm. Mais ce csnal
avoit un mouvement fingulier , pen-
dant que l'animal étoit encore vivant*
c'étoic un mouvement d'ofcillation , au
Jnoyen duquel on voyoit une bile
verdâtre paraître Se difparoître alter-
nativement. L'intervalle de ces ofcilla-
tions étoit plus long que le fyirole &
lediaftole du cœur; après que le cœur
eut ceîfé de fe mouvoir , le flux Se
le reflux de l'humeur bilîeufe dura en-
core pendant quelque temps dans ce
Jme m,
P I G 457
conduit hépatique ; il reftoît cependant
plus long-temps vuide que plein : ou
voyoit encore auprès de ce canal un
autre conduit hépatique , plus petit t
mais plus ferme , dans lequel il ne
paroiifoit pas qu'il y eût aucune hu-
meur bilieufe , quoiqu'on y remarquât
le même mouvement que dans le pre-
mier : il étoit plus long du double , &
aboutifïbït dans le jéjunum fix travers
de doigt au-de(Tus de l'orifice du pre-
mier , en forte qu'il répondoit pref-
que à l'endroit où le fuc pancréatique
fe décharge ordinairement dans les in-
reftins. J'avois déjà obfervé cela dans
le Cormoran & d'autres oifeaux.
j'ai trouvé une grande quantité de
bile verte j tant dans l'eftomae mem-
braneux ou jabot , que dans l'efiomac
charnu , qui étoit plein de petites pier-
res & de fable : mais pourquoi tant de
bile dans les deux ciiomacs d'un oi-
feau iî peu colère ? 11 ert probable
qu'au moment de la mort elle avoit
refluédans le duodénum du ventricule,
par le pylore qui ne laiffoit pas que
d'être aflfez ouvert.
Chacun des reins étoit compofe de
trois glandes arrondies, jointes enfem-
ble dans le feus de leur longueur. De
leur furface extérieure on voyoit par-
tir un conduit qui ù termïnoït à l'ex-
trémité du rethtm , Se qui y verfoit un
excrément blanc & un peu liquide.
Cette humeur blanchâtre fe mêle avec
les autres excrémens plus groffiers ,
qui viennent des inteftins ; le tout en-
femble efi évacué par l'anus. La même
chofe fe paiTe dans tous les oifeaux.
Comme ils n'ont pas de veffie , l'hu-
meur excrémentitielle , féparée parles
couloirs des reins & qui tient lieu de
l'urine , eft portée directement dans le
reilum , où elle fe mêle avec les gro»
excrémens , & leur donne cette cou-
leur blanchâtre 8c cette efpece de li-
quidité.
Severin a cru que îe Piçreom
n'avoit point de caecum , tandis qu'au
contraire il en a deux , mais d'une fia-
M m m
455 P I G
gtilîere ftruclure. On voit à quatre
doigts de diftance de l'anus une petite
appendice aveugle de chaque côté de
l'inteftin. Cette appendice aveugle eft
figurée à la page 21 9. dit Tome IV. des
Collections Académiques déjà ci-deflus
cité..
I es Auteurs qui ont écrit fur le Pigeon vul-
gaire , font Belon, de la Nat. des Gif.
p. 1 14. G es k £ , de Avîb. p. 145. Aldr c—
V A N D E , Oïnilh, 1. p. 461, JONSTOSjiff
Avih, p. 62. Wi llughby, Ornhh. />. 13 1.
R»y, Sytiup.AUth. Av. p. <,<). Schwenckfeld,
Av. Silef. p. 1 >7- L É m t RY , p. z6} . ScBRQ-
riK.us , p. ; r£. Dale , Pharm. p. 426. ÇHâR-
létonj Exerciii p..%%. Merr.et,P/«. j>. 174-
M. Linnjeos , Vanna Stiec. n. 174. Albin,
& les autres. Prefque tous les Naturalises ci-
defiiis cités parlent des efr>eces de Pistons
fuivantes.
PIGEON RAMIER, nom-
mé en Grec ^ItIa , félon Aristote
( Hifl. Autan, L. VI. c. 4. ) ; en Latin
Palitmbes , ou P alumbus , Se Palumbus
turquaiirs , félon 11 A y ( Synop. Mcth,
Av. p. 62,. n. 0. ) ; en Ànglois the
Rhïr.g-Dove , ou Qjtseft > en Suédois ,.
RbLig-Dufwa ; en (Êlandois , Sitttur.
Cet oifeau eft connu dans tous les
pays. On le nomme R.irnier , dit B E-
L on (de la Nat. des Gif. L. VI. c. 1 ■).
p. 307.), pareequ'il fe perche furies
branches d'arbres. Le Faucon eft nom-
mé Accipitcr Palumbarius , pareequ'il
en fait ia proie. Le Ramier vole en
troupe pendant l'hiver. Il ne chante
que quand il eft en amour , Se fa fe-
melle lui répond : il eft plus grand que
le Bifet , la Tourterelle , Se le Pigeon
ordinaire. Il eft prefque auflî charnu
qu'une Poule. On en prend beaucoup
autour de Rome dans les forêts qui
font plantées de Chênes verds. Cet
oifeau fe nourrit de glands de Chê-
ne Se de ceux de Frêne , 8c il les rend
tout germés. Il cherche auiïi dans les
bo : s la graine de Lierre. Quelques-uns
ont dit que le Ramier ne fait des pe-
tits que deux fois Pan , comme la
Tourterelle, ce que ne croit pas Belon,.
pareeque tous les Pigeons en font tous
ksjnois : mais le Ramier t , dit-il , bâtit
P I G
fort RÎ3 aiTez mal-proprement & pert
haut; cependant il n'en eft pas pour
cela plus aifé à trouver. Selon Arts-
T o T e C L- VI. c. 4. ) , cet oifeau vit
quelquefois jufqu'à quarante ans. Le
mâle Se la femelle s'accouplent au bout
de fix mois : celle-ci porte fes œufs
quatorze jours ; il lui faut autant à les
couver , Se autant à élever fes petits
pour les faire voler. On dit que le
Coucou va quelquefois pondre dans
le nid du Ramier. Quand il fait bien
nuit , par le moyen d'un charivari , 8c
en portant des torches de paille allu-
mée , on leur fait peur, Se on en tue
beaucoup. Les Ramiers ne font point
des oifeaux paHagers. Ils font leur de-
meure , fuivantles faifbns, tantôt dans
la plaine , tantôt dans les montagnes.
On en voit en Italie , en Grèce , en
France , en Angleterre ,.Se dans d'au-
tres pays.
Le Ramier eft plus grand que le
Pigeon ordinaire, A L b i n ( Tome II.
n. 40. ; lui donne quatorze pouces de
longueur , depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité de la queue , Se vingt-
fix de largeur, les ailes déployées. Sa
figure, de même que fa couleur , ref-
femble à celle du Pigeon ordinaire.
Il en eft de même du bec, qui eft de
pareille longueur, Se d'un rouge pâle.
Ses narines font grandes Se élevées. Le
fommet de la tête eft cendré. Le col
eft couvert d'un plumage changeant,
qui , félon les différens jours , paroît
être d'un verd pourpré ou luifant , Se
furpafle l'éclat de la foie. La couleur
du devant de la poitrine , ainfi que
celle des épaules Se des ailes , eft om-
brée d'un pourpre , ou couleur de vin
rou.^e , d'où il a tiré fon nom d'(Eu.ts,
dit A L e 1 N. Les plumes des ailes ,
ainfi que celles- des épaules , Se du
milieu du dos , font de couleur de frê-
ne fombre. Celles du refte du dos jus-
qu'à la queue font plus pâles. Toutes
les longues plumes , excepté les qua-
tre ou cinq plus avancées en dehors
qui font noires par-tout , même juf-
P I G
qu'aux extrémités qui deviennent en>
liiite blanches , ont leurs parties infé-
rieures cendrées Se leurs parties fupé-
rieures noires. Le detfous du corps , à
la réferve du deffiis de la poitrine , eft
par-tout cendré. Les elles pliées ne s'é-
tendent pas à- l'extrémité de la queue.
Dans les ailes il y a deux taches noi-
res , l'une fur les deux ou trois plumes
longues qui font tout près eu corps ,
£c l'autre fur les deux ou trois plu-
mes couvertes qui font placées fur ces
premières : ces taches font fur le dehors
des dards , Se fort pus de l'extrémité
des plumes. Les deux plumes exté-
rieures de la queue ont la moitié du
deffous de leurs barbes extérieures de
couleur blanche : les pattes font rou-
ges , Se les griffes noires : les jambes
font garnies de plumes un peu plus
bas que les genoux. M. LinNjîus
( Fauna Suec. p. cTj. n. 175. ) nomme
cet oifeau Columba collo utrinque albo ,
fgtt* macula fuf c â . C-efl l e Palumbus
major torquatus d' A ldrovande
( Ornith. L. XV. c. 5. ) , & le Palum-
bus torquatus de Willughby {Ornith.
p. 135.) Se de Ray , Synop. Metb. Av.
p. 6z. ». 9. Les Médecins , félon le
rapport de Belon, font très-grand
cas du fang du Pigeon Ramier pour le
mal des yeux. La chair en eft plus dure
que celle des Bifets, ou des Tourte-
relles , ou des Pigeons communs. On la
recommande à ceux qui ont les nerfs
retirés, Se à ceux qui ont la dyfen-
terie,
PIGEON BISET , en Grec
flt^e/etf, en Latin Livia. Cet oifeau,
dit B e i. o N ( de la Nat. des Oif. L. VI.
c. 2 1 . p. 3 1 1 . ) , eft un cifeau de pafla-
gc. Il eft nommé Bijet, à caufe de fa
couleur bife. Il y en a qui croyent que
les Pigeons Fuyards tirent leur origine
ncs Pigeons Biflts. Ce n'eft pas le fen-
timent de Belon. Les pieds , le bec Se
la couleur rendent les Bifets tout-à-fait
ditrérens des Pigeons Fuyards- A R 1 s-
T o t ï: ( Hi(l. Ànim. L.V.c.l^.) parle
des Bifets : Colnmbacei verogene-
P I G 4yp
ris phtres fpecies fum ; eft enim Livia
dic'ia à livore , diverfum certè à Columba
genus , quippe qiu minor quàm Columba
fit , & minus patiens manfuefeere. Livet
plumis & penè nigricat , & pedibus
rubidis , fcaôrofifque eft , quas ob res
nullus bu jus generis callereait ; c'eft-à-
dire entre les efpeces de Pigeons , l'une
eft nommée Livia , du motLatin livor ,
qui fignifie couleur bife ; d'autres di-
fent couleur de plomb : auffi le Bifet
eft-il différent du Pigeon. Il eft plus
petit Se on ne peut l'apprivoifer. Ses
plumes font c^une couleur fi livide ,
qu'elles en paroiffent noires. Il a les
pieds rouges , aînfi que le bec , qui eft
raboteux. Il ne peut vivre enfermé.
Voilà le Bifet bien défigné par Aris-
t o t e fous le nom de ftsAt/a c , en Latin
Livia. Quelques-uns ont pris le Vina-
go , en Grec étftlt > pour le Bifet : ils fc
font trompés , & Belon affure que
c'eft le Pigeon Fuyard. En effet Ar is-
T o t e ( ib id. L. V lil. c . I2^j^dit qu&
les Ramiers Se les Bifets s'en vont , Se
que les Fuyards reftent. Voici le pafla-
ge : Palumbss etiam difeedunt & Li-
vî<& , nec hybernare apud nos patiuntur ,
atque etiam Turtures & Hirundines ;
Jed Columbx manent. Par ce mot Colum-
ba il faut entendre non-feulement les
Pigeons Fuyards , mais encore les au-
tres , qui ne font point défignés dans
ce paffage d'A R 1 s t o t e comme des
oifeaux paffagers : donc, on peut con-
clured'après cet Auteur & avec Belon
que le Vinago des Latins Se l'oVac
des Grecs eft le Pigeon Fuyard, dont
je vais parler. Ray (Synop. Metb. Av.
». 8. p. 62. ) ne fait ïï le Bifet n'eft
pas le même que le Pigeon de rocher,
en Latin Columba rupicola , qu'on voit
en Angleterre.
PIGEON FUYARD , en Grec
d/y*< , félon Aristote( Hift.
Anim. L. VIII. c. a. ) ; en Latin Vi-
nago. Cet oifeau, îeion le même Au-
teur , eft de plus grande corpulence
que le Pigeon : Vinago paulà majtr
quàm Cditmbus eft , miner quàmP alum-
MmiDij
4<îo P I G
£,ïj.Ray (Synop. Mtth. Av.p.^i.n. 10.)
dit qu'il eft d'égale grandeur, ou un
peu plus grand , mais femblable pour
la figure , mais très-différent pour la
couleur. Cet oifeau a le col orné de
plumes de diverfes couleurs , qui jet-
tent différens éclats , fuivant les jours
& les expofitions. Le devant de fa poi-
trine &fes ailes font couleur de pour-
pre ,. ou couleur de vin,, d'où il tire
fen nom Grec & Latin. Il a fur chaque
aile deux taches noires. Il fait , félon
B Et ON ( L. VI. c. 22. p. 3 1 2. ) , fon
nid le long des rochers ekarpés.
PIGEON DE ROCHER ,.
en Latin Co.'nmba rupicola , en Anglois
Rock- Pigeon. C'eft, dît Ray {ibid.
p. 63..». 11. ), une efpece de Pigeon de
petite corpulence , de couleur cendrée.
Il fréquente les rochers qui font près
de la mer.
PIGEON DE NINCOM-
B A R , en Latin Cohtmba. Nincomha-
renfis. C'eft un oifeau , dit Al b i n
(Tome III. n. 47. & 48. ) , plus grand
qu'un Pigeon apprivoifé. Il a le bec long,
couleur de frêne, l'iris rouge , la tête
noire & nuancée de bleu. Le col eft
embelli de plume? longues de diverfes
couleurs , comme bleues , rouges-
pourpres, d'un jaune éclatant, mélan-
gé d'un beau verd. Le dos eft couvert:
de plumes larges 8c des mêmes cou-
leurs mélangées. Les plumes feapu-
làires des ailes font vertes. Les trois
premières longues plumes des ailes
font bleues, ainfî que les trois plumée
du dernier rang dé celles qui font cou-
vertes." le reftè des longues plumes
& des autres eft d'une couleur fom—
bre , mélangée de brun & de rouge.
La poitrine , le ventre 8c les cuiffes
font d'un brun obfcur; les jambes 8c
les pieds font jaunes : les jambes fonr
couvertes d'écaillés fombres Se brunes
fur le devant. La queue confifte en
douze plumes , toutes d'égale lon-
gueur. Les couleurs de la femelle font'
prefque les mêmes ; mais elles font"
œoins: brillantes que celles du. mâle
P'I G
d'ailleurs les plumes du col ne fonfpas
auffi longues. Leur roucoulement ref-
femble à celui d'un Pigeon. Ils fe nour-
rirent de Riz non mondé.
On en a apporté , dit A l b i n , en-
Angleterre une grande quantité des
Mes de Nïncombar proche Pegu dana
les Indes , où ils font fauvages , com-
me nos Pigeons Ramiers. Cette forte de.
Pigeons eit fujette à la pierre , laquelle
devient auffi grofTc que celle qu'on'
trouve dans la veffie à fiel d'un Boeuf
Elle croît par couches , qui fe cou-
vrent les unes les autres , jufqu'à bou-
cher à la fin l'ouverture du géfier, ce:
qui fait périr l'oifeau,
PIGEON SAUVAGE dit
Bréfil, en Latin Cùlumhafylveftris mi~
nima Brafdienfis. Cet oifeau eft le:
même que celui dont parle Marc:
Grave fous le nom de Puuip'wima,-
VoyezPICU IPIN I MA.
P I G E ON SAUVAGE de
l'Ifle de Saint Thomas , oifeau dont
parle Marc Grave, Ray ( Synop..
Meth. Av. p. 62. ». 7, ) dit qu'il eft de
la grandeur Se de la figure de nos
Pigeons. La partie fupérieure du bec
eft crochue ; la moitié eft bleue avec
un peu de blanc 8c de jaune : le refte
eftfanguin. 11 a l'iris de couleur bleue,
Son plumage eft verd comme celui de.
certaines efpcces de Perroquets. Les
plumes des ailes font d'un verd brun,
ainfî que l'extrémité de la queue. Au:
croupion & fous la queue il a des plu-
mes jaunes. Les jambes & les pieds:
font, d'une belle couleur de fafran.
PIGEON DE LA JAMAÏ-
QUE : Selon S l o a n e , on y en
élevé dans les colombiers. Outre ces
Pigeons communs , il y err a trois autres
elpeces.
La première eft un Pigeon , dit Rat J.
p. 183. ». 2i. dont la queue eft marquée
d'une bande brune. Il a quinze pouces
dé longueur, depuis la pointe du bec
jufqu'aux extrémités de la queue , 8c
vingt de largeur, les ailes étendues. Sort:
bec a trois quarts de. doigt de long, &
P I G
jt a une double élévation proche des
narines. L'iris eft de couleur écarlate. Sa
queue a quatre ou cinq doigts de long,
Son corps eft gros, Cet oifeau a la tête ,
le col & la poitrine couverts de plumes
couleur de pourpre; le ventre couvert
de plumes blanches. Le haut du col'
eft d'un verd pourpre : les plumes , fui 1 '
vantlesexpofitions , paradent de diffé-
rentes couleurs & reflemblent à de la
foie luifante. Le dos Se la queue font
d'un bleu pâle, à la réferve de cette
bande brune ou noire , dont j'ai déjà
parlé.
La féconde efpece eft nommée Co-~
lumba muior , ventre candido. Ce Pi-
geon a neuf doigts-de long Se feize de
large; le bec long de trois quarts de
pouce Se pareil à celui du précédent.
L'iris eft blanche , ainfi que le derrière
de la tête & tout le bas du corps. Le
deftus du col eft bleu Se pourpre. Le
dos Se les ailes font d'un brun tirant'
fur le pourpre , avec quelque feinte
de rouge. Sa queue eft bleue, mar-
quée d'une ligne blanche à l'extrémi-
té. Ces- Pigeons fréquentent dans le
mois de Janvier les favannes. Leur
chair eft excellente;-
La troifieme efpece eft nommée Cc-
hanba minor leticocoryphos. Cet oifeau
a onze doigts de long Se dix-huit de
large. Son bec a un demi -pouce de
long: à fa bafe il eft rouge , Se l'éléva--
tion qu'il a au - deflous des narines
eft blanche. Il a le derrière de la tête
blanc, Se le deflus du col eft varié de
bleu Se de verd: tout le reftedu corps
eft d'un bleu obfcur. OviEDO dit
qu'il y a beaucoup de ces fortes de
Pigeons dans la Nouvelle Efpagne ,
mais ils y font plus grand j.
Rat ( Synop, Meth. Av. p. 19 cf.
n. 14. 15. 10". & 17.), d'après P e t i-
Vert, donne encore la defeription"
de plufieurs efpeces de Pigeons du Fort
Saint George aux Indes , nommé au-
trement Maderafpatan.
La première efpece eft un Pigeon,-
qyi a. la queue compofée d* trois pju-
P I G 40-1
mes larges. Les Anglois le nomment
the Broad-Tml'd Maderas Dove. Cet
oifeau a la plus grande partie de fon
corps de couleur blanche; mais la bafe
de les ailes eft de couleur de foufre
Se bordée de taches rouffes. Les extré-
mités des grandes plumes font noires.
11 a au croupion trois plumes pointues ,<
de couleur de vermillon. Son bec Se
fes jamb:s font de couleur rouiTe : c'eft
ce qui les diftingue des autres. Sa
queue n'eft compolée que de trois plu-
mes longues , larges , blanches , on-
dées de noir Se de taches rouges : les
dernières font plus petites , Se entre
chaque plume il y a un long filet noir ,
femblable à de la foie.
La féconde efpece eft un très -beau-
Pigeon pour fes différentes couleurs ^
nommé en Latin Culttmba Maderafpa-
tana, variis cvloribus eleganter depk/a
en Anglois the Parrot Dove. Cet oifeair
a la poitrine fanguine Se jaune; la tête
Se le ventre d'un verd obfcur Se pâle ;
les ailes teintes de brun Se de verd ; les
bords ondés de verd Se de roux ; les
grandes plumes Se la partie fupérieure'
de laqueue noires, Se ie bas de cou-
leur ronfle; les jambes très-courtes v
groflls Se ronfles ; les pieds longs Se
de la même couleur; le bec très-gros,,,
plein de nœuds vers le bout.
La troiueme efpece nommée Co--
lumba MnderafpatiTaa , èrttbro, alboque-
mixta , en Anglois the Red Jay Dove-,'
a les temples, la poitrine Se le ventru'
blancs; le bec Se le derrière de la tête^
rouges , avec deux lignes de la même'
couleur , dont l'une fait le tbUf du col,.
Se l'autre celui de la poitrine Se partage'
le ventre. Ses ailes font bariolées coin»-
me celles du Geai , mais feulement de
rouge. Les autres plumes des ailes font'
blanches Se les bords noirs ; mais cel-
les qui les couvrent font teintes de'
rouge : la queue eft de la même cou--
leur : au bout il y a des lignes larges Se'
rouges qui la traverfent.
La quatrième efpece eft nommée'
Celumba Madarafpatana minor, ex air*
4^2 P I G
ho rufefccm , en Anglois the S7n.aH Red
Pied Dove. Il a l'ouverture du bec , le
ventre Se les cuifies de couleur blan-
che ; les ailes , le derrière de la tète ,
la queue rouges ; au-defïus des yeux
line ligne large Se noire ; les pieds de
la même couleur ; les jambes longues ,
nues & menues.
Il y a auffi différentes efpeces de
Pigeons au Mexique , favoir un grand
Pigeen de montagne, pareil au Pigeon
tlomeftique. Sa couleur tire fur le pour-
pre. Il a les épaules blanches , le bec
3c les pieds couleur de pourpre. H e r-
NANDEZ lui donne le nom de Hotloit,
ainfi qu'à une autre efpece. Le Cohoilotl
Se le Tlacahnlotl font encore des Pi-
geons du Mexique.
Les Pigeons de la Louifiane ont la
chair très -fine Se très-délicate. On en
a plus de foin que de la Volaille, dit
M. le Page du Pratz, pareeque le
pays eft trcs-boiié Se qu'il y a beau-
coup c'.'oifeaux de proie qui leur font
la chafie ; c'eft ce qui fait qu'ils n'ofent
s'éloigner. Le Voyageur ci-deiTus cité
nous a dit qu'il étoitimpoiT.ble de man-
ger par-tout ailleurs de meilleurs Pi-
geons.
On voit dans l'ilfle de Tabago des
Pigeons de bois, qui vivent de toutes
fortes de graines & de bayes , & font
le manger le plus délicieux de l'Amé-
rique. Ces oifeaux font plus gros que
les Pigeons d'Europe. Ils font quel-
quefois fi gras , qu'ils crèvent en tom-
bant à terre lorfqu'on les tire d'un
arbre.
C a te SB y parle de deux e/peecs
de Pigeons de la Caroline. Le premier
eft un Pigeon de pajfage , en Latin Pa-
lumbus migraturiits. Cet oileau a le
bec blanc , l'iris rouge , la tête Se la
partie fupén'eure du col d'un bleu obf-
cur ; la poitrine , le ventre Se la gorge
d'un rouge pâle; au col , au-defîus
de l'épaule une tache ronde , qui brille
.comme de l'or. Les ailes font d'un
bleu obfcur , tachetées de noir ; les
plumes nommées rémiges, brunes :, la
P I G
queue fort longue Se blanche , couver-
te d'une plume noire ; du rouge au
ventre , qui s'éteint vers la queue; le S
jambes & les pieds rouges.
La féconde efpece eit un Pigeon à
couronne blanche, capitc albo. Cetoi-
feau a le bout du bec plombé , la bafe
couleur de pourpre; Icjynciput Se le ver-
tex couronnés de blanc; Y occiput pour-
pré ; l'iris jaune ; le col d'un verd
changeant, bandé de noir; le refte du
corps d'un bleu foncé; les jambes Se
les pieds rouges. Le bout des ailes ,
qui eft d'environ trois bons pouces ,
eft d'un brun foncé.
On compte à Sierra-Leona en Afri-
que trois eipeces de Pigions Jauvagcs ,
que les N egres nomment Papitj. Ceux
qu'on nomme BoLlandos ont la tête
couronnée : les Kambgis l'ont chauve ,
Se les Duedus ont le corps noir , tache-
té de blanc, Se le col d'une blancheur
admirable.
Les Pigeons de Bambuk font tout-à-
fait verds, ce qui les fait prendre lou-
vent pour des Perroquets.
Les habitans de la Côte d'or , fuivant
le témoignage -l'A mis, font rede-
vables de leurs Pigeons aux Portugais.
Les ;\ egres les ont nommés par pette
raiien Abronoma , c'eil-à -oire dans
leur langue , oifeaux apportés par les
Blancs. Ils refiemblent aûx nôtres ,
mais ils ont la tête plus petite , Se ne
font pas devenus fort communs; ce-
pendant les Hollandois en nourriifent
en allez grand nombre.
A 1?. Gambra on voit jufqu'i la porte
des cabanes quantité de Pigeons j'au-
va^es , qui viennent fe nourrir des
relies des grains qu'ils y trouvent •
mais les Nègres n'ont point encore
penfé à les apprivoifer, en leur for-
mant des colombiers ou d'autres re-
traites, liifl. Gén. des Voyages, L.VII.
& L. IX.
K o L B E ( Defcript. du Cap de Bonne'
Ejpcrance, Tome Ml, c. 16. p. 166.)
rapporte que les Pigeons , foit fauva-
ges, foit privés du Cap de Bonn"-
P I G
Elpéranee , reffemblent a tous égards
à ceux d'Europe ; mais entre les fau-
vages, on en voit de deux & même
de trois fortes , qui différent beaucoup
des Pigeons d'Allemagne. On appelle
dans ces Colonies la première efpece
Pigeons de montagnes. Leurs plumes
font verdâtres ; leur bec Se leurs pieds
font rougeâtres. La féconde efpece
fe nomme Pigeons de baijfons. Les plu-
mes qui couvrent leur corps tirent fur
le verd : les autres font blanches , avec
une grande quantité de petites taches
grifes. On a donné à la troifieme efpece
le nom de Pigeons de mer. Ils ont les
plumes noires , le bec Se les pieds
rouges. Voyez au mot TOU R TE-
RE L LE pour ce qui regarde cet
oifeau.
PIGEON DE GROENLAND ,
oifeau que M. Linn«us ( Fauna
Stuc. p. 45. n. 124.) , comme on l'a
dit, met dans le rang dès Aves Anfcres.
11 le nomme Colymbuî pedibus tridatiy-
lis palrnatis. M A R T E N s ( Spit t. 56'.),
Willughby (Ornith. 245.) , Ray (Sy-
nop. Meth. Av. p.ui.«, fi.). & Albin
('l'orne I.) parlent de cet oifeau fous
le nom de Columba GrocnLmdica. On le
nomme en Suédois Sioe-Orre StGrifla ;
en Gothlande Grylle Se Greutle; en Hol-
landois Aile ; en Anglois the Groenland
Dove y ou fea-Turtle. Cet oifeau, dit
M. LiNNius , eft de la grandeur
d'une petite Poule. Son plumage eft
noir, excepté les plumes qui couvrent
les ailes , qui font marquées d'une ta -
che blanche. Il a prefque le bec d'une
Poule: il eft noir: la partie fupérieure
eft un peu courbe. Il a la queue cour-
te ,. les pieds rouges , palmés , garnis
de trois doigts.
M. A N d e 11 s o N ( H Ht. Nat. de
Groenl. p. 54. ) , dit que les Pigeons
de Groenland , qui refTemblent tout-à-
fait aux Pigeons fam>ages , bandent
leurs nids dans les crevaffes des ro-
chers. Ils choififfcnt toujours pour cet
effet un rocher entouré d'eau , ou qui
ait quelque morceau failiant du côté
P I G P I L 4^
de la mer , afin que fi-tôt que leurs
petits font eu état de partir , Us puiffent
s y précipiter immédiatement avec eux*
fans s'expofer à être pris en chemin par
quelque oifeau de proie ou autrement.
Raï , p. fur cet oifeau dit qu'il
ne fait pas pourquoi on lui a donné la
nom de Pigeon de Groenland ,. à moins
peut-être que ce ne foit parcequ'il eft
à-peu-près de la grandeur du Pigeon.-
A caufe de la convenance du nom , il :
penfe que c'eft le même que la Tour--
terelle de l'Ifle de Beffa. Ces oifeaux:
ne volent point en troupe , mais tou-
jours deux à deux, Se rarement feuls.
Ils ont un vol femblable à celui de la'
Perdrix , car ils remuent leurs ailes :
avec précipitation , & ne s'élèvent pas
haut , mais un peu au-deffus des eaux
comme tous les oifeaux de ce çenre,
PIGO , PIGTJS Se PICLO ,>
efpece de Carpe , commune dans le
lac de Corne Se le lac Majeur , nom--
mêe Cyprinus aculeatusyar Rondelet,-
Part IL v. 5. p. 108. Edit. F> ■anc. Ce
poiffon n'a point été connu des Grecs.
Pline en fait mention (L. IX ), 8c
ne lui donne aucun nom propre. Ce
poiffon eft encore connu de S a l V 1 e kt
(fol. Sz.) , Se , félon Artedi ( [cbtb.-
Part.V. p. 13. «.25.), il a la queue
fourchue , de grandes écailles, diiv
milieu defquelles fortent des aiguill-
ions blancs. Pendant Fefpace de qua~;
rante jours , au commencement de
l'été , on en voit beaucoup , Si après-'
ils difparoiffent Ce poiffon a le ventre
d'un blanc tirant fur le rouge pâle. Son''
dos eft d'un bleu tirant fur le noir. Les
plus grands de ces poiifons pefent cinq
à fix livres. Ils frayent au mois de
Mai fur les bords des rivières , Se leur
chair eft d'un très -bon goût & meil--
leure que celle de la Carpe , dit R o N--
DELET,
P I L
PILCHA R D , nom que les
Anglois donnent au Harengnr mi>:or.
C'eft la Sardine. Voyez ce mot. Il y s
*tf4 VIL
lin poiiTon , qui fe trouve en abondance
dans la rivière d'ifiiny en Afrique ,,
nommé Pilchard , ou Félamide.
PILORIS , Rat des Antilles.;
C'eft un Rat mufqué. Vpici comme eu
parle le Pere du Te ut r i: , Hifi. des
Anu Tr. VI. c, t. $. 7- 11 eft de la
même forme que les Rats d'Europe ,
inais d'une fi prodigieufè grandeur ,
que quatr.e de nos Rats ne pefent pas
un Piloris. Cet animal a le poil du ven-
tre blanc , le dos noir, Se fent fi fort
k mufc , qu'il embaume tout l'air
voifin des lieux où il repaire. Il niche
jufques dans les caves ou mai/ans, mais
il ne peuple pas tant que les autres
Rats communs, Leshabitans de la Mar-
tinique les mangent; mais ils font con-
traints , après les avoir écorchés, de
les laitfer expofés à l'air une nuit en-
tière Se mirai d'en jecter le premier
bouillon , pour en ôter la trop grande
odeur de mufc. Ces Filonr font natu-
rels aux Antilles Se non les autres Racs
communs. Voyez MUSC.
PILOTE: C'eft un poiiTon
qu'on voit au Cap de Bonne-Efpérance.
On lui donne le nom de Pilote , parce-
qu'on a cru qu'il iervoit de guide au
Goulu de mer. Les Koliandois le
nomment Loots-Nls.n. 11 a cinq a fix
pouces de longueur. S'a couleur eft un
brun obfcur avec des taches bleues
depuis fa tête jufqu'à fa queue. Surle
milieu du dos ou voit régner une raie
noire, de laquelle ilpartdiverfes raies
de la même couleur à droite Si à gau-
che , qui fe rencontrent prefque fous
le ventre, li a le dos tacheté 8e pour
ainfi dire canclé. Autour des yeux il
eft .de couleur d'or. Sa mâchoire infé-
rieure refïemble prefque à une feie,
& l'on die ^u'il s'en fert fi fortement
pour s'attacher au Goulu de mer, que
ce poiffon, tout redoutable qu'il eft , ne
fauro'.t s'en arracher. Des que le Goulu
de mer eit pris , le Pilote le Iaiiïè &
. s'enfuit. îl eft très-difficile à prendre.
On prétend qu'il fent lorfqu'ii eit près
.de^tielque .terre, Se qu'alors il fe re-
P I L PIM
tourne Se s'enfuit en pleine mer. C'eft
ainfi qu'en parle Koi.be, Defcript.
du Cap de Bonnc-Eppér*nce 4 Tome [[[.
P- 138. On trouve auffi à la côte d'Or
ce poilfon. Il nage ordinairement de-
vant le Requin , fans en recevoir le
moindre mal. PluSeurs Ecrivains re-
marquent qu'on trouve fou vent au dos
du Requin quelques-uns de ces petits
animaux. Hift. Générale des Voyages»
Liv. IX.
PILUMDUWA, nom qu'on
donne dans les Indes au grand Ipfida ,
oifeau qui prend les poilTons., d'où lui
eft venu le nom de Filumduwa. Voyez
IPS1DA.
P I M
PIMART JAUNE, oifeau,
félon Bel on , ennemi de la Tour-
terelle, quieftleX^p/ar d'AiiiSTOTE,
que Gaza a traduit par Luteus , Se qui
peut être le Lorm, Voyez au mot LO-
RIOT.
PI MB ER AH, Serpent de i'Ifle
de Ceykn , de la groffeur d'un hom-
me, Se d'une longueur proportionnée.
Sa proie ordinaire font le bétail & les
bêtes fa uv âges. Il ufe d'adreffe pour
les prendre. Il fe tient caché dans les
fentiers , par où paife le Daim , Se le
tue du coup d'une efpece de cheville,
dont fa queue eft armée. Il avale quel-
quefois un Chevreuil entier, dont les
cornes lui percent le ventre &le tuent
lui-même. Ce Serpent, ditSEBA,
a l'afpecl terrible, à caufe defesdeux
gros yeux de Bœuf, placés à fleur de
tête, Ses deux mâchoires font garnies
de de«ts taillées en feie. Sa gueule a
une bordure en forme de coquille. Son
front eft revêtu de fortes écailles cen-
drées, grifes, décorées de grandes 8c
belles taches & (illonnées en travers
de trois raies, qui ont la figure d'au-
tant de croix. Ses écailles fur le de(fus
du corps font roulïàtres , ombrées de
vaftes & magnifiques taches d'un brun
obfcur, dont 1 es unes font rondes , Se
les autres oblongues > rangées toutes
avea
V I N
avec fymétrie , depuis la tête jufqu'au
bout delà queue, qui eft déliée. Cette
bigarrure eft accompagnée fur toute
l'étendue des côtés d'autres taches noi-
res, amples Se triangulaires. Au-de(ïbus,
vers le bas du ventre, règne une troifie-
rne rangée de taches pitre petites , qui
s'étendent près des écailles tranfver-
fales. Ces écailles font très-grandes,
d'un cendré clair , difpofées avec un
bel ordre Se joliment colorées. S E 3 À,
Jhsf.ll. Tab. ç)i. ». i .
P I N
PINCEAU MARIN, en
Latin Penicillus marinas. On donne ce
nom à un Zoophyte , à caufe de fa
leiTemblance avec le pinceau des Pein-
tres. C'eft un tuyau dur, attaché aux
rochers par une matière molle , de
forte que les vents Se les ondes l'agi-
tent çà Se là, dit Rondelet, Part. II.
p.'/ 6. c. 6. Edit. Franç. Au-dedans de
ce tuyau il y a une fubPbmce charnue ,
quelquefois jaune, quelquefois d'une
autre couleur. Quand elle fort , elle fe
répand comme de la peinture , de forte
que rien ne reffemble mieux à un pin-
ceau. On en trouve aux environs des
rochers de Saint Honorât de Lérins.
Gesner (de Aquat- p. 818.) parle
de ce Pinceau marin , 5c il en fait un
teftaece, à caufe de la dureté de fon
tuyau.
PINÇON, ouPINSON, petit
©ifeau que M. Linnz-us ( Fauna Suec.
p, 199. ) met dans le rang des Aves
Parères. Il y a le Pinçon [impie , qui eft
le d'A r 1 s t o T e ( Hifl. Anim.
L.VIII. c. 3. ); la Fringilla des Latins
Se des Modernes , comme de G e s N e R
(Av. p. 387.)» d'A LDROVANDE
(Ornith. LfXlïL c. 6.) , do Wil-
iughbï (Grnith. p. 1 86". t.^-^.f. 4. ) ,
de Ray ( Synop. Meth. Av. p. 88. ) ,
d'A l b 1 N ( Hifl. Nouv. des Gif. ) ,
de Belon ( delà Nat. des Oif. L. Vil.
e. 28. p. 37 1 .) , Se des autres. Les An-
glois le nomment Cafflngch ; les Sué-
dois Fincke , Se Bojînck,. M. LiNN/EUS
Tome lll.
P I N 40-5
l'appelle Fringilla urubus nigris , r:~
migibus utrinque albis , tribus primis
immaculatis , rcBricibus duabus obliqué
albis.
Le Pinçon montait! ^ qui eft Ypponti^t
d'A ristote C Hifl. Anim. L. VI H.
c. 3.); Is Montifringilla ces Latins ,
de Jonston (Grnith. p. 09. t. 38.) , de
Wii.lughbï (Grnith. p. 1 S y. £.45. £5.),
de R/. y (Sywp. Meth. Av. p. 88.),,
d'A L n 1 n ( Tome III. n. 63. & 64, )
Se de Belon, de la Nat. des Oif.
L. Vil. c. 29. p. 37a. Il eft nommé
par M. L 1 n n je u s ( Fauna Suec.
p.j^.n. 193. ) , Fringilla alarum bajl
fubiiis faviffimâ , Se par d'autres,
Carditciis Angermanica s en Anglois
Montait! Finck , ou Br amble , ou Bram-
bling i en Suédois Norrquint- Il y en a
deux efpeccs , la grande Se ta pe-
tite.
Le Pinçon R_oyal , ou Gros Bec ,
nommé n^cJ^oV par Akistote( Hijl.
Anim. L. IX. c. 3. ) ; Pardalits par
les Latins , dit B e L o n , de la Nat.
des Gif. L. VIL c. 3 . p. 3 74.
Le Pinçon Pie, dont deux efpeces,
la grande Se la petite , félon Albin,
Tome II. n. 54. & Tome III. m. 71. M.
LlNNJEUS {Fauna Suec. p. y 6. «. 201 )
parte d'un Pinçon a hupe couleur de
feu , qu'on voit en Northlande , en La-
tin Fri.îgilla fufca , criflâ fimmeâ.
Le Pinçon , ou Pinfm , eft un genre
d'oifeaux qui ont le bec plutôt coni-
que que fait en forme de fabot ; ce
bec , dès fa racine , va en diminuant
jufqu'au bout , qui eft un cône pointu.
M. LiNN/EUS ( Fauna Suec. n. 195.)
comprend fous le nom générique de
Fringilla différentes efpeces de petits
oifeaux , qui font dans l'ordre des
Aves Pajferes : tels font les différentes
fortes de Chardonnerets , les Pinçons»
le Verdier , le Tarin , le Bruant , le
Proyer , le Serin , les Linotes , le Moi-
neau de Jonc , Se le Moineau franc. Le$
Pinçons , chez M. K L E 1 n ( Ord. Av.
p. 90". ), compofent la cinquième tribu
du dixième genre de la quatrième
N n a
P I N
amïlle de fes oifeaux , qui ont quatre
doigts fimples , dont trois devant & un
derrière.
Il y a le Pinçon fimple , le Pinçon
•fiiomain , le Pinçon Royal ou Gros Bec,
le Pinçon Pie , Se le Pinçon à hupe de
couleur de feu de M, Linn/eus,
desquels on a parlé plus haut. Outre
ceux-ci il y a encore le Pinçon de Ba-
hnma , le l'inçon de trois couleurs , le
Pinçon violet , &c. De cette notice
paifons à la defeription de ces différen-
tes efpeces de Pinçons-.
PINÇON" SIMPLE * :
C'eft un oifeau dont les Naturalises
anciens Se modernes ont fait men-
tion , entr'autres M. L i N N m u s
( Fauna Suec. n, 199, ) , G es-
ne r C Av. p. 387.), Al dr ci-
van cî e C Ornitk. L. XIII. c. 6. ) ,
Wili. UGHBY( Ornitb. p. 1 86". Tab.
45. fig. 4. ) , R a y ( Synop. Met h. Av.-
p. 88.), & Albin ( Tome I. p. 60.
Tab. 63.) , qui en parlent tous fous
le nom de Fringilla.
Le Pinçon fimple , dit M. Linn/eus ,
diffère du Pinçon de montagne par fes
taches pourprées. Le mâle diffère aulfi
de fa femelle par fa poitrine rouge.
Cet oifeau a le bec d'une couleur de
plomb , la tête grife , la partie porté'-
Heure du dos d'un cendré verd , l'an-
térieure grife ; la région des yeux , le
goder , ainfi que la poitrine Se les cô-
tés , font de couleur ferrugineufe ; le
col eft de la même couleur; les ailes
font noires , chargées d'une triple tache
blanche ; l'une de ces taches eft pla-
cée au pli des ailes , la féconde au mi-
lieu des plumes nommées tectrices* 8c
la troifteme , qui eft la plus petite, eft
aux plumes nommées remiges. Les plu-
mes des ailes , nommées teclricts , font
noires , blanches à la pointe Se à leur
bafe : celles , nommées remiges , font
toutes noires, blanches par le côté in-
térieur , principalement vers la bafe ;
* Cet oifeau eft nommé en Grec ,
félon Aiistote; en Latin Fringilla ; en
Anglois , Cajfingçh-ï en Suédois Etncke , ou
P I N"
toutes Ces plumes , excepté les troîg
premières , font marquées d'une tache
blanche , vers la bafe , au côté exté-
rieur ; les plumes , nommées fecitnda~
ris, remiges , font creufes au milieu, 8c
marquées au bord extérieur d'une li-
gne blanche ou fauve ; les plumes ,.
nommées reclrices , font noires Se pref-
que égales ; les deux extérieures font
marquées d'une tache blanche oblique ;
à la dernière plume la tache eft plus
grande ; les deux plumes du milieu
font cendrées.
La femelle , que M. Linn/eus
croit être l'oifeau qu'il nomme ( ibid.
n. 200. } Fr'wgilla artubus , remigi-
bus , reclricibiijque nigris, daabus uirin-
que extimïs à medio extrorshm albis , 3
auffi le bec couleur de plomb. Tout le
deffus du corps eft d'un cendré verdâ-
tre : le deffous eft blanc. Les plumes
des ailes , nommées remiges , font tou-
tes noirâtres , excepté les trois pre-
mières plumes de chaque côté , qui
font blanches à leur bafe , & blanchâ-
tres au bord intérieur. Elle a la queue
fourchue ; les plumes reclrices , ou de
la queue noirâtres , dont deux du mi-
lieu vertes : les deux dernières vers la
pointe font marquées d'une tache blan-
che , qui va obliquement. Ce Pinçon,
dit l'Auteur , eft très-commun en Sué-
de. Il fait fon nid dans les arbres. La
femelle s'en va l'hiver , mais le mâle
refte.
Selon Albin, le Pinçon eft ufl
oifeau qui fait fon nid contre un arbre-
Se le conftruit avec de la mouflé verte ,
des menues brouffailles Se du crin de
Cheval. Il pond fix ou fept œufs Se
engendre deux ou trois fois l'année,
C'eft un oifeau hardi , qui fe nourrit
de toutes fortes de grains. 11 pronoftr-
que la pluie. Il eft, depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue,,
long de fix pouces. Son bec eft aigu Se
fort , blanc au-defibus , fombre au-
Bofînck. Le Pinçon {impie eft appelle Frfngel—
/o, par Ou*<a; vineliaAvït, par AlehrI" l&
G&AND,
P I N
iîefTus Se vers la pointe. La grandeur de
la mâchoire inférieure eft égale à celle
delà fupérieure. Il a la langue fendue
Se raboteufe, l'iris de couleur de noife-
tier Se les oreilles grandes. La tête du
mâle eft bleue , mais les plumes qui
touchent les narines font noires. Son
dos eft rougeâtre , avec un mélange
de couleur de frêne ou de verd. La
poitrine eft rouge , Se le ventre fous la
queue eft blanc. Les couleurs de la
femelle ne font pas fi éclatantes ni fi
vives. Elle a le croupion verd ; fon dos
n'eft pas auffi rouge , & le ventre ,
qui eft rouge dans le mâle , tire fur une
efpece de verd fale : la poitrine eft auffi
d'une couleur plus chargée. Cet oifeau
a dix- huit principales plumes dans
chaque aile , Se elles ont toutes, ex-
cepté celles qui font les plus avancées
en dehors , leurs bouts Se leurs textu-
res intérieures blancs , ayant leurs
bords extérieurs jaunâtres , ou plutôt
verds. Dans le mâle , les petites plu-
mes qui entourent le fommet , ou la
bafe de l'aile , font bleues. Au-deflus
<le chaque aile il y a une tache blanche
Se remarquable ; enfuite un intervalle
de blanc , auquel fuccede un filet blanc
& long , qui commence après la pre-
mière plume Se continue après la di-
xième , à travers- les pointes des plu-
mes couvertes. Cettcpartie de ce filet,
qui traverfe les pointes des plumes
couvertes , eft teinte de jaune. La
queue a deux pouces de longueur. Elle
eft compofée de douze plumes , dont
celles qui font les plus avancées en
dehors des deux côtés ont leurs bouts,
de même que leurs extrémités fur le
dehors des dards, noirs , la partie du
milieu en étant blanche, & celles qui
leur fuccedent moins blanches , c'eft-
à-dire qu'elles ne le font que près de
la pointe Se fur le dehors du dard : les
trois fuivantes des deux côtés font
noires, -Se les deux qui font au milieu
* Cet oifenu eft nomme- en G-"ec Op#»*ïÇ»
Par Akistote; Monthim tringïlla par 1 "s
Latins ; Fringilla Hybirna, ou Montana , par
P I N 457
cendrées , avec des bords tirant fur le
verd. Cette defcrjption eft différente
de celle de M, Linnsus.
Cet oifeau change de couleur. G e s-
ne R. aflure avoir vu un Pinçon tout-
à-fait blanc. Alduovande donne la
defeription d'un autre , dont le corps
avoit changé du blanc au jaune , Se en-
core d'un autre , qui a été en partie
jaunâtre Se en partie noir. Les Latins
lui ont donné le nom de Fringilla ,
dit B e l o n , pareequ'ii chante beau-
coup plus en hiver qu'en tout autre
temps. Le Pinçon quitte les bois l'hi-
ver , pour venir fe nourrir dans les
campagnes. On le prend à la r afTée
depuis la Saint Michel jufquM la Touf.
faint. On a nommé cet oifeau Pinçon
en François , pareeque, quand il eft
pris , il cherche à pincer avec fon bec ,
Se il pince fi fortement, qu'il fait fortir
du lang.
Grand PINÇON de montagne * ,
en Latin Montifringilla major : Cet
oifeau , dit A l b 1 N , eft un peu plus
grand que l'Alouette. Sa longueur,
en prenant de la pointe du bec jufqu'i
l'extrémité de la queue , eft de fix
pouces , & fa largeur, les ailes éten-
dues, de treize. Le bec eft de la lon-
gueur d'un demi-pouce Se couleur de
corne. Le bout de la langue eft partagé
en filets, Le fommet de la tête eft d'un
brun entremêlé de taches jaunâtres Se
blanches. Le dos eft d'un jaune obfcur ,
mélangé de taches Se de nuances fom-
bres. La gorge, la poitrine & la naif-
fance des ailes font d'un beau châtain
clair. Le ventre Se les cuifTes font de cou-
leur blanche. Les longues plumes des
ailes font noires: leurs bords extérieurs
font d'un jaune pâle Se verdâtre. Les
pointes du premier rang des plumes
couvertes font blanches: cette couleur
fait une bande qui traverfe l'aile. La
queue eft fourchue Se de la longueur
de deux pouces Se demi : elle confifte
M. Ki f in ; TrmgueUo Montpno , par Olina ;
en Ang'.ois, the Br amble ar Brambling , félon
WiLLUGHBYi en Suédois, Harryuint.
N n n ij
4 dS F I N
en douze plumes brunes , ilont les
bords extérieurs font jaunâtres. Les
jambes , les pîeds 8c les griffes font
noirs. La griffe de derrière eft la plus
longue , comme elle l'eft dans l'A-
louette, fuivant les obfervations des
Naturaliftes.
Petit PINÇON de montagne , en
Latin MontifrïngiUa minnr : Cet oi-
feau , félon le même Auteur , eft un peu
plus grand que le FinÇm ordinaire. Son
bec eft épais, fort & droit : il a une 1
baie large , quife termine en une poin-
te aiguë , en forme de cône ou d'enton-
noir. Quelques - uns de cette efpece
l'ont entièrement noir : dans quelques
autres il eft noir à la pointe & jaune à
la racine. Sa langue reffemble A celle
du Pinçon ordinaire. La mâchoire fupé-
rie ure eft aulïï longue que l'inférieure
tes côtés en font forts 8c deviennent
fi minces , qu'ils forment un taillant.
Il n'y a point de jaune au bec de la
femelle. Les jambes -Se les pieds font
couleur de chair pâle 8c fombre. Le
doigt de dehors eft attaché à celui du
milieu par en bas, comme il l'eft dans
d'autres petits oifeaux. La couleur dit
mâle, depuis la tête jufqu'au milieu
du dos , reffemble à celle de l'Étour-
neau , qui eft d'un noir luifant; Les
bords des plumes font de couleur de
frêne rougeâtre. Le deffous du dos 8c
du croupion eft blanchâtre. La gorge
eft d'un rouge tirant furie jaune , ou
plutôt orangé , & le ventre blanc.
Les plumes , qui font derrière le dé-
faut du cartilage de l'os de la poitrine ,
font rougeâtres. Les longues plumes
de l'intérieur des ailes font rouges :
celles qui font les plus avancées en
dedans font .noires , 3c ont des bords
rouges ; cette couleur commence par
là quatrième , & par la feptieme ou
huitième des plumes qui les fui vent:
elles ont des taches blanches- fur le
dehors de leurs dards, près des poin-
tes du fécond rang, L'efpace qui. eft.
au- deffous de leurs bords extérieurs
eft au.HL blanchâtre y autrement- toutes
P I N
les longues plumes des ailes font noi-
res. Le plumage , près de la bafe da
l'aile, eit d'un jaune charmant , &au-
deffus de cette couleur il eft orangé.
La queue confifte en douze plumes ;
chacune a environ la longueur de cinq
pouces : elles font toutes noires ; mais
la texture extérieure des plumes les
plus avancées en dehors à droite Sc\a
gauche , eft blanche ; l'intérieure l'eft
auffi dans certains oifeaux de cette ef-
pece. Les pointes Se les bords des deur
plumes du milieu font de couleur de
frêne rougeâtre.
On nomme Mcntain Se Pinçon des
Ardtnms , le Pixfoti de montagne. Cet
oiïcau eft encore décrit différemment
chez M. L i N N /F u s , qui n'en donne
qu'une efpece. 11 n'eft pas étonnant
qu'un même oifeau décrit à Londres
8c à Stockolm puiffe varier par le plu-
mage Se par fes différentes couleurs
comme cela arrive prefque à tous les
oifeaux de différens pays , quoique de
la même efpece.
Le favant Naturalîfte Suédois , dans'
fa Fauna Sutcica , ni 198. nomme le
Pinçon montain , Fririgilla ni arum bafî
fiibtks jîxvijfimâ , 8c le décrit ainli.
Le mâle , dit-il , eft n©ir par deffus ;
il a le bord des plumes irrégul
ferrugineux , l'abdomen eft blanc , la
poitrine eft d'un fauve ferrugineux ou
doré , ainiî que la bafe des ailes en
dehors , Se la bafe des ailes en dedans
eft d'une couleur fauve ou d'un jaune
foncé ; le croupion eft auffi de cou-
leur ferrugineufe. Les plumes des ai-
les , nommées rémiges , font noires Se
blanches au bord extérieur » quatre
de ces plumes & les fuivantes, vers la
bafe , au côté extérieur, font d moitié
blanches. Les plumes de la queue,,
nommées retlricer , font noires , mais
onze d'entre celles-ci , au bord exté-
rieur & vers la bafe , font blanches. Le
dernier doigt eft à peine plus court"
que le doigt du milieu. La femelle eft
brune où le mâle eft blanc , Se cen-
drée, où il eft roux. Sçus la bafe. d&
P I N
ï'aîic , elle eft auflî d'un beau jaune , Si
au bas de l'anus , fa couleur eft irré-
gulièrement jaune. Elle a les plumes
des ailes & de la queue , appellées
refîmes & rémiges, de la même cou-
leur que celles de fort mâle.
Il y a auffi un oifeau de ce genre qui
habite la Northlande , & que le même
Auteur {ïbiâ. n. 201 .) nomme Frin-
gitlaftifca , criflâ jlammcâ. C'en tout
ce qu'il nous dit de cet' oifeaii à hupe
de couleur de feu , qui eft peut-être un
Pififan, ou un Chardonneret , ou au-
tre forte d'oïfeau;
PINÇON ROYAL: Belon
le nomme auffi Gros Bec , pareequ'il a
le bec tris-gros. Son plumage varie
fuîvant l'âge. H eft un peu plus petit
que l'Étourneau, Sa tête eft orangée
par deftus. 11 a une tache noire fous la
gorge : le deffus du col efteendré , & le
dos fauve :' l'es extrémités des ailes font
changeantes & bigarrées de blanc ; cel-
les de la queue font blanches ,& le def-
fus eft fauve :■' la gorge ,-1'eftomac & le
ventre font delà même couleur. Belon
rapporte que ce qu'AtuSTOTE dit du
TicLfik* U convient à cet oifeau. Il
vole en troupe. Sa voix n'eft point
forte.
PI NÇON VIOLET, en La-
tin Fïingiiia pitrpurea, félon CateSby.
II a le ventre blanc, le refte du' corps
violet foncé , la quauc brune à un
pouce du bout , l'es ailes plus foncées
<|ue le corps , Se les pieds pris.
PINÇON DE BAH A M A,
en Latin Fringilla Eahamenfts , félon
le même Auteur. Cet oifeau a la tête
la gorge & le dos noirs ; une raie blan-
che au-de!Tus Se au-delfous de l'œil;,
une tache jaune fous le bec : la poi-
trine 5c le ventre font d'une couleur
d'orange ; le demis du col & du crou-
pion eft d'un rouge obfcur ; les ailes
Se la queue font brunes , mêlées de
Manc , Se les pieds plombés.
PINÇON DE TROIS COU-
LEURS, eu Latin Fririgilla trïcolor ,■
klon M. K-i e i n p Ord. Av. £. 37..
PIN* 4 d>
«. 7. Cet oîfeau a le bec gris , la tête
Se le col d'un bleu d'azur , la poitrine'
& le ventre de couleur de feu , le dos
Se le deftus des ailes d'un verd tirant
fur le fauve; les grandes plumes de9
ailes , nommées rémiges , & la queue *
font d'un rouge pourpré.
P I N Ç O N-P I E : Cet oifeau y
qu'A l b i n dit avoir vu en Angleterre
dans la Province d'Effex , a le bec,,
depuis la pointe jufqu'au milieu & au-
delà , d'une couleur rougeâtre. Il a
une raie de couleur de plomb bleuâ-
tre , qui eft autour des mâchoires fupé-'
rieure Se inférieure. Le bec eft rou-
ge à fa racine. Les yeux font noirs y
l'iris eft blanche , Se les paupières font
de cette première couleur. Le plu-
mage de la tête & celui du col font
entierement blancs. Il y a trois cercle*
qui entourent la partie inférieure : fcs
premier cercle eft couleur de plomb-
bleuâtre , le fécond eft' blanc , Se le:
troifieme bleu. Les plumes du dos font
d'un brun rougeâtre tacheté d'un jau-
ne verdâtre. Les plumes de la poitri-
ne , ainf que celles du ventre , font de-
la même couleur. Il y a une marque
dentelée & bleuâtre au milieu de la :
poitrine en'defcendant. Les plumes des>
ailes font blanches, légèrement nuan-
cées d'un jaune verdâtre Se entre-
mêlées d'un petit nombre de plumes'*
noires. La queue eft compofée de
douze plumes , dont les deux les plu*
avancées en dehors,, à droite Se à gau-
che , font blanches ; les deux plumes 1
immédiatement après font noires: cel-
les du milieu font de cette première
couleur; Les jambes Se les pieds font"
de couleur de chair rougeâtre,
F eut P I N Ç O N-P I E des- mon-
tagnes : A l b i n dit que cet oifeau'
eft de la même figure Se de la même
grandeur que le Verdier. 11 a le bec
fort, court, Se d'un jaune foncé. Le
devant de la tête eft d'un brun foncé,,
prefque noir :. il devient plus clair ou:
pâle par derrière. L'efpace qui eft au-
tour Se fo.us l'œil eitd'un; châtain clair;.
Le dos eft de couleur de frêne brunâ-
tre Se tacheté de noir. Sous la gorge
il y a un blanc jaunâtre , avec un cer-
cle autour du col, couleur de châtain.
La poitrine Se le ventre font d'un blanc
mélangé de jaune & tirant fur une cou-
leur cle feu. Les plumes fcapulaires
font blanches : il en eft de même du
premier Se du fécond rang des plumes
couvertes. Toutes les autres plumes
longues des ailes font noires & ont
leurs bords extérieurs blancs. La queue
confifte en douze plumes , dont trois ,
qui font les plus avancées en dehors ,
à droite Se à gauche font blanches, Se
un peu ombrées d'un brun foncé : le
refte des plumes du milieu eft brun.
Les jambes & les pieds font noirs.
Albin dit qu'on trouve de ces oi-
feaux dans les parties les plus éloignées
au Nord de la Province d'Yorck en
Angleterre.
Kolbe ( Dsfcript. du Cap de Bonne-
Efpérance , Tome 111. c. 19. p. 191O
dit qu'on trouve en abondance au Cap
des Vin fins., Se il y en a autant d'ef-
peces qu'en Europe. Il y en a même
une forte qu'on ne trouve pas dans
notre continent. 11 eft un peu plus
gro? qua le Pinçon ordinaire. En hiver
foutes fes plumes font cendrées : elles
lui tombent en été & il prend un nou-
veau plumage; alors il a la tête, le
ventre , les ailes Se la queue noirs , Se
le col Se le dos d'un beau ponceau. Le
bec de cette efpecede Pinçon eft court,
large , pointu Se jaune. La manière
dont il façonne fon nid eft remarqua-
ble. Il fe fort de petits rejettons d'ar-
bres ou de builfons , qu'il entrelace
fort artiftement de coton. On y voit
deux appartemens l'un fur l'autre, Se
il n'y a qu'une feule entrée. Le mâle
loge dans la chambre d'en haut Se la
femelle dans la chambre d'en bas. Le
même Auteur dit qu'il a vu fouvent
de ces oifeaux , mais il ajoute qu'il
n'y a point d'endroit près du Cap où
H y en ait plus qu'aux environs de la
rivière du banc des Moules.
V I N
PINGOUIN, forte d'oifeau,
qui fe trouve en Orient. Voyez au mot
PENGU1N, oit je rapporte ce que
les Naturaliftes en ont écrit.
PiNIKOLO, nom que les
Italiens donnent à un oifeau qui volti-
ge autour des eaux. C'eft le Tringa.
tertia d'A ldrovande. Il a le bsc
beaucoup plus noir Se beaucoup plus
court qu'un autre Tringa , qui eft le
Cinclus de Belon, cfpece de Bccaifi-
ne : il a la même figure. Il y a qiulque
variété dans le plumage. Ses couleurs
dominantes font le brun Se le châtain ,
dit R a y , Synop. AL th. Av. p. 109,
n.j.
PINNE DE MER, en Latin
Tinna marina. Aristote&Plike
parlent de cette efpece de Coquillage ,
qui , comme les Moules , eft retenu
dans une fituation fixe par un grand
nombre de fils , collés fur les corps
qui l'environnent. La coquille de cet
animal eft compofée de deux pièces ,
comme celle des Moules , mais de
deux pièces beaucoup plus gran-
des; car les Pinnes mariner que l'on
trouve près des côtes de Provence ont
environ un pied de long, Se prùs des
côtes d'Italie , on en rencontre qui
ont jufqu'à deux pieds.
Les V innés marines font encore plus
différentes des Moules par la finefié Se
le nombre de leurs fils , que par la
grandeur de leur coquille. Ces fils ,
dit Rondelet {Part. H. p. 35. Kdit.
Franc. ) , font , par rapport à ceux des
Moules , ce qu'eft le plus fin lin par
rapporta l'étoupe. Ce n'eft peut-être
pas encore affez dire , félon M. D s
R É A u M u r , puifque les fils des
Pinnes marines ne ibnt guercs moins fins
Se moins beaux que les brins de foie
filés par les Vers : aulfi les fils des
Moules ne font-ils employés à aucun
ufage , Se , félon Le même Rondelet .
une belle efpece de biffe des Anciens
étoit faite de ceux des Pinnes marines.
Ce qui eft de plus certain , c'eft qu'on
fait encore à Palerme des étoffes Se
P I N
divers autres beaux ouvrages des fils
que ce Coquillage fournit.
Ces fils étant fi fins , il n'eft pas
poffible qu'ils ayent chacun beaucoup
de force; mais ce qui leur manque de
ce côté- là , pour attacher fortement
la î 'inné manne , eftcompenfé parleur
nombre , qui eft prodigieux. M. de
Réaumur dit qu'on doit regarder
les Firmes marines comme les Vers à
foie de mer, puifqu'elles donnent une
foie , dont on fait de fort beaux ou-
vrages , au -lieu que les Moules ne
font dans la mer que comme des efpe-
ces de Chenilles.
Les Pêcheurs affurentque les Fumes
marines font toujours attachées aux
rochers ou aux pierres des environs par
une houpe de filets ; car , pour les
tirer du fond de l'eau , il faut toujours
brifer cette houpe. On les pêche à
Toulon à quinze , vingt Se trente pieds
d'eau Se plus quelquefois , avec un
inftrument appellé crampe. C'eft une
cfpece de fourche de fer , dont les
fourchons ne font pas difpofès à l'or-
dinaire : ils font perpendiculaires au
manche Se ont chacun environ huit pou-
ces de longueur , & laiflent entre eux
une ouverture de fix pouces , dans l'en-
droit où ils font le plus écartés. On
proportionne la longueur du manche
de la fourche ou crampe à la profon-
deur où l'on veut chercher les firmes.
Onlesfaifit, on les détache & on les
enlevé avec cet infiniment.
La houpe de foie part immédiate-
ment du corps de cet animal : elle
fort de la coquille par le côté où elle
s'entr'ouvre environ à quatre ou cinq
pouces du fommet ou de la pointe dans
les grandes Firmes.
Ce Coquillage, nommé parles Au-
teurs Firme marine , eft appellé fur les
côtes de Provence Se fur celles d'Ita.-
b'e Nacre de Ferles. H eft le plus grand
des Coquillages à deux battans , ou
bivalves que nous ayons dans nos mers.
« a paru i M. deRéa um u r {Mêm.
del'Acad, des Sciences , 1 7 1 1 , ji, 2 1 ej,
&fmv. Se 1717. p . I?7< & r uh) } Je
plus propre de tous fes Coquillages
pour éclaircir la formation des Per-
les. Il en produit beaucoup de diffé-
rentes couleurs. Les foies qui fortent
environ vers le milieu de fa coquille ,
fervent à attirer le limon à elle Se à la
tenir ferme contre les tempêtes Se le
mouvement des flots.
M. D'A rgekville ( Conchyl.
p. 329.) ditqu'on diftingue trois fortes
de Firmes ; celles de la grande efpece ,
qui font rouges en dedans , Se qui ont de3
Perles nacrées & rougeâtres , de la
même matière de la coquille : il y en a
qui pefent jufqu'à quinze livres ; celles
de la petite efpece; & celles qu'on ap-
pelle Ferna , garnies de pointes dans
leurs canelures , & que l'on connoît ici
fous le nom de Jambon, qui ont la fingu-
larité d'avoir les bords de leurs coqîiil-
lesplus épais du côté qu'ellcss'ouvrenr^
que vers la charnière. La Fume marine
fe nomme en François Aigrette, Nacre
Se Fhtme. Rondelet & Gesner
ne donnent que deux efpeces de Firmes
marines, la grande & la petite. L'ani-
mal qui habite la firme marine ne fe
montre que très-peu , pareeque fes
deux battans ou valves ne s'ouvrent
prcfque pas. Son fommet eft en bas::
fon extrémité la plus large y eft oppo-
iée. Quatre mufcles placés aux deux
extrémités oppofées de ces valves , le
retiennent dans fa coquille , qui n'a
point de charnière, mais un ligament
applati Se noirâtre , qui règne jufqu'à
la moitié des battans de la coquille.
Nicolas Stenon, dans fa Differ-
tation des corps jblides , parle d'une
portion de grande firme marine pétri-
fiée , remplie d'une matière terreufe >
qui avoir confervé ia couleur du byjfas
quoique le byjfus fût abfolument dé-
truit.
PINSON , petit oîfeau , dont
il y a plufTeurs efpeces. Voyez au mor
PINÇON.
PINTADE, ou PEINTA-
D E , oifeau des Indes , ainfi nommé à-
caufe de Ton plumage marqueté d'une
telle manière qu'il femble être peint.
Les Efpagnols lui donnent le nom de
Pintado. C'eft ce qui a fait appelle*
ces pifeaux VarU par Va r r o n (de
Re m(t. L. lit ) , & par Pline,
.Hifi. Nat. L. X. c. 26. Martial
f L. Ul. Epig. 58.) les nomment Gut-
tata, à caufe que leurs plumes font
tachetées de marques blanches en for-
me de gouttes. Ces taches leur font fi
naturelles , que leurs œufs mêmes en
font marquetés , comme AniSTQTE
.( lli ■:. Anim. L. VI. c.%.) l'a obfervé.
Cette particularité les diftiugue des
Poules communes, qui., dans le gen-
re des oifeaux, font prefque lesfeuls
qui n'ont point toujours le plumage
avec les mêmes couleurs dans leur ef-
pece , les Poules étant indifféremment
blanches , noires , grifes , ou fauves ,
Se mêlées de toutes ces couleurs.
Les autres Auteurs ont donné aux
Pintades des noms pris du pays où
plies naiXent ordinairement, & qui eft
.l'Afrique , en les apuellant l'ouïes
d'Afrique â ou de Barba, ie , ou de Tu-
yiis , ou de Numidic , ou de Guinée y
pu de Mauritanie , ou de Pharaon ,
c'eft-à-dire d'Egypte. Marc Grave
(L. V. c. 2. Bereb. Nat.Brafd.) dit
qu'elles font nommées Queteles au
Royaume de Congo.Pi.iNE Se Varron
Jes appellent Meleagrjdes. Il y. en a
qui croyent que le Mdeagrïs eft le
Coq d'Inde : mais ils fe trompent ,
fomrae je le ferai voir plus bas d'après
M. Perrault.
Les Pintades font à-peu -prés de la
forme Se de la grandeur d'une Poule
ordinaire : elles ont la queue baiffée,
comme )a Perdrix , Se comme Jes Pou-
les deux appendices membraneufes de
couleur de chair , qui leur pendent
aux deux côtés des joues. Ces appen-
dices dans les Pintades , comme dans
l'Oifeau Royal , ont quelque chofe de
différent de celles qui font aux Pou-
Jes. Tout le plumage n'eft que de deux
couleurs , c'eft-à-dire blanc Se noir.
PIN
Le blanc eft parfaitement blanc par-
tout : le noir eft aufli en quelques en-
droits parfaitement noir. Les tacbes du
plumage font prefque par-tout de
forme ronde oc régulière - } mais aux
ailes, elles font longues, &idifpofées
comme par bandes.
Clitus, Miléiîen, qui étoit dif-
ciple d'A ristote(L. XIV. de
Dip/iof. ) , décrit la Pintade , dans
AthenéEj avec une grande exacti-
tude. Il s'eft principalement étendu fur
les particularités de la figure & de la
couleur des marques de fes plumes,
jufqu'à avoir obfervé , dit M. Per,
r a V lt , que le noir, qui borde les
marques, fe mêle réciproquement avec
le blanc e'n forme de feie , ce qu'il eft
affez difficile de comprendre , fi l'ois
ne voit ces p) urnes ou leur figure. On
les a fort exactement repréfentées dans
la figure qui fe trouve dans le Recueil
des Mémoires de l' Académie Royale des
Sc iences , Tome III. Part. IL
La queue , comme on l'a dit , eft un
peu recourbée en défions comme aux
Perdrix. Les jambes font couvertes da
petites plumes couchées , Se comme
collées fur la peau : ces plumes font
d'un gris brun , Se marquetées de blanc
comme toutes les autres. La tête etî
fans plumes. La paupière fupérieure a de
longs poils noirs , qui fe relèvent par
en haut : au-deffus de la tête il y a une
crête , ou manière de cafque. M a R C
Grave dit, dans Aldroyande
( Ormtb. L. XIV. c. 13.), Se dans
Gesner {de Avib. L. III. ) , que
cette crête tient de la nature de la
peau. M. Perrault a trouvé qu'elle
eft feulement revêtue par deflus d'une
peau feche Se ridée de la couleur d'un
fauve brun , qui s'étend depuis le bec
jufqu'au derrière de {a tête, qu'elle
couvre, étant échancrée au droit des
yeux; mais le dedans eft d'une fub-
itance fpon.eieufe , moins dure que
l'os , Se refiemblant , comme le dit
Clitus, a une chair defféchée , Se
endurcie comme du bois. Dalecha»mi'
dit
P I N
dit que cette crête eft particulière aux
mâles , M. Perrault l'a trouvée
<jans les mâles , comme dans les fe-
melles,
Le bec de la Pintade eft femblable
à celui d'une Poule domeftique. De
chaque côté du bec eft une peau bleuâ-
tre , qui s'étend vers l'œil qu'elle en-
toure, & devient noire en cet endroit.
B E L o n dit abfolument qu'elle eft
blanche autour de l'œil. Cette peau
forme les paupières , Se en s'a 1 longeant
Se fe redoublant fait les deux appen-
dices des joues. Selon Marc Grave ,
elles font rouges. M. Perrault
a remarqué qu'elles étoient rouges aux
femelles & bleues aux mâles , quoi-
que les Auteurs difent que cet oiféau
n'a aucune marque extérieure qui fafTe
la diftinction du fexe. Coi, umelle
(de Re ïufl. L. VIII. c. z.) , fur cette
différence des couleurs , fonde une
diftin&ion entre la Poule Africaine ou
Numidique , Se le Meleagris. Il dit que
la Poule Africaine a fes appendices
rouges , Se que le Meleagris les a
bleues. Une telle différence , dit M.
Perrault, ne peut conftituer des
efpeces différentes , puifque ces cou-
leurs peuvent aifément changer dans
lin même individu par de légères oc-
cafions ; ainfi qu'il fe voit au Coq
d'Inde , à qui la crête devient rouge ,
quand il eft en colère , Se qui l'a ordi-
nairement bleue.
Les pieds de la Pintade font d'un
gris brun , fort hauts , Se de grandes
écailles les couvrent : ils n'ont par der-
rière qu'une peau raboteufe , par une
infinité de petites éminences pareilles
à celles du chagrin. Les trois doigts de
devant ont , jufqu'au tiers de leur lon-
gueur , des peaux qui les joignent en-
femble , comme à l'Oie. Le doigt de
derrière eft court , & les mâles n'ont
point d'ergot au derrière du pied , qui
dans les oifeaux, de même que dans la
plupart des brutes , comprend non-
feulement les doigts qui pofent à terre,
filais encore toute la partie qui va juf-
Tome IIL
F I N m
qu'à la première jointure qui eft îe
véritable talon. Voilà ce qui regarde
les parties extérieures de la Pintade :
pour les parties intérieures confultez
les Mémoires de P Académie des Scien-
ces à l'endroit cité.
J'ai dit qu'il y a des Auteurs qui
veulent que le Meleagris foit le Coq
d'Inde , Se non pas la Poule Africaine ,
ou Pintade ; ce font Turnerus
( Hifl. Av. ) , B E L O N ( de la Nat.
des Oif. L. V. c. l o. ) , G E s N e r C de
Avib. L, IIL ) , Aldrovande
C Ornitb. L. XIII. c. 4.) , Se d'autres
Naturaliftes qui ont écrit fur les oi-
feaux.
M. Perrault fait voir que tout
ce que les Anciens ont dit de l'oifeau
nommé Meleagris fe trouve dans la
Pintade , Se que rien de tout cela ne
fe voit dans le Coq d'Inde , qui , au
contraire , a des chofes particulières ,
qui ne font point dans le Meleagris
des Anciens ; car les particularités ,
dit-il, que Clitus , dans Athénée,
attribue à l'oifeau Meleagris , favo'r ,
le bonnet de couleur & de fubftance
ligneufe , les barbes ou appendices des
joues, les marques blanches en grand
nombre femées çà Se là régulièrement
Se avec fymétrie fur les plumes , qui
font de la figure Se de la grofleur
d'une lentille , les jambes fans ergots
aux mâles , & la refiTemblance parfai-
te du mâle Se de la femelle , font des
caractères très-particuliers qui fe trou-
vent dans la Pintade , Se qu'on ne voit
point dans le Coq d'Inde. Ce que
P L 1 n e ( Hifl. Nat. L. X. c. 26. &
L. XXXVII. c. z.) Se V arko N (de
Rerufi. L. III.) difent de l'oifeau qui
porte le nom de Meleagris convient
encore fort bien à la Pintade Se nul-
lement au Coq d'Inde ; car ils difent
que le Meleagris eft un oifeau qui vit
dans les lacs Se dans les rivières. Or ,
comme le remarque M. Perrault ,
les peaux que la Pintade a entre les
doigts des pieds ne fe trouvent qu'aux
animaux qui aiment les lieux aquati-
O o 0
474
PIN P I P
ques , où l'on fait que le Coq d'Inde
ne fe plaît point. Enfin dans l'exacte
defcrîption que les Anciens ont faite
du Meleaçrir , il eft împoffible ,, s'il
étoit le Coq d'Inde , qu'ils eufTent omis
les chofes remarquables & particuliè-
res qui fe voyent dans le Coq d'Inde,
& qui ne fe trouvent point dans la
Pif/rade , telles que font la manière
d'étaler fa queue , celle de traîner fes
ailes contre terre , d'allonger Se ^de
laiffer pendre la crête qu'il a à la racine
du bec, d'avoir le col raboteux & tôut-
à-fait dénué de plumes , Se d'avoir un
bouquet de crin noir à l'eftomac.
Voilà les remarques de M. Per-
rault, fur le Meleagris des An-
ciens , que tous les Naturalises , com-
me Gesner, Aldrovande,
Belon Se Jonston, de même
que Willughby, Ray, Albin,
Se de nos jours M. L i N n je u s ,
prennent pour le Coq d'Inde ; ce qui
fait voir que M. Perrault eft le
feul de fon fentiment en prenant le
Meleagris pour la Pintade.
M. Linnjîus ( Syfl. Nat. Edit. 6.
g. 68. ) met la Pintade dans l'ordre
àesAvesGallim. Elle eft auffi dans le
genre des Poules chez M. Klein,
& il "la nomme ( Ord. Av. p. m.)
Alei.hr Guineenfis , Gallina Guinea ,
Afrkana. Gesner, Willughby,
Raï, Caïus, Roche fort,
Albin 8c les autres , parlent de cet
oîfeau fous le nom de Meleagris que
les Anciens lui ont donné , nom qu'a
suffi le Coq d'Inde, mais auquel on a
ajouté celui âePavo , ce qui le diftin-
gue de la Pintade.
PINTADE, nom donné à" une
forte d'Huître , à caufe de fa couleur
canelée de gris & de blanc qui imite
l'oifeau ci-deffus. Elle eft un peu ccail-
leufe par deffus : en dedans c'eft une
Nacre parfaite, avec des nuances tirant
furie violet. Voyez HUÎTRE.
P I P
PIPA , nom qu'on donne à un
P I P
Crapaud de Surinam , beaucoup pl U8
gros Se plus venimeux que ceux d'Eu-
rope. Les habitans du Bréfil le nom-
ment Cucuru , & les Portugais l'ap-
pellent Capo. Voyez CRAPAUD.
PIPER ONE, PIVERCNE .
ou BIVERONE, nom que les
Vénitiens donnent à un Coquillage
bivalve , nommé Cloniffe par Ronde-
let. Voyez CLONISSE.
PIPI, oifeau de PAbyffime , que
lès habitans de Tegré nomment ainfi
pareequ'il répète continuellement ces
deux fyllabes. Ce volatil a un inftincl
qui lui fait conduire les ChafTeurs au
lieu où il a vu quelques bêtes. Il ne
les abandonne point , Se il chante fans
cette autour de ces ChafTeurs jufqu'à
ce qu'ils le fuivent. Cet oifeau a dif-
férens noms , fuivant les différens
Voyageurs , Se j'en ai déjà parlé.
P I P I T , eft le nom d'un oîfeau,
duquel il y a plufieurs efpeces. Celui
de la première eft le plus grand. Il a
la tête d'une couleur de gris- cendré ,
une tache deffous le bec faite en ma-
nière de barbe , la poitrine rougeâtre
le ventre diverfifié de blanc Se de rou-
ge , la queue rouge par defiùs S: blan-
châtre par deffous , & le dos gris-cen-
dré. Les ailes font compofées de noir ,
de blanc , Se de roux ; les jarabes Se
les pieds font jaunes; les ongles font
noirs , & le bec eft longuet , grêle Se
brun.
Celui de la féconde efpece tire plus
fur le cendré que le précédent: il n'a
pas la poitrine rouge , mais il a des-
taches brunes qui defeendent en bas,
Son gris par devant eft plus cendré
que par le deffus du dos ; fon ventre
eft prefque tout blanchâtre : il a une
tache affez grande tirant fur la cou-
leur de rouille. Les grandes plumes
des ailes, ainfi que toutes celles dont
elles font revêtues, font noires & cen-
drées par les côtés , Se à leurs extre^
mités ; les jambes Se les pieds font
bruns. Sa queue eft cendrée. Le nom
Latin de ces deux efpeces efi Sg.h
P I P P I Q
poîa. Voyons à préfent la defcnptîon
Se le nom Latin de la troificme efpece
de ces oifeaux.
Celui de la troificme efpece eft ap-
pellé par les Latins Boarimts , parce-
qu'il fuit volontiers les Bœufs : il eft
aulfi grand que les premiers. Il a le
plumage prefquc tout-à-fait d'un blanc
jaunâtre , les ailes de pareille couleur;
mais elles font plus couvertes. Le bec
Se les pieds font bruns. C'eft ainfi que
le Ditiionnaire de Trévoux parle de ces
trois efpeces d'oifeaux d'après Aldro-
vande, Omit h. P. 73 a- Voyez BOU-
VIER.
P IPITZON , petit oîfeau du
Mexique, dit S E B a , qui a le corps
d'un rouge vermeil , la tête Se les gran-
des plumes des ailes d'un pourpre ri-
che , mêlé de nuances d'un jaune au-
rore éclatant, le bec & les pieds d'un
rouge obfcur , la partie fupérieure du
bec recourbée & pointue au bout. Cet
Auteur ajoute que ce beau petit oi-
feau relTemble fi fort au Coltol qu'il
eft difficile de l'en -diftinguer , étant
de plus tous les deux de la même ef-
pece. Hernandez en parle dans
fon Hiftoire des Oifeaux de la Nou-
velle EJ'pagne , Se S E b a en donne la
figure Tlocf. I. Tab. 37. ». 4.
P I Q
PIQUITINGA, poifTon du
Bréftl , dont parle Ma ne Grave,
Il a deux doigts de long ou un peu
plus : il eft prefque de la figure du
Parahuctt , dont il ne diffère pas
beaucoup. Il a la bouche petite , les
yeux aflfez grands, Se l'iris de couleur
d'argent. Par le nombre des nageoi-
res , fa figure convient aflez avec le
Varabucu. Sa queue eft fourchue ,
fa tête eft de couleur d'argent , Se le
de (Tus eft de couleur d'olive. Il a les
écailles blanches. Cependant il paroît
avoir le dos de couleur d'olive : au
milieu eft placée une ligne droite Se
large de couleur d'argent , qui s'étend
de chaque côté jufqu'à la queue. C'eft
aïnfi qu'en parle Ray Synop. Metb.
Pifc. p. 126. », 39.
P I R
P I R A A C A , poifTon du Bréfil ,
que R a ï ( ibid. p. 47. ) dit être le*
Monoceros , dont parle Ci, u s 1 u s
f Exot.L. VI, c. 28.). Voyez LICOR-
NE DE MER.
PIRA-ACANGATARA,
autre poifTon du Bréfil de la grandeur
d'une moyenne Perche , long de fept
ou huit doigts. Il a la bouche petite ,
l'iris de couleur noire , mêlée avec du
roux Se du doré , la queue fourchue ,
des écailles de couleur d'argent , jet-
tant un éclat de couleur d'or , Se de
couleur de feu. Son ventre eft blanc
Se verd de mer ; la nageoire du dos
eft d'un blanc luifant marqué de ta-
ches rouffi-s ; celles des côtés font blan-
ches ; celles du ventre font bleues ,
ainfi que celles de la queue à fon ex-
trémité. Rat, ibid. p. 147.
P I R A B E B E , félon Ray, &
PIRABELE , félon Artedi,
nom que Marc Grave donne à
Y Hirondelle de mer , poifTon volant.
Voyez MILAN DE MER, ibid.
p. 89. & HIRONDELLE DE
MER.
PIRACOABA, autre poifTon
du Bréfil , long d'un pied , dont la bou-
che eft pointue , grande Se fans dents.
La mâchoire fupérieure eft plus lon-
gue que l'inférieure , 8e la partie fu-
périeure de la bouche s'élève en ma-
nière de cône rond. Ses yeux font
grands, & l'iris eft de couleur d'or. Sous
chaque nageoire , près des ouies , il a
une barbe compofée de fix poils , gros ,
Se longs environ de trois doigts : fes
écailles font petites Se argentées. A la
tête Se au dos elles font un peu blan-
ches ; & toutes les nageoires font ou
blanches , ou cendrées , à l'exception
de celles qui font près des ouies où il
y a du noir. Ray , ibid. p. 81,
P I R A E M B U , poifTon du Bré-
fil, appelle ainfi en langue du pays,
O 0 0 ij
•4? 6 V I R
P I R
comme qui dlroit Ronfleur , à cauie de
fon ronflement : il a huit ou neufpai-
mes de long, Sa chair eft d'un fort
bon goût , Se elle eft très-eftimée. Au-
dedans de fa gueule lont deux pierres
larges d'une palme , qui lui fervent
à briiêr le Coquillage dont il fait fa
nourriture. Les Sauvages prifent fort
ces pierres , Se les portent autour du
col.
PIRAGUERS, poifTon, félon
Frézier (p. 25. ) , qui fe trouve
dans les mers de l'Ifle de Sainte Ca-
therine. Nous y avons pris , dit-il,
des poïfTons de quatre ou cinq pieds
de long fort délicats , faits à-peu-près
comme des Carpes , dont les écailles
étoient plus grandes qu'un écu : les
uns les ont rondes , les Portugais les
nomment Meros j les autres les ont
quarrées , Se ils les appellent Sole-
mera,
PIRA-IPOUCHI, mauvais
poifTon de l'Amérique , & extrême-
ment difforme , dit X H E v E T : il prend
naiffance fur le Chien de mer , ajou-
te-t-il » & il le fuit étant jeune. Sin-
gulier, de la France Antarctique , p. 105.
in verjo.
PIRA-JURUMENBECA,
poifTon du Bréfil , nommé vulgaire-
ment Bocca Molle. Ceft un poifTon de
mer, quelquefois long de neuf à dix
pieds ,. Se large de deux pieds & de-
mi : il fe plaît dans la fange. Il a la
bouche élevée • il peut l'agrandir 8e
l'arrondir : fes yeux font grands , le
cercle en eft argenté & brun. La na-
geoire du dos eft molle ; fa queue a
la figure d'un pentagone ; fes écailles
font petites Se luifàntes : fur le dos il
eft verd Se de couleur dorée. Ses na-
geoires font argentées , Se au milieu
extérieur elles font de couleur d'or.
WlLLUGHDÏ (L. IV. C.qo.p. 333.)
Se Ra ï ( Synop. Meth. Pifc. p. 143.
». 6. ) parlent de ce poifTorr.
P1RANEMA, poifTon du Bré-
fil de la grandeur d'une Perche , ou
d'une médiocre Carpe ; il a. dix ou
ouïe pîeds de long , Se trois tout aîî
plus de large. Sa bouche eft grande ,
ronde &fans dents , fes mâchoires font
rudes ; fes yeux font grands , l'iris eft
de couleur blanche ; la partie fupé-
rieure eft couleur de vermillon. 11 a
les ouies très-grandes 5 une nageoire,
qui commence proche de la tête & finit
à la queue , eft compofée de vingt-
deux arêtes. Tout ce poifTon eft de
couleur d'argent mêlée de couleur de
lait. Au ventre la couleur de lait eft
plus claire , Se prefque blanche. Rat,.
Synop. Meth. Pifc. p. 148. ». 7.
PIRA-P1XANGA, poifTon
du Brefil , que les Hollandois nomment
Gatvijcb. Il a onze doigts de long, une
bouche large d'un demi-doigt , des
yeux grands, élevés, entourés d'un cer-
noir , mêlé d'une couleur dorée Se fan-
guine. Ses ouïes font grandes , garnies
d'une petite épine ; les nageoires du
ventre n'ont qu'une feule épine , &
fa queue eft ronde par le bout. Ce
poifîbn eft couvert de petites écailles ;
au toucher fa peau paroît unie : il eft
d'un blanc jaune , avec des taches de
couleur de fang clair. Ces taches font
Fondes , & font de la grandeur d'un
grain de Chenevi : elles font plus
grandes fous le ventre. R a y ( ilnd.
p. 139. ». 10. ) dit que ce poifTon a
prefque la figure de la Dorade.
PIRAQU IBA, poifTon du Bré~
fil , qui eft le même que P Iperitquiba,
Se le Rémora des Naturaliftes , dit Rat
(ibid. p. 71. n. 12.). Voyez au mot
REMORA.
PI II ASSOUPI , animal de la
grandeur d'un Mulet , Se qui lui ref-
femble prefqu'entierement par la tête.
Son corps eft aufli velu que celui d'un
Ours , un peu phis coloré , tirant fur
le fauve. Il a les pieds fendus comme
un Cerf. On trouve cet animal en Ara-
bie près de lamerRouge, Les Arabes
fe fervent de fa corne lorfqu'ils font
blefTés , ou qu'ils ont été mordus par
quelques bêtes venimeufes. Us font
pour cela tremper cette corne fix os
F I R
{ept jours dans de l'eau , qu'ils boivent
enfuite.
PIR ATI API A, poiflon duBré-
fil , dont le corps eft long & allez
épais : il devient quelque fois fi grand
qu'il pefe jufqu'à cinquante livres.
La mâchoire inférîewe eft plus longue
que la fupérieure. Il a le dedans de la
bouche rouge : fes yeux font élevés ;
l'iris eft rouge : devant chaque œil , il
a un trou. Sa queue eft prefque quar-
rée ; fes écailles font petites ; le dos ,
le bas du ventre , & les nageoires font
de couleur de cinnabre , ou de ver-
millon. Les côtés font d'un gris tirant
fur le brun, Il eft par tout le corps
marqué de taches de la même cou-
leur; dans des endroits elles font plus
grandes , Se dans d'autres plus petites-,
dit Ray, ibid. p. 14 r.
PIRATIA-PUA, poiflon du
Bréfil , qui devient d'une grandeur ex-
traordinaire. La mâchoire inférieure de
Ce poiflon eft beaucoup plus longue
que la fupérieure 5 les dents de la mâ-
choire inférieure font pointues , Se feu-
lement celles delà mâchoire fupérieure
qui fout au milieu ; elles font aufli plus
longues , comme celles du milieu de
la mâchoire inférieure. Sa bouche eft
grande Se faite en rond quand il l'ou-
vre ; fes yeux ne font pas grands , vu
la grandeur de fon corps : il eft long,
Un peu courbé fur le dos vers la tête ,
i< médiocrement large vers le ventre.
Le derrière du corps a une figure quar-
rée : fes écailles font très-petites , au
toucher il paroît n'en avoir pas. Sa
couleur par tout le corps eft d'or obf-
eur , approchante de celle du foie , Se
obfcure fur le dos Se fur le fommet de
la tête. Il a de plus des lignes en forme
de rets qui font de couleur cendrée.
Celles des côtés ont les bords de cou-
leur d'or, Se les autres font de cou-
leurdefoie. La chair de ce poilTon eft
aiïez bonne, fur-tout quand il eft jeune;
& quand il eft vieux , on n'en fait plus
aucun cas , dit R a Y , ibid, p. 127.
V. z.
P I R 477
PIRAVENE, poïfibn volant da
l'Amérique , gros comme une Lam-
proie. 11 ne s'en trouve gueres , die
T H e v E t , qu'à quinze degrés en-
deçà Se en-delà de la ligne. Son vol
eft prefque comme celui d'une Per-
drix. Il y en a de deux efpeces , le
grand Se le petit. Le petit vole mieux
& plus haut que le grand. Quand ils
font pourfuivis , ils volent en fi grande
abondance t fur-tout la nuit , qu'ils
viennent heurter les voiles des vaif-
feaux. Singul. de la France AntarB.
p. 1 3 5. in verfo,
P I R A L M B U , autre poiflon
du Bréfil , que les Portugais nomment
Chaqquarona, qui eft de la grandeur
Se de la figure d'une Carpe. Depuis
la bouche jufqu'au commencement de
la queue il a dix doigts de long , 8c
prefque quatre de large : fa bouche
eft faite comme celle de la Carpe ; fes
yeux font grands > Se entourés d'un
cercle doré Se blanc. Marc Grave
lui donne deux nageoires fur le dos.
Mais pareeque la dernière eft conrigue
à la première , Raï C ibid. p. 14K
», 1 6. ) ne les regarde que comme une
feule nageoire. Les nageoires du ventre
Se celLe qui eft proche de Fanus font
munies chacune d'une forte arête. Les
écailles fontgrandes , de couleur d'ar-
gent luifant , mêlé d'un peu d'or ».
comme dans les Carpes. Toutes ks
nageoires de ce poiflon. font d'un clair
cendré.
PI RAYA, ou PIRANTHA„
poilfon du Bréfil , dont il y a trois ef-
peces , dit Raï, Symp. Mcth. Pijç..
p. 111. n. 0 . 10, tir 11.
La première efpece a un pied de
long Se fix doigts de large. Ce poif-
fon a le dos courbé Se la tête obtiifê
comme la Dorade, L'ouverture de lai
bouche eft parabolique : il peut la fer-
mer exactement. Ses dents font blan-
ches , triangulaires , & très-pointues ,
elles font au nombre de quatorze à
chaque mâchoire , qui ne compofent
qu'un rang, A quelque partie du corj»
47 8 P I 11
de l'homme que ce poitTon puifle porter
la dent , il en emporte la pièce , la-
quelle eft coupée comme avec un ra-
foir. Ses yeux font petits & cryftal-
lins. Il a une nageoire qui commence
à l'anus : elle eft munie par devant
d'une forte épine ; le relie eft mol Se
couvert de petites écailles. Cette na-
geoire s'étend jufqu'à la nailTance de
la queue , qui ett faite en forme de
corne. La couleur du des, jufqu'aux
lignes qu'il a aux côtés , ëft d'un
cendré clair, mêlé d'un peu de bleu ;
chaque écaille a fes bords de couleur
de feu, Se d'un bleu luifant. 11 a le
ventre & les nageoires d'un jaune obf-
cur. Ce poiTon fe plaît beaucoup au
fond de l'eau bourbeufe dans les ri-
vières.
La féconde efpece eft de la gran-
deur & de la figure du précédent:
il en diifere par une petite nageoire
écailleufe , qu'il a entre Le dos 8c la
queue , Se par la couleur. Aux endroits
où le premier eft d'un blanc cendré,
celui-ci eft d'une couleur rouge, do-
rée Se cendrée ; aux endroits où l'au-
tre eft jaune , celui-ci eft d'un jaune
doré. Les nageoires du dos & la queue
font d'un cendré clair, mêlé d'un peu
de bleu.
La troificme efpece eft de couleur
blanche. Sa tête n'eft pas fi obtufeque
celle des autres ; mais il a la bouche
«n peu plus élevée & en forme de
cône. La couleur du ventre & des
côtés eft argentée ; la tête Se le dos
font de la même couleur, mais mêlée
d'un bleu luifant. Ce poitTon a les
nageoires argentées avec du gris mêlé
parmi. 11 eft plus petit que les deux
premiers , Se il ne mord pas fi forte-
ment.
PIREL, nom que M. Adanson
( Hifl. Nat. des Coquillages du Sénégal ,
jp. 22.7. ) donne à un Coquillage bi-
valve de la côte du Sénégal , du genre
de la Came , qu'il a trouvé dans les
fables de l'Ifle de Gorée. Il eft figuré
planche XVII. ». 10. Sa coquille, dit
PIR PIS P I T
ce Conchylioîogue , eft fort mince 8c
fragile ; mais fans tranfparence , large
d'un pouce au plus , fur une longueur
un peu moindre, & double de fa pro-
fondeur. Elle eft ornée extérieure-
ment de près de cent canelures lon-
gitudinales , extrêmement fines , qui
font traverféesparquelques rides, avec
lefquelles elles femblent faire un réfeau
très-délicat. Le fommet eft fort obtus
Se placé beaucoup au-delfous du mi-
lieu de fa largeur. Sa couleur eft d'un
blanc fale.
P I II E N , du Grec rutp}% Nu-
menius dit que c'eft un poitTon ; mais
G E s n E R ( de Aq:ut. p. 8 5 6. ) penfe
que ce peut être quelque infecte , ou
Zoophyte aquatique. Le Grammairien
V a r 1 n u S rend le mot n#ffcwg£ par
TeJHculum pudendum , ce qui peut faire
croire que le l'irena de Numikmus
peut être le Pudendum majtulum de
quelques poiflons de mer. Onnomme
en Italie Vriapus un petit poitTon verd
que G E s N e R croit être la dixième
des efpeces de lourds de RoVDELET.
Voyez TOLRD.
P I R O T , nom qu'on donne . dît
Rondelet , à un Coquillage ,
que nous nommons Coutelier- Voyez ce
mot.
P I S
PISQUET , nom qu'on donne
à la Guadeloupe , dit le P. L a bat,
à un petit poitTon que les Sauvages
de l'Amérique nomment Titri. Voyez
ce mot.
P I S S E U R , nom qu'on donne en
Amérique au Murex , pareequ'il jette
promptement fa liqueur qui eft la Pour-
pre. Voyez MUREX.
P I T
PI TANGUA- GUACU,
oife-au du Bréfil, félon Marc Grave ,
que les Portugais nomment Bemtere.
Il eft de la grandeur d'un Etourncau ,
dit Ru y s c H C de Av. p. 148.). H a
le bec gros , large, pyramidal , long
P I T
d'un peu plus d'un doigt , Se extérieu-
rement pointu -, le col eft court , le
corps eft de la longueur cîe prefque
deux doigts Se demi. Les jambes Se
les pieds font bruns 5 ceux-ci font gar-
nis de quatre doigts. La tête , le deffus
du col , tout le dos , les ailes Se la queue
font d'un brun noir avec un peu de
verd. Le bas du col, la poitrine, Se
le ventre , font de couleur jaune. Il a
proche de la tête une eipece de pe-
tite couronne de couleur blanche. Sous
le gofier , à la naiiïance du bec , il eft
blanc. Cet oifeau crie à haute voix.
Il y a quelques oifeaux au Bréfil ,
dont les uns ont fur le haut de la tête
une tache blanche , les autres une ta-
che roufFe. Les habitans les appellent
Cuiriri : ils font en tout femblables au
Pitangua-Guacit , dit Ruysch.
PITAR: Coquillage bivalve du
genre de la Came , qui fe trouve au
Sénégal autour du Cap Manuel. M.
A D A n s o n en donne la figure Plan-
che XVI. n. 7. Cette efpece , dit cet
Auteur ( p. izâ.) , eit la plus com-
mune Se la plus recherchée par les gens
du pays , qui en eftiment beaucoup la
chair. Elle eft également répandue fur
toutes les côtes fablonneufes , depuis
îe Cap Verdjufqu'au fleuve Cambie.
Sa coquille eft fort épaiffe Se extrê-
mement renflée,fup- tout dans les vieux
Coquillages qui ne portent gueres que
deux pouces & quelques lignes de lar-
geur , Se un pouce neuf lignes de lon-
gueur y fur une profondeur d'un quart
moindre. Les jeunes au contraire font
plus applatis Se fort minces. Leur fur-
face externe eft affez liffe , Se unie vers
le fommet , mais relevée de plufieurs
grottes rides vers les bords , qui font
aigus. Ils ne portent, non plus que ceux
de toutes les autres efpeces qui fui vent,
aucune imprefTion en forme de cœur
au deflous des fommets , lefquels font
obtus , arrondis , contigus l'un à l'autre
& placés vers le bas de la coquille ,
au tiers de fa largeur. La charnière
jporte quatre dénis à chaque battant.
P I T
479
Cette coquille eft recouverte extérieu-
rement d'un périofte livide ou blanc
fale Se très-fin qui s'enlève facilement
Se laiffe voir au-deflbus fa couleur
blanche.
L'animal diffère peu , dit l'Auteur ,
des fix premières efpeces , dont il eft
parlé. Ses tuyaux reifcmblent à ceux
de la quatrième , qu'il nomme Cotan ;
mais fon manteau, qui fort un peu au
dehors de la coquille ,. porte fur les
bords de chaque lobe une membrane
circulaire fort courte , découpée de
cinquante crenelures quarrées , termi-
nées chacune par cinq petits filets char-
nus Se mobiles. Les Nègres appellent
ce Coquillage Bonkch , ou Bouikch ,
comme la première efpece , qui eft 1»
CioniJJè de Rondkle t.
Le Pnar de M. A D a N s o n eft le
même Coquillage que la Chama in&-
quilatera , Uvis , crajfa ,fubalbida , de
Guutieri , bld. p. & Tab. 8 ï,
litt. B. y
PITAUT, nom qu'on donne err
Normandie à un Coquillage de la
claife des Multivalves , connu fous les
noms de Dail Se de Pholaâe, Voyez
ces deux mots.
PI T TENTE, nom qu'on donne
en Suifïe , dit G E s n e r , à la troi-
fieme efpece de Cane Mouche. Voyez
ce mot.
P I T O , oifeau des Indes Occi-
dentales que L a e T dit être de la
grofîeur d'un Étourneaai, Il a fes plu-
mes femblables à celles d'une Alouettes,
mais vertes fous le ventre. Le bec Se
la queue font longs. Cet oifeau a
coutume de creufer les rochers avec
fon bec pour nicher dedans. Quelques-
uns difent que par une induftrie na-
turelle il fe fert pour cela d'une cer-
taine herbe, à laquelle les Efpagnok
attribuent de merveilleufes vertus pour
percer le fer , ainfi que tout ce qui
eft dur , & qu'ils nomment commu-
nément à caufe de cet oifeau Yerva de
Pïtos. F r É z 1 e r (p. 214. ) appelle
cet oifeau- P ko- Real.
43o P I V
P I V E R , oifeau dont îl y a plu-
fieurs efpeces. Voyez au mot P I G
VERD.
PIVOINE, oifeau que M. Lin-
Njïus ( Fauna Suec. p. 85. ». 2.29. )
met dans le ranç des Aves Parères.
Au mot GROS BEC, j'ai donné
la defcription de cet oifeau d'après
Albin, & la notice des autres ef-
peces deGrosBecs, d'après M. Klein.
Le Pivoine ou Bouvreuil eft le 2.uza?*)ç
d'A r 1 s T o t E ( L. IX. c, 49. ) , le
Me^rt^Kep ^ es Grecs. Les Naturalif-
tes , comme Aldrovande ( Ornitb.
L. XVII. ),]oxston t de Avïb. Wil-
LUGHBY,Or»///j.p. KÎ2.&RAY , SyKOp.
Meth. Av. p. 79. ». 8. le nomment
Atricapilla , & Ficedula. Albin
< ^e/^ jV<«. ^f/ L. VIL ch. 9. ) ,
l'appelle RitbieiLla en Latin. Mais la
BctibicUià , félon Belok, eft la Gor-
ge Rouge, ou Rubeline. Le Pivoine dont
parle ce dernier Auteur ( ibid.c. 17,
358.), n'eft pas la Fauvette à tête
noire, Atricapilla , que les Anglois
nomment The Black.-Cap.
Le Pivoine de notre Ornithologue
François , qu'on nomme dans l'Ifle de
Candie Afprocolos , eft, dit-il, le Be-
tafi^hi des Italiens. Nous n'en faifons
pas tant de casque les Etrangers, ajou-
-te-t-il. Il eft aufli appel-lé Siffleur , Se
dans quelques endroits de France , on
■lui donne le nom de Groiclard , qui
eft dû au Traqutt, C'eft un oifeau tres-
privé Se d'aftez belle couleur : il vole
le plus fouvent feu! , Se il -n'eft pas fi
grand que le Bruant. Il y en a beau-
coup en Italie , on en fait grand cas,
Il fe fait entendre de fort loin dans les
forêts Se dans les taillis. Belon dit
en avoir entendu en Auvergne : il y en
•a en Bavière , en Bohême , en Saxe ,
& en d'autres endroits de l'Allema-
gne, Les Pivoines en hiver , lorfqti'ils
font bien gras , font un fort bon manger.
Ceux que l'on prend en Italie, où ils
font fort communs , paroiffrnt fur la
«able des riches. Le mâle & la femelle
$a,t le bec noir , court 5c crochu par
P I V
le bout , prefque comme les oîfeaiutj
de proie. Cet oifeau , fi friand de Fi-
gues , eft nommé Sicalis Se Ficedula en
Latin , c'eft ce qui lui a fait donner par
les Provençaux Se les Italiens le nom
de BecafighL Martial a dit de
cet oifeau :
Cum me Jîcusalat, mm pafcar dulcibtts ttvîty
Cur potihs nomtn non dédit uva m'ihi ?
En effet , il mange aufli bien des Raî-
fins que des Figues. Il a quelque ref-
femblance avec la Méfange ; quelques-
uns l'ont mis entre les Méfanges qua
les Grecs nomment (Mgitali , Se au-
trement Éloi. Ils ont auffi voulu la
nommer Pyrrhias , parcequ'il eft tout
rouge par défions la poitrine : il a la
queue Se les ailes toutes noires , excep-
té une ligne par le travers qui eii
plombée. En Candie, félon Bel on,
on le nomme faufTement Afprocolos ,
c'eft-à-dirc , Cul -blanc. 11 a la tête
noire tant deiïus que defTous , comme
une Méfange ; la queue eft longue ,
le dos eft cendré, le defTous du ven-
tre , de même que celui de la gorge Se
de l'eftomac , font d'un beau rouge;
les jambes Se les pieds font petirs Se
de couleur rouflatre , Se les yeux font
noirs & ronds. Ce petit oifeau fe nour-
rit de toute forte de chofes , comme
auffi de Vermine ; maïs étant privé il
mange volontiers de la Navette Se
du Chenevi. Après l'Autruche , il n'y
a point d' oifeau , félon A r 1 s t o t e
( L. IX. c. 15.), qui fa (Te plus de
petits que le Pivoine. On lui trouve
jufqu'à dix-huit œufs dans fon nid.
Ses œufs font toujours en nombre pair.
Le propre de cet oifeau , aînfî que dit
Roflîgnol , eft de ne point avoir la lan-
gue pointue , comme l'ont les autres
oifeaux , qui femblent avoir une ron-
deur fphérique fur la tête. Le Pivoine
l'a comme cochée.
Par ce que nous venons de rappor-
ter d'après B e L o N , on voit que ce
qu'il appelle Pivoine , nommé en Greo
Xvtut\it Se MiActî-KÛpoiM , eft le Becfiguç
des
P I V
des Italiens. Cependant , félon Ray
( Synop. Meth. Av. p. 79. n. 7. ) , le
Becfigue eft la Ftcedula J'eptima d'Ah-
DROVANDE , oifeau qu'il diitingue du
Pivoine de Belon, qui eft le Xvktû k
des Grecs. Voyez BECAFIGUE ,
où je rapporte ce que les Naturalises
en ont écrit.
Le Pivoine eft fort connu en Nor-
mandie & autres Provinces du Royau-
me fous le nom de Bouvreuil. Il eft
ainfi nommé dans le Ditlionnaire de
l' Encyclopédie.
Le Pivoine ou Bouvreuil , nommé
en Latin Rubicilla , a le bec noir,
court, Se reffemblant à celui de l'oi-
feau qu' m appelle Gros Bec , quoique
plus petit; la bafe de' la pièce infé-
rieure du bec eft contournée en forme
de croiflant , au milieu duquel il y a
une petite protubérance qui le partage
en deux fegmens de cercle. La pièce
du delTus déborde fur celle de deflous
d'environ une demi-ligne , Se la pointe
devient un peu crochue lorfque l'oi-
feau eft avancé en âge ; la langue eft
comme fendue Se comme cSupée par
le bout. L'iris eft de couleur de noi-
fette. Les ongles font noirs , les pattes
font de couleur brune , mêlée de noir.
Le doigt extérieur tient au doigt du
milieu par la première phalange. La
tête eft grofle à proportion du corps.
11 y a dans le mâle une belle couleur
rouge de mine d"e plomb qui tient toute
la poitrine , le deflous du bec , & le
long des mâchoires jufqu'aux yeux ; le
deflus de la tète eft noir. Il y a auûi
une bande noire qui entoure le bec.
Le ventre Se le croupion font blancs ;
le deflus du col, ainfi que le dos, eft
de couleur cendrée, tres-légerement
teinte de roux.
Il y a dix-huit grandes plumes clans
chaque aile ; les dernières de ces plu-
mes font d'un noir luifant , Se leiir par-
tie fupérieure , Se fur-tout du côté ex-
térieur ; la dernière a de ce même côté
line tache de la même couleur qui eft
fur la poitrine ; les barbes extérieures
Tome III.
P I V 481
■ des premières plumes font feulement
brunes , Se le bord extérieur de la pre-
mière plume eft blanc dans la partie
inférieure ; dans les trois ou quatre
plumes fuivantes, ce même bord n'eft
blanc qu'à la partie fupérieure de la
plume ; l'extrémité des petites plumes
des ailes qui font les plus proches du
corps Se qui recouvrent les grandes ,
font de couleur cendrée : fur les plu-
mes intérieures cette couleur cendrée
eft plus étendue que furies extérieures;
celles qui font fur la côte de l'aile
font de la même couleur que le dos.
La queue a deux pouces de longueur,
Se elle eft compolée de douze plumes
qui font d'une couleur noire luifante.
Le mâle eft gros comme la femelle ;
il en diffère par fes couleurs qui font
plus brillantes.
Cet oifeau aime beaucoup les pre-
miers boutons qui précèdent les feuilles
Se les fleurs des Pommiers, des Poiriers,
des Pêchers , Se de tous les autres arbres
des jardins , où il caufe un grand dom-
mage. Le chant de cet oifeau eft agréa-
ble : cependant on aime mieux celui
de la Linote. Aldiiovande pré-
tend que la femelle chante auflî-bien
que le mâle , au contraire des autres
oileaux. On leur apprend , fans beau-
coup de peine , à imiter le fon de la
flûte , Se on prétejad qu'ils approchent
de la voix humaine.
Les Pivoines font des oifeaux qu'on
voit en quantité au Cap de Bonne
Efpérance. Les Holiandois les appel-
lent des Mangô - Moucherons , Se des
Mange-miel. Quelques Auteurs pré-
tendent que c'eft une eipece de Mé-
fange. Cependant ces oifeaux font tout
différens , dit K o l b e. Le ramage
du Pivoine n'approche point de celui
de la Méninge. Cet oifeau fe nourrit
de Moucherons , de miel Se d'Abeilles ,
au-lieu que les Mélanges ne mangent
rien de tout cela. Le bec du Pivoi-
ne eft long, large, extrêmement fore
Se rouge ; fous la tête , par devant , les
plumes font d'un bleu foncé , Se plus
Pp P
4 8î PU
bas elle, font d'un bleu pâle. Il a les
ailes & la queue noires ; fes jambes ,
qui font de la même couleur , font
fort longues. Les Hottentots fe fer-
vent de ces oi féaux comme de guides
pour trouver du mîel fauvage queles
Abeilles dépofent dans des creux , &
des fentes de rochers. K o L B e ,
dans fa Defcription du Cap de Bonnc-
Efpérance, Tome III. c. 19. p. 185).
P L A
* PL AGI) SIA , forte de Co-
quillage , dont parle P t a u te en ces
termes : Oftreas » Balanos captamus*
conchas , marinam Urticam , mitfculos ,
Plagufîas. Quelques-uns , dit Gesner
( de Aqiiat. p. 86 6.) , le prennent pour
un genre de poîflon, Plagufia vient
du Grec nAcQ/ov. Mais doit-on croire ,
ajoute ce même Auteur , des Lit-
térateurs qui n'allèguent aucune au-
torité ?
PLAN-ORBIS, Coquillage
univalve d'eau douce , du genre des
Limaçons , qui fe voit très- rarement
dans la mer , mais il eft commun dans
les rivières , principalement dans ce le
des Gobelins proche Paris. Il eft tout
noir 8c brun, avec trois contours re-
levés qui fe terminent à l'œil de fa
volute. Sa tète fort d'une ouverture
ronde , 8c eft garnie de deux cornes
fort pointues 8c fort longues , tenant
à une couche baveufe qui lui fert à
traîner fa coquille. Quand il s'eft avan-
cé autant que fes forces le lui per-
mettent , il tire à lui fa coquille , qui
eft fort mince , Se il recommence cette
manœuvre pour continuer fa marche.
Il n'y a nulle cloifon , comme à la
Corne d'Ammon Se au N'autille , com-
me j'ai remarqué , dit l'Auteur de
Y Ht flaire de la Conchyliologie , lorfque
j'ai- fait pécher le Tian-Orbis dans la
Marne & dans la rivière des Gobelins.
J'y ai trouv* un poiffon vivrnt que
j'ai fait forcir avec de l'eau chaude ,
Se qui eft un peu différent des deux
jgrécédens. L'animal eft fait comme
P L A
un gros Ver nageant dans une eau
roufte : fa couche peut lui fervir d'o-
percule ; mais aufii-tôt qu'on le tou-
che , il fe retire tout entier au milieu
de fon premier contour, On le voit
quelquefois fortir prefque tout forj
corps , Se fes yeux font placés à l'or-
dinaire , & marqués par deux points
noirs.
Le Plan-Orbis eft le Coquillage le
plus aifé à découvrir dans les eaux;
c'eft une efpece de Limaçon dont 011
connoît huit efpeces ; favoir , le grand
à quatre fpîrales rondes ; le fécond
eft le petit à cinq fpîrales rondes ; le
troifieme à fix fpîrales auffi rondes -le
quatrième eft le Plan-Orbis à quatre
fpîrales , ou arêtes verticales ; le cin-
quième eft le Plan-Orbis à fix fpirales
à arêtes; lefixieme eft le Plan-Orbis
à trois fpirales à arêtes ; le feptieme eft
le Plan-Orbis à arêtes ; le huitième
eft le Plan-Orbis proprement dit. Orr
peut y ajouter deux autres efpeces
quis'y rapportent, en s'attachant feu-
lement au caraôtere de l'animal , fans
faire attention aux coquilles; favoir,
la Vis ftuvîarile , Se la Coquille que
Lister a figurée (Tab. z. fig. 25.),
dont les contours vont de droite à
gauche. Ainfi parle M. d'A r g e n-
ville, dans fon Hifioire de la Con-
chyliologie , Part. II p. 7 y, La Plan-
che VIII. n. 7. de la même Partie
donne la ficure du Plan-Orbis.
*PLATANISTAS : Pline
8c S t r a b o n donnent ce nom à un
poiiton du Gange dans l'Inde. Il eft
du genre des Cétacées , Se Pline.
croit qu'il eft femblable au Dauphin
du moins par la tête Se par la queue.
C'eft ce que rapporte Gesner, de
Aquat. p. &6j.
PLATELLA, nom que les Ita-
liens donnent à la Mitte qui fe nour-
rit de chair , Se qui eft appelléc en
Lat'n BLnta carnivora. Voyez au mot
MITTE.
P L A T E N E S : Les Grecs
modernes nomment aiafî de certains'
P L A P L E
çoHïbns, qu'on pêche en Macédoine.
Quelques-uns les nomment Pleytin ,
ou Platagonu ; de même , dit Gesner ,
qu'on nomme Platton en Savoye un
poiflbn que Rondelet nomme
Ballerus. Ce même poiflbn eft appelle
Ein Bretele dans la campagne de Ber-
ne en Suifla Se aux environs de Dun ,
à caufe de fa largeur. Le Pajfer cF Au-
SOne eft nommé Platefta.
PLATYURI: Oppien ( Hal.
h. L ) nomme ainfi des poiflbns de
rivage qui ont la queue large. R o N-
D e l e T dit que le Saumon a la queue
large , 8c que ce pourroit bien être le
Platyurus d'OppiEN : mais on répond
àRoNDELET que le Saumon elT:
lin poiflbn de l'Océan ; ScOppien,
comme le dit Gesner(^ Aquat. ),
n'a point eu connoiflance de ces poif-
P L E
PLECOSTOMUS, nom
générique , que M. Guonovius
(Muf. Ic htb. p, 2.4.) donne à plufieurs
poiflbns à nageoires molles , nomm:s
au Bréfil Guacari, Comme à ce mot
je n'en ai parlé que d'après Marc
Grave & R a y , & que le Mujkitm
Icbtbyolfigtcum de M. Gronovius
ne m'eft tombé çntre les mains que
depuis l'impreflïon du fécond Volume
de cet Ouvrage , voici les trois efpeces
de Guacari , telles que l'Auteur les
a décrites.
Les marques caracïérifb'ques de ce
genre de poiflbns font d'avoir, 1°. le
corps oblong, écailleux , uni, Se dont
la hauteur tranfverfale furpalTe la hau-
teurperpendiculaire, corpus plagiopla-
teum , oblongum , fquamofum , Jca~
bntm.
2 0 . L'a tête plus haute tranfverfalê-
tnent que perpendiculairement , en
pente , de la largeur de la moitié du
corps , caput plagioplateum , déclive ,
Tnedii corporis latitudincm aquans.
3 0 , La bouche cachée fous la mâ-
choire inférieure , ceinte de deux le-
HE 483
vres membraneufes , larges , roulées
vers le menton 5c qui finhTent par des
filets, os fié rojlro recomUtum , labih
membranaccis , lotis , versus mentum
révoltais , & in cirros abeunûbus cinc-
tum.
4 0 . Les dents dans quelques efpeces
placées à la bafe des lèvres & au go-
fier; dans d'autres efpeces il n'y en a
point : dentés quarumdam fpecientm in
Idbiorum bafibus , atque in faueikus j
in quibufdam tamenfpeciebus défunt.
5 0 . La membrane des ouies compo-
fée de trois oflelets de chaque côté,
cachés fous des opercules fermés en
deflbus Se en dedans , mais feulement
ouverts aux côtés , wembrana bran-
chiofiega tria ojficula utrinque continet,
ftb operculis fubths & intùs claufis ,
fed in lattribus tanthm apertis recon-
dita.
6°, Sept ou huit nageoires , dont
une ou deux au dos , pinnœ feptem vel
ocio , in dorfo urtica vel diiA.
M. Gronovius donne trois
e/peces de ces poiflbns , Se la figure
des deux premières , Tab 111. n.\.&
2. & Tab. II. n. ï.& z.
Il nomme la première , Tlecofiomus
dorfo dypterygio , cirris duabus , caudet
bifurcâ, poiflbn quia deux nageoires
fur le dos , deux barbillons Se la queue
fourchue. C'eft le Guacari du Bréfil ,
dont parle Marc Grave, Hift.
du Bréfil, L. IV. c. 1 3 . p. 1 66.
Ce poiflbn a le corps oblong, épais
prefque en forme de triangle ; la tête
grande & large; le bout de la bouche
pointu , obtus , cartilagineux ; les na-
rines fituées fur le haut de la tête , per-
cées de deux trous de chaque côté ; les
yeux fitués au haut des côtés de la
tête; la bouche étroite, coupée tranf*
verfalement ; les lèvres épaifles Se
membraneufes , l'inférieure plus gran-
de du double que la fupérieure , Se à
l'endroit où la fjpérieure fe joint avec
l'inférieure ; on apperçoit un court
barbillon. Il a deux dents à chaque
lèvre , tendres , étroites , flexibles Se
Pp p ij
4 8 4 HE
qui font de longs pîquans. L'ouvertu-
re de la bouche eft étroite Se le palais
uni. Ce poiffon a l'ouverture des ouies
fituée au bas des côtés ; le dos con-
vexe , étroit; les côtés convexes &
larges; le ventre & la poitrine plats;
une ligne latérale à peine vifible , qui
commence à la région des yeux Se va
finir à la queue; les écailles du dos &
des côtés rhomboïdes Se hériffées de
pointes ; la poitrine & le ventre fans
écailles ; mais le ventre après l'anus
couvert de larges écailles. Les nageoi-
res font au nombre de huit , dont deux
au milieu du dos , deux à l'extrémité ,
autant a la poitrine , une à l'anus Se la
queue. Le dos, la tête, les nageoires
Se les côtés de ce poiflon font cendrés,
marqués de taches rondes &: noires. 11
a de longueur , depuis la pointe des
mâchoires jufqu'au bout de la queue,
fept pouces trois lignes.
La féconde efpece eft nommée F!e-
coftomus dorjo monopterygio , orc cirrato ,
câihtulo , ojjiculo juperiorï caud& l-ifur-
c<& ftiformi, brtvï, en François Viecoj-
iomus qui a une nageoire fur le dos ,
d_s barbillons à la bouche, point de
dents , Se dont l'offelet fupérieur de
fa queue fourchue eft court Se menu
comme un fil. C'eft le Plecofiovms
cor pore acide a to , ore cirrato , dorjo
monopterygio , dont Artedi parle
dans le ma.".ufcrit qu'il laifTa à S E b a.
Ce poilTon a le corps oblong, rond,
couvert d'écaillés unies , tétragone
proche la nageoire du dos, digone près
de la queue; la tête aifez grande , le
deifus olTeux , convexe , de la largeur
de la moitié du corps II a les narines
fituées à la partie fupérieure de la tête.
Les yeux qui font petits , ronds , un
peu convexes , ornés d'une paupière
noire & d'un;; iris dorée, font aiiffi fi-
tués aux côtés fupérieurs de la tête.
Le bout des mâchoires * eft très-large ,
obtus, un peu rond , offbux , uni Se
nullement différent du refte de la tête.
* Ce bout des mâchoires eft ce que les
Naturalises appellent en Latin ruftmm i Si
P L E
La bouche eft cachée en deffous, cent,
te de lèvres membraneufes, dont la
fupérieure eft très - épaiffe , courte ,
lifte & mobile : l'inférieure eft large ,
grande , finiffant en une membrane
très-déliée, laquelle membrane fe di-
vine en petits barbillons. On ne voit
point de dents dans la bouche de ce
poiflon , dont l'ouverture eft étroite,
L'ouverture des ouies a un petit trou
de chaque côté ; la membrane de ces
ouies eft compofée de trois offelets.
Ce poilTon a le dos large, convexe,
plat & légèrement fillonné, plus large
à l'endroit où eft placée la nageoire
Se allant enfuite toujours en diminuant
vers la queue; les côtés étroits, très-
larges à la région de la nageoire du
dos , & dentelés & pointus au concours
des écailles du dos avec celles du ven-
tre; la poitrine Se le ventre larges Se
plats julqu'à l'anus, enfuite le bas du
ventre convexe. Lne ligne latérale ,
qui commence derrière la tête, prend
le mUieu du côté Se eft jufqu'à la queue
parallèle au des. L'anus eft prefque
placé entre les nageoires du ventre ,
un peu éloigné de la nageoire qui y eft
fituée, Se plus proche de la bouche
que de la queue. On compte fept na-
geoires à ce poiflon , favoir une au dos,
deux à la poitrine , autant au ventre ,
une àl'anus & la queue ; celle du dos eft
grande , prefque triangulaire , plttsprès
de la tête que de la queue , compofée
de huit offelets foibles , rameux , à la
réferve du premier , qui eft fimple ,
Se très -grand. Les nageoires de la
poitrine , placées au bas des côtés des
ouies , une de chaque côté , font com-
pofées de fept offelets rameux , ex-
cepté le premier , qui tft fimple , gros,
courbé Se uni. Les nageoires du ven-
tr*e , affez diftantes l'une de l'autre,
Se prefque placées entre celles de l'anus
Se celles de la poitrine , font compo-
ses de fix offelets rameux , à la ré-
ferve du premier , qui eft fimple, gros,
l'on ne dit point le bec d'un poiflon , ni le
mufem.
IPLE
Se unies , dont trois , qui font fituées
courbé Se uni. Celle de l'anus qui eft
petite Se qui provient de la région du
dernier oflelet de la nageoire du dos ,
eft compofée de fix oflelets fins , dé-
liés, longs, rameux , à la réferve du
premier & du dernier , qui font (impies.
La queue eft petite, fourchue, com-
pofée de douze offélets rameux , à la
réferve des premier Se dernier de cha-
que côté , qui font fimples; celui d'en
haut qui eft le plus long de tous , a
deux pouces Se quatre lignes : celui
d'en bas a un pouce deux lignes Les
écailles de ce poiflbn font ofleufes ,
unies , cachées les unes fur les autres ,
pointues dans les cotés : devant la
nageoire du dos il y en a trois , qui
font en quelque façon ovales : celles
du dos , du bas-ventre Se de la poi -
trine font larges , étroites & au bord
de derrière pointues. Le deflus du
corps de ce poiiïbn eft d'un cendré
obicur , ainfi que fes nageoires , qui
font marquées de. taches noires, Le
deflbus eft blanc. On pêche ce poiflbn
dans les rivières deSurinam , Se il a de
longueur , depuis le bout des mâchoi-
res ju' qu'à celui de Poffelet fupérieur
de la queue , dix pouces cinq lignes.
La troifieme efpece eft nommée
Tlccofiomus dorjb monopterygio , ore cir-
rato , dentato , olficulo juperiori caudœ
biïurcœ longititdine corporis , en Fran-
çois Plecojtumiis qui a une nageoire fur
le dos, dont la bouche garnie de bar-
billons eft dentée , Se qui a l'olfelet
fupérieur de fà queue fourchue de la
longueur du corps.
Ce poilfon a le corps, la tête , les
narines, les yeux Se la bouche comme
le précédent ; les lèvres divifées en
barbillons ; des dents aux deux lèvres ,
comme la première efpece; les ouies
fermées en deffus Se en deflbus, ou-
vertes feulement au bas des côt''s; la
membrane des ouies garnie de trois
ofT.lets. Il a le dos , le ventre , la poi-
trine , la ligne latérale , comme dans
la féconde efpece ^ les écailles ofleufes
PLE PLI 4 & s
entre la tête & la nageoire du dos , font
ovales." La poitrine eft entièrement dé-
pourvue d'écaillés : le ventre eft eamï
de petites écailles oblongues Se quar-
rées : le bas du ventre eft couvert de
vingt-cinq écailles étroites Se larges.
Ce poiflbn a autant de nageoires que
le précédent. Sa queue , qui eft four-
chue, eft garnie de douze ofTelets ra-
meux , à la réfervede ceux des côtés,
qui font fimples. Celui d'en haut eft
comme un fil & a fept pouces Se trois
lignes de long , & celui d'en bas treize
lignes de long. La couleur de ce poiflbn
eft d'un noir brun en deflbus. Sa lon-
gueur , depuis le bout des mâchoires
jufqu'au bout de la queue, eft d'un pied
huit pouces & cinq lignes.
P LE URONECTES, du Grec
m- : t,pa, ou ~ >r-pa , latus , Se InjdctjÎç ;
natator, nom générique donné parles
Jchthyologues , comme Artidi &
M.Linnius, à un genre de poif-
fons plats , tels que le Turbot , la
Sole , la Limande , la Plie , dont je
vais parler , Sec. parcequ 3 ils ne na-
gent qu'à plat.
P L I
PLIE , poiflbn plat à nageoires
molles , du genre des l'ajferes, nommé
par A r T e D i ( lehtk Part. V. n.6.) ,
Pieuronetlet oculïs à finïflra , lineâ.
laterali utrinque acuhatà. C'eft le
tÏTTil d'A R I S T O T E {L. IV. C. II.
L. V. c. 9, h. IX. c . 3 7. ) , d'É L I E N
{L. IV. c. 3.; & d'OppiEN, L.I. p. 5.
Ce poifion, félon Rondelet ( L. XI.
c.6. p. i 5 1 . Kdit. Franc-. & Part. II.
L. VU. p. 99.), eft de figure fcmblable
au Turbot, mais plus étroit, & plus
large que la Sole. Il a les yeux fur la
partie de deffus , qui eft brune. Ses
nageoires font le tour de fbn corps. Sa
queue en forme une autre , qui eft lar-
ge. De la tête jufqu'â la queue il a un
trait par le milieu du corps un peu tor-
tu. Sa bouche eft petite comme celle
de la Sole : elle eft fins dents , fembla-
.ble à celle du Turbot pour les parues
4 8ô* PLO
de dedans. La Plie entre dans les étangs
de mer Se les rivières. On en prend en
quantité dans l'étang de Montpellier
Se dans la Loire. Celles de la Loire
font moins noires fur le dos Se plus
molles que celles de mer. Celles de
rivière n'en différent en rien , quoique
leur nourriture foit différente. Il y a
parmi ces poitfons des mâles Se des fe-
melles , car les uns ont des œufs, les
autres du lait , qui eft la femence. Ce-
pendant Arïstote , L. IV. marque que
ces efpeces de poîiTons font tous femel-
les. L'expérience a fait voir le contrai-
re. La Plie Se tous les autres poîifons
plats viennent dans les lieux limoneux:
c'eft ce qui fait qu'ils fortent delà mer ,
pour fe retirer dans les é tangs. On en
pêche beaucoup dans l'Océan. Ils fe
cachent dans le fable Se le limon , Se
quand la mer fe retire on en prend ai-
fément. Les Plies qui ne fortent point
de la mer ont la chair moins molle Se
moins humide que celles qui viennent
dans les étangs. Celles-ci , outre qu'el-
les ont la chair molle , fentent auffi la
fange , Se celles qu'on pêche dans les
rivières font prefque fans aucun goût.
On voit en Flandres, fur-tout à An-
vers Se dans toute la Hollande des
efpeces de magafins de cespoiifons def-
féchés. Il y a deux fortes de Plies, la
grande Se la petite. La grande eft celle
dont je viens de parler. L'autre eft le
Carrelet- Voyez ce mot,
Les Plies., dit M. Liîmery, con-
tiennent beaucoup d'huile & de phleg-
mc , & médiocrement de fels volatils.
Leur chair nourrit beaucoup Se adou-
cit les acretés de la poitrine , parce-
qu'elle contient un fuc huileux, vif-
queux Ze balfamique , propre à s'atta-
cher aux parties folides.
PLO
PLONGEANTE, nom que
Goedard donne à une Chenille ,
* Cet oifeau eft nommé en Hébreu Sahtch;
en Cli:Vidécn & en Syriaque, Salemina ; en
Ladn Mergtu. On lui donne en Italien le
PLO
quî fe nourrît de feuilles de violette
Voyez CHENILLE de feuilles de
violette.
PLONGEON* , genre d'oi-
feaux aquatiques, placés par M.Lijj_
n m u s iFauna Sutc. p. 40. ) dans l'or-
dre des Aves Anjeres. M.Klein {Ord.
Av'.'p. 141. ) met les Plongeons dans
la cinquième famille de fès oifeaux.
C'eft un genre d'oifeaux tétradactyles,
c'eft-à-dire à quatre doigts , dont les
trois de devant font palmés, ou joints
parune membrane , Se celui de derrière
fimple , tetradaclyU Aves , tribus digt-
tis anticis palmatis , Jeu mtmbrana con-
jundis , pvftico Jïmpiici. Ces oifeaux
font diftingués des Colymbes par M,
K_ L—E-J—M Cru y - ri , mn-imt* jp 1 J a j
déjà fait remarquerai! mot COLOM-
BE , plongent Se nagent entre deux
eaux. Les autres ne font point des
Plongeurs , ni des nageurs entre deux
eaux , non Urinatorcs , Jub aqttâ natali-
tés : le nom Latin qu'on leur donne,
Mergtts , rendu en François par Plon-
geon , ne leur conviendroit donc pas;
mais il faut entendre qu'ils ne reftent
pas fous l'eau auflî long-temps que les
Colymbes: c'eft ce que dit auffi M.
Klein , tàm dihfub aquanon morantur ,
quant Colymbi. Les Plongeons font des
demi-Canards ; mais ils différent en-
tièrement du Canard par la tête , le col ,
le bec & la pofition des pieds. Les
Plongeons ont les pieds placés proche
de l'anus , ce qui fait qu'ils ont de la
peine à marcher , &: que leur corps ,
comme celui des Canards , vacille en
marchant. Ils ont le bec long, fait en
forme de cône.
Belon {de la Nat. des Oif. L. III.
C. 20. p. 175. C. 22. p. I77. C. 2J.
p. 178. c 24. p. 179.) parle d'un petit
Plongeon , nommé Cafta^ncux ; d'un
Plongeon de rivière Se d'un Plongeon de
mer. R a y ( Synop. Meth. Av. p. 134 )
met parmi les Plongeons , i°. la Herle
nom de Stnergo ; en Al!em?.nci, il porte_ in-
différemment le nom de Teucher ou celui de
l'euchen.
P L O
de B e t o N, mâle & femelle; i°. le
Plongeon , nommé par Gesner ,
Mergus major cirrams , Se par A L-
PROVANDE, Albellus alter ; 3 0 .
le Plongeon à plumage brun , nommé
par Gesner , Mergus cïrratus fuj'eus ,
4 0 . le Plongeon du Rhin , dont font
mention Gesner ScAldrovande.
M. Klein place fous le nom de Plotus
anornalopcs Mergus ,. 1°. le grand Plon-
geon de l'Ifle de Farra, Mergus maxi-
mus Fan en fis , qui eft le grand Plon-
geon tacheté d J A lbin; 2 0 , le Mergus
ArElicus , qui eft le grand Plongeon de
mer de Terre-Neuve; 3 0 . le Mergus
roftro nïgro , Groenlandïcm , dont parle
E d v a r d , p. 97, Il y a encore d'au-
très oifeaux, auxquels Albin donne
ie nom de FLongeons , dont plufieurs
font des efpece3 de Colymbes , fuivant
la diftinction que M. Klein en donne ,
mais auxquels je conferve le nom de
Plongeon. Voici la defeription des uns
& des autres.
Grand PLONGEON tacheté * ,
appelle en Latin Mergus maximus ,
Colymbus maximus , félon Albin,
Tome 1. ». 82,. Se Mergus maximus Far-
renfis , feu Artlïcus , félon Clusius.
La longueur de cetoifeau , dît Albin »
depuis la pointe du bec jufqu'à l'ex-
trémité des griffes , eft de trente pou-
ces , & de vmgt-huit jufqu'à celle de
la queue : la longueur du bec eft de
trois pouces. Cet oifeau femble tenir
de la nature des oifeaux à quatre grif-
fes & de ceux à trois. Il eft à-peu-près
auiïi grand qu'une Oie. Il a le corps
long , avec une queue ronde , de la
longueur de deux pouces. Le deffus
du col , tout près de la tête , eft cou-
vert de plumes fi ferrées les unes auprès
des autres , qu'il femble être plus grand
que la tête mêrrTe. La couleur de la
partie fupérieure , c'eft-à-dire du col ,
des épaules , des plumes couvertes ,
des ailes & du dos entier , eft d'un gris
* Cet oifrru eft nommé en Anglois the
Greater Diveror Loom , félon Willughsy,
paiccque Le mot Je Loom , ou bien celui de
P L O 4 g 7
obfcur ou brun , piqué & bariolé de
taches blanches , lefquelles font plus
grandes furies longues plumes feapu-
laires & fur les plumes couvertes des
ailes , & plus petites au milieu du dos ,
quafi flellulis in dorfo & alis , dit W 1 l-
l u g H b y. La partie inférieure du col ,
de la poitrine Se du ventre eft blanche.
Le nombre des grandes plumes dans
chaque aile eft d'environ trente , qui
font courtes & noires. Ce Plongeon a
la queue très - courte , comme celle
d'un Canard Se compofée de vingt plu-
mes pour le moins. Le bec en eft droit
8c pointu, comme celui de la Poule
d'eau : les deux mâchoires en font
noires ou livides , Se couvertes de plu-
mes jufqu'aux narines en defeendant.
11 a les pattes entières 8c les doigts de
devant longs , fur-tout celui qui eft
le plus avancé en dehors : le doigt ert
arrière eft très- court Se petit. Les jam-
bes font d'une longueur médiocre ^
mais plates Se larges , comme les
bouts, aux extrémités des rames : la.
furface extérieure en eft brune Se l'in-
térieur livide , ou d'un bleu pâle. Les
griffes en font larges , comme les on-
gles d'un homme. Les jambes font pla-
cées fort en arrière , de forte qu'ii fenv-
ble être hors d'état de marcher , à moins
qu'il ne foit levé perpendiculairement
fur fa queue. Ces oifeaux différent les
uns des autres en couleur ; car il y en
a quelques - uns qui ont des colliers
autour du col ,. dont le col , le dos Se la.
tête font noirs Se peints de petites li-
gnes blanches. Ce font peut-être ces
taches, dit Albin, qui diftinguentle3?
femelles des mâles. Sous le nom de
Lumma , W o R M 1 u s comprend tous
les Plongeons ou demi - Canards , &
même tous les oifeaux podicipedes
c'ell-à-dire qui fe tiennent fur leurs
pieds, droits comme l'homme. M. A N-
DERiON a donné l'hiftoire aaturelle
de cet oifeau, Hijt.u'lfl. p. 93. Editi-
Lmnme , dit Scheffeï, cap. 30. fignifie
en François boiter m tnarchane, ou inhabile À-
mtnher..
4 3S P L O
Franc. Voyez le Tome II. de ce DiUion-
naire , p. 725.au mot L U M M E , où
je rapporte ce que ce Naturalise en a
écrit.
PLONGEON HUPÉ, en
Latin Charadrius , en Anglois the Jea-
Lark- Albin (Tome I. ». 81.) dit que
ce Plongeon a vingt-quatre pouces de
longueur depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité des griffes , Se trente -
trois pouces de largeur. Son bec a
deux pouces Se un quart de long ; les
deux mâchoires où il s'unit à la tête
teintes d'une couleur rougeâtre. La
hupe en eft noire ; le deffous eft d'un
brun rougeâtre , qui fe termine en un
blanc cendré Se languiffant vers les
yeux. Le deffous du col eft orné d'un
collier de plumes , qui paroît être plus
grand qu'il n'eft en effet Se fe termine
en noir. Le derrière du col, le dos Se
les ailes font d'un brun foncé tirant fur
le noir, à la réferve de quelques-uns
des bords extérieurs des grandes plu-
mes , qui font blancs. La poitrine Se
le ventre font de la couleur de frêne
blanchâtre, Se le deffous en cft brun.
Ce Plongeon n'a point de queue. Les
jambes en font larges Se plates. Il en
eft de même des doigts , qui font bor-
dés des deux côtés de membranes at-
tachées , fans être liées enfemble : ils
font d'un verd pâle , obfcurcis dans
certains endroits par un brun rougeâ-
tre. Le doigt en arrière cft très-petit ,
Se les griffes en font larges Se plates ,
reffemblantes parfaitement aux ongles
d'un homme.
PLONGEON DE MER, en
Latin Albellus , fpecies Mergi , en An-
glois the Smait. Albin (To?neI. ». 89.)
dit que cet oifeau eft rare en Angleter-
re : il n'y vient que dans les rigoureux
hivers : alors ils ne s'attroupent pas
en grand nombre : on n'y en voit que
troîscuquatre enfemble. Voici la def-
cription qu'il donne de cette efpece
de Plongeon.
Cet oifeau , dit-il , a dix-huit pou-
Ces de longueur , depuis la pointe du
P L O
bec jufquM l'extrémité de la queue ,
Se vingt-fept pouces de largeur , les
ailes étendues. La tête Se le col font
blancs , à la rélerve de la crête , qui eft
marquée d'une tache .noire , laquelle
pend derrière la tête par en bas , à
l'entour de la crête, Se aboutit en un
angle aigu , avec une autre tache noire
des deux côtés , qui s'étend depuis les
coins de la bouche jufqu 'aux yeux. La
poitrine , le ventre Se tout le deifous
font blancs. Le dos Se les ailes l'ont
noirs Se blancs , agréablement mélan-
gés des deux côtés de plufieurs lignes
noires , en forme d'arcs , qui entourent
la moitié du col Se reffemblent à un
demi - collier. La qu ue eft brune ,
d'une couleur entre frêne Se noir , Se
compofée de feize plumes , chacune
delà longueur de trois pouc.s Se demi;
les plumes du milieu en font plus lon-
gues , les autres étant graduellement
plus courtes des deux côtés , jufqu'à
celle qui eft la plus avancée en dehors.
Le bec eft cendré, ou de couleur de
plomb; mais il y a une tache de blnnc
laie à la pointe de chaque mâchoire ;
il. eft plus gros du côté de la tête , d'où
il devient plus délié par degrés vers la
pointe, Se il eft plus étroit Se plus pe-
tit que celui des oifeaux qui tirent iur
le Canard. La mâchoire fupérieure eft
crochue à la pointe Se a des dents fur
les deux côtés. Les narines font oblon-
gues, ouvertes Se féparées des plumes
par une diftanec raifonnable Les yeux
font d'une couleur obfcurc : les jambe-8
font de couleur de plomb foncée, Se
les doigts font liés par une membrane
brune. Le doigt le plus en avant Se celui
de derrière ont des membranes atta-
chées, qui s'étendent dans toute leur
longueur. Cet oifeau fe nourrit de
poi'Tons. La tête entière Se les jambes
de la femelle font rouges , ou d'un
jaune luiiant Se la gorge eft blanche.
Au-dcffus du jabot , en commençant
par la poitrine, on voit , pour ainfi dire,
un collier, d'une couleur plus fombre,
ou brune » 8c l' oifeau n'a point de crête,
Toute
P L O
Toute la partie fupérieure » excepté
les ailes , eft d'une couleur de frêne
{ombre ou brune. Il y a environ au
milieu de chaque aile deux lignes qui
traverfent; & dans tout autre point,
la 'femelle reffemble affesz au mâle.
Grand PLONGEONS mer ,
nommé en Latin Colymbus maximus ,
en Anglois tbe Great Jèa - Loon.
Al. s i N ( Tome IL ». 75. ) lui donne
vingt-fept pouces de longueur, depuis
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité
des griffes, 8c un efpace de trois pieds
huit pouces , les ailes étendues. Son
bec a près de trois pouces de long, en
prenant depuis la pointe jufqu'aux cô-
tés de la bouche. Les plumes qui en-
tourent le corps de tout côté font co-
toneufes , molettes Se fort près les unes
des autres. Le plumage de la tête Se
du col eft brun , Se celui du bas du
ventre , près de la queue eft d'une
couleur fombre. Le plumage de la poi-
trine & du ventre eft argenté. Ce
Plongeon n'a point de queue. Chaque
sile a environ trente longues plumes ,
dont les douze qui font les plus avan-
cées en dehors font noirâtres : la trei-
zième a fa pointe blanche , Se celles
qui la fuivent les ont graduellement
plus blanches jufqu'à la vingtième ,
après quoi les quatre fuivantes font
entièrement de cette couleur ; la vingt-
cinquième eft brune vers la pointe ,
& le blanc finit dans la vingt-fixieme.
Les plumes des ailes dans les moin-
dres rangs font blanches en deffous.
Le bec eft rougeâtre , étroit , plat
fur le côté & blanchâtre vers la pointe.
La langue eft longue. Les yeux font
oblcurs , Se mélangés de rouge. Les
ferres font larges comme les ongles
d'un homme , noires d'un côté , Se d'un
bleu pâle , ou de couleur de frêne.
Le doigt le plus avancé en dehors eft
le plus long de tous. Les jambes font
larges , plates Se raboteufes par der-
rière; chacune a deux rangs de lignes ,
ou parties raboteufes. Les doigts font
larges Se bordés des deux côtés de
Tome III.
P L O 4$$
membranes , qui defeendent du haut
en bas , mais qui ne font pas entre-
lacées.
Petit PLONGEON de mer ,
en Latin Colymbus mimmus, en An-
glois the Dob - Chich, Albin ( ïbid.
n. y 6. ) dit que cet oifeau reffemble
de figure à la Cercerelle , avec cette
différence qu'il eft d'un tiers plus petit.
Il a dix pouces de longueur , depuis
la pointe du bec jufqu'à l'extrémité
des griffes. Les ailes étendues occu-
pent un efpace de feize pouces Se
demi. Le bec a un pouce de longueur,
depuis la pointe jufqu'aux coins de la
bouche ; il eft droit Se aigu à-peu-
près comme celui d'une Grive , mais
plus épais à la racine , Se devenant de
plus en plus mince jufqu'à la pointe.
La mâchoire fupéricure eft noire , à
l'exception de ia pointe Se de fes deux
côtés , qui font d'un jaune blanc , ou
pâle , comme toute la mâchoire de def-
fous. La langue eft longue , pointue
comme le bec , & fendue. Les narines
font un peu éloignées des plumes. Les
yeux font grands Se ont l'iris de cou-
leur de noifetier. Le corps eft entou-
ré par-tout d'un plumage ou duvet
épais Se cotonneux , particulièrement
en deffous. Les plumes du dos font
d'un brun fombre ou obfcur: celles du
ventre font blanches ou plutôt de cou-
leur argentée. Le menton eft blanc :
le plumage de la tête Se du col eft
plus fombre que celui -du ventre , 5c
plus clair que celui du dos. La gorge
& les côtés du col font un peu rou-
ges : le bas du ventre eft d'un brun
fale. Les plumes des cuiffes font un
peu mélangées de rouge. Le col eft
mince , Se n'a gueres plus d'une pal-
me de longueur. Ses ailes font petites
Se creufes : chacune a vingt -fix lon-
gues plumes , dont les douze les plus
avancées en dehors font de couleur de
fouris , ou d'un brun noirâtre. Les
plumes intérieures , jufqu'à la vingt-
troifieme , font bigarrées : les textures
extérieures en font fombres , 8c les in-
Qqq
térienres font en partie blanches; cette
couleur s'élargit dans les plumes les
plus proches du corps , Se fe rétrécit
dans celles qui font les plus éloignées.
Pour ce qui eft du moindre rang des
plumes des ailes , celles dedefïusfont
noires 8c les autres font blanches. Ce
FÙmgem n'a point de queue , mais il a
tes glandes du croupion plus menues
qu'à l'ordinaire , Se de ces glandes il
fort une touffe de plumes , comme il
arrive à d'autres oifeaux. Les jambes
font fituées fort en arrière à l'extré-
mité du corps , Se font plutôt faites
pour nager que pour marcher ; de
forte que l'oifeau ne peut marcher
qu'en tenant le corps droit Sfe prefque
perpendiculaire. Ces jambes lont pla-
tes Se d'un verd fale ; chacune a deux
rangs d'une fubftance rude Se rabo-
teufe. Les plantes des pieds font noi-
res. Ces pieds font partagés chacun en
trois grands doigts , garnis de chaque
côté de membranes latérales , reffem-
blantes à des ouies de poifïbn, Les grif-
fes font minces , larges Se émouflées , Se
reflemblent aux ongles d'un homme.
Nonobftant ces membranes , les doigts
font attachés les uns aux autres , de-
puis l'endroit de la liaifon jufqu'à la
première jointure, par des membra-
nes intermédiaires, Cet oifeau a un
petit doigt par derrière , garni de mê-
me que les autres. Sa figure Se l'arran-
gement de fes parties font qu'il remue
fous l'eau plus aifément Se plus vite
que fur la furface de la terre. Dis
qu'il s'élève au-deffus de l'eau , il
haufle la tête ; puis il regarde à l'en-
tour de foi, & fe plonge enfuïte avec
une vîteffe étonnante. Il n'eft gueres.
en étatde fe lever hors de l'eau ; mais
dès qu'il prend l'effor , il peut le con-
tinuer long-temps. Belon rapporte
qu'il fe nourrit ordinairement de poif-
fons. L'odorat en eft fort , fi on le met
à la broche , & le goût en eft défa-
gréable.
Grand PLONGEON de mer de
Terre-Neuve , nommé en Latin Terr*
P L O
nova Mergits marinas major ; en An-
glois tbe Rew Foudlant. Albin
C Tome III. ». 93.) dit que cet oifeau a
trente-cinq pouces de longueur , de-
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré-
mité de la queue , Se quarante-quatre
pouces depuis cette pointe jufqu'à
l'extrémité des griffes. Les ailes éten-
dues font larges de cinquante-trois,
Le bec a cinq pouces de longueur; il
eft noir , Se fe termine en une pointe
blanche Se aiguë. La tête & le deffus
du col font d'un brunfombre. Il a fous
le bec une tache blanche , Se le col
eft entouré d'un cercle blanc. Le def-
fous de cette partie de l'oifeau eft
verd. Le dos Se les plumes couvertes
des ailes font d'un noir bigarré de
taches blanches , confufément jettées
de part & d'autre. Les principales plu-
mes des ailes font noires , 5c leurs bords
extérieurs font blancs. La poitrine Se
le ventre font de cette dernière cou-
leur. Les jambes font brunes; chacune
a neuf pouces de longueur. Ce Plon-
geon a les pieds plats comme une Oie ,
Sei'c nourrit toujours de poiflon.
M. Klein nomme cet oifeau Mer-
gus- Arciicui. f orhius Se W 1 1-
lu G H b y difent que c'eft le Colymbc
Arctique , nommé Lumme. Beslerus
ajoute que c'eft une efpece finguliere
d ; Hironc!el!e aquatique étrangère. M.
LiNNffUS le nomme Colymbus pedi-
bits palniaûs , indivifïs. Cet oifeau eft
commun en Norwege , en Ifiande &
en Laponie. On en voit fouvent en
PrulTe , dit M. Klein. La peau de
cet oifeau eft fort dure. Les Lapons en
font une forte de coëffure , & des
cordons de chapeau , dit M. Lin-
H je u s , Vanna Su^c. n. 121.
Petit PLONGEON, en Latin
Clangul.i s en Anrlois tht Golden-Lye.
Cet oifeau eft commun en Italie. On
en prend quelque ois for les côtes
d'Angleterre lV de France. La chair
de ce Plongeon eft d'un goîit maréca-
geux Se défagréable , comme celle du
petit Plongeon de mer. Albin ( Tome L.
PLO
ft. o(T. ) dit que cet oifeau a dix-neuf
pouces de longueur, depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité des griffes ,
Se trente-un pouces de largeur , les
ailes étendues. Il a le corps épais Se
court ; la tête eft grande , f< le col
court , comme il eft d'ordinaire dans
la plupart des oifeaux de cette efpece.
Le bec eft large , court , & un peu
plus élevé qu'on ne le trouve ordi-
nairement dans les oifeaux de la claffè
des Canards , étant plus épais vers la
tête , & plus petit ou mince vers la
pointe. Ce bec eft entièrement noir ,
& il a un pouce Se trois quarts de lon-
gueur, depuis fa pointe jusqu'aux coins
de la bouche. La tête eft d'une cou-
leur changeante , compofée de noir ,
de pourpre & de verd, à mefure qu'elle
eft diverfement expofée à la lumière,
Se lu'ifante comme de la foie : à cha-
que coin de la bouche il y a une ta-
che blanche Se ronde, auflï large qu'une
picce de deux fols. Les yeux ont l'iris
d'un beau jaune, ou de couleur d'or.
Le col en entier, tant au-deiïus qu'au-
deffous des épaules , ainfi que la poi-
trine 8c tout le ventre , font blancs:
Pefpace qui fe trouve entre les épau-
les , de même que la partie inférieure
du dos, eft noir. Les ailes font bigar-
rées de noir Se de blanc, c'eft-à-dire
que les longues plumes du milieu ,
auftî-bienque celles qu'elles couvrent,
font blanches , & celles de dehors ,
ainfi que les plumes intérieures , font
noires. Les longues plumes fcapulai-
res font aufiï bigarrées de noir Se de
blanc. La queue a trois pouces & demi
de longueur ; elle eft compofée de
feize plumes , qui deviennent graduel-
lement plus longues , en comptant par
celle qui eft la plus avancée en de-
hors : cependant la queue n'en eft
pointaijTue , mais plutôt ronde , le tout
étant d'un noir uniforme. Les jambes
de ce Plongeon font très-courtes ; elles
font d'un rouge jaunâtre , auffi-bien
que les pieds. Les doigts font longs
& d'une couleur fombre a* tour des
Jointures , & celui qui eft le plus avan-
cé en dehors eft le plus long. Le doigt
intérieur a une large membrane qui y
eft attachée. Les membranes qui lient
les doigts & les griffes font noires , Se
le doigt en arrière eftpetit, ayantaulïï
une large membrane ou nageoire qui y
eft attachée.
S e h a parle d'un Plongeon d'Amé-
rique , qu'il a fait figurer Tbef. II.
'lab. 12. ». 8. Cet oifeau eft un'jeime
qui n'eft couvert que d'un duvet co-
tonneux gris-obfcur. Son dos eft fil—
lonné de raies jaunâtres. Sa tête eft de
figure prefque ronde. Son bec eftpe-
tit, jauniffànt, iemblable à celui d'un
Oifon. Ses pieds font affez larges Se
paffablement grands: ils fe fendent en
trois doigts oblongs , joints cnfemble
par une membrane forte Se tenace.
Le ) longcon au bec noir d'EowA rd
a la tête & les côtés du col de cou-
leur de plomb; le derrière de la téta
8c les côtés de la poitrine font variés
de petites lignes noires ; le gofier & le
bas du col font rouges.
M. le Page du Pratz die
qu'on nomme le Plongeon à la Louî-
fïane Mangeur de plozib , parcequ'il fe
plonge à l'inftant qu'il apperçoit la lu-
mière du fufil. Les Plongeons de ce pays
ne différent prefque pas de ceux que
l'on voit en France.
PLU
PLUME, efpece de Coquillage
du genre des Moulas de la claffe des
Bivalves. Vovez au mot PIN NE
M A II 1 N E".
PLUVIER, genre d'oifeanx ,
mis par M. Linnsus ( Fanna Suce,
p. dans Tordre des Aves fcolopa-
ces, Se fous le nom générique de Cha-
radrius , il parle , n. 156. du petit
Pluvier noir- jaune ; w. 157. du Vluvier
verd; n. 158- du Marine, (lus , en Fran-
çois Morillon; n. 159. de l'OiJeati de
roche , Scn. 160. d'une autre efpece de
Charadrins , fort commune dans la La-
poniç. .
Q iq 'j
4P*
PLU
M. Klein met les Pluviers dans
la féconde famille de fes oifeaux , qui
ccntient ceux qui ont trois doigcs aux
pieds, Se qui n'en ont point derrière.
Sous le nom de Gavia , il ne fait qu'un
même genre du Vanneau, du Pluvier
i>erd , du Pluvier cendré, de {'(Edinemus
de Belon , du Dotterel d' A lbin (
qui eft le Morillon deCtusius; de
l'Alouette de mer, autre efpece de Mo-
rillon , en Latin Morinellus iutoralis *
qui peut être auflî l'oifeau que Tur-
nerus nomme Cinclus, qui , quoique
petit oifeau , & n'ayant qu'un bec
long d'un pouce , roule des pierres
du poids de trois livres : on l'a vu , dit
M. Klein, à plus de quarante
milles de la Floride , venir fe repofer
fur un vaiffeau ; le Morillon cendré , ou
autre efpece de Dotterel d' A lbin; le
Pluvier criard de C a t e s b y , Vantllus
vociferus, Se un autre Pluvier der Indes ,
d-'E D w A R D , nommé Gavia , Jeu
Vanellus Indiens. Tous ces oifeaux font
compris dans le même genre par M.
Klein, fous les noms de Gavia , de
Fardalis Se de Morinellus, pareequ'il
y a une grande affinité entre eux ,
cependant les uns n'ont que trois doigts
aux pieds , & d'autres ont de plus un
faux doigt par derrière : par exemple
le Pardalis viridis ne porte aucune
marque de doigt derrière, Si le Parda-
lis fufeus en a une apparence : c'eft
une excroitTance onguiculée dans la
peau , qui paroît à peine de la lon-
gueur d'une ligne. Le Vanneau vul-
gaire a la même excroiffance , mais
environ longue de deux lignes. Cet
appendice ne peut être qu'un faux
doigt , placé loin de la plante du pied ,
dont ces oifeaux ne peuvent fe fervir
que très - peu , maïs non pour mar-
cher , comme les oifeaux tétradaéïyles ,
auxquels la Nature a accordé un doigt
* Cet oifeau efl nommé en Grec Tio.si-a.Ak ,
félon Amstote ; en Latin Gavta virî-
dis » chez M. K l e r n ; Fardait s , feu Pluvta-
its vtridu , chez les autres- Na-turaliftes , 3c
Fardâtes , par S c h w e h c k ï e l d. Ou l'ae-
PLU
de derrière, dont ils fe fervent, non-
feulement pour prendre leur proie ,
maïs encore pour fe percher for les
arbres. Au refte M. K l e i n a cru
que les obfervations des Auteurs , qui
différent entre eux , tant fur les des-
criptions des oifeaux , que fur leurs
figures , n'ont pas dû l'obliger à faire
ce changement dans ce genre d'oi-
feaux , qui tous font des oifeaux ftu-
pides, faciles à apprivoifer Se macrop-
teres. Je ne vais parler ici que des Plu-
viers. Pour les autres , voyez aux mots
VANNEAU, OISEAU DE
ROCHE, MORILLON &
ALOUETTE DE MER.
PLUVIER VERD*, oifean
qui excède de quelque chofe le Van-
neau pour la grandeur. Sa longueur „
dit Albin ( Tome L n.j$.), depuis
la pointe du bec jufqu'À l'extrémité
de la queue , eft de onze pouces , & fa
largeur, les ailes étendues , de vingt-
quatre. La couleur du fommet de la
tête, du col, des épaules Se du dos ,.
Se généralement de tout le defTus eft
d'un brun foncé r entremêlé de taches
vertes tirant fur le jaune , placées fort
près les unes des autres. Si on obferve
chaque pknne à part, on trouve que
le milieu en eft d'un brun fembre, ti-
rant fur le noir , Se que les bords i
l'entour font tachetés d'un verd jau-
nâtre. Le bec en eft droit 5c noir, de
la longueur d'un pouce, 8c canelé au-
tour des narines. Le col en eft court ,
égal à celui du Vanneau. La poitrine
eft d'un brun pâle, tachetée de nuan-
ces de la même couleur, mais un peu
plus foncées. Le ventre eft blanc; mais
il y a quelques plumes fur les côtés,
qui font négligemment tachetées de
brun. L'onzième des grandes plumes,
en chaque aile le termine en un point
émouffé : celles qui la précédent s'é-
pelle en Angîois tik Green Plti'.ver ; en Alle-
mand Pardtl , ou Puh itr , félon !.. Ongo-
Etes, ou Vidrcs , félon Pb o c E a ; & chez
les Lapons on lui donne le nom à'Hittti, dit
M. L i n » & v s„.
PLU
tendent en longueur , jufqu*à former
des pointes aiguës fur les dehors du
dard: les plumes qui font derrière cette
onzième fur le dedans font tout -à-fait
brunes, à la réferve des cinq plumes
eontigues au corps, Les dards des huit
eu neuf plumes les plus avancées en
dehors font blancs dans la moitié de
leur longueur. Les bords extérieurs de
la cinquième , aînfi que de celles qui
lafuivent fucceffivement, font un. peu
blancs vers leurs extrémités : les cinq
plumes intérieures , qui font tout près
du corps font de la même couleur que
le dos. Le fécond rang des plumes des
ailes eft brun ou fombre » avec des
pointes blanches : le refte des plumes
couvertes du deflus de l'aile eft de la
même couleur que le ventre. La queue
eft courte &c compofée de douze plu-
mes de la même couleur que le dos ,
& lorfqu'elle eft étendue , elle fe ter-
mine en un contour circulaire. Les
pattes & les griffes de cet oifeau font
noires. 11 lui manque le doigt de der-
rière , 8c par fon cri il fe diftingue
tout-i-fatt des autres oifeaux de même
efpece. Ses jambes font longues , com-
me les ont tous les autres oifeaux qui
fréquentent les eaux , & dégarnies de
plumes un peu au-deffus des genoux.
La chair en eft douce Se tendre , c'eft
pourquoi on en fait grand cas. Les
François 8c les Anglois la regardent
comme un excellent manger. On don-
ne à cet oifeau le nom de Fardaiis , à
caufe de fes taches , qui reflemblent un
feu à celles d'un Léopard. Tous les
Auteurs conviennent que cet oifeau
n'a point de quatrième doigt ou d'épe-
ron;cepend ntleComte deMarsilly
l'a fait figurer , TomeV. p. 54. Tab. 2J.
avec quatre doigts. Cet oifeau , dit
M.Klein, p. 20. a le col court, Se à
proportion du tronc , la tête grande
& les yeux grands. Il eft folitaire 8c
fréquente les lieux bas 8c les prairies.
* Cet oifeau eft no'nmé en Latin Gavh :>
fin Pluviaiis cinerea. C'eft le Taràahts fecun-
dwjr de Schwejsckfeid, aînfi que le
PLU 403
Tout fon corps eft tigré de belles ta-
ches vertes 8c jaunes. Les grandes plu-
mes font noires. Le bas du corps du
mâle eft très - noir. La figure qu'en
donne Albin n'eft pas exaéte , ni celle
du Comte de M a r s il l y. Celui-ci
donne , Tab. 27. er 3 1 . les figures de
plufieurs autres Pluviers s mais on ne
peut rien décider fur les defcrîptions
qu'il en donne , & M. Klein penfe
que ce font des oifeaux plutôt à mettre
dans le genre des Glarcola , que dans
celui des Gavia,
Les Auteurs qui ont écrit fin- cet oifeau >
lont M. L 1 n n a. u s, Fauna Sttec. n. 1^7.
W 1 l lc g h c y , Ornhh. p. iip. Tab. 57,
K a y , Synop. Mah. Av. p . 1 1 r. n. 7. Sioake,
hiJI. Tome IL p. 313. Tab. 169. f. 1. Albin,
Oesker t Joi,stoh, Aldr.ovande,
& les autres.
PLUVIER CRI S*, oifeau
dont la chair eft auûi tendre 8c auflï
délicieufe que celle du Pluvier verd.
Albin (Tome I. n. 7 6. > lui donne
douze pouces de longueur, depuis la
pointe du bec jufqu'à l'extrémité de
la queue y quatorze pouces jufqu'aux:
griffes , Se vingt-quatre de largeur r
les ailes étendues, La tête , le dos 8c
les moindres plumes couvertes des ai-
les font noires , avec des pointes d'un
gris verdâtre. Le menton en eft blanc,
ainfi que la gorge , la poitrine ,<> le
ventre 8c les cuifiès. Les grandes- plu-
mes de chaque aile font au nombre de
vingt- fix , dont les premières ou les
plus avancées en dehors font noires.
Dans la quatrième plume k milieu
des bords extérieurs eft blanc :- cette
couleur s'étend graduellement dans
les cinq immédiatement après. Les plu-
mes les plus avancées en dehors dn
fécond rang de celles des ailes font auffi
noires : les pointes de celles qui font
immédiatement après la quatrième font
blanches : il en eft de même de leurs
bords , en comptant parla dixième. Les
dix plumes les plus en avant du troi-
Sqttatarelaàts Vénitiens T auquel les Anglois
ont donné le nom de the Craj ?loiv(v ,, félon*
Albin»
494 PLU
fierae rang font noires , avec des poin-
tes blanches. La queue a trois pouces
delongueur: elle n'eft point fourchue >
mais diverfinée de raies , ou couches
de noir Se de blanc qui traverfent. .Le
bec eft noir: il a plus d'un pouce.de lon-
gueur , femblabie à celui des autres oi-
feaux du même genre. La langue n'en
eft pas fendue. Le doigt de derrière
eft très-petit , Se ceux de devant font
unis par une membrane placée au com-
mencement de l'endroit où ils fe joi-
gnent. Le doigt qui eft entre celui du
milieu & entre l'intérieur eft le plus
périt. Les pattes font d'un vilain verd ,
les griffes font petites & noires. M.
Klein dit que le bec de cet oifeau
de noir devient rouge ; que le deiius
du corps eft d'un noir jaunâtre , Se tout
autour cendré ; qu'il a au-deflous du
col des taches noires & oblongues.
W i L l u G h b y lui donne un petit doigt
par derrière. L'onfultez les mêmes Na-
ruraliftes que ceux qui ont écrit lur le
Pluvier verd.
PLUVIER CRIARD de
C A T E S B ï * , p. 21. Cet oifeau eft
de la groffeur d'une Béca finie. U aies
yeux grands , entourés d'un cercle qui
eft de couleur rouge , le fyncipui blanc,
le verl'. x noir , Se V occiput brun : il a une
bande noire , qui de la bafe du bec \a
gagner le derrière de la tête , en paftant
fous l'ail Se fous le bec. On lui voit
«ne grande mentonnière blanche , au-
deffous de laquelle eft un grand collier
noir. La poitrine & le ventre font
blancs ; mais cette poitrine eft traver-
fée d'une raie noire qui va d'une aile
a l'autre. Le dos Si les ailes font bruns ;
le fommet eft plus foncé : il a les
plumes du croupion , qui recouvrent la
queue , rouges-jaunâtres ; le refte ce
la queue noire ; les jambes de pareille
couleur ; point de talon , & la cuiife
nue.
* On nomme en Latin cet ojfeau G.ivia
hrcc'rptcra -vociféra , on Vanclliis vociftrr.s ;
en A ng lois, tke Uiattering Ple;ver ; en Vir-
ginie Xildar, à cauie de fa voix.
PLU
PLUVIER DES INDES**:
Cet oifeau , dit M. Klein ( Ord. Av.
p. 22. n. io. ) , a les cuilTcs plus lon-
gues que les jambes & les e-ùiffes en-
femble du Pluvier verd. Son bec diffère
de celui de ce Pluvier en ce qu'il eft
plus menu, 5c fe termine en pointe, il n'a
aucune -marque de doigt de derrière:
il porte fur la tête une hupe noire, ti-
rant fur le verd. 'Il a la partie fupé-
rieure du corps , & les petires plumes
des ailes , nommées titWiçéJ , de cou-
leur brune. Le go fier Se la poitrine juf-
qu'aux cuii'fes -font noirâtres , & en
partie variées de violet. L« -plumas
de la queue, nommées rcclrices , font
noires , variées de blanc par deinis , Se
les pieds noirs. Edward en parle j
Tome 1. p. 47.
PLUVIER DE SABLE, en
Latin Gavia q:iœ pluvi.itilis , Arenaria
'tioftra , félon R a y. Cet oifeau eft
l' Alouette de mer de Catesdy , p. 72.
à laquelle il nonne un quatrième doi^t,
dans la defeription qu'il en fait d'après
Willughby, quoiqu'il ne paroiife
qu'avec trois dans la figure qu'il a feft
graver. Voyez ALOUETTE DE
MER.
Le Pluvier en général eft de la grof-
feur d'un Pigeon. Il habite ordinaire-
ment les rivières & les lacs. Il fe nourrit
de Vers 8c de Mouches. Il vole rapide-
ment Se fait en volant un a-flez grand
bruit. On 1-e trouve affez fréquemment
en France. ïl eft d'un goût exquis Se
délicat. Il y a des Auteurs qui ont con-
fondu le Vanneau avec le Pluvier ,
pareeque ces deux oi féaux habitent les
mêmes lieux , vivent des mêmes ali-
mens Se ont une chair affez femblable,
par le goût Se par les effets qu'elle
produit. Le Pluvier, difenr les Méde-
cins, excite l'appétit. Il fe digère faci-
lement ; mais comme il produit un
aliment peu folide , les perfonnes ac-
* * On donne à cet oifeau le nom Latin Ha
Gavia-, fer. Vantliits Indiens ; en Anglois il
parte celui de the Black - Breafled Indian
Violer,
p o c p ca
c outumêes à un. grand exercice du corps
ne s'accommodent point de fon ufage.
II contient dans toutes fes parties beau-
coup d'huile Se de fel volatil. Cet oi-
feau eft prefque toujours en- mouve-
ment, & jouit par conféquent d^une
tranfpiration libre Se ailée. Il amafTe
peu d'humeurs groflûeres , Se les prin-
cipales de ces humeurs s'exhalent &
fe volatilifent continuellement ; c'eft
pour cela que fa chair eft fort légère:,
facile à digérer & d'un bon goût.
P O C
POCHE, forte d'oîfeau. Vovez
PALETTE.
p m
* P Œ C I L I -JE , poiHons , dit
G E s N e R , du. fleuve Aroanius en
Arcadie , que les Anciens nommoient
FiJ'ccs vocales , parcequ'ils croyoient
qu'ils chantoient ; mais P a u s a n i a s
marque avoir refté fur le bord de ce
fleuve depuis le foleil. levant jufqu'au
fuleil couchant , Se n'en avoir pas en-
tendu chanter : cependant Gesner
(de Aqnat.p. &6j.) ajoute qu'on trouve
en Saxe de ces Toisons , Se que les Alle-
mands leur donnent le nom de Beifc-
ros. Un de fes amis lui en envoya une
vingtaine de Francfort fur l'Oder. Il
les iït mettre dans de l'eau de fontaine ,
où ils moururent auffi-tôt, ce qui ne
ferait pas arrivé , dit-il , s'il les eût
fait mettre dans de l'eau de rivière.
Il y a dans nos mers comme ailleurs
de? poilTons volans ; mais fur le té-
moignage de G es N e R , croirons-nous
qu'il y ait des poiifons qui ayent de la
voix , Se fur un témoignage qui n'inf-
truit pas du fait ? Ces l'oijjons chanteurs
de Francfort furi'Odernous paroiiTent
auffi fabuleux que ceux du fleuve
Aoranius l'ont paru à Pausanias.
P (E P FI A G U S : C'eft un animal
qu'on trouve au Cap de Bonne-Efpe-
rance. É l i e n ( Hifl. Amm. L. II.
r. 1 1 . ) , C ï p R i a N u s ( Conttn, Hifi.
■daim. Franc, p. 379. )&Florerus
P (E 405
( Ouvrage en Allemand ) , en ont donné
la defeription. Selon eux , il a une lon-
gue queue , Se fa peau eft entièrement
couverte d'un poil fin Se ferme. La
beauté de fa queue le rend fur-tout
recommandabie. Koi.be ( Dcfcript. du
Cap de Bonne- EJpérance , Tome III. c. 3.
p- 24. ) dit qu'il a vu chez le Capitaine
lofberg le portrait d'un animal',
qui répondoit parfaitement à la def-
eription que les favans Naîuralifbs
ont donné du Tœphagus. Ce Capitaine
lui dit que voyageant un jour dans le
pays des Hottentots , à une grande
diftance du Cap , il avoit rencontré un
animal fcmbiable à celui qui étoitre-
prtfenté par ce portrait. Comme il
n'a voit jamais vu d'animal pareil- Se
qu'il n'en avoit point oiii parler , il en
cohfidcra avec une finguliere attention
la taille , la formé , Sec. Se des qu'il fut
de retour chez lui , il en fit tracer la
figure le mieux qu'il lui fut poflîble :
au refte la figure dont il parle fait
l'animal un peu plus petit que n'éftie
Pcsphagns dans la defeription qu'en.ont
donnée les Auteurs ci- défais cités. Le
même Voyageur lui donne une crinière
femblable à celle d'un Cheval , dont
ces mêmes Auteurs ne parlent point , Se
lui fait un corps , qui pour la forme
approche beaucoup de celui du Bœuf.
Kolee n'a pu tirer aucun éclairciffe-
ment fur cet animal d'aucune autre
perfonne que de ce Capitaine , Se il
ajoute n'en avoir point connu d'autres
qui ayent vu de pareils animaux dans
le pays. Florerus dit que le Fœpha-
gus eft particulier aux Indes.
PCE LA , poiiton des Indçs Orien-
tales, dit Ruïscm , qui fe prend dans
l'Ifle de L arice. Les habitans de cette
IOe Se leurs voifins en font un grand
cas. Il eft du genre des poi'fons qui
vivent de rapines , tel qu'eft parmi
nous le Brochet , dont il a le goût. Sa
tête eft roufle. Le corps , depuis les.
ouies jufqu'au milieu vers la queue efl:
jaune avec des raies: le refte eft d'un
bleu clair. Ses nageoires proche du
49 cî P (H P O I
corps font rouges, Se vertes dans le
refte.
PŒRA, petit oifeau de l'Amé-
rique , qui , depuis la pointe du bec
jufqu'à l'extrémité de la queue , n'a
pas plus de neuf pouces de longueur ,
dît Ray, Synop. Av. Append, p. 15 t.
71. 3. Son bec eft long. Il a la queue
comme le Guira, Il ell couvert de
plumes bleues , marquées de jaune.
Ses pieds font petits , Se il fe nourrit
de Fourmis.
P O I
POISSON : Il y a des Auteurs
qui comprennent fous le nom de Poij'-
fon les animaux aquatiques qui n'ont
point de fang , Exfanguia. aquatica ,
les Cruftacées , Cniftaced , les Tefta-
cées , Tefijcea , Se les Pcifom moux ,
tnollia. D'autres à ceux-ci ajoutent les
Cétacées , Cetacea : d'autres veulent
qu'on ne nomme Poisons que les ani-
maux aquatiques qui refpirent par
les ouïes Se qui n'ont qu'un ventricule.
Ray C Syrwp. Meth. Pifc. p. 2.) dit
qu'à parler proprement Se philofophî-
quement , le nom de Poijjon fe doit
reftreindre à ces derniers animaux. En
effet la diir.inct.ion des animaux fe de-
vant prendre fur- tout des marques
enentielles Se des parties Se actions
principales , qui font communes à tuti-
tes les efpeces de chaque genre Se pro-
pres à chacune, il n'y a aucune de ces
marques propres à tous les Poijjbtis ,
qui conviennent aux Cétacées ; car ,
excepté la mer que ces Cétacées habi-
tent, la figure extérieure de leur corps ,
ieur peau qui eft fans poil Se leur mou-
vement pro.^riffif en nageant , ils n'ont
rien de commun avec les autres Poif-
fons , mais beaucoup de rapport avec
les Quadrupèdes terreftres vi/îpares.
Mais pour ne point s'éloigner du fen-
timent fuivi , ni avancer de nouveaux
paradoxes , Ray en général définit
le Poijjon un animal aquatique , fanguin ,
qui n'a point de pîeds , mais des na-
geoires, couvert d'écaillés, ou d'une
P O I
peau unie Se fans poils , qui vît con-
tinuellement dans l'eau , Se qui n'en
fort jamais volontairement.
Entre les Auteurs qui ont écrit fur
les Poiffons , les uns l'ont fait fyfté-
matiquement ; tels font Aristote,
Pline, Isidore, Albert l e
Grand, Gaza, Mars Chalcus,
Wotton, Bel o n , Rondelet ,
Salvien , Gesner, Aldrovande,
Jonston.Willughby, Ray,
A R T E D I , M. LlNH/ÎUS & M.
Klein.
D'autres ne fe font feulement atta-
chés qu'à décrire les Poiffons de cer-
tains endroits , comme Ovide, ceux
du Pont-Euxin ; O P ? t e N , ceux de
la mer Adriatique ; A v S o n e Se
Figulus , ceux de ta Mofelle ; M a n-
g o l t u s , ceux du lac Podamicus ;
Paul Jove & Salvien, ceux de
la mer de Tofcane ; Gillius , ceux du
lac Larius ; Schwenckfeld , ceux de
Siléfie ; Schonneveld, ceux d'Ham-
bourg 5 Marc Grave, ceux de
l'Amérique ; Henri Ru ïsc h Je
François Valentin , Prêtre , ceux
d'Amboine ■ le Comte de Marsilly ,
ceux du Danube; Catesby, ceux de
la Caroline ; S l o a n e , ceux de la
Jamaïque ; Henri Gronovius,
ceux d'Hollande , Se M. Linnjeus,
ceux de Suéde. Ovide.Oppien,
A u s o n e Se Benoît Jove ont
écrit en vers , Se les autres en profe.
Pluficurs entre les Ichthyologues ,
iront fait que copier , compiler , ou
extraire. Artedi ne craint point de
mettre Pline de ce nombre , puii-
qu'il n'a travaillé que d'pprès Aris-
tote. Les autres font Élien , Athé-
née, Is idore , l'Auteur du Livre de
la Nature des chofes , Albert le
Grand, Cuba, Marschal,
Gesner , Aldrovande, Jonston ,
Se quelques autres.
Ovide, Ér. ien, Athénée,
HlLDEGARDE, les deux ( P A U L
& Benoît) Jove, Figulus,
de même que Salvien, dans fon
Hifto'f e
F O I
Hîftoîre des Poijfons de Rome , 3e
Henri Ru y se h , dans fes deferiptions
des Poijfons d'Amboîne , n'ont pris au-
cune méthode. Cuba , Marschal ,
Salvien, dans les Planches de Tes
Poijfons , Gesnee, dans l'Edition
Latine, Schonneveld , 8c Jonston
dans fa Thaumatographie , ont fuivî
l'ordre alphabétique.
Oppi'EN, Ronbelet, Aldro-
V A n d e , J o N s T o n » dans Ton Hif-
toire Naturelle des Poijfons , Se Char-
LETon , ont tiré leur méthode du lieu
même des Poijfons. Mais Aristote
eu: l'Auteur de la divifion des Poif-
fons en Cétacées , & en cartilagineux
8c épineux. ¥o tto n , Willughbt
& Ray ont embraffé cette méthode,
A R T E D i l'a perfectionnée , & Mef-
fieurs L i n N je u s 8c G R o N o V i U S
l'ont fui vie.
De tous ces Ichthyologues , dont
en doit faire le plus de cas , au fenti-
ir.ent d'ARTEDi , font Aristo te,
Belok,Rondelet,Salvien,
Gesner,WillughbyScRay (
j'y ajoute A rte d i lui-même, ainfi
que Catesby, Sloahe, le Com-
te de M ARSiLLY, Se Meffieurs
Lin n je us, Klein ScGrono-
v i u s. Mais PaulJove, G i l-
lius, Schonneveld&Sib-
iald, qui n'ont rien écrit de nou-
veau fur les Poijfons, ne méritent pas ,
dit A r t E D i , les. louanges qu'on
leur a prodiguées. De tous les autres ,
excepté Pline , Athénée ,
Aldrovande & Jonston,
H ne fait prefqu'aucun cas.
Je vais faire connoître la méthode
dufavantlchthyologueARTEDi, parler
du Catalogue des Poijfons d'Hollande
par Jean-François Gronovius,
&c du Mufitum hhtbyoiogicum de fon
fds , expliquer quelques termes Latins
confacrés à l'Ichthyologie , donner en-
fuite d'après les Médecins célèbres les
qualités ou propriétés des Poijfons ,
rapporter quelques obfervations fur
l'ouïe Se le fon de ces Poijfons , fur la
Tome lli.
P O 1 497
manière de dépofer leur frai , fur la
veflîe de l'air qu'ils ont dans le corps ,
fur un Poijfon fingulier qui eft le Fif-
cis Ecbino-flellans , fur d'autres Poif-
fons de la Nouvelle Providence , une
des Mes de Bahama , qui empoifon-
nent ceux qui en mangent , 8c je fini-
rai cet important article par un petit
Poijfon de la Chine décrit par M. Lin-
NjEus , & par ce que les Voyageurs
ont dit en général des Poijfons d'Ane ,
d'Afrique 8c d'Amérique.
A r t e D i ( Ichtb, Part. V. p. i. )
pour diftinguer les Poijfons de certains
animaux aquatiques qui ont des pîeds ,
8c d'antres qui manquent de pieds &
de nageoires , tels que les infectes
aquatiques , Se les Couleuvres aquati-
ques , que des Naturalises mettent
dans le rang des Poijfons ; Artedi,
dis -je , définit le Poijfon pour être un
animal fans pieds , toujours fourni de
nageoires , qui refpire par les ouies,
ou par les poumons , qui demeure le
plus fouvent dans l'eau, qui y nage
ou par le fecours de fes nageoires f
ou par les mouvemens tortueux de
fon corps , qui fort quelquefois de
l'eau pour venir à terre , & qui quel-
quefois avec le fecours de fès nageoi-
res placées à fa poitrine s'élève au-
deflus de l'eau , Se vole pour refpirer.
Sous cette définition le favant Natu-
ralifte Suédois comprend les Poijfont
écailleux , ceux qui n'ont point d'écail-
les , les Cétacées , 8c les Poijfons vo-
lans. Il n'appelle qu'animaux aquati-
ques les Cruftacées, les Teftacées, les
Poijjons moux , Se tous les infectes aqua-
tiques.
Le même Auteur ( c'efl: Arte di)
compofe cinq ordres de Poijfons. Le
premier comprend ceux qui ont les na-
geoires molles , Pifces malucopterygii ,
qui font , fous le nom générique de
Syngnatus , toutes les différentes efpe-
ces d'Aiguilles ; fous celui de Cobitis,
la Loche , 8c autres Poijfons de riviè-
re à-peu-près femblab'es; fous celui
de Cypnnus , tous les Poijfons blancs
R r r
4p8 P O I
du genre des Carpes ; fous celui de
Clupea , ceux du genre des Alofes ,
comme le Hareng , l'Anchois Se la
Sardine ; fous celui d' Arg&PWM , le
Hautin de Belon ; fous celui d'Exo-
cttits , l'Hirondelle de mer de Pline ;
fous celui de Corregonus , les différen-
tes e/peces d ! Albuia de Gesner,
comme le Lavaivt Se les autres *, fous
cAuïd'Ojhicrus, l'Eperlan Se le Lézard
de Rondelet; fous celui de Sai-
nts , le Saumon, la Truite faumonée ,
Se les autres ; fous celui d'EJox , le
Brochet, &c. fous celui d'Echeneis , le
Rémora ; fous celui de Corypkana , la
Dorade , le Rafoir Se le Fompile ;
fous celui d'Amnwdytes » le Sandilz
des Angloîs , ou l'Anguille de fable ;
fous celui de Pleurorieiies , tous les
Poijjons plats , comme la Sole , la Plie ,
la Limande , le Turbot, &c. fous ce-
lui de Stromateus , laFatiole des Ira-
liens ; fous celui de Gadus , les diffé-
rentes efpeces de Morues ; fous celui
6.' Anarchie as , le Loup marin ; fous
celui de Mur ma , l'Anguille , le Con-
gre , le Myre Scia Murène ; fous ce-
lui d'Ophidion , plufieurs Poijjons de
ce nom ; enfin \ Anableps de S e b a ,
& fous celui de Gymnotus, le Carapo
du Bréfil.
Dans le fécond ordre des Poijjons ,
A R T e D i range ceux qui ont les na-
geoires épineufes , Pifces acanthopte-
rygii } fous le nom de Blennius > le
Mefora des Italiens , Si les différentes
fort&s d'Alouettes de mer; fous celui
de Gob'uis t les différentes e/peces de
Goujons ; fous celui de Xipbiai , FÉ-
pée , ou l'Empereur ; fous celui de
Scomber , les différentes fortes de Ma-
quereaux ; fous celui de Mugil , les
Muges; fous celui deLabrus, tous les
Poijjons qui ont de grandes lèvres éle-
vées ; fous celui de Sparus, le Spare ,
le Sargo, le Cantheno de Rondelet r
& les autres ; fous celui de ScUna ,.
POmbre ; fous celui de Perça. ,. les
différentes efpece3 de Perche ; fous
fieluî de Trachimu , la Vive & le Ta-
P O I
pecon ; fous celui de Trigla , le Sur-
mulet le Corbeau Se le Milan ma-
rin , la Morrude , le Rouget , & l e
Malarmat; fous celui de Scorpxna , le
Scorpion ; fous celui de Cottus , le Cha-
lot , le Horn-Simpa des Suédois , le
Ror-Sïmpa des mêmes habitans ; le
Draconcule de Rondelet, & le
Cataphracte de Schonneveld;
fous celui de Zens , la Dorée, l'Aba-
catuaia du Bréfil, l'Apron de Ron-
delet; fous celui de Chcetodon , pki-
fieurs Poijjons du Bréfil; fous celui de
Gafterofleus , quelques Poijfons armés
d'aiguillons , nommés Pongitii en lan-
gue Latine.
Le troifieme ordre des Poijfons com-
prend ceux qui ont les nageoires ca-
chées , Pifces brancbioflegi , Se qui font
fous le nom de Balifies , plufîeurs Poij-
fons du Bréfil Se la BécafTe de mer de
Rondelet; fous celui d'Oftracion»
tous les Poijjons ronds qui ont le nom
d'Orbis en Latin ; fous celui de Cy-
cloptems , le Lumpus des Anglois ;
fous celui de Lophius y la Grenouille
de mer, &le Guacacuja du Bréfil.
Le quatrième ordre des Poijfons com-
prend ceux qui ont les nageoires car-
tilagineufes , Pifces chondropterygii , &
ce font fous le nom de Petroniz,on , la
Lamproie de plufîeurs efpeces ; fous
celui d'Acipenfer + l'Eflurgeon , le
Hufo des Allemands , & l'Antacée du
Borifthene ; fous celui de Squahts , la
Scie , & les différentes efpeces de
Chiens de mer; fous celui de Rai a »
les différentes efpeces de Raies.
Dans le cinquième ordre des Poijfons
font les Plagiures , ou les Cétacées ,
qui font de grandes bêtes marines j.
par exemple , on connoît fous le nom
de Phyfeter, le Souffleur; fous celui
de Delphinus , le Dauphin ; fous celui
de BaUna , les différentes efpece3 de
Baleines ; fous celui de Monodon > la
Licorne de mer ; fous celui de Cato-
don, on connoît deux efpeces de Ba-
leines T qui jettent l'eau par un con-
duit qu'elles ont fur la têie; fous ce-
P O I
luî de Trichecbus , la Manate des In-
diens , ou le Lamantin. Voilà la divi-
fion des Potjpms , félon Aktedi, qui
eft , fans contredit , la plus claire Se la
plus méthodique.
Dans F Hijhïre du Règne Animal de
M. B R i S s o M , divïfée en neuf claf-
fès » les Poijfons en occupent trois ;
favoir , les Cétacées la féconde , les
Poijfons cartilagineux la cinquième , Se
îes Puijfons proprement dits compofent
la fixieme,
M. Jean-François Gronovius ,
Docteur en Médecine à Leyde , a
donné dans les Ailes d'Upfal de l'an-
née 1741. p. 6y. un Catalogue des
Poijfons qui fe trouvent dans la mer
d'Hollande , & qu'il a obfervés.
Entre les Plagiures > ou Cétacées ,
il y a les deux efpeces de Dauphins
qu'il a examinés en Zélande. Le pre-
mier eft nommé par A r t e d i Del-
pbinus cor pore ferè coniformi , ciorjb lato ,
Se le fécond Delphlnus cor -pore oblongo ,
fubtereti , roftro longo etcuto.
Entre les Poijfons qui ont les nageoi-
res cartilagineufes , Pifces ebondropte-
rygii , font l'efpece de Raie , nommée
par A r T e D 1 Rata aculeata , dentl-
bits tubaculofis , cartilagine tranfverfâ
in ventre.
Une efpece de Squale , nommée par
le même Squalus pinnâ ani nullà » am-
bitu corporis fubrotundo.
Une autre efpece de Squale , nom-
mée Sqtialus pinnâ ani carens , ore in
ttpice capitis. On nomme ce poiifon à
Catwic Pak!^ay , Se M. Gronovius
penfe que ce nom eft corrompu , &
qu'il faut dire Padde-Hay, comme
qui diroit Squale qui a la figure d'un
Crapaud.
Une efpece d'Efturgcon , nommée
par A r T E D 1 Acipenjer corpore tuber-
culis jpïnofïs a/pero.
Entre les Poijfns dont les nageoires
font cachées , Pifces brancb'ufiegi , on
comprend le Cyclopterus dÀRTEDi ,
nommé en Hollandois Snouolt.
Un Ofiraciun , nommé par le même
P O I 499
Ofîracion cathetopUteus , fubrotundus ,
tmrmis , afper , plnnis pectoralibus bori-
fontdibus , for aminibus quatuor in ca~
plte.
Entre les Poijfons i nageoires épî-
neufes , Pifces acantboptcrygii , font un
poiifon nommé Gafterofieus aculeis , in
dorfo tribus , d'A R T e D I.
Un autre nommé Gafterofieus acu~
leis indi/rjo decem, LesHollandoîs nom-
ment Stekel-Baars ces deux efpeces
de Potjfom.
Un Poijfon nommé Zeus ventre acu-
leato , candâ in extremo circinnatâ ,
par A rtedi. Les Hollandois le nom-
ment Zonnevifcb , c'eft-à-dire Poijfon
du Soleil.
Le Cottus pinn& dorfalis ojjlculo pri-
mo longitudine corporis. C'eft -la Lyra
Harvicenfîs , pinnâ dorfali longijfmâ
maculis carulejeentibus , de Pettvert,
Gazopb. t. 22./. 2. Se le Cuculus Uvir
c&ruleo~flzvejcens cui in J'uperiori capite
bram hiarum opercula , des Actes d An-
gleterre , n. 239.
Le Cottus alepïdotus , capite polya-
cantho maxillâ Ji/periore paulô longiore.
Il eft nommé à Catwic Donder Padda.
Ce poiifon eft la nourriture des pau-
vres gens en Hollande.
Le Trigla rofiro hnqo , diacantho ,
naribiis ttmulofîs , d'A rtedi , que
les Hollandois nomment Knorhaan, Ce
poiffon eft fi abondant qu'on en prend
fouvent des milliers que les Pêcheurs
Hollandois apportent au marché, Se
dont fe nourrilfent les pauvres gens
dans le pays.
Un autre nommé Trigla rofiro parlim
bifido , lineâ late'raliad caudam bifur-
câ i Se un autre nommé par le mems
A r t E D 1 Trigla capite glabro , cir-
ris geminis in maxillâ inftriure. M.
Gronovius a vu que celui-ci étoit
tout rouge.
Le Tracbinus maxillâ inferiore loii-
gio r e , cirris defiitutâ , d'A R T E D i,
qu'en nomme Pieterman à Catwic.
La Perça Un is utrinque fex tranf-
verfis nigris , pirmis venir akbus rubris.
R r r ij
yoo P O r
Les Hollandoîs donnent à ce poîflbn le
nom de Bears.
La Perça dorfo monopterygio capite
cavernofo , que les Holiandois nom-
ment Pofl,
Le Mugil , ou le Scomber pinnulis
ffîùnque in extremo dorfo , Jpinâ brevi ad
ânum. C'eft le Maquereau , que les
Holiandois nomment Makrel.
Le Bhnnius capite , dorfoque fufco-
fiavefcentibus ,Jitttris nigris > pinnâani
fiava. .
M. Gronovius obferve que les
Pêcheurs de Catwic prirent en 1741.
un poilTon de mer , qu'ils nommèrent
le PoiJ/on à Pii.ate , Pîfciî PUatus , &
en 1742.. un autre proche de l'iile de
Marken , dont le nom leur étoit in-
connu. .
Il y a un petit Poijfon, qui venant
par le lac de Harlem , entre dans le
Khi'n. Les Pêcheurs l'ont en horreur ,
parcequ'il fait difparoître les autres
Poijjtiu. M. Gronovius dit que ce
PoiJJon eft vivipare; que dans un qu'il
a difTéqué , il a trouvé vingt -deux-
fœtus bien formés , dont la plus-grande
partie ont joui de l'air pendant quatre
heures.
Entre les-PoiJfons à nageoires molles ,
que M. Gronovius a obfervés ,
font:
La- Mîir&na unicolor ,.maxillâ infe-
riore longiore , à' A rtedi, que les
Holiandois nomment Poling.
La Mur&na fupremo margine pinn&
dorfalis nigro.
h'Anarchieas du même Artedi,
que. les Pêcheurs de Catwic nomment
Zèeivoljf: c'eft le Loup marin , . en La-
tin Lupus marinas.
Le Gadus dorfo tripterygio , ore im-
berbi , corpore albo , maxilla Juperiore
longiore : c'eft le Schelvis des Holian-
dois -
Le Gadus dorfo tripterygio, ore cir-
rato , , colore varia , maxilla Juperiore
longiore , caudâ aquali;. c'eft l&Bolk.
desHollandois.
Ij&^Gadiu.. dorfo. tripterygio ,.<ne cir—
POt
rato , corpore albicante , maxilla f tia
periore longiore , caudâ parum bifidâ.
Le Gadus dorfo tripterygio , ore cir*
rato , longitudine ad latitudinem tripla a
pinna ani primâ officulorum triginta. On
le nomme à Catwic Zeebaars , Se c'eft
mal-à-propos qu'on l'appelle Perche
de mer , dit M. Gronovius. Il eft
cependant connu fous ce nom dans les
marchés.
Le Gadus dorfo tripterygio , ore cir-
rato caudâ ferè aquali , cum radio
primo fpir/ojo ;. c'eft le Cabéliau des
Holiandois.
Le Gadus dorfo dypttrygio , ore cir-
rato , maxilla juperiore longiore : c'eft
le Leng des Hollandoîs.
Le Gadus dorfo dypterygio , ore cir-
rato , maxillis aqualibus , en Holian-
dois Puytaal.
Le Gadus dorfo tripterygio, ore acit-
tiffimis dentibus in maxilla ut raque
munito. Les Holiandois le nomment
Molenaar. On voit beaucoup de ces
Peijfons en été.
Le PleuroneUes oculis & tuberculij.
fex à dextrâ capitis , lateribut glabris ,
fpina ad anum.
Le Plemonecles oculis à dextrâ , totus
glaber , que les Holiandois nomment
Heibot , Se quelquefois improprement
Turbot.
Le Pleuronetles oculis à dextris , li~
neâ laterali afpcrâ > fpinulis fupinè ad
radiées pinnarum , dentibus obtufis.
Le Pleuronetles oculis à dextrâ, ano-
ad latut ftnifirum , dentibus acutis , .
en Holiandois Scbare,
Le Pleuronetles oblongus f ■ maxillâ
fuperiore longiore , fquamis utrinqut af-
peris.
L' Ammodytes , ou Anguille de fablt r '
M. Gronovius dit n'en avoir point
vu en Hollande; mais il en a reçu de
Dufburg en Zélande , ou les payfans»
en labourant le rivage de la mer, er*
trouvent en quantité. Ils en fonfleur
nourriture.
h' F.jhx roflro plagioplateo , que ks
Hollandoîs nomment Snoek,»-
P o t
JJEfix roftro cufpidato » gracili ,
Jubtcretï & fpitbamali.
UOfinerus radiis pinnœ ani feptem-
dccim , que les Hollandois nomment
Spîering.
La Clupe a maxillâinferiore longiore,
maculis nigris carens ; c'eil le Poiffon
connu fous le nom de Hareng.
La Clupe a apice maxilU juperioris
bifido, maculis nigris utrinque,
La Clupea qyiadriuncialïs ,-maxilla
inferiore longiore , ventre acutijfimo , en
Hollandois Sprot.
La Clupea maxillâ fupcriore longiore :
c'cft ï'Aneh»h.
Le Cyprinus iride , pinnis ventralibus
ac ont plerîitnqiie rubmtïbus : c'eft le
Voom.
Le Cyprinus , nommé par les Pê-
cheurs , Rex Cyprinorum , • & en Hol-
landois Koning Van Voorn.
Le Cyprinus iride » pinnis omnibus ,
eaudaqiie rubris. Les Hollandois le
nomment Ruyfvoorn Se Rietvoorn , par-
cequ'ilfe cache dans les rofeaux.
Le Cyprinus Rex , nommé en Hol-
landois VanRuy , qui ne peut être qu'u-
ne variété de l'autre.
Le Cyprinus mucofus , totus nigref-
cens , exttemitate cauds, &qiiali , en
Hollandois Seelt.
Le Cyprinus cirris quatuor , ojficulo
tertio pinnarurn dorfi ac ani uncinulis
armato , ■ en Hollandois Farper. M.
Gr o n o v i u s a obfervé plufieurs
Foijfons de cette efpece. •
Le Cyprinus , nommé Hamburger ,
dont les écailles font grandes & do-
rées; ■
Le Cyprinus pinnis omnibus nigrefeen--
ùbus , pinnà ani ojficulorttm viginti-
feptem » que les Hollandois nomment
Bley-, mais dont le véritable nom cft
Bronjfem , dit M. Grono VIUS, Il y
a des variétés dans cette efpece. L'Au-
teur en a obfervé un , qui diffère de
celui-ci par fes nageoires Se fa queue ,
qui font plus petites , Se parles écailles
du ventre , qui font plus noires,
Le Cyprinus qiàncundalis , pfnnâ- ani -
P O I
503'
oficulorum vigimi, en Hollandois Af-
terling Se EJfeling.
Le Cyprinus , nommé Koning Van
Aflirling. On en pêche beaucoup au
mois d'Août dans le Rhin , proche
Alphen , où il eft nommé Alpbenaar. !
Le Cobitis tota glabra , macule/a,-
corporefubtereti.
Et le Cobitis avuleo bifurco- infrà
utrumque oculum.
Voilà tous les Foijfons , que dans l'ef-*
pace de dix-huit mois M. Grono vius
a difléqués, examinés, dont il a collé la
peau fardes cartes, ainfi que les nageoi-
res Se les arêtes , pour lés faire voir aux
Curieux. Excepté le Squalus , la Raie
le Fetromyzon , il n'y a point de Poif-*
fons que l'on pêche dans la mer , les
étangs Se les ri vieres de Hollande , que
cet Obfervateur n'ait vus. Ceux qui
lui reftoient à examiner alors étaient
le M&derVan Haring, l'Orf, YElf ,
le Harder , le Winden 8e le Meerwal
des Hollandois. Il a vu un FUuroritUts }
ou Foifjon plut , qui au côté droit , pro-
che de la tête avoit une ligne latérale
courbe, Se au côté gauche une ligne
droite, depuis la tête jufqu'à la queue,
Il a eu deifein d'examiner dans la fuite
avec plus' de loin cette efpece de'
Foifons. Il y a beaucoup de ces Foifons 3 -
dont les deferiptions fe trouvent infé--
rées dans les Actes d'Upj al dont j'ai pro- ■
fité, M.Laurent-Théodore Gro^
novius, fils du précédent , a donné
il y a quelques années un Mujkum'
IcUbyologuum , petit in-folic , imprimé
à Leyde. La partie des Foifons , dir-il J,.
dans fa Préface , eit celle de l'Hiftoire
Naturelle du Règne Animal qui l' a lè
plus affeclé. Après avoir étudié les
anciens ' Auteurs Grecs & Latins v il
a confulté Rondelet, Gesner 3
W I L L U G H B I , R A ï , ArTEDI , M,
LiNNfus & les autres , Se augmer.-*
tant le Catalogue de ion père des
Foijfons qui fe trouvent dans le Mu*r
Jkum de Seb a , réimprimé avec ali-
mentation à Amfterdam en 1752, il y
a joint «juelciu es Foifons étrangers, J£J
50i P O I
a fuivi la méthode d' A RTEDI, & ïl fe
flatte avoir mis les genres des Paijfons
dans un meilleur ordre. L'Ouvrage
eft partagé en quatre claffes; les claf-
fes font divifées en genres , & les gen-
res en efpeces. Il s'eft fervi des noms
génériques adoptés par A rte di Se
M. L i n N JE v s , 5c a ajouté quelques
nouveaux genres.
Il a, par exemple ajouté à l'ordre
des Poijjons à nageoires molles les gen-
res Argentina , Silurus , Solenojlomus ,
Charax Se Afprcdo, noms dont A r-
t e d t n'a point fait des termes généri-
ques. M. L i n N M V s met dans l'ordre
des Poijjons à nageoires épineitjes les
genres nommés Calycbtbys Se Ajprcdo.
M. GronoVius les place dans ceux à
nageoires molles; dans ceux à nageoi-
res épineufes, les genres Polynemus,
Myflns Se Hvlocentnts , Se enfin dans
ceux à nageoires cartilagineufes , le
genre Calloryncbus. Il y a des efpeces
de Poijjons, dontARTEDi ne parle pas,
& que l'on trouve dans le Recueil des
Poijjons d'Amboine par François
Val en tin, Auteur peu eftimé
d'A rtedi , mais dont fait cas M,
Gronovius. Ces efpeces font
inférées dans ce nouveau Aiu.Jis.um
hh'.bjoliigicum.
Les Naturalises entendent par Pif-
cis aUpidotus , un PoiJJon qui n'a point
d'écaiiLs ;
Par Fijlis catbetoplateiis , imPoiJfon ,
dont h hauteurpcipendiculaireeftplus
grande que la trau/Verfale ;
Par Piliis plagv./.ateus , un PoiJJon ,
dont la hauteur ti'aafverlale furpaife
la 1- au t e u r p s rp end k ulaire ;
Par Pifcis macrolepidotits , un Poijjbn
couvert de grandes écailles;
Par Pijcis murolepidcC:ii , un Pvijjhn
co'i/ert de petites écailles ;
Far Pifcis monopterygius , un PoiJJon
à. une nageoire ;
• Par Pifcis di Aerygius , un Poijjm à
deux nageoires ;
Par Pifcis triçurygius , un Po'.Jfon à
trois nageoires;
P O I
Par pinna, une partie du corps du
Poijjon, relevée ou pendante , com-
pofée d'une membrane garnie d'olTelets
fort durs , foit cartilagineux , foit en
forme de rayons;
Par pinna adipofa , une nageoire
gratte , qui n'a point de rayons carti-
lagineux ni offeux ;
Par pinna dorfalis , la nageoire qui
eft placée fur le dos ;
Par pinna pettoralis , celle que l'on
voit de chaque côté , après les ouver-
tures des ouies , nommée par quelques
Auteurs nageoire latérale ;
Par pinna ventrales , les nageoires
placées an bas du ventre;
Par pinna. ani , celle que l'on voit
placée entrel'anus & la queue;
Par Pinna cauda , celle qui termine
le corps ;
Par linea lateralis , une ligne laté-
rale, que l'on voit fur les côtés de la
plupart des Poisons, chargée de points
ou trous , qui va tout le long de cer-
taines écailles ;
Par membrana brancbiojlcga , une
membrane attachée aux opercules des
ouies, fournie de rayons qui lbnt vi-
fibles quand ces opercules font élevés.
On peut voir dans Artedi (Tranf.
PhiloJ'. §. 180. ) de quel ufage ces
rayons font pour diftinguer les genres
de Poijjons. Léevenhoeck a dit des
Poijjons qu'ils font immortels , ou du
moins qu'ils ne peuvent mourir de
vieillcfïe. 11 eft vrai que les Poijjons
vivent dans un élément uniforme , â
l'abri des grandes viciftitudes & de
toutes les injures de l'air , & qu'ils doi-
vent fe conferver plus long - temps
dans le même état que les autres ani-
maux. Si les vicîlfitudes de l'air, com-
me le prétend le Chancelier Bacon,
font la principale caufe de la deftruc-
tion des Etres vivons , il eft certain
que les Poijjons étant de tous les ani-
maux c.'iix qui lontles moins expofîs,
ils doivent durer beaucoup plus que
les autres; mais ce qui contribue en-
core à la longueur de leur vie , c'eft
FOI
jjue leurs os font d'une fub (lance plus
molle que ceux des autres animaux. Ils
ne fe durciffent pas : ils ne changent
prefque point du tout avec l'âge. Leurs
arêtes s'allongent, groflllîent 3c pren-
nent de l'accroiflement , fans prendre
plus de fblîdité , du moins fenfible-
ment.
Les Médecins qui ont écrit fur la
nature Se la qualité des Poijfons , fur-
tout de ceux qui font connus fur nos
tables , difent que le Poiffon en général
nourrit plus abondamment Se plus fai-
nement que les herbages , les racines
Se les fruits; mais il s'en faut beaucoup
qu'ils puiffent être comparés Li-defius
à la viande. La chair des Poi/fons eil
aqueufe ; perfonne n'en doute , dit M.
A N D R y : elle eft aufli très-huileufe ,
puifqu'on u're de l'huile généralement
de tous les Poiffbns , Se même en affez
grande quantité : auffi , félon la re-
marque d'HiP?0CRATE,le Poiffon ,
de quelque manière qu'on l'apprête ,
eft une nourriture peu fubftancielle.
Celui de rivière eft fort fain , pourvu
qu'il foit de quelque rivière rapide ,
comme du Rhône, de la Garonne Se
de la Loire , Sec. Le Poijfon de Seine
Se de Saône vaut moins , pareeque ces
rivières coulent très-lentement ; ce-
pendant on vante beaucoup les Carpes
de Saône & de Seine. Les Coiffons qu'on
prend dans les rivières quî arrofent les
grandes villes , fout toujours moins
bons au-deflbus de ces villes, à caufe
des immondices qui les y attirent Si
dont ils fe nourrilfent. Le Poiffon de
mer eft le meilleur de tous, pareeque
la falure de la mer en corrige l'humi-
dité. Parmi les Poiffons de mer , les plus
fains font les fa vailles, c'eft-à-dîre ceux
qui fe noun-iflent dans les lieux pleins
de rochers. On eftïme enfuiteceux qui
habitent le fond delà mer Se on donne
le dernier rang à ceux qui vivent fur
les bords , pareeque l'eau où ils font
eft moins pure. Il y a des PoiJJons de
Tner quî entrent dans les fleuves Se on
remarque que lorfqu'ils ont habité
dans l'eau douce quelque temps, ils
en font beaucoup plus agréables au
goût , mais il n'eft pas bien décidé
qu'ils en foient plus fains. Plufieurs.
fa vans Médecins prétendent que le
Poiffon de mer perd beaucoup de fa bon-
ne qualité dans l'eau douce. On de-
mande lequel eft le meilleur du Poiffon
mâle ou du Poiffon femelle. Le mâle
eft ordinairement préféré à cauib de fea
laitances , fur-tout parmi les Carpes ;
mais pour ce qui eft de la délicatedé de
la chair , les femelles valent mieux
fur-tout parmiles AnguiiLs.
Le Poiffon fe mange frit , rôti , ou
bouilli. Le Poiffon fe frit , foit ay beurre ,
foit à l'huile; au beurre il eft un peu
difficile à digérer à caufe de la mauvaife
qualité que le beurre Se l'huile ne man-
quent pas de contracter par l'action
du feu , qui les rend toujours acres
Se brûlans. Le poiiTon rôti , foit fur
le gril , foit à la broche , n'eft pas fu-
jet à cet inconvénient Se convient mieux
à l'eftomac; celui qui eft bouilli ,foir
à l'étuvée , foit au court bouillon , eft;
plus propre pour les fantés délicates ,
pourvu que l'afîaifonnement n'y do-
mine point trop. On fale de certains
Poi/fons pour les conferver , ou bien
on ies fait fécher à la fumée ; mais
cette préparation les rend très-diffi-
ciles à digérer , 8e ne font bons que
pour lesperfonnes robuftes , comme le
iont les gens de campagne , accou-
tumés aux travaux Se aux exercices
les plus forts & les plus pénibles. Se-
lon tous les Médecins , Se fuivant ce
que difent les Auteurs de la Suite de
la Matière Médicale , les Poijjons en
général nourriflent peu Se lê corrom-
pent très-promptement. Comme ils
abondent en huile groffiere Se en eau ,
Se qu'ils ont peu de volatil , cela les
rend moins propres à les convertir
en notre fubilance. En effet l'aliment
le plus convenable au co--ps humain ,
eft celui qui renferme des principes
actifs & volatils , mais tempérés Se
adoucis par un mélange modéré des
Jo 4 P O I
parties. huileufes Se des parties aqueu-
fes ; en forte que ces principes puiffent
entretenir en nous la fermentation dou-
ce & tranquille , qu'excitent les levains
de l'eftomac , Se qui tend à une parfaite
Se entière dïgeftïon. Or telle efl: la chair
de la plupart des Quadrupèdes & des
Oifeaux qui ferventà notre nourriture ,
mais non pas celle des Poijfons , qui
étant trop aqueufe & trop huileufe ,
enveloppe Se affaiblit tellement les
fermens de l'eftomac , qu'ils ne peu-
vent fournir à une bonne digeftion ,
Se qu'il en réfulte toujours une nour-
riture peu fubftantîelle Se incapable de
fournir au corps beaucoup de fuc ni
beaucoup de force. En un mot le Poijfon
naturellement froid Se humide ne peut
produire en nous que des fucs de la
même nature , c'eft-à-dire des fucs
aqueux , Se par conféquent peu propres
à nourrir & à fortifier le corps. Il y
a cependant desperlbnnes à qui le Poij-
fon convient mieux , comme celles
"qui abondent trop en fucs nourriciers ,
Se qui font trop de chy-le Se de fàng.
il fe trouve même des maladies où
le Poijfon peut convenir , Se où les Mé-
decins non-feulement le permettent ,
mais le confeiîlent. Ce font celles où
les nourritures fucculentes peuvent
donner lieu à des inflammations.
On lit dans les Êphémerides des Cu-
rieux de la Nature , Se dans le Tome
III. des ColleElions Académiques , page
ai 8. une Obferv&tion ( c'eft la cent
quarante-cinquième } par le Docteur
George S e g e r u s , far le feus
de l'ouie des Poijfons. Aristote (Hifl.
Anvm. L.IV.)<(\- paroît point douter
que les Poijjôns n'entendent, Se Jule-
jCesab ScAi.iGER.fonfavant Interprète
dans l'es Notes fur ce paffage , a dé-
taillé ( art. 7. ) les raifons qu'An is-
tote en rapporte. Nieremeerg
( Hifl- Nat. L. III. ) eft de même avis ,
Se il donne pour preuve , que dans
certains lieux on accoutume les Poif-
fons de? étangs à accourir au fon d'une
cloche pour v^nir prendre lçur nour-
F O ï
rîture. C'eft ce que j'ai obfcrvé moi-
même en 1 cîy 9. dit S ec e a u s , en me
promenant avec quelques perfonnes
de mes amis dans les beaux jardins
de l'Archevêque de Saltzbourg, finies
hors de la Ville de ce nom. Le Jar-
dinier nous ayant conduit à une pièce
d'eau parfaitement claire , dont le
baflin étoit pavé de pierres de diffé-
rentes couleurs , Se dans lequel nous
n'apperçumes d'abord aucuns Poijjôns t
il n'eut pas plutôt fait entendre le fou
d'une petite cloche , qu'une multitude
de Truites accourut bientôt de tous
les coins du réfervoir pour prendre
ce que le Jardinier leur apportoit, 8c
aufïi-tôt qu'elles eurent mangé elles
dilparurent. Le Jardinier nous afïïira
qu'il en ufoit de même toutes les fois
qu'il vouloit leur donner à manger.
Nous étant en effet encore promené
l'elpace d'une heure , Se nous étant
retrouvés auprès du réfervoir , nous
nous donnâmes une féconde fois le
plaîfir de raffembler toutes ces Truites
au bruit de la lônnette.
Mais quoiqu'il y ait lieu de croire
que les Poiffons entendent , il n'eftpas
cependant facile de découvrir quel efl
l'organe dans ces animaux où réfide
le fens de l'ouïe. Ecoutons fur cela:
le Pere Kirker. Perfonnc jufqu'i
préfent , dit-il , n'a apperçu d'organes
pour l'ouie dans les Poijjôns qui n'ont
point de poumon ; on ne fait pas en-
core fi les petits trous que quelques-
uns ontau-deffus des yeux leur fervent
à entendre ou à fêntir; mais ce qu'il
y a de certain , c'eft que plufieurs
n'ont point abfolument d'oreilles ,
8e il eft confiant que ceux qui font
privés des yeux lefontauffi des oreilles,
telles font les Huîtres , les Moules ,
Se les Teftacées à coquilles dures. Car
quoique dans certaines circonftances ils
fe refferrent Se fc renferment dans leurs
coquilles , cela paroît s'opérer moins
par l'ouïe que parle fentiment du tact
excité par l'agitation de l'eau. Dans
les Poijjôns qui relpirent, tels que la.
Baleine ,
P O I
Baleine , le Dauphin , Se le Veau ma-
rin , les oreilles font au contraire ap-
parentes , quoiqu'il ne foit pas diffi-
cile de fuivre la route du conduit au-
ditif extérieur de ces animaux. Les
foijforts qui vivent dans l'eau fe trou-
vant dans un milieu trop denfe , &
peu propre à tranfmettre les fons , ne
peuvent donc qu'entendre d'une ma-
nière confufe 8c fort imparfaite , d'au-
tant plus que la Nature ne leur a pas
donné un organe auffi délicat que celui
dont elle a pourvu les animaux qui
vivent en l'air. M. Klein a donné
des Obfervations qui ont pour titre :
De fana & auditu Piftium,
Parmi les Poijjons de mer , il y en a,
dit R E D i , qui , comme les Tortues ,
ne jettent point leurs œufs dans l'eau ,
mais qui les dépofentfur le rivage , Se
les cachent dans le fable ; Se parmi les
Foïjjhu de mer , qui dépofent leurs œufs
dans l'eau , il s'en trouve qui ne les
jettent point dans l'eau faiée , maïs
qui remontent vers l'eau douce , Se les
y dépofent. D'autres Poijfofis , qui vi-
vent ordinairement dans l'eau douce,
vont dépofer leurs œufs dans la mer.
C'eft ce que Redi affirme des An-
guilles , après s'en être afflué par de
longues Obfervations. Tous les ans
par les premières pluies , & les pre-
miers temps fombres du mois d'Août,
dans les nuits les plus obfcures Se les
plus nébuleufes , Se félon les Pêcheurs,
dans un certain temps de la Lune , ces
Poijfom defeendent en grandes troupes
Se vont à l'entrée de la mer dépolèr
ieurs femences , Se peu de temps après
que les petites Anguilles font éclofes ,
elles remontent dans l'eau douce par
l'embouchure des fleuves , plutôt ou
plus tard , félon que la faifon eft plus
ou moins rude. Leur paffage commence
ordinairement fur la fin de Janvier , ou
dans le commencement de Février ,
8c dure jufques vers la fin de Mai ,
non pas tout de fuite , mais à diverfes
reprifes. Elles montent en fi grande
troupe qu'en 1 66 y. Redi dit que
Tome III.
P O I joj
des Pêcheurs à qui il enavoit demandé
en prirent à Pife plus de trois mille
livres dans l'efpace de cinq heures de
temps , & fans d'autres inftrumens que
des filets. Un autre Pêcheur, continue-
t-il , en prit auffi dans l'Arno à un
demi-mille de diftance de la mer , à la
pointe du jour , plus de deux cents li-
vres , Se elles étoient fi petites , qu'il
en falloir environ mille pour faire la
livre de Tofcane , qui eft de douze on-
ces. Mais toutes ces Anguilles ne font
pas de la même petitefle lorsqu'elles
remontent dans l'eau douce : il y en
a de diverfes longueurs depuis dix li-
gnes jufqu'à quarante. Les plus petites
font les plus communes.
Cardan eft tombé dans l'erreur
en avançant que la veflie d'air man-
quoit à l'Anguille , Se il ne s'eft pas
moins trompé en infirmant que cette
veflie fe trouvoit dans tous les autres
Poijjbni. Selon les Obfervations de
Redi, beaucoup d'efpeces l'ont en
effet , mais il y a plufieurs efpeces qui
en font dépourvues.
On trouve cette veflie dans le Con-
gre, où elle eft figurée comme dans
l'Anguille , dans la Murène , dans la
Vipère , dans le Brochet de mer , dans
l'Epée de mer, dans l'Ombre , dans
la Dorade, dans la Lyre de mer ou
Rondelle , dans la Gavotte. On trouve
aufli cette même veflie dans toutes les
efpeces d'Hirondelles Se de Grives de
mer, dans le Merlan , dans la Don-
zelle , dans la Sardine , dans la pre-
mière Aiguille de Rondelet,
dans l'Aiguille d'A ristote, ou
féconde Aiguille de Rondelet,
dans le Merlu , dans le Marmot ,
dans le Barbeau , dans la Rofle ou
Célerin, dans les Tanches de lac, d&
rivière 8c de mer : on voit la même
chofe dans la Carpe , dans la Borde-
liere , dans le Carpione des Italiens ,
dans la Truite , dans l'Alofe , dans le
Brochet d'eau douce Se d'eau faiée ,
dans les Poijfons Fers , dans le grand
Lézard marin , ainfi que dans beaucoup
jotf P O I
d'autres , dont l'énumératîonferoit trop
longue.
Parmi ceux qui n'ont point cette
veflie , on y comprend la Lamproie »
le Surmulet , l'Anchois , le Dragon de
mer , la Pélamide , la Lunede mer,
le Pefee-petre des Italiens , qui eft PU-
ranoîfèope , ou Uranofcopus des Au-
teurs , le Dauphin , le Mûnier , le
Cochon de mer , l'Aigle de mer ou
Chauve-Souris , toutes les efpeces de
Raies , la Torpille , la Tarerande ou
Bougnete , la Grenouille Pêcheule ,
le Chien de mer épineux , nommé par
les Naturalises Galeus fpinax, la Rou-
fette , le Chien Carcharias , en un mot
tous les Chiens de mer , le grand Scor-
pion , le Goujon d'eau douce , & au-
tres.
Mais fi certains Poijfons fe trouvent
munis de cette veflie d'air , tandis que
d'autres en font totalement dépourvus ,
il y a aufli de grandes différences entre
ces velues dans différens Poijfons : car
les unes font compofées d'une feule ca-
vité ju ventre , comme celles des An-
guilles , des Congres , des Murènes ,
des Épées de mer , des Truites , des
Pucelles , des Aiguilles , des Brochets ,
des Grives de mer, des Merlans , des
Brochets de mer ou Poijjons d'argent ,
des Marmots , des Merlus , des Brèmes
de mer , Se des Poijjons Fers.
Dans d'autres Poijfons la vefiie d'air
a deux cavités ou ventres , comme
dans le Barbeau , dans le Célerin , dans
la Tanche d'eau douce ,dans la Carpe ,
dans le Ballerus , & dans l'Hirondelle
de mer.
Enfin il y a des veffies d'air qui ont
trois cavités , comme celles de la Tan-
che de mer , de la Gavotte , & de la
Rondelle.
R e D i rapporte qu'en 1 66j , il trou-
va dans un Poijfon feulement cette vef-
fie d'air divifée en quatre cavités : trois
de ces cavités produifoîent chacune
un canal, Se ces trois canaux fe réu-
nilToient en un feul , qui alloit s'infé-
rer à l'entrée de l'eilomac. Les Pê-
P O I
cheurs Italiens nomment ce poiflbn
Poijfon doré. Voyez plus bas POISSON
DORÉ.
Gauthier Néedam , dans
fbn Traité de formato fœtu , avance
que dans les Poijfons qui ont les mâ-
choires armées de dents , la veflie d'air
n'a qu'une feule cavité, qu'au contraire
dans les Poijfons qui n'ont point de dents
aux mâchoires , cette vefiie eft divifée
en deux cavités ou ventres. IleftbieB
vrai que la Tanche , la Carpe , la Bor-
deiiere , le Célerin , le Barbeau , Se
d'autres Poijfons femblables , dont les
dents ne font point enracinées dans les
mâchoires , maïs fituées dans la voûte
charnue du Palais, ou dans de petits os
placés à l'entrée de l'œfophage , ont
la veflie d'air à double cavité.
Mais parmi les Poijfons , dont les
mâchoires font armées de dents , il s'en
trouve aufli qui ont la veflîe à double
cavité , comme on le peut voir dans
l'Hirondelle de mer , qui a les mâ-
choires munies de deux rangs de dents.
Au contraire dans l'Alofe la veflîe d'air
n'a qu'une feule cavité , quoique ce
Poijjon n'ait point de dents aux mâ-
choires , ni dans toute l'étendue du
palais , & des parties voîfines de l'en-
trée de l'ociophage , ni enfin point du
tout , à moins qu'on ne veuille donner
le nom de dents à certaines petites
inégalités en forme de feie, que l'œil
apperçoit à peine , mais que l'on fent
au tact à l'extrémité des lèvres fupé-
rieures de ce Poijfon. Dans le Poijfon
Fers , nommé Perjo en Italien, la veflie
d'air eft auflî compofée d'une feule ca-
vité ; cependant ce PoiJJon a les mâchoi-
res liiTes & fans dents; mais il a l'ex-
trémité des lèvres fupérieures toute
parfemée de dents très-petites & très-
fines : il a aufli trois rangs de dents
femblables dans le milieu du palais,
&: d'autres encore vers le fond du
palais : de plus , toute la partie des
ouics laquelle fe trouve tournée du côté
du palais eft rude au toucher , parce-
cju'elle eft auffi parfemée de dents très-
P O 1
petites , S; près de l'entrée de l'œfo-
phage il fe trouve deux petits os
rudes Se dentelés de figure rhomboï-
dale , & allez femblables à ceux qu'on
voit dans les Tanches.
L'épaiflTeur des tuniques des veffies
d'air varie dans les différentes efpeces
de Poifons. Il y a de ces veffies qui
{ont fi fort attachées au dos qu'on ne
peut les en féparer entièrement fans
les déchirer en morceaux ; d'autres
n'ontprefque aucuneadhérence, Quel-
ques-unes font prefque entierementea-
chées fous les vifeeres ; de forte qu'on
ne les appercoit pas aufïi-tôt que le
Poijfon eft ouvert , comme cela fe trou-
ve dans les Anguilles , dans les Con-
gres , dans les Merlus , dans les Sphî-
renes ou Poijfons d'argent. Ces derniers
ont la veffie d'air placée dans une ca-
vité particulière formée par les côtes,
laquelle renferme uniquement cette
veffie & les reins , Se les fépare des
autres parties internes ; de forte qu'en
ouvrant un Poijfon d'argent on jugeroit
qu'il n'a point de veflïe d'air , fi l'on
s'en tenoit au premier coup d'œil , &
qu'on ne cherchât point à pénétrer plus
avant à l'aide du fcalpel. Cependant
cette veffie-- ..1: fort grande ; car dans
un Poiffon d'argent du poids d'une li-
vre Se demie , Se long de deux brafTes Se
trois quarts depuis l'extrémité pointue
du grouin jufqu'à celle de la queue , la
veffie d'air avoit deux tiers debraffe
de longueur , Se il fe trouvoît au-de-
dans un long amas de corps rouges
Se charnus , parfaitement femblables à
deux corps rouges , qui font dans la
veffie d'air des Anguilles , à l'entrée
du canal qui part de cette veffie , 5c
qui va s'inférer dans l'ccfophage tout
près de l'eftomac.
Jean-Alphonse Borelli,
dans fon Ouvrage où il eft traité du
mouvement des Animaux ( Part- I.
Prop. 2ii. ) , affure que dans tous
les Poijfons, le canal par où la veffie
reçoit Se rend l'air , va conftamment
en fortant de cette veffie s'inférer au
POT <fo7
fond de l'eftomac. R e d r dit n'avoir
trouvé qu'une feule efpece de Poïjjbns ,
qui eft celle des Alofes , dans laquelle
Ce canal s'infere au fond de l'efto-
mac. Il aboutit dans les autres efpeces
de Poijfons , ou à l'cefophage , ou à
l'entrée de l'eftomac , ou dans le mi-
lieu de fa longueur. Ce canal n'eft pas
également apparent dans toutes les
efpeces ; car fi on l'apperçoit aifément
au premier coup d'œil dans les Poif-
Jons d'eau douce , il y a beaucoup 5e
Poijfons de mer, où ii eft très-difficile
à trouver, Se où il le faut chercher
avec beaucoup d'attention Se de pa-
tience : cela eft môme au point que
l'Obfervateur ci-deffus cité , avoue
l'avoir cherché bien des fois inutile-
ment , quoiqu'il foit très-probable ,
ou plutôt très-certain qu'il y étoit ,
Se qu'il n'a échappé à fes recherches
que parcequ'elles n'ont pas été affez
exactes Se affez confiantes. Telles font
les remarques de Re d i fur la veffie
d'air qui fe trouve dans les Poijfons ,
tirées du Tome IV. des Colleilions Aca-
démiques ,p, 530. & fitiv. où l'on trou-
ve la defeription de la veffie d'air qui
fe trouve dans l'Anguille , contre le
fentiment de Cardan.
Perfonne n'ignore , & c'eft un fait
confiant , qu'il y a des animaux qui
fécondent leurs femelles fans un véri-
table accouplement, comme on le re-
marque dans les Poijfons , dans les Mou-
ches Ephémères , Sec. Dans toutes les
efpeces de Poijfons ,( les vivipares ex-
ceptés), dès que la femelle a pondu
des œufs dans i'eau , le mâle ne fait
que les arrofer de fa laite pour les
féconder, Se l'eau fert aux Poijfons de
milieu par où la vertu vivifiante de la
liqueur féminale fe communique au*
œufs. La même chofe s'obferye dans
la Mouche Éphémère \ la femelle vo-
lant fur la furface de l'eau , y laifTe
tomber fes œufs , Se le mâle les va
chercher pour les arrofer de fa liqueur
laîteufe Se pour les féconder.
Les Poijjms , félon Scheffer,
S f f ij
jo8 P O i
meurent fous la glace , fi on ne la
rompt pas , mais plutôt dans les étangs
& dans les petits lacs, enfuite dans
les lacs , dont la glace eft épaiffe ; car
lorfqu'elle eft mince les Poijfons y ré-
fiftent , & lorfque le fond eft une terre
grade Se argilleufe , ils n'y meurent
pas fi-tôt que dans les autres. Mais,
cet Auteur ajoute , que dans les grands
lacs , la glace fe cafte ordinairement
dans les plus grands froids , foit par
la force des vagues, foit par l'effort
des vapeurs renfermées, que leur agi-
tation tait élever , & qui éclatent alors
avec impétuofité , ce qui fait qu'il ar-
rive rarement qu'on trouve du Poif-
jbn mort dans ces lacs.
R eu 1 parle d'un Poijfon qu'on peut
rapporter , dit-il , à l'efpece des Sphi-
reats. C'eft un Poijjon de mer , auquel
les Pêcheurs de Livourne ont donné
le nom de Poijjon d'argent, pareequ'il
a la peau lîffe fans aucune écaille , &
de couleur d'argent tirant fur le bUu,
Ce Naturalifte nous apprend en avoir
obfervé un qui pefoit huit livres , Se
qui étoit long d'environ deux brafl-S
Se trois quarts, & un autre plus grand
encore qui pefoit dix livres , Se qui
avoit de longueur trois brafTes Se un
huitième. C'eft dans un Poijjon de cette
efpece, du poids de huit livres Se de-
mie , Se long de deux braffes Se trois
quarts depuis l'extrémité pointue du
grouin jufqu'à celle de la queue , que
Red 1 , comme je l'ai rapporté plus
haut , a trouvé une veffie d'air de deux
tiers de bra'fe de longueur. Stenon,
en parlant de ce Paijfàn ( Alt. de Cop-
penb. an. 10*73. G//. 89.), rapporte
qu'un feul des yeux de ce Poijjon ,
qu'il a obf rvé , furpafToit le cerveau
en groffeurdans la raifbn de dix-neuf
à vingt. L'abdomen fe divifoit en deux
câviteS 5 celle qui étoit près de l'épine
du dos contenoît les reins & une lon-
gue vefTie pleine d'air , qui ren r ermoit
PJu-fieurs corps femblables à ceux que
l'on voit dans la véficule de l'air des
Anguilles. On trouvo.it dans l'autre
P O I
Cavité i l'eftomac , la rate , Se deux
corps oblongs de couleur blanchâtre ,
qui avoient intérieurement une cavité
fort apparente. Cette cavité aboutif-
foit par une ouverture dans le rectum.
Stehon a obfervé dans l'abdomen
de ce Poijfon près de l'extrémité du
rectum > piufieurs petits animaux a(Tez.
femblables aux Coquillages décrits par
Fabius Columna, fous le nom
de Comhylia Hyantina , fi ce n'eil
qu'ils n'avoient point de coquilles,
lt e d 1 nous apprend que c'eft en 1666.
que S tenon a fait cette obfervation
chez lui à Livourne.tandis que la Cour
du Grand Duc étoit en cette Ville.
Quoique R E D 1 dife que ce Poijjon fe
rapporte à l'efpece des Sphirenes ,
qui font des Poijjonsà nageoires molles,
ce n'eft pas certainement le PiJ'eiculut
Ramœ dictas Argentins , dont fait men-
tion Rondelet, ainfi que Ray
Se B e L o n , Sa dont j'ai parlé au mot
H AU TIN, d'après ces Naturalises,
puifque les Auteurs des CoUeilions
Académiques , marquent que ce peut
être le Maquereau bâtard ou Saur et
de G e s N e R , poiffon mis par A r-
T E d 1 dans l'ordre des Poijjons a na-
geoires épineufes , inter £ifeej acan-
tbopterygios.
il eft parlé dans les Tranj "alitons
Philofopbiûuej , Se dans le Tome II. des
Collections Académiques , p. 239. d'un
Poijjon extraordinaire , appellé Pifcis
Echino-fteiiaris , Urfiformis » dont le
corps , comme l'a remarqué M. Hook,
refiemble à un Ourfin , fes principales
branches à une étoile , Se leurs divi-
fions à la plante qu'on nomme Gui.
C'eft le Stella àrborefeem de Ron-
DELET,p. 121. Ua été décrit après
lui par piufieurs autres Naturalift.es.
L'Gbfervateur Anglois dit que ce-
Poijjon étend de lui-même d'une racine
qui entoure fa bouche placée au mi-
lieu, cinq bras ou branches principales,
chacune defquelles fe divife précifé-
ment à la fortie du corps en deux au-
tres. Chacune de ces dix branches, fe
P O I
fubdîvife en deux parties , qui For-
nient vingt branches plus petites. Ces
vingt branches fe divifenten quarante
autres , & fuïvant cette progeffion en
quatre-vingts , en cent foixante , jus-
qu'à quatre-vingt-un mille neuf cents
vingt, après Iefquelles on ne peut pas
tracer l'expanfion du Poijjon , quoi-
qu'il y ait apparence que chacun de
ces quatre-vingt-un mille neuf cents
vingt fils , qui paroiffent terminer ces
branches , fe lêroient trouvés encore
divilés , fi on eût pu les examiner pen-
dant que l'animal étoit encore en vie.
Les branches qui font entre les join-
tures ne font pas de la même lon-
gueur , quoiqu'il y ait peu de diffé-
rence dans la plupart ; mais celles qui
font du côté où eft placée la jointure
précédente , font toujours d'un quart
ou d'un cinquième plus longues que
celles de l'autre côté. Chacune de ces
branches paroît avoir depuis la bou-
che jufqu'au plus petit filet qui les
termine un double rang de pores. Le
corps du Poijjon eft de l'autre côté ,
Se il reiïemble à un Ourfin divifé en
trois côtes , qui paroiffent être foute-
nues chacune par deux côtes offeufes.
Voyez la fig. i. Flanche VI, du Tome
IL des Collections Académiques.
Dans le même Ouvrage (p. 41 2. ) ,
on lit l'extrait d'une Lettre écrite à
l'Auteur des l'ranfaciions Fhilojbpbi-
ques , fur des Foijjons de la Nouvelle
Providence, l'une des Illcs de Bahama,
qui empoifonnent ceux qui en man-
gent. La plus grande partie des Poif-
fons de ces pays-ci , dit l'Auteur de
cette Lettre , font autant de poifons ;
car ils occafiennent de très -grandes
douleurs aux jointures de ceux qui en
mangent ; douleurs qui durent quel-
que temps , Se qui fe terminent enfin
par une démangeaifon de deux ou trois
jou r .s. Parmi les Foijjons de la même
efpece , de la même figure , Se de la
même groffeur , il y en a qui empoi-
fonnent , 8c d'autres qui ne font pas le
moindre mal , & les Foijjons qui en
P O I 50?
font , ne font pas le même effet fut
tous ceux qui en font ufage. Je n'ai
pas oi.ii dire , continue le même Au-
teur , qu'ils eufTent caufé la mort à
perfonne. Les Chiens Se les Chats
mangent ordinairement ce qui refte.
Les perfonnes qui ont été une fois
incommodées pour en avoir mangé ,
tentent renouvelier leurs douleurs cha-
que fois qu'ils en mangent , quand
même ce feroit de ceux qui font les
moins malfaifans.
M. L 1 n n m v s parle d'un petit
Poijjon Chinois , nommé Foijfon d'or
ou d'argent , en Latin Cyprinus pinnâ
ani dupiieï. En voici la defeription ti-
rée du Journal Étranger du mois d'Août
1754. p. 1J2.
■ L'Académie de Stocko'm , dit le
favant Académicien Se Naturalsfte
étranger , n'eût pas plutôt reçu un
Foijfon de cette efpece , qu'elle me
chargea de l'examiner avec attention ,
Se de le décrire avec autant d'exac-
titude qu'il feroit poffible. Je com-
mençai donc par le difféquer Se par en
faire deffiner les parties auxquelles on
doit principalement faire attention dans
l'hiftoire d'un Poijjon,
Son corps reffemble à une Able , ou
à une petite Brème : il pefe environ
trois gros. Sa longueur , fans y com-
prendre la queue , eft de !a largeur
de quatre doigts ; fa largeur eft de
celle d'un doigt 5c demi.
Sa groffe tête eft affez plate par
en haut. Se toute unie Se fans piquans
aux ouies.
Sa bouche eft obtufe Se fans dent?.
Les parties fupérieure Se inférieure
font de la même longueur; cependant
le Poijjon ayant la bouche ouverte ,
l'inférieure paroît un peu plus lon-
gue.
Les narines font remarquables , car
elles font doubles ou deux à deux
Se font divifées par une petite lame ,
de façon que les narines extérieures
font rondes Se ouvertes des deux cô-
tés de la tête , Se que les intérieures
5io P O I
font à moitié fermées ; l'os nafal , quï
d'ailleurs eft droit , fe repliant fur ce
trou.
Ses yeux , qui renferment des cryf-
tallins exactement fphériques , font
grands , ronds , élevés des deux côtés
de la tête , Se plus bas que les na-
rines.
Les ouies font de chaque côté qua-
druples Scàfilamens doubles: la mem-
brane qui couvre les ouies renferme
trois os courbés , finueux & minces.
Le dos s'élève tant foit peu der-
rière la tête , Se eft un peu comprimé.
Le ventre eft plus large , plus gros ,
plus rond , & plus long même que le
dos : il eft plat entre les nageoires de
la poitrine, Se les antérieures du ventre;
rond entre celles-ci & les poftérieures ,
Se échancré entre les poftérieures du
ventre Se la queue.
La ligne latérale , dirigée plus vers
le dos que vers le ventre , defeend
un peu en bas , Se remonte enfuïte.
Les écailles font grandes , obtufes ,
rangées les unes fur les autres fans
être difpofées par bandes ou par lignes
droites.
Ce PoiJJon a huit nageoires , une au.
dos , deux à la poitrine j autant à la
partie antérieure du ventre , autant à
la poftérieure, Se la dernière enfin à la
queue.
La première de ces nageoires s'étend
depuis le milieu du dos prefque juf-
.qu'à la queue , & eft , pour ainfi dire ,
coupée à fon extrémité. Elle eft com-
pofée de dix-huit rayons , dont le pre-
mier eft le plus petit , féparé des au-
tres Se pointu ; le fécond eft trois fois
plus roide , plus pomtu , Se plus pî-
.quant ; les autres encore un peu plus
longs que celuï-ci , font égaux , pïians
Se divîfés aux extrémités.
Chaque nageoire de la poitrine con-
fifte en feize rayons plians, dont le fé-
cond, le troifieme Se le quatrième font
les plus longs : le premier eft plus
coure , Se ceux qui fui vent le quatriè-
me vont en diminuant de longueur.
P O I
Les nageoires antérieures du ventre
font compofées chacune de neuf rayons
plians Se divîfés vers leurs extrémités ,
dont le premier eft le plus court, le fé-
cond Se le troifieme font les plus longs ,
Se les autres vont en s'accourciiTant.
Les nageoires poftérieures du ventre
font comme les antérieures , Se celles
de la poitrine, rangées l'une à côté de
l'autre , mais elles font un peu plus
courtes que celles-là. Chacune eft com-
pofée de huit rayons , dont le premier
eft pointu , Se en même temps le plus
petit ; le fécond eft pointu , roide ,
piquant , Se trois fois plus long ; le troi-
fieme , le quatrième , Se le cinquième»
font d'égale longueur , plus longs que
les autres , Se font divilës en plians.
La nageoire de la queue eft la plus
grande de toutes, longue de la largeu^
d'un doigt , deux fois plus large Se e»
forme dg trident, ou avec deux filman-
tes : cette nageoire eft repliée des deux
côtés, comme la queue d'une Poule,
Se le Poijfon peut la lever de la ma-
nière que le Coq d J Ifide levé fa queue
lorfqu'il eft irrité. Quand elle eft levée
on voit que l'extrémité du corps où la
queue eft attachée eft concave , ce-
pendant fans ouverture Se large ,
Se que par en haut il fe trouve dans
le milieu une efpece de quille. Cette
nageoire eft compofée de trente-fept
rayons , qui tous font plians Se divîfés
vers leurs extrémités, excepté le dix-
neuvieme , ou celui du milieu , qui
n'eft point divifé. Des deux côtés de
la queue , il y a dans la nageoire deux
rayons minces Se courts qui fervent à
l'étayer. Chaque c«in de la queue eft
obtus ; mais celui du milieu eft tant
foie peu échancré , car le dix-neuvie-
me rayon , qui fait qu'il fe forme une
efpece de quille au haut de la queue »
eft un peu plus court que les rayons
latéraux.
Les arêtes coftales font au nombre
de douze paires.
La veflie eft double comme dans les
Ables , dans les Brèmes , Se dans les
P O I
autres Poijfons de ce genre , quî ont
la partie antérieure Je la veffie plus
petite que la poftérieure » Se un peu '
écrafée à l'extrémité.
Le boyau eft de la longueur du
Poijfon , plié en trois , lequel eft cou-
vert de graifTe.
Ce Poijjon a trois dents , qui font
grandes , fortes , & placées précifé-
jnent à l'endroit delà tête où le boyau
commence ; favoir, deux aux côtés ,
& une troifieme , plus pointue que
îes autres , contre le dos. Au refte on
ne lui trouve point de dents ailleurs,
ni aux nageoires, ni à la langue ni au
palais.
Une quantité de frai entouroît le
boyau du Poijjun que j'ai dillequé ; par
conféquent il étoit femelle.
Lorfque je reçus ce Poijfon, fa cou-
leur étoit d'un blanc terne ; car on
l'a voit mis dans de l'elprit de vin.
On voit que ce Poijfon eft , comme
je l'ai défini , une vraie efpece de Cy-
prinm , c'eft-à-dire du genre des Car-
pes.
i°. Par les trois arêtes renfermées
dans la membrane qui couvre les
ouïes.
2°, Par les dents qui fe trouvent
dans le gofier, 8c non dans la bouche.
3°, Par la veflie divifée en deux par-
ties inégales.
4°. Par l'os nafal , quî dans tout ce
genre de Cyprinus refïcmble à un pied
de Vache.
j°. Par la figure extérieure , en La-
tin Faciès externa. Comparez ce ca-
ractère avec les genres d'A riedi,
à la page 2.
Ce genre de Poijfon eft le plus éten-
du de tous , & notre Ariedi, qui
n'a pas encore eu fon fëmblable en
Ichthyologie, en compte jufqu'd trente-
trois efpeces. La quantité des efpeces
du même genre fait qu'on ne peut pas
aifément les diftinguer par des noms.
L'Auteur , que je viens de citer , a
trouvé que dans celui dont nous par-
ions , la Nature a mis les caractères
qui peuvent fervir à diftinguer plus
facilement les efpeces de ce Poijfon
dans les nageoires poftérieures du ven-
tre. Aucun Poijfon ne confirme cette
idée plus que celui que je décris ,
qui a une paire de nageoires pofté-
rieures, tandis que tous les autres n'en
ont qu'une; de forte que les principaux
caractères qui peuvent le faire recon**
noître font :
i*. Une double nageoire poftérieure
à côté du ventre.
2°. Une nageoire i la queue , fen-
due en trois , ou en forme de tri-
dent.
3°. Une queue qui n'eft ni horî-
&ntale , comme dans les Plagiures
ou Cétacées , ni perpendiculaire , com-
me dans les autres Poijfons , mais- re-r
pliée des deux côtés.
C'eft de-là que je tire le nom fpé-
cifique du premier caractère , pinna uni
duplex , qui eft le principal , le plus
fingulier, le plus effentiel à ce genre»
& en même temps le plus infaillible j-
en fuite celui de pinna cauâ& trifurcs, ,
qui eft le plus facile à reconnoître, Se
qui ne peut échapper à perfonne , mê-
me dans les defleins Se peintures. Je
conviens qu'il femble qu'un feul de
ces caractères pourrait fuffire pour
diftinguer ce Poijfon de tous les autres
du monde ; mais je crains pourtant que
tous les Poijfons des Indes Orientales
décrits par Va le NT i n , venant à
être oubliés , il n'y en eût quelqu'un à
qui ce caractère ne convînt, j'ai cru
devoir réunir les deux caractères , Se
définir ce Poijjon d'or , Cyprinus pin*
nk uni dupiici , caudâ trifurcà.
M. Linnjîus dit que les princi-
paux Auteurs qui ont parlé de ce Poif
fon, font entr'autres Louis le Com-
te , dans fes Mémoires fur Pétat pré-
fent de la Chine , à la page 107.' le P.
DU H a l d e , dans la Defcripiion de
l'Empire de la Chine , Tome I. p, 3 6. &
Tome II. p. 1400. Se Valent ir,
dans fa Defcriptio Amboin» , Terne IIL
p, 510,
L'Ûbfervateur ajoute qu'il lui a don-
né des noms Suédois femblables à ceux
que lui donnent les autres Nations.
11 eft appellé en François Foijfon d'or ,
ou Poijfon d'argent s en Hollandois
Hond-Vifch , ou Ziluervicb ; en Sué-
dois Gull - lisk , ou SUf werfiskj, s en
Chinois , Kin-Ya.
On prétend que le lieu natal de ce
Foijfon eft un petit lac fitué dans la
Province de Lhe-Kiang , fous le tren-
tième degré vingt-trois minutes de
hauteur , aux environs d'une monta-
gne appellée Tfien-Kïng , Se peu éloi-
gnée de la Ville de Tchanghou : mais
il fe peut fort bien qu'il fe trouve en-
core en d'autres lieux , Se Valen-
T i N dit même qu'il en vient du Ja-
pon.
La couleur eft ce qui rend ce Foif-
Ton principalement remarquable , Se
Va lent in j qui eft l'Auteur qui a
vu le plus de Poijfons > dit lui-même
que c'eft le plus beau de tous.
Dans le mâle la moitié du corps eft
d'un rouge éclatant du côté de la
tête , Se celle du côté de la queue eft
dorée , ou comme femée d'un fable
d'or, & cette couleur d'or eft fi brû-
lante , qu'il n'y a point de dorure q ul
foit comparable à la beauté de notre
Poijjbn.
Le corps de la femelle eft pour la
plus grande partie blanc , mais la moi-
tié du côté de la queue eft argentée „
de la même manière que le mâle eft
doré,
Cependant il y a auffi des Poijfoni
qui font blancs Se noirs, avec des points
d'or Se d'argent, Se les Chinois , qui
les emportent dans les autres pays des
Indes Orientales , diftînguent l'un de
F autre , en ce que les femelles ont
quelques taches noires A côté des yeux
8c du nez , au-lieu que les mâles ont
des taches fort claires aux mêmes en-
droits.
La grande beauté de ces Feiffom eft
caufe que preique dans la plus gran-
de partie des Indes Orientales , on en
P O I
nourrît chez les Princes Se les grands
Seigneurs , ou dans des petits étangs
faits exprès , ou dans de grands vaif-
feaux de porcelaine plus profonds que
larges.
Ces Poijfons étant fort petits deman-
dent beaucoup de foin : il faut les
changer d'eau deux ou trois fois par
femaine , & laitier cette eau pendant
quelques heures dans le réfervoir ou
le vaifleau , avant que de les y mettre.
Comme on prétend qu'en les tou-
chant avec les mains ils ne profitent
pas bien , il faut , pour les tranfrnettre
d'un vailfeau à l'autre , fe fervir d'une
truble faite exprès : on doit avoir foin
que l'eau où ils fe trouvent ne fegele
pas en hiver, mais il n'eft point nécef-
faire que la chambre où on les tient
foit fort chaude.
Ces Posons ne peuvent pas fup-
porter un grand bruit ; une agitation
forte des vaiiTeaux où ils fe trouvent ,
des coups d'armes à feu & de ton-
nerre , ainfi que des orages , Se de la
fumée de poix ou de godron , font
toutes choies qui leur font mortelles,
comme il a été dit ailleurs. Ils aiment
beaucoup à être à l'ombre , Se on met
des herbes dans leur eau , afin qu'ils
puifTent fe cacher deffous.
Ordinairement on les nourrit avec
des oublies trempées un peu dans l'eau,
des jaunes d'œufs, de la pâte, & du
Porc maigre féché au foleil Se pulvé-
rifé après • on l eU r jette encore des
petits Limaçons dans l'eau , parce-
qu'on croit que la mucofité qu'ils ren-
dent ^ eft l eur meilleure nourriture;
mais il faut bien fe garder de leur don-
ner plus qu'ils ne peuvent manger :
autTi-tôt qu'ils ont faim, ils montent à
la furf aC e de l'eau. On dit qu'en hi-
ver , il s ne prennent point de nourri-
ture pendant que le froid dure , &
qu'à Péking on fait l'expérience de ne
leur point donner à manger , du moins
pendant trois ou quatre mois de la rude
faifon.
Comme ils apprennent à connoître
les
FOI
les performes qui les nourrîfïefif , Se
qu'ils montent i la furface de l'eau-,,
auffi-tôt qu'ils les entendent venir; les
grands Seigneurs fe font ordinaire-
ment un plaifir de leur donner eux-
mêmes à manger. Afin de les accoutu-
mer plus facilement à monter à la
furface de l'eau aufii fouvent qu'on le
fouhaite , on attache , au vaifleau un
petit fifflet , avec lequel on leur donne
le lignai, quand on leur veut donner
leur nourriture-, afin que par la fuite
on puifTe les appeller , quand on le
juge à. propos pour les voir jouer ; ce
qu'ils font avec beaucoup de gayeté,,
de vîteife , Se d'une manière très*
amufante.
Au mois de Mai , ces Foijj'ons com-
mencent à frayer ; on met alors dans
leur eau des herbes fraîches , où le
fray s'attache. Lorfqu'ils ont frayé., on
les change de vaiffeau,, Se l'on expofe
celui qui contient le fray , pendant
trois ou quatre jours au foleil , après
quoi on continue de laîflër le fray
dans la même eau , pendant quarante
,ou cinquante jours , au bout defquels
paroiïïentles petits Poijfons,i{vù d'abord
font tout noirs , jufqu'à ce qu'enfin les
couleurs brillantes commencent à fe
montrer à la queue.
Dans ces vaiffeaux de porcelaine .,
dont j'ai parlé , ils ne laiffent pas que
de fe multiplier confidérablement.: ils
réunifient encore beaucoup mieux dans
les étangs.
Quand ces Poijfons meurent , Se qu'ils
font mis dans de i'efprit de vin, leurs
couleurs d'or Se d'argent dr'fparoif-
fent , mais quand ils font féchés , ils
la confervent jufqu'à un certain point;
au refte on peut les voir repréfentés
avec leurs couleurs naturelles fur la
plupart des vaifTeaux de porcelaine de
la Chine. Or quand on fait que la
Nature produit en Afie , dans cette
efpece de Çypriuuj » des Poijfons dorés
& argentés, Se en Afrique des arbres
dorés Se argentés , on conçoit aifé-
Rient à quoi fe doivent réduire les ré-
Terne 11L
TOI sa|
cîts que les Mariniers font des Poijfons
d'or & d'argent , ainfi que des oifeaux
de ces couleurs dont.parlent les Voya-
geurs. On trouve la figure de ces Poif-
j'ons dans le Journal Étranger du mois
d'Aoât ly^, tirée de la Fauna Sue-
cica de M. Linns us.
R e d i fait auifi mention de Poif-
Joni de couleur d'or , marquetés de
petites taches rouges. Ce Naturalifte
rapporte qu'en i66j. il trouva dans
cette efpece de Poijfon feulement, la
veflîe d'air divifée en quatre cavités;
trois de ces cavités produifoient cha-
cune un canal , Se ces trois canaux fe
réunifibient en un feul , qui alloit s'in-
férer à l'entrée de l'eftomac. Aucun
Pêcheur ne put lui dire ce que c'étoit
que ce Poijfon , Se même tous ceux de
Livourne Se de la rivière de Provence
avouoient qu'ils n'en avoient jamais
vu de femblable. Comme ces Poijfons
étoient de couleur d'or Se marquetés
de petites taches rouges , ainfi qu'on
vient de le dire , les Pêcheurs de ces
endroits les appelloient FoiJJons dorés ,
Se croyoïent qu'on pouvoit les rap-
porter à l'efpece des Grives de mer:
mais en les obfervant avec attention »
on reconnoifibît qu'ils en différaient
beaucoup ; d'ailleurs ils n'ont pas dans
la bouche une feule dent, au-lieu que
la Grive de mer a non-feulement qua-
rante dents très-aigues dans les mâ-
choires , mais encore plus de foixante
autres dents autour de l'œfophage ;
on ne voit pas non plus d'inteitina
caecums, ou de conduits pancréatiques,
fortir de l'inteitin duodénum de la Gri-
ve de mer , au-lieu que dans ces Foif-
fons dorés , on trouve quatre cœcums
de grandeurs inégales , Se difpofés par
ordre , fuivant leurs différentes gran-
deurs. C'eft ainfi que Jlx d i parle de-
ce Poijfon.
Selon YHiftoire Générale des Voya-
ges, T&meVl, L, IL p. 495. la Chine
offre une .prodigieufe abondance de
PoiJl'ons, Les rivières , les lacs , les
étangs Se les canaux mêmes en font
T 1 1
5î4 FOI
remplis. Ils fourmillent jufques dans
les folles qu'on creufe au milieu des
champs, pour conferver l'eau qui fert
à la production du Riz, Ces fofles font
remplis de fray ou d'oeufs de Poijjons,
dont les Propriétaires des champs ti-
rent un profit confidérable. On voit
tous les ans fur la grande rivière de
\ a:ig-Tfe-Kyang , à peu de diftance
de Kyen-King-Fu » dans la Province
de Kyang-Si , un nombre furprenant
de barques , qui fe raffemblent pour
acheter le fray. Vers le mois de Mai ,
les habîtans du pays bouchent la riviè-
re en phifieurs endroits, dansl'efpace
de neuf ou dix lieues , avec des nattes
ou des claies , qui ne laiflênt d'ouver-
ture que pour le pafTage d'une barque ,
afin d'arrêter le fray , qu'ils favent
ciftinguer au premier coup d'oeil ,
quoique l'eau n'en foit prefque point
altérée. Ils rempliffent des tonneaux
d'un mélange d'eau Se de fray , pour
les vendre aux Marchands , qui les
tranfportent en divers Provinces , avec
l'attention de remuer cette eau de
temps en temps. Cette eau fe vend par
mefure à ceux quipoflëdent des étangs.
Dans l'efpace de peu de jours le jeune
fray commence à paraître en petits
bancs, Si dans cette petitefle, qui le
rend prefque imperceptible , on le
nourrit de lentilles de marais ou de
jaunes d'oeufs , à-peu-près comme on
élevé en Europe les animaux domefti-
ques. Le gros Poijfon fè conferve avec
de la glace. Gn en remplît de grandes
barques, dans lefquelles on le tranf-
porte jufqu'à Péking. Le profit monte
quelquefois au centuple de la dépenfe,
pareeque le Peuple fe nourrit prefque
uniquement de Poifjons, On en tire
des rivières & des lacs , pour peupler
les canaux. Il en vient auiTi de la mer,
qui remonte aflezloïn dans les rivières.
On en prend quelquefois de très-gros ,
a plus de cent cinquante lieues de la
côte , dit du Halde , p. 3 54,
L'Europe a peu de Poijjons qui ne
i£ trouvent à la Chine. Les: Marlouîns
FOI
lesLamproies, les Carpes, les Soles,
les Saumons , les Truites , lesEftur-
geons y font fort communs. Elle en a
quantité d'autres, qui n-^usfont incon-
nus , Se dont le goût eft excellent.
Les Chinois donnent le nom de
Poijjnn-farine à un Poijfon fort délicat ,
qui fe pêche dans leur mer pendant
les temps calmes. Il eft ainfi nommé à
caufe de fa blancheur extraordinaire.
Ses deux yeux qui font noirs fe trou-
vent renfermés dans deux cercles ,
qu'on prendrait pour de l'argent fort
luilant. On en voit des bancs fi prodi-
gieux près des côtes maritimes de la
Province de Hyang-Kan , que d'un
coup de filet on en prend quelquefois
quatre quintaux.
Le Hyanv-Nan eft un fort gros Poif-
fon de la Chine , qu'on trouve dans la-
Province de Hyang-Nan, Se qui venant
de la mer ou de la rivière jaune , fe
jette dans de vaftes plaines, qu'on a
pris foin de couvrir d'eau ; mais , par
la difpofition du terrein , on peut la
faire écouler auffi-tôt que le Poijfon y
eft entré , de forte que demeurant à
fec il eft pris facilement. On le fale
pour le vendre aux Marchands.
Il y a fur les côtes de Chili un Poijfon-
Coq , ainfi appellé pareequ'il a une
efpece de crête furie devant de la tête-
Les Efpagnols l'appellent Peje Galle,
La même mer fournit auffi un Poijfon,
nommé Poijjon des Rois- , à caufe de fa
délicatefte.
Les Nègres fur la Gambra ont une
manière de pêcher qui leur eft propre.
Lorfque la rivière eft bafle , les fem-
mes s'y rendent en grand nombre ,
pour prendre une forte de petits Poif-
jons , qui reflemblent à la Melette*
Au lieu de filets, elles ont un affez
long panier , au fond duquel elles
ont mis pour amorce un morceau de"
pâte. Elles le tiennent quelque moment
dans l'eau Se l'en retirent fi douce-
ment,, qu'il ne s'en échappe rien. Les
petits Poijjons qu'elles y trouvent font
jettes auffi- tôt fur un endroit fec de la
P O î
rive , où d'autres femmes les pilent
dans un mortier de bois , pour en faire
une pâte , qu'elles divifent en boules
du poids d'environ trois livres , qui
leur fervent pendant toute l'année.
Cette provifion porte le nom qui lui
convient le mieux; car les Nègres l'ap-
pellent dans leur langue Poijfon Quant.
C'ell un de leurs mets les plus déli-
cieux : ils le mêlent avec du Riz Se
d'autres grains. Moohe rend té-
moignage qu'il en a quelquefois man-
gé de fort bon appétit.
On trouve aux environs du Cap
Monte Se dans les rivières de Magui-
baSe de Mava une très-grande quan-
tité- de Poijjons.
La mer aux environs du Cap Mefu-
rado produit quelques .PoiJJons extraor-
dinaires. Des marchais en décrit
deux. Le premier a feize ou dix-fept
pouces de longueur , depuis le mu-
j'eau jufqu'à l'extrémité de la queue ;
feptou huit d'épaiffeur , depuis le dos
jufqu'au ventre , Se quatre ou cinq d'un
côté à l'autre. Son mufeau eft court.
Sa gueule eft d'une médiocre gran-
deur , mais armée de dents très-fortes
Se très-pointues. Il fâifit fort avidement
l'hameçon. Au-dcffus de la gueule il
a deux narines , Se des deux côtés une
élévation , qui a la forme d'un nez.
Ses yeux qui font fa partie la plus !m-
guliere , le trouvent placés fort loin
de fa gueule , près de l'endroit où com-
mence fon dos: ils font ronds , gros,
rouges , vifs Se couverts d'une paupiè-
re , qui paroît fans ceffe en mouve-
ment : ces yeux font au centre d'une
étoile à fix rayons , de trois ou quatre
pouces de longueur, auffi gros à leur
infertion qu'une plume d'Oie Se ter-
minés en une pointe obtufe : chaque
rayon eft compofé d'un cartilage fort
dur, aulïï flexible que ceux de la Ba-
leine. Le môme Poijfon n'a qu'une feule
vertèbre , qui s'étend de la tête à la
queue. Ses côtes qui defeendent de
chaque côté , ne vont pas plus loin
qu'au milieu du dos. 11 a cinq petites
P O I 5 1 5
ouvertures , comme autant de petites
ouïes au-deflous de deux plus grandes ,
qui ont la forme des oreilles humaines ,
mais fans être bordées, A l'orifice de
chaque ouie eft une nageoire , dont
les bords fe terminent en pointe , com-
me les ailes des Chauves -Souris : fur
le dos il en règne une autre , qui eft
divifée en deux parties, dont la pre-
mière eft haute de fix à fept pouces ,
Se la féconde plus haute; mais toutes
les pointes de la première divifîon, qui
eft la plus courte , font alternative-
ment plus baffes l'une que l'autre :
celles de la féconde diminuent gra-
duellement jufqu'à la queue. Cette
queue eft fort grande Se divifée aulïi
en deux parties , dont celle qui tou-
che au corps eft charnue , Se l'autre
n'eft qu'une nageoire , femblable à
celle du dos, Sous le ventre il a deux
autres nageoires de la même nature.
Tout fon corps eft fans écailles , mais
il eft couvert d'une peau jaune, tache-
tée de noir, aufli unie, audi douce,
aulïï épahTe & auffi forte queduvelin.
La chair eft blanche , graflg , ferme ,
Se d'un très-bon goût. Le plus gros
de ces Poiffom ne pefe pas plus de fix
ou fept livres.
L'autre efpece , qui fe trouve en
abondance autour du Cap Se dans L s s
rivières voifincs , eft bsaucoup plus
grande que la première. Il s'en trouve
de deux pieds de long qui pefent juf-
qu'à quinze ou dix - huit livres. Les
plus gros ont la tête haute d'un pied
dans fa plus épaiffe partie ; car elle eft
de forme ovale : elle relfemble beau-
coup à celle d'une vieille femme. Ce
Poijfon a le nez gros , les narines ron-
des , la lèvre d'en haut fort large , la
gueule affez grande & les dents mal
rangées. Le menton s'avance & raille
un enfoncement affez profond entre
lui Se la bouche. La peau qui tombe
de chaque côté au-deffous forme un
double menton Se fe joint à la poitrine.
Les yeux font ronds , grands Se rouges.
Les ouïes font fort larees Se défendues
T t t i j
5i PO I
par une nageoire, quireffemble à l'aîlè
d'une Chauve -Souris. Le corps eft
rond, mais il diminue jufqu'àla queue,
où il commence à-s'applatir &fe ter-
mine par une nageoire femblable à
celle des ouïes. Près de la qxieue il a
deux autres nageoires , l'une deiïus
& l'autre deflbus , longues chacune
d'environ huit pouces. Sa peau eft bru-
ne , rude Se fans taches , armée de
toutes parts de pointes , longues de
trois ou quatre pouces , auiïï dures que
de la corne & partant de là peau fans
aucun tubercule. L'animal remue ces
pointes à fon gré : on prétend même
que leur piquûre eft dangereufe pen-
dant qu'il eft en vie. Il nage fort ra-
pidement. On l'écorche pour le man-
ger, Se fa- chaïr eft excellente. Il ic
nourrit d'herbes de mer , de Crabes
& de petits- Foijfons.
Aux mois de Janvier , Février Se
Mars , il fe trouve à la côte d'Or de
petits PoiJJbns à grands yeux , qui fau-
tent- Se s'agitent avec beaucoup de
bruit jufqu'à. ce qu'ils foient tués. Ils
reffemblent à la Perche par la -forme
& la couleur : ils en ont même le goût ,
& B a rb.o t., à en juger par la gran<-
deur de leurs yeux , dit que c'eft VO-
culus ou le Pifc'ts oadatus de P l i n e.
Ce Foijfon fe prend à la. ligne avec
deux ou trois hameçons Se de la chair
puante pour amorce. Les lignes des
Nègres font d'un- tifiu d'écorces d'ar-
bres , & longues de trois ou quatre
brafTes:
Dans les rivières ■& fur les côtes de
l'Ifle de Madagafcar , les' PoiJJbns y
font en abondance.
Il y a dans la Tartarie un Foijfon, au-
quel les Voyageurs n'ont point donné
de nom. Il eft inconnu aux Européens-,
mais le plus délicieux de toute la Na-
ture. Sa longueur Se fa taille font à-peu-
près celles d'un petit Thon; mais fa
couleur eft beaucoup plus belle. Sa
chair eft tout-à-fait rouge : c'eft ce
qui le difltingue.de Cous les autres
Pmjfons*.
P O ï
L'Ifle de Tabago fournît un Foijfon
ambré , qui eft un manger exquis „
Y Ange , Se un autre nommé Queue
verte d' Hirondelle. Ces deux derniers
ne font pas plus gros qu'un Hareng ,
& ils font tous trois aifés à prendre à
la ligne. On y voit auflî un Poijjbnvo-
lant, qui n'eft pas fi gros qu'un Ha-
reng. Il n'a pas à beaucoup pressant
d'arêtes : c'eft un fort bon manger:
Plulieurs PoiJJbns de proie lui donnnent
la chaffe. Lorfqu'il fait du vent il étend
fes nageoires ,- que- la Nature lui a
données au lieu d'ailes , Se il eft tranf-
porté à des diftances aflez confidéra-
blcs : il fe replonge enfuite dans la
mer &fe prépare à un autre vol. Étant
pourfuivi par les PoiJJbns de proie , .il fe
réfugie dans les vaifleaux.
K ol b E- ( Dejcript. du Cap de Bonne-
Efpérance, Tome Ht. p. 140".) dit qu'il
n'y a aucun animal ni ftrr terre ni fur
mer qui ait plus d'ennemis que le
Foijfon volant. Il fe voit à chaque mo-
ment expofé à être dévoré par les Dau-
phins , les Goulus dè mer & plufieurs
autres PoiJJbns. Si voulant échapper ,i
fes ennemis marins il s'élève fur fes
ailes , il eft auffi-tôt afiailii par les op-
féaux de proie. Il vole fort vite. Son
vol ne dure pas long-temps , pareequ'iî
eft obligé de fe replonger dans l'eau ,
dès que fês ailes ne font plus humec-
tées , , Se les rnouvemens -violens qu'el-
les font les fechent bien-tôt: orfou^-
vent en rentrant dans la mer , le Poîf- ■
fon tombe dans la gueule d« quelque
ennemi. Lorfqu'ilpleut, il peut voler
plus long-temps, Pour éviter les oi<-
feaux de proie , il faute fur les vaiiTeaux,
ou il fe met fur le côté , 8c dans cette
attitude il refte long-temps fautenu par
fes ailes. Ces Poijfons vont toujours par
bande , & il en vole fouvent hors de
l'eau une centaine à lafois. On trouve
divers efpeces de FoiJJons vol ans ; mai? •
ils font tous de la même taille Se de la
groffeur d'un Hareng ordinaire. Ils
reflemblc-nt à ce FoiJJon dans la forme
de leur corps. La différence qu'il fj
PO I
9 -entre eux ne confifte que dans les
ailes. La chair du Poiffon volant eft ex-
cellente & furpaffe de beaucoup en
délicatefTe celle du Hareng frais, Les
diverfes efpeces de Poijfons volans ne
différent entre elles que parleurs ailes
8c leurs couleurs. Quelques-uns n'ont
que deux grandes ailes: d'autres outre
ces deux en ont encore deux petites ,
couvertes d'une peau brune & entre-
lacées d'une efpece de petites arêtes. 11
y en a qui ont quatre ailes longues-,
étroites, unies & fans arêtes, Kolbe
dit que leurs ailes reflemblent à celles
de la Chauve-Souris. Ces- Poijfons vo-
lam fe tiennent toujours entre les
Tropiques. On n'en trouve ni en-deçà
du Tropique du Cancer, ni au-delà
du Tropique du Capricorne.
Selon ce même Auteur , ce Poiffon
fe fait toujours voir fur les grandes
baffes. La différence des efpeces n'eft
que dans leur couleur & dans le nom-
bre Se la forme de leurs ailes, Kolee
ayant examiné foigneufement toutes
ces fortes d'ailes , nous apprend qu'il
les trouva femblables à celles des
Chauves-Souris.
Le Poiffon d'or du Cap a tiré fon
nom d'un cercle de cette couleur qu'il
a autour de l'œil, &11 a une raie d'o-r
qui s'étend de fa tête à fa queue. Sa
longueur ordinaire eft d'un pied Se de-
mi , fa pefanteur d'une livre. La couleur
de fa chair eft un mélange de blanc
& de ronge., Se il eft d'un goût délicat,
On ne voit jamais le Poiffon d'or au Cap
de Bonne - Efpérance que depuis le
mois de Mai jufqu'au mois d'Août ,
qu'il paroît fur les baffes.
On y voit auffi un Poiffon d'argent,
qui a ia grandeur Se la forme d'une
Carpe , Se qui lui reffemble auffi
pour le goût. C'eft un Poiffon fort
blanc , qui a la queue argentée 8e des
raies de la même couleur au bas des
côtés. Il ne quitte prelque jamais la
-haute mer.
Il y a le long de toutes les côtes des
ilàdes Occidentales plufieurs fortes de
? O T 517
Poijfons , que les habîtans appellent
Poijfons armés. Il y en a un qui eft gros
comme un balon , prefque tout rond
Se n'ayant qu'un moignon de queue s
qui empêche qu'il ne paroîffe une bou-
le. Il n'a point de tête , 5c a les yeux
Se la queue attachés au ventre. Au
lieu de dents il a deux petites pierres
blanches fort dures & larges d'un pou-
ce, qui font comme deux petites meu-
les , dont il fe fert pour brïfer Se cafer
les Cancres de mer Se les petits Co-
quillages , dont il fait fa nourriture. Il
eft tout armé de petites pointes groife?
Se longues , comme des fers d'aiguil-
lettes , auffi aiguës qu'une aiguille. Il
les' dreffe , baiffe Se biaife comme il le
veut , & il les hériife de telle forte »
lorfqu'ii fe fent pris à l'hameçon, Se
qu'on le tire au rivage , qu'on eft con-
traint de le tirer un peu plus loin avec
le bout de la ligne , fans pouvoir le
prendre par aucune partie de fan corps ,
jufqu'à ce qu'il expire faute d'eau.
Quoique ce Poiffon foît quelquefois
de la groifeur d'un boiffeau , il n'y a
pas plus à manger que dans un Maque-
reau médiocre. On lui trouve dans le '
ventre certaines bourfes remplies de
vent, dont on fait la colle la plus té-
nace Se la plus forte qui fe puiffe faire.
Il y a quelques autres Poijjons armés » ■
qui ne différent de celui-ci que par la
ittuation, ou par la longueur de leurs
pointes. Les uns les ont en forme de
grandes étoiles: les autres les ont plus
courtes , Se les autres plus menues.
Les Ifles de l'Amérique fournïffent
beaucoup de Poijjons , qui fe prennent
à la ligne , entre autres deux , dit le '
Pere Labat , dans le Tome VIII. de fes
Voyages aux IJles de l'Amérique, p. 382..
Le premier eft le Poiffon rouge. On
l'appelle ainfi , pareeque fa peau &
fes écailles font d'une couleur de feu
affez vive, H a beaucoup de la figure
de la Tanche. Sa chair eft très-blanche
& très-délicate. Ses œufs font excel- -
lens. Il eft gras Se ferme, également"
bon à quelque faufle qu'on le mette./'
5 i8 P O K
L'Auteur dît en avoir vu qui pefoîent
plus de quarante livres ; mais ceux-là
ne font pas communs. Ceux qu'on prend
ordinairement font depuis quatre juf-
qu'àfept ou huit livres,
Le fécond eft un Poiffon prefque en-
tièrement femblable à la Morue pour
la forme du corps, la peau, la chair
Se l'avidité qu'il a de mordre à l'hame-
çon. La différence qu'il y a , c'elt que
l'Auteur ne croit pas qu'on trouve des
Morues de deux cents livres & plus,
comme on trouve de ces Poisons. On
les appelle des Vieilles,
P O K
P O K K O , oifeau de la côte
d'Or, qui, malgré fa laideur, efteftî-
mé par fa rareté. Arkiks affure qu'il
n'y a rien au monde qu'on puiffe lui
comparer. Il ajoute qu'avec quelque
foin que l'on ait copié fa figure , il pa-
roîtplus beau qu'il ne l'eft réellement.
Il eft exactement de la taille d'une
Oie ; fes ailes font d'une grandeur Se
d'une largeur démefurées , couvertes
de plumes brunes: tout le deffous du
corps eft couleur de cendre. L'Auteur
n'ofe donner le nom de plumes a l'en-
veloppe de cette partie : il l'appelle
volontiers du poil. Sous le col pend
une forte de bourfe rouge , longue de
quatre ou cinq pouces , & de la grofieur
du bras d'un homme : c'eft dans ce
réfervoir que l'animal dépofe fa nour-
riture. Son col qui eft affez long Se cette
efpecedc fac font couverts de quelques
poils de la même nature que ceux du
ventre. Sa tête eft beaucoup trop greffe
à proportion du corps & n'en: couverte
que d''un petit nombre de mêmes poils ^
fes yeux font grands Se noirs : fon bec
eft fort gros & fort long. Il fe nourrit
de poiffons , & dans un feul repas il
dévore ce qui fufhroit pour la nourri-
ture de quatre hommes. Il fe jette avec
beaucoup d'avidité fur le poiffon qu'on
lui prefente Se le cache auffi-tôt dans
{on fac. Il n'aime pas moins les Rats
6c les avale entiers. On prend quelque-
. P O L
fols plaïfir à lui faire rendre gorge.
Les Hollandots avoient un de ces ani-
maux , qu'ils laiffoient courir dans les
ouvrages extérieurs de leur Fort. lis
l'avoient accoutumé à vuider quel-
quefois devant eux fon réfervoir , d'où
ils voyoient fortir un Rat à demi di-
géré. Un autre de leur amufement
étoît de lâcher far lui un Chien ou mê-
me un enfant, pour le mettre dans la
néceflité de fe défendre. Ses feules ar-
mes étoïent fon bec, dont il fe fervoit
affez adroitement pour pincer, mais
fans être capable de nuire beaucoup.
Hifi, Génér. des Voyages, L. IX.
P O L
P O L A N D A , nom qu'on donne
en Hongrie à la première elpece de
Chien de mer. Voyez ce mot.
POLE: C'eft, dit Rondelet
(Part.I. p. 258.), une efpece de Sole,
plus épaiffe Se plus courte que la Sole
ordinaire. Elle a de petites écailles dé-
coupées tout autour. Elle en diffère
auffi par le goût. Sa chair n'en cil: pas
auffi excellente. La manière de vivre y
peut contribuer. Rondelet penfe
que c'eft le Kuys^eVwoy d'Él'ICHARME,
dans Athénée : il n'y a du moins point
de poiffon , dit-il , qui lui reffemble
mieux. Sa chair eft dure , gluante , de
difficile digeftion , fent le fauvagin , à
caufe de l'Algue & autres herbes ma-
rines dont il vit. On n'en voit point
dans la Méditerranée, à moins que ce
ne foït , comme quelques-uns l'ont
cru, le poiffon qu'on nomme à Mar-
feille Scrvandn , mais Rondelet
diftingue l'un de l'autre. On pêche la
Pôle dans l'Océan. C'eft un Pleuronec-
tes , ou poiffon plat à nageoires mol-
les , nommé par Artedi ( Synop. p. 3 1.
n. 4. ) , Plcurondles ocuïis à dextrâ, ano
aà latus fîniftnmi , denûbus acutis. On
le nomme Lingitatula à Rome , difent
W I L L U G H U Y , p. I O I . &C R- A ï 1
p. 33.ALDROVANDE&GESNE&
parlent de cepoiflbn.
P O L E C A T, nom que les
P O L
JingWis donnent au Putois. Voyez ce
mot.
POLONGA, Serpent de rifle
de Ceylan, félon Se e a, bon, doux,
décoré de vaftes taches. Sa tête eft pour
rout ornement couverte de petites écail-
les minces , cendrées, jauniflantes ,
rayées de quelques bandes roufiltres.
Ses yeux font petits , pleins de douceur.
Le tour de fit gueule eft bordé d'une
{impie lèvre fans écailles. Ses deux
mâchoires font armées de dents aiguës.
Les écailles cutanées du deflus du corps
font de couleur de feuilles mortes. Son
dos jufqu'au bout de fa queue obtufe
eft orné de vaftes & magnifiques ta-
ches , les unes d'un pourpre brun , les
autres cendrées - jaunes , qu'accom-
pagne tout autour une bordure noirâ-
tâtre ; celles des côtés font quadran-
gulalres , brunes , avec une mouche-
ture cendrée-jaune au milieu. Outre
ces grandes taches , le defTus du corfs
& les côtés font encore jafpés d'autres
petites taches noires , irrégulieres , en-
tremêlées avec les grandes. Les écail-
les cendrées-jaunâtres qui traverfent
fous le ventre font toutes marquetées
de ces dernières taches. La queue qui
fait au-delà de la troîfieme partie de la
longueur de cet animal , acquiert in-
fenfiblemcnt en s'arninciflànt un roux
jaune , plus foncé Se plus beau. Les
taches cendrées-jaunâtres qui font au
centre deviennent alors prefque entiè-
rement blanches , & leurs bords en s'é-
largiuant deviennent d'un côté très-
noirs , Se de l'autre roufiltres.
Abraham Bogaart avoue
qu'il ne connoît point le naturel de ce
Serpent , Se cependant il le met au
rang des plus venimeux , en quoi cet
Auteur eft contredit par le témoigna-
ge de la plupart des Cingaîiens & des
habitans de l'Ifle de Ceylan , qui ne
recherchent Se n'entretiennent pas feu-
lement ce Serpenta caufe de fa beauté ,
mais pareequ'il eft doux , apprivoïfé,
ne nuifant dperfonne Se vivant prefque
iniquement d'oifeaux : ainfi donc il
P O L 5 i$
s'en faut de beaucoup qu'ils le chaftent
deleurmaifon, puifqu'au contraire ils
font charmés quand il y vient , & pour
lors ils le nourrifient d'œufs Se de lait,
fuivant le récit des Matelots qui ont
long-temps féjourné à Ceylan. Voiii
ce que dit S e b a de ce Serpent. Il en
donne la figure, Tbef II Jab. loi.
». i. Kenok , dans fa Relation dePIJle
de Ceylan , dit en avoir vu de deux
fortes, l'une verte & l'autre d'un gris
rougeâtre , tacheté de blanc. Il ajoute
que ce Serpent a cinq ou fix pieds de
longueur , Se que fon venin eft fort
dangereux , fur-tout aux beftiaux , ce
qui ne s'accorde pas avec ce que dit"
Seba , qui en fait un Serpent doux Se
pacifique.
F O L P O C H , Serpent de W
Province de Jucatan. C'eft une efpece
de Monftre en Serpent. Il a vingt*
fept pouces de longueur Se eft gros
comme le bras , marqué d'une couleur
brune Se foncée. Sa tête eft de cinq
pouces de long, ferrée , noire & mar-
quée de taches blanches. Ses yeux font
grands Se brillans. Sa queue , qui ne le
cède point à la gro'Jeur du corps eft
fembbble à celle du Scorpion. C'eft.
un animal, malfaifànt de la tête & de
la queue, On voit beaucoup de ces :
Serpens attachés à des arbres , pour
pouvoir mieux fe lancer , mordre 8c
verfer leur venin. S'ils font à terre r
ils pourfuivent un homme qu'ils ont
vu deloin. Ils roulent leur queue , l'en-
tortillent autour de leur tête , & en-
peu de temps enfautanrilsl'atteîgnent.
Lorfqu'ils font attachés à des arbres
leur queue eft fi bien jointe avec leur
tête, qu'ils ont la figure d'un arc } . Se
comme une flèche qui part , Se avec le
même bruit , ils s'élancent Se mordent;
Leur bleflure eft mortelle. Dansl'ef -
pace de trois jours, la chair pourrît Se
tombe. Les os fe trouvent dépouillés r
deviennent jaunes Se fi puans , que
toutes fortes d'oifeaux carnafliers font'
attirés à la mauvaife odeur qu'ils exha--
lent. Les Naturels du pays dïfenr qu'o.î
5 2o P O L
ne refle-nt pas une grande douleur de
ià morfure : ce n'eft qu'un engourdiffe-
ment par tout le corps. Lesfens s'aflbu-
piflent , Se un homme en mourant eft
tomme S'il étoït ivre. Les fiiflemens
de ce Serpent fe font entendre de loin ,
& il prononce le mot Polpocb : c'eft ce
qui lui en a fait donner le nom , & quand
on l'entend , ce n'eft pas fans frayeur.
On fuit pour en éviter les approches.
C'eft une efpece d'Acontias. Ruvsch ,
X de Serpent. ) parle de cet animal dan-
gereux d'après Nieremberg,
POLSTEPHAS, nom que le
Schoiiafte Nicsnder donne à un
-Serpent aquatique , que nous nommons
■Charbonnier. Voyez ce mot.
POLYGLOTTE, en Latia
'Foiyglotta , oifeau que les Indiens nom-
ment Concontîatolli , c'eft- à-dire qui
a quarante langues. Il -ne furpalfe pas
Ain Étourncau pour la grandeur. Il a le
■ventre blanc , le dos brun , -mêlé de
-plumes blanches , principalement à
la queue Se à la tête , ce qui forme une
efpece de couronne couleur d'argent.
On nourrit cet oifeau en cage. Il n'y
en a point qui l'égale pour la douceur
-& la beauté du chant. Il aime les pays
chauds , &'il fupporte les régions tem-
pérées. Il fe contente de ce qu'on lui
'donne pour nourriture. R u y s c h .( de
Av. p. is^. J dit que Te Tz.anpan lui
eft femblable, Se quelques-uns croyent
que c'eftla femelle du Polyglotte. 11 eft
de la même grandeur , Se de Ta même
figure ; il chante de même. Il a les
plumes du ventre blanches , noires
-& cendrées, Se celles du haut de cou-
leur de minime, noires Se blanches.
PO LYN EMUS: C'eft un genre
de poiifons à nageoires épineufes, qui ,
félon M. GronoVius ( MuJ'. Ic-bth.
p. 31.) , a > 1°. le corps plus haut
perpendiculairement que tranfverfale-
«nent , oblong , épais Se écailleux ; 2 0 . la
tête , dont aum la hauteur perpendi-
culaire furpafle la tranfverlale; 3 0 . des
dents aux mâchoires , au palais & au
^nd.de la bouche; 4 0 . la membrane
P O L
des ouïes compofée de cinq offelets ds
chaque côté j 5 0 . huit nageoires , dont
deux au dos; 6°. des appendices me-
nues comme un fil , placées aux nageoi-
res de la poitrine 5 j°. la queue four-
chue.
A r t E D 1 , dans le Mamifcrit qu'il
laifla à S E E A , le nomme Pentanemus.
Cette dénomination déplaît beaucoup
à M, G R o n c V 1 u s , pareeque fous
le même genre fe -trouve le poiflbn de
Paradis d'É D w a r.-d , qui a fept ap-
pendices aux nageoires de la poitrine,
Se qu'il faut nommer Heptammus. C'eft
pour éviter cette confufion, que l'Au-
teur donne à ce genre de poilïon un
nom plus général , qui eft celui de
Polynemus , du Grec itoAÙç » pluris , Se
n/j.a.., filum , pareeque ces poiflbns ont
à la partie inférieure des nageoires
de la poitrine , des offelets de chaque
côté , menus comme un fil , les uni
plus Se les autres moins.
11 nomme celui dont il donne la def~
cription Polynemus , ojjtcuiis fdijvrmi-
bus , uirinque quinque ad pinnas peilo-
raies ; c'eft un poiiïon à plufieurs fi-
lets , c J eft-à-dire qui a aux nageoires
de la poitrine , de chaque côté , cinq
oflelets menus comme des fils. 11 a
huit nageoires > dont deux au dos , au-
tant à la poitrine & au ventre , une à
l'anus , Se la queue , qui eft grande ,
large Se fourchue , compofée de dix-
fept oflelets très-longs, à la réferve
de quelques-uns des côtés qui font
plus courts. Sa longueur eft de neuf
pouces fix lignes , depuis le bout des
mâchoires jufqu'à celui de la queue.
L'efpece dont parle Edward,
fous le titre de Poijfon de Paradis- , eft
appeilée Mungo en Amérique, Cette
forte de poiflbn a fept filets aux na-
geoires de la poitrine , & fa couleur
eft dorée. Voyez pour une plus ample
defeription M. G r o N o V 1 u s , p. 3 2.
de fon Mufcum Icbthyoloqicitm , n. 74.
P O L Y P S : Les Médecins don-
nent ce nom à une excroiflance de
chair qui viexit dans les narines , qui
nuit
roL
fciiït à la refpiratîon & à la parole; 8c
les Naturalises donnent auffi le même
nom à des animaux aquatiques qui
n'ont point de fang. On les divife en
Polypes marins Se en Polypes d' tau.
douce. Les Anciens ont connu les pre-
miers , mais ils les ont connus imparfai-
tement , & leur hiftoire même n'eft en-
core aujourd'hui qu'ébauchée. Nous
devons aux Modernes la découverte
des Polypes d'eau douce. Les favans
Mémoires de M. Tremblay, fur
les efpeces qu'il a connues , me fer-
viront à en donner l'hiitoire abrégée :
je vais commencer par les Polypes
marins , beaucoup plus grands que les
Polypes d'eau douce , qui ont le nom
de Polype s, à'eaufe du rapport qu'a leur
forme avec celle des Polypes de mer ,
Se c'eft M, de Réaumur qui le
premier leur a donné ce nom.
Les Polypes marins font de grands
animaux , en comparaifon des Polypes
d'eau douce ; par exemple , la Sèche ,
k Calmar , le Lièvre marin , Se bien
d'autres font des efpeces de Polypes
marins. Ces animaux ont les pieds ou
les bras placés à leur tête. Ils s'en fer-
vent pour arrêter leur proie &la por-
ter à leur bouche. Voici comme parle
Ovide ( Métam, L. ZK ) de leur
voracité :
Utqae fuh cè$uoribus deprenfum Polypes hoflem
Continet , ex ornni dîtnijjls parte pagellis.
Les Polypes ont communément entre
nn Se trois pieds de longueur. Pli^e
( Hifl. Nat. L. IX. c. 3 o. ) parle d'un
monftrueux Polype , dont les bras , dit
cet Ancien , avoient trente pieds de
long , Se qui étoient fi épais qu'un
homme pouvoit à peine les embrafler.
11 eft permis de douter d'un pareil
fait, comme le remarque M. Trem-
blay , Mém.lV. p. 297. Edit.in-12.
Selon cet Obfervateur , nous n'avons
rien de fi détaillé , ni de fi exact fur
l'anatomie de ces animaux que ce qui
fi; trouve dans les Œuvres de Swam-
merdam ( Biblia. Nat. p. 276. ) ; cet
Tome 111,
FOL 5*î
habile Naturalîfte a anatomifé la Sèche
mife au rang des Polypes. Voyez au
mot SECHE.
Les Polypes de mer font mâles Se fe-
melles : ils s'accouplent & font ovi-
pares , au rapport d'ARiSToTE ( Hifl.
Anim. L. V. c. 28.) , de Pline (//î/?.
Nat. L. IX. p. 182. ) , Se des Moder-
nes. Mais ont-ils pour fe multiplier,
comme les Polypes d'eau douce, d'au-
tres manières naturelles? C'eft ce qu'on
ignore.
Ce qui întérefîe le plus , dit encore
M. Tremblay , c'eft de favoîr fi l'on
ne peut point les multiplier en les
coupant. Aldrovande C Proleg.
in Lib. de Inf. p. 17. ) dit que le Poly-
pe coupé r.ar morceaux vit , Se il n'y a
rien de plus dans d'autres Auteurs. Il
eft bien apparent que cela fignifie feu-
lement que les morceaux d'un Polype
donnent encore des marques de vie ,
mais non que ce qui manque à chacun
d'eux , pour être un animal complet,
fe reproduit au bout de quelque temps,
comme font les Polypes d'eau douce.
On ne pourra favoir s'ils ont cette
propriété que lorfqu'on aura coupé ces
Polypes, Se fait fur eux les mêmes ob-
servations que celles qui ont été faites
fur les Polypes d'eau douce.
Il eft cependant parlé de la répro-
du£Hon de quelques parties des Poly-
pes de mer , c'eft celle des bras qu'ils
ont perdus en tout ou en partie.
É L 1 E n ( L. I. c. 17. ) dit que les Po-
lypes de mer mangent leurs propres
bras, îorfqu'ils manquent d'alimens :
cependant d'autres Auteurs , comme
Aristote (Hifl. Anim. L. VHP c. 2. )
& Pline ( Hifl. Nat. L. IX. c. 29. ) ,
le nient , Se affurent que ce font les
Congres qui les rongent , mais tous
conviennent que ces bras recroiflent.
Cette expérience a été faite par M. de
Réaumur fur les Ecrevifïes.
La mer Adriatique & l'Ifle de Cor-
fou, fournifTent , difent les Natura-
liftes , de grands Se de fort bons Poly-
pes de mer. Le Pont-Euxin en donne
Vuu
5** POL
de petits. Il ne s'en trouve point aux
environs de i'Hellefpont. Ils vivent
J'ÊcrevhTes de mer , de Cancres , Se
d'autres Cruftacées &Poiflbns, dont
Us fucent les chairs avec tant d'avi-
dité, que s'il en faut croire Eli EN,
ils n'épargnent pas même leurefpece.
Les Polypes fe jettent fur les hommes
qui font naufrage. Dans l'été ils for-
tent de la mer , Se viennent fe repaître
des fruits des arbres , 8c du fuc des
plantes. On difb'ngue le mâle d'avec la
femelle , en ce que le premier a la
tête plus longue. Ils font cachés pen-
dant deux mois. Ils s'accouplent l'hi-
ver , & la femelle jette une grande
quantité d'ceufs par la bouche , des-
quels il ne fort qu'au bout de cin-
quante jours une infinité de petits Po-
lypes. Tantôt la femelle couve fes œufs,
tantôt elle |les couvre de Coquillages
8c autres matières. Les Polypes de mer
font la chaffe aux petits poiilbns 5 ils
courent aux amorces qu'on leur tend,
ne les mordent pas d'abord , mais les
embraffent avec leurs pieds , ou leurs
bras , Se ne quittent que quand ils les
ont rongées.
Les Anciens faifoient ufage desiV
lypes fur les tables. Les Grecs en en-
voyaient par préfentà leurs amis. Ce-
pendant la chair en eft dure Se difficile
à cuire ; on la mortifioit en la battant
avec un bâton , ou avec une pierre,
La têtepaffoit chez eux pour un ex-
cellent mets. On les aimoit mieux bouil-
lis que rôtis. Quand le Cancre voit un
Polype de mer , il en meurt de peur , dit
E l 1 e N. Le Congre fe nourrit de
Polypes de mer , Se la Murène avec fes
dents lui coupe les bras ou les pieds.
Il y en a qui ont dit que le Polype de
mer avoit une odeur de mufe , même
étant mort; & d'autres ont écrit qu'il
lbrtoit de fa tête une odeur puante.
Voilà en abrégé ce que les Anciens
ont débité fur les Polypes de mer.
On ne connoît pas toutes les ef-
peces de Polypes de mer , ni les variétés
que peuvent offrir leurs formes tou-
P O L
jours bîfarres. Les Obfefvatîons dg
Meffieurs de Rëaumur , Bernard
de Jussieu Se Guettard , nous ap-
prennent que les Orties de mer , les
Étoiles de mer , les Litbophytons , 8c
d'autres productions plus molles nom-
mées Alcyonium , qui palToient pour
des fleurs , font ôtés de la clafle des
Plantes , Se rangées parmi les Polypiers.
La mer, comme les eaux douces , four-
nit des Polypes à panache. En étudiant
les Polypes , on a appris , dit M. de
Réaumur ( Préf. du'Tome VI. p. (58.) ,
que des productions qu'on avoit prifes
pour de belles Plantes , Se qu'on n'a-
voit pu foupçonner être antre chofe ,
n'en étoient cependant pas. Elles ne
font que des aflemblages de cellules
de ces petits animaux , Se de cellules
bâties par eux.Ces corps qui fembloient
avoir végété dans la mer, font pour
les Polypes ce que les guêpiers font
pour les Guêpes. On ne doit plus leur
impofer le nom de plantes , Se pour
leur en impofer un qui exprime exac-
tement ce qu'ils font, on doit les ap-
peiler des Polypiers. M. de Réaumur
décrit en ces termes un Polypier , ibii.
p. 69.
Chaque Polype à panache eft logé
en partie,& fouvent fe retire tout entier
dans une efpece de cellule ou tuyau de
quelques lignes de longueur , tantôt
brun , tantôt d'une couleur prefque
blanchâtre , Se qui a de la tranfparence
au moins vers fon ouverture , ou à fa
partie antérieure , Se qui quelquefois
eft tranfparentpar-tout. Il eft fait d'u-
ne matière flexible , qui par fa confif-
tance , Se fouvent par fa couleur peut
être comparée à une forte de parche-
min. Ces tuyaux fe trouvent en cer-
tains endroits entafles les uns fur les
autres, de telle façon qu'ils ne pré-
fentent . aucune figure diftindte ; mais
dans les endroits moins peuplés de Po-
lypes , leurs tuyaux font arrangés avec
plus d'ordre , ou avec un ordre plus
aifé à reconnoître. Le premier au moins
eft collé contre quelque appui fixe »
POL
èontre un morceau de boîs , contre
w ne feuille , ou contre une pierre. Ce
premier fert d'appui au fécond : ce-
lui- ci part d'aflez près de l'ouverture
Je l'autre ; le troifieme eft pofé d'une
manière femblable fur le fécond, II
en eft de même des fuivans. Une file
de courts tuyaux difpofés de la forte ,
paroît une tige , qui à l'origine de
chaque nouveau tuyau femble avoir
yn nœud , ou une articulation. De
cette tige partent fouvent des deux
côtés oppofés d'autres files de tuyaux ,
qui font comme autant de branches ,
qui eft ce que nous nommons un Poly-
pier, reflemble très bien à une Plante
dépouillée de fes feuilles. Quand un
de ces Polypiers eft appliqué fur une
grande feuille , comme M. de Réau-
MUR dit en avoir vu fur celles duPo-
tamogéton, ou qu'il rempe fur quel-
que morceau de bois , il fera toujours
pris , ajoute-t-îl ,pour une Plante pa-
rafyte , par quelqu'un qui ne l'aura vu
que hors de l'eau , c'eft-à-dire dans
un temps où chaque Polype eft rentré
dans fa cellule.
Comme la quantité des différentes
efpeces d'animaux qui font couverts
par les eaux de la mer, eft bien au-
trement grande que celle des efpeces
qui fe tiennent dans les eaux douces.,
ce favant Auteur préfume que non-
feulement on doit trouver des Polypes
dans la mer , mais qu'on y en doit
trouver beaucoup plus d'efpeces qu'on
en a vu dans les eaux qui croupiflent
& dans celles des rivières Se des ruif-
feaux.
Pline Se plufieurs Anciens ont
écrit que le Corail n'étoit pas plus mol
dans la mer , que les pierres ne le
font dans les carrières. M. le Comte
de Marsilly a paru conftater
l'état du Corail , Se lui avoir afïuré
pour toujours , Se aux productions ana-
logues , un rang parmi les végétaux ,
croyant avoir trouvé fur le Corail des
caractères de fleurs. Cette découverte
fit grand bruit. MPeïssonel com-
POL 523
munïqua en 1727. un Mémoire à l'A-
cadémie , où il fit voir que les pré-
tendues fleurs de Corail étoient de
petits animaux 5 iln'eft donc pas éton-
nant que des productions bien plus or-
ganifées à la manière des Plantes , que
ne le paroiftent les Coraux , 8e qui ont
tout autrement l'air de Plantes , foient
véritablement l'ouvrage des Polypes
Se de purs Polypiers.
M. deRéaumur parle encore
d'une Main de mer , nommée au-
trement Main de Larron , apportée par
M. Bernard deJussieu dans
de l'efprit de vin affoibli: elle étoit
très-chargée de corps organifés. M,
le Comte de Marsilly l'avoit
prife pour des fleurs, Se c'étaient în-
conteftablement , dit le favant Aca-
démicien , de petits animaux aux yeux
de tous ceux qui connoiffoient les Po-
lypes. La liqueur fpîritueufe dans la-
quelle ils avoient perdu la vie, en les
faifant fouffrir , les avoir forcés à fe
tirer en grande partie hors de leurs
cellules , Se à fe montrer prefqu'eiî
entier.
Tant de belles productions de la
mer , dont les figures enrichiffent les
Ouvrages où elles font gravées , qui ,
elles mêmes étalées dans les Cabinets
des Curieux, en font une grande pa-
rure , Se dont quelques-unes , comme
les Coraux , font un objet de com-
merce , Se fourniflent une matière qui
occupe tant d'Ouvriers ; tant -de belles
productions , ditM. dï Réaum ur
( ibid. p. 79.) , paroiffent donc uni-
quement dues à des infectes. Plus on
étudie ces petits animaux , & plus on
fe trouve leur être redevable. Les
Phyficiens doivent leur favoir gré de
ce qu'ils les débarraffent d'avoir à ex-
pliquer la végétation des Plantes pier-
reufes , Se celle des Lithophytons ,
qui ne préfentent pas moins de diffi-
cultés.
Tout ce que M. d e Réaumu r
nous apprend des Polypes demer , n'eft
qu'une efpece d'annonce , dit-îl , qui
V u u î j
524 POL
ne fauroîtgueres manquer de produire
l'effet qu'il s'en eft promis ; c'eft d'ex-
citer la curiofité des Naturaliftes , qui
fe trouveront fur les bords de la mer,
pour désinfectes fi dignes d'être mieux
connus; d'en chercher les différentes
efpeces ; d'en décrire les variétés, que
peuvent offrir leurs formes toujours
bifarres ; d'étudier les figures Se les
difpofitions des cellules de ceux des
différentes efpeces ; & enfin la manière
dont ces infectes fe nourriffent , croif-
fent & fe multiplient. Les nouvelles
Obfervations , continue-t-il , mettront
dans un plus grand jour tout ce qui
a rapport aux différens Polypiers , Se
à leur formation. Mais nous devons
déjà beaucoup aux découvertes de
Meffieurs de Réaumur, Ber-
nard deJussieu & Guet-
tard, fur cette partie de i'Hiftoire
Naturelle, fi intéreifante Se fi nouvelle.
Ronde i.et(L. Xvll. p. 3 7 ï . Edk.
Franç. ) donne le nom de Poulpe aux
Polypes de mer , Se il met aufii la Nau-
tille dans le rang des Polypes.
Nous devons à' M, Tremblay
la découverte des Polypes d'eau douce.
Ceux qu'il a découverts font les Po-
lypes verds $ les Polypes d'un brun rou-
geâtre , lorfqu'on les tire des fofféa,
C c'eft la féconde efpece ) , & les Poly-
pes , qui approchent quelquefois d'un
rouge couleur de chair; c'eft la troi-
fieme efpece. Ces deux dernières ef-
peces , félon l'Obfervateur , varient
affez pour la couleur: elle change fui-
vantla nourriture que ces Polypes pren-
nent ; & la couleur même de ces trois
efpeces dépend dufuc nourricier qu'el-
les tirent des animaux qui deviennent
leur nourriture. Il y a aufii des Po-
lypes à panache d'eau douce, Faîfbns
connaître ces quatre efpeces de Polypes
d'eau douce , d'après le favant Na-
turalîfte , qui les a fcrupuleufement
obfervées.
Defcripiion des Polypes d'eau douce.
Les. Polypes d'ean dmci ont- le corps
POL
affez délié; d'une de leurs extrémités
fortent des cornes, qui fervent de pieds
& de bras , Se qui font encore pl us
déliées que le corps. Les bras des Po-
lypes fe courbent , fe contournent len-
tement en différens fens , fe contrac-
tent & s'étendent de nouveau dans
les individus de chaque efpece. Le
nombre des bras ou des pieds n'eû
pas égal dans les Polypes verds , ( pre-
mière efpece découverte par M. Trem-
blay) , Se dans les autres qu'il a ob-
fervés depuis : le petit nombre de
bras elt communément de fix , 8e le
plus grand nombre elt de douze ou
de treize. Il en a vu quelques-uns
de la féconde efpece qui en avoient
dix-huit,& même des individus de cha-
que efpece de Polype chez qui le nom-
bre des bras n'étoit pas égal , pareeque
les bras ou pieds ne pouffent que fuc-
ceffivement , Se qu'il en vient même de-
nouveaux affez longtemps après leur
naiffànce..
Le corps des Polypes à 3 eau douce ,
comme celui deplufieurs animaux con-
nus, eft fufceptiblc de différens degrés
d'exter.fion & de contraction , Se on
ne peut qu';i-peu-près en défigner la
longu eur. La plupart des- Polypes verds
que l'Obfervateur a examinés avoient
entre cinq ou fix lignes de longueur.
Celle de ceux de la féconde Se de la
troifieme efpece étoir ordinairement
de huit Se douze lignes, & il en a vu
de ces deux efpeces dont le corps avoit
un pouce & demi. Le corps des Po-
lypes eft plus mince à mefure qu'il s'é-
tend , Se l'eft moins à mefure qu'il fe
contracte :• il eft fans anneaux & leur-
manière de s'étendre & de fe contrac-
ter a plus de rapport à celle des Li-
maçons Se des Limaces , qu'à celle
des Vers Se des autres infecr.es , qui
ont des anneaux fanfibles. On oblige
les Polypes k fe contracter plus ou moins
à proportion qu'on les touche , ou
qu'on agite l'eau , dans laquelle ils
font plus ou moins rudement. Le chaud
les aniiue » Se le froid les engourdit j
POL
mais il faut un degré de froid qui
approche de la congélation pour les
réduire à une parfaite inaction.
Les Polypu verds font ceux qui ont
les bras plus courts. M. Tremblay
n'en a pas vu qui furpaflat en longueur
la moitié de leur corps , c'eft-à-dire ,
dont la longueur fût de plus de trois
lignes. Les bras d'un pouce de lon-
gueur font très-communs dans les Po-
lypes de la féconde efpece , Se il en a
vu plufieurs les étendre jufquM deux
8c même trois pouces. On dilKngue
les Polypes de la troifieme efpece par
leur queue ; mais la longueur de leurs
bras fournit encore un caractère très-
remarquable, 8c très-propre à les dis-
tinguer des autres efpeces, C'eft ce qui
fait que l'Auteur les nomme fouvent
Polypes à longs bras. Il a découvert la
première efpece , ou celle des Polypes
verds , au mois de Juin 1740. la fé-
conde au mois d'Avril 1741. Se la
troifieme au mois de Juillet de la mê-
me année. Ceux de la féconde efpece ,
lorfqu'ils font contractés , & ceux de
la troifieme ont une & deux lignes de
longueur, Les bras d'un même Polype
peuvent s'étendre 8c fe contracter en
tout ou en partie , indépendamment
les uns des autres & les uns font
fouvent fort longs pendant que les au-
tres font très-courts. Les Polypes de
ces trois efpeces exécutent le mouve-
ment de la contraction avec aflez de
lenteur lorfqu'ils le font d'eux-mêmes;
mais les Polypes verds fe contractent
avec promptitude , lorfqu'ils y font
forcés par quelque caufe étrangère.
Ceux des deux autres efpeces fe con-
tractent moins vite ; & les uns Se les
autres exécutent ce mouvement avec
aflez de lenteur, lorfqu'ils le font d'eux-
mêmes.
Les Polypes ont un mouvementpro-
greffif ; il s'opère au moyen de la fa-
culté qu'ils ont de s'étendre ^ de fe
contracter , Se de fe courber en tout
fens. Leur manière de marcher a un
grand rapport avec celle de divers ani r
FOL 525
maux terreftres 8c aquatiques , comme
avec les Chenilles nommées Arpen-
teufes , Se quelques efpeces de Vers
aquatiques aflez communs. Ils parcou-
rent en marchant le fond de l'eau ; ils
montent le long de fes bords , ou des
Plantes aquatiques. Souvent ils par-
viennent jufqu'à la fuperficie de l'eau t
Se s'y tiennent fufpendus parleur bout
poftérieur. Comme ils font leurs pas
très-lentement , ils employeur beau-
coup de temps à parcourir un petit
efpace : ils s'attachent fortement con-
tre les corps fur lefquels ils s'arrêtent.
Cette adhéfion eft volontaire: ellefo
fait par le moyen d'une matière vif-
queufe , & a peut-être les mêmes
caufes de l'adhéfion de l'CEil de Eouc
que M. de R É a u m u r ( Mérn.
de l'Acad. Royale des Sciences , année
1 7 1 3 . p. 1 1 3 . ) a expliquée..
Ce qui eft au milieu des bras des
Polypes, peut s'ouvrir & fe fermer,
Se cette ouverture fert de bouche X ces-
animaux : elle s'ouvre dans l'eftomac,.
M. Tremblay donne k nom d'ef-
tomac à cette ouverture qui règne d'urï
bout à l'autre du corps des ^Polypes*
pareeque c'eft-là que font portés les
alimens , & qu'ils y font digérés. La-
peau ,.qui enferme L'eftomac, quiforme
le fac ouvert par les deux bouts , eft
la peau même des Polypes „& l'animal
ne confifte que dans une feule peau
difpofée en forme de tuyau , ou de
boyau ouvert par fes deux extrémités..
En l'ouvrant on ne trouve qu'un vaif-
feau auliï long que le Polype, ou plu-
tôt tout cet animal ne paroît former
qu'un vaifleau , dont la fuperficie ex-
térieure eft la fuperficie même de l'a-
nimal ; du moins s'il y en a d'autres,,
ils font fi petits qu'ils ne peuvent êtee
apperçus.
Les Polypes font glaireux , & leur-
couleur dépend fouvent des grains doit
leur peau eft garnie; mais ils ne per-
dent pas leurs grains à proportion de
leur couleur. Ce font les grains eux-
mêmes qui perdent leurs couleurs! ?
l
S i6 V O L
lorfque les Polypes commencent à de-
venir blancs.
La ftructure des bras des Polypes a
beaucoup de rapport avec celle de leur
corps. Obfervés à la loupe ou au ml-
crofcope , contractés & étendus , ils
parolffent chagrinés à la fuperficie ex-
térieure , de même que celle du corps
des Polypes. Un bras contracté paroît
chagriné , & beaucoup plus que le corps
du Polype , Se moins,à mefure qu'il s'é-
tend : ils font percés en dedans , Se ce
vuide communique avec l'eftomac. Les
Polypes aiment beaucoup la lumière.
On fait que la lumière d'une chan-
delle Se d'un flambeau eft un piège
dont on fe fert pour attirer & _ pour
prendre divers animaux aquatiques.
Çeft auffi de cette manière qu'on pè-
che les Polypes marins fur les côtes de
la mer Adriatique. Ils viennent à la
lumière que les Pêcheurs font luire le
;foir fur la fuperficie de l'eau.
Nourriture des Polypes.
Les Polypes Te nourrilTent d'infectes ,
nommés par M, de Ré auMUH
Millepieds à dard. On en trouve en
.quantité fur les Plantes aquatiques.
Leurs bras font pour ces animaux ce
qu'un gluau eft pour un oifeau. En
quelque endroit qu'un Millepieds les
touche, il eft arrêté , Se plus cet en-
droit eft près de l'origine des bras ,
moins le Polype a de peine à rappro-
cher le Millepieds de fa bouche. Lorf-
qu'un Polype n'a pas de proie à man-
ger on voit fouvenc fa bouche ouverte ;
mais cette ouverture eft ordinairement
fi petite, qu'il eft-néceffaire defefervir
.d'une loupe pour la découvrir. Mais
quand les bras ont ramené une proie
fur cette bouche , elle s'ouvre d'abord
davantage , Se toujours à proportion
.de la grofleur de l'anîmal que le Po-
lype doit faire paffer dans fon corps,
Ses levres fe dilatent peu-à-peu Sein-
■fenfiblement,& s'ajuftentprécifément à
$a figure de la proie, Les Polypes iè
P O L
Holirrîiïent non-feulement de Mille-
pieds , mais encore de Vers , Se de U
plupart des petits infectes qui nagent
dans'les eaux , Se ils arrêtent lès pre-
miers qui fe préfentent. Au défaut de
Millepieds , M. Tremblay leur
adonné des Pucerons branchus. Quand
les Pucerons lui ont manqué , ( c'étoit
vers la fin du mois de Septembre),
il a eu recours à des Vers qui font
au fond des eaux , dont un bout eft
en terre , & dont le refte du corps fort
dehors , Se cela a été fa reflource pen-
dant tout l'hiver. Il y a un Ver rouge
affez épais , Se long de cinq à fix li-
gnes , qu'on retire de defTous terre ,
du même genre que celui qui eft dé-
crit dans le premier Mémoire du Tome
V, p, 20. des Mémoires de M. de
Réaumur fur les lnfecl.es , dont les
Polypes peuvent auffi lènourrir; mais
il eft plus difficile à avaler , & à di-
gérer que les précédens : il faut que
les Polypes ayent bien faim pour en
manger. M. Tremblai leur a vu
manger le Ver de Tipule , dont parle
M. de Réaumur, Se du Gardon;
ce poiiTon logé tout entier dans le
corps d'un Polype , y a été digéré ,
fucé , Se enfuite rendu par la bouche,
reconnoiiTable à la vérité , mais affez
défiguré, dit l'Obfervateur.
.Les Polypes mangent la plupart des
petits infectes, qu'on trouve dans les
eaux douces. Ils fe nourrilTent très-
bien de Vers Se de Nymphes de Cou-
fins Se d'autres petites Mouches. On
peut leur donner de plus grands ani-
maux , en les coupant par petits mor-
ceaux. M. T r e M b L A y leur a fait
manger de cette manière des Limaces
Se d'autres infectes aquatiques encore
plus grands. Il leur a donné des Vers
de terre , des entrailles de poiftons
d'eau douce , Se même de la viande
de Boucherie , du Bœuf, du Mouton ,
& du Veau ; mais ils ne tirent pas de
cette viande un fuc nourricier aulfi
abondant que des Infectes aquatiques
qui leur conviennent le plus. Lorfqu'on
POL
a donné à un Polype affamé deschofes
qui ne peuvent lui fervîr d'aliment ,
quelquefois il les retient d'abord avec
les bras , Se puis il les laîffe tomber ;
d'autrefois il ne les arrête point du
tout.
Les Polypes ont un penchant mar-
qué pour la lumière , Se fi étoit tout
naturel à M. Tremblay de leur
chercher des yeux. Il n'a rien négligé
pour s'affurer s'ils en avoient. Il n'y
a aucun endroit de leur corps qu'il
n'ait obfervé avec foin à la loupe &
au microfeope , & il n'a jamais pu
parvenir à découvrir aucune partie ,
qui , par fa fituation , ou par fa ibuc-
ture , lui donnât lieu de foupçonner
qu'elle étoit un œil. Mais quoiqu'il
n'ait point apperçu d'yeux dans les
Polypes , Se quand même les plus ha-
biles Obfervateurs , aidés des meil-
leurs microfeopes n'en découvriroient
point, il feroit téméraire , dit-il , de
décider qu'ils n'en ont point , Se fur-
tout de décider en général qu'ils n'ont
pas une manière d'appercevoir la lu-
mière , Se les objets qu'elle éclaire.
Quand les Polypes rencontrent un'
même Ver, ils fe le difputent. On en
voit fouvent deux qui tirent chacun à
eux le même Ver avec beaucoup de
force , Se il arrive affez fréquemment
que l'un commence à l'avaler par un
bout , Se l'autre par l'autre bout , &
qu'ils continuent à avaîer chacun de
leur côté jufqu'à ce que leurs bouches
fe touchent. Elles relient quelquefois
appliquées allez longtemps l'une contre
l'autre , après quoi le Ver fe rompt,
Se chaque Polype en a la moitié. Mais
d'autrefois, continue M. Tremblay,
le combat n'en relie pas là ; les Po-
lypes continuent à fe diiputer leur proie
lorfque leurs têtes fe touchent. L'un
des Polypes ouvre d'avantage fa bou-
che , Se fe met en devoir d'avaler
l'autre avec la portion de Ver qu'il a
dans le corps. 11 l'avale en effet plus
ou moins, Se fouvent même prefque
tout entier. Ce combat finit cependant
POL j 47
plus heureufement qu'on ne feroit d'a-
bord porté à le croire pour le Polype
qui a été englouti par fon adverfaire.
11 ne lui en coûte ( que fa proie que
1 autre lui arrache fouvent de l'efto-
mac ; il fort tout entier fain Se fauf
du corps de fon ennemi , après même
y avoir été pendant plus d'une heure ;
c'eft ce qui a fait connoître au favant
Obfervateur que ces animaux n'étoient
pas pour leur propre elpece un ali-
ment convenable.
Les Polypes mangent pendant toute
1 année , excepté dans ce temps de
l'hiver où l'eau a un degré de froideur
fort peu éloigné de celui de la con-
gélation. Le froid , qui les engourdit
Se qui leur ôtè l'aclivîté néceffaire pour
chercher à manger , & pour faifir les
proies qui fe préfentent , leur rend tout
aliment inutile , en leur faifant entiè-
rement perdre l'appétit. Lorfque dans
ce temps-là on fait tomber un Ver
fur leurs bras, ils ne paroiffent avoir
aucun goût pour lui , ils ne l'arrêtent
point. Leur appétit renaît à mefure que
le froid ceffe , & il augmente avec la
chaleur.
Les Polypes rendent leurs excrémens -
par la bouche • & M. Tremblât
dit n'avoir jamais rien vû fortir par
l'ouverture qu'ils ont à leur extrémité
poflrérieure. 11 en eft des Polypes , com-
me des animaux voraces. S'ils peuvent
manger beaucoup à la fois , ils peuvent
aufÏÏ relier fort longtems fans manger.
Les Abeilles , les Fourmis , diverfes ef-
peces de Chenilles , de Vers , de Pa- ■
pillons , Se de Mouches , paffent des '
mois entiers fans manger" quoi que ce
foit : mais ce temps de jeûne ell aufïï
pour ces infeéles un temps d'inaéèion
Se d'engourdiffement que lafaifon froi-
de occafionne. Ils ne pourraient pas
refter fi longtemps fans manger en
été , quoiqu'ils foutiennent, même dans
ce temps-là de beaucoup plus lon<rs
jeûnes que tant de Quadrupèdes &
d'autres animaux qui nous font connus".
M, Tr.em.bl-a y dit en avoir con—
5*3 POL
fervé dans des verres , qiû ont été
privés de tout aliment pendant quatre
mois.
L'accroiflemcnt des Polypes eft fort
prompt , lorfqu'ils mangent beaucoup
& fouvent, c'eft-à-dire,en été. IL eft
proportionné à la quantité d'alimens
qu'ils prennent ; mais ils diminuent à
mefure qu'on les fait jeûner , Se plus
vite en été qu'en hiver. Ces animaux
peuvent vivre pendant plus de deux
ans : ils font fujets à être incommodés
par une efpece de petits Poux très-
communs dans les eaux , lefquels font
fouvent périr les Polypes , qui devien-
nent enfuite la proie de cette Ver-
mine. Il y a des Vers dans les eaux ,
qui furpaflent de beaucoup les Polypes
en grandeur , Se auxquels ceux-ci font
redoutables : Us les dévorent tout vi--
vans..
Lieux oh fe trouvent les Polypes d'eau
douce.
Les Polypes d'eau douce Ce trouvent
dans les recoins que forment les fofles ,
les marres , Se les étangs. 11 y en a
beaucoup moins dans les eaux pen-
dant l'hiver que dans les autres faifons
de l'année , & ils font plus difficiles à
trouver. Les Plantes aquatiques fur lef
quelles ils fe tiennent communément,
ne flottent plus dans cette faifon fur la
fuperficie de l'eau , ou ne s'élèvent
du fond qu'en petite quantité. La plu-
part font des Plantes annuelles qui
pourriflent à l'approche de l'hiver, &
dont les relies vont au fond de l'eau.
Ceft-là auffi quefont les Polypes , mais
dans une forte d'inaction. Dès que la
belle faifon approche, la Lentille monte
à la fuperficie de l'eau , elle y multi-
plie ; les jeunes Plantes de Prèle pouf-
fent Se s'élèvent dans l'eau ; tant d'au-
tres Plantes qui flottent fur l'eau, com-
mencent à croitre , Se les Polypes, que la
chaleur ranime , montent fur ces plan-
tes, qu'ils parcourent en cherchant leur
fivic j Se à mefure que la chaleur aug-
P O L
metltejôfl trouve une plus grande quan-
tité de Polypes.
Multiplication des Polypes d'eau douce.
Les favans Obfervateurs de nos
jours, font parvenus à découvrir qy e
la Nature a voulu que les Polypes d'eau
douce pufTent fe multiplier de toutes
les façons dont les Plantes fe multi-
plient. Les ocu^sdes animaux , dit M.
deRéaumur, font analogues aux
graines des Plantes. 11 y a des efpeces
de Polypes qui font des œufs ; d'autres
qui ont la furprenante propriété de
pouvoir , comrneJes Plantes , être mul-
tipliés par bouture , Se d'autres qui
pouffent hors de leur corps un jeune
Polype , comme une tige d'arbre poufle
une branche , Se comme une branche
poufle un rameau. M, Trembla y a fait
les expériences de ces trois efpeces de
multiplications; enfuite M. de Réau-
mur. les a faites à Paris, Se M. Folke,
Préfident de la Société Royale , les a
faites à Londres. Celle qui fe fait par
rejettons eft la plus curieufe , Se eft
très- féconde. Voyez le Mémoire III.
de M. Tremblay. Cet Obferva-
teur a nourri des milliers de Polypes,
qui tous lui ont fait voir qu'ils étoient
mères. Il n'a trouvé dans aucun rien
d'analogue à ce qui fertà féconder la
plupart des animaux. En cela ils ref-
fcmblent aux Pucerons, qui font tous
mères , Se multiplient fans accouple-
ment.
^ Un jeune Polype a en lui le prin-
cipe de la fécondité, avant même qu'il
l'ait pu recevoir extérieurement de
fa mere , ni d'aucun autre Polype. Un
jeune Polype , qui commençoit feule-
ment à pouffer, c'eft -à-dire, qui n'é-
toit encore qu'un très-petit bouton,
coupé Se mis à part dans un verre,
s'eft allongé peu-à-peu ; il lui eft venu
des bras, Se il a enfuite multiplié. C'eft
l'expérience qui a été faite par M.
Tremblay ( Mém. III. p.çi. Édir.
in-iz.). Cette prétendue règle qu'il
P O L
n'y a point de fécondité fans accou-
plement eft démentie par ces Obfer-
•fervations , Se par les découvertes faites
fur les Pucerons par M. de Réa.u-
jiur. La multiplication des Polypes
par feétion ne leur eft point particu-
lière. PlufLurs Curieux après avoir
•été informés qu'on pouvoir multiplier
les Polypes en les coupant, ont décou-
vert la même propriété dans différentes
e/peces de Vers, Se cette expérience
a encore réufli fur un plus grand nom-
bre d'animaux.
J'ai dit qu'en coupant les Polypes
en deux , trois ou quatre parties , ces
parties devenoient autant de Polypes ,
èc l'on croira que cette iorte de mul-
tiplication n'a lieu que quand on les
coupe ; mais M. Tremblay nous
apprend qu'il a vû des Polypes Ce par-
tager d'eux mêmes , Se le multiplier
après cette feefion volontaire , quis'eft
faite chez les uns par le milieu du corps,
"chez d'autres plus ou moins près du
bout antérieur , ou du bout poftérieur
& il en a eu de ceux-là qu'il a nourris
pendant long-temps, & qui fefont par-
tagés deux ou trois fois. Cette efpece
de multiplication doit palTcr pour ex-
traordinaire , parceq.ie les Polypes ne
fe multiplient que très -peu par ce
moyen , Se elle n'eft nullement com-
parable à la multiplication des Polypes
par rejettons.
j'ai rapporté plus haut d'après M.
de Réaumur, qu'il y a des efpeces
particulières de Polypes qui font des
trufs, Se il n'y a rien de fmgulicr en cela,
dit ce Savant ( Préface du Tome VI.
p. 75. ). M. Bernard de Jussieu ,
dans un de fes Voyages pendant les
vacances , iur les côtes de Normandie ,
a trouvé à quantité de Polypes à bras
en forme de cornes une petite vêtue
adhérente à leur corps. Il a paru à
ce grand Naturalise qu'elle étoit plei-
ne d'oeufs; mais étant obligé de fui vrc
fa route , il n'a pu s'afÏÏirer a!Têz de
ce que donnent ces œufs. Si en effet
c'étaient des œufs des Polypes à bras
Tome UL
F O L S z 9
en forme de corne , ces animaux , dit
M. Tremblay (Mém. III. p. 101. )
feroient ovipares Se vivipares. Ce n'en:
encore qu'une conjeéture , ajcute-t-il ,
■mais qui ayant été formée par un Na-
turalise tel que M. de Jussieu,
eft digne de la plus grande atten-
tion.
Les variétés de figures que M. Trem-
blay a trouvées dans les Polypes qu'il
a nourris pendant longtemps , Si les
■végétations irrégulieres , auxquelles
ces animaux font fujets, fuffifentpour
faire comprendre qu'à cet égard les
Polypes d'eau douce ont encore plus
de rapport avec les Plantes, qu'avec
les animaux qui nous font connus.
POLYPE à panache. Toutes les
■dirTérentesfortes de Polypes d'eau douce
n'ont pas encore été connues des Na-
turalises. Outre les trois efpeces dont
on vient de parler, il y en a une qua-
trième. Ce font les Polypes à panache
■d'eau douce. Leur corps a environ une
ligne de longueur fans compter le pa-
nache , qui eS prefque aulli long que
le corps. Celui-ci eft fort mince , à
peu-près cylindrique , Se la peau eft
parfaitement tranfparente. Le panache
n'eft qu'une continuation de cette peau
tranfparente. Il eft fort large à pro-
portion du corps , Se: d'une figure très-
remarquable, Sa bafe eft faite en forme
de fer à Cheval ; des bords de cette
bafe fortentles bras du P4ype ; ils ibnt
tous recourbés en dehors. Le panache
qu'ils forment par leur affemblage , a
l'air d'une fleur monopetale épanouie.
Ces bras font fort près les uns des
autres. M. Tremblay dit en avoir
compté au-delà de foixar.te à un feu!
panache. On pourroit les comparer
par rapport à leur épailfeur Se à leur
transparence , à des fils de verre très-
fins. La bafe du panache eft creufée
en gouttière ; elle tient au Polype par
le milieu du fera Cheval qu'elle forme,
Se c'eft-là qu'eft une ouverture qui
fert de bouche à cet animal. Ses intef-
tins le diuinguent facilement à travers
X x x
53<> FOL
la peau tranfparente de Ton corps. Ils
font d'un brun aflez foncé dans les
Polypes qui ont bien mangé. C'eft ainfi
que M Tremblay parle des Po-
lypes à panache: 11 ajoute que ces ani-
maux ont encore plus l'air de Plantes,
que les Polypes à brjs en forme de cornes.
Ils font très-voraces , au moins ceux
de Pefpece qu'il a obfervée. Mais ils
ne peuvent manger que des animaux
fort petits , & en un jour ils en dé-
vorent un grand nombre. Le panache
de ces Polypes eft pour ces petits ani-
maux un gouffre dans lequel font pré-
cipités la plupart de ceux qui en ap-
prochent.
Rarement on trouve un Polype à pa-
nache feul. Il y en a ordinairement
plufieurs enfcmble , & ceux de l'ef-
pece dont M. Tremblay parle font
rangés les uns à côté des autres. Le
mouvement pregreffif de ces Polypes
eft fi lent , qu'il eft abfolument im-
perceptible : ils multiplient par rejet-
tons , comme les Polypes à bras en forme
de cornes ; mais ils font auffi des œufs.
Meffieurs deRéaumur, & B e r-
Nard de Jussieu, ont obfervé
que les Polypes d'eau douce à panache
ont pondu des œufs bruns , & un peu
applatis , & ces Savans ont vû naître
des petits de ces œufs.
Il y a plufîeurs efpeces d'autres ani-
maux beaucoup plus petits que les Po-
lypes à panache , & qui paroiiTent de-
voir être auffi rangés dans la clalfe des
Polypes i M. DE Réaumur en a
trouvé en grande quantité aux envi-
rons de Paris & en Poitou. Il y en a
auffi abondamment , & de p lutteurs
efpeces dans les fotfés qui font autour
des haies , dit M. Tremblay, Tous
ces animaux ont la bouche à une de
leurs extrémités , & c'eft à la même
extrémité que font auffi leurs bras ,
ou ce qui leur tient lieu de bras. Il y
en a quelques efpeces qui font vora-
ces. Léewenhoeck en a décrit
une efpece. Il en eft parlé dans les
franjaltient Phil ofophiauçs , an. 1703.
P O M
«.283. art. 4. p. 1305. Enfin les diffé-
rentes efpeces de Polypes peuvent four-
nir une abondante matière à décou-
verte. M. H o g h e s , Eccléfiaftique
Anglois, a vû dans l'eau d'une grotte
de l'Ifle des Barbades des corps orga-
nîfés , qu'il a d'abord pris pour des
fleurs , mais qu'il a cru enfuite devoir
placer dans la clafTe des animaux. M,
Tremblay fait remarquer que M,
H o G h e s n'avoit aucune connoiffan-
ce de ce qui a été découvert en Eu-
rope depuis quelques années fur les
Polypes , lorfqu'il a fait fes obferva-
tions , Se que même les fiennes ont été
faites les premières.
Il y a une efpece de Polype qu'on
trouve , dit M. Link/eusC Vauna
Suée. ), à Upfal , dans les foffés , &
qui vient par bouture , c'eft -à- dire,
que coupé en plufieurs parties , ces
parties deviennent de nouveaux Po-
lypes. Il le nomme Hydra viridis f cor-
pore diquali , tentaculis corpore brevio-
ri bus.
P O M
PO M ATI A, Limaçon des vi-
gnes Se des jaTdins : C'eft le plus com-
mun de tous. Il a la bouche ronde. Sa
couleur tire fur le jaune , avec deux ou
trois bandes plus grifes , & fa robe eft
toute ftriée , avec cinq tours defpirale
atfez ferrés. Il n'y en a point dont la
plaque foit plus étendue , ainfi que le
col terminé par fa tête , laquelle a qua-
tre cornes , dont deux plus longues ,
& deux petites au-deiïous. Les yeux
font marqués par deux points noirs ?
aux extrémités des plus grandes cor-
nes. L'opercule eft à un des bouts de
la plaque. On voit la figure de la co-
quille & de l'animal àlaPlnnche IX.
». 4. de la féconde Partie de la Conchy-
liologie de M, d'Augenville. Voyez
LIMAÇON
POMATRIS, ou POMA-
CRIS: C'eft une forte d'Ffcargots ?
que DioscoRiDE dit qu'on rrouve
en Italie dans les montagnes de Gênes
P O M
8c de Trente. Selon Matkiole,
ils font fort bons , & on les tire en
hiver de terre avec une pioche auprès
des haies & au pied des arbres. Leur
coquille eft blanche & dure , ce qui
les garantit du froid. Dans cette faifon
ils pa fient pour être meilleurs que ceux
qu'on trouve le printemps & l'été ,
parceque dans ce temps -là ils font
agités par les pluies & les orages, 5c
au contraire en hiver ils fe tiennnent
cachés en terre.
P O M M E D'A M O U R ,
Zoophyte , dont parlent Rondelet ,
Il u y S C ri , & l'js autres. Voyez au
-mot ALBERGAME,
P O M P I L E, poiifon de mer,
qu'A R t e d i ( Icbtb. Pan. V. p. 20.
n. 3. ) met dans le rang de ceux qui
ont les nageoires molles , tifcesmala-
copterygii. Il le nomme, Cary ph&na eau-
d'à &q_ttali r lineâ iateraii citrva. C'eit le
nî/MTMc'î d'F.LIEM ( L. II. C. I 5. L. XV.
C, î^. ), d'ATHÉNÉE (L. Vlf. p. 282.
283.284.) & d'O ? p 1 e N ( H.d. L. I.
p. 8.); le Pompilur d'O vide (v. ioi,),
de P l 1 n e (L. XXXlï. en.), de
Gesner ( de Aquat. p. 887. ) , d'Aï,-
1) Il O V A î{ D E (L. ///. C. 19. p. 3 2 J. ) ,
de Jo n st o n ( L.I. c 2.) , de Chau-
LETON , p. I 24. deWlLLUGHBY,
p. 2 1 5 . d e R a y ( Synop. Pifc. p. roi.)
& de Rondelet, L. Vlif. c. 13.
p. 199. Edit. Franc.
Ce Naturalise dît que quelques-
uns , comme Pline, ont mis le
Pompile au rang des Thons & des
Pélamîdes , mais il penfe qu'il en eft
bien différent. Ce poiffôn fréquente la
liante mer. Son corps eft finis écailles.
Des ouïes à la queue il a un gnmd trait
courbe, & plufieurs en travers du ven-
tre, marqués de petits points. Son dos
eft de diverfes couleurs & moucheté-
fa bouche eft de moyenne grandeur ;
fes dents font petites ; la partie de def-
fus les yeux Se entre les yeux eft jaune
& de couleur d'or. Il a deux nageoires
proche des ouïes , deux au - deffous ,
une proche de l'anus , une au dos , 3c
la queue , qui n'eft point divïfée com-
me celle des Thons 8c des Pélamides ,
lui fert encore de nageoire. Cepoiffon
fuit les vaiffeaux en pleine mer. Il a les
fourcils dorés , ce qui fait qu'on le nom-
me Xpuîo'ppK en Grec , comme la Dora-
de , & ces marques , dit R o N d e le t»
font celles qu'A thénée&Élien
donnent au Pompile. U eft rare fur nos
côtes , ce qui fait qu'on ne lui a pas
donné de nom François , Se qu'on le
prend pour la Pélamîde.
P O N
P O N G I : On donne ce nom dans
le Royaume de Congo à une efpece
de Singe , qui a la figure d'un Lion.
On le nomme Cagvi au Bréfd. Voyez
ce mot.
P O N G O S : Le Naturalisa
B A t t e l raconte que dans les forêts
de Muyoniba.au Royaume deLoango ,
on voit deux fortes de Monftres , dont
les plus grands fe nomment Pongos , Se
les autres Enjo'zps. Les premiers ont
une reffemblance exacte avec l'homme,
mais ils font beaucoup plus gros Se de
fort haute taille , avec un vifage hu-
main. Ils ont les yeux fort enfoncés.
Leurs mains , leurs joues Scieurs oreil-
les font fans poils , à l'exception des
fourcils qu'ils ont fort longs. Quoiqu'ils
ayent le relie du corps affez velu, le
poil n'en eft pas fort épais , Se fa cou-
leur eft brune. Enfin la feule partie qui
les distingue des hommes , eft la jam-
be , qu'ils ont fans moler. Ils marchent
droits,, en fe tenant de la main le poil
du col. Leur retraite eft dans les bois.
Ils dorment fur les arbres Se s'y font
une efpece de toit, qui les meta cou-
vert de la pluie. Leurs alimens font
des fruits ou des noix {àuvages : jamais
ils ne mangent de chair. L'ufage des
Nègres qui traverfent les forêts eft d'y
allumer des .feux pendant la nuit, Ils
remarquent que le matin A Leur dé-
part les Pongot prennent leur ; pl.aca
autour du feu Scnefe retirent pas qu'il
ne foit éteint, car ils n'ont pas aifcz ds
X x x ij
5?2 PO N
fens pour l'entretenir, en y apportant
du bois.
Ils marchent quelquefois en trou-
pes Se tuent les Nègres qui traverftnt
les forêts : ils tombent même fur les
Eléphans qui viennent paître dans les
lieux qu'ils habitent , 5c les incommo-
dent fi fort à coups de poings ou de bâ-
ton , qu'ils les forcent de prendre la
fuite en pouflant des cris. On ne prend
'jamais de Pongos en vie, parcequ'ils
font fi robuftes , que dix hommes ne
fuffiroient pas pour en arrêter un ; mais
les Nègres en prennent quantité de
jeunes , après avoir tué leur mère , au
corps de laquelle ils s'attachent forte-
ment. Lorfqu'un de cesanimaux meurt,
les autres couvrent foncorps d'un amas
débranches & de feuillages. Purchas
ajoute en-forme de note , que dans les
Gonverfations qu'il avoit eues avecBAT-
tf.l , il avoit appris de lui-même qu'un
Fongoshx\ enleva un petit Nègre, qui
paua un mois entier dans la fociété de
ces animaux , car ils ne font aucun mal
aux hommes qu'ils furprennent , du
moins lorfque ceux-ci ne les regardent
point , comme le petit Nègre l'avoit
obfèrvé. A fon retour, dont l'Auteur
ne détaille point les cîrconftances , il
rapporta que les Pongos font de la
hauteur d'un homme ; mais que dans
leur mafle ils ont le double de fa gran-
deur. Batte l n'a point décrit la
féconde efpece de Monftre , & l'Édi-
teur, entre les mains duquel fes pa-
piers ne tombèrent qu'après fa mort,
ne put fe procurer liUdeifus les éclair-
ciïïemens qu'il défiroit ; mais il s'ima-
gina que ce peut être le Pongos-Pigmée,
dont on parle dans un autre endroit.
D a p p e r confirme que le Royaume
de Congo elï plein de ces animaux ,
qui portent aux Indes le nom à'Orang-
Outang y c'eft-à-dire Habitant des bois ,
Se que les Africains nomment Quojas-
"Moïyos. 'Cette bête , dit-il, eft fi fem-
Blable i l'homme , qu'il efi tombé dans
i'efprit de quelques Voyageurs qu'elle
gouvoit être ferrie, d'une, femny; &.
P O N
d'un Singe, chimère que les Nègres
mêmes rejettent. Un de ces animaux
fut tranfporté de Congo en Hollande
Se préfenté au Prince d'Orange Fré-
déric Henri. 11 éroit de la hauteur
d'un enfant de trois ans 8e d'un embon-
point médiocre , mais quarré Se bien
proportionné , fort agile Se fort vif.
Il avoit les jambes charnues Se robuftes j
tout le devant du corps nud, mais le
derrière couvert de poils noirs. A la
première vue fon vifage reflembloit à
celui d'un homme , mais il avoit le
nez plat & recourbé. Ses oreilles étoient
aufïï celles de l'eipece humaine. Son
fein , car c'étoit une femelle , était
potelé, Il avoit le nombril enfoncé , les
épaules fort bien jointes , les mains
divifées en doigts Se en pouces , les
molets Scies talons gras & charnus. Il
marchoit fouvent droit fur fes jambes.
Il étoit capable de lever Se de porter
des fardeaux aflez lourds. Lorfqu'il
vouloit boire , il levoit d'une main le
couvercle du pot Se tenoit le fond de
l'autre ; enfuite il s'efluyoir fortgra-
cieufement les lèvres. 11 fe couchait
pour dormir la tête fur un couffin , Se
fe couvroit avec tant d'adrefTe , qu'on
l'auroit pris pour un homme- au lit.
Les Nègres font d'étranges récits de
cet animal. Us aflurent non-feulement
qu'il force les femmes Se les filles .
mais qu'il ofê attaquer des hommes
armés : en un mot il y a beaucoup d'ap-
parence que c'efl: le Satyre des Anciens.
Merolla parle peut-être de ces
animaux , lorfqu'il raconte que les Nè-
gres prennent quelquefois dans leurs
chafles des hommes Se des femmes fau-
vages. Le Frère L É o n A r d lui dit un
jour qu'il en avoit fait préfent d'un aux
Miffionnaires , qui l'avoient envoyé
aux Portugais de Loanda, C'eitl'Hom-
me des bois. Voyez SINGE.
P O N N ANDUTY, nom qu'oui
donne du côté du Fort Saint George
"aux Indes , à une efpece de Pie du pays t
qui refiemble au Geai. Cet oifeau a
une ligne faite en arc de couleur blan^
F O P
the au - défais des yeux. Les petites
plumes qui couvrent les ailes font ver-
tes; les plumes fcapulaires font jaunes.
Jj a proche de la bafe des ailes une ta-
che bleue. Les grandes plumes des ai-
les Si la queue font noires. Son crou-
pion eft tacheté de bleu. Entre lescuif-
fès jufqu'à la queue il eft rouge. Telle
cftla defcriptîon que l'on trouve dans
R A y ( Synop. Mcth. Av. p. 1 o 5 . n. 1 2. )
de cet oifeau, nommé en Latin , Pica
Indica vulgarir , Se en Anglois MadrajJ-
Jay. On le nomme aufll dans le pays
Touricmky-Fitta.
POP
p O F E L ; C'eft' un Coquillage
operculé , efpece du genre du Cérire
de M. Adanson, figuré Planche X,
fi. 1. qui vit dans la vaie. Ce Coquil-
lage , dit-il C Hifi. des Coquillages du
Sénégal, p. 1 54- ) > eft des plus com-
muns dans toutes les rivières bourbeu-
fes , où l'eau falée de la mer remonte ,
fur-tout à l'extrémité Septentrionale
de l'Iile du Sénégal. Il fe traîne dans
la vafe entre le Gramen 3c les Man-
£>iiers, où ilfe nourrit de Scolopendres
& de Vermiifeaux marins. L'Auteur
décrit aiirfi la coquille Se l'animal.
La coquille du Pope l a la forme d'une
pyramide ou d'un cône renverfé &
fort allongé , dont la partie fupérieure
eft obtufe , arrondie Se va toujours en
diminuant jufqu'à fa partie inférieure ,
qui fe termine en une pointe très-fine.
Sa longueur eft d'environ trois pou-
ces 8c prefque triple de fa largeur. Elle
eft fort épaiife 8c compofée de feize
fpircs applaties Se fi ferrées , qu'on a
beaucoup de peine à les diftinguer les
unes des autres. Chacune d'elles eft en-
tourée d'environ cinq cordons inégaux ;
celui du milieu eft garni de boilettes
coniques Se pointues. Les autres font
formés de petits tubercules arrondis ,
qui les font paroître comme chagrinés ,
ou même comme des tourillons de
cordes bien torfes.
Le fommet eft une fois Se demi plus
POP 535
long que large , & près de trois fois
plus long que la première fpîre. L'ou-
verture eft petite , eu égard à l'ouver-
ture de la coquille , une fois plus étroi-
te qu'elle Se prefque quarrée , ou ir-
régulièrement arrondie. Elle a deux
canaux, dont un en bas eft très -petit ,
étroit Se formé par un enfoncement de
la levre droite. L'autre eft haut fur la
gauche, fort court, évafé & légère-
ment recourbé en dehors , fans échan-
crure. La levre gauche eft arrondie ,
luifante , unie , creufée en arc & com-
me repliée au dehors. Le période eft
d'un brun fale dansles jeunes , noirâtre
dans les vieilles , médiocrement épais
& fi adhérent à la coquille , qu'on ne
voit gueres d'autre couleur fur fa fur-
face extérieure. Au-dedans elle eft d'un
blanc fale dans les jeunes Se d'un brun
de cafte clair dans les vieilles. Lors-
qu'on veut la dépouiller entièrement
de fon périofte , opération qui ne réuf
fit que trcs-difficiïement, on ne trouve:
au - deiïbus qu'un blanc fade Se peu
agréable.
On remarque que les petites Co--
quilles font à proportion moins longues -
que les grandes ; qu'elles ont moins
de fpircs Se les épines moins apparen-
tes ou même infenfibles dans la plu-
part, La levre droite de l'ouverture eft
auiTi moins ondée Se plus mince. Il eft
ordinaire aux vieilles de calfer les neuf
fpires , comme je l'ai fait voir , conti-
nue l'Auteur, dans leBuccin-Barnet ,
de manière qu'il n'en refte que les fept
premières. Les dernières fpires blan-
chiffent avant que de fe cafter , parce--
qu'elles fe dépouillent d'abord du pé-
riofte brun & des canelures ou cordons
qui les recouvroient. Quelquefois ces
mêmes coquilles font relevées d'un ,
de deux Se même de trois bourrelets
longitudinaux, qui font diftribués fans
ordre fur chacune des trois premières
fpircs.
L'Auteur décrit l'animal dans les~
termes fuivans. La tête eft cylindrique
allongée , tronquée en deflous à font
534 POP
extrémité & ornée fur les côtés d'un
bourrelet, qui porte une petite fran-
ge femblable à une crête. De ion ori-
gine partent deux longues cornes ter-
minées en pointe Se renflées considéra-
blement , un peu au-deflbus de leur
milieu jusqu'à leur racine. Aufommet
du renflement des cornes & fur leur
côté extérieur font placés les yeux ,
femblables à deux petits points noirs,
qui ne faillcnt point au dehors. La
bouche forme un petit ffllon , placé de
longueur au-deflbus de la tête à fou
extrémité. La membrane du manteau
cil épaiiîe Se tapiife les parois intérieures
de la coquille. Son extrémité fupérieu-
re fe replie en un tuyau cylindrique ,
aflez court 5c couronné de dix petites
languettes triangulaires. Ce tuyau fort
rarement de la coquille. Le pied eft
petit , prefque rend j ou de figure or-
biculaire , de moitié plus étroit que
la coquille, bordé à fon extrémité an-
térieure ou du côté de la tête par un
fillon tranfverfal , Se marqué en deflbus
de plufieurs petits filions parallèles à
fa longueur. Il fe prolonge par defliis
en un mufcle cylindrique , qui porte
à fon extrémité un opercule exactement
orbiculaire, cartilagineux , fort mince,
br u n , trarifparerrt Se marqué de cinq
filions, circulaires concentriques. Com-
me cet opercule eft beaucoup plus pe-
tit que l'ouverture de la coquille , il
rentre ccnudérablement en dedans ,
lorfque l'animal s'y renferme, La tête,
les cornes Se le deifus du pied de cet
animal font d'un cendré noirâtre , mêlé
d'un peu de blanc, & fon manteau eft
blanchâtre , tacheté de plufieurs petits
points noirâtres.
M. d'A rgenville met ce
Coquillage dans la famille des Vis. Il
dit, p. 232. Edït. 17$?. que cette ef-
pece de Vis préfente un vrai clocher
Chinois , formant plufieurs étages.
Sa couleur d'un brun fale Se fa bouche
recourbée font à remarquer. 11 en a don-
né la figure , Planche II. httre F. Voyez
VIS.
P OR
M, Adanson range fous le nom
de Popel plufieurs Coquillages , favoir ;
Le Buccinnum fitjcum , firiatum &
muricatum , Afrïcanum , de L 1 s t e r ,
Htfl. Conchyl Taé. ni.fig.17.^
Le Buccinum fuj'eum , twdofîs finis
dijlmUum , du même , Tab. 1 2 2 .fig. 1 8,
& 10.
Le Buccinum fufeum » primis orbiluj.
muricatum , c&terùm ftriis nodofis exaf
peratum, du même , ibid.fig. 20.
Le Turbo apertus , canaliculatus ,
oblique incurvatus , fîriatus , mumtijfi-
mis papillis ttndequaqtiè cxafpsrutus ,
aïbidus , deGuALTiERii Inà, T^b.
t*& $7;fS' C - . . ... _
Le Tpnpanotonos ftuvtatilts , nodoje
ftriatus , oris labioeffujo , de M.Klein,
Tint. p. 30 fp. ï. n. 4. Tab 2. fig-^o.
Le Tyrnpanotonos Jïuviatiiis , fmilis,
mhwr, du même, n. 5.
Le Tyrnpanotonos fluviatilis , in primij
orlibus muricatus , cMeriim nodofus in
Jîïiis, du même, n. 6,
FOR
PORC: J'ai dit au mot C O-
CHON que cet animal domeftique
à piecs fourchus , non ruminant &iaAS
cornes , cft mis par M. L 1 N N Œ. u s ,
ainfi que le Sanglier, qui eft le Cochon
ou le Porc Jauvage , dans l'ordre îles
Jumtmx i par M. Klein dans la
famille des Dichelons , Seque ce gen-
re de Quadrupèdes eft le quinzième
dans leRcgne animal de M. Buisson.
Le Porc eft un animal blanc ou noir,
ou noir & blanc , dont les yeux font
petits Se enfoncés dans la tête. Il aie
poil rude , le ventre grand & un peu
pendant ; le grouin Se le devant de
la tête plats ; la queue longue Se re-
tortillée , avec de grandes foies fur le
dos II vît de glands, d'orge , de fon ,
8e aime à fe vautrer dans la fange 11
hait l'Éléphant , la Salamandre , la Be*
iette , le Loup Se les Scorpions.
Strabon dit que de fon temps il
y en avoit une fi grande quantité dans
les Gaules , que la feule Province
P O R
tyôiinoîfe en clevoît des troupeaux ,
qui fuffifoient pour nourrir Rome j
jnaîs on difoit en Proverbe , Fromage
de Sicile Se Cochon de Syracufe? parce -
que les Cochons de Syracnj'e palïbient
pour les meilleurs de l'Europe. Solin
a dit qu'il n'y en a point dans l'Arabie.
Selon Eli EN) on n'en voit point dans
l'Inde. Il y a des endroits où on les
mens paître. On a trouvé des gens
tués dans les bois par des Voleurs &
dévorés par des Cochons.Ws n'épargnent
point leurs petits , dît Golumelle,
ni les Poules , ni les Oies , comme on
le voit a fiez fouvent à la campagne.
On les engraifie ordinairement pendant
faisante jours & on les laiffe jeûner
pendant trois , pour enfuïte les égor-
ger. Les Anglois les engraiïïent pen-
dant un an , pour que le lard en foit
plus ferme & plus folide. Il eft vrai
qu'on les engraifie jufqu'à ce qu'ils
nepuifient plusfe tenir fur leurs pieds ,
ni marcher.
C'eft un animal lafcif. Sa femelle
commence à porter à quatre mois &
porte jufqu'à fept ans. Il y a des Truies
qui font jufqu'à dîx-fept petits , mais
cela eft rare. Le nombre ordinaire eft
huit Se dix. Quelque* Auteurs difent
qu'elles donnent autant de petits qu'el-
les ont de mammelles. Mais les fe-
melles blanches pafTent pour les plus
fécondes. Les Cochons qui naifient en
hiver font petits & difficiles à élever.
Les Suifies font cas de ceux qui vien-
nent au mois de Mars. Dans les pays
chauds ceux qui naifient l'hiver font
beaucoup meilleurs que ceux qui vien-
nent l'été.
Les Cochons fontfujets à des mala-
dies. La principale eft d'être ladres :
alors ils ne font pas de vente , Se on les
diftïngue aifément des autres. Quand
ils paffent du grand chaud au grand
froid , ils demeurent engourdis de tous
leurs membres , à moins qu'on ne les
réveille. Ils ont une efpece de Poux
qui les incommode. Pendant l'été ils
tombent dans une forte de léthargie &
POR m
teftent endormis , à moins qu'on ne
les agite. Enfin ils fontfujets aux hu-
meurs froides , à la fquinancle , à la
toux , au flux de ventre , &c Cet
animal eft goulu, vorace & malpropre.
Quoique les Cochons fokm fujets à des
maladies , onles mange; mais onn'ex-
pofe en vente que ceux qui font fains.
Leur chair eft d'une grande utilité en
Cuifine , fur- tout le 'lard Se les jam-
bons. En général toutes les parties du
Cochon font la nourriture des gens de
mer Se de la campagne. Pour qu'un
Cochon fok bon , il doit être ni trop
jeune , ni trop vieux , gras , tendre ,
Se nourri de bons alimens , comme de
Glands de Chêne , de Fèves, de Ra-
ves , Sec.
G a l i e n prétend que la chair de
Cochon n J e ft pas feulement d'un meil-
leur goût que celle des autres ani-
maux , mais encore qu'elle eft plus
faLutaire. Il ajoute à cette occafion que
les Athlètes, & les jeunes gens qui
s'exercoient à la lutte , n'étoient jamais
plus forts & plus vigoureux que
quand ils vivoient de chair de Cochon.
Leurs forces diminuaient à mefure
qu'ils preu oient d'autre nourriture , Se
s'ils perfiftoient à s'en paflër, ils de-
venoîent maigres Se incapables de con-
tinuer le même exercice.
Les Modernes , avec Gu-ien,
conviennent que la chair de Cochon
peut être fort nourriuante Se fort falu-
taire aux perfonnes faites à la fati-
gue & au travail , pareequ'il leur faut
un aliment folide, Se qui ne fe diffipe
pas aifément : mais ils font bien éloi-
gnés de croire qu'il foit en général
falutaire. Us font même perfuadés
qu'on doit en ufer très-fobrement. Paf-
fbns aux Porcs étrangers.
PORCS DU CAP DE BONNE-
ESPÉRANCE: Il y a dans les Co-
lonies du Cap quatre fortes de Tores.
Les deux premières font apprivoises
Se domeftiques, Se y ont été amenées
de dehors: les unes viennent d'Euro-
pe Se les autres de Java. Je ne parlerai
53 ^ P O R
point des premières. 11 iùffit de décrire
ceux de Java Se les deux autres efpeces
■qui font fàuvages.
Les Porcs apportés de Java ont les
jambes fort courtes. Ils font noirs Se
Sans foies. Leur ventre eft fort gros ,
& pend jufqu'à terre. Il s'en faut beau-
-coup que leur graiffe n'ait la contiftan.-
ce qu'a celle des Porcs d'Europe. Lorf-
t^u'on fufpend une pièce de cet animal,
4a graitTe en tombe en fort peu de temps :
ciullî n'a-t-on garde d'en mettre pour
iecher. La chair en eft très-bonne à
manger.
On donne le nom de Porc faiwage
à l'une des deux autres efpeces dont
■on a d'abord parlé. On n'en voit que
rarement dans les contrées qu'occupent
les Hottentots. Comme il y a peu de
■bois, qui font leurs retraites ordinai-
res , ils ne font pas tentés d'y venir :
d'ailleurs les Lions , les Tigres Se au-
tres animaux de proie les détruifent fi
bien, qu'ils ne fauroient beaucoup mul-
tiplier.
La quatrième efpece fe nomme Porc
■de terre. Il reiïemble allez aux Porcs
rouges , qui fe voyent communément
■en quelques endroits de l'Europe :
îl a feulement la tête plus longue & le
•grouin plus pointu. Il n'a absolument
point de dents , Se fes foies ne font pas
li fortes. La terre lui fert de demeure.
11 s'y creufe une grotte, ouvrage qu'il
fait avec beaucoup de vivacité Se de
promptitude , & s'il a feulement la
tête Se les pieds de devant dans la ter-
re, il s'y cn-mponne fi bien, que l'hom-
me le plus robufte ne fauroitl'en arra-
cher. Lorfqu'il a fa'm , il va chercher
une foLirmilliere. Dès qu'il a fait cette
-découverte, il regarde autour de lui ,
pour voir fi tout eft tranquille Se s'il
n'y a point de danger. Il ne mange ja-
mais lans avoir pris cette précaution :
alors il fe couche , 8e plaçant fon
grouin tout pris de la fourmiiiiere , il
tire la langue tant qu'il peut. Les
Fourmis montent deffus en foule , &
-uis qu'elle -en eft bien couverte , il Ja
P O îl
retire Se les gobe toutes. Ce jeu fa
recommence plufieurs fois , jufqu'à ce
qu'il foit raftafié , & afin de lui pro-
curer plus aifément cette nourriture, la
Nature, Toujours fage Se prévoyante,
a fait en forte que la partie fupérieure
de cette langue , qui doit recevoir les
Fourmis , foit toujours couverte , Se
comme enduite d'une matière vlfqueu-
fe Se gluante , qui empêche ces foi-
bies animaux de s'en retourner , lorf-
qu'une fois leurs jambes y font em-
pêtrées : c'eft-là leur manière de man-
der. Ces Porcs ont ia chair de fort
bon goût , & très -faine. Les Euro-
péens Se les Hottentots vont fouvetn à
la chaffe de ces animaux. Rien n'eft
plus facile que de les tuer : il ne faut
que leur donner un petit coup de bâ-
ton fur la tête. Voilà ce que rapporta
KoiBEi Dcfcrïpt. du Cap de Bormc-
Efpérance , Tome I IL c. 5. p. 48.
Le pays de la côte d'Or ne manque
point de Porcs ou de Cochons. Ceux
qui font nourris par les Nègres ont la
chair fade Se défagréable , au-lieu que
la nourriture qu'ils reçoivent des Hol-
landois leur donne une qualité fort
différente. Cependant les meilleurs
if approchent point de ceux du Royau-
me de Jui Ja , qui furpaifent même lès
Porcs de l'Europe pour la déiicateile
& la fermeté. A r. t h u s dit que ces
animaux fe nomment Ebbio dans le
pays. Ils font d'une moyenne gran-
deur , & d'une fort bonne nourri-
ture.
Dans Plfle de Madagafcar les Porcs
[auvages Se les privés font fort com-
muns.
Le Pere Labat dit que l'on trouve
en Amérique deux différentes fortes de
Porcs f.iuvages, ou Cochons marons,
dont les premiers qui viennent de race
Efpagnole , c'eft-à-dire ceux que les
Efpagnols y mirent dans les commen-
cemens de leurs découvertes , font
courts Se rare a lies. Ils en: la tête grofls
Se le grouin court • leurs défenfes font
-longues : ils ont les jambes de devant
POR
plus courtes , prefque d'un tiers » que
celles de derrière. Leur poil eft long,
noir Se rude. Ils courent bien mieux
dans les plaines , qu'en montant ou en
defeendant. Ils fe défendent vigoureu-
fement Se avec fureur contre les
ChafTeurs Se les Chiens , & ils font
extrêmement dangereux, quandiis font
blefTés,
La féconde efpece vient de Porcs
domeftiques , qui fe font échappés des
parcs où on les nourriffoit. Ils ne diffé-
rent en rien de ceux de France , d'où
leurs ancêtres ont été apportés , Se il
ne paroît pas que ces deux efpeces fe
foient mêlées. Quoi qu'il en ibir , on
leur donne à tous , dit le Pere La bat ,
le nom de Porcs , ou de Cochons ma-
tons , c'eft-à-dire Sauvages , comme
on le donne aux Nègres qui fe fau-
vent de la maifon de leurs Maîtres
pour vivre en liberté dans les bois.
Les Vaiffeaux François qui ont tou-
ché aux Ifles en revenant de Siam Se
de la Chine y ont apporté une autre
efpece de Porcs qui ont les jambes fort
courtes , très-peu de poil , Se le ven-
tre très-gros , de manière que celui
des Truies traîne à terre, quand elles
font pleines. La taille de ces animaux
a tant de reiTemblance avec celle des
Porcs de la Chine , que le Pere L E
Comte nous a donnée dans fa Def-
cription ds la Chine, qu'il mefemble,
dit le Pere Labat, qu'on les de-
vroit plutôt appeller Porcs de la Chine
que Porcs de Siam , comme on fait aux
lÛes : au refte , ils ont la tête Se le
grouin fort courts. Leur queue toute
droite tombe vers la terre perpendi-
culairement , & a un mouvement per-
pétuel comme la lentille d'une hor-
loge. Comme ils ont plus de graiffe
que de chair , ils ne font meilleurs
que lorfqu'ils font plus vieux. Leur
chair eft délicate Se fort blanche. Ces
animaux multiplient confidérablement.
L'on n'a jamais vû manger d'ordures
aux Porcs des Ifles , comme font ceux
des autres pays du monde. Ceft un
Tome IU,
POR 537
proverbe en Amérique , & l'expérien-
ce le confirme tous les jours , que le
Cochon de lait , la Volaille d'Inde , &
le Pigeonneau font meilleurs aux Ifles
qu'en aucune autre contrée ; mais je
ne fuis pas aflez habile Connoifleur ,
dit le Pere Labat , pour décider là-
deifus,
PORC DE GUINÉE. Voyez
COCHON DE GUINÉE.
PORC DE RI VI ERE: Ceft
le Capybara , nommé Câblai à Cayen-
ne. Voyez CAB1AI.
PORCS DE LTSLE DE
TABAGO, or* autres ljles voiftnes.
Ces animaux ont une chofe fort re-
marquable , c'eft un évent ou un cer-
tain trou fur les reins , où l'on pour-
roit aifement fourrer le petit doigta
Ces fortes de Porcs refpirent par cet
endroit , ce qui fait qu'ils ont l'halei-
ne plus forte , Se qu'ils réfiftent à la
courfe plus long-temps. Ils donnent
bien dq la peine à ceux qui les chaiTent.
Les habitans de ces Ifles fe nourriffent
par ménage de ces animaux , 8e il n'y
a gueres d'habitation bien réglée , oh
l'on n'en élevé fouvent. Il n'en coûte
que la peine d'un Nègre , qui leur
donne tous les jours une braifée ou
deux de Patates dans leurs parcs , qui
font des clos quarrés faits d'arbres cou-
chés les uns fur les autres.
Les Pores , ou Cochons de l'Ifle de
Cayenne , font de différentes efpeces :
les uns font des animaux terreftres ,
les autres font des amphibies.
Le premier eft un grand Cochon noir,
nommé en Latin Sus major nig^er , Ca~
tervarius par M. B À hkjeke, Hifl.
Nat. de la France Équ'tn. p. 1 60.
Le fécond , nommé Tapir 8e May-
poury dans le pays , en Latin Sus aqua-
ticus multifulcHS , eft le Tapiicretc du
Bréfil, félon Marc Gkave , Se peut-
être le Viutlus marinus de Jonston.
C'eft un animal amphibie , qui refte
plus fouvent dans l'eau que fur la
terre, où il va de temps en temps brou-
ter l'herbe la plus tendre. Il a le poil
Yyy
Sî 8 POR
fort court , mêlé de blanc Se de fion"
en manière de bandes , qui s'étendent
en long depuis la tête jufqu'àla queue.
Il fiffle comme un Y fard : il femble
tenir un peu du Mulet & du Cochon.
On voit des Manypouris , comme le
prononcent quelques-uns , dans la ri-
vière d'Ouyapok, La viande de ces
animaux eft grolfiere Se d'un goût-défa-
^réable.
Le troifieme , nommé Sus maximus
falufiris , eft le Porcus fiuviatilis du
Bréftl , félon Jonston , nommé Ca-
pybara par Marc Grave , & Cabiai
à Cayenne. Le Cabiai , nommé aufli
Cabionara , eft un animal amphibie qui
habite ordinairement dans les maréca-
ges. Il vit de poiiïbns , de fruits , de can-
nes à fucre, &c'eftpourluiun manger
délicieux. Voyez aux mots CAP Y-
BARA & CABIAI.
Le quatrième , nommé Sus mini-
mus , Jylvaticus , dorfo lineâ aïba no-
tato , eft le Patyra de Cayenne. 11 a
line raie blanche , depuis la tête juf-
qu'à la queue , ce qui le dîftingue des
autres efpeces de Cochons , dit l'Au-
teur.
Le cinquième , nommé Cochon à col
blanc , en Latin Sus minor , Jylvaticus ,
fubfulvus, collo aïbo , eft très-féroce Se
très-dangereux.
Le fixieme , nommé Cochon noir ,
en Latin Sus minor, umbilico in dorfo ,
eft le Tajacu de Marc Grave,
Il a fur le dos, près de la région lom-
baire , une petite poche ou efpece de
foupirail , d'environ un pouce & demi
de profondeur , entre le cuir & les
mufcles , qui fert d'égoût à une hu-
meur ou matière onctueufe , qui eft
d'une odeur défagréable, qu'on appelle
improprement dans le pays Muj'c .Cette
efpece de Cochon s'attroupe ordinaire-
ment , 8c va par bandes quelquefois
au nombre de mille. Je le crois le même
animal que celui de l'Ifle de Tabago»
dont j'ai parlé plus haut.
* Ce poiiïbn eft nommé en Grec X»7p«< ,
félon Siaaïoh, 5c eu Latin il poite le
POR
PORC DE MER*: A rte Dr
( Ichth. Part. V. p. 114, ) nomme ce
poiffondemerGïpï-îycwj'. C'eftleKawpsç
d'A RISTOTE & d' A T H É N É E ; lg
Su? d'E lien & d'O P r 1 F. N ; le Sus
d'O vide; YAper de G a z a ■ i e
Capcr de P l 1 n e & de S al v ie n* ! e
Caper Caprifcus d'A ldrovande,
de Jonston, de Charleton
de G e s N e r , de W 1 l l u g h b y , de*
R a y , & le Pefce Baleftra des Italiens.
C'eft un poilTon , dit Rondelet
CL. V. c. 26. ) , rond & applati. Ses
écailles tiennent fi fort fur la peau ,
que les Ebéniftes & les Menuifiers s'en
fervent pour polir leur bois. Ses dents
font fortes Se aiguës : fes yeux font
ronds. Près des ouies il a une petite
fente Se une petite nageoire de chaque
côté. Il porte fur le dos trois aiguillons
droits , rudes Se forts , qui tiennent à
fa peau. Ses parties intérieures font
femblables à celles de la Dorade. Son
foie eft plus blanc. Il n'y a point de
poilTons qui ait les écailles plus dures,
Sa peau eft impénétrable. Il n'y en a
point auffi qui foit armé de dents plus
fortes. Sa chair a une mauvaife odeur,
eft dure Se de difficile digeftion. Ron-
delet croit que ce poiffon eft celui
que S t r a b o N met entre les poidons
du Nil , quand il dit que les Croco-
diles ne font point de mal aux Porcs
du Nil, pareequ'ils font ronds & ar-
més de pointes près de la tête. Il y a
le Sanglier marin , mais nous en ferons
mention en fon lieu.
Ceux qui ont écrit fur le Cochon de mer
font Aristote, L. IL c. 13. & L. IV. c. 9,
Athénée, L. VIII, />. 331. &L. VIL f. ifi.
40. & f. 163. & L. XII. c. 16. fous ie
nom de ; Diphile en parle , dans
Athénée, L. III. f. 177- îî.Str a bo»,
Georg. L.XVII.f. 181, fuivant le fentirneni
de Rondelet ; O F F 1 en, Hat. L. I. f. 109,
37. Epicharme dans Athénée , L. VII. f , 3 16.
Ovide , Hal. Gesker, de Aquat. p. S85 1 .
AlDROViNDE, L. IV. C. l£j. JûJISTON)
L. IL th. 1. c, 6, t. Z3. n. 7. C h a a 1. 1 t o n,
Onom. p. 151. WiLiiicHBy,;. 1 jï, &
Ray., p. 47.
nom de Porcus , ou Sus marinas ; en Sicile »
celui de Perce.
POR
Il y a plufieurs autres poûTons, qui
ont le nom de Perçus- marinier , ou de
Sus marinus chez les Naturalift.es; les
uns à caufe de leur graiffe , les autres
pareequ'ils grognent comme des Co-
chons de terre s d'autres à caufe des na-
geoires qu'ils ont fur le dos , & qui
dreflees , reifemblent à des foies de
Cochon. Rondelet(L. ///. c . S.),
entr'autres Auteurs qui ont écrit fur
lespoiflbns , parle d'un Cochon marin ,
nommé par quelques-uns Bernadet ;
par d'autres Renard s par d'autres en-
core Humantin ; en Provence & en
Languedoc Porc , Se qu'An tedi met
dans le genre des Squales. Ce dernier
lui donne le nom de Squalus pinna
ani carens , anibitu çorporis triangidato.
C'eft la Kêvfl/j/v» d'ÉLiEN, d' Athénée
&d'OppiEN ; la Centrina de Salvien,
de G E S N E R & d'ALDROVANDE ; la
Centime de Jonston, deWiLLUGHBY
Se de R a Y ; la Vulpecula de B E L o N ,
Se le PefcePorco des Italiens. Aristote
Se P l i n E n'en font point mention.
Athénée le met au rang des Chiens
de mer. Selon Rondelet, il eft gros,
court , épais , fait en triangle , couvert
d'une peau fort dure,Sc hérifté de beau-
coup d'aiguillons courts 8c forts, fur-
tout ceux de la tête & du dos. Sa cou-
leur eft cendrée , tirant fur le noir. Sa
tête eft petite Se ferrée; fes yeux font
grands, Se la prunelle en eft verte &
brillante comme du verre. Il a deux
trous à côté des yeux , qui lui fervent
pour entendre ; deux autres au-devant
au-lieu de narines , Se les ouïes à côté ,
comme les Chiens de mer. Sa gueule
eft grande ; la mâchoire fupérîeure eft
armée de trois rangs de dents ; l'infé-
rieure eft armée d'un rang feulement:
les dents font longues 8c pointues. Il
a l'eftomac long, les boyaux larges;
le foie gras, divifé en deux lobes; le
fiel blanc ; la rate divifée en deux ,
de couleur de chair. Il fait vingt œufs,
auffi gros que les moyens œufs d'une
Poule. 11 nage en fendant l'eau 8c vit
dans la bourbe. Il a la chair fi dure ,
qu'on a de la peine à la couper & à la
féparer de la peau. Elle fent très-
mauvais.
Ce poilfon eft la Centrina des An-
ciens , ainfi nommé du mot Kmpo" >
qui veut dire aiguillon , dit O p p i e n.
Ceci eft confirmé par Athénée, qui
dit que la chair de ce poilfon eft une
très - mauvaife nourriture : elle fent
mauvais , ajoute-t-il , Se l'on connoîc
cet animal à un aiguillon qu'il a à la
nageoire près de la tête. Le Chien de
mer nommé Aiguillât a la même mar-
que ; mais il en a une autre qui le
diftingue , c'eft celle d'engendrer fes
petits vivans , au-lieu que le Cochon de
mer , nommé Centrine , fait des œufa
feulement.
Quelques-uns ont pris ce poiflfort
pour le Vulpes marina , ou le Renard
marin , & ils fe font trompés ,. dit
R o N D e L E T. Le Renard marin ,
comme le Chien de mer , eft de dîverfes
couleurs , félon Athénée. Il fait
trois petits pour le plus , qu'il reçoit
dans fa gorge , ce que ne peut pas
faire ce Porc de mer, qui blelferoit les
petits qui entreroient & fortiroient de
fa gueule. Sa chair eft plutôt nerveufè
que charnue. On dit que le foie de ce
poiifon fe fond en huile. On prétend
que cette huile peut fervir en Méde-
cine pour amollir la dureté du foie de
l'homme , Se qu'elle peut auifi fervir
à brûler. Son fiel , avec du miel , eft
bon contre les cataractes. Les Ouvriers
fe fervent de fa peau pour polir. La
cendre de cette peau , félon Ron-
delet, guérit de la teigne ; mais
R u y s C h ajoute que la cendre du
foie de cet animal excite violemment
les urines. Ce dernier Auteur parle
de la Mola de Salvien fous le nom
de Porc marin. Voyez au mot MOLE ,
p. ioo. de ce Volume.
R u y s c h parle encore d'un autre
poiffon, qui a la figure d'un Pot, de
forme ronde , qui a une peau de Co~
chon , des yeux petits , des pieds tor-
tus , des ouïes auITi longues que le
54<> POR
bras , Se une queue fort longue Se aflez
large.
On pêche des Porcs de mer dans les
Antilles : ils donnent aux Pêcheurs
beaucoup d'exercice. Ils ont l'adreffe
de ronger toutes les amorces , & Ton
tire cent fois la ligne , à laquelle l'on
trouve l'hameçon dépouillé autant de
fois. Il eft très-particulier dans la for-
me. Il femble que ce foient trois car-
tons pointus , appliqués les uns contre
les autres , en manière de triangle ,
dont le haut n'aboutit pas tout-à-fait
jufqu'à la gueule : au-defTus il y a un
petit creux , où font les yeux, Leur
prunelle eft bleue , Se environnée d'un
cercle jaune. DefTous les yeux fort
un petit bec qui fait la gueule , dans
laquelle il y a deux rangs de petites
dents. Tout fon corps eft couvert d'une
peau grife , jaune , Se toute parfemée
de petites étoiles dorées ; ce qui le fait
paroître dans l'eau, auflî beau qu'une
Dorade. Il n'y a prefque rien à man-
ger dans ce pohTon , qu'un petit moi-
gnon de queue , qui eft à la fin de ce
triangle , Se auifi dur que s'il étoit de
carton.
Il y a aux Indes Orientales plufieurs
poifTons , auxquels Ruysch donne le
nom de Porc marin. Voyez la Colletiion
des Poiffons d'Amboine.
PORC-ÉPI C, animal que les
Anciens ont confondu avec l'Hériiïbn ,
c'eft- à-dire qu'ils ont mis du même
genre , à caufe des piquans ou aiguil-
lons dont l'un Se l'autre font couverts.
Le nom du genre eft Echinas , ou Echi-
nus. Le Porc -Epie eft appelle Hyfirix
par les Grecs Se par les Latins. Le
caraftere de ce genre d'animaux , félon
M, Brisson , p. 1 2 5. eft d'avoir deux
dents incifi ves , point de dents canines ,
les doigts onguiculés Se des piquans fur
le corps. Les dents incifives de toutes
les efpeces de ce genre font continues
& tranchantes. M.Linnj.us ( Syfi.
Nat. Edu. 6. g. 17.) place le Porc-
Epic dans l'ordre des Glires. M.Klein
( Difp. Quad. p. C5 . ) ne fait qu'un mê-
P O R
me genre du Hériflbn & du Porc-Epic t
qu'il place dans la famille des Penta-
dacryles. Il y a plufieurs efpeces de
Porcs - Epies , favoir le Porc - Epie
d'Afrique , qui eft le même que celui
de Sumatra Se de Java ; le Porc-Epia
de la Nouvelle Efpagne ; le Porc-
Epic de la Baye de Hudlbn ; le Porc-
Epic d'Amérique ; le grand Porc-Epiç
d'Amérique , & le Porc-Epic des In-
des Orientales.
PORC-ÉPIC D'AFRIQUE,
en Latin Hyftrix capite crifiato , nom-
mé par M.Linn* us {g. 17.jp. 1. ),
Hyfirix manibus letradatiylis , plantis
pentadatiylis , capite crifiato. Cet ani-
mal eft V Hyfirix des Natura liftes ,
comme de G e s n e R (Qttad. p. C3 1.),
d'Ar.DRovANDE (Qitad. Digit.Vivip.
p. 471.), de Jonston ( Qiiad.
p. 1 19. ) , de R A y ( Synop. {[uad,
p. 206. ) j de Charleton ( Exercit.
p. 1 0. Muf. Worm. p. 3 3 5 l'Acambion
criftatus de M. Klein ( Qitad. p. 66. ) •
le Porc-Epic de Kolbe ( Tome 111.
p. 44. ) , Se des Mémoires de P Académie
des Sciences , Tome III. Partie IL p. 3 3 .
& enfin le Porc-Epic panaché des Indes
Orientales , de S e b a , Thef. I. p. 79.
Tab. si.fig. 1.
Cet animal , dit M. Brisson, a
deux pieds Se demi de long , depuis
le mufeau jufqu'à l'anus. Les jambes
font fort courtes : celles de devant n'ont
que quatre pouces depuis le ventre
jufqu'à terre , & celles de derrière fix.
Sa tête a cinq pouces de long. Sa lèvre
fupérieure eft fendue , comme celle
d'un Lièvre. Ses yeux font petits. Ses
oreilles reftemblent à celles de l'hom-
me. Cet animal n'a point de queue,
Plufieurs Auteurs ne lui donnent que
quatre doigts aux pieds de devant ;
mais il y a au cabinet du Roi deux
fquelettes de cet animal , dont un a
cinq doigts aux pieds de devant, &
l'autre n'en a que quatre. Un des doigts
de devant eft fort petit : il n'y a que
l'ongle qui paroît en dehors. Le dos
& les côtés forte couverts de piquans
POR
un peu courbes , comme des alênes
pointus de différentes longueurs & de
différentes grofleurs , variés de blanc
Si de brun noirâtre. Il y en a de tout-à-
fait blancs : les plus gros font les moins
longs : ils ont depuis ilx jufqu'à douze
pouces : les autres ont quinze pouces
&font flexibles. Il a fur le derrière de
la tête Se du col une efpece de pana-
che , formé de quantité de piquans
fort déliés Se flexibles , aiïez fembla-
bles aux foies de Sanglier & de lon-
gueur inégale , quelques - uns ayant
un pied de long , dont la moitié vers
la racine eft blanche dans certains ,
Se le refte gris , Se dans d'autres tout
au contraire. La poitrine Se le ventre
font couverts de foies à-peu-près pa-
reilles.
On volt dans les Mémoires' de l'A-
cadémie , Tome III. Partie II. p. 33.
donnés en 1 ô'ô'ô'. une defeription anato-
mique de fix Porcs-Epics venus d'Afri-
que. Leur mufeau reflembloit à celui
d'un Lîevre , Se leur lèvre fupérieure
étoît fendue. Le plus grand de ces
Porcs-Epics avoit deux pieds & demi de
long, depuis le mufeau jufqu'au coc-
cyx. La plupart des autres n'avoient
qu'un pied & demi. Ils avoient tous
les pieds fort courts. Ceux de devant
dans le plus grand n'avoient que qua-
tre pouces , depuis le ventre jufqu'à.
terre , Se ceux de derrière que fix. Le
col avoit cinq pouces de longueur, Se
la tête autant. Les piquans dont eft
couvert cet animal lui ont donné le
nom qu'il porte. Les Italiens , les Es-
pagnols , & les Anglois lui ont donné
un nom , qui fignifie en notre langue
Porte-Epines , & nous l'appelions Porc-
Epic , peut-être à caufe de la reflem-
blance que les piquans de cet animal
ont avec les barbes de l'épi de bled.
Le Porc-Epic que je viens de décrire ,
d'après M. B a 1 s s o n , eft le même
animal que celui auquel Seba donne
le nom de Porc-Epic Oriental panaché ,
dont diverfes efpeces , dit -il. Celui
dont il fait mention naît à Sumatra ou
P O R 54 i
à Java. Il en parle en ces termes. Soit
corps eft revêtu d'aiguillons pointus ,
longs , recourbés comme des alênes ,
diftingués en partie par des taches
blanches , ou d'un brun qui tire fur le
noir , en partie par quantité de lignes
tranfverfales de couleur blanchâtre ,
ou brunes Se noires à l'extrémité. Ces
aiguillons font enracinés dans une peau
épaiffe , où ils paroiffent rangés à la
façon des plumes des oifeaux. Cette
efpece de Porc-Epic a fur la tête un
beau panache , compofé de foies gran-
des Se petites , dont les plus grandes ,
dans la figure que Seba en donn - ,
repréfentées à la lettre A. font recour-
bées au-defTus & comme fendues par
derrière en plufieurs pointes. Ces foies
au milieu font larges & applaties , roi-
des Se dures , profondément fichées
dans la tête, Se toutes accompagnées
d'autres foies plus petites, ce qui eft
fort joli à la vue. La poitrine Se le ven-
tre de ce Porc-Epic font garnis de Sem-
blables foies. Les pieds font couverts
de foies plus petites , qui pendent en
bas & relfernblent affez à des poils. Il
a les jambes petites Se les pieds courts :
ceux de devant font armés de quatre
ongles recourbés, & ceux de derrière
Seulement de trois. Sa tête quoique
grofle paroît petite , & Son muSeau eft
obtus comme celui de quelques Chiens,
Se couvert de poils longs Se piquans.
La partie antérieure de Sa tête eft ra-
maflée , prefque ronde : fes yeux font
grands, pleins de feu, Il n'a point de
dents à la mâchoire fupérieure , mais
il en a de grandes Se de larges à la mâ-
choire inférieure. Il ne lui paroît point
de queue.
Quand ces animaux font irrités , ils
enflent tout leur corps de rage , dref-
Sent leurs aiguillons , Se peuvent quel-
quefois en décocher quelques-uns par
la forte expanfion qu'ils font de leur
peau. Quoiqu'ils foient faciles à mettre
en colère , ils ne font pourtant pas mé-
dians Se ne mordent ni ne bleiTent
perfonne , à moins qu'ils n'en ayen;
y 4 s POR
été auparavant harcelés : alors ft l*on
touche leur corps , ce qu'ils peuvent
encore moins fouffrir , on les voit étin-
celans de fureur. Cela ne viendroit-il
pas , dit Seba, de ce qu'ils ont la
véficule du fiel très-grofTe, Se de ce
qu'ils refTentent une fenfatïon doulou-
reuiè au moindre attouchement de
leurs aiguillons , d'où fe répand bien-
tôt la bile par tout le corps , comme il
eft aifé de le concevoir? Certainement
l'on voitfouvent que la bile étant ref-
ferrée quelque part , elle y produit des
concrétions pierreufes , de la même
manière quefe forment des pierres dans
la vefiie Se dans la véficule du fiel de
ce Porc - Epie. M. Il A u , Profeffeur
en Anatomie à Leyde , montra un
jour à Seba un follicule membraneux ,
qu'il a voit tiré lui-même de la véfi-
cule d'une femme , & qui contenoit
quinze pierres , de la grandeur d'un
Pois : elles étoîent très - compactes >
entrecoupées de quantité d'angles , &
me reffemblant pas mal à des grains de
Grenade, Tant que ces pierres étoient
renfermées dans leur membrane Se en-
vironnées d'un liquide qui ne circuloit
pas , elles demeuroîent étroitement
unies enfemble , mais étant feches ,
elles fe diflolvoient d'elles-mêmes.
Le ProfefTeur lui fit préfent de fix de
ces pierres. Il les examina après les
avoir fait fécher , Se il les trouva exté-
rieurement, ( la première croûte étant
ôtée par le frottement ) , d'un bai
rouge foncé , Se intérieurement d'un
roux jaune. Les pierres du Porc-Epic ,
qui fe trouvent dans la véficule du fiel ,
font le plus fouvent rondes Se quel-
quefois d'une figure ovale plate. Cel-
les qui font d'un roux clair panent
pour les meilleures de toutes. Ceux
oui ont apporté en Hollande cette
efpece de Porcs - Epies , difent qu'ils
ont quelquefois , quoique rarement ,
des pierres toutes de fiel , qui font
d'un brun couvert , allez ameres ,
très-molles Se très-friables , faciles à
diffoudre , d'ailleurs n'ayant point une
POR
auflî grande vertu que celle du Porc*.
Epie de Malacca, qui eft, dit S e b a ,
le véritable Porc-Epic de Java , dé
Sumatra & principalement de Malac-
ca , qui forme de fon fiel cette précieux
fe pierre dont on fe fert en Médecine.
Il ne la produit pas constamment , mais,
par une caufe morbifique , ainfi qu'il
arrive dans les autres animaux 8c dans
l'homme. Tout le deflùs de fon corps
eft hérifTé d'aiguillons droits & piquans
comme des alênes de différentes lon-
gueurs, ayant depuis un pouce jufqu'à
un demi-pied. Ces aiguillons pouffent
hors de la peau & font le plus fouvent
difpofés en ordre Se par rangs. Ils font
colorés en partie de blanc & de noir,
en partie de blanc Se de rouffàtrc, Se
femblent former comme des efpeces
de nœuds. Les efpaces vuides entre
ces aiguillons font remplis de poils dé-
liés, longs Scfoyeux. Sa tête eitoblon-
gue , couverte d'un poil court. Ses
oreilles font pendantes & prefque pe-
lées , comme celles des Pourceaux
d'Hollande. Il a un mufeau de Co-
chon, garni de dents en haut & en bas.
Ses yeux font grands Se brillans. Le
poil de fes jambes Se de fes pieds en:
court , piquant & épais. Ses pieds font
fendus en quatre doigts , armés d'on-
gles courts.
Plufieurs Ecrivains , par exemple
Jonston , Valentin, &c. affurent
mal-à-propos que cet animal a les
pieds de devant faits comme ceux du
Taiffon, Se les pieds de derrière com-
me ceux de l'Ours. L'hîftoire qu'en,
donne Valent in n'eft pas jufte ,
dit S e b A. Au refte l'Afrique produit
la même efpece de Porcs-Epics dont
il s'agit ici * mais ils font beau coup plus
petits Se ont rarement ces pierres for-
mées de fiel. Seba a aufil fait figurer
deux petits Porcs-Epics de Malacca ,
l'un couché fur le ventre , & l'autre
fur le dos. Tous les deux ont encore le
ventre , les jambes & les pieds defti-
tués de poils; mais il paraît déjà fur
le dos des piquans courts , pointus
FOR
eorrttwe dans nos Hériffons , d'une cou-
leur ou tout-à-fait blanchâtre , ou tirant
for le roux. Leur queue eft mince ,
courte Se ians pointes. Le mâle a par
derrière , au-deflTus de l'os facrum une
élévation, dont les piquans qui l'en-
vironnent cachent la vue. C'eft une
chofe remarquable que la femelle fe
couche fur le dos quand elle veut s'ac-
coupler avec fon mâle , pareeque les
piquans qui pendent d'en haut & fort
bas l'empêchent de fe joindre à la
manière des autres Quadrupèdes, ainfi
que le témoignent les Voyageurs , Se
que la raifon même le dicïe. Thef. I.
lab. Kl. n. i.
PORC-ÉPIC DE LA NOU-
VELLE-ESPAGNE , en Latin Hyf-
trix Novœ Hi(pani& aculeis apparenti-
bus , caudâ Irevi & crajjâ : G' eft le
Hoitz.lacuatT.in, ou Tlacuatzàn fpino-
fum d'H ernandez, Hifi. Mex.
p. & de N I E R E M B E R G., p. I 34.
Les figures que ces deux Écrivains
donnent de cette efpece de Porc-Epic
eft paftable. On le trouve très-fouvent
fur les montagnes dans la Nouvelle-
Elpagne. Il eft de la grandeur d'un
Chien d'une moyenne taille. Tout fon
corps , excepté le ventre Se les jambes ,
eft couvert de piquans très - aigus ,
longs de trois pouces , menus , variés
de blanc Se de jaune , avec la pointe
noire. Parmi ces piquans , excepté à
la tête , font quelques poils noirs, ter-
minés par un peu de blanc , Se doux
au toucher. La queue eft courte Se
grofïe : elle n'a point de piquans de-
puis la moitié de fa longueur jufqu'à
fon extrémité. Cette partie eft feule-
ment couverte de poils noirs, ainlî que
le ventre Se les jambes.
PORC-ÉPIC DE LA BAYE
D'HUDSON , nommé en Latin Hyf-
trix Hndjonir, aculeis fub pilis occultis ,
taitââ brevi & craffâ : C'eft le Cavia
Hudfonis de M. Klein , Qitad. p. 51.
de VHifloire de la Baye d'Hitdfon ,
Tome I. p. 56. d'E dtard, Tome I.
?■ 52. & le Porc-Epic de l'Amérique
POU 543
Septèntrionale de Catesby, Avptnd.
p. 30. Cet animal refTemble beaucoup
au Caftor, par fa taille Se par fa grof-
feur. Sa t.te eft allongée , comme
celle d'un Lxévre, Il a le nez plat , &
tout-a-fait couvert de poils courts 1
les oreilles très-courtes Se qui paroif-
fent àpeine au-defTus de la fourrure ;
les jambes courtes; des ongles longs
Se pointus , dont quatre font aux pieds
de devant , Se cinq à ceux de der-
rière; la queue d'une longueur mé-
diocre , Se afTez groffe , pl us épaiffe
vers le corps qu'à fon extrémité , qui
eft blanche en deftous. Tout fon corps
eft couvert de poils d'un brun obfcur ,
aftez doux au toucher, longs de qua-
tre pouces , plus courts cependant au-
tour de la tête Se proche des pattes ,
Se un peu plus longs fur le derrière de
la tête. Sous ces poils , fur la partie;
fupérieure de la tête , du corps Se de
la queue , font cachés des piquans
blancs , dont les pointes font noires 8c
très-aigues, Se dont les plus longs le
font de trois pouces. Outre ces poils
doux , comme on vient de le dire plus
haut, il y en a quelques-uns de beau-
coup plus longs , roides Se clair-femés,
dont le bout eft d'un blanc faie , ce
qui fait paraître la fourrure un peu
grifàtre en quelques endroits. Ce Porc-
Epic fait ordinairement fon nid fous
les racines des grands arbres , Se il
dort beaucoup. Il f e nourrit principa-
lement d'écorces d'arbres. 11 mange
de la neige en hiver , Se boit de l'eau
en été ; mais il a grand foin de ne
pas y entrer. Les Sauvages le man-
gent k Se. trouvent fa chair bienfaifànte
Se délïcieufe,
PORC-ÉPIC D'AMÉRIQUE ,
en Latin //yy?m- Americanus , caudâ
longiffimâ , tenui , medietate extremâ
aculeorum experte , nommé par M. Lik-
njeus ( Syfl. Nat. Edit. 6. g. ij.fp. 2.)
Hyflrix pedibus tetrddattylis , caudâ
exertâ, prehenfili , feminudâ. Rat en
parle, Synop. Quad.p. 208. CcikVHyf-
txix miner UucQpbms de M. Bar-
r e r e ( Hifi. Nat. de la France Équin.
p. !$■}■)> Se le Cuandu de Marc
Grave (Hifi. BrafiL p. 233. )> de
Pi s o n ( Hifi. Nat. p. 99- ) > & de
JoNSTON, QW. ï^£. 60.
11 eft appellé (/awn Cacbeiro par les
Portugais ; Efpinho , par P 1 s o N ;
Cuandu, par les Indiens; Gouandou,
par les Guianois. La longueur du corps
de ce Porc-Epic , depuis l'occiput juf-
qu'à la queue , eft d'environ un pied ;
celle de fa queue , d'un pied cinq pou-
ces ; celle des jambes de devant , d'en-
viron quatre pouces, Se celle des jam-
bes de derrière, d'un peu plus. Sa tête
eft petite ; fon mufeau eft allongé ; fes
yeux font ronds , élevés , Se brillans
comme des charbons ardens ; fes oreil-
les font petites & prefque cachées fous
les piquans , Se fes narines ouvertes.
Ses pieds approchent de ceux du Sin-
ge ; il n'a cependant que quatre doigts
à chaque pied , Se point de pouce.
Tout fon corps , excepté fes pieds, eft
couvert de piquans de trois ou quatre
pouces de longueur , Se ces piquans
font jaunes , depuis leur origine juf-
qu'à la moitié de leur longueur ; l'au-
tre moitié eft noire ou d'un brun roux ,
terminée par une pointe blanche Se
très-aigue. Les piquans qui couvrent
la tête Se les jambes font moins longs.
Il a autour des narines des poils longs
de trois ou quatre pouces , qui luï font
une barbe femblable à celle des Chats.
Sa queue n'a des piquans que depuis
fon origine jufqu'à la moitié de fa
longueur : l'autre moitié n'eft cou-
verte que de quelques poils , fembla-
bles aux foies de Cochon , Se très-
clair-femés.
Il y a encore un plus grand Porc-
'Epie d'Amérique , nommé aufli par M.
B R 1 s s o N , Hyfirix Americanus ,
caudâ longijjimà , temii , medietate ex-
tremâ aculcorum experte. Il ne dif-
fère du précédent, que pareequ'il eft
plus grand. C'eft V Hyfirix longius eau-
datas, breviorilmf aculeis, de M. Bar-
B e r e C Hifi. Nat. de la France Êquin.
P O R
p. 153.) ? ^Hyfirix de Bontius
(Ind. Orient, p. 54.), Se le Cuandit
major de Pison , Hifi. Nat. p. 324.
Le Porc-Epic à la Louifiane eft gros
Se beau , dit M. le Page du Pratz.
On en volt beaucoup vers les Illinois ,
à cinq lieues de la mer , fuivant le
fleuve de Saint Louis , pareeque dans
cette partie de la Colonie , il y fait-
plus froid qu'au bas du fleuve, Se il y
a plus de fruit pour les nourrir. Les
Indiens , ou les Naturels du pays , que
la néceifité a rendus induftrieux , font
des ouvrages affez jolis , avec la peau
du Porc-Epic , qui eft en partie blan-
che , Se en partie brune. Ils teignent
une partie du blanc en jaune , l'autre
partie en rouge , Se le brun en noir ■
avec ce blanc , ce noir , ce jaune Se ce
rouge , qu'ils coupent, ils en bordent
quelques peaux de Chevreuil, ou bien
quelques boé'tes faites avec une écor-
ce de bois très-fine Se unie. Ils en or-
nent aufll des cabinets ou autres ou-
vrages.
Il y a auûî des Porcs-Epics dans Is
Canada. Ce font probablement , dît
M. de Réaumur, deux efpeces
différentes, Se peut-être auftî diffé-
rentes entre elles , qu'elles le font
l'une Se l'autre de notre Hériflon. On
trouve dans les Mémoires de l'Acadé-
mie des Sciences , ïjij. p. 383. des
Obfervations de cet Académicien fur
le Porc- Epie du Canada, extraites de
Mémoires Se de Lettres de M. S a r-
r a z 1 n , Médecin du Roi à Québec ,
Se Corrcfpondant de l'Académie.
Les Porcs-Epics de l'Amérique font
comparés pour la forme ou la figure ;i
une efpece de Rat , nommé le Siffieur ,
décrit par M. S a r r a z i n fous le nom
de Rat des Alpes. Il a trouvé à ceux
qu'il a difféqués dix T pouces , depuis
le mufeau jufqu'A la racine de la queue.
Ils étoient aufll grands que ceux d'A-
frique , mais ils n'avoient pas les pi-
quans fi longs. Outre ces différences
extérieures , ils en avoient d'intérieu-
res : c'eft ce quifuffir pour une diffé-
rence
P O R
Tence d'efpeces entre ces animaux .
qui paroifiènt fur-tout remarquables
par les mêmes piquans.
Le Porc-Epic du Canada eft de la
clafie des animaux qui rongent. Il fe
nourrit de l'écorce de toutes fortes
d'arbres vivans : il ne touche pointa
•celle du bois mort. Il aime celle des
Pins & des Cèdres du Canada , appel-
les Arbres de vie. Il paît aufli l'herbe.
Cet animal pefe communément depuis
quinze jufqu'i dix-huit livres, & les
Chaffeursqui en ont fourni à M. Sau-
ra z i N , ont affu ré qu'on en trouvok
encore de plus pefans.
Il y a fept différentes efpeces de poils
fur la peau de cet animal. Le premier
noir, Se excède tous les autres en
longueur. Le fécond eft blanc : ce font
ics piquans. Le troifieme compofe fes
piquans nailfans. Le quatrième eft roux,
i'riïé& épais fur la tête, Le cinquième
eft un peu plus roux , rude Se arrangé
le long des parties latérales de la queue.
Le fixiemeeftnoir , rude, placé autour
des parties naturelles Se feus la queue.
Le feptieme eft de couleur fauve ,
mollet, tirant fur le blanc , couvrant
la gorge, le ventre , & l'entre -deux
des cuîlTes.
Le Porc-Epic de l'Amérique , du
moins du Canada, eft un animal lourd.
11 paroît cm barraffé de fa peau , à cau-
fe qu'elle eft chargée d'un très-grand
nombre de piquans. Il n'y a point de
ChaiTeur, qui ne le joigne en peu de
temps à la courfe , Se qui ne l'affomme
d'un feul coup de hîton donné fur le
mufeau. Selon M.Sarrazin, ils
commencent à être rares en Canada,
où ils fe tiennent cachés dans les fo-
rêts les plus épaiifes Se les moins pra-
tiquables. Ils préfèrent les pays des ro-
chers Se des montagnes aux pays plats.
Les Pécands , les Ours Se les Carca-
joux leur font la guerre. S'ils ont le
temps de fe faifir de quelque arbre,
ils y grimpent, gagnent les plus pe-
tites branches , Se y laffent la patience
de leurs ennemis. Ils fe fauvent ea-
J'oms UL
Core dans les creux des arbres, dans
les cavernes , Se dans les trous des ro-
chers.
On prétend que le Porc-Epic ne
décoche point fes piquans ; mais ils
tiennent fi peu , qu'il eft impoflible ,
qu'en fe donnant des mouvemens vifs,
il ne s'en détache quelques-uns. Les
mêmes mouvemens qui les détachent
peuvent les porter à quelque diftance
de l'animal , dit M. de Réaumur.
La bieffùre des piquans du Porc-Epic
eft mortelle : ces piquans percent les
chairs , Se font périr. Les ChaiTeurs ne
manquent point d'ôter ceux qui pa-
roiiïent attachés à leurs Chiens , 3o:f-
qu'ils ont approché d'un Porc-Epic.
Ces ChaiTeurs , foit François , foit
Sauvages, prétendent que le Porc-
Epic vit douze à quinze ans. Selon eux ,
les mâles font furieux dans le temps
de leur amour , qui eft dans le mois de
Septembre. Ils le déchirent à belles
dents les uns les autres. La femelle
met ordinairement bas dans le courant
du mois d'Avril. Elle porte environ
fept mois ; elle ne fait qu'un petit à
chaque portée : elle ne l'alaite qu'en-
viron un mois ; il vit d'herbes , Se s'ac-
coutume peu-à-peu à fe nourrir d'é-
corces d'arbres.
Les Sauvages du Canada teignent
en rouge, en noir Se en jaune les pi-
quans du Porc-Epic. Ils en brodent
différentes fortes d'ouvrages d'écorces
d'arbr;s , comme des corbeilles de
diverfès grandeurs Se figures. Ils en
brodent auffi des braffelets Se des cein-
tures de cuirs , dont leurs femmes fe
parent. Ces broderies de piquans de
Porcs-Epics font fouvent très-bien fai-
tes , dit M. D £ Rëaumub , & ont
l'avantage d'être plus durables que
nos broderies de foie , Se même que
nos broderies d'or & d'argent. Ceci fe
rapporte avec ce que dit M. le Page
du Praiz du Porc-Epic de la Loui-
fiane ci-deffus rapporté.
Le Porc-Epic n'eft point un animal
rare au Cap de Bonne-Efpérance, Il a
Z z z
54"" P O R
P O R
environ deux pieds de hauteur & trois
de longueur. Tout fon corps eft armé
de pointes Se de piquans , qui ibnt en
partie noirs Se en partie blancs. Ils font
très-pointus , Se reffemblent beaucoup
aux plumes d'Oie que Fon a dépouil-
lées de leur duvet. Cet animal a auffi
far la tête quelques pointes, mais el-
les font plus petites. Celles qui s'élè-
vent fur fon dos ont environ fix pou-
ces de long , mais celles qui garnif-
fent les côtés font un peu plus cour-
tes : les plus longues font celles qu'il
a fur les parties de derrière. Ce font
auffi celles dont il fe fert pour les lan-
cer contre tout animal , foit homme ,
foit bête, qui le pourfuît: mais avant
que de fe fervir de fes armes , il attend
que fon ennemi foit fort près de lui.
Lorsqu'un de fes dards porte coup , il
entre dans les chairs , où il caufe une
grande douleur accompagnée d'inflam-
mation ; à moins qu'il ne foit en colère ,
fes piquans font couchés fur fon dos ;
mais eft-ii irrité, ils fe dreffent. Il a les
oreilles comme celles de l'homme. Sa
chair eft faine Se de bon goût ; mais
elle n'eft jamais fi bonne qu'après avoir
été iaiffée une couple de jours pendue
à la cheminée. Son corps dépouillé de
la peau , Se nettoyé des entrailles , pefe
une vingtaine de livres , dit K o l b e,
Dcj'cript. du Cap de Bonne-Efpcrance ,
Tome III. p. 5 2.
PORC-ÉPIC DES INDES
ORIENTALES, en Latin H,f
trix Orientait? , cauâa longlffma, acu-
leis undique obfitâ , in extremo panni-
çUlàia , nommé par M. L i n h & u s
(g- 1 7-JP-3 y> Hyftrix pedibuspen-
t-idaclyiis c.vtda exertâ ; & par M.
Klein (Dijp. Qttad. p. 6j.), Acan-
thion caudd prxloa^â , acutis pilis hor-
ridâ , in exitu qiiafï panniculaih. Ce
Porc-Epic , dit M. B r i s s o N , a le
corps gros Se court , là tête groffe , la
lèvre ftipérieure fendue comme celle
d'un Lièvre. Les yeux grands & bril-
lans , les oreilles petites , rondes , Se
nues intérieurement. Cet animai a une
fliouftache eompofée de poils longs Se
très- pointus. 11 a à chaque pied les
doigts armés d'ongles , gros Se aigus.
Ses pieds de derrière font plus longs
que ceux de devant , & reffemblent
affez à ceux de l'Ours. Tout fon corps
eft hériffé , jufqu'au bout des pieds ,
de piquans très-déliés Se très-aigus ;
ceux du défions du corps paroiOent être
de couleur diiférente , félon qu'ils re-
çoivent les rayons de la lumière. Sa
queue eft très - longue , Se couverte
d'un bout à l'autre de piquans ,' dont
ceux de l'extrémité font finguliers •
car ils femblent qu'ils font compofës
de nœuds attachés les uns au bout des
autres. Ces piquans ne font pas tous
de la même longueur , ni de la même
groffeur • mais joints enfcmble ils for-
ment comme une efpece d'épi.
Cet animal eft le Porc-Epic fauva-
e, ou Porc-Epic Oriental fingulier de
e b A , nommé en Latin Parais acu-
leatus fylvefiris , fwe Hyflrix Oriema-
lis fingularis. U en parle en ces termes:
C'eft une bêtefauvage & rare, Se juf-
qu'àpréfent peu connue. Son poil qui
diffère de celui du Porc-Epic ordinaire,
eft long , aiguifé & piquant comme une
aiguille. Tout fon corps jufqu'au bout
des pieds eft hériffé de poils durs ,
rudes, pointus, dont ceux du deffous
du corps jettent des couleurs différen-
tes, ftlon qu'ils reçoivent les rayons
de la lumière , ainfi qu'on vient de le
lire dans la defeription donnée par M,
B r i s s o n t . Cet animal a la tête du
Cochon, mais plus groffe, fans avoir
auffi un mufeau propre à fouir la terre.
La lèvre du deiïus eft fendue , comme
celle du Lièvre : les narines n'avancent
néanmoins pas autant. Ses mâchoires
font garnies de dents molaires , Se dans
la partie antérieure, de quatre dents
canines. 11 a une mouftache faite de-
longs poils très -pointus ; fes yeux
grands Se brillanç; les oreilles petites,
rondes Se nues intérieurcm;nt. Son
corps qui eft court Se ramaffé , com-
penfe par fa groffeur la longueur qai
POR
fui manque. Ses pieds font fendus en
quatre doigts, dont le plus petit, qui
fui tient lieu de pouce , fe jette en ar-
rière. Chaque doigt eCt armé d'ongles
gros & aigus. Les pieds de derrière
font plus longs que ceux de devant ,
formés comme dans les Ourfons & fou-
tenus de gros talons , qui lui fervent
à l'aider à la courfe ; mais la queue eft
la partie la plus admirable de cet ani-
mal: elle eft d'une largeur confidérable,
diminuant infènfiblement , hériffée de
poils piquans Se fmilfans en épi d'une
façon toute particulière ; car fes poils
paroiftent compofés de nœuds d'une
manière très - artificieufe. D'abord on
voit un poil délié, qui reçoit un autre
poil plus long & plus gros, à-peu-près
comme font arrangés les grains de Riz
enfermés dans leurs capfules. Chacun
d'eux n'eft pas de la même longueur ,
ni de la mêmegroffeur , mais ils font
joints enfemble. Ils forment un faifeeau
tranfparent 8c qui jette un éclat qu'on
peut nommer argentin. La fiperficie
de fa peau eft tachetée de noir.
S e b a dit qu'il a eu lieu de voir
cet animal tout entier à Harlem , dans
le Cabinet de M. Levin Vincent,
homme très- verfé dans l'Hiftoire Na-
turelle , & qui a eu la complaifance
de lui en lailfer graver la Planche
d'après nature ; car il n'a dans fon Re-
cueil des Raretés que la belle queue
de cet animal figurée au». 2. Jacob
Bontius , envoyé pour premier
Médecin aux Indes Orientales , dans
un petit Livre intitulé la Médecine des
Indiens , écrit en Latin , traduit enfuite
en Hollandois Se imprimé à Rotterdam
en 1547. Y P ar l e de cette efpece de
Fore - Epie. Des Voyageurs afTurent
avoir vû cette bête dans le Golfe de
Cajeli , proche des Ifles Célebes. Ils
difent qu'elle porte quelquefois dans
la véficule du fiel une pierre compo-
fée de la liqueur de cette partie. Les
Portugais nomment cette pierre , Pie-
àra de Querco : elle n'eft ni moins e Mi-
mée que la véritable pic ne de Maïacca-,
ni ne lui cède en vertu , ayant au refte
la même couleur. Thef. I. lab. <i.
». 1, J
Selon Jo b s o n , il f e trouve des
Forcs-Epics & des Civettes fur la Gam-
bra , Se ces deux efpeces d'animaux
font une guerre cruelle à la volaille
de ce pays.
On trouve auflî à la Côte d'or des
Forcs-Epics , mais en petit nombre , ou
du moins les Nègres en apportent ra-
rement aux Comptoirs des Hollandois.
Ces animaux ont environ deux pieds
& demi de hauteur. Leurs dents font
fi tranchantes , qu'il n'y a point d'ou-
vrages de bois qui leur réfifte. Bosman
en ayant enfermé un dans un tonneau,
où il le croyoit fort en fûreté , fut fur-
pris de trouver le lendemain que dans
l'efpace d'une nuit ïl s'étoit prefque
ouvert un paffage au travers des plan-
ches , dans l'endroit même où elles
ont le plus d'épaiffeûr. Le Porc-Epic
eft fi féroce & fi hardi qu'il attaque
les plus^ dangereux Serpens : dans fa
colère , il lance fes pointes qui ont en-
viron deux palmes de longueur, avec
tant de violence , que s'il fe trouve
une planche à leur rencontre , elles y
pénètrent.. Les Nègres , & quelques
Blancs même , trouvent fa chair fort
délicate. Barbot aifure, contre le té-
moignage de Bosman , que les Porcs-
Epies font fort communs fur la Côte
d'or. 11 n'y a point de créatures , dit-il ,
qu'ils ne puilfent bleiïer à une dif-
tance raifonnable. Smith donne fept à
huit pouces de longueur à chacune de
leurs épines : elles font d'une fu bilan-
ce qui tire fur celle de la corne , Se
qui relfemble affez à l'écaiile de la
Tortue. Le principal ufage qu'ils en
font efl contre les Serpens, dont ils
font les mortels ennemis BosMANparle
d'un autre animal, qui relfemble beau-
coup au Hérifton , mais qui n'a pas ,
comme lui , la propriété de fe rou-
ler.
Les Infulaires de l'Me de Madagas-
car nomment Tendrac le Parc-Epis,
Z z z i j
S4 3 POR
Ces animaux y font, dit-on , fort com-
muns. Leur chair, quoique infîpide, a
de longs filets Se mollafles. Les Porcs-
Epies dorment fix mois fous terre fans
manger : pendant ce temps leurs pl-
q u ans tombent , Se il leur en revient
d'autres à la place y lefquels font aigus
comme ceux des Hérflfons. Le Porc-
Jîpic vit de fruits Se de raifins , Scnatt
en Afrique , aux environs de Nen-
Ning-Su , Ville de la Province de
Quang-Si à la Chine. Les Porcs-Epics
y font fort gros-,. Se leurs pointes font
longues Se aiguës.
PORCELAINE: Les Côn-
chyliologues ont nommé ce Coquil-
lage Porcellana , feu Venerea : nomen
accepit à fimUitudine pudendi mulie-
bris: Grœcis XÏipo; , Latinis Porculus ,
feu Porcellus , cujus aliquam fimiiitu-
ciinem refert hujits Coucha rima s hinc
enim Coucha Venerea dicitur. Il ne faut
pas confondre la Porcelaine avec la
Conque de Venus, ConchaVeneris , qui
eft un Bivalve. Rondelet appelle
la Porcelaine , Rémora Mutiani, ou Mu-
tex Mudani.Qn a donné anciennement,
dit M. Adanson (Hift. des Coquilla-
ges du Sénégal, p. 55. ) , le nom de
Porcelaine à plulîeurs efpeces de Co-
quillages ,. dont la forme approchojt
beaucoup de celle des Pucelages. Une
reffemblance même trop grande qu'on
a cru trouver entre les uns Se les au-
tres , les a fait confondre par quel-
ques Modernes fous le nom commun
de Porcelaine. Cependant , continue
l'Auteur , comme la comparaison féale
des coquines ne fuffit pas pour déter-
miner les rapports, Se que l'examen
des animaux qu'elles renferment , nous
font voir des différences , qui les dif-
tinguent affez Ls uns des autres, il a
cru devoir conferver & ces deux gen-
res, & le privilège qu'ils avoient au-
trefois de porter chacun leur nom, Il
laiffe au premier le nom de Pucelage ,
qui r.e con-'ient qu'à lui , Se il rend à
celui-ci le nom de Porcelaine qu'il s'eft
acquis ..foitpar la beauté, du goli de fa
POR
coquille , fuîvant B e l o n (de Aqitatl
p. 20. > , foit par fa forme finguliere ,
fui vaut le rapport de C o l v m n a
Ç Aquat. p. 67.) : il a obfervé fept
efpeces de Porcelaine fur les côtes du
Sénégal , & il donne à la première le
nom de Porcelaine.
La Porcelaine Se le Pucelage chez
M. D-'A K G E N V I L L E (p. 266. pre-
mière Partie , Édition de 175.7. ne
font qu'un genre. C'eft une coquille
univalve , aihfi nommée à caufe de fa
longue fente , avec une bouche garnie
de dents des deux côtés , de forme
ronde ..oblongue , quelquefois boflue,
quelquefois terminée par des mam-
melons. U ajoute que la bouche eft
la partie effentielle qui détermine le
genre des Porcelaines. Elle doit être
oblongue en forme de fente , Se ordi-
nairement bordée de dents au moins
d'un côté. Pline dit que la Porce-
laine eft nommée Venerea , eàqitod apud
Gniàionim Venerem colebatur. Gesneii
veut que le nom de Porcelaine ait été
donné à cette coquille , pareeque c'eft
avec elle qu'on fait à la Chine , dans
la Province de Kiam-Si* cette belle
Porcelaine nommée Porcelaine de la
Chine.
L'animal qui habite la Porcelaine,.
dit M. D'A RGENVILLE C Part. II.
p. 40. ) , rempe fur une couche à la
manière des Limaçons. Cette couche
ou pied fe termine d'un coté en pointe
dont le contour eft frangé , ainfi que
tout fen pourtour ou cordon, L'autre
bout préfente un col affez long , fort
détaché du pied , avec une tête d'où
partent deux cornes très-pointues „
qui forment un arc ; c'eft dans le mi-
lieu que font placés les deux yeux,
exprimés à l'ordinaire par deux points
noirs affez gros. La bouche placée au-
deffus de la tête n'eft pas grande, &
forme un petit trou rond : elle eft'par-
nie de dents des deux côtés , favoir
vingt-cinq à droite , Se vingt & une
feulement du côté gauche. Ces dénttf
lui fervent de défenfé ,. n'ayant pas
FOR
d'opercule. On n'y voit point auffi
de raufeau r comme dans les autres
Tertacécs de cette efpece. La Porce-
laine a une langue fort pointue , qui
couvre entièrement Ton ouverture , ré-
gnant d'un bout à l'autre. Cette pla-
que fur laquelle elle marche ,eft den-
telée dans Ton pourtour , Se fe termine
en pointe à l'extrémité oppofée à la
tête, La robe de cette Porcelaine a un
fond aurore , coupé dans toute fon
étendue de lignes tranfverfales , Se de
fix taches brunes efpacées régulière-
ment. La Porcelaine J. figurée à la
Planche III. de la féconde Partie de
la Conchyliologie , a été deûinée àPon-
dichery T Se n'avoit alors que fept li-
gnes de longueur , Se quinze quand
l'animal s'eft déployé entièrement dans
l'eau delà mer. Il eft repréfenté grofli
au microfeope. K. de la même Plan-
che eft fâ vraie grandeur : on y compte
feulement trois fpirnles. Quelquefois
on n'y voit qu'un fimple bouton. La
Planche XVIII. de la première Par-
tie du même Ouvrage , repréfenté les
figures de vingt- cinq coquilles de Por-
celaines des plus remarquables. L'Au-
teur réduit la Porcelaine à quatre efpe-
ces différentes,
Dans la première font les Porcelaines
arrondies & épaijjès ; dans la féconde
font les Porcelaines minces & arrondies ;
dans la troifieme , les Porcelaines de
forme longue & e'paijje ; dans la qua-
trième , les Porcelaines bojfues en quel-
ques endroits ; dans la cinquième , la
Pyramide. Les Porcelaines figurées B.
N. F. L. S. O. favoir la carte géo-
graphique , celle qui imite les carac-
tères Arabes , la peau d'un Tigre , la
peau d'un Serpent, le Pou de mer, la
Cloporte , Se celie dont le milieu eft fé-
paré en quatre zones de couleur rouge ,
font des variétés de la première. Celles
qui font figurées A Se I. Se qui font
l'CSuf de R u M p h i u s avec des mam-
melons, & la Navette deTitTerand,
font des variétés de la féconde. Celles
SgurécsD. X. i. z. V. R. T. CH.
FOR 549
E. P. Y. Z. nommées en François grand
ArgiisSc petit Argus ^Porcelaine bleuâ-
tre à trois fafeies brunes ; Porcelaine
à trois fafeies blanches , les lèvres,
pointillées de rouge ; la blanche avecr-
des points faillans ; celles à trois faf-
eies figurées en P. le petit Âne , la
Souris, la Taupe, la cc-uleur d'agather
traverfée par une raie fauve * celle
qui eft vergetée de lignes brunes -
celle qui eft bleuâtre repréfentant urr
animal , & la Porcelaine de la Chine ,
bien marbrée , font des variétés de la
troifieme efpece. Les Porcelaines figu-
rées M. Q. K. qui font celles de cou-
leur de lait , boflue , avec des mam-
melons rouges Se des dents; la blan--
che , boffae , fans mammelons & fans
dents , & la- Porcelaine qui a fix boifes
en deflus , la bouche garnie de dents ,
appellée Monnoie de Guinée , ou la.
Colique , font des variétés de la qua-
trième efpece. Enfin la Porcelaine dont
la tête forme une petite pyramide »
figurée G. eft une cinquième efpece.
Il faut remarquer qu'il y a parmi les
quatre premières efpeces-.Se les variétés
dont l'Auteur fait mention, le Puce-
lage nommé Cauris aux Maldives , qui
fert de monnoie dans la Guinée , Se au-
quel on attribue la vertu de guérir de-
là colique , Se dont M. Ad ans on
fait un genre particulier , par les rai-
fons rapportées au commencement de
cet article. r ,
J'ai dit que cet Ecrivain avoît ob--
fervé fept efpeces de Porcelaines fur'
les côtes du Sénégal , Se qu'il avoir
confervé le nom de Porcelaine à la pre-
mière efpece. Il nous apprend qu'on-
la trouve aifez abondamment dans l'Ifle
de Gorée , mais particulièrement dans
le mois d'Avril, Se dans les lieux où
la mer bat avec une grande violence.
Voici comme il décrit Se la coquille
Se l'animal,
La coquille , dit-il , eft médiocre-
ment épaiffe , du plus beau poli , Se
d'un luifant que rien ne peut furpalfèr.
C'eft une efpece d'oyoïde arrondi donç:
5p POR
l'extrémité fupérîeure eft obtufe , Se
le fommet forme une poinre affez mouf-
fe. Sa longueur eft d'environ feize
lignes Se fa largeur de neuf ; en forte
que fon grand diamètre eft prefque
double du petit. Elle eft compofée
de fix tours de fpirale qui vont en
defeendant peu obliquement de droite
à gauche. La première fpire , c'eft-à-
dire celle qui fait l'ouverture de la
coquille , eft arrondie Se très-grande ;
fa longueur eft triple de celle des
cinq autres tours pris enfemble , qui
font le fommet • ceux-ci font peu ren-
flés Se peu diftingués les uns des au-
tres ; ils fe terminent en une pointe
alfez large Se arrondie.
L'ouverture a la figure d'une ellipfe
irréguliere , aiguë dans fes deux ex-
trémités , 8e dont la longueur eft qua-
druple de fa largeur : elle fe termine
dans fa partie fupérieure en un canal
niiez large formé par l'enfoncement
de la lèvre droite , qui n'eft nulle-
ment échancrée ; fon grand diamètre
eft incliné obliquement fur celui de
la coquille , & trois fois prefque auiïï
long que le fommet.
La lèvre droite de l'ouverture eft
fort épailTe , & elle eft bordée d'un
cordon qui s'élève au-dehors comme
un ourlet. Ce cordon , ou ce bourre-
let, fait tout le tour du canal fupérieur
de l'ouverture , &. il vient en fe re-
pliant fur la lèvre gauche , y former
une longue dent qui rentre dans l'in-
térieur de la coquille. C'eft par ce
bourrelet de la lèvre droite qu'on dif-
tingue les coquilles des Porcelaines
d'avec celle des Pucelages qui n'en
ont pas la moindre apparence. Au refte
le bord intérieur de cette même lèvre
a de plus une douzaine de petites dents
diftribuées dans toute fa longueur. Ces
dents font fi petites dans quelques-unes
qu'on a de la peine à les diftinguer.
La lèvre eft renflée, arrondie & gar-
nie de quatre dents depuis fa partie fu-
périeure jufqu'à fon milieu.
Cette coquille n'eft fujette à varier
POR
que dans la couleur , qui eft roufTàtre
dans les unes , châtain dans d'autres, ou
d'une Agathe claire , tigrée de petites
taches blanches répandues çi & là fans
ordre , & traverfée par trois larges ban-
des fauves , ou d'un brun rougeâtre.
Elle eft toujours d'un beau poli , par-
cequ'ellc n'a point de périofte , ni inté-
rieurement ni extérieurement.
La tête de l'animal de la Porcelaine
eft cylindrique, légèrement applatie,
de longueur Se de largeur à-peu-près
égales. Son extrémité forme une échan-
crure aifez étroite ; des deux côtés de
laquelle partent deux cornes coniques
fort minces , 8e d'une longueur qui
furpalTe peu la fienne. Ces cornes font
peu éloignées l'une de l'autre , parce-
que la te te a peu de largeur. Un peu
au-defTus de leur origine , vers la qua-
trième partie de leur longueur , on voit
un renflement femblable à une petite
colonne cylindrique qui feroit adoffée
fur leur côté extérieur. C'eft fur l'ex-
trémité fupérieure de ces renftemens,
ou de ces deux colonnes que font por-
tés les yeux. Ils font afTez gros , ar-
rondis , Se s'élèvent comme deux petits
points noirs.
La bouche eft placée au-deffous de
la tête , vers le milieu de fa longueur :
elle y fait une légère éminence , percée
d'un trou rond , d'où il fort une lan-
gue ou trompe une fois plus longue
que la tête. Cette trompe eft blanche ,
dentée , & percée à fon extrémité , de
même que celle de l'Yet , ( nom que
l'Auteur donne à la Conque Perfique ,
autre Coquillage ur.ivalve ), & elle lui
fert aux mêmes ufages.
Le manteau eft une membrane fort
mince, luifante , extrêmement unie,
Se entière fans découpures. Dans les
Coquillages que nous avons examinés
jufqu'ici , cette membrane ne tapiffe
que les parois intérieures de la coquille
fans fortir au dehors ; mais dans la
Porcelaine elle s'étend à droite Se à
gauche fur le dos de la coquille ; de
manière qu'elle y forme deux pans
P O R
qui recouvrent près de la moitié de fa
furface extérieure : ces deux pans ne
font pas égaux; celui de la gauche eft
plus ample Se s'étend davantage que
celui de la droite.
La membrane du manteau fe replie
encore à fon extrémité intérieure Se
furie col de l'animal , pour y former
un tuyau cylindrique un peu plus long
que la tête , Se qui fort par le canal
de la coquille ; il fè place quelquefois
entre les cornes , & quelquefois il fe
rejette fur le côté gauche , comme on
le voit dans la figure Planche IV. n. i ,
de l'Ouvrage de l'Auteur.
Le pied forme une ellipfè arrondie
à fes extrémités , Se une fois plus lon-
gue que large : il eft grand Se furpaffe
de près d'une troifieme partie la lon-
gueur & la largeur de la coquille. Ses
bords font entiers , quoique légère-
ment ondes : en deîlous il eft coupé par
deux profonds filions , dont l'un eft
plus grand Se le traverfe à fon extré-
mité antérieure ; l'autre fillon eft plus
petit , mais plus profond , creufé un peu
devant fon milieu , Se parallèlement à
fa longueur. Le fond de la couleur de
l'animal tire fur la couleur de chair , bi-
garré de petits points blancs.
Ce Coquillage , félon l'Auteur , eft
le même que la Porcelaine dont parle
leP, du Tertre, Hifi. des An-
tilles , p. 240.
C'eft le Turbo Brajîlienfis tcftâ val-
dè Uvi , cafianti coloris , de Bonanni >
Tuer. p. 160. ». 326". 8c de M. Klein ,
lent. p. 70. Jp. 1. ». 39.
Le Buccinum muficum fubrufum ,
maculis albis diftinilum , Barbadenfe ,
de Lister, Hifi. Concbyl. lab. 818.
h- 2 9- ;
Le Buccinum muficum fublividum ,
dense radiutum , ftve ex fujeo unda-
tum, du même, ibid. fig. 3. p. 30.
Le Buccinum muficum undatum , &
macitlatum , du même , fig. 3 1 . & 3 2.
La Cvchlea longa , pyrif'ormis , intor-
ta , G" f'.dcata , utroque labio dentata ,
aut rugojb - fimbriata , lavis , cano co-
P O R 5J1
lorefplendens jde Gua ltier 1 , l n d.
p. & lab. 28. lit t. L.
PORCELET DES INDES:
C'eft le nom qu'on donne à un petit
animal qui grogne comme un Cochon ,
apporté en France par des Mariniers ,
Se qui prend les Souris dans les mai-
fons , où il eft devenu l'amufe ment des
enfans. On l'appelle auflî Cochm d'In-
de. J'ai parlé amplement & fuffifam-
ment du Porcelet des Indes aux mots
CAVIA Se LAPIN DES INDES ,
où je renvoie le Lecteur.
P O R G O , poifTon de l'IOe de
Tabago , dont il y a deux efpeces ,
le gris Se le rouge : il eft plus petit
que leGrooper, autre poifTon du mê-
me endroit ; mais il eft auffi agréable
à manger. Le Porgo rouge eft fort efti-
mé des habitans , Se il eft aifé de le
prendre à la ligne.
PORON , nom donné par M.
A d a xs o N à un Coquillage bivalve»
du genre de la Came ; c'eft la neu-
vième efpece de celles qu'il a obfer-
vées fur les côtes du Sénégal. On la
trouve, dit-il , abondamment dans les
finuoiïtés des rochers remplis c!e fable.
Elle ne diffère de la huitième efpece
qu'en ce qu'elle n'a que deux lignes
au plus de diamètre : elle eft blan-
châtre , & quelquefois violette , au
moins vers la charnière.
PORPHYRION , ou l'OI-
SEAU POURPRÉ , en Latin
Porphyrio. Cet oifeau , dit A l b i n
( Tome III. n. 84, J , eft une efpece
de Poule d'eau. Le corps entier eft
d'un beau pourpre, & la queue eft de
couleur de frêne blanchâtre. Le bec,
les jambes , Se les pieds , font d'un
rouge qui tire fur l'écarlate , Se les
griffes font noires. Pline rapporte
que lorfqu'il boit il femble mordre
l'eau. Il a aufTÎ une qualité qui n'eft
propre qu'à lui feul , c'eft de tremper
fà nourriture de temps en temps dans
l'eau , Se de la porter à fon bec avec
fa patte. Le même Auteur dit encore
que les meilleurs oifeaux de cette eP
552 P O R
pece fe trouvent à Comagene. Celui ,
dont A i. b i N donne la dcicription ,
avoit trois doigts ; favoir , un derrière ,
qui eft court, deux en devant, Se un
autre en arrière qui eft long. Le pe-
tit doigt de defius ne paroiilbit être
d'aucune utilité dans l'eftampe fur la-
quelle il l'a tiré. Willughbï dit
dans fou Ornithologie , que ni G e s-
N r. r , ni A L D r o V a N D E , ni lui-
même , n'en ont vu qu'en peinture.
Comme les portraits qu'on en a faits ,
■varient beaucoup , Se que pas un de
ceux qui ont donné une Hifioire des
Animaux , ne déclare avoir vû le For-
phyrion , Albin a auffi douté s'il y
en avoît dans la Nature , fur- tout par-
ceque les Anciens lui ont donné des
qualités propres Se naturelles , qui font
Jfabuleufos , comme d'avoir cinq doigts
à chaque pied. Mais comme les por-
traits fe reflTembJeot tous par la figure
du bec , par la ftruclure des jambes
Se des pieds , Se par les autres parties
du corps , l'Auteur Anglois a changé
de fer.timsnt , & croit qu'un pareil oi-
.feau exiite. Gesner , Aldrovande,
Se Willughby , paroïffent s'être co-
piés , ou n'avoir écrit que fur des fi-
gures. Albin lui-même n'en parle
qu'après celle que le Chevalier Lov-
T h E il lui a communiquée. C'eit ce
qui a fait dire à Willughby,
que ceux qui auront le bonheur de
voir cet oifeau , le dépeignent avec
plus d'exactitude, Se ôtent tout doute
aux Savans Se aux Curieux fur fon
exiftence.
Maïs en confultant les Mémoires
de l'Académie des Sciences ( Tome III.
Fart. III.) , nous trouverons que la
Foule Sultane eft le Forphyrion des
Anciens, dont ils eftimoient fi fort la
beauté , qu'ils en faifoient un des or-
nemens de leurs Palais Se de leurs
Temples ; ainfi qu'E lien le rap-
porte ( de la Nat. des Anim. L, III.
c. 41.). Il a été nommé Forphyrion à
caufe de fon bec & de fes pieds routes.
A - H - 1 s x o x e , dans Athénée /fait
P O R
fon plumage bleu ; Martial le
fait verd ; les Anciens lui donnent une
petite queue blanche par deffous, des
jambes hautes , des pieds grands : il
porte avec le pied, comme le Perro-
quet , là nourriture à fon bec. Cet oi-
feau d'un naturel farouche eft difficile
à apprivoifer. Ces marques fe font
trouvées dans la Poule Sultane, dont
M. Perrault a donné une def-
cription anatomique. Son plumage eft
de cinq couleurs , bleu , violet , verd ,
gn's-brun , Se blanc. Autour des yeux,
au devant de la tête , & autour du
col , il y a du bleu ; ce bleu fe change
infenfiblement en violet. Vers le ven -
tre , & vers le derrière du col , ainfi
qu'au dcfTous Se au derrière de la tête
de cet oifeau , le plumage devient d'un
violet fale tirant fur le gris-brun. Le
ventre & les cuiffes font de ce même
gris. Le dos eft verd mêlé d'un peu
de bleu dans les extrémités des petites
plumes dont il eft couvert. Les ailes
font violettes par-deifiis , Se de gris-
brun par deffous ; les grandes plumes
font noires feulement à la moitié qui
eft recouverte par la plume voifine;
en forte que ce noir ne fe voit que
lorfque les ailes fontétendues. Sa queue
eft blanche par delfous , & par deflus
de gris-brun , mêlé de noir. Le bec
eft gros , long , pointu , Se un peu
crochu , tout rouge par l'extrémité.
Les jambes Se les pieds font rouges ,
couverts d'écaillés fort grandes , Se
toutes en table. Les doigts font au
nombre de quatre , trois devant Se un
derrière. Athénée lui en donne
cinq ; Se dans la figure de Gesner
il y en a deux devant Se deux der-
rière. C'eft fans doute une faute du
Peintre. Les ongles font longs , poin-
tus, médiocrement crochus , Scaigui-
fés par le bout comme une plume à
écrire. Pline ( Hifi. Nat. L. IL
c. 1 7. ) dit que le Forphyrion n'a point
de jabot. M. P e 11 r a u L t <:n a trouvé
un dans celui qu'il a difféqué,
B e l o n Çdeia Nat. des Oif. p. 2 2 0.)
parle
P O R
parte auiïi du Porphyrion , Se dît, d'a-
près Pline : Baléares InfuU Porphyrio-
nem mittunt : laudatijjimi in Comagene
r eperitttitrJl ne marque pas que ce foit
la Poule Sultàîie. Tous ces Auteurs
ci-deffus cités, ne nous donnent qu'une
efpece de forphyrio» j cependant on
lit dans le Dklivrtnaire de Trévoux qu'il
y en a de deux efpeces. Voici comme
elles font décrites.
L'oifeaude la première eïpt'ce a le
bec gros , aigu , 8e de couleur de pour-
pre , le tour de la prunelle eft jaune ,
une tache de même couleur va depuis
le front jufqu'au fommet de la tête ;
la partie de la tête , au-deiTous de cette
tache , Se le devant du col font ver-
dâtres. Quelques-unes des grandes
plumes des ailes font blanchâtres à leurs
extrémités : les autres font brimes, ainfi
que les cuitfes. Tout le relire du corps
eit d'un bleu très-vif Se très-éclatant.
Il a peu de queue , la partie descuilTes
dénuée de plumes , les jambes longues ,
& les pieds , qui n'ont que quatre
doigts , font de couleur de pourpre
blanchâtre.
Celui de la féconde efpece reflem-
ble à l'autre par le bec, par les jam-
bes , par les pieds , 8e par les yeux;
mais il a les ongles bruns , la marque
ou tubercule du front couleur de pour-
pre ; la tête Se le col font bleus ,
ainfi que les ailes 8c le refte de la
tête. Le dos , la poitrine Se les cuifles ,
font noirâtres ; l'iris eft de la même
couleur , Se la queue , qui eft fort
court'- 1 , eft blanchâtre parde!ïbus. Cette
forte d'oifeau fréquente ordinairement
les rivières.
P O RTE- C ORNE, nom que
M. Klein donne au Rhinocéros,
Voyez ce mot.
PORTE -ÉCU JAUNE,
nom que Goedasd donne à un Pa-
pillon , provenu d'une efpece de Che-
nille qui fc nourrit de feuilles de Saule,
Voyez CHENILLE DE FEUIL-
LES DE SAULE.
PORTE- ÉTÉ NDARD,
Tome III.
P O R Çï5
en Latin Sigmfer , poiffoiî des Indes ,
dit R u y s c h ( ColUcL Fiji: Amb.
Tab. o. n. 3. ) , ainfi nommé parce-
qu'il eft le guide de poi lions plus pe-
tits que lui qui le fuivent en grand
nombre comme leur chef. U reiïemble
affez au Tafilvifch , 8c à un autre poif-
fon auquel les Hollandois ont donné le
nom d'Idole des Maures ; ii eft beau-
coup plus petit , Se il a tout le corps
couvert d'écaillés : fa chair n'eft pas,
bonne à manger. On n'en prend qu'à
caufe de fes belles couleurs; c'.ftce
qui le fait rechercher des Curieux ,
qui en confervent dans'de la liqueur.
Il eft fi doux qu'il vient aux hommes
qui lui préfentent de la nourriture ,
Se il fe laille prendre aifément.
Il y a , dit le même Auteur , plu-
fieurs autres poiffons de ce nom qui
ne lui reffemblent pas ; mais la diffé-
rence en eft petite. Tel eft celui qu'il
appelle en Hollando;s Befaanvifch ,
nom qu'il lui donne à caufe d'une lon-
gue pointe recourbée par le bout qu'il
a fur le haut du dos. On prend ra-
rement de cepoiffon , Se ileftprefque
inconnu, R u y s c h ( ihid. p. 3 9 n. 4. )
dit que c'eft une efpece de Porte-
Étendard, ou Porte-Pique. Après cette
longue pointe qu'il a fur le dos , il eft
armé de quelques aiguillons qui tien-
nent à fes nageoires. Sous les ouies il
a deux autres nageoires tr^s-longues ,
dont il fe fert fort adroitement ; au
milieu du corps eft une large bande
violette qui en fait tout le tour ; quel-
quefois elle eftjaune.
PORTE - LANTERNE ,
Mouche de l'Amérique d'une efpece
très-finguliere. M. deRéaumur
( Mém. IV. Tome V. p. 102.), à caufe
de la ftruifture de fa trompe , la met
au rang des Pro-Cignles. Elle eft re-
marquable par fa grandeur & parles
couleurs dont elleeftparée: elle l'eft
bien davantage par la lumière qu'elle
répand pendant la nuit , parla figure 8c
la pofition de fa partie lumineuie. La
lumière de nos Vers luifàns, Se desSca-
A a a a
554 P O R
rabées luifans , appelles vulgairement
Mouches hdfantes , vient de deffous
le ventre , d'auprès du derrière , Se
c'eft précifémentla partie antérieure de
la tête de la grande Mouche , dont
nous parlons ici qui éclaire , Se qui
éclaire à un tel point , que M e M E-
r i A N , qui Fa exactement obfervée ,
afïure qu'elle met en état de lire la
Gazette d'Hollande pendant la nuit.
C'eft à Surinam qu'elle a obfervé ces
Mouches , & qu'elle en a peint les
figures , qui font gravées dans la qua-
rante-neuvième Planche des Infectes
de ce pays-là. M. DE Réaumur
en a reçu de Cayenne. On les appelle
des Porte-Lanternes pareequ'on a re-
gardé la partie antérieure de .la tête ,
de laquelle la lumière fort, comme une
efpece de lanterne. Notre Académi-
cien , qui n'a pas été à portée d'étu-
dier cet infecte , n'a pu favoir pour-
quoi cette Lanterne lui a été donnée 5
il ne femble pas au moins , dit-il, que
ce folt pour l'éclairer pendant qu'il
vole. Les yeux font à réfeau, Se près-
de leur origine de couleur rougeârr'e.
Les ailes lupérieures n'ont pas une
parfaite tranfparence ; le fond de leur
couleur eft celle d'une olive pochetée :
elles font pointillées d'un peu de blan-
châtre , Scprès de leurs bafes elles ont
plufieurs pentes taches prefque noires.
Les ailes de deffous , un peu plus trans-
parentes que les fupérieures , fo nt plus
courtes , & ont cependant plus d'am-
pleur. Elles ont chacune un grand
œil, qui a quelque reflemblance avec
ceux des ailes des Papillons-Paons.
Les teintes les plus claires de ces yeux
font olives , S; les teintes brunes font
CE.fFé. Les Indiens ont voulu perfua-
der à M e M e r 1 a n , que des Mou-
ches vielleurs provenoient les Portes-
Lanternes, appelas dans le pays Lata-
ïenâragers par les fîo'landois. S'il eft
vrai , que comme la Mouche vielleur
provient d'un Efcarbot , d'elle forte
au.Ti le Porte Lanterne , 'ce feroient des
jnétamorphofes qui mérkeroient d'être
P O R POT
fuivîes par des Naturaîiftes du pays
Mais M e M E R 1 a n fe plaint dans
un autre endroit que dans ces pays
chacun n'y eft occupé que defes plan-
tations.
PORTE - MIROIR, nom,
que les Curieux donnent à un beau-
Papillon de Surinam , fort grand , cou-
leur d'or Se rouge , avec des raies
blanches, tant furies ailes de de(Tus p
que fur celles de delfous , fur chacune
defqueiles il y a une tache claire Se
tranfparente comme le verre , envi-
ronnée de deux cercles , l'un blanc ,
qui eft en dedans , 8c l'autre noir qui
eft en dehors ; de forte que cette ta-
che refiêmble beaucoup à un miroir
avec fon cadre. On voit à la Planche
LXV. des Infectes de Surinam , par
M e M E R 1 a n , la figure de ce Pa-
pillon , & celle de la belle Chenille
dont il fort , Se qui vit fur des feuilles
de Citronniers. Voyez CHENILLES
DE L'AMÉRIQUE.
POT
P O T A N M. A d a N s o n
iHïfi. Nat. des Coquillages du Sénégal,,
p. 75.) donne le nom de Mantelet à un
genre de Coquillage bivalve du Sé-
négal , à caufe de la figure de fon man-
teau. Ce genre renferme quatre ef-
peces. Il nomme la première Potan x
Se elle eft figurée Planche V. n. 1.
Ce Coquillage , dit -il , n'eft pas bien
commun fur la côte du Sénégal. Il
vît fur les rochers de la partie méri-
dionale del'Iile de Corée ; mais il eft'
rare , ajoute-t-il , qu'on trouve fa co-
quille parfaitement entière , même fur
l'animal vivant. Il parle en ces termes
de la coquille & de l'animal.
La coquille du Potan eft fans con-
tredît la plus mince & la plus fragile
de toutes cellesquife trouvent dans les
mers Elle a la forme d'un cylindre
obtus à fes deux extrémités , dont l'in-
férieure porte un petit fommet qui y
fait une pointe très-courte. Les plus
grandes ont communément, un pouce
POT
$c demi de longueur , & moitié moins
de largeur.
Elles font formées de fept tours de
fpirale qui tournent prefque horifonta-
lement de droite à gauche. Le premier
de ces tours efface prefque tous les
autres , qui font très-diftinéts , quoique
peu renflés , Se qui forment enfemble
un fommet quatorze ou quinze fois plus
court que lui.
Son ouverture repréfente une ellîpfe
irréguliere , aiguë par le bas , obtufe
Se fort large par le haut , où , fans être
iènfiblement échancrée , elle forme un
canal creufé en portion de cylindre.
Son grand diamètre eft triple du petit
Se prefqu'égal à la longueur de toute
la coquille à laquelle il eft exactement
parallèle.
La lèvre droite de cette ouverture
eft extrêmement mince , aiguë , Se fans
bordure , Se aufïï firnple qu'on ptùfTe
l'imaginer. La lèvre gauche eft ren-
flée , arrondie , Se relevée un peu
au deffus de fon milieu d'une eipece
de veine allez grofTe , ridée , Se qui va
fe terminer en montant obliquement
à l'extrémité du canal de l'ouverture.
Cette coquille dans fon état naturel
n'eft jamais couverte d'aucun épiderme
•ou périofte ; elle eft toujours du poli
le plus beau & le plus luifant , mais
fans tranfparence. Elle varie peu pour
la forme. J'en ai cependant une , dit
l'Auteur , dont l'ouverture s'étend jus-
qu'au bout inférieur de la coquille ,
où les fept tours de fpirale fe réduifent
à cinq Se forment un fommet applatî Se
même tant foit peu enfoncé. Les jeunes
font un peu plus courtes que les vieilles
proportionnellement à leur largeur.
Sa couleur eft moins confiante que
fa forme. Dans les plus petites c'eft
un violet Semblable à la fleur des Prunes
noires , qui s'étend au-dedans comme
au-dehors. Cette couleur devient dans
les moyennes , un gris-de-lin fort fale ,
8c coupé tranfverfalement par deux
bandes de couleur agathe. Enfin les
plus grandes font à fond blanc , avec
POT 555
quatre ou cinq rangs trayerfés de
petits points fauves , ou bien elles font
d'un brun clair , marbré de quelques
taches blanches , fouvent diftribuées
fur trois ou quatre bandes qui les tra-
verfent dans leur longueur.
La tête de l'animal, qui habite cette
coquille , eft cylindrique Se un peu ap-
piacie; fa longueur eft à-peu-près égale
à Sa largeur. Elle porte à fon extré-
mité , qui eft un peu échancrée , Se
fur fes côtés , deux cornas fort lon-
gues Se très-déliées qui la furpaflent
une fois en longueur : elles font peu
éloignées l'une de l'autre à leur ori-
gine , Se deux fois plus courtes que la
coquille.
Les yeux font placés un peu au
defïus de la racine des cornes Se fur
leur côté extérieur , mais moins haut
que dans le Pucelage Se que dans la
Porcelaine. Ce font deux petits points
noirs qui ont peu de faillie en dehors.
Au-defTus de la tête , vers le milieu
de fa longueur , la bouche paroît com-
me une petite ouverture ovale. L'Au-
teur n'y a point apperçu de mâchoires »
Se il y a apparence qu'elle renferme
une trompe , comme la Porcelaine.
Le manteau de cet animal , quoi-
que plus petit que celui de la Por-
celaine , Se celui du Pucelage , puis-
qu'il recouvre à peine la quatrième
partie de la Surface extérieure de fa
coquille , n'eft pas moins admirable ;
il eft tout parfemé au dehors d'un grand,
nombre de petits filets charnus , cy-
lindriques , obtus à leur extrémité , 8c
qui ont deux fois plus de longueur
que de largeur. Ces filets font mobiles
8c s'élèvent pendant que l'animal eft
fous l'eau ; m?is quand l'eau vient à
les quitter , ils s'aifaiflent 8e reflem-
blent à autant de petites verrues ar-
rondies. C'eftàcaufe de cet ornement
que M. A D a k s o n a donné à ce
genre de Coquillage le nom de Man-
telct.
L'extrémité antérieure du manteau
forme de plus un tuyau cylindrique »
A a a a ij
55* p ° T
a uffi orné de filets; mais il eftfi court
qu'il déborde à peine le canal de la
coquille. Le pied eft extrêmement
gr?nd : il repréfente une langue trian-
gulaire , obtufe à fon extrémité anté-
rieure où elle eft rra verfée par un pro-
fond fillon : l'extrémité oppofée fe
termine en pointe plus ou moins aiguë ,
fuivant la volonté de l'animal. Sa lon-
gueur eil triple de fa largeur , Se elle
furpaffe de moitié celle de la coquille
dont il égale la largeur. Son corps eft
d'un violet obfcur Se foncé , qui fe
rapproche beaucoup du noir.
M. A D A N s o N a rangé fous le
nom de Totan , le Rhombus tennis ex
fafco fafeiatus , ore intemo ex viola
parpurafcente , de Lister, Mifi.
Conchyl. Tab. 741. fig. 37.
Le Rhô??;bus proxhue fupiïioïifïm'dif,
at ptiztereX veïnàcidatim depiilus , du
même Auteur , ibid. p.j^z.fig. 38.
Le Rhombus tennis ex rujo macula-
tus , du même, Tab. 748. fig. 42.
Le Rhombus tenuis ex fiujco ncbula-
tus fafciat'ufque , du même, ^.43.
Le Rhombus parvus , tennis , Jubpur-
pureus , maculis fiufcis fafeiatim de-
p'rfhts , du même , ibid. Tab. 749.
fig- 44-
Le Rhombus parvus , tenuis , fubfuf
eus, bifafeiatus, du même , ibid. fig. 4 J.
& de M. Klein, Tent. p. 7g.
f POT IGUI QUIYA, efpece
de Langoufte de mer, ou Cancre du
Br-éfil , que les HolLndois nomment
Zee-Kreeft. La longueur de fon corps ,
depuis le front jufqu'à la naifiance de
la queue , eft de fepr doigts. La
queue en a fix. La largeur de fon Co-
quillage fur le dos en a lept. Le ven-
tre en a deux & demi. Tout fon corps
a neuf doigts Se demi de tour. Sa queue
a cinq doigts de tour; elle eft com-
pofée de cinq tablettes : cette queue a
de chaque côté en deftous , quatre na-
geoires longues d'un doigt & demi ,
& elles font larges d'un doigt. Les
extrémités latérales de chaque tablette
P OT
finîflèat en corne pointue. Ce Cancre
a cinq jambes de chaque côté. Les
deux premières ont fix doigts de long ;
les deux fécondes , neuf; les deuxtroi-
fiemes , un pied; les quatrièmes, fept
doigts , & les cinquièmes, cinq. Cha-
que jambe eft fournie d'un ongle
courbé & pointu, couvert de beaucoup
de poils roux , & qui reflemblent au
pinceau des Peintres. Ses deux jam-
bes de devant font de la groîfeur du
doigt , Se les autres font plus menues.
Son écaille eft couverte de tubercules
fur le devant , qui paroiifcnt être au-
tant de petites cornes pointues. Ses
yeux font élevés , Se faits en forme de
cylindre. Derrière il porte deux cor-
nes élevées , penchées en devant , Se
d'un doigt de long. Devant les yeux ,
au-denus delà bouche , fortent quatre
filets. Les deux premiers à leur naif-
fance font de la grolfeur du pouce de
l'homme , compof^s de quatre jointu-
res , longs d'un pied Se demi , & épi-
neux de tous côtés. Les deux autres
filées font plus petits, compofés pa-
reillement de quatre jointures : ils iont
ronds , fans épines , Se longs en tout
de dix doigts. Ruts c h ( de É'xjfcng.
p. 27 ), après cette defcripr'on qu'il
nous donne d'aprts Marc Grave *
ne nous dit point fi cette efpece de
Cancre du Bréfil eft bon ou mauvais à
maneer.
POTTO, ouSTUGGARD,
animal qui fe trouve à la Côte d'or,
Si que les habitans nomment Potto 3c
les Hohandois Stuggard , qui lignifie
en François Parcjfèux , pareequ'il a
befoin d'un jour entier pour avancer
l'efpace de dix pas. Artu s dit que
quelques Ecrivains a (Turent que cet ani-
mal ne laiffe pas de grimper fur les
arbres , & qu'il s'y arrête jufqu'à ce
qu'il ait dévoré non-feuLment le fruit,,
mais même toutes les feuilles. Il def-
cend alors pour fe rendre fur un au-
tre arbre ; mais avant qu'il ait fait le
chemin il devient d'une maigreur ex-
trême , tk s'il ne trouve rien dans fon
POU
voyage qui puîffe lui fervîr de nour-
riture , il meurt infailliblement de faim
en allant d'arbre en arbre. L'Auteur
ne garantît point la vérité de ce récit,
quoiqu'il ait trouvé des Nègres affez
perfuadés de ce fait.
On lit dans YHifloire Générale des
Voyages, L. lit. que le Potto , ou
StUggard, eft d'une forme fi affreufe ,
que lî osman ne peut s'imaginer
qu'il y ait rien d'approchant fur la
terre. Ses pieds de devant font deux
véritables mains. Sa tête eft d'une grof-
feur qui n'a pas de proportion avec le
corps. Quand cet animal eft jeune , il
eft d'un gris de perle , Se fa peau eft
alfez douce; en vieilliffant , il devient
rouge , Se fe couvre d'une efpece de
poil , aufll épais que des floccons de
laine. L'Auteur ajoute que la feule
propriété qu'il connoiffe à cet animal
eft de ne pouvoir être regardé fans
horreur. Si ces Voyageurs nous avoient
iiiftruit de la grandeur Se ce la grof-
feur de cet animal , on pourroit juger
li ce Potto n'eft point le même que
l'Ai j ou le Farejfèux des N aturaliftes.
Voyez AI.
POU
P O U * : C'eft une forte de Ver-
mine qui s'engendre chez l'homme ,
Se fur le corps de bien des animaux,
comme Quadrupèdes , Oifeayx , Poif-
fcr.s , Sec. & même fur les Végé-
taux , ce qui compofe beaucoup d'ef-
peces , Se que M . L i n n ff. u s ( Fauna
iitec-. n. ii 53.) met dans l'ordre des
Aplera , iniectes fans ailes. Voici la
notice de ceiks dont ce Savant Se d'au-
tres Naturaliftes font mention. Je
donnerai enfuîte l'hiftoire abrégée Se
naturelle du Pou, d'après Swammer-
dam .LêewenhoeCkSc d'autres ,
favoir celle de fes œufs , nommés
"Cet in r ec~te efc nommé en Hébreu Kht-
BWB , ou Khiane ; en Samaritain , Calant ; en
ChaWéen, Kln-.n ; en Syriaque, Kaltna. Le
mot Voit , Pouil, ou Voul, pent du Latin Ve-
ikuhts j Ptduncttius , Veiis oviPedes, Ph,
POU 557
Lendes s après quoi je parlerai de fes
parties externes Se internes, de la
trompe ou de l'aiguillon qui lui fert
à fucer le fang de l'homme , Se de la
ftrufture de fa peau ; voilà les plus
effentielles Se les plus curieufes. Je
rapporterai auffi l'hiftoire d'un homme
fauvage qui ne vivoic que de Punie
vivans. On verra en outre qu'il y a
des Poux qui quittent les Efpagnols
qui vont aux Indes , à un certain degré
de Latitude , & qui les reprennent à
leur retour , félon Oïiedo; & je
ferai^remarquer qu'il y a un Peuple ,
du côté de la mer Rouge , qui meurt
de la maladie pédiculaire. Enfin les
remèdes pour fe garantir de cette Ver-
mine , Se fa propriété en Médecine ,
finiront l'hiftoire intéreffante du Pou ds
L'homme.
POU de l'Homme, îl eft nommé par
M. L 1 n N JR v s ( Fauna Suec. p. 337.
n. 1153. ) Pedieulus huraamts , par
R E D 1 ( Exp. XVIU. ) Pediculits crdi-
narius, Se par Mouffet (Edit. Lat.
p. 250.), S W AMMERDAM ( Quart,
p. 1 69. ) , 13 o n a n n 1 ( Aftcograp'b.
p. 55.} & les autres , Amplement Pe-
dicttlus.
POU de Bœuf: M. Linnius
( Fauna Sueeica , p. 3 3 8 . 1155. dr
1 1 56, ) en donne de deux fortes , l'un
petit Se l'autre grand. Il nomme le
premier , Pedieulus Bovis , ahdomine
lineis tranjverfîs oilo ferrugineis. C'eft
le Roed-Luus des Suédois. Il nomme
le fécond , Pedieulus Bovis , abdomhie
plumbeo. C'eft le Blao-J^uus des Sué-
dois. Celui-ci fe trouve furies Bœufs,
Se l'autre fur les Vaches.
POU de la Cercerelle , en Latin
Pedieulus Falconis Finnunculi. R e p-i
{[/■f. 13.) parle de cet infecte , Se M.
Linnius ( Fauna Suec. n. 11 57.)
allure que c'eft le plus grand de toutes
Sexapes, Vcrmîs ou Serpens fexiipes, com-
me qui diroir Animal, Vtr , ou Serpent à ftx
ou ptufieurs pieds. On appelle le Von en Ita-
lien Voioechio ; en Allemand , Lavos ; en Lfi?3-
gnol, Fiojo; en Anglois, Loufc,
55 8 POU
les différentes efpeces de Poux qu'il a
vus.
FOU de Corbeau , en Latin Fedi-
culus Corvi, & nommé Fulex Corvipar
Redi , Exp. 1 6. Cet infefte, félon M.
Linn/eus, ». 1158. a le col & les
pieds très-courts , & la tête petite &
noire.
POU de la Fie de Lapante , autre-
ment dite Merle de Rocher , nommé dans
les A'cles d'Upfal , 173 6. p. 37. ». 3.
Fediculus Fies, Laponica, ou Fediculus
Turdï Mentit montant ditli. Cet in-
fecte , félon M.Linnjeus, 8. 1158.
a les yeux noirs , les antennes de la
longueur du corps , très -fines 8c blan-
ches ; les pieds très - déliés & aflez
longs. Il eft de la grandeur d'un petit
Fou de tête.
POUè Coq d'Inde , nommé Pé-
dicules Accipuris par Redi ( Exp.
i.-l.f. %.) > & Fediculus Meleagridis
par M. L 1 n n je u s , n. n 60. Cet
infecte a les antennes courtes , la tête
plate Se approche beaucoup du F ou
qu'on trouve fur le corps des Pou-
les.
POU d'une efpece d'Hirondelle de
mer , nommée par M. L 1 N N m. u S ,
». ïi6i. Siettia fecunda. Ce Pou a les
pieds très-courts & gros. Il a la tête
faite en triangle , large Se obtufe;
elle eft de couleur pâle.
11 y a un Pou , qui fe trouve fur
VAvofetta des Italiens, oifeau nommé
en Latin R.ecurviroftra ; un autre fur
VHcemantopus de B E L o n , qui eft la
Fie ou Bécaffe de mer; deux fortes fur
la Poule domeftique & le Coq , dont
la première n'eft pas plus grolTe que
l'œuf du Pou qui s'engendre dans les
cheveux ; l'autre eft plus petite que
ce Pou vulgaire. M. Linnjeus ,
n. 1 1 55. G" 1 1 66, nomme le premier ,
Fediculus Gallinœ > abdommis margine
nigro , & le fécond , Fediculus Gallinœ ,
thorace , capiteque utrinque mucronatis.
Le L-.Tgopus ou la Perdrix blanche nour-
rit aufti une efpece de Pou. H en eft
/parlé dans les Ailes d'Upfal, 1735.
POU
p. 37. n.%\ où il eft nommé Fediculus
La^opi.
Élans (Belg. 169. f.14.), Ray (l n f_
p. 8.), Bradeley ÇNat. 27.) , i e
Doéîeur d'H e r r a m ( Ail. Ang,
». 271. p. 231. ». 291. p. 1585.) &
plufieurs autres parlent d'une efpece
de Pou , qui fe trouve dans le vieux
bois Se dans les livres qui n'ontpas été
ouverts depuis long-temps.
Les arbres , les plantes ontauffi leurs
Poux particuliers. 11 y en a un que M.
LinNjïuS, h. 11 69. nomme , Fedi-
culus Adonidum , & dont il eft parlé
dans les Ailes d'Upfal, 1J16. p. 37.
». 8. fous le nom de Fediculus Hybtr-
naculorum , arboreus , villofus. Cet
înfede eft tout blanc, de figure ovale
Se oblongue.
La terre , félon le même Natura-
lifte, n. 1 170. fournit audi une efpece
de Fou , blanc comme de la neige ,
& nommé en Latin Fediculus terrè/lris
niveus.
Il y a encore le Pou de Brebis, en
Latin Fediculus Ovinus , mis par M.
Linn/eus , ». 1192, dans le rang des
Tiques, nommé Reduvius par Char-
leton ( Onom. 49. ) , Fediculus Ovi-
nus par Ray, In). 9. Se par M. Lin-
KfJEÛS, Acaras Ovinus j dans le Voya-
ge d'CElande ( ». Si. p. iz6. ) Fefîbig.
Cet infecte gâte la laine des Brebis.
Le Pou de Chien , en Latin Fediculus
Caninus , en Suédois Flott , eft aufïî mis
dans le rang des Tiques par M, Lin-
UÈVSt n. 1193. qui le nomme Aca-
rus abdomine livido , antice ovato,fufco,
antennis clavatis. Ray ( Inf. 10. ) le
nomme Ricinus Caninus.
Il y a encore une efpece de Pou,
qui eft fort incommode aux Scarabées,
nommé par M.Linn^us, n. 1198-
Accrus Infeilorum rufus , ano albican-
te i par Lister ( Loq. 3 8 1 . ) Fedi-
culus fubflzviis Scarab&is infejhts , Se
dans les Actes d'Upfal, 1736. p. 37>
». i.Acarus Infeilorum coleopteratorum.
Cet infecte fe trouve ordinairement
fous la poitrine & entre les ettîfféS
POU
Jes infectes volans qui ont les ailes co-
léoptères.
Le favant Naturalise Suédois parle
tl'un autre infecte , ». 724. qu'il nom-
me Coccus InfeElorum coleopteratorum ,
qui fe trouve auffi fur différentes for-
tes de Scarabées , & que M. F R 1 s c h
( Germ. 4. p. 10. t. 9. ) nomme Pedicu-
lus Scarab&orum canali adfixus s Se il
parle d'un autre infecte qu'il appelle
(Germ. 5. p. 20. /. 2.) Coccus Hejperi-
dum , Se qui eft le Pediculus clypeatus
des A'cles d'Upfal , 1 73 6. p. 37, ». 9.
Enfin il y a un autre infecte que
M. LiNN/îus , ». 704. appelle Apkis
Rièis , en François Puceron de Grofeil-
kr. H eft nommé par d'autres Nam-
Valides , entr'autres par Blank ( Belg.
p. 1 d4 ) , Se M. F r 1 s c h ( Germ. 1 1 .
p. 9. t. 14. ) , Pediculus Ri bis viridis ,
Se Pediculus arboreus , fufeo-viridis in
Ribe. Voilà les différentes efpeces de
Poux , dont il eft fait mention dans la
pauna Suecica de M. L 1 n n if. u s.
On voit , dit Svammerdam',
courir fur le corps des Bourdons une
grande quantité de petits Poux de diffé-
rentes grandeurs , qu'il n'eft pas aifé
de faire mourir. Il a aulîi oWërvé des
Poux fur les Fourmis , Se prefque fur
tous les autres infectes. Goeda r d
appelle Excitateurs les Poux de Bour-
dons ; mais il en raconte des chofes fi
plaifântes , qu'il femble avoir voulu
plutôt donner un Roman qu'une Hif-
toire véritable.
On feroit bien fondé à croire, dit
R e d 1 , que tous les animaux feroïent
fujets à cette Vermine : quoique P L 1-
n e , fur la foi d' A ristote, en
exempte les Ânes Se les Brebis, Mouf-
Fet (Theat. Inf. L. IL c. 23.) adopte
cette dernière opinion, Se s'appuie de
raifons allez frivoles, Se qui font dé-
truites par le fait ; "car les Anes ont
réellement des Poux , ainfi que la plu-
part des autres Quadrupèdes. Quant
aux Brebis , il n'eft point de Berger
qui ne fâche qu'elles y font fujettes ;
& c'eft un fait dont plufieurs Auteurs
POU 55?
avec MLiNNtus font mention ,
comme on l'a vu plus haut. J'ai dit „
ainfi que Moutiei l'afïUre , que
les Scarabées en font confiderablement
tourmentés. Les Fourmis auffi n'en font
pas exemptes y Se chaque efpece de
Fourmis en a de particuliers. Ils font
prefque imperceptibles : il faut un ex-
cellent microfeope , & beaucoup d'at-
tention pour les difeerner. Ceux des
ï ourmis ailées font de la même figure
que l'infecte de la Poule , & ceux de la-
Fourmi qui n'a point d'ailes reffem-
blent beaucoup à l'infecte de la Tour-
terelle.
Les Naturaliftes rapportent ,. Se tous
les Pêcheurs affurent, que les poiffons
mêmes font tourmentés par différens
infectes : les noms- de Poux , de Puces*
Se. de Punaifes de mer leur font fami-
liers. On trouvera ci-deffous, après la
defeription du Pou de L'Homme, celle
d'un^o» qui fe trouve dans les bran-
chies de la Perche Se du Brochet , ti-
rée des Ades d'Upfal, année 1750. Se
celle du Pou de Baleine. Aristote
donne des Poux aux Dauphins Se aux
Thons ; d'autres aux Saumons Se à
l'Epée de mer. Pline dit en général
qu'il fe trouve dans la mer jufqu'à des
Puces Se des Poux, qui troublent le
fommeil des poiffons pendant la nuit.
Se qu'il y en a qui s'engendrent dans
les poiffons mêmes, comme dans le
Pilchard, ou Célerin.
Rondelet nous apprend aufiî
que les étangs Se la mer fourniffent des
Poux, qui s'attachent fi fortement fur
le dos des poiffons faxatiles & au-
tres , qu'ils les rendent fècs à force de
les fucer. Il y a des Poux aquatiques 3
dont la couleur tire lur le rouge. Il y
en a quelquefois en fi grande quantité
dans certains foffés , remplis de fange
Se de bourbe ,. qu'on croiroit que l'eau
auroit été changée en fang. Enfin quel-
ques Philofophes ont dit qu'il y avoit
le Fou du Pou ,. en Latin Pediculus
Pedïculi. C'eft ce que Swammer-
cam allure de tous les infectes qu'il
pSo POU
«dit avoir chacun leur Vermine parti-
culière.
Re Di rapporte avoir trouvé parmi
les pointes des Ourfins de petits, ani-
maux de même couleur que les Écre-
viffes , Se femblables aux Cloportes
par la grandeur Se la figure , excepté
qu'ils n'avoient point de cornes, rmls
feulement deux yeux noirs qui font
très-petits , & foixante jambes extrê-
mement déliées , placées fur les bords
de leur enveloppe extérieure. Les
Plongeons Sctous les oifeaux amphi-
bies ont beaucoup de Poux j on en
trouve en toute iàifon dans leur plu-
mage. Tous les oifeaux , fuivant les
cbfe'rvations de plufieurs Naturalises,
y font fujets. Chaque forte d'oifeau
en a une ou plufieurs efpeces , qui lui
font particulières. Re d i dit en avoir
trouvé de trois fortes dans le Vau-
tour , Se dans la Poule de Guinée ,
nommée vulgairement Poule de Pha-
raon. 11 en a vu de quatre fortes dans
une efpece de Canard fauvage , appcl-
lé Marigiana en Italie. Il en a auffi
obfervé dans le Cygne , dans l'Oie
fauvage Royale , dans la Creflerelle
ou Quercerelle , Se dans le Pluvier.
Différens oifeaux de proie ont auffi
les mêmes infectes; entr'autres l'Ai-
gle , Se un oifeau de proie que les Ita-
liens nomment Vaccajo, en ont de fem-
blables à ceux de la Crefferelle. Le
Vaccajo en a auffi de femblables pour
la figure, mais non pour la couleur,
à ceux du Corbeau, On en trouve à
l'Aigle de parfaitement femblables à
ceux du Vautfjyr. L'Outarde , & la
Poule appellée Ga'dina pratenfis , en
Italien Pratajuvola , en ont auffi qui
reflemblent beaucoup à ceux du Vau-
tour. Le Pic & le Pinçon en ont de
pareils à ceux de l'Etourneau. La Cer-
cerelle Royale a â-peu-près les mêmes
Poux que ceux de l'Oie Royale. Ceux
de la Grue font tout blancs , 3c ils ont
des marques noires , qui femblent être
des caractères Se des chiffres. On en
trouve de parfaitement femblables., dit
POU
R e D r , à ces derniers, à certains oi-
feaux d'Afrique , que les Nègres nom-
ment en leur langue BaUottaja , que
le même R e d 1 croit être la Grue des
Ifles Baléares. Il dit encore qu'après
avoir examiné tous les oifeaux étran-
gers , qu'on nourriffoit de fon temps
dans les jardins de Boboii , il n'y
avoit que les Autruches -qui fe font
trouvées en toutes faifons exemptes
de Poux.
Description du Pou de l'Homme.
Cette Vermine , quoique fort dé-
goûtante aux yeux d'un chacun , a
cependant mérité les attentions des plus
grands Naturalistes anciens Se moder-v
nés. S w a m M e R D a M , dans le pre-
mier ordre des transformations ou dé-
veloppemens des infectes , prend pour
exemple le Pou de l'Homme. Jean
Mur A LTO a donné Panatomie du
Pou. Le célèbre Hook, Anglois ,
dans fa Micrographie , a auffi fait la
description de cette forte de Vermine.
L É e w e n h o e c k rapporte dans les
Tr an f antiions Philofophiqncs , an. 1 6*9 3 .
». 94. art. m. qu'il a obfervé dans
le Pou un nez court Se conique , percé
d'un trou , par lequel cet infecte pouffe
fon aiguillon , lorfqu'il veut manger ,
Se que cet aiguillon lui a paru vingt
fois plus petit qu'un cheveu ; que fa
tête étoit fans future; qu'il avoit cinq
articulations à fes antennes , Se deux
griffes à chaque pied ; l'une eft fem-
blable à celle d'une Aigle, l'autre eft
droite Se très-petite , Se entre ces deux
griffes il aune petite broffe.pour mieux
faifir les cheveux Se s'y attacher.
Aristote a prétendu que les
œufs ou lendes du Pou ne produifent
jamais rien. Il s'eft évidemment trom-
pé , car ils multiplient prodigieufe-
ment. On voit journellement les che-
veux des enfans peu foignés, & ceux
des hommes pauvres ou malpropres ,
ainfi que les poils des Quadrupèdes &
les plumes des Oifeaux , remplis de
ces
POU
tesLendes, à la vérité quelquefois pref-
que imperceptibles à l'œil, mais vues
très-diflinclement au microfcope. On
difcerne aifément ces œufs qui font
encore pleins, aufîi-bien que ceux d'où
l'animal eft forti , Se l'on peut même
obferver à l'œil fimple ceux qui fe
trouvent dans les plumes de l'Aigle,
& dans celles de la Creflerelle , Sec.
Ces Lendes , dit R e d i , font beau-
coup plus grofles que des grains de
Pafiis , & l'on diftingue au-dedans l'in-
fecte tout formé , comme il s'en eft
aflùré plus d'une fois par fes propres
yeux.
Le Poit , dit SWAMMERDAM,
dans fon Biblia Nature , Se Tome V.
des Collections Académiques, ou Tome IL
de la Partie de l'Hiftoire Naturelle fé-
parée, p. 37. & pavantes , acquiert fa
forme parfaite dans fon œuf, qu'on
nomme Lende. Cet œuf , repréfenté
grofii au microfcope , Planche £. fîg. 1.
de l'Ouvrage ci-defTus cité , eii ter-
miné du côté de la tête par un limbe
ovale , fur lequel on apperçoit com-
me de petits fleurons , qui font décou-
pés fur les bords , Se qui ont dans un
centre un renflement blanchâtre. On
voit aulfi fur \a Lende deux éminences
molles , où font renfermés les yeux
du Pou , tandis que toutes fes parties
font encore molles Se humides ; les
yeux prenant peu-à-peu une couleur
plus foncée , paroiflent au travers de
la peau , Se deviennent à la fin pref-
que tout-à-fait noirs : enfin on diftin-
gue fur le milieu de la Lende , à tra-
vers fa coque , quelque chofe de blan-
châtre , qui a un battement régulier,
comme celui du cœur. Cette partie ,
que je regarde , dit Swa.mmeh.dam ,
comme le pancréas , eft indiquée par la
lettre M. de la figure 6. de la Plan-
che ci-deflus citée du Tome V. des
Collections Académiques, qvi repréfenté
l'eftomac du Pou , Se on la voit ifolée
dans la figure 8.
Lorfque le Pou a acquis a fiez de
conhftance & de force pour fortir de
Tome III.
POU 551
fa coque , le limbe ovale qui la ter-
mine du côté de la tête , fe fépare du
relie de la coque dans la plus grande
partie de fa circonférence , & fe levé
comme le couvercle d'une botte à char-
nière ; alors le Pou fort par cette ou-
verture , Se en fortant il renverfe le
lîmbe en arrière. Dès ce temps le Pou
a en petit la forme qu'il doit confer-
ver , & il l'avoit même dans l'œuf;
c'eft pourquoi l'Auteur donne à cet
infecte, & à tous ceux de ce premier
ordre , tant qu'ils font dans l'œuf, le
nom de Nymphe- Anima.-Ovij orme, au-
lieu qu'il nomme Nymphe-Ver-Ovif orme
les infeéles des trois autres ordres ,
lorfqu'ils font renfermés dans l'œuf fous
la forme de Ver.
Le Pou change plufieurs fois de
peau , à mefure qu'il prend fon accroif-
fement. On peut le regarder comme
Nymphe , lorfqu'il eft parvenu au der-
nier degré de cet accroiiTement , Se
qu'il n'a plus qu'une peau à quitter;
car alors fon état eft parfaitement ana-
logue à celui des Nymphes des trois au-
tres ordres , puifque cet état eft, fans
contredit , celui qui eft le plus voi^rt
de la puberté , Se que l'infecle n'a
plus qu'une dépouille à quitter pour
être adulte Se propre à la génération:
Swammerdam alors le nomme
Nymphe- Animal.
Mais quoiqu'il foit vrai, en général,
félon le même Obfervateur , que les
infeftes de ce premier ordre ne chan-
gent point de forme depuis qu'ils '.ont
fortis de l'œuf, il y en a cependant
quelques-uns qui fubîfrenf quelques
légers changemens à la dernière mue,'
comme, par exemple , l'Araignée à
longs pieds ; car lorfque cette forte
d'Araignée quitte fa dernière dépouil-
le , fes pieds s'allongent Se croiTent
confidérablement. Au refte , c;s diP.e-
rens changemens font peu confidéra-
bles , Se ne peuvent être pris pour des
transformations , Se la der.iie.re mue
étant entièrement finie, aucun de ces
ïnfe&es ne prend plus d'accroiflement,
Bb bb
5 «fc F O U
ni ne fubit le moindre changement Je
forme ou de figure.
Parties- externes du Pou.
La tête eft un peu oblongue en
avant , arrondie en arrière : elle eft
recouverte d'une peau dure , comme
le parchemin le plus ferme : cette peau
eft tendue , tranfparente de toutes parts
6 hériflee de poils durs. L'aiguillon
eft à l'extrémité antérieure , mais il
ne paroît que tivs - rarement , étant
prelque toujours couché en dedans.
Sur chaque côté de la tête fe vcyent
les antennes , revêtues auffi d'une peau
femblable à du parchemin. Elles ont
chacune cinq articulations , qui toutes
font hérilTées de poils durs , régulière-
ment difpofés : fous la peau qui les
couvre on apperçoit quelques vailfeaux
blancs. Les yeux font fitués derrière
les antennes : ils ne paroiftent point
divifés en petits réfeaux à maiiles he-
xagones , comme les yeux de plufieurs
autres Infectes. Svammerdam dit
y avoir remarqué quelques pGÎls fur
leurs bords antérieur , extérieur Se
poltérieur.
Le col eft fort court : il fe joint au
corfèlet, qui fe divife en trois parties ,
fur le milieu defquelles paroît du côté
du dos une efpece de petit bouclier.
Sur les deux côtés on voit les fît pieds,
qui s'articulent à la partie inférieure
dii corfèlet: ils ont chacun fix articu-
lations ou phalanges de différentes
grandeurs : ils font parfe*iés de points
faillans , analogues aux petits tubercu-
les du chagrin; ces points vont en di-
minuant peu-à-peu, Se ils difparoiffent
vers l'extrémité du pied : enfin ces
pieds font bordés de poils durs Se par-
femés. de vailfeaux blanchâtres , qui
paroiftent à travers la peau : l'extré-
mité de chaque pied eft armée de deux
ongles ou crochets d'inégale grandeur ,
rougeàtres & tranfparens. Ilsfemblent
férvir à cet infecte comme d'un doigt
Se d'un pouce , au moyen defquels il
POU
faifit Si embraffe le corps d'un volume
proportionné Se marche affez vîte l e
long d'un cheveu. 11 y a beaucoup de
poils entre les ongles des pieds de cet
infecte.
Sur la poitrine , au centre à-peu-près-
de la partie où s'articulent les pieds
paroît à travers la peau un petit corps
ftrié blanchâtre , qui va fe terminer fur
cette partie , qui eft de couleur obfcu-
re, Se qu'on voit à travers les anneaux
de l'abdomen : ce corps a un mouve-
ment très-marqué. Aux deux côtés de
ce même corps , qui eft la moelle épi-
niere, on voit deux appendices de cette
autre partie , plus grandes Se de cou-
leur obfcure. Ces appendices fe pro-
longent fort avant dans la poitrine Se y
paroilfent auffi à travers la peau.
L'abdomen eft divifé en fix parties
diftincïes , ou en fix anneaux , & fou
extrémité inférieure fe termine par une
efpece de queue fourchue. Au milieu
du bas-ventre on apperçoît une parti-
cule , ou un point blanchâtre , qui a
un battement vertical , ou de bas en
haut bien marqué. Aux deux côtés les
bords velus du ventre font parfemés
de petits corps rougeàtres. Sur toute
l'étendue du ventre font répandus beau-
coup de vailfeaux blancs , aïnfi que
fur le dos Se fur la poitrine. La peau
de l'abdomen eft fillcnnée de petites
ftries , comme celle de l'extrémité de
nos doigts. Cette texture n'a pourtant
pas lieu fur tout l'abdomen , princi-
palement fur fes bords ; car la peau
en eft comme celle du refte du corps?
tranfparente , afTeZ ferme Si d'une con-
fiftance femblable à celle du parche-
min. Cette peau eft peu chagrinée fur
les bords de l'abdomen.
Voilà ce que dit Swammerdam
des parties externes du Pou. J e a M
M u r a l t o , dans les Êphêmérides
des Curieux rff la Nature , année
Obferv. 53. dit que les yeux du Pou,
placés fur la tête , font gros , fort
faillans , noirs Se fitués à côté de la
future fagittaie j quç le tour des y eus
POU
eft hérifle de poîls ; que fa bouche eft
noire & finit en pointe.
Parties internes du Peu.
Si l'on fend adroitement la peau de
la partie fupérieure de l'abdomen , on
en voit , ditSwAMMERDAM , diftiller le
fang auffi-tôt. Ce fang recueilli dans
un petit tube de verre & obfervé au
microfcope paroît compofé de globu-
les tranfparens comme le lait de Va-
che & comme ie fang humain , lequel,
félon la découverte qu'on en a faite ,
n'eft qu'un compofé de globules rou-
ges, qui nagent dans une liqueur limpi-
de. On pourroit néanmoins douter avec
raifon , fi le fang étant encore contenu
dans fes propres vaifTeaux , eft auffi
globuleux , vu que lorfqu'il en eft
■tiré , il peut aifément prendre cette fi-
gure , fur-tout la partie rouge du fang:
c'eft pourquoi j'avois réfolu plufieurs
fois, dit Swammerdam , d'introduire
unpetit tube de verre dans l'artère d'un
Chien , & d'examiner par ce moyen
avec le mîcrofcope le fang qui y paiTe-
roit ; car il femble qu'on pourroit alors
décider par analogie avec quelque cer-
titude fi le fang humain eft vérita-
blement compofé de globules , tandis
qu'il eft dans fes vaifTeaux : c'eft de
quoi j'ai douté jufqu'à préfent, d'autant
plus qu'on ne découvre dans le corps
des vahTeaux , qui me paroiffent beau-
coup plus déliés , que les globules mê-
mes du fang. Par le même moyen on
pourroit remarquer pareillement la
vraie différence qu'il y a entre le fang
artériel Se le fang veineux :car jufqu'ici
je n'ai obfervé ces globules que dans
le fang veineux , n'ayant point encore
examiné le fang artériel. Je n'affûterai
pas non plus qu'il fe trouve des globu-
les dans le fang du Pou , vu qu'il peut
fe faire aifément que la graiffe s'y. foit
mêlée , de même que certaines parti-
cules de vîfceres bleffés , lefquelles
font compofées d'un amas de parties
globuleufes.
POU 5*?
Immédiatement fous la peau font
les fibres mufculeufes , qui font mou-
voir les anneaux de l'abdomen. S\c r AM-
merdam a obfervé que ces mufcles
font de trois efpeces bien diftinftes :
les uns font plus larges , les autres
font plus étroits , & les troifiemes font
digaftriques , c'eft - à - dire qu'ils ont
deux ventres : ces mufcles s'étendent
quelquefois d'un anneau à l'autre : ils
font de grandeurs fort inégales. Les
bords de l'abdomen font la partie la
plus mufculeufe du Pou s auffi cette:
partie fe meut avec beaucoup de force ,
& c'eft-là que font placés les ftigmates
Se orifices des trachées , au moyen des-
quels le iWattïre 5c rejette l'air parune
infpiration Se une expiration bien ap-
parentes. Les mufcles récemment tirés
du corps femblent conftfter en une (Im-
pie fibre ; mais quand on les fait defté-
cher iur un verre mince Scbien net,
après les avoir lavés avec de l'efprit
de vin , pour en détacher toute la graiP
fe, on diftingue leurs fibres Si les mo-
lécules globuleufes , dont ces fibres font
compofées.
Sous ces mufcles on trouve la graiffe
&les trachées. Swammerdam marque
n'avoir jamais pu découvrir le moînùre
veftige du cœur dans cette partie fu-
périeure de l'abdomen , au-lieu que
dans les autres infectes le coeur eft
toujours fitué dans la partie fupérLure
de l'abdomen Se du dos. L'Obfervatcur
Hollandois dit l'avoir cherché avec
d'autant plus d'attention dans le Pou ,
qu'en le diffequant , il trouvoit une
analogie parfaite entre fes autres par-
ties Se celles des autres infectes. Il eft
poflîble que le cœur du F ou foit d'une
extrême petitefie , Se que par cette
raifon il lui ait échappé ; car il y a d'au-
tres infectes plus grands , comme le
Taon , dont le cœur eft très-difficile
à trouver. Jean Muralto dit
qu'il eft caché dans la poitrine. Un
autre obftacle à cette découverte dans
le Pou eft le battement continuel Se fort
del'eftomac, qui rend la recherche du
B b b b ij
5<?4 POU
cœur fort difficile. Les particules que
Supammerdam regarde comme de la
graine , font fort petites pour la plu-
part, mais fort nombreufes : il y en a
cependant de plus grandes : celles-ci
font de figure irréguliere , & les pe-
tites font gtobuleufes : elles ont la trans-
parence d'une gelée, ce qui pourtant
n'a pas lieu dans toutes les parties de
l'animal.
Les ramifications de la trachée ar-
tère font une partie confidérable du
corps de cet infecte ; car leur multi-
tude eft prodigienfe SeCe distribue dans
la tête , la poitrine , le ventre , les
pieds Se jufqu'aux antennes. Elles font
attachées Se foutenues par la grailfe.
Ces trachées font ces vaitfeaux blancs,
qui le voyent à travers la peau , en
différens endroits du corps du Pou. Ce
qui les rend fi vifibles , c'eft leur cou-
leur argentée Se luifante , femblable
à celle de la Nacre de Perle , ce qui
fait un fort beau ipeîlacle , tant que
l'animal vit. Elles ne perdent point
cette couleur Se ne s'afFaiflent point
lorfqu 'elles font tirées du corps de l'a-
nimal ; car elles font construites de
manière qu'elles confervent toujours
la forme de tubes ouverts.
Cette ftruéture confifte en deux
fortes de matière* car une partie eft
compofée d'anneaux , qui refiemblent
aux cartilages de la trachée artère dans
l'homme , & le microfeope nous fait
voir diftinclement que ces anneaux fe
réfléchiffcnt plufieurs fois fur eux-
mêmes , pour former un canal ouvert,
quoiqu'ils faifent moins de circonvo-
lutions que dans les autres infecles ,
étant plus courts : ils font auffi plus
froncés Se entortillés. Il eft encore à
remarquer qu'aux endroits où la tra-
chée artère fe divife en rameaux , les
anneaux font les plus grands, Se qu'en-
fuite ils fe partagent infenilblement en
de plus petits anneaux. L'autre partie
eft membraneufe Se fituée dans les
înterftices des anneaux , qui par fon
moven fe peuvent courber Se fléchir
POU
Commodément » ce qui arrive princï-;
paiement dans les mouvemens mer-
veilleux du ventricule environné d'un
nombre infini de trachées. Sïammer-
D a m aflure n'avoir point connu aucun
Infecte où l'on diftingue plus aifément
les trachées , fans qu'il foit néceflàire
de rien couper.
On eft ravi d'admiration , en con-
templant dans le Pou la fituation Se le
cours des vailïèaux pulmonaires : auifi
le célèbre M. H o o K les a-t-il élé-
gamment dépeints dans fon incompara-
ble Micrographie , quoiqu'il ne les ait
connus qu'en les voyant reluire à tra-
vers le corps de l'animal. Mais l'ana-
tomie apprend que ces fortes de vaif-
feaux ne fe trouvent pas feulement à
la tête , à la poitrine Éfc au ventre ; mais
qu'ils s'étendent encore jufqu'aux in-
teftins mêmes , à l'ovaire * à la moelle
de l'épine , au cerveau Se à toutes les
partiesinternes.de l'infecte. C'eft ce
que S v a m m e r d a m dit avoir vu de
fes yeux , aidés de la loupe ou du mi-
crofeope.
Ce Naturalifte marque que le Peu
n'a ni bec, ni dents , ni aucune forte de
bouche. L'cclbphage paroît abfolument
fermé, Se n'a d'autre ouverture que
celle de la trompe , dont l'infeéte fe
fert pour percer la peau humaine , fu-
cer le fang & l'attirer dans fon corps.
L'œfophare eft un canal très-délié D
qui n'eft vifible que quand le fang
pompé par l'aiguillon paffe dans le
ventricule , près duquel il paroît com-
me un petit filet limpide Se diaphane.
Le ventricule eft fitué en partie dans
la poitrine Se dans le dos , mais pour
la plus grande partie dans le ventre.
Gontié de fang il paroît d'un brun fon-
cé à travers la peau. La partie du ven-
tricule , qui eft dans la poitrine, ref-
fcmble à une fourche garnie de deux
dents , qui en font les appendices cce-
cales : mais la partie qui eft dans le
ventre mérite fur-tout attention; car
elle eft figurée dans un fachet oblong,
qui fc contracte & fè dilate continuel*
POU
lement çà Se là. Lorfque le ventricule
eft vuide , il eft fans couleur Se diapha-
ne , de même que fes appendices. On
le trouve manifestement compofé de
deux tuniques , dont l'extérieure eft
plus épaiffe , Se l'intérieure très-déliée ,
comme dans tous les infectes. 11 eft
même croyable qu'il a pareillement
trois tuniques , dont la troifieme eft
mufculeufe. Sa tunique extérieure eft
fournie d'un nombre infini de trachées,
dont les gros rameaux font fort appa-
reils : l'intérieure eft très-mince , Se
la troifieme que je fuppofe être fituée
entre les deux précédentes , comprend
fans doute les fibres mufculeufes du
ventricule , à l'aide defquelles il exé-
cute fes mouvemens admirables.
Au fond du ventricule on découvre
le pylore , fuivï d'un inteftin grêle ,
de même ftructure que le ventricule ,
Se dilaté par intervalles. Cet inteftin
grêle eft ordinairement contourné en
S. Romaine , Se vers fa fin on apper-
çoit quatre petits vaifleaux , qui font
plus droits dans le Pou que dans le Ver
à foie , aflez longs , Se de la même ftruc-
ture que les inteftins. Or ces quatre
vaifleaux font proprement quatre in-
teftins cœcitms , queSWAMMERDAM
trouve dans tous les infeétes , Se qui
s'anaftomofent avec l'inteftin grêle.
Vient enfui te le colon , auquel fuçce-
de une dilatation confidérable , qui eft
le cloaque , c'eft-à-dire le lieu où
les excrémens prennent leur figure ;
car ces excrémens font fort irréguliers ,
& nullement difpofés comme dans les
autres infecles , dont les excrémens
font fouvent figurés d'une façon fort
finguliere. Au-delfous de cette dila-
tation eft l'inteftin rciiwrn , qui préfente
fon anus fur le ventre entre la divifion
de la queue , Se fous l'anus une peau
hérifTée de poils foytux Quant au
mouvement du ventricule , il eft ad-
mirable , & l'on pourrait avec raîfon
appeller ce vifc~re animal aan.r un
animal , ,\ caufe des fortes agitations »
contractions , francemens , déyeloppe-
P O U 56*5
mens quï lui font propres , Se qu'on
ne fauroit voir fans étonnement à tra-
vers le corps , fur-tout quand l'efto-
mac eft plein de nourriture , 8c que par
la fuction il y entre un nouveau fang.
De-là on peut aifément fe figurer com-
bien les trachées fituées fur l'eftomac
fou firent alors de changemens étran-
ges Se de combien de manières diffé-
rentes l'air qui y patte eftprefté, agité 7
pouiié, dépuré, changé, atténué. Ces
mouvemens merveilleux s'obfervent
particulièrement dans le vifeere que
Sf ammerdam nomme pancréas ,
pareequ'il eft contraint d'obéir à tous
les mouvemens du ventricule , auquel
il eft uni : or ces mouvemens fe répè-
tent fans cette alternativement , 5c va-
rient à l'infini.
La trompe du Pou eft fort aiguë: fon
extrême finette la rend très- difficile à
trouver : on ne peut gueres l'apper-
cevolr que par un heureux hafard. Si
l'on preffe adroitement la pointe du
mufeau du Pou , on voit paroître un
protubercule obtus , creux à l'inté-
rieur , quife replie au-dedans de lui-
même Se y rentre en fe retournant t
comme les cornes d'un Limaçon , mais
dont la cavité ne communique point
dans l'intérieur du corps. On voit quel-
quefois la trompe fortir de cette par-
tie, qui eft comme une gaîne en cul
de fac , dans laquelle fe cache la trom-
pe. Pour en expliquer la ft.ruet.ure -
Stammerd a'm la compare à une
corne de Limaçon , laquelle fe retour-
ne de même de dehors en dedans , Se
de dedans en dehors r & qui cepen-
dant n'eft point percée , de forte que
fi cette corne étoit furmontée d'une
trompe au lîeu d'un œil , elle pour-
rait , dit-il , donner une idée de la
trompe du Pou. En forçant cette gaîne
de fortïr en entier, on voit qu'elle eft
un peu plus proffe à fon fommet que
dans la partie inférieure ; de forte
qu'elle a à-peu-près la forme d'un
Moufteron , & lorfqu'en la preffant
on en fait fortir la trompe , le fommei
S 66 POU
cîe cette gaine paroît obtus Se repré-
fente une tête de Saule dépouillée de
fes branches. On y voit auili quelques
crochets , lelquels font d'un châtain
rranfparent , ainfi que la gaîne Se la
trompe. C'eft au milieu de ces crochets
qu'eft placée la trompe recourbée.
Lorfqu'on met un Pou fur la main pour
l'obferver , Se qu'on examine fon mu-
feau , tandis qu'il cherche quelque
pore de la peau où il puiffe enfoncer
fa trompe , on voit à travers la tête ,
qui eft tranfparente , une petite ligne
d'un châtain pâle & rougeâtre , Se dont
la partie antérieure eft d'une couleur
plus chargée : cette ligne n'eft autre
chofe quela gaîne de la trompe , avec
la trompe qu'elle renferme.
Voici la manière dont il s'en fert
pour fucer le fang Se le faire couler
dans fon eftomac. Lorfqu'un Peu a
paile un jour ou deux fans nourriture,
Se qu'il eft fort affamé , ce qu'on re-
connoîtaifément , parcequ'alors l'efto-
Kiac eft vulde, & que tout le corps eft
tranfparent, on n'a , pour l'obferver
qu'à le prendre Se le pofer fur la main.
Il y trouve bien-tôt à vivre, fur-tout
fi on s'eft frotté la main auparavant ,
affez pour la faire rougir. On voit t'a-
nimai pencher la tête entre fes deux
pieds de devant,, pour chercher quel-
que pore de la peau. Dès qu'il en a
trouvé un , il plonge fa trompe, Se
prefque au même inftant on voit un
ruiiTeau de fang paffer dans fa tête avec
une rapidité capable d'effrayer f Ob-
fervateur qui l'examine au microfeo-
pe. Lorfque le Pou eft affamé , toute
fituation lui eft bonne , pourvu qu'il
fuce ; car s'il trouve fur la main quel-
ques poils qu'il ne veuille pas franchir ,
il tire le fang , ayant la tête penchée
Si la queue haute. Swammerdam
marque l'avoir auffi vu quelquefois
fucer le fang étant renverfé fur fon
dos , & c'eft lorfque le poil qu'il te-
jpoit feiû avoit manqué fous lui. Cette
fituation eft très-favorable pour ob-
server à la loupe , ou au microfeope ,
POU
le mouvement de l'eftomac & du pan-
créas.
Pendant la fuftîon , les ongles ou
crochets dont la gaîne de la trompe eft
armée à fon fommet , s'enfoncent 8c
fe cramponnent dans les parois inter-
nes du pore de la peau, où la trompe
s'eft infinuée, de forte que le fommet
de la gaîne eft fixe , & que la trompe
agit 8e fe meut librement. En faifant
cette épreuve , l'Obfervateur dit qu'il
a quelquefois tiré obliquement Se avec
force la peau de fa main , tandis que
le Pou en fuçoit le fang , de forte que
la trompe Se les crochets de fa gaîne
fe trou voient engagés dans la peau.
Se que l'infeite ne pouvoit les retirer.
Il efpéroit avoir occafion de mieux
voir fa trompe , au cas qu'il vînt à
bout de fe débarraffer; mais il n'a ja~
mais pu réuffir. Pendant que le Pou
fuce , on voit un petit filet de fang à
travers fa trompe , derrière la tête. Ce
filet de fang fe dilate considérablement
fur le milieu de la tête au-devant des
yeux , ou plutôt le gofier fe dilate en
cet endroit par l'effort du fang, qui
ne celte d'y aborder : enfuite ce filet
fe contracte de nouveau fubitement Se
à un tel point, qu'à peine apperçoit-
on la trace du fang. Ce mouvement
de dilatation Se de contraction fe fait
avec tant de rapidité, qu'il eft difficile
de diftinguer l'une de l'autre. On peut
le comparer aux ofcillations fréquen-
tes du balancier d'une montre. On
voit de même dans la tête Se derrière
les yeux un petit filet de fang , qu'on
fuppofe couler dans l'œfophage : il fuit
le gofier Se fe dilate de nouveau dans
le col de l'infecte, Ainfi s'exprime
Swammerdam.
Lée WENHOECKa auffi mis
plufieurs fois un Pou affamé fur fa main ,
pour obferver la manière dont il en
tire le fang , Se les mouvemens qu'il
donne à fon corps pour cela. Le/W,
dit-il auffi , ayant enfoncé fon aiguil-
lon dans la peau , en fuce le fang , qui
jaiTe par un très -petit filet dans la
POU
partie antérieure de fa tête , d'où il fe
dégorge dans un grand réfervoir qu'il
croit plein d'air. Ce réfervoîr étant à
demi rempli de fang dans fa partie an-
rérïeure , le pouffe en arrière & l'air
derechef en devant , ce qui fe conti-
nue avec beaucoup de promptitude »
tant que le Pou fuce , excepté dans les
jnomens où il fe repofe , comme s'il
étoit fatigué, & qu'il reprend fes for-
ces , mouvement qui reflemble à celui
d'un enfant qui tette. De-là le fang
paife encore par un petit filet dans le
milieu de la tête , où il rencontre un
nouveau réfervoîr dans lequel on
apperçoitle même mouvement Enfui-
îeil va encore par un très-petit filet à
la poitrine & dans un inteftin qui s'a-
vance à la partie poitérieure de fon
corps , Se s'y courbe un peu en haut.
Le fang fè meut fans interruption &
rapidement dans la poitrine Se dans cet
inteftin , fur-tout dans ce dernier, Se
cela avec des battemens fi forts & une
telle contraction de l'intellin , qu'on
ne peut qu'admirer ce mouvement. 11
fort de temps en temps un peu de fang
de la partie fupérieure de la courbure
de l'inteflin , qui eft étroite , Se comme
ce fang ne rétrograde pas , cela fait
préfumer à Léewenhoeck qu'il y
a en cet endroit une valvule. Le fang
refte immobile Se y prend une couleur
aqueufe. On apperçoit après ce chan-
gement quelques parties noires , qui
reifemblent à du fable : elles ont un
mouvement confus Se augmentent de
volume. Ayant enfin acquis la grofTeur
d'un grain de fable , ces parties fe
joignent enfemble Se forment une maf-
fe , qui fort par l'anus Se entraîne
quelquefois avec elle un peu de fang
aqueux. Cette excrétion reffemble aux
excrémens du Vers à foie.
N ous ne parlerons point ici des muf-
cles qui fervent à mouvoir les jam-
bes Se la tête , ni de la moelle de l'é-
pine, qui eft. compofée de trois gan-
glions remarquables , ni des nerfs qui
en partent Se qui fe dïftrîbuant aux
POU $ t 7
mufcles des pieds Se à tous les vifee-
res , y communiquent la vie , le fen-
timent Se le mouvement , ni du cer-
veau enveloppé dans la dure-mere ,
ni d«s nerfs optiques , tous objets plus
ou moins difficiles à démontrer.
FoufoKpçonrié Hermaphrodite , texture
de fa yeatty & fes œufs on kndes.
S w a m m e r d a m marque qu'il n'a :
jamais pu reconnoître fi les Poux font
diftingués en mâles Se femelles , com-
me les autres infectes. Il a cependant
vu ces infectes quelquefois monter les
uns fur les autres ; mais la diffectior»
qu'il en a faite ne l'a point éclairé fur
la diiïinètion des fexes ; car dans les
quarante-deux Poux qu'il a difféqués ,
il a toujours trouvé un ovaire , ce qui
le fait foupçonner que cet infecte eft
hermaphrodite, Se qu'il a peut être tout
à la fois une verge Se un ovaire, comme-
un Limas ; mais il ne fait pas avec cer-
titude ce qui en eft ; car quoiqu'il ait
vu très-diftinctement l'ovaire , il n'a
jamais pu apperçevoir de verge , 8c
cependant il efpéroit la trouver avec
d'autant plus de fondement , que tous
les infectes ont la partie de la généra-
tion fort grande , relativement au'
volume de leur corps, L'ovaire s'étend
par toute la capacité du ventre , mais
il a une iifue diltinéte de celle des in-
teftins. Les appendices de l'ovidutlus
font comme deux tuyaux , qui vont
naturellement fe réunir en un point.
On apperçoit dans Yoviduclus les œufs
tant parfaits qu'imparfaits , de forte
que Swammerdam a compté dans
un feul ovaire dix gros œufs Se qua-
rante-quatre petits. Il a vu même dans
Vuterus un œuf parfait Se prêt à être
pondu. Dans tous les Poux il y a un
double ovaire , Se chaque partie fe di-
vife en cinq ovidaUus , qui viennent
tous aboutir en un canal commun F
après lequel fuit V utérus , où i'ccuf
acquiert fa dernière perfection. Après
ViUtiïits fe trouve un fachet plein de:
S 6S POU
glu , qui s'ouvre dans ce vifeere , $c
dont la glu fort à coller les œufs, à
mefure qu'ils font pondus. Les ovi-
duttus embrafient fi étroitement les
œufs , qu'on obferve prelque aucune
différence des uns aux autres , Se quand
on veut les féparer, cela ne fe peut
faire fans beaucoup de peine , la vue
étant troublée par de nombreux fachets
de graille qui s'en féparent : c'eft ce
qui a fait connoître à l'Obfervateur
que les oviduïlus étoient de même
ftruéhire que le ventricule Se les în-
teftins, quoique' beaucoup plus ten-
dres.
A l'égard de la ftrufture de la peau ,
il s'y trouve des chofes dignes d'at-
tention. L'Obfervateur ne connoît rien
qui y foit plus analogue qu'un parche-
min fort Se tranfparent. En beaucoup
d'endroits elle eft fillonnée par des
ftries déliées , femblahles à celles des
extrémités de nos doigts. Ces ftries
vues au microfeope paroifTent autant
de ramifications de trachées. Dans d'au-
tres endroits , comme aux bords du ven-
tre, la peau eft d'une autre ftruchire.
S W a M M E R D a M , après nous avoir
donné la curîeufe anatomie du Pou ,
nous apprend encore que les œufs de
.cet infecte font ce qu'on appelle or-
dinairement des Unâes. Mais pour ob-
ferver la lende au microlcope , il faut
"beaucoup de précaution : car félon
qu'on la tourne en différensfens, on y
voit des chofes toutes différentes , Se
pour peu qu'on l'approche ou qu'on
l'éloigné , elle prélente un nouvel af-
pect : quelquefois au-lieu de ftries ou
trachées on apperçoit des particules
globuleufes , quoique l'œil foit tou-
jours fixé fur le même point : d'autres
fois on voit auffi de ces globules entre
les ftries, c'eft-à-dire dans les endroits
où la peau n'eft qu'une fimple mem-
brane. DansquLlquesendroits, comme
£>.ar exemple fur les bords de l'abdo-
men , ia peau eft un peu différente ;
car elle eft compofée de pièces régu-
ïferes , dont les unes ont des ftries cir-
P o u
culaîres; d'autres ont des globules;
quelques-unes ont tout à la fois des
globules Se des ftries , Se d'autres en-
fin ne font qu'une peau liffe, tranfpa-
rente Se ponctuée ; mais toutes ces
apparences viennent ou des parties in-
ternes qui ont été récemment féparées
de la peau , ou de la diftance plus ou
moins grande qui eft entre le mïcrof-
cope Se l'objet. Ainfi l'œuf ou la lende,
qui eft véritablement le Pou même ,
venant à lortir de fa membrane , fi-tôt
que l'humidité iuperfiue s'en eft éva-
porée , devient incontinent propre à
la génération , Se c'eft cette prompti-
tude avec laquelle il engendre , im-
médiatement après être forti de fon
œuf , qui a fait dire par plaifanterie
qu'un Pou devient bifayeul dans l'ef-
pace de viiagt- quatre heures. Il eft
vrai que cette Vermine multiplie pro-
digieufement en peu de temps ; mais
pour cela il faut que fes œufs lbient te-
nus en un lieu chaud Se humide ; car
autrement les lendes meurent , Se c'eft
aufli ce qu'on voit arriver à celles qui
étant engendrées la nuit dans les che-
veux pendant qu'ils font chauds , meu-
rent cnfiute le jour , lorfqu'elles vien-
nent à être expofées à la chaleur de
l'air , Se qui après être reliées durant
quelques mois collées aux cheveux,
perdent enfin tout-à-fait la forme ex-
térieure qu'elles avoient.
Les Poux s'attachent à toutes les
parties du corps de l'homme , mais
particulièrement à la tête des enfans.
Il s'en trouve beaucoup dans les habits
des Pauvres , des Mendians , des Ma-
telots ," des Soldats, Se dans ceux de
toutes les perfonnes mal-propres , qui
n'ont pas foin de changer de linge.
Comme cette Vermine fuce le fang en
perçant la peau , elle y fait fouvent naî-
tre des puftulcs qui dégénèrent en gal-
le Se quelquefois en teigne. M. LiK-
Njeds dit qu'il n'a point trouvé de
Poux plus gros que dans les cavernes
chaudes de la mine de Fahlun , ville de
Suéde , dans la Province de Dalécarlîe.
Il
POU
Il ajoute que le Pou qui vît dans les
habits ne diffère de celui qui vit fur
Ja tête que comme variété , Se non
pas comme efpece.
On a vu naître fur plufieurs per-
fonnes une maladie mortelle, prove-
nante d'une très - grande quantité de
Poux, qui s'engendrent fur la chair,
Bc qui font par tout le corps des plaies
pénétrantes jufqu'aux os.L'Hiftoïre fait
mention d'un bon nombre d'homme?
frappés de la maladie pédiculaire , Se
qui ont été dévorés tous vivans par
des milliers de Poux , la plupart en
punition de leurs crimes. Tels font
Hékode , Antiochus Epifhane , le
Poëte Alcman, PhérécïDe,
Cassandre, Callistheke, Sylla,
Sec. Ce fut aufïï la troifieme plaie dont
Dieu frappa toute l'Egypte. On fait
que les Magiciens de Pharaon
n'ayant pu contrefaire un pareil pro-
dige, confefferent que c'étoit-là véri-
tablement le doigt de D i e u.
Oviedo a obfervé qu'à un certain
degré de Latitude , les Poux quittent
les Efpagnols qui vont aux Indes , Se
qu'ils les reprennent à leur retour dans
la même Latitude ; car quoique les
Domeftiques & les Matelots qui font
en grand nombre dans leurs vaiffeaux
ioient fort malpropres , il n'y en a
cependant aucun qui ait des Poux ,
lorfqu'ils arrivent aux Tropiques. Mais
avant que d'y parvenir , on ne peut
aller parmi eux fans en attraper quel-
ques-uns. Dans les Indes, perfenne ,
quelque falc qu'on foit , n'en a qu'à
la têre , Se on n'entend point dire que
qui que ce foit en ait dans fa chemife ,
ou dans fes habits. Cette Vermine fe
multiplie de nouveau lorfqu'on ell
venu à la hauteur des Ifles de Madère ,
dans la traverfée d'Amérique en Eu-
rope.
Christophe Mtngo dit que lorf-
qu'on approche des Tropiques, oncom-
inenceàfuer excefllvement : cette fucur
couvrant tout le corps , chaffe ou fait
mourir les Poux , à-peu-près comme
Tome UL
POU 5<fp
le beurre ou l'huile / dont on frotte or-
dinairement la tête de ceux qui ont des
Poux , qu'il allure détruire entière-
ment cette Vermine. Quant à la nou-
velle génération , cette fueur ne s'ar-
rêtant pas affez long-temps dans le»
pores , n'eft pas difpofée à en pro-
duire : car la fueur n'eft pas auffi gran-
de aux Indes qu'en Europe. Dans le
retour la lueur reftantplus long-temps
dans les pores , Se fur toute l'habitude
du corps , Se les fermens particuliers
étant exaltés Se mis en aclion produi-
fent ces animalcules. Si l'on demande
pourquoi il s'en engendre dans la tête
aux Indes , l'Auteur répond que quoi-
qu'on fue beaucoup du vifage , on ne
lue pas tant de la tête. Outre cela,
cette fueur fe loge dans les cheveux Se y
engendre des Poux ; car ces gens-là ne
prennent gueres plus de foin de leurs
cheveux dans ce pays-là que dans celui-
ci. Cependant les Nègres Efpagnols fe
lavent la tête avec du favon , pour fe
délivrer de cette Vermine, au - lieu
que les autres Nègres employent beau-
coup de temps à fe peigner » leurs
cheveux frifés étant beaucoup plus
propres à en engendrer que ceux des
Européens. Il allure avoir vu à la tête
de quelques-uns des plus malpropres
de grands trous que les Poux y avoient
formés.
On lit dans les Éphémérides des
Curieux de la Nature , Dec. 2. année
1687. @kf' l 7&- l'hiftoire d'un hom-
me qui mangeoit des Poux vivans , Se
qui devint pour ainfi dire fâuvage par
la grande habitude de vivre dans les
bois. Elle eft rapportée en ces termes
dans le Tome IV. des Collections Aca-
démiqnès , p. 16$, Cet homme, dit
Gabriel Clauder, a voit en vï-
ronibixante ans. Il étoit né de partns
très-pauvres. Il vint au monde pendant
les dernières guerres d'Allemagne. Il
fut nourri dans un village où les Sol-
dats venoient fouvent faire desincur-
{ïons. Le pere Se la mere de cet enfant
ennuyés de fe voir enlever tous le*
57^ POU
jours ce qu'ils avoîent pour vivre ,
quittèrent le village & s'en allèrent
pour quelque temps avec leur enfant
chercher dans les bois un afyle tran-
quille, Ce genre de vie plut Ci fort à
ce jeune homme , qu'il en conferva
l'habitude après la mort de fès pere
Se tnere. Quoiqu'il fe trouvoit quel-
quefois en fociété avec les autres ha-
bitons du village, avec qui il viVoît
pendant quelque temps , il préféroit
la folitude des campagnes défertes &
des bois , où. il s'abrutit au point qu'il
mangeoit avec grande avidité les Poux
qu'il prenoit fur fon corps , & il les
avaloit tout vivans. Le Gouverneur
de ce canton en fut inftruit, Se il l'en-
voya chercher auffi-tôt par commifé-
ration. Il le garda chez lui , lui fit faire
bonne chère & le traita avec beaucoup
de douceur & d'affabilité , pour tâcher
de le guérir de fa manie. Toutes ces
précautions furent inutiles , car cet
homme fauvage s'efquiva furtivement
quelques jours après , &s'en alla dans
les bois reprendre fon premier genre
de vie.
Mouffet rapporte auffi un fait
afTez mémorable. Il dit qu'il- y a un
Peuple du côté de la mer Rouge , de
petite ftrucuire Se noir , qui ne fe
nourrit que de Sauterelles , que le
vent d'Afrique fouffle dans l'Équi-
noxe du printemps. Ilfàle ces Saute-
relles, & c'eft-là toute la préparation
qu'il y fait. Cette nourriture eft extrê-
mement feche. Ces hommes ne vivent
pas plus de quarante ans, Se ils meu-
rent tous de la maladie pédiculaire.
Les Poux les mangent 3c les déchirent,
Leur corps tombe en pourriture , Se Ils
meurent dans de grandes douleurs.
Les Auteurs difent que pour fe pré-
ferver des Poux , il faut manger des
viandes de bon fuc , ufer de boiffons
falittaires, &fe tenir le corps propre,
fur-tout fi l'on eit vêtu de laine ; en
un mot , garder un bon régime de vi-
vre. Pour remédier à la maladie même,
Jérôme Mercurial allure qu'il
POU
n'y a rien de plus efficace que la pur-
gatïon fouvent répétée. Il n'eft pour-
tant que trop vrai de dire que c'eft
un mal opiniâtre , qui réfifte à prefque
tous les remèdes , tant internes qu'ex-
ternes. Entre les premiers , difent les
Auteurs de la Suite de la Madère
Médicale , on vante l'Ail , la Mou-
tarde , la Thériaque , la Corne de
Cerf, aînfi que les nourritures falées».
acides , aufteres , ou acerbes , & en-
tre les derniers, les fomentations, les-
bains de rivière , & principalement
ceux de mer , comme étant plus
déterfifs; une décoéfr'on deLupîns , le
fuc de Bette , les poudres de Pyretre
& de Noix de Galles, mêlées enfem-
ble ; le vinaigre , mêlé avec de l'eau
de la mer • une leflive faite avec de
la cendre de Stechas , dont on frotte
la tête ; le Sandarac , avec de k chaux
Se de Phuile ; enfin des onctions ou
linimens, des cataplafmes & des on-
guens. Mais les remèdes qu'on em-
ploie avec le plus de fucecs pour fai-
re mourir les Poux , font, difent les
mêmes Auteurs de l'Ouvrage ci-dettiis
cité, la femence de Staphifaigre , les
Coques du Levant, le foufre, les ra-
cines de Patience fauvage & à'Emtla
Campana , le Tabac , le Mercure , le.
Cînnabre , le Verdet , & le vinaigre
Sciilitique. M a p p u s , dans fon Hif
toire des Plantes d' 'j4lja.ee , nous affu-
re que la graine d'Ache , ou de Céleri
pulvérifée, & répandue dans les che-
veux le foir en fe couchant , chatte
tous les Poux , fi l'on a l'attention de
bien ferrer le bonnet autour de la tête 5
car durant la nuit ils fe tourmente-
ront confîdérablement pour s'échapper, .
& ne pouvant y parvenir , on les trou-
vera tous morts le lendemain matin.
Les Poux contiennent beaucoup de •
fél volatil & d'huile. Le peu d'ufage
que la Médecine fair de ces infeclcs ,
ne nous arrêtera pas long-temps fur
un objet autti dégoûtant. Ce n'eft pas-
que les Médecins ayent négligé de lèst
examiner pour en découvrir les pro.—
POU
jmétés : leur zele pour la fauté des
hommes les met au-deiïus des défa-
grémens de quelque travail que ce
foit ; mais apparemment qu'ils n'ont
pas trouvé aflez de docilité dans leurs
malades pour fe prêter à ufer de diffé-
rentes préparations , qu'on en auroit
pû faire pour les maladies auxquelles
on les atfoit cru convenir. Pour bien
faire la Médecine Pédiculaire , conti-
nuent encore les Auteurs de la Suite
de la Matière Médicale, il faudroit être
en Afrique, où ces înfeétes font re-
cherchés foigneufement , & mangés
comme quelque chofe de délicieux.
On fait qu'un des grands plaifirs des
Nègres de la côte Occidentale de cette
partie du Monde eft de fe faire cher-
cher leurs Poux par leurs femmes ,
qui ont grand foin de les croquer , à
mefure qu'elles en trouvent. LesTar-
tares 5c les Hottentots font auffi des
mangeurs de Poux, Se les Singes parmi
les animaux. Il n'y a pas de doute que
les Tartares Se les Hottentots , aînfi
que ces femmes Négreffes , dont on
vient de parler , ne fe prêtaient à des
expériences qu'on voudroit faire là-
detlus : mais comme leur goût ne s'é-
tend point hors de leur pays , Se qu'il
n'y a pas à efpérer qu'il palfe dans nos
contrées , il faut s'en tenir à ce qu'on
fait ici des propriétés de ces infectes.
Les Poux font regardés comme apé-
ritifs & fébrifuges. On s'en fert encore
po'.irguérir lespâles couleursron en fait
avaler cinq ou fix plusoumoins.fulvant
leur groiïeur , à l'entrée de l'action de
la fièvre. La répugnance, comme le dit
M. L É M e u y , avec laquelle le ma-
lade avale ces vilaines bêtes, contii-
bue peut-être plus à chafferla fièvre,
que le remède même. Pour la jaunifle
l'ufage eft d'en donner le même nom-
bre le matin à jeun dans un ceuf mol-
let , ce qui fe répète jufqu'A trois fois ,
en mettant quelques jours d'intervalle
entre chaque prife. Quant à l'ufage
* Cet infecte eft nomme en Latin PecS-
cuhis Pijeium ; en Allemand , Eine fitôfife*
POU 571
extérieur des Poux, on s'efl fert dans
la fuppreffion d'urine , qui arrive quel-
quefois aux enfans nouveaux nés : on
en introduit un vivant dans l'uretère,
qui par le chatouillement qu'il excite
fur ce canal, qui eft doué d'un fentiment
exquis , oblige le iphm£ter à fe relâ-
cher 8c à laiffer couler l'urine.
Les Auteurs qui ont écrit fur les différen-
tes efpeces de Poux , font Sw»mmekd*m,
p. i6ç~ ou Tome V. des Colle£lions Académie
guer & Tome I. de la Suite de la Matière
Médicale , p. <Î7- Schroderus, p. 584.
Aldrova nue, p. i>4i. J o n s to n , 8p.
M ODïrETif. 2,551, Charletok, p. ;z.
M E R R E T, p. 101. BONAUKI , p. ff . ReDI,
p. 18. M. L 1 n n /eus , Patina Suee. ». 1153.
& les autres.
POU DES POISSONS*: M.
Pierre Lœfling nomme cet infecte,
Monoctdus caitâà foliacé a -plana. Voici
la defeription qu'il en donne dans les
Ailes d'Upfal , 1750. p. 42. Cet in-
fecte aquatique fe trouve dans les
branchies de la Perche Se du Brochet ,
& au - de (lu s des clavicules. Il a le
corps membranacé , diaphane , d'un
rond oblong, plat, un peu convexe
par delfus , & un peu concave par
deffous. La tête , qui eft très-menue
& diaphane , tient de chaque côté aux
ailes par derrière. Les antennes très-
déliées font placées fur le devant du
bord de la tête , & font à peine vifi-
bles. lia deux yeux noirs , diftans l'un
de l'autre , (impies Se auffi vîfibles en
deflus qu'en delfous. Les autres par-
ties de la tête , comme la bouche ,
Sec. s'il en a , dit l'Obfervateur , ne
font pas vifibles , à caufe de leur
finelfe &petitefle. Le tronc étroit , un
peu épais , principalement à la partie
de derrière , eft d'une couleur obfcure
Se non diaphane. 11 a des appendices
ou des ailes , une de chaque côté , qui
font membranacées , attachées au
commencement du tronc , tenant en-
tièrement à la tête ; ce qui fait que le
corps de cet animal a la figure d'un
rond oblong. Le côté intérieur des ailes
Laus , félon M. Frisch \ en Suédois, Abber-
Lus Si Gaeââa-hut,
C c c c i j
57* POU
eft par-tout très-entier Se très-mînee.
Sur le milieu de la fuperfkie il y a
des veines de pourpre luïfantes 8c bien
peintes. Cet animal a la queue plate ,
horifontale , prefque attachée au tronc ,
& non aux ailes , membranacée , en
forme de cœur par le bout , ou four-
chue , marquée à fa bafe de deux points
Hoirs , fubronds ou eblongs , Se recour-
bée en haut. Entre les yeux & le com-
mencement du tronc font deux petits
fuçoirs perpendiculaires , très-courts ,
creux , fixes à leur bafe , joints au corps.
Tout proche font deux pieds pointus
comme une alêne , de couleur pâle ,
8c très -difficiles à appercevôir. Proche
de ces deux pieds il y a vers la queue ,
aux côtés du tronc quatre pieds de
chaque côté, placés horifontalemenr,
parallèles , un peu noueux, gros vers
la bafe , & leurs bouts font très-minces ,
pointus & fourchus. La dernière paire
proche de la queue eft moins fourchue
au bout, cependant affez parallèle &
affez femblable aux autres. Ainfi cet
infecte eft fourni de dix pieds , dont
la première paire eft placée au com-
mencement du tronc , les trois fuivan-
tes aux côtés du tronc , & la dernière
au bout, proche de la queue.
Ces animalcules habitent principa-
lement dans les branchies des poifTons ,
ou hors des branchies au-deiTus des
clavicules , où ils ont un mouvement
lent. M. LinNjîus ( Fanna Sitec.
n. 284. & 304.) en a trouvé dans la
Perche que les Suédois nomment Ab-
bor y 8c dans le Brochet que les mê-
mes nomment Gaedda , ou Giaedda.
M. Lœfling dit auffi en avoir trouvé
fur ces mêmes poiiTons , péchés dans
le lac Stroemarn en Uplande. M. Ber-
nard de Jussieu nous a appris qu'on
en voit beaucoup dans la rivière des
Gobelins , & qu'ils s'attachent à toutes
fortes de poifTons.
Ils fe fervent pour marcher de ces
deux^ fuçoirs , & non de leurs pieds T
dont ils ne font aucun ufage que pour
S'attacher aux poifTons, Ces membres
POU
font conftruits de façon que quand ils
touchent quelque chofe de folide , ces
infectes y font attachés , 8c pour chan-
ger de place , ils les avancent l'un après
l'autre , 8c de cette manière leur mou-
vement eft très-lent. Mais ils nagent
très -vite & d'une manière dégagée;
alors les huit pieds de derrière leur
fervent, 3c les deux autres, ainfi que
les fuçoirs font tranquilles. Ils nagent
fur l'eau 8c dans l'eau r leur queus
étant recourbée en haut. Quand en
nageant ils touchent le fond de la vafe,
ou quelque autre corps folide, ils y
reftent attachés , Se tantqu'ils font dans
cet état , les huit pieds de derrière font
toujours en mouvement.
Quelquefois en nageant ces infectes
fe couchent fur le dos , 8c ils allongent
fur la fuperficie de l'eau ces deux fu-
çoirs , qui cependant ne paroiffent pas
hors de l'eau: il n'y a leulement que
le trou du tube vuide d'eau 8c fec qui
paroïffe , 8c en remuant alternative-
ment ces deux petits membres , ils
avancent couchés fur le dos comme s'ili
marchoient fur quelque chofe de fo-
lide. 11 paroît auffi que c'eft par ces
efpeees de fuçoirs qu'ils tirent leur
nourriture des branchies des poifTons
où ils habitent ; car M.Lœfling ne
leur a point trouvé de marque vïfîble
de bouche ; peut-être que ces deux
orifices peuvent leur en tenir lieu.
Le genre de cet infecte eft difficile
a trouver, fuivant le IVaturaliiVe a'a-
près qui j'écris. Il approche en quelque
forte du Monocle ou Perroquet d'eau
à queue fourchue de M. Linnius
( Fauna Suec. n. 1 1 8 1 . ) , nommé en
Latin Monoculus cauâà bifeiik , félon
la figure qu'en donne M. Frisck
( Germ, 1 o. p. 1 . f. 1 ■ ) , mais il en dif-
fère beaucoup. Celui-ci n'a que deux
fimples yeux , diftinits , 8c cinq pai-
res de pieds fimples , au-lieu que le
Monocle de M. Li nnsus a trois
yeux , des pieds en grand nombre , 8c
des antennes , qu'on nomme les pre-
miers pieds > & qui font raine ufèa
POU
Se prefque monftrueufes. De plus cet
infecte n'a point le corps couvert d'une
croûte , ni d'antennes rameufes , ce qui
fait croire à M. Lœfling qu'on en
peut faire un nouveau genre d'in-
fecles.
M. Li NNius penfe que cet in-
fecte eft plat , Se que c'eft ce qui le fait
différer des autres Monocles , qui font
convexes ou hémi/phériques ; car ,
comme on le vient de le dire , toutes
fes parties font plates , Se c'eft ce qui
fait que l'Auteur le nomme Monocit-
lûr caudâ foliaceâ , plana. Comme la
figure qu'en donne M. Frisch, ne
répond point à la defeription , M. L <œ-
fling y a fubftitué la fienne. Cet
înfèâe ne paroît pas faire grand ufage
de fes ailes ; Se étant du genre des
Monocles , il doit aulfi , comme eux ,
être mis dans la famille des infectes
qui n'ont point d'ailes , ïnter Infetta
apterœ. Cet infecte eft figuré au bas de
la féconde Planche des Actes d'Upfal ,
armée ï7<o.
P OU DE PHARAON:
C'eft ûn infecte du Bréfil , qui entre
dans les pieds entre la chair Se la peau.
11 y fait une plaie qui les pourrit , Se
il devient dans l'efpace d'un jour de la
grandeur d'une Féve , Se fi on ne l'ar-
rache pas tout de fuite . il caufe un
ulcère infupportable qui corrompt tout
le pied. Voyez CHIQUES.
POU DEPOL^PES :M.
Tremblay dit qu'il lui a paru plat
fous le corps Se arrondi par du (Tu s :
fa figure eft à-peu-près ovale. 11 eft
ordinairement blanc. L'Auteur a re-
marqué avec la loupe du brun furie
corps de plufieurs. 11 marche aveevî-
tefie fur le corps des Polypes , Se peut
les quitter Se fe mettre à la nage. Ces
Toux fe raflemblent fur-tout près de la
tête des Polypes. On en voit cepen-
dant un grand nombre qui courent fur
tout le corps Se fur les bras : on les
voit diftinctement avec la loupe.
POU DE MER DU CAP DE
BONNE - ESPÉRANCE : C'eft ,
POU 5 7 £
dit K o L B e ( Tome III. p. 9 ï . ) , un
infecte » qui reffemble fort au Taon.
Il n'y a prefque d'autre différence ert-
tr'eux , fmon que le premier eft un peu
plus gros. Il eft couvert d'une écailla
dure , & a un grand nombre de pieds ,
qui ont chacun un efpece de crochet à
l'extrémité. 11 vit fous l'eau , & il tour-
mente étrangement les poilTons. Pour
cela il le cramponne fur le dos , Se
plantant dans leur chair fes dents affi-
lées , il les fucc , jufqu'à ce qu'il les ait
tués.
Rondelet ( L. XVIII. c. 2 6.
p. 412. Edit. Franc-, ) dit que \sTou
de mer , eft de la grofïeur d'une profle
Féve , & de la largeur eu touille-
Merde. Son corps eft couvert de ta-
blettes , comme la queue de la Lan-
goufte Se de la Squille. Devant les
yeux il a deux cornes courtes , de côté
Se d'autre plufieurs pieds courbes, poin-
tus au bout, Il tient fi fort fur les
poiffons , qu'on ne l'en peut arracher.
Il fuce comme laSangfuë , Se ne quitte
point qu'il n'ait rendu le poiifon mai-
gre Se fec. Aristote dit qu'il y
a dans la mer des Poux de poïffgns ,
qui , à les voir , reffemblent à des Clo-
portes , excepté qu'ils ont la queue
lartre.
POU DE BALEINE, en La-
tin Tedïculits Ceti. Cet infecte marin,
duquel parlent Martin Lister
( Htfl. Concbyl. ) , Se Jean Boccone
( Recherches & Olferv. natur. ) , eft
armé d'une coquille à fix pans , dent
les deux extrémités font ouvertes , 8c
par où il paffe fes bras avec de longs
poils , qui lui fervent à piquer la Ba-
leine , 5c à fe nourrir de la graiffe Se
du lard , dont elle eft comme enve-
loppée, On juge bien que quelque ef-
fort qu'elle falTe , 8c quelques mou-
vemens qu'elle fe donne , elle ne peut
chaffer un inf été fi incommode, qui
fe loge d'ordinaire fous les nageoires?
Se vers le membre génital. Le Che- '
valier Robert Sibbald, qui a
obfervé fur les côtes d'Écofie , où. ia
574 POU
mer jette quelquefois des Baleines vi-
vantes , a trouvé que cet infecte étoit
affez ferme au toucher, & qu'en le pref-
fant entre les doigts , il répartdoit une
liqueur noirâtre , qui nuit apparem-
ment à la Baleine. Sa longueur eft de
fept pouces ou environ ; mais il paroît
beaucoup plus grand lorfqu'il étend
fes bras hors de fa coquille. En cet état
ÎL a tout l'air d'un Polype. Sa tête ne
fe montre jamais à découvert : elle eft
toujours cachée fous la croûte pier-
reufe qui l'enveloppe. Stammer-
V a M a confervé un Pou de Baleine ,
qui étoit long d'un pouce Se large d'un
demi-pouce. Cet animal étoit crutlacée,
Se d'une figure fort fmguîiere.
Seba^C Thef. I. Tab. 90. ». 5. )
donne la figure d'un Pou de Baleine ,
qui fe place dans les oreilles Se les'
perce. Il a, dit- il, la figure d'une
Araignée, deux pieds de devant allez
gros , quatre pieds au milieu , longs
8c menus , Se fix pieds de derrière plus
gros que les autres , tous armés d'on-
gles aigus & crochus. Sa tête eft pe-
tite , Se pouffe en avant comme une
.mouftache de chaque côté, La lettre
E. de la Planche de S e b a , cl-deffus
indiquée , repréfènte un Pou de Ba-
leine couché fur le dos : la lettre F.
en repréfènte un autre fur le ventre ;
la lettre G. eu fait voir une autre
efpece dont le corps eft rond , Se la let-
tre H. fait auffi voir une efpece pa-
reille à celle de la lettre E. mais plus
petite.
Le même Auteurparle de Poux ma-
rins de Groenlande , qui font la nour-
riture des Baleines. Ils portent fur le
dos, à la manière des Cancres , des écail-
les , ou des boucliers joints enfemble
par articulation, pourpouvoir s'éten-
dre Se fe ramaffer en rond. Les arti-
culations de ces boucliers font ferrées
les unes contre les autres , mais plus
étroitement dans la partie antérieure
près de la tête que dans la partie pof-
térieure. Ces animaux ont feize pieds ,
lefquels font munis d'ongles pointus
POU
Se recourbés : leur tête eft large Se
couverte d'un bouclier ; leurs bou-
cliers font minces comme ceux des
Squilles , Se pleins d'une graiffé hui-
leufe. Ceft une chofe furprenante , dit
S e b a , que les Baleines de Groen-
lande, animaux d'une prodigieufe ^rof-
feur, ne vivent que d'une fi mince
nourriture. Ce Fou marin eft figuré
Thif. I. Tab. 90. n. 6.
POU V O L A N T : On lit dans
le Tome IV. des Collections Académie
qttes , p. 174. une Obfervation de
Chrétien-François Paulin , ou
Paulini , fur des infeci.es fembla-
bles à des Poux volans , tirée des Éphé-
méïides des Curieux de la Nature ,
Dec. 2. année i6$y. Obftrv. XVllï.
L'Auteur s'exprime en ces termes :
Allant un jour du Duché de Weft-
phalie à Waerfberghen , je rencontrai
prés d'un village un jeune enfant qui
gardoit des Cochons , Se quipleuroit
amèrement: il s'étoit deshabillé Se il fe
grattoit de toutes fes forces la tête Se
tout le refte du corps. Je m'approchai
Se je vis voltiger autour de fa tête une
multitude d'infectes ailés , qu'il appel-
loit des Poux volans, Se dont quel-
ques-uns me mordirent jufqu'au fang.
Je les oblervai a vec attention: ils étoient
noirs , avoient fix pattes , Se ne diffé-
roient en effet des Poux que par leurs
ailes. Ils me parurent de la grofleur
des Poux de Cochons , Se ils faifoient
un petit bruit en voltigeant en l'air.
Je fis quelques queftions à cet enfant,
&: ilm'apprit que c'étoientles Cochons
qu'il gardoit qui lui avoir donné cette
Vermine , Se que quand ils alloient fe
vautrer dans un endroit marécageux,
qu'il me montra , ils en revenoient
couverts de ces Poux volans. J'allai
voir cet endroit marécageux ; j'y ap-
perçus en effet un million de ces pe-
tits infecles ailés ; mais je ne pus fa-
voir des payfans G ces petits animaux:
paroiffbient tous les ans danï la mê-
me faifon. C'étoit fur la fin du mois
de Juillet,
POU
MiRCELLUS D O N A S ( Lib, I.
jiift. Med. c. 5. p. 59. ) dit que les
.Acridophages , ou mangeurs de Sau-
terelles , peuples de l'Ethiopie , font
Sujets à avoir dans leur vieilleiïe des
faux ailés > qui les dévorent en entier
gz en très-peu de temps. Cette Ver-
mine naît dans l'intérieur du corps f .
& elle commence à manger le ventre ,
enfuite les pieds , puis tout le refte du
cadavre. Ces Acridophages font les
rnêmes que ces peuples des côtes de
la mer Rouge , dont j'ai fait mention
plus haut , d'après Mo u F F e t.
POU DE BOIS, ou FOUR-
MI BLANCHE : C'eft un infecte qui
ne fe trouve que trop dans toute l'A-
mérique j c'eft le même qu'on appelle
Fourmi blanche dans toute la 1 erre-
ferme , Se dans les Indes Orientales.
On lui a donné le nom de Pou de
bois aux lues , pareequ'il s'attache au
bois , le mange , le gâte , Se le pour-
rit. Cet infecte engraïlTe les volailles 5
elles en font fort friandes , c'eft le
feul avantage qu'on en puifTe retirer ,
car du refte il eft très-pernicieux. Il
a la figure des Fourmis ordinaires ,
excepté qu'étant plus gras Se plus rem-
pli , fes membres ne font pas fi bien
diftingués : il efl: d'un blanc fale ; il pa-
roît huileux à la vue Se au toucher,
lia une odeur fade 5c dégoûtante; il
multiplie d'une manière étonnante : en
quelque lieu que ces infectes s'atta-
chent ils font une motte d'une matière
comme de la terre noire , dont le deffus
quoiqu'aflez peu uni Se raboteux , eft
fi ferme que l'eau ne le peut pas pé-
nétrer. On ne remarque au-deffus au-
cune ouverture > pareequeces infectes
ne vont jamais à découvert. Ils font
une infinité de petites galeries , grottes
& creufes comme un tuyau de plume
à écrire, de la même matière que la
motte , Se qui y aboutirent Se condui-
fent en tous les endroits où ils veulent
aller. Le dedans de la motte eft un
labyrinthe de ces galeries , tellement
entrelacées les unes dans" les autres,
POU 575
Se fi peuplées ; qu'il eft împofîible de
concevoir combien cet infecte multi-
plie , Se combien il eft adroit à faire fon
logement. Si on fait une brèche à la
motte ou qu'on détruife une galerie ,
on voit d'abord des milliers d'ouvriers
qui travaillent à la réparer. Le Pere
L a b a t ( Voyage aux Ijlesde l'Améri-
que , Tome II. p. 390.) > dit qu'il s'eft
quelquefois arrêté à les voir réparer une
brèche qu'il avoit faite exprès à leur
motte ; il les voyoit tous accourir &
fe préfenter furie bord de la brèche,
& s'en retourner auflî-tôt avec pré-
cipitation ; d'autres leur fuccédoient
avec emprefTement , Se quoiqu'il parût"
qu'ils n'apportalfent rien , le travail ne
laiflbït pas de s'avancer , Se imper-
ceptiblement la brèche diminuoit à vue
d'ccil , Se à la fin elle fe trouvoit ré-
parée. Cet Auteur croit que ce font
leurs excrémens qui leur fervent de
matière pour bâtir.
On a une peine infinie à les chafier
d'un endroit quand ils y font une fois
établis. Qu'on en tue tant que l'on
pourra , pour peu qu'il en refte, ils
travaillent avec unfuccès étonnant à la
multiplication de leur eipece Se de
leur logement , ce qu'ils ne peuvent
faire fans ronger le bois , le cuir, lest
toiles , les étoffes , Se généralement
toutes les chofes où ils peuvent mettre
le pied ; car ils font par-tout des ga-
leries , Se pourrifient tous les lieux 01V
ils paffent. Ils s'attachent fur-tout au'
bois de Sapin , & autres bois qui vien--
nent d'Europe, qui font pour l'ordi-
naire plus tendres Se plus doux que
ceux de l'Amérique: ils les rongent'
Se ils les pourriifent en fort peu de-
temps.
Le Pere L a b A T dit avoir vu des
maifons prêtés à tomber en ruine , par-
ceque les propriétaires avoient négli-
gés d'en chafier ces infectes.
On trouve dans les bois , de même
que dans d'autres lieux , de ces mottes'
lefquelles font fi groffes Se fi pefantes-
qu'un homme ne les peut porter. Quoi-* -
57 d POU
qu'on les coupe en pièces , ou qu'ofl
les arrache du lieu où elles étoienr bâ-
ties , leurs habîtans ne s'enfuient point
pour cela ; au contraire ils travaillent
à réparer les brèches. Lorfqu'on a pris
une motte , Se qu'on la veut confer-
ver pour la donner peu-à-peu aux
Poules , Se empêcher en même temps
que les Poux de bois ne fe retirent , ou
qu'ils n'étendent leurs logemens 8c
leurs galeries , & ne fe répandent dans
des lieux où on ne les fouhaite pas ,
on enfonce un piquet au milieu de
quelque marre d'eau , Se on fiche la
motte fur le piquet , Se à mefure qu'on
en a befoin pour les Poulets , on en
coupe ou rompt une partie qu'on leur
jette. C'eft un plaint de voir comme
ils fe jettent fur ces infeétes , Se comme
la Poule brife la motte avec fonbecSe
avec fes pieds pour les obliger de fe
montrer.
POU SAUTEUR, félon M.
Bernard d e J u s s i e u , eft un
infecte nommé en Latin Fodura viri-
dis fitbglcbofa ; par M, Linn^us,
( Faima Suée. p. 342, n. 1172,), Se
dans les Actes d'Ugfal ( 173 6. p. 37.))
Pulex viridis Fiant arum. Cet infecte
fe trouve fur les plantes. Il a les yeux
r.oirs places fur la tête, une ligne noire
de chaque côté , les pieds d'un verd
tirant fur le blanc , d'une égale lon-
gueur, Scies antennes font recourbées.
M. L 1 n n je u s donne le nom de
Fodura à huit autres infectes de ce
genre. 11 nomme ( ibid. n. 1173.J la
première Fodura atra , abdominej'ub-
glol ojb , àntennis longuudine corporis ,
apice albis. 11 fe trouve furies Cham-
pignons fauvages.
La féconde efpece , qui fe trouve
fur les bois pourris , eft nommée ( ibid.
v. 1 17 40 Fodura globofa , fujea , niti-
da, àntennis longis , articulis plunmis . II
en eft parlé dans les Actes de Stçckfilm ,
I /43- V- *9 6 -
La troifieme , nommée (n. 1175.)
Fodura teres , plumbea , habite ks ar-
jbres 5c les prairies , & afiez fouvent
POU
3 y en a clans les Champignons. Cet
infecte eft de la grandeur du Fou vul-
gaire : il a les pieds blancs , il court
& il faute quelquefois.
La quatrième efpece eft nommée
(». 1 176".), Fodura nivalrs, cinerea, fig-
nattait nigris , Se dans les Actes d'Up-
fat ( 1 740. p. 54. ) , Fodura campeftris ,
cinerea, figna.tu.ru nigru , àntennis lon-
gis. Les Suédois nomment cet infecte
Snœloppa. On le trouve l'hiver en gran-
de quantité dans la neige. 11 y court
ave cagilité. Quand la neige fe fond ,
il y périt. On en trouve en été fur
le fruit du Grofeiller rouge. Cet in-
fecte a le corps oblong , cendré , Se
marqué de taches noires.
La cinquième , qui fe trouve dans des
monceaux de bois pourri , eft nommée
dans les Actes d'ifpfal 1740. p. 49. Se
les Actes de Stockholm , 1740. p. 272.
Fodura campejtris, nigra ,fplendens, pe-
dibus , caudâqite albis, Se par M. Lin-
N/EUS, ». 1 lyy . Podura arborea, nigra,
pedibus , fureâque albis. Cet infecte fe
trouve en (Elande, dans les monceaux
de bois pourri : il eft petit Se noir; fa
queue eft fourchue ; elle eft blanche ,
ainfi que fes pieds Se fes antennes.
La fixieme efpece eft un infecte
aquatique de couleur noire , nommé
dans le Voyage de Gothlande (p, ï8i.)
Fodura aquatica nigra , dans les Actes
de Stockfilm ( 1 740. p. 279, ) , Se à'Up-
J'ai ( 1740. p. 57. ) ,, Fodura aquatica,
tota nigra. Cet infecte habite les eaux
paifibles , & il s'a'femble en troupe le
matin fur le bord des étangs , des vi-
viers , & des réfervoirs.
La feptieme efpece nommée Fodura
viatica {n. 1179.), fe trouve dans
les chemins en Smolande , Se en allez
grande abondance. M. L 1 n n je u s
ne fait fi , comme le précédent , c'eft
un infecte aquatique. Les Suédois le
nomment Jordkprut.
La huitième efpece, nommée Fodura
terre/fris alba {n. 1 1 80.), fe trouve dans
les terres labourées , fur- tout dans les
jardins , où l'on cultive des Melons ,
Se
FOU
8c d'autres Plantes printanieret. On
les voit en quantité fauter à la ma-
nière d'une foule d'atomes qui vol-
tigent, fur-tout après que la terre eft
humectée. Cet infecte eft de couleur
blanche , Scleplus petit de tous ceux
du genre dont je viens de parler.
POU DE MER, nom qu'on
donne , dit M. d'A rgenville ,
à la Porcelaine, Coquillage univalve,
dont la coquille eft rayée Se. tachetée.
Voyez PORCELAINE.
POUCHET: M. A-danson
( H'tft. Nat. des Coquillages du Sénégal ,
p. 18.) donne.ee nom à une efpece
de Limaçon terrellre , qu'il a trouvée
abondamment fur le fommetdes mon-
tagnes de Tlfle de Ténérif, l'une des
Canaries, a plus de cinq cents toifes
de hauteur.
Sa coquille eft médiocrement épaifle
& fi applatie que fa largeur , qui eft
communément de neuf lignes , eft dou-
ble de fa longueur; elle n'a que cinq
fpires peu renflées , maïs bien diftin-
guées , & coupées tranfvcrfalement
par un grand nombre de cr.nclures
fort ferrées Se courbées en arc. Son
fommet eft convexe & fort obtus.
L'ouverture eftprefque ronde , une
fois moindre que la largeur de la co-
quille , applatie comme elle , Se tour-
née entièrement fur la face oppofée
au fommet; la lèvre droite qui envi-
ronne les trois quarts , eft fort large ,
tranchante , repliée horifontalement au
dehors. Lorfque le pli de cette lèvre
eft enlevé par accident de deflus le
milieu de la coquille vers l'angle de
la lèvre gauche", on découvre en cet
endroit un ombilic très-profond qu'elle
cachoit entièrement à la vue.
Sa couleur eft olivâtre ou cendrée
pendant que l'animal vit, mais lorf-
qu'elle a refté quelque temps à l'air
après la mort de l'animal , elle rougit
Se blanchit peu après. Ce Coquillage
* La Poule domeftifue efl nommée en Hé-
breu, en Chaldcen & en Syriaque, Tharne-
foihi ; en Italien , GaUîna en Allemand ,
Terne lîl.
eft figuré Planche I. ». z. de l'Ou-
vrage de l'Auteur.
C'eft le Turbo variegatus de Lister»
( Hifl, Concbyl. Tab. 74. fig, 74. j t q ue
M, K l e 1 n C Tent, p. 9. Jp. n. 6. Tab.
I. fig. 1 8.) nomme Serpent ni us orela-
biata.acutangulo, edentuh : Serpentuhts
varius.
POULAIN: C'eft le petit du
Cheval 3c- de la Jument. Voyez CHE-
VAL.
POULARDE, genre de Poule
qu'on engraifle comme un Chapon :
elle a les mêmes propriétés que la
Poule & le Poulet. La chair en eft plus
délicate , plus fucculente Se plus nour-
ri liante. Il faut pour cela choifir des
Poules bien nourries , tendres , jeunes ,
&■ qui n'ayent point encore pondu.
Leur chair , difent les Médecins, eft
pectorale , fê digère facilement , pro-
duit un bon fuc , nourrit beaucoup ,
augmente les efprits , humecte , ra-
fraîchit , Se enfin eft très-falutaire ,
très-convenable aux perfonnes atté-
nuées & convalefcentes.
POULE*, en Latin Gallina do-
mejlica , oifeau domeftique , Se la fe-
melle du Coq , nommé en Latin Gai-
lus Gallinaceus. Ce genre d'oiieau a
des marques particulières qui le diftin-
guent , comme d'avoir le bec court,
fort , un peu courbé , & propre à ra-
malfer les graines dont il fe nourrit ;
2 0 . d'avoir le ventricule des mufcles
épais; 3 0 . d'être beaucoup en chair,
& d'avoir le corps gros Se épais ; 4 0 .
de ne pas voler haut ni long-temps ,
à caufe de fes ailes courtes & creuiès ;
5 0 . d'avoir le caecum très-long ; 6 U .
d'avoir la chair blanche , fur-tout à
la poitrine Se aux ailes , ce que Ton
voit quand elle eft cuite. En général,
les oifeaux compris dans le genre des
Poules , ex génère Gallinaceo , font
beaucoup de petits , conftruifent leurs
nids à terre ; leurs petits , dès qu'ils
elle porte le nom de Henri. Elle eft appel lée
en Efpagnol Gallina , & on la nomme en An-
gloisi tienne,
D ddd
578 POU
font éclos , ne font point nourris par
les mères : couverts d'un épais duvet
ils courent çà & là , & avec leur pe-
tit bec ils commencent à chercher leur
nourriture. Ce font des oifeaux pou-
dreux. Les oifeaux domeftiques du
genre des Poules , Gallinaceum genus
domefticitm & manfuctum , font la Poule
Se le Coq domeftiques , le Paon, le Coq
d'Inde , un autre Coq d'Inde de la Nou-
velle Angleterre , le Mita du Bréfil ,
le Pauxi de Nieremberg,. oula
Poule des Indes d'A ldrovande,
le Mituporanga de M a r c Grave,
le Coq Se la Poule de Guinée , Se le
Macugagua du Bréfil.
Quant à la Poule domeftique > il n'eft
pas poiïible d'en donner la defeription;
elles différent toutes entr' elles par les
variétés de leur plumage. Il y a des
efpeces qui portent fur la tête une hupe
très-épaiffe ; d'autres qui font petites,
ont les jambes très-courtes : les An-
glois , dit R A ï ( Synop. Meih. Av. p.
5 i. m. i .) , les nomment Creepers; d'au-
tres n'ont point de queue : ce font les
Foules de Perfe d'A ldrovande
que les Anglois nomment Ritmkjns s
d'autres ont le plumage frifé : on les
nomme Poules de Friflande. M. Lix-
njeus ( Fauna Suec. p. 61. n. 155.)
comprend ces différentes efpeces de
Poules , fous le nom de Gallus caudâ
comprejfâ afeendente. Les Suédois nom-
ment Hœna la Poule domeftique ; Trofs-
hoens la Poule hupée j Gkmphoens la
Foule de Perfe , Se Kroll-Hœna la Poule
de Friflande.
Les Anciens n'avoîent pas moins de
foîn que nous , dit Belon ( de la
Nat. des Oif. L. V. c. 8. p. 245. ) ,
de garnir leur baffe-cour de volaille.
Ils eftimoient les Poules d'un plumage
rougeâtre , & faïfoient peu de cas de
celles qui font blanches ; ils regardoient
celles-ci comme fort fnjettes à deve-
nir la proie des oifeaux de rapine.
Aristo te C Hifl. Anim. L. VI.
ci.) parle de deux efpeces de Poules
domeftiques ; il appelle les unesgeW-
P o u
reitfes ou fécondes , Se les autres , îgno-*
bles ou jïériles. Ils avoient comme nous
de grandes 8c de petites Poules. Selon.
A'r i s t o t EÇiùid.), Se P l 1 n e (Hifi.
Nat, L. X.c. 53.), les petites Foules
étoîent nommées Adriennes. Varron
les nomme villatiques , c'eft-à-dire „.
nourries au village , dit B E L o N ; &
C o L u M e l l E les appelle cohortales
c'eil-à-dire , vivant en troupe. C'tft
notre Poule de la petite efpece. Celle
de la grande efpece eft nommée Poule-
Gïijche par Belon, comme qui di-
roit Poule de graïffe.
Les Anciens faifoient venir des Pou-
les de Rhodes ; elles étoîent de grande
corpulence , Se ils les nommoient tiho-
diennes. Les mâles étoient tardifs à co-
cher les femelles , Se celles-ci fort mal-
adroites à élever leurs petits , étoient
le plus fouvent itériles. ils a voient une
autre efpece de volaille , qu'ils nom-
moient Tanagricum , prefque aulïi
groffe que le Coq d'Inde, Sequiavoit
les mœurs Se la façon de vivre de nos
Poules communes ; une autre nommée
Poule Chalcidique , Se qui approchoit
des mœurs de la Poule Tanagrique. Ils
avoient encore une efpece de volaille,
que du temps de Varron on nom-
moit Poule Alelique , au lieu de dire
Poule Msdique , pareeque les premières
venoïent de Médie, Elles étoient gran-
des & belles. Voyez COQ.
M. deRéaumur a donné l'art
de faire éclorre Se d'élever en toute
faifon des oifeaux domeftiques de tou-
tes efpeces , foit par le moyen de la
chaleur du fumier , foit par le moyen
du feu ordinaire. Je renvoie aux cu-
rieux Mémoires que ce Savant Aca-
démicien a donnés fur cette matière,
On trouve auffi dans le Tome IL des
Colleélions Académiques , p. 477. la
manière défaire éclorre les Poulets au
Caire. La découverte de M. de Réau-
mur a donné à un Particulier l'idée
d'avoir mis des œufs dans un panier ,
Se de l'avoir fait placer au-deffus d'un
poêle. Il en a vu fortir des Poulets.
POU
Voîcîla manière dont on fait éclofre
les Poulets au Caire. On commence à
chauffer les fours à la rai-Janvier , Se
on emploie chaque matin cent kintars
ou cent livres de fiente de Chameau
ou de Bufle , & la même quantité
chaque nuit, ce qu'on continue jufqu'au
milieu de Février , que les fours font
fi chauds , qu'il n'efl: pas pofflble de
tenir la main fur les murailles.
Enfuite on met les œufs dans le
four pour faire éclorre les Poulets , ce
que l'on continue fucceffivement juf-
qu'à la fin de Mai. On les met d'abord
fur une couche de foin dans le four
d'en bas , qui eft fur la terre. Il y en
entre ordinairement fept à huit mille :
on n'en met que deux couches l'une
fur l'autre.
On fait les feux pour les fours fu-
périeurs dans les longs foyers , ou pe-
tits canaux un peu profonds pour re-
cevoir le feu , qui communique fa
chaleur au four inférieur ; on range
les œufs qui font immédiatement fous
ces foyers fur trois couches qui font
l'une fur l'autre.
La nuit , lorfqu'on veut faire feu,
on rerire la couche inférieure aux en-
droits où il y en a trois , Se on n'en
lailfe que deux fur les côtés. Après
qu'on a retiré ceux-là , on en met trois
couches fous les foyers où la chaleur
eft plus grande qu'aux côtés , ou on
n'en met que deux.
On laifle ces œufs pendant quatorze
jours Se pendant quatorze nuits dans
le four d'en bas, enfuite on les tranf-
porte dans celui d'en haut , qui eft im-
médiatement deffus. On n'y fait plus
de feu , maïs on retourne tous les œufs
quatre fois par jour, c'eft-à-dïre en
vingt-quatre heures.
Le vingt Se un 8c le vingt-deuxième
jour les Poulets font éclos : ils ne man-
gent pas le premier jour; le fécond les
femmes les nourriffent de bled , Sec.
Le Maître du four a un tiers des
ceufs pour fa dépenfe Se pour fes pei-
nes : il doit remettre les deux autres
POU 57?
tiers en Poulets à ceux à qui les œufs
appartiennent , répondant de ceux qui
peuvent être volés ou caues.
Voici l'ordre qu'on fuit pour faire
le feu dans le four d'en haut , pen-
dant qu'il y a des œufs dans celui d'en
bas. C'eft le premier jour qu'on fait le
plus grand feu : le fécond on en fait
moins que le premier , le troifieme en-
core moins ; le quatrième plus que le
troifieme, le cinquième moins ; le fi-
xieme plus que le cinquième ; le fep-
tieme moins , Se le huitième plus. On
n'en fait point du tout le neuvième jour,
le dixième on en fait un peu le matin.
L'onzième , on bouche tous les trous
avec de l'étoupe , Sic. 8c on ceffe de
faire du feu , qui alors pourrait rompre
les œufs.
On a foin que les œufs ne foîent
jamais plus chauds qu'il ne faut pour
qu'on puifte les fouifrir fur les yeux.
Lorfque les Poulets font éclos , on les
met dans le four d'en bas qui eft cou-
vert de foin. Il y a fous ce foin du fon
pour fécher les Poulets , Se deiTus de
la paille fur laquelle ils font.
Les Poules dorneftiques ne coûtent
pas beaucoup à nourrir à la Louifiane,
On leur donne feulement à manger en
fortant du poulailler, Se le refte du
jour elles trouvent aflez de vermine
Se d'infectes dans les champs.
On peut, fur les différentes efpeces de Pou-
les domefliques , conf iilter Aldrovibbe,
Ornilh. L. IV. et. Gesner, Av. W i l-
l o g h b y, Orniih. 109. & 1 10. Rav, Synop.
Meth. Av. p. 51. ». 1. M. Limbjeos, Se
les autres.
POULE VIERGE DE L'AMÉ-,
R1QUE : C'eft une efpece de Poule
d'eau , qui a un très-beau plumage :
elle eft de la groflêur d'un Pigeon. Son
bec eft beaucoup plus long Se de cou-
leur jaune; ellealescuiftesplus hautes,
d'un rouge fort vif, ainfi que les pieds.
Les plumes du dos, des ailes, & de
la queue font d'un incarnat luifant ,
mêlé de verd , Se de noir qui fert com-
me de fond pour relever les autres
couleurs. Le deffous du ventre Se des
D d d d ij
5 3o POU
ailes foflt d'un jaune doré. On admire
à fon col & à fa poitrine un agréable
mélange des vives couleurs que cet
oifeau a dans tout le relie du corps.
Sa tête eft menue avec de petits yeux
brillans: elle eft couronnée d'une pe-
tite hupe tiffue de plufieurs petites
plumes de différentes couleurs. Ces
Poules d'eau font greffes l'hiver , &
leur chair eft d'un allez bon goût , mais
de difficile digeftiott,
PO U L E S DE JAVA: Il y
en a de deux fortes. Quelques-unes
ont naturellement toutes les plumes
renverfées ou repliées. On en voit
qui ne font pas plus groffes que des
Figeons: il y en a d'autres qui ont les
os , la chair & la peau noires avec des
plumes quelquefois très- blanches. Cel-
les-là font regardées par les Indiens
comme ayant une très-grande vertu
médicinale.
POULES SAUVAGES DE
CONGO: Merolla dit qu'elles
font plus baffes Se de meilleur goût
que les Poules domefiiques. On trouve
au Sénégal de gros oifeaux qu'on ap-
pelle Poules de Pharaon. Il y a dans
î'ifie de Madagafcar des Poules dont
les œufs ne font pas plus gros que le
lent ceux des Pigeons. Les Chinois
ont des Poules dorées , qu'ils appellent
POULES D'EAU DU CAP
DE BONNE ESPÉRANCE: Elles
n'y fréquentent pas la mer , dit Ko lue
{ Tome III. c. 17. p- I 73-)> mais les
eaux douces : elles font noires Se de
la grandeur de nos Poules ordinaires ;
elles bâtiffent leur nid fur l'eau. Com-
me leur chair n'eft pas délicate , on ne
s'amufe gueresà les tuer, à moins qu'on
n'ait rien de mieux à faire.
Grande POULE D' EAU, ou
POULE DE MARAIS , nommée
en Latin Gallimda Cloropus major', oi-
feau qui engraiffe beaucoup , dont la
chair eft fa voureufe , & peut même fe
comparer à celle de laCercerelle.il
cherche fa nourriture fur les bords des.
P O U
rîvîeres remplis d'herbes , Se dans les
rivières mêmes , fur-tout s'il s'y trou-
ve des herbes fauvages. Albin croit
qu'il mange les infeétes qui fe trou-
vent parmi ces herbes.. Il fait fon nid'
fur de petits arbres ou fur des arbrif-
feaux qui font fur le bord des eaux,
Se il engendre deux ou trois fois l'été.
Lorfque les petits font en état de pour-
voir à leur fubfiftance , il les chaffe.
Ses œufs font pointus à une extrémité ,
d'un blanc verdâtre, Se marquetés de
taches rouges. Il béquette comme une?
Poule , &ii fe perche fur des branches -
d'arbres , Se fur des joncs de rivières
les plus épais : il fe tient près des foliés-
Se près des grands étangs. Il vole les
pieds pendans. Le corps en eft rétréci
Se fort plat fur les côtés , ce qui ar-
rive ordinairement à tous les oifeaux
de cette efpece. Il n'en eft pas de
même de ceux: qui tirent fur le Ca-
nard , car leurs corps font larges Se
applatis. Albin ( Tome II. n. 72. ) ',
donne à cette Poule d'eau dix - fept
pouces & un quart de longueur de-
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré--
mité des pieds, & treize pouces Sidé-
ré de cette pointe jufqu'à celle de là
queue, Se vingt-deu^ pouces & demi
de largeur les ailes déployées. Le bec
eft noir Se eft environ d'un pouce de
longueur ; la mâchoire inférieure eft
d'un jaune pâle jufqu'au coin de la
bouche , Se enfuite elle eft rouge. Celle
de deffus eft moins jaune à l'extré-
mité : elle eftrouge autour desnarines,
Se chauve jufqu'à l'extrémité. Cette
partie eft de figure ronde , finit au
fbmmet de la tête , Se refiëmble à celle
du Foulque , avec cette différence qire
cette dernière eft blanche , au-lieuqire
la partie chauve de la grande Poids
de marais eft rouge. La rougeur qui
paroît fur le bec eft pour ainfî dire
enduite , Se on peut la ratifier. La par-
tie de ce bec , qui eft rouge , eft fé-
parée de celle qui eft jaune par une
rondeur un peu élevée , fi bien qu'elle
s'etend pjus loin fur le milieu du bee^
PO V
que fur les côtés, La langue eft mé-
diocrement large , raboteufe à la pointe
8c non fendue. L'iris eft rouge , Se la
paupière dedeffous eft chauve. Dans
les jeunes on ne trouve ni le bec , ni
la tache rouge & chauve du front. Les
jambes font vertes , Se les griffes d'un
brun fombre , tirant de près fur le noir ,
& paffàblement longues. Les doigts
font longs comme ceux du Foulque :
celui du milieu eft le plus long - y en-
finie le plus avancé en dehors l'emporte
en longueur fur les autres. Tous en
général font plus larges & plus unis
par le bas que ceux des autres oifeaux
aux pieds fourchus , pour les aider à
rager. Le doigt de derrière eft large ,
& iert peut-être à l'oifeau de gouver-
nail pour diriger fon cours. Les cuiffes
font garnies de plumes p.refque juf-
qu'aux genoux , & depuis l'endroit
où elles finiffent jufqu'aux genoux
elles font rouges. Il y a une raie blan-
che qui s'étend depuis la naiffànce de
l'aile , tout le long de fon fommet,
jufqu'aux extrémités des plumes. Les
plumes les plus longues ibus les ailes
font joliment embellies de taches ou
raies blanches qui vonc par en bas. Le
plumage de la poitrine eft de couleur
de plomb. Il y a ries plumes blanches
fous la queue. Cette foule l'agite par
en bas lorfqu'elle nage : alors le blanc
fe fait voir, Se encore plus lorfqu'elle
baiffe fa tête pour ramafier quelque
cliofe. Les plumes du dos, de même
que celles du moindre rang de l'aile,
tirent de près fur un gris de fer; au-
trement tout l'oifeau eft noirâtre. Dans
le mâle les plumes fous la queue font
plus blanches, le ventre plus cendré ,
Se le dos tire plus fur le gris de fer.
La femelle de cet oifeau , dit le
même Auteur (Tome 1 IL n. pi. ),a dix-
fept pouces Se demi de longueur , de-
puis la pointe du bec jufqu'à l'extré-
mité des pattes , & treize pouces Se
demi jufqu'à celle de la queue , Se
vingt-deux pouces 8c demi de lar-
geur les ailes déployées ; le bec , de-
P O U
puis la pointe jufqu'aux coins de la
bouche , a plus d'un pouce de longueur.
Cet oifeau eft d'un verd fombre Se jau-
nâtre ; le fommet de la tête , le der-
rière du col , le dos & les ailes , font
d'un brun foncé , tirant fur le noir. Il
a une bande de blanc qui entoure ls
naiffànce Se le bord des ailes jufqu'aux
plumes couvertes inférieures. La gor-
ge , la poitrine , le ventre & les cuiffès"
foin noirs. L'efpace qui eft au deffug.
du cartilage de la poitrine, de même
que le deffous de la queue , eft blanc..
11 a quatre plumes longues Se déliée*
fur le derrière de la partie fupérieure-
d:sciiiffis. Les jambes Se les pieds font
d'un verd fale. Les doigts font longs
Se les griSès font noires. Cet oifeauf
dont la chair eft fort favoureufe , &
eft égale à celle de la Cercerelle ,.
comme il a été dit, cherche fa nourri-
ture aux bords des rivières remplis
d'herbes, où il fe contente des infectes
qu'il y trouve.
Petite POULE D'EAU , en
Latin Polïopus Gallinula minor , felott
Albin, qui au même endroit ( n. 73 ) -
dit que cet oifeau a douze pouces Se
demi de longueur, depuis la pointé
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ?
Se quatorze pouces de largeur entre
les ailes étendues. Cet oifeau reffemblè
par la figure au Râle d'eau , avec cette
différence qu'il eft plus petit. Son bec
eft plus court que celui du Râle , ou
de la Poule d'eau. Il eft applati , étroit
Se pointu; la mâchoire fupérieure Se
la partie vers la racine de celle de
delîus eft rougeâtre , ou orangée ; fe
refte du bec eft brun. Les narines font
menues Se oblongues; l'iris eft blan-
che, Il y a une raie de la même couleur
de côté Se d'autre au-deffùs de les
yeux ; le plumage de la tête eft d'un
brun foncé , nuancé de rouge j " le
deffiis du col , du dos, Se des ailes, eft
de la même couleur que le plumage de
la tête, avec des entre-deux de raies
blanches déchiquetées en travers. Le
plumage de la poitrine Se du des eft>'
5 Zz POU
d'un blond pâle & jaunâtre. Il y a à
chaque côté au-deflous des ailes un
rang de raies noires qui traverfent.
Le bas du ventre , près du défaut de
l'os de la poitrine eft d'une couleur
rougeâtre Se fale, La queue eft courte
&: confifte en douze plumes qui font
de la même couleur que les longues
plumes des ailes ; Se ce qui eft de plus
remarquable dans la queue , c'eft qu'é-
tant étendue elle n'eft pas fi unie que
dans la plupart des oifeaux ; elle forme
un creux fingulier : les plumes du mi-
lieu font plus longues que les autres.
Leurs bords , le long des côtés , ont
un peu de blanc ; les jambes Se les
pieds font de la même couleur , Se de
la même figure que ceux des Poules
d'eau ordinaires , c'eft-A-dire , d'un
verd fale. Les doigts font très-longs 8c
partagés jufqu'au bout. Celui de der-
rière eft très-court.
B e l o N ( p. i8r. & 182.) parle
de deux efpeces de Poules d'eau. La
première eft le Ksttçoc d' A RiSTOTE
& la Fulica des Latins. L'autre eft la
Macreufe , en Latin Fulica altéra paulo
major- Voyez au mot MACREUSE,
Il y en a une troifieme qu'il dif-
tingue des deux précédentes , 8c il
- j'appelle (p. 211. ) petite Poule d'eau,
ou Poulette , ou le plus grand des
Râles , en Latin Fulica aliqita fpecies.
Voyez RÂLE.
On connoit dans l'Ifte de Tabago
deux fortes de Poules d'eau , qui font
toutes deux très-bonnes à manger , Se
qui ne différent l'une de l'autre que
par la grofieur.
POULE DE GUINEE,
■oifeau , dit A l b 1 N { Tome ÎI. n. 3 J, ) ,
qui a depuis la pointe du bec jufqu'à
l'extrémité de la queue deux pieds de
longueur. Ses ailes étendues occupent
un efpace de trente-deux pouces. Il
égale la grandeur d'une Poule domef-
tiqite , avec cette différence que le col
■en eft plus long Se plus délié. Ces
Toults font ordinairement de couleur
de frêne fombre , tirant fur le noir } Se
POU
bigarrée par-tout de taches blanches.
Les plumes de la poitrine font blan-
ches , & bigarrées de grandes taches
noires, entremêlées de blanc. Le bec
eft rouge & de couleur de corne vers
la pointe. Le fommet de la tête eft
d'une couleur fombre , Se il s'y trouve
une fubftance ou excroifïance, qui tient
de la nature de la corne & de la même
couleur. La prunelle de l'œil eft noire ,
& l'iris eft blanche. L'eipace qui eft
à l'entour de l'œil des deux côtés de
la tête , eft de couleur de chair entre-
mêlée d'un bleu pâle. Le plumage du
derrière de la tête eft d'un brun ten-
dre Se rougeâtre. Il s'y trouve des
poils hérifles Se noirs. Le fond de la
tête à droite 8e à gauche eft couvert
d'une efpece de chair dure couleur de
fang , Se afin qu'elle ne pende pas par
en bas , comme les ouies des poiffons,
la Nature a pris garde de la tourner
par derrière en plis ; de forte qu'elle
fe termine en deux points aigus. Il
y a de certaines caroncules qui s'é-
ievent de cette chair des deux côtés
8e qui entourent les narines : elles fé-
parent auffi le devant de la tête du
bec de l'oifeau. Les bords de deflous
de ces caroncules font un peu tournés
par derrière fous les narines. Tout ce
qui fe trouve entre le fommet de la
tête Se cette chair à droite &: à gauche ,
eft marqué de deux incifions écaillées ;
mais le derrière de la tête n'en eft
point marqué du tout. Le plumage
fous les mâchoires , ou fous la gorge,
eft d'un pourpre fombre 5 la couleur
delà gorge eft plus tendre, & elle eft
mouchetée de petites taches blanches.
Les longues plumes des ailes font au
nombre de vingt-trois, dont les qua-
tre premières font blanches , aum-bien
que quatre autres du premier rang des
plumes couvertes , à l'exception de la
poitrine. L'oifeau eft par-tout d'un
noir fombre Se bigarré de taches blan-
ches : les jambes font de couleur de
chair rougeâtre. Il y a aufii quelques
oifeaux qui les ont d'une couleur brune*
POU
La griffe du milieu eft plus longue
que celle de la Poule domeftiqiie $ car
cette première a deux pouces & demi
de longueur. Le meilleur moyen pour
les élever , eft de faire couver leurs
œufs par une Poule domefiique, La
Poule de Guinée s'appelle auiïï Poule
d'Afrique. Bel on ( L. V. c. o. p.
240'. ) en parle. C'eft la Pintade.
Voyez encore ce mot.
POU LE ROU GE DU PÉROU ,
en Latin Gallina rubra Peruviana. Cet
oifeau , dit A l b i n ( Tome III. n. 40.),
eft de la même grandeur & de la même
figure que la Poule de Carajoxv. Le
bec , les côtés de la tête , Se le def-
fus du col font de couleur de frene
fumbre. Les yeux ont la prunelle noire
Se l'iris rouge, Le fommet de la tête
eft entouré d'une hupe de plumes
blanches , qui ont des pointes noires,
On lui donne ce nom , dit l'Auteur ,
faute d'en connaître le véritable. Il
l'a tiré vivant , mais perfonne n'a pu
lui en faire le détail. 11 ajoute que cet
oifeau refîemble de bien près à la Poule
de Carafow , & il paroît être de la
même efpece. La différence des cou-
leurs de l'un Se de l'autre paroît, à
ce qu'il croit , provenir des climats
d'où on les amené , ou plutôt de cette
différence qui fe trouve ordinairement
parmi les oifeaux apprivoifés.
POULE DE MER, oifeau que
les Anglois nomment Tbe-Sea- Henné ,
ou Guillemot. Albin dit ( Tome I.
n. 84. ) que cet oifeau eft prefque de
la même grandeur qu'un Canard pri-
vé. Il a dix-huit pouces Se demi de
longueur, depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité de la queue , Se deux
pieds fix pouces de largeur lorfque les
ailes font étendues. La tête , le côté
fupérieur du col , le dos, les ailes Se
la queue, proche du croupion, jufqu'au
milieu de la gorge , font d'une couleur
brune foncée ou d'une couleur noi-
râtre. Le ventre , la poitrine , & le
refte de la gorge font blancs; lespoin-
îes des onze plumes en avant des ailes
POU jgj
ou les plus avancées en dehors du
premier rang font blanches. La queue
a deux pouces de longueur , Se elle
eft compofée de douze plumes , dont
celle qui eft au milieu eft la plus longue
& les autres graduellement plus cour-
tes , jufqu'à la plus avancée en de-
hors.
Cet oifeau fe tient Se s'attroupe
avec d'autres oifeaux qui tiennent de
cette efpece ,. appelles en Anglois
Auks Se Coulternbs. Il engendre de la
même manière 8c dans les mêmes lieux -
mais c'eft un oifeau beaucoup plus
niais & plus facile à prendre : il en-
gendre annuellement fur les rochers
efearpés & inacceffibles de t'Ifle de
Man , de même que fur Fille ou ro-
cher communément nommé Godréa-
ve , qui n'eft pas loin de Saint Yves
dans la Province de Cornouaiiles en
Angleterre. Il engendre encore dans
Pille d'Angiefey , qui eft inhabitée
faute d'eau douce. On y trouve feu-
lement une ancienne Chapelle toute
en ruine , dédiée à Saint Sirician. II.
fréquente encore Se fait fon nid dans '
l'Ifle de Farn , près de la côte de
Northumberiand , Se fur les rochers
efearpés aux environs de Scarborough
drrris la Province d'Yorck , pendant
l'été. Cet animal pond les plus grands
œufs de cette efpece d'oifeaux , ayant
chacun plus de trois pouces de lon-
gueur , pointus à une extrémité , Se
émouffés à l'autre. Ces œufs font d'un
verd bleuâtre; quelques-uns fonrdi-
verfifiés de taches ou raies noires , Se
quelques autres font lans ces taches.
Il y a de ces oifeaux qui différent de
couleur : quelques - uns ont le dos très-
noir , d'autres l'ont brun , ou d'un-
rouge brun.
POULET: C'eft le petit d^une
Poule. Voyez ce mot.
POULPE , nom qiïe Ronde-
let donne aux Polypes de mer. Voyez
POLYPE DE MER.
POUMON DE MER, forte
d'infecte oiarin , qui eft couvert d'ua
5 3 4 POU
cuir dur , Se que l'on appelle aînfi par-
cequ'il eft femblable au poumon des
animaux. Dioscoride dit qu'é-
tant frais , broyé Se appliqué , il foulage
les gouttes , & les mules aux talons.
Pline lui donne la même propriété
qu'à l'Éponge , qu'à l'Ortie marine ,
Se qu'à l'Étoile de mer. Quand on voit
les Poumons marins nager à fleur d'eau ,
c'eft tin ilgne de tempête. Leur vertu
eft telle , dit-on , que fi on en frotte
un bâton il luira de nuit comme une
■torche allumée. Mathiole a éprouvé
que fi on met un Poumon marin fur
quelque perfonne , il excite de la dé-
miangeaifon Se même de la rougeur
■fur la partie. Le Poumon marin , com-
me dit R o n d e l e t C Part. II. p. o 2.
"fldit. Franç. ) , eft mis au rang des
■Zoophytes.
POUPART, poiiTbn du genre
■des Cruftacées. On en voit fur les côtes
tle Groenlande , dit M. A N D E R s o N
{ Htft. Nat. de Groenl. p. 6y. ) , d'une
groflètrT extraordinaire. Les femelles
ont la queue plus large que les mâles ,
pour mieux couvrir les parties géni-
tales; celles-ci font doubles , Se il y
en a une de chaque côté , qu'on voit
-très-diftinctemenr , de même -que les
vagins en dedans. Les mâles en ont
jftuffi deux ; Se lorfqu'ils s'accouplent
ils fe joignent en étendant les queues ,
Se tiennent fi bien enfemble , qu'en
prenant l'un , on emporte en même
temps l'autre. Le Dictionnaire de Tré-
voux fait du Poupari un Teftacée , ce
<jui n'eft pas vrai • Se il dit que c'eft an
poiffon qui eft le meilleur & le plus dé-
licat de tous les Coquillages. C'eft une
efpece de Crabe, mais qui eft beaucoup
plus grande 8c meilleure que les autres.
On trouve dans le corps duf oupart une
matière graife & jaunâtre de là con-
fiftance d'un fuîf mol. On appelle
quelquefois cette matière du fromage,
înais fon véritable nom eft taumaîin.
On tire ce taumaîin, Se on l'écrafe Se
délaye avec eu fel , du poivre Se du
f ir.aig-re , Se c'eft dans cette-fa ufle qu'on
POU
mange la chair du Poupart , que l'on
a fait cuire auparavant dans de l'eau
fort falée. Voyez GRACE , ÉCRE-
VISSE DE MER Se HOMARD.
POU RCEAU , PO RC , ou
COCU O N: Ces différens noms font
donnés au même animal , connu parmi
nous fous le nom de Cochon domefli-
que. Il y a deux fortes de Pourceaux
au Royaume de Quoia , pays des
Noirs. Les uns font rouges , gros com-
me les nôtres : les habitans les nom-
ment Cavia s les astres appelles Sonja
Quint a , font noirs , bien plus gros , Se
fort dangereux. Ils ont des dents fi
aiguës qu'ils brifent tout ce qu'ils
mordent , comme fi c'étoient autant de
haches.
Il y a aux Indes Occidentales , dans
la Terre de Darien , des Pourceaux ,
dit H e R R E R A , qui ont le nombril
fur le dos , Se urinent par -là. Il y en
a aux Indes qu'on nomme Pourceaux
Cerfs , dont on voit la figure dans le
premier Tome du Recueil de The-
V e n o t , Se qui eft un très-bon man-
ger. Voyez aux mots COCHON Se
PORC.
POURCEAUX VOLANS:
S t A M m e r d a m donne ce nom à
des Scarabées A long col , pareequ'ils
ont une efpece de grouin allez fembla-
ble à celui des Cochons.
POURCELET, périt animal
qui a plufieurs pieds , Se qui fe met
en rond , cul Se tête enfemble , pour
peu qu'on le touche avec la main.
C'eft ce qu'on appelle autrement Clo-
porte , en Latin Millepeda. Voyez au
mot CLOPORTE.
G a l i e N dit que les Anons , qu'on
appelle Millepieds , qui viennent Se
naiffent fous les vaîileaux où l'on tient
de l'eau , ont une grande propriété
étant cuits dans de l'huile , pour les
douleurs invétérées delà tête. Suivant
Dioscoride, pris avec du vin,
ils ferventàla jaimifie Se à la rétention
d'urine. Pline dit que.le Millepieds
eft un Ver de terre velu, qui a plufieurs
POU
«1rs Se qui marche de biais. Voyez
JVILLLEP1EDS.
P O V R P R E , en Latin Purpura ,
Coquillage très -connu, mis par M.
D'A rgen ville dans l'ordre des
Univalves , Se par M. Adanson
dans celui des Operculés , qui four-
nit une liqueur de couleur de pourpre.
On le trouve fur les côtes de Pro-
vence, Se il a des fingularités pareilles
i, celles du Buccinam du Poitou , Se
de certains grains découverts par M.
DE Réaumur. , qui donnent auffi
une belle couleur de pourpre. M.
du Hamei. a fait plufieurs ex-
périences fur ce Coquillage. Le fuc
qui s'y trouve eft blanc quand il eft
bien faîn & bien conditionné. A peine
ert il expoféau Soleil qu'il devient fuc-
eeffivement , en moins de cinq minutes ,
verd, pâle , Se jaunâtre , verd d'éme-
raude , verd plus foncé , bleuâtre ,
rouge, pourpre vif& très- foncé. Quand
le fuc eft verd dans l'animal , ce que
M. DU Hamel attribue à une ma-
ladie , il devient auffi -tôt d'un beau
rouge au Soleil. Sa coquille même,
qui en ce cas-là eft quelquefois verte ,
rougit auffi. Un linge frotté de ce fuc ,
& dont une partie feulement ert ex-
pofée au Soleil , ne rougit que dans
cette partie, Se ce qui ne devientpas
pourpre ou rouge , relie verd. M, du
Hamel ( Mêm. de l'Acad. Royale des
Sciences , 1736. p. 6.) dit que cette
Pourpre auroit par fa grande vifeofité
un trop grand avantage dans la tein-
ture. Elle a réfifté aux grands débouil-
lis , par lefquels il l'a fait paifer.
Pline dit que la Yourpre engraiiïè
dans la pleine Lune , & qu'elle eft
moins gralTe dans le décours. Elle aime
les petits poiffons , ainfi que la chair
corrompue 5 elle a un mouvement pro-
greffif de même que les Buccins , les
Vis , les Murex , les Cornets , les
Rouleaux , les Tonnes , les Porce-
laines , Se rien ne répugne àcela , dit
M. d'Ar gen v i i. l e.
Les Anciens diftinguoient troisfortes
Tome 1IL
POU 585
de Pourpres ; celles qui a volent une
longue queue recourbée Se faite en
tuyau ; celles qui n'avoient point de
queue, ou du moins qu'une très-courte,
& celles qui éroient privées de fpirales
ou de têtes élevées , ce qu'on appelle
clavicule. Ce Coquillage , ainfi que le
Murex , fervoit à teindre les robes
des Romains. Cicéron(L. /. Tufc.
qiufi. ) dit ; Veftis pur pure a , Purpureo
Julgore , undè Purpuraù ditli funt qui
apttd Principes , cœteris âignitate amte-
emtes , Purpureâ vefie utebantur. Ceux
qui teiguoient de ce poilfon , ou qui
en faifoient commerce , étoient nom-
més , comme le dit Aldrovande,
Ptnttores Purpurarii , Fifcatores Pur-
purarii. La Pourpre ert appellée Pcla-
gia par Pline, mais Felagii chez les
Latins, font des poiifons qui ne quittent
point le fond de la mer: on la nomme
en Grec n'^çupa- Martial appelle
la Pourpre , Lana Tyria , Lacerna Ty-
ria. Elle eft nommée par Virgile
Sarramm ofireum , Se par J u vénal,
Sarrana Purpura.
La Pourpre Se le Murex fe pèchent
en Italie dans le Golfe de Tarente.
Cette belle teinture fe tire du fuc , ou
de la fleur qui fort du poilfon. La pe-
tite quantité qu'on en tiroit , Se la né-
ceffité de l'employer avant la mort
de l'animal , rendoient cette couleur
extrêmement chère. Elle n'étoit pro-
pre qu'aux étoffes de coton Se de laine ,
au-lieu que la Cochenille , dont j'ai
parlé , petit infecïe inconnu aux An-
ciens , peut teindre également les lai-
nes , les poils des animaux , &la foie.
La Pourpre aime la chair Se les petits
poiffons ; elle fe cache dans le fable ,
même dans l'eau douce; elle fait fortir
une langue très -longue qui darde 8c
qui perce tout. On veut qu'elle vive
fept ans ■ d'autres difent quatorze &
même plus. Elle a des yeux , dit C o-
L u M N a , de Purp. c. 2 . p. 1 o.
La Pourpre , aifez femblable au Mu-
rex , fe diftingue en ce qu'elle n'a pas
la bouche fi allongée , ni fi garnie de
E e e e
5 85 POU
dents & d'allés ; fon corps & fa tête
<ne font point fi élevés : ils ne font
peint couverts de pointes, ni débou-
tons. C'eft de-là, dit M. d'Argen-
Ville , qu'on peut tirer fon caractère
générique , qui eft d'avoir la bouche
petite, ronde, unie, Se le corps tout
chargé de feuilles , comme la Chi-
corée , Sc quelquefois de longues poin-
tes , avec une queue longue , ou cour-
te , creufée en tuyau , Se fouvent re-
courbée.
Cet Auteur fait de la Pourprelà trei-
zième famille de fes Univalves , & dit
que fa coquille eft découpée depuis
le fommet jufqu'à la bafe , de tuber-
cules y de ftries , de boutons , Se de
pointes , avec une bouche mince &
prefque ronde , & une queue courte ;
quelques-unes ont leur bafe terminée
en une longue queue. Il fait connoître
fix efpeces différentes de Pourpres.
Ce Conchyliologue met dans la pre-
mière efpece , favoir , la Pourpre qui a
des branches , & la queue courte ; la
Brûlée, à bouche rouge à trois rangs
de feuilles 5 la Jaune à trois rangs de
branches faillantes ; la Blanchâtre à
trois rangs de rameaux , moins décou-
pés, appellée Chaujfe -Trape , ou Che-
val de Frife ; liCanelée de lignes Touf-
fes , Se les branches moins découpées ;
celle à cinq pattes ou doigts , ou bien
ayant cinq rangs de rameaux décou-
pés en pattes de Crapaud , avec une
clavicule très-bien détachée du corps ;
la Rôtie à fix rangs de feuillages - y la
Découpée de feuilles, formant fix tours ,
iqui tiennent depuis le fommet jufqu'en
bas , Se elle eft appellée la Chicorée ,
ou la Laitue,
De la féconde efpece font la Pour-
pre couverte de pointes , & qui a la
queue longue ; la grande Épineufe , à
grandes pointes ; la petite Épineufe , à
trois rangs de pointes , & VÉpineufe
moins raboteufe.
De la troifieme font la Pourpre *
garnie de tubercules, à long bec, & à la
queue longue - 3 la B étoffe , avec une
POU
Iortgite queue , creufée en fuyau fi n$
aucune pointe ; la moins tachetée ; la
plus petite Se brune.
De la quatrième efpece font la Pour-
pre épaifle & à côtes , dont le bec eft
crochu ; la Marbrée à côtes , garnie de
boutons , Se entourée de fafeics vio-
lettes ; la garnie de pointes.
De la cinquième efpece font la Pour-
pre à filets, imitant les poils , avec un
fommet élevé ; la Grije J'aie , remar-
quable par trois rangs de poils , avec
une clavicule élevée , & le bec tout
droit ^ celle dont le bec eft crochu »
garnie de franges de foie.
De la fixieme efpece font la Pour-
pre mince , garnie de pointes , le fom-
met applati, Se le bec très -court ;
l'armée de pointes , appellée le Porc-
Fpic de mer ; celle dont la couleur
imite le Porphyre,
La Pourpre nommée grande Bc-
cajje épineufe, ou Bécafe Chaitffè-Trape,
Se fix autres efpeces anffi fingulieres ,
font repréfentées à la Planche XVI,
Edition 1757. de la Conchyliologie de
M. D'A rgenville, Se méritent
les attentions des Curieux.
Cet Auteur dans la féconde Partie
du même Ouvrage ,p. 48. Planche IV.
a fait figurer Lctt. C. l'animal d'une ef-
pece de Pourpre a queue , qui a le corps
dîvifé en deux parties. La fupérieure ,
où eft la tête, eft d'une chair fort ten-
dre de couleur rouge : elle eft petite
cylindrique , terminée en arc , d'où
fortent deux cornes renflées dans le
milieu , où font placés extérieurement
deux points noirs , qui font fes yeux.
Sa bouche eft au milieu de fa tête f
& forme un trou ovalé. Les parois
de la coquille font tapiflees d'un man-
telet qui , fans s'étendre en dehors ,
fe replie dans le haut comme un tuyau „.
Se fe rejette d'ordinaire fur la bouche.
Sa plaque , ou fon pied , eft garnie
d'un opercule oblong qui ne ferme
qu'une partie de la coquille. La queue
de la Pourpre eft remplie en dedans
de deux travers de doigts de la matière
POU
pîerreufé , qui forme la coquille , à la-
quelle l'animal eft attaché , fans pé-
nétrer julqu'à la pointe de la clavicule.
La partie inférieure , compofée d'une
fubfiance mollaue , eft enveloppée
d'une peau fi mince , qu'elle fe dé-
chire au moindre mouvement. Cet
animal a dans fa partie fupérieure un
fac qui lui fert d'eftomac , rempli d'une
liqueur épaiife de couleur de pour-
pre très-vif A côté de ce fac eft un
long boyau, qui defcend jufqu'à l'ex-
trémité de fa queue : il fe replie Se
•vient aboutir à la jonction des deux
parties , par où il rend les excrémens,
qui ne font autre chofe qu'une hu-
meur glaireufe d'un gris brun. La
bouche de la coquille, ajoute l'Au-
teur eitprefque ronde , Se garnie dans
fes lèvres couleur de rofe de petites
cannelures , qui fe terminent en dents.
Son corps eft quelquefois armé de pi-
quans , ainfi que fon fommet , Se fit*
lonné de ftries , qui dénotent la naif-
fance des piquans. La Bécaife épineufe
& la iVlaffe d'Hercule font des exem-
ples de Pourpres à piquans. La plu-
part de ces piquans font vuides en de-
dans ; les uns font pointus , les autres
déchirés, comme font les feuilles de
Chicorée , ou des pattes d'Ecreviifes
dont elles ont pris le nom. Quand
elles n'ontpointde piquans, elles ont
fur leur corps de petits tubercules ,
qui en tiennent lieu.
Le même Auteur a fait figurer à la
même Flanche de la féconde Partie ,
lett. D. une petite Pourpre toute blanche
qui n'a point de queue , mais feule-
ment un bec recourbé. On ne voit au-
cun piquant fur fa couverture : c'eft
un alfemblaee de ftries aidez profondes ,
pofées irrégulièrement, dont quelques-
unes faillent plus que les autres. La
bouche de forme ronde eft garnie
d'un bourrelet , qui s'élève confidé-
rablement , Se dont toute la lurface
çft couverte de ftries longitudinales-,
qui le partagent : il parott donner
aailTartce au col Si à deux cornes pla-
POU 5S7
tes , aiguës , 8c chargées de petits poils '
extrêmement fins. Le mouvement de
ces cornes eft contre l'ordinaire horî-
fontale. Il fort de leur milieu une trom-
pe qui fert à pomper l'air 8c à rece-
voir là nourriture. Son mantelet en
forme de feuille recourbée , fort de
l'extrémité de fon corps oppofée au
fommet ; Se fa couche qui contient un
opercule rond à l'une de fes extrémi-
tés eft oblongue , Se piquetée de ta-
ches jaunes Se brunes.
Dans tous les genres de Limaçons
que M. Adanson( Hifl. des Co-
quillages du Sénégal, p. 99. )a obfer-
vés au Sénégal , la Pourpre , dit-il ,
eft celui qui préfente le plus grand
nombre d'efpeces. La forme de leurs
coquilles eft aulfi extrêmement variée.
On en voit de rondes , ou prefque
rondes , d'ovales 8c de longues. Les
premières ou les rondes ont rarement
des pointes fur leur furface : on leur
a donné le nom de Tonnes. Les fé-
condes , ou les ovales , font , ou fans
pointes , ou hériiTées de pointes. Dans
le premier cas , on les appelle Buc-
cins , Se Rochers ou Murex dans le fé-
cond. Les troifiemes, ou les longues,
font auffi garnies de pointes ou lans
pointes : on les connaît fous le nom
de Pourpres. Cette divifion qui eft celle
qu'ont iuivi les Auteurs qui ont rap-
proché avec plus de (accès lesefpeces
nomhreufes de ce genre , eft encore
fujette à des défauts eflentiels , parce-
que n'ayant égard qu'à la forme de ces
coquilles, du feul genre des Powpres ,
ils en ont fait quatre , auxquels ils ont
rapporté beaucoup d'efpeces de Co-
quillages fort différens , Se même plu-
fieurs de ceux qui n'ont point d'oper-
cule.
Connoiftant , ajoute-t-il , les coquil-
les de ce genre, par les animaux qui
les habitent , il ne nous fera pas dî'fî-
cile de les ranger ; Se pour en rendre
les rapports plus faciles à finit* , je les
diviferai en fept fections , tirées de la
forme du canal fupérîeur de leur ou-
E e e e ij
588 POU
POU
verture. Ceft pareeque la feule par-
tie de la coquille qui foit confiante ,
quoique fujette elle-même à quelques
légères variétés dans fes différens âges.
Ces ferions renferment:
i°. Les Pourpres à canal court ,
' êchancré Se fimple. Tels font les gen-
res dont il donne fix efpeces, & aux-
quelles il a donné les noms de Sakem,
de_ Labarin , de Pakfil , de Sadot , de
lé fan & de Miniae.
^ 2°. Les Pourpres à canal court ,
ëchancré , Se replié en dehors , com-
me dans les autres efpeces , au nombre
de cinq > font nommées Fafin , Saburon,
Covet , Miga Se Totambo.
3°.^ Les Pourpres à canal médiocre ,
non échancré. Telles font les efpeces
qui* font appellées Vojet , Jabik , Sa-
mier , Solat , Bivet,. Gitan Se Lipm.
4°. Les Pourpres à canal très -long.
Telles font les efpeces qu'on nomme
Sitôt Se Bolin.
5°. Les Pourpres à canal long Se fer-
mé comme un tuyau. Telle eft i' efpece
nommée Jatou.
6°. Les Pourpres à canal médiocre ,
fort refTerré, & prefque fermé. Telles
font les efpeces nommées Cofar , Lofet
Se Suga.
7°. Enfin les Pourpres à canal évafé.
Telles font les efpeces nommées Ta-
fon , Goufol , Bigni , Siger > Staron ,
Kalan , Nivar , B la tin ~, Silus , Pa-
rois Se Genot. Voyea ces différentes
efpeces de Pourpres , aux noms que
l'Auteur leur a donnés.
Ce Conchyliologue dit que cette
divifion n'eft , pour ainfi dire,, qu'ac-
ceffoire à celle qu'il a faite des efpeces
de ce genre, confidérées Se rapprochées
par la figure de leurs animaux , Se fi je
lui ai donné la préférence , ajoute-t-il,
c'en: parcequ'elle fera d'un ufage plus
fréquent Se plus utile à ceux qui veulent
connoître les coquilles dont ils n'ont
pas encore vu les animaux. Elles font
d'ailleurs toutes deux parfaitement
femblables , en ce qu'elles réunifTent
les mêmes efpeces ; l'une ftit voir
d'abord les animaux , dont les y eus
font placés au milieu de la longueur
des cornes ; elle préfente enfuite ceux
qui les ont placés au-d jfTous , Se ceux
qui les portent au-defTus du milieu des
mêmes cornes. L'autre divifion qui re-
garde les coquilles , commence par
celles dont l'ouverture eft ovale , ow
demi-ronde ; les rondes viennent en-
fuite & elle finit par celles qui font
fort allongées,
POURPRE DES ANCIENS :
On trouve dans le Journal Étranger r
Jum 1754. p. 24. & fuiv. la traduc-
tion d'une Differtation fur la Pourpre
des Anciens , tirée du Magafîn de Dé-
cembre 1753. par M. Templemann..
Voici comme l'Obfervateur Anglois
s'exprime , fuivant la traduction que
nous en donne l'Auteur du Journal
ci-defTus cité.
P l 1 n e ( L. IX. c. 30".) range tous
les poiffons à écailles , qui donnent la
teinture du Pourpre , fous deux efpe-
ces. La première comprend les petites
efpeces de Buccbiitm , nom donné par
lesAnciens à ces poiifons.dontla figure
de l'écaillé reffembloît à un cor de
chaffe. La féconde comprend les poif-
fons à écailles , qui portent le nom
de Pourpre , aufïï-bien que la teinture
qu'ils fourniffent.
C o l u M n a penfe , par des raifons
afTez probables , qu'on donnait à cette
même efpece de poifTons le nom de
Murex", ces deux appellations lui étant
également applicables pour diverfes
raifons. Mais le nom de Murex don-
ne l'idée des pointes canelées , ou
échancrées, dont leurs écailles fonthé-
rilfées , de même que le nom de Pour-
pre donne celle de la couleur que l'on
tire d'eux.
Nos côtes fur l'Océan ne fournif-
fent pas de cette dernière efpece de
poiffons à écailles ; mais on y trouve
très-fréquemment une petite efpece de
Buccinurn ( voyez au mot BUCCIN),
qui donne une teinture de Pourpre ;
du moins on l'affure poûtivement , Si
POU
ïl en eft parlé dans les TranfaElions
fhilojopbiques {V. II. p. 82?,), Pour
moi je n'en aï pas vu, Se j'y ai même
rarement trouvé l'efpece que C o-
Idmna a fait graver dans fou Traité
du Pourpre , comme le vrai Buccinum
des Anciens. Peut-être que la différence
des mers , ou des faifons dans lefquel-
ks je fis mes Obfervations en eft la
caufe.
La plus grande des efpeces de Buc-
cinum , que l'on trouve fur nos côtes
eft de douze à treize lignes en lon-
gueur , Se de fept à huit de diamètre
à l'endroit le plus gros , ayant pref-
que la figure de nos Limaçons de
jardins. Cette grofTeur s'accorde par-
faitement avec ce que Pline nous
a dit du Buccinum , qu'il appelle le
minor Concha. Il y en a de couleurs
différentes : les uns font blancs , les
autres font bruns , & d'autres qui ont
des raies de couleur de fable le long
des écailles , fur un fond brun & blanc,
La furface de ces écailles eft ordinai-
rement inégale, 8c ces inégalités s'é-
tendentquelquefois en longueur , quel-
quefois entravers en croifant les lignes
spirales de l'écaillé.
Leur mouvement progreflîf s'exé-
cute de la même manière que celui des
Limaçons , par le moyen d'une partie
mufculeufe , à laquelle nous pouvons
donner le nom de pied. Toutes les au-
tres efpece3 de poillons à écailles ref-
femblent beaucoup à celui-ci , & ont
le même mouvement. Cette partie
mufculeufe ne fe voit jamais , quand
ils veulent fe mouvoir. En d'autres
temps elle eft retirée dans l'écaillé ;
elle ferr même à les y renfermer par
le moyen d'un petit couvercle , qui
eft attaché au bout. Le petit couver-
cle eft d'une fubftance un peu moins
dure que l'écaillé , Se les renferme de
tous côtés , de même que le poiffon à
écailles nommé le Bivalvittar. On peut
aifément s'imaginer comment ces ani-
maux bouchent l'ouverture de leurs
écailles avec ce couvercle , comme
POU 589
avec une efpece de porte. Il faut ob-
ferver que ce couvercle eft attaché à
la furface fupérieure du bout de leur
pied. Or quand ces poiflbns ont re-
tiré leur pied dedans l'écaillé , en le
pliant de manière que la partie infé-
rieure, ou celle qui étoit la plus près
de la tête , foit retirée vers la tête , il
eft aifé de concevoir que ce couver-
cle bouche l'ouverture de l'écaillé ,
puifque le bout du pied , auquel il eft
attaché , fe trouve d'ireétement à l'ou-
verture , Se la figure du couvercle eft
la même que celle de l'ouverture de
l'écaillé.
En rompant l'écaillé à quelque dif-
tance de fon ouverture , ou de la tête
du Buccinum , Se en tirant dehors les
morceaux rompus , on découvre une
petite veine , pour me fervir de l'ex-
preffion des Anciens , ou, pour mieux
dire , un petit réfervoir rempli d'une
liqueur propre à donner la teinture
de pourpre. La couleur de la liqueur
contenue dans ce petit réfervoir, diffère
de celle de la chair de l'animal. Aris-
tote Se Pli>îe difent qu'elle eft blan-
che ; & ils ont certainement raifon *
car elle eft d'une blancheur jaunâtre.
On ne peut la mieux comparer qu'au
pus qui fort des ulcères. Le petit ré-
fervoir où elle eft contenue , n'eft pas'
toujours de la même capacité ; il eft
ordinairement d'une ligne de largeuc
& de deux ou de trois de longueur.
On peut aifément confidérer fa pofi-
tion. Si l'on confidere le Buccinum
comme un Limaçon de jardin , il eft
effectivement de la elaffe des Lima-
çons de mer, Ainfi que l'on fuppofe
le Limaçon de jardin dépouillé d'une
partie de fon écaille , Se laiffant à dé-
couvert fon collier ou cette maile de
chair qui environne fon col , c'efl: fur
ce collier que le petit réfervoir eft
placé. Son origine eft à ladiftancede
quelques lignes du bord de ce col-
lier , 8c fur la partie la plus élevée »
c'eft-à-dire , fur cette partie qui eft'
fapérieure ». lorftrue l'ouverture de
59 o POU
l'écaillé efl: près de terre. Le ré-
servoir s'étend en une direction con-
forme au corps de l'animal , c'eft-à-
dire depuis la tête jufqu'à la queue ,
non pas en ligne droite , mais en fer-
p entant.
Les Anciens ôtoîent ce réfervoir du
Bnccinum , pour avoir la liqueur qu'il
contenoit , 5c ils répétoient féparément
fur chaque poilfon la même opération;
ce qui étoit un travail bien ennuyeux ,
fi l'on confidere le peu qu'on en tire ,
car on ne trouve pas une ample goutte
dans chaque réfervoir. 11 n'eft donc
pas étonnant que le Foitrpre fût fi cher ,
fi rare , Se fi précieux chez eux. A R i s-
to te & Pline difent que les Ar-
tîftes s'exemptoient d'ôter ces réier-
voirs aux ponfons de cette eipece qui
étoient trop petits. On les écraibit
dans des mortiers , Se on faifoit ainfi
beaucoup d'ouvrage en peu de temps.
Vitruve (Archïtecl.Lib.VIL c. 13.)
fcmble infmuer que c'étoit la pratique
ordinaire. On ne conçoit pourtant pas
aifément comment on pouvoit avoir
une belle couleur de pourpre par ce
moyen. Les excrémens de ranimai dé-
voient changer beaucoup la couleur,
par la chaleur du broyement , après
qu'elle étoit mêlée avec de l'eau ; car
la matière excrémentale eft d'un verd
brunâtre, couleur qui devoit beaucoup
altérer celle du pourpre , puifque la
quantité de cette matière étoit fupé-
rieure à celle d* la liqueur.
Ce qui me perfuade encore plus
de cette altération de couleur, c'eft
que j'ai obfervé que plus on méloit
de la chair de l'animal avec la liqueur,
moins la couleur étoit belle.
La peine de tirer le petit réfervoir
de chaque Bh< vïnum étoit fuïvie d'une
autre : ils jettoient tous ces petits ri~
fervoirs en une grande quantité d'eau
qu'ils tenoient pendant dix jours fur
un feu modéré. Il n'étoit pas nécelTaire
de tenir l'eau fi long-temps furie feu,
pour lui donner la couleur de pourpre.
Je fuis convaincu par un grand nom-
P o u
bre d'expériences que l'eau s'en char-»
geoit beaucoup plutôt ; mais ils obfer-
voient cette manœuvre , afin de la
dépouiller de la chair Se de la peau
qui contenoit la liqueur , qui , étant
dilToute dans de l'eau chaude , s'éle-
voit en écume à la furface , d'où l'on
avoit foin de l'enlever.
Le chaudron dont on fe fervoit étoit
d'étain ; nous les prenons auffi de ce
métal pour teindre l'écarlate ; ceux de
cuivre altèrent trop la couleur.
Les Anciens difïblvoient beaucoup
de fel marin dans l'eau mélangée avec
o
la liqueur du Bnccinum , ou des Pour-
pres. Je ne crois pas qu'ils fuppofaf-
ient que ce fel pût rendre la couleur
plus belle ; mais peut-être qu'ils l'em-
ployoient feulement pour préferver la
chair de la corruption , tant qu'elle
feroit dans le chaudron ; car en fe
pourriuant elle auroit gâté la couleur,
comme je l'ai éprouvé. Plufieurs expé-
riences m'ont aufli convaincu que le
fel ne rend point cette couleur plus
belle.
On a décrit dans le Journal des Sa-
vans, dès l'an 1 6^6. les différons chan-
gemens de couleur, qui arrivent à la
liqueur du Bnccinum. Si au lieu d'ôter
le réfervoir , qui contient la liqueur ,
comme faifoient les Anciens , on l'ou-
vre feulement pour avoir la liqueur en
le. grattant , le linge , ou autre étoffe ,
foit de foie ou de laine, qui aura été
imbibé de la liqueur , fera teint d'une
couleur jaunâtre , femblable à celle du
pus qui fort des ulcères ; maïs le mê-
me linge , expofé à la chaleur modé-
rée du foleil du matin , prend des cou-
leurs bien différentes : le jaune com-
mence à paraître un peu plus verdà-
tre , Se prend la couleur de citron ; à
cette couleur de citron fuccede une
couleur verte plus vive ; ce verd de-
vient enfuite très-foncé , puis fe chan-
ge en violet , après quoi vient la belle
couleur de pourpre.
Ces changemens fe font plus ou
moins vite, félon les degrés de la cha-
POU
leur du foleil. A peine a-t-on le temps
de les diftinguer clairement , lorfque
le linge eft expofé aux rayons du io-
leil du midi en été.
La chaleur du feu produit les mêmes
effets : il eft cependant à remarquer
que les mêmes degrés de chaleur du
feu Se du foleil ne produifent pas les
mêmes couleurs ; il faut que la cha-
leur du feu foit plus grande que celle
du foleil pour produire le même chan-
gement de couleur dans la liqueur ,
félon que je l'ai éprouvé par l'expé-
rience.
L'air , fans les rayons du foleil , ou
la chaleur du feu, produira les cou-
leurs , mais plus lentement. Si la li-
queur eft épailfe, comme die l'eft fou-
vent , lorfqu'on la tire de Ion réfer-
voir , il faut l'expofer au grand vent;
& alors elle prend auiïi promptement
les mêmes couleurs , que fi elle étoit
expofée aux rayons modérés du fo-
leil.
On peut être furpris de ce qu'Atus-
tote & Pline n'ont pas fait men-
tion de ces changemens de couleurs,
fi dignes de remarque t ayant beau-
coup parlé de la teinture de pourpre ,
& du poiffon à écailles qui la fournit.
Mais pourquoi ne l'ont-ils pas fait ?
Seroit-ce que de leur temps cette par-
ticularité étoit affez connue l Je crois
tout fimplernent que c'eft qu'ils ne
connoiffoient pas ces changemens , par-
cequ'ils n'avoient gueres examiné ces
poiiibns eux-mêmes , & qu'ils ne nous
ont donné à ce fujet , comme fur bien
d'autres , que les relations qui leur
avoient été communiquées par les Ou-
vriers employés à cette manufacture ,
ou par des perfonnes qui les avoient
vu travailler , & qui ne pouvaient rien
dire fur un changement qui n'arrivoit
pas dans la préparation ordinaire de
la couleur de pourpre ; car il faut ob-
ferver que la liqueur paffe tout d'un
coup à la couleur rouge , lorfqu'elle
eft délayée dans une grande quantité
d'eau ; Se comme nous l'avons déjà
POU S9t
dît , leur méthode étoit de la mêler
ainfi,
Le refte de la DtfTertation de M
Tempeemann eft une longue tïrada
d'un Mémoire de M. de Réaumur
Voyez COCHENILLE.
POURS1LLE, nom qu'on don-
ne en Amérique à la féconde efpece
SO^lYn'* ^° yeZ au mot M AR-
POUSSEPIEDS, Coquil-
lages, nommés en Latin Pollkipsdes ,
que M, D'A rgenville met dans
la clafle des Multivalves , Se que Ron-
delet confond avec les Glands de mer.
Ils en différent par leur figure Se
par leurs pédicules : ils font compofés
d'un grand nombre de battans , & de
pièces pointues. La racine des plus
grands eft contournée , & attachée au
pédicule. On remarque que la furface
extérieure , & peu longue de ce pédi-
cule , eft d'une couleur de gris de fou-
ris , & reffemble à la peau de cha-
grin ; une chair blanche en remplit
l'intérieur , laquelle , étant cuite , de-
vient rouge, très-bonne à manger,
plus délicate , & du même goût que la
chair des Écreviffes.
Les Poujjepieds différent auffi des
Conques Anatiferes > qui ne font com-
posées que de cinq pièces , & dont le
pédicule plus long & moins épais fe
réunit rarement à quelqu'autre, Il n'eft
rempli que d'une eau glaireufe 8c d'une
houpe chevelue. Le Pèkjfipied , au con-
traire , n'eft jamais feul ; il eft accom-
pagné de plufieurs autres, qui forment
des groupes en maffe , & ne s'attachent
par paquets qu'aux feuls rochers fous
l'eau : ils ne fe découvrent qu'en baffe
marée. Cette réunion de Poujjepieds
forme un arbre dont les différens pédi-
cules font les branches. Le fommet eft
chargé d'une multitude de petits bat-
tans triangulaires , qui ont chacun leur
houpe. Ce pédicule eft plus court,
plus épais , d'une forme & d'une cou-
leur différentes de celui des Conques
Anatiferes. On ne mange ordinairement
$ 9 z POU
que la chair du pédicule des Pouffe-
pieds.
Le poilTon , qui eft contenu dans fa
coquille , eft prefque le même que ce-
lui des vraies Conques Anatif ères , ex-
cepté la longueur, Se la grandeur de
fes bras ou panaches. Ce panache eft
femblable à celui de la Conque Axati-
fére. La variété de la figure du Potijfe-
pied , Se du fommet de fon pédicule ,
eftfuffifante, dit M. d'Argenville,
pour ne pas confondre ces deux famil-
les enfemble. Cet Auteur, qui définit
le Potijfepied , poilïbn dont les coquil-
les font Multivalves , plates , trian-
gulaires, ayant plufieurs pièces termi-
nées en pointes , attachées à un pédi-
cule , Se remarquables par plufieurs
filamens; cet Auteur, dis-je , necom-
pofe cette famille de Multivalves que
d'une efpece de Pouffepuds , qu'il ap-
pelle Groupe de Poujjepieds > en Latin
Pollicipedum concertes. On voit à la
lettre D. de la Planche XXVI. Edition
17 57. de fa Conchyliologie , un Groupe
de Poitjfcpieds attachés les uns aux au-
tres par leurs pédicules : c'eft un des
plus finguiiers Coquillages , que nous
poffédions , dit l'Auteur. Tous les poif-
Jbrts font dans leurs coquilles , dont il
fort quelques filamens en forme de
barbes.
La Planche VII. Lettre G. de la fé-
conde Partie du même Ouvrage , offre
auffi la figure d'un Fouffepizd , qui
eft peut-être le Coquillage le plus
extraordinaire que l'on puiffe voir. Le
nombre de battans Se de pièces ponw
tues , dont il eft compofé , en forme
.un vrai bouquet. Il eft attaché à un
pédicule qui eft fort long pendant la
vie de l'animal ■ mais ce même pédi-
cule raccourcit de plus de moitié après
fa mort. Sa couleur eft d'un gris de
fouris , Se reffemble par fes rides à une
peau de chagrin. Lorfque la chair qui
remplit fon intérieur eft cuite , elle
devient rouge , comme celle du Pouffe-
pied précédent , très-bonne à manger,
plus délicate , £< du même goût que la
POX PO Y PRE
chair des Écreviffes. Ses bras Se ies
panaches font plus courts que ceux
de la Conque Anatij 'ère. Ils font fi fem-
blables , qu'ils s'y peuvent très-bien
rapporter , ainfi que l'animal qui lui eft
parfaitement femblable. On en voit for-
tir quelques filamens qui font auffi faits
en forme de barbes , comme ceux- de
l'autre efpece de Poujjepieds.
P O U T A O L , nom qu'on donne
à Surinam auCarapo duBréfil, qui eft
une efpece de poifïbn nommé Gymtio-
tus par Arteui Se par M. Linnjeus.
Voyez aux mots CARAPO Se GYM-
NOTUS.
POUTING , ou POUT Se
WHITING-POUT , nom que
les Anglois donnent à la douzième
efpece de Morue dont parle Artedi.
C'eft la neuvième efpece de Morue
de Ray. Voyez MORUE.
POX
POXAQUA, nom qu'on don-
ne au Mexique , dit Ray ( Synop.
Av. p. 160. ) , d'après Hernandez ,
à un oifeau nocturne , qui n'eft pas
différent de notre moyen Duc.
P O Y
P O Y , ou P W E Y , animal de
la Chine, qui a les jambes de derrière
fort longues, Se celles de devant fort
courtes. C'eft le contraire du Lang,
Navarett e rapporte que com-
me ces deux animaux ne peuvent mar-
cher feuls , ils fe joignent enfemble Se
ne compofent en quelque façon qu'une
feule bête , qui fe remue par le moyen
de quatre longues jambes.
POY: C'eftauffi,felonDAPPER
{Dejcript. du Pays des Nègres , p. 258.),
un oifeau de proie du pays des N egres.
ïl a les griffes crochues 5c fe tient fur
le bord de la mer pour prendre des
Ecreviffes.
PRE
PRENEUR DE MOUCHES :
C a t e s » y donne ce nom à diverïes
petites
PRE
petites efpeces d'oifeaux de la Caro-
line.
La première efpece eft un Preneur
Je Mouches hupé , en Latin Mufcicapa
£ xiflata. Il a le bec noir & large , la
tête hupée , le dos d'un verd foncé ,
le col & la poitrine plombés , l'iris
rouge, le ventre jaune , les ailes bru-
nes; la plupart des grandes plumes de
l'aïle bordées de rouge , ainfi que les
plumes de la queue , dont les deux du
milieu font brunes , les autres vertes.
Les cuifles font jaunes Se les jueds noirs,
La féconde eft un Preneur de Mou-
cher noirâtre t enLatin Mufcicapa nigro-
fufea. Cet oifeau a la tête d'un noïr
foncé , la queue , les ailes Se le dos
brun , la poitrine Se le ventre bleus.
La troifieme eft un Preneur de Mou-
ches aux yeux rouges , en Latin Mufci-
capa oculis rubris. Cet oifeau a le bec
plombé, l'iris rouge , une ligne blan-
che , furmontée d'une noire , qui va
de la narine fur l'œil Se au-delà. Il a
le baut de la tête gris , tout le refte du
dos , les ailes & la queue verds ; la
gorge , la poitrine Se le ventre blancs ,
Se les pieds rouges.
La quatrième efpece , nommée Muf-
cicapa coronâ rubra , ou Tyrannies , a
le bec large & plat , qui va en dimi-
nuant. Cet oifeau a fur la tête une ta-
che d'un rouge vif, entouré de plu-
mes noires Se violettes ; ces dernières
forment une hupe. Il a le dos , les ailes
8c la queue bruns ; le col, la poitrine, le
ventre & les cuiffes blancs , Si les pieds
noirs. 11 eft de la grofTeur du Verdier.
La cinquième efpece eft un Preneur
de Mouchesrouge , en Latin Mufcicapa
rubra. Cet oifeau eft de la grolleur du
Moineau. 11 a les yeux grands & noirs ,
le bec épais, le gofier jaunâtre. 11 eft
entièrement d'un rouge vif , Se fes pieds
font d'un rouge pâle.
PRÊTEUR NOCTURNE,
en Hollandois Defrhout Bynacht , poif-
fon des Indes Orientales , qu'on a
coutume de prendre la nuit aux lan-
ternes, au-devant defquelles il vient
Tome 111.
PRI 5PÎ
fe préfenter , quand même îl ne les
verroit que de loin. Ce poiflon n'eft
pas plus grand qu'une médiocre Per-
che. Sa couleur eft grife. Il eft marqué
çà Se là de taches rouges Se bleues. Il
a les yeux verds , Se au milieu une
prunelle très - blanche, RuïSch,
ColLetl, Pifc. Amb. Tab. ij. ». 1 1.
P R I
PRI APES DE MER, en Latïn
Pinci. Ce font , dit Redi, des infectes
qui errent au fond de la mer , Se qui
n'ont fouvent dans leurs longs boyaux
qu'un fable très-fin , dont ils fe nour-
rirent. Cet Auteur leur donne un cœur
Se ajoute qu'ils font toujours attachés
aux rochers,
PRIGUIZA, nom que les Por-
tugais donnent , dit R u Y s c h ( de
Qiiad. p. loi. ) , au Parejfeux , nom-
mé autrement Ai. Voyez ce mot.
PRINCE, nom que les Natura-
liftes donnent à un Papillon que M.
L i n n JE u s ( Fauna Suec. p. 237.
n. 782.) nomme, Papilio tetrapus, alis
rotundatis ■ dentatis , fidvis , nigro
maculatis , fubtiis maculis novem ar-
gent à s. Ce Naturalifte marque que
c'eft le plus petit des Papillons qui
portent des points d'argent fur les ailes.
P et 1 vert ( Muf. p. 35. n. 322.)
Se R A y ( Infett, 120. n. 7. } parlent
de ce Papillon. Le premier l'appelle,
P apilïo fritill arius , maculalus , pr&cox ,
& le fécond , P apiliofritillarius major ,
(M. Linnjeus dit qu'il vaudroit
mieux dire minor) , alisfulvis , fupernè
maculis nigris tejjellatis.
PRINCESSE, en Latin Princi-
pijfa. C'eft un autre Papillon , connu
d'H OFFNAGEL (î. 12./. II.), de
M e M E R 1 a N ( hf de l'Eur.) , de
P e t 1 V e r T ( Muf. p. ; 1 . n. 520.) Se
deR A y ( infett. p. 1 20. ». 6. ) , nommé
parM.LiNNJEUS, Papilio tt trapus ,
alis rotundatis , dentatis , fulvis, nigro
maculatis , fubtùs maculis triginta.
fiptem argenteis.
PRINCESSE, ouPOISSON
Ffff
594 P R I PR O
PRINCESSE; Il y a plufieurs
poiffons des Indes Orientales , à qui
les Hollandois ont donné ce nom. Le
premier, dont parle Ruysch (Colletl.
File Amb. p. 8. lab. 4- «■ *4)> &
qu'il met dans la clafle des poiflbns
faxatiies, a la tête longue , le corps
cancié. Une ligne s'étend tout le long
de ion corps , depuis la tête jufqu'à la
queue. Trois autres traverfent Se font
autant de lignes qui environnent ce
petit poilfon. Il eil armé fur le dos de
quelques aiguillons , depuis les na-
geoires jufqu'à la queue.
11 dit du fécond ( p. 2.3. lab. 14.
». 16. ) qu'il a la tête grande & rubi-
conde , Se qu'il a autour des yeux des
lignes de différentes couleurs , qui
dans cette efpece de poilfon ne font
pas toujours les mêmes , ni en nombre
ni en couleur. La couleur du ventre
eft la même que celle de la tête , mais
le ventre eft quelquefois tacheté. Le
refte du corps eft bleu , armé des deux
côtés d'aiguillons Se de nageoires , dont
il Ce fert pour nager. On le prend pro-
che d'Hilas , ville peu diftante d'Am-
boine.
Le troifieme dont il parle au même
endroit , ». 17. ne diffère pas beau-
coup du précédent. Il a la tête petite
8c le bec d'un oifeau , c'eft-à-dire fort
aigu. Le corps eft de couleur violette ,
mais tirant un peu fur le bleu. Il a des
lignes de la même couleur Se un peu
plus claires. Sur la queue eft une tache
jaune , qui eft la couleur de fon ven-
tre. Sa téteefteomme partagée en deux
par une bande large Se de différentes
couleurs. Ces deux poiffons , comme
le premier , font du genre des fàxa-
tiles,
P R O
PROCESSIONNAIRES,
nom que M. de Réaumur donne à des
Chenilles , qui paffant d'un lieu dans
un autre ont un chef à leur tête. Voyez
au mot CHENILLE.
FROS CARAIiÉES , infeftes
P R O
coléoptères, dont un nommé Méloê
par M. Linnius ( Vanna. Suec.
p. 190, n. 596".), en François Scara-
bée des Maréchaux , félon M. Ber-
nard de Jussieu. Cet animal
eft mol & noir. Ses pieds Se fes anten-
nes, atnft que l'abdomen , tirent un peu
fur le violet. Il habite les champs ,
Se au mois de Mai les collines expofées
au fclcil. Pour peu qu'en le touche il
fort de fes pieds une efpece d'huile très-
claire. Lister , p. 292. fur Goedard
le nomme ,• Scarabxus mollir , nigro-
violaceus ; ScMouffet , p. 1 6 2.
Jonston (Infect, p. 74.) , Charleton
( Exercit. p. 40'. ), Hoffnagel
C hijetl. 2. ) , D a l e ( Pbarm. p. 3 9 1 . )
&r les autres , le nomment ProJ'cara-
bxus. Le Ver de Mai eft auffi un Pro~
fearabée. Il y en a quelques-uns qui
ont des cornes ou antennes comme les
Capricornes volans , Se d'autres les
ont noueules.
PROYER, PRUYER, ou
PRIER, oifeau que M. Linn-ïus
(p. 78. n. iq6. ) met dans le rang des
Aves Pajferes , Se qu'il nomme , Friri-
gillagrifea , nigro maculata. Le Proyer
deBELoN, comme le dit R a y (Syrwp.
Av. p. 93. ». t. ) , eft le même que
YËmbjirisui alba de Gesner (de Av. ) >
de Wi L l u g h b y ( Ornith 195.) Se
des autres. Les Grecs , comme A r i s-
t o t e ( Hifi. Anim. L. VI II. c. 13.)
ont nommé cet oifeau Kt) xpxfjtùCj & les
Latins Miliaris , dit BeioNj de la
Nat. des Gif. L.V. c. 20. p. 266. Voici
comme ce Naturalifte en parle. Le
Proyer a le plumage de l'Alouette , ou
de la Linote , ce qui fait peut-être
qu'A ldrovande( Ornith. ) le
nomme , Alaud& congtmr. Belon
le met dans le rang des oifeaux de paf-
fage. Il eft plus grand que le Cochevis.
11 a le bec court Se gros, élevé par
deffus: la partie inférieure eft échan-
crée de chaque côté. Il n'y a aucun
oifeau qui ait le bec fendu comme le
Proyer. Cet oifeau eft paie dciTous le
ventre , quelque peu moucheté de-
PRO
brun. Ses jambes Se fes pieds , coirmî
ceux de l'Alouette , tirent entre le
rouge Se le tanné. L'ergot eft long ,
ce qui fait voir que c'eft un oifeau ter-
reftre. Il ne fe perche gueres fur les
branches. Quelques - uns ont le plu-
mage approchant de celui de la Linote,
Cet oifeau n'en diffère que pour la
grandeur. Il vit dans Ils prés , d'où lui
eft venu le nom François de Proyer ou
Preyer > dit Belon. Il cherche les
eaux comme la Bécafle , cependant ce
n'eft pas un oifeau aquatique. 11 aime
l'Orge Se le Millet. On le trouve quel-
quefois perehé fur les haies ; mais le
plus fouvent il fe tient contre terre.
11 fait fon nid dans les champs femés
d'Avoine , d'Orge 8c de Miilet , Se
quelquefois dans les prés. Ses petits
font au nombre de cinq ou fix. '
Le même Naturalise dit qu'en quel-
ques lieux l'on lui donne le nom de
Teriz.; car le jour il fe met fur le haut
d'un Palis Se chante tirtertirteriiz. , ce
qu'il répète fouvent. Quand il vole il
ne retire pas fes jambes à lui , comme
les autres oifeaux , 8c il remue fré -
quemment les ailes , Se le mouvement
en eft irrégulier. Aristote( Hifl.
Anim. L. VIII. c. 22. ) en parlant du
Cenchramus , dit : Cvtarmces ducibus
Oto & Lingidata & Ortygomctrà pro-
ficifctintitr t aiqut etiam Ccnchramo , à
quo ttiara revocatur notlu , cnjus voeem
cura j'enjerint Aucunes , intelligunt para-
ri dijitjfum. Belon traduitle K«] ^p" b>-^
d'A il i s t o t e par Miliaris , Se dit que
c'eft le même oifeau do'nt parle V a r-
r o N. On l'engraitïoit à Rome avec
les Cailles. Leur nourriture étoit du
Millet. On le fervoit dans les feftins
comme un mets délicieux , ce qui prou-
ve que c'étoit un oifeau plus gros que
la Linote , que quelques-uns ont cru
fauffement être le Miliaris ; mais ce
nom Latin convient au Proyer ou Teriz. ,
oifeau fort connu des payfans , qui en
prennent beaucoup au printemps , dans
les plaines voifines des montagnes Se
des forêts. Les Anglois ont donné le
F R Y PSI P S L
nom de Bufing au Proyer , Se les Sué-
dois celui de Komlaorc^a.
P R Y
PRYGANION , ou PHRYGA-
NION , félon quelques-uns , en Latin
Pryganius , infecte de mer & de ri-
vière, Ver aquatique , que nous nom-
mons Charrée , pareequ'il a la couleur
de la cendre qui afervi à la leffive. Les
Pêcheurs fe fervent de ce Ver pour
amorce , dit Gesner, de Jquat.
P- 545- VoyezCHARRÉE.
PRYK, ouBRIK, nom que les
Hollandois donnent à une efpece de
Lamproie , commune en Allemagne,
qui ell V Emieophtalmur majorée Kent-
mann. J o n s t o k la nomme Pryck ,
ou Prycka. Voyez LAMPROIE.
P S I
PSI, nom que M. Linkjeus
(Fauna Suer. p. 272. ». 879. ) donne
à un Phalène ou Papillon nocturne ,
qu'il nomme, PhaUna feticornis , jpi-
tiltngùij , alis deflexis canif , maculis
^■formibusnigris. Ce Phalène provient
d'une Chenille que Goedard nomme
admirable , ainiï que Lister. Le
mâle eft diflingué de la femelle, en ce
qu'il a fur les ailes fupérieures qui font
blanches la lettre des Grecs fort
bien marquée. La femelle au lieu du
a la lettre O marquée fur les mêmes
ailes. On trouve ce Phalène Se la Che-
nille de laquelle il fort fur l'Abricot,
le Pommier Se le Chêne.
P S L
PSLOCKF1SCH, efpece de
Baleine , que fur les côtes de la Nou-
velle Angleterre on nomme tht Bunch ,
ou Hurnp-Back-Whale. M. Andersgn
( Hifl. Nat. de Grocrd. p. 1 o 1 . ) dit
qu'on peut appeiler ce Cétacée , Baig-
na major edentula , pro pinnâ paxillum
in dorjb gerens. Il porte à la place de la
nageoire du dos une boffe en forme
d'un pal, qui penche en arrière Se qui
a un pied de haut & l'épaiffeur de la
Ffffij
5 o<? P T E PUA PUC
tête d'un homme. Les nageoires des
côtés ont dix-huit pieds de long : elles
font fort blanches Se tiennent prefque
au milieu du corps. La graille de ce
poillbn reflemble beaucoup à celle du
Finffch , & fes barbes ne font pas bien
cftimées, quoique meilleures que cel-
les du Poijfon- Jupiter. Il eft parlé de
cette Baleine dans les Tranfacïions
Fhihfopbiques, «.387. art.z. p. 258.
Voyez BALEINE.
P T E
PTERO PHÉNICIEN DES
INDES , en Latin Pterophœnicus
Indiarum, oifeau que Nie&emberg
( Hifl. Exot. L. X. ç. 59. ) nomme
Acolchi Se Acolchïchi. Voyez au mot
ACOLCHICHL
PUA
PUANT,, nom que les François
de la Guyane donnent à la première
efpece de Philandre , qui eft. le Cari-
gmya du Bréfil ; VOpaJfum ou Opo/Jlim
de Laet Se de Catesby ,. Se le Carigoy
ou Sarigoy de L E R 1 u s. 11 y a plufieurs
efpeces de Philandre, Voyez, au mot
D1DELPHE.
P U G
PUCE, infecte mis par M. L 1 n-
H£us ( Fauna Suce, n . 1 1 7 1 . & Syfl.
Nat. Edit. 6. p. 200. J dans l'ordre des
Aptera. Le caractère de ce genre d'in-
fecte eft d'avoir deux yexix , fix pieds
qui lui fervent à fauter , la bouche re-
courbée Se l'abdomen ferré Se rond :
Oculiduo, pedes jex faltatvrii, os in-
flexion , abdomen comprejfum, fubro-
tandum. Il y a la-Pucevulgaire , la Puce
des fleurs de Scabieufe, la Puce.de neige t
la Puce aquatique arborefeente 8c la Pues
marine de M o u F F e t.
PUCE VULGAIRE*: C'eft
un petit animal de couleur brune , qui
a la tête prefque ronde , fix pieds , la
* Cet infefie tfi nommé en Hébreu Taihcs ;
en Chalcloen & en Syriaque, Parrhana; en
£Lnbe Borgiuhjl ï en Italien-, Taliçe ,v en
PUC
bouche pomtué , la poitrine coiiverte
d'un bouclier Se un gros ventre. Sa têta-
eft en quelque manière femblable à
celle de la Sauterelle commune. L'oc-
ciput eft rond. Elle a des deux côtéï
de la tête des yeux très-noirs , ronds
Se brîllans comme du Jayet. Elle a fur
le front deux petites cornes , qui ont
fix nœuds velus , fous lefquelles on
voit fortir' de la bouche «ta aiguillon
long Se rond , canelé & couvert de
poils , dont la pointe eft très-fine Si
très-propre à piquer. A côté de la
bouche Se de l'aiguillon fortent les
pieds de devant , qui fe replient fur
trois articulations. Ils font hérifies d'é-
pines Se armés de deux crochets , qui
leur fervent de mains. De la poitrine
naiifent d'autres pieds , hérilïés d'é-
pines longues Se courtes , Se enfin les
pied3 de derrière qui font très-longs ,
avec lefquels la Puce faute , Se qui pou?
cela font fort mufculeux. Ils font ta-
chetés à la partie fupérieure. Les cro-
chets des pieds font tous élevés erj
haut. Il y a fur le dos fix fourreaux >
qui le rendent écailleux. Il y a aulfi des
épines ou des poils. Le ventre eft fil-
Loîraé ou un peu velu. En le perçant on
voit fortir le ventricule avec les intef-
tins. Les œufs de la Puce font blancs,.
Le cœur eft fous la tête daiio la poi-
trine.
La- Puce comme le Pou , dît S A m-
merdam, vient d'une lende, dans
laquelle ellefubittousfes changemens,
tant pour la forme que pour la couleur ,
comme on le peut voir aîfément à l'ai-
de du microfeope. Il marque cepen-
dant qu'on lui a afluré que L É E W E N~
hoeck avoit obfervé aDelft que la
Puce fortoit de fon œuf fur la fin da
l'été à la manière des Vers , Se qu'elle
fe renfermoit dans une coque , où elle
reftoit cachée jufqu'au mois de Mari
fuivant. Swammerdam n'a pu décides
ce qui. en eft , ni fi la Puce prend dans-
Efpsgnol, Tulga ; en Latin, Vukx ; en Aile»
inand , Flock ; en Anglois 5 Flea en Suédois
Lcp£a-
PUC
cette coque la forme de Chryfalîde ou
de Nymphe.
Cet infecte s'attache aux hommes ,
Se fur-tout aux femmes. Les Chiens
Se les Chats domeftiques en font fort
tourmentés. L'été Se l'automne pro-
duifent beaucoup de Puces. On en trou-
ve en quantité dans les nids d'Hiron-
delles de rivage. La Puce mord les
perfonnes Se rend rouge l'endroit de
la chair qu'elle a mordu. Mais elle ne
s'attache jamais aux perfonnes mortes,
non plus qu'à celles qui tombent du
haut mal , non pas même aux mori-
bonds , parce.queleur fang elt corrom-
pu, Quand une Puce veut fauter, elle
étend fes fis jambes en. même temps ,
Se fes diiférens articles venant à fe dé-
bander enfemble , font comme autant
de reflbrts > qui par leur vertu diadi-
que lui font faire un faut fi prompt ,
qu'on la perd de vue, M. Linna-us
dit n'avoir jamais vu de Puces en La-
ponie , pareeque c'eft au fort de l'été
qu'elles naiifent* & il n'y a prefque
point d'été en ce pays- là. On voit la
figure d'un? Puce dans la Micrographie
de M. Hook. On y découvre un petit
reflbrt très-délié Se Ci merveilleux ,
qu'il lui fait fauter deux cents fois la
hauteur de fon corps par fa vertu élalH-
qire.
PUCE DE NEIGE: Le
Dofteur J £ A N-C HRÉTIEN FllO-
M A N N u S ayant été appellé en 1685.
pour une Demoifelle qui avoit une
fièvre tierce continue , il apperçut en
chemin que la neige qui couvroit la
terre étoit alors parfemée en plufieurs
endroits de petits points noirs , comme
fi on y eût répandu de la fuie en pou-
dre très-fine; du moins cela lui pa-
roiifoit tel de deffus fon Cheval II ob-
fervala même chofe dans le bois com-
me dans les terres labourables. Le
Meffager qui l'accompagnoit Se qui
étoit à pied lui dit que les points noirs
qu'il voyoit étoïent des Puces, Se ayant
ramafTé une poignée de cette neige ,
qjtrïi lui fit voir de plus grès, E k o-
P U C 507
M A k n u s reconnut à n'en pouvoir
douter qu'elle en étoit effectivement
toute remplie. Etant alors defeendu
de Cheval , il en vît une grande quan-
tité en différera endroits , qui lui échap-
poient en fautant dès qu'il en appro-
choit le doigt. PluGeurs étoient enfon-
cées profondément dans cette neige ,
mais vivantes , Se d'autres y étoient
mortes , parcequ'elle commençoît à
fe fondre. Il renferma un aifez grand
nombre de ces Puces avec la neige qui
les contenoit dans un petit bocal , dans
la vue de les examiner à fon retour
avec le microfeope ; mais la neige
dans laquelle il avoit mis ces Puces
étant fondue par le dégel , F r o m a n-
n-us trouva ces Puces mortes à fon
retour , Se il ne put faire aucune ob-
fervation intéreffante.
C'eit avec une grande raifon , dit-
cet Obfèrvateur, que les Naturalises
font faifis d'admiration , en confidé-
rant Porganifation des plus vïis infec-
tes. Mais comment peut -il arrivée
que des animalcules tels que des Puces
puiffent s'engendrer pendant la ri-
gueur de l'hiver. Aristote( Hift,
Anïm. L. V. c io.) a obfervé qu'on
avoit quelquefois vu des Vers dans-
d'anciens tas de neige. Pline ( L IL
c. 5 30 Se Olaus Magnus ont fait des
obfervations à - peu - près femblables-
fur des Moucherons blancs trouvés
dans la neige , Se on peut voir fur cette
matière ce qu'en dit B A R T h o l in,
dans l'Ouvrage qui a pour titre, tic
nivis uj'u meàïco , c. q. 11 cite différens-
Auteurs , qui ont prétendu qu'il y
avoit dans la neige un principe de cha-
leur , & que lorfque cette chaleur étoit
augmentée parcelle de l'air extérieur ,
elle y produifoit une forte de fermen-
tation ou de putréfaction : il en cite en-
core d'autres qui ont été du fentirnenC
contraire ; mais Gaspard Scottus
ÇPbj/tc Curiof. Lib.Vll.) paroît . per-
fuadé qu'il y a véritablement dans îa
neige une grande quantité d'air & d'e£
grits propres à favorifer la géhérationr
59 8 PUC
des animalcules Se à les y conferver.
Fromannus ne porte aucun juge-
ment fur les diverfes opinions de ces
Auteurs ; mais il raconte feulement
un fait qui lu; paraît plus extraordi-
naire , fait encore rapporté par le Doc-
teur Charles Raygerus, quiaflure
qu'en i6fi. il tomba dans un pré en
Hongrie plus de dix efpeces de Vers,
avec'de la neige , iefquels y vécurent ,
Se qu'on y vit remper par troupes
pendant plus de quatre jours; obfer-
vation que l'Auteur communiqua l'an-
née fuivante à l'Académie des Curieux
rie la Nature , d'Allemagne. Voyez
Dec. ann. 4. & 5. Obfcrv. 89.
Mais pour revenir aux Puces , qui
font le fujet de robfervation de F R o-
mannus , il dit que de quelque
nature on fuppofe les germes de ces
înfeâés , il fe perfuade que la chaleur
les avoit fait éclorre fur la fuperficie
de la terre , que la neige dont elle
étoit alors couverte Favoit garantie de
la rigueur du froid , 8c il y a lieu de
croire que le jour, dit-il , que je fis
cette obfervation étant très - beau Se
très-ferein , le foleil avoit attiré ces
Puces , qui avoient pénétré à travers
la neige Se s'étoient élevées à fa fuper-
ficie pour jouir de la chaleur. Il eft
très-probable d'un autre côté qu'au
coucher du foleil elles s'étoient enfon-
cées de nouveau fous la neige , pour
fe mettre à couvert du froid, Se que
le dégel étant furvenu , l'eau qu'avoit
produit la fonte de ces neiges les avoit
fait toutes périr. Voilà ce que Fro-
mannus penfe de la génération de
ces Puces ; mais il eft perfuadé que
la moyenne région de l'air eft trop
froide , pour qu'il puiffe s'y en former,
Se il ne croit pas non plus que la neige
puiflTe jamais produire par elle même
dé femblables inf.'ftes , pareequ'il faut
pour la génération un certain degré
de chaleur , 8e que quand même on
fuppoferoit que la neige n'en feroit
pas abfolument privée , les petits in-
terftîces étant tous perméables à l'air,
PUC
fà fraîcheur feroit un obflacle .1 toute
efpece de génération. Voilà ce que
dit Fromannus fur les Puces de neige ,
Se loin d'être entêté de fon fentimmt, il
déclare qu'il eft tout difpof> à embrafer
une autre opinion , lorfqu'on lui pro-
pofera quelque hypothefè plus vrai-
femblable.
PUCE MARINE: Mouffet
donne ce nom au Perce-Orciile aqua-
tique de Jon'Ston , en Latin Fofpcula
aqu.itica. Voyez au mot PERCE-
OREILLE.
PUCE D'EAU: C'eft le nom
que Swammerdam donne à un
petit Scarabée aquatique, qui, lorf-
qu'il fe plonge dans l'eau , fait intro-
duire Se renfermer adroitement dans
fa queue une petite bulle d'air.
PUCE AQUATIQUE AR-
BORE S C E N T E , en Latin Pulex
arborefeens aquaticus. Cet infecle fe
trouve dans les citernes oh fe conferve
Feau de pluie. Goedard( Tome III.
lettre X. ) Fa décrit fous le nom de Pou
aquatique: cependant dit Swammer-
dam , il diffère beaucoup du Pou , tant
par fa nature que par fa conformation ,
qui font l'une Se l'autre fort fingulieres.
Ce Naturalifte en a donné Se la def-
cription Se la figure. Nous devons aux
Auteurs des Colleiliom Académiques la
traduction de fon Bïblia Nattant , ce qui
fait le cinquième Volume , où Fon
trouve , p. 50. la Puce aquatique arbo-
refeente décrite en ces termes.
La forme du corps de cet infecte
paroît rhomboïdale. Il a fes deux yeux
fur les deux côtés de la tête , laquelle
eft fi mince, qu'en regardant cet ani-
mal àl'ceil fimple , on croiroit qu'il n'a
qu'un o?il ; car les deux femblent fe
toucher Se n'en faire qu'un feul. En
les obfervant au microfeope, on voit
qu'ils font faits en réfeau , comme
ceux des autres infecles. Au-deiTous
des yeux eft un bec recourbé , mince,
aigu Se tranfparent. Il eft vrai-fembla-
ble que l'infecte s'en fert pour prendre
fa nourriture par le moyen de lafuc-
PUC
tîofl » fomme les autres infectes aqua-
tiques, lefquels ont un bec ou aiguil-
lon creux en dedans , à l'aide duquel
ils fè nourriffent. Sur les deux côtés de
la poitrine on voit deux bras , qui fe
ramifient comme des branches d'ar-
bre. L'abdomen eft tranfparent , Se
laifle voir le corps , les jambes Se la
queue qu'il renferme. Les œufs font
placés fur la partie poftérieure du corps,
c'clt-à-dire vers le milieu du dos.
Ce qu'il y a de plus remarquable
dans cet infecte , ce font fes bras Se les
mouvemens qu'il exécute dans l'eau
par leur moyen. Ces bras ne (ont à
leur naîlfance que deux troncs fimpies,
comme l'os de V humérus au fortir de
l'omoplate : ils fe divifent enfuite en
deux branches , Se chaque branche a
trois articulations , dont la première
Se la féconde , en commençant à les
compter depuis le tronc , produifent
une ramification ou fibrille latérale ;
mais à la troifieme & dernière articul?-
tions il y a trois ramifications ou fibril-
les, qui font elles-mêmes articulées.
Les trois différens mouvemens que
cet infecte exécute dans l'eau à l'aide
de fes bras , ne font pas moins remar-
quables que les bras mêmes. Le pre-
mier effc un mouvement progrelfif ,
direct Se continu , par lequel l'infecte
agitant continuellement fes bras , com-
me un oileau agite fes ailes , tantôt
monte , tantôt defeend , Se tantôt na-
ge horifontalement , mais toujours en
avant Se en ligne droite.
Le fécond mouvement eft fembla-
ble au vol des Moineaux , qui s'élèvent
Se s'abaiOent alternat! veine nt dans l'air,
pareeque leurs ailes fe meuvent , Se
fe repofent alternativement. La Puce
aquatique nage dans l'eau, comme le
Moineau vole dans l'air, parcequ'elle
agite alternativement les deux bras ,
comme le Moineau agite fes ailes , en
forte qu'elle s'enfonce Se s'élève tour
à tour dans l'eau 5 Se ce mouvement
inégal fait qu'elle parolt fauter conti-
nuellement. Au rclte > dans ce fécond
mouvement, la tête de l'infecte refte
toujours élevée en haut , Se fa queue
tournée en bas.
Je ne puis mieux expliquer , conti-
nue Swajîmerdam, le troifieme
mouvement de la Puce aquatique, qu'en
le comparant au vol circulaire de cette
elpece de Pigeons , qu'on a nommés à
caufe de leur tournoiement , Columba
gyratrices ; car ces oifeaux en tour-
noyant dans l'air, comme un volant ,
femblent quelquefois perdre leur mou-
vement , Se conféquemment tomber
vers la terre ; de même la Puce aqua-
tique penchant fa tête dans l'eau , élevé
la partie poftérieure de fon corps , qui
s'abaiife enfuite , tandis que la tête fe
relevé , Se continuant ainfi , cet infecte
prend'iin mouvement de rotation fur
fon axe , en ramant fans interruption
avec fes bras ; de forte que les diffé-
rentes parties de fon corps , toujours
en mouvement Se toujours plongées
dans l'eau , paroiflent tantôt à la fur-
face de l'eau, Se tantôt plus bas , à
d'inégales profondeurs.
S w a m m e R D A M donne le nom de
Puce à cet infecte , à caufe de fes mou-
vemens , par lefquels il tient bien plus
de la nature de la Puce que de celle
du Pou , Se il l'appelle Puce arboref-
cente , à caufe de la reffemblance de fes
bras avec des branches d'arbres.
Le ventre de cet infecte n'eit pas
moins digne d'attention que fa poitrine
Se fes bras : à l'extérieur il paroit être
de forme rhomboïdale ; ainfi ce qu'on
prend pour le corps , n'eft autre choie
qu'une peau dure , ou une écaille tranf
parente , qui continue fur le dos , ou
fur la partie poftérieure du corps , mais
fendue en avant fur toute la lon-
gueur du ventre , Se dont les deux
bords fe féparent Se forment un paf-
fage ouvert par où l'animal peut faire
fortir fes pieds , fa queue Se fon ven-
tre : ainfi , comme l'on voit , cet in-
fecte reffemble par fon enveloppe aux
animaux teftacées , mais il en diffère
par le mouvement qu'il a dans la
6oo PUC
queue Se dans l'abdomen ; carie même
Swammërdam dit l'avoir fou-
vent vu pouffer fa queue au-dehors
par l'ouverture de fou enveloppe , &
la retirer auffi-tôt en dedans. Le corps
avec la queue repréfente une figure
contournée à-peu-près comme une S.
Romaine : fa tranfparence lailTe voir
l'inteftin qui en occupe le milieu , Se
les pieds fitués dans la partie anté-
rieure , qui font conformés à -peu-près
comme les foies noueufes des Squilles
boffues : ils ont de même un mouve-
ment de trépidation , ou de vibration ,
mais qui ne fuffit pas , comme dans la
Squille boifue , pour faire changer de
place à l'infecte ; car dans celui-ci les
bras font les principaux organes du
mouvement progreffif , Se les pieds
femblent feulement y contribuer un
peu. La queue fe termine par deux
poils durs Se pointus, un peu au-deifns
defquels naiffent deux autres poils
femblables. Les œufs font placés fur le
dos , &c ce qui porte S w A M M e r d a m
à l'affurer , c'eft que lorfque l'infecte
les a jettes , on voit nager dans l'eau
de très-petits animalcules blancs, qui
lui font femblables , & qui n'ont point
de vrais changemens à fubir, mais feu-
lement de l'accroilTement à prendre en
la manière qui a été expliquée dans
l'hiftoixe du Pou.
La couleur de cet infecte , lorfqu'il
eft adulte , tire fur le rouge de la chair
du Bœuf, macérée pendant quelque
temps dans l'eau. L'enveloppe exté-
rieure reffemble un peu à la peau ré-
ïiculaire ou maillée des poiffons écail-
leux : cependant l'Obfei valeur mar-
que n'y avoir jamais pu découvrir
d'écaillés , ne l'ayant pas examinée
avec de forts microfeopes, Il dit que
cette enveloppe eft tranfparente , air.fi
qu'on l'a vu plus haut , comme celle
des Squilles boffues , des Moules les
plus petites , 8c des Limas qui vien-
nent de naître. La peau extérieure des
bras eft fembiable pour la texture Se
la coulfcur.à celle des pieds des Pou-
P u c
les , mais les divifions ou lames en font
moins diftinctes.
On trouve fouvent de ces infectes
dans les citernes d'eau de pluie, lorf-
qu'il n'y a pas long -temps qu'il n'a
plu ; car quand l'eau y eft abondante,
il eft très-difficile de les trouver, parce-
qu'ils font trop difperfés. Swammer-
dam dit en avoir auffi vu dans les
foffés d'eau douce 8c ftagnante , lorf-
que la bourbe étoit recouverte d'un
peu d'eau plus claire ; quelquefois ils
paflent plufieurs jours à la furface de
l'eau; d'autrefois on ne les peut trou-
ver qu'au fond , maie on les voit tou-
jours ou prefque toujours en mouve-
ment. Ils changent de peau , comme
le Pou , 8c les dépouilles qu'ils quit-
tent , confervent fi exactement la for-
me de l'infecte, qu'en les voyant, on
croiroït voir l'infecte même. S w am-
m e r D a m a confervé quelques-unes
de ces dépouilles.
Cet Obfervateur dit qu'étant en
France, il vit au bois de Vincennes ,
dans l'abreuvoir des Chevaux , une
telle quantité de ces infectes , fur la
fuperficie de l'eau , qu'elle paroiffoit
rouge comme du fang ; ce fpectacle ,
lorfqu'il en eut reconnu la caufe , lui
donna lieu d'examiner attentivement
la nature de ces infectes , 8c lui fit faire
des réflexions propres à fe prémunir
contre les jugemens précipités , four-
ces d'erreurs fans nombre : mais de
lemblables apparences peuvent avoir
trompé les Hiiloricns qui parlent de
pluies de fang ; car il y a des infectes
qui jettent une liqueur rouge , lors-
qu'ils viennent de quitter la forme de
Nymphe, Se les prétendues pluies de
fang auront été marquées dans les an-
nées où ces fortes d'infectes s'étoient
multipliés de beaucoup plus qu'à l'or-
dinaire.
S VAM M e r D a M marque que
Florent Schuïl, Profeffeur
en Médecine de PL niverfité de Leyde,
lui communiqua une obfervation qui
fortifie cette conjecture. Le Peuple
ètok
PUC
écoît alors fort allarmé de ce que les
eaux de Leyde s'étoient , difok-il ,
changées en fang. A cette rumeur ,
S C h u Y L monta fur une petite bar-
que , & alla puifer de cette eau fan-
glanreavecun vaiifeau de verre , dans
l'endroit qu'on lui avoir indiqué ; en
la confïdéram attentivement, il trouva
qu'elle fourmilloit d'animalcules rou-
ges , & la terreur fubite du Peuple fe
convertit en admiration.
PUCE DES FLEURS DE
SCABIEUSE: Ce petit animal ,
dit Jean Muralto, dans les
Ephérnérides des Curieux de la Nature,
Obfcrv. LV. eft verd par tout le corps ;
mais il a quatre ailes velues , d un
bleu céiefte clair, qui s'étendent par
le moyen de quelques fibres noires*
Cet infecte reffèmble par fa figure ex-
térieure à une Sauterelle. La tête eft
oblongue : il en fort une pointe en
forme de poil, très-aigue, Se un peu
recourbée. Ces infectes s'en fervent
pour tirer leur nourriture des fleurs;
Aux deux côtés de la tête il y a deux
yeux noirs Se luifans. Sur le devant de
la tête , Se vers le haut , on voit des
cornes , qui ont quatre articulations
mobiles , & garnies de poil. De la poi-
trine fortent fix pieds de couleur d'ar-
gent , Se qui fe replient par le moyen
de trois articulations : ils font armés
de deux crochets à l'extrémité , Se
marqués çà Se là de points noirs. De
l'extrémité du ventre partent deux
queues oblongues , vertes Se rondes.
Vers les articulations des pieds Se près
des cornes , il y a un grand nombre
de petits œufs blancs , comme on en
remarque dans les Scarabées pillulaires.
Leslnteftins font tranfparens, remplis
d'une liqueur verte , Se ils font fi tués
comme dans les Sauterelles. Cet in-
fecte auquel Muralto donne le
nom de Puce eft une elpece de Saute-
relle.
PUCE DE TERRE, infecte
qu'on trouve au Cap deBonne-Eipé-
rance. 11 reffembie à une Puce ; mais
Tome III,
PUC <f»i
au lieu d'attaquer les hommes , il ha-
bite les jardins Se les champs, où il
broute 8e gâte les femences Se les jeu-
nes jets , lorfqu'ils font encore ten-
dres. Les Européens du Cap l'ont
appelle Puce de terre. Lorfqu'ils en
découvrent dans quelqu'un de ces en-
droits , ils y répandent je ne fai quoi
qui les fait mourir , & on les oblige à
abandonner la place , dit Kolbe,
Tome HI. p. 104. Les Puces Se les Len-
des y font en général fort incommo-
des en été 3 mais le vent les en délivre
fouv.ent.
PUCE DE MER, petit animal
qui fe trouve encore au Cap de Bonne-
Efpérance ; mais il ne fe voit que fur
la mer. On lui a donné ce nom , parce-
que raffemblant fes jambes , comme en
un peloton , il faute à-peu -près de
même que les Puces ordinaires. Il eft
de la groffeur d'une Chevrette , Se
couvert d'écaillés qui reffemblentaflez
à celles d'un petit poitfon : aulfi lors-
qu'il eft au fond de l'eau , oh il des-
cend quelquefois, on s'y tromperoït
aifément, Cet animal eft revêtu d'un
aiguillon , dont il fe fert pour atta-
quer les poiffbns , lorfqu'il en trouve
l'occafion , Se il le plante fi forte-
ment dans leur chair, qu'ils ne fàu-
roient s'en débarraffer. Alors ces poif-
fons fe battent ; Se dès qu'ils fe font
fatigués , il les tire promptement du
côté du bord , ou contre quelque ro-
cher , afin que le poiffbn recommen-
çant à fe donner du mouvement , fe
tue en fe frappant contre la pierre.
Les Latins nomment cet infecte Pfd-
lus marinus „ à ce que dît K o l b e ,
ibid. p. 90.
Je penfe que c'efl: le même animal
que celui auquel Rondelet donne
le nom de Puce de mer. Cet Auteur
(L. XV Ul. c. 2 $ . p. 4 1 a • EiJ f- Franc. )
dit en avoir fouvent trouvé dans les
ordures que la mer jette. Cette petite
bête , couverte d'une coque fort min-
ce , Se reffemblant par la face à un
Singe , ou à une Marmotte , eft pour
G gg g
6ot PUC
Je refte du corps comme la Langoufte.
Elle a au bout de la queue de petites
nageoires comme la Langoufte Se les
Squilles. Elle eft fi petite , qu'on ne
peut bien difeerner les parties de fon
corps , fans y regarder de près. Ron-
delet penfà que cet infecte eft la
Puce de mer , dont Aristo te fait
mention , quand il dit qu'on prendroit
les poiflbns à la main, lorfqu'ils dor-
ment , s'ils n'étoient pas tourmentés
de Poux & de Puces, Ces Puces de mer
naiifent au fond de la mer & en fi
grand nombre , que fi un appas de
chaîr de poitTon demeure quelque
temps au fond de la mer > elles l'au-
ront incontinent rongé j ce qui fait
que quelquefois les Pêcheurs retirent
leurs appas tout chargés de ces petites
bêtes.
PUCELAGE: Ce Coquillage ,
dit M. A D a n s o n ( Hifi. Nat. des
Coquillages du Sénégal , p. 65. > , a été
appellé par les Anciens des noms de
Coucha Venerea Se d' Erythnea , que les
Conchyliologues François ont rendus
par ceux de Conque de Venus Se de
Pucelage. Ce dernier a prévalu autant
à caufe de fa brièveté, que pareequ'il
exprime affez bien la figure de fa co-
quille , ob aliquam cmn pudendo mu-
licbrï (ïmilitudinem , dit Aldrovande,
Exfang. p, 552. C'eft pour les mêmes
raifons que M. Ad ans on lui con-
ferve ce nom , fans le confondre avec
celui de la Porcelaine , dont il fait un
genre féparé. Il a connu trois efpeces
de Pucelages fur les côtes du Sénégal.
Il donne à la première eipece le nom
de Majet : cette efpece contient plu-
fieurs variétés , entr'autres fix remar-
quables que l'Auteur a fait figurer dans
leur grandeur naturelle. Il nomme la
féconde eipece Lapon , Se la troificme
Pitou. Voyez aux mots MAJET,
LUPON & BITOU.
PU CELLE , poiifon du genre
de l'Alofe , nommé par A a T E D 1
( Syn. p. 15.), Clupea apice maxilU fu~
fmprit bijîdo , macidis nïgris uirinque.
PUC
Ce poîfloh à nageoires molles eft I e
&pls<rct d'A RISTOTE(L. IX. C. 3 î, )
d'É lien ( L. VI. c. 32. p. 357,)°
d' Athénée (L.IV.p. 13 t. &L.VII
P- 328.), Se d'OppiE-NC/^/. L.I
p. ioo.f otton (L.VIII. C. l8î
fol. 162.), Ronde let(L, VII, c '.
14. p. 220. ) & A L D R O V A N D E
(L. IV. c. 4. p. 500, ) en parlent fous,
le nom de Trij/à , Se Belon fous ce-
lui de Pulcheila ou â'Alofa minor. On
vend à Paris au printemps ce pohTon
fous le nom de Pucelle. Il y eft peu
eftimé.On le prend affez généralement
pour une petite Alofe. C'eft le fen li-
ment de Belon, qui en parle en ces
termes. L'abondance des arêtes, dit-il,
qui font en la Pucelle , fait penfer que
les Anciens la nommoient Trkbisy ou
Trichias. On l'a nommée Pucelle ,
parcequ'elle paroît au commencement
du printemps , lorfqu'elle n'eft pas
encore pleine d'œufs : on prend ce
poiifon auffi-tôt après les Maquereaux.
On pêche la Pucelle en plufieurs riviè-
res en allant contre le cours de l'eau, &
principalement dans la Loire. Les An-
glois l'appellent Schade , Se fi elle de-
vient plus grande , elle eft alors nom-
mée Alofe. Il y en a qui prétendent
que l'Alofe Se la Pucelle font de diffé-
rente efpece , Sz il eft difficile de
le8 réfuter. 11 y a certains endroits de
la France , où les Pucelles font nom-
mées Feintes s les Angevins les appel-
lent des Convers ; à Saumur Convertit >
Se les Bayonnois leur donnent le nom
de Guattes. Il y a une très - grande
affinité entre la Pucelle Se le Hareng.
PUCERONS* Quelques Na-
turali'ftes leur donnent en Latin le nom
de Culex , qui eft auffi celui du Cou-
fin. Pour diftinguer les uns des autres,
les Modernes , comme M. Linn^eus
( Fauna Suec. p. 2 1 6. ) , leur donnent
le nom Latin à'Aphis. Ce Naturalifte
en donne de feize efpeces différentes ,
& les met parmi les infectes qui n'ont
que des moitiés d'ailes , Infecla ke-
miptera,.
p u c
Ces Pucerons font i°. le Puceron du
Grofeiller , nommé en Latin Aphis
Ribis s Léeïenhoeck ( Arcan.
Epift- 9°- P- 5450. Frisch (Germ.
II, p. 0.) , M. DE R EAU MUR
( Mém. de i'Acad. Royale des Sciences ,
Terne III. ), Se d'autres parlent de cette
efpece de Puceron , nommée Pediculus
Ribis viridis , Se Pediculus arbore us ,
fufco -viridis in Ribe : 2 0 , le Puceron
d'Ormeau, AphisUlmi : 3 0 . le Puce-
ronde la Carotte franche , Aphis Pafli-
nac&z 4". le Puceron de Sureau , Aphis
Sambuci: 5 0 . le Puceron d'OfeiUe,
Aphis Rumicis : 6°. le Puceron de l'Éra-
ble , Aphis Aceris : 7 0 . le Puceron de
ia Rofe , Aphis Rofœ ; 8°, le Puce-
ron des Plantes aquatiques , comme du
Potamogéton,^^'/ Plantarum aqua-
tkarum : o°. le Puceron du Tilleul ,
Aphis TU liai ; io°. le Puceron de la
Bétoine , Aphis SerratuU : 1 1°. lePu-
çiïon de Chardon , Aphis Car dut : 1 2°.
le Puceron de l'Armoife , Aphis Arte-
ptifîœ: 1 3 0 . ié Puceron de la Centau-
rée, Aphis Centaures: 14 0 . le Puce-
ron d\x Bouleau , Aphis Betula :
le Puceron du Pin , Aphis Fini : 16 0 .
h Puceron d'une efpece de Morgelîne,
Aphis Cucubali. Voilà les différentes ef-
peces de Pucerons connues de M. Lin-
NJEUS,
M. de Réaumur a obfervé ces
infectes. Je vais d'après cet Acadé-
micien en donner l'hiftoire abrégée ,
faire connoître les ennemis des Puce-
tons , & parler enfuite des Faux-
Pucerons.
Les Pucerons font au rang des plus
petits animaux ; mais leur claffe eft
extrêmement nombreufe en efpeces
différentes. Il eft peu d'arbres & peu
de Plantes , & peut-être n'en eft-il
point , dit M. D E Réaumur( Mém.
IX. Tome III. ) , qui n'ait fon efpece
particulière de Pucerons, ou du moins
ou quelque efpece de Pucerons ne
s'attache.
On voit dans Y Hi flaire de P Acadé-
mie de P année 1 703. des Obfer varions
P U C fe,
de M. de la Hire fur les Puce-
w.Lee^ehhoeck enadonnâ
de plus curieufes & de plus exactes
lur ces mêmes infectes , & Har-
s o ë k E r , dans l'Extrait critique qu'il
a fah des Lettres de cet Auteur , a
ajouté auffi quelques Remarques fur
les Pucerons â celles qu'il y a trou-
vées. Mais , dît M. de Réaumur,
il a regardé comme vrais quelques-
uns des faits , où LéeWENHoeCK
s'eft le plus mépris.
Defcription des Pucerons.
Les Pucerons , félon le rapport
M. de Réaumur, font des vivi-
pares d'une façon finguliere.' Ce font
des infectes très-tranquilles : & l e nom
qu'on leur a donné ne fembleroit con-
venir qu'à des infectes vifs , fautans
avec agilité comme les Puces. Ils
marchent que rarement , & leur dé-
marche pour l'ordinaire eft lente &
pefante. Ils ont fix jambes , d'une lon-
gueur aflTez confidérable & très-déliées,
qui , dans ceux de plufieurs efpeces ,
paroiffent furchargées de poils, lorfque
l'infecte eft parvenu à fon. dernier ter-
me de grandeur. En général, les Pu-
cerons font petits ; mais ils ne le font
pas à un tel point , que de bons yeux
ne puiffent diftinguer , fans le fecours
du microfeope , les principales parties
extérieures de ceux de La plupart des
efpeces. Il y en a de eonfidérablement
plus gros que les autres. Une gran-
de partie des Pucerons te transforment
en différentes efpeces de Moucherons ,
que M. de Réaumur appelle des
Pucerons ailés. Le corps des Pucerons
fans ailes a une forme qui approche de
celle du corps d'une petite Mouche,
à laquelle on les auroit ôtées. L'Ob-
fervateur veut dire feulement que leur
corps n'eft point allongé comme celui
des Chenilles. Tous les Puceron? ont
fur la tête deux antennes ; celles de
quelques efpeces font très-longu.s :
certains Pucerons les portent devant
C Z S g îj
tfo 4 'PUC
eux ; d'autres les tiennent couchées fur
leur dos, & on en voit de celles-ci ,
qui furpaffent le corps en longueur.
La plupart des efpeces de Pucerons f
continue M. de Réaumur, ont
deux cornes plus fingulieres que les
antennes : elles font pofées affez près
du derrière en defius du corps. Ces
cornes font fur une même ligne , aiTez
écartées l'une de l'autre à leur origi-
ne, mais elles s'écartent encore davan-
tage en s'élevant ; elles font beaucoup
plus courtes que les antennes & plus
greffes. Ces mêmes cornes ne fe plient
aucunement ; elles retient ordinaire-
ment droites , Se confervent toujours
à-peu-près la même inclinaifon entre
elles , quoiqu'elles piaffent un peu la
varier, par rapport au corps de l'in-
fecte. Il y a cependant un très-grand
nombre d'efpeces de Pucerons auxquels
ces cornes manquent , Si beaucoup plus
qui paroifTent en manquer. On ne
connoît point encore l'ufage des cor-
nes , ou antennes , que tant d'infectes
portent fur la tête ; mais M. de Réau-
mur nous apprend que les cornes des
Pucerons font deux tuyaux creux , ou-
verts par le bout , Se qui fervent à
donner fortie à une liqueur. Si la li-
queur qui fort par ces cornes , n'eft
qu'un excrément, dit cet Obfervateur,
comme il y a grande apparence, ces
infectes en ont apparemment de deux
efpeces différentes qu'ils rejettent par
deux fortes de conduits, c'eft-à-dire,
par l'ouverture de l'anus Se par celle
des cornes ; Se à en juger par la con-
fiftance de ces excrémens , ce feroit,
ajoute-t-il, l'anus qui donneroît iffue
à ceux qui font analogues aux urines
8e les deux cornes laiiTeroient fortir
ceux qui font analogues aux matières
plus groflieres rejettées par l'anus des
autres animaux.
Différentes couleurs des Pucerons , fui-
vant les différentes ejpeces.
Les dîverfes efpeces de Pucerons
PUC
différent entre elles par la couleur.
Il y en a un très - grand nombre de
vertes , qui ne différent que par diffé-
rentes nuances de verd. Il y en a de
verd brun , de verd clair Se de citron *
il y en a auffi de noires , de blanches ,
de couleur de bronze , & d'un brun
canelle.Dans le mois d'Août, on trou-
ve fur les Rofiers des Pucerons de
différentes nuances de couleur rouge
pâle ; quelques-uns tirent fur la cou-
leur de Rofe : dans le printemps Se au
commencement de l'été , les Pucerons
des Rofiers font verds. Sur le Syco-
more , Se fur quelques autres arbres ,
où ils font ordinairement verds. M. de
Réaumur en a obfervé de rougeâ-
tres dans le. mois de Novembre. Ils
ne tirent plus alors des feuilles qui fe
fechent, un fuc de la couleur de celui
des feuilles fraîches; & ce fuc, diffé-
remment coloré , colore aulH différem-
ment les infeétes qui s'en nourriffentv
Les Pucerons différent encore en ce
que la couleur des uns eft matte ,
& que celle des autres eft une cou-
leur luifante , telle que celle des ver-
nis. Les Pucerons du Sureau , par
exemple, ceux du Pavot, ceux des
grofles Fèves de marais font noirs ou
bruns, comme le font du drap & du
velours. Ceux des Lychnis , & ceux
des Abricotiers font fouvent noirs ou
bruns , comme Peft un vernis noir de
la Chine. D'autres paroiflent du plus
beau vernis de couleur de bronze , ou
tels que du bronze extrêmement poli,
comme ceux de la Tanefle , ceux du
Laiteron , ceux d'une groffe efpece
qui fe trouve quelquefois fur le Chê-
ne , Se plufieurs autres différentes for-
tes. On en voit fur les Grofeillers t
qui font de couleur de Nacre de Per-
le. La peau de ceux qui ont cet éclat
eft plus dure que celle des autres :
elle approche plus de la confiftance
des enveloppes écailleufes ou crufta-
cées , Se ceux-là font en mauvais état.
Les Pucerons pour la plupart ne font
que d'une feule couleur ; il y en a
p u c
eependant de tachetés : tels font ceux
de l'Abfynthe » fur lefquels le blanc
$c le brun font bien mélangés. Sur
l'OfeïlIe des prés , on en trouve dont
la partie antérieure & la partie pofté-
rieure du corps font noires , Se dont
ie milieu du corps eft verd : ceux du
Bouleau , Se d'autres du Saule , font
très-joliment marquetés de verd Se de
couleur noire.
Société des Pucerons , & ufage de leur
trompe.
Les Pucerons vivent en fociété. On
ne les trouve prefque jamais qu'en
nombreufe , Se fouvent très-nombreufe
compagnie. Ils s'attachent aux tiges Se
aux feuilles des Plantes , ainfi qu'aux
jeunes rejettons des arbres , & à leurs
feuilles. On voit des tiges Se des feuil-
les de Plantes & d'arbres , qui en pa-
roitlent hicieuies. Il y a au lu un grand
nombre de Pucerons fur les fleurs de
Chèvrefeuille : mais on voit quelque-
fois des arbres Se des Plantes qui en
ont beaucoup , Se où cependant on ne
les apperçoit point , fi on ne cherche
à les voir. Ils s'y cachent de différen-
tes manières ■ Se où on les remarque
le plus aifément , c'eft fur les jeunes
pouffes du Sureau : fouvent elles en
font couvertes tout autour de leur cir-
conférence , fur une longueur de plu-
fieurs pouces , Se même d'un pied ou
d'un pied Se demi. Ils font fi proches
les uns des autres qu'ils s'emretou-
chent : il y a même quelquefois deux
couches de ces infectes l'une fur l'au-
tre. La féconde couche n'eft pas auifi
continue que la première , elle laiffe
fou vent des vuides ; quelquefois même
elle n'eft 'compofée que de quelques
Pucerons affez écartés les uns des au-
tres. Ceux de la première couche font
plus gros que ceux de la féconde ;
ce font ceux-là qui travaillent à con-
ferver Se à multiplier leur efpece.
Les Pucerons, qui font fur une Plan-
te , travaillent à leur confervation Se
P U C e-05
à leur accroiffement. Ces înfe&es ti-
rent de la Plante la nourriture qui leur
eft convenable. Ils f ont tous armés
d'une trompe fine , qu'on ne découvre
qu'avec la loupe ou le mïcrofcope :
ils percent avec leur pointe la pre-
mière peau , foit des feuilles , foit des
tiges , auxquelles ils fe font attachés ,
Se ils en fucent une liqueur , qui eft
l'aliment ou la nourriture qui leur eft
propre. Quand les Pucerons marchent,
cette forte de trompe eft ordinaire-
ment couchée fur le ventre. Dans l a
plupart des efpeces , elle a une lon-
gueur qui eft prefque égale à celle du
tiers , ou de la moitié de leur corps,
Léevenhoeck&Harsoèker
difenr. que les Pucerons en général font
la pefis des arbres Se des Plantes. Il
eft vrai qu'il y a des Plantes & des
arbres , dont les feuilles font bien mal-
traitées par les Pucerons, qui les per-
cent avec leur trompe bien par de-Li
l'épiderme : mais il y a auffi de cer-
. taines Plantes, qui n'en font nullement
incommodées , comme les feuilles des
Abricotiers , du Sycomore , & de di-
vers autres arbres Se Plantes ; c'eft ce
que M. de R i A u M u r a obfervé.
Les feuilles d'arbres Se de Plantes r
qui font fenfiblement altérées par lesr
Pucerons , font celles des Pêchers , des
Pruniers & des Chèvrefeuilles , ainfi
que les jeunes pouffes du Tilleul , Se
celles des Grofeillers , du Saule , &c.
Ces infeefes avec leur trompe font
prendre des courbures aux feuilles , Se
les obligent affez fouvent A fe rouler
félon leur longueur; c'eft ce que font
les Pucerons d'un brun caffé , qui s'éta-
biiffent en deffous les feuilles des Poi-
riers. En général, ces infectes fe placent
fous le deffous de la feuille , parce -
qu'ils y font plus à l'abri , Se peut-
être pareeque U membrane qu'ils ont
à percer eft plus tendre que' celle du-
deffus ; elle eft moins expofée à être
defféchée. L'état du deffus des feuîlles-
de quantité d'arbres & d'arbriffeaux
apprend que des Pucerons s'y font éti-
606 V U C
blis par denous. La furface fupérieure
de ces feuilles , au lieu d'être plane
& unie , montre fouvent des parties
élevées en boite, des callofités Se des
tubérofités. Ces mêmes parties n'ont
pas la couleur naturelle à la feuille :
fi elles font vertes , elles font d'un
verd plus pâle que le refte , Se fou-
vent d'un verd citron ; ce verd eft
quelquefois lavé de rouge : fouvent
ces endroits font entièrement rouges ,
.& d'un très-beau rouge ; Se en regar-
dant le denous de la feuille , on y
trouve en creux ce que le deffus a en
ïelief, Se ces creux font autant de
cavernes peuplées de Pucerons. On voit
ordinairement de ces tubérofités aux
feuilles de Pommiers , de Grofeillers ,
& d'autres arbres ou arbriffeaux. Si
ces infectes ne s'ètamilTent que près
des bords d'une feuille , la feuille fe
gonfle, Se fe recourbe vers le denous.
Ils s'établiffent vers le milieu de la
même feuille , & ils y occafionnent les
tubérofités dont on vient de parler.
On voit aufli fur les feuilles de l'Or-
me , ainfi que fur celles de difFérens
arbres , des galles creufes que M. D E
Réaumur nomme vejfies , Se dont
la forme varie beaucoup. Il y en a qui
ont la rondeur Se même la couleur
d'une Pomme d'Api. Ces veflles font
habitées par une quantité confidérable
de Pucerons. M. Geoffroi dans
un Mémoire inféré parmi ceux de
l'Académie Françoîfe de l'année 1714.
a décrit les infec~t.es , Se dîverfes matiè-
res qui font renfermées avec eux dans
ces veines. On peut encore fur ce fujet
confulter le Mémoire IX. du 'l'orne lit.
de M. de Réaumur. Malpi-
G h 1 a donné un curieux Traité de
ces efpeces de galles , qu'on voit fur
les feuilles de tant d'arbres: mais ila
attribué leur formation à une quantité
d'œufs , dont elles avoîent été rem-
plies ; Se c'eft aux animaux mêmes ,
dit M. de Réaumur, c'eft-à-dire
aux Pucerons qui font vivipares j à qui
.«lie eft dite.
PUC
Les Pucerons ne font pas en tout
pays des infectes purement nuifibles ;
par leur galle, ils procurent en Syrie
& à. la Chine une drogue utile aux
teintures ; & M. de Réaumur dit
que quand nous faurons tirer parti des
productions dues aux Pucerons, ils tra-
vailleront utilement pour nous , com-
me ils travaillent pour d'autres Peu-
ples. Les Pucerons font auffi naître des
galles ou velues en forme de Pommes
fur les feuilles de Thérébinthe ; d'au-
tres fur celles du Peuplier , & ces
galles font de différentes figures, Ces
Pucerons , qui vont fe multiplier dans
les veilles ou galles d'Ormes & de Peu-
pliers , Se dans les veflies de divers
autres arbres , font des efpeces diffé-
rentes de ces Pucwons qui vivent plus
à découvert , & ceux-ci par conféquent
font plus aifés à obferver.
Dé fouille des Pucerons , & différence
entre Us Pucerons ailés & non ailés.
Prelque tous les infectes changent
de peau, Se même plufieurs fois , avant
que d'être parvenus à leur parfait
accroiffement. Les Pucerons , comme
les autres infectes , fjivent cette loi.
Les dépouilles ont affez la forme de
l'animal qu'elles ont couvert. Les jam-
bes y paroiffent dans leur place. On
voit quantité de ces dépouilles furies
mêmes feuilles , ou tiges , où font les
Pucerons; elles font blanches. Dans ces
endroits , Se fur les infectes eux-mêmes»
on apperçoit une matière cotonneufe.
Il y a peu d'efpeces de Pucerons , dit
M. de Réaumur , auxquelles on ne
trouve des veftiges d'un duvet coton-
neux : cette matière cotonneufe parolt
bien fur les Pucerons des feuilles de
Hêtre. Ces fils cotonneux partent du
corps du Puceron, Se viennent de diffé-
rentes parties de cet infecte. Ils le ca-
chent fi bien , qu'ils le dérobent entiè-
rement aux yeux des Obfervateurs-
Mais quelle eft l'origine de cette ma-
tière cotonneufe X Après un bon nom-
P u c
tre d'obfervatîons , opîniâtrément réi-
térées , M. de Réaumur nous
apprend que ce font les organes où
font les conduits excréîoires, qui laif-
fent échapper cette matière cotonneu-
fe : mais entre les organes , dit cet
Académicien , ceux qui* paroiflent en
fournir beaucoup plus abondamment ,
font les organes les plus proches du
derrière.
Les différentes dépouilles que quit-
tent les Pucerons ne leur font pas
beaucoup changer de forme , jufqu'à
ce qu'i's viennent à fe défaire de celle
qui laide leurs ailes à découvert. Tous
cependant ne viennent pas à prendre
des ailes : ces mères fi fécondes , du
corps defquelies on voit fortir tant de
petits , n'ont point d'ailes , Se n'en
prennent jamais. Léewenhoeck»
dit M. d e Réaumur, les fait ce-
pendant devenir des infectes ailés ; il
les a confondus avec ceux auxquels
elles ont donné naiffance. Les Pucerons
qui doivent prendre des ailes ibnt ai-
fés à diftinguer des autres , en les ob-
fervant avec la loupe. L'infecfe eft
tout verd , quand il fort de fa dépouil-
le ; mais fa tête , & la partie qui y eft
jointe , lè rembrunifîent peu-à-peu »
Se deviennent noires en moins d'une
heure de temps. Ces Fuserons , ainfi
transformés en Moucherons , retient
encore quelque temps fur la Plante,
ïls s'y tiennent en repos ; ils y mar-
chent enfuite, & enfin ils viennent à*
faire ufage de leurs ailes. Ces Mou-
cherons n'aiment pas le fang; ils con-
tinuent à fucer les Plantes » après leur
transformation ,. Se ils font très-différens-
des Coufins qui cherchent à nous pi-
quer,
J'ai dit» d'après M. de Réau-
mur, que ces mères de Puceron* fi
fécondes n'ont point d'ailes , Se M.
F r i s C h , dans les Mémoires Aca-
démiques de Berlin , prétend que les
Pucerons ailés font les mâles : mais
Lé F. wenhoeck a obfervé que
ces Pucerons ailés font eux-mêmes des
P U C
6*07
mères; & Meffieurs Geoffroi &
D E K E a u m u a ont auffi vu que les
Pucerons ailes qu'on trouve dans les
veilles ou galles d'Ormes , doivent
leur naifTance a des mères non ailées ,
& que ces mêmes Pucerons devenus
ailes donnent à leur tour nahTance à
d'autres Pucerons. Ainfi dans la même
famille d'infeétes , félon ces Obferva-
teurs , îl y a des mères fans ailes &
des mères avec des ailes. Ces Pucerons
ailes Se non ailés font vivipares ; Se
jufqu'ici il n'y a que des mères par-
mi les Pucerons. M. de Réaumur
n'en a point trouvé qu'il pût regarder
comme des mâles. Les deux fexes-
font-ils réunis chez les Pucerons , com-
me ils le font dans les Limaçons ?
Léïvenhoick&Cistoni les
ont regardés comme des hermaphro-
dites , & de l'efpece la plus particu-
lière ; comme des hermaphrodites qui
fe fuffîfenr pour fe perpétuer.
M, de Réaumur, dans le
Mémoire IX. de fon Tome III. où il eft
parlé des Pucerons , ne dît rien de po-
li tif fur la manière dont leur féconda-
tion eft opérée ; mais mieux infirme
par la fuite de cette grande fingularité
de l'Hiftoire Naturelle , il a donné un
nouveau Mémoire fur la multiplication
de ces înfecles , qui fait le treizième
de fon Tome VI. où il nous apprend,
d'après fes obfervations & celles de
plufieurs autres Savans , tant François
qu'Etrangers , que Léewenhoeck
& C e s t o n 1 ife font trompés , en
avançant que chaque Puceron fe fuffi-
foit à lui-même , &: que fans être joint à
un autre Puceron, il mettoit au jour des
petits , qui lui devenoient fembiables.
Après avoir obfervé des Pucerons à
différentes heures du jour , Se peut-être
pendant la nuit , ces dirïérens Natu-
raliftes n'avoient jamais pu parvenir à
en voir d'accouplés; & de-là , dit M.
de Réaumur, ils ont cru être er*
droit de conclure qu'ils ne s'accon-
ploient pas. Il y a de certains temps „
de certaines heures , fie peut-être de
ôoS P u c
certains momens de la nuît favorables
à une opération fi importante. Les
Pucerons font appliqués les uns con-
tre les autres : ils s'entretouchentpar
des parties différentes ; ils marchent
en certains temps , & partent les uns
fur les autres : ce £bnt-là les occafions
où les Pucerons peuvent fe rendre réci-
proquement féconds.
Accouplement des Pucerons.
Des expériences répétées plufieurs
fois ont fait voir à nos Obfervateurs
que les Pucerons, pour devenir féconds,
n'ont pas befoin de s'accoupler avec
d'autres Pucerons , après leur dernière
métamorphofe , Se que s'il y a entr'eux
des accouplement nécertaires , ils la
précèdent. Meffieurs Bonnet , Trem-
blay , Lyonnet , & Bazin, grands
Obfervateurs des infectes , ont réitéré
leurs expériences pour s'aiïùrer que
les Pucerons, qui ont vécu dans une
parfaite folitude , depuis le moment
de leur nairtance , font en état de met-
tre des petits au jour, dès qu'ils font
arrivés à leur dernier aecroïflëment. M.
CE Réaumur a fait les mêmes
obfervations fur ces fortes d'infectes ,
Se en joignant fon témoignage au leur,
il dit que quelqu'étrange qu'il puiffe
paroître qu'il y ait dans la Nature des
animaux, dontehacun foit par lui-même
en état de multiplier les individus de
fon efpece , fans avoir eu commerce
avec aucun autre depuis l'inftam de
fa nairtance , il n'eft pas poffible de ne
pas regarder ce fait comme certain ,
.quancfon fait qu'il eft attefté par tant
.d'excellens Naturaliftes , qui par des
obfervations fouvent réitérées s'en font
aiïùrés.
Si l'accouplement réel des Pucerons
«ftune grande merveille , & qui pour
.être crue , demandoit à être prouvée
par d'auiïi longues fuitesd' expériences
exactes , que celles que M. de Réau-
mur a rapportées ; 11 c'eftune grande
jnerveilk qu'il>y ait des animaux qui
P u c
foîent féconds fans s'être joints entra
eux depuis l'inftant de leur naiffance,
c'en eft une auiïi grande , dit le mêms
Obfervateur , qu'il y ait de ces mêmes
animaux, obligés de s'accoupler les uns
avec les autres : car dès qu'il y a des
accouplemens plrmi eux,ilsne font pas
inutiles , ils font même nécertaires ;
mais à quoi doiyent-ils lervir ? Eft-ce
à reparer la fécondité épuifée dans des
infectes qui de mere en mère ont été
vierges pendant plufieurs générations,
Nous devons avoir regret , continue
M. de Réaumur, de ce que M.
Lyonnet n'a pu pouffer les cu-
rieufes Obfervations auiïi loin qu'il
l'auroitfouhaité. Elles nous euffent ins-
truits de deux faits important à l'égard
defquelsileftdéfagréabie de relier dans
l'incertitude, Se de ne pas favoir, i°. iï la
fécondité étoit épuifée dans les Pucerons
de la dernière génération qui l'avoit
eue ; fi des Pucerons de cette géné-
tion qui en avoit donné , qui s'étoient
accouplés, s'étoient trouvés en fociété ;
fi des Pucerons de la même génération
féqueftrés de tout commerce , euffent
été inféconds, ou s'ils euffent mis des
petits au jour : z°, fi les Pucerons , qui
nattroient de Pucerons qui fe feroient
accouplés , feroient en tout femblables
à ceux à la nairtance defquels l'accou-
plement n'avoit eu aucune part. Les
feuilles de Saule , où étoient établis
des Pucerons , defféchées dans une fai-
fon , où M. Lyonnet ne pouvoir
pas en fubftituer de fraîches , ne lui
ont pas permis de rien afliirer fur cette
matière intéreffante.
Quoi qu'il en foit , il eft certain ,
nous dit M. de Réaumur, qu'il
y a des accouplemens entre les Pu-
cerons qui ont fini leur croiffance,&
•entre les Pucerons venus des mères
qui ne s'étoient pas accouplées. 11 n'en
avoit pas encore découvert la fin , Se
c'étoient des recherches dignes des at-
tentions de ce grand Naturalifte. M,
Lyonnet a vu des Pucerons noirs
non ailés » qui fe tiennent fur le
Gramen *
P u c
Gfameti , s'accoupler entr'eux ; & M.
Bonnet de très -petits Pucerons ai-
lés avec des non ailés. Ce font des
mâles , Se des mâles très-ardens. Celui
qui fe trouve près d'une femelle, monte
fur elle avant que de fe donner le temps
de fe tourner comme il devrait , quoi-
que fa tête fe trouve vers le derrière
de celle-ci : ce n'eft que quand il eft
fur fon corps qu'il fe retourne bout
pour bout, M. Bonnet a vu le
même fè joindre plus de douze fois
avec des femelles différentes dans une
feule matinée. Non feulement , dît M.
DE Réaumur, tout ce qui marque
des accotiplemens complets entre des
jnfec~r.es » s'eft paffé fous fes yeux ,
mais foit dans le mâle vivant) foit
dans le mâle mort , il a vu la partie
qu'il doit introduire dans l'intérieur
de la femelle , qui eft un petit corps
longuet , blanc , & recourbé en fau-
cille vers le dos. Il découvrit même
au derrière du petit Puceron ailé deux
appendices bruns , analogues aux cro-
chets , qui font donnés aux mâles d'in-
fectes de divers genres, pour faifir leurs
femelles. Enfin, il n'a jamais fait fortir
d'embrions du corps de ceux auxquels
on ne peut refufer le nom de mâles ,
& en a toujours fait fortir du corps
des femelles non ailées , Se des grottes
femelles ailées. L'autorité d'un pa-
reil Obfèryateur, que rapporte M. DE
Réaumur , Se qu'il appuie de fon fen-
timent , détruit celui de Léewen-
hoeck , Se de Cestoni , qui veulent
que les Pucerons foient hermaphro-
dites , Se qu'ils fe fuffifentàeux- mêmes
pour perpétuer leur efpece & fe repro-
duire. Pourquoi y a-t-il des Pucerons
ailés Se des Pucerons noi\ailés ? les uns
& les autres font des petits vivsns.
Ce font des particularités dont M.
de Réaumur n'étoit pas encore
ïnftruit , quand il a écrit le Mémoire
XIII, de jm Tome VI.
Différentes efpeces de Pucerons.
Parlons à préfent de quelques cf-
Toms HL
V\JC ô-o>
petes de Pucerons. Le Laîteron en a
fourni à M. de Réaumur d'un
verd mat , Se des Pucerons bronzés de
tout âge ; des mères vertes & des mères
bronzées , qui n'avoient point d'ailes.
Les unes Se les autres accouchoient
de petits qui n'avoient point d'ailes ,
Se qui étoient de la même couleur que
celle de leur mère. Il croit que ce font
deux efpeces qui aiment la même Plan-
te. Ces Pucerons portent une petite
queue membraneufe recourbée en haut,
plus longue que ne l'eft celle de la
plupart des Pucerons du Rofier , qui
ont aulfi cette efpece de queue. Le
même Obfervateur parle encore de
quelques efpeces de Pucerons , remar-
quables par les endroits où elles fe tien-
nent, 11 a trouvé ceux de la première
de ces efpeces à la fin du printemps
dans un tronc d'Orme pourri , abattu
l'hiver. Ils étoient amoncelés dans le
trou où ils étoient logés. Il n'y en a voit
que de non ailés : leur couleur étoit
d'un brun grifâtre. Des Pucerons d'une
autre efpece plus finguliere fe tiennent
fur les tiges de Chênes très-fains. Us
fe retirent dans les endroits , où l'é-
corce fendue fe fépare tant foit peu du
bois. M. de Réaumur y en a ob-
fervé d'une groffeur monftrueufe pour
ce genre d'infeètes : il y en a trouvé
d'ailés prefque auffi gros que des Mou-
ches ordinaires , &: ils portent auffi leurs
ailes comme ces Mouches les portent,
c'eft-à-dire que leur plan eft parallèle
à celui fur lequel l'infecle marche,
au-lieu que le plan des ailes des autres
Pucerons eft perpendiculaire à celui fur
lequel ils font pofés : ils font tout noirs,
Se M. deRéaumur dit avoir dou-
té s'ils étoient de véritables Pucerons
jufqu'au moment où après avoir preffé
leur corps , il en fit fortir des petits
bien formés. Le corps de chaque Mou-
che en renfermoit un bon nombre. La
quantité de ces Pucerons ailés étoit
petite en comparaïfon de celle des
autres Pucerons fans ailes qui y étoient
auffi. Ceux-ci ont paru à l'Obferva-
H b. h h
tfio P U C
teur bien moins gros , quoique plus
gros que les Pucerons des autres es-
pèces. Leur couleur étoit aufiï diffé-
rente : ils étoîent d'un brun caffé. Ce
qu'il y a vu de plus fingulier , c'eft
qu'ils ont peut-être la plus longue trom-
pe , qu'ait infecle portant trompe :
elle a au moins dans certains temps trois
fois la longueur de leur corps. L'en-
droit d'où elle fort, différent de celui
«les autres de la plupart des infecles
portant trompe , eft plus proche de
celui où font attachées les deux pre-
mières jambes , que de la tête. Les Pu-
cerons de cette efpece n'ont pas tous
une aufïi longue trompe: on en trouve
beaucoup , à-peu-prtsautantque d'au-
tres , qui ne l'ont pas plus longue que
leur corps. Outre cette trompe , cette
efpece de Pucerons a le bout de la
tête qui fe termine par un gros filet ,
qui par fa pofition reffemble aflez aux
trompes ordinaires: on pourroit croire
que la grande trompe de ces Pucerons
n'eu; deftînée qu'à aller chercher au
loin le fuc nourricier, & que la partie
qui fort de la tête , qui fe couche fur
la bafe de la grande trompe , eft elle-
même une féconde trompe qui fuce le
fuc que la grande met à fa portée.
M. D e R è a u m u R a encore trou-
vé fous des mottes de gazon , au mi-
lieu d'un bon nombre de très-petites
Fourmis rouges, divers Pucerons gris
non ailés d'une groffeur médiocre , Se
cela dans les premiers jours de Mars.
Peut-être eft-ce une efpece qui vit
fous terre , ou qui s'y retire pour fe
défendre contre la rigueur du froid.
Le Pêcher eft un des arbres fur lef-
quels les Pucerons paroiffent de meil-
leure heure. M. de Réaumur
en a vu dès le commencement de
Janvier d'appliqués fortement contre
de jeunes pouffes de Pêchers. Quand
les fleurs de ces arbres ne commen-
cent qu'à fe développer , on trouve
fouvent fur certains Pêchers un très-
grand nombre de différens tas de Pu-
cerons. M.BosNEia beaucoup ob-
P U C
fervé une efpece de Pucerons de Chêne,
Se une des plus groffes , parmi laquelle
il y en a d'ailés Se de non ailés à l'or-
dinaire. Le deffus du corps des non
ailés eft brun Se mat ; le deflbus eft
de la même couleur , mais plus lui-
fant. Leurs antennes , leurs trompes ,
& leurs jambes , font d'une couleur
rougeâtre tirant fur le maron. Dana
cette efpece , il y a des ailés de diffé-
rentes grandeurs. Les plus petits font
très-petits par rapport aux autres. Ce
font ces très-petits Pucerons que M..
Bonnet avu s'accoupler avec des
Pucerons non ailés.
Les efpeces de Pucerons , que je
viens d'indiquer , fuffifent pour faire
voir que le nombre en eft prodigieux,
Si chaque efpece qu'on trouve fur cha-
que efpece de Plantes, étoit une efpece
particulière , le nombre des elpeces de
Pucerons égaleroit au moins celui des
efpeces de Plantes ; car M. de Réau-
mur ne fait point s'il y a quelque
Plante qui en foit exempte , & telle
Plante en nourrit plufieurs efpeces
différentes , ce qui porte à croire que
les mêmes Pucerons peuvent vivre fur
des Plantes très-différentes. Il y en a,
comme je l'ai dit, qui vivent furies
tiges & fur les feuilles des Plantes ;
d'autres qui fe tiennent dans l'intérieur
des troncs de bois pourri ; d'autres
qui fe tiennent fous les écorces des
arbres , Se d'autres fous terre. M.
Bernard de Jussieu en a
trouvé une efpece qui s'attache aux
racines d'une forte de Lychnis , ce
qui a pîqué la curiofité de M. DE
Réaumur, & redoublé fes recher-
ches. Il en a trouvé qui fè nourriffent
furies racines de Millefeuille , fur cel-
les de la Camomille, de la Cynogloffe
ou Langue de Chien , de l'Avoine ,
d'une Ofeille à feuilles étroites , Se
de l'Arum ou Pied de Veau. C'en eft
afïèz pour faire croire qu'il n'eft peut-
être pas de Plantes dont les racines
ne fourniffent la nourriture à quel-
ques efpeces de Pucerons-
PUC
PUC €tt
PUCERONS BRANCHUS:
Ce font des infectes aquatiques par-
faitement bien décrits par Swammer-
PAM > p. 8(5. Êdit. de Leyde. Ils font re-
marquables par deux bras ramifiés qui
s'élèvent au-deflùs de leur tête , Se
qui leur fervent de nageoires : ils leur
font faire divers mouvemens. Ils fau-
tillent continuellement dans l'eau , &
font ordinairement rougeâtres. Ils fer-
vent de nourriture aux Polypes , dit
M. Tremblay, Mêm. II. p. 192,.
Edit. in-11.
Les ennemis deftrticteurs des Puce-
rons terreflres , font les Vers fans jam-
bes , les Vers à fix jambes , dont les
uns font nommés Lions -Pucerons par
M. DE R É a u M u R , les autres Hé-
ritons blancs , ou Barbets blancs , qui
deviennent de petits Scarabées hémis-
phériques. Voyez ces mots.
Faux-Pucerons.
Ces infectes refiemblent parfaite-
ment aux Pucerons par leur petit elfe ,
ou par la tranquillité avec laquelle
ils fe tiennent constamment dans la
même place , par la manière dont ils
fe nourriffent du fuc de la Plante , par
la nature des excrémens qu'ils rejet-
tent , Se louvent par les poils coton-
neux , dont ils font couverts. Ce font
Ces reflemblances , qui ont déterminé
M. de Réaumur à les nommer
Faux -Pucerons. Il y a deux fortes de
Faux-Pucerons :les Faux-Pucerons de
Figuier , Se les Faux-Pucerons de Buis.
Tous les Faux-Pucerons deviennent
des infectes ailés : ils changent plufieurs
fois de peau. Les fourreaux fous lef-
quels leurs ailes font cachées ont beau-
coup d'ampleur : ils débordent consi-
dérablement le corfelet. Ces fourreaux
font blanchâtres , ou prefque blancs ;
vus au mïcrofcope ils paroiflfent poin-
tillés , Se chargés de poils courts. Leur
confiftance reifemble à celle d'une èf-
pece de parchemin ; le corps Se le cor-
felet font d'un verd tendre , Se bien
éloigné d'avoir le dur des feuilles de
Figuier fur lefquelles on les trouve.
Il y a^des temps où le Faux-Puceron
fait voir deux cornes coniques , pofées
en devant, près de l'endroit où fe ter-
minent les fourreaux des ailes ; mais
plus fouvent il tient ces deux cornes
fous le bord de ces mêmes fourreaux »
Se alors 0:1 ne les peut voir que lors-
qu'on confidere l'infecte par-defibus.
Quand il eu: dans cette pofition on voit
qu'il eft pourvu de fix jambes médio-
crement longues, qui font attachées au
corfelet. La tête eft recourbée vers le
ventre. Ses yeux , comme les cornes p
fe trouvent alors en defibus. Le bout
de la tête fe termine par une pointe fine ,
qui paroît être l'origine delà trompe.
Cette pointe fe dirige vers la première
paire de jambes , jufqu'à laquelle elle
s'étend & un peu plus loin : jufques-
là elle eft verte ; mais là on voit un
gros point brun-noir d'où part un filet
que l'infecte dirige de quel coté il veut.
Ce filet a à peine la gro fleur d'un
cheveu; il eft l'inftrument qui tire le
fuc de la Plante , apparemment après
l'avoir percée. Telle eft , félon M.
DE Réaumur , la defeription des
Faux- Pucerons.
Leurs dépouilles , Se fur-tout leurs
premières , font chargées de longs fi-
lets cotonneux , attachés principale-
ment à leur partie poftérieure. Ces
infectes fe tiennent ordinairement fous
le defibus des feuilles de Figuier , Se
on en trouve aufii d'attachés contre
les Figues mêmes vertes Se dures. M.
de Réaumur croît qu'ils ne font
ni bien ni mal aux Figues. Ils fe mé-
tamorphofent en Moucherons à quatr»
ailes , Se il les met dans la clafle des
Moucherons fautaurs.
Le même Obfervateur parle d'une
autre eipece de Faux-Pucerons dont
le Buis eft peuplé en quelques mois
de l'année. Ils prennent plus de foin
de fe cacher que les autres ; ils n'en
font que plus aifés à trouver , quand
on connoît une fois les caches où ils
fe tiennent. Plufieurs Pucerons, Scies
H h h h ij
<? ï2 PUD PUL
PU M
Faux-Pucerons de Figuier jettent par
l'anus une eau fucrée ; mais les Faux-
Pucerons de Buis rendent pour excré-
ment une efpece de manne. Quand
elle fort de leur corps , elle_ n'a pas
toute la folidité qu'elle acquiert dans
la fuite , Se c'eft quand elle en a trop ,
ou trop de difpofition à fe fécherque
ces infectes fe trouvent avoir de lon-
gues queues tortueufes. Ces Faux-
Pucerons ne fe trouvent que dans les
boules de buis , faites des feuilles de
l'année. Ils ont une trompe comme
les premiers, avec laquelle ils aiment à
percer les jeunes feuilles Se en tirer
le fuc. Ils fe métamorphofent aufTi en
Moucherons fauteurs. Voyez MOU-
CHERON SAUTEUR.
PUD
PUDIANO VERDE, nom
que les Portugais donnent à un poif-
fon du Bréfil , qui fe pêche dans la
mer. Il eft bon à manger , Se il eft
remarquable par fa couleur : il a dix
doigts de long depuis l'extrémité de
fa bouche jufqu'à celle de la queue,
Se trois de large par tout le corps.
Sa queue en a trois Se demi.
PUDIANO VERMELHO,
ou BODIAN A , poiffon du Bré-
fil , nommé dans ce pays Aipimixira
Se Tetimixira , dont parle Marc
Ga a v e ( Hifl. Braf. L. IV. e. 3. > ,
R u y s c h ( de Pifc. p. 124.)» Ray
( Synop. Meth. Pifc. p. 148. n. 8. ) ,
qui eft de la grandeur d'une médio-
cre Perche , Se bon à manger,
PUL
P U L P O, poiffon de la mer du
Sud. Cet animal eft fi fingulier qu'à
le voir fans mouvement on le prend
pour une branche d'arbre , couvert
d'une écorce femblable à celle du Châ-
taignier. Il eft de la groffeur du petit
doigt , long de fix à fept pouces , Se
divifé en quatre ou cinq nœuds ou
articulations qui vont en diminuant du
côté de la queue , qui ne parolt » non
plus que la tête, autrement que comme
un bout de branche caffée. Lorfqu'iï
déploie fes fix jambes , & qu'il les
tient rafTembiées vers la tête' , on les
prendront pour autant de racines , &
la tête pour un pivot rompu. Les Chi-
nois l'appellent Pulpo , Se difent qu'en
le maniant avec la main nue , il l'en-
gourdit pour un moment fans faire
d'autre mal. Ce qui fait croire que
c'eft une Sauterelle de la même ef
pecoquele P. du Tertre a défignée ,
Se décrite fous le nom de Cocjîgruè'
dans fon Hifloire des Antilies , avec
cette différence qu'on ne lui a point
remarqué une queue à deux branches ,
ni les petites excroiflances en pointes
d'épingles que cet Auteur met à fa
Cocfigruë. D'ailleurs il ne parle point
d'une petite veflie qu'on trouve dans
le Pulpo , pleine d'une liqueur noire
qui fait une très-bonne encre à écrire.
C'eft YAnimago Brafilia de M A r c
Grave. Il en eft auffi parlé par
Frézier,
P U M
PUMA, nom qu'on donne , dit
NlEREMBERGf Hifl. Exot, L. IX.
f. 21. ), à une efpece de Lion du Pé-
rou , plus petite que celle d'Afrique.
Il ne fait point de mal , à moins qu'on
ne l'attaque. Il dégénère entièrement,
des Lions des autres contrées , pour
le courage, pour la grandeur, & pour
la couleur de fa crinière , qui eft plu-
tôt brune que roufTe. Les Indiens s'af-
femblent pour lui faire la chafTe. Ils
le tuent à coups de pierre Se de bâton ,
ou de fouet. Ces animaux montent
quelquefois fur les arbres ,. & les In-
diens les y viennent attaquer à coups
de piques Se de flèches. La chair en
eft blanche, Se ils la mangent. Ruysch
( de Quad. p. 81. ) , rapporte qu'un
Efpagnol tua dans un arbre à coups
de piques & de flèches la femelle d'un
de ces animaux , qui s'étoit accou-
plée avec un Tigre. Il lui trouva dans
le ventre deux petits , dont la peau
PUN
{toit marquée comme l'eft celle du
Tigre.
PUN
PUNAISE , genre d'infecte ,
mispar M. Linn/eus ( Fauna Suec.
p. 203.) dans l'ordre des Hemiptera.
Il y en a un grand nombre d'efpeces,
différentes pour la grandeur & pour
la couleur. On les trouve dans les
champs , dans les jardins potagers ,
dans les vergers , fur les légumes , 8c
fur les arbres. Swammf. rdam les
nomme Punaïfes de terre volantes , 8c
il en compte feize efpeces que la Na-
ture a peintes de toutes fortes de cou-
leurs; ce qui les rend auffi agréables à
la vue , que l'odeur en eft incommode.
Il y a auffi des Punaifes aquatiques ,
qui volent pareillement , Se qui ont
dans la bouche un aiguillon avec le-
quel elles piquent fortement.
PUNAISE de lit, ou domefli-
que , ou commune * , infecte que M.
Linn/eus met du nombre de ceux
qui ont le corps rond. Il dit qu'il n'en
a pas vu d'ailées , quoique quelques-
uns affurent qu'on en voit en certain
temps de l'année , ce qui ne répugne
pas à la ftruclure de fon corps , qui
eft de la figure & de la grofleur d'une
petite Lentille , court , fort plat ,
prefque rond , ou de forme rhomboïde ,
mol & facile à écrafer , pour peu
qu'on le touche , rougeâtre , ou d'une
couleur de canelle un peu foncée , &
d'une odeur puante & défagréable. Son
corps eft compofé extérieurement de
trois parties principales , qui font la
tête , la poitrine ou le corfelet , & le
ventre , ou le corps proprement dit.
La tête eft munie furies côtés de deux
petits yeux bruns un peu faillans ; en
devant , il y a deux petites cornes ou
antennes , compelées chacune de trois
articulations qui font de plus en plus
déliées , 8c en deffous , eft une trompe
* Cet infecte eft nommé en Grec Kiftt ;
en Latin Cimes, d'où eft venu le mot Ita-
lien Ctmke . MÉKA6E croit que le mot
PUN 0-13
recourbée dans fon état de repos , plas
enflée dans fon milieu qu'à fa naiiïance
& à fon extrémité , dont la pointe va
fe loger entre les deux jambes de de-
vant ; le corfelet n'eft formé que d'un
anneau un peu large qui tient à la tête
par un étranglement 8c auquel eft at-
tachée înférieurement la première paire
de jambes ; le corps qui va en s'élar-
giflant eft compofé de neuf anneaux,
dont le premier eft comme féparé en
deux par une petite échancrure formée
d'une pièce triangulaire qui fait la
jon&ion du corps avec le corfelet ;
fous le ventre il donne attache aux
deux dernières paires de jambes ; car
il n'y a en tout que trois paires de
jambss. Chaque jambe a trois jointures
qui forment d'abord la cuifle , enfuite
la jambe proprement dite , puis le pied
qui eft armé d'un crochet aigu , ref-
femblant à un hameçon. Les jambes
de la féconde paire font tant foit. peu
plus grandes que celles de la pre-
mière ; 8c les jambes de la troifieme
paire font un peu plus grandes que
celles de la féconde. Tout' le corps
de la Punnife eft liffe , à la réferve
de quelques petits poils fort courts que
le microlcope fait découvrir autour
de l'anus 8c furies bords des derniers
anneaux. Quand l'animal eft vivant Se
plein de fàng , il a le dos un peu
bombé & rebondi , mais le ventre eft
toujours applatî.
Dans l'intérieur , on apperçoit au
milieu la groffe artère qui fait l'office
du cœur , & des trachées à droite 8c
à gauche qui fervent à la refpiration.
L'œfophage , le ventricule , & les in-
teftins , vont droit de la bouche à l'a-
nus, Après une longue diète , on y
trouve au lieu de fang & d'excrémens
rougeâtres une humeur mufqueufe ,
qui reffemble à du blanc d'œuf. La
femelle a un ovaire plein de petits œufs
ramaffés en grappe , obiongs , pref-
François Punatfe vient du Latin putere, qui
fïgiiifie puer , & que ce nom ]ui a été donne
à caufe qu'elle fent fort mauvais,
Ci 4
P U NT
que cylindriques , blanchâtres & tranf"
parens. Le mâle & la femelle s'ac-
couplent ensemble queue à queue. La
femelle dépofe fes œufs fécondés dans
un lieu propre à les faire éclorre, Se
ïl en fort par le bout de petites Fu-
natfes, qui quoique nées tout récem-
ment , Se à peine vifibies ne laifient
pas de courir très-vîte.
La plupart des P un ni fer meurent
l'hiver dans les climats froids ; mais
les femelles ont foin de dépofer dans
les endroits les plus chauds une infi-
nité d'œufs qui fe confervent pendant
la mauvaife faifon , & qui aux ap-
proches de l'été s'ouvrent en foule pour
laiiler fortir les petits animaux qu'ils
renferment ; car ces iâfe&es ne font
que trop féconds & multiplient pro-
diçieufement , à la faveur des matières
putrides qui s'exhalent des corps ani-
més. Audi nai(Tent-ils abondamment
dans les vieux bâtirnens, dans les ap-
partenons voifins des Poulaillers , des
Colombiers , des cages de Cailles &
des fours , dans les vieilles folives
des maifons , dans les lits , fur-tout
dans ceux dont le bois eft de fapin , où
il y a de vieilles paillafles , ou dont
la paille & les draps ne font pas allez
fouvent renouvellés , ainfi que les ma-
telas ; dans ceux qui font proches des
vieilles cloifons ou de vieilles murailles
enduites de plâtre , ou près de vieux
livres. On en voit une plus grande
quantité aux chambres d'en haut , aux
lieux fecs & expofés au Midi , prin-
cipalement dans les grandes villes bien
peuplées , & où les maifons font à
plufieurs étages. Les Tunaifes font car-
naffiercs jufqu'à fe manger quelque-
fois les unei les autres , comme font
les Araignées , les EcrevifTes , Se quel-
ques autres infectes. La maxime fi fou-
vent citée contre nous , dit M. D e
Réaumur, qu'il n'y a que l'hom-
me qui fade la guerre à l'homme, Se
que les animaux de même efpece s'é-
pargnent , a affurément été avancée 8c
adoptée par des gens qui n'avoient pas
P U N"
étudié les infectes. Leur bîftoire nous
fera voir en plus d'un endroit que ceux
qui font carnaffiers en mangent fort
bien d'autres de leur efpece quand ils
le peuvent; mais ce qui eft pis & par-
ticulier à quelques Chenilles , c'eft que
quoique faîtes , ce femble , pour vivre
de feuilles , quoiquelles les aiment Se
qu'elles en fa lient leur nourriture or-
dinaire , elles trouvent dans la chair
de leurs compagnes un mets préféra-
ble ; elles s'entremangent quand elles
peuvent , mais ce ne font que les par-
ties intérieures qu'elles mangent ; elles
lahTent non-lèulement la tête Se les
jambes , mais même toute la peau. Le
cadavre alors eft réduit à peu de chofe.
Il en eft de même de nos Pitnaij'es ,
dont l'intérieur a été percé & fucé
par l'aiguillon ou la trompe de leurs
compagnes. Leur fquelette reflemble
à cette dépouille complette dont elles
fe défont tous les ans.
Parmi les fléaux que la divine Pro-
vidence a répandus fur la terre pour
punir la vanité & la molleffe de l'hom-
me , nous croyons que les Pitnaifcs ne
font pas un des moindres , Se c'eft
avecraifon que Mathiole avance
que ces infectes font les ennemis les
plus fâcheux Se les plus importuns
qu'on puiffe avoir au lit pendant la
nuit ; car outre qu'ils nous piquent
pour fucer notre fang, ils font encore fi
puants que nos fens & nos efprîts en font
plus offenfés par leur mauvaife odeur ,
que les parties de notre corps ne peu-
vent l'être par leurs morfures.
Il y a fort long-temps qu'on eft
dans Popinion de croire que les Char-
treux n'ont point de Pnnaifes ; &
Cardan cherchant à en apporter une
raifon jufte Se naturelle , prétend que
c'eft pareeque ces Religieux ne man-
gent point de viande. Mais Scaliger
le réfute en ces termes : Comment ,
lui dit-il , avez -vous ofé inférer un
pareil conte parmi vos fubtilités , Se
ajouter au menfonge une caufe fi vaine ?
C'eft dommage que Pïthagorb
PUN
ïi'en ait pas eu de connoiflàflce ; maïs
n'auriez-vous pas dû vous reflbuve-
iiîr que les Chiens n'ont pas de Pu-
naifes , ni les Chevaux de Puces , au
lieu que les Rats en ont tant , qu'au
premier coup d'ceil ils paroiffent quel-
quefois couverts d'une peau de Puce.
Je veux qu'aucun Chartreux ne foit
incommodé des Punaifes , il reliera
toujours à favoir fi elles ne naifTent
point "dans leurs lits ; car les lits de
Toulouie ne mangent point de viande ,
8c cependant ils font infeftés de cette
vermine. Au refte , fi l'abflinence des
Chartreux l'extermine , le beau mira-
cle que voilà I Ne fait-on pas que chez
les Marfes il y a des Vipères , qui ne
leur font aucun mal quoiqu'ils foi'ent
les ennemis déclarés des Serpens ? Le
favant Aldrovande appuie la
réfutation de Scalicer, Se s'înf-
crit en faux contre la tradition de la
prétendue prérogative des Chartreux.
Il ajoute fort fenfément qu'on doit
bien s'informer fi une chofe eft avant
que de chercher la raifon pour laquelle
elle eft. C'eft trancher tout d'un coup
le nœud de la difficulté que de nier
ce fait ; mais comme la fingularité d'un
fait n'eft pas une raifon fuffifante pour
la nier , nous avons cru devoir faire
l.î-de!Tus les perquifitions néce flaires.
Il en réfulte qu'il eft extrêmement
rare de voir les Chartreux incommo-
dés des Punaifes , Se qu'il n'y a que
ceux qui fortent dehors à qui il arrive
quelquefois d'en gagner. Si donc les
Chartreux font , généralement parlant,
exempts de Punaifes , nous ne penfons
pas que ce foit un privilège qui ait
été fpécialement accordé à tout l'Or-
dre en vertu des mérites de Saint
Bruno leur Fondateur , comme on
le croit communément. Mousfommes
encore plus éloignés de penfer que
c'eft pareequ'ils font toujours maigre ;
autrement les Bénédictins , les Ber-
nardins Réformés de la Trappe , les
Camaldules , & les Carmélites , joui-
roïent du même privilège. La vraie
P Û N -6*15
raifort en eft que les Chartreux ne
fortent point , & qu'ils tiennent leurs
cellules , ainfi que leurs habillemens
dans une très-grande propreté. Cela eft
fi vrai . qu'il y a des Chartreufes où les
domeftiques font mangés de Punaifes ,
tandis que les Religieux n'en ont
point. Nous tenons ces éclairciffemc-ns
d'un Vifiteur de l'Ordre , homme inca-
pable d'en impofer,difentles Auteurs
de la Suite de La Matière Médicale.
Les Punaifes fuient la lumière , Se
fe tiennent cachées pendant le jour;
mais dès que la lumière eft éteinte &
qu'elles ont fenti -qu'on eft couché „
elles fe laiflent .tomber des rideaux
Se du ciel du lit; elles fortent enfouie
de leurs différentes retraites; elles af-
fiegent le pauvre homme qui veut
dormir , Se le tourmentent comme un
forçat , fe jettant principalement au
vifage & aux parties du corps où la
peau eft plus tendre ; elles fe montrent
d'autant plus terribles, qu'elles ont jeû-
né plus long-temps. Malheur à celui
qui eft obligé de voyager en été dans
les pays chauds , il faut qu'il prenne
le parti ou de ne fe point coucher ,
ou de fe coucher tout habillé , ou en-
fin de fe mettre fur le carreau , à
moins qu'il ne foit invulnérable ou in-
fenfible; car il en eft à-peu-pres des
Punaifes comme des Coufins , les uns
& les autres font avides de notre fang.
Il y a des chairs que les Coufins pré-
fèrent à d'autres : il y en a même qui
ne font jamais piquées , ou fi elles le
font , qui ne s'en trouvent nullement
incommodées , au-lieu que la moindre
piquûre faite à une peau plus délicate r
ou plus fufceptible , excite une dé-
mangeaifon importune Se une tumeur
qui devient quelquefois affez consi-
dérable , fur-tout quand onfe gratte à
l'endroit piqué. De même on voit des
gens que les Punaifes ne piquent point ,
foit que leur peau foit trop dure , foit
que l'odeur ou le goût de leur fueur
ou de leur tranfpiration les éloigne
ouïes rebute : on en voit qui dorment
616 PUN
tranquillement au milieu d'une légion
de Punaifes , fans fe foucier ni de leur
puanteur, ni de leurs morfures; tan-
dis que d'autres en font dévorés & en
perdent le repos. Il en eft pour qui
une feule Punaife eft un fupplice
On s'eft mis beaucoup en P eme ° e
chercher des fecours pour nous dé-
fendre contre ces vilains infectes , il
ennemis de notre repos , & il eft éton-
nant de voir la quantité de recettes
que les Anciens & les Modernes nous
donnent pour cet effet en forme d'hui-
les , de graifïes , d'onguens , de lo-
tions , & de fumigations. On fait que
l'huile tue tous les infecles qui y ont
été plongés , ou qui en ont été Am-
plement frottés.
MouFFET, dans fon Théâtre des
Infeiles , dit que le marc de beurre ,
qu'on aura fait bouillir , jette fur
les endroits ou viennent les Punaifes t
les détruit d'une manière furprenante
en les fatfant crever de réplétion ;
c'eft peut-être cette graitTe dont Car-
dan parle en ces termes : J'ai connu
autrefois , mais je ne m'en fouviens
plus, une forte de graiffe , qui , quand
on en frottoït une affiette de bois at-
tiroit toutes les Punaifes , de façon
qu'on ne voyoit plus le bois. Les o li-
guons dont on a coutume de fe fervir ,
font en très- grand nombre ; mais il
faut pour qu'ils produifent l'effet dé-
liré , en imbiber le mur , le bois du
lit , toutes les jointures , Se toutes les
crevaffes , ainfi que le chevet , Se en
un mot tous les trous 8c tous les en-
droits où les Punaifes fe nichent 8c
dépofent leurs œufs, Le mal eft que
l'effet qui en réfulte n'eft niconfidé-
rable , ni durable. Il faudroit que tout
le tour du lit Se les rideaux en fuffent
hitn pénétrés , fans quoi les Punaifes
ne manquent pas de reparaître peu
de temps après. Outre que ces ap-
plications devant être fouvent renou-
■vellées , elles gâtent néceffairement le
tour du Ut.
Selon Fline , le parfum des Sang-
P U N
fuës ttte les Punaifes , comme celui
des Punaifes tue les Sangfucs. Al-
DROVANDE Se JONSTON nous
apprennent d'après Hippocrate,
que la fumigation faite de fiente de
Taureau , chaife les Punaifes. A v i-
C e n n e dit la même chofe de la fiente
humaine ; d'autres vantent la fumée
de vitriol ou du verdet , de même que
celle du Cyprès , de la Nielle , de
la Conyze , de la Ciguë , du Tabac ,
du cinnabre Se du foufre , dont on a
foin d'empêcher l'évaporation le plus
qu'il eft poffible. Si l'on en croit Di-
MOCK.ITE , les pieds d'un Lièvre ou
d'un Cerf arrachés au pied du lit font
fuir les Punaifes , Se un bois de Cerf
ou du crin de Cheval fufpendu à l'en-
trée de la chambre les empêche d'y
entrer, Les feuilles d'Abfynthe ou
d'Auronne, celles de Kuë , de Chan-
vre , d'Hieble ou de Sureau; les fruits
d'Alkekenge , les Fougères mâle &
femelle , le Lierre , les gouffes de
Geneft commun , le Fenouil , le Bo-
trys ou Piment , fur-tout le Botrys,
qu'on appelle î hé ou Ambroifie du Me-
xique , mis fous le chevet ou étendus
fous le lit , paffent pour être propres à
châtier cette engeance maudite. Il y
en a qui recommandent de mettre
fous le lit un fceau d'eau froide , ou
du cuir de iiuftie , dit vulgairement
Cuir de Roujfî, Le fiel de Bœuf, mêlé
avec le vinaigre , le fuc de Concombre
fauvage , la teinture de foufre , la
poix liquide , l'eau de chaux, à la-
quelle on ajoute le Staphifaigre , le
vif - argent , le foufre , Se l'huile de
Laurier , le tout bouillant Se frotté fur
les lits , font encore des fecrets ufités.
Mais il faut avouer que la plupart de
ces prétendus fecrets font plus nuifi-
blcs qu'utiles,& pires que le mal même.
L'eau de fublimé , mêlée avec de la
graiffe , fait mourir les Punaifes , ainfi,
que les Poux.
M. James , après avoir confeillé
contre les morfures des Punaifes , s'il
anivoit qu'on en fût incommodé , un
Uniment
P U N
linîment d'huile d'Olive ou d'efprit
de vin , ajoute , d'après Aetius,
ancien Médecin Grec , que fi on lave
les bois de lits avec de la décoction
du Caméléon noir , qui eft une efpece
de Carthame à feuille de Carline Se à
fleur double , elle préviendra furement
la génération de ces animaux. Enfin
tous les Auteurs conviennent que les
drogues qui ont une odeur forte font
contraires aux Punaifes , Se l'on remar-
que que chez les Apothicaires, chez
les Droguïftes & chez les Corroyeurs ,
on ne voit point de cette vermine.
Le Docteur Philippe Sachs,
dans fa Gammarologie , dit qu'en Si-
léfie le meilleur remède qu'en ait pu
trouver pour chafler les Punaifes ,
eft de laver les trous où ell=s (e re-
tirent avec une décoction d'EcrevilTe ,
& que cette décoction les fait fuir
comme fi on les avoit touchées avec
du fublime. Tout le monde fait com-
bien les Anciens fe font efforcés de
découvrir quelque remède capable de
détruire toutes fortes de vermines , Se
combien il y a eu de fuperftition dans
ce qu'on appelloit Taiijmans- Se Amu-
letes ; imis tar.s avoir recours à la
Magie noire , on trouve chez les Mo-
dernes des remèdes externes , dont
l'effet réel peut s'expliquer fuivant les
loix de la méchanique. Depuis peu on
nous a donné'un certain remède pro-
phylactique , ou préfervatif contre les
Punaifes , qui eft fort en ufage dans
quelques endroits , Se qu'on nomme
YAmulete de la Chine ; mais cet Amu-
lete prétendu eft apocryphe.
Dans certains hôpitaux , on a cru
pouvoir fe garantir d'une vermine fi
incommode , en fubftituant le fer au
bois pour les lits ; mais ces lits de fer
font plus utiles pour la durée , que
pour empêcher la production des Ptt-
naijes ; car elles favent bien fe loger
ailleurs que dans les bois de lits. Nous
avons quelquefois éprouvé avec fuc-
cès certaines Plantes à feuilles rudes
& épineufes , telles que la Buglofle ,
Tome HL
PU N 0-17
la Bourrache , & fur-tout la grande
Confonde : on étend ces feuilles fur
le traverfin ou l'oreiller , Se le lende-
main matin on y trouve les Punaifes
comme empêtrées au milieu des épines.
Mais, félon Aldrovande, rien
n'eft plus commode que les nattes de
paille ou de jonc, ainfi que les claies,
d'ofier mifes au chevet du lit; car les
Punaifes s'y retirent volontiers , Se Ton
a foin de les fecouer matin Se foîr pour
les écrafer. Plus les nattes Se les claies
font vieilles , meilleures elles font ,
pareeque ces infectes ayant l'odorat
très-fin , l'odeur de leurs femblables
les y attire en foule. Les Araignées
les mangent quand elles en peuvent
attraper.
Les Pitnaifes contiennent beaucoup
de fel volatil Se d'huile. On les eftime
propres pour faire uriner dans la fup-
preflion d'urine. Dioscoride con-
cilie de les faire deffécher , Se enfuite
de les réduire en poudre pour en in-
troduire dans l'uretre ; mais la cou-
tume eft de les introduire vives dans
ce canal pour y exciter du chatouil-
lement & obliger le fphincter de la
vefiïc à fe relâcher. Schroderus
affure avoir vu en donner avec fùcccs
le nombre de trois , piiées pour faire
fortir l'arriere-faix & le fœtus. Quel-
ques-uns en font prendre f;pt ou huit
à l'entrée de l'accès des fièvres inter-
mittentes; mais tous ces effets ne font
pas aftez garantis par l'expérience ,
pour donner la préférence à ces in-
fectes fur d'autres remèdes mieux con-
nus qui peuvent être employés dans
les mêmes cas ; Se leur odeur déi agréa-
ble fait qu'on ne fe portera jamais vo-
lontiers à en faire ufage , à moins qu'on
n'y foit forcé par la difette de tout
autre remède. Voilà ce que les Au-
teurs de la Suite de la Matière Me-
dicafe ont écrit fur les Pitnaifes.
Après cèçte Punaife ddmefliqite , M.
L 1 n n ■/£ u s donne quarante autres
efpeces de Funaifes , dont les unes
font de figure ronde , Se les autres de
X £ i 1
tfi8 PUN
P U N
figure oblongue. Parmi ces différentes
efpeces , il y en a qui ont été connues
les unes de F r i se h , de Ray, de
Lister , de Jonston, de Sloane,
de Petivert & de Bauhin ; les au-
tres Je M. L i n N je u s , parcequ'elles
font particulières à la Suéde f ainfi.
qu'aux pays adjacens.
Les Actes d'il pj al font auffi men-
tion d'un grand nombre de ces Pit-
naifes , dont plufieurs fe transforment
en infectes qui ont des ailes. On trouve
des Punaijes dans le fumier; celles-ci
fe métamorphofent en Mouches quifen-
tent fort mauvais. Il y a des Punaifes
de bois } différentes Plantes en nour-
rîffent. Enfin , les forêts , les prairies
Se les campagnes en fourniifent.
Voici les différentes efpeces dont
M. L i n n je u s parle dans fa Fauna
Suecica,
Il nomme la première efpece ( n,
6ùfj. ) Cimex roflro arcuato , antennis
apice capillaceis , corpore oblongo nïgro.
C'eft le Cimex (lercorarius major oblon-
giis de Fris c h ; & peut-être le
Cimex maximus niger feu atratus , alis
midis ex loto membranacets. Cette P u-
naife vit de rapine , fe nourrit de Mou-
ches Se d'autres infectes : elle eft mon-
tée fur fix pieds ; ceux de derrière
font très-longs , faits en maffue , gros
près des ongles : elle court d'une ma-
nière extraordinaire , car fes pieds ,
quand elle marche , ne remuent pas
tous en même temps. Elle eft couverte
d'une craffe ou ordure dont elle fait
fe défaire facilement : elle en change
pour tromper les yeux de l'Obfer-
vateur. Sa figure n'eft pas belle à voir :
elle a celle d'une Araignée Phalange.
Son corps eft velu , échancré , d'une
couleur cendrée , qui imite le fable
ou la terre feche; fa tête & fes an--
tennes , comme dansles autres efpeces ,
font fans poil; cependant le dernier ar-
ticle des antennes eft velu. Elle porte
une trompe courbée & faite en arc.
La féconde efpece eft une Punaife
ytrte > qui fe trouve par-tout à la cam-
pagne, nommée (». 648.) Cimex fui-
rotunâus viridis , margirie undique fla-
vo. Elle a le corps rond , des antennes
compofées de cinq articles oblongs ,
verds , le dernier très-petit. La tête ,
le corfelet ou la poitrine , Se les four-
reaux des ailes font verds , un peu ru-
des au toucher ; la pointe du corfelet
eft jaune , les ailes fupérieuves font
blanches , les inférieures font brunes ,
le ventre eft verd , le dos eft noir , le
bout des mâchoires eft rouge Se four-
ni de quatre articles. Cet infeéte a la
langue de toute la longueurde la bou-
che laquelle eft foyeufe ou chargée,
de poils , la mâchoire fupérieure très-
courte & pointue comme une alêne qui
ferre la langue , Se le dos fous les ailes,
non rouge , mais d'un noir foncé. M.
Li N N & V s dit que c'eft la plus grande
efpece de Punaife. qu'il y ait en Suéde,
Ray en parle , inf. p. 5 3 . n. 1.
La troifieme efpece nommée ( ».
649 ) Cimex nigricans , abdomine pia-
no , margine imbricatim fecto , fe trouve
dans les forêts fur les troncs d'arbres
fecs. Elle eft plus grande que la Pu-
naife de lit , toute plate , très -maigre ,
& noire en- deffous. L'abdomen eft
bordé de chaque côté de fix filets en
forme de lambeaux , obtus , de la cou-
leur de l'écaillé de Tortue ; le corps
&la poitrine font fales ; les antennes
font compofées de trois articles. Les
ailes Se les fourreaux ou élytres , font ■
de couleur cendrée.
La quatrième nommée (n. 65 o. ),
Cimex grifeus , abdominis margirie ni- ■
gro maculato , eft le Cimex fylveft ris ,
corpore breviori , fufeus , feapulis ma-
qij extantibus , macula è fiavo rttbente
in centra crucis dorfalis de Ray ( Inj,
p. 54. n. 2. ) , de Jonston ( Inf.
t. ij-fig- 5>0 » de L 1 s t e r ( Mut. t.
31./. 29. ), & le Cimex ex luteo-vi-
refeente infitfcatus, corniculis maculât is, ■
jïmiliter ad alvi margines nigris ma-
culis eleganter interftinl~lus , du même
L I S T E R ( Loq. p. 3 9 6. n. 3 6. ). Les
Suédois nomment Bearfis cette efpece-
P U 'N
£e Punaife. C'eft au (fi la même que le
Cimex grifeus macula è fiavo rubente
in apicc elytrontm , de M. Guettard.
On la trouve communément en au-
tomne dans les bayes ou fruits des ar-
bres , auxquels elle donne une mau-
vaife odeur que n'aiment pas les en-
fans.
La cinquième efpece , nommée ( n.
tfj i. ) Cirnex grifeus ovatus , thorace
titrinque obtufe angulato , pedibus ru-
bris , qui fe trouve en plufieurs en-
droits de la Suéde , eft du nombre des
très-grandes efpeces : elle a des an-
tennes rouges & noires vers la bafe , le
dos tout gris , la pointe du corfelet
rouge , le bord de l'abdomen pointu ,
varié de noir 5c de rouge , Se les pieds
roux.
La fixieme , nommée ( n. C52. )
Cimex grifeus ovatus , thorace utrinque
acumine angulato, amennis ru fis , aie
corps gris par-tout , la pointe du cor-
felet d'un pâle de lune , les antennes
d'un rouge pâle , & les pieds font de
la même couleur du corps Elle eft
iemblable à la précédente de forme &
de grandeur.
La feptieme efpece , nommée (n.
6"5 5.) Tv.na.ijt rouge à deux ailes, en
Latin Cimex ruber , alis fttjcis , fe
trouve fur l'Ortie , ainfi que fur d'au-
tres Plantes. Elle eft de la grandeur
de la Punaife domejlique. Tout fon
corps eft: rouge fans aucune tache no-
table ; les fourreaux des ailes font
marqués au milieu d'un point ou ta-
che d'un noir pourpre ; les ailes font
brunes , l'abdomen eft noirâtre fous
les fourreaux , & il y a une ligne blan-
che qui traverfe dans le milieu des
fourreaux proche du bord extérieur.
La huitième, nommée («. 654. ),
Cimex ov.it us cm.rulefcenti-s.neus , tho-
race lineolâ , fcutelli apice , ely tri/que
fundo albo , rubrove , eft la même que
le Cimex j'ylv efln s c -aritlt -J cens paulo re~
liquis m'inor & magis deprejj'us , de
Ray (Inf. p. 59. n. 6.) , dont une
variété qui diffère par une marque
P U N «n?
rouge , que cet înfeéte a aux épaules ,
arc afcapularumm.gr a. S l o a n e parle
de cette huitième efpece de Punaife ,
p. 203, Il en donne la figure ( t. 137.
n. 36". & 37. ) , 5c il la nomme Cimex
mimr c&ruletts , lineis albis varius , tef-
tudinis forma. On trouve cette efpece
de Punaife far les grandes Plantes :
elle a le corps d'un bleu de cuivre
luifant , ainfi que la tête , la poitrine
& les fourreaux des ailes. Le mâle brille
par des taches blanches , Se la femelle
par des taches rouges.
La neuvième efpece , nommée (».
<5 5 5 . > » Cimex ovatus niger , ely tris nï-
gro alboque variegatis , alis albis , eft
Ta même que le Cimex niger noflras ,
albo maculatus , de Petivert
( Gaz., p. 22. t. 14. f 7-) > le Cimex
niger maculis candidis noiatus , de
Lister ( Loq. p. 398. n. 37. )> &
le Cimex parvus fylvéfiris , corpore ro-
tundiore , colore nigro fplendente , ma-
culis albis piSlo. Cette efpece fe trou-
ve comme la précédente fur les Plan-
tes , 8c elle eft de fa grandeur Se de
fa figure, Elle eft toute noire par le
dos , les fourreaux font de la même
couleur ; elle a une tache blanche an
bord extérieur proche la bafe , une au-
tre tache blanche au b ord proche de la
pointe , 5c par devant au bord du cor-
felet de chaque côté encore une tache
blanche. :
La dixième efpece , dont parle Lis-
ter. ( Mut. t. 37. /. 20.) , nommée
(n. 6^6.) Cimex ovatus, anticè atté-
nuât us , cinerco-ex al Indus , antennis m-
carnatis , eft la Mufca cimiciformis
fexta de WlLLUGHflY. Ray ert
fait mention ( Inf p. 56. » 6.) Cette
Punaife eft de figure ovale, a la poi-
trine Se le corfelet d'un cendré blan-
châtre , marqués de deux points noi-
râtres , deux bandes brunes , qui vont
en long de la poitrine par la tête Se
fmiffent vers le front , S; des antennes
de couleur de chair ou rouffàtres.
L'onzième efpece , nommée ( «.
(5 y 7.) Cimex ovatus grifeus , alis ne-
I î i i ij
PUN
bulofis , abdom'mis laterihts alho ni"
groque variïs , eft très-commune en Up-
ïande : c'eft une des petites elpeces :
exJe a tout le deffus du corps gris Se
marqué de points creux ; le corfelet
vers la bafe, brun ; les ailes font d'un
brun nébuleux , les antennes prefque
en mafluc , d'un brun noirâtre Se com-
pofées de cinq articles. Le dos fous
les ailes eft dentelé Se bordé de blanc
& de noir.
La douzième , nommée ( », 6*5 8, ) ,
Cimex ovatus grijeus , alis albidis ,at-
dominis lateribus ntbro , nigroque va-
riis , eft le Cimex jubrotimdus grijeus
des Ailes d'Upfal , 1736'. p, 35.».
4. Cette efpece, qui fe trouve quel-
quefois à la campagne , refTemble à
la précédente pour la grandeur , pour
la figure , & pour la couleur ; mais
dans toutes fes diverfes parties , elle
eft d'une couleur plus pâle : fon cor-
felet à la bafe eft plus brun ; la fu-
perficie extérieure eft marquée de
points creux comme dans la précé-
dente. Les ailes font blanches Se dia-
phanes. La couleur du dos fous les ailes
eft rouge , ce qui eft différent dans la
précédente efpece qui l'a noir Se verd :
elle a vers la bafe une large tache
noire , vers l'anus des lignes noires
qui traverfent, principalement aux cô-
tés de l'abdomen.
La treizième efpece , nommée ( ».
65 ?■ ) Cimex ovatus , elytris lividis ,
apice fufeir , fe trouve en Scanie : elle
eft de la grandeur d'une Puce ; elle
a les pieds & les antennes de couleur
fauve , le corps noir , les fourreaux
de couleur livide , la pointe brune , Se
les ailes de couleur d'eau.
La quatorzième , nommée (». 6" 60. )
Cimex ovatus planas cineréo-nebulo fus ,
faite lineis tribus éleva tis, antertriis a-pic e
nigris , fe trouve fur les têtes de Char-
don. Cette efoece eft petite , plate,
d'une ovale oblongue ; la tête eftpetite
& de couleur de cendre ; les antennes
font compoiées de trois articles pâles *
le. dernier eft: d'une ovale noire - 3 la
poitrine, qui eft en forme de tfeeur Se
en pointe , eft bordée ; les ailes font
d'un cendré nébuleux ; l'abdomen ,
aînfi que les cuïffes , font noirs ; les
jambes font de couleur pâle. Le (ler-
mm eft noir , étroit , ceint d'une ligne
blanche , rond à la pointe , & bordé
de blanc.
La quinzième , qui fe trouve par-
ticulièrement dans la Suéde auftrnle ,
eft nommée ( n. 66x.) Cimsx rotundo-
ovatas , nigro rubroqitt ■variegatus , ca-
pte a'tij'que nigris , c'eft-i- dire , Pu-
riaift d'un rond-ovale , marquée de
noir Se de rouge , qui a la tête & les
ailes noires. Cette efpece eft des plus
grandes Se des plus larges. Le der-
rière de la tête Se de la poitrine oft
d'une fort belle couleur rouge : elle a
deux grandes taches fourchues qui fe
féparent Se qui fe réunifient à la tête ;
le bas du corfelet eft noir , marqué
d'une tache oblongue qui fourche vers
la poitrine , Se qui forme une tête par
le haut. Les fourreaux font rouges ,
marqués de deux points noirs , l'un au
haut ou au fommet des ailes , Se l'autre
entre le milieu du bord extérieur : il
y a une tache noire, oblongue , qui va
le long du bord intérieur Se qui s'é-
tend entre les deux points. Les ailes
Se les pieds font noirs : le bord de l'ab-
domen eft marqué par le dos d'une
tache rouge & noire.
La feîzieme efpece , qui eft de fi-
gure oblongue , ainfique lesfuivantes
eft nommée (n. 66z. ) Cimex obi ongus
ntfus immacitlatus , tborace utrïnque
angulato ; & dans les Ailes d'Upfal „
173 6. p. 3 6. n. 1. elle porte le nom de
Cimex dtis tejlaceis , abdomine ntbro.
Elle eft , dit le favant Naturalifte
Suédois , des plus grandes que l'on
voye dans fon pays : elle a le corps
tout rouge fans être luifant , & la poi-
trine de figure rhomboïde. Les angles
qui regardent les ailes font échancrés:
Se droits.
La dix-feptieme , nommée ( n. 663. y
Cimex oblangus viridis , fcutello maculêà
P U N
P U N Vi t
iordatâ fiavâ , etytris dupîici macula
tiigrâ , fe trouve dans les forêts : elle
a la figure des deux précédentes , la
tête noire , la nuque jaune , la poi-
trine jaune par le bord de devant , Se
noire par celui de dedans , le bas du
corfelet en forme de cœur , jaune Se
ceint de noir à la bafe des fourreaux.
Ces fourreaux font d'un verd jaune ,
le haut en eft noir, Se il y a une tache
de cette même couleur de chaque cô-
té. Les ailes font blanchâtres , l'abdo-
men eft verd , Se au côté il règne une
ligne noire dans toute fa longueur.
La dix-huitieme , nommée ( n. 664.. )
Cimex oblongus, rubro nigroque varie-
gatus , alis fufeis , macidis albis s Se
dans le Voyage d'GZlande (p.
Cimex oblongus rubro nigroque variega-
tus , eft femblable à la précédente ;
mais elle eft du double plus grande.
Son corps eft rouge par-deflus : elle
a la tête rouge dans le milieu , noire
de chaque côté , le devant Se le der-
rière de la poitrine noirs , le bas du
corfelet noir au milieu , rouge aux
côtés , avec une tache plus noire en
forme de cœur vers le haut de ce cor-
felet ; une bande noire inégale traverfe
le milieu des fourreaux. Les ailes font
brunes avec des taches blanches , la
poitrine eft noire en deffous , Pabdo-
Bien eft rouge fur les côtés , avec cinq
points noirs à double rang Se marqué
endeiTous de crois petites lignes noires
de chaque côté. L'anus , les antennes
Se les pieds font noirs : les antennes
font munis de quatre articles. Cet in-
lefle eft commun en Œlande , Se il eft
rare à Upfal.
La dix-neuvieme efpece , nommée
Cfft.&fS* ) Cimex oblongus, rubro nigro-
que variegatus , dis fufeis immacula-
Ùs , fe trouve fur les feuilles de la
Ju/quiame. B A U H I N (p. 2 1 2. / 4. }
l'appelle ScambàHs parvus. Peti-
V l R t ( Gaz., t. 6t.. f. 2. ) nomme cet
tnfeéte Cimex hyofcyamoïdes ruber , ma-
eulis rdgris ; Lister ( Mut. t. 31,
jf. 21. Se Loq. p. 397- «•Î9-J> Cimex
miniatus ,n'tgris maculis notattts, hyofcya-
moferè gaudens , 8e R A y ( bij. p. 5 5 . >
Cimex Jylveflris minor , corpore obion-
go angufio , colore dejuper nigro , macu-
lis picto. Cette efpeee de Punaife a
la tête noire, mais rouge au milieu ; la
poitrine eft rouge , le devant eft noir ,
Se le derrière eft marqué de deux ta-
ches noires angulaires. Les fourreaux
font rouges avec une tache noire au
milieu de chaque fourreau , Se deux
au milieu du dos : la pointe du corfe-
let eft noire, Se le haut eft rouge; la
région de l'abdomen eft rouge fous
le corfelet ; les ailes font brunes ou
noires , ftriées , S: fans aucune tache
blanche. Les antennes Se les pieds font-
noirs.
La vingtième , nommée ( », 666. )
Cimex grijeus , Jcutello macula cordatà
fiavâ , elytmrum apicepunclofufco , ha-
bite les prairies. Sa couleur eft un
brun clair; une tache jaune en forme
de cœur couvre fon corfelet ; fes four-
reaux font gris Se marqués en haut
d'un petit brun , Se fës aiies font blan-
ches. Ceft par ces marques qu'on re-
connoît cette efpece.
La vingt- unième, nommée (n. 66j.y
Cimex oblongus, viridis , Jcutello macu-
la cor data vin di , elytris macula fer -
rugineâ , eft très-commune en Suéde ,
dit M. L 1 N N m v s , Se fe trou ve dans
les jardins Se dans les prés Elle eft
plus petite que la précédente , Se plus
oblongue : elle a vers le derrière des-
fourreaux une grande tache brune fer-
rugineufe , les pieds verds , les ante nncs
brunes , compofées de quatre articles
elle n'a nulpoint au fommet des ély-
tres ou fourreaux. La tête Se la poi-
trine font brunes , l'abdomen eft verd :
elle a par derrière fept ou huit taches
brunes qui traverfent , Se autant de ta-
ches de la même couleur en deflbus
proche du bord. Cette efpece, comme
la précédente , eft facile à diftinguer-
des autres de fon genre par la tache
en forme de cœur qu'elle porte furie;
corfelet,-
t?22 P U N
P U N
La vingt - deuxième efpece , nom-
mée ( n. 66$. ) Cime.v oblongus, grifeus ,
immaculatus , antennis fetaceis , fe trou-
ve dans les forêts : elle n'a aucun
point creux par derrière. Ses antennes
ne font point en forme de maîTue. Ses
pieds font de couleur pâle.
La vingt - troifieme eft nommée
(n. 55p.) Cimex oblongus, tôt us aibofuf-
coque nebulofus : elle fe trouve dans
les bois fur-tout fur les troncs du Peu-
plier. Elle eft plus oblongue que les
précédentes. La tête , la poitrine , les
fourreaux, les ailes , les cuiffes Se les
antennes font d'un brun & d'un blanc
mêlé, Les antennes font de la lon-
gueur du corps ; les pieds font longs ,
noirs Se blancs - } les ailes font larges &
non étroites,
La vingt-quatrième efpece , nom-
mée (n. 6jo. ) Cimex oblongus , Jhprà
rubiginofus ,clytrorum firiis janguhuis ,
alis porté albo fufcoque variis , le trouve
en Scanie , dit l'Auteur : elle eft d'une
moyenne grandeur. Elle a le corps
obiong , la tête Se la poitrine ronfles
par deifus , les ailes d'un roux pâle Se
chargées de ftries ou veines couleur
de fang qui vont longitudinalement.
Les antennes font prefque de la lon-
gueur du corps. Cette efpece de Pu-
naife a des taches blanches par der-
rière les ailes , qui font brunes Se mar-
quées d'une croix.
La vingt-cinquième efpece , nom-
mée ( n. 6y\. ) Cimex oblongus niger ,
pedibus rufis , alis elytrifquc albo fuf-
coque variis , fe trouve dans les fo-
rêts. Elle a la tête , la poitrine , Se
l'abdomen noirs , les pieds rubiconds
ou de couleur incarnate , les antennes
noires en deffus & rouifes en défions,
les fourreaux comme de couleur brû-
lée ,ou blancs verslabafe, bruns vers
le femmet , & marqués au milieu d'une
tache brune obfcure ; ks ailes font va-
riées de brun & de blanc. ' Elle eft
plus petite que la fuivante , Se quel-
quefois elle lui reffemble en quelque
manière pour la couleur.
La vmgt-fixieme efpece , nommée
(n. 6j%.) Cimex ely tris macidato -fui-
vis , pedibus rufis , femoribus anticis
crajfioribus , dentatis , Se dans les A des
d'Upfal ( ï 73 S. «. io.), Cimex oblon-
giujculus , alis flavo , fui vaque variis,
fe trouve fur le Sapin. Elle a les an-
tennes menues comme des fils, noires,
compofées de quatre articles, dont le
dernier eft très-court , la tête noire
Se pointue , la poitrine noire , rouffe
par derrière Se féparée par une triple
noirceur ; le bas du corfclet eft auflt
de la même couleur. Les fourreaux
font de couleur pâle , les côtés font
jaunes , avec une tache oblongue Se
noire. Tous les pieds font roux : les
cuiffes de devant font très -grofles , den-
tées en dehors , Se l'abdomen ferrugi-
neux.
La vingt-feptîeme efpece , nommée
(n. 573.), Cimex oblongus niger , ely-
tris albo maculatij , Se dans les A des
d'Upfal ( 1735. p. 35. n. 13. ), Ci-
mex oblongiufculus fufeus , alis rn^ri-
cantibus punïlo albo , fè trouve dans
les forêts : elle eft toute noire; elle a
les pieds de couleur pâle , des points
grands Se petits, épars fur les fourreaux,
dont les derniers font plus grands ;
mais il n'y a que deux de ces points
qui paroillent blancs au premier coup
d'œil.
La vingt- huitième efpece eft nom-
mée ( n. 574. ) , Cimex oblongus ater ,
elytris grifeo-fufeis , macula rhombeâ
nigra , Se dans les Ades d'Upfal (1736".
p. 36". ». 11.) , Cimex obiongiuj'culus
ater , alis fufcis , macula rhomboïdali
nigra. Cette efpece de Punaife fe
trouve abondamment fur le Pin : elle
eft toute noire , c'eft- à-dire qu'elle
a les pieds , les antennes , la tête , le
corfelet , le bas du corfelet , l'abdo-
men 3e les ailes , noirs ; les fourreaux
font d'un gris brun. Au milieu , fur
chaque fourreau proche du centre ,
eft une tache d'un noir foncé de figure
rhornboïdale.
La vingt-neuvième efpece, nom-
PUN
(liée («. 675O Cimex obîongus niger ,
pedibus antennifque flavis , fê trouve
principalement fur le Coudrier, Se on
la voit courir fur les feuilles de cet
arb rifle au. Elle a le corps , la tête , le
corfelet , le bas du corfelet , l'abdo-
men , les fourreaux , Se les ailes noirs
& fans taches. Mais les ailes dans
quelques-unes des Punaijes de cette
efpece ont un peu' de la couleur d'un
bleu brillant ; les jointures font d'un
jaune pâle , Se elle a les antennes féta-
cées ou foyeufes.
La trentième eft nommée («. 6j6. )
Cimex obîongus niger , elytris lineolis
minutijfimis J'ulcatis , alis ponè fiavo
maculatis ; Se par Ray ( ïnf p, J7.
n. 2.) , Cimex brevis & ferè rotundus
nigricans. On trouve cette efpece de
Punaife fur les bords de la mer, des lacs
Se des rivières. M. Linnius dit
que cette efpece diffère de toutes
celles qu'il a obfervées , en ce qu'elle
faute comme la Cigale , mais non pas
fi haut : elle eft d'un noir foncé. Elle
a des taches d'un jaune obfcur fur les
ailes & fur la queue , Se même des
rides noires fur les ailes. Les antennes
font menues comme un fil , Se com-
pofées de quatre articles. Cette efpece
de Punaife fent mauvais.
La trente-unième, nommée (n. 6jj.)
Cimex obîongus ater , antennis fetâ ter-
minatis , fe trouve dans les prairies.
Elle diffère de la Punaife de rivage ,
en ce qu'elle eft plus grande Se fans
tache , qu'elle vit dans des lieux fecs ,
qu'elle ne faute pas , Se que fes anten-
nes font faites en forme de maffue , Se
terminées par une foie très-fine Se
blanche.
La trente-deuxième efpece , nom-
mée ( n. 6jZ.y Cimex obîongus niger,
elytris cinereis , aniieè nigris , alis ponè
albis , fe trouve fur le fiable, Elle a le
corps tout noîr. La croix des fourreaux
eft noire en devant, blanche par der-
rière , cendrée par les côtés , Se mar-
quée de petits points noirs.
La trente - troïfieme , nommée ( n.
PUN 6-23
679. ) Cimex obîongus exalbidur , Ute-
rihus albis , & dans les Actes d'Upfal
C 1735. p. 35. n. 9.) Cimex obîongus
albus , fe trouve dans les pâturages.
Elle eft très-oblongue : elle eft blan-
che , ou d'un verd blanchâtre , aux
antennes Se fourreaux ; la poitrine , la
tête , les pieds & les ailes font de la
même couleur. Les fourreaux font
ftriés , Se font plus blancs par les côtés
qu'ailleurs. Elle a les antennes foyeu-
fes ou fétacées , compofées de trois
articles. Cette efpece de Punaife varie.
Il y en a qui ont une ligne noire der-
rière de chaque côté des yeux , Se qui
revient le long de la poitrine.
La trente- quatrième , nommée (n.
68 0. ) Cimex obîongus niger , elytris lu-
tco fufc oque variis , pedibus rubris , fe
plaît fur les feuilles de l'Orme. Elle
reffemble à la précédente , & le der-
nier article de les antennes eft blanc à
fa bafe.
La trente- cinquième , nommée (n.
681. J Cimex obîongus pallido-fufcits ,
antennis nigris , lineâ dorfali rhoracis
Se dans les Ailes d'Upfal {1730".
p. 3 5. ». 8. ) Cimex obîongus , alis cine-
reis , margine albis , feapulis nigris , li-
ne â albâ , habite les champs. Elle a"
les antennes noires ; la tête eft de la
même couleur. Cette Punaife a devant
les yeux une petite ligne noire ; une
autre au milieu du front qui eft blan-
che : le derrière de la poitrine eft noir
Se les côtés font blancs. Elle a une ligne
blanche le long du dos ; le bas du cor-
felet noir, marqué d'une ligne blan-
che longitudinale ; les fourreaux font
comme de couleur brûlée , ou de cou-
leur foncée , dont le bord extérieur
eft blanc, Les fourreaux de cette efpece
de Punaife font plus longs que ceux
des autres efpeces,
La trente-fixieme, nommée (n. 682.)
Cimex obîongus nigricans , elytris albis , ■
antennis lividis , infime articule nigro > ■
habite les Plantes. Elle a l'abdomen Se
tout le corps noirs ; les deux côtés de la -
poitrine blancs -, Se celle-ci eft marqués-
<Î24 TVN
de trois lignes blanches longitudina-
les : les antennes font de couleur li-
vide , compofées de quatre articles ,
dont le dernier eft noir : elle a le bout
des mâchoires de couleur blanche , les
pieds livides , les ailes inférieures d'un
blanc bleu luifant , les ailes fupérieu-
res brunes , Se le bord blanc.
La trente -feptieme cfpece , nom-
mée ( ». 684. ) Cimex lintaris , fuprâ
niger , pedibus anticis brevijftmis dans
\z Voyage de Gothlande , p. 182, eft
YInfcciwn Tipula diclum de Bauhin ,
p. 2 1 3 , & de Lister , Mut. t. 5./. 4.
Se le Cimex aquaticus figura longions
de Ray, Tuf. p. 57. ». 1. C'eft le
Braxen-Mygz des Smolandois. Cette
jPunaife aquatique court fur les eaux ,
& vit dans celles qui font tranquilles.
Cet infecte a tout le deilbus du ven-
tre blanc : il paroît noir par derrière.
H a les fourreaux Se les ailes fupérieu-
res d'un noir foncé : les ailes inférieu-
res , qui font cachées , font de couleur
"blanche.
La trente - huitième , nommée ( n.
ô'Sy.) Cimex Unearis nigricans , corn-
prejfis pedibus , anticis brevijfimis , eft
la Tipula Londinenfîs angufiiffima de
Pi T 1 Vert, Ga^oph, 15. t. 12.
Ceft une Punaife aquatique très-fem-
blable à la précédente , mais fouvent
plus petite Se plus étroite.
La trente-neuvième eft nommée (#.
<586. ) Cimex Unearis exalbïdus , pedi-
bus omnibus longijjimis , femoribus cla-
vatis s dans les Ailes d'Cfpfal ( 1736.
p. %6. n. 15O, Cimex Unearis terctiuf-
culits albus , genubus craffis s Se par
M. F r 1 s c h ( Germ. p. 28. t. 10. ) ,
Cimex arborais Ctdiciformis. Cette ef-
pece de Punaij'e fe trouve en Smo-
lande. Elle diffère de la plupart des
autres efpeces par la figure de fon
corps , qui eft droit comme une ligne.
Cet infeîle a les pieds foyeux , plus
longs que le corps , 5; les cuiifes vers
les genoux font en forme de maffue.
La quarantième Se dernière efpece ,
gommée ( n. 687. ) Cimex antmms ela-
P V H
vatis , elytris , thoracifque maîgine reri-
cuiato puntiaùs , fe trouve en Lp lan-
de. Elle eft de la grandeur d'une Pu,
ce brune , & de figure ovale. Les ailes
Se le bord du corfelet font marqués
de points diaphanes à réfeau , Se de
taches épaiffes noirâtres. Le bord des
fourreaux eft comme dentelé Se ponc-
tué.
Plufieurs efpeces de ce genre d'in-
fectes vivent d'autres infectes. M. Lin-
Ntf.us penfe qu'il faudroit éprouver fi
entre ces efpects il n'y en auroit pas
quelques-unes qui, introduites dans
les maifons, pourroient faire la guerre
aux Pmaifcs de lit , Se même les dé-
truire.
S w A m M E R D A M dit que les Pu-
naifes aquatiques volantes ont drais la
bouche un aiguillon , dont elles pi-
quent avec force ceux qui veulent les
prendre ; mais cette piquûre n'a pas
de fuites fàcheufes. Il y a , félon M.
de Ri au MUR, des infecces qui fe
trouvent dans les galles , Se qui font
des Chenilles , ou des Vers qui don-
nent des Mouches à deux ailes , d'au-
tres Vers qui produifent des Mouches
à quatre ailes , d'autres Vers qui don-
nent des Scarabées , Se d'autres qui
fe métamorphofent en Punaifes , Se en-
fin d'autres Vers qui produifent des
Pucerons.
11 y a beaucoup de Punaifes au Cap
de Bonne-Efpérance. Les habitans en
font fort tourmentés. Leur unique ref-
fource pour s'en défendre eft de pein-
dre en huile le bois de leurs lits Se
de leurs fenêtres en y mêlant du mer-
cure. Elles font auili fort incommodes
dans l'Ifle de Madagafcar. Dans plu-
fieurs cantons de la Chine les Punaifes
font très-communes; mais ce qui pa-
roît fort étrange, c'eft que les habitans
écrafent cette vermine avec le doigt,
Se prennent plaifir enfuite à la porter
au nez, dit pu Halde , p. 274.
PUNAISESà avirons : Ce font
des Punaifes aquatiques. M, Linn/ïus
( Fauna. Suec. p. 212. n. 6"88. o"8o.
0-_
P U N
y- 590. ) en donne de trois efpeces. Il
comme la première Notoneiïa grifia »
elytris grifeis margine fufco puniïatii.
Cette efpece fe trouve dans les lacs.
Bradeleï (Nat. p. 2,6.), Se Hofna-
gel (Inf p. 12.) en parlent. C'eft le
fJotonecta vulgaris nigropallidoque mix-
ta de Peti vert (<j#z..i.4.p. 72./- 6.),
& le Cimex aquaticus anguflior de M.
F R 1 s C h ( Germ. 6. p. 2*8. ). Cet in-
fecte , dit M. L 1 n n je u s ( n. <Î88.) ,
a la tête obtufe & jaune, les yeux bruns,
la poitrine grande , jaune , Se luifante ;
le bas du corfelet noir foncé ou cou-
leur de cerife ; les fourreaux font
jaunes , ponctués de noir au côté ; les
ailes inférieures font blanches , lui-
fantes : les pieds de devant font plus
■courts que les autres ; ceux du mi-
lieu font plus longs , 8c ceux de der-
rière font très -longs : ceux-ci leur
fervent à nager. Le bouc des mâchoires
eit pointu en forme d' alêne ; les an-
tennes font petites , compofées de deux
articles. Le ventre eft noir Se velu en
deiTous.
La féconde efpece, plus petite que
la précédente , Se fentant mauvais , fe
trouve dans les eaux , Se eft nommée
Notoneiïa elytris pallidis , lineolïs tranf-
verfis Krtdulatis fîriata. Petivert,
p. 72. l'appelle Notoneci a vulgaris corn-
prejfa fi'.J'ca. Cet infecte eft oblong , a
le front Se les pieds jaunes , le cor-
felet Se les fourreaux bruns , chargés
de petites lignes tranfverfales , ondées ,
en très- grand nombre , & d'un jaune
pâle. Le corps eft jaune en deifous Se
les yeux font noirs.
Il eft parlé de la troifieme elpece
dans les Actif d'Upfal, 173 dp. 37.
fous le nom de Notoneiïa cinerea vix
confpicua. Elle eft de la grofleur d'un
petit grain de fable ; c'eft ce qui fait
que M. L 1 N N je v s la nomme No-
toneiïa arenttU magnhudine. On en
trouve dans les fontaines. Cet Auteur
croit qu'elle n'a ni ailes ni fourreaux.
Les pieds de derrière font plus longs :
la première paire eft très-petite j elle
Tome III.
P U N PUR 625
a le dos brun , Se qui eft ftrié tranfver-
falement.
PUNAISE DE RIVIERE:
C'eft le même infecte que le Scorpion
aquatique. Voyez SCORPION
AQUATIQUE.
Les Naturaliftes qui ont écrit fur les diffé-
rentes elpeces de funmfet , (ont Schroue-
rus , p. 341. Ray, p. 7. Charleton,
P. 51. AlDROVANDE, p. 534. JONSTON.
P. 89. D A 1. E , p. 3S.4. M O U Ff E T, p. z6$,
Mekret > p, zoo. IVf, Limn^eus, Mathiole,
& ies autres.
PUNARU, nom donné par
Marc Grave à deux efpeces de
poiifons du Bréfil de la figure des An-
guilles. Le premier eft long de quatre
doigts : il a le corps obiong , la tête
grolfe , le devant obtus , la bouche pe-
tite, deux dents fe ulement à la mâchoire
inférieure: elles font longues Se aiguës.
Ses yeux font placés au haut du front;
l'iris eft de couleur d'or. Au-deflus
des yeux il porte deux filets rouges
Se courts : proche de la tête il y a une
nageoire garnie de pointes , qui s'étend
jufqu'à la queue , Se une pareille de-
puis l'anus jufqu'à la queue. La peau
eft de couleur brune , ainfi que les na-
geoires.
L'autre Punarit eft femblable au
précédent pour la figure ; mais il a les
mâchoires , comme garnies de petites
dents. Depuis le fommet de la tête
jufqu'à la naifTance de la queue, il a
une nageoire garnie de pointes molles ,
mais qui ne font pas élevées comme
celies du précédent. Sa couleur eft
brune , variée de lignes courbes d'un
pourpre obfcur. C'eft ainli que Raï
(Synop. Mcth. Pifc. p. 73. n. 19. &
20.), Se Ru ï se H( de Pifc. p. 142,)
parlent d'après Marc Grave des
deux efpeces de Punaru.
PUNGI, nom qu'on donne dans
le Royaume de Congo à des efpeces
de ûinges. Voyez CAGVI.
PUR
PU RAQUE, forte de poilfoti
du Bréfil, qu'on croit être la Torpil-
Kkkk
6%6 PUS PUT
le , à caufc qu'en le touchant, il caufe
un engourdiflement aux membres. Si
quelqu'un le touche avec un bâton ,
fon bras demeure endormi. Ce poiuon
eft bon à manger , Se n'a nul venin.
PUS
P U S A , nom que les Groenlan-
èoh donnent , dit M. Anderson , au
Veau marin. Voyez PHOCAS.
PUT
PUTOIS*: Cet animal eft mis
par tous les Naturaliftes dans le genre
de la Belette, M.Linn«us( Syfl.
Nat. Edit. 6. gen. 6. /p. 3 • & Faima
Sitec. n. 8. ) le nomme Mujîela nigri-
cdns ore albo , collari fiavefcente i &
M. Brisson (p, 249. ) , Muflela
pilis in exortu. ex cinereo albidis , co-
lore nigricante termïnctùs , vefiita , oris
circumferentia alba. 11 eft appellé par
M, Klein (p. 6^.) Muflela fœtida.
On le nomme en François Putois , du
Latin Putoriitf, à caufe de famauvaife
odeur. Toute la circonférence de fa
gueule eft blanche j un peu proche de
l'angle de cette gueule commence un
cercle , qui d'abord , au milieu de la
tête , eft de couleur roufte. Les par-
ties intermédiaires font blanches. Les
poils les plus longs font noirs , & les
plus courts font jaunes. Le gofier , les
pieds Se la queue font plus noirs que
les autres parties. La mâchoire fupé-
rieure s'élève beaucoup au-deflus de
l'inférieure. Ses oreilles font larges ,
courtes, Se bordées de blanc. Les on-
gles de fes doigts en demis font bruns f
Se en deiTous ils font blancs. La lon-
gueur de tout fon corps a vingt-deux
doigts de long , depuis le bout du
mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue.
La queue de cet animal a fix doigts
& demi de long. Les pieds de devant
* Cet animal eft nommé en Latin Tuto-
xtus ; les Italiens l'appellent Fretia , ou Pa-
xolo , félon Aldrovande ; les Savoyards-,
PaUlet ; les Allemands llris , ou Ulk , & Bunt-
futvant GEsn£».i les lUy riens Êtles
PUT
depuis le fécond article ont de lon-
gueur trois doigts & un quart , Se ceux
de derrière cinq doigts Se demi. Il a la
gueule & le ventricule faits comme
font ceux des Belettes. Cependant ii
en diffère par les inteftîns , dît Rat
( Synop. Anim. Quad. p. 199.), qui
font au nombre de quatre , dont le
premier eft long d'une aune , large
d'un demi -pouce , aflez mince , plat
8c égal : le fécond a un quart d'aune
de long , un quart de doigt de large ;
il eft beaucoup plus épais que le pré-
cédent , Se eft glanduleux : le troi-
fieme a un pied Se demi de long , un
demi-pouce de large , Se vers le mi-
lieu il fe trouve un amas de glandes :
le quatrième a à-peu-près cinq pou-
ces de long , & de diamètre proche
de l'anus trois quarts de pouce. Cet
animal , comme tous ceux de ce gen-
re , a proche de l'anus des follicules ,
qui contiennent une liqueur d'une odeur
infupportable. Le Putois fait la chalfe
aux Poules , & en mange les œufs.
Les Naturaliftes qui ont écrit fur cet ani-
mal, outre les Auteurs ci-deffiis cités , font
Ray, Synop. Quad. p. 199. Gesner, Quad,
S68. A l d B. o v a n d E , Quad. iigh. vivîp*
p. 3 2,9. Jonîtok, Quad. p. 107» C H A R-
ietob, Exercit. p. zo. Rzacriusiï,
Hijl. Nat. Pol. p..z}6. & Y Auftuarmm , du
même j p. 313.'
PUTOIS RAYÉ , en Latin
Putorïus flriatus , nommé par M. Bris-
son , Muflela nigra ,, tmiis in dorfo
albis. C'eft le Putois puant de l'Amé-
rique , appellé Muflela Americana fœ -
tida f dont parlent M. Klein , Quad.
p. 64. Se Catesby , Tome 11. p. 62*
Cet animal eft à-peu-prèa de la gran-
deur du précédent , mais il a le mufeau
un peu plus long. Il eft: noir , avec
cinq bandes blanches fur le dos , dont
une s'étend depuis le derrière de 1*
tête , tout le long du milieu du dos r
Bohémiens Tehorz ; les Polonois , Vydra ;
les Habitans de la Province de Skone en;
Suéde le nomment Iller , dit M. Likn'jïus;,
les Anglois Polecat) ou Fitchet les Picards»
Caiharet*
P Y G
jttfqu'à la queue , & deux autres de
chaque côté qui lui font parallèles. On
le trouve dans tout le Continent Sep-
tentrional de l'Amérique.
P Y G
PYG ARGUS, nom donné par
les anciens Naturaliftes à un Qua-
drupède du genre des Chèvres fau-
vages. Gesner {de Quad. L, I.
p. 302.) ditque ce Pygargus pourroît
bien être le Tragelaphus de B e L o n.
Voyez TR A GÉLAPHU S.
PYGARGUS, efi auffi le nom
d'un oifcau de proie , qui eft une ef-
pece d'Aigle , auquel les Grecs ont
donné celui de tÉ^yapyêç- Gaza a tra-
duit ce mot par Albicilla. Quelques
Latins ont appelle cette Aigle, Hin-
nttlaria. Voyez au mot AIGLE.
Ray {Synop. Meé.Av. p. 17. ». 5.)
parle d'un autre Pygargtis , qu'il met
dans le rang des petits oifeaux de proie
de jour, dont les Fauconniers ne font
pas grand cas , entr' autres comme du
Butor , en Latin Bttteo , non plus que
du Balbufard des Anglois , Balbujar-
dus Anglotflm , & du Milan, nommé
Milvits , Sec. CePygargur ç&leSuè-
P Y R P Y T 'tf»7
huteo deTuRNERus. Les Anglois
le nomment Ringtatl. Ils donnent auffi
au mâle le nom de Hen-Harrow, ou
Hen-Harrier, pareequ'il prend plaifir à
mettre en pièces , Se à déchirer les
Poules dont il fait fa proie. Le nom de
Pygargiu lui a été donné à caufe de la
blancheur de fon croupion. Il a au-
tour de la tête un collier proche des
oreilles , ou une eipece de couronne da
plumes droites.
P Y R
P Y R O N T E S , du mot Grec
nJpûïToi : Ce nom eft donné dans
Athénée à des poifîons de rivière»
qui fe pèchent dans les fleuves les plus
rapides. Gesner {de Aquat. p. 317.)
croit qu'ATHÉNÉE a voulu parler des
Truites , qui ne fe plaifent que dans
les rivières froides 8c rapides.
P Y T
* PYTHON, nom d'un Serpent
fabuleux qu'A pollon tua à coup s
de flèches. Les Poètes diferit qu'il a
été engendré de la terre après le Dé-
luge de Deucalion. VoyezRuvscH,
de Serpent. f>- 3 S-
K k k k ij
'6z 8
Q A U QUA
AU H CHI-CHIL, pe-
tit oifeau du Mexique, qui
a la tête rouge. Il eft un peu
plus grand que le Guainumbi. Le plu-
mage du ventre eft blanc ; celui du
dos" eft verd , tirant fur le brun. Sa
tête eft de couleur de fafran. Son bec
& fes pîeds font noirs. C'eft un oifeau
qui chante , dit R a Y , Synop. Meth.
Av. p. 84, Selon Seba, ce petit oi-
feau a une longue queue , Se il eft de
la groffeur de nos Moineaux. H a un-
très-long bec , un plumage gris , varié
de jaune Se d'un très- beau rouge.^ Il
naît du croupion deux plumes très-
longues , & toutes rouges. La poitrine
Se le ventre font colorés d'un jaune
clair-femé de rouge, La tête eft d'un
beau gris ; le bec eft verd ; les pieds
& les ongles font allez gros. Thef I.
Tab. 51, n. 10.
Q AU T Z O NE- COLIN,
nom qu'on donne , dit Ra y ( Synop.
Meth. Av. p. 84. ) , à des efpeces de
Corneilles qu'on trouve au Mexique.
Voyez CORNEILLE.
QUA
Q U A C A M A Y A S , Perroquets
du Mexique qui font tout rouges , dit
R U y S c h ( de Avïb. p. 1 5 3 . ) , à la
réferve des épaules Se de la queue , qui
font d'une couleur de bleu d'azur ou
bleu célefte. On les nomme Alo au
Mexique. Ils font de la grandeur de
nos Poules. Leur bec eft blanc Se cro-
chu : leurs pieds font noirs. Il y a de
ces Perroquets qu'on inftruît à parler,.
Se ils deviennent dans les maifons des
oifeaux domeftiques , mais ils imitent
mal le langage humain.
QU ACHILTO, oifeau , difent
Hernandez ScNieremberg,,
qui eft le Porphyrio de l'Amérique. Il
QUA
chante la nuît comme nos Coqs. Sa
couleur eft pourpre Se noire : il y a
des plumes blanches mêlées parmi les
autres plumes. Le- bec de cet oifeau eft
pâle à fôn commencement ; les jeunes
l'ont rouge. U n'y a point de plumes^
au commencement de ce bec. Cet oi-
feau refiemble à la Foulque. Ses jam-
bes font d'un roux verd , Se les yeux
ont l'iris de couleur fauve. C'eft ainfi
que R A Y ( Synop. Meth. Av. p. 116.
n. 14.) parle de cet oifeau. Ruysch
( de Avïb. p. 1 27. ) ajoute que c'eft un
oifeau de marais qui fe nourrît de
poifTons , Se fa chair n'eft point défa-
gréable au goût.
QUADRUPEDES: Ce font
des animaux vivipares , couverts de
poils , 5c qui marchent fur quatre pieds,
Il y a un animal- amphibie vivipare ,
qui n'a que deux pieds ; c'eft la Ma-
nate des Indiens , ou le hamentin.
Prefque tous les Naturaliftes , il faut
pourtant en excepter Ray & M. Lin-
n/eus , fui vent Aristote dans la
divifion qu'ils font des Quadrupèdes.
Cet Ancien les a partagés en Solipe-
dss, en Pieds fourchus, Se en Fijjspe-
des.
Les Solipedes , nommés eu Grec
M*Vo-yaXee , en Latin Solïpeda , ou So-
liungula ■ , font ceux qui n'ont qu'un
feul ongle aux pieds , tels que le Che-
val Se l'Âne , Sec. genre de Quadru-
pèdes , que nous nommons genus Eqttt-
num.
Les Pieds fourchus, nommés en Grec
AfcnXet , en Latin Bifulca , formant
plufieurs genres , Se fe divifent en non
Rttminans Se en Piuminans. Les non Ru-
min ans font le genus Porcinum , c'eft—
à-dire le genre des Porcs ; dans la
clafle des Quadrupèdes Rumïnans , on:
compte le genre des Bœufs , gennjy
Q U A
Hovïnum , le genre des Brebis , gémis
Ovinurn , le genre des Chèvres , genus
Caprinum » & le genre des Cerfs , ge-
nus Cervinum. Ces animaux Ruminant
portent tous des cornes : mais il y en
a parmi eux , comme le Bceuf, la
Brebis , & la Chèvre qui les ont tou-
jours; & d'autres à qui elles tombent
tous les ans , comme aux Cerfs : la
femelle du Cerf, que nous nommons
Biche , n'en a point. La plupart des
Brebis , & même des mâles , dans ce
genre d'animaux , n'en ont point auiïi ,
ou n'en ont qu'un commencement.
Les Fijfîpcdes ou Digues- , nommés
en Grec noA^itAn , ou n o^uSitzIvÀi*- ,
& en Latin Fijfipeda ou Dighata , font
ainfi appelles à caufe de la pluralité
des doigts fendus qu'ils ont aux pieds :
tels font le Chien , le Lièvre , le Lion ,.
le Renard , Sec.
Ray iSynop, Qiiad. p. j5. ) dlvife
les Quadrupèdes en animaux ongulés
& onguiculés , en- Latin ungulata Se
unguicuhita , ce font fcs termes. Il
entend par ungulata ceux qui ont les
doigts ou les extrémités des pieds cou-
verts d'ongles r Se il appelle ongle
vngula* un corps dur , de fubftance
de" corne ,. concave , qui couvre Se
contient les extrémités des doigts , Se
fur lequel l'animal marche en partie.
Le même Naturalifte entend par ungui-
culata des animaux qui ont les doigts
découverts 8e feulement armés au bout
d'ongles naiiTans.
Les animaux ongulés font les S»li-
ped.es , les Bifukes ou Pieds fourchus ,
ou Pieds fendus en deux ; les Quadri-
fulces ou Pieds fendus en quatre , en
Grec TeTpa;#jAa , en Latin Quadrifulca,
J'ai dît que les Solipedes font le Che-
val ,. l'Âne , le Zèbre , Sec. Les Bi^
fulces font le Bœuf, la Brebis , la
Chèvre , le Cerf , Sec. Les Quadri-
fulces font le Rhinocéros Se FHippo-
potame.
Les animaux onguiculés- ont ou les
ongles larges 3e font à figure humaine,
comme- les Singes,, ou bien les ongles
Q U A 6-29
étroits , Se pour la plupart pointus
Parmi ceux-ci il y en a qui n'ont que
deux doigts aux pieds , comme les
Chameaux , qui font des animaux ru-
minans. On les appelle Bifida , Se les
autres , ( c'eft le plus grand nombre ) 9
ont plufieurs doigts aux pieds. On les
nomme Multifida.
Les Multifides qui fe reffemblcnt par
l'arrangement 8e la forme de leurs
dents font nommés par le Naturalise
Anglois , Analoga. Ceux qui n'ont
aucune reffemblance avec d'autres ani-
maux , ni par la figure ni par l'arran-
gement de leurs dents font nommés
Anomala , irréguliers.
Les premiers qui font les Analogues*
ont à chaque mâchoire ou plulieurs
premières dents , comme le Lion, le
Chien , &c. ou ils n'en ont feulement
que deux , comme le Caftor , le Liè-
vre Se le Lapin. Les animaux de ce
genre vivent de fruits.
Ceux qui ont plufieurs premières
dents à chaque mâchoire , fe nour-
r-iffent de chair ou d'infectes , ou in-
différemment d'infectes Se de végé-
taux..
Ceux qui fe nourriffent de chair
nommés Carnivora par les Latins , font'
de grands ou de petits Quadrupèdes.^^-
grands ont ou la tête, ronde Se le mu-
feau court , 8c on nomme ce genre
Felinum genus,, du nom du Chat , ani-
mal domeftique fort connu ; ou ils onr
la tête Se le mufeau plus allongés- r
Se alors on les appelle Caninum genus,-
à. caufe de leur grande reffemblance-
avec le Chien: tels font- le Loup , le
Renard , Sec.
Les petits Quadrupèdes , qui fe nonr-
riflent de chair , différent non feule-
ment des grands par la petitelfe de leur
corps, mais encore par celle de leur
tête , leurs cuiffes courtes Se leur corps
menu ; ce qui leur facilite de paffer
par des trous. On les appelle Vermi~
neum- ou Muflelinum genus : ce font'
tous les animaux qui appartiennent a*
genre des Belettes,
6ïo QUA
Ceux qui fe nourriflfent d'infecles ,
infeElivora , comme le Blaireau , le
Hériffon , le Tatou , la Taupe , le
Tamandua , la Chauve - Souris Se le
Fareffeux , autrement nommé Ai , font
ces petits Quadrupèdes que Ray nom-
me Anomaia. Les cinq premiers ont
le mufeau allongé 8c peuvent appar-
tenir au genre du Chien , ou à celui
des Belettes : cependant ils en différent
par la figure Se l'arrangement de leurs
dents; mais le Tamandua n'en a point.
Pour les deux derniers qui font la
Chauve-Souris & lePareffeux, ils ont
le mufeau plus court.
M. Linnjeus , dans fon Syflema.
tfauira, avoit d'abord divifé la claffe
des Quadrupèdes en cinq ordres. Il a.
depuis fait un fixieme ordre , qu'il
nomme Agru , Bêtes fauvages , en
faveur du Lézard écaîlieux , qu'on
trouve dans les premières éditions de
fon Syflema. Natitra. , au rang des Myr-
mecophages.
Le premier contient les Quadrupèdes
à figure humaine , Antropomorpha, Ce
font i°. l'Homme, 2°. les Singes, f,
lesBradypes , qui font le Pareffeux de
rifle de Ceylan Se celui de l'Améri-
que.
Dans le fécond ordre, qu'il nomme
ïer& , on trouve 4 0 . fous le nom d'Ur-
fus, l'Ours & le Coati; 5 0 . fous le
nom de Felïs , le Lion , le Tigre , le
Léopard, le Chat-Pard, le Chat
d'Angora , le Chat domeftique Se le
Loup Cervîer ; 6°. fous le nom de
Mufhla, la Marte, le Putois, le Fu-
ret, la Belette , l'Hermine, la Marte
Zibeline , la Genette Se le Furet des
Indes , nommé Mungo ; 7 0 , fous celui
de Lutra , la Loutre Se la Loutre du
Bréfil ; S®, fous celui de Canif , le
Chien Se fes différentes variétés , le
Loup , le Loup doré, l'Hyène, le
Renard des champs , le Renard vul-
gaire , le Renard blanc ; 9 0 . fous celui
de Thoca , le Phocas ou Veau marin ,
& le Phocas ou Vache marine ; io°.
fous celui de Mêles , le Blaireau, la
QUA
Civette & le Rat de Pharaon ; 1 1 9 .
fous celui A'Erinacenf, l'Hériffon ter-
relire Se l'Hériffon blanc de l'Améri-
que ; 1 2°. fous celui deDafypus , Y Ar-
mandille , l'Armandille Orientale ,
l'Armandille d'Afrique , l'Armandille
du Mexique , l'Armandille du Bréftl
& l'Armandille de Cayenne ; 1 3 °. fous
celui de Talpa , la Taupe Se la Taupe
de Sybérie; 14 0 . fous celui de Vefper-
tilio , la petite Chauve - Souris de
Ternate , la Chauve-Souris de notre
pays, la Chauve - Souris rouffe de
l'Amérique , la Chauve-Souris vul-
gaire de l'Amérique 8e la grande
Chauve-Souris tle Ternate.
Dans le troisième ordre , nommé
Agru, font placés 15 0 . fous le nom
de Myrmecophaga trois efpeces de
Fourmilliers , nommés autrement Ta-
manoir , Se au Bréfil Tamandua ; 16 0 .
fous celui de Manis, le Lézard écaîl-
ieux.
Dans le quatrième ordre , qui font
les Giires , font compris^ 17 0 . fous le
nom à'Hyfirix , le Porc-Épic , le Porc-
Ép'c de l'Amérique , le Porc-Épic des
Indes Orientales , le Porc-Epic de
Maiacca; 18 0 . fous celui de Sciants,,
l'Écureuil , l'Écureuil volant Se l'É-
cureuil de l'Amérique ; 19 0 . fous
celui de Lepur , le Lièvre du Bréfil ,
nommé Tapeti , le Lièvre , le Lapin Se
le Lapin de Sybérie ; 20°. fous celui
de Caflor, le Caftor , le Rat mufqué
Se le Rat aquatique ; 21 0 . fous celui
de Mus , le Lapin des Indes ou Co-
chon des Indes , nommé en France
Porcelet des Indes, le Lemîng ou Rat
de Norvège > le Lapin d'Allemagne ,
le petit Rat des champs , le Rat do-
meftique , le Mulot , la Souris , le
Croque-Noix, la Marmotte de Straf-
bourg, la Marmotte des Alpes; 12 0 .
fous celui de Sorex , la Mufaraigne;
2 3 0 , fous celui de Didelpbis, les diffé-
rentes efpeces de Philandre.
Dans le cinquième ordre , qui font
les Jumenta , on trouve , 24 0 . fous le
nom à* Elephas , l'Éléphant; 25°. fous
Q U A
celui de Rhinocéros , le Rhinocéros ;
î 6°. fous celui d'Hippopoi amus , l'Hip-
popotame ou Cheval de rivière ;
fous celui d'Equus , le Cheval, l'Âne ,
l'Âne fauvage , le Mulet , le Zèbre
ou Âne rayé; 28 0 . fous celui de Sus ,
le Cochon domeftique , le Cochon de
la Chine , le Sanglier, le Cochon de
Guinée , le Sanglier du Mexique , le
Sanglier des Indes Orientales.
Dans le fixieme ordre , qui font les
Pecora , M. Linn/eus place, 29°.
fous le nom de Camelus , le Droma -
daire , le Chameau , le Clama Se le
Pacos ; 30 0 . fous celui de Mofcus , le
Mufc ; 3 i° r . fous celui de Cervits , le
Léopard , l'Élan , le Cerf, le Rhenne
le Daim Se le Chevreuil j 32 0 . fous
celui de Capra , la Chèvre , la petite
Chèvre de l'Amérique, le petit Cha-
mois de l'Amérique , le Chevrotain
des Indes , le Chamois ou l' Yfard , le
Eouc-Etain , la Gazelle , la Gazelle
des Indes , la Gazelle d'Afrique , la
Chèvre de Syrie ; 33 °. fous celui d'O-
vis, la Brebis, la Chèvre de Crète t
la Brebis de Guinée; 34. 0 . fous celui
de Bqj , le Bœuf domeftique , le Bœuf
fauvage , le Bifon d'Allemagne Se de
l'Amérique , Se le Bufle.
Comme on vient de le voir , M,
Linn^us donne trente-quatre genres
de Quadrupèdes dans Ces fix ordres,
Il a paru à Léipfick un Ouvrage
intitulé > Quadrupedum Difpofitio > bre-
vifqtte Hifioria Naturalis , par M.
Klein, membre de la Société Roya-
le de Londres Se de l'Académie des
Sciences de Bologne. Ce Naturalifte
réduit tous les Quadrupèdes vivipares
à deux genres. Il nomme le premier ,
gemti pedibus ungulatïs , five cheliferis ,
Quadrupèdes qui ont des ongles ou
cornes aux pieds , Se il établit cinq
familles de ces Quadrupèdes ongulés.
La première comprend les Monocbela ?
qui font ce que les Naturalises nom-
ment Solipedes : tels font le Cheval Se
l'Âne. La féconde comprend les Di-
fhela » Quadrupèdes à deux cornes ou à
Q U A 6 3 i
pieds fourchus , comme fous le nom de
Taurus , le Taureau domeftique 5c
fauvage; fous celui d'Anes, le Bélier,
Se la Brebis; fous celui de Tragus „ le
Bouc, la Gazelle , le Chamois , l'Ibex,
le Bouc mufqué , le Bouc fauvage de
Gkimmius, le Bouc à Bézoard , le
Tragelaphe , les Traguli de Guinée ,
la Girafte , le Rhenne ; fous celui de
Cervus f le Chevreuil, l'Alcé ou l'É-
lan , le Daim des Modernes , le Daim
vulgaire Se le fauvage ; fous celui de
Forcus, l'animal qui porte le mufc»
le Babîrouflà Se le Porc de Guinée , ou
le Cochon d'Inde. La troifieme famille
comprend les Trichela , Quadrupèdes
qui ont trois ongles aux pieds. Il n'y
a de cette famille que le Rhinocéros.
La quatrième contient le Tetrachela »
animaux À quatre ongles. L'Hippopo-
tame eft feul de cette famille. Dans la
fixieme font les fentachda , animaux
à cinq ongles, C'eft l'Eléphant qui la
compofe.
M, Klein nomme le fécond genre
de fes Quadrupèdes > genus Dïgitato-
rum y f -.u Unguiculatorum , c'etl-à-dire
Quadrupèdes digités ou onguiculés. Il
les divife aulfi en cinq familles. Dans
la première font ceux qui ont deux:
doigts aux pieds , Didallyla , comme
le Chameau & le Silenus. La féconde
comprend ceux qui en ont trois , Tri-
dattyla , comme ï'ignavus , nommé en
François Parejfeux Se le Tamandua,
Dans la troifieme font ceux qui ont
quatre doigts Tetrada&yla , comme
le Tatou ou l'ArmandiJle , les diffé-
rentes elpeces de Cavia , le Lièvre ,
l'Écureuil, le Loir, le Rat, la Tau-
pe , la Chauve-Souris , la Belette r
l'Acanthion , qui eftl'Hériflbn, Dans la
quatrième font les Quadrupèdes quî
ont cinq doigts , Pentadactyla , favoir le
Chien, le Loup, le Renard , le Coati,
le Char, le Lynx ou Loup Cervier , le
Léopard , le Tigre r le Lion , l'Ours r
îe Goulu , les Satyres', qui font les-
Singes Se le Cebus 1 , & la Loutre. Dans
la cinquième famille font les Anomal*-
tf 3i Q U A
peda, ou Quadrupèdes qui font irré-
culîers par les doigts des pieds , quoi-
qu'ils enayentcinq, & dont quelques-
uns les ont faits comme ceux des Oies.
Dans cette famille font le Caftor, le
Rofmarus Se le Manati.
M Brisson a divifé tout le Règne
Animal en neuf claflès. La première
eft celle des Quadrupèdes , animaux ,
dit-il , qui conviennent avec 1 hom-
me , en ce qu'ils ont du fang ; qu ils
refpirent par les poumons ; qu'ils ont
.deux ventricules au cœur ; qu'ils font
vivipares, Se alaitent leurs petits, &
qu'ils ont du poil , du moins à quel-
que partie du corps , Se quatre pieds
analogues aux pieds & aux mains de
l'homme. Entre ces Quadrupèdes ,
ajoûte-t-il , quelques-uns n'ont point
du tout de dents, comme le Fourmil-
lier, Sec. le plus grand nombre en eft
muni. De ces derniers les uns n'ont
que des dents molaires , ( ce font celles
qui font placées à la partie poftérieure
delà mâchoire), comme le Pareffeux,
&c. d'autres n'en ont que des molai-
res Se des canines, comme l'Eléphant,
Sec. ( les dents canines font placées
entre les molaires Se les incifives Se
fontordinalrementpointues) : d'autres
enfin ont des dents incifives , ( ce font
: celies qui font placées à la partie anté-
rieure de la mâchoire ). Parmi ceux-ci ,
les uns n'ont de dents incifives qu'à
la mâchoire inférieure feulement; les
autres en ont aux deux mâchoires. De
ceux qui n'ont de dents incifives qu'à
la mâchoire inférieure , les uns n'en
ont que fix , comme le Chameau : les
autres en ont huit , comme le Cerf &
le Bœuf, Sec. Parmi ceux qui ont des
dents incifives.aux deux mâchoires , les
uns ont la corne du pied d'une feule
pièce , comme le Cheval : d'autres
ont les pieds fourchus , comme le Co-
chon , c'eft-à-dire qu'ils ont quatre
doigts ongulés , Se qu'ils ne s'sppuyent
que fur deux en marchant. D'autres
ont trois doigts ongulés , c'eft-à-dire
des doigts, dont l'extrémité eft toute
Q U A
entourée de l'ongle , Si qui en mar-
chant s'appuyent fur l'ongle même ,
comme le Rhinocéros. D'autres ont
quatre doigts ongulés aux pieds de
devant Se trois à ceux de derrière , Se
de ces derniers , les uns n'ont que deux
dents incifives à chaque mâchoire ,
comme le Cabîai , Se les autres en ont
dix à chaque mâchoire , comme le
Tapir ou Manipouris. D'autres ont
quatre doigts ongulés à chaque pied ,
comme l'Hippopotame. D'autres enfin
ont les doigts onguiculés , c'eft-à-dire
que l'extrémité eft couverte de l'on-
gle dans la partie fupérieure , Se nue ,
ou feulement couverte de poils dans
la partie inférieure. Parmi ceux qui
ont les doigts onguiculés , les uns
n'ont que deux dents incifives à chaque
mâchoire, comme le Porc-Épic , le
Lièvre , le Rat , Sec. D'autres ont
quatre dents incifives à chaque mâ-
choire, comme le Singe , Sec. D'autres
en ont quatre à la mâchoire fupérieure ,
Se fix à l'inférieure , comme le Maki,
&c. D'autres en ont fix à la mâchoire
fupérieure , Se quatre à l'inférieure ,
comme le Phocas. D'autres en ont fix
à chaque mâchoire , comme le Chien,
le Chat , la Loutre , Sec. D'autres en
ont fix à la mâchoire fupérieure , Se
huit à l'inférieure , comme la Taupe.
D'autres enfin en ont dix à la mâchoire
fupérieure , Se huit à l'inférieure , com-
me le Philandre.
Ainfi la claffe des Quadrupèdes dans
le Règne Animal de M. Brisson
eftdîvifée en dix-huit ordres , fuivant
le plus ou moins de dents molaires ,
canines Sf incifives qu'ils ont.
Dans le premier font compris ceux
qui n'ont point de dents , Edenuda.
Parmi les Quadrupèdes de cet ordre ,
les uns ont le corps couvert de poils ,
Se les autres l'ont couvert de grandes
écailles , fous la plupart desquelles
font quelques poils. Cette différence
d'habillement fait que l'Auteur les
divife en deux feélions , qui contien-
nent chacune un genre.
Dant
Q U A
Dans la première font ceux qui ont
ïe corps couvert de poils , qui fe nour-
f iilent de Fourmis , Se qu'on a appelles
pour QfA& Fourmillier s. Il y en a quatre
efpeces , favoir le Fourmillier-Tama-
noir , animal du Cap de Bonne-Efpé-
rance , de la Guyane & du Bréfil ; un
autre Fourmillier , rommé Tamanda-I
par les Naturaliftes ; le Fourmillier
a longue queue , animal des Indes
Occidentales , & le petit Fourmillier ,
qu'on trouve aulTi à la Guyane.
La féconde fecli on contient ceux qui
ont le corps couvert d'écaillés , aux-
quels l'Auteur donne le nom de Pho-
lidote. C'eft: le Lézard écailleux, dont
deux efpeces. On trouve la première
eu Bréfd, dans les Mes de Ceylan, de
Java Se de Formofe. La féconde qui
eft le Pholidote à longue queue & le
Diable du Tajoan , fe trouve auffi au
Bréfil & dans Pille de Formofe.
Tous les Quadrupèdes de cet ordre
ont la langue cylindrique Se très-
longue, Se peuvent, comme les Pics ,
la faire fortir en grande partie hors de
la bouche. C'eft par fon moyen qu'ils
attrapent les Fourmis dont ils fe nour-
rirent.
Dans le fécond ordre font placés les
Quadrupèdes, qui n'ont que des dents
molaires , dentibus molaribus tantum
donata. 11 n'y a dans cet ordre , comme
dans le précédent , que deux genres
de Quadrupèdes » qui , à raifbn de la
couverture de leur corps ,fedîvîfenteii
deux feclions. Les uns ont le corps
couvert de poils , & les autres l'ont
comme cuirafTé , ou couvert d'un teft
oifeux.
Dans la première feftion font ceux
couverts de poils , Sf qui à caufe de
leur lenteur à marcher font appelles
Parcjjeux y dont deux efpeces , qui fe
trouvent , la première dans les Indes
Orientales, à la Guyane & au Bréfil,
Se la féconde dans l'Ifle de Ceylan.
Dans la féconde feciion font ceux
qui ont le corps couvert d'un teft of-
feus. , Se qu'on appelle Armandiïlts ou
Tome LIL
Q U A 0-35
Tatou dont fept efpeces. La première
n'a point de bouclier derrière , mais
feulement des bandes. La féconde , qui
cft l'Armandille Oriental , fe trouve
dans les Indes Orientales , au Bréfil
& à la Guyane. La troifieme eft celui
dont parle Cqlumna, La quatrième
eft l'Armandille du iMexique. La cin-
quième , l'Armandille du Bréfil. La
fixieme , celui de Cayenne , Se la
feptieme celui d'Afrique.
Dans le troifieme ordre font compris
les Quadrupèdes qui n'ont point de
dents incifives, mais qui en ont de ca-
nines Se de molaires, dentibus indforibus
nullis , carànis & molaribus donata. U
n'y a dans cet ordre que deux Quadru-
pèdes , fa voir l'Eléphant Se la Vache ma-
rine. L'Eléphant fe trouve en Afri-
que , Se les plus grands en Afie. Pour
le genre de la Vache marine , qui eft
le Rofmarus des Naturaliftes » c'eft un
animal amphibie , qui fe trouve dans
tout le Nord.
Tous les Quadrupèdes du quatrième
ordre n'ont point de dents incifives à
la mâchoire fupérieure Se en ont fix à
l'inférieure , dentibus indforibus in ma-
xillâ fuperiore nullis , in inferiore fex
donata. Ils font rumïnans , comme ceux
de l'ordre fuivant , Se ils ont comme
eux quatre ventricules , mais ils n'ont
point de cornes : leurs pieds font fen-
dus en deux doigts onguiculés , Se non
pas ongulés , comme ceux des pieds
fourchus : la plante de leur pied eft
couverte d'une peau molle Se un peu
calleufe. Cet ordre ne contient qu'un
feul genre , qui eft celui des Cha-
meaux , dont le Chsmeau qui habite
la partie Orientale de l'Afie , le Dro-
madaire, qui fe trotive plus commu-
nément dans la Syrie Se dans l'Arabie ,
le Chameau du Pérou , Se la Vigogne
ou le Pacos qu'on trouve aufïi au
Pérou, dans le Chili Se la Nouvelle
Efpagne.
Dans le cinquième ordre font com-
pris les Quadrupèdes qui n'ont point
de dents incifives à la mâchoire fupé-
L 1 1 1
^4 QUA
rie ure , & qui en ont huit à l'inférieu-
re , & le pied fourchu, dentibus inci-
foriùus in maxillà f tperiorc nullis , in
inferiore octo , & pede bifulco donata. Ils
font ruminans , 8z ils ont quatre ven-
tricules. Cet ordre eft divifé en trois
feétions.
Dans la première font ceux qui ont
des cornes iimpies. Cette ieclion con-
tient quatre genres.
Lepremier eft le genre de la GirafFe,
genus Giraffm , qui comprend le Çamé-
léopard , animal d'Afrique Se d'Ethio-
pie , qui a les cornes tournées par en
haut , 8c les cuifles de devant beau-
coup plus longues que celles de der-
rière.
Le fécond eft le genre du Bouc ,
genus Hircinum , qui comprend le
Bouc, la Chèvre domeftique, la Chè-
vre d'Angora , le Bouc - Étain , la
petite Chèvre d'Amérique , le petit
Chamois d'Amérique , 11' Chamois ou
PYfard , la Gazelle des Indes , la
Gazelle , la Gazelle à Bézoard , la
Gazelle d'Afrique , la Gazelle de
la Nouvelle Efpagne , la Gazelle du
Levant, la Chèvre de Syrie , la Chè-
vre de la Nouvelle Efpagne, la Chèvre
de Crète. Ce genre d'animaux a auïli
les cornes tournées en haut , & les cuif-
fes à-peu -près d'égale longueur.
Le troifieme genre eft celui du Bé-
lier , genus Arutis , qui a des cornes
fimples , tournée en arrière , qui
comprend la Brebis domeftique , la
Brebis à large queue, la Brebis à lon-
gue queue , animai d'Arabie , Se la
Brebis de Guinée.
Le quatrième genre eft celui des
Boeufs, çenus Bovinum, dont. les cor-
nes font tournées vers les côtés, qui
comprend le Bœuf domeftique , le
Bulle d'Afrique , l'Aurochs ou Unis ,
animal qui fe trouve en Pologne, en
Prufle, en Livonie & en Mofcovie ; le
Bufle ,. commun en Italie , dans l'Etat
Eccléfiaftîque & dans le Royaume de
Napjes; le Biibn blanc, qui fe trouve
Ctt Écoflê i le Bifon d'Amérique & le
QUA
Bœuf fauvage , qui fe trouve en PéûJ
nie , fur le mont Meflapus.
La féconde feftion ne contient que
le genre des Cerfs, genus Cervinum t
dont les cornes font branchues. Il n'y
a que les mâles qui ont des cornes: il
faut cependant en excepter les femel-
les du Rhenne &^u Cerf de Groen-
land. Ce genre renferme le Cerf, le
Cerf d'Allemagne , qui eft le Trage-
laphits des Naturaliftes ; le Cerf de
Canada , le Cerf de Groenland , le
Chevreuil , le Karibou du Canada ,
qui eft le Cervus Burgundicus de Jons-
Ton ; le Daim, le Ilhenne & l'Elan.
Dans la troifieme feclion eft placé
un genre de Quadrupèdes ruminans à
pieds fourchus , qui n'ont point- de
cornes , auxquels M. Brisson a
donné le nom de Cbevrotains ; tels font
le Chevrotait! des Indes ou la Chèvre
de Congo ; le Chevrotain de Guinée ,
le Chevrotain de Surinam ; le Chevro-
tain d'Afrique, Se le Mufc.
Le fixieme ordre comprend un gen-
re de Quadrupèdes , qui ont des dents
incifives aux deux mâchoires , Se dont
la corne du pied eft d'une feule pièce,
dentibus intiforibus in utrâque rnaxilla ,
& pedejolidungulo donata. C'eft ce que
nous appelions Animaux folipedes :
tels font le Cheval, le Zèbre ou l'Âne
rayé, animal d'Afrique & du Cap de
Bonne-Efpérance ; l'Âne , le Mulet Se.
l'Âne fauvage.
Dans le feptieme ordre font des
Quadrupèdes qui ont des dents incifives
aux deux mâchoires , Se le pied four-
chu , dentibus inciforibus in utrâque
maxillâ , & pede bifulco donata. Le
genre de Cochon eft le feul qui corn-
pofe cet ordre. 11 eft aufTi le feul , dont
le nombre des dents incifives varie. Les
Quadrupèdes de ce genre ont à la mâ-
choire fupérieure tantôt quatre, tantôt
cinq, tantôt fix dents, Se tantôt huit.
Cette variété ne peut pas induire erï
erreur , pareeque ce genre eft le feul
qui ait des dents incifives aux deux
mâchoires & en même temps le pied
QU A
Fourchu. Les efpeces de ce genre font
le Cochon domeftique , le Cochon de
la Chine , le Sanglier, le Cochon de
Guinée , le Sanglier des Indes Orien-
tales , & le Sanglier du Mexique,
Dans l'ordre huitième, iln'y a qu'un
feul Quadrupède , qui eft le Rhinocéros,
lequel a des dents incifives aux deux
mâchoires , & trois doigts ongulés à
chaque pied , dentibus inciforibus in
uttàque maxillâ , & tribus digitis un-
gulatis in fïngulis pedibus donatus. Cet
animal qui a une corne fur le nez fe
trouve dans les déferts de l'Afrique Se
dans les Royaumes de Bengale Se de
Patane en Afie.
L'ordre neuvième ne contient aufli
qu'un feul Quadrupède , qui eft le Ca-
biai ou Cspybara du Bréfil , Cochon
d'eau de Desmarchais. Il a deux dents
incifives à chaque mâchoire , quatre
doigts ongulés aux pieds de devant ,
& trois à ceux de derrière , dentibus
inciforibus in itiraqut maxillâ duobus ,
Cr quatuor digitis ungulads in peàïbus
anticis , & tribus in pojlicis donatus.
Le dixième ordre ne contient auflî
qu'un feul Quadrupède , qui eft le
Tapir ou Manipouris , Se V Anta des
Portugais. Il a dix dents incifives à
chaque mâchoire , & quatre doigts
ongulés aux pieds de devant , Se trois
à ceux de derrière , dentibus inciforibus
in utrâque maxillâ decem , & quatuor
digitis ungulatis in pedibus anticis , &
tribus in pofticis donatus. Cet animal fe
îrouve à la Guyane & au Bréfil.
L'onzième ordre ne contient aufli
qu'un feul Quadruptde , qui eft l'Hip-
popotame ou Cheval marin , animal
amphibie, qu'on trouve en Afrique Se
dan? l'Inde , fur le fleuve Indus , Se en
Egypte. Il a des dents incifives aux
deux mâchoires, Se quatre doigts ongu-
lés à chaque pied , dentibus inciforibus
in utrâque maxillâ , & quatuor digitis
îtngulatis in fïngulis pedibus donatus.
Dans le douzième ordre font com-
pris les Quadrupèdes qui ont des dents
incifives à chaque mâchoire , Se les
QUA <?n
doigts onguiculés , dentibus inciforibus
in utrâque maxillâ duobus , & digitis
unguiculatis donata. Le plus grand
nombre des Quadrupèdes de cet ordre
n'ont point de dents canines : quelques-
uns en ont, Ils fe divifent en quatre
ferions.
Dans la première eft le genre du
Porc-Épic: genus Hyftricis , qui n'a
point de dents canines , Se dont les
dents incifives font contigues Se tran-
chantes. Il y a plusieurs efpeces^ de
Porcs -Epies , favoir le Porc-Epic
d'Afrique , de Sumatra Se de Java ;
le Porc-Épjc de la Nouvelle Eipagne ;
le Porc-JÉpic de la Baye d'Hucfm ;
le Porc-Épic d'Amérique ; le grand
Porc- Épie d'Amérique , & le Porc-
Épic des Indes Orientales.
La féconde fe£Hon renferme des
Quadrupèdes qui n'ont ni dents canines
ni piquans fur le corps. Elle eft compo-
fée de fix genres difFérens , qui fe distin-
guent les uns des autres par la forme
de la queue.
Le premier eft le gsnre du Caftor ,
genus Cafloris, favoir le Caftor ou le
Bievre, qui fe trouve en Languedoc
Se dans la partie Septentrionale de
l'Europe Se de l'Amérique ; le Caftor
blanc , qu'on trouve en Norvège Se
en Canada , & le Rat mufqué de Ca-
nada. Parmi les Quadrupèdes de ce
genre , les uns ont la queue plate hori-
zontalement , & les autres l'ont plata
verticalement.
Le fécond eft le genre du. Uévte,
%enus Leporimtm , qui comprend le
Lièvre d'Europe , le Lièvre blanc des
Alpes Se du Nord , le Lièvre noir, le
Lapin d'Europe, le Riche, Se le Lièvre
du Bréfil,
Le troifieme eft le genre du Lapin ,
genus Cuniculi , dont ies efpeces font
le Lapin de Java , l'Agouty Se le La-
pin d'Amérique; le Pax ou Paca delà
Guyane Se du Bréfil ; le Lapin de Nor-
vège & de la Laponïe ; le Lapin d'Al-
lemagne , qu'on trouve en Bohême ,
en Autriche , en Hongrie Se en Po-
L 1 1 1 ij
^6 Q U A
îogne ; le Lapin des Indes , qui fè
tr^'ive en Europe, dans lesmaifons,
en Guinée & au Bréfil , aum nommé
Porcelet des Indes , Se le Lapin du Bré-
fil.
Le quatrième genre eft celui de l'E-
cureuil , genus Sciuri , dont plufieurs
efpeces , qui font l'Écureuil d'Euro-
pe , l'Écureuil blanc de Sibérie , l'É-
cureuil noir , l'Écureuil varié , qui fè
trouve en Europe ; l'Écureuil d'Amé-
rique , celui de Virginie , celui du
Bréfil , celui de la Nouvelle Efpagne ,
celui de la Caroline ; l'Écureuil pal-
mifte vulgairement Rat Palmijh , qui
fe trouve en Afte , en Afrique & en
Amérique ; l'Écureuil de Barbarie ;
l'Écureuil volant de Finlande , de
Pologne , de Laponie , de la Nouvelle
Efpagne & du Canada ; l'Écureuil vo-
lant delà Sibérie, & l'Écureuil volant
de la Virginie.
Le cinquième genre eft celui du
Loir , genusGliris , qui contient le Loir,
commun dans les forêts , le Lerot ,
commun dans les endroits où il y a du
fruit; le Croque-Noix, qu'on trou-
ve en Europe dans les bols ; la Mar-
motte de Bahama ; la Marmotte d'A-
mérique; la Marmotte de Pologne;
la Marmotte des Alpes Se la Marmot-
te de Strafbourg.
Le fixieme genre qui eft celui du
Rat , genus Maris, a pour efpeces le
Rat domeftique qu'on trouve dans les
maifons , la Souris , le Rat de bois , le
grand Rat des champs, la Souris d'A-
mérique , le Rat d'Amérique ,. le Rar
blanc de Virginie , le Rat de Norwe-
ge , le Mulot , le Rat Oriental , le
Rat d'eau & le petit Rat des champs.
La troifieme fec'tion de ce douzième
ordre de Quadrupèdes ne contient qu'un
feul genre , qui eft celui de la Mufa-
raigne , genus Mufaraneiy dontdeux
efpeces , celle qu'on trouve dans les
chamj s Se celle du Bréfil,
La quatrième feftion ne renferme
auffi qu'un feul genre » qui eft celui du
HéiifToiiî. genus: Erinacei, 11 y a dans.
Q U A
ce genre le Hériffon qui fè trouvé,
dans les boîs , le Hériffon de Sibérie ,
le Hériffon de Malacca Se le Hériffon
d'Amérique.
Dans le troifieme ordre font com-
pris les Quadrupèdes qui ont quatre
dents incifives a chaque mâchoire , 8c
les doigts onguiculés, denttbus incifo-
rihus in utuiqiie maxillâ quatuor , &
digitis unguiculads donata. Parmi les
Quadrupèdes de cet ordre , les uns , dit
M. Buisson , ont tous les doigts
féparés les uns des autres : les autres
ont ceux des pieds de devant joints
enfemble par une membrane étendue
en ailes. Ilsfe divifent en deux fections:
dans la première font ceux qui ont tous
les doigts féparés les uns des autres ,
comme les Singes. Dans la féconde
font ceux dont les doigts des pieds de
devant font joints enfemble par une
membrane étendue en ailes comme dans
la Rouffette.
La première fection ne contient
qu'un feul genre , qui eft celui des
Singes , genus Si?n'u. Il eft divifé eti
cinq races.
Dans la première font ceux qui
n'ont point de queue , Se qui ont le mu-
feaucourt, tels que le Singe d'Afrique,
l'Homme des bois 8e le Singe de Cey-
lan.
Dans la féconde font ceux qui n'ont
point de queue , & qui ont le mufeau
allongé , tels que le Singe Cynocé-
phale , qu'on trouve en Afrique , &
le Singe Cynocéphale de Ceylan.
Dans la troifieme font ceux qui ont
une queue très - courte , tel que le
Babouin.
Dans la quatrième font ceux qui ont
la queue longue & le mufeau court »
dont vingt-neuf efpeces, telles que le
Sapajou brun , le Sapajou noir , le-
Sapajou cornu , le Sapajou à queue de
Renard , le petit Singe - Nègre , le
Singe mufqué , le Sapajou jaune , le
Singe varié , le Tamarin , le petit
Singe-Lion le petit Singe de Para ,.
le Singe à queue de Rat,, le Sagouin g
Q U A
le Singe à queue de Lion , le Sînge-
Lion , le Singe verd , le grand Singe
de la Cochinchine , le Singe de Gui-
née à barbe jaunâtre , le Singe blanc
à barbe noire , le Singe noir à barbe
blanche , le Singe de Guinée à barbe
blanche , le Singe barbu , le Singe
barbu à queue de Lion, le Singe noir
d'Egypte, le Singe roux d'Egypte , le
petit Singe du Mexique & le Béelze-
but.
Dans la cinquième race font ceux
qui ont la queue longue , Se le mufeau
allongé : tels font le Cercopithèque
Cynocéphale, le Makaque Se le Ma-
got ou Tartarin.
La féconde feéKon ne contient qu'un
feul genre , favoir celui de la Mouf-
fette , gentis Pteropi , qui diffère de
celui de la Chauve-Souris parla figure
de fês dents incifives. Ce genre renfer-
me pliifieurs efpeces , favoir la Rouf-
fette des Ifîes de Bourbon Se de Ter-
nate ; la RomTette à col rouge de l'Ifîe
de Bourbon; la RomTette à longues
oreilles de la Nouvelle Efpagne,
Le quatorzième ordre comprend les
Quadrupèdes qui ont quatre dents inci-
fives à la mâchoire fupérieure & fix à
l'inférieure, & les doigts onguiculés,
dmtibits inciforibus in maxillà fuperiore
quatuor, in inferiore ft.x , & digitis
unguiculatis prédits.. Parmi les Qua-
drupèdes de cet ordre , comme dans
l'ordre précédent , les uns ont tous les
doigts féparés les uns des autres ; les au-
tres ont ceux des pieds de devant joints
enfemble par une membrane étendue
en ailes. Ils fe divîfent de même en
deux fe&ions. Dans la première font
ceux qui ont tous L'S doigts féparés les
uns de3 autres , comme le Maki. Dans
îa féconde font ceux dont les doigts
des pieds de devant font joints enfem-
ble par une membrane étendue en ai-
les, comme la Chauve -Souris*
Il n'y a dans la première feelxon
qu'un feul genre , favoir celui du Ma-
ki, genmfrofimUr dont quatre efpe-
ces » favoir le Maki de Madagafcat j
Q U A o*j7
le Maki aux pieds fauves du mérrre
pays; le Maki aux pieds blancs aufïï
de Madagafcar, Scie Maki à queue
annelée du même endroit.
La féconde fecîion ne contient aufîi
qu'un feul genre , qui eft celui de la
Chauve -Souris , gênas Vefpertilionïs *
dont plufieurs efpeces , qui font la.
Chauve-Souris de notre pays , la pe-
tite Chauve - Souris de Ternate , la
petite Chauve-Souris de notre pays ,
la grande Chauve-Souris de Ternate ,
Se deux autres Chauves-Souris d'Amé-
rique,
Le quinzième ordre ne contient
qu'un feul Quadrupède , qui eit le
Phocas ou le Veau marin. Il a fix dents
incifives à la mâchoire fupérieure , Se
quatre à l'inférieure , Se les doigts on-
guiculés, dentibm inciforibus in maxil-
là fuperiore ftx , in inferiore quatuor r
digids unguiculatis prxditus.
Dans le feizieme ordre font com-
pris des Quadrupèdes qui ont fix dents
incifives à chaque mâchoire , Se les
doigts onguiculés , denttbus inciforibus
in titra que maxillâ fex r cr digitis un-
guiculatis pnedita. Parmi les Quadru-
pèdes de cet ordre , les uns ont les"
doigts féparés les uns des autres , 8$
les autres les ont joints par des mem-
branes. Ils font tous carnivores. Ils
ont quatre dents canines , favoir une'
de chaque côté à chaque mâchoire. Le
nombre des dentS' molaires varie. Ils
le divifent en deux fetlions. Dan3 la
première font ceux qui ont les doigtg
féparés les uns des autres , comme le
Chien, la Belette , l'Ours. Dans îa
féconde font ceux dont les doigts font
joints enfemble par des membranes ,
comme la Loutre.
La première feclion contient fis
genres de Quadrupèdes , dont les ca-
ractères font tirés des pieds. Les uns
ont quatre doigts aux pieds de devant „
Se cinq à ceux, de derrière , comme
l'Hyène. D'autres ont cinq doigts auM
pieds de devant > Se quatre à- ceax de
derrière » comme le- Chien. D'&auzs
61% Q U A
ont cinq doigts à chaque pied. Parmi
ces derniers , les uns ont le pouce fé-
paré des autres doigts Se articulé plus
haut , comme la Belette , Se les au-
tres ont le pouce placé auprès des
autres doigts , comme le Blaireau :
d'autres s'appuient fur le talon en
marchant , comme l'Ours : d'autres
enfin ont les ongles crochus , Se ils
peuvent être retirés Se entièrement ca-
chés comme dans le Chat.
Le premier genre eft celui de l'Hyè-
ne , genus Hyen<i , animal qu'on trou-
ve en Afrique.
Le fécond eft le genre du Chien ,
genus Caninum , dans lequel font com-
pris le Chien, dont bien des variétés,
le Loup, le Loup doré,, animal connu
dans la Cilicie, la Turquie Sel'Afie;
le Loup du Mexique, le Renard , le
Renard croifé , animal qu'on trouve
en Pologne , en Suéde Se au Cap de
Bonne-Efpérance ; le Renard gris ,
qu'on trouve à la Caroline Se à la
Virginie , Se le Renard blanc qu'on
trouve dans les pays du Nord.
Le troifieme genre eft celui de la
Belette , genus MufteU , qui com-
prend la Belette , l'Hermine qu'on
trouve eu Ruffie , en Scandinavie Se
dans tous les pays du Nord ; le Furet ,
le Furet des Indes , le Furet de Java ;
le Vifon , animal du Canada ; la_Foui-
ne ; la Marte , commune au Canada
Se rare en Europe ; le Putois ; le Pu-
tois rayé , qu'on trouve dans tout le
continent Septentrional de l'Amérique;
l'Ichneumon & la Mangoufte , vul-
gairement nommé^ Rat de Fharaon ,
qu'on trouve en Egypte Se dansl'Iile
de Ceylan , Se la Genette , qu'on trou-
ve en Eipagne Se en Turquie.
Le quatrième genre eft celui^ du
Bkireau , genus Melis , qui contient
le Bkireau ou Taiffon , animal qu'on
trouve dans les bois ; le Blaireau blanc ,
qu'on trouve dans la Nouvelle Yorck ;
le Blaireau de Surinam , Se la Civette ,
qu'on trouve à la Chine Se dans la
Î-Touvelle Efpagne.
Q u A
Le cinquième genre eft celui de
l'Ours , genus Urjinum , qui comprend
l'Ours , commun dans les Alpes , en
Allemagne , en Pologne , en Lithua-
nie , en Ruflie , en Mofcovie , en
Norvège Se dans tous les pays du
Nord; l'Ours blanc , commun dans
le Nord; l'Ours de la Baye d'Hud-
fon ; le Coati , animal de l'Amérique;
le Coati Mcndi, 8c le Coati Mondi à
queue annelée.
Le fîxieme genre eft celui du Chat,
genus Felinum , qui comprend le Chat
clomeftlque, leChatfauvage , le Chat
fauvage tigré , animal du Cap de Bon-
ne-Efpérance Se de l'Amérique ; le Chat
d'Angora ; le Lion , le Tigre , le
Tigre Royal , le Tigre d'Amérique ,
le Tigre noir , le Tigre Barbet ou
Tigre frifé , le Tigre rouge , le Léo-
pard , le Chat-Pard , le Chat Cer-
vier Se le Loup Cervier.
La féconde fection du feizîeme ordre
des Quadrupèdes de M. Brisson,
■ne contient qu'un feul genre , qui eft
celui de la Loutre , genus Luira , qui
a des doigts joints enfemble par des
membranes. Toutes les efpeces de
ce genre font des Amphibies , Se fa
nourriflent de poiffons. Ce font la Lou-
tre qu'on trouve au bord des eaux, 8c
celle du Bréfil , fi fes doigts font joints
enfemble : s'ils ne l'étoient pas , elle
ne feroit pas de ce genre , comme la
dit l'Auteur.
Dans le dix - feptîeme ordre font
compris les Quadrupèdes qui ont fix
dents incifives à la mâchoire fupérieu-
re , Se huit à l'inférieure , 8c les doigts
onguiculés , denûbus inciforibus in
maxiilà fuperiore Jex , in injeriore oclo ,
ûr digitis unguiculatis pr&dïta, Cet
ordre ne contient qu'un feul genre, qui
eft celui de la Taupe , genus Talpœ.
Toutes les efpeces de ce genre vivent
fous terre Se y font des tannieres , dans
lefquelles elles fe cachent. 11 y en a
plufieurs efpeces , favoir la Taupe
vulgaire , la Taupe blanche , la Tau-
pe variée, la Taupe de la Virginie,
Q U A
îa Taupe rouge d'Amérique Se la
Taupe dorée de Sibérie.
Le dix-huitieme Si dernier ordre
des Quadrupèdes de M. Brisson
contient ceux qui ont dix dents incifi-
ves à k mâchoire fbpéneure , 8c huit
à l'inférieure , & les doigts onguicu-
lés , dentibus inciforibus in maxillâ
fuperiore decern , in inferhre offo , &
digitisunguiculatis âonata. Il n'y a
dans cet ordre , comme dans le précé-
dent, qu'un feul genre , qui eft celui du
Pliilandre , genus Philandri , dont plu-
lïeurs efpeces, fa voir le Philandre qu'on
trouve en Amérique , le Philandre
Oriental,, le Philandre d'Amboine, le
Philandre du Bréfilde Philandre d'Afri-
que , le Philandre d'Amérique , le Phi-
landre de Surinam, le Philandre à grofle
tête , Se le Philandre à courte queue.
Telle e(l la divifion des Quadru-
pèdes par M. Brisson, dont les
caractères font tirés des dents Se des
pieds ; Se je la trouve plus parfaite
que la plupart des autres. Il n'y a que
Mi Klein de nos Méthodiftes moder-
nes , qui ait divifé la claffe des Qua-
drupèdes en vivipares Se ovipares. Ceux
qu'il nomme Quadrupèdes ovipares font
les Tortues, les Grenouilles , les Cro-
codiles , Se les autres efpeces de Lé-
zards , animaux qui font munis de
quatre pieds , mais ce font des Repti-
les , que l'on trouve chez M. L i n-
N*us dans la claffe des Amphibies,
Se ils compofent la quatrième claffe
du Règne Animal de M. B R i s s o n t
fous le nom de Reptiles.
Dans la curieufe Hijloire Naturelle
de M. D E B u F F o N , les animaux
qui font les plus néceffaires Se les plus
utiies tiennent le premier rang. Il don-
ne la préférence dans l'ordre des ani-
maux au Cheval , au Chien , au
Bceuf , à la Brebis , Sec. 8c il appelle
cet ordre le plus naturel de tous. Ne
vaut-il pas mieux , dit-il , faire fuivre
îe Cheval , qui eft Solipede , par le
Chien , qui efl: Fiffipede , Se qui a coû-
lume de le fuivre en effet que par
Q U A
un Zebre qui nous eft peu connu , 8c
qui n'a peut-être d'autre rapport avec
le Cheval que d'être Solipede l Le
rang qu'il donne aux animaux ne plaît-
pas à M. Klein , qui veut que l'ar-
rangement des Quadrupèdes en ongu-
lés & digues, foit le plus naturel 8c
le plus firnpîe. Mais dans un Ouvrage
tel que celui de M. de Buffon,
fait pour être entre les mains de tout
le monde , & où le Lecteur ne veut
apprendre que la vie 8c les mœurs des-
animaux , on fe pafie de méthodes r
Se cet Académicien a eu raifon de
n'en point adopter. Ces ordres fylïé-
matiques n'affectent que ceyx qui' font
une étude particulière de' l'Hiitoire
Naturelle , Se qui font plus Obferva-
teurs qu'Hiïtoriens, tels que Gesner,
ALDRÛVANDE , JONSTON , Raï , &
M. Klein lui-même. En effet, dans
ces Auteurs on ne trouve que des
Naturalises qui fe font attachés à nous
faire connoître les animaux , comme
ils ont cru qu'ils étoient ; & dans M,
de Buffon, au contraire , on voit
un Obfervateur attentif, qui , après
avoir été .i la recherche des merveilles
de la Nature , fait en habile Écrivain
nous les repréfenter fous les images
les plus riantes Se les plus agréables ;
qualités rares , fur-tout dans un Nam-
raiifte, lorfquc le plus grand nombre de
fis Confrères ne s'eft attaché qu'à dé-
crire fidèlement les animaux, fans beau-
coup s'inquiéter des aménités du tVyle.
QUAMITZLI: C'eft , difent
Nieremeerc( Hifl. Exot. L. IX,
c. 24.) &Ruysch (deQuad.p. 81.) ,
un animal approchant du Lïon , mais
plus doux Se plus agile. Quelques-.
Naturalitt.es Efpagnols l'ont pris pour
la Panthère.
Q U A P A C H-CAN AUHTLI „
oifeau du Mexique, félon Hernan —
dez. Il a , dit Ra ï ( Synop. Mcth. Av>
p. 177. }, le bec large & bleu , ainfr
que les pieds ; la tête , le col , la poi-
trine , Se le ventre font de couleur
fauve. Il a la queue courte j; elle dï.
Q U A
blanche -& noire, Les ailes Se le dos
font d'un brun fauve , avec des ban-
des de différentes couleurs qui traver-
sent.
QUAPAC H TOTOLT, au-
tre oifeau du Mexique , aînfi nommé
à caufe de la couleur fauve de fes
ailes , de fon col , & de fa tête. Il
contrefait le ris de l'homme : c'eft ce
qui fait que les Indiens le prennent
pour un oifeau de mauvais augure. Il
a huit pouces de long , dîfent Ray
(iiid. p. 174. ), &R.UYSCH (deAvib.
•p. 119.) : fa queue en a autant. Son
bec eft d'un bleu d'azur, tirant fur le
noir , Se ce bec eft long Se courbé. Sa
poitrine eft cendrée , 8c fon ventre eft
noir jufqu'à la queue , qui eft d'un
noir tirant fur le fauve. Sa chair n'eft
point défagréable.
QUARR EL ET , ou CAR-
RE L E T , poiffon plat , qui eft mis
par A R T e d 1 dans le rang des poif-
ïbns à nageoires molles , Pifces mala-
copterygii , Se nommé par le même
Natur'alifte (Ichtk. Part. V. p- 30. ) ,
Plmrondies utrinqitc glaber, tuber cutis
fix à dextrà capitis y par M. L 1 >: -
N je u s , PleiironelUs oculis , & tuber-
ciilis jèx à dextrâ capitis , lattrïbus
glabns , fpinâ ad anum. Ce poiffon eft
le -ir,T%. d'A t H É n e e ( Lib. VIL
p. 329.) , nom Grec cependant qui
convient , dît Rondelet( Liv. XL
chap. 7. p. 2-53. Edit. Franf.), à plu-
fieurs autres efpeces de poiflons plats.
Quelques - uns nomment ce poiflbn
Quarwlet , quand il eft petit , Se Plie ,
quand il eft vieux 5 mais , félon le
même Rondelet, ce font deux
efpeces différentes de poifTons. Il dît
que le Qitarrelet a la figure plus quar-
rée que la Plie , & que fa peau , qui
eft liffe , eft femée de taches rouffes.
La chair de ce poiffon eft blanche ,
molle Se fort humide. On pêche beau-
coup de Quamlets dans l'Océan.
QUATOTOMOMI , efpece
de Pic du Mexique , de la grandeur
de la Hupe , dont le plumage eft noir
Q U A
& brun. Il a la tête petite & couverte
de plumes rouges , Se d'une hupe aufîi
de la même couleur , noire par defllis
& longue de trois pouces. Son bec eft
blanc : le delfous eft plus court que
le deifus. De chaque côté du col il a
une bande blanche , qui defeend juf-
qu'à la poitrine. Ses pieds font de cou-
leur livide. Ray, Synop. Meth. Av.
Append. p. 162.
QUATOZTLI , autre oifeau
du Mexique , félon le même Auteur
(.Synop. Av. p. 172.), pluspetitque le
Chardonneret, d'un plumage noir Se
blanc, Ce plumage eft d'une couleur
plus pâle à l'extrémité du corps Se
autour de la tête. C'eft , dit Seba,
une petite efpece de Chardonneret ,
qu'on voit aufli au Bréfil dans les mon-
tagnes de Tetzocano. Il a la moitié
de la tête ornée d'une crête blanche.
Son col eft d'un rouge clair. Son efto-
mac , fes ailes avec les plumes de-
viennent pourpres , de rouge foncé
qu'elles écoient auparavant. Le dos
Se la queue changent en jaune leur
fond noir, Pour le ventre , il eft tout
d'un fauve clair ; fon bec Se fes pattes
font d'un fauve ordinaire. Cet oifeau
eft figuré chez Seba, Thef. L lab. 3 6.
"'QUATRE AILES, oifeau
extraordinaire , qui fe trouve au Sé-
négal , ainfi nommé par les François.
Il eft de la groffeur d'un Coq d'Inde.
Il a le plumage blanc, le bec gros &
crochu les pieds armés de fortes
griffes , avec toutes les autres marques
d'un oifeau de proie. Comme le temps
de fa chaffe eft la nuit , on ne peut
juger quelle eft fa proie. Cet oifeau eft
extrêmement gras. Il a les ailes très-
grandes , très -fortes Se bien garnies
de plumes ; mais dans la partie qui
touche à l'épaule , les plumes de
défions font unies Se couvertes néan-
moins d'autres plumes plus longues
que les premières , qui , à la longueur
de quatre à cinq pouces , portent une
efpece de poil long Se épais , de forte
qu'une
Q U A
qu'une aïle en s'étendant parole en
former deux , l'une à la vérité plus
grande que l'autre , avec un efoace
vuide entre les deux : de-là vient le
nom de Quatre Ailes , que les François
donnèrent à cet oifeau , & tout le mon-
de croiroit qu'il n'en a pas moins. Com-
me il eftrobufte, ces ailes jouent parfai-
tement. Il vole fort haut Se fort long-
temps.
Cet oifeau quî porte ie nom de Qua-
tre Ailes, le tire moins du nombre de
fes ailes , puisqu'il n'en a que deux ,
que de la difpofition de fes plumes.
Mais J o n s o N dit en avoir vu un qui
avoit réellement quatre ailes diftinctes
&; féparées. Cet oifeau ne paroît jamais
plutôt qu'une heure avant la nuit. Ses
deux premières ailes font les plus gran-
des : les deux autres en font à quelque
diftance , de forte que le corps fe trou-
ve placé entre les deux paires.
Moore parle du même animal.
On ne le voit , dit-il , que vers le
commencement de la nuit. Il a réelle-
ment quatre ailes , & fa grolTeur eft
celle du Pigeon ; mais cet Auteur
ajoute que malgré le nom d'OiJeate
qu'on lui dorme , il doute s'il n'eft
pas de l'efpece des Chauves -Souris,
On ne le peut voir d'aflez près pour
s'en afFurer parfaitement. Hifl.Génér.
des Voyages , L. VI. & L. VIL
QUATRE FOIS MUANTE ,
Chenille d'Arroche fauvage , dont
parle GoiDARD ( Part. IL Exp. 2$.),
de la couleur de la plante dont elle fe
nourrit. Elle eft lente Se parefleufe
dans fon manger 8c dans fa marche.
L'Auteur dit qu'elle change de peau
jufqu'à quatre fois & qu'elle en reçoit
une nouvelle à mefure qu'elle vient à
quitter la vieille. De cette Chenille
eft fortie une Mouche rare , dit-il ,
qui a les pieds longs Se plats au bout ,
& qu'il foupçonne pouvoir vivre fur
terre comme dans l'eau. U appelle
C€tte Chenille Quatre fois Muante.
QUAUHCHOCHOP1TLI,
petit oifeau du Mexique , qui creufe
Terne HL
Q U A 6>t
le boîs. Il eft de la grandeur & de la
figure de la Caille : fes plumes font
noires , ou d'un gris obfcur , diftin-
guées par des lignes blanches qui les
traverfent. Son ventre & fa poitrine
font de couleur de vermillon. C'eft une
efpece de Pic , dit Ray (Synop. Mcth.
Av. p. 163.). d'après Hernandez.
QUAUHU1 LNI» autre oifeau
du Mexique , de la grandeur d'un
Moineau , qui , félon le même Ray
( iùid. p. 171 .) , a le bec long d'un
pouce , menu Se noir. Son col & fon
ventre foDt blancs. Le refte du corps
eft mêlé de blanc , de brun , & de
noir.
QUAUHTOTOPOTLI;
C'eft encore un autre oifeau du Mexi-
que , qui eft égal à l'Étourneau. Son
plumage, dit Ray {ibid. p. 162.) ,
eft noir, tacheté de blanc , principale-
ment vers la queue , ainfi qu'aux ex-
trémités des ailes , au bec , & au ven-
tre : celui-ci eft prefque tout blanc.
Cet oifeau s'apprivoife , 8c fe nourrit
en cage.
QUAUHTZO NE-COLIN:
Ce font , dit R A y ( ibid. p. 1 5 8. ) ,
des efpeces de Cailles de la Nouvelle
Efpagne , dont quelques - unes font
brunes & hupées : d'autres font aulïï
brunes , mais fans hupe , & un peu,
plus petites ; d'autres qui font les plus
grandes font de couleur fauve , mais
cette efpece a la tête blanche & noi-
re ; les extrémités des aîles Se le dos
font blancs ; le bec 8c les pieds font
de couleur noire. Toutes ces différen-
tes efpeces de Cailles font une bonne
nourriture , & très-convenable au^ in-
firmes.
QUAUPECOTLI, efpece
de Blaireau de la Nouvelle Lfpagne,
difent NlEREMBERG ( Hifi. txot.
L. IX. c. 43.) Se Ruysch {de Quad.
p. iqz.), dont te mufeau eft long Se
menu , & un peu tortu à la partie fu-
périeure. Il a la queue lonjue ; le
poil de cet animal eft long , blanc vers
le ventre brun ou noir, 8c blanc ail-
M m m m
ï 4 > QU'A QUE
leurs , mais plus noir vers le dos. Il a
les pieds noirs Se les ongles crochus.
Cet animal s'apprivoife aifément. Il
eft vorace : il mange indifféremment
tout ce qu'on lui donne. Il eft paifi-
ble , Se fait mille carènes ; mais il eft
méchant vis-à-vis de ceux qu'il ne
connoît pas. Il fe plaît dans les mon-
tâ "^nc s
"quauthlamacame,
nom que les Indiens de la Nouvelle
Efpagne donnent à une eipece de Cerf.
Voyez CERF.
QUAXOZOCTOTOTL,
efpece de Pigeon du Mexique , qui ,
félon H E R n A N D E z , eft de la gran-
deur des nôtres. Il a le bec grand ,
noir Se large , Se un peu tortu au bout.
Sa tête eft de couleur d'azur; le refte
du corps eft d'un bleu d'azur pâle ,
mêlé de verd Se de noir. C'eft ainfi
qu'en parle Ray, Synop. Meth. Av.
p. 164.
QUE
QUEEST, nom que les Anglois
donnent au Pigeon Ramier. Voyez
PIGEON RAMIER.
QUELLE, nom qu'on donne
au Léopard clans le pays des Nègres
en Afrique. Voyez LÉOPARD.
QUELLYQUA: C'eft le nom
qu'on donne au Tigre dans le même
pays des Nègres. Voyez TIGRE.
QUERCERELLE , CER-
CERELLE ,. ou CRESSERELLE ,.
oifeau de proie ou de rapine , que ce-
pendant Aristote n'a pas mis de ce
nombre. M.Linn^eusC Fauna Suce,
p. zi. n. 67. ) l'appelle Faico pedihus ,
cernque flavis, dorjb rttfefcente, in petiore
7fiacnlis longitudinalibus fufeis , caudâ
roumdata. Bel o n , Aldrovande ,
Willughby , Ray, Albin , Gesner
Se les autres parlent de cet oifeau, C'eft
le Ccnchris des Grecs , & X^Tinniinclus
des Latins. Les Suédois chez qui il
eft fort commun l'appellent Kyrkjo-
Falck- Si A r 1 s t o t e n'a pas mis cet
saifeau au nombre des oifeaux de proie ,
QUE
c'eft qu'il eft celui qui a le moins d"e
courage. Il ne fe plaît qu'à prendre des
Souris , des Mulots , des Rats , des
Lézards Se d'autres Vermines , qui dé-
folent les campagnes ; mais il y rend de
grands fervices aux Laboureurs , ainfi
que la Bufe Se le Milan. Les Italiens
lui ont donné le nom indécent deFouti-
vmto ; car pour furprendre fa proie , il
fe tient en l'air, fans changer de place ,
étudiant les moyens de pouvoir s'en
faifir. 11 tombe deffus avec impétuofité.
Cet oifeau a beaucoup de fympathie
avec le Pigeon , puifqu'il le défend
des autres oifeaux de proie , qui ap-
préhendent fon regard Se fon cri.
Les femelles des oifeaux de proie
ne font ordinairement que deux œufs ]
celle de celui - ci en fait quatre : fes
œufs font rougeâtres. Elle fait fon nid
dans les lieux les plus élevés , comme
dans les clochers , les tours Se les ro-
chers. Le mile, qui eft plus petit que
la femelle , a le bec prefque long d'un
travers de pouce , courbe infenfible-
ment Se beaucoup pluojong Se plus
crochu que celui de l'Épervier. Il a
la première partie environnée d'une
membrane contîgue à la tête , jaunâ-
tre Se à demi de couleur cendrée : un
certain tour par les côtés fait un demi-
cercle , qui va fe terminer à la cavité
de la lèvre inférieure: c'eft de-làque
le bec fe recourbe : la pointe en eft tou-
te noire, Se la partie de deffus eft plus
longue que celle de défions. Cet oifeau
a la prunelle extrêmement noîre, 8e le
refte de l'œil jaune ; les paupières Se
les plumes qui font autour des yeux
aullï jaunes; le fommet de la tête un
peu applati Se abaiffé. Toute la tête
jufqu'au commencement du dos eft
d'une coxdeur cendrée. Sa gorge , fa
poitrine Se fon ventre font jaunâtres &
femés de taches noires , defeendant
en long à la partie du ventre où elles
font plus larges qu'à la gorge. Les 5
manteaux Se le dos font revêtus de.
plumes de couleur de rouille , mar-
quées de taches noires *. afTez larges.
QUE
Jx dedans des manteaux eft d'un cen-
tré blanchâtre. Les grandes plumes Se
les dernières proche du ventre font
d'un tanné rouiTàtre , tirant fur le noir.
Les plumes de la queue pour la plus
grande partie font cendrées Se comme
divifées en deux , à caufe de leur tuyau
qui eft noir ; celles qui font fur les
côtés , prefque à l'extrémité , font or-
nées d'une tache noire qui les traverfe ,
& larges de deux doigts : l'extrémité
de la queue elt terminée par une ta-
che blanche , • qui la traverfe auffi ,
longue Se égalant tout -le refte du corps.
Cet oifeau a le col long , bien affilé >
defeendant au-dellbus du croupion de
cinq grands doigts. Les jambes font
jaunes. Les pieds font garnis de grands
doigts Se d'ongles robuftes Se aigus,
qui font noirs Si jaunes.
La femelle , qui eft plus grande que
le mâle, a le bec un peu plus court:
■ce qui en efl: courbé n'eft pas fi long ,
mais plus crochu : il eft entièrement
de couleur cendrée ou de corne , blan-
chilTant un peu , fur-tout à la partie
fupérieure , Se à l'endroit où il eft
joint â la tête , il y a une pellicule rouf-
fe. Elle a les yeux comme le mâle ;
à leur coin extérieur eft une tache d'un
cendré blanchâtre. Elle a tout le dos
& le deftus des manteaux d'une couleur
de rouille claire , approchant du roux ;
tout fan plumage , de couleur châtain
à la racine , qui eft un peu obfcure ;
le haut des grandes plumes d'un tanné
obfcur , Se vers le bas , à la partie qui
penche en avant : elles font blanches Se
diverfifiées de taches brunes obliques.
Les plumes de l'extrémité du dos , qui
couvrent le croupion , font de cou-
leur cendrée , traverfées de marques
brunes, qui finilfent en angle , pro-
che du tuyau. Elle a les plumes de
la queue très -longues , Se les plus
grandes Se les principales rou'.Utres
& traverfées de lignes noires : le tuyau
qui les coupe en longueur eft noir :
proche de leurs extrémités elles font
couvertes de taches noires , grandes
QUE <? 43
Se larges , mais roufTes par le bout, La
femelle a encore le col Se la poitrine
femés de taches étroites Se longues ,
qui defeendent en bas. Les jamb;s 8c
les pieds font jaunes , les ongles moins
crochus que ceux du mâle , cependant
un peu courbés , Se très -noirs.
. 11 y a eu des perfonnes , qui ont
drelfés des Quercerelles au vol du Mer-
le Se du Moineau. Cette chafii n'eft
cependant pas en ufàge dans la Fau-
connerie. Turnerus dit que la
Quercerelle nourrit long-temps Ces pe-
tits , quoiqu'ils volent , en attendant
qu'ils puiflent vivre de leur chaffe. On
dit que cet oifeau a beaucoup de fym-
pathie avec l'homme. Lorfque la fe-
melle s'éloigne Se s'abfente du mâle,
il en conçoit une douleur fi grande ,
qu'il fait des cris Se des plaintes conti-
nuelles. La Qucrcerelle eft appellée par
Aristote Se par Pline très-féconde,
parcequ'elle produit quatre petits, con-
tre l'ordinaire de tous les autres oifeaux
de proie, Elle fait quelquefois fon nid
dans le creux des arbres , auffi bien
que dans les tours. Plufieurs Hifto-
rîens foutiennent qu'elle boit point.
Aristote veut le contraire.
QU EREIVA, oifeau du Bréfil,
dont toute la poitrine eft d'un tres-
beau rouge. Les ailes font noires , Se
le refte du corps eft d'un beau bleu
céiefte. Les Sauvages en font très-
grand cas , dit R U ï S G H ( de Avïb.
p. 125.), à caufe de la beauté de fon
plumage.
QUETELE, nom qu'on donne
dans le Royaume de Congo à la Pin-
tade , dit Marc Grave. Voyez
PINTADE.
QL'ETPATEO , Lézard du
Bréfil , dit Se b a , qui a la queue
formée par anneaux Se garnie de poin-
tes. Le deffus du corps , les cui les Se
les pattes font revêtues d'écaUles uni-
formes d'un gris clair. Le front eft garni
d'écaillés plus grandes Se blanchâtres.
Le fommet de la têt % eft couvert de
très-petites écailles , que d'autres plus
M m m m ij
44 QUE
grandes environnent. Le bord des oreil-
les eft d'un bai brun. Ce Lézard a de
remarquable un collier noir , placé fur
la nuque du col , & divifé dans le mi-
lieu. Toute fa queue efl très-pointue
& très-mince à l'extrémité , & munie
d'écaillés larges, piquantes, quifem-
blent être formées d'une corne dure.
Thef.L Tab. 97. n. 4.
QUETZ ALTOTOL T, ou
OISEAU DE PLUMES du
Mexique. Ray (Synop.Av. p. 1^7.)
& RuïSCH ( deAvib.p. 121.) qui ont
COplé NlEREMBERG , difent qu'il
eft hupé & qu'il eft couvert de plu-
mes , qui pour la plupart égalent la
beauté de celLe du Paon. Il eft de la
grandeur d'une Pie ou d'un Pigeon.
Son bec eft courbé Se de couleur rouffe :.
fes pieds approchent un peu de cette
couleur. Sa queue eft garnie de plu-
fieurs longues plumes d'un verd clair,
8c couleur de Paon, femblables pour
la forme à des feuilles de Glayeul: les
autres qui font couvertes font noires par
d'eflus Se par defious : elles reflcaiblent
à celles du Paon, Se celles du mllieur
tirentfnrle verd, La hupe de cet oifeau
etl compofée de plumes très-belles Se
luifantes. Il a la poitrine Se le bas du
col rouges , Se le haut comme le Paon.
Son dos eft couvert des mêmes plu-
mes , ainfi que les endroits qui font
fous les ailes Se entre les cuifles ; mais
ces plumes font fines & molles Se d'une
couleur plus cLaîre, Celles des ailes
font très -longues. Elles finiffent en
pointe: leur couleur eft un verd clair.
Les- petites plumes qui couvrent les
épaules font vertes celles de deftous
font noires : celles qui font entre les
ailes, font un peu courbées Se de la
couleur des ongles del'aifeau.
Ces oifeaux vivent dans la Province
de Tecolotlan , au-deU de Qauhtema-
1-an » vers les Hunduras. Ils aiment les
Beux expofés au foleil,. Se onn'enpeut
apprivoifer ni élever en cage. Ils fe
nourrirent de V erraiffeaux Se de cer-
tains fruits fauv âges 3 que les babkans
QUE
du Mexique nomment Mazatîl. ïfs
fout des trous aux arbres 8e ils élèvent
leurs petits dans ces trous. Ils ont un
cri à-peu-près femblable à celui que
font les Perroquets. Trois fois par
jour , le matin , le midi & au foleil
couchant on les entend fiffler d'un ton
fort vif Ils volent en troupe. Les plu-
mes de ces oifeaux font plus eftimées
que l'or. Les plus longues fervent à
faire des aigrettes , les autres à faire
d'autres ouvrages. On a foin de n'en pas
tuer. On tâche de les prendre vivans
pour avoir leurs plumes. Cette efpece
de chaffe n'eft permife qu'aux Riches
du pays. Quand ils ont de ces oifeaux
fur leurs terres, ils les regardent com-
me un bien qu'ils font pafièr à leurs
héritiers. Hernandez a décrit la
chaife de ces oifeaux. On la trouve auflï
dans l'sippendix de {'Ornithologie de
WlLLUGHBï.
QUEUE BLANCHE, nom
d'un oifeau , qui eft une efpece de
Tygargui. Il a tout le champ de for*
plumage d'une couleur qui tire entre
le blanc & le cendré. Les extrémités
de fan vol font noires , Se le ventre ,
le croupion & le deffus de la queue
entièrement blancs , fans aucune tache,.
Quand il vole il reffemble à un Héron
volant : le battement de fes mahutes'
eft tout femblable. Lorfque ce batte-
ment ceife , il vole en planant Se noa
comme les oifeaux de proie., qui élè-
vent leurs têtes en volant 1 celui-ci
ne regarde que la terre. Il vole plus,
au lever Se au coucher du foleil qu'ea
aucun autre temps. Cet oifeau prend!
des Poules, des Perdrix, des Lapins,,
des Lièvres Se il fréquente le bord des
bois.
Il eft fait mention dans B e l o nt
d'une autre efpece , nommée auflî
Queue blanche , qui a le vol très-léger*
Le champ du plumage eft le même
que celui du Milan Royal. Vovez
AIGLE PYG ARGUS Sclemot
PY G ARGUS.
QUEUE ROUGE,. nom d'un
Q U F QUI
eïfeau nommé Cauda Rojfa en Italien »
parcequ'il a cette partie d'un rouge
très - éclatant. Pour l'ordinaire il fré-
quente les montagnes efcarpées de
rochers , de précipices 8c d'écueils : il
y fait fbn nid. Son plumage eft très-
agréable à voir , & il chante parfaite-
ment bien. Ceux qui en nourriflent
dans les cages , lui donnent comme
aux Roffignols de la pâte 8c du cœur
haché. On ne voit point de ces oifeaux
en France. On en trouve en Italie ,
dans le pays des montagnes. Il y en a
de trois fortes. Celui dont nous par-
lons a le chant le plus agréable. Le
mâle a la poitrine rouge r Se ces oifeaux
vivent jufqu'à huit ans.
Q U F
QUFONSU, ouQFONSU:
C'eft un oifeau que le Diblionnaire de
Trévoux appelle Qjtfonjoo , 8c qui fe
rrouve dans le Royaume de Quoja ,.
pays des Noirs. Il a le corps noir , &
te col blanc ; il eft gros à-peH-près
comme un Corbeau : fon nid , qu'il fait'
fur les arbres , eft' compofé de ronces'
8c d'argille. Les Nègres racontent que
lorique les petits font prêts à éclorre ,
îa femelle arrache fes plumes pour les
couvrir , 8c que le mâle commence
alors à les nourrir jufqu'à ce qu'ils
foient en état de fe pourvoir eux-
mêmes de nourriture , 8c que les plu-
mes foient revenues à la mere.
Q U I
QUICK-HATCH, ou¥OL-
N E R E N N E : C'eft un animal qui
fe trouve dans le pays de la Baye
d'Hudfon. Il eft tris-extraordinaire 8c
de la grofteur d'un grand Loup. Il
a le mufeau noir par en haut Se par en
bas , jufqu'au-deifous des yeux. Le
deflus de la tête eft blanchâtre : les
yeux font noirs ; la gorge & le bas
du col font blancs , tachetés de noir.
Cet animal a les oreilles petites Se
ïondes, & tout le corps d'un brun rou~
geâtre qui eft foncé du côté des- épau-
QUI *f 4 $
les, & plus clair fur le dos & aux cô- 1
tés. Le poil de tout le corps eft allez
long , mais il n'eft gueres épais. Les
pattes font couvertes de petits poita
noirs jufqu'à la première jointure ;
mais les cuiifes font brunes Se les on-
gles d'une couleur claire. La queue-
eft brune jufques vers la pointe , quf
eft plus épaiïTe , touffue 8c noire. Cet
animal porte fa tête fort bas en mar-
chant, 3c fon dos paroît toujours voû-
té. Lorfqu'il eft attaqué il fe défend
vigoureufement &c avec opiniâtreté ,
8c on prétend qu'il a l'adrefle de caffér
8c de déchirer en mille morceaux les
trapes Se autres efpeces de pièges qu'on-
lui tend.
QUIJUBATUI , efpece de
Perroquet du' Bréfil , dit M a r C
Grave, de la grandeur d'un autre?
nommé Titjapara. Il eft de couleur
fauve , mais les extrémités de fes aiie3
font d'un verd obfcur. Il a le bec gris
& les cuiffes de couleur incarnat, Ray
( Synop. Av. p. 3 5 . ) , & R u y s c h ( de
Avib. p. 142. ) parlent de cet oifeau.
QUILITOTON, autre efpece
de Perroquet de la Nouvelle Efpagne
dont parlent HernAndez , Ximenès r
Clusius S; Nuremberg. Cetoifeau>
dit Ruïsch (ibiâ. p. 1 5:3 . > , eft tout
verd, U a fur le front une marque
blanche. Son bec eft blanc 8c fes pieds
font noirs. Il imite la voix humaine. Il-
vole en troupe avec les oifeaux de
fon genre , fe perche au haut des ar-
bres Se y fait fon nid, Cette efpece da
Perroquet n'eft pas plus grande qu'une
Alouette,
QUINCAJOU , animal de
l'Amérique , qui approche du Chat;
Il a le poil rouge 8c brun & la queue;
fi longue , qu'en la relevant il en fais
deux ou trois tours fur fon dos, Ses
griffes font' fortes. Il s'en fert pour
monter furies arbres , & fe couchant
tout de fon long fur une branche, ii
attend , dit Denis dans fon Dittisn-
nairede l'Amérique, que quelque Orî—
gnacpaffe pour fe jener fur lui. Quaaii-
Q u ï
L'Origfjac fefit le Qjdncajou fur fon dos ,
il court vîce fe jetter dans l'eau, &
auiïi-tôt le Quincajou qui hait cet élé-
ment, quitte prife Se faute à terre.
QUI RAT AN G A , oifeau du
Bréfil, d'une médiocre grandeur , qui
eft tout blanc. lia la voix fi forte , que
comme une cloche on l'entend prefque
d'une demi-lieue , dit R u y s c h , ttid.
P ' QUIRAQUEREA , autre
oifeau du Bréfil , qui , félon le même
Auteur { ibid. p. 1 3 8. ), eft de la gran-
deur d'une Alouette ; mais parcequ'il
a de longues ailes Se une queue beau-
coup plus longue , il paroît plus grand.
Sa tête eft large & aftez grande. Il a
les yeux grands & noirs , un petit bec
fait en triangle , crochu par en haut.
Sa bouche eft large , Se très-large à
proportion de fon bec. A chaque extré-
mité de la partie fupérieure du bec,
des deux côtés , il a environ dix ou
douze filets, gros comme des poils de
Porc , qui font étendus en devant &
aux côtés. Son corps n'eft pas long ,
mais il eft prefque rond. Cet oifeau
a quatre doigts aux pieds. Celui du
milieu eft plus long que les autres »
Se eft garni d'un ongle dentelé com-
me un peigne. Ses ailes ont un demi-
pied de longueur , Se fa queue huit
doif-ts : cette queue a fes deux der-
nières plumes plus longues que les
autres. Les plumes de cet oifeau font
d'un brun tirant fur le cendré , avec
des taches d'un fauve obfcur , ou blan-
ches, lia de plus, autour du col, un
collier de couleur d'or obfcure. Ses
jambes font cendrées ou brunes. Les
doigts de fes pieds fe tiennent par une
petite membrane , qui n'eft pas fi gran-
de que celle des Canards ^ car ce n'eft
pas un oifeau aquatique.
Q U I R AT 1 N G A , oifeau aqua-
tique du Bréfil , dont parle N 1 e-
r emberg { Hifl. Exot- L.X.C.7,%,),
Ï-iAET ( Itid. Occident. L. XV. c. 13.),
Ruïsck (de Avib. p. 15c), & les
autres. 11 eft de la grandeur de la
QUI Q U O
Grue. Ses plumes font blanches. Son
bec long Se pointu eft de couleur de
fafran. Ses jambes font longues , Se
d'un rouge tirant fur le fauve. Son
col eft couvert de plumes tres- fines
Se très-belles , qui ne le cèdent point 4
celles de l'Autruche.
QUIRATANGEIMA, au-
tre oifeau du Bréfil , un peu plus
grand qu'une Alouette. Son corps a
environ trois doigts de long , & fon
col un doigt & demi. Il a la tête peti-
te, le bec droit Se pointu , les doigts
longs , les jambes Se les pieds comme
font ceux des autres oifeaux. 11 a la
queue droite ; elle eft longue de qua-
tre doigts. La couleur de fon bec eft
noire , excepté la partie inférieure ,
où il y a du brun. Sa tête eft très-
noire , ainfi que fon col , jufqu'au
commencement de la poitrine. La par-
tie fupérieure du col , depuis la tête
jufques proche le commencement du
dos , eft de couleur de bleu célefte.
Au commencement du dos , il a une
tache blanche , qui s'étend jufqu'aux
ailes , & ces ailes font d'un très-beau
noir : au milieu il y a en longueur une
tache blanche , longue d'un doigt Se
demi. La queue eft toute noire. Le
refte du corps eft: de couleur de bleu
célefte. Les jambes font d'un bleu
clair. Les yeux ont la prunelle tirant
fur le noir , Se d'un blanc un peu fau-
ve. Cet oifeau niche au haut des ar-
bres, auxquels on donne dans le pays
le nom d' Acaya. , tk il fait auffi très-
volontiers fa demeure aftez proche des
habitations. Son nid eft de figure cy-
lindrique. Il eft compofé de brouflail-
les , Se ce nid pend à l'extrémité des
branches. Son cri eft prefque fembla-
ble à celui de la Pie. Voyez Ruysch,
de Avib. p. 132.
Q U O
Q U O G G E L O : C'efl: un Lézard
des plus remarquables de la côte d'Or.
Sa longueur eft d'environ huit pieds ;
mais fa queue feule en prend plus de
QUO
quatre. Les écailles de ce Quadrupède
reiTemblent aux feuilles d'Artichaux ;
mais elles font plus pointues , fort fer-
rées Se fi dures , qu'elles peuvent le
défendre contre les attaques des autres
bêtes. Ses principaux ennemis font les
Tigres & les Léopards. Ils le pourfuî-
vent , Se fa légèreté n'eft pas fi gran-
de qu'ils ayent beaucoup de peine à
l'atteindre ; maïs il fe roule alors dans
fa cotte de maille , qui le rend invul-
nérable. Les Nègres le tuent par la tê-
te, vendent fa peau aux Européens ,
dont ils font un grand commerce , Se
mangent fa chair , qui eft blanche & de
QUO
bon goût. Cet animal vit de Fourmis
& fe fert pour les prendre de fa lan-
gue , qui eft extrêmement longue Se
gluante. Suivant De s marchais 9
c'eft une créature douce & tranquille
qui n'eft pas capable de nuire. Dapper
afTure le contraire. Selon ce Voyageur ,
c'eft une bête de proie , qui reflemble
beaucoup au Crocodile. Ses écailles
bleffent dangereufement les hommes ;
mais elles ne lui fervent qu'à fe dé-
fendre contre les autres créatures. lia
fept ou huit pieds de long. Uiftoire
Gén. des Voyages , Tome XIV- L, IX,
p. 188. Edit. in-ix.
64$
R A B RAC RAD
R A E RAF
RABEKES: C'eft une ef-
pece de Héron gris de rifle
de Mayo en Afrique , dont la
.chair eft fort bonne , dïfent les Voya-
geurs. Hifi. Gén. des Voyages , Edit.
én-iî, p. 1^9-
RAC
RAC, Coquillage operculé., qua-
trième efpece de Buccin , de la côte
du Sénégal , dont M. AdansoN a
donné la figure à la Planche X. n. 4;
•de fon Hiftotre des Coquillages du Séné-
gal. Sa coquille, dit-il, p. 150. eft
plus rare encore que celle du Nijot ,
( autre efpece du même genre) , dont
elle ne paroît qu'une variété. Elle a
les fpires un peu renflées , avec quel-
ques canelures parallèles à la lon-
gueur de fa coquille & fans tubercu-
les. Sa couleur eft brune.
RAD
RADIEUX, poiflon des Indes
Orientales , qui tire fon nom , félon
le rapport de R u Y s c H ( Colled. Pifc.
Amb. p. 38. ». 18. Ta h. 10. ) , des
rayons qui fortent de fes yeux. Ces
rayons y forment des taches d'un rou-
ge obfcur. U eft armé d'aiguillons fur
Je dos , dont les nageoires font ron-
des : celles du ventre ne le font pas.
Sa couleur eft bleue , mêlée de larges
lignes rouges. Les habitans d'Amboi-
ne s'en nourriflent ; mais la plupart
n'en font point de cas.
RADIS, nom donné à une efpe-
ce de Coquillage du genre des Con-
ques fphêriqtiet , ou Tonnes, qui eft de
la clafle des Univalves, dont la co-
quille allongée en queue recourbée ,
de même que les couleurs , imitent le
naturel d'un Radis. Voyez au mot
RAEVENBECK, ouPOlS-
5 O N à bec de Corbeau, nommé en
Latin Coracorhynchus , & dont parle
N 1 e u h o F f. C'eft un poiuon des
Indes , dit R A ï.
RAF
R A F E L, nom donné par M.
Adanson ( Hifi. des Coquillages
du Sénégal, p. 5©.), à un Coquillage
de la côte du Sénégal , du genre de la
Vis , en Latin Terebra. On le trouve
fur la côte maritime de l'Anfe de Bea.
Il eft figuré à la- Planche IV. ». 2. de
l'Ouvrage de l'Auteur. Sa coquille ,
dit-il , a la même forme Se la même
couleur que la première efpece de ce
genre , qu'il nomme Miran s mais elle
eft plus épaifTe Se plus allongée. Elle
a un pouce & demi de longueur , Se
une fois Se demie moins de largeur.
Ses fpires font au nombre de onze ,
prefque applaties , renflées feulement
dans leur partie inférieure , dans l'en-
droit où elles fe joignent les unes aux
autres. Elles font toutes coupées par
fept ou huit petits filions , qui en font
le tour parallèlement à leur longueur.
Ces filions font croifés par d'autres
filions plus petits , qui les coupent à
,anglee droits , en fuivant la longueur
de la coquille. Les deux premières fpi-
res d'en haut font ordinairement lif-
fes , unies , Se fans aucun de ces filions
dans les vieilles coquilles. L'ouver-
ture eft une fois 8c demie plus courte
que le fommet La lèvre gauche eft
relevée de quatre ou cinq plis , dont
le plus élevé eft le plus confidérable.
L'animal, ajoute l'Auteur, eft parfai-
tement femblable au Miran.
11 range fous le nom de Bafel le
Bucçimtm breyiruflrum , claviculâ ttntd
6 produdâ > Uvï , lama qiiâdam ad
imam.
RAf R A G RAI
imum quemque orbem eleganter firiata
diftinllum , de Lister , Hiji. Conchyl.
Tab.pjj.fig. 34. & de M. Klein,
lent. p. 3 •y.fpcc. 1 .
Le Turbo apertus,canaliculatus , obli-
qué incurvatus , flriatus , de Langi us ,
Me th. p. 4 6.
KAFRAÎCHISSEUR:
Goedard( Part. 1. Exp. y o. ) don-
ne ce nom à un petit Ver , qui fe trou-
ve dans le cœur d'un fruit , nommé
Gui, ou Pommes hémorrhoïdales , parce-
qu'elles font fouveraines contre la
douleur des hémorrhoides. Si ce fruit
efl rafraîchiffant , cela vient , dit-on ,
du Ver , qu'on trouve dans le cœur
de ce fruit , qu'il faut , pour l'y trou-
ver , cueillir vers le 1 6 Octobre, Ce
Ver, dit Goedard , vers le 1 3 , le
14, ou le 1 y Juin , de vient une belle
Mouche , & il ajoute que quand le
Ver eft hors du fruit , le fruit n'a plus
la propriété de rafraîchir.
R A G
RAGOT , Sanglier qui a deux
ans , Se qui fort de compagnie. Voyez
SANGLIER.
RAGUAHIL, ou EBAMA-
R I , nom que les Ethiopiens donnent
au Dromadaire. Voyez au mot DRO-
MADAIRE.
R A I
RAIE, ou RAYE, forte de
poiffbn plat , large & cartilagineux ,
ex génère Pifcis chondropterygiorum ,
félon Artedi, Ichth, Part. V. p. 99.
R a y ( Synop. Meth. Fifo. p. 2 y. ) ,
Rondelet(L. XIL p. 26 9 . &fuiv.
Edit. Franf. ) , Se tous les Icnthyolo-
gues en parlent. Le premier de ces
Auteurs fait connoître dix efpeces de
Raies, Ray en défigne quinze, Se
Rondelet dixr-huit. En général
la Raie eft le Butos des Grecs , mot
qui fignifie en Latin Rubus , & en
François Ronce , à caufe que la Raie
comme la Ronce a des pïquans. Les
L atins , comme Pline, ont traduit
Tems III.
RAI 6*49
le Grec b«tsç par Raia, dontnous avons
fait celui de Raie. Les Grecs , dit
R o ndelet, donnoient le nom de
Ba-rof à la Raie mile , 8c celui de BatT-if
à la femelle. Les Raies font despoif-
fons plats , cartilagineux , 8c fans na-
geoires , car ils nagent fur leur lar-
geur , Se ils ont despiquans à la queue.
Les efpeces d'ailes ou de nageoires
qu'elles ont à la queue ne fervent qu'à
diriger leur route. Toutes les Raies
ont devantles yeux une taie , nommée
en Latin nebula , 8c proche des yeux
de grands trous , qui font ouverts
quand la bouche eft ouverte , 8c ils
font prefque fermés quand la bouche
l'eft auffi. Devant la bouche , au lieu
de narines , elles ont d'autres trous. Il
y a des Raies qui ont des dents , 8c
d'autres qui n'en ont point: elles ont en
la place un os âpre. Toutes les diffé-
rentes efpeces de Raies ont les ouies
découvertes en la partie de deffous :
elles diiférent entr'elles par les aiguil-
lons ; les unes en font armées deffus
8c deffous ; les autres deffus feulement ,
& d'autres deffous le mufeau : il y en
a qui n'ont des aiguillons qu'à la queue.
Quelques efpeces ont trois rangs d'ai-
guillons , Se d'autres n'en ont qu'un.
Les aiguillons de quelques-unes font
foibles 8c moux ; ceux de quelques
autres font forts Se fermes. Quelques
efpeces ont des aiguillons longs &
minces ; quelques autres les ont petits
Se d'autres moyens. Prefque tous les
aiguillons ont leur pointe tournée vers
la queue : les plus longs font tournés
vers la tête. Le foie de quelques Raies
eft plus rouge, 8c d'autres l'ont plus
jaune : la bourfe du fiel y eft attachée.
La rate eft dans l'entortillure de
l'eftomac ; les boyaux font gros au
commencement , & étroits au bout.
Les Anciens n'ont connu que trois ef-
peces de Raies , l'une nommée fim-
plemcnt Raie , en Latin Raia j l'autre
Raie lijfe fans aiguillons , Raia lavis ;
8c la troifieme la Raie étoiiée , ou mar~
quée d'étoiles , Raia afierias. 11 y en»
Nnntt
6$o RAI
plufîeurs autres efpeces , comme on le
verra ci-après. Les Raies font fort fé-
condes & très-communes , parcequ'il
n'y a prefque point de pofflon , ex-
cepté la Lamie , qui ait la gueule afTez
grande pour les dévorer. Déplus leurs
aiguillons font auffi qu'aucun poifTon
n'afe en approcher. Les Raies femelles
ont beaucoup d'oeufs. Elles n'en dé-
pofent qu'un ou deux à la fois ; ceux
qui fortenr font couverts d'une coque
qu'ils acquièrent quand ils font def-
cendus dans la matrice; les autres font
au-defius de la matrice , Se comme
dans le corps des Poules : ils fe dé-
tachent les uns après les autres pour
acquérir leur dernière perfection , qui
eft de fe revêtir d'une coque. Cette
coque , aïnfi que l'a décrite A R i s-
tote, eft quarrée comme un oreiller ,
les coins font longs , 8c d'un côté
plus que de l'autre. Voilà ce que dit
Rondelet en général des Raies.
Paffons maintenant aux différentes ef-
peces.
RAIE LIS SE, nommée en Grec
AuiSxTce y félon A r i s t o te ( L. II:
c 1 5. ,& L. VI. c. 11.}, en Latin Raia
lavis , en Eipagnol Leuda , en Lan-
guedoc Fumât Se Fumando , dit Ron-
delet, Ce poilfon a la peau lîfTe ,
& deuK grandes nageoires : il y a des
aiguillons près des yeux , un de cha-
que côté ; la ligne du milieu du dos eft,
pareillement garnie de ces aiguillons ,
lefquels font petits Se clair-femés , Se
àla queue il y en a trois rangs: il y en a
auffi quelques-uns en deffous près de
la bouche qui font recourbés Se pla-
cés à propos pour retenir les poiffons
dont cette Raie veut faire fa proie ,
à ce que croit Rondelet, parce-
qu'elle a peu d'aiguillons & qu'ils font
petits en compaiâifon de ceux des
autres efpeces de Raies : on l'appelle
Raie liffi. Son mufeau eft un cartilage
tendre 8c tranfparent Se de moyenne
longueur. Ce poiiîon , comme les au-
tres Raies , regarde de côté. La taie
des yeux fort d'en bas : elle eft dé-
R A I
coupée à l'entour , 8c elle couvre toute
la prunelle quand on prefte l'œil par
le bas. Les trous d'auprès des yeux
font aOez grands pour y mettre le doigt.
La bouche eft placée en deffous ; elle
eft garnie d'os durs au lieu de^dents.
De chaque côté font les ouies , fuit
un cartilage , auquel eft attaché le
diaphragme pour féparerles ouies avec
le cecur , de l'eftomac , du foie , Se
des autres parties deftinées pour la
nourriture. Cette Raie a le foie dur;
la bourfe du fiel y eft attachée. Toutes*
les efpeces -de Raies fentent le fauva-
gin , Se une mauvaife odeur de mer.
Cette odeur fe perd en les gardant
quelque temps. On fait que la Raie
transportée eft meilleure , que celle
que l'on mange fur les bords de la mer.
La chair' en eft dure Se de difficile di-
geftion ; mais elle eft meilleure en hi-
ver qu'en été. Le foie de ce poîlTon
paffe pour un mets délicat. On en fait
cas en France c'eft-à-dire dans les
Provinces intérieures , mais peu fur
les côtes de la mer. En Angleterre
8c en Hollande la Raie n'eft point dir
toyt eftimée.
RAIE ONDÉE, ou CEN-
DRÉE, nommée en Latin Raia U-
vts uriàidata , feu cinerea. Aristote
( Hifi. Anim. L. L c. 5. L.II c. 15.
L. V. c. 5. L, VI. c. 10. & es. L,
VIII. a 15. L. IX. c. 37. ), Élien
(L. XVI. c, 13. p. pu.) , Oppieîc
( L. L p. 5. & L. II. p. 60. ) ; &
Athénée { L. VII. p. 285. ) , en par-
lent fous le nom de BaVof , Se innom-
ment la femelle b<*t«. Les AngloiV
lui donnent le nom de Skate ou de
Flaire. Cette Raie n'a pas le corps
enlofange, comme les autres efpeces
de Raies , mais plus rond ou plus
ovale. Elle a une ligne au milieu du
dos garnie de quelques aiguillons : elle
en a autour des yeux , Se trois rangs
à la queue. Ces aiguillons font glus?
grands Si plus épais que ceux de la
Raie précédente. Elle lui refïemble par
la bouche , par les yeux , par les trous r
RAI
jpar les ouïes , & par les parties in-
térieures. Ce qui la diftingue , c'eft
qu'elle eft cendrée 8c marquée de plu-
sieurs traits ondés. Quelques-uns, dit
Ro N D E L ET (L. XII. C. 5. p. 275. )
la nomme Coliart : c'eft une des gran-
des efpeces de Raies. R A y C Synop.
Metb. Pifc. p. 25. ) , marque qu'il y en
a qui pefent jufqu'à deux cens livres.
Les taches qu'elle a en grande quan-
tité fur fa peau cendrée , font noires.
Les Naturaliftes l'ont nomm'ée com-
me la précédente , Raia lavis. Ce n'eft
pasqu'elle n'ait point d'aiguillons ; elle
en a en petite quantité:le nom de B« toç,
que les Grecs lui donnent , convient
à toutes les Raies qui font armées d'ai-
guillons , ou de piquans , femblables
à ceux des Ronces, Artedi( Icbtb.
Part. V. p. 102.) nomme cette efpece
de Raie , Raia varia , dorfo medio gla-
bro , unico aculeorum ordine in caudà.
Les mêmes Auteurs cités à l'article
précédent parlent auffi. de cette forte
de Raie.
RAIE AU LONG BEC:
Cette troifîeme efpece de Raie lijfe
eft celle que les Grecs ont nommée
Ô<zùouyx a v > c'eft-à-dire, Raie au bec
pointu ; ce qui fait , dit Rondelet
( p, 274. ) , qu'on la nomme en Lan-
guedoc Alêne , en Italien Perofa raja »
quelques-uns l'appellent Sot,8c les au-
tres Giïioro. Elle a fur la peau des
taches pareilles à une Lentille , d'où,
lui eft venu en Languedoc le nom de
Lentillade; elle après des yeux qua-
tre aiguillons , Se fa queue eft garnie
de trois rangs de ces aiguillons , lef-
quels font inégaux entr'eux ; elle a
des dents placées au milieu , c'eft-à-
dïre au-devant de la mâchoire. Cette
efpece de Raie a le dos brun , le ventre
blanc , Se elle eft moins grande que
la Pafiertaque. Ray ( p. %6. ». J. )
dit en avoir vu qui pefoient dix li-
vres.
RAIE AU BEC POINTU:
C'eft une autre efpece d'Alêne , que
quelques-uns ont cru être le Bœuf
R A l g $l
marin des Anciens : elle devient fort
grande , & elle a de petites dents
qui fontfoibles & cachées: cequ'Op-
pien attribue au Bceuf marin, eft ce
qui fait , dit Rondelet, que quel-
ques-uns l'ont nommée Vache de mer*
& d'autres Flajfade > à caufe de fa
grandeur ; ce qui fignîfie couverture de
lit. Cette efpece de Raie a les na-
geoires fort grandes & étendues , le
tronc du corps étroit venant en pointe
vers la tête , & elle a feulement un
rang d'aiguillons à la queue. Ses au-
tres parties font comme celles de toutes
les Raies. Sa chair eft molle Se plus
agréable au goût que celle des autres ,
fur-tout quand elle eft vieille. Les Pê-
cheurs , dit R o N D e L e t ( p, 2j6. ) ,
la font fécher à la fumée & au foleil.
A r. t e D 1 ( Ichth. Part. V. p. ioi.
». 8. ) la nomme Raia varia tuberculis
dicem aculeatis in medio dorfi c'eft
le bSï d'A r 1 s t o t e ( L. V. c. 5.
& L. VL c. 12.), d'O p p 1 e n ( L.
I.p. 5. L. IL p. 3$.) , & d'É LIEN
{L.l.c. 19, p. 2 5.), le 2îo.r de Belon,
qui eft VOxyrynchos major de Ron-
delet. Cette efpece de Raie, comme
nous venons de le dire , n'a aucun ai-
guillon fur le dos.
RAIE LISSE, nommée Mi-
raîîlet. A r t e d i ( Part. V. p. 101.
». 7. } la nomme Raia dorfo , ventreque
glabris, aculeis ad oculos , ternoque eo~
rum ordine in caudà. Voyez MIR AIL-
LET.
RAIE E TOI LEE , nommée
en Latin Rma Stellata, ou Afleriar,
parcequ'elle a des étoiles fur le corps.
Sa tête eft plus femblable à la Pafte-
naque qu'aux autres Raies. Elis a des
aiguillons qui commencent tout près
de la tête & vont finir à la première
nageoire de la queue. Ce paillon fré-
quente la haute mer : on en voit peu
près des rivages, Rondelet dit
( p. 277.) que l'a chair eft plus te îdre ,
de meilleure digeftion , & de meilleure
nourriture que les autres Raies. Raï
( Synop. Metb. Pifc- p. 27.». ii.j,5c
N n n n ij
tf 5 i R A I
Gesner (de Aquat. p. 934. ) <3Î-
fent la même chofe de ce poifTon.
RAIE PIQUANTE: Ron-
delet (p. 278. ) la nomme Raia ocu-
lata , parcequ'elle a des figures d'yeux
fur les nageoires ou ailes : elle eft ar-
mée d'aiguillons à la tête, au dos ,
à la queue Se aux nageoires. Ceux de
la queue font plus grands , plus forts ,
& en plus grand nombre. Sa chaïr eft
dure & de mauvaife nourriture. Il y
a une [autre Raie piquante , dont je
vais parler.
RAIE PIQUANTE ETOILEE:
Cette Raie eft auuî nommée Ajfaf(4f*
dit Rondelet, p. 278. Elle
a fur les côtés Se fur la queue plu-
fieurs étoiles , & elle eft pleine d'ai-
guillons : il y en a entre les yeux plu-
îïeurs petits , deux grands à la ligne
du milieu du dos , Se la queue en eft
garnie de trois rangs de grands , par-
mi lefquels il s'en trouve plufieurs
petits placés çà Se là. Au lieu de dents
elle a des os durs & âpres dans la
bouche. Sa chair eft dure Se feche.
RAIE BOUCLÉE, en La-
tin Raia clavata : on la nomme en
Provence Clavelade, en Anglois Thorn-
back- Cette Raie , félon Rondelet
(p. 279. ) reflemble aux autres ef-
peces : elle a le bec plus court & moins
pointu. On l'a nommée bouclée , parce-
que fes aiguillons ont la figure de
clous , & Thornback en Anglois , par-
cequ'elle a un rang de piquans furie
dos , Se trois autres à la queue. Le foie
de cette efpece de Raie eft gras & dé-
licat. Rondelet penfe que c'eft
l'Aigle de mer des Anciens , parce-
quela peau du dos eft noire, que fes
aiguillons font courbés comme les on-
gles de l'Aigle ; que fes nageoires font
étendues comme les ailes de l'Aigle.
.Mais Artedi (Part. V. p. 99. ». 2.
p. 100. n. 5. ) diftingue la Raie bouclée
de V Aigle de mer. Il nomme la Raie
bouclée , Raia aculeata,dentibus tuber-*
culofis y cartilagine tranfverj â in ventre ;
Se V 'Aigle de mej eftappellée Raia cor-
R A ï
poregîabro , aculeo longo ferrato in catt~
dâ pinnatâ. Voyez AIGLE DE
M ÈR. Les Anglois ont deux efpeces
de Raies bouclées , dit R a ï , p. 26,
n. 2.
Il y a une autre efpece de Raie bou-
cîêe y qu'on appelle Ronce en Langue-
doc , dit Rondelet (p. 281.,):
elle diffère de la précédente , en ce
qu'elle a le mufeau plus pointu , Se
qu'il n'y a point d'aiguillons. Aux
côtés elle a huit arêtes , ce que n'onï
pas toutes les autres Raies. Son dos
eft armé de quatre aiguillons. La cou-
leur de ce poiffon eft cendrée , la chair
eft dure Se fent le fauvagin. Ray
(p. 7.6. n. 4.) , & G es n e r (de Aquat.
p. 930".) difent la même chofe de cette
Raie bouclée.
Autre RAIE PIQUANTE: Cette
efpece de Raie eft la Raia afpera de
R a ï (p. 27, n. 7. ) & de Gesne a
( de Aquat. p. 937. )• Elle eft nommée
piquante, parcequ'elle a les nageoires
toutes femées Se pleines de petits
aiguillons : cette Raye n'en a point au
-corps ; mais il y en a trois rangs fur la
queue qui font grands Se forts. Son
mufeau eft pointu , Se fa chair eft dure
8c de mauvais fuc.
RAIE, nommée Fullonica. Cette
efpece de Raie eft ainfi nommée par-
ceque fes nageoires , fon corps , fa
tête Se fa queue , font garnis d'aiguil-
lons , Se reffemblent à ces outils gar-
nis de pointes de fer , dont les Fou-
lons fë fervent pour apprêter leurs
draps. Son bec eft a(fez long 8c poin-
tu , 8c il y a trois rangs d'aiguillons
fur la queue. Rondele t (p. 283,
c. 1 6. ) parle de cette efpece de Raie ;
Se Artedi (ïcbth. Pan. V.p. toi.
n. 6. ) penfe que c'eft la même que
la Raia afpera nofiras\àç Willughbt
( p. 78. ) , & de Ray (p. 7.6. ). Il 1 3
nomme Raia toto dorfo aculeato , dn-
plici ordine aculeorum in caudâ , Jim-'
plicique ad oculos.
m RAIE CARDAI RE, en La-
tin Spinofa , ditRo N D e l e t , p. 281,
Rai
Cette efpece de Raie eft pleine d'ai-
guillons ou d'arêtes : elle a fur tout
le corps des pointes gui reffemblent
aux cardes dont on fe fert pour car-
der la laine • ce qui l'a fait nommer
Cardaire en Languedoc. Je ne vois
pas que d'autres Naturalises que Ron-
delet , ayent parlé de cette efpece
de Raie.
RAIE PIQUANTE dejfus&
defous. Cette Raie reffemble à la der-
nière , dit RoNDïLET(p, 284,),
excepté qu'elle a des piquans deffus
& deffous. On ne la peut toucher ni
la lever que par la pinnule de fa queue.
Cette Raie n'a point de dents dans la
bouche.
Les différentes efpeces de Torpilles
Se un autre poiffon plat » cartilagineux ,
nommé^w, font encore des efpeces
de Raies. Voyez aux mots TORPIL-
LE & ANGE.
On pêche à Marfeille une Raie bou-
clée , beaucoup plus , petite Se meil-
leure que les autres. La Raie fe nour-
rit de petits poiffons Se habite dans les
lieux fangeux & bourbeux de la mer
proche des rivages.
Il y en a d'une grandeur prodi-
gîeufe aux lues de l'Amérique. Celle
qui fut prife à Saint Chriftophe en,
1634. en eft une preuve. Ayant été
vue en mer , à une portée de mouf-
quet du rivage , on y envoya deux
chaloupes avec quinze ou vingt hom-
mes dans chacune : elle fut frappée
de plufieurs harpons tout à la fois »
& malgré les efforts que firent tous
ceux qui étoient dans ces deux cha-
loupes > elle les entraîna fi loin dans
la mer, qu'ils perdirent prefquel'ef-
pérance de s'en rendre maîtres. Après
qu'elle eut perdu tout fon fang elle
lut amenée à terre. Sa grandeur étoit
de douze pieds depuis la tête jufqu'à
la queue Se de dix pieds , depuis un.
aileron jufqu'à l'autre. Elle fè trouva
fi dure que perfonnen'en put manger.
On ne profita que de fon foie , qui
fut traîné par dix hommes ayee grande
R Aï 6-53
peine au lïeu où on en devoït faire la
partage.
Le Perè Lasat ( Tome VIIÎ. p.
373' ) parle d'une Raie prodigieufe
qui fut harponnée par les Nègres de
la Guadeloupe. Elleavoit douze pieds-
huit pouces de large par le travers du-
corps , neuf pieds- Se demi depuis la-
tête jufqu'à la naiffance de la queue ,
Se préside deux pieds d'épaiffeur dans
fon milieu. Sa queue avoit quinze pied»
de long , vingt pouces de large à fà-
naiffance , en diminuant infenfiblemerfc
jufqu'au bout, qui avoit un bon pouce
de diamètre. La peau étoit plus épaiffe
que le cuir d'un Bœuf Se parfemée
de mailles. On fe fervit de fon foie
pour faire de l'huile à brûler. Les
Nègres falerent les meilleurs mor-
ceaux de fa. chair , & ceux qui leur
parurent les moins durs. Les Raies K
que l'on prend ordinairement à la fenne
font fort petites , Se d'un pied de large,
Cela ne vient que de ce que l'on ne
pêche pas fi avant dans la mer , car-
ies filets dont on fé fert ne font bons
que pour prendre les poiffons qui vien-
nent à la côte, au lieu, dit l'Auteur,
que fi l'on avoit des Barques Si des
Tartanes de pêche , pour aller en haute
mer, comme en Europe , on auroit
du poiffon bien plus beau 8c bien plus
gros.
On trouve dans les Antilles une forte
de Raie fort particulière. Elle a le
goût du Porc , Se une queue longue
de trois pieds, Se quelquefois de qua-
tre. Cette queue eft toute noire , Se-
va toujours en s'amenuifant. Au haut-
de cette même queue font deux petite
dards en manière d'hameçon , dont la
piquûre eft mortelle ; mais pour en
guérir , il ne faut qu'appliquer deffus-
un morceau de la chair de ce poif-
fon. La cendre de la chair brûlée ^ Se
même celle du dardillon , mêlée avec
du vinaigre fait le même effet.
La Raie du Cap de Bonne-Efpé—
rance , dit K o L b e (Tome III. p. 13 o.)v
eft plate & large , & elle eft de Kêy
<?54 RAI
paifleur de trois quarts de pouce , ou
d'un pouce. Les Holiandois du Cap
la nomment Roch. Aux deux côtés
de la bouche elle a une grande tache
ronde qui jette de l'éclat comme le
verre : elle renemble à un œil ou à
un miroir. Son mufeau eft pointu Se
prefque rranfparent. La partie infé-
rieure efl: couverte d'une peau fort
mince. Ce poiflbn jette une grande
quantité de frai. Lorfque les œufs
viennent à leur perfection ils font tous
couverts d'une coquille cubique &
châtain. On trouve jufqu'à deux ou
trois cens œufs dans un fac d'une Raie
du Cap. Elle efl: fort dure & dediffi-
ciledigeftion , & même très-peu agréa- '
fele au palais. Ce poiflbn n'a point
d'arêtes ; il a feulement des cartilages.
Les Hottentots en prennent beaucoup
& les échangent avec les Européens
du Cap , contre les bagatelles dont ils
peuvent avoir befoïn.
La Raie à la côte d'Or eft un
poiflbn dont l'abondance égale la bon-
té. Il y en a beaucoup dans l'Ifle de
Madagafcar. Le long de la côte des
Abyfuns , félon ThevëNot, il y
a des Raies plus longues qu'un ba-
teau , & larges à proportion ; mais leur
peau efl: fi dure que le harpon n'y peut
mordre,
La Raie de Seram, dit R u y s e H.,
eft fort e (limée des habitans d'Am-
boine. Sa chair pour la délicatefle Se
le goût l'emporte far les Raies d'Eu-
rope. Les os cartilagineux qu'on y
trouve font beaucoup plus tendres , Se
on les mange. Ces Raies différent
des nôtres par la tête & par la queue.
Leur peau efl: fi dure Se fi bien mar-
brée , que les femmes du pays s'en
fervent pour couvrirleurnudité. Voyez
R tf y s c H ( Ccllecl. Pijc. Amb. p. 3 2.
Ta h. 17, n. t ) fur ces efpeces de Raies
des Indes Occidentales.
* Le Râle eft nommé en Grec dWvjo'/arp*,
ab ÔpTvç^ft /UTpt , id efl , Ccturnieum mater
Jeu matrlx. Cet oifeau eft appelle Crex en
Latin j à c.aufe de f a voix. On le nomme
RAI R A L
II y a , dit M. B a r r e R e (Hifi.
Nat.de la France Équin. p. 177.), cinq
efpeces différentes de Rates dans l'Ifle
de Cayenne.
La première efl la Raie Diable ,
qu'il nomme en Latin Raia maxim.it
circinata & cormtta. C'eft un poiffon
de mer monftrueux , long de plus de
vingt pieds ; il s'élance hors de l'eau
à une certaine hauteur , &: fe laiflant
omber tout-à-coup , il fait un bruit
épouvantable : il fe bat avec l'Efpa-
don.
La féconde efl la Raie bouclée , nom-
mée Jahdnrete au Bréfil , dît Marc
Grave , en Latin Raia minima .
clavata > caudâ longiffimâ.
La troifieme eft une Raie monf-
trueufe , nommée en Latin Raia om-
nium maxima , ore amplijjtmo.
La quatrième , nommée Raie Chau-
ve-Souris , en Latin Raia pïnnis trian-
gularibits , alas Vejpcrtïlionis referen-
tibus, eft le Narinari Pinirna du Bréfil «
dit Marc Grave.
La cinquième eft la Raie commune ,
nommée en Latin par l'Auteur Raia
vulgaris , lavis , edidis.
RAINE, & RAINETTE î
Rondelet {Part. II. p. r 6j, ) don-
ne le nom de Raine aux différentes ef-
peces de Grenouilles , Se celui de Rai-
nette à une petite Grenouille de terre
qui ne crie point, qui vit dans les ro-
feaux & dans les herbes : elle eft ve-
nimeufe, Si les Bœufs l'avalent en
paiffant , ils deviennent enflés. Pline
& Dioscoride parlent de cette ef-
pece de Grenouille. Voyez GRE-
NOUILLE.
R A L
RÂLE* , genre d'oîféau , dont
le caraélere eft d'avoir le bec fort .
ferré par les côtés , long d'un pouce,
d'avoir le doigt de derrière placé en
vulgairement en François Roi des Cailles ,
vulgà lUx Contriùcum. On l'appelle en Sué-
dois Aengfnaerpa ; en Angiois Daker-Hen , oa
Rail,
droite ligne vis-à-vis de celui du mi-
lieu de devant, Se d'avoir tous les doigts
longs , les ongles courts , Se les jam-
bes longues. M. LinnvEUsC Fauna
Suec. p. 55. n. 762. } met Se place le
Râle dans l'ordre des Aves Scolopa-
cê s, Se M. Klein en compofe le
treizième genre de la quatrième fa-
mille de fes oifeaux,
R a y ( Synop. Meth, Av. p. 5 8. ». S,
& 11 3. n. 2.) parle de deux efpeces
de Râles , du Râle terrefire , Se du Râle
aquatique. Beeon ( de la Nat. des
Oif. L. IV ch. 19. & 20. ) parle du
Râle noir , du Râle de Genêt , & d'une
Poulette d'eau , qui eft le plus grand
de tous les Râles. Celui-ci eft le Râle
aquatique. Le Diiliannaire de Trévoux
diftingue quatre efpeces de Râles, Le
Râle de Genêt , ainfi nommé de là fe-
mence de Genêt , qu'il mange ; le
Râle rouge , qui tire fur le roux , Se
qui vit dans les bois taillis ; le Râle
noir , dont le dos eft tout marqueté
de noir , Se le Râle d'eau , qui fré-
quente les eaux. M. Klein ( Ord.
Av. p. 1O-2,) parle du Râle terrefire,
du Râle aquatique , d'un' Râle cendré ,
qui eft de la figure d'une Mouette ,
d'un Râle terrefire de l'Amérique , d'un
Râle aquatique de Bengale , & d'une
autre efpece , dont Edward fait
mention.
Le Râle rouge , félon B E l o n ,■
diffère du Râle noir , non-feulement par
la couleur , mais auffi par le bec. Le
Râle- noir eft beaucoup plus commua
que le rouge. Le Râle eft un oifeau qui
court fi vite, qu'on dit proverbiale-
ment courir comme un Râle, Il fré-
quente le bord des ruifleaux ; c'eft-là
que les Payfans le prennent aux la-
cets ou aux filets. On le peut voler
à l'Épervïer. H n'a qu'un vol , Se il
eft auffi- tôt pris en pays découvert.
Ses jambes font courtes , comme les
oifeaux qui ont le pied plat. Il a les
articulations Se les doigts très-longs;
le doigt de derrière eft fort court. Son
plumage lè fait paroître beaucoup plus
R A L 6*52
gros qu'il n'eft. Cet oifeau eft charnu,
comme un Merle. Les plumes des
cuiffies ont des taches blanches , des
deux côtés en travers , fur une cou-
leur qui tire entre le noir Se le bleu.
Les plumes de deffous l'eftomae font
de même nuancées de noir Se de bleu.
Il a le defïùs du corps noir , marque-
té d'une couleur tannée. Son bec eft
long de deux doigts» grêle Se rouge
par defïus. Sa queue eft courte , com-
me tous les autres oifeaux de rivage»
qui ne nagent pas. Les Grecs l'ont
nommé c3pTo>-âjU«Tpoe>-en Latin Ortygo-
metra. Aristote( Hifi. Anim. L,
VII L c. 12 ) dit que le Râle eft le con-
ducteur des Cailles , lorfqu'elles par-
tent pour paner dans d'autres pays %
cependant, comme l'a remarqué Be-
LON, on voit dans l'hiver des Râles
noirs en France , Se en automne , temps
où ils font fort gras. La chair de ce-t
oifeau eft fort eftimée , Se elle eft à-
peu-près du même goût que celle de
la Poule d'eau. TuRNERUsdit que;
ce Râle noir eft le Crex d'A ristoi e,
Voyez CREX.
Il y a beaucoup de ces oifeaux en
Irlande , mais peu en Angleterre z-
cependant , au rapport de Ray, an
en voit dans la Province de Northum-
berland du côté du Nord. Aldr o--
van d E ( Ornith. L. XIII. c. 23, ) 5 <
f illuch b y (Ornith. 522./. 29.},-
Se Ray ( Synop. Meth. Av. p. 58. >
parlent de cet oifeau fous le nom
d'Ortygometra. M. Linn.ïus le nom-
me Ortygometra alis rufe-ferrugineif,
On appelle ordinairement cet oifeau 1
Roi des Cailles, dit M. Klein ,.mais
c'eft mal-à-propos qu'on le confond-
avec elles , n'y ayant entr'eux rien de
commun.
Le Râle de Genêt fait fa demeure dans
les Genêts. Il fréquente les Vignes Se;
les petits bois taillis. Il eft plus grand-
que le noir, dît Belon , de h, Nat,
des Oif. L. IV. c. 10. p. 214. H a î&
champ de fbn plumage de couleur
rougeâtre , tirant un peu fur le tous-
€}6 R A L
Se approchant de la couleur du Vau-
tour. Sa tête eft femblable à celle d'une
Perdrix grife , ou à celle d'un Poulet.
La couleur dominante fur fon corps
& fur fes ailes font la rouffe Se la rou-
geâtre. Il a les cuiffes couleur de châ-
tain, femées de taches blanches; les
jambes & les pieds comme le Râle noir.
Cet oifeau a quelque chofe de plus
friand & de plus délicat que la Per-
drix. IL eft le conducteur des Cailles,
quand elles entreprennent leur parta-
ge , & il va toujours le premier ; c'eft
ce qui fait que comme le précédent il
eft furnommé le Roi des Cailles. Belon
penfe que le Râle de Genêt eft la Fer-
dix Ruflicula des Romains ; car à le
voir, on diroït que c'eft proprement
une efpece de Perdrix champêtre. C'eft
peut - être auffi de cet oifeau dont
Martial a voulu parler dans les
deux vers fui y ans,
Rufllca fitm Terdix. Qutd refert fi fapor idem ?
Carior efi Terdix , fed fapit illa magis.
RÂLE AQUATIQUE, ou
le plus grand des RÂLES, ou
POULETTE D'EAU, félon
Selon , ihid. p. % 1 1 . Ce Natura-
lifte diftingue cet oifeau de la Poule
d'eau Se de la Macreufe , pareequ'il
ne nage pas fur l'eau Se qu'il ne s'y
plonge pas; fes pieds aulfi ne font-ils
pas plats, Se cependant il reffemble
à la Poule d'eau ; mais il eft beaucoup
.plus petit , Se îl eft plus gros qu'un
Râle. Il participe de l'un Se de l'autre.
BiLON a trouvé dans cet oifeau des
marques qui le d'iftînguent. Il n'a point
les membranes larges , comme la
Poule d'eau : fa queue eft plus longue.
Il a une tache fur le fommet de la tête ,
proche du bec , mais plus petite que
celle de la Poule d'eau. Le champ de
fon plumage approche pour la couleur
de celui du Râle terrefire, mais un peu
femblable à celui de la Poule d'eau.
Au premier afpeft on prendrait cet
oifeau pour un Râle ; mais en le con-
sidérant avec attention, on lui trouve
R A L
la paupière blanche par demis, ce quï
ne convient ni au Râle ni à la Poule
d'eau. Cet oifeau a deux plumes blan-
ches à la queue , une de chaque côté.
Le deffous de ia poitrine eft bleu , Se
le deffus du dos de couleur tannée. 11
y a de ces oifeaux qui font plus noirs
que les autres. Ils ont encore les plis
des ailes blancs , & une autre ligne
blanche le long de l'aileron , ce qui
provient de ce qu'une partie de la pre-
mière plume eft blanche le long du
tuyau. Cet oifeau fe nourrit comme
la Poule d'eau & le Râle. Sa chair eft
tendre. Il a le géfier gros , le foie petit »
les os tendres : les inteftins & les autres
parties intérieures font difpofés com-
me dans la Poule d'eau. On lui trou-
ve le même goût , 8c fa manière de
nicher & de nourrir fes petits eft com-
me celle du Râle. C'eft ainfi que Belon
parle de cet oifeau , qu'il nomme le
plus grand des Râles.
RÂLE TERRESTRE DE
L'A M É R I Q U E : Cet oifeau de-
vient fi gras , qu'il eft facile aux In-
diens d'en prendre. Sa chair pour la
bonté égale celle de l'Ortolan. Il a ,
dit C a t e S b y , p. 70. la forme , la
groiïeur & la relfemblance de notre
Râle noir. Il a tout le corps brun , le
deffous moins foncé que le deffus , Se
le bec Se les jambes bruns.
On trouve la defeription de trois
Râles d'eau dans la Nouvelle Hiftvire
des Oifeaux, gravée par Albin. Le
premier (Tome L n.jy.) eft nommé
Rail us aqua tiens en Latin , en Anglois
the JVater Rail. Le fécond { Tome l.
n. 88. ) , qui eft une efpece de Poule
d'eau , fpecies Fulictt , eft appellé en
Anglois the Wejel Coock.- Le troifieme
eft un Râle d'eau de Bengale , nommé
en Latin ( Tome 111. ». 90. ) , Rallus
aquatïcus Bengalenfis , en Anglois the
Bengali Water Rail. Voici la deferip-
tion de ces trois efpeces de Râles d'eau ,
telle qu'on la trouve dans l'Ouvrage
ci-deffus cité.
Le premier Râle d'eau eft un oifeau
qui
R A L
qui court fort vîte & qui fe cache fur
le bord des rivières. Il marche plutôt
qu'il rie nage dans l'eau. En volant il
tourne fes pattes par en bas. Les Vé-
nitiens l'appellent Fvrz,a?iJ , ou Porz.œ-
fia, nom qui eftaufû commun à d'au-
tres Poules d'eau. 11 reffemble à la
Poule d'eau ordinaire ; maïs il eft plus
petit Se plus grand qu'une Caille. Cet
oifeau a le corps mince , étroit , ou
reflerré.
L'Auteur dit que ce Râle a douze
pouces de longueur depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité de la queue ,
Si feize jufqu'à l'extrémité des griffes ,
Se quatorze Se demi de large , les ailes
étendues. La tête en eft petite, étroite
Se refTerrée de biais. Le bec reffemble
à celui du Héron étoile : il eft de deux
pouces de longueur , droit Se reff-rré
au li de biais : fa mâchoire inférieure
eft tout-à-fait rouge, Se la fupérieure
eit de même couleur à fa bafe , Se noi-
re vers la pointe , qui eft unie Se dure.
La langue eft de même longueur que
le bec , Se elle eft blanche Se inégale
à la pointe. Ce Râle a au front une ta-
che noire, ronde Se dégarnie de plu-
mes , mais beaucoup moindre que cel-
le de la Foulque : elle eft fi petite ,
qu'à peine peut- on la distinguer. La
couleur de la tête, des épaules, du
dos, des plumes couvertes des aiLes ,
enfin tout le de [fus eft varié de noir ,
de brun foncé 8e de couleur d'olive ,
chaque plume étant noire dans fon mi-
lieu , Se couleur d'olive à fes bords.
Cet oifeau a le menton blanc, la gor-
ge rouge , avec un mélange de cou-
leur de frêne , les derniers bords Se
pour ainfi dire les franges des plumes
étant un peu grifes. La poitrine eft plus
bL'ue , avec une couche de blanc au
milieu. Il y a fur les cuilTes Se fur les
côtés fous les ailes des plumes noires ,
agréablement diverfifiées de raies blan-
ches qui traverfent. Le ventre eft brun ,
avec des plumes blanches fous la queue,
comme la Poule de marais ordinaire.
JLa queue qui eft d'un brun obfcur a
Tome III.
R A L 0*57
environ deux pouces de longueur ,
tirant un peu fur le noir, excepté que
les bords des deux plumes dans leuj?
milieu font rougeâtres. Les jambe Se
les pieds font d'un brun obfcur rou-
geâtre ; les premières font fortes :
les doigts font tris-longs , de même
qu'aux autres oifeaux de cette efpece,
féparés dès leur jonction , excepté que
le doigt de dehors eft uni à fa racine à
celui du milieu par une membrane.
Les griffes font de la même couleur
que les doigts.
Le fécond Râle d'eau eft un oifeau ,
dont parle encore le même Albin»
qui, lorfqu'il s'engraiffe , vaut autant
que la Cercerelle , ou Quercerelle ,
pour la bonté & le goût de la chair.
Il eft , pour l'ordinaire , prefque de fa
grandeur. 11 a dix-fept pouces de lon-
gueur , depuis la pointe du bec juf-
qu'à l'extrémité de la queue , ou des
jambes , Se quinze pouces Se demi de
largeur , lorfque les ailes en font éten-
dues. Son bec eft noir: la mâchoire de
deffus eft un peu plus longue que cel-
le de deffous : l'une Se l'autre font
gluantes , cette première étant em-
boîtée dans la dernière , lorfqu'elles
font fermées. Lefommet delà tête eft
brun : il eft marqué d'une tache qui
s'étend depuis le bec , au-delà du côté
fupérieur du col. Le dos Se la queue
font d'un brun foncé , tirant fur le
noir, Se le côté inférieur du col, de
même que la poitrine Se le ventre, font
blancs. Chaque aile a vingt - trois
grandes plumes , dont les quatorze
premières font noires , Se les fl-pt qui
les fuivent font blanches : la vingt-
deuxième a fa texture extérieure blan-
che , Se l'intérieure noire : la vingt-
troifieme eft toute noire , Se les plumes
couvertes du deffus des ailes font blan-
ches. La queue eft compofée de feize
plumes d'une couleur fombre , celle
qui eft au milieu étant la plus longue,
Se en fui te les autres font plus courtes
des deux côtés , faîfant un tour en
forme de demi - cercle , lorfqu'elles
O o o o
6*58 RAM
font étendues. La langue eft rougeâ-
tre , charnue Se canelée au milieu ,
Se aboutit en une fubftance membra-
neufe. Les jambes & les doigts font
d'une couleur orange pâle; quelques-
uns de ces oîfeaux les ont noirs. La
membrane qui unit les doigts eft noi-
re. Le doigt du dehors eft égal à celui
du milieu , ayant quatre jointures :
les trois qui font au milieu Se le doigt
intérieur de devant n'en ont que deux.
Le doigt en arrière eft large & plat ,
avec une membrane latérale Se large
qui y eft attachée.
Le troifieme nommé Râle d'eau de
Bengale , eft un oîfeau environ de la
grandeur du Râle d'eau. Son bec eft
long Se jaune. Ses yeux font entourés
d'un cercle blanc , qui finit en pointe
fur le derrière de la tête. L'iris eft jau-
ne Se le fommet de la tête blanc. Les
cotés de la tête Se le col entier font
d'un brun foncé. Une partie du dos ,
1p. poitrine Si les cuifles font blancs. Le
fommet du dos & les ailes font verds ,
excepté les trois ou quatre premières
longues plumes des ailes qui Ion t pour-
prées. Dans chaque plume il y a cinq
grandes taches orangées. La dernière
longue plume de l'aile , qui eft con-
tigue au corps , eft blanche. La queue
eft courte Se confifte en douze plumes
colorées Se bigarrées comme celles des
ailes. Les jambes font chauves au-
deflbus des genoux , Se d'un jaune pâ-
le tirant fur le verd. Il eneftde même
des pieds. Les griffes font noires. C'eft
ainn qu'A lbin en parle.
RAM
RAMIER , Pigeon fauvage ,
ainfi nommé du mot Latin Ramus , par-
ce qu'il fe perche fur les arbres.Voyez
PIGEON RAMIER pour fa
defcriptîon.
Il y a un fort grand nombre de Pi-
geons- Ramiers dans les Ifles de l'Amé-
rique , où ils font pafïagers. Ils ne
s'arrêtent jamais long-temps dans un
même lieu. Ils branchent 8c nichent fur
RAM R A N
les arbres les plus hauts deux ou trois 1
fois l'année. Ils fui vent les graines qui
ne mûrilfent pas en même temps dans
toutes ces Ifles. Quand ils en rencon-
trent qui leur foienr propres , ils s'a-
mufent en fi grande quantité , que les
arbres en font tout couverts. Ils font
gras Se d'auffi bon goût que les Pi-
geons d'Europe , lorfqu'ils ont man-
gé de bons grains. A la Louifiane il y
en a en fi grand nombre , qu'ils ca-
chent le foieil quand ils volent en
troupe Se à la file les uns des autres.
C'eft ce que dit M. le Page du
P r a t z. Les Pigeons Ramiers font
suffi fort communs dans l'Ifle de Ma-
dagafear.
RAMPEUR, ouREM-
PEUR: C'eft le nom d'un poiffon
du Cap de Bonne-Efpérance , qui ref-
femble à la Raie appellée Rocb. 11 eft
plus grand. Sa longueur eft d'environ
douze pouces , fur neuf de largeur.
Il a la peau unie Se d'un brun obfcur ,
tacheté de blanc. Les Européens du
Cap en prennent beaucoup , maïs ils
ne font aucun ufage de fa chair , difent
Kolbe, Defcriptîon du Cap de Bonne-
Efpérance , Tome IH. Se Y Hfioirc
Générale desVoyages , L. XIV.
R A N
RANATRA: Petivert
(Gaz,. 6i. f. 10. t, 9.) donne ce nom
à deux infectes hémiptères , du genre
des Cigales. Il appelle la première ,
Ranatra bicolor , ex fitfco & pallido
firiata , Se M. Linn^-us ( Fauna
Suée. p. 200. n. 63 1. ) la nomme
Cicad,a elytris fiavis , lineâ ahruptâ
duplici longitudinali nigrâ. Cet infecte
fe trouve dans les prés , dans le temps
de la fauchaifon , Se peut être nommé
Ranatra par Petivert, à caufe du
bruit qu'il fait Se qui eft à -peu-près
femblable à celui des Grenouilles.
Le fécond , qu'il appelle Ranatta
hicolor , capite nigricante , eft la Locufla.
Pulex de S wa mmerdam (Inf.p. 67.) t
nommée par M. LinNjEUsC Fauna,
R A P RAR
îuec.p. 202. ». €7,6. ) » Cicadafufca ,
elytrif maculis albis lateralibus , faj-
eut duplici interntptâ , tranfverfâ , al-
biâa. Cet infecte fe trouve dans les
plantes Se les herbes, Il fort de fon
anus une forte d'écume : c'eft ce qui
fait qu'il eft nommé Vermis [pitmans
parM.FfuscH , Gtrm. 8, p. atf,/. 12.
Voyez CIGALE.
R A P
RAPE, ou HAPPE: Les Ita-
liens du côté de Naples donnent ce
nom a la quatrième efpece de Capito ,
poiffon de rivière, que Gesneii a
fumommé Hapax, à caufe de fa vo-
racité , à l'égard des autres poiiTons.
Voyez CARPE.
RAPE, ou RATISSOIRE,
nom qu'on donne, dit M. d'Argen-
ViLLE, à la coquille d'une efpece de
Pétoncle de la claffe des Bivalves , à
caufe des petites éminences qui fui-
vent fes ftries , Se qui la rendent fort
dure au toucher. Cette coquille eft
toute de couleur blanche , 8c on ne
lui remarque point d'oreille. Voyez
PÉTONCLE.
R A P H I D I A : M. L 1 n n u s
( Fawia Sitec. p. 221. n. 130. ) donne
ce nom à un infecle qu'il range parmi
ceux qui ont les ailes nerveufes , neit-
roptera. Il en eft parlé dans les AElet
d'UpJal ( 1 7 3 6, p. 28. n. 1 . ) , où il eft
nommé Raphidia aculeo recurvo. Il
iôrt de l'anus de cet infecte un aiguil-
lon foyeux , de couleur noire , fait en
arc , Se long de la moitié de fon ab-
domen. Il y a de ces infectes qui va-
rient par leur aiguillon , & d'autres
qui n'en ont point. Cette variété peut
venir de la différence des fexes. Cet
infecte eft de la grandeur & à- peu-près
de la même figure que la Mouche-
Scorpion , à laquelle a été donné le
nom de Panovpa par le favant Natu-
ralise Suédois.
RAR
RARE: Goedard ( Part. IL
RAS 6-5?
Exp. 50. ) nomme ainfi un Papillon
noéturne , vulgairement appelle Léo-
pard. Voyez ce mot.
RAS
RASPECON, ou TAPE-
C O N , félon Rondelet, L. X.
c. 12. p. 242. Edit. Fratif. C'eft un
poiffon à nageoires ou ailerons épi-
neux , Pifc is acanthopterygius , nomme
par A r t e D 1 ( hhth. Part. V. p. 71 .
n. 2. ) Trachinus cirris rnultu ïn maxil-
la inftnore. Les Anciens ont connu ce
poiffon. Aristote ( Hifi. Anim. L. IL
c. 15. & L.VII1. c. 13.), Se Élien
(L.XIII. <r. 4. p. 753.) le nomment
Athénée (L.VILf. 142.
& h. VIII. f. 177.) lui donne le nom
d' j^otVM-ttswoç Se celui d'.,;Vvoî. Oppien
(L. Iï. p. 37.) l'appelle Ei^po^n-iic »
pareequ'il dort le jour fur le fable ;
8c comme il veille la nuit pour chaffer
fa proie , on lui a auffi donné le nom
de NuKTsp/c. Ka.**tùvtj,uoç veut dire en
François Poiffon de beau nom , en La-
tin Puicher Pïjcis, comme l'a traduit
Gaza , Se le mot Grec d'j'upfvs^o^cç
fignific Poiffon qui contemple le Ciel ,
Cœli fpecidator. Les Naturaliftes Latins
ont confervé à ce poiffon les noms
Grecs qu'on lui avoir donnés. Pline
( L. XXXII. c. 7. ) en parle fous le
nom à'Uranofcopns , 8c fous celui de
CaHionymus , ainfi que Cuba , L. III.
C. IOI. fol. 93. S A L V I E N, fûl. I0<?.
ALDROVANDE , p. 264. J O NST O N ,
L. /. c: 3 . Ray, Synop. Metb. Pifc. p. 97.
n. 1 a. Charleton , p. 147. Woton ,
L.VIIL c. 171. fil- 154" Gesner,
de Aqltat. p. I 59. Si \Vl L L U G H B Y ,
p. 287. A Rome on donne à ce poif-
fon le nom de Meforo ; àVenife cehu
de Lncsrae , ou de Pejcc prête , ou celui
de Bocca.
Si les Anciens , (ik Rondelet,
ont donné un beau nom à ce poiffon ,
celui qu'il a en François eft bien laid.
C'eft un poiffon de rivage de la gran-
deur d'un pied. Il eft fans écailles.
Sa tête eft grolfe. Sa bouche , dilfé-
O 0 o o ij
tftfo RAS
remment placée que celle des autres
poiffbns , eft fituée fur la tête. Il l'a
grande 8c ouverte. La mâchoire baffe
la couvre , quand ïl l'avance en haut.
Une langue courte Se large remplit
toute cette bouche, Entre la langue 8c
la mâchoire inférieure fort une peau ,
qui eft un peu large dans fon commen-
cement, Se peu-à-peu cette peau de-
vient une rondeur charnue qui pend
hors de la bouche. Le poiffbn s'en fert
pour attirer les autres poiflbns , dont
il veut faire fa proie. 11 a les yeux
deflus la tête , regardant au Ciel ; ce
qui lui a fait donner par les Grecs le
nom d*QbjfcaYo<kMr<i< > c'eft-à-dire Con-
templateur. D'autres poiffbns ontauffi
les yeux fur la tête , mais leurs pru-
nelles regardent de côté , Se non pas
droit vers le Ciel. Les os de la tête
de ce poiffbn finiffent en pointe vers
la queue , ainfi que ceux des ouies ,
qui font au nombre de quatre de cha-
que côté. Proche de la fente des ouies
font deux nageoires , grandes, fortes,
de diverfes couleurs , & deux autres
plus petites de couleur blanche près
de la mâchoire Inférieure, Après ces
nageoires fuit une arête faîte comme
un os de poitrine, & qui eft garnie de
trois aiguillons. Il a une autre nageoi-
re proche de l'anus ; deux au dos ,
& celle qui eft la plus proche de la
tête eft petite Se noire ; l'autre , qui
eft de la même couleur , s'étend juf-
qu'à la queue. Sa queue eft large , Se
quand le poiiTbn vit , elle reffcmble
aifez à la queue du Paon. Il a le dos
noir , Se le ventre blanc. De la tête à
la queue il a deux rangs d'écaillés ;
le refte du corps eft couvert d'une
peau dure qui fe peut écorcher. Sa
chair eft blanche , dure , & de mau-
vaife odeur. Le Rafpccon vit de petits
poiffbns. Rondelet dît que pour
les attraper , il fe plonge dans la fan-
ge ; qu'il met un peu la tête dehors ,
Se qu'il Uiffe pendre hors de fa bou-
che ce filet , ou cette peau , dont on
a parlé plus haut » que les petits poif-
R AS RAT
fbns prennent pour un Ver , Se vont
mordre : auffi-tôt le Rafpecon attire
à lui fon filet , & le poiffbn dont il fait
fa nourriture. Le même R o n d e l e t
nous dit avoir été témoin de la fineffe
de ce poiflbn. On fe fert de fon fiel
pour guérir les cicatrices, 8c confumer
les chairs fuperflues des yeux , Se ar-
rêter les commencemens de la cata-
racte , dit G a l i e n. Selon Oppien ,
c'eft le plus pareffeux de tous les poîf-
fons. Il eft fi goulu qu'il crevé 8c meurt
à force de manger. On en voit un
fort grand nombre dans la mer Médi-
terranée.
RASSANGUE, Oie fauvage
de l'Ule de Madagafcar , qui a une
crête rouge fur la tête. Voyez au mot
OIE SAUVAGE,
RAT
RAT, genre d'animaux , mis par
M. Linn/eus (Syft. Njt. Edit. 6,
g. 21.) dans l'ordre des G lires , dont
le caractère eft , dit M, Brisso n ,
p. 1 6j. d'avoir deux dents incifives à
chaque mâchoire , point de dents ca-
nines , les doigts onguiculés , point de
piquans furie corps , la queue nue ou
couverte de poils clair - femés. Les
efpeces de ce genre , ajoute-t-il , fe
dïftinguent entre elles parla longueur
de leur queue 8c par leurs couleurs»
Les unes ont la queue plus longue
que le corps ; d'autres ont la queue
à-peu-j rès de la longueur du corps ,
Se d'autres l'ont beaucoup plus courte»
Il appelle la première queue tris-longue,
la féconde queue longue , Se la troifie-
me queue courte. Il entend par la lon-
gueur du corps la diftance qu'il y a
depuis l'occiput jufqu'à l'origine de la
queue,
Toutes les efpeces de Rats ont les
pieds de derrière plus longs que ceux
de devant. M. Linn/eus ibus le nom
de Mur , range le Lapin ou Cochon
des- Indes , le Rat de Noriuege , le Lapin
d'Allemagne , le petit Rat des champs *
le Rat » la Souris, le Mulot , le Croque-
RAT
RAT 66x
Noix » la Marmotte de Strasbourg Se
la Marmotte des Alpes. M.Klein
f Dijp. Qttad. p. 57. ) place fous le nom
de Mus , le Rat domefiique , la Souris ,
le Rat Oriental de S E b a , plufieurs
efpeces de Rats de l'Amérique , la
Mufaraigne , celle des Indes Orienta-
les , le Rat de Nonvege , plufieurs
Rats à bourfe du Bréfil Se des Indes
Orientales,
M. Beisson fait un genre par-
ticulier des Marmottes , Se un autre
des différentes efpeces de Philandres
ouDidelphes, que M. Klein confond
avec le genre des Rats , & fous le nom
de Mus , il parle du Rat domefiique ,
de la Souris » dont je parlerai au mot
SOURIS, du Rat de bois , du grand
Rat des champs , de la Souris d'Amé-
rique , du Rat d'Amérique , du Rat
blanc de la. Virginie, du Rat de Nor-
tvege , du Mulot , du Rat Oriental,
du Rat d'eau , Se du petit Rat des
champs.
RAT DOMESTIQUE *:
i! eft nommé par M. Linn^us ( Syft.
Nat. Edit. 6. g. z 1 . [p. 6. ) , Mus cau-
dâ lomrâ fubnudâ > corpore fufco cine-
refeente , Se par M. Buisson, Mus
caudâ longijftmâ , obfcurt cinereus. La
longueur de cet animal , depuis le
bout du mufeau jufqu'à l'origine de la
queue , eft d'environ fept pouces , &
celle de fa tête , depuis les narines juf-
qu'à l'occiput,de deux pouces. Sa queue
eft plus longue que le corps : fes oreil-
les font grandes , • arrondies Se tranf-
parentes. Il a quatre doigts aux pieds
de devant , Se cinq à ceux de derrière.
A la place du pouce qui manque aux
pieds de devant eft un petit ongle
très-court. Tout fon corps eft couvert
de poils d'un brun obfcur , Se fa queue
de très-petites écailles, entre lesquel-
les font quelques poils très-clair-femés.
Il y a des Rats qui font tout-à-fait
blancs. Frédéric Lachmund,
* Cet animal eft nommé en Grec Mî"î ,
d'où vient le mot LatinMax; enEfpagnol,
Rapon ; en Portugais, Raio da C«fa ; en Ita-
Médecin de Hildesheîm, dans l'Élec-
torat de Trêves , dit dans les Éphé-
mérides des Curieux de la Nature ,
Dé 1. 1. atm. 4. & 5, 1673, Cr 1674,
Obferv. 185. qu'il a nourri pendant
fept ou huit ans un Rat tout blanc,
qu'il a fait deflecher Se conferver. On
trouve cet animal dans les maifons. U
eft très-incommode. II fe cache dans
les caves Se les greniers , où il fait du
dégât.
M. Linn/Eus dît qu'on trouve
aux environs d'Upfal , le plus fouvent
ious terre Se dans l'eau , une efpece
de Rat , fort nuifible aux jardins. Il
le nomme , Mus caudâ pi lof â , auribus
fubrotundis , vellcre brevioribus. Cet
animal eft de la grandeur Se prefque
de la couleur du Rat domefiique s mais
fa queue , comme fon corps , eft toute
couverte de poils &n'eftpas fi longue
que celle du Rat , car à peine eft-el!e
de la grandeur de la moitié de fon
corps. Son dos eft noir ou brun. Il a
le bas du ventre d'un cendré brun ■ les
oreilles petites, couvertes de poils , Se
les pieds fendus. Les dents fupérieures
font couleur de buis. Telle eft la des-
cription qu'en donne le favantNa-
turalifte Suédois, Vanna Sueç. p. 10,
n. 20.
Les Auteurs qui ont écrit fur cet animal
font Ch.irletoNj. Exercit. p. 15. Jonston ,
Qttad. f.iij.AtDROvoDE, Quad. dtgit.
vivtp.p. 41 f. Gesner , Qttad. p. 829. Sloahe,
Tome IL p. 330. Ray, Synop. Qund. p. 117.
M. Klein, Qttad. p. 57- & les autres.
RAT DE BOIS, en Latin
Mus fylveflris , caudâ longijftmâ , fuprà
dilutè fuhus , infrà albicans. Cet ani-
mal , dît M. BriSSon, p. 1 70. a ,
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'o-
rigine de la queue, fept pouces &demî»
Sa tête , depuis les narines jufqu'à
l'occiput , eft longue de deux pouces i
Se fa queue d'un pouce Se demi : elle
eft , comme celle du Rat, couverte de
très-petites écailles p entre lefquelles
lien, Rato di Cafa; en Allemand, Ratz ; en
Poîonois, Seiurez ; enAnglois, on l'appelle
Rat & Rttte,
662, RAT
font quelques poils très-claîr-femés.
Ses oreilles font femblables à celles
du Rat. Il a quatre doigts aux pieds
de devant , Se cinq à ceux de derrière,
A la place du pouce qui manque aux
pieds de devant eft un ongle très-
court Se obtus. Toute la partie fu-
périeure du corps Se l'extérieure des
jambes font d'un fauve clair , Se la
partie inférieure du corps 8c l'inté-
rieure des jambes font blanches. On
le trouve dans les bois. Feu M. de
R É a u m u r en avoit un dans fon
Cabinet, qui doit être aujourdhuî dans
celui du Jardin Royal de Médecine.
Il y a un Rat de bois de la Loui-
fiane Se de Surinam, dont je parierai
plus bas.
GmWRATDES champs*,
en Latin Mus campeflris major , caudâ
longiffiiïïà , fufeus , ad latera rufus.
C'eft le Mus Macrouros de Ray,
Synop.Quad. p. 219. Se de M. Klein,
Dijp. Quad. p. 57. ». 50. le Mus agrej-
tis major de Gesner , Quad. p. 830.
& d'A ldrovande, Quad. digit.
vhip. p. 436'. 8c le Mus agreflis de
Rz ACKÏNSK y, Auiluarium, p. 3 2 8 . C e t
animal eft à -peu-près de la grandeur
d'un Rat. Il a , comme lui , la queue
longue Se grolfe : fes oreilles font ron-
des : fa tête eft groffe & arrondie , Se
tout fon corps eft couvert de poils
bruns , excepté aux côtés. On le trou-
ve dans les champs.
RAT D'AMÉRIQUE, en
Latin Rattus Americ anus , caitàa lon-
giffima , fuprà ex fufco jïavcfce/is ,
infrà albicans , auricuSs retrorsum fitis.
M. Klein en parle , Quad. p. 58,
& S e b a , Tkef.lt, p. 30. Cet animal
a depuis le bout du mufeau jufqu'à
l'origine de la queue environ trois
pouces 8c demi. Sa tête , depuis les
narines jufqu'à l'occiput , a environ
quinze lignes de long , & fa queue
quatre pouces. Elle eft blanchâtre Se
* Le grand Rat des Champs eft nommé en
Italien Campagnol'. ; en Allemand Felmufz ,
§c Erdroufz , Noul-mufz , oMNidmufz, félon
RAT
hérilTée de quelques poils. Ses oreilles 1
font afîez grandes , blanchâtres , Se
placées plus en arrière que dans les
autres eipeces de ce genre. Ses pieds
de derrière font plus grands Se plus
gros que ceux de devant. Son dos Se
la partie fupérieure de fa tête font d'un
roux jaunâtre. Le ventre & les quatre
pieds font blancs. On le trouve en
Amérique,
RAT BLANC, nommé en La-
tin Mus œlbus Virginianus > caudâ lon-
gâ i al bus myflace nigricante. C'eft le
M as a g refis Virginianus de M. Klein,
Quad. p. 57. Se de S e b A , Thef. I.
p. y 6. La longueur de fon corps , de-
puis le bout du mufeau jufqu'à l'ori-
gine de la queue , eft d'environ trois
pouces Se demi : celle de fa tête, de-
puis les narines jufqu'à l'occiput , eft
de quinze lignes , Se celle de fa queue
eft de deux pouces neuf lignes. Il a la
tête oblongue, Se une mouftache com-
posée de poils noirâtres. Sa queue ,
qui eft greffe à fon origine , fe ter-
mine en pointe , Se eft garnie de poils
longs Se clair-femés. Tout le corps de
cet animal eft couvert de poils blancs
Se courts. On le trouve dans la Vir-
ginie,
RAT D E N O RW E G E ,
nommé par M.Brisson, Mus cau-
dâ longâ , & dilutè cimreo-fufcits , Se
G lis NoYivcgicus par M. Klein ,
Quad. p. 5 6. Il a , dit S e b a , la tête
allez longue , les oreilles courtes Se
larges , le mufeau d'un Cochon , avec
une grande mouftache dreflTée de cha-
que côté du nez , le dos large Se
courbé , le ventre pendant , les cuiffes
groffes , les doigts des pieds armés
d'ongles pointus propres à creufer •
car il vit , comme la Taupe , dans des
trous faits fous terre : fon poil eft d'un
cendré clair , tirant fur le brun. S e b a
a fait figurer cet animal , Thef. II,
Tab. 61 . n. 50.
Gesner; en Anglois , il pone le nom de
Feldinujz } & en Polonois celui de Myf-
Polna.
RAT
On en trouve une defcriptîott faite
par M. Linnsus, dans le Journal
Etranger du mois de Mai 1754. Ce
Naturalifte en parle en ces termes.
La perfuafion univerfelle où l'on eft
enNorwege, qu'il y a dans ce pays
certains petits animaux qui tombent
des nues , a fait naître au favant
\V o R m 1 u s , l'idée d'expliquer par
des raifons probables, comment il peut
tomber des Rats des nues , ce qu'il a
fait dans un Ouvrage exprès , qui a
paru en l'an 1 €"5 3 . in-4 0 . p. 66, De
fou temps , dit M. Linnius, au-
cun Naturalise n'étoît allé plus loin ,
ou , pour mieux dire , n'étoit revenu
en de-çi; car avant d'examiner com-
ment il peut tomber des Rats du
Ciel , il eût été bon de s'affûter qu'il
en tomboit effectivement. C'eft ce que
je ma fuis propofé de faire , Se même
ce que j'ai fait. Peut-être que mes
recherches , continue le favant Natu-
ralise Suédois » exciteront mes Com-
patriotes à en faire de nouvelles, Je
vais en attendant commencer par don-
ner les miennes. On défigne cette ef-
pece de Rat en Zoologie par le nom
de Mus caudà abrupto. , corpore fidvo,
nigro , maculato. Scheffer( Lap.
p. 34.(5'. ) le défigne par Mus monta-
nus ; W o r m 1 u s C Monograph. 6. )
l'appelle Mus Nonvcgictts ; le même
( Mitf. p. 3 22 j, Se Ray ( Synop, Anirn,
Quad. ) Mus Norivegicus , vulgo Le-
ming ; Olaus Machvs (Tabula ter-
tarumSeptentrionalium 18. c. 90.) lui
donne le nom de Lemrnus. Je paffe
fous filence les noms que G E s n e r ,
Ziegler, Jonston & d'autres
leur ont donnés ; car ces Auteurs ont
tiré leurs deferiptions de ceux que je
viens de citer.
Ce Rat eft un peu plus petit que
le Rat ordinaire, Se eft à-peu-près gros
comme une Taupe. Le fond de fa
couleur eft un jaune tirant fur le brun ,
excepté au ventre où le jaune eft plus
clair. Le devant de fa tête eft noir, de
même que le delfus des épaules Se des
RAT 6-0-3
cuiffes , Se fes côtés font tachetés. Sa
queue courte Se velue eft de couleur
jaune , entremêlée de noir. 11 a une
barbe comme les autres Ruts Se cinq
doigts à chaque pied. Ses oreilles font
fort courtes. Il a quatre dents devant ,
deux en haut Se deux en bas , & à
chaque côté des mâchoires trois mo-
laires.
Ces Rats demeurent dans les mon-
tagnes de la Laponie , qui font toutes
perforées de trous qu'ils y font pour
fe loger. Chacun a le fien. Us ne font
pas cénobites. Ce n'eft pas pourtant
qu'ils foient farouches , au contraire
ce font des Rats très - réfolus. Us
aboyent comme de petits Chiens lorf-
qu'on en approche , Se fi on leur pré-
fente le bout d'un bâton , au lieu de
fuir , ils le mordillent 3c le tiraillent.
Ils font ordinairement cinq ou fix petits
à la fois, mais jamais plus : auffi leurs
femelles n'ont-elles que fix tettes.
J'ai obfervé dans ceux que j'aî clif-
féqués , qu'ils fe nourriflent avec de
l'herbe Se delamouffeàRhennes ; ainfi
il n'en coûte pas plus aux Norvé-
giens pour les nourrir que pour les
loger. A ce que les Lapons rapportent ,
les Rhennes pourfuivent ces Rats Se
les mangent avec avidité • ce qui eft
une fingularité digne de remarque ,
car leur eftomac ne parolt pas difpo-
fé pour recevoir ni pour digérer de la
viande.
Ces mêmes Rats Se les Vers de nei-
ge , que les Lapons appellent Cheruna »
fervent encore toute l'année de nour-
riture à une e/pece de Renards , qui
vivent dans les montagnes Se qui ref-
femblent exactement aux nôtres , ex-
cepté qu'ils font blancs Se que leurs
peaux font moins eftimées. Les Chiens
du pays qui font en grand nombre ,
chaque Lapon ayant le fien , en font
auffi leur principale nourriture , quand
fis accompagnent les Rhennes au pâ-
turage ; cependant ils n'en mangent
gueres que la tête.
Mais ce qu'il y a de plus remarquai
66* RAT *
ble dans ces animaux , ce font leurs
fuites ou leurs émigrations ; car en
certains temps , ordinairement en dix
ou vingt ans une fois , ils s'en vont
en troupes nombreufes , & marchant
par bandes de plufieurs milliers , ils
creufent des {entiers de la profondeur
de deux doigts , fur un demi- quart
ou quart d'aune de largeur. On voit
même plufieurs de ces fentiers à la fois ,
parallèles les uns aux autres 8e di viles
en droites lignes , mais toujours diftan-
ces de plufieurs aunes. Chemin faifant
ils mangent les herbes Se les racines
qui forcent de terre , Se font des petits
en route , dont ils en portent un dans
leur gueule , un autre fur le dos , Se
abandonnent le furplus , s'il y en a.
Ils prennent en defeendant les mon-
tagnes le chemin du Golfe de Bothnie ,
mais ordinairement ils font difperfés &
périîfent avant d'y arriver.
Il y a encore quelque chofe de fort
lîngulier dans la manière dont ils font
ce voyage. Rien ne peut les obliger
à fe détourner de leur route , qu'ils
fuivent toujours en droite ligne. Quand
lis rencontrent par exemple un hom-
me , ils tachent de lui palier entre les
jambes , plutôt que de fe déranger de
leur chemin , ou ils fe mettent fur les
pieds de derrière Se mordent la canne
quand on la leur oppofe. S'ils rencon-
contrent une meule de fo'n , ils fe
font un chemin au travers à force de
manger & de creufer , plutôt que d'en
faire le tour; mais ils n'ont pas com-
me Anniba Lie fecret de percer des
montagnes avec du vinaigre. S'ils trou-
vent du roc ou de la pierre à leur ren-
contre , ils font le demi- cercle , mais
fi exactement, qu'ils renfilent auffi-tôt
la droite ligne. En arrivant à un lac ,
quelque large qu'il puiffe être , ils
font leur poflîble pour le traverfer
dans la même direction , quand ce fe-
roit par fon plus grand diamètre. Si
par hafard ils rencontrent dans ce lac
quelque bâtiment , au lieu de l'éviter,
ils tachent d'y monter , & fe rejettent
R A T
enfuîte dans le lac , précifément du
côté oppofé. Le courant de l'eau le
plus rapide ne les effraye point : ils
pourfuivent toujours leur route, duf-
fent-ils y périr infailliblement.
Le Peuple qui n'a pas fu la demeure
de ces animaux , s'ell imaginé qu'ils
tomboîent du Ciel. D'autres ont cru
que les nues les enlevoient des mon-
tagnes & les portoient dans le plat
pays , idée qui a donné la torture à
ï'efprit de \f ormius, qui vouloit
à toute force la juftifier Se l'expliquer
par quelque chofe d'approchant dans
les Grenouilles Se dans d'autres ani-
maux ; mais on ne croit pas plus à
préfent aux pluies des Rats qu'à celles
des Grenouilles. Une nuée n'eft pas
plus capable d'enlever quelque choie
de la terre qu'un brouillard , Se les
Souris qui fe propagent 8e ie nour-
ri (Te nt dans les montagnes de la La-
pon i e comme d'autres animaux , y fe-
roient en grande fûreté de ce côté-là;
mais il y a des temps où ils en defeen-
dent eux-mêmes pour ainfi dire par
colonies. Autrefois lorfqtteLs Provin-
ces les plus voifines de la Laponie fe
trouvoient inopinément Inondées par
ces animaux , le peuple effrayé fe
perfuadoit que la vengeance Divine
s'en fervoît comme d'un fléau pour le
punir Se faifoit des prières publiques
pour les éloigner. Wormius nous a
confervé , dans fon Ouvrage cité plus
haut , les formules des prières Se des
conjurations , dont jadis les Catholi-
ques de ce pays fe font fervis contre
cette Vermine.
Si ces Rats font quelque dommage
dans les champs Se dans les prairies,
e'eft peu de chofe , Se leur préfence
en indemnife les habitans ; car quand
ils commencent à défiler dans les Pro-
vinces Septentrionales de la Suéde ,
les habitans font une ample capture
d'Ours , de Renards , de Martres , de
Goulus Se d'Hermines, pareeque tous
ces animaux qui fuivent les Rats ,
pour en faire leur proie , s'expofent
par-là
HAT
-par-la eux-mêmes à devenir la nôtre!
On feroit de leurs peaux des four-
rures fort belles & fort douces , Ci ce
n'eft qu'elles font trop tendres , & fe
déchirent aifément. Quant à la qua-
lité vénéneufe qu'on leur attribue , je
ne vois pas fur quoi on l'a fondée ;
chaque Obfervateur peut fe convain-
cre aifément qu'ils n'infectent ni l'eau
ni l'air. Si les Chiens aiment à n'en
manger que la tête , cela ne prouve
rien. Les Chats ne mangent gueres
non plus que la tête des Rats ordinai-
res. S'enfuit-il de-là que les Rats
foient venimeux ? Varr o n nous
apprend au contraire que les anciens
habitans de l'Italie en engraiflbient 8c
en mangeoient ,&Mathiole nous
attelle qu'ils ont fort bon goût. On
fait que dans le même pays on tue la
Marmotte, qui eft une forte de Rat ,
qu'on en fait fumer la viande , &
qu'on la mange.
Le Circetuf., autre efpeee de Rat ,
eft un morceau friand , au rapport de
Sebizius. Les Payfans mangent aufli
les Ecureuils , qui font des animaux du
même genre , & les Lapins , qui ont
beaucoup d'affinité avec les Sourîs ,
font un mets ordinaire chez les An-
g-loîs , les François 8c les Hollandais ,
& ne nattent prefque point le goût
ni des Allemands, ni des Suédois *,
tandis qu'au contraire on aime géné-
ralement le Lièvre , qui n'a pas moins
d'affinité avec ces mêmes fortes d'ani-
maux.
Au refte, je fuis perfuadé qu'il n'y
a pas d'animal tellement venimeux ,
qu'il ne puiffe être mangé. Les Chi-
nois qui en mangent de toutes les ef-
peces , m'en fournilTent une preuve
convaincante , dit encore M. L i N—
uiu S; & je connois de pauvres La-
* Ce dégoût des Allemands 8t des Sué-
dois pour les Lapins , ne viendroit-îl pas de
ce que les leurs ne font pas nourris dans les
garennes qui font aux environs de Chantilly ?
Je veux régaler des Allemands ou des Sué-
dois en Lapins de bonne nourriture & de
ton crû , dit l'Auteur du Journal Etranger ,
Toms HL
% A T l&€%
pons , habitans des forêts , que la né-
ce ffité oblige à manger de ces Rats,
dont je viens de parler , & qui n'en
meurent pas. Seulement je conviens
que la chair de certains animaux eft
plus faine que celle de certains au-
tres , & que les Loix de Moïse , fur
le choix des viandes , avoient leur fon-
dement dans la nature.
RAT ORIENTAL, en Latin
Mus Orient alis , nommé par M. Bris-
son , Mus cauàà hnga , rufus, lineisin
dorfo albicantibus Margaritarum &mit~
lis. M. Klein en parle, Qjtad. p. 57.
& Seba en donne la figure, Tbef. IL
p. 22. Tab. ai. fig. a. Cet animal a
environ deux pouces de longueur ,
depuis le bout du mufeau jufqu'à l'ori-
gine de la queue. Sa tête , depuis les
narines jufqu'à l'occiput, a huit ou
neuf lignes de long , & fa queue un
pouce & demi. 11 aies oreilles & les
jambes très - courtes ; les pieds font
afïez larges , Se la queue eft grofie, La
couleur de fon poil eft touffe. Il a fur
le dos des raies blanches qui paroïf-
fent perlées. On le trouve dans les In-
des Orientales.
RAT D'EAU**, nommé en La-
tin Mus aquaticus , caitdâ longâ , pilis
Juprà ex nigro & jiavefcente mixtis %
infrà cinereis vefiitus. C'eft le Mus ma-
jor aquaticus , fivs Rattus aquaticus de
Raï, Syrwp. Qttad. p. 217. le Mus
aqiiatilis ou aquaticus d'A ldk o—
VANDE, Q_uad..digit. vîvip. p. 447-
de G e S N e k , p. 830. de Jonston,
Qjtad. p- 117.de B e l o N, de Aquau
p. 35. & de Rzackinsky , Auciua-
rutm > p- 328. Se le Sorex aquaticus de
Charleton, Exerc. p, z 5 . Il eft
nommé par M. Linn/eus (Syjf.Nat.
Edit. 6. g. 20 jp. 3. & Fauna Suec.
», 35. ) Cafior caudà line an tereti'. La
avant d'embrafTer aveuglément le fentiment
de M. L 1 n n s, v s.
* * Cet animal eft nommé en Grec mCç
ÉWf sS ; en Italien , Sorgo-Morgange ; en Po-
lonois , Myf-Wcina ; en Allemand , IVafer-
Mufz; en"Suédois, Watn-Rotta ; en Anglois a
Wattr-Raîte,
P P p p
666 RAT
RAT
longueur du corps de cet animal , de-
puis le bout du mufeau julqu'à l'ori-
gine de la queue , eft de fix pouces :
celle de la tête , depuis les narines
julqu'à l'occiput , eft de deux pouces :
celle de la queue eft de quatre pou-
ces trois lignes » 8c le tour de fort
corps eft de quatre pouces 8e demi. Il
a les yeux allez grands , les oreilles
courtes Se rondes , Se prefque cachées
dans fes poils. Il a quatre doigts aux
pieds de devant , Se cinq à ceux de
derrière : à la place du pouce , qui
manque aux pieds de devant , eft un
ongle court & obtus. Ses poils font
mêlés de noir & de jaunâtre dans la
partie fupërieure de fon corps; & dans
la partie inférieure , ils font cendres »
Se mêlés d'un peu de jaunâtre. On le
trouve dans des endroits aquatiques.
11 diffère du f^r domefiiqiie , i°. en ce
qu'il eft beaucoup plus grand ; 2°.
pareequ'il eft d'une couleur beaucoup
plus rou!fe ou plus brune ; 3 0 . en ce
que les doigts de fes pieds fe tiennent
par une membrane ; 4 0 . par fa queue ,
qui eft plus courte , ronde , Se par-
tout égale ; 5 0 . par fes dents , qui font
beaucoup plus longues , Se de cou-
leur de buis , comme celle des Ecu-
reuils , dit W 1 l L u G H B Y.
Petit RAT DES CHAMPS,
nommé par M. LinnjEus ( Syft. Nat.
Edit. 6, g. zi, fpec. 4. ) , Mus caudet
brevi , corpore nigro-ftifeo , abdomine
cinerafeeme , Se par M. Brisson,
jtfiis cauda brevi , pilis è nïgricame &
fordidè luteo mixtis in dorjo , & fatn-
ratè cinereis in ventre vefiitits. C'eft le
Mus agrefîis capite grandi, brachiuros
de R A y , Synop. Quad. p. 218. de
M. Klein, Quad. p. 57. n. 50. de
Gesjjes, Quad. p. 8 3 o. Se d'A L-
lmiovande, Quad. digit. vivip. p.
436". Les Italiens l'appellent Campa-
gnïoli, félon le même Aldrovande.
Cet animal eft plus grand que la
Souris. Il a le corps allongé , la tête
grotte , le mufeau court Se obtus , les
veux petits , les oreilles courtes , lar-
ges , arrondies , Se prefque cachées
dans fes poils , qui font un peu plus
longs que ceux de la Souris. Sa queue
n'a gueres plus d'un pouce de long;
elle eft plus couverte de poils que
celle du Rat dome/Bque , quoiqu'ils
foient encore clair-femés, Ses jambes
font courtes, La couleur de fes poils
eft mêlée de noir Se d'un vilain jaune
fur le dos , Se d'un gris foncé fur le
ventre. On le trouve dans les champs p
Se fur- tout pendant la moi'Jcn.
RAT DE BOIS: C'eft un
animal qui fe trouve à la Louifiane.
Il eft auffi extraordinaire qu'il eft laid.
Il eft de lagroifeur Se de la longueur
d'un Chat ordinaire. Ses jambes font
plus courtes. Ses pieds font longs ,
avec des doigts armés de griffes. Sa
tête retfemble à celle d'un Rat , quoi-
que d'une groffeur proportionnée à
fon corps. Sa queue eft faite comme
celle d'un Rat, dégarnie de poils fur
toute fa longueur. L'animal s'en fère
pour s'accrocher. Il n'a nullement la
vivacité du Rat ordinaire. M. le Page
du Pratz dit qu'on devroit plutôt
l'appeller le Lambin. Quand cet ani-
mal fe voit pris, il conrrefaît le mort:
alors on le prend par la queue, qui
s'entortille au doigt. On le porte où l'on
veut. Si on le pofe à terre , il ne don-
ne aucun figne de vie, tant qu'il fent
quelqu'un auprès de lui. Quand on en
eft éloigné ou caciié , il fe levé Se cher-
che à fe cacher. Si on le tue dans le
temps qu'il fait le mort , à peine le
voit-on remuer , même étant fufpen-
du fur le feu. Il chafle la nuit Se vient
jufques dans les Poulaillers fucer le.
fang de la Volaille : il en abat beau-
coup Se n'en mange pas la chair : en-
fuite il s'endort. Quoiqu'il marche
lentement , il grimpe fur les arbres.
La femelle fait fes petits à terre au
pied d'un arbre garni de broulfaiiles ,.
après avoir fait avec fon mâle un amas
d'herbes feches 8c fines : elle fe couche
fur le dos , les quatre patte3 en l'air *
enfuite le, maie lui charge le vencrs.-
RAT
S.e Cette herbe , l'arrange entre fes
pattes & la traîne par la queue jufqu'à
fon nid, Quand elle a mis bas fes petits ,
elle les tranfporte par-tout avec elle ,
arrangés dans une bourfe qu'elle a
fous le ventre , laquelle eft fendue de-
puis l'eftomac jufqu'entre les cuiffes.
Les mammelles de la femelle font en
dedans de cette bourfe ; ainfi les petits
fe trouvent tranfportés dans une voi-
ture douce Se chaude , qui leur eft
d'autant plus commode , qu'ils y peu-
vent tetter Se dormir. 11 n'eft pas pof
fible d'ouvrir cette bourfe lans la dé-
chirer, parcequ'elle eft fine &ferrée. Le
poil de cette bête , quoique fin , n'eft
jamais li fie. Les femmes des Naturels
du pays le filent & en font des jarre-
tières , qu'elles teignent en rouge ;
mais ce rouge n'eft jamais beau, par-
ceque le poil eft gris. La chair du Rat
de bois- eft d'un très-bon goût , & gril-
lée elle a le goût de celle d'un Cochon
de lait. A la broche on croiroit que
c'en eft un, tant il eft gras. Les Na-
turels l'eftiment beaucoup Se on pré-
tend que fa graiffé eft propre pour
appaif-T les douleurs démembres.
M c S y bille Merian( Hifl. des
inf de L'Eur. ) parle de ce Rat de bois
ou de forêt Se dit qu'on en volt à Suri-
nam. La mere porte fes petits fur fon
dos : elle en a ordinairement cinq ou
-fix à chaque portée. Le poil eft d'un
brun jsunâtre : celui du ventre eft
blanc. Lorfque cet animal fort de fon
trou pour cherchera manger, les pe-
tits fui vent. Lorfqu'ils ont mangé ou
qu'ils craignent quelque chofe , ils
fautent fur le dos de la mere , s'atta-
<rhant à fa queue par la leur , & la mere
les rapporte aJtttl dans fon trou. On trou-
ve , dit l'Auteur, plufieurs cfpeces'de
ces Rats , mais le principal eft celui
que les Hollandois nomment Zakr
Rut , ou Eeurs-Rot, & dont la femelle
porte fes petits fous fon ventre , d'où
ils fortent pour manger , Se où ils ren-
dent auJiï-tôt après. Cette efpece eft
celle qu'on voit à la Louifiane. La
RAT '€6 7
Planche LXVL des InfeEles de Surinam
repréfente un de ces Rats de forêt char-
gé de fes petits.
Les animaux fui vans ne font pas mis
par M. Brisson dans le genre du
Rat.
RAT MUSQUÉ, en Latîn
Mus Mofchiferus. Cet animal eft mis
par Menteurs Linn/eus Se Brisson
dans le genre des Caftors, Se par M.
Klein dans celui des Loirs , Glires.
Le premier Naturalifte ( Sy(l. Nat<
Edit. 6. g. 20. fp. 2. & Vanna Suce.
». 24 ) le nomme Cafter cattdâ longa ,
laticeolatâ , blasât le fécond , p. 135.
Cafloï cauda ver tic aliter plana , digitis
omnibus membranis inter fe connexis ,
Se le troifieme , p. 5 7. Glis Mofchiferus.
C'cft le Mus aauaiicus ou aqiiatilis
de Rai ( Synop. Quad. p. 217 ) ,
d'A ldrovakde ( Quad. Digit.
Vivip. p. 448. ), du Mufeum Wormcn-
fe , p. 334. de Jonston ( Quad.
Tab. 73.)» de C L u s 1 u s {Exot.
p. 375 • ) > Se le Sorex Mofcov'uicus ,
Jîve ndoriferens de Chari. eton,
Exercit. p. 2 5 . Il eft nommé en Angloîs
Mus-Covy, ou Musk-Rœt, Se en Sué-
dois Defman.
Il y a de ces animaux tout-à-faït
noirs dans les pays Septentrionaux ,
Se en général plus le pays qu'ils habi-
tent eit froid , plus leur couleur eft
foncée. Cette efpece de Rat a depuis
le bout du mufeau jufqu'à l'origine de
la queue neuf pouces : le tour de fon
corps eft de fept pouces. Sa tête eft
petite à proportion du corps. Il a la
partie fùpérieure de fon mufeau allon-
gée, comme celle de la Taupe. L'ou-
verture de fa bouche eft petite. Ses
yeux font à peine vifibles. Sa queue
qui eft plate verticalement a fix pouces
Se demi de long Se huit lignes de large ,
Se fe termine en pointe obtnfe : elle
eft couverte de tnrs-petites écailles ,
entre lefqueis pouffent quelques poils.
Ses jambes font courtes. Il a à chaque
pied cinq doigts , tous joints enfemble
par de fortes membranes , Se armés
«6% RAT
d'ongles longs & forts. Les pieds de
derrière font plus longs que ceux de
devant. Tout fon corps eft couvert
de poils très-doux Se très-épais , d'un
brun brillant fur le dos Se d'un gris
blanchâtre Se brillant fous le ventre.
Il a une forte odeur de rnufe. On k
trouve en Ruffie , en Mofcovie 8c en
Laponïe.
RAT MUSQUÉ DU CA-
NADA, en Latin Mus Mofchiferus
Canadenfts , nommé par M. BriSsoN,
Caftor caudâverticatiter plana, digiiis
omnibus à Je invicera Jeparatis. Il en
eft parlé dans ï'Hifloire de l' Académie
des Sciences , année 1725. p. 323. Cet
animal a un pied de long, depuis le
bout du bec jufqu'à l'origine de la
queue : le tour de fon corps eit d'en-
viron dix pouces. Sa tête eft oblon-
gue , & a depuis les narines jufqu'à
l'occiput deux pouces & demi. Ses
yeux font grands , Se fes oreilles très-
courtes. Sa queue , qui eft plate ver-
ticalement, a neuf pouces, de long Se
environ dix lignes de large , Se fe ter-
mine en pointe obtufe : elle eft cou-
verte de très-petites écailles , parmi
îefqueiles pouffent quelques poils. Ses
jambes font courtes. Il a à chaque
pïed cinq doigts , tous féparés les uns
des autres , armés d'ongles forts , le
ponce bien diftinét. Ses pieds de der-
rière font plus grands que ceux de
devant. Tout le corps de cet animal
eft couvert de poils très-doux Se très -
épais ; toute la partie fupérieure du
corps , ainfi que la poitrine , eft d'un
roux plus foncé fur le dos qu'ailleurs.
La gorge & le ventre font d'un blanc
jaunâtre. Il a une forte odeur de mufe.
Voilà ce que M. B r 1 3 s o n dit de
ce Rat muj'qué. On le trouve en Amé-
rique.
Cet animal , difent les Mémoires de
l' Académie des Sciences , a affez de
rapport avec le Caftor. Les Sauvages
les difent frères ; mais le Caftor eft
beaucoup plus gros Se a plus d'inftinct.
Au preîftier. coup, d'œil.on prendroiî:.
R A T
un vieux Rat mufqué Se un Caftôrd'urî
mois pour deux animaux de même
efpece.
Ces Rats font inconnus dans toutes
les contrées du Canada. Pendant l'été
ils fe nourrîffent de toutes fortes d'her-
bes , Se pendant l'hiver de différentes
efpeces de racines , telles que de cel-
les du JVymphtca al ba major , du Nynî-
ph&a lutea major , Se fur-tout de celles
du Calamus aromaticus.
Ils vivent en fociété au moins pen-r
dant l'hiver. Ils fe bâtilfent des caba-
nes, dont les unes plus petites ne font
habitée sque par une feule famille, &
les autres plus grandes, en contiennent
pluficurs. Leur génie fe montre dans
le choix même du lieu où ils s'éta-r
bliffent. Ils bâtiffent leurs loges dans
des marais ou fur le bord des lacs Se des
rivières, qui ont beaucoup d'étendue
& dont, le lit eft plat, ou par confé-
quent l'eau eft dormante , Se où enfin
le terrein produit abondamment des
plantes , dont les racines font conve-
nables à leur nourriture. C'eft fur les
endroits les plus hauts d'un pareil ter-*-
rein qu'ils conftruifent leurs loges t
afin que les eaux puiffent s'élever fans
les incommoder. Si leur loge eft trop
baffe , ils l' élèvent , Se l'abaiilent fi elle
eft trop élevée. Ils la difpofent par
gradins , pour fe retirer d'étage eïj
étage à mefure que l'eau montera. Elle
eft plus ou moins grande , félon qu'el-
le doit être occupée par plus' ou moins
de Rats. Lorfqu'elle n'eft deftinée que
pour fep.t à huit , elle a environ deux
pieds de diamètre en tout fens , & plufi
grande, proportionnellement , lorfi-
qu'elle en doit contenir davantage ? .
& il y a autant d'appartemens qu'il y
a de familles.
Ces loges font environnées de joncs -a
que ces Rats collent avec de la glaife „
qu'ils ont amollie avec leairs pieds , &
qu'ils appliquent Se uniffent avec leurs
queues , qui leur fervent de truelles. Il
cependant des ChafTeurs qui difent
qu'ils .fc fer\ ent moins de leurs «jueweg
Rat
que de leurs pattes de devant , pour
appliquer la terre Se l'applanîr. Us fe
ménagent une ouverture par laquelle
ils peuvent entrer Se fortir ; maïs ils
la bouchent entièrement quand l'hiver
s'eft déclaré tout de bon , Se qu'ils
veulent fe renfermer dans la retraite
qu'ils fe font préparée. Par la fuite
ces loges font quelquefois couvertes
de neige , de la hauteur de trois à
quatre pieds.
Ces Rats mufqués ont dans leurs lo-
ges les commodités elfentielles. Ils
n'ont rien à craindre pendant l'hiver
des Chaffeurs ; mais aux mois de Mars -
Se d'Avril , quand leurs habitations
commencent à fe découvrir , les Chaf-
feurs renverfent leurs cabannes & les
affomment à coups de bâton. Le mois
de Mai eft le temps de leurs amours,
lequel leur eft funefte , pareeque les
Chaffeurs pipent les mâles , en imitant
le cri des femelles, qui eft une efpece
de gémiifement , Se les tuent à coups
de fufil.
Une cabanne ne leur fert qu'un hi-
ver, lis en font de nouvelles au com-
mencent de l'hiver fuivant. Les Rats
mujqués qui vivent dans les pays chauds
n'ontpas le même befoin de cabannes:
auffi font-ils terriers comme nos La-
pins. Le Rat mitfqué pefe environ trois
livres. Il a comme le Caftor deux for-
tes de poils. Le plus long l'eft de dix
ou douze Lignes : il eft brun Se il donne
fa couleur à l'animal. Le plus court
eft une efpece de duvet très-fin , Se a
cinq ou fix lignes. Si fa peau ne fentoit
toujours le mufe , elle feroit admirable
pour toutes les fourrures à caufe de fa
grande délicateffe. Le duvet garantît
le Rat du froid , & le grand poil , qui
eft bien plus rude , conferve Se défend
le duvet de la fange, dans laquelle il
fe vautre fou vent, fur-tout en bàtllfant
fa loge.
Sa queue eft couverte d'écaillés ,
comme celle du Caftor , mais d'é-
caillas qui n'ont qu'une ligne de fur-
face, qui empiètent un peu les unes
RAT
fur les autres. Les pieds de devant du
Rat mitfqité font femblables à ceux des
tous les animaux qui rongent. Pour
ceux de derrière ils n'ont aucune ref-
femblance aux pieds du Rat domeftique s
non plus qu'à ceux du Caftor Se du
Rat mufqué , décrit par Clusius, Il
marche comme une Cane, mais beau-
coup moins que le Caftor Se les oifeaux
de rivières. Voilà en abrégé l'hiftoira-
du Rat nliij'qué.
Pour ceux qui feront curieux d'en'
voir la defeription anatomique , je
renvoie aux Mémoires de l'académie
des Sciences, année 1725. où l'on trou-
vera un Extrait de M. de Réaumur-s
fait far les Mémoires Se Lettres que M.
Sarrazin , Médecin du Roi à
Québec , Se Correfp ondant de l'Aca-
démie , a envoyés fur le Rat mufqué.
RAT PALMISTE, en Latte
Mus P almarum ; C'eft un animal qu'on
trouve en Afie , en Afrique & ea
Amérique , Se qui eft du genre de
l'Écureuil. Il eft nommé par'M. Bris-
son (p. 155.) Sciurus coloris ex rufo
& nigro mixti , it&niis in dorfo fiavicart-
ùbus. Voyez ÉCUREUIL PAL-
MISTE.
RAT D'ÉGYPTE , eu RAT
DE PHARAON : Il eft nommé
dans les Ailes d'UpJal, 1750.- p. 17»
Mus pedihus pofiieis iengiffimis , caudk
corpore longiore , & in extremo villofa.
J'ai déjà parlé de cet animal aux mots
ICHN EU MON & MAN-
GOUSTE; mais ayant trouvé
depuis dans les Ailes d'UpfaL la def-
eription que M. Hassel QUis ry a
fait inférer , je la donne telle que ce
Naturalifte la rapporte. Cet animal-,
dit-il > a la tête oblongue , le haut
convexe Se les côtés un peu élevés. Il
a le corps ovale , tourné de côté , étroit
vers la queue Se en pente. Son mufeau
eft très- court , tronqué par le bout »
gros Se cylindrique. L J ouverture de
la gueule , placée au-deffous du mu->
feau, eft très-petite. La mâchoire fu-
périeure eft très - grande - $ç com'ppfé--
6jo RAT
tout le mufeau : l'inférieure eft très-
courte Se eft cachée Tous la fupérieure.
Il a deux dents au-devant de chaque
mâchoire, convexes Se pointues. Ses
narines font au bout de ion mufeau ,
larges , rondes , voifmes l'une de l'au-
tre , & plus proches du haut du mu-
feau que du bas. Sur ces narines on
■voit une petite gro fleur ronde , un peu
élevée , terminée en bas par deux ex-
croiuances droites comme une ligne.
Ses mouftaches font très-copieufes. Il
en a trois rangs : le premier eft au
bord du mufeau , au côté inférieur ;
les poils de cette mouftache font en
grand nombre , courts , mois , blancs :
le fécond rang eft aux côtés des nari-
nes , proche des côtés fupé rieurs du
mufeau , compofé de poils roïdes ,
longs , noirs Se en petit nombre : le
troifiemc eft au milieu des deux au-
tres , en bas vers la bafe de la tête ,
-compofé d'environ dix poils , qui font
très -rudes Se très -longs , dont un
fui-paffe le corps en longueur ; ils font
blancs Se noirs. Il a les yeux placés
aux côtés de la. tête, plus proches du
haut que de la gueule , Se de la bafe
que de la pointe : eu égard au corps ,
ils font grands , gros Se tout noirs. Les
oreilles font placées à la bafe 8c pro-
che le derrière de la tête : elles font
droites , d'un oblong ovale , obtufes
au bout , larges par le bord antérieur
qui fe replie perpendiculairement, 8c
par l'inférieur qui eft convexe Scplat,
I raifon de la tête , qui eft grande •
nues , luifantes Se fournies d'artères
très - diftinctes. Les pieds antérieurs ,
qu'on appelle les mains , placés pro-
che du deffous du col, font très-courts,
ronds, nuds , ne touchant pas à terre ,
tachés fous le col 8c à peine vifibles :
les doigts en font fendus , menus &
prefque égaux. Les pieds de derrière
qui font très-longs, (car ils font du
triple plus longs que ceux du devant ,
Se du double plus longs que le corps ,
les cuiffes comprïfes ) , ces pieds font
ferrés Se nuds. Les cuiffes , qui font
RAT
fans poils & continues aux pieds , ref~
femblent à celles des oifeaux nommés
Scolopaces. La plante ou la palme de
ces pieds , les doigts compris , eft lon-
guette , épaiflê , Se lanugineufe ; les
doigts font fendus , ferrés , Se égaux.
La queue de figure quarrée , égale Se
très -longue, eft du triple plus éten-
due que le corps ; cette queue eft
couverte de poils très-courts Se ru-
des : elle a le bout fourni de poils
longs , mois Se diftinçts ; ce bout eft
long d'environ un efpace de trois
doigts. Le corps & la tête font cou-
verts de poils longs , mois Se épais. La
tête & le corps de cet animal par def-
fus eft d'un brun pâle jufqu'au milieu
des côtés : l'autre partie Se l'abdomen
font blancs. Il a des poils blancs , en
forme de petits ronds, au bout du corps
proche de la queue; celle-ci eft d'un
brun pâle , un peu plus luifante que
le corps : fa partie lanugineufe par
devant eft noire , Se blanche à fon ex-
trémité. Les oreilles Se les pieds font
de couleur de chair. La grandeur de
ce Rat d'Egypte ou de Pharaon tient
le milieu entre les efpeces fixieme Se
huitième, dont parle M. LinNjEus,
Syft.Nat. Edit. 6. p. iç>. n. 21.
Cet animal ne fe fert que de fes
pieds de derrière pour marcher. Il
marche en fautant ; il fe repofe fur ces
mêmes pieds , appliqués fur fon abdo-
men, Se eft affis liir fes genoux pliés , Se
les pieds de devant, qu'il approche de
fa gueule , ne font pas alors vifibles.
C'eft avec fes pieds de devant que ,
comme les Loirs , il prend fa nourri-
ture; ces mêmes pieds font fes mains,
■dont il fe fert pour puifer de l'eau Se
pour boire * les doigts étant courbés.
Il dort tout le jour , Se veille toute la
nuit. Il fe nourrit de froment Se d'une
plante nommée Sefanus. Il ne craint
pas beaucoup les hommes ; cependant
il n'eft pas facile de l'apprivoifer. Il
faut toujours le tenir en cage. C'eft
pourquoi M. Hasselquist dit n'en
avoir gardé deux dans une chambre
RAT R A V
que pendant quatre mois , Se que quel-
quefois on en a gardé pendant deux
ans enfermés dans une cage. Son pays
natal eft l'Egypte , Se les montagnes
qui féparent l'Arabie d'avec l'Egypte.
Son nom Arabe eft Gœrbna. En vou-
lant fuîvre les Anciens fur la des-
cription de cet animal , on diroît qu'il
a la tête d'un Lièvre , les mouftaches
d'un Ecureuil , le mufeau d'un Porc,
le corps , les oreilles & les pieds de
devant du Rat, Se peut-être la queue
d'un Lion. Suivant cette ancienne des-
cription , voilà un monftrueux ani-
mal.
RAT DE PONT, ou RAT
DE T ART A RIE : C'eft une
efpece d'Écureuil volant. Voyez ÉCU-
REUIL VOLANT.
R A T E-PENADE : Bel on
donne ce nom à la Chauve- Souris.
Voyez CHAUVE-SOURIS.
Rondelet donne auffi ce nom
à la féconde efpece de Paftenaque ,
pareeque ce poi'Jbn a la figure d'une
Chauve -Souris , les ailes étendues.
Voyez PAS T EN A QUE.
RATO.HEA, Perroquet tout-
blanc Se bu*! t ^ ont parle A l D R o-
vande. M. Klein dit en avoir
vu un pareil à Dantzick. Voyez PER-
ROQUET.
Il A V
RAVAGEANT : Goedard
donne ce nom à un Papillon rouge , à
caufe du dégât qu'il fait parmi les fleurs.
Il fort , dit-il , d'une Chenille , qui
fait un grand ravage dans le cœur de
VtEillet^Elle fe cache fous terre pen-
dant le joun L'Auteur en a nourri une
avec des feuilles d'ŒSîllet , qui eft la
feule nourriture que ces fortes de
Chenilles prennent.
RAUBALET , RAPE , ou
R A P P E , nom que les Allemands
donnent à un poiifon du genre de3
Carpes. C'eft le Lapito finviatilis ra~
pax d' Aldrovande. Voyez au mot
CARPE..
RAV RAY R E I 67%
RAVET, petit animal fem blabla
à un Hanneton dépouillé de fes ailes
mais un peu plus plat & plus tendre.
11 y en a une grande quantité dans les
Antilles , & fur-tout dans l'ifle de la
Guadeloupe. On en trouve de deux
fortes. Les plus ^ros font d'ordinaire,
de la même groileur Se de la même
couleur que les Hannetons. Les autres
font plus petits rie la moitié. Il y en a
dans la. Martinique Se les autres Ifles ,
qui font larges d'un pouce , Se longs
d'un pouce Se demi, Se qui volent com-
me des oifeaux. Ces animaux , tant
gros que petits , font beaucoup de tort
aux habitans , en fe gliffant à milliers
dans leurs coffres , où ils rongent tout
ce qu'ils peuvent attraper , comme
papiers, livres & habits, de même que
font les Rats , ce qui leur a fait donner
le nom de Ravets. Le coton qui n'a
pas encore été mis en œuvre n'eft pas
de leur goût. On a remarqué qu'Us
font ennemis des bonnes odeurs Se qu'ils
ne fe fourrent pas volontiers dans les
coffres qui font faits de Cèdre , Se de
cesexcellens bois de fenteur qui font
communs dans toutes ces Ifles. Ces in-
fectes deviennent la proie des Arai-
gnées. V oyez ARAIGNÉE D'A-
MÉR1QUE.
RAY
RAYE, poiffon de mer. Voyes
au mot RAIE.
R E I
REINE : Mouffet ( Edk,
Lat. p. 99. ) , H 0 F F n a g e l ( Inf.
t, 12. f. Q. ) , J O N S T O N ( Itlf. p. 40,
». 4. t. 5. ) , & M e M e r 1 a n ( Hifi.
des lnf. de l'Eur. ) donnent ce nom à
un Papillon , que M. L 1 n n s. u s
(Fauna Suec. p. 134. r.. 776-) nom-
me Fapilio tetrapus , alis an^ulatis fui—
vïf , nigro maculatis , omnibus ocello
ç&tuleo var'ugatïs , en François (SàI de
l'aon , Se en Latin Ocuhts F avertis r
félon Goedard,. Fart, /.Lister,.
p. I . /. I . P B T I V E R T , Mllf. p. 34f
6 7 2 R E I REM
«, 314. Albin, Inf Ang. Ray,
Inf p. 122. M, de Réaumur 1
Mém. de V Acaà. des Sciences , Tome I.
8e les autres. C'eft un très-beau Pa-
pillon , qu'on trouve fur les feuilles
d'Ortie. Il a fur chaque aile des ta-
ches qui ont la figure d'un œil , d'où
lui eft venu le nom à.' (EU de Paon.
REINE DES SERPENS : C'eft
un beau Serpent du Bréfil du pays de
Guaira , nommé Regina Serpentum par
Seba , The/'. IL p. 105. Tab.yy. n. 2.
R E M
REM, ou R É E M : Ce mot
Hébreu, eft employé plufieurs fois
dans l'Écriture Sainte , & il eft tra-
duit dans la Verfion Grecque Se dans
la Vulgate , tantôt par le nom -de Rhi-
nocéros , Se tantôt par celui de Mono-
ceros , ou Unïcorms. M, Ladvocat,
dans fa Lettre /ur le Rhinocéros , impri-
mée chez T h iB oust en 1 749. dit
que les Interprètes ne conviennent pas
que le mot Récrn , ou Rem , fignifie
le Rhinocéros. Ils abandonnent fur ce
point les Verfions Grecque Se Lati-
ne , pareeque les Septantes , & l'Au-
teur de la Vulgate , ne font point
tonftans dans leur Traduction. En effet,
puifque le mot Hébreu Réem fè trou-
ve par tout le même , pourquoi lui
donner différentes lignifications , Se le
traduire tantôt par Rhinocéros > Se tan-
tôt par Mor.oceros > ou Unicornis ? Au-
cune nécefïité n'y contraint , dit l'Au-
teur de la Lettre ; car il n'y a rien
dans tous les Textes où il fe trouve
qui oblige de le traduire différem-
ment , comme il eft aifé de s'en con-
vaincre en confultant les endroits que
îious indiquons, Nam. XXUL verf. 22.
Dent. XXXM, verf. ij.Job XXXIX.
verf 10. & 12. Pfal. XXII. verf 22.
& Pfal. XXIX. verf 6. If. XXXlV.
verfi. Pfal. XC. verf. 1 1 . Il n'eft donc
pas certain que le Réem de la Bible
(oit le même animal que le Rhinoce-
ios. Il y a même plufieurs raifons qui
«tocteot À croire qu'il n'eft jamais
REM
parlé du Rhinocéros dans le Texte
original de l'Écriture.
ï . Le Réem devoît être très-com-
mun dans laPaleftine, dans i'ïdumée
& dans l'Arabie , puifque l'Écriture
en parle fi fouvenr. Or il n'y a point
de Rhinocéros en ces trois pays , &
nous n'avons aucune preuve qu'il y
en ait jamais eu. Le Réem n'eft donc
pas le Rhinocéros.
2 0 . Le Réem a voit deux cornes; car
Moïse, en parlant de Joseph,
dit que fa beauté eft femblable à celle
du Taureau, &que fa force rejfemble à
celle des cornes du Réem , Deuteron.
XXXIII. verf. 1 7. D A V 1 D prie auifi
le Seigneur de le délivrer de la gueule
du Lion & des cornes du Réem , Pfal.
XXII. verf. 21. Or quoique le Rhi-
nocéros mâle ait deux cornes , cepen-
dant la femelle n'en a qu'une : on ne
peut donc dire en général du Rhino-
céros qu'il ait deux cornes , Se par
conféquent il eft différent du Réem.
3 0 . Le Réem dans l'Ecriture eft un
animal farouche , indomptable , Se qui
ne peut être apprivoifé. C'eft ce que
Dieu lui-même fait obferver à Job ;
Le Réem, lui dit-il , voitdra-t-it vous
obéir , & demeurer dans votre étable ?
Pourrez- vous Panacher à la charrue
pour fendre les filons ? Et vottdra-t-il
vous fuivre pour herfer vos terres ?
Aurez,- vous confiance en fi force , &
lui donner ez.-vous le foin de votre la-
bour ? Croirez,-vous qu'il vous rende ce
que vous aurez, femé , & qu'il rempli/fe
vo&e aire de bled ? Job XXXIX.
verf 1 o.
Or le Rhinocéros qu'on a vu à Paris
étoit apprivoifé , Se fi l'on en croit les
Voyageurs , les Abyfiîns s'en fervent
pour le travail, comme ils fe fervent
de l'Eléphant. Le Rhinocéros & le
Réem ne font donc pas le même ani-
mal.
4°. Les cornes du Réem .dévoient
erre fort grandes , félon ces paroles
du Pfalmifte : Vous élèverez, ma corne ,
( c'eft-à-dire majorée) » comme celle
du
REM
ri«Réem, Vf XCUI. vtrf ix. C'eft
l'obfervation du lavant A u e H Etra,
11 paroît , dit- il , par ces paroles ,
qu'il s'agit ici d'un animal , dont la
corne étoit fort longue : or celle du
Rhinocéros n'eft pas telle , puifqu'elle
a au plus deux pieds dj longueur ,
même en partant de la racine. Le Rhi-
nocéros n'eft donc pas le Réem.
De plus le Réem eft un animal ,
dont le propre eft de bondir & de fau-
ter ; c'eft ce que dit le Pfalmifte :
La voix du Seigneur fait bondir les mon-
tagnes du Liban & du Sarion , comme
les petits du Réem, Vf. XXIX. vsrf 6.
Or le Rhinocéros ne paroît pas un ani-
mal propre à fauter: ce n'eft donc pas
le Réem.
Enfin les Arabes , dont la langue
n'eft qu'une forte de dialecte de l'Hé-
breu, appellent le Rhinocéros, Kcr-
kelan, félon d'H e r g e l o t {BibL
Orient, p. 359-)» au-lieu qu'ils don-
nent encore aujourd'hui le nom de
Réem à un autre animal. Il ne paroît
donc pas que le Rhinocéros Se le Réem
l'oient le même animal.
Aufii le do£te Bocbard penfe
que le Réem eft l'Oryx , forte de
Chèvre fauvage , appellée , dit -il ,
Réem ouRim par les Arabes. Mais cette
opinion n'eft pas non plus fans difficul-
té ; car outre qu'il eft difficile d'attri-
buer à, l'Oryx toutes les propriétés
que l'Écriture attribue au Réem , U
n'eft pas bien prouvé que l'Oryx ,
tel qu'il eft décrit par A r i s T o T E &
par d'autres Naturalistes , fe trouve
en Paleftine , en Idumée Se en Ara-
bie , & telle eft la raifon pour laquelle
le favant Ludolph , qui étoit d'a-
bord de l'opinion deBocHARD, dans
fon Hiftotre d'Ethiopie , changea en-
fuite de fentiment dans fon Commen-
taire.
Boot, autre favant Naturalifte ,
croit que le Réem eft l'Urus forte de
Bœuf fauvage , dont il eft parlé dans
César Se dans d'autres Naturaliftes ;
piais cet animal ayant toujours été
Tome III.
REM 6-75
Inconnu dans la Paleftine Se dans les
pays voifins , la même raifon qui mili-
te contre Bochaed, milite encore
contre Boot.
D'autres entendent par Réem , le
Daim ; Se d'autres , difterens animaux *
car il y a fur ce point autant d'avis
divers , qu'il y a de textes dans l'E-
criture où fe trouve le mot de Réem.
Cette variété de fentimens a fait reve-
nir Lu d olp h au Rhinocéros, de
même que M. Scheuchzer , qui
en parle dans fa Phyftqite Sacrée , Tome
IV. p. 25. Ces deux Savans penfent
que tout ce qui eft dit du Réem dans
l'Ecriture , peut très - bien convenir
au Rhinocéros. Ils fe fervent pour le
prouver de la même raifon que Boot
employoît pour prouver que le Réem
étoit l'Urus: il eft à favoir que l'E-
criture joint prefque toujours le Réem
avec le Bœuf. Or , difent-ils, le Rhi-
nocéros, eft appelle par P a u s A N 1 A S
Bœuf d'Éthiopie. Il peut donc fe faire
que par Réem l'Écriture entende le
Rhinoceros , Se quoiqu'il n'y ait point
de Rhinocéros dans la Paleftine , les
anciens Juifs , difent-ils , peuvent en
avoir entendu parler , foït dans leur
féjour en Egypte Se dans les déierts
d'Arabie , fait dans leurs conven-
tions avec les Éthiopiens Se les Indiens ,
ce qui fuffit pour qu'ils ayent pu em-
prunter de ces animaux étrangers des
proverbes Se autres façons de parler,
comme nous en empruntons nous-
mêmes des Lions, des Éléphans Se des
autres animaux des Indes Se d'Afrique.
Mais il m'a paru qu'ils ne fatisfaifoient
pas entièrement à toutes les raifons
déduites ci-deffus , Si je fuis perfuadé
qu'on ne connoîtra jamais bien le Réem,
que l'on n'ait une Hiftoire Naturelle
exacte des animaux de la Paleftine ,
de la Syrie, de l'Idumée 8e de l'Ara-
bie , laquelle nous manque jufqu'à au-
jourd'hui.
En attendant , il fuffira d'obferver
avec M. Schultens ( Comment, in
Job, Vf. XXXIX. verf. 10. TomeIl\
tf 7 4 R E M
p. 1 112. & fiàv.), qu'il y a dans tes
ciéferts de Syrie Se d'Arabie un grand
nombre de Bœufs fauvages , ce qui
fe prouve par les Poètes Se par les
autres Écrivains Arabes, qui en par-
lent fans ceffe & qui les appellent Réem.
Il paroît confiant , ajoute-t-ïl , que
ce font ces mêmes animaux , dont par-
le l'Ecriture fous le nom de Réem ;
c'eft pourquoi elle les met dans la
clafle des Bœufs indomptables > qui ne
peuvent être attachés à la charrue ,
comme le Bceuf domeftique , Se c'eft
ce que Dieu dit à J o b. En prenant
ainfi le Réem pour un Boeuf fauvage
de Syrie , de Paleftine , d'Idumée Se
d'Arabie , où il s'en trouve un grand
nombre , il eft aifé d'expliquer tous
les textes de l'Écriture , dans lefquels
îi eft parlé du Réem , au-lîeu qu'il ne
paraît pas poffible de les expliquer
d'une manière fatisfaifante, en les enten-
dant du Rhinocéros & des autres ani-
maux. Voilà les lavantes recherches
de M. Ladvocat fur le Réem de
l'Ecriture. Voyez au mot RHINO-
CEROS.
REMORA*, ou REMORE,
poiflbn mis par Artedi ( hhib. Part.
V. p. 28.) dans le rang de ceux qui
ont les nageoires molles, Pifcis malci-
copterygius. C'eft Vigjmt d'AîusxoTE
(L. II. c. 14.) , d'E lien ( L. II.
ç. 17. p. 95, ) Se d'O ïpien( Mal.
L. I. p. 9. ), O v 1 D E C V. 99. ) ,
Pline (L. IX. c. 25. L. XXXI I.
c. 1. ) , Ambrosin f Lexie. L. V.
C. IO. p. 59. ) , WoTTON(L VIII.
f. 1 66. fol. 149. ) Se Cuba ( L. III.
c. 34. ) ont confervé le nom Grec
%%miç> Gaza fur Aristote ( L. IL
c. 14.) l'a traduit par Rémora. Impe-
Rati ( Hift. Nat. ),Aldrovande
( L. III. c. 22. p. 335.), Ray ( Synop.
Meth. Pifc. p. 71. ». 12.) Se Jo n s-
t o N C L. I. c. ï. ) en parlent fous le
même nom , aînfi que Rondelet
(L. XV. c. 17. ) Se C H A R L E T O N s
, * En Anglois, Swking-ffch ; enHolIandois,
Suygcr; en Portugais f «/«-Fedago»', çuPkxo-
R E M
p. 125. C'eft Vlpernqidba Se le P'ira-
quiba du Bréfil , félon Willughby ,
p. 119. qui en parle d'après Marc.
Grave, L. IV. c. 18.
On dit que ce poiflbn arrête les
vaiffeaux en pleine mer , d'où il eft
appellé Rémora par les Latins. Les
Anciens en ont beaucoup fait men-
tion : mais il eft peu connu , à caufè
des diverfes deferiptions que les Na-
turaliftes en ont faites. Si ces différen-
tes deferiptions font vraies , il y a difFé-
rens poiflbns , dit Rondelet, qui
arrêtent les vaiffeaux , Se auxquels on
a donné le nom de Remcra. Opfieit
en parlant de celui qu'il décrit dit
qu'il fréquente la haute mer, 5c qu'il
eft long d'une coudée : il ajoute que
ce poilTon eft de couleur brune , Se
eft fembîable à une Anguille. Élisn
en parle comme Oppi en. Selon Pline,
il eft fembîable à une grande Lima-
ce, îl rapporte (L. IX.) les différens
fentimens de plu fieurs Auteurs fur ce
poiffon. Les Modernes n'ont point cru
que le Rémora eût la vertu d'arrêter
les vaiffeaux dans leur coïnrie?
Voici la defeription qu'en donne
R a y. Ce poiflbn , dit-il , a dix-huit
doigts de long , quatre d'épaiffeur , Se il
eft plus menu vers la queue. Sa bouche
eft triangulaire ; fa mâchoire fupérieu-
re eft plus courte que l'inférieure. Il
a les yeux petits, l'iris en eft jaune.
Au lieu de dents , il a beaucoup de
petites éminenecs. Sa couleur eft cen-
drée. Depuis le milieu du corps , ttnt
en haut qu'en bas , il a une nageoire
étroite , qui s'étend jufqu'à la queue»
C'eft ainfi que Ray parle de VEchineis
d'A R I S T O T E.
Ruïsch(</( P'tfiih. p. 147. ) rap-
porte l'hiftoire d'un vaiffeau Portu-
gais , qui voyageoit dans les Indes ,
arrêté dans fa courfe par un Rémora s
proche de la Ligne Équinoxîale.
G E S n E r ( de Aquat. p. 414. ) dit
que le Rémora , qui eft l' Ecbhuis des
Tioltho. Les François aux Indes le nonuncnî
Sncet Se Arrête-Nef,
Il E M
Anciens , n'eft pas plus grand que le
Goujon, & il lui donne quatre na-
geoires.
Le poîfTon , nommé Remore ou Ré-
mora , eft appelle Sucet , ou Arr'ète-
Nef par les François établis aux In-
des. On en voit dans l'Ifle de Cay en-
ne. M. Barre re ( Hifl. de la Fran-
ce Equin. p. 178 ) lui donne aufîi le
nom de Sucet. Jonston a remarqué
que cepoiflon avoir nu-deffus de la téte
comme de petits balfms.femblablesaux
pattes Seaux filamens du Polype , par
le moyen defquels il s'attache forte-
ment aux vaiffeaux Se aux gros poif-
fons. Capice Jupino, dit cet Auteur {Hifi.
Nat. de Fijcib. p. 8. ) , acetabula habet
fmilitiidine cirrorum , five acetabulorum
Tolypi, quibus naves, magnefque ac ce-
taceos Pifces apprehendens , peninaciter
haret Quand Jonston ( c'eft la ré-
flexion de M. Barrere) aurait dit
que le deffous de la tête du Rémora eft
fort gluant , Se raboteux comme une
lime , Se que c'eft par-là qu'il fe colle
aux vaiffeaux Se aux gros poilfons ,
quand il fe voit pourfuivi , il n'auroit
pas mal dit.
M. Chevalier, Doreur-
Régent , Se ancien Profelfeur de la
Faculté de Médecine en l'Univerfité
de Paris , Se ci - devant Médecin du
Roi à Saint Domingue , dans une Let-
tre fur le Rémora 8c fur les Alcyons
écrite à M. Dejean, auflï Doifeur-
Régent de la même Faculté*, s'ex-
prime en ces termes : Vous m'avez
entendu parler du Rémora 8c des Al-
cyons d'une manière fort dïfférenre de
ce qu'on en penfe ; 8c vous m'exhor-
tez à écrire ce que j'en ai vu , Se ce
que d'habiles Marins m'en ont appris.
Je ne fais pas fi beaucoup de gens
^ont curieux d'approfondir ce qu'il y a
de vrai Se de faux dans les ancien-
nes fables du Rémora Se des Alcyons.
N'importe , dites - vous , cette con-
noilTance eft du relTort de l'Hiftoi-re
* Ce font trois Lettres qui fe vendent chez
Duraino, rue du Foin. Elles traitent des ir.a-
R E M 675
Naturelle : il f e trouvera toujours
quelques - uns qui feront bien aifes
de favoir à quoi s'en tenir. A la bon-
ne heure , Monfieur , je vous obéirai :
mais n'attendez pas de moi que j'aille
courir les Bibliothèques , lire des Ca-
talogues , 8c feuilleter bien des Vo-
lumes , pour rapporter ce que les Au-
teurs modernes , ( s'il y en a ) , ont
écrit fur cette matière ; je me con-
tenterai de rapporter ce que Pline
& les autres Auteurs anciens nous en
ont laifTé , Se je tâcherai de dévelop-
per ce que -l'on en doit croire.
Le Rcmora , dit P l i n e , eft un
très-petit poiifon qui fe trouve fur les
rochers. Quand il s'attache à la quiLle
des navires , on croit qu'ils en mar-
chent plus lentement; ce qui lui a fait
donner le nom de Rémora. Il rapporte
après cela le fentiment des Anciens,
Aristote, dit-il , croit qu'il a des
pieds , à caufe de la manière dont la
multitude defes nageoires eft difpofée.
M u t 1 a n u s penfe que c'eft le
Murex , Coquillage plus grand que
le Purpura. Le même Auteur rapporte
qu'il s'en étoit collé une fi grande
quantité fous un vailfeau que Périan-
DRE , Tyran de Corinthe , envoyoit ,
avec ordre de mutiler inhumainement
trois cents enfans Nobles de Corcyre,
qu'il ne put jamais avancer, quoique
les vents ennaifent toutes les voiles,
8c que l'on honorok à Gnide , dans le
Temple de Venus, les Coquilles
qui avoient opéré cette merveille. En-
fin Tr e ii 1 u s Niger dit que ce
poiifon eft long d'un pied Se épais de
cinq doigts , Se qu'il retarde la marche
des vaiffeaux.
Nous voyons ici les fent.'mens par-
tagés fur la nature du Rémora. Les uns
penfent que c'eft un poiffon , Se d'au-
tres que c'eft un Coquillage. Aristote
fomble éloigner cette idée , en lui
donnant des pieds , ou du moins en
fuppofant que fes nageoires lui en fer-
lariies de Saint Domingue, des plantes ne la
mémelfle, du Rimera 8c des Alcyons,
Q q q q ij
€j6 REM
vent ; car les Coquillages proprement
dits n'ont ni pieds ni nageoires. 11
faut joindre Trebius N iger à
Aristote. Onpourroir, cefemble,
attribuer le même fentiment à Pline;
mais on fera détrompé , quand on lira
ce qu'il en a dit dans fon Livre XXXll.
où il parle en Déclamateur plutôt
qu'en Kiftorien de la force immenfe
de ce petit poiiTon,
Qu'y a-t-il de plus fort que la mer,
les vents & les tempêtes , dit-il , lorf-
que leur puiffance fe réunit à poufler
un navire? Etcependant un petit poif-
fon commande à cet élément & à la
fureur des vents & le retient en un
même lieu. Ce que les chaînes les plus
fortes &les ancres les plus pefantes ne
peuvent faire , un feul petit poiiTon
en vient à bout , fans peine , fans tra-
vail, non en tirant, mais en s'y atta-
chant. O vanité des hommes , s'écrie-
t-il ! Ils bâtiffent des tours Se des for-
te relies fur des vaiifeaux , afin de fe
battre au milieu de la mer , comme
ils feroient fur terre de deiTus des mu-
railles , & un poiffon d'un demi -pied
peut arrêter à fon gré ces machines
énormes , armées de fer Se d'airain
pour les combats. ïl a arrêté le vaiffeau
Amiral que montoit An toine dans
la bataille d'Aâium. Il a arrêté de
notre temps celui du Prince C A ï u s
Caligula , lorfqu'il revenoit
d'Allure à Antium. Comme de toute
la flotte fon vaifTeau à cinq rangs de
rames étoitle feul qui n'avançait point ,
des gens fiuterent du vaifTeau pour
chercher tout autour ce qui pouvoit
caufer ce retardement. Ils trouvèrent
ce poiffon collé contre le gouvernail,
& le portèrent à Caïu s, qui fut fort
indigné que fi peu de chofe eût pu
l'arrêter , Se l'emporter fur les forces
de quatre cents Rameurs. Ceux qui le
virent alors , Se qui l'ont vu depuis ,
ont dit qu'il étoit femblable à un grand
Limaçon. Nous fommes perfuadés ,
ajoûte-t-il, que toutes fortes de Coquil-
lages ont la même force :. ceux qui
REM
font confacrés dans le Temple d"è
Venus à Gnîde en font une preuve
bien éclatante , Se ne nous permettent
pas d'en douter. Il parok donc que
l'opinion commune, & celle de Pline
étoit que le Rémora eft un Coquil-
lage.
Examinons préfentement ce qu'il y
a de vrai & de faux dans ce fentiment
des Anciens. Deux chofes font l'objet
de notre recherche : l'une , quelle eft
la nature du Rémora j l'autre , quelles
font les forces qu'on peut raifonnable-
ment lui attribuer.
Entre les avis dilTércns de plufieurs
Auteurs, le bon fens veut que nous
préférions le plus vrai - femblable.
Donc, quand l'on me dira qu'un feul
petit poiffon , d'un demi-pied ou d'un
pied de long , en fe collant contre un
navire , l'arrête tout court : je ne puis
donner mon confentement à cette pre-
pofition. Par conféquent le fentiment
de Trebius Niger, & celui d'ARis-
TOTE, me paroilTent évidemment faux :
mais celui de Mutianus peut être
vrai.
11 s'enfuit donc , i°. Qu'en bonne
critique un feul petit poiffon ne peut
pas retarder la marche d'un navire.
2°. Qu'il en faut un grand nom-
bre.
3°. Que ce doit être des Coquilla-
ges , pareequ'un poiffon ordinaire fe-
rait bientôt écrafé par ce froifTement
de l'eau , qui eft tel , quand le vent
eft favorable , que la mer paroît la
nuit tout en feu autour du navire , par
la quantité prodigieufe d'étincelles qui
en fortent. Ainfi , première vérité , le
Rémora doit être un Coquillage : maia
quelle force doit avoir ce Coquil-
lage ?
Vous fevez , Monfieur, que la plu-
part des fables , Se peut-être toutes ,.
ont pour fondement quelques vérités
hiftoriques. Celle-ci n'auroit proba-
blement jama's été imaginée , fi l'on
ne s'étoit pas ■ pperçu qu'il s'attachoit
quelquefois des Coquillages fur la
REM
furface inférieure d'un vaifTeau. Ce fait
a été altéré , changé , & exagéré , en
paflant de bouche en bouche: la mul-
titude des Coquillages a été réduite
à un feul ; au Coquillage , on a fubfti-
tué un petit poifTon : du retard de la
marche , on a fait un arrêt total. Pour
mettre cette vérité dans tout fon jour,
51 n'eft queftion que de favoirfi effecti-
vement il s'amalTe quelquefois une fi
grande quantité de Coquillages fous
la quille d'un navire , que fa marche
en foit retardée : c'eft un fait certain ,
&c connu de tous les Marins qui ont
fait des voyages de long cours.
En revenant de Saint Domingue ,
comme je confidérois une Plante ma-
rine , que l'on nomme Rai/m dit Tra-
fique , mon Capitaine m'en fit tirer de
la mer une poignée : elle étoit rem-
plie de petits Coquillages de la lar-
geur Se de la longueur de l'ongle du
pouce : il m'atTura que quand des na-
vires font long-temps dans de certai-
nes Rades ou Ports , voifins des ro-
chers , il s'en attachoit fous la quille
une li grande quantité , que leur mar-
che en étoit confidérahlement retar-
dée , pareeque ce Coquillage devenoit
de la groffeur des plus groffes Mou-
les. Peut-on ne pas reconnoître à ce
récit le Rémora des Anciens ?
On conçoit aifément que quand la
quille d'un navire eft plus ou moins
garnie de ces Coquillages , cette fur-
face étant devenue raboteufe Se fil—
lonnée , elle glifie plus difficilement
fur l'eau : c'eft ce qu'affurent tous les
Auteurs , tardihs ire credunmr naves ,
morari.
Ce que M. D e Lalï, Capitaine ,
qui m'a ramené , m'a dit , n'eft pas le
fentiment d'un feul homme. Je ne m'en
fuis pas tenu à fon feul témoignage ;
j'ai prié M.Nicolas Charet,
înon Correfpondant à Nantes , il con-
nu en Europe & en Amérique par
fa probité Se par fa piété , de s'infor-
mer des anciens Mariniers de ce que
Hi'aYoit dit M. de Lalï, Voici,
REM 677
Monfieur , la réponfè qu'il m'a faite
« A l'égard, dit-il, du petit Coquil-
le lage que M. de L a l y vous a dît
:» croître de la grandeur d'une greffe
35 Moule , qui fe colle en fi grande
s> quantité fous le vaifTeau , qu'il erf
» retarde la marche , le fait eft vrai ;
s> cette forte de Coquillage s'appelle
« des Biruacler. «
Il eft donc aifé préfentement de
diftinguer ce qu'il y a de fabuleux
dans les récits que Pline Scies au-
tres Auteurs nous ont faits du Rémora.
Retranchons-en tout le merveilleux,
Se nous en aurons une jufte idée : nous
demeurerons convaincus que le Ré-
mora ne peut être ni un petit poiilon ,
ni même une multitude innombrable
de poitïcns, ni un feul Coquillage ;
mais une multitude de Coquillages,
qu'un vaiiïeau dont la quille lera gar-
nie de ces Coquillages , pourra bien ,
à la vérité , marcher moins vîte qu'un
autre , mais qu'il ne pourra réfifter
aux vents qui le poufferont. Ajoutons
que ce Coquillage fe tient probable-
ment fur cette Plante, dont nous avons
parlé , qui vient fur les rochers ; que
quand elle en eft détachée , Se qu'elle
vient à" pafferpar deffous des vailTeaux
qui font en repos dans une Rade , oit
dans un Port, elle s'y arrête ; que les
petits Coquillages fe collent contre la
quille , s'y multiplient & s'y groffif-
fent ; que fi on n'a pas le foin de les
détacher, avant que de mettre les vaif-
feaux en route, ils marchent plus len-
tement. Ceux qui ne font pas contens
de mes preuves , ou de mes conjectu-
res , comme on voudra les appeller ,
pourront confulter les Marins qui font
les feuls en état de les confirmer, Se
peut-être d'ajouter de nouvelles preu-
ves aux miennes.
Si vous êtes fatisfait , Monfieur Sé-
cher Confrère , ce fera pour moi un
heureux préjugé que le Public le fera
auffi ; Se je doute fort qu'ils prennent
pour le Rémora , le petit poifTon que
l'on m'a dit qu'un certain Curieu-s;
tf 7 â REN
garde précieufement , ni la Lamproie
qui , au rapport du P. H A r d o u i n,
s'étant attachée au gouvernail d'un
vaiffeau, fur lequel étoïent le Cardi-
nal deTournon, & M. Pe l l i-
C i er i Evêque de Montpellier, l'em-
pëchoït de marcher , quoiqu'on cite
Rondelet comme témoin ocu-
laire de ce fait. On doit faire le même
jugement du poiflbn que M. Gau-
tier, Docteur en Médecine , appor-
ta en France en 171 7. il avoit été
envoyé par Monfeigneur le Duc
d'O rléans, Régent du Royaume ,
fur la Méditerranée , pour y faire des
Obfervations. A l'embouchure du Nil,
on prit un poilTon à bord du vailfeau
nommé le Touloitfe , commandé par
M. Duquesne, qu'on dit être le
Rcmora. 11 étoit de couleur brune , Se
long d'environ un pied. Il avoit furie
dos tranfverfalement des efpeces de
filions , qui repréfentoient allez bien
un efcalier , dont les marches dimi-
nuoient de hauteur , à mefure qu'elles
approchoient de la queue. Tous ces
poilfons n'ont du Rémora que le nom
qu'on leur a donné.
REN
RENARD*., animal que M.
L 1 n n u s met dans l'ordre des
Fera , & du genre du Chien. Le Re-
nard vulgaire eft nommé dans fon
Syft. Nat. Edit. 6. gen. 8. /pec. 6.
Canis candâ relia , extremitate albîi ;
le Renard des Champs { ibid, fp. 5.)
Canis caudà reciâ , extremhate nigrci s
Se le Renard roux , appellé Vulpes fui-
vus ( Fauna Suec. n. 14. ) eft nommé
Canis caudà ere'cïâ. Ces trois animaux
ne font que des variétés & non des
efpeces différentes. Le Renard vulgaire
chez M. K 1. e 1 N ( Dijp. Quad. p. 71.)
eft dans la famille des Pentadactyies.
* Cet animal cft nommé en Hébreu Schttal ,
félon Gesker StAldrovande; en
rChiiidccn , Tks.J ; en Arabe , Tkaleb ; en
Grec ; entfpagnol, llapofa ; en Ita-
lien , Vplpe ; en Allemand , Vuchjf; en Illy-
jden j Lij'ska ; en PolonoU Lis , Se Lifzka ,
REN
M. Brisson, comme les autres
Naturalises méthodiftes , met le Re-
nard dans le genre du Chien ; & il
fait connoître quatre efpeces de
nards , favoir le vulgaire , le croij'é ',
le gris de l'Amérique j Se le Renard
blanc du Nord Le Renard abboîe à-
peu-près comme le Chien: il en dif-
fère parfes poils longs, épais, mois,
par fa queue velue , & fur-tout par
la défagréable odeur qu'il exhale; mais
il reffemble en tout au Chien parfes
parties intérieures. Le favant M.
G R E w a obfervé que le premier in-
teftin , ou celui qui eft le plus gros,
eft beaucoup plus court que celui du
Chien, puifqu'il n'a pas un demi-pied
de longueur. Le cœcum eft aulli plus
grand & plus long. Le Renard eft re-
marquable par fa fineffe & par fes
rufes : il fait des trous en terre avec
fes ongles pour fe retirer. Il eft gros
comme un moyen Chien ; d'ordinaire
il tire fur le roux ; il a les oreilles
courtes , Se la queue fort chargée de
poils. 11 eft ami des Serpens , Se vit
avec eux ; mais il hait les oifeaux ,
les bêtes d quatre pieds, & certaines
Plantes , comme la Rue. Il eft malin
& fort fin ; il fait plufieurs trous
à là tanniere afin de fe fauver plus fa-
cilement. Il vit de Poules , d'Oies ,
d'Outardes, de Lapins, de Lièvres,
de Chats, de petits Chiens , de Sou-
ris , de Sauterelles ; & il a l'adrelfe de
contrefaire le mort pour mieux attra-
per les oifeaux. On dit qu'il fait mou-
rir les Hérilfons en pillant deffiis.
Il y a une prodigieufe variété de
Renards dans la Laponie. Outre les
communs , on y en voit de noirs , de
tannés, de blancs , de marqués à une
croix , & de cendrés. Les noirs font
ceux que l'on eftime le plus à caufe
qu'ils font plus rares. Les perfonnes
dit R z a c k 1 n s k y ; en Suédois Racf, félon
M. L 1 n n „« 1? s ; en Flamand Vob , dit Gfs-
n e r , & en Anglois Fox , félon Ray. Son
nom Latin Vulpvs , qua(î Folupes , lui a été
donné à ctufe de la vuclie & de fa lege^etp à
courir.
KEN
qui tiennent le plus haut rang en Mof-
covie s'en font faire des chapeaux ,
ce qui eft caufe qu'une de leurs peaux
fe vend jufqu'à dix écus d'or , Se quel-
quefois quinze. Les peaux de Renards
de couleur tannée , font les moyennes
entre les communes rouffes Se les noi-
res. Les marquées à une croix ont une
ligne noire qui leur prend depuis le
mufeau , le long de la tête 8e du dos ,
jufqu'à la queue , Se une autre qui la
coupe depuis les épaules jufqu'aux
jiieds de devant , Se ces deux lignes
font une forme de croix. Ces animaux
font d'ordinaire plus grands , & ont
le poil plus épais que les communs
toux : auffi en fait-on plus- d'état. Les
Renards cendrés ont leur couleur mê-
lée de cendré Se de bleu, Olaus
M a g n u s les appelle Renards de cou-
leur célefte ou d'azur, Se dit qu'on les
eftime moins que les autres ; & que
les blancs qu'il nomme luifans , par-
ceque leur blancheur n'eft point mêlée
d'une autre couleur, font ceux dont
on fait le moindre cas , pareeque ce
font les plus communs , Se que le poil
de ces deux dernières efpeces tombe
en peu de temps. Ce qui fait qu'ils
font moins rares , c'eft que la chafle
en eft plus facile ; Se cela vient de ce
qu'ils ne vont point fe cacher dans
les forêts , & qu'ils ne s'arrêtent que
fur les montagnes toutes nues , qui font
entre la Norwege Se la Suéde.
Les Renards de ia Louifiane font
delà même taille que ceux d'Europe.
La peau eft beaucoup plus belle ; le
poil en eft fin Se argenté , Se d'un
brun foncé à l'extérieur. On ne voit
autre chofe que des tannieres de Re-
nards dans les coteaux remplis de bois.
Toutes les nuits on les entend chafler
le Lapin , dont ils font une grande
deftruction ; mais on ne les voit pas
inquiéter la volaille.
Il y a des Renards dans toutes les
Parties du Monde. Ceux de l'Améri-
que , dit CaTESbï { Tome IL $. 78. ) ,
font entièrement d'un gris argenté ,
REN £79-
Se différent peu de ceux d'Europe.
Ils n'habitent point dans les trous fous
terre , mais dans des arbres.
11 fe trouve , dit M, Andersom
{Hifi. Nat. d'Ifîande , p. 56". ) , une
grande quantité de Renards en Iflande,
Ils ne font point rougeâtres : il y en a
peu de noirs , mais communément ils
font gris ou bleuâtres en été , Se blancs
en hiver. C'eût dans cette dernière fai-
fon que leurs peaux font les mieux
garnies , Se les Iflandois ont alors grand
foin d'en prendre tant qu'ils peuvent.
Une avertion naturelle qu'ils ont con-
tre les armes à feu , fait qu'ils ne fe
fervent pour cette chafle que de filets ,
ou d'une machine de fer , qui reffern-
ble à-peu-près aux cifeaux d'unTail-
leur d'habit , & qui eft garni d'un
Agneau mort. Dans d'autres temps
ou fans envier la peau de ces animaux ,
iis ne cherchent qu'à s'en défaire par
rapport aux ravages qu'ils font dans
leurs troupeaux , ils leur jettent des
Noix vomiques , trempées dans du
miel , Se les Renards qui ne trouvent
rien de doux ailleurs , les avalent ayee
beaucoup d'avidité.
Gaspard Bartholin dît
dans les Actes de Coppenh agite , que la
queue du Renard a une odeur de vio-
lette , Se tire un peu fur le mufe.
Les parties du Renard dont on fe
fert en Médecine , font la graille , les
poumons , le foie , le fiel , la rate ,
la peau , le fang , l'animal entier , ainf»
que fa fiente. La graiffe eft d'ufage
dans les convulfions , les contractions „
les trernblemens , Se autres femblables
défordres , aulli-bicn que dans les maux
d'oreilles , les plaies "de la tête Se l'a-
lopécie. Sa frelfure eft confondante 8c
déterfive , Se par conféquent bonne
dans les maladies des poumons , Se
le refferrement de poitrine. Le foie
eft d'ufage dans les maladies du foie
Se de la rate. Le fiel guérit le ptéry-
gium des yeux. La rate écarte la du-
reté Se la tumeur de cette partie, La
peau, avec le poil qui la couvre, eft
tfSo R E N
bonne employée à frotter lôî mem-
bres froids , ou affligés de la goutte.
Son fang fec Se trituré , guérit la pierre
dans les reins Se dans la veffie , prin-
cipalement s'il eft récent. On recom-
mande le Renard entier , ou fa chair
brûlée, pour les maladies de la poi-
trine. Bouilli dans de l'eau ou dans
de l'huile, il eft bon pour les affections
des nerfs, Se par conféquent pour les
contractions Se les douleurs des join-
tures. Enfin fes excrémens emportent
les afpérités de la peau.
Les Naturalises qui ont écrit fur le Renard
font entr'autres Dale, d'après Schrode-
rcSj p. 341. Raï, Synop. Qttad. p. }fj.
Gesner, Qttaâ, p. io3i.Aidrova»de,
Quad. digit. vivlp. p. 19$. Jo n 8 TÔ N, Qtiad.
p. 91. Charleton, Exercit. p. ij. Se
Rzackinsky, Htjf, Nat. Pal. p. 2,3 t. &
l'Auttuarium, dv même, p. 314.
Sur le Renard croifé , qui !e trouve en Po-
logne , en Suéde , & au Cap de Bonne-
Elpéranee, confultezles Auteurs ci-deiïits ci-
tés, SiKciBE, Tome 111 p. 61.
Et fur le Renard gris de la Virginie & de
la Caro! ne , M. Klein , Difp. Qiiai. p. 71.
& Catesbt, Tome II. p. 7*.
RENARD MARIN, ou
PORC MARIN, poiffon carti-
lagineux , qu'A rte d 1 ( Ichth. Part.
V. p. 96. n. 8. ) nomme Saitalut caudà
longiore quàm ipjum corpus. Il eft nom-
mé AXwrftl par A r 1 s x o t e ( L.VI.
c. 10. & 11. L. IX. c. 37. ), Se par
O p p 1 e n ( L. IL p. 59. ) ; Àxùwweti
par Athénée , L. VIL p. 294.
©*>.*t7/!* AA»p| par E L 1 e N , L. IX.
c. 12. p. 522. C'eft le Vulpes marina
de P l 1 N E , L. IL p. 59. de C u b A ,
X. p- 102. de Gesner , de
jiquat- p- 1 248. de W 1 l l u G h b y ,
p. 54. de R A Y , p,2G. n. 6. Se d'A t-
DROVANDEit. ///. C. 3 9. Ce poif-
fon eft le Simia marina de B E L o H.
Les Anglois le nomment Sea Fox ,
ou Ape , félon R a y : il y a de ces
poiflbns qui pefent jufqu'i cent livres.
11 a le corps rond Se épais , la bouche
petite, non pas fort au-delTous du bout
des mâchoires qui font pointues , 8c
fes dents font aiguës. Pour le refte
il convient avec les Chiens de mer.
R E N
Maïs fori corps , comme on l'a dif <"
eft plus gros Se plus court. Sa queue
eft beaucoup plus longue que celle de
toutes les autres efpeces de Chiens de
mer : elle eft faite en forme d'épée,
elle eft plus longue que tout fon corps.
Il a à la nailTance du dos une petite
nageoire, Ce poiflon fe trouve dans la
Méditerranée. Il eft aufli fin Se rufé,
dit R O N D E L E T C L. XIII. C. p. p.
303.) , que le Renard de terre; c'eft
ce qui lui a fait donner le nom de Re-
nard.
On trouve dans les Mémoires de
l' Académie des Sciences , Tome III.
Part- 1. la defeription d'un Renard ma-
rin. La voici :
Sa longueur étoit de huit pieds Se
demi ; fa plus grande largeur, qui étoit
au ventre, étoit de quatorze pouces;
fon corps alloit en s'élargiiTant Se fé
rétrécifToit à l'ordinaire pourproduire
la queue , qui étoït prelque aulll lon-
gue que tout le refte du corps , Se
faite en manière de faulx un peu re-
courbée vers le ventre. A l'endroit où
cette figure de faulx commençoit , îl
y avoit une feule nageoire au-def-
fous. S A L V 1 e N (de Pijc. L. IV. )
dit qu'elle eft au-defiiis,
Il avoit deux crêtes élevées fur le
dos , une grande au miiicu , Se une
autre plus petite vers la queue , quoi-
qu'A ristote , au rapport d'A-
thénée (L. VII. ) , dife qu'il n'a
aucune crête fur le dos. Il y avoir
trois nageoires de chaque côté. Les
deux d'auprès delà tête étoient gran-
des , Se repréfentoient les ailes d'un
oifeau plumé , Se c'eft peut-être ce qui
a fait croire à quelques Auteurs , com-
me à Augustus Niphus ( in Lib. L
Arifl. de Hifl, Anim. ) qu'AnisToTE
a entendu parler de ce pouTon , quand
il a dit qu'il y a un Renard qui a ,
comme la Chauve-Souris , des ailes
faites de peau. Ces nageoires étoient
longues de quinze pouces , Se larges
en leur bafe de cinq. Celles qui étoient
au milieu du ventre étoient moins
grandes i
REN
grandes : elles étoient à côté du nom-
bril , Sravoient chacune une pointe
pendante ; ce qui etl le propre des
mâles en cette forte de poiflbns : les
dernières proche de la queue étoient
fort petites.
La peau étoit IifTe Se fans écailles ;
les crêtes & les nageoires étoient du-
res , Se compofées d'arêtes ferrées par
la peau qui les couvrait , dont la cou-
leur étoit égale partout d'un gris fort
brun, bleuâtre comme de la bourbe.
Se non pas blanchepar le ventre , com-
me au Renard maria de Salvien.
La gueule avoit cinq pouces d'ou-
verture , Se elle étoit armée de deux
iortes de dents. Le côté droit de la
mâchoire fupérieure jufqit'à l'endroit
où font les canines des autres animaux ,
avoit un rang de dentspointues , dures
& fermes , étant toutes d'un feul os
en forme de feie ; mais cet os étoit
.beaucoup .plus dur que le retre des os
qui tiennent du cartilage dans ces Ior-
tes de poilfons. Les autres dents qui
bordoient le refte de cette mâchoire
& toute l'inférieure , faifoient fix rangs
par-tout, & étoient mobiles Se atta-
chées par des membranes charnues.
Leur figure étoit triangulaire , un peu
aiguë , ôc leur fubftance étoit beau-
coup moins dure que celle des au-
tres dents , qui étoient en forme de
feie, principalement aux rangs de de-
dans , où elles étoient fort fragiles Se
moins dures que le cartilage \ en forte
qu'il yen avoit quelques-unes qui ne
paroi Ifoient que comme une 'membrane
endurcie.
La langue étoit toute adhérante à
la mâchoire inférieure , Se compofée
de plufieurs os joints fermement les
uns aux autres , & recouverts d'une
chair fihreufe. -Cette langue étoit re-
vêtue d'une peau dure , Se couverte
de petites pointes luifantes qui la ren-
doient fort âpre Se rude en dehors , &
fort li fie & gliflante au- dedans. Ces
pointer vues avec .le microfeope ,
étoient tranfparenr.es comme du cry ftal.
Tome lll.
RE N R E P 6&*
Ce Renard marin ne paroît pas être le
même que celui d'A ristote, de
Pline, de Salvien. de Ron-
delet, & des autres Naturalises ,
dont Ray fait une efpece de Chien
de mer.
RENARD: Albin donne ce
nom à un Papillon forti d'une Che-
nille , qui fe nourrit de feuilles de
Ronce.Voye-z CHENILLE de feuilles
dt Ronce.
RENNE, ouRANTHIER,
efpece de Cerf de la Laponie. Voyez
au mot RH EN N E.
R E P
REPTILES : Les Naturallftes
entendent par ce mot des animaux qui
rempent : M. Linnsus diflribue la
claflè des Amphibies en deux ordres,
qui font les Reptiles Se les Serpens ,
& cet ordre des Reptiles effc divifé en
plufieurs genres , qui font ceux des
Tortues , des Grenouilles Se des Lé-
zards. Ces animaux font munis de
quatre pieds , mais ils font fi courts ,
qu'ils ne leur fervent prefque pas à
marcher ; de plus , ils font ovipares ,
ce qui fait que les Méthodiltes mo-
dernes les entôté de la clafle des Qua-
drupèdes proprement dits , qui font des
animaux vivipares. M. Klein en
compofe le fécond ordre de fes Qua-
drupèdes , qu'il appelle Quadrupèdes
digités fans poil Se ovipares. M. Bris-
Son , dans la Table fynoptique qu'il
a donnée de tout le Règne Animal , à
la tête des claflés des Quadrupèdes &
des Cétacées , place dans fa quatrième
claffe les animaux qui ont ou le corps
nud Se quatre pieds , ou le corps cou-
vert d'écailies & quatre pieds , ou
point de pieds. Tous ceux-li ont du
fang , & n'ont qu'un ventricule au
cœur. Quelques-unes de leurs femelles,
ajoute M.Brisso N , font vivipares,
les autres font ovipares. Toutes ce-
pendant ont des œufs ; mais dans quel-
ques-unes l'incubation fe fait hors du
corps. Tous les animaux de cette clalTe
R r r r
6U R E P
Fempeflt ; c'eft pourquoi on leur a
donné le nom de Reptiles , Se voilà les
Reptiles proprement dits , parmi les-
quels on doit comprendre les Ser-
pens. 11 y a de petits animaux qui
ont le corps , ou du moins quelque
partie du corps , capable d'un mouve-
ment de contraction Se d'extenfion ;
de forte que ce corps , ou cette par-
tie du corps , peut occuper plus ou
moins d'efpace à volonté ; ils n'ont
ni antennes , ni pieds , ni ftigmates.
On a donné à ces animaux le nom de
Vers , Se ils compofent la dernière
clarté du Règne animal de M. Brisson.
Les Anciens ont artez communément
confondu les petits animaux qui ont
des pieds avec ceux qui n'en ont point,.
Se ont indifféremment donné le nom
A' Infeties aux uns& aux autres. Ceux
qui ont des pieds , & dont le plus
grand nombre fubhTcnt plufieurs mé-
tamorphofes , font ce que les Modernes
nomment Infeties , 5c fous ce titre font
une clarté féparée de celle des Vers.
M, Linnsus dî'vife la clafTe des
Vers en Reptiles , en Zoophytes , en
Ttfiacées , Se en Lubopbyter. L'ordre
de ces petits animaux qui ont le corps
nud"& deftitué de membres , Corpus
mtdum, defiitutum ar tubas , comme le
dit M. Linnius ( Syfi. Nat. Edh.
6. p. 7 1 . ) compofe chez lui fix genres
de Reptiles j favoir le Gordiits, Ver,
qui a le corps menu comme un fil,
voyez G O'RDI'US ; VAfiaris ,
Ver qui a le corps rond . pointu par
lès deux bouts, voyez AS C AR I S ;
* Les Grecs & les Latins ont nommé ce
poiffbn Carcharïas , à caufe qu'il a la gueule
garnie d'un grand nombre de dems , fortes
& tranchantes; car, félon Alorovabde,
le mot Grec K«px*F ls îi fignifie aigu, rude,
âpre, ou tranchant. On le nomme autrement
Lamia, du Grec Aai'jusî , qui veut dire faim,
ou goîtrtnandife , pareeque ce potilon eft tou-
jours affamé , & fort glouton. Tiburon , ou
Tuhtran , Se non pas Vhiburon. comme difent
quelques-uns , eft un mot Efpagnol ou Por-
tugais. Arche strate, dans A t h é n é p , .
L'appelle Anihropophagos , parcecu'il aime la
ehair humaine. Les Anglois le nomment
R E Q
îe Ver Je terre , Lumbrïcns terre fin f
voyez VER DE TERRE ; 1er
Tœnia , qui a le corps droit Se long,
plat Se articulé , voyez T7ENIA ; la
Sangfue-Limace , qui a le corps long
& étroit , plat , convexe , fillonné en
long , la bouche large & échancrée,.
& les mâchoires horîfontales , voyez
SANGSUE-LIMACE ; & enfin la
Sangfïe , Ver , qui a le corps large
aux deux extrémités , voyez SANG-
SUE.
R E Q
REQUIN , REQUIEN,
ou REQUIEM*: J'ai déjà parlé
de ce poiflbn cartilagineux , le plus
grand & le plus formidable de tous
les Chiens de mer ou marins , au mot
L A M I E. C'efir le Canis carcharïas
de B e L o N , de Aquat. p. 60. d'A L-
D R o v a k d E , de Fifc. p. 383. de
Charleton , Fifc. p. 7. de Dale,
Fharm. p. 412. la Lamia de Gesner»
de Aquat. p. 173. deRoNDELET,
de Fifc. p. 3,90. de f illuGhbï,,
Ichth. p. 47. le Canis Ariftotelis de
Jonston, de Fifc. p. 13. le Ca-
nis gaieus de S a l v 1 E N , de Aquat.
p. 132. enfin c'ell le Tibitro des autres
Auteurs , le Fifcis Jon& , five anthro-
pephagus de quelques-uns. Artedi,,
Gen. 70. Synop. 98. le nomme Squa-
lus dorfo piano , dentibus plurimis ad
luttera ferra tis.
Le Tiburon ou Tuberon , que Ron-
delet croit être du' genre des Veaux
marins , & G e s ne r , un Efpadon ,
IVhite-Shark ; les Hollandoîs , Haye ; les Sué-
dois, liai ; les Danois Harufisk, ou Hmvkall^
& les Iflandois Haackal, tous mots qui ré-
pondent à la nomination Françcife de Chien
marin , ou de Chien de mer , qui lui a été
donnée, fost pareeque fa tête approche en
figure de celle d'un Chien , foit pareequ'iî
dévore avec avidité , & à co : ups de dents ,
comme font les Chiens. Quant aux mots de :
Requiem , Requien , ou Requin, on prétend que
ce font les Normands,- qui lui ont donné ces'
différons noms, pareeque ce poiflbn en dévo-
rant 1er, hommes ,, fait chanter pour eux. le
Requiemt.
REQ
n'eft autre que le Requin , comme nous
l'apprend Marc Grave, qui l'a
très-bien connu; car il affure que c'eft
une Lamie que les Portugais appel-
lent liber aon ou 'ïuberam s mais, dit
Wif.lughby, ils font fore excufables,
vu que l'Auteur de V Hifloire des In-
des , que Rondelet a fuivi , at-
tribue à ce poiffon plufieurs fauffetés,
comme par exemple qu'il fort fort
fouvent de la mer dans le continent au
grand dommage des animaux qu'il ren-
contre ; qu'il ronfle en dormant fur le
rivage ; que la femelle a plufieurs
mammelles , qu'elle fait fes petits vi-
vans , & qu'elle les nourrit de fen
lait, Pour G e s n e r , ayant lu dans
Pierre Martyr que le Tiburon
coupe un homme par la moitié d'un
coup de dent , ïl a cru que cet Au-
teur avoit voulu fignificr une épée
par le mot de dent , Se qu'ainfi il avoit
pris 1' ' Efpadon pour le Tiburon, Pour
nous , continue Willughbï, nous
ne faifons aucun doute que le Tiburon,
tant de Pierre Martyr, que
de l'Auteur de V Hifloire des Indes ,
•ne foit une Lamie , quoiqu'ils lui at-
tribuent plufieurs faulfetés , ayant été
trompés par des Obfervateurs grof-
fiers , qui aiment à ajouter certaines
merveilles à ce qu'ils ont vu dans
leurs voyages , attendu que la plu-
part des caractères qui font contenus
dans ces deferiptions conviennent à
notre Lamie, De plus , la description
de François Hernandez ,
prouve fuffifamment que le Tiburon
n'eft autre que la Lamie. J'ai parlé
du Requin d'après les Naturalises au
mot LAMIE, Rapportons ici ce
qu'en difent les Voyageurs,
Labat dit avoir une infinité de
raîfons qui le perfuadent que le Re-
auin eft un véritable Chien de mer ,
qui n'a d'avantage fur ceux qu'on prend
lur nos côtes que fa grandeur qui eft
quelquefois démefurée. Son fentimeiit
eft appuyé de celui de M. Anderson ,
qui dit que le Requin d'Illande eft le
REQ <sb 3
Chien de mer. Nous rapporterons plus
bas ce que ce Naturaliste en dit, «près
avoir donné la dc-feription du Requin ,
tel qu'on en voit dans les mers d'A-
frique. On en trouve qui ont quel-
quefois jufqu'à vingt - cinq pieds de
longueur, Se plus de quatre pieds de
diamètre. li y a des Voyageurs qui lui
donnent jufqu'à trente pieds de long;
mais Bosman affure que c'eft une er-
reur de confondre les Requins avec les
Chiens de mer , & prétend au con-
traire qu'ils n'ont pas la moindre ref-
femblance. Sa gueule eft fort grande
garnie deffus Se defTbus de trois
rangs de dents pour le moins > dont
les unes font triangulaires > les autres-
plates , & les aurres pointues ; toutes
extrêmement dures Se tranchantes , qui
s'emboé'tent les unes dans l'entre-deux
des autres d'une manière que rien ne
peut leur réfifter. Barbot lui donne
de petits yeux à proportion de fort
corps , ronds , Se fort enflammés. Les
os de fa mâchoire ont un reflbrt fi
fingulier qu'il peut ouvrir fa gueule
fuivant la groffeur de fa proie, & lui
donne une largeur prodigieufe. Heu-
reufement cette gueule meurtrière eft
à près d'un pied de diftance du bout
de fon mufïau , ce qui fait qu'il pouffe
fa proie devant lui au lieu de la mor-
dre , s'il veut la prendre, étant dans
la fituation ordinaire à tous les poif-
fons. On obferve qu'après avoir man-
qué l'amorce il y retourne jufqu'à
quatre fois , quoique déchiré iufqu'au
fang par ce croc de, fer qui fert d'ha-
meçon. Quelques Ecrivains avancent
qu'il fè renverfe fur le dos lorfqu'il
veut mordre, Il fe met feulement fur
le côté , & pour peu qu'il y foit , il
fait jouer fes mâchoires à merveille.
Ses nageoires font grandes ; il en a
deux aux côtés , un aileron fur le dos,
au tiers de fa longueur du côté de la
tête ; il en a en outre un autre plus
petit vers la queue , & deux moyens
fous le ventre. La queue eft grande ,
forte Se éch-ancrée ; fa peau eft d'uta
R r r r ij
<58 4 R E Q
brun foncé dans toutes les parties du
corps , excepté fous le ventre où elle
eft blanchâtre ; elle n'a point d'&cailïes,
mais elle eft revêtue d'une force d'en-
duit , dur , épais , & grainelé comme
le chagrin , divifépar des raies ou des
lignes qui fë croifent régulièrement.
On le trouve en pleine mer, fur les
Côtes , & dans les rivières. 11 y en a en
abondance entre les Tropiques , parti-
culièrement depuis Arguim au long de
la côte jufqu'au Royaume d'Angola.
Quand ce poilTcn pourfuit quelque
proie , il le fait avec tant de vivacité
qu'il échoue quelquefois fur le ri-
vage. Il eit vorace , hardi , & dange-
reux , &r il dépeuplerait la mer & les
rivières fans la difficulté qu'il a de
pouvoir mordre ce qu'il pourfuit. Le
mouvement qu'il fait , quoique très-
vif, donne le temps de s'échappera
ce qu'il pourfuit, C'elt ce moment
que les Nègres prennent pour le per-
cer lorfqu'ils le voyent à portée de fe
pouvoir lancer fur eux en fe tournant ,
ils plongent fous lui Se lui fendent le
ventre en paffantdeifous. Toute forte
de chair l'accommode : il femble pour-
tant que celle de l'homme blanc l'at-
tire moins que celle d'un Nègre , &
celle-ci moins que celle d'un Chien.
Il ne faut pas beaucoup d'adreflepour
prendre ce poifTon. Comme if eft ex-
trêmement goulu , il fe jette avide-
ment fur tout ce qu'on lui prefente.
Ordinairement c'eft un gros hameçon
couvert d'une pièce de lard attachée
à une bonne chaîne de fer. Sans cette
précaution il couperoit l'amarre de
l'hameçon. Lorfqu'il n'eft pas preffé
de la faim , il s'approche de Pappas ,
l'examine , tourne autour , femble le
négliger apparemment à caufe de la
corde ou de la chaîne qui y font jointes;
Il s'en éloigne un peu , &puis revient
quelquefois , il fe met en devoir d'en<-
gloutir l'appas , & il le quitte. Lorf-
qu'on a pris affez de plaifir à voir
toutes fes démarches , on tire la corde
&. on. fait fembkku de vouloir retirer
R E Q
l'appas hors de l'eau , fbn appétit fe
réveille; alors tout de - bon il fejette-
goulûment fur le lard 8c l'avale. Mais
comme il fè fent pris & retenu par
la chaîne , c'eR un nouveau divertif-
fement de voir tous les mouvemcng
qu'il fe donne pour fe décrocher : il
fait jouer fes mâchoires pour couper
la chaîne , il tire de toutes fes forces
pour arracher la corde qui le tient at-
taché ; quelquefois il fe iance en avant
Se fait des bonds furieux. Labat dit
en avoir vu qui vouloient vomir ce
qu'ils avoient pris , & qui fembloient
aller mettre toutes leurs entrailles de-
hors par la gueule. On le laiffe fe
débattre pendant quelque temps , puis
on tire la corde , & lorfqu'on lui a
mis la tête hors de l'eau , on gliffe
une autre corde avec un noeud cou-
lant qu'on lui fait couler jufqu'à la.
naiffance de la queue où on la ferre.
Il eit aifé alors de le lever dans le bâ-
timent ou de le tirer à terre , où on>
achevé de le tuer. 11 n'y a point d'a-
nimal plus difficile à faire mourir; car
apres l'avoir coupé en pièces-, on voit
encore remuer toutes fes- parties. La
femelle du Requin eft vivipare; fa ma-
trice reffemble à celle de la Chienne,,
& fes autres parties à celles des poif-
fons.
Les Requins , commeon l'a dit, font
très-voraces. On rapporte en preuve
qu'en 1744. un Matelot Provençal fe
baignant dans la mer Méditerranée
près d'Antibes, s'apperçut qu'un Re-
quin nageoit au-deffous de lui , & ob-
fervant que ce poifTon faifoit le même
chemin que lui', il fit en forte de fe
rapprocher du vaûTeau d'où il étoi't
forti , pour implorer le fecours de fes
Compagnons, afin de fe tirer de l'em-
barras où il fe trouvoit; mais auffi-tôt
fes Confrères voyant le danger où.;
étoit ce malheureux lui jerterent une
corde, avec laquelle il s'attacha au—
deffous des bras , Se ils l'enlevèrent r:
le Requin alors s'élança hors de l'eau
lui emporta une jamt>&.
REQ
Le Requin eft ordinairement accom-
pagné d'une efpece de poifïbns de la
grofteur de la Sardine , mais d'une
forme plus ronde, qui marchent devant
lui fans en recevoir de mal: on les a
nommés Pilotes , Se plufieurs Écrivains
remarquent qu'en prenant un Requin
on lui trouve fbuvent quelques-uns
de ces petits animaux attachés au dos.
Ils s'approchent familièrement du
monftre , Se l'on fuppofe que fervant
à lui faire trouver fa proie , & à l'a-
vertir des dangers qui le menacent , ils
en reçoivent pour récompenfe des ali-
mens Se de la protection. On y trouve
quelquefois le Rémora , que les Fran-
çois nomment Street , ou Arrête-Nef.
Voyez SUCET,
On trouve dans les mers du Cap
de Bonne-Efpérance deux fortes de
Requins , que les Européens appellent
Hayes. La première eft de douze à feize
pieds de long. Ses dents , dont il a trois
rangées font crochues , fortes , &
pointues : il a deux nageoires fur le
dos , l'une près de la tête , l'autre a
la diftance d'environ deux pieds de la
queue , & fous le ventre il y en a
quatre autres fituées de la même ma-
nière , entre lefquelles eft une fente
près de fa queue. Il a la peau rude 8c
dure, quoique fans écailles; d'autres
petits poiftons montent fur lui Se le
fiicent.
La féconde efpece de Requins a la
tête & le dos beaucoup plus larges ,
Se diffère encore plus par les dents dont
il a fix rangées. Sa peau eft auiïi rude
qu'une lime. Sa queue fe termine en
eroiffant. Un Requin médiocre de cette
efpece eft tout ce que deux Chevaux
peuvent tirer. Kolbe eft perfuadé
que ce fut un Requin plutôt qu'une
Baleine qui engloutit le Prophète
J O N A S.
M. AnderS'O n ( Hift. Nat.
'd'iflande , p, 216.) dit que le Requin
qu'il nomme en Latin Canis carcha-
rias , Galea , eft allez fréquent fur les
■cotes de l'Iflande j mais on n'en pread
REQ 6Z$
que la plus grande efpece pour en tirer
la graiffe & le foie. Il nomme cette
grande efpece en Latin Canif carcha-
rias , Lamia , ou Tihuronus. Ce poif-
fon mord mieux à l'hameçon pendant'
la nuit ; c'eft pourquoi on le prend
vers Noël , lorfque les nuits font les
plus longues. On attache l'amorce
avec l'hameçon à une chaîne , qui a
deux aunes de long , pour empêcher
qu'il ne coupe la ligne avec les dents.
Ce poiiTon a un foie énorme , dont un'
feul donne une livre de Thran , ou
d'huile. Son ovaire eft auffi fort grand ,
& les Norvégiens en font de bonnes
omelettes , qu'ils appellent Haak'ize.
Sa graifle a la qualité finguliere de^fe'
conferver long- temps , Se de durcir en : -
fe féchant comme le lard de Cochon.
Aufii les Hkndois s'en fervent à la
place du lard , & la mangent avec'
l;ur Stocfifch s mais ordinairement on'
la fait bouillir pour en tirer de l'huile,<
Le foie de ce poiiTon eft d'une grof--
feur fi énorme , qu'un feul fuffit pour
remplir un petit tonneau de plufieurs
pintes. Martin ( Defcript. des Ijles
Occident, de l'Europe , p. 385'. ) remar-
que qu'un feul foie _d'urt gros Requin
donne une pinte d'Écoffe d'huile ; ce'
qui en fait quatre mefures d'Angle-
terre. On fait bouillir le foie dans un'
pot à moitié rempli d'eau , & à me-
fure qu'il bout', on en ôte fucceffive-
ment l'huile qui fumage , & on la ferre
dans des tonneaux. On coupe la chair
du bas-ventre de ce poiffon en tran-
ches fort minces , qu'on lauTe fécher
en les tenant fufpendues pendant un
an & d'avantage , jufqu'd ce que toute
la graine en foit dégouttée 5 & un fa-
meux Négociant de Coppenhague ,
qui avoit fait plufieurs fois le voyage
de l'Iflande , a afTuré PAuteur que
ces tranches préparées d'une certaine
façon , ont prefque le goût du palais
de Bœuf, accommodé de même.
On compte le Requin parmi les poï£
fons cétacées improprement dits , à
raifon' de- fa' grandeurv&. parcequ*ill
eu REQ
fait fes petits vivans. BeloN dît avoir
vu une femelle faire onze petits à la
fois , non enveloppés de tuniques , mais
attachés feulement par un cordon om-
bilical à la matrice de la mere. he Re-
quin fournit peu de parties d'ufage en
Médecine. On mange fa chair , quand
on n'a rien de meilleur: en effet elle
eft dure , coriace , maigre , gluante ,
fade , de mauvais goût Se très-difficile
à digérer. Il n'y a gueres que Pefto-
mac des Matelots qui puifie s'en ac-
commoder. La feule partie fupporta-
ble eft le ventre , qu'on fait mariner
l'efpace de vingt-quatre heures , &
bouillir à l'eau , pour le manger avec
l'huile. Si l'on prend une femelle avec
quelques petits dans le ventre ,on fe
hâte de les en tirer, Se les ayant fait
dégorger dans l'eau fraîche pendant
lin jour eu deux , on trouve leur chair
aflez bonne. Nos Matelots Européens
s'en accommodent volontiers dans le
befoin. C'eft de tous les poiflbns celui
que les Nègres aiment le mieux &
qu'ils mangent le plus fouvent. Les Na-
vigateurs n'en mangent prefque ja-
mais , pareequ'ils trouvent fa chair
trop dure ; mais les Nègres favent
remédier à ce défaut , en la gardant
huit ou dix jours , c'eft-à-dire jufqu'à
ce qu'elle foit puante de corruption ,
après quoi ils la regardent comme un
mets fort délicieux : aufli s'en fait-il
un commerce très - confidérable dans
la Guinée, 8c notamment lur la côte
d'Or.
On trouve dans la tête de ce poififon
quelques onces de cervelle très-blan-
che , laquelle étant féchée Se mife en
poudre , eft fort apéritive , propre
peur h colique , pour la gravelle Se
pour faciliter l'accouchement. La do-
fc en eft depuis douze grains jufqu'à
un gros , dans un verre de vin blanc.
On affûte que cette même cervelle ,
jrotle au feu , devient aufli dure qu'une
pierre. Les dents du Requin réduites en
poudre fubtile, font regardées comme
alcalines & aj éritives. On les recom-
R E S R E T
mande contre la pierre , Se pour arrê-
ter le cours de ventre Se les hémorrha-
gies. La dofe en eft depuis un demi-
fcrupule jufqu'à deux fcrupules. On
enchâffe ces dents dans de l'argent ,
pour en faire des hochets , dont les
enfans fe, fervent , pour aider leurs
dents à percer. Rondelet dit qu'on
en prépare d'exce liens dentifrices »
propres à blanchir les dents & à les
affermir.
Sa peau eft d'uiâge cirez plufieurs
Artifans, qui i'employent pour cou-
vrir des étuis de lunettes & pour d'au-
tres ouvrages. Enfin l'huile du Requin
fournit une huile bonne à brûler. On
a reconnu que les dents qu'on nous
apporte de Malte , fous le nom de
langues de Serpens ou de Glojfop êtres ,
font des dents de ce Chien de mer ,
ou d'autres grands poiffons , qui ont
été poufieespar les flots vers cette lfle„
puis enterrées dans le rivage , Se pé-
trifiées dans la terre par le long féjour
qu'elles y font. Voyez fur le Requin
les Auteurs cités au commencement
de cet article.
R E S
RESSORT, ou LE MARÉ-
CHAL, en Latin Elater, genre de
Scarabée, dont parle M. Linn^us ,
Fauna Suec. p. 184. n. 57.
R E T
RETAN, Coquillage operculé,
du genre du Sabot , figuré Planche XII.
n. 10. de VHifloire des Coquillages du
Sénégal , par M.Adansoh. On le
trouve aux environs du Cap Manuel.
Sa coquille , dit l'Auteur, a la même
forme Se aufli la même grandeur
que la première efpece du genre fuf-
dit , qu'il nomme O fil in s mais elle
eft un peu plus épaiffe. Ses (pires font
moins renflées , peu distinguées Se
chagrinées de boutons à -peu -près
égaux, rangés fur plufieurs lignes, &
qui tournent avec elies. Il y a ^'ingt
de ces rangs dar.d la première fpire }
R E V
fix dans la féconde , Se trois feulement
dans la troifieme. Le fomraet eft un
peu plus court que l'ouverture , & de
moitié plus large que long. La lèvre
gauche de l'ouverture a une grotte Se
longue dent cylindrique vers le haut ,
Se la droite porte au-dedans , comme
une féconde lame féparée de celle du
dehors par un profond fdlon & relevée
de dix canelures , qui tournent en en-
trant en dedans. Elle eft nacrée , fort
blanche au-dedans , & de couleur de
chair au-dehors. Ses tubercules font
alternativement verdâtres & couleur
de chair.
M. A dans on range fous le nom
de Retan , le Trocbus variegatus , ore
dentato , fafciis nodofîs circitmdatus ,
de L i s t e r , Hifl. Concbyl. Tab. 645 .
fis- 37 1
La Cochlea Trochifarmis , bajî um-
hilicata , & infigniter dentato. , & ru~
gofa, in dorfo minutifflmis globulis per
feriem difpofttis undcquaqite circumda-
ta , quorum un a Vmea purpureum coiorem
ejlentat ; in altéra linea globulus iinus
eft nigerrimus > alter candidiffimm ,. &
fie alternatim ïft& linea ad apicem ufque
mucronis eleganttffimè procédant , de
Gualtieri , Lnd. Tab. & pag. <5j.
fig- B -
Et enfin le Trocho-Cachlea intégra ,
variegata , ore dentato , faf ~iis granu-
latis , de M. K l e i n , Tent. p. 4a.
jpec. 1. n. 3.
RE V
REVERSU S : Les Indiens , dît
Gesner (de Aqaat. p. d'après
Rondelet ( L. XV. c 16. p. 3 3 3- >;
donnent ce nom à un beau poillon ,qui
a la docilité de l'Éléphant. Il entend
ceux qui lui parlent. Il eft de la lon-
gueur de la main , & il eft couvert
d'écaillés ridées. Ses nageoires font
pointues. La chair en eft bonne, & il
* Le Rhenne eft nommé en Grec ftr«/Afc<P*î ;
en Latin Rangifer. 11 eft appelle en Allemand
Rein , ou Reen , ou Reymr , ou Reenflhter ;
en Polonois , Renjcheron ; en Suédois , Rhen.
R H E 6-87
fért aux Indiens pour prendre d'autres
poilïbns.
R H E
RHENNE , RENNE , ou
RANTHIER * ; Cet animal, qui eft
du genre des Cerfs , fe voit dans- la
Laponie ; il eft mis dans l'ordre des Pc--'
cora par M. L 1 n n # u s ( Fauna Suec.
p. 14. ». 39. ). Il le nomme Cervus
cornibus ramofis teretibus , fummitati--
bus palmatis. B eft chez IVÏ. Brisson
la huitième efpece du genre des Cerfs :
il la nomme ( p. 92. ) Cervus cormtum
fummitatibus omnibus palmatis ; 8c M,.
Klein l'a placé dans la famille des
Dichelons,& fous le nom générique
de Cervus. Il en parle (p. 23.) après'
le Cervus nobilis. C'eft le Rangifer de
Gesner ( Quad. p. 130.), le Ta-
ravdus d'A ldrovande ( Bifide
p- 859.), le Cervus Palmœtus , le Cer-
vus mirabilis , le Tragelapbus , 8c
Y Hippelaphus de Jonston( Quad.
p. 34. 36. & 37 ).Le MufisumOlea-
rium (p. 16. t. 10. f. 3.) en pa'-le fous
le nom de Rangifer ; Raï ( Symp,-
A-nim. Quad. p. 88. ) fous celui de
Cervus Rangifer ,&Charletoh
(Onom. 9 ) fous celui de Rangifer Sis,
de Tarandits. ■
Cet animal eft le principal bétail
des habitans de la Lapon e : il rumine
comme tous les autres animaux de
fpn genre , quoiqu'en dife Schesser,
Ecrivain de la Laponie. Ce Quadru-
pède eft à-peu-pàs de la grandeur
Se de la figure du Cerf; mais tousfes
membres font plus déliés. Ses cornes
font grandes Se branchues , rondes près
de la tête , & toutes leurs extrémités
font en palmes terminées par des poin-
tes. La couleur de fon poil eft grife ;
elle change cependant félon les faifons.
Les femelles de cette efpece ont des
cornes , mais elles font plus petites
Ce même animal eft no'-mé en Norvvd-
geois Reirten , ou Reinodttur , (êloïi W o
hics; chez les Lapons , liéen ; chez les
Anglois , Rain-Deer.
î583 R H E
que celles des mâles. Voilà en abrégé
l'hiftoire naturelle du Rhenne. Mais
entrons dans un plus grand détail.
C'eft un animal commun dans la
Laponie , & dans tous les pays du
Nord : il reffemble au Cerf, excepté
qu'il eft plus grand & plus gros , Se
que fon bois a plus d'andouiliers,: il
a deux cornes qui vont en arrière ,
Se il en fort au milieu une branche
plus petite , mais qui elt partagée ainfi
que le bois d'un Cerf en divers an-
douillers : elle eft tournée fur le de-
vant , Se àcaufe de cette fituation elle
peut paffer pour une troifieme corne.
C'eft ce qui a fait dire à Gesn e r.
-& à Jonston que le Rhenne avoir trois
cornes 5 mais ils fe font trompés. Il
arrive fort fouvent que chacune des
deux grandes cornes pouffe une bran-
che , Se qu'ainfi il paroît jufqu'à qua-
tre cornes , deux en arrière comme aux
Cerfs , & deux en devant ; ce qui eft
particulier aux R bennes. Les mâles ,
comme on l'a dit, les ont grandes Se
larges Se avec beaucoup de branches ■
■les femelles les ont plus petites , Se
avec moins de rameaux. Ces cornes
font d'ordinaire couvertes d'une forte
de duvet. Cela arrive ordinairement
lorfqu'elles renaiiTent après que les
premières font tombées j car quand
elles pouffent au printemps, elles font
tendres , velues , pleines de làng au-
dedans : & quand elles ont acquis leur
naturelle grandeur , le poil leur tombe
en automne.
Cet animai a les pieds fcmblables
à ceux des Bufles , plus courts que
ceux du Cerf beaucoupplus gros :
il a naturellement la corne du pied
fendue , comme une Vache ; ,Se de
quelque manière qu'il marche , foie
qu'il aille lentement ou qu'il courre,
les jointures de les jambes font autant
de bruit que des cailloux qui tombe-
roient l'un fur l'autre , ou deî Noix
qu'on cafferoit ; de forte que ce bruit
détend lorfque l'on commence à dé-
couvrir la bête. Sa couleur diiiere de
R H E
celle des Cerfs en ce qu'elle tire plus
fur le gris cendré , Se outre cela les
Rhennes ont non-feulement le poil de
deffbus le ventre, blanc; mais encore
celui des côtés Se des épaules, Ils ont
des poils alTez longs Se qui pendent
fur le col , lefquejs font tout-à-fait
fembiables à ceux des Boucs , Se des
Chèvres. Au lieu de la veffie du fiel
ils ont feulement un petit conduit ou
filet noir dans le foie , dont l'amer-
tume n'approche point du fiel. Le
Rhenne eft farouche de fa nature , Se
M y en a une très- grande quantité de
fauvages par toute la Laponie. Mais
les habïtans ont trouvé le moyen de
l'apprivoifer. Celui qui provient d'une
Rhsnne privée eft privé de même, Se
on en voit plufieurs grands trou-
peaux.
Il y en a une troifieme efpece quï
provient de toutes les deux, 8e qui
tient le milieu entre le fauvage Se le
domeftique.
Quand les Lapons veulent prendre
des Rhennes fauvages , ils leur pré-
fententdans les bois des femelles pri-
vées lorfqu'elles font en chaleur, c'eft-
à-dire vers la fin de Septembre , 8e:
quelquefois il arrive que ces femelles
retiennent & mettent .bas cette troi-
fieme efpece de Rhennes , qui étant
plus grands Se plus forts que les au-
tres , font auffi plus propres à mener
le traîneau. Ceux-là retiennent tou-
jours quelque chofe de leur férocité ,
Se font quelquefois rétifs Se fantafques;
en lorte qu'ils fe ruent fur celui qui
eft dans le traîneau. L'unique moyen
qu'on a de s'en garantir eft de ren-
verferle traîneau &de fe tenir à cou-
vert deiïbus , jusqu'à ce que la colère
de cet animal foit pafTée ; car il eft fi
fort qu'on ne te fauroit dompter à force
de coups.
Les Rhennes femelles portent qua-
rante femaines Se mettent bas dans le
mois de Mai ; elles ne portent cha-
cune qu'un Faon à la fois , Se il y en
a fort peu de ftériîes, .Celles-ci ont la
chair
R H E
chair fort fucculente dans l'automne ,
comme fi on les avoir engraiffées ex-
près : auflï on les tue d'ordinaire dans
cette faifon. Celles qui ont mis bas
demeurent au milieu des champs , où
elles nourriflent leurs petits de leur
propre lait , fans fe retirer fous aucun,
toit , Se fans que le grand nombre qu'il
y en a empêche chaque petit de fuîvre
i'amere , qu'il reconnoît môme au bout
de deux ou trois ans , comme il en eft
parfaitement reconnu. Lorfqu'ils font
devenus un peu plus grands , ils fe
nourriffent de Gramen , de feuilles , Se
d'autres herbages qu'ils trouvent fur
les montagnes. La couleur de leur
poil eft premièrement d'un jaune Se
d'un roux mêlés , & rouge âtre en quel-
que forte. Ce poïl étant tombé , il leur
en revient un autre tirant fur le noir.
Le Rhexne âgé de quatre ans ell dans
fa jufte grandeur : fi -tôt qu'il eft dans
fa force on le dompte Se on le dreffe
au travail. On apprend aux uns à traîner
les traîneaux à la courfe Se en polie ,
& aux autres à tirer des charges.
Les Lapons ont coutume de couper
tous ceux dont ils doivent fe fervir
pour travailler, afin qu'ils foientplus
traitables. Ce qu'ils font avec les dents
lorfqu'ils ont un an , affoibliifant Se bri-
fantpar la morfure tous les nerfs qui
font autour des génitoires , fans quoi ils
feroîent féroces Se difficiles à manier.
Ainfi pour une centaine de femelles,on
ne garde qu'un très-petit nombre de
mâles. Les femelles fournilfent au La-
pon du lait , du fromage , Si des petits.
Les hommes Se les femmes les traient
indifféremment , Se feulement une fois
par jour fur les deux ou trois heures
après midï. Le lait qui leur revient juf-
qu'au lendemain matin eft deftiné pour
la nourriture de leurs petits. Les fe-
melles qui ont des petits ont plus de lait
que celles dont les petits font morts, ou
onté:é tués. Ce lait eftgros Se épais com-
me s'il avoit été mêlé avec des œufs ,
& par conféquent fort nourrifTant, Les
Lapons en vivent , Se ils font d'aiTez
Tome III.
R H E
bons fromages de celui qu'ils ne font
pas cuire.
Les utilités qu'ils tirent de ces ani-
maux, les obligent d'en avoir grand
foin , de les garder nuit 8c jour l'hi-
ver Se l'été , Se de les mener paître en
des lieux fort fûrs de crainte qu'ils ne
s'écartent , ou que les bêtes fauvages
ne les infultent. On les diftîngue avec
quelque marque particulière , afin que
s'ils s'égarent , ou qu'on les retrouve
bien loin mêlés avec les autres , on
les piiiife reconnoître. Ces marques fe
gravent fur les cornes ; mais pareeque
les cornes leur tombent , elles fe font
auffi aux oreilles ; de forte qu'il eft
fouvent arrivé à des Lapons de pren-
dre des Rhermes fauvages qu'ils trou-
voient avoir leur marque. Ils fe fer-
vent dépare aux lieux qui font voifins
des forêts , où ils renferment une ef-
pace convenable par le moyen des
bâtons fort longs Se fort gros qu'ils
mettent autour fur de petites four-
ches. Ces parcs ont deux portes , l'une
eftdeftinée à y faire entreries Rhennes,
Se l'autre à les en faire fortir pour
les mener paître. Leur pâture en été
confifte en des herbes excellentes qu'ils
trouvent dans les vallées. Ils mangent
aufli des feuilles tendres , qui font
épaiiTes Se graifes , 8c de petits arbrif-
fçaux qui naiflent fur les coteaux des
montagnes de Norvège ; ils ne brou-
tent jamais de joncs, ni aucune herbe
qui toit dure Se rude. En tout autre
temps ils fe nourriffent d'une efpece
très-particulière de moufle blanche ,
qui croît en très-grande quantité fur
les montagnes Se dans les bois de la
Laponie. Lorfquela terre eft couverte
de neîge fort haute , cet animal par
un înftinft naturel fait un trou avec
le pied , Se ayant découvert un peu
de terrein , il mange la moufle qu'il
y trouve. Quoiqu'il ne mange en hî*
ver que de cette moufle Se fort abon-
damment, il eft néanmoins plus gras,
plus net , Se couvert de plus beau poil ,
que quand il mange en été les rneit-
Sfff
<5oo RHE R H I
kures herbes. Ce qui eft caufe que les tendres & molles , ( car elles font bien
Rhennes font plus gras & fe portent plus grandes , Se bien plus dures dans
mieux en automne Se en hiver , c'eft les vieux } ; & on lit dans le Terne IV.
qu'ils ne peuvent nullement fouffrir de la Partie Etrangère des Collections
le chaud , de manière qu'en été ils Académiques , p. 2,19. & fumantes,
n'ont que les nerfs , la peau Se les os, la diflection du Rhenne ou Ranthier de
Ils font tous les ans attaqués d'un mal Norvège , par Thomas Bartholin,
qui leur vient après le mois de Mars, tirée des Ailes de Coppenhague , années
Ce font des Vers qui s'engendrent dans 1671. & lôyr. Obf. 135. Confultez
leur dos, & en fortent aufli-tôt qu'ils auffi la Planche X. de ce quatrième,
ont pris vie. Si on tue un Rhenne dans Volume des Collections Académiques.
ce temps-là, la peau fe trouve toute La Figure 1. repréfente les inteftins
remplie de petits trous , percée comme du Rhenne en fituation; la Fig. 2. une
un crible, & n'eft préfque plus pro- partie des inteftins ; la Fig. 3.1esmuf-
pre à rien. Les Rhennes vivent rare- clés des yeux; aaaa les quatre muf-
mentplus de treize ans. On tient qu'ils des droits; bb les deux mufcles obli-
meurent quand on les tire des pays où ques j cccc les quatre mufcles fitués
ils font nés. entre les mufcles droits & le nerfop-
ïl eft incertain fi les Grecs & les tique dans l'endroit qui répond aux
Latins ont connu cet animal , qui fe interfaces des mufcles droits. -Au lieu
trouve , comme on l'a déjà dit , dans le de ces mufcles, dans les autres Qua-
Nord du côté du Pôle Aréb'que , dans drupedes , il fe trouve un feptïeme
la Norvège & dans la Suéde. Il y mufeie ; d. le nerf optique : la Fig. 4.
en a qui croient, dit Gesner , que les extrémités poftérieures des mufcles
c'eft le Machlin de Pline. Mais le droits qui concourent en un feul ten-
Machlin Se ï'Alcé font le même ani- don fait en forme de croix : la Fig. 5,.
mal, repréfente le pied de derrière du Rfeen-
On trouve dans le Nord de l'A- ne. La ftruthire de ce pied eft remar-
raérique une efpece de Rhenne , con- quable , tant à caufe des différentes
nue fous le nom d'Orignal. Voyez ce poulies des mufcles , que par rapport
mot. à leur infertion. On remarque dans
Les Rhennes qui font fort communs les difterens animaux , qu'elle eft d'au-
dans la Laponie Se dans la Norvège , tant plus éloignée du centre du mou-
ne paroiffent point dans le Danne- vement que l'animal a plus de vîtefle
marck , où il eft très-difficile d'en con- Se de légèreté.
ferver. Il eft même très-rare qu'on en A la Planche XI. du même Ou-
emmene dans ce pays. Thomas vrage , Fig. 2. & 3. on voiries cornes
Bartholin, dit que M. Gris- du jeune Rhenne ; Fig. 4. le cervelet
soNFELDena nonrri deux pendant diiféqué j Fig{$. la glande rénale ou-
quelque temps dans fa ménagerie , l'un verte.
mâle & l'autre femelle ; mais ces ani- R H I
maux ne pouvant s'aecoutumer à l'air
du climat, moururent de langueur. Il RHIN O BATE , du mot Grec
en fit préfent à l'Amphithéâtre de Cop- Pjy«€«*o< , efpece de Raie , dont parle
penhague. Ils étoient encore fort jeu- Aristote. Voyez RAIE,
nes.commeonenjugeaparleurscornes RHINOCEROS*: Le carac-
* Cet animal eft nommé en Hébreu Rem,
ou Réem , félon Gesner; en Chaldéen ,
on 1 appelle Haras , QU Karafch , félon le
même Auteur - y en Crée PhtHiftf j en Per-
faii Elk?r-Kedom, <ln M. Klein; en Polo-
nois hozorozec , & Zebati ' ; en Suédois En-
hoerning. feion M. L 1 s n /eus. On ie nom-
me au Cap de Bonne-Efpéraaçe Tuab&a, §i-
R H î
tere de ce genre d'anîmal , dît M.
.Buisson , p, ï 1 3. eft d'avoir à chaque
mâchoire deux dents incifives , très-
éloignées l'une de l'autre ; trois doigts
ongulés à chaque pied , Se une corne
fur le nez, La partie antérieure de cha-
cune de fes mâchoires eft en quelque
façon applatie , ou plutôt comme cou -
pée quarrément, & chacune des dents
Incifives eft placée à -peu-près dans un
des angles formés par le devant des
mâchoires & leurs côtés. Le Rhinocéros
n'a point de dents canines , mais il a
à chaque mâchoire; douze dents mo-
laires , fix de chaque côté. M. Li K-
Niîus ( Syjl. Nat. tudit. 6. g. 2 5 . ) le
place dans i'ordre des Jummtu , £< le
nomme Rhinocéros cornu unico , conico.
M. Klein ( Difp. Qftaé p.zô.) en
compofe la troilîcme famille de fes
Quadrupèdes , qu'il nomme Trichcloris.
Le Rhinocéros pafîe pour le plus curieux
Se le plus grand de tous les animaux
après l'Eléphant. Le Rhinocéros , dit
M. Brisson , a depuis la partie
fupérieure du dos jufqu'à terre environ
fix pieds, Se depuis le bout du mufeau
jufqu'à la queue , environ douze pieds.
Le tour de fon corps eft égal à fa lon-
gueur. Il a la tête oblongue , les yeux
petits & les oreilles femblables à celles
d'un Cochon. Sa lèvre fupérieure ,
qu'il peut étendre Se retirer à volonté,
eft beaucoup plus longue que l'infé-
rieure & pointue. Cet animal porte
line corne fur le nez. Quelques Au-
teurs prétendent qu'il en a quelquefois
deux. Sa queue eft longue de deux
pieds. Sa peau eft d'un gris prelque
noir , tr t s- raboteufe , avec des plis
confidérables au col , fur le dos , aux
côtés Se. aux jambes. Il n'a de poils
qu'aux oreilles & à la queue. On le
trouve dans les déferts de l'Afrique ,
& dans les Royaumes de Bengale &
de Patane en Afie. Plufieurs Auteurs
ont pris le Rem, ou Réem de l'Écri-
tJabba ; chez les Indiens , Sanàa Benamet Se
Gomda ; à Java, Abaàa Se Ncernbj ; en Ita-
lien, iihinocaoïe ; en François, Porte-Corne.
R H I cmji
ture Sainte pour le Rhinocéros, Voyez
au mot R E M,
B y a quelque différence entre le
Rhinocéros des Indes Se celui du Cap
de Bonne -Efpérance , comme je le
ferai voit plus bas. Agatarchides
de Gnide , dit M. La d v o c a t , dans
fa Lettre fur le Rhinocéros , eft le pre-
mier qui ait donné la defeription de
cet animal. Cet Auteur vivoit fous
PtolomëePhilometor, envi-
ron cent quatre-vingts ans avant Jesus-
Chiisit : enfuke Diodore de
Sicile , P l 1 ne .Artemidore,
S T R A B O N , ÉLIEN .PaUSANIAS,
Oppien, Martial, Philé,
Solin, le Moine Cosme , Égyptien,
Se un grand nombre d'autres en ont
parlé. Artemidore, dans Strabon ,
Lib.XVL. allure en avoir vu: auffi fa
defeription eft -elle plus exacte que
celle des autres. A l'égard d'ARiSTOTE
il eft conftanc qu'il n'a point connu le
Rhinocéros , autrement il n'auroit pas
manqué d'en parler dans fon Hifioire
des Animaux , où il n'en dit rien. Les
Modernes qui ont le mieux traité du
Rhinocéros , font Bochahd , Gretser ,
Bontius, le Continuateur cI'Aldro-
vande, Chardin & Ruysch; mais
tous ces Auteurs , anciens Se modernes ,
félon que le marque la Lettre fur le
Rhinocéros , ont fait un grand nombre
de fautes dans la defeription de cet
animal, ce qui vient de ce que la plu-
part ne l'avoient pas vu , Se que ceux
qui l'avoient vu , n'y ont point apporté
aifez d'exactitude : de-la iont nées ces
fables qu'on lit dans leurs écrits! De ce
nombre eft celle que débitoient encore
ceux qui montroient le Rhinocéros à
Paris en 1748. ..Quand le Rhinocéros ,
difoient-ils , boit dans une rivière ou
dans une fontaine , les autres animaux
d'alentour n'ofent en approcher par
rëfpeél , jufqu'à ce qu'il ait bu. Ce
conte eft pris d'A lkazUin, Auteur
Le nom du Uhïnoceroi a été fait du Grec
fît, fVïtî t -,;afns % nez, & de xt'r»t , cornu ,
Arabe , quï ajoute que quanti le Rhi-
nocéros s'eft emparé d'un endroit , les
autres animaux par la crainte qu'ils
en ont , n'ofent approcher de cent
paranfages à la ronde , c'eft-à-dîre
que le Rhinocéros , félon cette fable ,
occupe luifeul des Provinces entières.
Temps où l'en a vu des Rhinocéros
en Europe.
Selon Dion (L.LI.) l'Empereur
Auguste, après avok vaincu
C lé o pâtre, fit paroître à Rome
pour la première fois un Rhinocéros à
îbn triomphe; mais Pline (L.VIII.
c. 10.) , plus inftruit de l'Hiftoîre
Romaine , affûte que ce fut le Grand
Pompée, qui donna le premier au
Peuple Romain le fpectacle du Rhino-
céros. S o L i n confirme le récit de
P l i k e. Avant les jeux de Pompée»
dit-il, on n'avoit point encore vu de
Rhinocéros aux ipe&acles des Romains,
félon le rapport dePoLïSE, c. 43.
Dans la fuite on en fit paroître Touvent
dans le Cirque , comme le même Pline
le témoigne , L. VU. c. 20. Le Peuple
Romain prenait beaucoup de plaiftr
à les confidérer , tantôt dans le temps
qu'on ne les faifoit pas combattre ,
fpeclacle innocent & plus agréable aux
perfonnes d'un caractère doux & hu-
main , puifqu'il fe faifoit fans erfufion
de fang , tantôt lorfqu'ils étoient aux
prifes avec l'Éléphant , l'Ours ,1e Tau-
reau , ou les Gladiateurs. Auguste,
au rapport de Suétone ( in Augujt~o ,
c. 43. ), annonçoit fouvent de telles
curiofités au Peuple.
Sous le règne de D o m i t i e n , on
en vit fouvent à Kbrne. On les faifoit
battre avec le Taureau. Martial,
témoin oculaire , dit qu'aucun animal
ne combattoit dans l'arène avec plus
de force & de férocité. Il affure que
le Rhinocéros le voit un Taureau avec
fa corne > comme un ballon à jouer.
On voit par le même Poète que le
Rhinocéros étoit très -lent à fe mettre
R H î
en colère ; mais que lorfqu'il étoît
une fois enflammé , rien n'étoit plus
terrible. Enfin il ajoute que le Rhino-
céros enlevoit un Ours avec fes deux
cornes Se le jettoit en l'aîr avec autant
de facilité qu'un Taureau jetteroit un
ballon qu'on lui auroit mis fur la tête.
Les Commentateurs de Martial fe
font mis l'efprit à la torture , pour
expliquer cet endroit , & ils ont tous
voulu changer quelque chofe au texte,
par la raifon , difent-Hs , que le Rhi-
nocéros mâle , C car c'eft de lui que
parle le Poète), ne peut fe fervir de
la corne qu'il a fur le dos. Mais en
confidérant le Rhinocéros femelle qui
étoit à Paris , on s'eft aiiement apper-
çu que le Rhinocéros mâle , en tour-
nant la tête vers fon épaule droite ,
peut ie fervir de fes deux cornes , &
que c'eft même dans cette (kuation
qu'il raffemble toutes fes forces , com-
me fur un point d'appui.
On vît encore des Rhinocéros fous
Antoine le Pieux , fous Gordien
& fous Éliogabale; mais depuis la
décadence de l'Empire Romain , il n'en
ert plus parlé , & il n'y a aucune ap-
parence qu'il y en ait eu en Europe.
Le premier, après cela , dont il eft fait
mention , eft celui r qui combattit 3
Liloonne contre un Éléphant en 1 5 1 5.
fous le Roi Emmanuel. Depuis ce
temps -là on en tranfporta encore quel-
ques-uns en Portugal 8c en Efpagne.
Enfin, on en fit voir un à Londres en
1584. Se i62><). Se un autre , à ce que
l'on dit,, il y a quelques années. MaÎ3
il ne parolt pas qu'on en ait jamais
mené en Allemagne ni en- France avant
celui qu'on a vu à Paris en 1748. du
moins l'Hiftoîre n'en parle pas. Nous
ne croyons point non plus qu'on en
ait jamais mené dans la Grèce ; car
les Auteurs Grersn'auroient pas man-
qué d'en parler. Au refte tous les Rhi-
nocéros précédons étoient des Rhinocéros
mâles.
Tout ce que je viens de dire de
cet animal eft du favant Auteur de
R H I
ia Lettre fur le Rhinocéros. Je vais d'à.'
' près lui parler de la naiflance & de
l'âge de cet animal , du pays où il naît ,
comment il fe nourrit , de fa corne 8c
de fes vertus , de fon combat avec l'E-
léphant , de fa chatte & de la manière
de le prendre , & je finirai fon hiftoire
par la defcrïption que K o l b e donne
de celui du Cap de Bonne-Efpérance,
qui diffère en quelque chofe du Rhino-
céros des Indes.
Defcription du Rhinocéros.
Le Rhinocéros eft à-peu-près de la
longueur de l'Éléphant , mais il eft
moins gros & il a les jambes plus cour-
tes. Celui que l'on a montré à Paris
n'avoit qu'un pïed depuis les genoux
jufqu'à terre, M. Ladvocat dit l'avoir
mefuré les 7 & 8 Février 1 749^ La
peau de cet animal, qui eft très-épaiffe,
s'étend l'efpace de trois pieds depuis
les oreilles jufques vers le commence-
ment du dos : elle fe replie 8c fe rabat
enfuîte des deux côtés du col , en for-
me de capuchon applati , ce qui lui
s fait donner par les Portugais le nom
de Moine des Indes. Cette première
peau fait à fon extrémité une efpece
de bourrelet : elle defeend des deux
côtés jufqu'au bas du ventre , & forme
trois plis de chaque côté, qui fe joi-
gnent les uns près des autres , 8c qui
enveloppent les deux cuiflès antérieu-
res de l'animal jufqu'aupres des ge-
noux , comme fi c'étoient des bottes.
Au-deflbus du col pend un autre cuir
arrondi, très-épais, & long d'environ
un pied , aflez femblable à la partie in-
férieure d'un collier d'un Bœuf de
charrue. Depuis les oreilles jufqu'au
premier bourrelet il y a trois pieds.
De deflous ce premier bourrelet ,
qui eft comparé à un baudrier , dans
Straeon (Georg. L. XVL ), fort une
peau , qui s'étend jufqu'à la croupe :
elle eft fort épaifle , 8c reflemble à ces
couvertures que l'on met fur le dos
des Chevaux blettes : cette féconde
peau s'étend auffi des deux cotés &
R H 1 6*93
forme à toutes fes extrémités un bour-
relet très-dur. Elle a environ quatre
pieds de longueur fur le dos , Se huit
de largeur, c'eft-à-dire quatre pieds
du côté du ventre.
Sa queue prend naiflance un pied
plus bas que la croupe , ou que l'ex-
trémité du fécond bourrelet , appellé
auffi baudrier dans Strabon, Elle a
environ trois pieds de longueur; mais
elle eft attachée au corps de l'animal
jufqu'au fondement l'efpace de huit
pouces. Elle eft aflez mince & com-
pofée de plufieurs nœuds , tous fort
près les uns des autres. Celle de la
femelle s'emboëte en deux gros bour-
relets de peau , qui font fort longs Se
très-durs.
La croupe du Rhinocéros eft tout-à-
fait fmgttliere. Elle eft entourée de
deux gros bourrelets , qui naiffent de
chaque côté à l'extrémité de la fécon-
de peau , 8c qui vont joindre la queue
auprès du fondement : ainfi la croupe
du Rhinocéros eft partagée en deux
parties par la queue , ce qui forme
comme un demi-cercle ou arc tendu
d'environ trois pieds de circonférence»
non compris la corde. Les deux cuiffes
de derrière font auffi enveloppées juf-
qu'auprès des genoux dans des efpeces
de bottes à plufieurs plis. La peau du
ventre n'eft qu'à dix-huit pouces de
terre : elle fort de deffous les extré-
mités de celle du dos , comme fi elle
fortoit de deflous les extrémités d'une
houfle de felle ; car les bourrelets ne
font pas attachés au corps ; mais ils
débordent d'un, de deux, & même en
quelques endroits de trois & de quatre
pouces. Elle eft mince 8c déliée , 8c n'a
que deux pieds de largeur. Cela étoit
néceflaire , pareequ'autrement la peau
du Rhinocéros ne pouvant s'étendre ,
il lui feroit impoffible demander, Scia.
femelle ne pourrait avoir de petits.
D'un autre côté , fi elle avoit eu plus
de largeur , elle feroit plus expofée
aux traits 8c aux attaques de l'ennemi ,
n'étant point défendue par les peau»
694 R H I
dures qui enveloppent le refte du
corps.
La peau du Rhinocéros eft d'un gris
brun : elle eft couverte par - tout ,
excepté à la tête & deffous le ventre ,
de durillons fort femblables à des bou-
tons d'habits, élevés au-defïus de la
peau d'environ une ligne. Les plus ap-
pareils font ceux de la croupe Se du
derrière. Les pieds font faits de trois
fourchons , defquels celui du milieu
eft de corne par le devant, 8c de du-
rillons furie derrière : les deux autres
font des griffes. Sa tête eft grotte Se
reffembie affez à celle du Sanglier >
excepté le mufeau, qui eft rond. Mais
quand le Rhinocéros veut prendre quel-
que chofepour le manger, il allonge
la peau de fa mufeliere fupérieure , en
forme de bec d'Aigle. La mufeliere
inférieure à fept pouces de largeur.
La bouche eft peu fendue : elle n'a
environ qu'un demi -pied de chaque
côté. Le Rhinocéros a quatre dents ,
femblables à de gros dez à jouer , deux
en haut Se deux en bas , a fiez près des
lèvres : mais au fond de la bouche il a
plufieurs autres dents fi tranchantes ,
qu'elles coupent la paille Se les bran-
ches d'arbres , comme Ci c'étoient des
cifeaux. Ses yeux font petits à propor-
tion de fa groifeur. Ils font vifs & de-
viennent rouges fi peu qu'ils s'enflam-
ment. D'un œil à l'autre il y a dix
pouces. Chacun eft éloigné d'un pied
de l'extrémité extérieure des narines ,
lefquelles font diftantes l'une de l'au-
tre d'un demi-pied. Ses oreilles reffem-
blent à celles de l'Âne , fi ce n'eft
qu'elles font plus larges : elles ont
onze pouces de hauteur.
Sa langue n'eft point rude , nï cou-
verte d'une membrane dentelée fem-
blable à une lime , en forte qu'il écor-
che ce qu'il veut lécher , comme l'ont
aifuré plufieurs Naturaliftes. Bontius
qui avoit vu un grand nombre de Rhi-
nocéros eft tombé dans cette erreur.
RuyscH {Tome II. p. 6f. ) dît le
Contraire ; (cependant le Rhinocéros du
R H I
Cap de Bonne - Efpérance n'a pas la
langue douce Se unie , comme celle du
Rhinocéros d'Afie , mais rude Se épi-
neufe comme une lime. ) Au contraire ,
dit M. Ladvocat , elle eft mince &
déliée, comme celle du Chien, Se fi
douce , qu'on croiroitpaffer la main fur
le velours. C'eft ce que j'ai reconnu
par ma propre expérience , lui ayant
fait lécher ma main. Je l'ai vu , ajoute-
t-il» auffi lécher le vifage d'un jeune
homme du nombre de ceux qui eu
avoient la garde.
Quelques Naturaliftes ont avancé
que le Rhinocéros avoit une bolfe fous
le ventre , femblable à celle que le
Chameau a fur le dos , mars cela n'eft
pas véritable. Le deffous defon ventre
eft uni comme celui du Taureau. Il
n'a point de poils , fi ce n'eft tant foie
peu aux extrémités des oreilles Se au
bout de la queue. Celui que l'on a
montré à Paris fut pefé à Studgard ,
dans le Duché de Wirtemberg , le 6
Mai 1748. Si l'on en croit ceux qui
le montroient , ilpefoit, dilbient- ils ,
cinq mille livres.
Le Rhinocéros d'Afrique n'eft pas
tout - à - fait femblable à celui des
Indes Orientales. Cet animal , felen
Kolbe ( Dejcription du Cap de Bonne-
Efpérançe , Tom? III. p. 1 5. ), a les
oreilles plus petites Se la corne ordi-
nairement moins longue. Cette corne
lui fert dans fa colère à déchirer la
terre Se quelquefois à foulever de
groffes pierres , qu'il jette en arrière
par deffus fa tête , avec beaucoup de
force. La femelle en Afrique comme
en Afie a feulement une corne fur le
nez. Le Rhinocéros mâle d'Afrique
n'a point de corne fur le dos ; mais
outre celle qu'il a fur le nez , fon front ,
dit Kolbe , eft armé d'una autre
corne , qui n'a jamais plus de fix pou-
ces de hauteur. Elle a la forme d'une
moitié de jatte renverfée. Elle effc
creufe Se préfente fur la tête une ef-.
peee de dôme.
Ofpien (L. IL v. 552. &fuiv.) 9
R H I
dans fort Pocme de la Cbajfe , dit que
tous les Rhinocéros font mâles , qu'il
n'y en a pas un feul de femelle , & qu'ils
font à l'abri des panions de l'amour ,
des embarras des noces & de l'éduca-
tion des enfans. Quelques Naturaliftes
ont voulu prouver cette abfurditépar
une autre abfurdïté. Ils s'imaginent
que les Coquillages de la mer naifTent
d'eux-mêmes, d'où ils concluent que
le Rhinocéros peut auffi naître de lui-
même de la terre ou des rochers. Ce
ferok anurément une chofe merveil-
leufe , comme le remarque M. La d-
V o c a t , de voir un animal auflï gros
que le Rhinocéros foitir de la terre com-
me un Champignon.
Naijfance & âge du Rhinocéros,
Le Rhinocéros mâle eft conformé
comme l'Eléphant Se le Chameau , qui
font conformés tout autrement que le
Cheval Se le Chien , dît Pline,
L. X. c. ô" 3 . D a m i r , au rapport de
Bochard ( Hieroz.. L. III. c. 16.
Tome I. p. 9 3 5. ) , & Alkazuin,
Auteurs Arabes , difent que le Rhino-
céros femelle met bas fon petit après
l'avoir porté trois ans , ( d'autres exem-
plaires deDAMiR marquent fept ans);
qu'elle ne commence à avoir des petits
qu'à cinquante ans , & qu'elle vit fept
cents ans. Ceux qui faifoient voir celle
qui étoit à Paris atïïirolent que le Rhi-
nocéros eft vingt-cinq ans à parvenir
à fa grandeur naturelle , 8c qu'il vit
cent cinquante ans. Ils ajouraient que
l'animal qu'ils montraient étoit encore
jeune ; qu'il n'avoit que dix ans , 8c
qu'il deviendrait encore plus gros.
Tout cela n'étoit qu'un conte , qui fe
détruirait par leur affiche. Ils y aiTu-
roi ent qu'il a voit été pris en 1741. à
Page de trois ans par un Capitaine de
VahTeau ; qu'il avoit alors cinq pieds
fept pouces de hauteur , douze pieds
de longueur 8c douze pieds de grof-
feur , & que depuis ce temps-là , il
étoit devenu beaucoup plus grand Se
f lus gros. Tout cela n'a éré dît que
R H I
pour exciter la curiofité des Spec-
tateurs ; car je l'ai méfuré , dit M
Ladvocat. Il avoit dix pieds de
longueur, depuis-les oreilles juiqu'au
fondement , & dix pieds de circonfé-
rence en le mefurant parle milieu du
corps. Sa hauteur étoit de cinq pieds
quatre pouces ou environ. Tout cela
prouve qu'il étoit parvenu à fa gran-
deur naturelle , quand le Capitaine
Hollandois, auquel il appartenoit, le
fit embarquer, Se qu'il n'a pas crû
davantage ; ce qui étoit vifible par
1 mipeftion feule de l'animal , & par
un peu de réflexion ; car s'il avoit eu
encore quinze ou vingt ans à croître ,
comme ils l'aHuroieiu, il deviendroit
plus gros que l'Eléphant , ce qui ne fe
peut pas dire.
S'il étoit vrai qu'il n'avoit que trois
ans , quand il a été débarqué , & fi
alors il étoit tel que ceux qui l'ont
montré le décrivoient , le Rhinocéros
doit vivre environ vingt ans. Une au-
tre raifon qui porte à croire qu'il ne
vit pas davantage , c'en: qu'il tient
beaucoup du Bœuf. La femelle a un
pis & deux terres : elle n'a du lait que
quand elle allaite ; ce qui fait qu'il
eft difficile d'appercevoir fon pis dans
les autres temps.
B o n t 1 us, qui avoit vu un grand
nombre de Rhinocéros , aflure qu'il gro-
gne comme le Cochon. Kolbe dit la-
même chofe. Ceux qui montraient celui
qu'on a vu à Paris difoient qu'il touf-
foit, Se que fon cri reflembloit à celui
d'un Veau, il a paru à M. Ladvocat
que fon cri reftembloit plutôt à celui
d'un Bœuf pouffif. On dirait qu'il ne
fait du bruit qu'avec les narines. Il ne
rumine point. Son cri ne s'entend pas
de fort loin lorfqu'il eft tranquille ; mais
s'il marche après fa proie , on l'entend
alors à une grande diftance.
Pays où naijfent les Rhinocéros , & leur
nourriture.
Paul, Abbréviateur de Fe s t u s
die ( L. XVI. ). qu'il y a des Rhinocéros
696 R H I
en Egypte ; mais il fe trompe , 8c il
y efl démenti en cela par les Hiftoriens
&c par tous les Voyageurs. On peut
dire en général qu'il y a des Rhinocéros
par-tout où il y a des Eléphans , c'eft-
à-dire dans les défera d'Afrique , dans
l'AbyiEnie 8c d^ns les Indes Le Pere
DU Halde C Defcriprion de la Chine ,
Tome I. p. 2 3 9. ) aifure qu'il y en a aufli
à la Chine , dans la Province de Quang-
fi ; mais les pays où il s'en trouve en
plus grand nombre , font les Etats du
Grand Mogol Se ceux du Roid'Ava;
le Royaume de Patane , ceux de Gam-
baye & de Jacatra, & fur-tout les pays
qui font fur le Golfe de Bengale. On
dit au fli qu'il y en a en Amérique , mais
cela n'eft pas encore bien afluré. Celui
qu'on a montré à Paris a été pris dans
la Province d'Achem , qui fait partie
des Etats du Roi d'Ava. Uétoît appri-
voifé , doux Se même carreffant. Il
tnangeoit concinuellcmeut du foin , de
la paille, du pain, des fruits, des lé-
gumes & généralement de tout ce qu'on
lui donnoit , excepté de la viande Se du
poiffbn , dont il ne vouloit pas man-
ger. Il buvoit à proportion. Ceux qui
en avoient la garde afTuroient qu'il
mangeoït par jour foixante livres de
foin & vingt livres de pain , & qu'il
buvoit quatorze féaux d'eau. 11 aimoit
extrêmement la fumée de tabac , 8c
ceux qui le montroient prenoient plai-
fîr à lui en fourrier dans les narines &
dans la bouche.
Comme nous voyons des animaux
qui fè font un ragoût des chardons ,
dont les petitespointes picotent agréa-
blement les fibres 8c les extrémités
des nerfs de leur langue , de même
le Rhinocéros mange avec plaiflr des
branches d'arbres , hérilTées de toutes
parts de pointes d'épines vertes avec
des fe\xilles. Je lui en ai fouvent don-
né , dit le Pere le Comte, dont J.es
pointes étoient très -rudes 8c très-
longues » Se j'admiroïs avec quelle
avidité & quelle adrefTe îl les plioit
fur le champ & les brifçit dans fa bou-
R H I
che fans s'incommoder. Il eft vrai qu'il
en étoit quelquefois un peu enfan-
glanté ; mais cela même en rendoit
le goût plus agréable , & ces petites
blefTures ne falioient apparemment fur
la langue d'autre impreffion que celle
que fait le fel , ou le poivre , fur la
nôtre.
Il ne faut pas conclure de-là que
fa langue foit rude 8c raboteufe com-
me une lime. Il y a apparence qu'il la
retire & qu'il i'applatk fur le bas de
fan palais , pour éviter les pîquans.
Quoiqu'il en foit , le principal garde
de celui qu'on montroit à Paris , a aflù-
ré à l'Auteur de la Lettre la même
chofe que le Pere le Comte, quoique
la langue de ce Rhinocéros femelle foit
très-douce & très-déliée , comme on
l'a dit.
Les Pères Jéfuites Portugais , qui
ont demeuré long -temps en Abyflinie ,
aflurent non - feulement qu'ils y ont
nourri des Rhinocéros , mais aulïi que
les Abyflïns les apprivoifent ; qu'ils
s'en fervent Se les accoutument au tra-
vail , comme ils font des Éléphans. La
defeription que M. Chardin (Voyage
de Perfe, Tome III. p. 45. ) fait as
celui qu'il vit en Perfe , convient afTez
à celui qui étoit à Paris.
Le Rhinocéros aime les marais & les
gras pâturages , & mange l'herbe com-
me le Bœuf. On aifure aufîi qu'il fait
nager, qu'il aîrne à fe plonger dans
3'eau comme le Canard , 8c qu'il court
avec une telle légèreté , qu'il fait
quelquefois juf^u'à foixante lieues
dans un jour. Ce dernier fait neparoît
pas bien confiant.
Corne du Rhinocéros.
P a u s a n 1 a s , Auteur grave ,
aflure que le Rhinocéros a deux cornes ,
l'une fort grande, fortant du-nez, l'au-
tre petite, mais très-forte, qui pouffe
en haut. Cela n'eft vrai que du Rhino-
céros mâle , qui a une petite corne fur
le dos à l'épaule droite, & une autre
plus grande fur J.e nez. La femelle .
telle
K H t
telle que celle que l'on montrent à
JParis , n'a point de corne fur le dos.
Quelques-uns difent , ajoute Pau-
sanias, que les cornes du Rhinocé-
ros ne font point arrêtées , mais qu'elles
s'agitent de part 6c d'autre , Se que
quand il entre en colère elles devien-
nent fi roides Se fi dures , qu'elles
déracinent un tronc d'arbre , quand
elles heurtent de front. Ces paroles
font connoitre que Pausanias n'avoit
jamais vu de Rhinocéros i car il eft
confiant que fes cornes font arrêtées
comme celles du Taureau. D'ailleurs
des cornes qui deviennent dures ,
quand l'animal fe met en colère , font
un conte deftitué de vrai-femblance,
Se qui eft. entièrement contraire à la
nature delà corne.
Le Moine CoSme, Egyptien , qui
nous a donné la defeription du Rhino-
céros , eft tombé dans la même erreur.
Aujll avoue-t-il ( Tome 11. Colleté,
Montfaucon , p. 334.) qu'il n'en a ja-
mais vu en vie que de loin , Se que
celui qu'on montroit dans le Palais du
Roi d'Ethiopie , n'étoit qu'une peau
de Rhinocéros remplie de paille.
Le Pere Labat ( Relut. d'Éthiop.
p. 10V). ) marque que le véritable
Rhinocéros a trois cornes , favoir une
au-defius des narines , une autre fur
le front Se une troifieme fur le dos.
Après avoir parlé de cet animal, le
Pere Labat parle encore d'un autre
animal , fous le nom d' Alicorne , qui
a deux cornes , l'une fur le front ,
l'autre au-deffus des cornes ; mais il y
a toute apparence qu'il parie de ces
ônimaux fans les avoir vus. La corne
du Rhinocéros femelle qui étoit à Fans
avoit neuf pouces de hauteur depuis
la racine. De la corne du Rhinocéros
aux oreilles il y a un efpace de quatorze
pouces , Se neuf pouces jufqu'à la poin-
te du mufeau , lorfqu'il eft en bec
d'Aigle; ainfi la tête en cet état a
vingt-trois pouces de longueur. Cette
corne eft claire par en bas ; mais le
haut eft d'un brun noirâtre , comme
Tome III.
RHI 'rf<?7
îa peau. Elle n'eft pas tout-à-faît ron-
de : elle eft fort greffe , un peu re-
courbée vers le dos , Se très - dure.
Celle du Rhinocéros mâle , { comme il
arrive ordinairement à l'égard de tous
autres animaux ) , eft plus greffe Se
plus longue que celle du Rhinocéros
femelle : elle a deux pieds de lon-
gueur en partant de la racine , Se en-
viron un pied de diamètre. Cette corne
eft dure comme du fer, un peu re-
courbée en haut , maïs plus pointue
Se plus aiguë que celle de la femelle.
On ne parle que de la corne qui eft
fur le nez. Celle qui eft fur le dos
eft, félon toutes les apparences , affez
femblable à celle du Rhinocéros femelle.
Au refte , Bontius obferve que ces
cornes ne font pas toujours de même
couleur ; tantôt elles font noires , tan-
tôt cendrées , Se tantôt blanches , Se
plus ou moins grandes , fuivant l'âge
de l'animal.
Miduleton rapporte qu'étant
à Bombay , pays du Cap , il vit plu-
fieurs cornes de Rhinocéros, qu'on avoit
apportées de cette côte , plus longues
qu'il n'en avoit jamais vues aux In-
des Se à la Chine. L'une étoit compo-
fée de trois petites cornes , qui for-
toient de la même racine , dont la plus
longue étoit de dix-huit pouces ; la
féconde de douze , Se la troifieme de
huit : mais cette forte de corne étoit
plus petite que celle du Rhinocéros des
Indes , Se plus aiguë par la pointe.
La corne du Rhinocéros étoit de très-
grand prix chez les Romains. Tout
le monde fait qu'ils avoient pouffé le
luxe des bains jufqu'à l'excès. Des
femmes y tenoient des vafes à bec ,
remplis d'huile Se d'effence à l'ufage
de ceux qui prenoient les bains. Les
Princes Se les Riches achetoient bien
cher des cornes de Rhinocéros, lef-
quelles étant creufées en dedans Se
bien travaillées leur fervoient de vafe
pour conferver ces huiles Se ces eflen-
ces : c'eft ce que nous apprenons de
Martial ( JL, XIV. Epig. LUI ) ,
'ffo8 R Ht
& du Scholîafte de Ju VENAL, fur
.le vers i 30. de la Satyre Vil.
Les Ecrivains Arabes & lès Orien-
taux débitent beaucoup de fables fur
la corne du Rhinocéros. Le Géographe
de Nubie , de même qu'A L G iahid
& D a m 1 r , racontent que cette cor-
ne , étant fendue par le milieu , pré-
lente aux yeux la figure d'un homme,
tirée avec des lignes blanches , parmi
lèfquelles on voit suffi des figures
de Paon & autres oifeaux , de Chè-
vres , & d'autres figures encore plus
mcrveilleules. Ce qui fait , difent-ils,
que les Princes Chinois Se les Indiens
s'en fervent pour orner leurs bau-
driers Se leurs thrônes. Ih ajoutent
qu'on en fait auffi des colliers , Se des
manches dè couteaux à l'ufage des
Rois des Indes, qui fe fervent tou-
jours à table de ces couteaux , Se qui'
les achètent- bien cher , pareeque ,■
difent-ils encore , la corne fue à l'ap-
proche de. quelque forte de venin que
ce foît,
Il n'eft pas douteux que la corne du
Rhinocéros ne fbit d'un très-grand prix
dans les Indes , Se qu'on ne s'enferve
à beaucoup de chofes , pareequ'étant
d'une dureté extraordinaire, les ou-
vrages qu'on 1 en fait , lorfqu'ils font
bien travaillés , font plus beaux, plus
précieux , & de plus longue durée :
mais ces Auteurs ont pris les figures
que l'on y peint , pour des figures
naturelles , Se ce qu'ils- difent de la
fueur de la corne du Rhinocéros , à
l'approche du venirr Se du poifon , eft
viilblement fabuleux. Outre que les-
anciens Auteurs Grecs & Latins n'ont
point parlé dé cette vertu- Rhinocéro-
tique contre lë venin-, plufieurs Savans
ont prouvé qu'elte n'a voit aucun effet ,
& que fi l'on en trou voit quelquefois
qui euffènt quelque vertu , c'étaient
dès- cornes artificielles-, détrempées-
avec des- antidotes, Se vendues-par les
Charlatans comme de vraies cornes de
Rhinocéros. .
Quoi qu'il en foit cette opinion,.
R H I
vraie ou fauffe , paiTa des Indes efl
Europe. Clément VII. fit préfenf
d'une corne de Rhinocéros au Roi de-
France , croyant lui envoyer quelque
chofe de très-précieux. Les Vénitien3
en achetèrent une très - cher d'un
Juif; & Paul J o v e ( Hifi. Anim.
Lib. XV III. ) raconte que quand les
François pillèrent le Palais de Pierre
de Médicis , Grand Duc de Tof-
cane , ils crurent avoir trouvé un thré-
for , lorfqu'ils découvrirent une corne
de Rhinocéros. Aujourd'hui on eftaffez
revenu de ce préjugé en Europe , Se ow
ne montre plus ces cornes que comme
des raretés dans les Cabinets des Prin-
ces & desCurieux. G'eft ainfi queparle-
M. L a- D V o c a t de la vertu attri-
buée à la corne du Rhinocéros.
Vf âges de la corne , du fang , & dé /<r
çeau du Rhinocéros en Médecine.
Cependant Ko i:be (Dtfcrïprion du
Cap de Bonne - Efpérance , Tome HL
p. 1*5. & j'ttiv, ) dit que la corne du-'
Rhinocéros rte peut réfifter à l'attou-
chement du poifon , Se qu'il a fouvenf
été témoin oculaire de ce pbénomene.
Plufieurs perfonnes du Cap , dit-il
ont des coupes faites- de cette corne..
On les monte fort proprement , foie
en or , foit en argent. Si on y verfe du;
vin , on- le voit fur le champ s'élever r -,
fermenter Se bouillonner ; mais lorf-
que la liqueur eft empoifonnée , la:
coupe fè fend. La même chofe arrive:
loriqu'on met dans la coupe le poifon:
tout feul. Les Tourneurs qui font ces
eoupes ont grand foin de ramafler lesi
copeaux. On les croit d'un excellent»
ufage dans les convulfions , les foiblef—
fes Se plufieurs autres incommodités.:
Le fang de cet animal eft auffi fort
eftiméauCap. Lorfque les Européens-
en peuvent avoir de frais , ils le met-
tent dans un boyau du Rhinocéros Se lé
pendent au foleil pour le faire fécher,-
C'eft un fpécifique admirable contre
les obitruéHons Se pour confolider le$
ïl H ï
:ipîaies Internes. On le prend dans un
verre de vin , dans une rafle de thé ou
de caffé. On raconte encore des mer-
veilles du fang du Rhinocéros , pour
«guérir les coliques , arrêter le flux de
fang Seprovoquer l'écoulement pério-
dique des femmes , deux effets entiè-
rement oppofés , dit R e D i.
Gervaise {Hijt. de Siam, p. 33. &
3 4. ) Se VHifioire Générale des Voyager ,
itf-4 0 . Tome IX. p. 3 1 o. ) difent auffi que
la corne de cet animal eft fur-tout un
.puiCTant antidote contre toutes fortes de
poifons.Elle fe vend,ajoute Gervaise,
jufqu'à cent éens. On tire quelque uti-
lité de fon fang., qu'on ramafle avec
foin , pour en faire un remède qui gué-
rit les maux de poitrine & plufieurs
autres.
Les Maures Indiens , félon Bôn-
tius, mangent la chair d u Rhinocéros' j
mais elle eft fi nerveufe , qu'il faut
avoir de bonnes dents j?our en manger.
Kolee cependant dit en avoir fouvent
mangé , & toujours avec beaucoup de
plaifir.. 'On fait ufage en Médecine de
fa peau , ajoute le même Voyageur.
Un favant Allemand qui avoît été em-
ployé au laboratoire que la Compagnie
a à Batavia , l'a aflii ré qu'il a voit tiré
de -la peau de cet animal un fel qui lui
avokfervi à faire .de très -belles cures.
Non - feulement la corne , mais les
griffes , le fang , la chair , la peau 8e
généralement tout ce qui eft du Rhi-
nocéros , jufqu'à la fiente Se l'urine ,
panent chez les Indiens Se chez les
Abyflins pour des antidotes fouverains
contre le poifon Se le venin. Ils ont le
même ufage dans leur Pharmacopée ,
que laThériaque dans le nôtre. De-là
vient que Zacut ordonne contre le
venin Se le poifon de ta peau de Rhi-
nocéros , détrempée dans du vin. La
<léco£tion de la peau de cet animal
avalée.pendant trois jours consécutifs ,
guérit , dît-on , tous les dégoûts , foit
qu'ils viennent de foiblefle d'eftomac ,
■ou de quelque autre caufe , Se le Vul-
gaire qui fe plaît à être trompé , &
R H I
qui mtt volontiers fa confiance dans
les chofes étrangères & .rares , le croit
aifément ; mais les expériences qus
j'en ai faites , dit R e d 1 , ne me per-
mettent point d'adqpter cette opinion.
On vante, comme on l'a die, la corne de
cet animal pour empêcher l'effet de
toutes fortes de venins ; xependant
le même R e d i marque ne lui avoir
trouvé-aucune vertu , principalement
contre le venin de la Vjpere Se du
Scorpion de Tunis.
Cette peau eft fi dure que les In-
diens Se les Abyffins s'en fervent pour
faire des cottes d'armes., des cuiraffes.,
■des boucliers., Se même des focs de
charrue. Ces cuiraffès de peau font
beaucoup plus légères Se plue commo-
des que les nôtres. Pline (L. XXXIL
c . 8.. jur le Lycium ,) rapporte que de
fon temps on apportoit des Indes à
Rome le meilleur Lycium dans des ou-
tres de peau de Rhinocéros.
Combat du Rhinocéros avec l'Eléphant.
Pline f L, VU. c. 20. & L. XVIIL
c. 1.) aiTureque le Rhinocéros eft l'en-
nemi naturel de l'Éléphant. Il aiguife
ia. corne contre les rochers , quand il
fe prépare au combat , Se quand il at-
taque l'Éléphant , il tâche de lui en-
foncer fa corne dans le ventre , à l'en-
droit où il fait qu'il a la peau plus
tendre Se plus molle. AgatharchidE'
dans P h o t 1 u s (Bibl. Cod. 2,50. > ,
Oppien, dans fon Poème de la Chajfe ,
Éli en, dans fon Hiftoire des Animaux,
L, XVlI. c. 4. D 1 o D o r e de Sicile
,( Bibl. L.IV.) , Martial, Saint
Grégoire le Grand, Se géné-
ralement les Auteurs anciens Se mo-
dernes parlent du combat du Rhimcc
ros avec l'Éléphant. Le Poëte d u
Bartas en fait auflî mention dans
fon Poème de la. Création du Monde »
p. 160. Edit. de iû"i 1.
L'Éléphant Se le Rhinocéros fe font
la guerre à caufe des pâturages , par-
ce qu'étant l'un Se l'autre des animaux
T 1 1 1 ij
très-voraces , ils veulent s'empêcher
de pâturer dans les mêmes lieux. L'É-
léphant qui eft rufé & fubtil , évite
quelquefois la corne du Rhinocéros , le
fatigue avec fa trompe , le hache Se le
met en pièces avec fes dents ; mais
le Rhinocéros remporte fouvent la vic-
toire. C'eft ce que rapportent les An-
ciens & les Modernes.
Néanmoins quelques Auteurs trai-
tent de fabuleux ce combat du Rhi-
nocéros avec l'Éléphant ; mais il eft
difficile de le révoquer en doute.
Emmanuel, Roi de Portugal , fit
combattre en i J 1 5 . un Rhinocéros mâle
contre un Éléphant , & celui-ci fut
vaincu.
Selon le /apport des Jéfuites Portu-
gais Se des Écrivains Orientaux, on voit
aflez fouvent des Êléphans étendus
morts Se percés par la corne du Rhino-
céros i mais on ne doit pas croire ce
que difent Pline, Élien & les autres
Auteurs , que le Rhinocéros aiguife fa
corne contre les rochers , pour fe pré-
parer au combat. 11 eft vrai qu'il la
frotte non-feulement contre les ro-
chers, mais auffi contre les arbres Se
tous les corps durs, & qu'il femble
Pafguifer ; mais ce n'eft pas qu'il fe
prépare au combat f c'eft un mouve-
ment naturel. On a vu plufieurs fois
celui qui étoit à Paris tourner alnfi ia
tête en rond , & faire toucher fa corne
le long d'une planche. On auroit dit
qu'il vouloit l'aiguifer : néanmoins il
eft bien clair qu'il ne faifoit pas ce
mouvement pour fe préparer à com-
battre l'Éléphant. Il n'eft pas non' plus
vrai que l'Éléphant percé de la corne
du Rhinocéros tombe fur fon ennemi
Se l'éc'rafe par fon propre poids. Le
Rhinocéros eft un animal trop gros &
trop vigoureux pourfe laifferécrafer.
Chajfe du Rhinocéros. ,
Ceux qui montroient le Rhinocéros
à Paris , débitoient que l'on tuoit quel-
quefois les Rhinocéros à coups de ca-
R H I
non ; maîs que la manière la pî'uS
ordinaire de les prendre, éto t de les
aller attaquer pendant les grandes cha-
leurs de l'été , quand ils étoient cou-
chés dans les marais ; que celui qu'ils
montroient avoit été pris ainfi à l'âge
d'un mois , comme il tettoît encore ;
que fa mere avoit été tuée par les
Indiens à coups de flèches , Si qu'une
de ces flèches avoit fendu une oreille
à celui qu'ils montroient. Mais , com-
me le remarque le fa vant M. Ladvo-
cat , Auteur de la Lettre Jkr le Rhi-
nocéros , tous les Naturaliftes con-
viennent qu'il n'eft pas poflâble de tuer
un tel animal à coups de flèches , à
caufe de la dureté Se de l'épaiffeur de
fa peau. Ce qu'ils ont ajouté qu'on
tue ces animaux à coups de canon le
réfute de foi-même ; car avant qu'on
eût mené & braqué le canon , le Rhi-
nocéros feroit bien loin, outre la dé-
penfe qu'il faudroit faire pour une telle
chafle.
Saint Grégoire , Saint Eustache,.
Isidore, l'Abbé Rupert, le Bien-
heureux Pierre Damien, Isidore,.
Albert le Grand , Damir , Auteur
Arabe , Se plufieurs autres , difent
qu'on peut prendre le Rhinocéros en
lui préfentant une jeune fille Vierge.
Les Savans reconnoilfent tous aujour-
d'hui que cette manière de le pren-
dre eft fabuleufe. Ce que rapportent
quelques Naturaliftes de la chaffe du
Rhinocéros , Se de la manière de le
prendre , parolt feul digne de croyance.
Ils difent que quand le Rhinocéros fe-
melle allaite fon petit dans lea pâtu-
rages , les Indiens , les uns armés de
piques & les autres de fufils , le vont
attaquer. S'ils ont le bonheur de le
tuer à coups de fufils, ou autrement ,
ils prennent le petit qui ne peut en-
core courir bien vite , ni fe défendre:
mais cette chatTe eft très-dangereufe;
car quoique le Rhinocéros ne fafle na-
turellement aucun mal à l'homme »
cependant lorfqu'il eft bleffé , il va
quelquefois au feu , Se renverfe corn?
R H I
rte une Puce, (ce font les termes de
B o N T i u s ) , tout ce qui fe trouve
devant lui , homme Se Cheval. Le
même B o N T i u s ajoute que le Rhi-
nocéros femelle ne va au feu que quand
elle a mis fon petit en fureté. Telle eft
la manière de prendre les petits Rhi-
nocéros.
A l'égard du Rhinocéros mâle , la
chaffe n'en e 11 pas fi dangereufe. Les
Indiens conftruifent dans les lieux où
vont les Rhinocéros une forte cabane
à plufieurs parties , qu'ils entourent
d'arbres 5c de feuillages : ils mettent
dans une partie de cette cabane un
Rhinocéros femelle , déjà apprivoifé ,
dans le temps qu'elle eft en chaleur , Se
laifTent ouverte la porte antérieure.
Le Rhinocéros mile , attiré par la fe-
melle , n'eft pas plutôt entré dans
cette partie antérieure , que les In-
diens qui's'étoient cachés ferment aufli-
tôt la porte ; enfuîte ils le tuent , ou
le prennent en vie. Telle eft la feule
manière vrai-femblable de prendre le
Rhinocéros , qui foit parvenue à la con-
noiffànce de l'Auteur de la Lettre
dont on a fait mention.
En Afrique , félon K o L b e ( Tome
III. p. 15.), Se VHifioire Générale des
Voyages {Tome V. p. 80.}, les Peu-
ples de Bamba entendent fort bien la
manière de prendre les Rhinocéros.
Leur méthode eft d'ouvrir dans les
lieux que ces animaux fréquentent de
larges fofles , qui vont en retréciffant
vers le fond. Us les couvrent de bran-
ches d'arbres Se de gafon qui cachent
le piège ; les Rhinocéros y tombent , Se
ne peuvent s'en retirer.
Les Hottentots , dit Kolbe, font
à-peu-pres de même. Comme les Rhi-
nocéros fuivent prefque toujours la
même route pour aller aux rivières ,
la trace de leurs pas eft toujours fa-
cile à reconnoître , à caufe de la pe-
fanteur de leur corps. Les Hottentots
ouvrent dans cette route une foife de
fept à huit pieds de profondeur , 3c
d'environ quatre pieds de diamètre ,
R H I 7 oi
au milieu de laquelle ils enfoncent un
pieu pointu. Ils la couvrent enfuite
avec tant d'art , que les yeux mêmea
d'un homme y feroïent trompés. La
Rhinocéros en tombant dans cette fofTe
ne manque pas de rencontrer le pieu t
qui lui perce la poitrine ou le col , Se
qui l'arrête aifez pour donner le temps
aux ChaiTeurs de l'achever à grands
coups de fagayes.
Force & fureur du Rhinocéros^
Le Rhinocéros a l'odorat extrême-
ment fubtil. Avec le vent il fent do
fort loin toutes fortes d'animaux. Il
marche vers eux en droite ligne , ren-
verfant tout ce qui fe rencontre fur
fon paf[age, Il n'y a ni bui'fïbns , nt
arbres , ni grofTcs pierres qui puiiTent'
l'obliger à fe détourner , dit K o L b e.
Avec la corne qu'il a furie nez il dé-
racine les arbres, il enlevé les pierres
quis'oppofent à fonpaiTage Se les jette
derrière lui fort haut à une grande dif-
tance ; en un mot il abbat tous les
corps fur lefquels fà corne peut avoir
quelque prife. Lorfqu'il nefe rencontre;
rien Se qu'il eft en colère , baifïant la
tête il fait des filions fur la terre , dont
il jette avec fureur une grande quan-
tité fur fà tête. 11 attaque affez rare-
ment les hommes , à moins qu'ils ne
le provoquent , ou que l'homme n'ait
un habit rouge. Dans ces deux cas il
fe met en colère Se il renverfe tout ce
qui s'oppofe à lui. Lorfqu'il attaque
un homme r il le faifit par le milieu
du corps , Se le fait voler par defTus
fa tête avec une telle force , qu'il eft
tué par la violence de fa chute. Alors
il vient le lécher Se fa langue eft fi ru-
de Se fi dure , qu'il lui enlevé ainfi
toutes les chairs. 11 en fait de même
aux autres animaux. Si on le voit ve-
nir, il n'eft pas difficile de l'éviter,,
quelque furieux qu'il foit. U va fort
vite , mais il ne fe tourne qu'avec
beaucoup de peine : d'ailleurs il ne
voit que devant lui , ainfi on n'a qu'à-
7o2 R H I
le laiiTer approcher à la dîllance de
fouit ou dix pas , Se alors fe mettre un
peu à côté: il ne vous voit plus Se ne
peut que très-difficilement vous re-
trouver. Cet animal au Cap & dans
toute l'Afrique nefe nourrit pas d'her-
bes, Il préfère les buiffons , le Ge-
nêt & les Chardons. Mais entre toutes
les plantes , il n'en eft point qu'il aime
autant qu'un arbre qui reflemble beau-
coup au Genévrier , qui ne fent pas
auffi bon , Se dont les piquans ne font
pas à beaucoup près fi pointus. Les
Européens du Cap appellent.cette plan-
te Y Arbrijfeau du Rhinocéros,
Plufieurs Interprètes , comme on l'a
déjà dit plus haut , ont pris le Rem
ou Réem de l'Écriture Sainte pour le
Rhinocéros ; mais M. Ladvocai,
dans fa Lettre fur cet animal , fait voir
que le Rem ou Réem n'eft pas le Rhi-
nocéros. J'ai rapporté au mot R E M
les raîfpns que ce Savant en donne, ■
Tertullien , Saint Grégoire,
Isidore, le Vénérable B £ d e &
plufieurs autres confondent le Rhino-
céros avec la Licorne , le Monoceros Se
VUnicornis, Le Rhinocéros mâle ne peut
être mis au nombre des Licornes , des
Monoceros, ni des Uniçornis , parce -
qu'il a deux cornes ; mais le Rhinocéros
femelle, qui n'en a qu'une , peut être
placé dans la claife des Licornes } ajou-
te M. L A D V O C A T.
Alalgrétous ces difFérens fentimens,
M. Klein ( Difp. Quad. p. 29.) eft de
i'avis de Scheuchzer , qui foutient
que le Rhinocéros n'a qu'une corne
placée fur le nez. 11 croît cependant
,ce que dit Bontius, témoin ocu-
laire , Se le plus croyable. Celui-ci
rapporte que dans toutes les parties
.des Grandes Indes le Rhinocéros n'a
qu'une corne placée dans l'intervalle
des yeux Se des narines. Si beaucoup
d'Auteurs aflurent que cet animal en a
deux , pourîes concilier , U faut admet-
tre , dit M.Klein, deux efpeces de Rhi-
nocéros , ic fi ces deux efpeces fe con-
tiennent & fe reffemblent , elles onj
R H I
cependant cette différence , que l'une
eftunicorne & l'autre bicorne , comrna
le Narhwal , poîlfon de mer cétacée t
dont une efpece eft monodont Se l'au-
tre didont. Suivant le témoignage des
Auteurs qu'il a confultésj les Rhino~
ceros d'Aile ne font point bicornes »
mais monocerotes. Dans une autre
partie du Monde* il y en a de bicor-.
nés: ce n'eft point en Amérique , car
on n'en voit ni de l 'une ni de l'autre ef-
pece , mais en Afrique, Selon le même
Uontius , on volt des Rhinocéros
dans les parties les plus éloignées des
Indes , au-delà du Gange , dans l'E-
thiopie Se dans l'Afrique.
Il y a une Relation imprimée à
Hambourg en 1744. qui favorife le
fentiment de M, L ADVOCAT. Voici
comme l'Auteur de cette Relation
s'explique , ». 15. Les mâles font
bicornes Se les femelles font unicornes.
Cette différence de fexe fe trouve auffî
dans le genre des Cerfs Se des Elans ;
car il eft notoire que les mâles de ceux-
ci ont des cornes longues , & que les
femelles en ont de petites. Quelque
refpeftable que foit l'Auteur de la Re-
lation , M. Klein dit qu'il n'eft pas
nptoire que les femelles des Cerfs ,
des Elans & des Chevreuils ayent ja-
mais eu des cornes , à moins que ce
n'eût été quelquefois par un phéno-
mène extraordinaire > comme une fil-
le qui avoit des cornes , dont il eft
parlé dans Barthoiik ; maïs il eft
probable que le célèbre Auteur de la
Piffertation n'a entendu parler que de
la femelle du Rhenne , qui a des cor-
nes comme les mâles , ou qu'il s'eft
du moins mépris en donnant aux fe-
melles des Cerfs Se des Elans , ce qui
n'appartient qu'à celles des Rhennes.
En un mot M. Klein qui a fait de
très-favantes recherches fur le Rhino~
ceros , penfe qu'on peut affirmer qu'il
y en a de deux efpeces , 8c que celuï
des Grandes Indes eft* unicorne Se celu!
d'Afrique bicorne. Voyez cet Auteur»
Difp, Qiiad. p. z6. &fniv.
R H I
"RHINOCEROS DE MER :
C'eft la Licorne de mer , nommée auflî
JfarhiunL Voyez ces deux mots.
RHINOCEROS, oifeau des
Indes. Bontius & Aldrovan-
de donnent ce nom au Corbeau cor-
nu des Indes , nommé Jager-Wogcl,
Il eft nommé Tapeau dans le Mufaum
JVormenfe. Cet oifeau furpafte de beau-
coup en grandeur le Corbeau d'Eu-
rope fi la defeription qu'en donne
Bontius eft exacte : c'eft un des plus
grands oifeaux , dit Ray , Synop. Meth.
Av. p. 40. ». 7. Voyez CORBEAU
CORNU DES INDES,
RHINOCEROS: C h a r-
ieion donne ce nom à un Scarabée
étranger, qui eft fort rare en Europe ,
à moins qu'on n'y en apporte d'ail-
leurs. M. L in n.su s parle de trois
efpeces de Scarabées , auxquels les
Natura liftes donnent le nom de Rbi-
noceros.
Ce ïàvant Naturalifte Suédois nom-
me la première efpece ( Fauna Suec.
rt. 340.X» Scarahuis capite itmcornire--
fiitrvo y îboracegihbofo ,abdornine birfu-
10. Cet infecte porte fur la tête une
corne recourbée : il a le ventre velu,
$c le corfelet convexe. C'eft le Scara--
h&usnaficornis d'OtEARius , Maf 27.
de J o n s t o h<> Inff de Jaco bée,
de M. Frisch Se de Swammerdam;.
le Monoceros de W o r m 1 u s , Muf
p. 24a. Se le Rhinocéros- d'iMFER ati , ■
p. 504. de Bartholin , d'HoFFNA--
gel , 8c des autres.
La féconde efpece eft le Rhinocéros
qui a la figure du Scarabée Pillulaire ,
ou Fouille-merde , nommé en Latin
Stercorarius. Le devant de la tête dé
cet infeéte eft fait en forme de bou-
clier , .taillé en croiflant , à bord élevé ,
Se d'où fort une p-etite corne échan-
gée.: fes fourreaux font polis , & mar-
qués de fept ou huit filions. M, LiN-
NJf-US ( Fauna Suec. n. 341.) lui don-
ne le nom de Scarabœus capite clypeo-
lunato,margine elevato , corniculo emar-
ginato.
R H O R I C R I F 703
La troifieme efpece eft le petit Rhi-
nocéros noir, qui e ft de forme cylin-
drique , dont les fourreaux font fillon-
nés , 8c pointillés en creux : la corne
de cet infecte eft repliée • il 3. le cor-
felet échancré en devant , 8c on lui
voit cinq dentelures. Le même Natu-
ntlifte Suédois (ïbid.n. 342.) le nom-
me Scarab&its cylindricus , fronte uni"'
cor ai , tborace anticè truncato , qmnmàii
dent Mo.
R H O
R HO MBOÏDE, en Latî»
Rhomboïdes , efpece de poilfon plat,
dont parle Rondelet ( L. XI. r. 4.
p. 3 1 3 . ) , que l'on vend à Rome fous
le nom de Turbot. Voyez au mot
TURBOT.
R I C
RICHE; M. B r 1 s s o n donne
ce nom à un petit animal du genre du
Lièvre. Cet Auteur (p. 24.1.) le nom-
me Leptu cauâatus , dilutè cir.ercus. II
diffère , dit-il ,.de notre Lapin par fa
couleur. Tout fou corps eft couvert
de poils d'un très-joli petit gris. Il
y en avoit un dans le Cabinet de M.
DE R É A u M u r , & il eft fans doute'
aujourd'hui au Cabinet Royal de Mé-
decine à Paris.
R I F
R I F E T : M. Adanson( Hifî.
des Coquillages du Sénégal , p, 172.)
donne ce nom à une efpece de Co-
quillage operculé du Sénégal, qui eft
la quatrième & dernière efpece du
genre de la Toupie. Cette eipece de
Coquillage, dit- il , ne diffère d'une
autre, qu'il appelle Dak.it qu'en ce
qu'elle eft plus rare , que fa coquille
eft cendrée, tirant fur le noir, infini- -
ment plus mince , & toujours plus''
petite, n'ayant que deux lignes' de-
longueur, 8c que fes fpircs font-ren--
fiées & arrondies. Elle eft figurée ;U
la Planche Xïl. n. 4. de l'OCivrage de'
l'Auteur,
7©4 R I K R O B ROC
RIKOURS, efpece de Singe
fans barbe. Voyez SINGE.
R O B
ROBET: On trouve dans les
fables vafeux de l'embouchure du
Niger, dit M. Adanson , cette
efpece de Cœur, Coquillage bivalve,
qui approche beaucoup de ceux qu'on
appelle vulgairement Arche de Noc ,
pareeque la figure de chaque battant
imite celle d'une nacelle.
Sa coquille repréfente un ovoïde
arrondi aux extrémités , qui a dix li-
gnes de largeur , huit de longueur Se
prefque autant de profondeur. Elle eft
peu épaiife , marquée au dehors de
vîngt-fix petites canelures longitudi-
nales , arrondies , ordinairement lifles
Se unies , mais quelquefois ridées en
travers.
Chaque battant eft bordé au dedans
d'an pareil nombre de canelures fort
courtes , qui ne paiTent pas une bande
d'une ligne de largeur , Se marquée
de cinquante-deux filions très -légers,
qui s'étendent des bords jufqu'aux
fommets. Ceux-ci font fort courts Se
placés au tiers de leur largeur vers
l'extrémité inférieure.
La charnière égale les deux tiers de
la largeur de la coquille : on n'y comp-
te que trente-cinq dents, qui reffem-
blent plutôt à des dents de feie qu'à
de petites lames , parcequ'elles font
fort étroites Se pointues.
Cette Coquille etl blanche Se tire
quelquefois fur le rouge. Elle eft fi-
gurée Planche XVIII. n. 6.
ROC
ROCHER, ou MUREX, en
terme de Conchyliologie , font la mê-
me chofe , félon M. d'Argenville.
Sous le mot MUREX j'ai, d'après
cet Auteur , donné la lifte des diffé-
rentes efpeces de Murex Se les remar-
ques qu'il a faites fur ce Coquillage.
Il y eu a à qui on a donné des noms
particuliers , dénominations qu'ils doi-
R O D
vent à leur figure : tels font par exem-
ple l'Hériflbn , le Scorpion , le Boi»
veiné , l'Araignée nommée Ayribit t
l'Araignée nommée Millspeda , la Mu.
fique , le Cafque Se l'Unique. Les
autres qui confervent leur nom géné-
rique de Rocher ou de Murex , font
encore différons les uns des autres. Il
y a le Rocher à oreille déchirée , avec
deux rangs de pointes à la naiflance de
fa clavicule , laquelle eft garnie de
quatre à cinq rangs de tubercules ,
jufqu'i fon extrémité : fa couleur eft
aurore, tirant fur le rouge. Un autre
eft garni de rides Se de tubercules par
étages; fa lèvre fort en forme d'aile :
fa couleur à fond blanc eft mêlée de
quelques taches de couleur brune. Il y
en a^une efpece à lèvres minces , &
une autre , dont les lèvres font fort
épaiffes. Une efpece qui eft très-rare
a le corps tout chargé de pointes noi-
res affez longues fur un fond blanc :
ces pointes forment différens étages,
avec une clavicule élevée. 11 y en a
encore une autre , qui eft extrême-
ment rare, dont tous les rangs garnis
de pointes pliées , fur-tout celui d'en
bas , la diftinguent vifiblement des au-
tres ; une autre qui a de très-belles
couleurs brunes tirant fur le bleu , avec
des pointes blanches , laquelle ne doit
ces belles couleurs qu'à la fuppreHioii
de fon épiderme , Se enfin une autre à
côtes très-raboteufes , avec des tubercu-
les à chaque côté. On découvre dans
ce dernier Rocher un ombilic , & il eft
d'un gris fale. M. d'Argenville
nous a donné deux Planches de Murex ,
avec l'explication. Voyez MUREX.
R O D
RODING , en Suédois Roteîe ,
en Laponois Raud. C'eft un poiffoo
qu'An. T e D i Çlchth. Part.V. p. 27.)
nomme Saimo vix pedalîs , pïnnis ven-
triî rubrïs , maxillâ inferiore paido
longivre. C'eft VUrnbLa minor de G E s-
N E K ( deAquat. p. 1 20 1. ) , de Char-
LETON , p. 1 6"j, de WlLLUGHBY»
p. 1$6.
R O H ROI
p , 1 9 6. de Ray , p. 6^5 . & d'A idro-
v a n n e , L. V. c. 47. p. 6so. Voyez
OMBRE.
R O H
R O H A U , nom que Rondelet
donne à l'Alphefte , poiiïbn faxatile.
Voyez ALPHESTE.
R O I
ROI, nom donné a un Papillon ,
appelle par M. Linhjeus ( Fauna
Suec, p. 236". «.780.) Papilio tctrapus ,
ait s rotundatis , âentath , fulvis , nïgro
maculatis , fubtus maculis vigmti-duo
argenieis. Ce Papillon fe trouve dans
les jardins. Mouffet ( Edït. Lat.
p. 1 o 1 . ) &Aldrovande( Infetl.
p. 245.) en parlent. Petivert ( p. 3 5.
». 320. ) le nomme Papilio FruiLla-
rius major, maculis fubùis argenitis ,
& Ray (Infetl. p. 1 19.) , Papilio major ,
alis fulvis , fupinâ parte maculis cre-
bris, pronâ etiam argentés eleganter
depitlus. Il a defllus & delTous les ailes
beaucoup de taches argentées. C'eft
la beauté de fes ailes qui lui a fait don-
ner ce nom.
ROI DES ABEILLES, nom
improprement donné à la femelle ou
mere poudeufe des Abeilles. Voyez
ABEILLE.
ROI DES CAILLES: Cet
oifeau , qui eft le Râle noir , ou le
Râle de Genêt , ell vulgairement nom-
mé en François Roi des Cailles , parce-
qu'il eft, dit-on, le conducteur des
Cailles dans le temps de leur pafTage.
Voyez RÂLE.
ROIDE G U I N E E , en Latin
Taitraco, Regia Avis , & félon E d-
w a r D , Rex Guineenfîs. Albin
{Tome IL n. 19. ) le nomme Oifeau
couronné du Mexique. Il ne l'a , Ait
M. Klein, ni bien dépeint , ni bien
décrit, ni bien marqué le pays d'où il
eft : car ce n'eft point un oifeau du
Mexique , comme quelques-uns le pré-
tendent , mais de Guinée Se de l'Afri-
que Méridionale, vers le Royaume de
Tome HL
R O I R O J 705
Congo , fur les confins du Cap de
Bonne-Efpérance,
ROI DES MULETS: Il y a
apparence que c'eft le Surmuletou Vlm-
briaco de Rondelet; le Mulet fans
barbillons , ou le Roi des Mulets de
Wulughbï. Voyez MULET
& SURMULET.
ROI DES OISEAUX DE
PARADIS, en Latin Rex Avium
Paradiftacarum majoris Moduli. Wi L-
L u G h s Y en parle. Voyez OISEAU
DE PARADIS.
ROI DES POISSONS du
genre des Carpes, en Latin RexCypri-
norum. C'eft un poiflbn décrit par M.
GRONOVtus dans les Acles d'Upfal.
Voyez CARPE.
ROI DES S E R P E N S :
S e b A ( Thef. IL Tab. 104. n. t.}
donne ce nom à un Serpent de Pille
de Java , nommé aufFi Lamanda.
RO JEL, Coquillage bivalve de
la côte du Sénégal , du genre de l'Huî-
tre , & qui eft la cinquième efpece de
celles que M. Adanson a obfervées.
Elle eft figurée dans fon Ouvrage ,
Planche XIV. ». 5.
L'animal du Rojel a fon manteau bor-
dé de deux cents filets , dont il y en a
cent qui font alternativement plus Sç
moins longs.
Sa coquille eft ronde, de deux pou-
ces de diamètre, fi mince Se fi applatie ,
qu'elle n'a pas trois lignes de profon-
deur. Sa furface eft affez unie.
Le fonimet ne s'avance point hors
des bords de la coquille; il eft aufli
obtus qu'il puifTe l'être.
Le battant inférieur eft prefque aufïï
applati que le fupérïeur , Se il n'y a
aucun enfoncement ni dans l'un ni
dans l'autre vers le fommet.
La couleur de l'animal Se celle de
l'intérieur de fa coquille eftd'un blanc
fale : à l'extérieur elle eft d'un rouge
fort rembruni.
La première elpece d'Huître du Sé-
négal ne s'attache qu'au bois Se aux
arbres. Toutes les autres préfèrent les
V u u u
7 o6 ROI
pierres pour s'y User , Se il y a appa-
rence que toutes fortes de pierres leur
conviennent également. Celle-ci a été
trouvée fur un teiïbn de bouteille caf-
fée , qui fut pêchée à la fonde à neuf
brafTes de profondeur , dans l'anfe de
l'Ifle de Gérée* Le battant inférieur
de fa coquille s'étoit entièrement ap-
pliqué Se étendu fur la furface un peu
concave du verre,
ROITELET: On donne ce
nom à un genre d'oifeaux fort connus
en Europe , & dont le corps eft court
& gros. Il eft mis dans l'ordre des
Aves F 'ajferes par M. Linnius,
& par M. Klein dans la quatrième
famille de fes oifeaux > Genre J , Tribu 2 .
Il y a trois efpeces de Roitelets ; favoir
le Roitelet ordinaire , le Roitelet In/pe »
& le Roitelet non hupê.
ROITELET ORDINAIRES
Cet oifeau fur lequel on débite une
fable , que l'Aigle le porte fur fa
queue , Se l'élevé jufques proche du
Soleil , eft nommé par M. Linnius
( Faitna Suec. ». 232.), Mo ta cilla gri-
fea , alif nigro , cinereoque undulatis.
C'eft le Trochlodytes fimpliciter , & le
Pajfvr Troch'odytes de Schroderus ,
p. 322. de D A L E , Pharm. p. 422.
de Gesner, de AviB. p. 588. de
SCHWENCKFELD , Av. Silef. p.
324. de Jonston , de Av. p. 82.
de M e R r e T ,. Pin. p. 1 77. d'A t-
Drovande , Ornith. IL p. 6$ 5 .
C'eft aufll le Regulur de Wïllughby ,
Ornith. p. 1 64.. de R a y , Synop. Meth.
Av. p. 80. le Trochi'us , RexAvium,
SenatOT , Reguhes de BfLON, de la
Nat. des Oif. p. 343.
Cet. oïfeau , félon le rapport de B e-
* Cet oifeau eft nommé en GrecTfo'x;Aiç ;
en Latin Trochilas , ou Regtdus , ou bien
Cladorynckui , pareequ'on die qu'il eft X Oi-
feau du Crocodile , induftrieux pour lui net-
toyer les dents. On l'appelle en Italien Rea-
û'no ; en Allemand Zaun-Koening , ou Winter-
Koening;. en Angloîs, Wren-Common, Il por-
te en François plufieurs noms, félon les Pro-
vinces ; par exemple , on le nomme en So-
logne Rahoiry , ou Rabery ■ eo Orléanois
SjssiilfW , ou RovîHon.; en Périgprd, Reie.-
R O I
ION, aune à fe tenirfeul, & même
s'il trouve un de fes femblables , prin-
cipalement s'il eft mâle, ils fe battront
l'un Se l'autre , jufqu'à ce que l'un
des deux demeure vainqueur; 8c c'eft
alfez au vainqueur que ie vaincu s'en-
fuie devant lui. Il eft toujours gai ,
alerte oc vif ; il porte fa queue trouiïée
comme un Coq. Scion A R 1 s t o t e
il fe nourrit ordinairement par les buïf-
fons,hantantles pertuis,& il ne fe prend
qu'avec grande difficulté. C'eft un
oifeau qui' n'eft jamais mélancolique ,
mais toujours prêt à chanter : aufll
l'entend-on foir & marin de bien loin
Se principalement en temps d'hiver.
Alors il ne chante gueres moins haut,,
ni moins bien que le Roflïgnol. La
ftructure du nid, tel qu'il le fait com-
munément couvert de chaume dans-
quelques permis de murailles , eft en,
forme ovale : il eft couvert deflùs
& deflbus , Koifeau n'y laiflant qu'un
fort petit pertuis par lequel il peut en-
trer. On trouve des Roitelet/ qui ha-
bitent dans les forêts , dans les haies
épai'fles , & dans les buiÏÏbns. Ses pe-
tits font fort difficiles à élever pour
les nourrir en cage ; car bien qu'on les
nourrifle jufqu'à un certain temps , ils
meurent à la fin. Mais fi par hafard on en
peuteonferver quelqu'un, on a autant
de plaifir de fon chant , que de celui de
tout autre oifeau, d'autant qu'il chante
pendant l'hiver. La Nature lui a donné
un bec grêle reffiemblant à celui de la
Bergeronnette: il ne cafte pas de grains,,
il vit de Vers , nourrit fix petits , 5e
quelquefois huit , Se il a les. jambes;
Se les pieds bons.
F r 1 s c h dit que l'es Anciens ont
net ; en Aniou Beurichon , Rurruchon, Beuri-
ckot , Berichot , Berithon, Beruchet , Roi Ber-
tauld , ou Bœuf de Dieu ; en Bourgogne ,
Roi de froidure ; en Normandie Rentre, &
Rebetrer , ou Rebetrin ; en Saimonge , Roy-
boitti; en Guyenne , Arrepit ; en Poitou ,
Kionkian. La plupart de ces dénominations
répondent au mot Latin Regulus ,■ les autres
dénominations données à cet oifeau font dé-
rivées de' fon plumage, de fa contenance,, df
la taille , ou de fon cri»
R O I
raconté bien des fables fur cet oifeau.
Sur la fin de l'automne ou au com-
mencement de l'hiver, il cherche en-
core des Vers Se des Araignées dans
les murailles. On l'entend 8c on le voit
encore quand il y a peu de temps qu'il
a neigé , ce qui le fait nommer Roitelet
de neige par quelques-uns. Lorfqu'ii
chante , le fon de fa voix eft fi fort
Se fi agréable qu'on fouhaite toujours
de l'entendre S; plus fouvent 8c plus
long-temps. Il fait plus de petits que
les autres petits oifeaux , mais non pas
tant que la Méfange.
O r, i K a rapporte qu il vît trois ou
quatre ans , Se qu'il pond à chaque
couvée cinq ou fix œufs , 8c quelque-
fois plus. On dit que dans certaines
Provinces de France , les gens de cam-
pagne fe font un fcrupule non -feule-
ment de tuer cet oifeau , mais même
de toucher à fon nid , le regardant
comme une chofe facrée ; Se les enfans
îmbus de la même idée, pareeque leurs
parens ne manquent gueres de leur inf ■
pirer de bonne heure leurs propres
préjugés , n'oferoient en dénicher.
Cet oifeau , dit A L B I N ( Tome I,
n. 53. )t e ft long de quatre pouces &:
un quart, Se large de fix. La tête , le
col, le dos, le croupion &laqueue
font d'une couleur rouge clair châtain.
Le dos , les ailes & la queue font di-
verti" fiées de lignes qui traverfent; la
gorge eft d'un jaune pâle , le milieu de
la poitrine eft plus blanc; le bas-ventre
eft d'un rouge fombre. Les pointes du
fécond rang des plumes des ailes font
marquées de trois ou quatre taches
d'une couleur jaunâtre , comme font
les plumes couvertes de la queue. Les
plumes fortes Se longues de l'aiie font
au nombre de dix-huit. La queue qu'il
tient ordinairement élevée , eft com-
pofée de douze plumes. Le bec eft
long d'un pouce & demi , délié , jau-
nâtre au-deiTous, Se fombre au-deiTus.
* Cet oifeau eft nommé en Italien fîar
ramîo, c'eft-à-dire , Fleur de Souci , à caufe
de la couleur de fa hupe. Les Anglois lui
ROI 7 oj
Le _ dedans de la bouche eft jaune ,
l'iris eft de couleur de noîfetier. Il a
les doigts de dehors attachés à ceux
du milieu , jufqu'â la première jointure.
Il vole bas autour des haies Se des
enfoncemens , Se comme il ne vole pas
loin , fi on le châtie des haies , on le
peut fatiguer Se le prendre très-aifé-
ment. Il fait fon nid quelquefois près
des murailles des maifons , dans les
derrières des écuries, ou d'autres dé-
pendances de maifons couvertes de
chaume, mais plus ordinairement dans
des bois & dans des haies. Le dehors
du nid eft conftruit de moufle , Se le
dedans de poil & de plumes. Ce nid
eft fait comme un œuf pofé fur une
de fes pointes. L'ouverture par lequel
l'oifeau fort Se rentre eft pratiquée fur
le côté. Quand il eft apprivoifé il ga-
fouïlle fort agréablement; la voix eft
plus fonore & élevée qu'on ne le croi-
roit , eu égard à fa force & à fa grof-
feur, fur-tout dans le mois de Mai,
car c'eft alors qu'il engendre. Il pond
neuf ou dix œufs , Se même quelque-
fois davantage, Avant G e s n e k , les
îologues modernes avoient tous
pris cet oifeau pour le Roitelet des An-
ciens , dit WlLLUGHBY.
Cet oifeau, dît-on, eft un fpécîfi-
que contre la pierre dans les reins
ou dans la veille , fi on en mange la
chair toute crue , ou fi on le brùie ,
Se qu'on en prenne les cendres dans
du vin blanc. Ce Roitelet commun , di-
fent les Auteurs de la Suite de la Ma-
tière Aîéâicale , contient beaucoup de
fel volatil & d'huile. De quelque fa-
çon qu'on le mange , ïl poulîe puif-
làmment les urines.
ROITELET HUPÉ* nom-
mé en Latin Regulus criflatus, C'eft
le I roc h U us d'AmsToTE & de Pline,
le Parus fylvaticus de Gesner,
Av, p. 643. le Regulus d' A l D R o-
v a N d e , Omith. L. XVII. c, 1. le
donnent le nom de the Reped Wen; les Sué-
dois défignent le Roitelet hupé par celui
de Kongffogel,
V u u u i j
7 o3 ROI
PaJfcTculm Troglodyte? ou Trochlodytes
de Jonsto'n, Ornuh. p. 42. le Ré-
gulas crifiatus de Ray, Av. p. 79.
». o. de f illughby, Ornlth. p.
163. t. 41. & d' A lbin , Tome I.
p. 51. T<i£. 53. M. Li N N M u s dit
que c'eftle plus petit des oifeaux qu'on
voit en Suéde , 8e auffi le plus petit
qu'il y ait en Angleterre , dit aufli
Albin. Il eft long de trois pouces
& un demi quart depuis la pointe du
bec jufqu'à l'extrémité de la queue,
Se large de fix pouces les ailes éten-
dues. Il a fur le fommet de fa tête une
très-belle ou brillante tache, ou hupe ,
d'un jaune doré , mélangée de couleur
de fafran. De-là , il s'eft acquis chez
les Anciens les titres pompeux de Ré-
gulas & de Tyrannus. Il peut , quand
il veut, cacher entièrement fa hupe,
8c la rendre învifible en ridant fon front
& en refferrant les côtés de la tache.
Elle eft oblongue , Se directement éten-
due à travers le milieu de la tête de-
puis le bec jufqu'au col, Les bords en
font jaunes des deux côtés » & le tout
eft entouré d'une ligne noire; les cô-
tés du col font d'un beau verd relui-
fant 8c jaunâtre ;. fes yeux font entou-
rés de blanc. Le col & le dos font d'un
verd fombre tirant fur le jaune ; la
poitrine eft d'un blanc fale. Les ailes
reffemblent à-peu-près à celles d'un
Pinçon , étant creufes : elles ont dix-
huit fortes Se longues plumes , toutes
d'une couleur fombre , excepté que
leurs bords extérieurs font jaunâtres ,
& les intérieurs font blanchâtres ; les
plumes contigues au corps font blan-
ches à leurs extrémités ; les grandes
qui font les plus avancées en dehors
font très-courtes Se petites. Les plu-
mes couvertes de la première aile ont
des pointes blanches ; leur aflemblage
rep réfente une ligne blanche en tra-
vers de l'aile ; la queue eft compofée
de douze plumes d'un pouce Se demi
de longueur , non fourchue , Se d'une
couleur fombre , excepté que les bords
extérieurs des plumes font d'un verd
R O I
jaunâtre. Le bec eft délié » droit Se
noir , lequel eft de la longueur d'un peu
plus d'un quart de pouce. Les pattes
8c les griffes font jaunâtres ; la langue
eft longue , aiguë Se fendue ; les iris
font de couleur de noifetier. Ces oi-
feaux pondent fix ou fept œufs , qui
ne font pas plus gros que de gros
poids : ils fe nourrirent de petits in-
fecles , font leurs nids dans des Ifs „
ou dans des Sapins , Se ils le compo-
fent de moufle verte , mélangée de
toiles d'Araignée , ce qui les fortifie
beaucoup , Se contribue à tromper les
fpeftateurs. Le nid de cet oifeau eft
de la grandeur d'une greffe balle , étant
couvert comme celui du Roitelet or-
dinaire , avec un trou à côté pour y
entrer Se pour en fbrtir. Catesbï
C Append, p. 13. ) parle du Roitelet
hupé.
ROITELET NON HUPE,
en Latin Régulas noncrijlatiu. Al b i n
( Tome IL n. 50. ) dit que cet oifeau
eftlong de cinq pouces depuis la pointe
du bec jufqu'à l'extrémité des griffes
ou de la queue, 8e , fes ailes déploy èes f
il eft large de fept pouces.. Les plu-
mes de la tête , du dos & du croupion
dans le mâle font d'un verd fombre •
le menton Se le3 côtés de la tête fous
les yeux font jaunâtres. Il y a une
tache de la même couleur des deux
côtés de la poitrine près de la naiffance
de l'aile. Les plumes de la poitrine ,
du ventre 8c des cuiffes font fort blan-
ches ; une bande jaunâtre s'étend des
narines au-deffus des yeux , prefque
au derrière de la tête. Les ailes ont
chacune dix - huit plumes principales
d'une couleur fombre , Se leurs bords
extérieurs font verds ; la queue a deux;
pouces de longueur , de elle eft com-
pofée de douze plumes de la même
couleur que les ailes. Le bec eft délié ?
droit, aigu Se brun; la mâchoire fupé-
rieure eft un peu plus longue , Se plus
crochue dans le mâle que dans la fe-
melle. Les narines font larges; les jam-
bes & les pieds font petits; le mâle lésa
RON
de Couleur d'ambre , & la femelle les
a noirs. Ces oîfeaux fe nourriffent d%-
ièctes : leur ramage reflTemble au ton
rampe des Sauterelles ; ils fréquentent
les bois & les déierts , Se fe perchent
fur les fommets des Chênes, Ils font
leurs nids de mouffe Se de paille , Se
les garnifient en dedans de poils & de
plumes. Leur ponte eft de cinq œufs
qui font tachetés par- tout de petites
marques rouges. La couleur du plu-
mage de la femelle ne diffère point
de celle du mâle , qu'en ce qu'elle
eft plus brune. Cet oifeau eft nommé
par M. L i n n /F. u s ( Fauna Suec. n.
a 3 6. ) , Motacilla cinereo - vire/cens ,
fubths ftavefcens,fuperciliis luteis. Il eft
connu fous le nom de Régulas non
enflants par Aldrovande , Ornith.
L. XVII. c. %. par Willughbï,
Ornith. p. 164, f.42. Se par Ray, Sy/iop.
Aie th. Av. p. 80. n. 10. Cet oifeau eft
plus petit que le Roitelet ordinaire , 8c
plus grand que le Roitelet hupé.
On voit du côté d'Upfal un petit
oifeau de la figure du Serin , mais du
double plus pefit , qui eft toujours en
mouvement , & qu'on voit fans ceffé
fauter de branche en branche. M.
Linn^eus ( n. 237.) le nomme
Motacilla dorfo cinereo-virefeente , re-
migibus fufeis , feptimo , oilavo , mm ,
apicibur albis.
RON
RONCE, efpece de Raie. Voyez
RAIE.
RONGERA, nom que les Gé-
nois donnent à une efpece de Pourpre ,
Coquillage de la mer Adriatique , nom-
mée à Rome Ogniella. C'eft le cou-
vercle du Conchylium de M. d'A r-
genville. Voyez POURPRE Se
ONGLE AROMATIQUE.
RONCKIE, nom donné à un
Colibri » petit oifeau de l'Amérique ,
en Latin Mellifuga Ronckje dicta , Avi-
€ula Americana yColibritis , dit S e b a
( Thef. L p. 59- n. 5. } : il a le bec
long Se pointu. F s. 1 s c K appelle la
R O N R O O 709
femelle de cet oifeau Roitelet des bi-
des , ou Moineau mu fané. Voyez CO-
LIBRI. Jï y
R O N D E L L E, nom qu'on donne
a Agde , dît R o n d e L e t , à la Mor-
rude , poiffon de mer. Voyez MOR-
RUDE.
R O N D I N E , nom qu'on donne
à Rome à l'Hirondelle de mer de
Pline. Voyez HIRONDELLE
DE MER.
R O N D I R E , nom qu'on donne
à Rome , dit A r t e d i , à un poiffon
volant , qui eft le Milan de mer des
uns , & l'Hirondelle de mer des au-
tres. Voyez MILAN DE MER.
R O O
R O O T A U G , ou ROTEN-
GLE , félon F 1 c u L u s , en Latin
Eryihrophtalmtts , efpece de Brème ,
ou poiaon femblable à la Brème > con-
nu en Allemagne. M. L 1 n n m u s
( Fauna Suec. p. 123. n. 324. > le
nomme Cyprinus pinn& ani radiis qua-
tuordecim , pinnis omnibus rubris , 8c
A R t E D 1 ( Fart. V. p. 5. n. 3.), Cy-
prinus ir i de , pinnis omnibus caiiàatjiie
rubris. Les Angiois le nomment the Red-
Eye i les Suédois Sarf , & dans la Wef-
trobonie Ijarf. Villughbï( Ichth.
p. 240. ) , Se l\ a Y ( Symp. Mi th. Pifc,
p, 116. ». 6. ) parlent de ce poiffon.
Ce dernier dit qu'il approche de la
Brème pour ta figure du corps ; mais
il eft plus gros. Ses nageoires font rou-
ges , & il a des teintes de rouge fur
tout le corps , principalement dans les
yeux. On lui voit fous la langue une
tache jaune. Ses écailles font plus gran-
des que celles du Pagel de R o N-
D e L e T. Il eft diftingué de l'Orfus
par la rougeur de fes yeux , par la ta-
che jaune qu'il a fous la langue , par
les rayons qu'il a à la nageoire du dos ,
Se par fes inteftins qui font différent
tours. L'Alburnus d'AusoNE , qui elï
Y Able , auquel oifëau Rondelst
donne des yeux rouges , eft nommé par
quelques-uns ErythropthaÏTnas. K y a
7 io _ R O P
encore le Vairon , qui a été nommé
tpoôpo£8«ty»npar les Grecs, ditGESNEtt,
de Aqiiat. p. 43 S.
R O P
R O P AN : C'eft le nom que l'on
donne à une forte de Coquillage mul-
ti valve qui fe trouve au Sénégal , 3c
qui eft figuré à la Planche XIX. n. 21.
de l'Ouvrage de M. A D a n s o n :
il en parle en ces termes, La coquille
du Ropan que j'ai rapportée au Taret ,
appartient à un genre différent : elle
a beaucoup plus de rapport avec ce
que l'on appelle Dali , ou Datte. Elle
eft compofée de trois pièces , dont
l'une eft un tuyau conique fort mince ,
qui refte attaché aux corps pie reine
dans lefquels il eft enchâiîé. Ce
tuyau eft percé comme celui du Ta-
ret , de deux trous, dont le fupérieur
eft beaucoup plus petit que l'intérieur.
Il enveloppe entièrement les deux au-
tres pièces de la coquille qui font les
battans.
Ces battans reprêferntent un ovoïde
long d'un pouce ou environ , deux fois
jmoins large , & beaucoup plus gros à
fbn extrémité inférieure qu'à la fupé-
rieure. Ils font égaux , fort minces ,
fans charnière ni fommets appareils ,
& terminés de manière qu'étant fer-
més , ( Se ils le font irès-exa&ernent > ,
les deux dents fe croifent & s'em-
braftenr.
Leur furface eft |UTe , quelquefois
fauve ou brune , mais elle eft ordinai-
rement blanchâtre. Ce Coquillage ne
fe trouve que dans les amas de Ba-
Janus , autrement appelles Glands de
mer, dont il perce la coquille pour fe
loger. Il ne s'y enfonce jamais plus
qu'il n'a de longueur , laiffant toujours
fortir les deux pointes de fes battans
pour communiquer avec l'eau. Il en-
duit le trou qu'il a creufé d'une co-
quille affez mince en forme de tuyau ,
femblable à celui du Taret , mais qui
tient à ceux du Balanus , de manière
qu'on ne peut l'en détacher. H eft fort
R O P R O Q
commun autour de l'Ifle de Gorée Se
du Cap Verd.
Sous le nom de Ropan , M. Adan-
.SON" range le Pbolai Ugnorum , dont
parle Rumphius , Mu]', p. 152.. art. 7.
lab. 46. fig. H.
Le Pbolas minor , atro-rnbens,firia-
tus de Sloane , Jam. Vol. IL Tab.
241. fîg. 22. & 23.
Et le Fholas Ugnorum , Rumphiana ,
longa , acutè ellipnca , fragilis, verti-
califoramin.ç roumdo , coloris cinerei >
in palis putridis vivens de M. Klein ,
Tent- p. 165. Jp. %. n. 1.
Pi. O P O S A , nom que les Portu-
gais donnent à une efpece de Renard
du Bréftl, C'eft le Carygueia. Voyez ce
mot.
R O Q
ROQUET, ouROCQUET:
C'eft une efpece de petit Lézard , à
ce que dit Rochefort ( Hifi. des
Ant. ) , qu'on trouve dans quelques
petites lu.es lefquellcs font dans les
culs de facs de la Guadeloupe. Ces
Lizards ont tout au plus un pied de
long ,&font portés fur quatre pieds,
dont ceux de devant font affez hauts.
Ils ont les yeux fort étincelans &
vifs ; la peau eft de couleur de feuilles
mortes , marquée de petits points jau-
nes Se noirâtres : ils portent la queue
retrouvée en arcade fur le dos , aulleu
que tous les autres la portent trnînante
à terre , & ils tiennent toujours la tête
élevée en l'air. Ils font il agiles qu'on
les voit toujouis fauter autour des
hommes , qu'ils prennent plaisir à voir ;
en forte qu'ils s'arrêtent aus lieux où
ils en rencontrent. Quand ils font pour-
fuivis , ils ouvrent la gueule & tirent
la langue comme de petits Chiens
de chaffe , ce qui leur a fait donner le
nom de Koqiiets. Ils fe fourrent aufS
dans la terre , non pour y pondre leurs
œufs , mais pour manger les œufs des
autres Lézards , Se ceux des Tortues.
R a y ( Synop. Quad. p. 268. ) parle de
cet animal.
R O S
ROSE, nom qu'on donne , dît
Rondelet, à la troifieme Ortie
de mer. Voyez ce mot.
ROSETTE: M. Gronovius
i Aél. d'Upfal , 1742. p. 101.) dit
qu'on donne ce nom en Hollande à
un poifTon de mer très-rare , que ce
Naturalifte nomme TrigU facie Pifcis ,
ojjtculis membrarm brancbiojhgà utriîi-
que fcptem. Le corps de ce poifïbn de-
puis la têts jufqu'à la queue va peu-
à-peu en diminuant ; la tête depuis
le haut jufqu'à. la bouche eft auffi en
pente , grande , quarrée , Se elle eft
comme cuiraffée Se ftjrîée de différentes
façons, ce qui forme comme un ou-
vrage cîTeïè ; elle eft de la même cou -
leur que celle du dos. Le haut Se les
côtés font très-plats ; proche de l'occi-
put , au deflus du commencement de
la ligne latérale , il y a une épine ou
un aiguillon , fort & pointu , tourné
du côté du corps; & au-deffus du même
occiput il en paroît un autre qui fort
d'une lame offeufe. La bouche de ce
poifTon eft large , Se l'ouverture très-
ample , le bout eft un peu rude Se
comme cariné ; on y voit de chaque
côté trois éminences. Les dents de la
mâchoire fupérieure Se inférieure font
petites Se en grand nombre. La mâ-
choire inférieure eft plus petite que la
fupérieure Se n'a point de lèvres. Les
narines , couvertes d'une membrane ,
font fur le penchant de la tête , entre
la bouche Se les yeux de ce poifTon. Les
yeux font placés au haut de la tête
affez voifins les uns des autres , cou-
verts d'une peau, grands , placés obli-
quement , ce qui fait que ce poifTon
regarde de côté. Les orbites des yeux
ont fept lignes de long fur un pouce
de large : ils font légèrement dentelés
à leurs bords , 8e vers la bouche ces
orbites paroifTent avoir une certaine
groffeur , fur laquelle il y a deux
courts aiguillons courbés , tournés du
côté du corps; & à la partie pofté-
sieure de ces orbites , il y a aufu un
autre aiguillon bien plus petit , & auffi,
R O S 711
tourné du côté du corps. La paupière
eft d'un bleu noir , l'iris eft large &
blanche ; le dos , depuis le commence-
ment de la première nageoire jufqu'à
la fin de la féconde eft fillonné. Ces
nageoires occupent le milieu du fillon ,
dont les bords de chaque côté font
munis de vingt-neuf, ou de trente pe-
tites pointes qui font tournées vers la
queue. La couleur du dos eft d'un
verd rougestre, L'anus , qui eft placé
devant la nageoire de la queue , ré-
pond à l'oiTelet quarré de la féconde
nageoire du dos. La membrane » qui
couvre les oui es , eft de la même cou-
leur que celle du ventre. Ce poiffon
a huit nageoires , dont il y en a deux
de placées au dos , deux à la poitrine r
deux au ventre , une à l'anus , Se une
à la queue. Celles du dos font un peu.
rougeàtres. La première, prcfque faire
en forme de triangle , eft compofée
de huit arêtes pointues Se fimples. La
première arête eft longue d'un ponce
Se deux lignes , la féconde d'un pouce
Se trois lignes : les autres vont peu-à-
peu en diminuant , de façon que la
dernière a à peine deux lignes de long.
La féconde nageoire du dos eft com-
pofée de feize arêtes , fans être poin-
tues, tournées vers la queue, toutes de
la même longueur, Se de dix-huit li-
gnes de long.
La nageoire de la poitrine de cha-
que côté eft très-ample , longue de
trois pouces Se demi: étendue , elle a
de largeur trois pouces Se deux lignes,.
Se onze arêtes flexibles : celle qui eft"
proche de la nageoire du ventre eft
longue d'un pouce. Elles font cou-
vertes d'une membrane forte Se bleue.
Celles du ventre ont prefque deux
pouces de long, & un pouce Se trois,
lignes de large : elles font blanches,
mêlées d'un peu de rouge , &compo-
fées de fix fortes arêtes. La première
qui eft proche de la nageoire du dos:
eft longue de trois pouces & deux li-
gnes; lss autres font raweufes depuis:
leur milieu.
7 i2 R O S
Il y a entre les deux nageoires de
la poitrine Se du ventre trois appen-
dices articulées, un peu repliées vers la
queue. La première de ces appendices
placée proche de la poitrine eft prefque
longue de deux pouces, la féconde d'un
pouce Se demi , Se la troifieme d'un
pouce Se une ligne,
La nageoire de l'anus eft composée
de feize arêtes , qui ne font point poin-
tues , tournées vers la queue. Ces arê-
tes font fimples , excepté la première
Scia féconde qui font doubles : prefque
toutes font de la même longueur que
les arêtes de la féconde nageoire du
dos. La nageoire , qui forme la queue,
eft légèrement rouge Se fourchue , maïs
étendue: elle paroît égale.Se elle eil lar-
ge de trois pouces,longue de deux pou-
cesdeux lignes.Cette nageoire eft çom-
pofée de douze ou de treize arêtes ;
la première Se la féconde des deux
bouts font les plus petites & les plus
fimples ; les autres font radiées.
Les écailles de ce poiffon font ran-
gées en forme de tuiles , blanches au
ventre , Se d'un verd rouge au dos. Il
a une ligne droite au côté qui s'étend
le long du corps plus proche du dos
que du ventre : elle prend fon origine
entre l'épine fupérieure de l'occiput,
ou elle eft un peu plus élevée. Cette
ligne a peu d'élévation ; fans être rude
au toucher, elle eft comme raboteufe;
car elle eft remplie de petits tubercules
longs , & d'un verd rougeâtre.
Le palais & la langue font unis. Le
eccur eftoblong , attaché au diaphrag-
me qui eft mince ; le ventricule eft
auffi oblong , très-membraneux & lar-
ge du doigt. Il y a huit appendices
au pylore. Les inteftins font forts Se
épais , 5c font trois tours autour du
ventricule. Le foie eft au-deffous du
diaphragme, divîfé en deux lobes: il
couvre le ventricule Se les appendices
du pylore. La véficule du fiel eft oblon-
gue Se rougeâtre , placée entre les deux
lobes du foie : ily a deux grands ovaires
de couleur rouge , Se de la longueur
R O S
de l'abdomen. La veflie d'air attachée
aux reins, eft couverte de deux fortes
membranes ; les deux reins font atta-
chés A l'épine du dos , & font féparés
l'un de l'autre de la longueur de l'ab-
domen. La couleur de ce poiffon de-
puis le dos jufqu'au milieu du ventre,
eft d'un verd rouge ; le refte du ventre
eft blanc. Sa chair eft blanche Se de
bon çoût.
CepoiflTon de mer eft très-rare. M.
Gronovius obferve qu'il a quel-
que reffemblance avec le Corbeau de
merde Saivien , dont Wn.i.uGHBY
( Tab. S. 4. ) donne la figure. Mais
celui-ci en diffère par la nageoire de
l'anus , qui eft beaucoup plus petite
que la féconde du dos , Se par le nom-
bre des arêtes dansplufieurs nageoires.
Willuchbï, félon ce Naturalifte ,
a mal rendu les aiguillons de la tête ,
le bord dentelé des yeux , Se trois ai-
guillons courbés qui s'y trouvent, ainfi
que les appendices articulées d'entre
les nageoires du ventre Se de la poi-
trine , que Wi llughbï repréfente
pendantes en dehors, Se qui dans leur
état naturel ne font point telles : elles
font placées entre ces nageoires, Se font
Comme cachées fous celles du ventre ,
Se on ne peut en aucune manière les
tirer en devant. Ce poiffon depuis le
bout des mâchoires jufqu'à celui de la
queue, a douze pouces de long.
M. Gronovius parle d'un au-
tre poiffon femblableà celui-ci, mais
plus petit. Les Pêcheurs Hollandoîs
en prennent en quantité dans les mois
de Juin Se de Juillet ; ils l'apportent
au marché , où il eft auffi efthné que
le précédent.Ils l'appellent auffi Rofette.
Il diffère de celui que nous venons de
décrire par la membrane qui couvre les
ouïes , qui eft compofée de fix arêtes ;
parcelle de la première nageoire du
dos, qui eft noire: cette couleur périt
quand le poiffon eft mort ; par la fé-
conde nageoire du dos , compofée
de dix-huit arêtes , qui font molles
& non pointues j par la nageoire de
l'anus ,
R O S
l'anus, qui* en a dix-neuf, qui ne font
pas auffi pointues : la première eft
fmple , 8c la dernière dès Ton origine
paraît double ; par les arêtes de la na-
geoire de la queue , qui font plus ra-
diées; par les bords du filion du dos ,
qui font très-rudes & garnis de peti-
tes épines , & par la ligne que cepoif-
fon a au côté, garnie tout au long de
quantité de petites pointes tournées
vers la queue. Ce poiffon , depuis le
bout des mâchoires jufqu'à l'extré-
mité de la queue , a fept pouces cinq
lignes de long.
ROSIERE, poiffon bourbeux ,
que Rondelet ( Part. IL p. 1 49. )
nomme Phoxinus , en retenant le nom
Latin qui vient du Grec. Voyez au mot
PHOXINUS.
R OS M A RE, du Latin Rofma-
rus , Morjjen Ruffien , thé Seak,ow en
Anelois , Hors - Hival en Anglo-
Saxon , PSalros Se Walrus en Hol-
landois , Phoca dentibus caninïs exertis
par M. L 1 n n m u s , Vache marine
en François , & Bête à U grande dent,
félon Denis ( Defcript. des cotes de
L'Am. Septentr. Vol. H. p. 250'.). Ce
poiffon cétacée & amphibie , eft, fé-
lon M. K l e 1 n C Dijp. Quad, p. 92. ),
du genre des Quadrupèdes digités ve-
lus ou poilus , Se de la famille des
Anomalopedes. Cet animal , pour la
forme du corps eft très-femblable au
Phocas , cependant il eft plus grand ;
il a plus de corps , Se il eft plus pe-
lant. Les pieds font plus propres à na-
ger qu'à marcher ; les doigts garnis
d'ongles courts font couverts d'une
peau. Cette peau a d'épaiffeur la moi-
tié d'un pouce : les poils font courts ,
bruns & d'un jaune fale. Il a la tête
groffe , informe , plate en devant , fur
le front deux trous , l'ouverture de la
gueule eft garnie de foies ou filets très-
forts. C'eft en un mot un animal barbu.
La mâchoire inférieure eft garnie de
* On nomme en Italien Piota cette forte
Ae poiffon ; en Anglois, Roche; en Suédois,
Moert. Ce poiffon eft auili appelle en Da-
Teme III.
R O S 71?
trois dents , Se la fupérieure de quatre.
Outre ces dents fortent de fa mâchoire
inférieure deux autres dents très-lon-
gues faites en forme de croiffant : elles
ne le cèdent en rien à celles de l'E-
léphant pour la dureté & pour la blan-
cheur ; elles ne font pas exactement
rondes , mais un peu fourchues. La
Nature l'a pourvu de ces deux for-
midables dents , pour tirer de vaft.es
corps dedeffusles glaces Se les traîner
vers le rivage ; il ne peut pas long-
temps fubfifter fous l'eau , fes pieds
trop courts & placés de côté ne lui per-
mettent pas de faire de grands efforts.
Ces deux dernières dents , dont nous
venons de parler , lui fervent à fe dé-
fendre cruellement contre fes enne-
mis. Voyez au mot VACHE MA-
RINE.
ROSE MU KEN, poiffon que
l'on pêche dans les étangs & dans les
lacs de Pruffe , dit G e s N E R , de
A mut. p. 378.
ROSEN-KAFER, ouGOLDE-
KAFER , Mouches Cantharides , ainfi
nommées par les Allemands, parce-
qu'elles fe tiennent dans les Rofes.
ROS OT A, ou GUIS EL A ,
Albert le G r a n d , dît Ruysch
{ de Quad. p. 10 5. ) , donne ce nom à.
une efpece de Belette , dont les ex-
crémens font odoriférans.
R O S P O , nom que les Génoif
donnent à la féconde efpece de Paf-
tenaque , dit Rondelet, parce-
que ce poiffon a la tête faite comme
celle du Crapaud. Voyez PASTE-
NAQUE.
ROSSE* , poiffon de rivière ,
nommé en Latin Ritdlus , ou Rubellio ,
à caufe de la couleur rouge de fes
nageoires , mais différent du Rotele ,
nommé auflï Rutilus. Gaza, dît
G e s N e r ( de Aqitat. p. %66. ) , a
pris quelquefois V Erythrïnus , poiffon
de mer , pour le Rubellio. Le Rutilus
nois Rudfc - Rallîg ; en Allemand , on lui
donne les différens noms de Roaiig , Rotoge »
& Rotçle.
X x x x
7.14 nos
eft au£& un poiQon de lac; il eft dif-
férent d'un autre poiffpn que npus
nommons Rouget. Ce peut bien être
le Pkoxinus de Rondelet. Ak-
t e d 1 ( Ichth. Part, V. p. 10. n. 18. )
le ngmme Cyprinus itide , pimi* ven ~
traiibus ac ani pltr unique rubenùbus.
F 1 G u 1. a {fol. 5. a. ) le nomme Ru-
bicultts , G e s n £ n Se Charleton
(p, 158. ) Rutilus , five Rubdlio fiu-
viatilis , ainfi que Whlughbi,
p, 262. Se que Raï , Synop. Pifc. p.
122, Aldrovande t JL. V. c. 32.
p. 2.6l. JONSTON, I, III. C. ï 4.
& Schonneveld, p. 63 . en
parlent fous le nom de Rutilus. Ce
poiffon eft commun dans les lacs de
Suéde, M. L i N n .€ u s {Fauna Suec.
p. 83, n. 2iiJ , qui le nomme Cjpn-
»*// p*?/#<e ^ot radiis duoâecim rubicun-
dis , marque qu'il fraie quand le Souci
commence à fleurir. Artedi parle
d'un autre Rutilus , nommé par Wil-
lughby & par Ray , Rutilus latior t
ou Rubellio fluviatilis. Ceft ï'Orfut
des autres Naturaliftes , nommé iïo-
tele par Baltner. Voyez ROTELE.
Le Célerin a auffi le nom de Rojfe.
Voyez CÉLERIN.
ROSS 1 GN OL, ou ROUS-
S ï G N O L '* : Ce nom eft donné au
RojfignoL franc , au RoJJignol de mu-
raille , Se à la Roujferole , ou alcyon
vocal.
ROSSI GNOL FRANC :
Cet oifeau , mis par M. L 1 n m je u s
au nombre des Avcr Pajjcrss , eft nom-
mé par le même Naturalifte C Fauna
Suec. p. 83. ». 221.), Motacilla rufo-
cinsrea , genuum annulis cinereis. Il
tient le premier rang entre- les oifeaux
qui chantent. L'Alouette des bois ,
dît Albin, eft le feul oifeau qui le
difpute avec le RoJJignol pour le chant:
* Cet oifeau eft noramé en Grec aVm\,
félon Aristote , Hifl. Anim. L. IX. c. 49. Il
eti appelle en Latin Vhilomela , c'eft-à-dire
Muficten par excellence, & lit feinta, ou
Lufciela ; es Anglois., Jsightîvznk ; en Sué-
dois, félon M. Linnje.us , 2v ad knrguhl. Les
François j dit B £ 1 o n , ont nomxné cet oi-
R O S
ils s'efforcent de fe furpaffer l'un Se
l'autre, Si l'Alouette paroît l'emporter
par la force Se par l'aifance de fon chant,
le Rojftgnol la furpafle auffi, par la va-
riété de fes tons doux S; harmonieux.
Il eft , dit R A y ( Synop. Melb-. Av.
p. 78. n, z. ) t de la grandeur du Char-
donneret , ou un peu plus petit qu'un
Moineau , quoiqu'il paroïfle plus long.
Il n'eft recommandable que par fori
chant, n'ayant aucune beauté dans fon
plumage. Son corps eft fi léger qu'il
ne pefe en tout qu'une once. Il a le
bec longuet , tendre , flexible , noi-
râtre ; quand il l'ouvre , il fait voir un
large gofier de couleur jaune-orangée :
l'œil eft grand Se vif ; la tête , le col ,
8c le dos font couverts d'un plumage
fauve , qui eft plus brillant aux ailes „
& fur-tout à la queue. La gorge, la
poitrine, & le ventre font d'unblanc
cendré ; les jambes font un peu lon-
gues , Se les ongles font déliés. La
femelle reflemble au mâle par fon port ,
mais elle tire un peu plus fur le cen-
dré , de même que les jeunes RoJJi-
gnols.
Ceft un oifeau folitaire , fauvage ,
Se craintif loriqu'il n'eft pas apprivoifé.
C'eft à cette timidité naturelle qu'on
attribue l'habitude qu'il a de remuer-
la queue , ce qui l'a fait nommer,
comme on l'a dit , Motacilla par M.
Linnius. Tous nos Ornitholo-
gues , comme Belon , h. VU. c. l.
Gesner, Av. p. 592. Aldro-
vande , Omit h. L. XV III. c. 2.
J o N s t o n t Ornith. p. 45 . WiL-
l u G h b y , Ornith, p. 1 61. t. 41 . Se
Ray, Synop. Metb.Av. p. 7 8.- ne font,
mention que d'un RoJJignol franc. Mais 1
l'Auteur du Traité dn Rvjpgriol franc
marque ( p. 4. ) qu'il connoît des ama-
teurs quien admettent de trois efpeces:
feau RoJJignol , ou Roujïgnol , pareequ'il efl
en partie roux. D'autres Naturaliftes , dit
l'Auteur du Traité du RoJJigrwl franc^, font
venir fon nom du mot Latin Lufciniola , ■
qui eft un diminutif de Lufcinia , comme qui ■
diroit Lei'.fctMoil\ Jk par, un léger changement
Reujjlgnol , ou RoQignoL .
R O S
3°. -des Roffigmls de montagne, plus
petits que les deux autres efpeces ;
2 0 . des Roffigmls de campagne > de
moyenne grandeur; 3 0 . des Roffigmls
d'eau , ou qui habitent le long des eaux ,
plus gros , plus robuftes , Se meilleurs
pour le chant , lefqùels chantent huit
mots dè Tannée , tandis que les au-
tres ne chantent que péndant trois mois
au'plus. Cependant la plupart des Con-
noiflèurs alfurent qu'il n'y a qu'une
efpece de Roffigmls francs , qui fait
voir feulement quelques variétés dé
forme , de groflèur , & de chant , com-
me on l'obferve dans le Chardonne-
ret, & .principalement dans le Serin
de Canarie. Ces ConnonTeurs - préten-
dent même que les Roffigmls , qui ha-
bitent près des eaux , ont le gofier plus
humide , Se confécjuemment moins
éclatant que ne le font ceux qui vi-
vent dans des lieux-plus fecs. Au relie
on en trouve de bons par-tour. Il y
a la RoufTerole , ou Alcyon vocal ,
que Bëlon , p, 22,1. nomme Roffi^not
de rivière , parcequ'elle chante fort
haut Se fans cefle. Voyez ROL/SSE-
ROLE.
Saint A m b r-o 1 s e ( Héxamer. ) ,
Albert le Grand , Gesner, Belon,
Aldrovanoe , & Jon-ston, ont
avancé que - la femelle du Roffignol'
chante comme le mâle pour s'égayer
Se pour charmer l'ennui de la cou-
vaifon , & que fon chant fert à vivi-
fier fes œufs, en animant les efprits
& la chaleur vitale. Malgré le témoi-
gnage de ces graves Auteurs , & le'
refpect qu'on leur doit , l'expérience ,
dit l'Auteur du Traité du Riffi^nà , a
appris que la femelle eft muette.
Pline le Naturalise , décrit élé-
gamment le chant . du Roffignol. Il eil
étonnant qu'il forte' une fi forte voix
d'.un fi petit corps , Se c'eft ce qui l'a
fait appeller le Chancre de la Nature.
Il n'y a point d'oifèau pareil- en ja-
loufia- au Roffignol : c'eft pour cela
qu'on n'en voit jamais deux fort près
l'un de l'autre» foit.poùr le chant ,
foît pdur le nid ; ils ne forment pas
même de fociéré , ou compagnie de
voyage.
Selon Aristote, Pline & Élif\'. v
URcffigno!,au retour du printemps chart-
te continuellement jour & nuit pendant
une quinzaine dé jours ; après quoi
fon chant n'eit plus varié , ni vîf , ni
harmonieux , mais tout fimple. Selon
Jules S c a 1 1 0 e r , fon chant dan^
l'automne eft fi différent de celui du
printemps , qu'on ne fauroir s'Imaginer
que ce foit le même oifeau. Quand
une fois les petits font éc'lô's , le'
mâle ne chante plus , on prefque.
plus*, pareequ'il eft occupé du loin
de les nourrir, & de jouir de la com-
pagnie de fa femelle qu'il aime éper-
due ment.
O h 1 n A ( Traite des Oifeaux qui
chantent ) , Se prefque tous ïés' Ama-
teurs fou tiennent que les petits p ris
dans le nid, & élevés en cage, lans'
avoir entendu' ni peré ni mere', chan-
tent âuur-'bîeti que ceUx de la' campa-
gne , la Nature leur enfeignant feule
le chant qui leur ëft propre ; maig
l'Auteur du Traité Au Roffignol avan-
ce que l'expérience l'a convaincu du
contraire; & Gesner , d'après Pierre
Gilles ,■ nous apprend que fi l'on'
prend de jeunes Roffignols , qui ne fa- :
client pas encore chanter, faute c"être
reftésaffez long-temps' avec les pere
Se mere pOur être inftruits , ils ne
chanteront jamais fi bien que d'autres.
Oh lit dans la Nouvelle Maijon Rufti- 1
que , que fur la fin du' mois d'Août , 1
ou au cômmencénienrdè Septembre,
on en prend qui ont oui chante! leur '
pere , 8c qui- valent mieux qtte ceux
qu'on a éleVés -à la brochette , lefquels 1
ont chacun leur chant particulier.
Quoique tout le ménde convienne
de la beauté raviffante du chant du
Roffignol', Â't' rÎRôVANô't, d'après
P'É T r'a r q u E « rapporte l'étrange
bifarrerie d'un homme > qui demeu-
rant à la campagne, fe le voit la nuit,
pour aller chauer à-coups de pierres Se''
X X X X ïj
7% 6 ROS
de bâton les Roffignols , dont le chant
lui déplaifoit tellement, que pour les
éloigner plus fûrement de fa maifon ,
'il s'avifa de couper tous les arbres du
voîfinage , tandis qu'il étoit enchanté
du croailement des Grenouilles.
Les Roffignols ont grand foin de leur
pofiérité. Les pères inftruîfent leurs
petits , & ceux-ci les écoutent avec
beaucoup d'attention & de docilité ,
répétant enfuite leurs leçons. Gesner
tdeAvib. p. 594.) rapporte l'hiitoire
de deux Roffignols, qui pendant la nuit
caufoient ensemble en Allemand Se ré-
pétaient tout ce qu'ils avoient oiiî dire
pendant le jour. Cette hiftoire tient du
prodige: on- la rapporte dans le Traité
du Roffignol ,p.n.& fuiv. LesNatura-
liftes difent que le Roffignol franc aime
la compagnie du Roffignol de muraille ,
avec lequel il s'accouple fouyent. H a
une averfion naturelle pour l'Epervier,
l'Aigle , la Vipère Se les autres Ser-
pens. Aldrovande dit en avoir vu
de tout blancs. Celui d'Ac R ifpine,
félon Pline, étoit de la même couleur,
Se cela n'eft pas difficile à croire , puif-
que l'Auteur du Traité cité dit avoir
vu des plumes entièrement blanches
aux ailes Se à la queue, obfervation qu'il
a faite , non-feulement dans des vieux,
mais même dans des jeunes de l'an-
née ; 8c d'ailleurs , ajoute-t-il , on
voit quelquefois , fans fortir de notre
pays , des Moineaux blancs , des Lï-
notes , des Hirondelles , des Perdrix
blanches , Se même des Corbeaux &
des Merles blancs.
Le Roffignol n'a prefque point de
chair ; cependant Chomel ( DiHion.
(Econ, } dit que les Gafcons l'engraif-
fent , pour s'en faire un mets , qu'ils
préfèrent à tout autre , & que lorf-
qu'il eft gras , il a la chair blanche ,
tendre & auffi agréable à manger que
celle de l'Ortolan. Cet oifeau craint
le froid Se il périt aifément en cage
durant l'hiver , à moins qu'on ne le
tienne bien chaudement. C'eft ce qui
a fait dire à Aldroyande que ceux
R O S
qu* ont pafle l'hiver fe vendent très-
cher au printemps. Sur le témoignage
d'A r 1 s t o t e Se de P l 1 n e il ajoute
que les Roffignols s'en vont en automne
chercher des lieux plus chauds. Selon
Olina ils continuent d'arriver en
Italie jufqu'à la fin d'Avril , Se ils fe
retirent au commencement de No-
vembre , 8e quelquefois plutôt. Quel-
ques-uns ont dit qu'il n'y en a point
en Irlande , ni en Hollande , Se que fi
l'on y en portoit , ils y mourroienr.
L'Auteur du Traité trouve que c'eft
une fauffeté 8c qu'il n'eft pas encore
vrai que le Roffignol en Ecofle ne chan-
te pas auffi harmonieufement qu'en
Italie , puifque , félon M. LiNN/EUS,
cet oifeau fe trouve dans les différentes
Provinces de Suéde , Se qu'il y fait
entendre un chant des plus mélo-
dieux.
Beaucoup croyent que le Roffignol
eft un oifeau de paffage. L'Auteur du
Traité eft porté à croire qu'il ne paffe
point la mer, Se qu'il fe tient l'hiver
caché à l'abri du froid , fans quitter
le pays. Si cet oifeau, dît-il, p. 21.
quittoit nos contrées en automne , poux
fe retirer dans des pays plus chauds ,
ce devrait être en Italie , en Efpagne
& dans les parties de l'Afrique qui
bordent la mer Méditerranée: or nous
favons , ajoute-t-il , qu'il ne fe trouve
ni en Italie ni en Efpagne , non plus
qu'en France, depuis la fin de Sep-
tembre au plus tard , jufqu'au com-
mencement d'Avril. Quant à l'Afrique
on fait par les Voyageurs qu'il n'y a
point du tout de Roffignols dans cette
partie du Monde f d'où il faut conclure
que dans les mois où le Roffignol ne
paraît point, il fe tient caché dans le
pays , ou bien , ce qui n'eft néanmoins
nullement probable , qu'il paffe dans
des régions plus froides vers le Nord.
Le Roffignol fe place ordinairement
aux environs de quelque colline ou
d'un ruîffeau , s'il le peut faire , Se
fur-tout dans les endroits où il fe trou-
ve un écho. C'eft-là qu'il fe plaît pkus
R O S
3 chanter , coupant fon ramage par
mefures 8c par paufes , pour s'écouter
& fe répondre à chaque fois foi-même
par le moyen de l'écho : de-là vient
que cet oifeau n'a que deux ou trois
endroits favoris , où il fe met pour
chanter, Quand il quitte ces endroits ,
il ceffe de chanter, 8c s'il y revient ,
en l'entend de nouveau. Quand la fe-
melle couve , 8c particulierementquand
elle doit pondre , c'eft alors que le
mâle employé fes plus beaux ions &
qu'il redouble la nuit Se le jour les
efforts de fon ramage , pour divertir Se
confolerfa compagne des peines de la
ponte Se de l'ennui de la couvaifon.
Le nid de cet oifeau eft affez bas ,
près de la terre , parmi les brouuailles ,
& dans des Buis ou des Ifs , ou au pied
d'une haie ou d'une charmille, ce qui
eft caufe que bien des pontes ne vien-
nent pas à leur perfection , les œufs
ou les petits étant fouvent mangés par
des Chiens de cha(Te , des Renards ,
des Chats de campagne , des Fouines ,
des Belettes & autres bêtes. Ce nid eft
un peu long Se profond , compofe
pour la plus grande partie de feuilles
de Chêne feches , qui fe tiennent bien
enfemble , quoique fans fil , ni aucune
autre liaifon , pourvu toutefois qu'on
ne le déplace point; car fi-tôtqu'ony
touche , tout s'écroule.
Dans les climats chauds le Roffignol
peut faire quatre pontes chaque année.
Dans ce pays-ci il n'en fait tout au
plus que trois , encore la troifieme ne
réuffit - elle gueres , pour peu que le
froid commence à fe faire fenrir de
bonne heure. Chaque ponte eft pour
l'ordinaire de quatre ou cinq œufs ,
qui font comme bronzés , Se il en pro-
vient plus de mâles que de femelles ,
comme dans prefque tous les autres
oïfeaux.
Pour la manière de prendre le Roffi-
gnol au filet , de le nourrir facilement
en cage , Se d'en avoir le chant pen-
dant toute l'année , je renvoie au
Traité du Roffignol franc ou chanteur ,
R O S 717
ïmprïmë à Paris en 1751. Se qui fe
vend chez Debure l'aîné , Quai des
Auguftins, à l'Image Saint Paul.
Le Roffignol à la Louifiane eft le mê-
me qu'en Europe. Son ramage , dit
M. le Page DU Pratz, eftmoin^
uniforme. Il chante toute l'année. Il
eft plus familier. On Pattire fous le
pignon d'une maifon , en y mettant une
petite latte , du manger , un morceau
de CalebafTe , où il fait fon nid , Se alors
il ne quitte plus cet endroit.
Il y a un petit oifeau aufll connu à
la Martinique , qu'il eft rare à la Gua-
deloupe. Les habitans le nomment
Roffignol. Il eft aflez femblable au Roi-
telet , maïs un peu plus gros. Son ra-
mage , qu'on fe plaît fort à entendre»
lui a fait donner le nom de Roffignol.
H vit de Mouches Se de petites /irai-
gnées. Il fait fon nid dans les cafés.
S e b A C Thef. 1. lab. 62. n. 4. ) parle
d'un Roffignol d'Amboine. La N ature ,
dit-il, a donné en partage à ce petit
oifeau un chant mélodieux Se fort doux.
Quand il eft en amour il relevé fur le
dos fa longue 8e magnifique queue. La
tête , le col & le deflus du corps font
d'un brun rouge. Cet oifeau a la poi-
trine 8e le ventre d'un jaune clair j les
ailes tachetées de jaune ; les plus gran-
des plumes du croupion de couleur
d'or , 8e le corps pardeflus eft d'un
rouge obfcur.
ROSSIGNOL DE MU-
RAILLE: C'eft le <bùim«j f ct d'A-
HiSTOTE (L, IX. Ci 49 1 ) nommé en
Latin Ruticilla , en Anglois Red Start ,
en Suédois Roedfterjet. M. Linnsus,
qui le met dans le rang des Motacilles ,
ou Hoche-Queues , l'appelle Motacilla.
gulâ nigrà,ahdomine rufo , capite, dorfo-
que canis. Cet oifeau fe nourrit d'in-
fectes Se de Cerfs-volans. Voici comme
il eft décrit dans la Nouvelle Hiftoire des
Oifeaux , gravée par Albin, Tome L
n. 5 o. Le Roffignol de muraille , ou Rouge
queue , eft depuis la pointe du bec
jufqu'à l'extrémité de la queue , long
de cinq pouces & large de neuf, fes
7 iS K O 5
fJL;s étendues. Il a le bec & les jambes
noirs : le bec & les jambes de la fe-
melle font d'une couleur plus pâle.
L'os de l'extrémité du doigt de dehors
tient à celui du doigt du milieu. La
langue eft fendue. Le dedans de la
bouche eft jaune. L'iris eft couleur de
noifetier. Les yeux font fournis de
membranes qui les lient. Cet oifeau
a dix--huk grandes plumes à chaque
aile ; elles font toutes fombres : les
plumes couvertes de deuus font noi-
res , Se celles de deflbus font rouges.
La queue eft compofée de douze plu-
jprs , dont les cinq qui font les plus
avancées en dehors de côté & d'autre
font rouges. Les deux plumes qui font
3,u milieu font fombres , ayant deux
pouces & demi* de longueur. La poi-
trine , le croupion Se les côtés fous les
ailes , font rouges ; le deflus du ven-
tre eft blanc. La tête , le col & le dos
fpnt de couleur de plomb : le front
eft marqueté d'une tache blanche , fé-
paré des yeux Se du bec par une ligne
noire. La gorge Se les joues fous les
yeux font noires , avec un mélange
de gris à l'extrémité des plumes. Le
dos de la femelle eft d'une couleur
de frêne fombre , & la gorge d'une
couleur cendrée plus pâle; la poitrine
eft rouge Se le ventre blanc.
On prétend que cet oifeau eft fort
bourru, de mauvaife humeur Se re-
chigné ; car fi on le prend à un âge
avancé , il ne jettera pas quelquefois
l'œil fur fa nourriture pendant quatre -
ou cinq jours,. Selorfqu'on lui apprend
à fe nourrir lui - même , il relie un
mois entier fans gafouiller. C'eft auifi
le plus retenu de tous les oifeaux ;
car s'il s'apperçoit qu'on le regarde
pendant le temps qu'il fait fon nid ,
îl quittera fon ouvrage , Si fi l'on tou-
che un de les ctufs , il ne revient ja-
mais dans la fuite à fon nid. Si l'on
touche fes petits , ou il les affamera ,
ou il les jettera hors du nid, & leur
cai'fera le col , ce que l'on a vu plu-
fieursfois, 11 faut en prendre les petits,
R O S
à l'âge de dix jours. Ils doivent être
foîgnés Se nourris de même que les
Roffignols , en les tenant chaudement
en hiver. Ils gafouillent la nuit aufli
bien que pendant le jour. Ils appren-
nent même à fiffler, Se à imiter d'au-
tres oifeaux. Lorfqu'on les attrape tout
jeunes , ils deviennent doux Se appri-
voifés.
Le Rojfignol de muraille de Belon
( L. Vil. c. 8. p. 347.) eft beaucoup
plus petit que le Rojftgnol franc. Il a
la voix 8e les mœurs diiférentes. Le
chant en eft a fiez agréable. Cet oifeau
a le bec long , grêle Se noir. Il fè
nourrît de Mouches. Le champ de fon
plumage défais Se deffous eft de cou-
leur rouife Sa queue eft fauve , com-
me la couleur d'une Datte , excepté
les deux plumes des deux côtés du
croupion , qui font noires. Sa langue
eft prefque fourchue. Il a les jambes,»,
les pieds Se les ongles forts , Se de,
couleur noire. On dïftingue le mâle
de la femelle , en ce qu'il a la tête
plus noire Se la queue fauve. 11 vole
légèrement , Se fait du bruit, Lorfqu'il
eft perché , il remue la queue , Se la
■tient prefque toujours droite , comme
le Roitelet. Le Rojfignol de muraille
relfcmble à la Rouge Gorge, Il n'y a-
que les pieds qui en font la différen-
ce. C'eft ainfi que Belon parle de cet
oifeau.
G E S N E R ( Av. p. Ji)6. ) & A L-
drovande ( Omith. 740. ) don-
nent trois elpeces de Roffrgnoh de mu-
raille. Le premier reflemble afTez à
celui dont on vient de parler. Le fé-
cond eft nommé Rotjihwentz^l par
G E s N E r , à caufe de fa queue rou-
ge. Le troifieme porte le nom de
Wegjleckliyi. On en voit aux environs de
Straibourg, Il a la poitrine bleue ; le
bas eft d'un roux tirant fur le jaune ;
lr ventre eft cendré - } les jambes font
brunes , & le menton eft brun Se varié.
Cet oifeau , dit M. Linn^us {Yauna.
Suce. p. 83, n. 220, ) , eft connu en
Suéde > Se ailleurs , comme en Wtftra-
R O S
bothnîe & en Laponie. Ce Natura-
lise lui donne le nom de Motacïlla
pettore c&ruleo , macula flavefcente , al-
bedine cinclâ.
Un Auteur Allemand fait mention
■d'un autre Roffignol de muraille plus
petit que le Roffignol franc. Cet oi-
feau , dit-il , a la tête , le col 8c le
dos de couletirplombée , ou d'un cen-
dré brun ; le bec eft grêle ; la gorge Se
la poitrine font noirâtres. Le ventre ,
proche de l'eftomac , eft d'un cen-
dré brun ; le bas du ventre , ainfi que
la queue , eft d'un jaune rougeâtre.
Les jambes Se les pieds font grêles Se
noirs. Les petites plumes des ailes
font noires ; celles de defîus les pen-
nes font blanches parle milieu, Se Les
autres noires. La femelle a les couleurs
plus lavées & plus pâles , qui tirent
fur le cendré : elle n'a prefque point
de noirceur fous le bec Se fur les ailes ,
& les plumes qui font blanchâtres au»
mâle font d'un blanc plus éclatant à la
femelle. On peut confulter Gesner
& Aldrovande fur ces différentes
efpeces de Rojfignoh de muraille , qui
peut-être n'en font qu'une , ne diffé-
rant les uns des autres que par quel-
ques variétés.
C a t e s b y parle d'un Roffignol de
muraille de l'Amérique. Il eft , dit-il ,
plus petit que le nôtre. Cet oifeau a
le bec mince Se noir ; la tête , le col ,
le dos Se les ailes font noirs. Le bout
des fix grandes- plumes de l'aile eft'
rouge; c'eft la rangée au-deffus du
fouet. ïi a la poitrine rouge , divifée
par une bande grife; le ventre gris, Se
la queue rouge , à laquelle l'extrémité
des plumes eft de couleur noire : les
pieds font aufli. noirs. La femelle eft
toute brune.
Pour le Roffignol de rivière , dont
parle Belon, c'eft un oifeau aqua-
îiaue qu'il nomme Alcyon vocal Se
Ronjferole. Voyez ROUSSEROLE.
* Ce poifïcn eft nommé en Anglois Rud,
ou Rond , & en quelques endroits c!e l' Angle-
ierre , ï-inÇcdi, Les Allemands, dit Gesnek. >
ROS ROT 7 i 9
RO S V I Ç H , nom qu'on donne
au Lap de Bonne - Efpérance , à un
poison de mer, que K o l b e nom-
me Rouget. Voyez ce mot.
ROT
ROTE LE*, nom que Balt-
ner donne à un poiffon de rivière,
nomme en Latin Riuilus latior , ou
Kubelho ftuviatilis. A r t e d i { Ichtb.
Fart. V p, 6. n. 8.) le nomme Cypri-
nus Orfus ditlus. Gesner (Parai,
p. ïoj,Aldrovande ( L.V.
c 2i, p. Û05..) .CharletonCp.
lî^.), Jonston (L. ///. c. 6.),
WlLLUCHBÏ( p ,2Ji.),ΣRAl
( ' p. 118. n. 14.) , parlent de ce poif-
ion. Le poiffon blanc , dit R a y , eft
plus large que la Roffe & la Carpe ,
Se plus épais que la Brème. Sa couleur
eft d'un brun jaune , Se fes écailles
iont de la grandeur de celles de la
Garpe. Sa queue eft rouge , & les na-
geoires qu'il a au ventre font d'un
rouge plus clair. Il a une tache rouge
ior les ouies : les yeux ont l'iris jau-
ne , marquée de points noirs, Les dents
& le palais font femblables à ceux dé
la Carpe. La nageoire du dos en oc-
cupe la moitié en longueur ; elle eft
fournie de fix rayons, dont trois font
très-longs : le premier eft'plus court
de moitié que le fécond , Se n'eft point '
crochu comme à la Carpe ; c'elt par où
il en diffère. La nageoire des ouies a
dix-neuf rayons : le premier eft plus
grand que ceux des poiffons de ce genre.
11 a deux nageoires au ventre ; elles
répondent à celle du dos; chacune a
neuf rayons. Les nageoires des ouies
font plus blanches que les autres, &-
celle du dos eft d'une couleur plus
livide. L'anus eft très -éloigné de la
queue. On trouve de ces poiffons qui
ont depuis douze jufqu'à feize pouces
de long. On en pêche dans le'ilbin, ■
Se en plufieurs lacs d'Angleterre.
lui donnent les noms d'Orjf, ou A'Urff,' oir*
bien ceux à'Otrve , de Nezjtàig*. de Uyr-
7ïo ROT R O U
ROTFISCH, poiffon de mer,
qu'on pêche en Norvège. Il eft rou-
ge en dedans & en dehors. Ce poiffon
eft fort eftimé , dit Gesneh , de
Aquat, p. 378.
R O T J É , nom que les Hollandois
Se les Hambourgeois donnent à un
petit oifeau du Groenland, Rotje ligni-
fie Rat , Se il eft ainfi nommé à caufe
de fa couleur noire & de là petiteffe ,
& pareeque fon chant refTemble au cri
d'un petit Rat. Cet oifeau , dit M.
Anderson ( Hift. Nu t. du Groenl.
p. 54,) fait fon nid fous les débris des
rocs écroulés dans des creux profonds
Se étroits , Se auffi proche qu'il eft poffi-
ble du bord de la mer. Aufll-tôt que
les petits font en état de voyager , les
vieux fe gliffent adroitement avec eux
fous les pierres jufqu'à la mer pour
gagner d'autres climats.
R O U
ROUE, poiffon qui fe trouve
fur les côtes qui bordent les Royaumes
de Congo 5c d'Angola, Il eft de forme
ronde , comme une roue de carroffe.
Il a deux dents au milieu du corps ,
& deux trous par lefquels il voit. Il
entend Se il mange. Sa gueule qui eft
une de ces ouvertures n'a pas moins
d'un empan de long. Sa chair eft déli-
cîeufe Se refTemble au Veau par fa
blancheur. On fait de fes côtes des col-
liers pour arrêter le fang. On lit fur ce
poiffon dans 1' / /iftoire Générale des
Voyages , L. XIII. que cette deferip-
tîon regarde la Syrene. Voyez au mot
SYRENE.
Èlien donne le nom de Tp^oc» en
Latin Rota , en François Roue , à un
grand poiifon cétacée , qui nage eu
troupe. Sa tête paroît au-deflus de
l'eau hériffée de longues épines. Il fré-
quente les goufres proche du mont
Athos en Thrace. Quand il paroît fur
le fein des eaux , il fe met en rond :
c'eft ce qui lui a fait donner le nom de
Keue. Jo V ius dit qu'il y a eu dans l'O-
céan un poiffon cétacée de ce nom ,
R O U
qui fut apperçu par une flotte Porta -
gaîfe. On crut lui voir fur le dos deux
roues , femblables à des meules de
moulin. Rondelet parle d'une Rota ,
différente de celle de Pline. Ce
poiffon appellé Rota , à caufe de ia
reffemblance avec une roue , eft nom-
mé à MarCeille Mo la ; en d'autres lieux
Moleboui s en François Meule i en
Efpagnol Bout. Voyez MEULE.
Le Faber eft nommé dans Pille de
Lerins Se à Amibes Rode > c'eft-à-
dire Rota , pareequ'il eft rond comme
une roue , dit Rondelet.
Il y a dans la mer de petits Con-
ehyles, du genre des Turbinés , qu'on
nomme Trochos.
Voyez fur les Toifons ronds , nommés en
Latin Hota & Orbii , ce qu'en difent Gesner.,
de Aquat. p. 364. Ray, Synop. Meth. Vtfc.
p. 41. Aldrovande,Wihoghbï,
& Jes autres.
ROUGEATRE, en Latîn
$ubcr , nom que M. d'Argenville
donne à une efpece d'Ourfin de mer.
Voyez au mot OURSIN DE MER.
ROUGE GORGE, ou RU-
BELINE, félon Belon (L.VIÏ.
c. 9. p. 348. ) , oifeau nommé par
Aristote C Hift. Anim. L. IX. c. 40. )
£p$4ftoi > Se par les Latins Rubeculus 8c
Rubecula ; en Suédois Rotjels en An-
glois Rubin-Red-Breaft , ou Rud-Dock.-
M.Linnjeus le met du nombre des
Aves Fajferes , Se dans le rang des
Motacilles. M. Klein en compofe
la troifieme tribu du feptieme genre
de la quatrième famille de les oifeaux.
Se il en parle fous le nom de Sylvia.
fylvatica. M. Linn^us ( Fauna Suce.
p. 85. n. 226". ) nomme cet oifeau Mo-
tacilla grifea , gula , peftoreque fulvis.
Il y a une grande reffemblance entre
le Roffignol de muraille & la Gorge
Rouge ; maïs le premier paroît en été »
& l'autre en hi ver, La Rouge Gorge »
après le Roffignol , eft fort eftîmée
pour fon chant. Elle eft de plus pe-
tite corpulence que le Roffignol. Sa
poitrine eft plutôt orangée que rouge.
Le deffous du ventre eft blanc. Elle a le
bec
RGU
qec grêle , délié 5c noir; les jambes
Se les pieds rougeâtres, ce qui dillingue
cet oifeau du Roffignol de muraille,
qui les a noirs. Les plumes par def-
fousf:>ut noires à la racine. Il a la tête ,
le col, le dos Scie deflus des.ailes com-
me la queue , de couleur entre le
cendré 5c le tanné. C'eft ainfi qu'en
parle Beldn, Se voici la defcriptlon
qu'on en trouve dans la Nouvelle
d-Jifiaire des Oifeaux, gravée par A l-
bin , Tome I. p. 51. ». 5. où il e£l
nommé Rouge Gorge , ou autrement
Rouge Bouïj'e.
Cet oifeau l'hiver vient chercherai
nourriture dans les maifons avec beau-
coup d'alTurance. Il eft hardi , fociable
Se fe familiarife avec le monde. Dans
l'été, s'il a abondance de nourriture
dans les bois , 5c s'il n'eft pas beaucoup
incommodé du froid,, il cherche avec
iâ couvée les endroits déferts. Cet
oïfeau fait fon nid parmi les épines Se
les arbriiïeaux les plus épais , en les
couvrant de feuilles de Chêne , & en y
laiflant un paiïàge ou entrée d'un côté
feulement , lequel eft voûté comme
un veftibule ., & lorfque la Ronge Gorge
en fort pour chercher fa nourriture ,
elle le bouche de feuilles. Quelquefois
elle fait fon nid dans des creux d'ar-
bres , avec de la mouiTe, de l'herbe
fauchée Se de menues broufTailles. Le
mâle eft diftingué de la femelle par
la couleur de fes jambes , qui font plus
noires , de même que par certains poils
ou barbes , qui croiffent des deux cô-
tés de fon bec. Cet oifeau fe nourrit
de Vers Se d'infecles. Lorfqu'on le
tient en cage , on lui donne la même
nourriture qu'au Roffignol , auquel il
n'eft gueres inférieur , félon l'opinion
de quelques-uns , quant à fon ramage.
IL fait fon nid dans les mois d'Avril ,
de IVlai Se de Juin , Se n'a pas plus de
cinq petits Sc pas moins de quatre. On
peut les prendre âgés de dix jours. Si
on les laifte trop long-temps dans le
nïd, ils deviennent revêches. Il faut
les tenir chaudement , en prenant gar-
Tome llï.
R O U 7 îï
de de^ ne leur point donner trop de
nourriture à la fois, autrement ils la
regorgent. Lorfqu'ils paroiiTent aftez
forts., on les met en cage , & on en a
le même foin à tous égards que 'des
RoiTignols. Ils font fujets à la crampe
Se au tournoyement de tête. Pour re-
médier à la première maladie, il faut
leur donner un Ver Coquin , engendré
dans de la farine., & une Araignée , &
pour la dernière fix ou fept Perce-
Oreilles par femaines,
Cet oifeau a fixpouces de longueur ,
depuis la pointe du bec jufqu'à f'extré-
mité^de la queue, Se neuf de largeur,
fes ailes étendues. Sa poitrine eft d'une
couleur orange foncée , qui entoure
auffi les yeux & le delfus du bec. Le
ventre eft blanc. La tête , le col , le
dos Se la queue font d'un verd Me ou
jaune , comme dans les Grives , ou
plutôt cendrés , avec une teinte de
verd. Il a une ligne d'un bleu pâle , qui
iépare la couleur rouge de la cendrée,
fur la tête Se fur le col. On voit fur fes
ailes une eipece de couleur d'orange
tannée. Les bords extérieurs des ailes
font prefque de la même couleur que
le dos : lesintérieurs font un peu jaunes.
La queue a deux pouces 5c demi de
longueur ; elle eft compofée de douze
plumes. Le bec eft délié , d'une cou-
leur fombre Se de plus d'un demi-
pouce de longueur. La langue eft
fendue Se dentelée. L'iris eft couleur
de noifetier. Les jambes , les pieds 5c
les griffes font un peu fbmbres ou
noirâtres. Le doigt de dehors eft uni
par le bout à celui du milieu , comme
on le trouve dans les autres oifeaux
de cette efpece.
Cet oifeau hait la Chouette autant
qu'il aime le Merle , 5c il vit quatre
ou cinq ans. On tient qu'il eft d'un
naturel fort jaloux, ne pouvantfouf-
frir d'autres oifeaux dans les lieux où
il eft ordinairement.
Catesbï , p. 47. parle d'une Rouge
Gorge bleue de l'Amérique , en Latin
Rubecida Ametiçana candea , ventre ru-
Yyyy
7 2î R O U
bro, qu'il nomme en Anglois the bleue
Bird.
Ray ScSloane font mention
d'une Rouge Gorge verte , en Latin
Sylviagidâ fh&nicea , Rubeculavirîdis,
elegantifflma , qu'ils nomment en An-
glois the Green fparroiv , Green Hum-
ming Bird.
Il y a un oifeau du genre des
Grimpereaux , nommé Rouge Gorge
lie l'Amérique hupce par Seba (Thsf. I,
p. 160. Tab. 105. n. 3.), en Latin
Falcinellus, Rubetra , Avis Americana
cri/rata , Se en Allemand Gelb-Schuys.
Cet oifeau , fous fon bec jaune , eft
de couleur de terre. Il a les environs
du col , de même que le corps , de
couleur ferrugineufb Se jaune. Les pe-
tites plumes qui couvrent les gran-
des font jaunes ; celles qui dirigent
fon vol , & la queue , font de couleur
de Turquoife.
S E b a ( Thef. I. Tab. 102. », 4, )
nomme aulTi Rubetra , ou Rouge Gorge ,
un oifeau d'Amérique , orné d'une
crête, qui n'eft pss un des moindres
oifeaux pour le chant. 11 a la crête
jaune; le bec eft auflî jaune , excepté
en defibus où il eft brun. Le plumage
qui eft autour du col & fur le corps
eft d'un roux tirant fur le jaune. La
queue Se les groiïes plumes des ailes
font d'un bleu éclatant , Se les petites
plumes d'un jaune pâle.
ROUGE QUEUE, forte de
petits oïfeaux de la même tribu Se
du même genre que les Rouges Gor-
ges chez M. Klein, mis auûî dans
l'ordre des Aves Pajferes par M. LiN-
NjEUS.
• On trouve dans Albin la def-
cription d'un oifeau , auquel il donne
le nom de grande Rouge Queue ; c'eft
le Merle de Rocher , nommé en Latin
Merula faxatills. "^oyez MERLE
DE ROCHER. Le Bouvreuil , ou
Pivoine , eft auffi une efpece de Rouge
Queue. Voyez BOUVREUIL&
PIVOINE.
ROUGE QUEUE noire j en
R O U
Latin Rubicilla. fubmgra. C'eft un
oifeau , dit Albin ( Tome III. n. 69. ),
dont le bec eft de couleur de frêne ,
& duquel les yeux ont l'iris blanche.
Il eft entièrement noir , excepté les
extrémités de quelques plumes , qui
couvrent le ventre , lefquelles font
rouges. Les bords extérieurs des cinq
premières longues plumes des ailes
font blancs. Les jambes & les pù?ds
font de couleur de chair , Se les griffes
noires.
ROUGE QUEUE DE LA
CHINE, en Latin Rubicilla Sinen-
fis. Cet oifeau, félon le même Au-
teur (ibid. n. 68. ) , eft prefque de la
grandeur de la Linotte rouge. Le bec
eft épais , court Se brun : les yeux
ont l'iris de la même couleur. La tête
& le derrière du col font d'un pour-
pre bleuâtre : le dos eft verd. Les plu-
mes fcapulaires , de même que les
plumes couvertes des ailes, font d'une
couleur mélangée de jaune Se de verd.
Les longues plumes de la partie ex-
térieure de l'aile font d'un rouge fom-
bre Se pourpré. Les longues plumes
de la partie fupérieure font d'un rou-
ge mélangé de verd. La gorge , la
poitrine , le ventre & les cuilTes , font
d'une couleur écarlate fort brillante.
La queue confifte en quatorze plumes,
qui font toutes d'un rouge fombre.
Les jambes Se les pieds font jaunes,
Cette defeription eft faite fur un oi-
feau de cette efpece , qui fut apporté
de la Chine fous le nom de Rouge
Q tteue.
ROUGE QUEUE DE BEN-
GALE , en Latin Rubicilla Ber.ga-
len ; 7s. C'eft un oifeau un peu plus
grand que la grande Rouge Queue. Le
bec eft de couleur de frêne fombre.
Les yeux ont l'iris blanche. Le fom-
met & le derrière de la tête depuis la
racine du bec font noirs. Il y a une
touffe de plumes , qui eft écarlate
fous les yeux , dont le bout eft entouré
de bhuic , Se de même que ce bout
eft entouré de blanc , le derrière eft
ROU
entouré de noir , qui eft fuîvî de qua-
tre demi-cercles de la même couleur,
qui diminuent par degrés , en fépa-
rant ces deux couleurs fur le côté du
col , dont le derrière , ainfi que le dos
Se les ailes , font bruns. La poitrine ,
le ventre Se les cuiffes, font blancs,
Se au-deffous du cartilage de l'os de
la poitrine le plumage eft rouge. La
queue eft compofée de douze plumes
qui font d'un brun pâle. Les jambes
Se les pieds font noirs. Cet oifeau , ap-
porté de Bengale en 1734. a paru à
l'Auteur être par fon bec de la claffe
des Ronges Queues. C'eft pour cette
raifon , $$ par rapport à fes couleurs
rouges , qu'il l'a nommé Rouge Queue
de Bengale.
M. Fr isch parle de trois efpeces
de Rouges Queues. La première a l'efto-
mac varié de blanc , tkorace ex albo
variegato. Il lui donne le nom de Ph<c-
nïcorus.
La féconde a tout l'eftomac gris :
elle eft nommée Sylvia grîfea , thorace
lortgo , caudâ totâ rubrà.
La troîfieme a le gofier gris , & elle
eft appellée Sylvia. gulâ grifeâ fim-
brïatà.
S e a A ( Thef. I. Tab. 102. ». 3. )
parle d'un oifeau nommé Ronge Queue
de l'Amérique, en Latin Rubicilla Ame-
ricana. Cet oifeau , dit-il , eft une ef-
pece de Roflignol de muraille. II ne le
cède en rien à aucun autre oifeau
pour le chant. Sa tête eft ornée d'une
crête noire. Il a les yeux luifans , le
bec blanc , court Se pointu ; le devant
du col eft marqué d'une tache noire;
la poitrine Se le ventre font bleus ; le
dos , les ailes Se la queue font d'un
rouge écarlate.Les pieds de cet oifeau
font longs , grêles , munis d'ongles
bienfaits Se déliés.
ROUGET, poiffon de mer a
nageoires épineufes , nommé par Ar-
T e d 1 ( Ichth. Part. V. p. 74. n. 0. ) ,
Trigla roflro longo diacantho , naribus
tubulofis. C'eit le At)p tt d'AuiSToTE ,
L. IV. c. p. Les Anciens connoifToient
plufieurs efpeces de Rougets ; favoîr,
I une qu'ils nommoient Mulhts , c'eft
le Surmulet s une autre , qu'ils appel-
aient Cuculus , qui eft la Morrude de
Rondelet, & c'eft ce poiffon que
le même Ichthyologue François nom-
me Groncau. Voyez aux mots GRQ-
NEAU , MORRUDE Se SURMU-
LET.
Meilleurs Andrï & Lémert
parlent avec éloge du Rouget , Se il
eft fort eftimé pour fa chair ferme Si
ion bon goût.
Kolbe (Defcript. du Cap de Bonne-
Efpérance, Tome III. p. 140. ) dit qu'il
fe trouve des Rougets aux environs du
Cap de Bonne-Efpérance. Les Euro-
péens ont donné au Rouget le nom
de Rofvich. Ce poiffon a environ, fix
pouces de longueur & deux d'épaif-
feur. Il eft très-agréable au goût. C'eft
un excellent mets , lorfqu'on le fait
bouillir avec un peu de fel , dePer-
fil Se d'épicerie. On le nomme Rouget*
pareequ'il eft rouge en dehors. Xes
Latins pour la même raifon le nom-
ment Rubius , Se les Grecs EpiiSewoç.
II y a des Rougets en abondance dans
l'Ifie de Madagafcar.
R O U L AN TE; Goedard
C Part. Il Exp. 17.) donne ce nom à
une Chenille qui , quand elle eft raf-
fafiée de feuilles d'Ancolie , fe plie ,
& fe retire en forme de boule. Cette
efpece de Chenille fe cache en terre ,
pour travailler à fa métamorphofe Se
devenir une Mouche. Voyez CHE-
NILLE.
ROULEAU, Coquillage uni-
valve , nommé auffi Cylindre Se Olive.
J'en ai parlé au mot CVTLINDRE,
Voyez ce mot. Je dirai feulement ici
d'après M. D'A rgenville( Part.
IL p. 38. ) , que le Rouleau, figuré
ibid. Planche III. Lett. G. eftprc fque
le même que le Cornet , non-feule-
mentpour la coquille, mais même pour
l'animal qui y eft logé. La feule forme
extérieure de la coquille, qui eft ren-
flée dans le milieu, Se plus large dans
Y y y y î j
7 a4 R O U
1a partie d'en bas ( ce qui la rendpref-
qu'égale à la fupérieure ) lui a fait
donner le nom de Cylindre , de Rou-
leau , ou d'Olive. Cette coquille eft
fouvent plus mince , Se fon ouverture
eft aufli plus large que celle du Cornet ,
quoique l'opercule qui doit la couvrir
foit plus petit : on le trouve à l'or-
dinaire prtsde la plaque. La tête eft
plus détachée que celle du Cornet,
mais fa clavicule eft ordinairement plus
petite Se plus plate , n'ayant que fix
fpires fouvent dentelées par étages.
Sa plaque eft prefque auffi longue que
fa coquille ; quand il veut marcher,
elle fort par le côté : une autre fois
elle en couvre une partie. La robe
du Rouleau peut difputer de beauté
avec celle du Cornet ; bariolée comme
elle de taches jaunâtres , fur un fond
blanc , elle occafionne les comparti-
mens les plus beaux. On diftingue
dans ce genre les Brocarts d ; e foie , les
Moires , les firunettes , les Ecorchées-,
les Tulipes , lé Porphyre de Panama ,
le Drap orangé , Se les belles Olives.
C'eft une variété dans la Nature que
les hommes ne peuvent pas trop ad-
mirer.
HOULEUSES , nom que M.
DE Reaumur a donné à des efpe-
ces de Chenilles qui roulent des feuil-
les dans lefquelles elles fubiflent leur
métamorphofe. Voyez CHENILLES
HOULEUSES.
R O U P E A U : C'eft le même
oifeau que le Biherreau. Voyez au mot
BIHORREAU.
R O U S S E A U , nom qu'on don-
ne en Normandie au Pagurits , féconde
efpece de Cancre, à caufe de fa cou-
leur rouffe Se rouge. Voyez au mot
CANCRE.
ROUSSE ROLE , ou A L-
GYON VOCAL, en Latin Al-
cedo vocalis. Belqn ( de la Nati
des Oif.L. IV. c. 2,6.) dit qu'il y a deux
fortes de Martinets Pécheurs. Le pre-
mier, dont j'ai parlé à ce mot, 8c qui
©ftJe plus grand j .eft commun en tous
R O U
lieux. La féconde efpece eft celuî-cî
qui , de tous les oifeaux de rivière , a
le chant le pkis agréable : il fréquente
les lieux marécageux , Se le bord des
rivières. Aristote(L. VI. c. 4. )
en parle Se le nomme Alcyon vocal „,
pour le diflinguer de celui qui ne chan-
te pas. Ces efpeces A' Alcyons fe per-
chent l'été dans les rofeaux , ou ils
chantent mélodieufement , & long-
temps : leur chant eft varié. C'eft
ce qui leur a fait donner le nom de"
Rollk.nol de rivière : ils fe perchent
aufïï furies arbres plantés fur le bord
des- eaux. B e l o n met le chant de
la Roujjérole au - deffus de celui des
Fauvettes Se des Linottes , & même
des Roiïignols : elle chante jour Se
nuit , dit cet Auteur ; fes pieds font
comme ceux des Grives Se des Mer-
les. Cet oifeau eft de la grandeur
du Proyer, 11 a le bec tranchant com-
me celui de la Pie-Criêche. 11 fem-
ble être hupé ; cela vient de ce que
les plumes de deiTus la tête font lon-
guettes. Ses jpmbes & fes pieds for.r
de médiocre longueur , Se de couleur
cendrée. Il ne vole gueres bien , Se il
bat des ailes à la manière du Coche-
vis. Cet Alcyon vocal eft fort commun
dans le Maine Se en Touraine. Il fait
fen nid dans les cannes ou rofeaux.
La femelle y pond cinq à fix œufs.
Ce nïd eft à découvert ; il eft différent
ert cela du nid du grand Alcyon , ou
grand Martinet Pêcheur , qui le fait en-
terre fur le bord du rivage. C'eft ainlt
que Belon parle de V 'Alcyon vocal ,
qu'il dit être celui dont les Anciens
ont parlé. Voyez ALCYON.
ROUSSETTE, genre de
Quadrupèdes , dont le caractère eft
d'avoir quatre dents incifives à chaque
mâchoire : les doigts onguiculés font
joints enfemble par une membrane
étendue en ailes dans les pieds de de-
vant , Se fïparés les uns des autres dans
ceux de derrière. Au premier coup
d'ceil , dit M. B R. 1 s S o N ( p. 2 1 5 . ) ,
la..KoUfJene femble être du genre de 1*
ï
R O U
Ch auve-Sonris ; comme elle , elle a
les pieds étendus en ailes, mais elle
en diffère par le nombre Se par la fi-
gure de fes dents incifîves , 8e par la
forme de fon mufeau , qui eft beau-
coup plus allongé que celui de la Chau-
ve-Souris. L'Auteur donne trois ef-
peces de Roujjettes. Elles ont les jam-
bes de devant très-longues , dont le
pied eft divifé en cinq doigts lone;s ,
Se tous, ( excepté le pouce qui eft fé-
paré des autres , Se armé d'un ongle
fort 8c crochu ) , joints enfemble par
Une membrane , qui n'eft autre chofe
qu'une continuation de la peau du dos,
qui s'étend de chaque côté depuis le
col jufqu'à l'anus , tout le long des
jambes , Se jufqu'au bout des doigts
des pieds de devant. C'eftparle moyen
de cette membrane que ces animaux
peuvent voler. Les pieds de derrière
font divifés en cinq doigts armés d'on-
gles crochus Se trts-pointus.
La première efpece de Rouflette eft'
nommée par M. Brisson Pteropus
ru fus aut -niger , auriculis brevibus acu-
tiufculis, C'eft le VefpertiUo caudâ
mtllâ de M.Linnjeus( Syfi. Nat,
Edit. 6. g, 14. fp. 1. ) , le VefpertiUo
Cynocepbalitj 1 er v -ta tamis de M. Klein ,
t Di ff' Q'^d. p. 61.) , le VefpertiUo
Bor/ippe de G e s N E k ( Av. p. y y 2.),
le Vejperlilio ingens de Clusius
( Exot. p. 94,) , le Canis volans Ter-
natanus Orientait/ de Se b a (Tbef.I.
pag. 91. fig. lab. 57. )J le mâle fig. 2.
la femelle fig. 1.
La longueur de fon- corps depuis le
fommet de la tête jufqu'à l'anus eft
de fept pouces Se demi ; celle de fa
tête depuis fon fommet jufqu'au bout
du nez eft de deux pouces neuf li-
gnes ; fes oreilles font courtes Si un
peu pointues: elle n'a point de queue ,
lorfque la membrane qui lui fert à
voler , eft étendue ; elle a plus de trois
pieds de- long d'un bout à l'autre: elle
eft couverte de très-peu de poils. Ceux
qui couvrent le corps font dans quel-
ques individus d'un roux plus foncé
R O U 715
fur le dos que fur le ventre , & dans
d autres ils font noirs. La partie ex-
térieure de la tête Se le mufeau font
couverts de poils roux. On la trouve
dans les Lies de Bourbon Se de Ter-
nate.
La féconde efpece eft la Rouffette à
cal rouge , qui fe trouve auffi dans'
l'Ifle de Bourbon , d'où elle a été
envoyée à feu M. D e R é a u m u r.
M. Brisson la nomme Ftempus
ftfjcus , auriculis brevibus acutiufculis ,
collo jupenore rubro. La longueur de '
fon corps depuis le fommet de la tête
jufqu'à l'anus eft de cinq pouces Se
demi ; celle de fa tête depuis le fom-
met jufqu'au bout du nez eft d'un
pouce Se demi. Ses oreilles font courtes
& un peu pointues : elle n'a point de
queue. Lorfque la membrane qui hit
fert à voler eft étendue , elle a envi-
ron deux pieds de long d'un bout à
l'antre. Tout fon corps eft couvert de'
poils bruns, excepté la partie fupérieure
du col , qui eft couverte de poils-
rouges.
La troifieme efpece , nommée Rouf-
fette à longues oreilles , en Larin Ftcro- '
pus auriculis longis , patulis , trajh mem- '
branà ar.trorjhm injiexâ auclo , diffère :
des précédentes par les oreilles , qui
font longues , ouvertes, Se rédreffées,-
& par fon nez, au-deffus duquel eft
une efpece de membrane recourbée
en avant comme une corne. On la
trouve dans la Nouvelle - Efpagne,
C'eft le VefpertiUo Cynocephalus , ma--
ximus t auritus , ex Nova Hifpaniâ de
M. Klein ( Difp. Qjstad. p. 62. ) , Sc-
ie Canis volans maximus , auritus de
S e b A , TheJ. I. p. 92, fig. & Tab-, -
58. ». 1.
ROUSSETTE, oifeau que-'
B E L o N (p. 338.) nomme Lttfcimola
en Latin. Cet oifeau eft de la gran-
deur de la Fauvette brune , Se plus
petit que Je Rolïïgnol. On ne fait quel
nom les Grecs ■ Se les Latins lui ont
donné : il eft peu connu , lînon dans
certains endroits fitués le kng des
7 z6 R O U
forêts. Son plumage paroft rouffàtre,
d'où lui eft venu le nom de Rouffette.
Cet oifeau eft grivelé à Peftomac ,
deffus la tête , autour du col , & deffus
le dos ; les plumes de la queue & des
ailes font brunes. Son bec eft pointu,
noirâtre, Se foible: il vit de vermine.
Il a les bords Se le dedans du bec de
couleur jaune. La Rouffette a quelque
rapport avec le Tarier que Belon
décrit; mais elle eft un peu plus grande
&n'a aucune tache blanche aux ailes,
8c de plus fes jambes Se Tes pieds ne
font pas noirs , mais ils font blanchâtres.
C'eft ainfi que Belon parle de la
Roitffette. Ray ( Synop. Met h. Av.
p. 80. ». 1. ) ne fait fi ce n'eft pas
la Giarola d'ALDROVANDE ( Tome IL
p, 765. ) dont le bec eft rouge, Se le
plumage eft femblable à celui de la
Caille.
11 y a une autre efpece de Roulette,
nommée en Latin Piubetra , que les
François appellent Touquet,o\\ Traquet.
Cet oifeau eft noir au haut de la tête :
il a les ailes Se la queue de la même
couleur ; le dos Se le col approchent
de la couleur cendrée. Il vole près
de terre & il eft un peu plus petit que
le Pinçon. Le bec , les jambes , les
p:eds & les ongles font noirs : il fré-
quente les buiffons. Le mâle diffère de
la femelle par le ventre blanchâtre ,
& par une ligne blanche qui traverfe
les ailes. Aldrovande fait men-
tion d'un autre oifeau qui a la tête
noire , le deffus du col cendré, tirant
fur l'obfcur Se blanchâtre par deilous.
La Fatbetra de B e l o n eft le Traquet.
Voyez ce mot.
ROUSSETTE, poiffon à na-
geoires cartiiagineufes , nommé en La-
tin Pifcis chonUropterygius , duquel il y
a trois elpeces.
La première eft nommée par A R-
T e d 1 ( Ichtk Part. V. p. 97. n. 10. )
Squahts ex ntfo v art us » g**«*<* a ^ me ~
ciio , inteï anura & cauàam pïnnatam.
Ce poiiTon eft le 2a2p«{ d'ARiSTOTE,
VI. Çi 10, p. fil, le ixû^yc; d'A-
R O U
THÉNÉE, L.VILp. 294. &d'OpPIEtt,
L. I. fol. 113. Gaza a traduit le
Grec d'A r 1 s T o T E par Canicula.
S al v 1 e n tfol. 137. Aldrovande,
L. III. c. 34. p. 390. Jonston , de
Pifcib. Willughbï , p. 52, Se Ray ,
Symp. Pifc. p. 22. n. 12. en parlent
fous le nom de Catulus major vulgaris.
On nomme ce poilfonjtwiowe à Rome,
Pefce Gatto à Venife , Rounce dans la
Province de Cornouailles en Angle-
terre. Cette première efpece de R011J-
fette diffère du Chien de mer par fou
dos qui eft plus large , par fon mu-
feau qui eft plus court Se plus obtus ,
par fa bouche qui n'eft pas beaucoup
avancée, par fa peau rouffe , marquée
de beaucoup de points noirs , & qui
eft bien plus dure que celle du Chien
de mer.
La féconde efpece eft nommée par
Artedi ( îchtb'Part.V. p. 97. n- 10.)
Squalus dorfo varia , pinnïs venir alibus
conoretis. Ce poiffon eft le Catulus
minor , vulgaris , ou tertius de S a 1-
v 1 e n , L. XXXII. fol. 1 3 8. d' A l-
D R O V A,N D E, L. ///. C. 34'P- 39°-
de W 1 L L u G h b y , p. 54. & de
Ray , p. 22, ». 13. On le nomme
à Rome Pefce Gatto , & dans la Pro-
vince de Cornouailles en Angleterre
the Rough-Houd , ou Morgay.Ce poif-
fon diffère du précédent , première-
ment en ce qu'il eft beaucoup plus
petit ; fecondement , en ce qu'il eft
plus menu & plus long ; troifieme-
ment en ce que fa couleur eft plus
claire Se teinte un peu eh rouge. Il y
a fur fa peau beaucoup de petites ta-
ches , en partie brunes , en partie blan-
ches , Se éparfes çà & là fans aucun
ordre.
La troifieme efpece eft nommée par
Artedi ( Ichtb. Part. V. n. 1 1 . ) Squa*
lus- cinereus,pimis venir alibus diferetis.
C'eft le Catulus faxatilis de Ronde-
let ( L. XIU. c. 7. p. loo.Êdit. Fr. ),
qu'il nomme en François Chat de ro-
cher ; c'eft auffi le Catulus marimus
de Wl L LU, G H B Y ( p. 53.) , & de
RUB
R A Y f p. 2,2. ) ; 8c peut-être le Muf-
tellus ftellaris de Belon Se de Gesner
(p. 723. ), Cette efpece de Rouffette
diffère de la première en ce qu'elle
eft de couleur cendrée ; que fes ta-
ches font beaucoup plus grandes , mais
en plus petite quantité : fon mufeau
eft plus long& plus épais ; fes narines
font très éloignées de fa bouche : elle
n'a point de nageoires jointes à l'a-
nus ; elles en font féparées m 3 Se celle
qui eft placée au-deflbus en eft plus
proche que dans la première efpece.
Rondelet parle de ces deux ef-
peces de Rouffèttes , 8c non de la fé-
conde.
Quelques Ouvriers fe fervent de la
Roujfette, 8c la font quelquefois pafTer
pour une peau de Chien de mer , au-
quel ce poiifon reffemble. On apporte
ces fortes de peaux de la Hougue en
Balle-Normandie. Il y a cependant
une grande différence entre la peau du
Chien de mer , qui eft extrêmement
dure & toujours brune , & celle des
Roitjfettes , qui font de différentes cou-
leurs Se toujours garnies de petites
étoiles fur le dos. Les Rouffèttes font
aufli plus petites que les Chiens de
mer , 8c leur peau n'eft prefque point
rude.
RUB
RUBAN, poiifon de mer, dont
il y a plusieurs efpeccs.
La première fe nomme en Grec
Ta/yict , fuivant A r istote, Ili/l.
Anim. L. 'lï. e. 13. O p p i e n , L. I,
p. 5. ScAthénée, L. Vil. p. 325.
en Latin Vitta, félon G a z a, fur Aris-
tote (L. I. c. 2. ) , Se Tania fuivant
Rondelet , L. IL c. 17. p. z6i.Édit.
Fratîf. G es ne r, p. 938. Aedro-
VANDE , L. III. C. 30. p. 369. JoNS-
TON , p. 23. ChARLFTON , p. I2CT.
& Ray , p. 3 9. n. 7. C'eft un poillbn
de mer qu'on nomme àRome Ccpole ,
difent Willughby , p- 116. & Ar-
t e d 1 , Ichth. Part. V. p. 1 14. n. 1.
En Languedoc , on l'appelle Flamba ,
RUB 727
c'eft-à-dîre Flambe , pareequ'il eft rou-
ge & de couleur de feu ; quelques-uns
lui ont donné le nom de Spafe , qui
veut dire Épée. C'eft un poiifon long; ,
étroit , Se flexible. La tête eft plate'sc
compofée de plufieurs os ; fes yeux
font grands 8c ronds , & la prunelle
eft petite. Il a près des ouies un ai-
leron de chaque côté ; au dos jufqu'à
la queue une nageoire mince. Ce poif-
fon eft fans écailles , Si il eft fi tranf-
parent en l'expofant au jour , qu'on
peut compter les arêtes. C'eft ce poif-
îbn qui eft le vrai Tarda d'ARiSTOTE ,
dit Rondelet. Sa chair eft blanche
& a le goût de celle de la Sole. Il y
a quelque différence dans la deferip-
tion que Ray en fait. Ce poiiTon
a , dit-il , peu loin de lâ tête , au milieu
de chaque côté , des taches d'argent
placées en droite ligne. La nageoire
du dos commence à un doigt de la
tête , 8e s'étend jufqu'à l'extrémité de
la queue, Se répond parfaitement à celle
du ventre.
Rondelet ne lui donne point
de nageoire au ventre , & R a y mar-
que qu'elle eft du triple plus large
que celle du dos ; qu'elle commence
fous la mâchoire, Se même qu'elle en
eft fi proche , qu'à peine laifle- 1- elle
un efpace pour l'orifice des excré-
mens , qui eft ( ce qu'il y a de parti-
culier ) fi tué prefque à l'angle de la
mâchoire inférieure.
La féconde efpece eft nommée par
A R T e D 1 ( ibid. n. 2. ) , Tœnia Faix
Venetoriim diiïa. Belon, de FiJ'cib.
Jonston,^ Tifcib. G e s n e r , de
Aquat. p. 039.W1 L LU G H H Y, p. I 17,
& Aldkovande, L, ///. c. 3 o.
parlent de ce poiffon.
La troifieme efpece , nommée par
Art edi , Tœnia S experts Rnbcfiens
diila , & dont parlent Gesner SlTj.
Aldrovande , L. III. c. 28. p. 377.
& Willughby , p. 118. eft le Ser-
pent marin de Rondeiet,
La quatrième efpece eft nommée
Ta,nia altéra dicta. Les mêmes Na.-
7 z8 RUS
turalutes , comme G E SN c R , p. 03 S.
Al-DROVANDE ,L. III. C. 30. p. fJO.
JoNSTON , t. 6. fol. 2. WlLLUGHBÏ ,
j>. 1 1 8. & R A Y , p. yi. parlent de ce
poilfoii. Rondelet , p. 117. dit qu'il
.eft femblable à la première efpece.
Mais outre les nageoires qu'il a aux
ouies , il en a deux autres de couleur
rouge au delfousde la mâchoire baiTe :
.il eft de plus marqué de cinq taches
rouges Se rondes fur le corps : il n'a
ni écailles ni aiguillons. Ccpoiiloneft
■blanc , fon eftomac eft grand Se long ,
)e boyau eft droit, le cœur eft plat,
le foie eft d'une couleur entre le blanc
■Se le rouge , la rate & le fiel font pe-
tits , fa chair eft dure & gluante , Se
fait une mauvaifè nourriture. Il y a
un autre poifton nommé T*enia rubra ,
fort commun à Gênes , Se il y eft nom-
mé , félon "W 1 l l u g h e y , Se P» a y ,
,p. 71. n. 1 0- Cavagiro Se Fnggia ,
■qui peut bien être le même que le
■précédent , dit Ahtedi, Part. V.
p. 115. ». 4.
Il y a une efpece de Goujon de
rivière , qui a au-deflbus des yeux
comme deux efpeces de cornes , &
que S C H o n N e V E 1. D , Ichth. p. 74.
■nomme Tmia cor mut a. C'eft le Cobitis
aculeo bifurco injrà utrumqiie octi.lu.rp.
jd'-A rte d 1 1 Ichth- Pan. V.p. 3. ».
2.. le Cobitis acidcatus de Rondelet,
part. IL d'ALDRovANDE , L. V. c.
30. p. êvf. de Gf.sner , p. 404. &
482. de C n a r l e t o n , p. i 5 7. de
J O N S T O N , L. IfL tit. I . c. 12. de
W 1 l lu g h B y , p. %6<y. Se de Ray ,
p. 124. n. 34. On le nomme T angiome,
en Anglois , Se en AlL-mand Stein-
lh:ijer , Schmeerpme , ou Steimpicher.
Voyez au mot FLAMBEAU pour
■les différentes eipeces depoiifons.
RU BAN, eipece de Coquillage
de la clafle des Uni valves; & de la
famille des Vis , dit M. d'ArgeNi-
v î l l e . Voyez V I S.
Il y a le T&nia , qui eft le Ver Sor-
* Ce poiiTon eft nommé en Suédois Giert J
tri Danois, Ihi c ; en Hcllandois Pc/ci, §:
R U C R U F
litaîre , autrement nommé Ver plat::
Voyez VER SOLITAIRE.
R U C
RUCHER Abeilles & des Bour-
dons. Voyez au mot ABEILLE,,
Tome L p. 4.
RUCHER Guêpes, Voyez au
mot GUÊPE, Tome II. p. 362.
RUCHE MARINE des
Mouches aquatiques , qui ont dans la
bouche , comme les autres infectes
aquatiques , un aiguillon avec lequel
elles fe défendent lorfqu'on veut les
toucher* elles ont été décrites très-
exactement par Aldrovande fous
le nom d'Abeilles amphibies, Se Jons-
TON les nomme Abeilles jauvages.
SwAMMERDAMne doute point que
ce ne foient les mêmes dont P 1 s o N
a décrit la Ruche marine, qui n'eft au-
tre chofe qu'une Èpor.ge aquatique.
M o u F F e t appelle ces Mouches
Notonecl& , parcequ'elles nagent fur le
dos & non fur le ventre. Voye2 au
mot NATONECTA.
R U F
RUFFE f , poiiTon à nageoires
épïneufes , ainfi nommé par les An-
glois : il eft du genre des Perches.
A R T E D 1 C Ichth. Part. V. p. 6% . n. 4. )
l'appelle Perça dorfo monopterygio , ca-
pite ■caverpôfo- Cet Ichthyologue penfe
que ce peut être le Xo~po? noT*p.k
thénée, L. VLIL c. 3 3 1 . le Xsîpce
d'É lien , L. XIV. c. 23. p. 833.
C'eft la Çermta fluviatilis deBELoN,
de Pij'c. de Gesner, p. 701. & 825.
de Willughby , p. 3 34. 6c de Ray ,
p. 144. C'eft aufti la Perça minor de
ChARLETON, p.. 158. d'ALDROVANDE,
L. V. c. 34, p. C>2 4. Ci" 6%6. Se de
JONSTON , L. III. C. 2.
Il y a un autre poiiTon, particulier
au Danube , qui eft de la même ef-
pece que le précédent; il n'en diffère
que par les variétés. On le nomme
Pofl ; en Allemand Kaulhaurf, ou Stùerbcff ,
fy. Smtr,
Schrolln
R U K R U M
■Sehrottn à Ratilbonne. Gesner ,
f. I289. AlDROVANBE, L. V. C.
3 'J- J o NS T 0 N , L. III. tit. 3 .c. 3.
Willughb y , p. 3l5 , Se Ray,
f 143. en fonrt mention. Parceque le
Kujfe des Anglois a la partie autour
des ouïes reluifante comme de l'or ,
quelques-uns, dit R a y , le nomment
P erche dorée. Ce poiffon pour la fi-
gure approche de la Perche , mais elle
eltplus petite , & il n'a point débandes
noires qui traverfent. Ses écailles font
petites , taillées en rond , faites en ma-
nière de franges , ce qui lui a fait don-
ner le nom d'Afpredo par C aï us,
& n. j, Ru f e P ar ies Anglois. Son dos
eit d un verd qui tire fur le jaune
taie ; le bas eft d'un jaune pâle. Le
dos, le haut des cotés , l a queue & les
nageoires font marqués de points Se
débandes noires. Voyez au mot PEU-
CHL ,pour la Perche.
R U K
RUKKAIA, nom qu'on donne
dans Pille de Ceylan à VEcureuiL
Voyez ce mot.
R U M
729
R U M
RUMINANT , poiffon qui
rumine. A r i s t o t e (Hift. Anim.
L. IX. ), dit R e n d e l e t f L. XV.
e. 14. p. 332. > , parle d'un poiffon
nommé Miipu? , & que G a z a a tra-
duit par Ruminalis. Maïs cet endroit
d'A r i s T o T e ne paroît pas bien tra-
duit à notre Ichthyologue François,
Il n'eft pas certain, dit-il , que ce foit
un poiffon. Les animaux qui ruminent
ont, ajoûte-t-ii, des dents aux deux
mâchoires; Se entre les poiffons il n'y
a que le feul Se are qui rumine.
R U M I N A N S : Les Naturaliftes
donnent ce nom aux animaux qui re-
mâchent leur nourriture, Se qui l'ava-
lent enfuite. Il y en a , dit Conrad
Peyerus ( Marycolog. ou Traité des
Anim. ritm, p. 4. ) , qui font vrais Ru-
mina»! , & d'autres qui n'ont que l'ap-
parence de l'être , ou qui ne le font
Tome m.
pas tour-a-fair. L'Auteur en parcou-
rant toutes les différentes claffes des
animaux , trouve des InfeÉtes , des
Aquatiques, des Oifeaux Se des Qua-
drupèdes Ruminam. Les Infeftes qui
ont plufieurs ventricules Se qui fe nour-
nflent d'herbages , ont , dît-il (p. 11.),
ia facuLté de ruminer ; tels font les
Urinons- Taupes , les Guêpes, les
Bourdons , les Abeilles , les Saute-
relles , Se d'autres. Parmi les Aqua-
tiques , qui pafTent pour ruminer , ce
lont les Ecreviffes de mer, les Can-
cres , & les Homards , qui ont plu-
fieurs ventricules. Les Anciens , com-
me Aristote, Hift. Anim. L. II. c.
17. Elien , Oppien , Pline, Hift.
Nat. L. IX.c.ij. Se le favant Bo-
C h a r T , Hkroz.. Part. I. L. I. c. 6.
difent que le Scare eft un poilfon ru-
minant. C'eft ce que dit aufii Ovide
dans ces deux vers :
Ai comrà herbofà Pif ces laxamur arenâ ,
Ut Siams , epaftas foins $ui ruminât efeas.
Outre le Scare , Gesner (deAquat,
L. IV. ) dit que le Saumon eft un poif-
fon ruminant , Peyerus ne croit pas
qu'il rumine , parce qu'il eft certain
qu'il avale tout d'un coup la nourri-
ture qu'il prend. La Dorade , félon
Rondelet, eft un poiffon ruminant.
Quoique le Muge neremâche pas , ce-
pendant il fait quelque chofe d'ana-»
logue à la rumination , dit Peyerus.
Aristote, Hift. Anim, L. IV. c. 5.
attribue plufieurs ventricules à l'Hé-
riffon de mer , poiffon qui n'a point
de fang.
L'Auteur du Traité des Animaux
ruminans , paffe des petits aux grands
poifions , Se dit que Bartholin
(Cent. II. Hift. 25,) attribue auPho-
cme , ou Dauphin du Septentrion trois
ventricules bien diftinéls ; il y en a
auflî qui difent que les Bœufs , les
Vaches, Se les Veaux marins, quifè
nourriffent d'herbes marines , font ru-
minans comme les autres animaux ter-
reftres qui portent le même nom } mais
Z z z z
730 R U M
ruminent-ils comme ceux-ci ? C 'efl: ce
que n'affirme pas l'Auteur. D'ailleurs
M. Perrault, dans la defcription
qu'il donne du Veau marin , marque
qu'il relfemble au Veau terreftre par
la tête 8c par le poil , qu'il efl: Qua-
drupède, mais digité, & qu'il ne lui
3 trouvé qu'un ventricule.
Si des animaux dépourvus de dents
ne font pas des animaux ruminans , ce
font fans doute les oifeaux, du moins
la plus grande partie ; car il n'y en
a qu'un petit nombre qui ont le bec
dentelé ; mais la faculté de ruminer
ne provient que de la pluralité des
ventricules : or comme A r istote
Se Pline en donnent plufieurs à
certains Oifeaux , ce qui les met aux
rangs des Quadrupèdes ruminans. Ce
que les Anciens prennent pour plu-
fieurs ventricules dans certains oifeaux
font le jabot , le gofier & le ventre. Les
oifeaux qui imitent les animaux ru-
minans broyent dans leur bec la nour-
riture qu'ils prennent ,elle defeend en-
fuite dans leur jabot , où elle devient
en maffe, ils la dégorgent pour en nour-
rir leurs petits ; tels font le Pélican ,
qui a un grand fac , la Cicogne , le
Héron , le Pigeon, la Tourterelle , &
les autres oifeaux qui dégorgent leur
nourriture pour en nourrir leurs pe-
tits.
Parmi les Quadrupèdes qui font ru-
minans , ce font les Bifulces , ou ani-
maux à pieds fourchus , & ils font les
vrais animaux ruminans, P e t e r u s
établit quatre genres de ces Bifulces
ruminans. Le genre des Bœufs , Bo~-
vimtm genus s celui des Cerfs , Cervi-
num ; celui des Brebis , Gvile > 8c ce-
lui des Chèvres , Caprinum. Dans le
premier genre on compte le Taureau »
ïe Bœuf, la Vache, les Bœufs fau-
vages qu'on voit en.Dardanie ,,en
MécUe , en Thrace , Se ailleurs , tels:
que l'Urus:, le Bifon , & le Bonafus ,
dont parle A ri stote ( Hift. Anvm.
IL. IX. e>~4$î$ Du; fécond genre font
là; Cerf ,.1'Alté ou l'Élan;* commun
R U M
en Norvège , en Dannemarcfc s etf
Suéde , Se en Laponie ; le Tarandus ,
le Rhenne , le Daim , Se le Chevreuil;
Du troifieme font le Bélier Se la Bre-
bis. Du quatrième font le Bouc , la
Chèvre, le Chamois , 8c la Gazelle.
Plufieurs Auteurs mettent le Rhino-
céros 8c le Chameau parmi les ani-
maux ruminans. IL y a parmi les Qua-
drupèdes digités des animaux qui
font aufïï ruminans , comme le Lièvre,
le Lapin , la Marmotte , Bec. L'Hom-
me n'eft point du nombre des ani-
maux ruminans ; maisPEïERUS , p. 63 .
d'après Fabricius Aquapendente ,
cite plufieurs hommes & plufieurs
femmes qui ruminoient. Le premier
étoit un noble habitant de PadoueY
Le fécond , un Moine Bénédictin de
Sainte Juftine de la même Ville ; ce-
lui-ci digéroit promptement , 8c avoît
toujours faim : il mourut de pourri-
ture. Le troifieme étoit un pauvre
Particulier de Gênes , qui, à l'âge de
deux ans ayant perdu fa mere , fut
nourri du lait d'une Vache qu'il tettoit,
Se il vécut jufqu'd cinquante ans en
ruminant toujours. Le quatrième fut
un homme de Mariembourg , qui étoit
très-vorace ; il avaloit tout d'un coup,
Se fes alimens s ? é:ant cuits dans Ion
ventricule , il les faifoit remonter aî-
fément , 8e les ruminoit à la manière
des Quadrupèdes. Le cinquième étoit
un Suédois , qui , une demi-heure
après fes repas , fe retiroit dans uo
coin , pour rebroyer Se remâcher tout
ce qu'il avoît pris, Le fixieme étoit
un Anglois, Citoyen de Londres , 8c
natif de la Principauté de Galles , qui
une heure ou deux après qu'il avoit
quitté la table , ruminoit ; mais fans
avoir aucun mauvais rapport , comme
le précédent; Le feptieme exemple
cité , efl: une jeune fille qui ne ruminoit
pas avec plaifir comme ceux dont oa
vient de parler. 11 en eft fait men-
tion dans les Ephrrnérides des Curieux
de la Nature. , Tome 1. années 9. &,
10. Okf, i<5o. Le dernier exemple que
RU M
V E Y E R u s cite des gens qui rumi-
nent , font un riche Payfan de la SuiiFe,
qui pendant toute fa yîe rumina avec
grand plaifir ,. & une femme du même
pays.
Voilà en abrégé , félon l'Auteur ,
les animaux qui ruminent. On voit
dans fan Ouvrage les parties & les
organes qui fervent à la rumination ,
comme les différens ventricules qu'ont
certains animaux, Il y en a , dit-il ,
qui en ont jufqu'à quatre. Le pre-
mier eft le Ko/Ai*» en Latin Venter s le
fécond eft le Kjapup^cî , félon Aris-
totEj en LatinflefîV«/«j-,felonGAZA,
Le troifieme L*v7ye« , en Latin Erina-
ceiis , à caufe de fa reflemblance , dit
F A B R I C I U S A Q U A P E N DENTE,
avec l'Hériflbn ; le quatrième eft
l'tivuç-pcv, en Latin Perfeilihile , parce-
que , félon Aquapendente, c'eft
dans ce dernier ventre que la nourri-
ture prife fe transforme en chyle. Con-
fultez P E y e R u s , fur les animaux
RYN 731
rumhram, dans fon Traité Latin im-
primé à Bafle en 1685.
RYN
*RYNOBATON, mais mieux
RHYNOBATON: Pline,
d'après Ar is to te , a donné, dit
Rondelet, ce nom à un poiflbn
qui provient de la Raie Se de l'Ange.
Ces deux Anciens n'ont parlé de ce
poiffon que fur le rapport des autres.
Le même Rondelet marque auflï
n'en avoir jamais vu. Cette forte de
poiffon n'eft point connu par les Na-
turaliftes modernes , qui le regardent
comme fabuleux.
CYNOCÉPHALE, ou
RHYNOCEP HALE: C'eft
un animal fabuleux , qui a la tête
d'un Cheval , & qui jette feu & fiam-'
me par la bouche. G E s n e r ( de
Quad. L. I. p. 845. J dit qu'il eft autfi-
inconnu que le Phyftologue qui en'
parle.
Fin du troifieme. Volume du Diâionnaire des Animaux^